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Refus de l’hégémonie

Zaloujny, de chef de l’armée ukrainienne à ambassadeur

Le 8 mars 2024, le ministre des affaires étrangères polonais Radosław Sikorski expliquait qu’une intervention de l’Otan aux côtés de l’Ukraine était une très sérieuse hypothèse, afin de mettre au pas la Russie, autrement dit de la dépecer.

« La présence de forces de l’OTAN en Ukraine n’est pas impensable. J’apprécie l’initiative du président Emmanuel Macron car il s’agit de faire en sorte que Poutine ait peur et non que nous ayons peur de Poutine.

La Russie s’est révélée civilisationnellement incapable d’adopter nos valeurs, malgré nos encouragements répétés. Nous avons dû revenir au rôle initial de l’OTAN. Les Russes se définissent eux-mêmes comme un pays qui ne peut pas vivre en paix avec ses voisins. »

Cette diatribe polonaise ne doit pas surprendre, le nationalisme polonais rêve depuis des centaines d’années de prendre le contrôle de toute l’Europe de l’Est et de détruire la « Moscovie ». Et c’est là qu’on a affaire à des complications très nombreuses, qu’il est nécessaire pourtant de saisir pour ne pas perdre le fil.

Le plus simple pour cela, c’est de prendre la nomination de Valeri Zaloujny, nommé le 7 mars 2024 ambassadeur extraordinaire au Royaume-Uni. Auparavant, il était commandant en chef des forces armées d’Ukraine.

Zaloujny, un général, occupait ce dernier poste depuis juillet 2021, avant de se faire démettre début février 2024. C’est justement là où c’est intéressant. Zaloujny est en effet un fervent nationaliste, un admirateur de Stepan Bandera. En fait, l’armée ukrainienne est par définition bandériste.

Zaloujny avec un officier devant un portrait de Stepan Bandera

Or, le nationalisme ukrainien est traditionnellement exterminateur par rapport aux Juifs, aux Polonais et aux « Moscovites ». Cependant, la situation actuelle empêche une telle « franchise » et les nationalistes appuient surtout l’idée d’une alliance entre le Royaume-Uni, la Pologne et l’Ukraine.

Le Royaume-Uni assume depuis le départ de vouloir détruire la Russie, et, fait très important, en février 2022, une alliance dénommée « trilatérale » unissait le Royaume-Uni, la Pologne et l’Ukraine.

C’est le sens de la nomination de Zaloujny comme ambassadeur à Londres. C’est un compromis avec les nationalistes ukrainiens de la part de la fraction directement pro-américaine, dirigée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Par nationalistes ukrainiens, il ne faut pas penser à Azov. La ligne d’Azov est celle d’un bandérisme « pur », jusqu’au-boutiste avec un racialisme « européen » à l’arrière-plan. C’est le « secteur droit » qui est ici au cœur de la question, car il est le parti prônant l’alliance directe avec le Royaume-Uni, tout comme « Svoboda ».

Rappelons que tant Azov que le « secteur droit » et « Svoboda » disposent d’unités de l’armée directement sous leur direction idéologique. Ces organisations pèsent très lourd en Ukraine.

Valeri Zaloujny et Dmytro Kotsyubaylo du « secteur droit » en décembre 2021 après la remise au second de la plus haute décoration ukrainienne par Volodymyr Zelensky 

Zaloujny était parfaitement en phase avec l’armée bandériste, et était très populaire, d’où la grande surprise de son éviction. Mais une semaine avant son éjection du poste de commandant en chef des forces armées d’Ukraine, il y avait des rumeurs de heurts politiques très violents entre Zaloujny et Zelensky.

Cela semblait très flou. On devinait alors un affrontement interne, très brutal, dont le point de départ était l’échec de la « contre-offensive » ukrainienne. Mais quel était la nature de cet affrontement ?

Retraçons les grandes lignes de ce qui s’est passé. Nous le disions dès avril 2023 : cette contre-offensive n’avait qu’un seul sens, celui de servir la marche à la guerre du côté occidental.

L’échec de la contre-offensive, de fait, a été complet, et un grand souci du point de vue occidental dans le bilan est que Zaloujny n’a pas suivi les consignes de l’Otan, dispersant tout le matériel fourni en différents points au lieu de chercher à ouvrir une brèche.

Il a également reconnu, en novembre 2023 lors d’une interview au média américain The Economist, l’échec de la contre-offensive. Pour cette raison, il a ensuite poussé à la mobilisation de 500 000 nouveaux soldats, ce que Zelensky voyait comme un grand risque politique dans une Ukraine sous le joug du nationalisme, mais avec une base très précaire sur le plan social ou des idées.

Zaloujny a alors été remplacé par Oleksandr Syrsky, ancien commandant des forces terrestres, lié à la fraction de Zelensky. Mais comme la superpuissance américaine a confié la patate chaude aux Européens, Zaloujny a été nommé au Royaume-Uni, comme compensation renforcée aux nationalistes ukrainiens.

Zaloujny avait d’ailleurs entre-temps refusé d’être nommé au Conseil national de Sécurité et de Défense, preuve qu’il voulait rester dans la partie politique en cours au sein d’un régime ukrainien en très mauvaise posture.

Autrement dit, on a ici les deux fractions principales aux commandes en Ukraine, maintenant une forme de compromis : la fraction soumise à la superpuissance américaine, dirigée par Volodymyr Zelensky et aux commandes, la fraction nationaliste cherchant un tournant « britannique » et polonais, qui n’est pas aux commandes mais reste puissante.

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Refus de l’hégémonie

Le nationalisme ukrainien et l’effacement de la Russie

Avant le conflit entre la Russie et l’Ukraine, agauche.org a pendant six mois alerté de l’imminence de ce drame historique et souligné la menace que cela faisait peser sur l’Ukraine. Le déclenchement du conflit a cependant fait basculer l’Ukraine dans un nationalisme forcené, totalement délirant, voulant effacer la Russie.

Le régime ukrainien n’est nullement actif « en défense » de l’Ukraine ; en réalité, son agenda est celui du nationalisme ukrainien combiné à celui de l’Otan, avec comme but la destruction de la Russie. Les exemples suivants montrent l’ampleur de cette fuite en avant nationaliste, où tombent les Ukrainiens qui espèrent obtenir les armes américaines et l’argent européen à l’infini.

La chanteuse d’opéra Anna Netrebko est une grande cible du nationalisme ukrainien

Prenons le prix Erich-Maria-Remarque, du nom du grand écrivain allemand auteur d’A l’Ouest rien de nouveau. Le prix est décerné par la ville allemande d’Osnabrück, dans une optique qui se veut démocratique-pacifiste. Il y a un prix principal et un prix spécial.

