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Rapport entre les classes

La crise occupe tous les intervalles

Il existe une expression française qui dit qu’on doit boire le calice jusqu’à la lie. Le calice, c’est le petit vase où l’on boit le vin dans la messe chrétienne ; la lie c’est un dépôt qui se forme au fond d’un liquide fermenté. L’expression dit que quand on affronte quelque chose de compliqué, il faut en subir tous les aspects, y compris le pire et jusqu’au bout.

Cette expression prend tout son sens avec le capitalisme qui s’effondre. S’il s’effondre, c’est qu’il s’est développé. S’il s’est développé, c’est qu’il s’effondre à tous les niveaux qu’il a développé. C’est implacable. En traduit en langage commun, cela veut dire que tant que monsieur X pourra continuer d’acheter des vélos de course, madame Y de partir en République Dominicaine pour les vacances, monsieur Z de s’installer dans un cocon péri-urbain avec madame Z, tant que le jeune U pourra continuer de jouer aux jeux vidéos comme un damné, que la jeune W pourra regarder des courtes vidéos et des séries à l’infini…

Eh bien, tous ces gens seront paralysés, épuisés psychiquement et ne parviendront pas à basculer, même pas la Révolution, mais ne serait-ce que la lutte des classes. Pourquoi en effet engager sa vie en tant que telle et remettre en cause tous les aspects de la vie dans le capitalisme s’il y a une porte de sortie? Pourquoi passer pour un bizarre, en rupture, alors que tout le monde dispose d’une manière ou d’une autre d’une porte de sortie individuelle?

Vu de 2050, la pandémie de 2020 apparaîtra forcément comme une période où l’humanité a raté sa prise de conscience. Cette prise de conscience était impossible, évidemment : une humanité qui avait développé depuis 1990 les forces productives comme jamais n’allait pas abandonner du jour au lendemain son style de vie consumériste. D’une part, parce que les gens dans les pays riches ne le voulaient pas, d’autre part, parce que les gens du tiers-monde ne le pouvaient pas.

Jusque les années 1990, faire la révolution dans le tiers-monde (voire tout court), c’était surtout organiser des paysans illettrés pour qu’ils se soulèvent par les armes. Aujourd’hui, ces mêmes paysans n’en sont plus vraiment, s’ils le sont restés ils dépendent d’une agro-industrie capitaliste bureaucratisée et monopoliste… et ils ont des smartphones.

La pandémie ne pouvait donc pas pousser les gens du tiers-monde à la révolution, quant aux gens au chaud dans les pays les plus riches, ils étaient corrompus de toutes façons. Et maintenant que tout tombe, il faut attendre que vraiment tout tombe, avant qu’ils soient en mesure de se remettre en cause. Être en mesure seulement, car il faudra se débarrasser des illusions, du style de vie passé…

Autant dire que lorsque les choses vont se lancer vraiment, cela n’aura rien à voir avec aujourd’hui. La rupture va être complète. Heureusement d’ailleurs, sinon ce ne serait pas une révolution. Une révolution, c’est… une révolution, c’est le renversement des valeurs, la systématisation d’une autre vision du monde, dans tous les domaines. Sinon, c’est une réforme, d’importance plus ou moins significative.

Il faut donc, suivant cette équivalence dialectique, que le niveau soit à zéro pour que tout soit possible. Tant que le capitalisme façonne les esprits, la révolution est impossible. Lorsqu’il les a façonnés, il a triomphé… mais il s’est épuisé en même temps. Donc tout s’efface et la révolution est possible.

Il suffit de regarder les bourgeois. Ceux des années 1980 étaient cultivés et carrés dans leurs méthodes, ils avaient une véritable vision du monde, ils étaient pleins d’assurance et de maîtrise. Les bourgeois depuis 2020 sont passifs, décadents, vantards et opportunistes. C’est une classe en perdition.

Naturellement, cela entraîne aussi le peuple vers le bas. Les syndicalistes sont l’expression de cette tendance au beauf. Depuis quand les ouvriers n’ont-ils pas assumé le socialisme? Tellement de décennies… Cela laisse des traces. Le changement de mentalités va être rude!

Agauche.org parle de culture et des animaux, cela ne plaît pas au PRCF qui se comporte tel le PCF en 1968 avec la dénonciation alors du « Juif allemand Cohn-Bendit » et des « pro-chinois »

La crise du capitalisme fait de toutes façons le travail que ne font pas les partisans du Socialisme. C’est bien plus douloureux, bien sûr, cela ajoute des détours. Cela allonge le parcours de l’humanité du capitalisme au Socialisme. C’est dommage. Mais cela ne change rien au caractère inévitable de la révolution qui s’annonce. Le capitalisme ne peut plus rien faire tenir debout et chaque intervalle sociale qui se maintient encore tant bien que mal est ébranlé.

Quel dommage que chaque intervalle doit être comblée. Il en est ainsi pourtant. Et c’est aussi le garant que la Révolution sera vraiment complète.

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Rapport entre les classes

Les centres d’intérêt dans le capitalisme : par le smartphone

Le capitalisme parvient à neutraliser les contradictions de classe au moyen d’une vie quotidienne purement individualisée. Quels sont les centres d’intérêt des gens au quotidien?

Déjà, il faut bien voir que c’est le smartphone qui est l’outil principal de ces centres d’intérêt. C’est un énorme problème, car les gens ont alors d’un côté une attitude purement passive, crédule, et de l’autre leur « activité » tient seulement aux achats, à fournir des informations aux entreprises, à se retrouver dans des bulles ou des boucles où ils s’enferment.

L’effacement de l’ordinateur au profit du smartphone est un véritable problème historique. On aurait pu avoir des gens réfléchissant, écrivant, échangeant, imprimant… et on a des gens sur leurs téléphones, intégrés au 24h sur 24 du capitalisme.

Que font donc les gens? Vers quoi se tournent-ils? Grosso modo, on a :

  • l’actualité
  • les jeux
  • l’actualité sportive
  • les ragots sur les stars
  • les restaurants et les recettes de cuisine
  • Facebook, Instagram, Twitter, etc.
  • TikTok et les vidéos en général
  • le shopping en ligne
  • la musique
  • la communication par messenger, Whatsapp, etc.
  • interagir en rapport avec son emploi
  • les applis de « drague »

Si on regarde bien, on a ici la quasi-totalité des centres d’intérêt des gens. Bien entendu, sur le plan personnel, chaque personne a des approches bien spécifiques ; les nuances sont innombrables. Pourtant, on sait qu’au fond c’est vrai.

Dans le 24 heures sur 24, il n’y a aucun espace pour ce qui dure, pour ce qui a de la profondeur, pour ce qui correspond à une activité consciente. Il ne faut pas chercher ailleurs l’échec complet du mouvement de protestation et de grèves contre la réforme des retraites en France en 2023. Les gens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.

On sait comment la quasi totalité de la Gauche française a capitulé devant tout cela. Elle s’est aligné sur cette nouvelle vie quotidienne par le smartphone, car il faut bien souligner que c’est un mode de vie récent. Elle a cédé au populisme, au racolage, à l’éphémère, tout ce qu’exige les réseaux sociaux et la consommation du 24 heures sur 24 du capitalisme.

On peut même dire que le smartphone a tué la Gauche et le principe de conscience. On ne peut rien faire de prolongé avec un smartphone, on ne peut qu’aborder les choses, donner un avis, interagir brièvement. Le smartphone est un vrai problème de civilisation, en fait et sans lui, le capitalisme aurait un tout autre visage, du moins pour la question du rythme imposé aux gens.

Le smartphone profite en effet de l’immense accumulation de sons et d’images permises par la technologie, et l’intelligence artificielle en ces domaines va encore davantage accentuer le trait. Avec le smartphone, on peut remplir à fond la tête des gens, et les résumer à des centres d’intérêt qui ne vont pas loin du tout. C’est comme ça que le capitalisme se maintient.

Dans le 24 heures sur 24 du capitalisme, les gens deviennent des zombies, car leur énergie psychique est épuisée. On ne fait pas la révolution avec une jeunesse qui regarde de courtes vidéos de quelques secondes pendant des heures et des heures chaque jour. Il faut noter ici la contradiction d’ailleurs. Le capitalisme parvient en fait à former de l’engagement, mais un engagement bref, superficiel, incapable d’autonomie. C’est un véritable détournement des besoins humains d’épanouissement dans la consommation permanente.

Il est évident que la question de l’Art, de la beauté, de la sensibilité, est amenée dans un tel panorama à jouer un rôle de plus en plus important. Le capitalisme impose un monde de laideur sans profondeur, de fausse fantaisie toujours plus grotesque pour maquiller son vide. Et le rythme toujours accéléré du smartphone est là pour empêcher d’avoir du recul sur tout cela.

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Rapport entre les classes

Comment les gens vont-ils se remettre en cause?

Partons du principe que le capitalisme va être ébranlé de telle manière que les gens vont devoir se remettre en cause. On peut dire que le processus est même déjà en cours, même si c’est lent, très lent. Comment les gens vont-ils le vivre?

Essayons de résumer à grands traits la vie d’une personne vivant en France. Il y a deux aspects, la vie privée et la vie professionnelle. Les deux sont liés, naturellement, prenons les toutefois comme les deux aspects formant cette personne. Il y a d’un côté la famille : on est en couple ou on veut l’être, du moins on fréquente plus ou moins des gens proches, des amis chers. Il y a de l’autre le travail, avec l’exigence de gagner de l’argent pour vivre.

Même si le travail prend dans les faits la part belle dans une vie, disons que c’est 50/50 pour une personne. A moitié, on travaille ; à moitié, on a sa vie privée.

Si on était syndicaliste, on résumerait la contestation au monde du travail. C’est évidemment ridicule. Fidèle à la Gauche historique, nous considérons que la vie privée et la vie au travail sont deux choses différentes, mais se rejoignant, c’est un tout.

En 2023, la chose est évidente pour qui est un peu sérieux. le 24h sur 24 du capitalisme en atteste. L’ouvrier syndicaliste peut prétendre être contestataire, mais s’il est chasseur il se révèle en réalité être une composante de la France capitaliste. Le professeur gréviste peut s’imaginer rebelle, cependant le contenu de ses cours est entièrement formaté par l’esprit capitaliste par l’intermédiaire du ministère.

Et en général les Français peuvent éventuellement se dire contre le gouvernement ou le président, il n’en reste pas moins que 58% des ménages sont propriétaires de leur logement, ce qui les ramène immanquablement dans le camp de « l’ordre ».

Naturellement, cette question du logement relève aussi d’un besoin de « vivre bien » et ce qui est naturel est manipulé par le capitalisme. Cela ne change rien malheureusement au fait que les gens, idéalement, veulent un travail assuré pour le restant de leur vie et la propriété de leur logement, et que c’est leur seul horizon. Si le capitalisme peut ajouter à cela de la consommation sur Amazon et des vacances exotiques, des divertissements comme des séries toujours nouvelles et le moyen de mettre un peu de côté… c’est parfait.

C’est là qu’on voit que la vie privée et la vie au travail se confondent tout à fait pour les gens. Un couple, c’est toujours un projet de vie, avec l’achat d’un logement ou la gestion d’une propriété. Il y a une dimension calculatrice qui est vraiment prégnante. Cela fait que lorsque les gens travaillent, ils sont amenés à toujours raisonner plutôt en capitaliste, avec l’optique d’amasser du capital et d’investir.

Concrètement, rien n’est plus terre à terre qu’un Français de la fin du premier quart du 21e siècle. Tout est toujours soupesé et la dimension monnayable est toujours de la partie. Devant toute chose, le Français se demande : qu’est-ce que je vais bien pouvoir en faire?

Avec tout ça, on peut donc répondre à la question : comment les gens vont-ils se remettre en cause? En effet, ils ne vont pas se remettre en cause. Il n’y a que les faits qui peuvent les remettre en cause. Cela n’a rien de nouveau dans l’Histoire de l’Humanité : celle-ci a toujours été en retard, ses conceptions reflétant après coup un changement déjà lancé.

Néanmoins, on aurait pu se dire qu’au 21e siècle, l’humanité aurait plus de maturité, qu’elle saurait avoir de la distance sur elle-même. Eh bien, non. Et surtout pas dans une France qui est l’un des pays les plus riches du monde, avec des gens biberonnés au 24h sur 24 du capitalisme. Ce n’est pas la vie facile, toutefois c’est la vie dans les marchandises et c’est suffisant pour corrompre.

On ne modifie pas une corruption : celle-ci se brise, ou pas. Avec la crise économique commencée en 2020, la décadence des mentalités, la course effrénée à la guerre mondiale… Cette corruption va s’effacer. Mais cela ne sera pas une « remise en cause ». Ce qui fait que cela plus aisé pour les Donald Trump à la française, les gilets jaunes et autres nostalgiques, que pour nous qui voulons l’avenir.

Tant qu’il y aura une possibilité de confort, les Français resteront focalisés dessus. Et ils céderont aux sirènes du « retour en arrière » autant que possible.

Cela rend d’autant plus important la nécessité de prévoir un plan de recomposition de classe. Comment le prolétariat va-t-il se reconstituer comme classe à travers la crise? Comment faire en sorte que le processus réussisse, sans que la petite-bourgeoisie en perdition ou la bourgeoisie nationaliste n’entraîne avec elle des prolétaires encore largement corrompus?

Rien que la guerre occidentale contre la Russie montre bien comment la bourgeoisie sait employer des moyens indirects pour faire miroiter le retour d’une belle situation économique, par le renforcement de la puissance française à l’échelle mondiale. La bataille pour le repartage du monde est un vrai levier pour corrompre. C’est comme cela que même la classe ouvrière allemande a été corrompue dans les années 1930 par les nazis.

Le défi de la « remise en cause » qui n’en sera pas une va se révéler toujours plus exigeant, et il aura toujours plus d’ampleur. C’est une question fondamentale de notre époque !

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Planète et animaux

La stérilisation des chats ou des pigeons

La question de la stérilisation de chats, et d’autres animaux, fait parfois face à un rejet de la part de certaines personnes. La forme peut varier ,mais le fond du problème reste le même : la stérilisation ne serait pas naturelle et il faudrait laisser faire. Que ce soit une réflexion en passant d’un collègue ou d’un proche ou un rejet plus massif, cette mentalité a des conséquences très concrètes pour les animaux.

Les chattes enchaînent les portées, sont de plus en plus faibles, les maladies se répandent plus vite en raison de la promiscuité et du manque de nourriture, nombre de chatons viennent au monde en très mauvais état, etc.

Les pigeons se reproduisent et luttent toujours plus pour trouver de quoi manger. Les familles nichent là où elles peuvent, les petits tombent des nids les uns après les autres et font face à des prédateurs, etc.

Et ceci peut s’étend directement et indirectement à toutes les espèces que l’humanité côtoie.

Face à la situation catastrophique des chats en France, la question de la stérilisation n’en est plus une. Ce n’est pas un débat concernant notre rapport au chat mais une réponse urgente à une situation urgente. Il faut des campagnes massives de stérilisation pour beaucoup d’animaux, ainsi qu’une stérilisation systématique pour beaucoup d’animaux de compagnie.

La nature quand cela les arrange

Ce que refusent de voir les gens qui refusent la stérilisation est que ces chats, ces pigeons, etc. sont d’une certaine manière dénaturés, arrachés de force à leur réalité. D’un côté les chats restent des chats, les pigeons des pigeons, etc. ; ils vivent une vie naturelle et évoluent avec l’humanité et l’influencent en retour. De l’autre, ils se font broyer par une humanité qui s’imagine sortie de la Nature et en guerre contre elle (donc une humanité en guerre contre elle-même, ou encore une Nature en guerre contre elle-même).

Lorsqu’une chatte enchaîne les portées avec des petits en très mauvais état, elle est en quelque sorte arrachée de sa condition naturelle par une humanité folle qui n’a pas encore pris conscience d’elle-même.

D’une certaine manière, ces personne ne voient la Nature que lorsque cela les arrange.

