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Nouvel ordre

Imposons la planification

Dans une société fondée sur la compétition, c’est le plus fort qui gagne et cela ne veut pas dire du tout le meilleur. Les critères pour être victorieux, dans le capitalisme, ce sont les moyens : qui a le plus de moyens l’emporte. Il suffit de regarder à quoi regarde la France pour voir le chaos que cela produit, et ce à tous les niveaux, car il y a de grands vainqueurs, mais également des petits en série. Des ronds points au kebabs, des habitations moches et peu pratiques aux villes mortes, tout a la même origine : l’absence de planification.

La planification, c’est la décision au préalable de ce qu’on fait, la décision démocratique, déterminée par les intérêts populaires. Plus le peuple aura des moyens productifs dans sa main, plus il pourra décider de manière consciente, rationnelle, qu’il veut et permettre une réalisation qui soit à la fois belle et utile, au lieu de moche et destructrice.

Nous voulons la paix ! Affiche soviétique de 1952

La planification, c’est la prise en compte de ce qui est nécessaire ou désiré, c’est l’évaluation des moyens à mettre en œuvre pour la réalisation, c’est la prévision du travail productif et des conséquences qui en découlent.

La planification exige la participation des plus larges masses, c’est le peuple qui doit décider, c’est sa vie qui est déterminée par la planification et sa nature. Il ne s’agit pas de prévoir pour prévoir et de remplacer la concurrence capitaliste par des calculs informatisés. Il s’agit de façonner et de refaçonner la réalité selon des exigences politiques.

La planification et la mentalité qui va avec font donc obstacle à l’esprit capitaliste qui cherche à manipuler, utiliser, abuser, profiter. C’est en toute clarté, en toute transparence que les choix doivent être réfléchis, justifiés, évalués, soupesés, choisis.

Notre peuple a le droit d’étudier, de se reposer et de travailler ! Affiche soviétique de 1950

La planification exige une forme supérieure de pensée par rapport au libéralisme, car il s’agit d’avoir de l’ampleur, une perspective sur le court terme, le moyen terme, le long terme. Seule une humanité raisonnant non pas simplement en mois, ni même en années, mais en décennies, en siècles, voire en millénaires est en mesure de réaliser la planification.

La planification exige que chacun prenne ses responsabilités, participe aux décisions collectives, conçoive sa propre vie comme une constituante d’une collectivité. Le plan n’est pas un document abstrait, il n’est pas seulement « choisi », il doit être porté par l’ensemble des travailleurs, par chaque travailleur pris en particulier. C’est une vaste mécanique, qui permet une nouvelle qualité dans l’organisation de l’existence.

Pour la réalisation du plan quinquennal !

Seule la planification permet de rendre la vie meilleure, plus belle. Elle seule est capable de transformer les choses au plus haut niveau et dans les petites choses. Elle seule permet au peuple d’avoir les moyens de satisfaire ces exigences, à rebours d’une société où seuls quelques individus sont en mesure de réaliser leur « rêve américain ».

La planification n’est pas une méthode, elle est un vécu ; elle n’est pas une théorie, elle est une vision du monde. Elle est un aspect du mode de pensée de la classe laborieuse qui a pris conscience d’elle-même et qui s’arrache à l’exploitation, à l’aliénation du capitalisme.

Chaque jour vers une vie plus belle ! Affiche soviétique de 1951

La planification est la perspective d’organisation du travail conforme à la vision du monde des travailleurs ! Elle est la nécessité de notre temps, pour surmonter les dégâts du passé et établir une organisation idéale de la société, en harmonie avec la Nature !

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Refus de l’hégémonie

« El sol de Venezuela nace en el Esequibo »

« Le soleil du Venezuela naît dans l’Essequibo » : comme expliqué ici, le Venezuela se lance dans l’aventure militariste de reconquête de sa région perdu, l’Esequibo. La propagande de l’Etat tourne à fond, profitant d’une vraie question liée au colonialisme britannique et à l’impérialisme américain pour en faire une opération nationaliste d’expansion. C’est dans la joie, la bonne humeur et les rythmes dansants dont ceux du reggaeton que les Vénézuéliens sont hypnotisés dans la marche à la guerre. Le référendum du 3 décembre 2023, dont un test grandeur nature a même été réalisé le 19 novembre 2023, sert de ticket de validation pour justifier le conflit, qui « n’est pas encore armé », comme l’a rappelé le ministre vénézuélien de la défense Vladimir Padrino López.

Hugo Chávez, fondateur du régime « bolivarien » du Venezuela, lié à la Russie et surtout la superpuissance chinoise, n’avait pourtant pas fait de la question de l’Esequibo une question primordiale. Il avait bien souligné l’exigence historique sur cette région, mais tout allait bien tranquillement, car le Venezuela avait d’excellents rapports avec Cuba, et Cuba avec la Guyana. Comme toutefois cette dernière compte désormais profiter des gisements pétroliers découverts dans la zone de l’Esequibo… l’affaire devient autrement sérieuse.

La Guyana entend faire passer sa production à 1,2 million de barils par jour en 2027… Ce qui ferait fait de ce petit pays le troisième plus grand producteur d’Amérique latine derrière le Brésil (actuellement à 3 millions par jours) et le Mexique (1,7 million par jour). Le Venezuela produit en ce moment 750 000 barils par jour. Les principales productions journalières de barils sont les suivantes : Etats-Unis 12,9 et Russie 9,4, Arabie Saoudite 9 et Irak 4,3.

Le Venezuela, pays au capitalisme bureaucratique, est qui plus est en crise interne massive. L’émigration est massive, la violence criminelle endémique. L’opposition a dans ce contexte réussi à tenir une primaire avec 2,4 millions de votants alors que l’élection présidentielle doit se tenir en 2024. D’où la nécessité interne de s’aligner de manière forte sur la bataille pour le repartage du monde, avec n’importe quelle justification.

Le président du Venezuela Nicolás Maduro diffuse ainsi un discours « patriotique » plein d’urgence, comme par exemple le 25 novembre 2023 :

« Je suis très heureux de voir le Venezuela renaître et fleurir dans son union nationale.

Ils ont pris l’avantage de la division du 19e siècle, alors que nous n’avions pas d’Etat, que nous n’avions pas de force militaire.

Ils ont également pris l’avantage lors du 20e siècle.

Mais le 21e siècle est totalement différent, nous sommes unis, nous avons une seule conscience, une puissance militaire, un seul Etat et un seul peuple. »

C’est une démarche expansionniste de sortie du crise qui explique l’opportune redécouverte de la nécessité « patriotique » de récupérer sa région historique… Qui est à l’origine du besoin « pressant » du Venezuela en entier, Venezuela toda !

Naturellement, l’affrontement entre le Venezuela et la Guyana n’est qu’un aspect de la confrontation entre les superpuissances chinoise et américaine. C’est en raison de la logique d’affrontement des superpuissances que les pays du monde, satellisés par la tendance historique, se précipitent eux aussi dans la bataille pour le repartage du monde.

Si la guerre se déclenche – et elle se déclenchera – c’est encore une partie du monde à ajouter dans la liste sinistre des zones acquises au conflit, faisant partie du problème et pas de la solution. La tendance à la guerre mondiale fait tomber les dominos un par un…

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Nouvel ordre

Pour la collectivisation des principales productions

Il y a des richesses qui sont produites en France par des entreprises de très grande taille. TotalEnergies, Bouygues, Air Liquide, Sanofi, Engie, L’Oréal, CMA CGM, Carrefour, Orange, LVMH, Saint-Gobain, EDF, Auchan… jouent un très grand rôle dans la société française et dans l’économie nationale.

Par conséquent, toutes ces entreprises doivent être collectivisées, afin que toutes leurs activités soient dirigées par le peuple lui-même. C’est une question démocratique, car ces entreprises sont néfastes sur ce plan en raison de leur dimension. C’est une question populaire, car leurs activités n’ont comme logique que les profits de quelques uns et non les intérêts du plus grand nombre.

La vraie exigence, c’est que les choix, les grandes orientations, les décisions… de ces grandes entreprises ne doivent plus dépendre d’une toute petite minorité de capitalistes. Il faut leur arracher par la force la propriété de ces entreprises, la leur confisquer sans indemnités.

La collectivisation des principaux moyens de production est le premier pas fondamental à réaliser pour être en mesure que des choix démocratiques, rationnels, puissent être réalisés en France. La collectivisation, c’est le peuple organisé ; le peuple organisé, c’est la collectivisation.

Youri Kougache, Le premier mai, 1952, URSS

La collectivisation des principales productions en France doit être consciente; il ne s’agit pas de déléguer à un gouvernement de la réaliser. C’est de toutes façons impossible, car l’Etat est aux mains des capitalistes et cherchera d’ailleurs à empêcher la collectivisation.

Le peuple organisé doit justement constituer un contre-pouvoir, un anti-pouvoir afin d’être assez puissant pour donner forme à ses exigences. Tant que le peuple n’a pas conscience de ce qu’il est, de sa force, de son noyau dur qu’est la classe ouvrière, il est condamné à subir et espérer.

Dans le contexte d’une tendance à la guerre mondiale, ce sera même toujours plus subir. La collectivisation des principales productions, et elle seule, est le levier qui permet d’empêcher les tendances négatives, la marche à la guerre, la baisse du niveau de vie…

Sans parler du nouveau contenu qu’il faut donner à ces grandes entreprises, dont le style de travail, la production, les choix et orientations… ne correspondent en rien aux intérêts populaires.

« Voilà le genre de personne qu’il faut être » (affiche de la révolution chinoise)

Qui peut décider de son propre épanouissement s’il manque toutes les bases matérielles? Comment envisager l’avenir si celui-ci est modelé par des grandes entreprises selon leurs besoins du jour et leurs exigences de profit en général?

C’est seulement la collectivisation des principales productions qui peut permettre justement une action matérielle au service du peuple dans son ensemble.

On peut bien sûr imaginer des freins, de garde-fous, des règlements, des négociations, des arbitrages. Cela reste un rêve de par la dimension de ces grandes entreprises. Elles ont atteint un tel niveau qu’elles modèlent la société française elle-même.

C’est inacceptable, c’est anti-démocratique et la démocratie populaire qu’exige notre époque demande leur mise au pas, leur collectivisation, leur refaçonnage complet selon les besoins populaires !

Marcher sur des kilomètres pour se forger un coeur rouge, affiche de la révolution chinoise

La collectivisation des principales productions, c’est une base nouvelle pour un nouvel ordre. C’est se donner les moyens de forger l’avenir selon les besoins véritables du peuple. C’est être en mesure de porter la transformation du monde, en choisissant les productions, en les établissant au service des larges masses !

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Événements significatifs

Dialogue imaginaire entre Javier Milei et le peuple français

Le peuple français : Quel est donc ce bruit ? Encore les Argentins, à parler de leur coupe du monde de football gagnée, ou plutôt volée cet été 2023 ?

Javier Milei : Pas du tout, je viens d’être élu président de l’Argentine, avec 56% des voix. Je suis un ancien chroniqueur de la télévision, en deux ans de politique je suis parvenu au meilleur poste, comme Emmanuel Macron je suis sorti d’un chapeau magique !

Le peuple français : Emmanuel Macron, quelle déception… Et quelles sont vos idées ?

Javier Milei : Vous allez adorer ! Je dis que les politiciens ne sont que des bons à rien, que l’État est rempli de bureaucrates ne faisant rien et se goinfrant, qu’il y en a assez de payer des impôts et qu’il faut les baisser de moitié.

Le peuple français : Oh, mais c’est très bien ça ! On voudrait le même chez nous. Mais attendez, nous Français sommes sceptiques vous savez… Vous avez forcément des défauts. Vous êtes forcément plutôt mou, comme notre Emmanuel Macron…

Javier Milei : Pas du tout, j’adore ma patrie, d’ailleurs j’ai le soutien de l’armée, qui apprécie que je relativise tous les crimes commis lors de la dictature militaire de 1976 à 1983. Vous savez, les gauchistes, ces gens-là… Des « excréments humains », comme je dis.

Le peuple français : Vous n’êtes pas comme votre compatriote le pape, dites donc.

Javier Milei : Le pape ? Il propage le communisme, je l’ai dit plusieurs fois et le je redirai.

Le peuple français : Cela sonne un peu trop bien. Nous les Français, nous aimons nos petits plaisirs… Vous voulez certainement nous interdire notre cannabis…

Javier Milei : Absolument pas, prendre de la drogue est un choix individuel. Cela ne concerne pas l’État et vous pouvez donc fumer autant que vous voulez.

Le peuple français : Attendez, c’est trop beau pour être vrai. Mmmmh… le chef du Parti socialiste, Olivier Faure, nous dit que vous vous opposez aux LGBT ! Pas que cela nous intéresse, mais nous sommes vraiment attachés aux libertés…

Javier Milei : Pourquoi serais-je contre ? « Si vous décidez d’être homosexuel, en quoi est-ce que cela affecte-t-il ma vie ? Ma liberté ? En rien. Ma propriété ? En rien. Par conséquent, je n’ai rien à dire. » Quant aux trans… « Du moment que je n’ai pas à payer la facture, je n’ai aucun problème. »

Le peuple français : Merveilleux, nous allons faire en sorte d’avoir votre équivalent chez nous !

Javier Milei : Vous en avez bien besoin ! Car chez vous, l’État est bien trop présent. Toutes ces aides sociales, l’école gratuite… il faut y mettre un terme.

Le peuple français : Pardon ? Vous voulez supprimer les aides sociales ?

Javier Milei : Oui, et puis ces ministères inutiles, comme la Santé. On n’a pas besoin de tout ça.

Le peuple français : Mais ce n’est pas possible !

Javier Milei : Vous êtes bien d’accord que l’État c’est mal et que les impôts sont horribles, non ? Vous avez l’esprit anarchiste, comme moi. Il faut donc supprimer tout cela.

Le peuple français : Mais non !

Javier Milei : Vous n’êtes pas cohérents. Le libéralisme, c’est le libéralisme… Chacun fait ce qu’il fait, du moment qu’il y a un consensus. D’ailleurs, je suis pour l’amour libre, rien qu’avec cela, vous Français devez m’adorer.

Le peuple français : C’est vrai.

Javier Milei : Il fait être libre partout, tout le temps. On doit être libre de vendre ses organes, ses enfants…

Le peuple français : Quoi ! Ah, ça, non, nous ne le voulons pas !

Javier Milei : Si vous ne le voulez pas, vous ne le faites pas. Il faut cependant en avoir le droit.

Le peuple français : Ah si c’est avoir le droit, ce n’est pas pareil…

Javier Milei : Les temps changent, et on s’adapte, autant être libre. « La liberté avance », et c’est d’ailleurs le nom de mon parti. On peut faire tellement ce choses ! Regardez, quand mon chien Conan est mort, je l’ai cloné et désormais j’ai Milton, Murray, Robert et Lucas! Formidable, n’est-ce pas ! Leurs noms vient de mes économistes préférés, Milton Friedman, Murray Rothbard et Robert Lucas.

Le peuple français : Mais ce sont des économistes libéraux !

Javier Milei : Ah, vous les Français, êtes incorrigibles. Vous êtes des libéraux sur tous les plans, sauf l’économie.

Le peuple français : C’est que, si on peut en profiter…

Javier Milei : A un moment il faudra un choisir, et comme le dit mon mot d’ordre électoral, viva la libertad carajo !

Le peuple français : C’est que nous ne voulons pas être comme les Américains…

Javier Milei : Pourquoi ? Je suis pour l’Ukraine et vous soutenez militairement l’Ukraine. Nous sommes dans le même camp.