Pour 2023, le prix principal est allé à Lioudmila Oulitskaïa. C’est une Russe, opposante depuis longtemps à Vladimir Poutine (un « criminel »). Écrivain, elle s’est opposée à « l’opération militaire spéciale » (une « honte ») en Ukraine et s’est dans la foulée installée en Allemagne. Elle dénonce la Russie depuis plus d’une décennie comme acculturée, nationaliste, ayant une folie impérialiste des grandeurs.

Eh bien celui qui a reçu le prix spécial, le dessinateur ukrainien Serhi Maidukov, a catégoriquement refusé de recevoir son prix. Hors de question d’être aux côtés d’une Russe ! C’est là qu’on voit le degré de fanatisme du nationalisme ukrainien, qui profite de l’appui massif des occidentaux (Maidukov travaille pour les New Yorker, Wall Street Journal, Washington Post, Zeit, Guardian, des quotidiens bellicistes).

Éloge par Le Monde d’une émission d’Arte racontant avec fierté l’interdiction de ce qui est russe à l’opéra de Kiev (« Kiev, un opéra en guerre« )

La contagion est générale ; elle ne concerne pas que l’opéra où tout ce qui est russe est interdit. Prenons Andreï Kourkov, qui est le romancier ukrainien dont les œuvres ont été le plus traduites à l’étranger. Il est né… dans la banlieue de Leningrad et tous ses romans ont été écrit en russe ! Mais lui-même est pour la suppression de la langue russe désormais. Ce qui ne n’empêche pas qu’il soit dénoncé en Ukraine comme « un collaborateur au long cours » pour ses romans écrits en russe…

Au début de 2023, il y a eu, autre exemple, le festival Prima Vista, en Estonie. C’est un pays fanatiquement anti-Russie également. Néanmoins, des opposants étaient systématiquement invités. Or, cette fois, les poètes ukrainiennes Olena Huseinova et Anna Gruver ont refusé de venir. La raison a tenu à la présence de la poète russe Linor Goralik ! Cela va si loin qu’Olena Huseinova a également dénoncé un poète russe habitant aux Canada ayant pris partie dans ses œuvres pour les « victimes » du conflit à Marioupol et Boutcha. Selon elle, c’est de l’appropriation néo-coloniale.

La romancière Oksana Sabuschko s’est pris une volée de bois vert en disant qu’elle n’avait rien contre le fait que ses œuvres soient traduites en russe, tout comme l’historien Jaroslav Hryzak pour avoir accordé une interview au média russe d’opposition (et interdit) Meduza. Pareil pour le romancier le plus connu en Ukraine, Iouri Androukhovytch, qui a été critiqué pour avoir parlé avec le romancier russe Mikhaïl Chichkine à un festival littéraire en Norvège en septembre 2022. Ce Mikhaïl Chichkine, dont la mère est Ukrainienne, vit pourtant en Suisse depuis 1995, publie dans tous les journaux occidentaux anglophones et dénonce Vladimir Poutine depuis le départ !

Le nationalisme ukrainien est une idéologie qui, depuis sa fondation au 19e siècle, vise à l’effacement de la Russie. Cette dernière ne serait qu’un assemblage artificiel produit par la « Moscovie ». Il n’y a donc rien de « russe » à reconnaître. Et même les Russes opposés à « l’opération militaire spéciale » sont donc dénoncés comme des agents du colonialisme. Tel est le fanatisme du nationalisme ukrainien, dont un exemple terrible est la nomination en septembre 2023 d’un nouveau ministre de la défense ukrainien, après un scandale de corruptions.

On parle ici de Roustem Oumierov, né en Ouzbékistan et Tatar de Crimée, où sa famille est revenue en 1991 : les Tatars avaient été déportés en 1944 par l’URSS en raison de leur soutien à l’Allemagne nazie. On comprend par sa nomination que c’est un symbole de la visée ukrainienne sur la Crimée. Cette dernière est russe historiquement et jamais la Russie ne l’abandonnera : le fait de nommer un tel ministre de la Défense montre qu’aucune solution pacifique n’est envisagée ni envisageable par l’Ukraine.

Roustem Oumierov est passé par les États-Unis, notamment avec le « Future Leaders Exchange ». C’est un agent américain. Mais pas seulement : il parle d’ailleurs turc et on comprend le double jeu de la Turquie, qui compte bien faire un partenariat approfondi avec le belligérant victorieux, que ce soit la Russie ou l’Ukraine. Telle est la bataille pour le repartage du monde.

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Société

Hugo Clément et Marguerite Stern alimentent des voies de garage

Ils servent la soupe aux fascistes.

Ce qui a été dit d’Arno Klarsfeld sur sa manière d’en faire trop sur un sujet pourtant juste, est généralisable au sujet d’autres figures médiatiques qui ont mis le doigt sur des points absolument anti-démocratiques, rétrogrades ou mortifères dans la société capitaliste.

Il a été dit ici d’Arno Klarsfeld qu’il en faisait trop en se mettant en scène de manière narcissique (même s’il soulignait quelque chose de vrai sur le caractère bandériste du régime ukrainien), en se plaçant sur un plan politique qu’il ne maîtrise pas. Il était considéré qu’il s’agissait d’un choix de ne pas aller en direction du socialisme mais celui de l’audience, et s’il le faut, l’audience fasciste.

On peut dire exactement la même chose de Hugo Clément avec l’écologie et de Marguerite Stern et Dora Moutot avec le féminisme. Ces personnes ont une cause juste mais ils ont décidé que leur petite personne en était l’étendard, s’imaginant particulièrement charismatiques ou originaux et ils desservent la cause en allant flirter avec les fascistes.

Ainsi Hugo Clément s’est-il imaginé être un génie pour parler d’écologie à une conférence donnée par Valeurs Actuelles donnant littéralement du crédit à Jordan Bardella pour exposer le plan du Rassemblement National pour conquérir encore plus de voix. Ce dernier développant une vision de l’écologie retro-futuriste, ni trop réac, ni trop « catastrophiste » mais surtout pas collectiviste.

Son problème c’est que cela fait quelques années maintenant qu’il joue un rôle de sensibilisation et que, sans doute, les choses ne vont pas assez vite à son goût. Bien qu’au moment où il a commencé ce travail tout avait déjà été dit dans les années 1980-1990.

Il avait donc le fameux choix que les gens comme lui ont : celui de la carrière ou de la rupture avec l’ordre capitaliste.

Mais Hugo Clément est un authentique bourgeois et rentrer en confrontation n’a jamais été à son programme, il ne fait que suivre la trajectoire des gens de sa classe, même pas capable d’être vegan, quel conformisme !