Lorsqu’il s’agit d’abandonner des chats au milieu des voitures, les laisser errer dans le chaos urbain personne ne se soucie de la Nature. Mais dès qu’une personne cherche à venir en aide à une colonie de chats… levée de boucliers, il ne faut pas intervenir, ce ne serait pas naturel.

Les personnes qui refusent la stérilisation au nom de la Nature ne voient qu’un aspect, la dimension naturelle des animaux qui nous entourent, dans le meilleur des cas. Mais ils refusent de voir des êtres vivants détruits par une humanité barbare : cela reviendrait à reconnaître que nous sommes nous-mêmes pris dans une logique anti-naturelle qui atomise tout, broie les sensibilités et les sens. C’est de l’indifférence, du cynisme.

Elles refusent de voir une partie d’elles-même lorsqu’elles font face à un animal. Les êtres humains ne sont pas des individus vivant à l’extérieur de la Nature, ils n’en sont qu’un aspect. Il n’y pas une humanité faisant face à une nature ayant besoin de régulateurs mais un vaste ensemble d’une richesse infinie, la Nature.

Laisser des animaux dépérir dans l’horreur du béton et des villes, c’est s’atrophier, c’est se couper de sa compassion et de son lien à l’ensemble de la vie sur notre Terre.

Ce qui se comprend. La moindre initiative en faveur des animaux est une attaque en règle contre l’apathie ambiante, contre l’individualisme barbare et contre la décadence d’une société toujours plus près du gouffre. Alors beaucoup préfèrent ignorer les souffrances, ou préfèrent regarder ailleurs en inventant une Nature fantasmée et anti-naturelle où règnent les valeurs dominantes.

Aimer les animaux

Il faut être réaliste : il sera très difficile de convaincre la plupart de ces personnes. Surtout celles qui y ajoutent une dimension religieuse à leur discours. Cette question soulève des problèmes bien trop vastes pour être réglée par de simples discussions. Il y a une longue bataille culturelle à mener.

En attendant d’arriver à renverser la tendance, des animaux en détresse demandent de l’aide partout, chaque jour.

A sa propre échelle, il est alors crucial de se tourner vers les animaux, vers leurs vies concrètes, en fonction de son temps, de sa sensibilité et de ses connaissances.

Il y a toujours plein de moyens d’aider, même si cela donne l’impression de vider l’océan à l’aide d’une cuillère. Mais pour chaque animal secouru cela sera un changement très concret.

Pour ce qui est des chats, des associations partout en France identifient des chats errants, les attrapent, les stérilisent et leur trouvent un foyer. Toute aide directe ou indirecte changera la vie de ces chats.

En ce qui concerne les pigeons et les animaux sauvages en général, avoir le réflexe de mettre à l’abri un animal jeune ou blessé avant de le transporter jusqu’à un centre de soins peut lui sauver la vie. Il est important de se renseigner sur les gestes à adopter en fonction des animaux afin de ne pas priver un petit chevreuil, par exemple, de sa mère.

Et bien sûr, n’hésitez pas à contacter le centre de soin le plus proche de chez vous afin de donner un peu de votre temps pour aider des animaux. Il y a toujours besoin de conducteurs, de bricoleurs, des personnes pour nettoyer des cages, des locaux et bien sûr du monde pour nourrir des petits et des adultes blessés ou malades.

Les moyens d’aider ne manquent pas. Il s’agit de s’effacer et de faire ce qui doit être fait. Les grands discours ne nourrissent pas des pigeonneaux, les postures derrière un clavier ne permettent pas d’attraper une chatte errante et ses petits.

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Rapport entre les classes

Le défaut d’attention et le manque de cohérence

Le défaut d’attention est devenue la norme. Les gens, dans le capitalisme, ne sont plus capables d’être systématiques, « carrés ». Même des professionnels dans leur domaine commettent des erreurs de débutant, font des oublis significatifs. La France est nulle, les Français sont nuls.

C’est tout le matériau humain qui, en France, depuis la crise commencée en 2020, s’étiole. Le capitalisme n’est plus capable d’insuffler aux gens suffisamment d’énergie psychique pour leur permettre d’agir conformément aux attentes.

Heureusement, il y a la force de l’habitude, sans quoi rien ne pourrait plus tourner. Mais les manquements s’immiscent dans la vie quotidienne, ils façonnent les rapports entre les classes. Dans une atmosphère de décomposition, c’est comme si la figure du lumpen apparaissait comme la plus active, la seule vivante.

Les professeurs n’enseignent plus comme il faut, les policiers n’agissent plus comme des policiers ; les étudiants ne se comportent pas comme des étudiants, les garçons de café n’agissent plus comme garçons de café. La France moisie se laisse emporter dans la banalité, la vacuité.

En termes de classe, cela donne les choses suivantes : les bourgeois n’agissent plus en bourgeois, ils perdent carrément les pédales. Les petits-bourgeois sont à la fois excités et passifs, la peur les travaille au corps et ils aimeraient s’en sortir par un bon coup du sort.

Quant aux prolétaires, ils se replient sur eux-mêmes, cherchant à s’arc-bouter sur leurs acquis propres à une société capitaliste française qui a profité pendant plus d’un siècle de rapports de force internationaux favorables.

Pas de misérabilisme : la France est un des pays les plus riches du monde. Lorsque le Secours populaire raconte en septembre 2023 qu’un tiers des Français ne mange pas à sa faim, il ment. Lorsqu’il raconte que 72% des Français ont décidé de se passer de viande, il ment.

D’ailleurs, la consommation de viande augmente en France. Et ce ne sont pas les bourgeois qui deviennent plus gros, bien au contraire. Si au 19e siècle, le prolétaire était maigre et le bourgeois gros, désormais c’est le contraire. C’est le prolétaire qui s’empiffre de toutes les horreurs de la société de consommation, tout en s’imaginant « peuple » à manger un kebab ou aller au McDonald’s.

La paupérisation relative se renforce, c’est indéniable : les riches sont bien plus riches qu’avant, en comparaison avec les pauvres. Mais les pauvres en France sont bien loin encore d’une misère les précipitant à la lecture du Capital de Karl Marx, les poussant à piller les armureries et les amenant à faire flotter le drapeau rouge sur l’Arc de Triomphe.

La preuve en est, c’est Marine Le Pen qui profite le plus du climat actuel, charmant les prolétaires avec finalement la même litanie que Donald Trump. L’idée, c’est que la France conserve son niveau de vie, d’une façon ou d’une autre. L’idée de faire payer la Russie est d’ailleurs le vrai arrière-plan impérialiste de toutes les forces politiques françaises, « gauche » y compris.

Car, il faut le dire, pour dénoncer les menteurs, les escrocs, les charlatans ! Oui, les grèves de 2023 contre la réforme des retraites n’ont rien apporté en termes de lutte de classe : ni conscience, ni organisation. Quand aux émeutes de 2023, n’en parlons même pas, elles sont totalement passées à la trappe.

Comme les gilets jaunes, ces grèves et ces émeutes n’étaient que le produit d’une société en décomposition. Des gens mécontents protestent, en braillant à la française. La belle affaire ! La vérité, c’est que tous les Français ont en leur tête le rêve américain. Même la « gauche » est devenue à l’américaine, en mode social-protectionniste, communautariste, LGBT, libérale culturellement, etc.

Il faut dire les choses comme elles sont : en 2023, en France, le capitalisme a gagné et la soumission aux besoins de la superpuissance américaine est totale. C’est la défaite totale de tout ce qu’il y avait avant.

C’est là-dessus qu’il faut se fonder, car le capitalisme ne satisfera jamais les besoins des masses, les besoins existentiels. Il va fondamentalement décevoir des individus isolés, atomisés, sans aucune cohérence en rien, commettant toujours plus d’erreurs et de fautes.

Et avec ce matériau humain, il va falloir faire la révolution, le Socialisme… C’est une affaire compliquée, qui nécessite de l’intelligence. Il en faut pour comprendre les consciences et les transformer.

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Refus de l’hégémonie

Le nationalisme ukrainien et l’effacement de la Russie

Avant le conflit entre la Russie et l’Ukraine, agauche.org a pendant six mois alerté de l’imminence de ce drame historique et souligné la menace que cela faisait peser sur l’Ukraine. Le déclenchement du conflit a cependant fait basculer l’Ukraine dans un nationalisme forcené, totalement délirant, voulant effacer la Russie.

Le régime ukrainien n’est nullement actif « en défense » de l’Ukraine ; en réalité, son agenda est celui du nationalisme ukrainien combiné à celui de l’Otan, avec comme but la destruction de la Russie. Les exemples suivants montrent l’ampleur de cette fuite en avant nationaliste, où tombent les Ukrainiens qui espèrent obtenir les armes américaines et l’argent européen à l’infini.

La chanteuse d’opéra Anna Netrebko est une grande cible du nationalisme ukrainien

Prenons le prix Erich-Maria-Remarque, du nom du grand écrivain allemand auteur d’A l’Ouest rien de nouveau. Le prix est décerné par la ville allemande d’Osnabrück, dans une optique qui se veut démocratique-pacifiste. Il y a un prix principal et un prix spécial.

Pour 2023, le prix principal est allé à Lioudmila Oulitskaïa. C’est une Russe, opposante depuis longtemps à Vladimir Poutine (un « criminel »). Écrivain, elle s’est opposée à « l’opération militaire spéciale » (une « honte ») en Ukraine et s’est dans la foulée installée en Allemagne. Elle dénonce la Russie depuis plus d’une décennie comme acculturée, nationaliste, ayant une folie impérialiste des grandeurs.

Eh bien celui qui a reçu le prix spécial, le dessinateur ukrainien Serhi Maidukov, a catégoriquement refusé de recevoir son prix. Hors de question d’être aux côtés d’une Russe ! C’est là qu’on voit le degré de fanatisme du nationalisme ukrainien, qui profite de l’appui massif des occidentaux (Maidukov travaille pour les New Yorker, Wall Street Journal, Washington Post, Zeit, Guardian, des quotidiens bellicistes).

Éloge par Le Monde d’une émission d’Arte racontant avec fierté l’interdiction de ce qui est russe à l’opéra de Kiev (« Kiev, un opéra en guerre« )

La contagion est générale ; elle ne concerne pas que l’opéra où tout ce qui est russe est interdit. Prenons Andreï Kourkov, qui est le romancier ukrainien dont les œuvres ont été le plus traduites à l’étranger. Il est né… dans la banlieue de Leningrad et tous ses romans ont été écrit en russe ! Mais lui-même est pour la suppression de la langue russe désormais. Ce qui ne n’empêche pas qu’il soit dénoncé en Ukraine comme « un collaborateur au long cours » pour ses romans écrits en russe…

Au début de 2023, il y a eu, autre exemple, le festival Prima Vista, en Estonie. C’est un pays fanatiquement anti-Russie également. Néanmoins, des opposants étaient systématiquement invités. Or, cette fois, les poètes ukrainiennes Olena Huseinova et Anna Gruver ont refusé de venir. La raison a tenu à la présence de la poète russe Linor Goralik ! Cela va si loin qu’Olena Huseinova a également dénoncé un poète russe habitant aux Canada ayant pris partie dans ses œuvres pour les « victimes » du conflit à Marioupol et Boutcha. Selon elle, c’est de l’appropriation néo-coloniale.

La romancière Oksana Sabuschko s’est pris une volée de bois vert en disant qu’elle n’avait rien contre le fait que ses œuvres soient traduites en russe, tout comme l’historien Jaroslav Hryzak pour avoir accordé une interview au média russe d’opposition (et interdit) Meduza. Pareil pour le romancier le plus connu en Ukraine, Iouri Androukhovytch, qui a été critiqué pour avoir parlé avec le romancier russe Mikhaïl Chichkine à un festival littéraire en Norvège en septembre 2022. Ce Mikhaïl Chichkine, dont la mère est Ukrainienne, vit pourtant en Suisse depuis 1995, publie dans tous les journaux occidentaux anglophones et dénonce Vladimir Poutine depuis le départ !

Le nationalisme ukrainien est une idéologie qui, depuis sa fondation au 19e siècle, vise à l’effacement de la Russie. Cette dernière ne serait qu’un assemblage artificiel produit par la « Moscovie ». Il n’y a donc rien de « russe » à reconnaître. Et même les Russes opposés à « l’opération militaire spéciale » sont donc dénoncés comme des agents du colonialisme. Tel est le fanatisme du nationalisme ukrainien, dont un exemple terrible est la nomination en septembre 2023 d’un nouveau ministre de la défense ukrainien, après un scandale de corruptions.

On parle ici de Roustem Oumierov, né en Ouzbékistan et Tatar de Crimée, où sa famille est revenue en 1991 : les Tatars avaient été déportés en 1944 par l’URSS en raison de leur soutien à l’Allemagne nazie. On comprend par sa nomination que c’est un symbole de la visée ukrainienne sur la Crimée. Cette dernière est russe historiquement et jamais la Russie ne l’abandonnera : le fait de nommer un tel ministre de la Défense montre qu’aucune solution pacifique n’est envisagée ni envisageable par l’Ukraine.

Roustem Oumierov est passé par les États-Unis, notamment avec le « Future Leaders Exchange ». C’est un agent américain. Mais pas seulement : il parle d’ailleurs turc et on comprend le double jeu de la Turquie, qui compte bien faire un partenariat approfondi avec le belligérant victorieux, que ce soit la Russie ou l’Ukraine. Telle est la bataille pour le repartage du monde.

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Rapport entre les classes

L’étonnant « maoïsme » fictif des années 2010

Quand le capitalisme s’écroule, il produit des choses étranges, notamment des ultra-révolutionnaires venant torpiller la révolution de l’intérieur. L’exemple suivant est anecdotique, mais finalement presque amusant. C’est même tellement pittoresque qu’on se croirait dans le scénario d’une série Netflix. Plus précisément, c’est une série Netflix, parce que les gens qui ont participé à ces aventures sont totalement dans cet esprit-là.

Voici le scénario. Nous sommes dans les années 2010. Le lieu : en Allemagne, aux États-Unis, au Canada, ainsi qu’en France, surtout. Les acteurs : des étudiants et des aventuriers fréquentant les milieux d’extrême-gauche. L’histoire est simple : ces acteurs veulent apparaître comme super-révolutionnaires.

Le chef de file des « maoïstes » américains: le style aventurier selon l’esprit lumpen

Mais comment faire pour avoir l’air hyper-révolutionnaire? Étant étudiants ou aventuriers, il n’y avait pas quarante solutions pour de tels gens. Les voici :

  • multiplier les messages et la présence sur les réseaux sociaux ;
  • racoler au maximum en se disant d’accord sur tout mais comme proposant la seule voie vraiment révolutionnaire ;
  • harceler et dire du mal des « concurrents » ;
  • se donner une image ultra-révolutionnaire.

Jusque-là, rien d’extraordinaire. Tout ce qui racole à gauche de la gauche fonctionne ainsi. Cependant, l’émergence des rapports sociaux a provoqué une immense pression et il fallait en rajouter toujours plus…

« Jugendwiderstand » (Jeune résistance) en Allemagne, naturellement disparu du jour au lendemain

Aussi, cet assemblage de petits-bourgeois et de lumpen ont repéré le maoïsme. C’est une idéologie très compliquée, avec beaucoup de concepts. C’est logique : c’est le produit de la Gauche historique. Il faut connaître le marxisme… puis le léninisme… puis le maoïsme. Il faut connaître le mouvement ouvrier des débuts, puis l’URSS, puis la Chine populaire. Cela fait beaucoup et le niveau est élevé. C’est l’exigence du matérialisme dialectique.

Et donc, comme c’est compliqué, et dans le creux des années 2010, en pleine généralisation de la consommation… il y avait moyen de s’approprier le « maoïsme ». Personne n’y comprend rien, tout le monde s’en moque, les étudiants arrangent tout comme ça les arrange… Et voilà un « maoïsme », sans contenu, bien entendu, mais avec un « style ». Cela permet de faire du bruit, puisque le principe c’est de se revendiquer de la « guerre populaire »… sans faire, bien entendu.