Le peuple français : Euh… nous ne nous intéressons pas à ces choses…

Javier Milei : Bon, bon. Vous y viendrez, le libéralisme est dans votre ADN !

Le peuple français : Nous préférons attendre.

Javier Milei : La jeunesse n’attendra plus, elle est libérale vous savez ! Ce sont les jeunes qui ont porté mon élection, ils feront pareils chez vous. D’ailleurs je vous laisse, on m’attend, je dois aller supprimer la monnaie de mon pays.

Le peuple français : Pour la remplacer par quoi ?

Javier Milei : On paiera en dollars, ce sera très bien, plus d’inflation : elle était de 185% dans mon pays cette année. Je ramène l’espoir !

Le peuple français : C’est bien de donner espoir !

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Planète et animaux

La vie sauvage doit être une matière à l’école

Il existe dans chaque pays une vie sauvage, qui a ses particularités, même si les animaux ne connaissent pas de frontières, à moins qu’il y ait des obstacles sciemment placés sur leur route. L’Arctique connaît des désagréments majeurs à ce niveau par exemple. La Finlande, dans une logique militariste, établit une clôture avec tranchées et barbelés sur 200 kilomètres à sa frontière avec la Russie. Il y a également des barrières en Norvège pour empêcher les rennes d’aller en Russie, dans le parc naturel de Pasvik Zapovednik, et d’y causer des dégâts.

Les animaux sauvages montrent donc la voie, à rebours de la logique humaine de tracer des frontières. Ils sont à la fois emblématiques à certaines régions et enclins à des voyages au-delà des frontières érigées de manière abstraite. La Biosphère ne reconnaît pas les gribouillis humains sur les cartes nationales.

C’est pourquoi des cours sur la vie sauvage à l’école, en tant que matière, permettraient de connaître son propre pays, et d’en voir également les limites, puisque la Nature ne considère pas les frontières nationales comme ayant un sens. Cela renforcerait la compréhension de la vie sauvage et cela appuierait la conception qu’il n’y a qu’une seule humanité. L’hirondelle de fenêtre va d’Alsace en Afrique australe, on peut donc apprendre sur sa propre région en Alsace, et élargir son horizon.

Comme à l’école, les mentalités sont très différentes suivant les âges, il est nécessaire que les cours sur la vie sauvage aient lieu tout au long de la vie scolaire, de la maternelle jusqu’au bac. Il ne peut pas s’agir de quelques cours fournis pendant un temps limité, pas plus d’ailleurs que ces cours ne doivent être intégrés aux enseignements scientifiques. Cela doit être une matière en tant que telle, afin de bien reconnaître qu’au-delà des connaissances, il y a la culture, et au-delà de la culture, il y a tout la sensibilité.

La grande difficulté de tout le processus ici étant, bien entendu, le respect et la distanciation. La vie sauvage doit être reconnue comme ayant une valeur en soi, il ne faut pas d’interférence. On sait d’ailleurs à quel point les photographes naturalistes se comportent de plus en plus mal dans le capitalisme, par avidité, afin de se procurer les « meilleures images ». Il y a ici une tendance à contrecarrer et avec les enfants, c’est une tâche très difficile. Les enfants sont en effet très joueurs et la mauvaise éducation qu’ils ont reçu les pousse à chercher une interaction avec les animaux, aboutissant la plupart du temps à du harcèlement en raison du manque d’empathie pour la pauvre créature martyrisée.

Le problème, c’est bien sûr de trouver des éducateurs. Il existe en France une grande tradition éducative, mais c’est celle historiquement portée par les instituteurs de la troisième république. C’est un enseignement unilatéral, dans un esprit de salle de classe. Il va de soi que c’est inapproprié pour une éducation concernant la vie elle-même. Il faut des cours qui permettent de voir, de sentir, d’entendre, de toucher, d’admirer en s’émerveillant, d’observer prudemment.

Il existe certainement de nombreuses très bonnes idées pour satisfaire à cette exigence. Mais l’école dans le capitalisme, avec sa fadeur et son professeur déversant son flot de propos, ne saurait y satisfaire. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la vivisection existe encore à l’école en France, sans que cela ne choque personne. Il y a ici une véritable révolution à mener et c’est pour cela que les éducateurs ne peuvent venir que de milieux déjà tournés vers les animaux.

La mise en place de cours sur la vie sauvage, en tant que matière à l’école, doit en fait procéder d’une révolution culturelle, avec une partie de la société qui est mise en avant pour jouer un rôle éducateur, de formation des mentalités nouvelles.

La vie sauvage comme matière à l’école exige, de toutes façons, d’aller dans le sens de la remise en cause du rapport villes-campagnes ; on pourrait dire en un sens que ces cours s’opposent le plus directement à la fascination du capitalisme pour le béton et les ronds-points. Ce qui sous-tend de tels cours, leur possibilité, c’est la volonté de regarder avec passion la vie sauvage, au lieu de l’ignorer et de participer à sa destruction.

Le Socialisme doit donc assumer une telle exigence que ces cours, tant pour son programme du futur, une fois le capitalisme renversé, que déjà aujourd’hui, malgré et contre le capitalisme. C’est une question de choix de vie et il ne faut jamais faire les choix du capitalisme, ni ceux d’un retour en arrière dans un passé idéalisé.

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Nouvel ordre

L’échec moral de Mélenchon et de sa 3e gauche

Historiquement, il existe deux gauches en France. La première, c’est la Gauche qui est apparue d’abord, celle de la social-démocratie avec Karl Marx, puis des socialistes et des communistes. C’est celle que nous appelons la Gauche historique, celle dont nous nous revendiquons.

Il y a ensuite la « seconde Gauche », née dans les années 1960. Elle regroupe, pour faire simple, les socialistes réformistes et modernistes, les syndicalistes (y compris étudiant comme avec l’UNEF), etc. Elle est représentée, pour prendre des figures connues, par François Hollande. Emmanuel Macron en est d’ailleurs issu et le Nouvel Observateur, l’hebdomadaire suprême de la « seconde Gauche », avait d’ailleurs appelé à le soutenir.

Depuis le début des années 1990, la seconde Gauche a fait se disparaître la Gauche historique, à peu de choses près. Il n’y a plus grand monde pour exiger le Socialisme. C’est dans cette absence de la Gauche historique qu’est apparue une troisième Gauche, mise en place par Jean-Luc Mélenchon et toutes les mouvances « post » : post-trotskiste, post-anarchiste, post-« alternatifs » (issus du PSU).

Tribun hors pair, Jean-Luc Mélenchon manie le pragmatisme à l’extrême

Jean-Luc Mélenchon, ancien socialiste (de 1976 à 2008) venant du trotskisme, a initialement cherche à osciller entre les deux Gauches, à l’instar de son modèle François Mitterrand. Il a finalement abandonné au profit d’un projet présenté comme « populiste », dénommé La France Insoumise (LFI), fondée en 2016.

Le mot d’ordre : se revendiquer du peuple et considérer que le « populisme » de gauche de type latino-américain est un modèle à suivre. Le clivage gauche/droite serait à remplacer par l’opposition peuple/élites, peuple/oligarchie.

Cela a été un grand succès : Jean-Luc Mélenchon a obtenu 19,6 % des suffrages à la présidentielle de 2017, 22% à celle de 2022 ; LFI s’est retrouvé à la tête de la coalition de tous les principaux partis de gauche se présentant aux élections au sein de la NUPES.

Cependant, les contours de cette 3e Gauche sont toujours restés indéfinis et l’attaque massacre du Hamas du 7 octobre 2023 a littéralement révélé les failles de l’entreprise. La 3e Gauche n’a pas de sympathie pour le Hamas, à part dans ses marges d’ultra-gauche étudiantes.

Cependant, le discours populiste de Jean-Luc Mélenchon exige le refus de toute valeur morale, politique, idéologique aux contours bien définis, au contraire de la Gauche historique et de la seconde Gauche.

Récupération des symboles (comme ici le poing levé), mais sans aucun contenu lié au Socialisme

Impossible donc pour la 3e Gauche de critiquer l’attaque massacre du Hamas du 7 octobre 2023, et ce d’autant plus s’il faut espérer toucher les votants se reconnaissant dans l’Islam et l’agenda politique des Frères musulmans visant à dénoncer « l’islamophobie ».

La 3e Gauche révèle ainsi sa faille fondamentale ; on ne doit pas lui reprocher son immoralisme, car elle ne soutient pas le Hamas : encore une fois ce sont les diverses factions d’ultra-gauche délirantes qui soutiennent son initiative.

Mais la 3e Gauche est amorale. Son idéologie, c’est celle de la bourse aux idées, et il suffit d’arriver avec les LGBT, ou l’islamophobie, ou les migrants, ou n’importe quoi, pour rejoindre la contestation dont les contours se veulent indéfinis, et ce par choix.

Pour la Gauche historique, ce sont les Partis qui définissent la ligne ; pour la seconde Gauche, il y a un rassemblement d’initiatives conscientes et organisées à la base (associations, syndicats, club d’idées, etc).

Pour la 3e gauche, ce qui compte c’est l’agrégation opportuniste de la « contestation ». L’attaque massacre du Hamas révèle à quel point, en plus d’être une erreur, c’est une faute. C’est une absence de morale intolérable, c’est la négation de la bataille pour les consciences.

Nous n’avons jamais considéré La France Insoumise comme étant réellement de gauche à cause de son approche populiste : il est évident que nous avons bien fait. Il n’est pas possible de n’avoir rien à faire avec une telle négation des choix conscients à faire face aux événements, quels qu’ils soient ! Nous avons besoin d’un nouvel ordre, et les valeurs doivent être conscientes, bien établies, à la fois comprises et assumées ! C’est le Socialisme ou la catastrophe !

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Refus de l’hégémonie

Le Venezuela entend annexer une partie de la Guyana

La crise a ouvert la boîte de Pandore de la guerre pour le repartage du monde ; aucune puissance n’y échappe, même si à l’arrière-plan tout dépend de la confrontation sino-américaine. L’Amérique latine a échappé jusque-là à une explosion véritable, même s’il est vrai qu’elle connaît une implosion un peu partout, depuis la hausse gigantesque des prix en Argentine jusqu’aux massacres par les cartels au Mexique.

L’initiative du Venezuela fait toutefois passer un cap, puisqu’on est dans un processus d’annexion. S’il a historiquement tout à fait un sens, le contexte est bien évidemment celui du repartage du monde. Voici comment y voir clair.

Voici trois drapeaux nationaux. Ce sont les drapeaux respectivement du Venezuela, de la Colombie et de l’Équateur. Comme on le voit, ils sont très proches.

La raison de cette similitude tient au fait qu’au début du 19e siècle, ils relevaient tous de ce qu’on appelle désormais la « Grande Colombie ». A l’époque cela s’appelait la « République de Colombie ».

Son président était Simón Bolívar et son vice-président Francisco de Paula Santander. On peut pratiquement dire qu’en Amérique latine, si vous n’êtes pas marxiste (dans la ligne du Péruvien Mariatégui qui dénonce le féodalisme latinoaméricain allié au capitalisme étranger), vous êtes soit pour les libertés et le progrès, donc d’orientation libérale (à la Santander), soit pour la centralisation et les grands projets populistes et par la force (à la Bolivar).

Le territoire de la République de Colombie était vaste ; il concernait non seulement donc la Colombie, l’Équateur et le Venezuela, mais également le Panama (qui fut une invention des États-Unis pour contrôler le canal du même nom), une partie du Pérou, une partie du Brésil, et la partie ouest de la Guyana.

La Guyana est un pays anglophone lié au Royaume-Uni ; c’était la « Guyane britannique », à sa droite on trouve le Surinam et à droite du Surinam la Guyane française.

La Guyane britannique avait conquis son territoire oriental sur le Venezuela en 1899. Depuis, le Venezuela exige de le récupérer ; c’est la partie verte sur la carte suivante ; une partie de la Guyana est également exigé par le Surinam, c’est la partie hachurée sur la carte.

Autant dire que la partie réclamée par le Venezuela, dénommée Esequibo, est énorme ; avec 159 500 km2, elle représente les 7 dixièmes de la Guyana.

Le Venezuela a d’ailleurs officialisé en 2015 la mise en place d’un État numéro 25, appelé Esequibo, et en décembre 2023 il y aura un référendum à ce sujet. Le président du Venzuela chauffe le pays à blanc, expliquant que tant les partisans de Chavez (l’ancien président populiste) que ses opposants doivent être unis pour la reconquête.

Le référendum, qui n’est que consultatif, est en fait une opération de guerre psychologique pour mobiliser en faveur de la guerre. Si effectivement, la région relève bien du Venezuela, la démarche rentre totalement dans la bataille pour le repartage du monde.

Il n’existe pas de cause « juste » sans indépendance par rapport à la bataille pour le repartage du monde, et là on est plein dedans avec un Venezuela lié à la Russie et la Chine.

Les questions du référendum seront les suivantes :

1) Acceptez-vous de rejeter par tous les moyens, conformément à la loi, la ligne frauduleusement imposée par la sentence arbitrale de Paris de 1899, qui vise à nous priver de notre Guyane Essequibo ?

2) Soutenez-vous l’Accord de Genève de 1966 comme seul instrument juridique valable pour parvenir à une solution pratique et satisfaisante pour le Venezuela et la Guyane concernant la controverse sur le territoire d’Essequibo ?

3) Êtes-vous d’accord avec la position historique du Venezuela de ne pas reconnaître la compétence de la Cour Internationale de Justice pour résoudre la controverse territoriale quant à l’Essequibo ?

4) Acceptez-vous de vous opposer, par tous les moyens légaux, à la prétention de la Guyane de disposer unilatéralement d’une mer aux frontières en cours de délimitation, illégalement et en violation du droit international ?

5) Êtes-vous d’accord avec la création de l’État d’Essequibo et le développement d’un plan accéléré de prise en charge globale de la population actuelle et future de ce territoire qui comprend, entre autres, l’octroi de la citoyenneté et d’une carte d’identité vénézuélienne, conformément à l’Accord de Genève et le droit international, incorporant par conséquent ledit État sur la carte du territoire vénézuélien ?

Ces questions ne disent pas qu’il faut mener la guerre, mais tout ce qui y est dit l’implique. C’est un pas de plus dans le conflit généralisé pour le repartage du monde.

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Refus de l’hégémonie

Ce qu’est le Hamas et pourquoi la Gauche ne doit pas converger avec

Le colonialisme n’a pas produit que des mouvements anticoloniaux de gauche ; il a également donné naissance à des fondamentalismes. On parle ici de gens idéalisant le passé, de manière religieuse surtout, et rejetant tout ce qui est « moderne ».

Lors de la colonisation de l’Algérie par la France par exemple, les religieux musulmans avaient ainsi réussi à faire en sorte que les paysans arabes rejettent les médecins et ne mettent pas les enfants à l’école. Le choix quasi absolu fut de conserver un « statut personnel » musulman, empêchant l’accès à la citoyenneté française en raison de la dépendance avec le droit coranique (pour le mariage, l’héritage, etc.). La population juive algérienne s’est au contraire précipitée dans la brèche, mettant de côté le droit religieux, ce qui lui a permis d’acquérir la nationalité française avec le décret Crémieux.

Le pays où le fondamentalisme islamique s’est développé initialement, c’est l’Inde ; cependant, le Hamas appartient à un courant fondamentaliste musulman né quant à lui en Egypte, en 1928, avec Hassan Al-Banna : ce sont les « Frères musulmans ». Le programme des Frères musulmans n’est pas original en soi : le monde moderne est totalement mauvais, il faut en revenir au passé et à ses traditions.