En parallèle, on a donc des figures féministes qui empruntent la même voie de garage. C’est surtout Marguerite Stern qui ne peut ignorer la perspective émancipatrice pour avoir vécu dans des squats et traîné dans les milieux d’extrême-gauche. Elle ne peut pas ne pas savoir qu’il existe une voie qui consiste justement à mettre les prolétaires au centre, à créer et diffuser des médias antagonistes avec la société capitaliste et prôner le collectif avant tout, avant soi. Le socialisme.

Le graal n’étant justement pas d’être contacté par tel grand média, et tant pis s’il est fasciste, mais par telle personne lambda convaincue et voulant s’engager.

Marguerite Stern n’aura donc jamais compris la valeur de la démarche féministe liée au mouvement ouvrier et sera toujours passée à côté, arrivant à un stade où affirmer ses positions entraîne un isolement important, du fait notamment que son militantisme de type influence sur les réseaux sociaux se fait bloquer par les standards LGBT du turbo-capitalisme.

Du fait de son origine de classe qu’elle n’est pas parvenue a dépasser, elle a en horreur l’anonymat, le fait d’agir sans reconnaissance. Passer dans les médias est une manière d’exister, même si cela passe par aller sur la chaîne Youtube Omerta ou VA+, la chaîne « jeune » de Valeurs Actuelles.

Ces choix ont peut-être à voir avec sa rencontre avec Dora Moutot, avec qui elle a fondé le mouvement « Femelliste » pour la reconnaissance des droits des femmes liés au sexe. Cette dernière n’ayant jamais prétendu être de gauche, et dernièrement se révèle particulièrement familière avec les fascistes. Déplorant par exemple sur Livre Noir qu’elle votait auparavant à gauche par « bien pensance ».

On peut comprendre ce qu’elle veut dire par là, mais la critique de gauche, se fait par la gauche, pas par la pire droite. Mais évidemment, dans le contexte actuel, cela passe par assumer l’isolement car tel est le prix d’un engagement authentique dans la société capitaliste rongée par l’individualisme, le carriérisme, l’égocentrisme.

Se vendre comme il a été fait par ces personnalités c’est être fasciste, non pas au sens des idées qui sont présentées (pas encore), mais au sens du choix qui est à faire entre capitalisme et socialisme. Un choix qui se présente lorsqu’on est arrivé à un certain stade de compréhension des choses et/ou face à l’essoufflement d’une démarche superficielle. Choisir la « troisième voie » pour de l’audience c’est directement servir le fascisme.

On a la même configuration dans le cas d’Hugo Clément, qui déclare d’ailleurs sur VA+ que l’écologie n’est ni de droite ni de gauche. Historiquement, un tel positionnement relève du fascisme.

Mais cela est très en vogue en France avec la prédominance de l’écologie pétainiste existant chez de nombreuses organisation écologistes de gauche, qui est en fait identique à la proposition écologiste de l’extrême-droite, avec la mise en avant du petit paysan comme gardien suprême de son « environnement » avec le « localisme », les circuits-courts… Dont Jordan Bardella fait directement la promotion.

Dans le cas de Marguerite Stern et de Dora Moutot, leur fonction est d’être une passerelle vers le fascisme pour les femmes ayant saisi le caractère ignoble du transgenrisme et par ailleurs de la prostitution (un sujet qui choque beaucoup moins l’extrême-droite).

Elles sont un cheval de Troie en menant les femmes féministes dans la gueule du loup car ces gens ont des projets rétrogrades pour les femmes à tous les niveaux.

Il y n’a encore moins d’excuses à alimenter les circuits de l’extrême-droite au sujet des femmes qu’au sujet de l’écologie. C’est que l’écologie était déjà un sujet pour eux depuis les années 1930 (voir même depuis la fin du XIXe siècle) et finalement ce n’est pas la faute d’Hugo Clément si la gauche n’a rien de différent à proposer.

Mais concernant le féminisme, la ficelle est tellement énorme que c’en est impardonnable. Au mieux les amateurs de Livre Noir, VA+, Omerta (…) pensent qu’il n’y a plus besoin de féminisme. Au pire ils se livrent à la pire misogynie psychanalytique, dépossédant les femmes de leur réflexion.

Heureusement que ce ne sont pas ces figures médiocres des réseaux sociaux qui font l’Histoire et, malgré que des gens puissent momentanément être emmené dans la centrifugeuse fasciste, c’est le Socialisme qui ne peut que triompher de ces errances.

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Guerre

« Tolstoïevski »

Le nationalisme ukrainien, encore et toujours plus.

Il a déjà été parlé de comment le nationalisme ukrainien a particulièrement ciblé Dostoïevski. Néanmoins, Tolstoï fait toujours partie de cette cible, au point qu’on a maintenant même le concept de « Tolstoïevski ».

Il a été mis en avant par Andriy Melnyk, le numéro 2 des Affaires étrangères du régime ukrainien. Il avait été auparavant ambassadeur d’Ukraine en Allemagne de 2015 à 2022, mais il a dû partir car vraiment ses discours ultra-nationalistes ukrainiens rendaient sa position trop délicate par rapport à l’opinion publique allemande.

L’occasion a été une interview accordée le 6 avril au média ukrainien RBC. Il dit la chose suivante : oui, l’Allemagne nous soutient. Mais il y a un problème de fond, c’est que dans le dispositif culturel et idéologique allemand, la Russie existe.

Il faut que ça change, sinon l’Allemagne ne s’engagera jamais à fond pour le régime ukrainien.

Il faut bien saisir ici que pour le régime ukrainien, la Russie n’existe pas. Selon le nationalisme ukrainien, la Russie serait un empire maléfique dominé par la « Moscovie » criminelle. D’où l’intérêt du nationalisme ukrainien pour la superpuissance américaine dans sa guerre contre la Russie.

L’objectif, assumé, est la partition de la Russie en plusieurs entités.

Andriy Melnyk reprend donc le discours sur la Russie qui serait par nature criminelle, assassine, à l’instar de Dostoïevski. Tolstoï est devenu de plus en plus cité, il est désormais officialisé, mis au même niveau que Dostoïevski.

Voici donc son propos, qui fantasme d’ailleurs beaucoup sur les relations des classes dominantes allemandes avec la Russie : avant 1945, c’est le racisme anti-slave le plus brutal qui prédominait, dans l’esprit prussien. Ce n’est pas pour rien que les nazis voulaient exterminer tous les Slaves.

« D’autre part, les relations de l’Allemagne avec la Russie ont une histoire particulière qui remonte à la guerre froide ou à l’étroite coopération entre la Première et la Seconde Guerre mondiale.