Les « Red Guards » américains, manifestant avec des armes, ce qui est légal, mais évidemment sans munitions

Maintenant, imaginez le problème. Un groupe de gens se revendiquant d’une idéologie « ultra-révolutionnaire » et devant apparaître comme tel… Cela donne une folie furieuse interne. On parle ici de véritables sectes. Étant donné qu’il n’y avait pas d’idéologie en effet, donc pas de principes, tout marche avec un « boss ». Pour donner l’illusion d’avoir une activité interne, on parle de réunions permanentes, avec des « critiques » et des « autocritiques » incessantes.

Il faut sans cesse faire semblant d’être une actualité, il faut sans cesse participer aux manifestations, en faisant semblant de leur donner de l’importance. Il faut également écrire des slogans sur les murs, faire des compte-rendus sur les réseaux sociaux pour la moindre affiche collée, etc. C’est l’auto-intoxication permanente.

Le Parti Communiste Maoïste de France a disparu peu après l’émergence de la pandémie, sans crier gare

Dans un tel contexte, ce qui se produit, c’est bien entendu d’un côté un écrasement des psychologies, de l’autre des révoltes hystériques produisant des scissions en série. Ces scissions n’ont évidemment jamais de réelle base idéologique ou politique. On est ici dans la rancœur, la recherche de prétexte, mais aussi les drames. Le prétexte tient souvent (notamment en France) à des histoires de viols, c’est dire à quel point c’est glauque.

La plupart du temps, la scission part donc d’une révolte de gens horrifiés par les comportements hiérarchiques abusifs et ne comprenant pas pourquoi ils ont finalement lieu. Le même phénomène se reproduit ensuite de nouveau de scission en scission.

Aux États-Unis, les anciens membres des « gardes rouges » ont ainsi publié une quantité importante de documents pour se présenter comme des « rescapés » d’un « culte ». Ils se présentent comme des victimes particulièrement traumatisés dans leur vie personnelle. Il n’y a aucune interprétation politique, seulement une dénonciation de « manipulateurs » pervers.

Le Parti Communiste Révolutionnaire du Canada(wikipedia)

Ce phénomène a vraiment été propre aux années 2010. L’émergence de la pandémie y a mis un terme, même il en existe des restes, sur une base très précaire et avec beaucoup moins de prétentions. Ce qui compte surtout, c’est l’énorme gâchis d’énergie et la démolition de bonnes volontés.

Le Parti Communiste Révolutionnaire du Canada a réussi à s’implanter dans tout le pays. Il a amené plein de gens à devenir activiste, dans un pays sans tradition historique révolutionnaire réelle. Comme c’était malheureusement en racolant, la dérive en mode « LGBT » universitaire a été massive. Les « anciens » se sont révoltés et ont été éjectés, tout s’effondrant dans la foulée en plusieurs scissions encore. De tout cela, il ne reste finalement… rien. A part des articles pittoresques de médias comme Vice (ici sur les « maoïstes » fictifs français) et éventuellement une carrière ou des contacts pour un tel ou un autre.

Ouvrage de 2016 de l’universitaire canadien Joshua Moufawad-Paul avec une image péruvienne sur la couverture, alors qu’il rejette totalement le Parti Communiste du Pérou

Cet exemple lamentable est anecdotique. Quel intérêt de savoir que quelques dizaines ou centaines de personnes ont perdu leur temps à se croire ce qu’ils ne sont pas, pour débarrasser le plancher une fois leur aventure passée. Cependant, il faut voir également que cela reflète une tendance du capitalisme à tout s’approprier pour le transformer dans un sens capitaliste. Ce n’est pas pour rien que ce « maoïsme » fictif a repris à son compte les délires LGBT en les poussant au maximum. Pour les « maoïstes » français fictifs, les « trans » étaient pratiquement le nouveau sujet révolutionnaire.

Pour préserver les valeurs de la Gauche historique, il faut avoir en tête que le capitalisme utilise également des « ultras » pour déborder en apparence par la Gauche, pour précipiter dans l’implosion en général. Ce que Mao Zedong avait justement remarqué durant la révolution culturelle chinoise avec Lin Piao et son culte du « petit livre rouge », ou encore le mouvement ouvrier durant la guerre d’Espagne avec le POUM « ultra-révolutionnaire » visant à torpiller le Front populaire antifasciste au nom de la « révolution ».

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Refus de l’hégémonie

Les Etats-Unis remplacent la France au Gabon

La France a été une grande puissance coloniale en Afrique et elle a réussi à maintenir sa domination à différents degrés malgré les « indépendances ». C’est ce qu’on a surnommé la « Françafrique ». Le Gabon était considéré comme l’ex-colonie la plus sous le contrôle français, et en août 2023 un coup d’État surprise a changé la donne. Cependant, ce n’est pas au profit du bloc sino-russe : c’est en fait la superpuissance américaine qui a pris le contrôle du pays.

Le Gabon sur le continent africain

C’est une expression de l’effacement continu de la puissance capitaliste française. Alignée sur la superpuissance américaine, elle est aspirée par celle-ci, satellisée. La France ne peut faire que ce que la superpuissance américaine attend d’elle, comme faire un partenariat avec l’Ukraine pour une union politico-militaire au service des intérêts américains en Europe. Si elle est considérée comme pas assez fiable ailleurs, elle est dégagée.

Car le coup d’État au Gabon rentre dans le contexte de la bataille pour le repartage du monde dans la région. Depuis l’irruption de la crise du capitalisme en 2020, l’Afrique du Centre et de l’Ouest a connu une série de coups d’État au Niger, au Burkina Faso, au Soudan, en Guinée, au Mali et au Gabon. Si on excepte le Soudan, on parle de pays francophones et de passage dans l’orbite sino-russe.

Le coup d’État au Gabon est le fruit d’une logique américaine qui dit : la France perd toutes ses billes en Afrique et il faut la remplacer, exactement comme ce fut le cas pour le Vietnam, où la superpuissance américaine avait remplacé la France.

Il faut dire que la présence française au Gabon relevait d’un néo-colonialisme vraiment à l’ancienne. Omar Bongo, le premier président du Gabon « indépendant », est resté à la tête de pays de 1967 à sa mort en 2009. Il a été de toutes les magouilles militaires et économiques avec la France, ainsi que politiques puisqu’il a arrosé des partis politiques. Il a eu 33 femmes et une cinquantaine d’enfants, plaçant toute sa famille à tous les échelons de l’État, etc.

C’est d’ailleurs son fils Ali Bongo Ondimba qui a prit le relais et le coup d’État a suivi de quelques minutes la réélection de celui-ci pour un troisième mandat, avec pratiquement 65% des voix. C’était tellement invraisemblable, tellement bricolé, qu’à part pour les Français arrogants traditionnellement, il était évident que l’instabilité prévaudrait.

C’est pourquoi ce sont les propres services de sécurité de la présidence qui ont mené le coup d’État. C’est une fausse révolution de palais : pour que rien ne change, tout doit changer.

Voilà pourquoi les réactions sont très différentes de lors des coups d’État favorables à la Chine et à la Russie. Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine a annoncé la suspension avec effet immédiat du Gabon. Mais il n’y a pas la menace d’une intervention militaire.

La France ne compte pas évacuer ses ressortissants ou couper les fonds des « aides ». Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a pratiquement excusé le coup d’État.

« Au Niger, le président était un président démocratiquement élu (…). Au Gabon, quelques heures avant le coup d’État militaire, il y a eu un coup d’État institutionnel car les élections ont été volées (…). Je ne peux pas dire que le Gabon était une vraie démocratie avec une famille qui dirigeait le pays depuis 50 ans. »

Selon lui, le vrai coup d’État « institutionnel » serait même d’avoir truqué les élections ! Autrement dit, rien n’a changé au Gabon à part la puissance tutélaire.

Et tout cela est allé très vite. En juin 2023, Ali Bongo Ondimba etait encore l’invité d’honneur de la rencontre à Paris sur le financement durable, celui-ci étant considéré comme proche par Emmanuel Macron.

Toutefois, il y a eu des signes avant coureurs, surtout l’adhésion du Gabon en 2022 au… Commonwealth ! C’est-à-dire l’union historique de l’empire britannique, et en fait surtout de nos jours une union à caractère anglophone, donc liée de fait à la puissance américaine.

La puissance française a tout simplement été mise de côté. C’est une expression double : à la fois de sa propre décadence et de l’alignement forcé sur les deux superpuissances, américaine et chinoise. On va à la troisième guerre mondiale de repartage du monde et elle a en fait même déjà commencé en Ukraine.

Telle est la réalité historique !

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Culture & esthétique

Playlist « Parce que Paris Texas »

Le hip-hop est terminé comme musique. Soit il est devenu une nouvelle musique de variété avec des éléments hyper basiques, soit il est passé dans un mélange très complexe ouvert à toute une série d’autres genres musicaux. La playlist qu’on trouve ici présente cette seconde perspective, en mettant l’accent sur la dimension agressive, nihiliste, révoltée, froide de ce nouveau hip-hop.

Un hip-hop extrêmement travaillé, avec un grand arrière-plan culturel, à rebours du cliché du « rap ». Et comme c’est porté par des personnalités en rupture, il y a une tendance puissante au tourmenté et au grotesque, à l’utopie et au nihilisme. Impossible de rester indemne devant cette déferlante totalement 21e siècle où le hip-hop disparaît en se conjuguant au punk.

Il est commencé ici avec la meilleure chanson de l’album Utopia de Travis Scott, avec une partie notamment incroyable de SZA. Cette vague de froid est rejointe par FML de Kanye West. Initialement, la chanson avait une partie chantée par Travis Scott, mais finalement ce fut la version avec The Weeknd qui fut choisie. La fin de la chanson consiste en un long sample de la chanson « Hit » du groupe post-punk britannique Section 25, datant de 1981 et sur un album coproduit par Ian Curtis du groupe postpunk Joy Division.

Ian Curtis est d’ailleurs la référence incontournable pour des figures majeures de cette tendance historique, comme Vince Staples, Danny Brown, Tyler The Creator, Earl Sweatshirt… Quand on sait que Vince Staples est vegan straight edge et a connu Joy Division grâce aux Mexicains de la rue d’en face… On voit bien qu’on ne peut que gagner et que le capitalisme a déjà perdu. Trop c’est trop, il est dépassé.

Le côté froid de ce hip-hop tourmenté post-hip-hop, si rentre-dedans et dont Travis Scott est un acteur fondamental, se retrouve de manière notable chez Paris Texas, référence à l’incontournable film de Wim Wenders (1984). La chanson Panic!!!, voilà ce qu’est le vrai punk en 2023. Il faut par contre bien l’écouter en entier pour voir la magistrale transition qu’on y trouve, sinon on rate la substance de la démarche et on en reste au premier degré. Une seconde chanson est mise dans la playlist, car inévitablement une part significative des auditeurs basculera dans Paris Texas.

Le début du 21e siècle, pourquoi ? Parce que Paris Texas. Tout va de plus en plus vite, tout se mélange, c’est la grande synthèse et le socialisme, cela va être formidable, de par les associations à l’infini.

En attendant, on est encore dans le capitalisme, et la playlist se conclut par des expressions dont la dimension punk est toujours plus nette, jusqu’au nihilisme. Une vraie playlist pour saisir l’esprit d’une époque.

La voici (en lecture automatique) suivie de la track list.

1. Travis Scott – Telekinesis (Official Audio) ft. SZA, Future (2023)
2. Kanye West – FML (2016)
3. Vince Staples – Big Fish (2017)
4. Danny Brown – Dip (2013)
5. Tyler, The Creator – Hot winds blow (2023)
6. Earl Sweatshirt – Making The Band (Danity Kane) (2023)
7. Paris Texas – Panic !!! (2023)
8. Paris Texas – Bullet man (2023)
9. 070 Shake – Cocoon (2022)
10. redveil & JPEGMAFIA – black enuff (2023)
11. JPEGMAFIA – 1539 N. Calvert (2018)
12. Armand Hammer – Trauma Mic feat. Pink Siifu (2023)
13. ZillaKami x SosMula – HAHA WACO (2023)

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Refus de l’hégémonie

Conférence des ambassadeurs français: 100% pro régime ukrainien

La France est un satellite américain : l’exemple suivant le révèle entièrement. Chaque année, les ambassadeurs français viennent à Paris, afin d’écouter le ministre des Affaires étrangères donner les directives officielles. On parle ici non pas tant des initiatives « secrètes » propres à la « diplomatie » que du discours officiel à adopter dans chaque pays par les ambassadeurs. Ce discours correspond au bruit de fond que la France entend orchestrer.

Les ambassadeurs français fin août 2023

En août 2023, la conférence des ambassadeurs a été placée dans une optique totalement favorable au régime ukrainien. La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a tenu des propos bellicistes sans aucune ambiguïté : la Russie doit s’effondrer, s’effacer. Elle avait d’ailleurs invité son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba. Une conférence de presse commune a même été réalisée.

C’est là tout à fait révélateur, et on comprend tout lorsqu’on voit que Dmytro Kuleba s’est vanté d’avoir rencontre les responsables du Complexe Militaro-Industriel français. L’Ukraine est une colonie américaine et la France cherche à être le meilleur satellite américain en Europe, en se collant à l’Ukraine.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba salue sa rencontre avec le Complexe Militaro-Industriel français pour une nouvelle coopération et coproduction

Catherine Colonna et Dmytro Kuleba s’étaient déjà rencontrés plusieurs fois, notamment à Odessa pour une véritable opération de propagande. La conférence des ambassadeurs français de 2023 se situe dans le prolongement de telles initiatives, ce que Catherine Colonna a souligné dès le départ lors de la conférence de presse :

« Mesdames et Messieurs,

Je suis heureuse d’être devant vous en compagnie de Dmytro Kuleba.

En fait, si nous avons donné ensemble, souvent, des points de presse, à Kiev, à Odessa, et aux Nations unies à New York, c’est la première fois que nous le faisons ici, à Paris.

Merci, Monsieur le Ministre, merci, cher Dmytro, d’être venu jusqu’ici. C’est la deuxième fois que vous le faites depuis le début de la guerre, puisque j’avais pu vous accueillir au mois de mai dernier, lorsque vous aviez accompagné le Président Zelensky à Paris. »

Elle a enchaîné en expliquant que la France soutenait le régime ukrainien à tous les niveaux, y compris militaire. On a ici la preuve absolument claire que la France est en guerre contre la Russie. Une guerre indirecte, ayant une forme historique particulière, mais une guerre tout de même.

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna

D’ailleurs, la Russie est présentée comme tous les pays ennemis lors d’une guerre : l’ennemi est inhumain, massacre les civils, n’a aucune morale, menace la paix, etc. Par conséquent, la guerre à l’ennemi est une « nécessité absolue », comme le formule Catherine Colonna.

« Cela fait plus d’un an et demi que la Russie ne cesse de cibler, de façon quasi quotidienne, les infrastructures civiles et les populations civiles en Ukraine, comme nous l’avons vu encore ces derniers jours.

Je dois répéter ce que dit clairement le droit international : cibler intentionnellement des objectifs civils est constitutif de crimes de guerre. Plus d’un an et demi, également, que le peuple ukrainien résiste, résiste avec bravoure, et mérite notre admiration, résiste pour défendre la liberté, la souveraineté de son pays, injustement agressé.

Et alors que le Président de la République l’a dit hier, je veux redire après lui que, comme je le disais aussi ce matin à nos ambassadrices et à nos ambassadeurs : la France apporte et apportera tout son soutien à l’Ukraine, dans tous les domaines, politique, diplomatique, juridique, économique, et bien sûr militaire, pour aider ce pays à exercer son droit à la légitime défense.

Et ce soutien se poursuivra, il se poursuivra et s’intensifiera aussi longtemps qu’il le faudra, pour mettre en échec l’agression russe. C’est une nécessité absolue, nous le savons. Une nécessité absolue pour défendre l’Ukraine, mais au-delà, pour défendre aussi notre sécurité collective et l’avenir du système international fondé sur le droit et non sur la force.

Catherine Colonna mentionne les propos du président de la République Emmanuel Macron, qui allaient dans le même sens la veille, tout en expliquant de son côté, de manière voilée, pourquoi la guerre contre la Russie a pris cette forme « indirecte ». C’est qu’elle dispose de l’arme nucléaire ! Le 28 août 2023, il formulait la chose ainsi aux ambassadeurs.

