Le coureur cycliste Romain Bardet était l’invité de l’émission Par Jupiter sur France Inter jeudi dernier. C’est une émission satirique mais néanmoins sérieuse, typique de l’esprit de la gauche française.
Voici une retranscription d’un échange intéressant concernant certaines pratiques liées au sport.
On peut l’écouter à partir de 44min 30 secondes sur ce lien.
« Charline Vanhoenacker : Voici un sujet sur le sport extrême où les gens veulent se surpasser.
Il y a de plus en plus de salles et d’adeptes de cross-fit, de sports inspirés des méthodes de l’armée américaine et aussi beaucoup de vélo en salle où les gens cherchent à flirter avec le rouge.
Quasiment parfois à la suffocation, certains rendent sur le parquet après le sport. Est-ce que vous comprenez cette démarche de vouloir se surpasser ?
Romain Bardet : Non j’ai un peu de mal je vous avoue. Cela m’est un peu étranger, ce n’est pas la conception que j’ai originel du sport. C’est vrai que le sport m’a été inculqué par mes parents, c’était les grandes randonnées le dimanche à vélo, finir le col avec mon père, profiter des paysages, faire un pic-nique dans l’herbe tout simplement.
C’est découvrir des lieux, être au grand air et pour moi les séances, voilà quand faut rester à l’intérieur, c’est de la véritable torture mentale, parce que ce n’est pas la conception que j’en ai.
On a la chance d’avoir une grosse diversité des paysages en France et pleins de choses à découvrir et je pense que le sport amène aussi ce lâcher prise, quand on va dans des grandes étendues, des grands espaces, les montagnes, moi les volcans en Auvergne, justement propice à découvrir des choses et être en communion avec la nature.
Et voilà vous en parliez c’est vrai qu’il y a une grosse tendance pour ces sports un petit peu extrêmes où les gens dans un temps imparti doivent faire le maximum, un peu à l’image de la société dans laquelle on vit, dans la vie de tous les jours…
Charline Vanhoenacker : c’est vrai dans l’instantané, peu de temps pour le faire…
Romain Bardet : mais aussi il y a un vrai tendance retour à la nature avec le phénomène trail qui se développe énormément où des gens aussi ont besoin de rechercher une certaine quiétude que la nature peut apporter. »
Ceci est très intéressant. D’abord à propos de la nature, mais aussi à propos du sport. À la base du sport, il y a le plaisir et le jeu.
Les sportifs, notamment les cyclistes mais c’est aussi le cas des footballeurs, insistent très souvent dans les interviews sur le fait que cela soit une passion pour eux.
La souffrance n’est pas le but. Ce qui est valorisé par contre est l’effort, la rigueur pour arriver à ses buts. Mais toujours avec à l’esprit le plaisir.
Le plaisir est d’ailleurs collectif, y compris dans l’adversité, puisque l’adversaire dans la grande majorité des cas est respecté et salué pour ses performances, que l’on soit gagnant ou perdant.
Au contraire, les pratiques dénoncées dans l’émissions et qui sont à la mode à Paris et dans les grandes villes françaises sont typiques de la décadence de notre société.
Cela n’a aucun sens et reflète un grand malaise chez les personnes riches et branchées qui vivent dans ces grandes villes.