– Jusqu’à l’époque de la Prusse ?

– Du moins de Frédéric le Grand, qui doit son salut à Catherine II. Pas étonnant que son portrait ait été accroché dans son appartement (…).

Je suis déjà silencieux sur les liens dynastiques les plus étroits entre les deux nations, les Allemands sont toujours fiers de leur contribution à l’établissement de l’État russe, et pas seulement sous Catherine, qui était une princesse allemande. 

Mais le fondement principal est la culture, la proximité idéologique. 

Les Allemands, malgré cette guerre barbare de la Russie, adorent toujours la musique classique, la littérature, le ballet, l’art russes, ils maintiennent une vision romantique des Russes en tant que grande nation culturelle, croient en un « bon » Russe, non seulement en Navalny, mais en un sorte d’image collective de Tolstoïevski.

Bien sûr, quand les Allemands ont vu toutes les atrocités que les Russes commettent en Ukraine, ils ont eu un véritable choc. Pour eux, il s’agit d’un test de résistance à la barbarie, qu’ils n’ont pas connu depuis la Seconde Guerre mondiale.

Bien sûr, la majorité de la société allemande condamne cette terrible cruauté, car il ne peut en être autrement parmi les peuples civilisés. 

Mais malgré tout cela, tant au niveau public qu’au niveau des élites politiques en Allemagne, il est entendu que la Russie en tant que grande puissance, en tant que facteur de la politique internationale – même malgré cette guerre – n’ira nulle part, personne croit qu’il va s’effondrer. Les Allemands ne croient même pas qu’il y aura une réinitialisation sérieuse au sein de la Fédération de Russie. »

Ce discours n’a rien de nouveau : c’est la ligne de l’effacement de la culture russe prônée par le régime ukrainien. Nous avons parlé de l’appel en ce sens fait par le ministre ukrainien de la culture Oleksandr Tkachenko.

Ce qui est par contre notable, c’est la surenchère permanente, la conceptualisation au service d’une narration pour nier la Russie et légitimer son dépeçage. C’est là qu’on voit très bien comment le régime ukrainien est totalement au service de la ligne américaine de conquête pour le repartage du monde.

Le régime ukrainien ne représente en rien les intérêts ukrainiens ; il est un appareil au service de la superpuissance américaine par l’intermédiaire d’une fiction nationale inventée par le nationalisme ukrainien. Et le pays, devenu zombie, court ainsi à sa perte.

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Politique

Tribune « antifasciste » anticapitaliste

Un bricolage militant pour justifier un activisme dispersé.

De nombreux groupes activistes ont signé une tribune. Celle-ci, pour résumer, s’exprime contre la répression étatique généralisée qui existerait, notamment en raison des mobilisations contre la réforme des retraites.

Il y a toujours quelque chose étrange, du point de vue de la Gauche historique, de voir un activisme dispersé, un actionnisme se définissant comme « subversif », se définir comme antifasciste. Pourquoi ces gens ne se disent-ils pas simplement révolutionnaires?

L’une des choses les plus incohérentes qui soient en France est vraiment que des gens d’orientation anarchiste (ou trotskiste) se revendiquent de l’antifascisme, alors que l’antifascisme est purement « frontiste », « étapiste », à rebours donc de tout « anticapitalisme » en mode révolution permanente.

Et, justement, ces gens utilisent « l’antifascisme », défini à leur manière, pour la surenchère revendicative et la critique du « système ». Cela n’a pas de sens et le caractère velléitaire de la tribune commune qu’ils signent est patent.

Imaginaire et fictif même, parce que prétendre qu’en France il y aurait une « répression », alors qu’on est bien au chaud en occident et qu’il ne se passe rien, que des vitrines sont tout le temps cassées en manifestations sans réelle réaction étatique… Franchement… Ce n’est pas réaliste.

C’est vraiment de l’imagination dans la France bien aseptisée du 24 heures sur 24 du capitalisme, où le relativisme culturel le plus grand domine, au service du libéralisme généralisé.

Et, de toutes façons, si on veut parler « constructivement ». Il n’y a pas un mot sur la guerre, déjà. Alors que le fascisme sert toujours des projets de guerre. Peut-on être antifasciste sans dénoncer l’Otan, sans combattre la guerre occidentale contre la Russie?

Non, on ne le peut pas. Le fascisme est toujours une réorganisation de la société pour la guerre impérialiste. On ne peut pas séparer le fascisme de la guerre.

Ensuite, en France toute la scène activiste d’extrême-Droite se revendique des nazis ukrainiens d’Azov, les prend comme modèle, est en lien avec eux, envoie des gens là-bas.

C’est tellement vrai que la scène d’extrême-Droite française a abandonné le nationalisme raciste, pour passer au racialisme « européen ». Ce qui est un changement majeur, rendu nécessaire par leur mise au service de l’Otan et la guerre en Ukraine.

Peut-on alors faire l’économie de parler d’Azov, alors que c’est l’exemple suivi à tous les niveaux par les activistes brutaux de l’extrême-Droite française ?

Non, on ne le peut pas. C’est bien la preuve que l’antifascisme n’est pas un levier pour « l’anticapitalisme », mais une étape défensive de type démocratique – populaire. C’est là la conception de la Gauche historique, à l’opposé de l’anarchisme (et du trotskisme) que reflète la tribune.

« La lutte antifasciste est indissociable de la lutte anticapitaliste

Depuis plusieurs mois, nous assistons à une montée en puissance de la contestation contre la réforme des retraites et surtout à une répression qui s’intensifie.

En France ou ailleurs, c’est bien le pouvoir en place qui a le monopole de la violence et la police représente son bras armé chargé d’assurer une répression constante envers les habitant-es des quartiers populaires, les personnes LGBTQIA+, les personnes handies/fols, les personnes racisées et celles qui subissent le sexisme, les militant-es écolos, syndicaux, politiques et associatifs ou encore les ultras dans les stades.

En bref, tout celleux jugé-es dangereu-x-ses, deviant-es, susceptible de menacer la stabilité du système en place et de l’idéologie dominante,

Notre antifascisme est culturel et social. Nous nous élèverons toujours contre la casse de nos conquis sociaux, la montée de la précarité, le renforcement des dispositifs sécuritaires, la violence d’état et la haine.

L’avenir de notre société ne doit pas être entre leurs mains, mais bel et bien entre les mains de ceux et celles qui cherchent à dépasser le système actuel et à proposer une alternative solidaire, cohérente, dénuée de toute oppression liée au genre, à la race et bien évidemment à la classe.

Mais l’idée qui fait de nous des antifascistes ne s’arrête pas là. Car la lutte antifasciste est indissociable de la lutte anticapitaliste.