« Je considère que le contexte international se complique et fait courir le risque d’un affaiblissement de l’Occident et plus particulièrement de notre Europe. Il nous faut être lucide, sans être excessivement pessimiste dans ce contexte (…).

 A l’issue de ces deux lois de programmation, nous aurons doublé le budget de nos armées, ce qui est inédit dans la période contemporaine. (…).

Notre sécurité collective et celle de la France, de ses alliés, de ses partenaires européens est, évidemment, avant toute chose, remise en cause par l’agression Russe en Ukraine.

J’ai eu l’occasion de m’exprimer à plusieurs reprises sur ce sujet devant vous l’année dernière et je l’ai fait encore ces derniers mois, en particulier à Vilnius. Il ne faut pas perdre de vue la singularité de ce conflit. Elle repose d’abord sur le fait qu’en Europe, la guerre revient. 

La deuxième chose, c’est qu’elle vient de manière très claire, fouler aux pieds et violer la souveraineté populaire et l’intégrité territoriale d’un État européen. Et à cet égard, violer le droit international.

Qu’elle s’est aggravée avec des crimes de guerres multiples, d’attaques de populations civiles et des scènes que nous avons pu voir et sur lesquelles d’ailleurs nous travaillons par une coopération de nos magistrats, de nos policiers, de nos gendarmes exemplaires.

Ensuite, parce qu’elle implique un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, qui plus est, puissance dotée. Ce qui change les termes de l’efficacité d’une réponse diplomatique et de la nature, évidemment, de l’engagement politico-militaire. »

On remarquera l’insistance sur la dimension juridique. C’est pour couper les ponts, empêcher tout retour en arrière. Du moment que la Russie est présentée comme criminelle et devant être jugée afin d’être condamnée, par définition il ne peut y avoir aucune négociation et la guerre doit aller jusqu’au bout.

Tout l’appareil idéologique français des « droits de l’Homme » oeuvre en ce sens pour le futur « procès » de la Russie, qui devra aboutir à son démantèlement déjà prévu et à l’effacement de sa culture « criminelle » avec Tolstoï et Dostoïevski. Dans son discours aux ambassadeurs, Catherine Colonna a bien insisté sur ce point.

« Notre soutien est enfin juridique avec le travail mené autour d’un tribunal internationalisé pour juger des crimes commis par la Russie en Ukraine, et l’appui que nous apportons à la Cour pénale internationale et aux enquêteurs ukrainiens.

Avec la conviction que la justice est l’une des conditions de la paix : j’ai ainsi eu l’honneur de présider la première session ministérielle du Conseil de sécurité consacrée à l’Ukraine, et spécifiquement à la lutte contre l’impunité, en septembre dernier (…).

Voici 18 mois maintenant que la Russie a déclenché une guerre sans merci contre l’Ukraine. Voici 18 mois de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, dont la Cour Pénale Internationale s’est saisie et qui valent à Vladimir POUTINE d’être l’objet d’un mandat d’arrêt dans l’un des dossiers les plus abjects parmi ceux dont il s’est fait la spécialité : l’enlèvement d’enfants ukrainiens, déplacés de force en Russie.

Voici 18 mois que la Russie détruit tous les cadres juridiques et moraux qui gouvernent l’ordre international et fondent la paix et la stabilité dans le monde. La constance du crime n’en réduit pas la gravité. »

La France n’est nullement une puissance « indépendante », cherchant à « équilibrer » les forces mondiales, et même s’imaginer qu’elle le devrait est une farce réactionnaire. La France est, de par sa nature même, un satellite américain, un aspect de l’Occident sombrant dans une décadence complète, exprimant l’effondrement du capitalisme à l’échelle historique.

La France s’aligne sur la superpuissance américaine et cherche uniquement à avoir une meilleure part de gâteau… de ce que laissera la superpuissance américaine à ses satellites. Mais le maintien de l’hégémonie américaine est impossible. Le 20e siècle est terminé, et avec lui l’époque de l’hégémonie occidentale. Ce sont les masses mondiales qui font irruption au niveau planétaire et vont faire vivre le 21e siècle !

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Refus de l’hégémonie

Premier élargissement des BRICS

Le groupe Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (Brics) s’est élargi à l’occasion de son 15e sommet en Afrique du Sud, à Johannesburg, du 22 au 24 août 2023. Un tel événement, une année et demie après le début du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine, reflète la vague de fond qui est l’affirmation historique du tiers-monde contre l’hégémonie de la superpuissance américaine. Non seulement il n’y a pas d’alignement sur cette dernière, mais il y a même un soutien appuyé à son concurrent, la superpuissance chinoise.

La raison de cela, c’est que l’incroyable croissance du capitalisme dans la période 1989-2020, désormais brisée par la crise, a produit un développement massif de trop de pays pour que l’équilibre des forces ne soit pas remis en cause. L’affrontement sino-américain ne concerne pas que les États-Unis et la Chine. Tous les pays du monde participent, à leur échelle, à la grande bataille pour le repartage du monde.

Les BRICS forment le camp des outsiders les plus affirmés. Et les pays membres vont être rejoints en 2024 par l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Argentine, l’Iran et l’Éthiopie.

L’exemple de l’Arabie Saoudite est très parlant. Son État a été construit littéralement artificiellement par les États-Unis en raison du pétrole. C’est tellement un satellite néo-colonial que lorsque Ben Laden avec Al-Qaïda tente une révolte justement néo-coloniale contre les États-Unis, cela n’a aucun impact véritable. Et vingt ans après les attentats du 11 septembre 2001, l’Arabie Saoudite s’émancipe de la tutelle américaine pour partir à l’aventure.

Autrement dit, des pays à moitié féodaux, largement soumis économiquement aux pays « riches », deviennent tout de même assez riches pour chercher à tirer leur épingle du jeu. En Argentine, le peuple est dans la misère, mais le pays a atteint une masse suffisamment grande pour tenter de rentrer dans le grand jeu.

Tel est l’appel d’air fourni par en priorité la Chine, mais également la Russie (à travers sa taille et ses ressources), à quoi s’ajoutent l’Inde qui est concurrente de la Chine mais a besoin d’espace face aux États-Unis, le Brésil qui se verrait bien dominer l’Amérique du Sud, l’Afrique du Sud qui aimerait bien devenir la puissance dominante dans la partie Sud de l’Afrique.

Les dirigeants des pays des BRICS dans sa version 2023

Toute une série de pays est d’ailleurs à la porte des BRICS. On parle ici des pays suivants en première ligne, même si la liste n’est pas précisément fixe : Afghanistan, Algérie, Angola, Bahreïn, Bangladesh, Biélorussie, Gabon, Indonésie, Kazakhstan, Mexique, Nicaragua, Nigeria, Pakistan, République démocratique du Congo, Sénégal, Soudan, Syrie, Thaïlande, Tunisie, Turquie, Uruguay, Venezuela, Zimbabwe. Les prochains adhérents seront certainement l’Algérie et le Nigeria, l’Indonésie et la Thaïlande.

Il va de soi que l’intégration des prochains pays est déjà programmé. Le fait d’avoir intégré un pays latino-américain, deux pays africains, trois pays moyen-orientaux, est un signal fort. Il s’agissait de souligner un peu l’interventionnisme sur le continent américain (chasse gardée des États-Unis selon la doctrine Monroe en 1823), beaucoup la perspective africaine, à la folie la mise à la disposition des ressources en pétrole et en gaz.

Ce qui est dit, c’est : « nous avons la masse en termes d’habitants, nous avons le grand poids lourd économique chinois et le grand poids lourds en ressources russe, le moyen-orient se moque de qui dominera du moment qu’il est de la partie, vous avez tout à gagner à nous suivre. »

Le conflit armé en Ukraine a fourni la première étape de la grande remise en cause, la question de Taïwan en fournira la seconde. C’est la fin de l’occident qui se joue.

Le président français Emmanuel Macron a tenté de rendre visite au sommet des BRICS : il s’est fait recaler. La France est désormais clairement considérée comme un simple satellite américain. Elle est en première ligne pour l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne et dans l’Otan. Ce qui est tenté, c’est un partenariat France-Ukraine pour remplacer l’Allemagne comme force principale en Europe. Pour cette raison d’ailleurs, la droite allemande rage totalement du soutien « trop faible » du gouvernement socialiste allemand au régime ukrainien. L’extrême-Droite exige par contre une alliance avec la Russie.

Le président russe Vladimir Poutine n’a pas pu venir au sommet des BRICS non plus, en raison des poursuites pénales promues par l’occident, par l’intermédiaire de la Cour pénale internationale. C’est le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui l’a remplacé, afin d’éviter à l’Afrique du Sud de se retrouver dans un imbroglio juridique international.

Les pays membres ou futurs membres des BRICS ne veulent que prendre la place des pays riches. Cependant, ils affaiblissent historiquement l’ordre mondial, ils contribuent à la remise en cause de l’occident. Et ils portent une pierre bien trop lourde pour eux. La remise en cause totale de l’hégémonie américaine n’impliquera pas l’affirmation de la Chine (ou bien de manière très temporaire), mais bien du Socialisme, car c’est l’ensemble du système capitaliste mondial qui sera totalement ébranlé.

C’est la fin de l’occident et cette fin implique la fin du capitalisme. Et si l’occident croit dans sa quasi intégralité que tout restera tel quel, c’est en raison de l’aveuglement propre à une force en décadence. Le monde a totalement changé depuis 2020, il continue de changer et il ne s’arrêtera plus de changer jusqu’à l’effondrement général du capitalisme !

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Refus de l’hégémonie

La Chine annonce la bataille de 2024 pour Taiwan

La fin du mois d’août 2023 a été marquée par l’annonce de la Chine de ne pas permettre à la superpuissance américaine d’utiliser Taiwan comme futur « porte-avions » naturel contre elle. Et le moyen pour cela, c’est l’intervention militaire.

La superpuissance chinoise dit concrètement qu’elle ne laissera pas Taiwan être utilisée comme l’Ukraine pour la Russie, ou du moins qu’elle ne va pas attendre que ce soit encore plus le cas. Il faudra que la superpuissance américaine cède, ou ce sera la guerre.

D’un côté, sur le plan de la marine militaire, la Chine est bien moins puissante que les États-Unis. Mais l’Ukraine accapare beaucoup les initiatives occidentales. Un conflit sino-américain ouvert provoquerait une telle onde de choc que la superpuissance américaine pourrait largement vaciller.

Taiwan

La déclaration chinoise, faite à la chinoise diplomatiquement, c’est-à-dire de manière non explicite, s’est déroulée en deux temps.

Il y a eu d’abord un communiqué de l’agence de presse nationale chinoise pour expliquer que la Chine n’est pas dupe quant à la visite « indirecte » de Lai Ching-te aux États-Unis. On parle ici du vice-président de l’État de Taiwan, qui est en tête des sondages pour les élections présidentielles de janvier 2024. Il se présente comme un « indépendantiste pragmatique ».

BEIJING, 19 août (Xinhua) — Un responsable du Bureau de travail du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) pour les affaires de Taiwan a fermement condamné samedi la nouvelle décision provocatrice du Parti démocrate progressiste (PDP) de Taiwan de poursuivre sa collusion avec les États-Unis.

Le responsable s’est ainsi exprimé en réponse à l' »escale » de Lai Ching-te aux États-Unis, décrivant cet acte comme les efforts éhontés de Lai Ching-te pour s’accrocher au soutien américain afin de rechercher « l’indépendance de Taiwan ».

Lai Ching-te s’est récemment rendu aux États-Unis au nom d’une « escale » sur sa route pour assister à l’investiture du nouveau président du Paraguay. Il a également tenu des propos préconisant « l’indépendance de Taiwan » dans une interview avec Bloomberg et a rencontré de hauts responsables américains lors d’occasions publiques au Paraguay, a indiqué le responsable.

Les autorités du PDP ont obstinément adhéré à la position séparatiste de « l’indépendance de Taiwan », continué de faire des provocations en s’appuyant sur les États-Unis pour rechercher « l’indépendance de Taiwan », ainsi que volontairement agi comme un pion des forces anti-Chine aux États-Unis et en Occident pour contenir la Chine, a souligné le responsable, ajoutant qu’elles avaient « trahi les intérêts de la nation chinoise ».

Lai Ching-te s’est entêté à défendre la position de « l’indépendance de Taiwan », a fait remarquer le responsable, ajoutant que la dernière « escale » de Lai Ching-te aux États-Unis était un déguisement qu’il a utilisé pour vendre les intérêts de Taiwan afin de chercher à obtenir des gains dans les élections locales par des actes malhonnêtes.

Les actes de Lai Ching-te ont prouvé qu’il s’agissait d’un véritable fauteur de troubles qui pousserait Taiwan au bord de la guerre et apporterait de sérieux problèmes aux compatriotes de Taiwan, a souligné le responsable.

« Nous sommes disposés à créer un large espace de manœuvre pour une réunification pacifique, mais nous ne laisserons aucune place aux activités séparatistes recherchant « l’indépendance de Taiwan » sous quelque forme que ce soit », a indiqué le responsable.

Selon lui, des mesures résolues seront adoptées pour lutter contre les forces séparatistes recherchant « l’indépendance de Taiwan », afin de sauvegarder fermement la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale.

« Nous adressons un message clair à la partie américaine : elle doit adhérer fidèlement au principe d’une seule Chine et aux trois communiqués conjoints sino-américains, et traiter les questions liées à Taiwan avec prudence », a poursuivi le responsable.

Personne ne doit sous-estimer la ferme détermination, la forte volonté, ainsi que la grande capacité du gouvernement et du peuple chinois à défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la nation », a déclaré la porte-parole. 

En plus de ce communiqué, il y en a un autre, qui présente des exercices militaires. Ceux-ci sont bien entendu liés à la visite américaine de Lai Ching-te. Et il est souligné que leur nature tient… au contrôle maritime et aérien dans deux zones autour de Taiwan, afin d’améliorer des opérations de « confrontations systématiques ». Là encore, en langage chinois « indirect », il faut traduire et c’est la guerre que cela veut dire.

NANJING, 19 août (Xinhua) — Le commandement du Théâtre d’opérations de l’est de l’Armée populaire de Libération (APL) a effectué des exercices militaires dans les eaux et l’espace aérien au nord et au sud-ouest de l’île de Taiwan.

Les exercices ont été menés pour prendre conjointement le contrôle de l’espace maritime et aérien, la recherche de sous-marins et les opérations anti-sous-marines, afin de tester la capacité des forces du commandement à mener des opérations coordonnées et des confrontations systématiques, a indiqué Shi Yi, porte-parole du commandement.

Nous y voilà donc. Et la mécanique est impitoyable. Ainsi, le 18 août 2023, les États-Unis signaient un communiqué commun avec le Japon et la République de Corée (la « Corée du Sud »). Il y est parlé de « partenariat stratégique » et du fait que les États-Unis sont impliqués dans la « protection » du Japon et de la Corée du Sud.

La Chine est dénoncée comme militariste et comme cherchant à bouleverser l’ordre établi dans la zone indo-pacifique. On retrouve à l’arrière-plan les différentes revendications des uns et des autres. En ce sens, d’ailleurs, les Philippines ont convoqué l’ambassadeur chinois le 7 août 2023 après des tirs au canon à eau de la part de garde-côtes chinois sur des navires philippins. Le chef des armées des Philippines, Romeo Brawner, a prévenu qu’une telle action contre des navires de son armée pourrait être considérée comme un acte de guerre.

C’est que les navires en question ravitaillaient une base militaire philippine consistant… en quelques soldats sur un chaland de débarquement datant de la deuxième guerre mondiale et échoué délibérément sur un atoll en 1999, pour en revendiquer l’appartenance aux Philippines. Le porte-parole du Conseil national de sécurité, Jonathan Malaya, a dans la foulée affirmé que « Nous n’abandonnerons jamais l’atoll d’Ayungin ».

A ce petit jeu, tout le monde participe : Vietnam, Malaisie, Australie… La France, également, avec la Nouvelle-Calédonie. C’est une véritable poudrière. Et elle va exploser, bientôt !