Le symbole des Frères musulmans, le mot sous les épées est « préparer »

Le Hamas – harakat al-muqâwama al-‘islâmiya, mouvement de la résistance islamique – a été fondé en 1987 comme section palestinienne des Frères musulmans. Il établit, grâce à des moyens financiers extérieurs, des jardins d’enfant, des universités, des hôpitaux et des cliniques, des organisations caritatives, etc.

C’est un mouvement qui rejette dès le départ l’OLP et la Gauche palestinienne en général, au nom de la religion. Lors de la première intifada, il refuse par conséquent de soutenir l’unité des organisations palestiniennes, menant ses propres activités en parallèle, avec une bienveillance connue de l’État israélien heureux de voir les Palestiniens se diviser.

Pour la même raison, le Hamas n’a pas participé aux élections en Palestine en 1996, ni n’a reconnu la mise en place de l’Autorité palestinienne issue des Accords d’Oslo, signés en 1993 par le premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le chef de l’OLP Yasser Arafat.

Le président de la superpuissance américaine Bill Clinton au milieu de Yitzhak Rabin et de Yasser Arafat

Une partie de la Gauche palestinienne refusa également de soutenir ces Accords, considérés comme nuisibles aux Palestiniens. Seulement, un événement majeur s’était produit. Lors de la guerre du Golfe au début des années 1990, tant la Gauche palestinienne, de type nationaliste laïc, avait soutenu l’Irak de Saddam Hussein… Les pays du Golfe cessèrent alors tout financement en leur faveur, privilégiant désormais le Hamas.

Le Hamas commença à mener des actions armées, et ce d’autant plus que les pays du pétrole et du gaz devenaient de plus en plus riches. Car, en 2023, c’est le Qatar qui paie l’intégralité des fonctionnaires et du budget du gouvernement du Hamas à Gaza. Et c’est l’Iran qui fournit l’argent et le matériel pour ses unités militaires.

La Turquie reste plus en retrait en apparence, mais son président Recep Tayyip Erdoğan appartient lui-même au courant des Frères musulmans. Il y a eu brièvement également comme pays convergents la Tunisie (avec le parti gouvernemental Ennahdha de 2011 à 2021) et l’Egypte (avec Mohammed Morsi en 2012-2013, avant son renversement par un coup d’État militaire anti-Frères musulmans). Autrement dit, le Hamas est indissociable du mouvement des Frères musulmans et de leur stratégie.

Le dirigeant du Hamas, Ismaël Haniyeh, ici sur une photographie du ministère russe des Affaires étrangères, est basé au Qatar, mais également en Turquie

L’Iran, pourtant, n’a rien à voir avec les Frères musulmans : ces derniers sont sunnites, l’Iran est chiite. Ce n’est pas la seule différence. L’Iran veut que l’État soit théocratique. Les Frères musulmans veulent que l’État soit… comme il veut, du moment qu’il reconnaît les valeurs de l’Islam comme fondamentales. Il y a d’ailleurs une scission des Frères musulmans qui veut un Etat théocratique et dispose pour cette raison du soutien de l’Iran : le Djihad Islamique en Palestine.

Comme justement cette organisation est forte à Gaza, et que l’Iran contrôle le Hezbollah au Liban, un accord avec le Hamas était facile à trouver. Le fondamentalisme mêle ici à un jeu de grandes puissances. On a ainsi l’Iran qui soutient le Hamas, Hamas qui a soutenu la « révolution syrienne » contre l’État syrien de Bachar al-Assad (un chiite laïc), État syrien de Bachar al-Assad… qui est soutenu par l’Iran.

Tel est ce qu’on appelle en France « l’Orient compliqué ». Et on peut ajouter à cela que si comme on le sait la superpuissance américaine finance et soutient massivement l’État israélien… Ce dernier a désormais d’excellents rapports avec l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis (dont fait partie Dubaï). Et qui est un ennemi juré de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis ? Le Qatar.

25e anniversaire du Hamas à Gaza en 2012 (Fars Media Corporation, wikipedia)

Comme on le voit, il n’y a rien dans tout cela de démocratique et de populaire. On est dans les intérêts économiques, financiers, politiques ; on est clairement dans la bataille pour le repartage du monde. Le Hamas n’est qu’un pion pour les uns, tout comme Israël est un pion pour les autres, et en dernier ressort on retombe toujours sur l’affrontement par pièces interposées des superpuissances américaine et chinoise.

Toute alignement, même toute convergence avec l’un des protagonistes anti-démocratique et anti-populaire est plus qu’une erreur, c’est une faute politique. Cela dessert les peuples qui cherchent à frayer une voie démocratique dans une situation absolument horrible et sanglante. Le Hamas n’est en aucun cas une composante de l’affirmation historique du tiers-monde ! Seul le drapeau rouge a un sens, une signification historique !

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Planète et animaux

« 269 libération animale » et l’oubli d’Israël

C’est à la fois anecdotique et extrêmement riche d’enseignements.

Apparu en 2016, le collectif « 269 Libération animale » a connu son heure de gloire médiatique en France avec des blocages d’abattoirs. Le mouvement, qui prône la désobéissance civile, a été à la pointe d’une mode « antispéciste » ayant marqué la fin des années 2010.

Le collectif recrutait de nombreux activistes pour des actions ponctuelles de ce type, avant d’affronter la répression et de totalement péricliter. Depuis sa chute, il tente de maintenir son existence en se posant comme faction d’ultra-gauche, mais sans succès. Il propose un discours intellectuel « ultra » mêlant « antispécisme », « anticolonialisme », écriture inclusive et anarchisme exigeant la défense totale des « individus », chaque animal étant lui-même un « individu ».

Un tel collectif ne pouvait pas ne pas prendre une position « ultra » au sujet de la guerre Israël-Hamas. Les choses sont ce qu’elles sont et ainsi sont les boutiquiers valorisant leur fonds de commence. Le souci ici, c’est que le mouvement de désobéissance civile pour les animaux de type « 269 » est à la base… israélien. Ce qui n’est bien évidemment pas dit.

Le veau « numéro 269 » et Sasha Boojor à l’origine du mouvement « 269 » (wikipédia)

Ce passage sous silence de l’origine de 269 est lourd de sens, bien entendu. Il ne doit rien au hasard. Il est bien difficile de tenir un discours « ultra » sur Israël, tout en ayant son origine directement dans la société israélienne…

Car « 269 », né en 2012, est typiquement israélien, dans ses fondements. Un veau « numéro 269 », avait été libéré d’un abattoir en Israël par quelques personnes, qui se firent marquer le chiffre au fer rouge ou tatouer sur leur peau. Une dimension auto-sacrificielle qui se voulait en écho à la question de l’Holocauste omniprésente dans ce pays. Le véganisme y est d’ailleurs extrêmement fort en raison de sa portée morale justement. C’est l’idée que les animaux connaissent un « éternel Treblinka ».

L’initiative israélienne a déclenché le mouvement « 269 life » dans plusieurs pays, dont la France ; « 269 libération animale » est une scission de « 269 life France ». Et voilà donc que, pour la beauté d’un discours « ultra », l’origine israélienne du principe de « 269 » – qui n’aurait pu naître nulle part ailleurs sous cette forme – est « effacée ».

C’est un premier souci. Mais à la limite, une telle hypocrisie n’a rien d’étonnant. Pour la question animale par contre, le second souci doit être souligné.

L’histoire est en effet réécrite, dans la mesure où « 269 libération animale » dit que depuis le départ le mouvement « 269 » a une dimension « politique » et que les défenseurs des animaux doivent s’aligner sur les causes ultra. C’est totalement faux : le mouvement « 269 » considérait justement que les humains font n’importe quoi et que la vraie question, c’est la question animale.

Et il y a une grande part de vérité là-dedans. Il faut voir les choses en termes d’époque, de civilisation. L’assemblage artificiel de luttes, le bricolage intellectuel sur les « opprimés », l’alignement sur tout et n’importe quoi (comme le Hamas)… tout cela ne rime à rien historiquement, n’apporte pas de la hauteur.

Sous prétexte de « politiser » les défenseurs des animaux, « 269 libération animale » veut en fait les mettre à la remorque de gens n’ayant strictement rien à faire des animaux. C’est de l’escroquerie, et en ce sens c’est un danger pour la question animale.

La question animale est incontournable, elle ne doit pas relever d’une hypothétique « convergence des luttes », qui n’est qu’un mythe d’ultra-gauche. La question animale doit être consciente, et assumée ! Ou bien elle n’est pas là, et alors c’est erroné.

Le Socialisme, c’est la résolution de tous les problèmes dans un même mouvement de fond. A bas l’anarchisme et ses prétentions vaines, qui prétend tout résoudre à partir d’assemblages et de bricolages d’ailleurs la plupart du temps fictif!

Voici le communiqué de « 269 libération animale », avec « l’oubli » de son origine historique et son appel « ultra ».

269 Libération Animale : Nous ne voulons pas d’un monde construit sur les cadavres des opprimé.e.s

« Je ne me souviens pas de mon enfance sans soldats, leurs bottes, leurs armes, la couleur kaki de leurs uniformes »,(Asmaa Alghoul, féministe gazaouie, L’Insoumise de Gaza.)

Un nettoyage ethnique a cours sous nos yeux. Ne pas le dire c’est y prendre part, et l’indifférence du milieu antispéciste – ou du moins de ses associations les plus connues – nous interpelle autant qu’il nous révolte.

Parce que « les animaux avec nous, nous avec les animaux » comme l’écrit Kaoutar Harchi, est la vision que porte 269 Libération Animale depuis toujours, nous ne pouvons rester silencieux.ses face au massacre du peuple palestinien et la répression qui s’abat sur les camarades qui expriment leur solidarité.

Cela nous concerne. Et nous concerne en tant que miltant.e.s engagé.e.s dans un combat contre l’exploitation animale. C’est pourquoi face aux crimes coloniaux d’Israël, les antispécistes ne peuvent rester silencieux.ses.

Depuis 2 semaines, le gouvernement israélien a décidé le siège complet de Gaza : pas d’eau, pas de nourriture, pas d’électricité ni de médicaments.

Le bombardement ininterrompu auquel est soumis la bande de Gaza, le territoire le plus densément peuplé du monde, a causé la mort de plus de 3875 palestiniens et palestiniennes, dont plus de 1500 enfants, détruit un grand nombre d’infrastructures nécessaires à la vie et blessé plus de 13500 personnes.

Les déclarations des dirigeants israéliens ont des tonalités nettement génocidaires : Yoav Galant, le ministre israélien de la Guerre, a déclaré que les palestiniens étaient des animaux, et le président israélien Isaac Herzog, a rendu responsable toute la nation palestinienne pour les crimes du Hamas, estimant que la population civile de Gaza était consciente et impliquée dans les attaques du 7 octobre. L’ordre d’évacuation donné par l’armée israélienne, fait craindre à la population palestinienne une seconde Nakba et l’ONU ainsi que de nombreuses organisations de défense des droits humains alertent sur le risque d’un nettoyage ethnique.

Israël cherche à justifier ce projet mortifère par les nombreux meurtres perpétrés par le Hamas, des meurtres que nous condamnons. Les centaines de vies israéliennes arrachées nous meurtrissent aussi et méritent notre compassion.

Il s’agit donc de parler droit, à l’instar de Rima Hassan, fondatrice franco-palestinienne de l’Observatoire des camps de réfugiés : « Que ça soit clair, il est moralement inacceptable de se réjouir de la mort de civils ». Et de préciser : « Le faire c’est oublier les principes qui nous engagent dans la perspective d’une paix qui doit nous sauver ».

On ne saurait, tant s’en faut, réduire la question palestinienne à celle du Hamas.

Le point central, c’est l’occupation. C’est l’apartheid qui ne cesse de progresser en Cisjordanie, accompagné par les meurtres de palestiniens par l’armée ou les colons. C’est, depuis 1948, la spoliation sans fin du peuple palestinien, expulsé de ses terres et parqués dans des camps de réfugiés. C’est, depuis 16 ans, l’ignoble blocus sur Gaza.

La souffrance des palestinien.ne.s est invisible depuis des décennies. Car avant le 7 octobre, le « calme » semblait régner, puisque les israéliens vivaient apparemment en paix, et la violence quotidienne que subissaient les palestinien.nes était noyée dans une profonde apathie. Quand elles et ils manifestaient pacifiquement pour leurs droits, comme lors de la « Marche du retour » de 2018-2019 le long de la clôture de Gaza, les snipers de l’armée israélienne les abattaient et les mutilaient dans l’indifférence générale.

Alors il faut le redire : les crimes odieux du Hamas ne peuvent en aucun cas justifier le génocide du peuple palestinien et rien ne doit nous faire oublier que c’est bien la situation coloniale en Palestine et l’apartheid qui dure depuis 75 ans qui est à la racine de toute cette violence.

Aux quatre coins du monde les rues se dressent contre le massacre du peuple palestinien en cours ; pourtant, en France, on doit marcher en rang avec les massacreurs puisque se trouve interdite toute expression de solidarité avec le peuple palestinien. Les rassemblements ont été interdits, les étrangers menacés de se voir retirer leur tire de séjour, des amendes ont été distribués pour le simple port d’un keffieh et de nombreuses organisations ont été poursuivies pour apologie du terrorisme.

Comment pouvons-nous tolérer que tout soutien au peuple palestinien soit désormais assimilé à un soutien au terrorisme, ce qui interdit toute mobilisation pour faire cesser les crimes et l’injustice ?

Comment pouvons-nous tolérer le soutien des puissances occidentales au « droit d’Israël à se défendre », donnant ainsi feu vert à un véritable massacre ?

Prétextant se soucier de la sécurité des civils israéliens, certaines voix en France réclament qu’on taise les injustices et l’hécatombe subies par les Palestiniens, qu’on criminalise leur dénonciation.

Nous affirmons au contraire que le chemin le plus court vers la sécurité des israéliens passe par la reconnaissance des droits des palestiniens. Seule la fin de l’occupation et de la colonisation peut assurer la sécurité pour tou.te.s.

Dans cette offensive idéologique, l’amalgame qui est fait entre critique du projet colonial israélien et antisémitisme nous terrifie car nous sommes convaincu.e.s avec Joseph Andras que « l’antisémitisme est une triple trahison : de la cause humaine, palestinienne et révolutionnaire. ».

Devant la gravité de cette situation, le silence des organisations animalistes est assourdissant. L’ensemble des militant.e.s qui œuvrent pour un monde plus juste ont su prendre position : les camarades syndicalistes comme Jean-Paul Delescaut, secrétaire départemental CGT du Nord, placé en garde à vue pour un tract de soutien au peuple palestinien, les militantEs antiracistes, féministes, antifascistes jusqu’à Greta Thunberg, toutes et tous ont exprimé leur solidarité.

Car elles et ils ont compris que si toute solidarité avec le peuple palestinien peut être taxée de terrorisme, leurs luttes peuvent l’être aussi, comme le seront et le sont déjà parfois les luttes de libération animale.

Elles et ils ont aussi compris que tant qu’existera l’injustice infligée au peuple palestinien par la colonisation israélienne, aucun principe et aucune lutte ne pourra obtenir gain de cause.

À quoi sert de se battre pour obtenir que le droit reconnaisse les autres animaux comme des personnes si on peut bafouer dans l’impunité la plus totale l’ensemble des droits humains ?