Diviser les peuples, à travers des frontières, des barrières de papiers et de barbelés, considérer tel ou tel groupe supérieur aux autres, faire la guerre sans répit, écraser, piller des peuples entiers pour accéder aux richesses et au pouvoir absolu n’est pas l’obsession de quelques tyrans idéologues mais l’aboutissement mécanique du système économique capitaliste.

Ce système, en place depuis de trop nombreux siècles, s’accommode bien du fascisme, il le façonne et s’en nourrit. C’est même un outil précieux pour la bourgeoisie lorsqu’elle est en danger face à la lutte de celles et ceux qu’elle exploite.

Comment alors éradiquer le fascisme sans se débarrasser définitivement du capitalisme ?

Face aux réformes injustes qui profitent aux plus aisés et sont toujours subies par les plus démunis. Face aux gouvernants qui ne souhaitent ni entendre les syndicats, ni le peuple dans la rue. Face aux violences policières et aux nombreuses atteintes portées aux droits de grève et de manifestation. Face à leur projet de société, l’ordre en place qui s’écroule et leur vieux monde. Face à leur passage en force, montrons la nôtre.

Mobilisons nous toutes et tous immédiatement, avec détermination et radicalité jusqu’à la victoire. À l’intransigeance de la bourgeoisie, répondons par l’intransigeance de la rue. Quelles qu’en soient les méthodes.

Signataires :

Comité Antifa Saint-Étienne, AFA Paris-Banlieue, RAFAHL Le Puy, Metz Antifasciste, Antifa Social Club Marseille, Paris Queer Antifa, Collectif Antifa Picardie, Réseau Angevin Antifasciste, Offensive Antifasciste Bordeaux, Poitiers Antifasciste, Action Collective Antifasciste Valence, Collectif de Vigilance Antifa Saint-Brieuc, Red Wolfs Clermont, Clermont et environs Groupe Antifasciste, Jeune Garde (Lyon, Lille, Montpellier, Strasbourg, Paris), Action Antifasciste Grenoble, Groupe Antifasciste Lyon et Environs, Collectif Populaire Contre l’Extrême Droite (Toulouse), Collectif Antifasciste Orléans, Action Antifasciste Alpes-de-Haute-Provence, Union Antifasciste Tarn-et-Garonne, Bloc Antifasciste Nancy, Action Antifasciste Strasbourg, Collectif Antifasciste Tourangeau, Action Antifasciste Tolosa. »

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Guerre

L’armée ukrainienne et l’idéalisme activiste nazi en Europe

L’armée ukrainienne est le principal vecteur de l’activisme d’extrême-Droite.

En ce tout début du mois d’avril 2023, la mort d’un combattant ukrainien a été annoncé, Modzhahed. Il était musulman et combattait à Bakhmout.

Avant d’être musulman, Modzhahed, Daniil Liashuk de son vrai nom, était un néo-nazi biélorusse.

Lors de la guerre en Ukraine dans le Donbass à l’issue de la révolte pro-occidentale du Maïdan de 2013-2014, il avait été membre du bataillon « Tornado ». Ce bataillon était allé tellement loin dans la torture et le massacre de civils que même le nouveau régime ukrainien avait été obligé d’en juger les membres. Daniil Liashuk a été condamné à dix ans de prison en 2016 et libéré en 2021.

La fascination pour l’Islam est très présente dans l’extrême-Droite de l’armée ukrainienne. On voit souvent ensemble des barbus levant le doigt et des gens au look nazi affirmé. On est ici dans le nihilisme et la fuite en avant.

Un exemple très parlant est Denis Kapustine, se faisant appeler Denis Nikitine. Lui aussi n’est pas ukrainien, c’est un Russe. Il a vécu en Allemagne, pays qui a interdit son entrée dans l’Union européenne depuis 2019.

Denis Nikitine avait monté « White rex », une marque d’habits très connue dans la scène néo-nazie en raison de la mise en place de nombreux et importants combats de MMA. Elle été fondée en 2008 et a existé pendant une dizaine d’années, jouant un rôle incontournable pour le développement de l’idéologie prônant les muscles et l’assassinat au service du racisme.

Denis Nikitine a joué un rôle essentiel comme intermédiaire entre les nazis ukrainiens d’Azov et l’extrême-Droite européenne. Il rejoint d’ailleurs Azov en 2017, s’installant à Kiev.

Depuis, Denis Kapustine a mis en place le Corps des Volontaires russes de l’armée ukrainienne. Le logo reprend un symbole de « l’armée de libération russe » mise en place par l’armée allemande pendant la seconde guerre mondiale.

La Russie a toujours assumé d’être multi-ethnique et les néo-nazis russes assument pour cette raison une démarche « accélérationniste ». Ils pensent que le découpage de la Russie permettra l’instauration d’une Russie ethniquement « pure ».

Ce corps de volontaires a notamment réalisé une incursion en Russie, début mars 2023, depuis l’Ukraine. Dans l’opération, un jeune russe de 10 ans a été blessé. Denis Nikitine s’est moqué de lui apprenant que sa mère était une Tatar de Crimée venue du Tadjikistan. Il a posé sur un réseau social une image d’une famille en tenue nationale tadjuk avec des croix gammées formant un halo au-dessus des parents et des enfants, écrivant « La Russie sera aryenne ou sans vie ».

Très logiquement, un des porte-paroles des Services secrets de l’armée ukrainienne, Andrey Yusov, a présenté ce Corps de volontaires russes comme « une des forces qui formeront la nouvelle configuration de la Russie post-Poutine ».

Il est en effet évident que, puisque le but du capitalisme est de stopper le Socialisme, il est absolument parfait qu’une idéologie se répande en Europe poussant à la mise en place de structures provocatrices et menant des agressions.

En ce sens, l’armée ukrainienne est le principal vecteur de l’activisme d’extrême-Droite. Des cadres nazis de différents pays vont voir Azov, qui est une composante même de l’armée. Ils participent pour certains aux combats. Ils reviennent dans leur pays. Ils diffusent un style bien précis.

En France, « Ouest casual » (dont le logo est aux couleurs de l’Ukraine) est le principal acteur de ce nihilisme provocateur.

KOTS signifie « King of the streets », le roi de la rue, et désigne une entreprise organisant des combats ultra-violents de MMA sans règles et sans rounds

De tels gens, de telles structures ne représentent pas du tout une menace de prise de pouvoir, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens sincères mais pris au piège. Car il est évident qu’au début du 21e siècle aucun projet raciste ne peut devenir majoritaire dans un pays d’Europe.

Le but de tels fous furieux est d’obnubiler, d’empêcher d’avancer de manière autonome à Gauche.