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Refus de l’hégémonie

La nature militaire de l’échec de l’offensive de printemps ukrainienne

L’occident avait médiatisé de manière massive l’offensive ukrainienne du Printemps 2023. Celle-ci s’est en fait réellement matérialisée au début de l’été, et elle a échoué. C’est donc la panique au sein des médias, notamment de tous ce gens faussement de gauche se plaçant dans le camp de la « démocratie » contre « l’ogre russe ».

L’Otan, ce ne serait pas bien, mais la menace principale, ce serait les vilains Russes et les affreux Chinois… Donc autant « sauver » les gentils Ukrainiens… au moyen de l’Otan. Voilà comment, à partir d’un point de vue partant de la Gauche, on arrive au militarisme. Le Canard enchaîné se lamente ainsi :

« Depuis deux mois, la contre-offensive menée par les Ukrainiens est une source de déception pour les états-majors occidentaux.

Ces stratèges s’étaient un peu vite persuadés que les soldats de Poutine ne pesaient pas bien lourd et que les armements déjà bien fournis par les Américains – l’équivalent de 43 milliards de dollars – allaient en faire de la pâtée.

Erreur : les envahisseurs résistent.

Un argument que Zelensky et ses généraux peuvent présenter en défense, et ils le font avec une relative discrétion, pour ne fâcher personne : « On ne nous a pas livré les 300 chars lourds et les dizaines d’avions de combat F-16 que nous avons réclamés dès janvier 2023. »

Il pourraient même ajouter que les autres matériels promis tout au long des dix-sept mois de cette guerre – batteries anti-aériennes, lance-missiles multiples, missiles de croisière, bombes à fragmentation, transports de troupes blindés, radars, drones, obus, munitions diverses, etc. – ont toujours été fournis à de petites doses, et avec beaucoup de retard. »

Tout l’article du Canard enchaîné va ainsi (« Les dangereux retards de l’aide fournie à Kiev », 16 août 2023). Et il est signé Claude Angeli, une figure majeure de cet hebdomadaire. Cet exclu du PCF dans sa jeunesse, en 1964, l’a rejoint en 1971 (c’est lui qui publie l’article sur les diamants de Bokassa touchant le président d’alors, Giscard). Il en est le rédacteur en chef de 1991 à 2012, pour ensuite s’occuper seulement de la politique étrangère.

Sa position est révélatrice de la situation actuelle, où parmi les pires militaristes se trouvent ceux qui veulent une France « sociale » et entendent la préserver à tout prix. C’est logique dans un pays où plus de 80% du chiffre d’affaires des entreprises du CAC 40 est réalisé à l’étranger. Le parasitisme à l’échelle mondiale produit un social-impérialisme agressif.

Sauf que le problème, donc, est que le régime ukrainien ne parvient pas à provoquer la destruction prévue de la Russie et sa partition en plusieurs pays.

Le directeur du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov dans ses bureaux avec la carte de la Russie découpée en plusieurs États

La raison de l’échec du régime ukrainien tient à l’excellence russe au niveau défensif. Il faut remonter ici loin dans l’Histoire, ce qui a perdu la quasi totalité des observateurs. Il faut en effet connaître le parcours de la Russie depuis Napoléon, avec notamment le violent contraste entre l’URSS des années 1920-1940 et celle des années 1960-1980. Cela fait beaucoup!

La Russie a en effet été longtemps une partie de l’URSS et dans l’esprit communiste de la première partie du 20e siècle, la logique militaire est celle de la « défense active ». Autrement dit, on part du principe que l’ennemi est le seul agressif et qu’il est supérieur sur le plan militaire ; il faut donc contourner ces faiblesses en le manœuvrant sur un terrain prédéterminé.

Le « modèle », c’est la guerre générale du peuple russe contre l’armée de Napoléon au début du 19e siècle, combinant armée traditionnelle évitant les combats et harcèlement par la guerre des partisans. La dynamique de cette guerre est admirablement décrite dans le grand classique de Tolstoï, Guerre et paix. Les communistes soviétiques ont repris le concept de par sa dimension populaire.

Mais c’est en Chine que cette stratégie a été développée à une échelle la plus grande, conduisant à la victoire des communistes chinois en 1949 avec à leur tête Mao Zedong. Ce dernier a longuement théorisé les principes de cette « guerre populaire ». On trouve dans les « dix principes d’opération » les éléments fondamentaux de cette défense active.

Chou Enlai et Mao Zedong dans la base de Yenan en 1935

L’URSS a abandonné le principe de défense active à partir des années 1950, la bureaucratie capitaliste transformant à partir de là tout le pays et donc également les objectifs. L’URSS visait à devenir la puissance hégémonique mondiale. La stratégie militaire agressive a ainsi formé une superstructure théorique sur le principe de « défense active ».

Il s’agissait cette fois d’attaquer, suivant le principe traditionnel bourgeois du « blitzkrieg », l’attaque-éclair. L’Otan avait une peur bleue de cette stratégie et pour cette raison il était prévu d’utiliser immédiatement des bombes atomiques tactiques (en Allemagne et en Autriche) pour briser une éventuelle avancée des forces du Pacte de Varsovie.

Cependant, dans cette stratégie offensive, il y a des restes de « défense active », en raison de la supériorité considérée comme acquise de l’aviation occidentale. Pour cette raison, la « défense active » dans sa version impérialiste soviétique s’appuyait notamment sur les lignes de défense et les mines, afin de forcer l’opposant à agir sur un terrain prédéfini (et hors aviation).

Il faut savoir en effet que la stratégie militaire de l’Otan repose entièrement sur l’aviation : celle-ci écrase tout et après on envoie les troupes. La guerre contre l’Irak dans les années 1990 est un exemple fameux. Les lignes de défense avec une très forte artillerie et les mines sont une tentative soviétique de contrer ce principe.

C’est même tellement un arrière-plan qu’en fait, les soviétiques ne savaient pas faire autrement (et de fait ni les Russes ni les Ukrainiens aujourd’hui non plus). Voici par exemple ce qui a posé problème à l’URSS lors de sa conquête de l’Afghanistan en 1979. La carte suivante montre ce qui n’allait pas : l’invasion est passée par les grandes routes, mais le territoire contrôlé n’a jamais réellement dépassé l’environnement de ces grandes routes.

Pourquoi ? Parce que malgré des bombardements aériens terribles, les rebelles afghans n’ont jamais pu être détruits par l’artillerie soviétique puisqu’ils n’entraient pas dans le jeu de la défense active. Résultat, ce fut la défaite soviétique.

De manière incroyable, en 2023, les Ukrainiens sont par contre rentrés dans ce jeu. C’est sidérant, même. Le piège était énorme, mais le nationalisme ukrainien a tellement aveuglé les stratèges qu’ils ont tenté de passer en force.

Ils ont été aidé en cela il est vrai par l’Otan, qui a formé pendant des semaines des milliers de soldats ukrainiens pour « percer » la défense active. Tout le matériel distribué, avec les blindés, allait en ce sens (ce sont les Leopard, les Stryker, les Challenger 2, etc.). Or, c’était une opération suicide, au point que l’armée ukrainienne elle-même a arrêté d’utiliser les principes de l’Otan dans ses opérations.

Voyons pourquoi. Les lignes de défense russes sont composées de trois lignes. Le schéma suivant présente leur configuration générale (de manière grossière et néanmoins expressive).

Le terrain des lignes se rétrécit, afin de laisser le temps aux troupes de rejoindre la ligne précédente en cas de défaite

L’armée russe a eu des semaines pour former ses lignes. Donc cela donne la chose suivante.

Vous avancez, comme sapeurs, à pied. Vous vous prenez de l’artillerie sur la tête. Une artillerie vous appuie, sans la même envergure pourtant (les Russes ont beaucoup plus de munitions). Vous cherchez à dégager les obstacles et à combler le fossé anti-char. Ensuite vous tentez de déminer. Sauf que là vous êtes tellement près de la première ligne russe que des drones suicides se précipitent sur vous. Vos drones sont bien moins efficaces également, en raison des systèmes utilisés pour les déboussoler (l’armée russe est très forte désormais en ce domaine).

Et en cas d’échec, la première ligne russe a le temps de remettre de nouvelles mines, d’adapter celles-ci (pour les blindés par exemple). Et tout est à recommencer.

C’est un cauchemar. Et il faut avoir conscience qu’on parle ici de millions de mines, sans doute autour de 8 millions ! Pour cette raison, à la mi-août 2023, l’armée ukrainienne… n’a même pas atteint la première ligne de défense, à part en un ou deux points grosso modo des 800 km de la ligne générale de front.

C’est un désastre, avec un front gelé sauf en de très rares points, mais un gel coûtant la vie à des centaines de soldats chaque jour.

La stratégie de l’Otan, historiquement mis en place dans les années 1970 face à l’URSS, dit qu’il faut cibler un point de la ligne de défense et foncer. Sauf qu’il faut des forces énormes pour passer sans se faire étriller de tous les côtés. C’est pour cela que des blindés ont été fournis en masse au régime ukrainien. Mais cela ne suffit pas.

L’offensive ukrainienne du printemps, en fait de l’été, est donc un carnage total. Et ce d’autant plus qu’il y en a pour six mois d’artillerie (à un rythme bien moins élevé que l’armée russe), et après il n’y a plus rien.

Pour cette raison, des dissensions s’expriment pour la première fois quasi ouvertement dans le régime ukrainien à la mi-août. Les « politiques » sont très déçus de l’échec de l’offensive et se demandent si elle vaut encore le coup, car il va falloir continuer de tenir. Les « militaires », avec à leur tête Valeri Zaloujny le commandant suprême de l’armée ukrainienne, disent qu’il faut prolonger l’effort coûte que coûte.

Le grand espoir de l’armée ukrainienne est de passer le Dniepr, au moyen d’un millier de soldats formés par les Royal Marines britanniques. Rappelons ici que l’objectif très clair du Royaume-Uni, c’est de faire passer sous sa coupe le port d’Odessa. Pour la Russie, c’est hors de question et le conflit ne s’arrêtera pas de son côté tant que la « Nouvelle Russie » historique au bord de la Mer Noire n’est pas récupérée.

C’est pour cela que dès juin 2022, il avait été dit de notre part que l’Ukraine serait, en tout état de cause, coupé en trois. Cela donnerait en jaune une zone marquée par l’intervention militaire polonaise avec un régime ukrainien nationaliste, en gris comprenant Kiev une zone tampon « protégé » par la France et l’Allemagne, en bleu une zone rejoignant la Fédération de Russie.

Tout cela a lieu alors qu’il y a eu au début d’août 2023 des rumeurs infondées mais révélatrices de possible coup d’État militaire en Ukraine, alors qu’inversement les « politiques » ont procédé à l’éviction de la totalité des responsables de centres de recrutement de l’armée ukrainienne, en raison de la corruption.

Et mi-août, le chef du bureau du secrétaire général de l’Otan, Stian Jenssen, a parlé d’un éventuel accord où l’Ukraine rejoindrait l’Otan en échange de territoires remis à la Russie. Il s’est bien évidemment rétracté. Cependant, tout cela correspond à un état d’esprit fondé sur la compréhension de l’échec de l’offensive ukrainienne de Printemps. La situation semble sans issue.

Ce qui rend fou de rage l’Allemagne qui a changé totalement de ligne et est désormais pro-régime ukrainien de manière totale. Tout ça pour ça ! Aussi prône-t-elle l’escalade. Elle compte fournir des missiles Taurus, d’une portée de 500 km.

Les SCALP/Storm Shadow ont été fournis par la France et le Royaume-Uni

Cela ne ferait que prolonger le conflit de quelques mois, sans en changer la donne. En l’état actuel des choses, les carottes sont cuites pour le régime ukrainien, dont la majorité des finances provient des aides occidentales. Sur le plan des troupes, ce n’est pas un problème, on est loin des statistiques horribles de la guerre de 1914-1918 et cela pourrait durer encore longtemps.

Mais le soutien occidental ne durera pas au-delà de la fin de l’année 2023 en raison de l’ombre de l’intervention chinoise pour récupérer Taïwan en 2024. Et une victoire militaire marquante à court terme semble impossible.

On touche un point névralgique du conflit, un tournant, un noyau dur faisant passer d’une situation à une autre. Cela ne rend que les choses encore plus dangereuses de par le contexte de guerre générale pour le repartage du monde.

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Vie quotidienne

L’échec commercial de la viande « vegan »

C’est un symbole qui ne trompe pas en raison de son envergure. Au milieu de l’année 2023, les ventes de Beyond Meat ont chuté de 30% et l’entreprise assume que le reste de l’année ne se déroulera pas positivement du point de vue capitaliste. Les prévisions sur le long terme elles-mêmes sont remises en cause, le point de vue général étant désormais que la « fausse viande » végétalienne s’avère un échec commercial. L’action de Beyond Meat à la bourse américaine a perdu 64.79% depuis un an, soit 94% de moins que lorsque l’action était au plus haut.

La « fausse viande » vegan a été critiquée dès le départ par les vegans comprenant l’enjeu culturel qui se posait. Et on peut voir que ce qui s’est passé est tout à fait logique. Il y a eu un effet de mode, une petite minorité s’est précipitée en se présentant comme « branchée ». Cela a produit une petite vague et des capitalistes se sont dit : « allons-y ». Comme ce sont des capitalistes, ils ont eu des rêves délirants d’accumulation et l’argent a coulé à flot.

Cela produit naturellement une idéologie. L’association L214 a ainsi reçu 2,5 millions d’euros d’une association américaine philanthrope, dont l’intérêt capitaliste derrière est en fait la « viande cellulaire », une variante de la « viande végétale ».

Cependant, l’industrie de la viande n’a pas été ébranlé, bien au contraire. Des grandes entreprises capitalistes du secteur de la viande ont d’ailleurs elles-même investi dans la « viande vegan », comme celles de l’agro-industrie française, qui représente le pire de l’exploitation des animaux.

On parle ici de Herta, le Gaulois, Fleury Michon ou encore Bordeau Chesnel… Mais des capitalistes d’autres secteurs ont pu s’y mettre aussi (ainsi… LVMH pour l’entreprise suisse Planted).

Mais le fantasme d’une croissance à 15% par an a été rattrapé par la réalité et les poids lourds de la « viande végétale » comme Beyond Meat, Impossible Foods, Lightlife, Field Road… subissent le choc de la crise capitaliste commencée en 2020. Les promesses d’une consommation exponentielle ne peuvent tout simplement pas être tenues.

Car la mode passe, le véganisme (avec ses principes) est liquidé par le libéralisme (par définition sans principes), les gens retournent à l’original plutôt qu’à la copie. La croissance de la consommation de viande de bœuf aux États-Unis le montre, tout autant que le fait que les restaurants branchés à New York sont tout sauf vegan.

C’est une question de culture. Si on mange quelque chose qui a le goût de la viande, comment ne pas valoriser celle-ci ? Ce n’est pas pour rien qu’une fausse viande au goût d’humain est inconcevable. Le rapport avec le cannibalisme serait évident. Pareillement, on ne pourrait pas avoir de fausse viande avec un goût de chien. Il n’y a ainsi aucune raison pour qu’un consommateur mangeant du faux canard… ne passe pas au vrai.

Un autre aspect est la dimension alimentaire, celle de la nutrition. La « viande végétale » relève de l’ultra-transformation.

Voici par exemple la composition des chipolatas Happyvore (ex-les Nouveaux Fermiers) : 

eau, huile de tournesol, protéines de pois, protéines de fèves, stabilisant : méthylcellulose, herbes aromatiques (dont herbes de Provence 0,6%), épices, fibres végétales, extraits d’épices (extraits d’oignons), vinaigre, amidon de pomme de terre, arômes naturels, maltodextrine, colorant : extrait de betterave rouge, antioxydant : extrait de romarin, enveloppe végétale : alginate de calcium comme gélifiant.

Ce n’est pas de la nourriture de qualité, mais un produit ultra-transformé qui ne vaut pas mieux que ce que l’on peut trouver à McDonald’s ou Burger King. Quel est le problème dans ce cas ? Et bien tout simplement que cela n’a rien de naturel.

