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Politique

Tribune de Youth for Climate Paris: « Nous voulons une union de la gauche en 2022 »

Le groupe Youth for Climate Paris a publié une tribune sur le site du Journal du dimanche, pour réclamer une unité de la Gauche en vue des élections de 2022. On remarquera cependant qu’il est facile de réclamer l’unité sans se prononcer sur qui doit la porter, ni sur le contenu de celle-ci !

« Nous, jeunesse pour le climat, n’appelons aucunement à voter pour un parti et ne soutenons aucun parti. Mais aujourd’hui nous devons être réalistes et prendre en compte qu’une candidature de gauche unie, certes imparfaite, reste de loin meilleure que Macron ou Le Pen et permettrait de sauver de nombreuses vies humaines et non humaines à court, moyen et long terme.

Nous devons nous refuser à laisser les appareils de pouvoir à la droite et sortir de notre impuissance politique qui s’incarne par le cycle infernal de défaites politiques que nous encaissons, entre LPPR, réforme des retraites, lois contre le ‘séparatisme’, ou aide pour le permis de chasse, qui mutilent humains et non humains.

En délaissant les institutions politiques et étatiques à l’idéologie de l’oppression, autrement dit la droite, nous entrons dans un cercle vicieux où nos combats ne consistent plus qu’à rejeter la défaite, c’est-à-dire que ce que nous considérons aujourd’hui comme une victoire est en réalité une non-défaite, renvoyant en plus à un imaginaire qui rendrait désirable notre société actuelle. Nous affirmons ainsi partout que nous voulons à tout prix filmer les flics alors que c’est la violence étatique qui est le cœur du problème ; nous luttons contre la réforme des retraites en affirmant que notre système est l’un des meilleurs du monde alors même que nous sommes conscients de la précarité de nombre de nos retraités. Nos luttes se contentent de réagir à l’actualité que les dirigeants nous imposent, et qui nous empêche de gagner du terrain. Nous devons dépasser cette position défensive et gagner une capacité d’initiative en nous appuyant sur des perspectives alternatives tangibles.

Une conception matérialiste du monde exige de nous le fait de voir le réel en face sans l’usurper. Nous en arrivons à la conclusion que si nous voulons sortir de ces cercles vicieux pour former des cercles vertueux, ce qui apparaît aujourd’hui comme une nécessité, il nous faut avoir des dirigeants à la tête des appareils étatiques qui soient les personnes les plus proches de nos idées. Un mandat clair précisera la mission à remplir dans ces organes. Il s’agira notamment de contrôler les orientations politiques qui y seront décidées. Cela impliquera de ne plus avoir à centrer nos luttes sur des reculs que nous font concéder les gouvernants, et ainsi mener une politique de conquête à travers le militantisme. C’est pourquoi nous voulons une union de la gauche en 2022 et nous croyons que s’insérer dans cette lutte précise est une condition sine qua non pour l’avancée concrète de nos luttes de manière générale, à travers les modes d’actions spécifiques à nos mouvements.

Nous ne nous reconnaissons pas dans les guerres d’égo qui animent les candidatures de gauche, nous sommes lassés de voir celles et ceux qui prétendent représenter la gauche se battre entre elle et eux, et avoir comme objectif unique de se mettre en avant, leur personne et leur parti. Les luttes progressistes découlent dans leur ensemble de récits menés collectivement. Sur le terrain nous ne cessons pas de nous rapprocher, de travailler ensemble, de faire des alliances, de s’écouter et de se prêter nos voix. Le gage de notre réussite réside en un rapprochement sur le terrain politique également.

À vous qui prétendez représenter la gauche : vous ne représenterez rien ni personne tant que votre seul objectif sera de mettre en avant votre parti. Il en va de vos responsabilités. »

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Écologie

Saccage de BlackRock: l’ultra-gauche se sert de l’écologie pour se sentir exister

Une poignée de militants d’ultra-gauche s’est invitée dans les locaux parisiens du gestionnaire d’actifs financiers BlackRock pour un petit saccage spectaculaire et médiatique ce lundi 10 février 2020. L’action était organisée par « Youth for Climate Paris », qui prend prétexte de l’écologie pour servir un discours « anticapitaliste » radicalisé en mode gilets jaunes.