C’est pourquoi depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, il y a des attaques de la part de ces structures contre des syndicalistes et des étudiants. Il s’agit d’accaparer l’attention, de troubler les esprits, de perturber, d’amener dans des voies de garage.

Ces structures parasitent les esprits, apportent la confusion, par le spectaculaire et l’ultra-violence. Et le fond même de la démarche de ces structures sert clairement le chaos et le nihilisme, donc les intérêts de la superpuissance américaine qui profite de la déstructuration générale des pays capitalistes occidentaux pour mieux les satelliser.

La superpuissance américaine profite ainsi sur tous les tableaux au niveau culturel et idéologique.

Elle a avec la « Gauche » française des idiots utiles du libéralisme, diffusant le relativisme mercantile, le culte de l’identité maxi-individualiste en mode LGBT, les migrations (pour en réalité amener une main d’œuvre corvéable à merci)…

Bref toutes les inventions de la « gauche » américaine universitaire.

Et elle a avec l’extrême-Droite activiste des idiots utiles jouant le rôle de provocateurs sans perspective, de contributeurs au militarisme dans le cadre de l’Otan, d’agents de décomposition sociale et politique dans une France à encore plus satelliser.

C’est l’effondrement civilisationnel en France, accompagné par la superpuissance américaine.

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Société

Réforme des retraites et luttes « sauvages »

Le mythe du « spontanéisme ».

Depuis que la réforme des retraites est passée, on assiste à une systématisation des initiatives « sauvages ». Le plus souvent il s’agit de manifestations avec des petits débordements contre la police ou des incendies de poubelles. Parfois, il s’agit d’occupations (comme celle de la faculté de Tolbiac à Paris), ou même bien plus rarement de grèves.

Dès qu’on atteint un certain nombre de gens dans le cadre du mouvement de lutte contre la réforme des retraites dans une ville donnée, ce phénomène a lieu.

Il rappelle que le grand idéologue des « mouvements sociaux » en France, c’est Georges Sorel. Il est passé à la trappe, personne ne le mentionne, ou même ne le connaît. Mais c’est sa conception qui est à la base de tout ce qui se passe depuis que la Gauche historique n’a aucun poids en France.

Georges Sorel affirme au début du 20e siècle qu’il faut une minorité agissante qui agisse comme faction agressive, en utilisant des « mythes mobilisateurs », principalement celui de la « grève générale ». Le progrès se fait suivant l’action des « combattants ».

C’est une conception qui est entièrement opposée au marxisme et à son expression politique alors, la social-démocratie. Et on la retrouve aujourd’hui à l’ultra-gauche, chez les anarchistes, et même chez La France Insoumise avec le « populisme » dont elle se revendique ouvertement.

Jean-Luc Mélenchon fait du Sorel lorsqu’il appelle l’agitation à servir de levier pour faire « bouger » les choses, plus exactement en réalité à forcer les choses.

C’est qu’il y a un côté puissamment fasciste chez Sorel, une dimension viriliste, guerrière : Mussolini s’en revendiquera pour le fascisme italien. Et on retrouve très précisément cela lorsqu’en France lorsque des hommes habillés tout en noir se disant anarchistes scandent « ahou ahou » en manifestation, reprenant ce « mot d’ordre » au film d’extrême-Droite assumé « 300 » sur les Spartiates.

Les manifestations « sauvages » actuelles tiennent clairement de cette démarche « guerrière » spontanéiste, violemment anti-intellectuelle, anti-politique même. On est ici dans une forme de lutte qui est de droite, qui relève de l’anti-parlementarisme traditionnel à droite de la Droite.

On remarquera ici qu’un des vecteurs de cette démarche tient à l’emprunt assumé de méthodes aux « ultras » des stades de football. Des méthodes virilistes, agressives et provocatrices, avec un esprit de bande ou de clan.

Quiconque lit les ouvrages de l’historien Zeev Sternhell sur cette droite « contestataire » née en France ne peut que constater les rapprochements évidents avec ce qui se passe en France.

On avait déjà vu cela pendant les confinements : dans toute l’Europe, c’était l’extrême-Droite qui s’y opposait… Sauf en France où c’était toute cette scène de la révolte « sauvage », mêlant ultra-gauche, gilets jaunes, syndicalistes, etc.

Ces gens veulent faire tomber le régime pour faire tomber le régime. Ils n’ont ni valeurs, ni programme. La contestation est leur seul fond et ils racolent autant que possible, ils pratiquent la surenchère permanente.

Il n’est guère étonnant que dans un pays où la Droite a l’hégémonie sur le plan des valeurs, où la Gauche historique est isolée, l’agitation sociale s’aligne sur un spontanéisme à la fois beauf et nauséabond. Il suffit de voir des gens se revendiquer du syndicalisme et organiser des marches aux flambeaux pour voir qu’on a touché le fond.

Tout ça est le prix de la négation du rôle des idées, de la connaissance de l’Histoire, de l’importance des valeurs. La base de tout ça, c’est la corruption par le capitalisme dans un pays qui est l’un des plus riches du monde.

On s’amuse à se faire peur, la dimension « sauvage » permet de faire beaucoup de bruit, sans n’engager à rien. Car tous ces révoltés en mode « sauvage » n’ont aucune activité politique. Ils vivent le « grand soir » à petite échelle simplement pendant un temps.

Le contraire d’une lutte « sauvage », c’est bien entendu une lutte consciente, organisée à la base avec l’ensemble des travailleurs (et donc pas sur une base syndicale ou bien d’intersyndicale). Le contraire d’une lutte « sauvage », c’est une assemblée générale de travailleurs prenant démocratiquement des décisions en étant portés par la conscience de la lutte des classes.

La négation du rôle de la conscience, voilà ce qui amène tout ce mouvement contre la réforme des retraites à la fois à l’échec et à la honte. Non seulement les larges masses sont évitées, mais l’agitation prend des formes relevant de la Droite.

Les conséquences de tout cela vont être terribles.

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Politique

La France se décompose en mars 2023

La société française est totalement pourrie.

Les Français sont des hypocrites ; ce n’est pas pour rien qu’ils n’ont jamais assumé le protestantisme pourtant né chez eux avec Jean Calvin, et qu’ils ont toujours préféré le catholicisme où, au moins, on pouvait se repentir après avoir fait le contraire de ce qui était demandé.

Quiconque regarde par la fenêtre, dans la rue, au travail, à l’école, où qu’il veuille, ne peut pas ne pas voir que la France se décompose, que plus rien ne tient. Le niveau culturel s’effondre, les gens se contentent du superficiel et développent même un goût pour le superflu. Chaque Français rêve de gagner des millions au loto pour se contenter de se laisser vivre en profitant du luxe.