L’organisme a prévu pendant des millions d’années d’évolution une façon particulière d’assimiler les nutriments, qui sont combinés dans des formes complexes et particulières dans les aliments naturels (bien que déjà transformés par l’agriculture depuis des milliers d’années, mais sous une forme naturelle).

Les aliments ultra-transformés changent la donne, et chamboulent tout. Quand on ajoute de la maltodextrine par exemple dans des chipolatas Happyvore, on ajoute tout simplement des bombes de sucre.

Il s’agit d’une transformation chimique (hydrolyse) à partir de maïs, de riz, d’amidon de pomme de terre ou de blé pour obtenir une poudre blanche et insipide. Cela sert comme agent de texture pas cher pour les industriels.

Une tel matière fait littéralement exploser l’indice glycémique des aliments qu’elle compose. Autrement dit, le taux de sucre explose dans l’organisme, comme avec les sodas ou les burgers industriels.

Les dents sont attaquées, le surpoids arrive (car l’organisme se débarrasse rapidement du surplus de sucre en le transformant en graisse) et bien sûr, maladie de notre époque, cela favorise directement le diabète.

Ce n’est pas mieux pour le méthylcellulose, qui sert dans ce cas de stabilisant. C’est un additif alimentaire (code E461), mais ce n’est pas du tout de la nourriture ! Cela relève du bricolage industriel pour obtenir une texture : le produit est une modification chimique de la cellulose, le principal constituant du bois !

Rien de dangereux en soi d’après les autorités sanitaires, mais rien d’intelligent pour autant. Cela n’est pas digéré par l’organisme et fini directement à la selle, causant éventuellement au passage des ballonnements, des diarrhées, des obstructions intestinales ou autres désagréments intestinaux.

Et rien à voir avec les fibres alimentaires naturelles, qui elles sont utiles, et en tous cas correctement intégrées par l’organisme habitué à une nourriture saine et naturelle.

Ce genre d’horreurs industrielles sont très loin de la gastronomie. Ce n’est pas avec cela que la France deviendra vegan !

L’alimentation du futur sera saine et pleine de saveurs végétales, car une agriculture bien maîtrisée et tournée vers la nature a bien mieux à offrir que ces marchandises typiques du capitalisme moderne.

Les pois, les lentilles, les fèves, sont bien plus intéressants culturellement, sur le plan de la gastronomie et moralement que les fausses viandes « végétales », qui appartiennent déjà au passé, dans leur forme, dans leur goût, dans leur conception même.

Le Socialisme, ce n’est pas peindre en rouge les centrales nucléaires, les parkings, les zoos, le béton. Le Socialisme, ce n’est pas non plus le retour en arrière à un passé idéalisé. Le Socialisme, c’est une civilisation nouvelle qui se fonde sur les meilleures bases possibles à tous les niveaux pour l’humanité, en prenant le meilleur du passé et en dépassant le reste.

C’est ce que montre parfaitement l’échec de la « viande végétale ». On est soit une partie du problème, soit une partie de la solution !

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Culture & esthétique

Les Français vus par Dostoïevski dans « Le joueur »

En 2023, la grande majorité des Russes ne se considèrent plus comme des Européens. Il y a une double raison à cela. Tout d’abord, les oligarques sont de nouveaux riches sans culture et leur principal centre d’attraction, c’est Dubaï. Le capital russe s’y trouve en des quantités astronomiques.

La seconde, c’est le profond sentiment de trahison à l’égard des pays européens. Malgré leur immense culture, leurs immenses apports scientifiques, les Russes se voient donner une image de paysans arriérés et brutaux.

Seuls les Français ont historiquement une toute autre image des Russes, et la trahison d’une France désormais inféodée à l’Otan s’en ressent d’autant plus. Car les Russes adorent les Français (même malgré Napoléon), et l’inverse est vrai : les Français sont impressionnés par la belle âme russe.

D’ailleurs, si le nationalisme ukrainien passe très bien dans les autres pays européens, en France on ne peut pas prendre ça au sérieux. La Russie n’existerait pas, ce serait une Moscovie ? Les Russes seraient des arriérés despotiques « semi-asiatiques », il faudrait interdire Tolstoï et Dostoïevski ? En Angleterre on peut écouter des stupidités pareilles exigées par le régime ukrainien, jamais en France.

Voici un bel exemple culturel de ce rapport franco-russe, avec les extraits concernant les Français dans le roman Le joueur, de Dostoïevski. Ce roman est considéré en France comme un très grand classique. Les Français s’y font cependant descendre en flammes pour être des pédants superficiels toujours avec un masque !

Mais les Français savent que la critique porte, qu’elle cerne un aspect réel de leur style national : le côté formel empêchant parfois (ou souvent) d’être vrai.

– Le marquis de Grillet lève très haut les sourcils quand il me voit, tout en faisant semblant de ne pas me remarquer. Mais savez-vous que j’ai une envie folle de le tirer un jour par le nez ?

— Quelle gaminerie ! Il n’y a pas de situation où l’on ne puisse se tenir avec dignité. La douleur doit nous relever au lieu de nous avilir.

— Le beau cliché ! Mais êtes-vous bien sûre que je puisse me tenir avec dignité ? Je suis peut-être un homme digne ; mais me tenir avec dignité, c’est autre chose.

Tous les Russes sont ainsi, parce qu’ils sont trop richement et trop universellement doués pour trouver aussitôt l’attitude exigée par les circonstances. C’est une question de place publique. Il nous faut du génie pour concentrer nos facultés et les fixer dans l’attitude qu’il faut. Et le génie est rare.

Il n’y a peut-être que les Français qui sachent paraître dignes sans l’être. C’est pourquoi, chez eux, la place publique a tant d’importance. Un Français laisse passer une offense réelle, une offense de cœur, sans la relever, pourvu qu’elle soit secrète ; mais une pichenette sur le nez, voilà ce qu’il ne tolère jamais, car cela constitue une dérogation aux lois des convenances.

C’est pourquoi nos jeunes filles aiment tant les Français, c’est à cause de leur jolie attitude. Le coq gaulois ! Pour moi, vous savez, cette attitude-là…

***

De Grillet est, comme tous les Français, gai, aimable quand il le faut ou quand cela rapporte, et terriblement ennuyeux quand la gaieté et l’amabilité ne sont pas nécessaires. Le Français est très rarement aimable par tempérament ; il ne l’est presque jamais que par calcul.

S’il sent la nécessité d’être original, sa fantaisie est ridicule et affectée ; au naturel, c’est l’être le plus banal, le plus mesquin, le plus ennuyeux du monde.

Il faut être une jeune fille russe, je veux dire quelque chose de très neuf et de très naïf, pour s’éprendre d’un Français. Il n’y a pas d’esprit sérieux qui ne soit choqué par l’affreux chic de garnison qui fait le fond de ces manières convenues une fois pour toutes, par cette amabilité mondaine, par ce faux laisser aller et cette insupportable gaieté.

***

— Mille excuses, monsieur Astley ; mais permettez pourtant. Il n’y a là rien d’offensant. Je ne fais aucune allusion malséante. D’ailleurs, comparer ensemble une jeune fille russe et un Français est impossible.

— Si vous ne rappelez pas à dessein le nom de de Grillet en même temps que… l’autre nom, je vous prie de m’expliquer ce que vous entendez par l’impossibilité de cette comparaison. Pourquoi est-ce précisément d’un Français et d’une jeune fille russe que vous parlez ?

— Vous voyez ! Vous voilà intéressé. Mais le sujet est trop vaste, monsieur Astley. La question est plus importante qu’on ne pourrait le croire au premier abord. Un Français, monsieur Astley, c’est une forme belle, achevée. Vous, en votre qualité d’Anglo-Saxon, vous pourrez n’en pas convenir, — pas plus que moi en qualité de Russe, — par jalousie, peut-être. Mais nos jeunes filles peuvent avoir une autre opinion. Vous pouvez trouver Racine parfumé, alambiqué, et vous ne le lirez même peut-être pas. Je suis peut-être de votre avis. Peut-être le trouverons-nous même ridicule. Il est pourtant charmant, monsieur Astley, et, que nous le voulions ou non, c’est un grand poète.

Les Français, — que résument les Parisiens, — avaient déjà des élégances et des grâces quand nous étions encore des ours. La Révolution a partagé l’héritage de la noblesse au plus grand nombre. Il n’y a pas aujourd’hui si banal petit Français qui n’ait des manières, de la tenue, un langage et même des pensées comme il faut, sans que ni son esprit ni son cœur y aient aucune part. Il a acquis tout cela par hérédité.

Or il est peut-être par lui-même vil parmi les plus vils. Eh bien ! monsieur Astley, apprenez qu’il n’y a pas au monde d’être plus confiant, plus intelligent et plus naïf qu’une jeune fille russe. De Grillet, se montrant à elle sous son masque, peut la séduire sans aucune peine. Il a la grâce des dehors, et la jeune fille prend ces dehors pour l’âme elle-même, et non pour une enveloppe impersonnelle.

Les Anglais, pour la plupart, — excusez-moi, c’est la vérité, — sont gauches, et les Russes aiment trop la beauté, la grâce libre, pour se passer de ces qualités. Car il faut de l’indépendance morale pour distinguer la valeur du caractère personnel ; nos femmes, et surtout nos jeunes filles, manquent de cette indépendance, et, dites-moi, quelle expérience ont-elles ?

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Refus de l’hégémonie

La guerre française contre la Russie

Historiquement, la France connaît une large influence de l’idéologie gaulliste, qui appelle à une sorte d’équilibre entre les plus grandes puissances. La France pourrait tirer son épingle du jeu en étant dans le camp américain, mais avec une sorte de perspective sociale-humaniste, le « pays des droits de l’Homme ».

Tout cela est désormais du passé et il n’existe plus aucune importance politique du gaullisme en France. L’irruption du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine a balayé toutes les positions gaullistes au profit d’un alignement complet sur la superpuissance américaine.

Aucun retour n’est plus possible. La première raison, c’est que la Russie a été expulsée d’Europe. Ses avoirs sont gelés et s’il n’était le fétichisme de la propriété, tout serait confisqué. Tout le sera de toutes façons, ces avoirs iront à l’Ukraine comme « avances » pour les futures dettes russes lorsque la Russie perdra… si elle perd.

La seconde, c’est que la France soutient militairement le régime ukrainien. Elle lui fournit des informations obtenues par ses satellites (CSO, Pleiades et Helios). Elle a envoyé des missiles anti-chars (Milan, Javelin et Akeron) et des systèmes portatifs de défense antiaérienne (Mistral). Elle a offert des obusiers (Caesar, TRF1) et deux systèmes de défense sol-air Crotale R-400.

Elle a mis en place la fourniture de dizaines et de dizaines de véhicules blindés de transport de troupes (VAB, AMX10-RC, ACMAT Bastions), ainsi que des véhicules légers (TRM 2000, GBC 180, Peugeot P4). A cela s’ajoute des mines HPD2A2, et tout ce qu’on ne sait pas (y compris masqués dans les tonnes d’aides humanitaires), car officiellement il n’y a aucune communication de l’armée française.

Tous les médias français, unanimes, sont pour la défaite totale de la Russie. Cet objectif était auparavant conçu comme possible et souhaitable, une opportunité à court terme. Désormais, même si cela doit prendre des années, l’Ukraine est censée aller au combat jusqu’au bout. Dans son éditorial du 9 août 2023, « Cette longue guerre qui attend l’Ukraine », Le Figaro expose les choses sans ambiguïtés.

« Céder face à Poutine n’est pas une option. Cela signerait une défaite stratégique catastrophique pour l’Occident (…).

Les alliés de Kiev devront accélérer le rythme et la qualité des livraisons d’armes, prendre de court Moscou (…).

L’Occident sera-t-il à la hauteur du défi? A-t-il encore le choix? Son avenir se joue en Ukraine… »

Constructions à Marioupol, que la Russie s’efforce de reconstruire rapidement, afin d’assurer sa crédibilité

C’est qu’il est trop tard pour reculer. Au-delà des intérêts stratégiques, où la France peut diverger de la superpuissance américaine, il y a le mode de vie. Et l’Ukraine s’est faite le bras armé de ce mode de vie. Il est tout à fait utile pour l’occident d’avoir un pays pauvre avec une population fanatiquement pro-américaine, pro-Otan, pro-Union européenne. Cela contribue à présenter l’occident comme un paradis, un modèle à suivre.

La toute-puissance occidentale est un facteur idéologique majeur. Et aucun changement profond n’est possible sans briser cette chape de plomb. Il suffit de voir la France en 2023. Les grèves contre la réforme des retraites et les émeutes de l’été n’ont été que des rides sur la surface de l’eau. Dans ses fondements, tout reste stable, même si décadent, ou justement stable parce que décadent.

L’occident, ce serait la diversité dans la liberté, dont les LGBT sont l’exemple fer de lance. Ce serait la seule vraie option, à rebours des « modèles autoritaires ». Sur le plan du contrôle social, c’est un bénéfice énorme. Il n’y a rien de tel pour justifier une pacification sociale. Des troubles, des problèmes ? Tout cela sera résolu, car rien d’autre n’est possible que le capitalisme occidental !

Sarah Ashton-Cirillo, trans américain nommé porte-parole pour les médias occidentaux des forces territoriales de l’armée ukrainienne

Aucune fiction n’est donc possible au sujet d’une « autre » France, qui pourrait être une force de paix si elle était souveraine. C’est impossible non seulement parce que l’État est inféodé à la superpuissance américaine, mais également parce que la société l’est tout autant.

Les occidentaux ont un mode de vie individualiste « hédoniste » et n’ont pas un soutien actif à la guerre contre la Russie. Mais indirectement, ils y participent et en sont même les vecteurs. Tout ce qui est guerre contre le tiers-monde est en fin de compte dans leur intérêt. A moins d’assumer la rupture, ils participent à la machine de guerre économique, sociale, idéologique, culturelle.

La Russie est d’ailleurs de plus en plus effacée sur le plan de la culture, dans l’indifférence ou dans le fanatisme. Tant que le capitalisme propose, les gens disposent. C’est pourquoi il faut souhaiter la « défaite stratégique catastrophique de l’Occident ». Elle ne serait en rien une victoire pour la Russie et la Chine, ou peut-être à court terme. Elle serait une victoire pour le tiers-monde.

Affiche chinoise des années 1970: « Bienvenue aux amis du tiers-monde »

La France est en guerre contre l’Ukraine, et pour que les choses puissent changer en France, il faut une défaite stratégique occidentale. C’est à ce prix que la lutte des classes peut se réaffirmer, le prolétariat se recomposer en sortant de son statut de « masse consommatrice passive ». Et la défaite stratégique occidentale est inévitable. C’est de là qu’il faut partir pour la moindre initiative qu’on puisse avoir – tout le reste relève d’un monde en perdition, condamné à disparaître.

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Événements significatifs

30 ans après, l’EZLN se retrouve face aux narcos

Avant la Zad de Notre-Dame-des-Landes et avant le Rojava, il y avait l’EZLN au Mexique, dont la démarche est même à l’origine de tout ce discours post-anarchiste communautaire. Lorsque les zapatistes de l’EZLN débarquent pourtant, le 1er janvier 1994, ils n’ont pas cette image-là du tout.

Avec le sous-commandant Marcos, ils font figure de mouvement alter-mondialiste armé. L’ennemi annoncé, c’est le « néo-libéralisme », l’objectif proclamé, c’est la révolution.

L’EZLN semblait ouvrir un nouveau brasier en Amérique latine, à la suite d’une longue tradition, et au moment où le Parti Communiste du Pérou (dénoncé par les médias comme « Sentier lumineux ») perdait tous ses acquis après avoir ébranlé le pays.

Le mouvement des zapatistes émerge d’ailleurs le jour de l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA/NADTA) en occupant plusieurs mairies dans l’État du Chiapas.

Hélas ! L’EZLN – Armée zapatiste de libération nationale – s’est très rapidement vendue à l’État mexicain. La raison est qu’en réalité, l’EZLN était le masque des Indigènes du Chiapas.