Si le mouvement animaliste s’enlise dans un horizon individualiste cantonné au « changer de mode de vie », c’est bien « changer le monde » qui nous préoccupe. Ce monde que nous partageons avec les animaux.

Et dans cette perspective, nous devons marteler que la lutte antispéciste n’est pas à part, qu’elle est traversée par ce qui arrive dans le monde et porte un projet politique qui est celui du refus du colonialisme, de l’impérialisme, de l’oppression, pour tou.te.s les individu.e.s de toutes espèces.

Comme le disait Louise Michel : « c’est que tout va ensemble » et les animaux de Palestine paient évidemment aussi le prix de ce massacre, malgré les efforts et l’incroyable courage des organisations comme la PALESTINIAN ANIMAL LEAGUE à laquelle nous apportons tout notre soutien.

Les organisations animalistes se replient sur leur propre introversion et pensent qu’éviter le positionnement et le clivage leur permettra d’élargir leur audience.

Elles n’ont pas compris, au stade infantile de développement qu’est le leur, que c’est par le clivage et les positionnements du côté de la justice que l’on gagne la possibilité de devenir majoritaires.

La question animale n’existe pas parallèlement à notre société, elle porte en elle une critique révolutionnaire de celle-ci et le mouvement ne peut pas vivre en vase clos.

En défendant les animaux, nous faisons aussi trembler les cachots pour toutes celles et ceux qui ne sont pas censé.e.s survivre dans ce monde !

Les systèmes de domination ont construit des catégories sociales de corps « tuables », de corps illégitimes.

Alors notre travail militant consiste à remettre en cause, tant théoriquement que concrètement, ces systèmes qui trient entre les vies qui comptent et celles qui ne comptent pas ; entre les corps qui ont le droit d’être protégés, réchauffés, soignés et ceux qui sont exposés aux coups, à la mort, au déni.

La lutte antispéciste implique de lutter contre toutes les oppressions et il est de notre devoir politique d’inscrire notre combat en solidarité avec les luttes contre l’impérialisme, le colonialisme, la ségrégation raciale et l’apartheid.

269 Libération Animale tient à réaffirmer sa solidarité avec le peuple palestinien, son opposition à toutes les entreprises coloniales et son soutien à la lutte des peuples pour leur autodétermination.

Nous appelons l’ensemble des militant.e.s antispécistes à se joindre à la mobilisation contre le génocide palestinien et à boycotter les produits israéliens et les entreprises qui participent à la spoliation du peuple palestinien, conformément à la campagne BDS.

La lutte du peuple palestinien est notre espoir, leur libération sera notre libération.

« La société israélienne se sentira dans l’obligation de changer de paradigme à partir du moment où les moyens par lesquels elle se maintient dans sa position de supériorité ne seront plus en place. Lorsque les Israéliens ne pourront plus se regarder en face lorsqu’ils voyagent, lorsque le monde leur renverra d’une manière suffisamment forte au visage l’horreur de l’entreprise sioniste, ils se résigneront, peu à peu, à renoncer à leurs privilèges, comme les Blancs de l’Afrique du Sud l’ont fait. » Eyal Sivan

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Refus de l’hégémonie

L’amer constat de la Gauche israéliene

L’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 n’avait pas de portée militaire ; c’était une attaque choc visant à provoquer une onde de choc par un massacre. Un tel nihilisme rentrait dans le jeu des puissances s’affrontant : ici Israël et l’Iran, avec à l’arrière-plan toujours les superpuissances américaine et chinoise.

Pour la Gauche israélienne, qui avait gagné beaucoup de points en dénonçant le nationaliste Benjamin Netanyahou et ses projets de réforme de l’Etat, l’attaque du Hamas a été un coup de poignard. Un autre poignard, dans le dos celui-là, a été de voir que l’existence même de la Gauche israélienne était passée par pertes et profit par des gens s’imaginant de gauche mais célébrant un tel massacre, au nom des « Palestiniens ».

Comme si un tel massacre les aidait ! Une solution ne peut être que populaire et démocratique, comme l’exigeait la Gauche palestinienne… à ses débuts, avant sa capitulation devant soit les Etats-Unis, soit les Frères musulmans.

Faut-il s’aligner sur les uns, sur les autres, ou faut-il dire qu’il n’y a qu’une option possible, celle de la Gauche?

L’appel d’une partie de la Gauche israélienne qu’on trouvera ici va pour cette raison dans le bon sens ; même si on est loin du compte, on y trouve une base raisonnable, démocratique, loin des folies furieuses ne menant qu’aux catastrophes.

Déclaration au nom de progressistes et de militants pacifistes basés en Israël concernant les débats sur les événements récents dans notre région :

Nous, universitaires basés en Israël, leaders d’opinion et militants progressistes engagés en faveur de la paix, de l’égalité, de la justice et des droits de l’homme, sommes profondément peinés et choqués par les événements récents dans notre région.

Nous sommes également profondément préoccupés par la réponse inadéquate de certains progressistes américains et européens face au ciblage des civils israéliens par le Hamas, une réponse qui reflète une tendance inquiétante dans la culture politique de la gauche mondiale.

Le 7 octobre 2023, le Hamas a lancé une attaque sans précédent comprenant des meurtres massifs de civils innocents dans leurs maisons, des violences aveugles contre les femmes, les personnes âgées et les enfants, ainsi que des enlèvements massifs de citoyens israéliens.

Des familles entières ont été anéanties dans ce carnage, des communautés entières ont été réduites en cendres, des corps ont été mutilés, des nourrissons ont été massacrés.

Il est impossible d’exagérer les dégâts causés par ces événements, tant au niveau personnel que collectif. Les événements traumatisants de ce samedi d’octobre laisseront une marque durable dans nos cœurs et nos mémoires.

Comme prévu, en réponse aux actions du Hamas, l’État d’Israël a lancé une opération militaire massive à Gaza. Nous ne pouvons toujours pas estimer le nombre de victimes de ces attaques, mais il est probable qu’il soit plus élevé que tout ce dont nous avons été témoins jusqu’à présent.

Ce cycle d’agression sape gravement notre lutte de longue date contre l’oppression et la violence et dans la poursuite des pleins droits et de l’égalité pour tous les résidents d’Israël-Palestine.

En ce moment, plus que jamais, nous avons besoin du soutien et de la solidarité de la gauche mondiale, sous la forme d’un appel sans équivoque contre la violence aveugle envers les civils des deux côtés.

Beaucoup de nos pairs dans le monde ont exprimé leur ferme opposition à l’attaque du Hamas et ont offert leur soutien sans ambiguïté à ses victimes.

Des voix éminentes dans le monde arabe ont également clairement indiqué que rien ne pouvait justifier le meurtre sadique de personnes innocentes.

Cependant, à notre grande consternation, certains éléments de la gauche mondiale, qui étaient jusqu’à présent nos partenaires politiques, ont réagi avec indifférence à ces horribles événements et ont parfois même justifié les actions du Hamas.

Certains ont refusé de condamner la violence, affirmant que les étrangers n’ont pas le droit de juger les actions des opprimés.

D’autres ont minimisé les souffrances et les traumatismes, arguant que la société israélienne était à l’origine de cette tragédie.

D’autres encore se sont protégés du choc moral grâce à des comparaisons historiques et à une rationalisation.

Et il y a même ceux – un nombre non négligeable – pour qui le jour le plus sombre de l’histoire de notre société a été un motif de célébration.

Cet éventail de réponses nous a surpris. Nous n’aurions jamais imaginé que des individus de gauche, défenseurs de l’égalité, de la liberté, de la justice et du bien-être, feraient preuve d’une telle insensibilité morale et d’une telle insouciance politique.

Soyons clairs : le Hamas est une organisation théocratique et répressive qui s’oppose avec véhémence aux tentatives visant à promouvoir la paix et l’égalité au Moyen-Orient.

Ses engagements fondamentaux sont fondamentalement incompatibles avec les principes progressistes, et la tendance de certains gens de gauche à réagir positivement à ses actions est tout à fait absurde.

De plus, rien ne justifie de tirer sur des civils à leur domicile, rien ne rationalise le meurtre d’enfants devant leurs parents, rien n’est raisonnable dans la persécution et l’exécution des gens à une fête.

Légitimer ou excuser ces actions équivaut à une trahison des principes fondamentaux de la politique de gauche.

Nous soulignons qu’il n’y a aucune contradiction entre s’opposer fermement à l’asservissement et à l’occupation des Palestiniens par Israël et condamner sans équivoque les actes de violence brutaux contre des civils innocents. En fait, tout personne de gauche qui est cohérente doit occuper les deux positions simultanément.

Le 7 octobre est un jour sombre dans l’histoire d’Israël-Palestine et dans la vie des peuples de cette région.

Ceux qui refusent de condamner les actions du Hamas nuisent énormément aux chances de voir la paix devenir une option politique viable et pertinente.

Ils affaiblissent la capacité de la gauche à présenter un horizon social et politique positif, la transformant en une force politique extrême, étroite et aliénante.

Nous appelons nos pairs de gauche à revenir à une politique fondée sur des principes humanistes et universels, à prendre une position claire contre toute forme de violation des droits de l’homme et à nous aider dans la lutte pour briser le cycle de violence et de destruction.

Les signataires de cet appel du 16 octobre 2023 :

Prof. Aviad Kleinberg, président du Centre académique Ruppin

Avirama Golan, auteur et journaliste

Prof. Avner Ben-Zaken, Institut pour la pensée israélienne

Ibtisam Mara’ana , ancien député du Parti travailliste

Adam Raz, historien, activiste des droits de l’Homme
Prof. Dr Eva Illouz, directrice d’études à l’EHESS Paris, membre de l’Institut pour la pensée israélienne

Ofek Birnholtz, Université Bar Ilan

Ortal Ben Dayan, militant social

Ori Ben Dov, militant social

Uri Weltmann, organisateur national de terrain – Standing Together

Ori Kol, entrepreneur social

Dr Or (Ori) Rabinowitz, Université hébraïque de Jérusalem

Orit Sonia Waisman, David Yellin Academic College of Education, Jérusalem

Prof. Oren Yoftachel, Université Ben Gourion du Néguev

Eilon Tohar, militante sociale

Iris Leal, auteur

Alon-Lee Green, codirecteur national de Standing Together

Dr Eli Lamdan, Maison d’édition Nemala

Dr Eli Cook, chef du département d’histoire générale, Université de Haïfa

Almog Kasher, Université Bar Ilan

Professeur Arie M. Kacowicz, Université hébraïque de Jérusalem

Josh Drill, activiste social

Prof. Dr. Orna Ben-Naftali, Faculté de droit et Institut Van Leer de Jerusalem

Josh Drill, activiste social

Professeur Gadi Heimann, Université hébraïque de Jérusalem

Ghadir Hani, militant pour la paix

Prof. Gila Stopler, Faculté de droit, Collège de droit et de commerce

Galia Sabar, Université de Tel-Aviv. Ancien président du Ruppin College

Dr Dov Khenin, ancien député, Hadash, Université de Tel Aviv

David Lehrer, Institut Arava pour les études environnementales

David Grossman, auteur

Dorit Hadar Persky, professeur de maîtrise en éducation spécialisée, Université académique David Yellin pour l’Education, Jérusalem

Prof. Dahlia Scheindlin, politologue et membre du conseil d’administration d’Une terre pour tous

Dr Dan Rabinowitz, Université de Tel Aviv

Dana Mills, auteure et militante des droits de l’homme Professeur

Danny Gutwein, Université de Haïfa

Dr Dani Filc, MD PhD, Standing Together

Hagar Gal, ancienne directrice générale de l’Association pour les droits civiques en Israël (ACRI) et membre dirigeant de Standing Together

Taleb el-Sana, ancien député du Parti démocratique arabe, chef du Haut Comité pour les citoyens arabes du Néguev

Yoav Hareven, membre dirigeant de Standing Together

Yoav Goldberg, Université Bar-Ilan

Professeur Yuval Noah Harari, Université hébraïque de Jérusalem

Jonathan Rubin, Université d’économie Bar Ilan

Yossi Sucary, auteur

Dr Yofi Tirosh, Université de Tel Aviv

Yael Hashiloni-Dolev, Université Ben Gourion, Département de sociologie et d’anthropologie

Dr Yael Sternhell, Université de Tel Aviv

Yiftah Goldman, Collège universitaire d’éducation David Yellin, Jérusalem 

Dr Carmel Shalev, Faculté de droit, Université de Tel Aviv

Lisa Cainan, Collège universitaire d’éducation David Yellin, Jérusalem

Mossi Raz, ancien député du Meretz

Dr Meir Yaish, Université de Haïfa Dr Michal Givoni, Université Ben Gourion

Dr Meital Pinto, Zefat Academic College, Ono Academic College

Meital Peleg Mizrachi, chercheur postdoctoral à l’Université de Yale

Professeur Miri Lavi Neeman, Institut Arava d’études environnementales

Moshe Zuckermann, Université de Tel Aviv

Nadav Bigelman, militant social, membre de Standing Together

Noam Tirosh, Université Ben Gourion du Néguev

Niv Meyerson, militant pour la justice sociale et environnementale

Dr Nir Avieli, Université Ben Gourion du Néguev 

Professeur Nir Barak, Université Ben Gourion du Néguev 

Noam Zohar, Université Bar Ilan

Sally Abed, membre de la direction nationale, Standing Together

Dr Noam Zohar, Université Bar Ilan Dr Oded Y. Steinberg, Université hébraïque de Jérusalem

Adi Makmal, Faculté d’ingénierie, Université Bar-Ilan

Dr. Ofer Waldman, auteur et journaliste

Odeh Bisharat, écrivain

Prof. Professeur Eran Dorfman, Département de littérature, Université de Tel Aviv

Dr Amit Schejter, Département d’études en communication, Université Ben Gourion

Dr Amal Ziv, Université Ben Gourion

Dr Anat Herbst-Debby, Programme d’études sur le genre, Université Bar-Ilan

Prof. Ofri Ilany, PDG de l’Institut Van Leer, historien et journaliste Piki Ish-Shalom, Université hébraïque de Jérusalem

Tzlil Rubinshtein, militant social,

Ran Heilbrunn, écrivain,

Dr. Dr Roni Porat, Université hébraïque de Jérusalem

Ronit Donyets Kedar, Faculté de droit et de commerce

Dr Ruth Halperin-Kaddari, Faculté de droit de l’Université Bar-Ilan

Raphaël Zagury-Orly, Institut catholique de Paris,

Shuli Dichter, activiste et auteur Shlomit Aharoni Lir, Université Bar Ilan

Prof. Shifra Sagy, Université Ben Gourion du Néguev 

Dr Sharon Armon-Lotem, Université Bar-Ilan Dr Sarai Aharoni, Université Ben Gourion du Néguev

Tom Yagil, militant pour la justice sociale et environnementale

Dr Tamar Ascher Shai, Collège universitaire d’éducation David Yellin, Jérusalem

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Événements significatifs

Le projet de parti de Sahra Wagenknecht

Le 23 octobre 2023 lors d’une conférence de presse à Berlin, c’est la députée Amira Mohamed Ali membre de « Die Linke » (La Gauche) qui a annoncé le départ de ce parti de toute une série de cadres, à la suite de Sahra Wagenknecht.

Voici les points essentiels.

1. L’extrême-Droite, concurrente et pas seulement ennemie

Les médias français, qui reprennent le discours de leurs équivalents allemands, assimilent Sahra Wagenknecht à une « populiste » au discours conservateur sur le plan des valeurs et social sur le plan économique. C’est naturellement totalement faux.