Autre constat : la violence dans la société s’est effondrée. La violence directe, l’agressivité des années 1970-1990 a pratiquement disparu, mais la violence sociale a explosé. On ne risque plus de se faire tabasser au commissariat, mais toute la société tabasse la psychologie, les nerfs, les sentiments. La vie quotidienne est méchamment ardue.

Mais les Français ne l’assument pas. Ils masquent la réalité, car ils comptent encore profiter jusqu’au maximum d’être au chaud en occident. Le pays se tiers-mondise ? Qu’importe si « moi » je peux encore en profiter. Tant pis pour les autres !

C’est cela qui explique cette ambiance années 1930 qui suinte du mouvement actuel contre la réforme des retraites. On n’y trouve strictement rien relevant de la Gauche historique. C’est la Droite qui s’exprime partout. Marches aux flambeaux… Incendie d’effigies de personnalités politiques… Anti-parlementarisme avec ciblage de permanences d’élus… Virilisme des « minorités agissantes » lors des manifestations… Esprit ouvertement corporatiste avec un refus catégorique d’élargir le champ des revendications…

On voit mal comment Marine Le Pen ne va pas profiter de manière prononcée de la séquence en cours. Nous vivons pratiquement un Février 1934 conforme à l’esprit de notre époque : sur un mode syndical occidental, mou, aigri, délétère, acide. On pensait qu’avec les gilets jaunes, ces chemises noires ne s’assument pas, on ne pouvait pas vraiment faire pire… Eh bien si ! Les beaufs du syndicalisme ont réalisé cet exploit.

Ce qui nous pend au nez, c’est le scénario italien des années 1920. L’agitation sociale échoue, et même si elle n’a pas été « révolutionnaire », elle fait suffisamment peur à la bourgeoisie qui craint une progression du niveau de conscience historique des masses. Alors, ce qui s’ensuit, c’est la victoire électorale de l’extrême-Droite. Puis un tour de vis massif et l’instauration d’un régime, à peu près le même, et pourtant différent, pour aller à la guerre.

On dira qu’il n’y a pas de milices d’extrême-Droite aujourd’hui. C’est vrai, il n’y a que quelques regroupements totalement déconnectés de la réalité. Mais il n’y a même pas besoin de telles milices, car la Gauche historique – la seule réelle menace pour la bourgeoisie – est inexistante ou presque en France. Ce n’est pas La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui va prendre l’Élysée par les armes et instaurer le Socialisme. Et de toutes façons les masses ne veulent rien savoir, elles ne veulent pas de la politique, elles veulent qu’on les laisse tranquilles et que chacun puisse continuer sa petite vie.

Le mouvement contre la réforme des retraites auquel on assiste est une infamie, une insulte aux exigences de l’Histoire. Nous l’avions dit dès le départ. Et il n’a pas fini de continuer à s’enfoncer. Cela va empirer.

Rien de toute ça n’empêchera toutefois la résurgence inéluctable de la Gauche historique ! C’est la crise générale, la France s’effondre, les compteurs sont remis à zéro, et il faut boire le calice de la corruption occidentale des masses jusqu’à la lie, voilà tout. Demain sera entièrement différent politiquement.

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Guerre

Minable pamphlet pro-américain et pro-guerre du PS et d’EELV

En service commandé pour l’Otan et la CIA.

Raphaël Glucksmann est une figure typique de la fausse gauche française. Il n’est en rien de gauche, mais un libéral-démocrate à l’américaine, dont l’œuvre a essentiellement pour but de confisquer l’héritage et la culture de la Gauche historique, afin de la détruire.

Il est donc tout à fait logique que Raphaël Glucksmann soit un défenseur acharné de la guerre américaine contre la Russie. À l’occasion du premier anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, il a donc écrit une « tribune », forcément publiée dans « Le Monde » (l’organe favori des Français démocrates à l’américaine), forcément accessible uniquement à ceux qui paient pour la lire, forcément signée par une ribambelle d’universitaires.

L’essentiel des figures du Parti « socialiste » et d’Europe écologie-Les Verts l’ont également signée, naturellement. C’est la Gauche caviar, la Gauche bobo, celle du Monde, du Nouvel Observateur.

Ce qu’on lit dans cette tribune est absolument caricatural, et c’est la même chose que ce que racontent la CIA et l’Otan. La Russie est méchante, très méchante, mais les Ukrainiens sont fantastiques et ils se battent pour notre liberté. Alors il faut les armer jusqu’aux dents pour qu’ils se massacrent avec les Russes, car il en va de la liberté du monde entier.

« Un peuple dont le seul crime est d’avoir voulu vivre libre », ose dire Raphaël Glucksmann, tel un scénariste à Hollywood.

Mais comme il s’agit, en France, pour Raphaël Glucksmann de détruire l’héritage et la culture de la Gauche historique, alors il ajoute une touche locale à sa propagande. Il reprend les termes et les définitions de la Gauche pour tout mélanger, pour saloper. La confusion est une arme fétiche des propagandistes à l’américaine.

Ainsi, il parle de fascisme, et renvoie à l’héritage antifasciste du 20e siècle.

« Nous faisons face à un État fasciste qui doit impérativement perdre la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine. »

Et il ose :

« La guerre en Ukraine permet de situer chacun d’entre nous dans et face à l’histoire.

Elle oblige la gauche à décider si elle continue ou si elle renie le combat antifasciste qui fut l’honneur de son histoire.

Une gauche fidèle aux leçons de son histoire se souvient de la guerre d’Espagne et de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie fasciste. Elle se souvient des leçons de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne nazie.

Le refus d’armer les Républicains espagnols ou les Ethiopiens envahis par Mussolini n’a pas amené la « paix », mais une guerre bien plus dévastatrice. L’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 a préparé la débâcle. »

Ce parallèle est très intéressant, car nous sommes justement en droit de le dénoncer, nous en avons la légitimité. C’est que ce parallèle a été juste, en effet… Mais il ne l’est plus. Voici l’image que nous avions réalisé et mis en avant avant l’invasion, dès avril 2021.

Et nous l’avions réactualisé au début de l’année 2022.

Qu’est-ce qui a changé, pour ne plus l’utiliser après ?

L’image avait son sens lorsqu’on pouvait encore parler de la nation ukrainienne en général. Ce n’est désormais plus possible : on est obligé de parler du régime ukrainien en particulier. Nous aimerions que les choses soient autrement, mais ce n’est pas le cas. Tout ce qui touche à l’Ukraine est 100% pro-guerre, pro-américain, fanatiquement anti-Russie, il n’y a rien à sauver.