Le Sud du Mexique était en effet marginalisé, depuis l’effondrement de la civilisation maya, au 9e siècle. Même à l’époque des Aztèques puis des conquistadors, le sud restait bien à l’écart, au point d’une révolte chrétienne mystique au 19e siècle pour former un État maya « Chan Santa Cruz ».

Dans ce contexte arriéré, l’État mexicain s’est d’ailleurs empressé de ne rien faire. Les accords de San Andrés en février 1996 ont officialisé une grande autonomie communautaire, l’EZLN devenant alors concrètement le « représentant » rebelle d’un Congrès indigène fondé au mois d’octobre.

Ce Congrès a une prétention nationale, mais est totalement hors-jeu depuis le début au Mexique, n’exprimant que le point de vue du « sud » arriéré. Aussi, afin de tenir en obtenant des soutiens (internationaux et de gauche), il y a eu des « rencontres intercontinentales contre le néolibéralisme et pour l’humanité », des appels « pour la vie », d’innombrables communiqués du Sous-commandant Marcos, etc., et ce pendant trente ans.

Si l’EZLN est totalement passé de mode depuis 1996, il y a eu pendant cette période des soutiens ininterrompus, comme queue de la comète de la « flamme » lancée en 1994. Il était possible d’aller au Chiapas, de rendre visite aux communautés « autonomes », de participer à tout un folklore indigéniste rebelle, etc.

Or, comme on le sait, le capitalisme a connu une immense progression entre 1989 et 2020. Inévitablement, les répercussions se feraient sentir même dans le Sud du Mexique, malgré son arriération et ses bastions « communautaires ».

Et deux rouleaux compresseurs se précipitent désormais sur l’EZLN. De par la nature du pays, ceux-ci ont deux formes : une bureaucratique, une féodale.

Le capitalisme bureaucratique mexicain aimerait bien en effet avancer par la force, en se dégageant de la pesante tutelle américaine.

Le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, est ainsi présenté par l’opposition libérale comme une sorte de Satan diffusant partout le virus communiste. Sa ligne est, grosso modo, celle du Venezuela.

Au nom du progrès, cela bureaucratise et militarise. La pointe extrême sud du pays connaît ainsi l’établissement d’un « train maya » pour permettre aux touristes de visiter les ruines de la civilisation maya. Non seulement c’est l’armée qui gère la construction du train, mais c’est également elle qui s’occupera du tourisme là-bas.

Ce militarisme dans le cadre d’un bureaucratisme capitaliste est présenté comme un développement du pays. Andrés Manuel López Obrador parle d’ailleurs à la population chaque matin pour expliquer tout ce qu’il fait au nom du peuple. Il s’est d’ailleurs vanté en 2019 d’avoir rencontre le Sous-commandant Marcos dans les années 1990.

Au centre, le Sous-commandant Marcos et Andrés Manuel López Obrador

Cet épisode du « train maya » touche l’EZLN, car en fait le « progrès » exige la soumission du sud du Mexique et son intégration économique, bloquée depuis la naissance du Mexique, ou même depuis les conquistadors et même les Aztèques. C’est la fin de toute une époque historique.

L’EZLN a d’ailleurs prétendu en 2019 qu’il ferait tout pour empêcher la construction du « train maya », mais c’est une défaite complète, malgré la mobilisation démocratique de quelques forces locales.

Car, l’EZLN, depuis 1996, c’est du folklore. Et le « train maya » n’est pas le seul projet : des groupes paramilitaires liés à des grands groupes capitalistes, notamment miniers, ont commencé, depuis 2019, à mener des provocations armées au Chiapas, parfois meurtrières, au point que l’EZLN prévient qu’il va « reprendre les armes ».

En réalité, l’EZLN sait qu’il ne peut rien faire et c’est pourquoi il a cherché à se relancer avec « La dernière initiative », qui depuis 2020 s’intitule « Capitalisme corporatif mondial, Patriarcat planétaire, Autonomies en rébellion ». Autrement dit, il s’est aligné sur l’idéologie du Rojava et des ZAD, dont il est de toutes façons le précurseur.

Contre les « mégaprojets », il faut que le pouvoir revienne aux « communautés » locales, etc.

Sauf que désormais ce néo-féodalisme est également confronté au capitalisme féodal virulent au Mexique : les narcos. Jusqu’à présent, le sud était relativement préservé, car les cartels mexicains visent des trafics avec les États-Unis. Ils s’exportent désormais cependant dans les pays voisins du Mexique, car ils ont des sommes d’argent colossales et une expertise militaire énorme.

Résultat, les cartels ont investi le Chiapas. En 1992, l’EZLN défilait en armes dans la ville de San Cristóbal de Las Casas, en 2023 elle est sillonnée par « Los Motonetos », des tueurs à motos au service du Cártel de San Juan Chamula, le premier cartel qui se fonde directement sur les populations indigènes.

Car les affrontements entre cartels pour le contrôle de la zone sont réguliers. Les drogues étaient inconnues au Chiapas il y a 10 ans, désormais elles sont monnaie courante dans toutes leurs variantes.

Et il y a le Guatemala juste à côté. Trafic d’êtres humains (pour migrer vers les États-Unis), d’armes, de drogues, prostitution (un phénomène massif au Mexique notamment visant les mineurs), pornographie « ethnique »…

La ville de Frontera Comalapa, aux frontières avec le Guatemala, a vu 3000 de ses 60 000 habitants s’enfuir en raison des affrontements.

Frontera Comalpa, à la frontière. Si les cartels sont désormais massivement présents dans tout le Mexique, ce n’était pas vrai justemet jusqu’aux deux dernières années pour les Etats du Chiapas, de Campeche et du Yucatan.

Tous les cartels se précipitent sur le Chiapas : « Los Zetas », « Cártel Jalisco Nueva Generación » (appelé « El Cártel de las Cuatro Letras » au Chiapas), et surtout le « Cartel de Sinaloa » qui a la main-mise.

Corruption des taxis, des fonctionnaires, des policiers, des syndicalistes, des commerçants, menaces et meurtres, tout est pratiqué pour les extorsions, les trafics, la prostitution.

Il y a dix ans, il n’y avait rien de tout cela ! Mais en contribuant au maintien d’une néo-féodalité indigéniste, l’EZLN a désormais le Chiapas qui se retrouve désormais corrompu et englouti par une autre néo-féodalité – capitaliste cette fois.

Et à cela s’ajoute l’armée et la bureaucratie capitaliste avec ses méga projets. C’est le drame complet.

Les rassemblements légaux, réformistes, sur une base communautaire de l’EZLN ont bien rassemblé un nombre très important de gens au Chiapas. Le succès a été très important. Mais le Chiapas n’est pas une île et désormais il revient dans l’histoire mexicaine, de manière sanglante.

On a là vraiment un événement significatif. C’est la fin de la candeur alter-mondialiste des années 1990. Face aux cartels de la drogue, il faut un niveau militaire digne d’une véritable armée. Ce n’est pas avec des petits regroupements d’auto-défense artisanaux que l’EZLN peut faire le poids.

La crise envahit le monde entier. L’EZLN paye le prix de son mensonge de vouloir à la place du socialisme un fantasme « communautaire », une ZAD indigène.

Cette conception anarchiste n’est qu’un romantisme individualiste du 19e siècle ; à une époque aussi développée que la nôtre, rien n’est possible sans les masses, sans la centralisation, sans un haut niveau de réflexion fondée sur les principes du Socialisme. Autrement dit, sans un Etan, une armée rouge.

Au 21e siècle, avec la crise, la naïveté et l’opportunisme se paient chers!

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Culture & esthétique

La photographie : accessible mais pour quoi faire

La photographie s’est incroyablement démocratisée ces dernières années, notamment depuis l’arrivée de la photographie numérique et l’avènement des smartphones dans le milieu de la décennie 2000-2010.

Cette démocratisation est bien entendu le fruit du développement des forces productives, si bien qu’aujourd’hui il y a une saturation de photographies, de par la facilité de l’acte de la prise de vue.

C’est évidemment une bonne chose , tout le monde est capable de prendre une photo aujourd’hui, de la partager, de l’imprimer si besoin, en bref de la diffuser. Mais cette démocratisation s’accompagne également d’une perte en exigence artistique, la quantité de photographes potentiels noyant la qualité photographique, si bien que la plupart des oeuvres d’arts photographiques se ressemblent. 

Le fameux selfie, exemple type du fétichisme photographique

En fait, plus que de la saturation de potentiels photographes, c’est la saturation de potentiels photographies qui est le principal problème, car alors le sujet de cette photographie est résolument tourné vers l’individu.

Instagram est l’exemple parfait de cela ; d’une part le réseau social a accompagné le processus de démocratisation de la photographie, permettant à tout un chacun de partager ses oeuvres photographiques, d’autre part et dans une seconde phase il a tourné la photographie vers le subjectivisme, où le « moi je » devient sujet principal de la photographie. On se met en scène dans une « story », on partage des photos de soi, etc. Le petit moi égocentré serait l’être supérieur et le sujet artistique principal, même le seul possible.

Instagram est ici l’anti-Tumblr : avant son effondrement, Tumblr permettait d’établir une page où l’on reprenait des photos qui nous plaisaient. Il y avait une dimension personnelle et prolongée, on présentait son profil culturel. Instagram ne permet que la mise en avant d’images individualisées prises par soi-même sur le tas ou de manière artificielle.

C’est quoi ton insta ?

Bien évidemment Instagram n’est pas le seul réseau social où le « moi » photographié constitue l’être suprême du sujet ; on peut également citer le réseau « bereal » (être-réel) qui invite ses utilisateurs  à partager une photo d’eux et de l’action qu’ils sont en train de faire, à un moment précis de la journée. C’est à dire que l’ensemble des utilisateurs reçoivent une notification les invitant à prendre une photo de l’instant présent pour « être réel » ; en somme de l’auto-voyeurisme diffusé à son cercle de proches.

Pour les bobos du média Vice, Bereal est très bien car une sorte d’anti-Instagram en raison de l’absence de mise en scène

Instagram, Bereal ou quoi que ce soit d’autre, de toutes façons les fondements sont les mêmes. On peut qualifier la démarche photographique actuelle de libérale-subjective, et elle constitue la majeure partie de la photographie publiée en ligne, ou des photos « souvenirs » prises par les gens.

Car quoi qu’on en pense, même la photographie publiée de manière calculée sur Instagram n’est que le prolongement de la photographie spontanée prise par quelqu’un en 1980 au moyen d’un appareil photo jetable. C’est juste l’angle d’attaque qui change : à cinquante ans on prenait une photo souvenir d’une fête de famille, désormais à vingt ans on prend une photo de soi-même pour s’illustrer en ligne. Mais le côté particulier, « unique », l’emporte de toutes façons.

Il manque la connexion à l’universel, à ce qui dépasse le particulier, à ce qui a un côté vrai. Autrement dit, les gens se précipitent dans la quantité de photographies qu’ils ne regarderont souvent même pas…

On vit quelque chose de fort ? On photographie, pour s’en « souvenir »… alors que c’est de toutes façons gravé en nous.

Les gens ont fait un fétiche du côté instantané ; en réalité, il faut sortir bien plus rarement l’appareil pour photographier, mais au bon moment.

Nicolaï Matorin, Le rythme du travail, 1960

Il faut moins, beaucoup moins mais mieux. Il ne faut ni la photographie d’un réalité fausse, artificielle, ni la complaisance avec le réel individuel. Il y a besoin de mêler ce qui est personnel et collectif, ce qui est à soi et ce qui est au monde. Chacun doit agir en artiste, dans son rapport à la photographie !

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Refus de l’hégémonie

Appel médical international à bannir l’arme nucléaire

Depuis l’émergence de la crise en 2020, l’humanité est dans un état de sidération. Les esprits conscients s’atterrent, par contre, et cet appel de début août 2023 en est un exemple. Il est signé par les principales revues médicales mondiales et exige l’abandon des armes nucléaires.

Les signataires sont :

Acta Obstetricia et Gynecologica Scandinavica
Acta Paediatrica
African Health Sciences
African Journal for Physical Activity and Health Sciences
African Journal of Clinical and Experimental Microbiology
African Journal of Current Medical Research
African Journal of Gastroenterology and Hepatology
African Journal of Primary Health Care & Family Medicine
African Journal of Reproductive Health
Afro-Egyptian Journal of Infectious and Endemic diseases
Allergy
AlQalam Journal of Medical and Applied Sciences
American Journal of Psychiatry
Anatomy Journal of Africa
Annales Africaines de Medecine
Arabian Journal of Scientific Research
Bayero Journal of Medical Laboratory Science
Biomolecules & Biomedicine
BJU International
BMC Pregnancy and Childbirth
BMJ
Complementary Therapies in Medicine
Croatian Medical Journal
Current Medical Research & Opinion
Cytopathology
Diseases of the Colon & Rectum
Dutch Journal of Medicine
East African Medical Journal
ESC Heart Failure
Ethiopian Journal of Health Sciences
European Journal of Heart Failure
Farm Animal Health and Nutrition
Ghana Medical Journal
Haematological Oncology
Indian Journal of Medical Ethics
International Journal of Gynecology & Obstetrics
International Journal of Health Policy and Management
International Journal of Medical Students
International Nursing Review
JAMA
JAMA Cardiology
JAMA Dermatology
JAMA Health Forum
JAMA Internal Medicine
JAMA Network Open
JAMA Neurology
JAMA Oncology
JAMA Ophthalmology
JAMA Pediatrics
JAMA Psychiatry
JAMA Surgery
Jos Journal of Medicine
Journal de la Faculté de Médecine d’Oran
Journal of Applied Pharmaceutical Science
Journal of Contemporary Language Research
Journal of Exploratory Research in Pharmacology
Journal of Internal Medicine
Journal of Lab Animal Research
Journal of Medical Imaging and Radiation Sciences
Journal of Neurosciences in Rural Practice
Journal of Pathology
Journal of Pathology: Clinical Research
Journal of Pediatric Endocrinology and Diabetes
Journal of Phytomedicine and Therapeutics
Journal of Postgraduate Medical Institute
Journal of Public Health Policy
Journal of Radiography and Radiation Sciences
Journal of Surgical Sciences
Journal of the Norwegian Medical Association
Journal of the Royal Society of Medicine (JRSM)
Journal of Veterinary Physiology and Pathology
Journal of World’s Poultry Science
Journal of World’s Poultry Research (JWPR)
Khyber Medical University Journal
Malawi Medical Joural
Maternal and Child Nutrition
Medical Journal of Australia
Medical Journal of Indonesia
Medscape
Medwave
Microbes and Infectious Diseases
National Medical Journal of India
New England Journal of Medicine
Nigerian Hospital Practice
Nigerian Journal of Medical and Dental Education
Online Journal of Animal and Feed Research
Open Access Macedonian Journal of Medical Sciences
Orapuh Journal
Paediatric and Perinatal Epidemiology
Pakistan Journal of Medical Sciences
Philippine Journal of Otolaryngology Head and Neck Surgery
Reproductive, Female and Child Health
Research in Biotechnology and Environmental Science
Revista Cirujano General
Revista de Saúde Pública
Revista Medica Hondureña
Romanian Journal of Clinical Research
RUHS Journal of Health Sciences
Small Animal Advances
Sokoto Journal of Medical Laboratory Science
Sokoto Journal of Veterinary Sciences
The Cerebellum
The Lancet
Tunisie Medicale
VOICE
West African Journal of Medicine
World’s Veterinary Journal (WVJ) 

Encore une fois, la France brille par son absence dans l’engagement. Il n’y a pourtant pas de différences entre les médecins dans les pays occidentaux (dans les pays du tiers-monde, la situation est différente). Pourquoi des médecins, forcément aisés, des États-Unis s’engagent en ce domaine, et pas des médecins français, au même mode de vie ?

On sent tout le poids idéologique de la dissuasion nucléaire française, le nationalisme sous-jacent : la France devrait être une « puissance à part ».