Sahra Wagenknecht a évidemment souligné qu’il ne s’agissait pas du tout d’aller dans le sens de l’AfD (le parti d’extrême-Droite allemand), avec qui aucune alliance n’est bien sûr possible. L’AfD, c’est la Droite. Sahra Wagenknecht c’est la Gauche. Le clivage est assumé.

Seulement, l’AfD a une capacité d’intervention dans les masses et il faut en prendre compte. Il y a une bataille pour les masses qui se mettent en colère, et il faut la gagner. Sinon, ce sera un désastre.

Ici, on comprend bien à l’arrière-plan l’horrible expérience des années 1930, où l’extrême-Droite a concurrencé avec succès, tragiquement, la Gauche allemande divisée.

2. Par la Raison

Les quatre mots d’ordre mis en avant lors de la conférence de presse sont « Raison », « Paix », « Liberté » et « Justice » ; toute la conférence de presse a tourné autour de la logique selon quoi il faut revenir à la « raison ». C’est ce qu’attendent « les gens qui travaillent dur, mais sont mis de côté par la politique ».

Il ne s’agit pas de proposer une ligne populiste, mais de rappeler à la raison, systématiquement. Les gens voient leur situation sociale devenir catastrophique, ils commencent à se mettre en mouvement. Ils basculent dans la démarche de l’extrême-Droite, par manque de perspectives, il faut donc être à la hauteur.

L’objectif est l’implication des gens dans des propositions politiques, sociales concrètes. Il n’est pas difficile de voir ici le parallèle historique avec le Front populaire en France, qui avait justement comme principe d’exiger de manière ininterrompue la raison contre l’irrationalisme fasciste (rappelons que le Front populaire avait consisté en l’unité des communistes, des socialistes et des radicaux).

3. La base sociale

Justement, de manière parallèle au Front populaire, le projet de Sahra Wagenknecht se veut une unité populaire. Alors que dès sa prise de parole, elle a souligné la situation de « crise mondiale », elle propose ni plus ni moins qu’une union des couches populaires et des classes moyennes contre les monopoles multinationaux.

Sahra Wagenknecht parle en ce sens beaucoup de relancer la compétitivité allemande : son discours ne se veut pas en rupture, il se propose comme « protecteur » si l’on veut. D’une certaine manière, on peut dire qu’elle cherche à faire une proposition de sortie raisonnable à une situation de stress massive des classes moyennes.

4. L’évaluation de la situation allemande comme point de départ

L’initiative de Sahra Wagenknecht ne doit rien au hasard : c’est la rencontre de la tradition de la Gauche historique en Allemagne et d’une situation de rupture économique et sociale provoquée par la guerre en Ukraine.

Les choses sont présentées de la manière suivante. « Comme sont les choses, elles ne peuvent pas continuer » : si cela continue, dans dix ans l’Allemagne sera méconnaissable en raison de la désindustrialisation.

L’Allemagne applique en effet les sanctions contre la Russie de manière maximale ; or, toute son industrie dépendait des ressources énergétiques russes. Tout le système social allemand s’effondre.

Cela va de pair avec une fuite en avant militariste, où il est prétendu que fournir des armes à l’Ukraine permettrait de mettre fin au conflit. Et l’extrême-Droite se propose comme solution.

Il faut donc une Gauche qui soit capable de proposer une perspective : c’est le sens de la rupture avec « Die Linke ».

5. La rupture avec « Die Linke »

« Die Linke » a échoué à former une opposition de gauche à la coalition gouvernementale (qui unit les socialistes, les écologistes et les libéraux). C’est le constat fait à la conférence de presse.

Il n’a pas été rappelé pourquoi, mais Sahra Wagenknecht est connue depuis plusieurs années pour rejeter la ligne de « Die Linke » qui est de se tourner uniquement vers des minorités urbaines et cosmopolites qui sont coupées de la vie réelle.

Autrement dit, elle dénonce la Gauche bobo. Et elle propose de fonder un parti vraiment de Gauche. Pour faire un parallèle en France, on peut penser à ce que fait Fabien Roussel avec le PCF, sauf que Fabien Roussel assume un côté beauf, et que ce n’est pas du tout la position de Sahra Wagenknecht.

Le style de Sahra Wagenknecht, c’est clairement le style social-démocrate de 1910, qu’on connaît en France souvent uniquement par Rosa Luxembourg. C’est maîtrisé, cadré, ultra-réfléchi, voire « doctrinaire » du point de vue français.

6. Le nouveau parti

Il y a d’abord la mise en place d’une nouvelle structure, « Bündnis Sahra Wagenknecht » (Union Sahra Wagenknecht). Pour l’anecdote qui n’en est pas une, Sahra Wagenknecht se prononce « Sara Vaguénknéchtte ». Son prénom s’écrit ainsi car il est arabe (son père est iranien) et signifie « rester la nuit à veiller quelqu’un ».

Cette Union est la première étape pour fonder un nouveau parti en janvier 2024, qui se présentera aux élections européennes dans la foulée.

Cette Union n’est pas encore un parti ; elle ne prendra d’ailleurs pas d’adhérents. Elle est une sorte de sas pour la mise en place du nouveau parti, de manière lente et organisée.

Il ne s’agit pas de viser un parti de masse, mais un parti qui se tourne vers les masses. Ici, on en revient à l’approche social-démocrate, à l’approche de la Gauche historique.

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Refus de l’hégémonie

Sahra Wagenknecht et l’économie de guerre allemande

La démarche de Sahra Wagenknecht en Allemagne a ceci de pertinent qu’elle se confronte ouvertement avec la marche à la guerre des deux superpuissances, américaine et chinoise.

Il faut bien comprendre qu’économiquement, la première victime du conflit militaire Russie-Ukraine du côté des pays riches est l’Allemagne, son satellite autrichien y compris. Toutes les économies des principales puissances ont été torpillées par la crise commencée en 2020. Mais l’initiative russe a fait de l’Allemagne un maillon faible, comme celle-ci s’est alignée sur la superpuissance américaine.

Sahra Wagenknecht a indubitablement compris que les masses allemandes allaient protester contre la situation et que le grand risque était celui d’une situation comme celle des années 1930, où c’est le nationalisme qui l’emporte. C’est le cas en Autriche, où la Gauche a acquis une position très marquée contre le capitalisme, mais reste dans l’ombre d’une extrême-Droite assumant d’être contre la guerre à la Russie.

Sa ligne est donc de former un mouvement de masse, afin de bloquer l’extrême-Droite et de permettre une initiative de masse sur une base sociale.

« Ses propres intérêts et la paix au lieu de la fidélité vassalisée et la confrontation »

Voici un long extrait du document d’analyse proposée par le mouvement « Aufstehen » (se lever, se soulever) lancé par Sahra Wagenknecht. Ce document fait partie des éléments constitutifs du parti qu’elle met en place fin octobre 2023.

On y trouve des points essentiels de la vision de Sahra Wagenknecht sur la guerre et la situation allemande.

« L’espoir de nombreux électeurs qu’un gouvernement dans lequel davantage de partis de gauche seraient représentés, et qui remplacerait ainsi le gouvernement conservateur en tant que représentant de l’élite, s’est rapidement évanoui.

Depuis le début de la guerre [entre la Russie et l’Ukraine], le gouvernement de coalition, contrairement au reste du monde, a complètement mis de côté les intérêts nationaux par rapport au capital américain et a déguisé moralement son action en opération d’aide à l’Ukraine.

Au lieu d’œuvrer dès le début à une solution diplomatique (le début remonte à 2014 au plus tard), des armes et de l’argent sont fournis sans cesse.

Le chancelier [social-démocrate Olaf] Scholz a amorcé un tournant. Aujourd’hui, c’est la confrontation qui remplace la détente.

La guerre actuelle a été déclenchée par la Russie. Si on veut y mettre fin, on ne doit pas mettre de côté ce qui a précédé.

En toute allégeance aux États-Unis et à nos dépens, la coalition, avec de prétendus objectifs moraux, vise uniquement à écraser la Russie ([référence aux propos de la ministre des affaires étrangères, écologiste, Annalena] Baerbock) et, si possible, à parvenir à un changement de gouvernement dans ce pays.

Surtout, les sanctions et l’embargo pétrolier ont amené notre économie au bord de l’effondrement dans de nombreux domaines et déclenché une vague sans précédent de « fierté coupable » ([l’expert du proche et moyen-orient Michael] Lüders = aveu d’actes répréhensibles contre la Russie avant la guerre).

Ceux qui sont au pouvoir parlent ainsi toujours sous la forme du « nous » et exigent que nous, les contribuables, acceptions la réduction de notre propre « prospérité » par solidarité avec l’Ukraine. Une majorité est pourtant depuis longtemps opposée au prolongement d’un soutien militaire.

Ces sanctions visaient à priver la Russie de sa base financière, même si les importations de pétrole n’ont pas encore été sanctionnées. Dans une obéissance prématurée, [le ministre de l’économie, écologiste, Robert] Habeck les a arrêtés, causant d’énormes dégâts à notre économie.

En tant que société, nous sommes simplement accaparés et, selon lui, nous devons supporter les difficultés.

Le suicide économique et social dû à une augmentation incommensurable des coûts n’a jusqu’à présent fait que prolonger les morts des deux côtés du front dans la guerre injustifiée de la Russie contre l’Ukraine, mais a causé bien moins de dégâts à l’économie russe qu’à la nôtre.

Mais « nous sommes les bons » ! La propagande de guerre s’accompagne d’une autoglorification morale et d’une perte du sens des réalités.

Bush, Reagan, Clinton et Obama ont mené des guerres comme étant du « bon côté ». C’est pourquoi les sanctions n’ont même jamais été ne serait-ce qu’envisagées.

Ainsi, de l’accord de coalition, peu a été mis en œuvre. « Oser faire plus de progrès », tel est le titre du document de 178 pages, empruntant évidemment à la déclaration gouvernementale de Willy Brandt en 1969, dont le slogan était « Oser plus de démocratie ».

A quoi ressemblent ces progrès ?

Avec le début de la guerre en Ukraine, notre économie est entrée dans le déclin.

L’interdiction d’importer du pétrole et du gaz naturel russes a poussé l’économie à ses limites, à l’exception de l’industrie militaire, qui est en plein essor grâce à l’injection de 100 milliards.

Lorsque le pays est entré en récession, le taux d’inflation a parfois dépassé 10% et s’élève au 23 juillet à 6,4%, même s’il dépasse encore 11% pour l’alimentation.

Cela touche particulièrement les groupes à faible revenu, déjà défavorisés.

Malgré une baisse significative des ventes de produits alimentaires, les bénéfices des leaders de l’industrie ont augmenté grâce à des prix abusifs criminels.

Cela signifie que les bénéfices vont aux riches, tandis que l’augmentation des coûts affecte particulièrement la population la plus pauvre.

La demande intérieure a été considérablement ralentie et, tout comme la baisse des exportations, elle a un impact sur la conjoncture négative.

Compte tenu de la hausse des prix des denrées alimentaires allant jusqu’à 20%, le flux vers les banques alimentaires a considérablement augmenté et, dans certains cas, a doublé. de sorte que des arrêts d’admission et des réductions de quantité dans la distribution ont été nécessaires.

C’est une impudence de la part du pouvoir que de confier la prise en charge de la « partie de la population laissée pour compte » à des associations organisées et financées par le secteur privé, sans leur apporter le soutien financier approprié !

En Allemagne, plus de deux millions de personnes dépendent désormais de l’aide alimentaire. Le besoin est probablement encore plus grand, car de nombreuses banques alimentaires ont cessé de les accepter.

Les dividendes des actionnaires ont cependant augmenté. De moins en moins de bénéfices sont restés dans l’entreprise, de plus en plus sont allés aux propriétaires (…).

Notre économie est en récession « technique » depuis le printemps 2023.

La production économique (produit intérieur brut, PIB) a diminué tant au quatrième trimestre 2022 qu’au premier trimestre 2023. Et les perspectives ne se sont pas améliorées depuis.

L’Allemagne connaît cette année la pire situation parmi toutes les grandes économies. Et ce sera probablement la seule grande économie à connaître une contraction. Cela veut dire : le FMI s’attend à une récession pour l’Allemagne.

L’industrie chimique en particulier s’est affaiblie, car les sanctions pétrolières et gazières y ont eu un impact particulier, mais aussi les secteurs des machines-outils et de l’électrotechnique.

Contrairement aux « citoyens normaux », l’économie allemande peut fuir. Une entreprise sur cinq envisage de délocaliser sa production à l’étranger.

Les petits fournisseurs qui ne peuvent pas déménager avec nous seront conduits à la ruine !

Il y a également un exode de travailleurs qualifiés. Environ 1,2 million de spécialistes bien formés et pour la plupart hautement qualifiés ont émigré en 2022.

Le budget fédéral 2024 prévoit des économies dans presque tous les domaines afin de pouvoir financer les dépenses d’armement et de guerre tout en respectant le frein à l’endettement (…).

La démocratie occidentale actuelle est une démocratie d’élite. Elle ne repose pas sur une volonté unifiée de la société, car la société est divisée en raison de différents intérêts économiques et de différentes visions du monde quant au développement.

Les élites comprennent des personnes qui ont beaucoup de pouvoir et qui, socialement, proviennent presque exclusivement des classes les plus riches et les plus capitalisées.

Leur attitude face aux inégalités sociales est essentiellement façonnée par leurs origines sociales exclusives et homogènes : c’est la base de leur pouvoir et de la mise en œuvre des politiques néolibérales !

Cependant, il n’existe pas une élite fermée, mais plutôt différents groupes d’élite, généralement liés les uns aux autres par leurs origines sociales.

Ils vivent dans un monde parallèle depuis leur naissance et ont une culture, une éducation et des opportunités de carrière communes. Cela signifie qu’ils fréquentent des écoles privées d’élite, étudient dans des collèges et universités (privés) d’élite et ont donc déjà un lien avec l’élite au pouvoir. »

Sahra Wagenknecht veut couper l’herbe sous le pied du nationalisme ; le faible niveau politique l’amène à lancer une initiative « sociale » avant tout, mais autour de principes bien circonscrits, comme la paix, le refus de l’OTAN. C’est là ce qui la distingue fondamentalement de gens comme Jean-Luc Mélenchon en France, dont le populisme est sans bornes aucune.

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Refus de l’hégémonie

L’Arménie au bord de l’effacement avant le conflit gréco-turc

L’Arménie connaît une pression énorme, alors que l’Azerbaïdjan a repris ces dernières semaines le contrôle du Nagorny-Karabakh. Autour de 100 000 Arméniens, soit la quasi totalité de la population arménienne locale, ont fui. Désormais, ce qui se trame, c’est l’effacement de l’Arménie, avec un partage du pays par la Russie d’un côté, la Turquie et l’Azerbaïdjan de l’autre, dans le cadre inévitable d’un accord avec l’Iran.

On sait comment tout cela forme un « Orient compliqué » pour les Français, mais il n’est pas difficile de comprendre la carte suivante. Vous avez la Turquie et autour… il y a l’Ukraine, Israël et Gaza, l’Arménie et l’Azerbaïdjan… tous les foyers les plus chauds du moment.

Pour ceux qui veulent approfondir la question turque en tant que telle, il y a l’excellent article « La Turquie, maillon faible de la chaîne des pays dépendants« , qui en 2020 présentait justement la Turquie comme au centre de la nouvelle crise historique qui se joue. La guerre gréco-turque – avec la France alliée « secrète » de la Grèce – s’annonce comme inévitable.