Des jeunes disent vouloir défendre radicalement la planète. On pourrait imaginer qu’ils aillent démanteler des chantiers détruisant des zones humides. Mieux, on pourrait penser qu’ils s’investissent pour organiser le mouvement démocratique et populaire partout où il faut défendre la planète concrètement.

Cela cependant demande beaucoup de travail et d’abnégation, avec un investissement sur le long terme engageant sa propre personnalité, qui se transforme elle-même en étant au service de la cause. Il est donc bien plus facile de s’imaginer exister en allant taguer les murs du siège d’un groupe financier en direct sur internet. C’est plus conforme à l’attitude consommatrice et passive requise par le capitalisme. Il suffit alors d’un petit communiqué pour dire « BlackRocks sont méchants car ils détruisent la planète », et voilà le tour est joué.

Le gestionnaire d’actif BlackRock est régulièrement la cible de pleurnicheries d’ONG qui lui reprochent son « greenwashing ». En France, il est également la cible symbolique de tout une frange anticapitaliste romantique qui en a fait le responsable de la réforme des retraites. Cela faisait donc deux prétextes pour les activistes de « Youth for Climate Paris » pour organiser leur petite opération coup de poing.

Il faut noter ici la grande prétention de ces gens qui dans le communiqué annonçant leur opération « Avenir en feu, reprenons le contrôle » affirmaient :

« Nous nous attaquerons à une grande entreprise, qui exploite le vivant et les plus démunis, en enrichissant les actionnaires »

En guise d’« attaque », on a donc des tags d’ultra-gauche et des bureaux renversés, avec pour le symbole des « trophées » du groupe qui ont été souillés et mis à la poubelle. Tout cela est tellement radical et subversif que le rendez-vous dans un parc parisien le matin était publiquement annoncé sur les réseaux sociaux. Il faut dire que l’État français se moque bien de ce genre d’action symboliques médiatiques et n’a rien fait pour les empêcher.

L’opération était bien sûr diffusée en direct sur internet, notamment par le fameux Taha Bouhafs de la France insoumise qui a trouvé le filon et est toujours dans les « bons coups » médiatiques. On a donc pu constater sur tout un tas d’images le contenu de leurs tags, typiques de l’ultra-gauche :

« écologie libérale, mensonge du capital », « anticapitaliste, -impérialiste, -patriarcat », « notre planète votre crime », « LGBTQI++ avec nous ! La retraite à 20 ans, pour baiser il faut du temps ! », « black rock meurtriers », « black rock + black blocs = <3 [coeur] », « qui sème le BlackRock récolte le black bloc », « le kerozen c’est pas pour les avions, c’est pour brûler les flics et les patrons » ou encore « les gilets jaunes triompheront ».

D’ailleurs, c’est en scandant l’insupportable gimmick des gilets jaunes (un chant de football détourné) « on est là, même si Macron ne veut pas », que ces gens sont sortis du bâtiment, alors que la police ne se pressait pas pour venir les déloger.

L’écologie ne doit pas être prétexte à un anticapitalisme romantique radicalisé de la part de petits-bourgeois s’imaginant représenter une menace pour le capitalisme. L’écologie est une cause bien trop importante pour être laissées à ces gens-là ; la planète n’a pas besoin d’eux, mais d’une jeunesse véritablement investie pour elle.

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Écologie

La mobilisation des jeunes pour le climat

De nombreux jeunes, des lycéens surtout, se sont mobilisés ce vendredi pour le climat. Ils étaient entre 29 000 et 40 000 à Paris, 12 000 à Lyon, 10 000 à Nantes, 5 000 à Montpellier ou Strasbourg, 3 600 à Angers, 3 000 à Bordeaux, 2 800 à Tours, 2 000 à Clermont-Ferrand, etc. C’est un aspect d’une initiative internationale, avec des regroupements ou manifestations dans 2 000 lieux, dans 123 pays.