Voici le texte de l’appel. Pour une compréhension de ce que représente l’horreur de la guerre nucléaire et ses conséquences, les films suivants sont incontournables : Le jour d’après, Threads, Le dernier rivage, Gen d’Hiroshima. Les deux premiers ont marqué l’Histoire et il faut les voir avec prudence de par leur immense charge émotionnelle.

Réduire les risques de guerre nucléaire

Le rôle des professionnels de santé

En janvier 2023, le comité scientifique et de sécurité du Bulletin of the Atomic Scientists a avancé les aiguilles de l’horloge apocalyptique à 90 secondes avant minuit, reflétant le risque croissant de guerre nucléaire (1).

En août 2022, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres , a averti que le monde se trouvait désormais dans « une période de danger nucléaire sans précédent depuis le plus fort de la guerre froide » (2).

Le danger a été souligné par les tensions croissantes entre de nombreux États dotés d’armes nucléaires (1) (3).

En tant que rédacteurs en chef de revues médicales et de santé du monde entier, nous appelons les professionnels de la santé à alerter le public et nos dirigeants sur ce danger majeur pour la santé publique et les systèmes vitaux essentiels de la planète et exhortons à agir pour l’empêcher.

Les efforts actuels de contrôle des armements nucléaires et de non-prolifération sont insuffisants pour protéger la population mondiale contre la menace d’une guerre nucléaire par choix, erreur ou erreur de calcul.

Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) engage chacune des 190 nations participantes « à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur une traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace. » (4).

Les progrès ont été d’une lenteur décevante et la dernière conférence d’examen des traités en 2022 s’est terminée sans déclaration commune (5).

Il existe de nombreux exemples de quasi-catastrophes qui ont montré les risques de dépendre de la dissuasion nucléaire pour un avenir indéfini (6).

La modernisation des arsenaux nucléaires pourrait augmenter les risques – par exemple, les missiles hypersoniques réduisent le temps disponible pour faire la distinction entre une attaque et une fausse alerte, augmentant ainsi la probabilité d’une escalade rapide.

Toute utilisation d’armes nucléaires serait catastrophique pour l’humanité. Même une guerre nucléaire « limitée » impliquant seulement 250 des 13 000 armes nucléaires dans le monde pourrait tuer 120 millions de personnes sur le coup et provoquer une perturbation climatique mondiale conduisant à une famine nucléaire, mettant en danger deux milliards de personnes (7) (8).

Une guerre nucléaire à grande échelle entre les États-Unis et la Russie pourrait tuer 200 millions de personnes ou plus à court terme et potentiellement provoquer un « hiver nucléaire » mondial qui pourrait tuer 5 à 6 milliards de personnes, menaçant la survie de l’humanité (7) (8).

Une fois une arme nucléaire déclenchée, l’escalade vers une guerre nucléaire totale pourrait se produire rapidement. La prévention de toute utilisation d’armes nucléaires est donc une priorité urgente de santé publique et des mesures fondamentales doivent également être prises pour s’attaquer à la cause profonde du problème, en abolissant les armes nucléaires.

La communauté de la santé a joué un rôle crucial dans les efforts visant à réduire le risque de guerre nucléaire et doit continuer à le faire à l’avenir (9).

Dans les années 1980, les efforts des professionnels de la santé, dirigés par l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire – International Physicians for the Prevention of Nuclear War (IPPNW), a contribué à mettre fin à la course aux armements de la guerre froide en éduquant les décideurs politiques et le public des deux côtés du rideau de fer sur les conséquences médicales de la guerre nucléaire.

Cela a été reconnu lorsque le prix Nobel de la paix de 1985 a été décerné à l’IPPNW (10).

En 2007, l’IPPNW a lancé la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires, qui est devenue une campagne mondiale de la société civile avec des centaines d’organisations partenaires.

Une voie vers l’abolition nucléaire a été ouverte avec l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en 2017, pour lequel la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires a reçu le prix Nobel de la paix 2017.

Les organisations médicales internationales, dont le Comité international de la Croix-Rouge, l’IPPNW, l’Association médicale mondiale, la Fédération mondiale des associations de santé publique et le Conseil international des infirmières ont joué un rôle clé dans le processus qui a conduit aux négociations et dans les négociations elles-mêmes, présentant les preuves scientifiques des conséquences sanitaires et environnementales catastrophiques des armes nucléaires et de la guerre nucléaire.

Ils ont poursuivi cette importante collaboration lors de la première réunion des parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui compte actuellement 92 signataires, dont 68 États membres (11).

Nous appelons maintenant les associations professionnelles de la santé à informer leurs membres dans le monde entier de la menace pour la survie humaine et à se joindre à l’IPPNW pour soutenir les efforts visant à réduire les risques à court terme de guerre nucléaire, y compris trois mesures immédiates de la part des États dotés d’armes nucléaires et de leurs alliés :

premièrement, adopter une politique de non-utilisation en premier (12) ;

deuxièmement, retirer leurs armes nucléaires de l’alerte de lancement rapide ;

et, troisièmement, exhorter tous les États impliqués dans les conflits actuels à s’engager publiquement et sans équivoque à ne pas utiliser d’armes nucléaires dans ces conflits.

Nous leur demandons en outre d’œuvrer à la fin définitive de la menace nucléaire en soutenant l’ouverture urgente de négociations entre les États dotés d’armes nucléaires en vue d’un accord vérifiable et assorti de délais pour éliminer leurs armes nucléaires conformément aux engagements pris dans le traité de non-prolifération, en ouvrant la moyen pour toutes les nations d’adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Le danger est grand et croissant. Les États dotés d’armes nucléaires doivent éliminer leurs arsenaux nucléaires avant de nous éliminer.

La communauté de la santé a joué un rôle décisif pendant la guerre froide et plus récemment dans l’élaboration du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Nous devons relever ce défi de nouveau comme une priorité urgente, en travaillant avec une énergie renouvelée pour réduire les risques de guerre nucléaire et pour éliminer les armes nucléaires.

Références

1. 
   Science and Security Board. A time of unprecedented danger: it is 90 seconds to midnight. 2023 Doomsday Clock Statement. Bull Atomic Scientists 2023 Jan 24. https://thebulletin.org/doomsday-clock/current-time/
2. 
   UN. Future generations counting on our commitment to step back from abyss, lift cloud of nuclear annihilation for good, secretary-general tells review conference. Press release, 1 Aug 2022. https://press.un.org/en/2022/sgsm21394.doc.htm
3. 
    1. Tollefson J
   . Is nuclear war more likely after Russia’s suspension of the New START treaty?2023;615:386. doi:10.1038/d41586-023-00679-w pmid:36882544
   CrossRefPubMedGoogle Scholar
4. 
   UN. 2005 Review conference of the parties to the Treaty on the Non-Proliferation of Nuclear Weapons (NPT), 2–27 May, 2005. https://www.un.org/en/conf/npt/2005/npttreaty.html
5. 
   Mukhatzhanova G. 10th NPT review conference: why it was doomed and how it almost succeeded. Arms Control Association, 2022. https://www.armscontrol.org/act/2022-10/features/10th-npt-review-conference-why-doomed-almost-succeeded
6. ↵
   Lewis P, Williams H, Pelopidas B. Too close for comfort, cases of near nuclear use and options for policy. Chatham House Report, 2014. https://www.chathamhouse.org/2014/04/too-close-comfort-cases-near-nuclear-use-and-options-policy
7. 
   Bivens M. Nuclear famine. IPPNW, 2022. https://www.ippnw.org/wp-content/uploads/2022/09/ENGLISH-Nuclear-Famine-Report-Final-bleed-marks.pdf
8. 
    1. Xia L, 
    2. Robock A, 
    3. Scherrer K, 
    4. et al
   . Global food insecurity and famine from reduced crop, marine fishery and livestock production due to climate disruption from nuclear war soot injection. 2022;3:586-96. doi:10.1038/s43016-022-00573-0 pmid:37118594
   CrossRefPubMedGoogle Scholar
9. 
    1. Helfand I, 
    2. Lewis P, 
    3. Haines A
   . Reducing the risks of nuclear war to humanity. 2022;399:1097-8. doi:10.1016/S0140-6736(22)00422-6 pmid:35255264
   CrossRefPubMedGoogle Scholar
10. 
   Nobel Prize. International Physicians for the Prevention of Nuclear War—facts. 1985. https://www.nobelprize.org/prizes/peace/1985/physicians/facts/
11. 
   UN Office for Disarmament Affairs. Treaties database. Treaty on the Prohibition of Nuclear Weapons, status of the Treaty. 2023. https://treaties.unoda.org/t/tpnw
12. 
   Center for Arms Control and Non-Proliferation. No first use: frequently asked questions. 2023. https://armscontrolcenter.org/issues/no-first-use/no-first-use-frequently-asked-questions/
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Planète et animaux

Grave crise à Défense de l’animal et au Parti animaliste

La crise frappe très durement l’humanité et il y a un front sur lequel cela ressent très particulièrement : la protection des animaux. Normalement, en ce domaine, il y a un effort subjectif très important, faisant qu’il n’y a pas les mêmes problèmes que dans le monde associatif. Les associations, sportives par exemple, sont en déficit de volontaires, de gens prêts à prendre le relais, les responsabilités. Il y a un échec dans la continuité, en raison de la mentalité consumériste.

Les associations pour les animaux ont toujours eu très peu de moyens en comparaison avec leurs tâches ; beaucoup d’associations sont apparues, ont disparu. Néanmoins, il y a toujours eu un certain fil conducteur. On peut dire que celui-ci est brisé avec la grave crise de la Confédération Nationale Défense de l’animal.

Cette structure fédère 270 associations ; c’est ce qu’on appelait auparavant la « SPA de Lyon ». Cette confédération joue un rôle plus important que la SPA (dite de Paris), bien que cette dernière soit bien plus médiatisée, ou même la seule médiatisée. La SPA de Paris a en effet plus d’aisance sur ce plan de par son caractère centralisé. En même temps, de graves problèmes internes l’ont secoué ces deux dernières décennies, au point que l’État a dû prendre les devants.

Trop d’argent, trop d’ego, des rapports hiérarchiques abusifs, un éloignement culturel et sur le plan des idées de la Cause… on connaît le problème.

Or, il s’avère que désormais la Confédération Nationale Défense de l’animal connaît les mêmes problèmes. Il n’est pas possible de trop en dire. Cependant, il faut avoir conscience que la situation est dramatique. Tout est paralysé structurellement en raison de deux directions concurrentes.

C’est une catastrophe morale et pratique. Morale, car la Confédération Nationale Défense de l’animal apparaissait comme la dernière forteresse imperméable à la confusion régnant dans une société française individualiste. Il y a ici une rupture de confiance massive et cela contribue au désespoir.

Pratique, car on parle ici d’une confédération et les moyens des uns tiennent en raison des moyens des autres. Un rouage grippé, surtout à la direction qui sert de courroie de transmission, et c’est l’asséchement des moyens. C’est comme si les associations se voyaient réduites chacune à sa propre existence, perdant tout ce dont elles profitaient de par l’appartenance à la confédération. Cela concerne tant des questions administratives que les informations importantes, ou encore les dons, les legs.

On parle ici d’une crise d’une ampleur énorme… Qui dure depuis très longtemps désormais. Là encore, nous ne voulons pas trop en dire, mais il faut bien comprendre qu’il faut raisonner en termes de mois et pas de semaines. C’est un désastre.

La faillite se situe en fait sur le plan des idées et de la culture. Le volontarisme a accueilli le carriérisme et a produit l’opportunisme. En l’absence de valeurs et de perspectives, on « gère » et quand on « gère », cela tourne mal.

Quand on n’établit pas de valeurs, comment saisir les choses ? Comment est-il possible qu’en 2023, la Confédération Nationale Défense de l’animal n’ait par exemple jamais assumé de poser la question du véganisme? Ou bien de la nature de la société française pétrie d’individualisme?

La priorité pratique ne saurait être une excuse pour ne pas voir les choses par en haut, afin de justement avoir une pratique bien ancrée dans la réalité, avec une chance de réussir. L’échec de la Confédération Nationale Défense de l’animal est la preuve qu’il ne suffit pas de vouloir forcer le passage pour réussir. C’est une terrible leçon et il faut une sortie de crise qui soit productive, sans quoi c’est un coup de poignard à la cause animale.

C’est bien le facteur humain le problème, au sens d’une incapacité à se mettre au niveau exigé, avec discipline, état d’esprit, fermeté, loyauté. Des traits prolétariens. Pour bien le comprendre, voici un exemple relevant de cet échec complet, propre à notre époque. Il s’agit d’une annonce faite par le Parti animaliste ; nous en avons déjà parlé comme d’un ramassis d’opportunistes prenant les animaux comme fond de commerce pour ramasser des sous aux élections.

Ces gens sont tellement creux qu’ils… ne sont même pas capables de faire leur programme politique eux-mêmes, ils engagent quelqu’un pour ça. Avec l’argent obtenu aux élections, au moyen d’affiches racoleuses avec des chiens et des chats, ils engagent quelqu’un pour de nouveau obtenir de l’argent aux élections…

Voici l’annonce. Elle est froide, sans cœur, rien à voir avec les animaux. Pas d’amour, pas d’empathie, pas de compassion, pas de véganisme, pas d’animaux tout court d’ailleurs. C’est une faillite morale, intellectuelle, culturelle.

OFFRE D’EMPLOI :

chargé·e d’élaboration de programme électoral

Sous la supervision du Bureau national et de la directrice opérationnelle et en lien étroit avec le pôle expertise, vous serez en charge d’élaborer et rédiger le programme politique du Parti animaliste pour les prochaines échéances électorales.

Responsabilités

  • Rédiger le programme politique électoral du parti en accord avec ses valeurs, ses objectifs et sa vision.
  • Effectuer des recherches approfondies sur les enjeux politiques et sociaux afin de formuler des propositions concrètes et cohérentes.
  • Veiller à ce que le programme politique soit clair, accessible et adapté à différents publics.

D’autres tâches complémentaires pourront également être confiées en fonction des besoins.

Profil recherché

  • Très bonne connaissance des enjeux animalistes et environnementaux actuels.
  • Connaissance des enjeux politiques et sociaux actuels.
  • Capacité à effectuer des recherches approfondies.
  • Capacité d’analyse et de synthèse.
  • Bonne capacité rédactionnelle.
  • Capacité à vulgariser de façon claire des notions complexes.
  • Autonomie et proactivité.
  • Force de proposition.
  • Créativité.
  • Discrétion et confidentialité.

Les plus (non obligatoires) :

  • Connaissance du fonctionnement politique européen et des compétences de l’UE.
  • Compétences juridiques.
  • Connaissance des associations animalistes.
  • Expérience de travail dans un environnement politique ou connexe.

Si vous ne correspondez pas à 100 % du profil recherché mais que vous pensez que ce poste est fait pour vous, postulez et expliquez-nous pourquoi ! 

Modalités

  • CDD de 6 mois à temps plein (35 heures).
  • Prise de fonction dès que possible.
  • Télétravail à 100 %.
  • Salaire de 2200 à 2500 € brut mensuel selon le profil.
  • Mutuelle prise en charge à 100 %.
  • Indemnité télétravail de 50 € net / mois.
  • Réunions ponctuelles le soir.

Le Parti animaliste

Depuis 2016, le Parti animaliste contribue à faire émerger la question animale en politique et à la rendre incontournable. En ne se positionnant que sur la question animale et les thématiques qui s’y rapportent, son programme permet d’intégrer pleinement les intérêts des animaux dans les politiques publiques. Parce que la question animale est transversale et universelle, le Parti animaliste est également transpartisan et indépendant.

Lors des élections européennes de 2019, le Parti animaliste a créé la surprise en obtenant 2,17 % des voix.

Aujourd’hui, le Parti animaliste c’est une équipe de 4 salariés et de près de 150 bénévoles assumant des responsabilités variées.

Telle est l’époque : tout est corrompu, à moins d’avoir une base solide. Et la seule base solide, c’est celle de la Gauche historique. Il faut faire face à la réalité et la transformer, dans sa totalité. L’heure est aux grands bouleversements et la Cause animale exige de grandes choses ! Qui ne le comprend pas passe à côté du soutien aux animaux, des animaux eux-mêmes.