Mais regardons la question arménienne, qui connaît son dénouement. Que restera-t-il de l’Arménie? demandions-nous en septembre 2022. On risque de le savoir très vite malheureusement.

Pourquoi cela? Parce que nous vivons l’époque du repartage du monde et que l’Azerbaïdjan a les moyens de continuer à déstabiliser la région. Son objectif est de parvenir à unifier géographiquement ses régions, une d’entre-elle se situant derrière l’Arménie. Et cela permettrait une jonction avec la Turquie, pays considéré comme frère suivant la théorie employée d’une nation, deux pays.

Quel est le scénario?

Cette unification de l’Azerbaïdjan passerait par tout d’abord la demande d’un « corridor de Zanguezour »… et dans la foulée il y aurait des affrontements militaires ; ce serait tellement le chaos que la Russie serait « obligée » d’intervenir pour agir en tampon…

L’Arménie perdrait des territoires dans le processus et ce qui en reste n’aurait plus qu’un choix pour exister : celui de rejoindre la Fédération de Russie.

Le plan est évident, au point que le premier ministre arménien Nikol Pachinian, de passage au Parlement européen à Strasbourg le 17 octobre 2023, a directement accusé la Russie d’avoir lâché l’Arménie. Depuis plusieurs semaines, il a en ce sens lancé des appels incessants aux pays occidentaux, au point qu’il est considéré du point de vue russe comme un nouveau « Zelensky » en puissance.

La tenaille Russie-Azerbaïdjan est, de fait, une réalité pour l’Arménie, c’est la bataille pour le repartage du monde, une liquidation des acquis de fraternité datant de l’URSS. On notera d’ailleurs que le président d’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, lors de son discours suite à la reconquête du Karabagh, a longuement salué l’époque passée de fraternité entre Arméniens et Azéris au Karabagh. Il était obligé de le faire en raison du prestige historique de l’amitié caucasienne.

Affiche soviétique arménienne des années 1930

Le contexte étant ce qu’il est, les autres puissances se mettent donc de la partie. La France s’est la première lancée et a répondu positivement à l’Arménie. Elle a décidé d’envoyer des armes, le ministre français de la Défense Sébastien Lecornu étant en processus de discussion avec son homologue arménien Suren Papikian. Quelles armes, c’est par contre secret défense, le ministre français ayant même refusé de répondre à ce sujet à des questions du Sénat en octobre 2023.

Le président d’Azerbaïdjan Ilham Aliyev a, en raison de cette vente d’armes, refusé de rencontrer Nikol Pachinian le 5 octobre 2023 à Grenade lors d’un sommet de l’Union européenne. De son côté, Nikol Pachinian a boycotté une réunion de la Communauté des Etats Indépendants, qui regroupe des pays de l’ex-URSS.

Ce qui a provoqué deux réactions. D’abord une déclaration commune du Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, du président du Conseil européen, Charles Michel, du président français, Emmanuel Macron, et du chancelier allemand, Olaf Scholz.

Ensuite, une réponse acide du président d’Azerbaïdjan Ilham Aliyev :

« Maintenant, cela soulève la question : l’Arménie veut-elle la paix ?

Je ne le pense pas, car si elle avait voulu la paix, elle n’aurait pas manqué cette occasion.

Le Premier ministre arménien prend six heures de vol pour Grenade et participe à une réunion incompréhensible où l’on discute de l’Azerbaïdjan sans qu’elle y soit présente, mais il ne peut pas voler pendant deux à trois heures jusqu’à Bichkek [au Kirghiztan]. Il a mieux à faire apparemment. »

Car l’Azerbaïdjan sait que les pays occidentaux sont… loin, très loin. La presse azerbaïdjanaise se moque ainsi de la France et de l’ambassadeur Olivier Decotigny, reprenant les discours anti-occidentaux de la Turquie et de la Russie.

Les pays occidentaux ne peuvent que jouer les trouble-fêtes, et d’ailleurs ils n’ont aucun autre objectif concernant l’Arménie. Ce pays passe par pertes et profits dans les calculs impérialistes. Comme d’ailleurs au final tous les pays dans le cadre de l’affrontement entre les superpuissances américaine et chinoise, la seule vraie actualité.

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Événements significatifs

Sahra Wagenknecht fonde un nouveau parti

Sahra Wagenknecht fonde fin octobre 2023 un nouveau parti ; voici quelques points précisant sa démarche. Nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises, car elle est une figure de la Gauche historique. Elle n’appartient pas à la « gauche post-moderne » qui s’est installé à partir des années 2000, dans le prolongement du développement forcené du capitalisme de 1989 à 2020. Wagenknecht a ainsi comme démarche de chercher à s’adresser aux gens « normaux », refusant de s’aligner sur les principes de l’écriture inclusive, sur le migrant ou les LGBT comme figure sociales à défendre, etc.

A quel courant de la Gauche historique appartient Wagenknecht? Disons que c’est une socialiste à l’allemande. Si on prend la question de la guerre, elle relève de la social-démocratie d’avant 1914 (donc Lénine et Rosa Luxembourg compris). Elle dénonce non stop le militarisme et la course à la guerre des superpuissances ; vivant en Allemagne, elle s’oppose en premier lieu à l’OTAN et au soutien militariste sans limites au régime ukrainien.

Nous sommes la majorité et nous ne voulons pas vos guerres ! Pas de raison de célébrer les 70 ans de l’OTAN.

Sur le plan social, Sahra Wagenknecht a une ligne revendicative agressive, très agressive. Pour forcer le trait, elle agit comme si elle craignait qu’un mouvement comme les gilets jaunes se produisent, ou bien que l’extrême-Droite s’approprie une thématique sociale. Donc elle a une ligne, pas populiste, mais peut-être assez proche dans la forme, afin de vraiment la rendre lisible et présente. Cela marche très bien, tout le monde doit le reconnaître en Allemagne. Un sondage à l’annonce de la fondation de son parti montre que 19% des gens pensent pouvoir voter pour elle à l’ouest de l’Allemagne, et 29% à l’est.

Sur le plan économique, sa position est, on va dire, assez proche dans l’esprit ds discours de l’Allemagne de l’Est des années 1980. Sahra Wagenknecht considère que le capitalisme, c’est désormais un capitalisme féodal, avec des monopoles donnant le ton. Elle est pour briser ces monopoles. Par contre, elle n’est pas pour le socialisme. En fait, sa ligne tient plutôt au fameux propos de François Hollande « mon ennemi c’est la finance ». Elle veut un capitalisme industriel et concurrentiel, dans le cadre d’un système évidemment très social.

Ce qui est intéressant ici, c’est que ce capitalisme compétitif et social, c’est le vrai rêve d’Emmanuel Macron au départ. Sauf que lui est sorti de nulle part car de gros capitalistes « modernes » sont allés le chercher et qu’il est totalement intégré au turbo-capitalisme LGBT pro-migrants. Sahra Wagenknecht ne veut justement pas aller dans ce sens là. Elle est une sorte de rupture à la Emmanuel Macron, mais dans l’autre sens, ou bien si on veut, une sorte de François Hollande qui aurait assumé la rupture, ce en quoi beaucoup de gens avaient cru et espéré au moment de son élection.

Dénonciation de l’expérimentation animale en Allemagne et appel à une transition pour leur arrêt complet

Sahra Wagenknecht est évidemment totalement dénoncé par toute la « gauche postmoderne » allemande. Elle est considérée comme une « stalinienne » en raison de sa volonté d’avoir des principes bien établis et de ne pas du tout participer aux mouvements pro-migrants et pro-LGBT. Il est évident que lorsqu’elle dit que les migrations vers l’Allemagne rentrent au service du capitalisme et des monopoles – une simple vérité – cela déplaît fortement à la « gauche post-moderne » dont la fonction est justement de repeindre aux couleurs LGBT le capitalisme occidental.

Pareillement, elle a dénoncé les massacres du Hamas du début octobre 2023, tout en dénonçant dans la foulée le blocus terrible de Gaza par Israël. Rien de plus normal, et rien à voir avec l’hystérie « gauchiste » au sujet de la Palestine, dont elle se tient bien à l’écart. La ligne de Sahra Wagenknecht, c’est clairement une Gauche accessible, lisible, se plaçant dans une continuité historique et sur la base de valeurs bien définies.

C’est en cela que sa démarche est très intéressante !

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Nouvel ordre

Rien sans les femmes, à Gaza comme ailleurs

Comment peut-on penser, en 2023, que les Palestiniens peuvent arriver à quoi que ce soit en mettant les femmes de côté comme le fait le Hamas?

C’est pourtant ce que pensent un certain nombre de gens. Pour les uns, on en comprend la raison : ils sont influencés par le féodalisme. L’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie n’ont pas connu de révolution démocratique, comme la France en a connu une d’exemplaire, en 1789. Les grands propriétaires terriens, parfois mis en place lors de la colonisation, imposent aux sociétés du tiers-monde des mentalités dont les traits rappellent à des degrés différents le moyen-âge pour nous Français.

Pour les autres, qui sont dans des pays « développés », c’est incompréhensible… A moins de comprendre la nature de leur erreur. Ils ne saisissent pas que les femmes sont opprimées depuis des milliers d’années. Ce n’est pas seulement une question d’égalité. Les femmes sont mises de côté par les hommes depuis la fin du matriarcat, une fin caractérisée par l’émergence de l’agriculture et de l’élevage.

Les femmes doivent non pas simplement exiger l’égalité, mais partir à la conquête de leur propre nature ! Tout ce qui met les femmes de côté est donc une partie du problème, pas de la solution !

Zinaida Evgenievna Serebryakova, Récolte, 1915

Est-ce à dire que là où les femmes ne sont pas mises de côté, ce serait forcément bien ? Pas du tout. Par exemple, l’armée israélienne intègre les femmes pour le service. On ne voit pourtant pas de femmes au poste de général, de porte-parole, de chef des armées, etc. C’est en quelque sorte de la main d’œuvre.

Mais la participation des femmes est le minimum démocratique, sur lequel il ne peut pas être possible de transiger.

Prenons un exemple connu d’erreur sur ce point. Le droit de vote des femmes a été acquis tardivement et le mouvement ouvrier en est l’une des causes. Il était considéré en effet que les femmes étaient arriérées politiquement, qu’elles voteraient forcément pour les partis politiques liés à la religion. La conclusion de l’époque était que le droit des votes des femmes serait une question d’après la révolution, lorsqu’elles ne pourraient plus faire de « dégâts ».

C’est là une incompréhension totale de l’oppression des femmes depuis 10, 20 000 ans. C’est une fuite devant la nécessité pour les femmes de devenir des Furies afin d’exprimer ce qui est mis de côté. Ou bien, dit autrement :

« Si la réponse personnelle de chaque femme aux agressions psychologiques et physiques est ainsi nécessaire et juste, c’est le psychisme même des femmes qui est martyrisé depuis des milliers d’années et qui exige une réaffirmation à l’échelle de toutes les femmes !

C’est-à-dire que la question de la condition féminine repose sur l’évolution de la société à travers l’Histoire, à travers les siècles, à travers les générations (…).

Les femmes ne doivent pas seulement prendre une place sociale bien plus importante dans la société. Elles doivent également briser les chaînes enfermant leur psychisme !

Il est évident que la question de la dépendance matérielle des femmes par rapport aux hommes est bien souvent un obstacle majeur pour pouvoir s’épanouir. C’est un aspect qui doit être bien compris pour saisir les exigences sur ce point. Le socialisme seul peut établir des bases solides pour la vie quotidienne des femmes.

On ne saurait cependant sous-estimer inversement le travail immense à faire de la part de celles-ci pour s’arracher à des siècles, des millénaires de mise de côté.

Les femmes doivent réaliser un difficile travail pour s’arracher à des mentalités profondément enracinées leur ôtant leur confiance en soi, les détournant de la prise ouverte de responsabilités. »

PCF(mlm), Les femmes doivent libérer leur psyché dans l’auto-détermination et l’affrontement révolutionnaire !
Maria Feliksova Bri-Bein, affiche de 1931 : « Femme-prolétaire, maîtrise les technologies de l’aviation ! Rends-toi dans les écoles, collèges, et universités techniques de la flotte aérienne civile ! »

En 2023, on ne peut pas faire de compromis sur la question des femmes. Si avant, il fallait ajuster peut-être, désormais c’est intolérable. Il est de toutes façons évident que la révolution sera avant tout porté par les femmes, sinon ce ne sera pas une révolution mais un simple aménagement du capitalisme.

Seules les femmes portent un degré de rupture historique suffisant, en raison de leur oppression datant de la fin du matriarcat. Entre les ultras au football qui ne sont que des hommes et les actrices de l’aide aux animaux – que des femmes ! -, il n’est pas difficile de voir où il y a la profondeur et où il n’y en a pas.

Nous avons besoin de changer de civilisation, et les femmes sont une force motrice en ce sens où elles comprennent la dimension historique de leur souffrance, la nature temporaire de l’énorme pression, l’immense poids qu’elles portent en elles. Elles ont un monde à gagner !

Alexandre Deineka, Etendue, 1944
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Nouvel ordre

Hamas, cartels, lumpen, LGBT… Les femmes doivent devenir partisanes

Partout dans le monde, la situation des femmes tourne au désastre. Et c’est tout un symbole que l’enlèvement et le massacre de femmes par le Hamas lors de son offensive depuis la bande de Gaza début octobre 2023. Car désormais, les attaques contre les femmes sont autant condamnées publiquement qu’elles se généralisent malgré tout à l’arrière-plan.

Il suffit de regarder les villes de la plupart des pays occidentaux. La nuit, des lumpens – des éléments déclassés – errent dans les rues et posent une véritable menace physique sur les femmes. Souvent drogués (notamment aux États-Unis avec la crise des opioïdes), brisés psychologiquement par la condition de sans-abris, sans liens sociaux et même migrants sans intégration aucune, ces lumpens produisent une angoisse terrible. Tous les acquis du passé pour la conquête de la nuit pour les femmes ont disparu ou se voient relativisés.

Et que dire dans le tiers-monde ? Dans les pays musulmans, les femmes se voient reléguer au statut d’objet, avec une valeur de second ordre. Dans les autres pays, il y a un même féodalisme, même si d’apparence différente. Des milliers de femmes disparaissent enlevées par les cartels chaque année au Mexique, pays où des centaines d’autres sont assassinées par leurs compagnons.

Et dans tous les pays du monde, il y a la pornographie, avec sa rhétorique et sa mise en scène ultra-violente, qui est une machine de guerre culturelle pour briser la dignité des femmes. Tout comme l’est l’idéologie LGBT, avec les « trans » qui viennent dicter aux femmes comment elles doivent être : conforme au cliché patriarcal-sexuel le plus traditionnel.

Il faut que les femmes s’organisent et élèvent la conscience au niveau de gravité de la situation!

La gloire sacrée de l’amour maternel inspire les femmes travailleuses dans la lutte pour un avenir lumineux

Tant que le capitalisme connaissait une vaste croissance, de 1989 à 2020, il permettait aux femmes de gagner des points socialement et culturellement. Il y voyait un intérêt, un nouveau marché, car pour le capitalisme, le féminisme est un marché comme un autre.

Mais désormais, avec la crise, il y a le repli de chaque pays sur lui-même. La place de la femme doit devenir conforme aux intérêts des pays qui vont à la guerre. En Ukraine et en Russie, les femmes sont censées obéir à la définition de la famille religieuse traditionnelle. Aux États-Unis et dans les pays occidentaux en général, elles doivent se comporter en individualistes, en-dehors d’un couple construit et même avec la possibilité de « faire un bébé toute seule ».