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Le grand souci est de savoir de qui est cette initiative, quelle en est la nature réelle. Quand on est de Gauche, on raisonne en effet en termes de niveau de conscience et d’organisation. Or, il faut être réaliste. Il ne faut pas s’imaginer qu’il existe aujourd’hui en France un mouvement de fond de la jeunesse en faveur la planète, pour un futur différent.

Ce mouvement est dans les faits directement structuré par en haut, à la mode ONG, c’est-à-dire avec un style consistant à faire beaucoup de bruit, pour que les institutions adoptent des mesures plus fortes, tout en vivant économiquement de cette protestation. La mise en avant de la jeune suédoise Greta Thunberg a relevé par exemple dès le départ d’une pure mise en scène.

Il ne s’agit donc pas d’un mouvement démocratique de la jeunesse en France. Il faut d’ailleurs bien voir que les « adultes » ont été très présents lors des initiatives, que les médias ont largement relayé ces appels à la « grève » des vendredis, pour en quelque sorte forcer les choses et prétendre ensuite qu’il se passe quelque-chose !

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Il est difficile de faire plus consensuel. Aucune expression autonome authentique de la jeunesse donc, qui prendrait en main les choses et assumerait une identité en rupture avec la société actuelle, qui serait compris comme un ancien monde à dépasser. Aucune initiative par en bas, aucune réflexion critique, aucune volonté de remettre en cause quoi que ce soit. McDonald’s peut dormir tranquille, malheureusement !

Le mouvement est de ce fait d’orientation largement petite-bourgeoise, concernant majoritairement des lycées de centre-ville, avec une minorité de jeunes venus des Lycées professionnels et des filières technologiques. Il y avait déjà dans les classes toujours une personne de sensibilité écologiste ou végane, mais ces gens « alternatifs » ne sont pas devenus des héros d’avant-garde du jour au lendemain. Bien au contraire, leur marginalisation s’accroît, après la phase de la découverte passée ces dernières années.

Les jeunes ne veulent pas se mouiller, et c’est bien pour cela qu’ils sont valorisés par les médias et le personnel politique actuel. On a ainsi eu, de manière exemplaire, cette émission sur France Info, L’instant module, qui n’a pas trouver mieux à interviewer qu’un Lycéen au style « premier de la classe », membre d’une organisation au nom anglais « Citizen for climate », expliquant qu’il faudrait manger moins de viande et qu’il a converti sa mère au végétarisme.

C’est là conformiste, consensuel, ne rompant avec rien sur aucun plan : ni culturel, ni économique, ni politique, ni idéologique, ni rien du tout. On peut même dire que cette valorisation est la négation des personnes qui se sont réellement engagées depuis plus longtemps, sans attendre que ce soit la mode.

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Le système dominant utilise simplement le principe suivant : « Pour que rien ne change, tout doit changer ». C’est le principe de la poudre aux yeux, de la manipulation par les apparences. On laisse les jeunes faire leur show, mais vu que ceux-ci n’ont aucune culture écologiste ni aucune volonté de rupture, cela ne présente aucun risque. Il y a trop de choses sur lesquelles réfléchir et les jeunes n’ont aucune arme pour cela. Ils n’ont pas les concepts, pas la discipline d’un effort intellectuel prolongé, pas de connaissance historique, pas de méthode. Les défis qui les attend sont immenses et là leur expérience leur donne l’illusion qu’avec peu on peut faire beaucoup, alors que vues les tâches qui les attends, il y aura beaucoup d’efforts pour peu de résultats, et pourtant il faudra s’en contenter, encore et encore.

Ce n’est donc même pas de la récupération, c’est carrément de la construction par en haut d’un faux mouvement. Ce n’est pas étonnant : quand la Gauche est incapable de proposer une alternative, le système dominant produit de fausses alternatives, en série, afin d’amener toutes les volontés de changement dans une voie de garage. Ou, pire, dans la voie de renforcer le système lui-même : c’est très précisément l’objectif de Yannick Jadot avec son écologie libérale.