Dans tous les cas, partout sur terre, les femmes doivent soit se cacher pour se protéger, ou bien tenter de se vendre le plus possible pour se faire une prétendue place au soleil. On ne peut pas comprendre autrement les tentatives désespérées de tant de jeunes femmes d’obtenir une pseudo-célébrité sur les réseaux sociaux. Échapper à la violence psychique et physique est une préoccupation permanente des femmes – et le seul moyen de s’en sortir est par l’Histoire, collectivement, par le Socialisme!

Les femmes doivent devenir partisanes, sans quoi leur sort va être de plus en plus terrible. Sans compter que c’est une double spirale infernale. Plus la violence contre elles est forte, plus elles reproduisent celles-ci ou la transmettent afin de chercher à tenir. Cela ne fait qu’empirer les choses. Et le second engrenage, c’est qu’en ne comprenant pas ce qui les agresse, les femmes sont d’autant plus désorientées, déboussolées.

En raison de cela, l’idéologie joue un rôle majeur, avec la culture. Les femmes doivent acquérir une conscience du monde qui relève du Socialisme. Elles doivent comprendre que la majorité des pays du monde subit un néo-féodalisme associé au capitalisme. Les grands propriétaires terriens, les religieux, les mafieux, les chefs locaux (de clans ou de gangs)… tous établissent une domination patriarcale insupportable.

Les masses fraîchement arrivées dans les villes ou les bidonvilles reproduisent cette violence, et ce d’autant plus que la misère règne. La prostitution, fortement présente, accompagne ici parfois… la mise en prostitution de ses propres enfants, y compris en bas âge. Telle est la sinistre réalité qu’on retrouve partout dans le tiers-monde, derrière les apparences !

Travailleuses de l’Orient, rejoignez les rangs des bâtisseur du Socialisme, libérez-vous!

Si sur le plan matériel, les femmes occidentales ne connaissent pas les brutalités du tiers-monde, sur le plan psychique le désastre est le même, en plus moderne, en plus hypocrite. Sous prétexte d’indépendance, les femmes doivent obéir aux exigences de l’individualisme le plus forcené. Et le capitalisme est parvenu à leur inculquer que c’est là une avancée, un progrès.

Et il y a eu des progrès. Mais maintenant que le capitalisme se replie sur lui-même, la vanité de ces conquêtes sautent de plus en plus aux yeux. Rien que l’hypocrisie de la société par rapport aux animaux leur révèle le caractère violent qui existe à l’arrière-plan de la société, sans parler des tracas patriarcaux toujours plus accentués dans la vie quotidienne.

Les femmes doivent donc être en première ligne pour l’établissement de la nouvelle société – sans quoi va se perpétuer leur mise à l’écart depuis l’effondrement du matriarcat au début de l’humanité ! Le Socialisme et la libération des femmes sont dialectiquement une seule et même chose !

La femme soviétique, égale et active dans la construction de la société communiste!

Les femmes, pour cette raison, doivent assumer leur nature universelle. Elles doivent être solidaires les unes des autres à l’échelle planétaire et réfuter tout relativisme. Elles savent par définition qu’un combat où elles ne sont pas en première ligne n’est pas une réelle Cause révolutionnaire.

Là où les femmes sont mises de côté, cela fait partie du problème! Là où elles sont en première ligne, c’est une partie de la solution! Il faut un style révolutionnaire conforme à cette exigence de l’Histoire!

Le drapeau de la libération, dans tous les pays !
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Événements significatifs

Le festival techno attaqué par le Hamas

L’offensive militaire du Hamas depuis la bande de Gaza a tellement provoqué une onde de choc qu’est passé inaperçu un massacre de grande ampleur. En effet, le Hamas n’a pas que visé des bases militaires frontalières et des kibboutz, il a lancé une opération d’envergure contre un festival de musique électronique. 260 personnes au moins y ont été massacrées et un nombre inconnu de gens ont été enlevés.

Sur les réseaux sociaux, on a pu voir des images terribles, dont celle d’une jeune femme allemande dans un pick-up, avec des militants du Hamas assis sur elle et lui crachant dessus, alors qu’une de ses jambes était désarticulée. Est-elle vivante ou morte ? Son compagnon latino-américain a-t-il lui aussi été tué ?

Cette folie furieuse rappelle immanquablement le Bataclan. Encore est-il bien sûr qu’on peut se demander comment un festival de musique électronique peut se tenir à moins de dix kilomètres de la bande de Gaza. La raison est toutefois assez « alternative ». Israël est avec le Brésil et l’Inde (plus précisément Goa) un bastion de la musique électronique appelée « Psytrance ».

Le festival israélien, appelé Supernova Sukkot Gathering, est d’ailleurs une version locale du festival brésilien Universo Paralello, et accueillait des gens appartenant à la scène psytrance du Japon, d’Espagne, du Brésil et du Mexique. Le groupe israélien « Astral Projection » est un classique du genre.

Le public psytrance est du type hippie techno, avec utilisation de drogues de variantes plutôt psychédéliques. L’esprit se veut nomade, entre cosmopolite et universaliste, le mot d’ordre du festival était d’ailleurs « Paix, Amour, Unité et Respect ». C’est du hippie technologique, du petit-bourgeois aventurier cherchant à éviter le pire du capitalisme. Après, il ne faut pas se leurrer, ce ne sont plus les années 1990 et depuis la scène trance de Goa / psytrance s’est franchement commercialisée.

Reste qu’un tel festival se veut sympathique, pacifique et il va de soi que l’attaque odieuse d’un tel festival ne sert en rien la cause palestinienne. C’est même un terrible repoussoir. Quand on voit cela, dans le monde, on se dit qu’on a affaire à des gens sans respect de rien ni personne, et que si on voudrait aider les Palestiniens, c’est pratiquement impossible. Qui a envie d’être relié à des massacres ?

En France, pourtant, il y a de gens pour se moquer d’un tel massacre. Il existe toute une tradition perverse qui va de Sade à la fascination pour le criminel Mesrine, en passant par le FLN algérien. Celui-ci, avec à sa tête des petits-bourgeois francophones fantasmant sur l’Islam, commettait des attentats horribles contre les civils. Le philosophe Jean-Paul Sartre avait justifié cela, avec à ses côtés Frantz Fanon qui a fait la théorie d’une violence aveugle comme une « révolte » anti-coloniale.

Une partie importante de la « seconde gauche » (celle hors socialiste et communiste, anti-Gauche historique) s’est alors alignée sur cette position. C’est ce qu’on retrouve aujourd’hui de manière hégémonique à gauche de la gauche, avec La France insoumise, le Nouveau Parti Anticapitaliste, l’Action antifasciste Paris-Banlieue, etc. Pour de tels gens, tout ce que fait la « résistance palestinienne », c’est bien, et puis c’est tout.

Tous les moyens sont bons, dit le NPA.

Les massacres ? On passe sous silence, du même silence qu’au moment des massacres de Merah à Toulouse en 2012. Il va de soi évidemment qu’une part d’antisémitisme est présente ici.

En plus de cela, ce qui est terrible, c’est le rôle ignoble de ces gens bien cachés en occident par rapport aux Palestiniens. Car lorsque les Palestiniens ont commencé à s’organiser dans les années 1960-1970, ils se sont lancés dans des attaques contre des civils, israéliens mais également occidentaux. Ils considéraient que c’était le seul moyen de faire entendre parler d’eux.

Là, on revient en arrière, de manière totale. Finie la perspective démocratique, populaire, de Palestiniens unifiés ébranlant l’État israélien (d’ailleurs en crise politique majeure depuis de nombreux mois). Désormais, on a le Hamas qui relève des jeux criminels des puissances grandes, moyennes et petites. L’objectif du Hamas, c’est un État islamique regroupant tous les pays arabes. C’est une expression de la féodalité, d’une féodalité palestinienne soutenue par les féodalités d’abord d’Arabie Saoudite, désormais du Qatar et d’Iran.

Soutenir donc les actions meurtrières du Hamas, ce n’est pas soutenir la « résistance palestinienne », mais l’agenda politique du Hamas, du Qatar, de l’Iran. C’est totalement évident.

Le Hamas serait la résistance palestinienne et le soutien devrait être inconditionnel

Le Figaro a justement révélé des parts d’une lettre interne à La France insoumise ; le député de Paris LFI Rodrigo Arenas, ancien responsable de l’association des parents d’élèves FCPE, y dit plein de choses justes.

«La justesse des causes anticoloniales et du refus des oppressions perdent leur légitimité le jour où elles acceptent les massacres de civils et le terrorisme aveugle comme des stratégies militaires acceptables (…).

Ne nous voilons pas la face, ajoute-t-il encore, le Hamas ne sert plus la cause palestinienne depuis longtemps. Pas plus que l’assassin de Rabin jadis ou les fanatiques religieux et B. Nentanyahou aujourd’hui ne servent la cause israélienne.

La seule cause que servent ces hommes corrompus, assoiffés de vengeance et de haine, c’est le cycle de la violence. Cette spirale infernale de douleurs et de colères qui broie les civils et l’espérance comme la mort fauche les âmes (…).

Quand des massacres, enlèvements et viols sont célébrés, justifiés par ceux qui prétendent lutter contre l’injustice, il y a de quoi désespérer. Si notre idée de la justice d’une cause nous conduit à fermer les yeux, voire pire, à absoudre ceux qui la déshonorent par leur inhumanité, il y a de quoi désespérer. »


Le député fait toutefois une erreur, car la valorisation des massacres, enlèvements et viols des « opprimés » correspond totalement à la conception de Jean-Paul Sartre. C’est censé être l’expression d’un arrachement au colonialisme. La pièce de théâtre Les justes d’Albert Camus, très connue, consiste justement en une dénonciation de cette conception folle de Sartre. Camus était lui-même d’Algérie française et a tenu des propos très connus :

« J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi le terrorisme qui s’exerce aveuglément dans les rues d’Alger. En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est cela la justice, je préfère ma mère. »

La guerre d’Algérie se termine en 1962. Nous sommes en 2023. Et là, nous avons des Palestiniens partant d’une prison à ciel ouvert, Gaza, pour massacrer des Israéliens – clairement les moins religieux et les moins sionistes de tout le pays – et des gens venant de différents pays, dont du tiers-monde, dans le cadre d’un festival originaire du Brésil.

C’est absurde. Cela ne correspond à rien de révolutionnaire, et encore moins alors qu’une partie énorme de la société israélienne était révoltée depuis plusieurs mois contre les projets de réforme étatique du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Il y avait quelque chose à faire, tout à faire, sauf ça !

L’offensive surprise comme paquet surprise pour les « rebelles » occidentaux
Un blog ne publiant plus rien se lance dans d’immenses promesses… qui ne le concernent pas matériellement de toutes façons (sinon le féodalisme serait justement vu et combattu)

Le massacre du festival techno est en ce sens un exemple non pas de révolte, mais de nihilisme. C’est une expression d’effondrement. Cela correspond à la crise de civilisation qui est mondiale.

C’est une partie du problème, et non de la solution. Et les gens qui choisissent de s’aligner là-dessus correspondent eux-même à un tel nihilisme. C’est du Socialisme dont on a besoin, pas de cette barbarie !

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Rapport entre les classes

La vraie question: la révolution sera-t-elle passive?

En apparence, demander si une révolution peut être passive n’a aucun sens. Une révolution, c’est l’irruption de forces armées prenant le pouvoir et modifiant le cours des choses. Il n’y a rien de plus actif. L’opposition entre socialistes et communistes, au début du 20e siècle, reposait sur la question de la dimension de ce côté actif. Les socialistes, quasiment tout le temps opportunistes en tout cas pour les cadres, prévoyaient une action peu active et à long terme, alors que les communistes étaient pour se précipiter, parfois trop et trop souvent.

Le problème est qu’alors que se termine le premier quart du 21e siècle, on ne voit des gens « actifs » nulle part. Jamais dans le monde le nombre de révolutionnaires n’a été aussi faible. Et leur dimension marginale sur le plan des idées et de la culture est parallèle à ce nombre si faible. Si l’on prend les soixante dernières années, il n’y aura jamais eu aussi peu de guérilla de gauche dans les pays du tiers-monde (ou même dans les pays « développés »), aussi peu d’organisations révolutionnaires de gauche dans le monde en général, aussi peu de contestations lancées par des révolutionnaires.

Ce qui existe par contre, c’est un syndicalisme, d’une part, afin de préserver ou conquérir des acquis parce qu’il faut bien vivre. Et, de l’autre, un populisme qui passe par les réseaux sociaux, par le militantisme étudiant, par les discours LGBT et l’écriture inclusive. La théorie, c’est que si on parvient à mobiliser un petit pourcentage de gens, l’opinion publique bascule. Ce qui compte donc, c’est le « réseau », comme le dit Jean-Luc Mélenchon de La France insoumise le 5 octobre 2023 : « l’agora moderne, la place centrale moderne, c’est le réseau ».

Nous avons concrètement un monde de gens passifs faisant semblant d’aller bien et une poignée d’agités emplissant les réseaux sociaux et des partis politiques ou des mouvements contestataires avec très peu d’adhérents ou de participants.

Le 21e siècle est pourtant plein de défis et la révolution apparaît comme inéluctable. Doit-on alors s’imaginer que les gens vont reformer des organisations de gauche, de vastes mouvements, bien structurés, bien solides ? En admettant même que ce soit possible, il est évident qu’il n’y a de toutes façons pas le temps, ni l’énergie psychique.

Même une structure politique qui racolerait sans commune mesure (et il y a en a toujours, dans chaque pays, au moins une ou deux) se retrouverait avec des gens sans envergure, ne faisant que passer. Les gens veulent bien passer dans quelque chose, mais certainement pas y rester, et plus on augmente le niveau culturel, intellectuel, historique… plus on perd tout le monde.

Vous voyez-vous aller vers un travailleur français et lui expliquer qu’il faut une révolution bien organisée touchant les domaines de l’économie, de la politique, du social, de la psychologie, des arts, de l’écologie, du rapport aux animaux, du rapport hommes-femmes, du rapport au tiers-monde, etc. ? C’est tout simplement invraisemblable, il va vous regarder avec de gros yeux ou dire que, même si c’était souhaitable, ce n’est pas prêt d’arriver.

Le bonheur ? Un luxe. Déjà on tient, c’est déjà pas mal.

C’est en sens que la question de la dimension passive de la révolution est à saisir. Déjà, dialectiquement, il n’y a pas d’actif sans passif. Croire que les gens vont être H24 en mode contestataire, inépuisable, et ce pendant… une année, deux années, cinq années, c’est ne pas être réaliste. Il y a une dynamique actif-passif : à certains moments les gens sont actifs, à d’autres ils ne le sont pas.

D’ailleurs, voulez-vous une preuve à l’intérêt de cet article ? Eh bien voyez comment la dimension passive est déjà présente. Allez dans une grande librairie au rayon « développement personnel », comme « Les quatre accords toltèques », un bestseller. Regardez ce qui y est raconté. Vous trouverez pratiquement le même discours que la « gauche » postmoderne, les zadistes, les zapatistes, les Kurdes, La France insoumise, les anarchistes, EELV, les bobos…

Le discours qui est proposé ici, c’est que la révolution est uniquement « en soi » ou qu’elle est déjà réalisée (avec les Kurdes, les Zapatistes…) ou bien pas nécessaire (avec la « gauche » postmoderne). Ce qui compte c’est par conséquent un épanouissement subjectiviste toujours individuel, une « paix intérieure » et un rapport différent aux autres. C’est de la fiction, car il n’y a aucune analyse scientifique de rien. Mais on se sent subversif en écrivant des mots spirituels sur les murs des toilettes des bars bobos au look délabré chic.

Tout cela, c’est une vaste occupation du terrain « passif » à travers une pseudo bienveillance, dont l’idéologie LGBT est le fer de lance. C’est la niaiserie amicale, masque des rapports ultra-individualistes consuméristes. « Oh, I love you so much » dit le capitaliste américain à sa prochaine victime.

Tout cela pour dire que la révolution n’aura pas forcément lieu là où on le pense. Il ne faut pas regarder uniquement ce que font les gens, ni même ce qu’ils ne font pas. Il faut regarder là où ils placent leur énergie psychique, là où ils ne la placent pas. C’est ce que font d’ailleurs les préfets. En France, un préfet a comme tâche surtout de surveiller les tendances et de voir s’il n’y a pas une partie de la population qui se prend d’engouement dans telle ou telle direction. Si c’est vain, l’État le tolère, sinon il réprime, et dans tous les cas il surveille.

C’est cet engouement qui passe les mailles du filet du 24 heures sur 24 du capitalisme qui doit être notre boussole. C’est quelque chose de passif et d’actif, et c’est seulement ça qui peut avoir un sens. Tout ce qui est lié aux institutions est cuit, carbonisé. Tout ce qui s’insère « activement » dans la société, les gens n’y croient plus et sont trop individualisés.

Il est toujours dit qu’après la révolution, il y a aura un bouleversement culturel, on changerait les mentalités, il se passerait une « révolution culturelle » comme l’ont appelé les Chinois. En fait, elle va désormais avoir lieu avant, dans des mouvements de rupture, qui peuvent être contradictoires.

On peut avoir une révolution avec des prolétaires urbains exigeant d’accéder aux marques de mode de valeur… et des prolétaires loin de la métropole qui méprisent cette course pour eux à l’éphémère. Les uns peuvent-ils être appelés actifs, les autres passifs ? Non, bien entendu, il y a une dialectique dans tout ça.

Ce qui compte, c’est de voir que la recomposition du prolétariat dans le capitalisme français qui se déclasse ne prendra pas une forme « syndicale », « populiste », mais se déroulera en autonomie avec les institutions et les vieux styles de travail. Le prolétariat va se recomposer en se détachant du capitalisme… il le fera activement et passivement. Perdre l’un des deux côtés, c’est rater ce qui va se passer et se passe déjà !

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Nouvel ordre

La guerre à venir contre les drogues de synthèse en France

En 2023, les drogues de synthèse n’existent que de manière marginale en France. Considérer qu’il existe un 24 heures sur 24 du capitalisme aboutit toutefois inévitablement à l’affirmation que celles-ci vont s’imposer et s’installer.

Elles répondent en effet à toutes les exigences de ce 24 heures du 24 du capitalisme. Faciles à produire, faciles à distribuer, elles répondent aux attentes des populations totalement déboussolées vivant dans le capitalisme avancé. Le zombie drogué est le pendant du zombie consommateur. Mais pas seulement : même pour travailler, les drogues sont devenues un support parfois nécessaire pour tenir le choc.

C’est là justement où les drogues de synthèse forment un saut dans la barbarie. Elles combinent fuite, dimension « récréative », intensité forcenée. Anti-douleur ou excitation rapide, mise de côté des angoisses, oubli des souffrances et coup de boost : voilà pour résumer la « magie » des drogues de synthèse. En fait, le capitalisme triomphant a tout simplement modifié le rapport aux drogues.

Le paysage métropolitain s’accompagne forcément de personnes en perdition, brisées dans la misère par les drogues

Les drogues sont, historiquement, en effet un fétichisme des débuts de l’humanité, où les consciences primitives des premiers Hommes, dans un environnement froid et hostile, découvraient les joies et les peines. Cela a donné les notions de paradis et d’enfer, le chamanisme préfigurant le monothéisme.

Et les drogues qu’on pouvait trouver naturellement étaient utilisées comme support au sein de religions établies. Ces drogues bouleversaient les esprits et ce bouleversement chimique était imaginé comme un accès à l’au-delà. Par la suite, se détachant de la dimension mystique, l’humanité a développé des drogues récréatives, se faisant piéger par le cannabis ou l’opium. Ici, on est dans une fuite assumée de la réalité, dans une optique de nervosité effacée.

La bataille de Palikao en 1860 marque la victoire franco-anglaise sur la Chine pour la forcer à accepter la consommation d’opium par sa population

Tout a changé depuis. La fin du 20e siècle a été marqué par le développement important de la chimie dans le domaine des drogues, avec surtout naturellement la superpuissance américaine, par les laboratoires des grandes entreprises pharmaceutiques, mais également l’armée américaine. On a notamment Alexander Shulgin qui a dressé un véritable catalogue des drogues de synthèse.

Puis, l’expansion capitaliste massive de 1989 à 2020 a permis un accès facile et aisé au matériel et aux matières premières pour fabriquer des drogues de synthèse. Après une première période artisanale criminelle, notamment romancée dans une série typiquement décadente comme « Breaking bad », on est désormais passé au niveau industriel.

Encore fallait-il un terreau pour cela. Il a été fourni par la crise sanitaire au sein de la superpuissance américaine. Le caractère misérable des soins accordés a permis à certaines entreprises de diffuser en masse des anti-douleurs. Outre que cela a provoqué de l’accoutumance et des décès, cela a été la porte ouverte à un trafic d’anti-douleurs produits dans des laboratoires mexicains avec des matières premières achetées en Chine.

En 2023 l’une des options américaines est une intervention militaire contre le Mexique afin de stopper les cartels

Il va de soi que la superpuissance chinoise était bien consciente des enjeux qu’on trouve ici, tout comme avec TikTok dont l’utilisation est largement restreinte dans son pays d’origine. Les drogues sont un vecteur d’importance stratégique ; un autre exemple significatif est la production massive désormais par la Syrie d’une drogue de synthèse, le captagon.

Et, donc, la crise des « opioïdes » est massive aux États-Unis désormais ; avec 90 000 morts par an, San Francisco envahi par des zombies en quête de « Fentanyl », le désastre est complet. Mais c’est également un modèle.

Une drogue de synthèse, en effet, ne nécessite pas de disposer de matières premières agricoles, comme pour le cannabis et le pavot. Pas besoin d’une agriculture maîtrisée, pas besoin de les transporter clandestinement non plus. Les quantités demandées sont de plus infimes. Rien que les saisies américaines de fentanyl en 2022, 4,5 tonnes, suffiraient à tuer l’ensemble de la population américaine.

2 mg de Fentanyl est déjà une dose létale pour la majorité des gens; la pièce américaine est un équivalent de nos cents et a 19 mm de largeur seulement

Jusqu’à présent, les experts bourgeois relativisent tout cela, en disant qu’aux États-Unis, il y a une dépendance aux anti-douleurs, qui n’existe pas ailleurs. Sauf qu’en réalité, il y avait juste un développement inégal et maintenant le fléau installé, il va se systématiser. Déjà en septembre 2023, l’Agence régionale de santé (ARS) de La Réunion constatait que les drogues de synthèse étaient présentes (protonitazène et étonitazène, plusieurs centaines de fois plus puissants que l’héroïne et la morphine). La Réunion connaît également les cannabinoïdes synthétiques, une version synthétique du cannabis sous forme de poudre, d’huile, de liquide ultra-concentré.

Et l’État, prisonnier de la forme en raison de sa nature bourgeoise décadente, a souvent un train de retard. Il faut en effet que la combinaison chimique employée pour une drogue de synthèse soit interdite officiellement de la part d’un État. Ce n’est pas la drogue qui est interdite, mais telle ou telle forme chimique. Il suffit donc parfois aux criminels de jouer sur quelques éléments pour contourner la loi. Cela permet un espace énorme pour les dealers qui vendent massivement sur internet des « sels de bain », de « l’engrais », de « l’encens », sans rien risquer, en inventant une nouvelle forme de drogue chaque semaine !

Avec de la « créativité » perverse. Une drogue comme la 3-MMC combine les effets de la cocaïne, de la MDMA et des amphétamines. C’est l’une des drogues mise en avant dans les soirées LGBT « Chemsex », des orgies avec utilisation massives de drogues qui ont largement été mises en avant dans la presse « branchée ». Les drogues de synthèse, ce n’est plus l’ancien monde du cannabis (d’ailleurs lui-même largement modifié en fait), de la cocaïne et du LSD. C’est un « horizon nouveau » pour le 24 heures sur 24 du capitalisme.

La discothèque berlinoise du Berghain ouverte en 2004 a joué un rôle significatif dans l’idéologie des drogues chimiques « branchées »

La fuite en avant dans les drogues synthétiques correspond tout à fait au rythme capitaliste, tant du point de vue du producteur que du consommateur. Il est capable de répondre à toutes les situations, tous les besoins. C’est une tendance inéluctable. Le Rapport européen sur les drogues 2023 constate lui-même que les drogues de synthèse s’affirment. La mondialisation du phénomène se lit également quand on voit l’avancée du tramadol en Afrique de l’Ouest et du Centre (où 10 % de la population consomme du cannabis par ailleurs). La méthamphétamine est en train de se lancer massivement au Mexique, alors qu’elle est déjà fortement présente en Asie de l’Est et du Sud-Est.

Dans un tel panorama, il est évident que seul le Socialisme peut proposer une réponse, car la réponse ne peut qu’être collective. Destruction militaire des mafias et refonte culturelle de la population, voilà la solution nécessaire, qui ne peut être mise en place que par le peuple en armes, car rien ni personne ne doit échapper au processus d’éradication du fléau.

Le Nouvel Ordre nécessaire implique un combat acharné et sans pitié contre les drogues de synthèse, cette sinistre réalité si conforme au 24 heures du 24 du capitalisme. Tout compromis sur ce plan, avec les drogues en général même, ramène au vieux monde. A la différence ici que les « vieilles » drogues étaient des fuites à rejeter, et que les nouvelles relèvent d’une participation coûte que coûte à un monde en perdition.

De la drogue en mode petit-bourgeois passif ou aristocrate prétentieux, déjà méprisable et condamnable, on passe aux drogues pour « tenir », pour se « précipiter », pour « aller de l’avant ». C’est là un accompagnement du capitalisme du 24 heures sur 24 de la vie quotidienne et donc un ennemi complet.

Et ce seront les femmes qui seront en première ligne contre le fléau : les mafias sont constitués d’hommes, les consommateurs sont en quasi totalité des hommes. Ce n’est pas pour rien !

Mikhail Devyatov, Sportives, URSS 1953
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Rapport entre les classes

La crise occupe tous les intervalles

Il existe une expression française qui dit qu’on doit boire le calice jusqu’à la lie. Le calice, c’est le petit vase où l’on boit le vin dans la messe chrétienne ; la lie c’est un dépôt qui se forme au fond d’un liquide fermenté. L’expression dit que quand on affronte quelque chose de compliqué, il faut en subir tous les aspects, y compris le pire et jusqu’au bout.

Cette expression prend tout son sens avec le capitalisme qui s’effondre. S’il s’effondre, c’est qu’il s’est développé. S’il s’est développé, c’est qu’il s’effondre à tous les niveaux qu’il a développé. C’est implacable. En traduit en langage commun, cela veut dire que tant que monsieur X pourra continuer d’acheter des vélos de course, madame Y de partir en République Dominicaine pour les vacances, monsieur Z de s’installer dans un cocon péri-urbain avec madame Z, tant que le jeune U pourra continuer de jouer aux jeux vidéos comme un damné, que la jeune W pourra regarder des courtes vidéos et des séries à l’infini…

Eh bien, tous ces gens seront paralysés, épuisés psychiquement et ne parviendront pas à basculer, même pas la Révolution, mais ne serait-ce que la lutte des classes. Pourquoi en effet engager sa vie en tant que telle et remettre en cause tous les aspects de la vie dans le capitalisme s’il y a une porte de sortie? Pourquoi passer pour un bizarre, en rupture, alors que tout le monde dispose d’une manière ou d’une autre d’une porte de sortie individuelle?

Vu de 2050, la pandémie de 2020 apparaîtra forcément comme une période où l’humanité a raté sa prise de conscience. Cette prise de conscience était impossible, évidemment : une humanité qui avait développé depuis 1990 les forces productives comme jamais n’allait pas abandonner du jour au lendemain son style de vie consumériste. D’une part, parce que les gens dans les pays riches ne le voulaient pas, d’autre part, parce que les gens du tiers-monde ne le pouvaient pas.

Jusque les années 1990, faire la révolution dans le tiers-monde (voire tout court), c’était surtout organiser des paysans illettrés pour qu’ils se soulèvent par les armes. Aujourd’hui, ces mêmes paysans n’en sont plus vraiment, s’ils le sont restés ils dépendent d’une agro-industrie capitaliste bureaucratisée et monopoliste… et ils ont des smartphones.

La pandémie ne pouvait donc pas pousser les gens du tiers-monde à la révolution, quant aux gens au chaud dans les pays les plus riches, ils étaient corrompus de toutes façons. Et maintenant que tout tombe, il faut attendre que vraiment tout tombe, avant qu’ils soient en mesure de se remettre en cause. Être en mesure seulement, car il faudra se débarrasser des illusions, du style de vie passé…

Autant dire que lorsque les choses vont se lancer vraiment, cela n’aura rien à voir avec aujourd’hui. La rupture va être complète. Heureusement d’ailleurs, sinon ce ne serait pas une révolution. Une révolution, c’est… une révolution, c’est le renversement des valeurs, la systématisation d’une autre vision du monde, dans tous les domaines. Sinon, c’est une réforme, d’importance plus ou moins significative.

Il faut donc, suivant cette équivalence dialectique, que le niveau soit à zéro pour que tout soit possible. Tant que le capitalisme façonne les esprits, la révolution est impossible. Lorsqu’il les a façonnés, il a triomphé… mais il s’est épuisé en même temps. Donc tout s’efface et la révolution est possible.

Il suffit de regarder les bourgeois. Ceux des années 1980 étaient cultivés et carrés dans leurs méthodes, ils avaient une véritable vision du monde, ils étaient pleins d’assurance et de maîtrise. Les bourgeois depuis 2020 sont passifs, décadents, vantards et opportunistes. C’est une classe en perdition.

Naturellement, cela entraîne aussi le peuple vers le bas. Les syndicalistes sont l’expression de cette tendance au beauf. Depuis quand les ouvriers n’ont-ils pas assumé le socialisme? Tellement de décennies… Cela laisse des traces. Le changement de mentalités va être rude!

Agauche.org parle de culture et des animaux, cela ne plaît pas au PRCF qui se comporte tel le PCF en 1968 avec la dénonciation alors du « Juif allemand Cohn-Bendit » et des « pro-chinois »

La crise du capitalisme fait de toutes façons le travail que ne font pas les partisans du Socialisme. C’est bien plus douloureux, bien sûr, cela ajoute des détours. Cela allonge le parcours de l’humanité du capitalisme au Socialisme. C’est dommage. Mais cela ne change rien au caractère inévitable de la révolution qui s’annonce. Le capitalisme ne peut plus rien faire tenir debout et chaque intervalle sociale qui se maintient encore tant bien que mal est ébranlé.

Quel dommage que chaque intervalle doit être comblée. Il en est ainsi pourtant. Et c’est aussi le garant que la Révolution sera vraiment complète.