Le régime ukrainien est désormais ouvertement sur une ligne nationaliste fanatique, affirmant vouloir aller jusqu’à Moscou avec ses chars et démanteler la « Moscovie ».

Il brûle des livres en masse, par millions, car « pro-Russie », il détruit méthodiquement tout ce qui est russe jusqu’aux monuments à Pouchkine, au point de vouloir interdire l’immense Tchaïkovski, de faire du peintre Ilya Répine un Ukrainien et non plus un Russe, jusqu’à considérer que la Russie est une entité maléfique possédée par le « dostoïevskisme ».

Nous l’avons répété plusieurs fois aussi, en précisant à chaque fois les étapes y menant : la nation ukrainienne s’est littéralement suicidée. Elle a fait comme Gribouille se jetant à l’eau pour ne pas se mouiller.

Il est impossible d’avoir un quelconque lien, même de très loin, avec le régime ukrainien qui assume l’idéologie nationaliste des bandéristes, qui interdit tout ce qui est de Gauche, qui est aux ordres de la superpuissance américaine.

On doit même dire que puisque l’Ukraine est au service de l’occident, qu’il représente aussi la France, alors il faut souhaiter sa défaite, car la défaite du régime ukrainien est aussi la défaite de l’armée française !

Une défaire que ne veulent ni le Rassemblement National, ni la CGT, ni La France Insoumise, ni Les Républicains, ni Emmanuel Macron, ni le NPA, ni la CFDT, ni FO, ni EELV, ni les socialistes.

Car l’ensemble du spectre politique est aligné sur l’Otan, sur la bourgeoisie française inféodée à la superpuissance américaine.

Être révolutionnaire, sur les valeurs de la Gauche historique, c’est se confronter à cet alignement ! Il ne faut pas aider le régime ukrainien, il ne faut pas la « paix », il faut la défaite de son propre camp impérialiste !

Voici la tribune, minable pamphlet pro-américain, pro-Otan, pro-3e guerre mondiale.

« Le 24 février 2022, Kiev devait tomber en quarante-huit heures. Un an plus tard, le drapeau ukrainien flotte sur Kherson. Depuis un an, les Ukrainiens nous donnent une extraordinaire leçon de courage. L’histoire s’écrit dans les tranchées de Bakhmout et les rues de Kherson, les caves de Kharkiv et les abris de Kiev.

L’Ukraine est aujourd’hui le cœur battant de l’Europe ; elle incarne la liberté des peuples face à une agression impérialiste ; elle défend la démocratie, non seulement pour elle-même mais pour nous tous, pour tout le continent européen. C’est pourquoi nous devons la soutenir de toutes nos forces et amplifier l’aide européenne.

Ceux qui agitent la peur de « l’escalade », alors qu’il ne s’agit que de repousser une agression, ne voient pas que tout recul devant Poutine ne ferait qu’enfoncer notre continent dans une spirale d’insécurité et de violence. Poutine n’a rien caché de ses idées et de son projet : il est en guerre contre la démocratie européenne, en laquelle il ne voit que décadence, et contre laquelle il veut affirmer, au mépris de tout droit, la puissance d’un empire russe.

La dynamique impérialiste enclenchée depuis 1999 par le régime de Poutine, appuyé sur un capitalisme mafieux et oligarchique, ne sera arrêtée que si la Russie perd en Ukraine. Alors que la guerre fait à nouveau rage à nos frontières, alors que la sécurité de l’ensemble de l’Europe est en jeu, la lâcheté et les ambiguïtés coupables ne sont pas permises.

La question est simple : doit-on donner aux Ukrainiens les moyens de se défendre ou récompenser l’agresseur russe en le laissant détruire le droit international et commettre en toute impunité ses crimes contre l’humanité ? Ceux qui appellent. à cesser de livrer des armes à l’Ukraine ne sont pas « pacifistes » : ils ne veulent pas la paix, mais consentent à la défaite.

Ils autorisent le sacrifice des Ukrainiens en les livrant à leurs agresseurs. Ils espèrent avoir la paix en cédant à ceux qui déclenchent les guerres. C’est une vieille illusion qui nous a maintes fois coûté cher à travers l’histoire. La victoire du fascisme n’est pas la « paix », mais la préparation d’autres guerres.

Cette guerre décide de la sécurité du continent européen

Le pseudo- « pacifisme » d’une part de la classe politique française et européenne – y compris à gauche – qui refuse les livraisons d’armes à l’Ukraine revient à consentir à l’oppression et à l’anéantissement d’un peuple dont le seul crime est d’avoir voulu vivre libre. Non seulement les pays européens ont raison de fournir des armes à l’Ukraine, mais ils doivent intensifier leur effort.

Si nous voulons réellement vivre en paix, alors nous devons être solidaires de la lutte des Ukrainiens contre un régime qui fait des civils des cibles prioritaires, comme il l’a déjà fait en Tchétchénie ou en Syrie. Il faut livrer aux Ukrainiens toutes les armes dont ils ont besoin pour renvoyer l’armée russe dans ses frontières. Chaque retard, chaque délai prolonge l’agression.

Cette guerre décide de la sécurité du continent européen pour les décennies à venir. Elle décide aussi du sens de la démocratie européenne et de sa capacité à préférer la solidarité aux politiques de profits à courte vue, qui sacrifient d’un même mouvement la justice sociale, l’urgence écologique et l’autonomie stratégique de nos cités.

La solidarité avec le peuple ukrainien en lutte

Une part de la gauche ne comprend pas qu’il peut y avoir une réponse de gauche à la guerre : fondée sur la solidarité avec le peuple ukrainien en lutte, mais aussi sur l’idée simple que les plus riches doivent le plus contribuer à l’effort commun, sur le fait que la taxation des profits de guerre a toujours été l’occasion à travers l’histoire de rétablir la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers et de la puissance publique sur les puissances privées. L’état de guerre exige que nous cessions de séparer le politique de l’économique.

Alors comblons les trous dans les sanctions visant la Fédération de Russie ; étendons les sanctions individuelles et confisquons les biens russes qui sont jusqu’ici simplement gelés ; créons d’urgence un cadastre de tous les avoirs financiers et non financiers détenus dans les paradis fiscaux, à commencer par les paradis fiscaux européens dont les oligarques russes sont particulièrement friands, et gelons les avoirs russes au-delà d’un niveau de fortune afin d’affaiblir les acteurs qui bénéficient le plus au régime de Poutine ; étendons les sanctions aux Etats ou entités qui aident le régime russe à annexer les territoires ukrainiens occupés et à circonvenir aux sanctions existantes.

Affichons clairement l’objectif stratégique de l’UE : la victoire de l’Ukraine dans ses frontières. Les discours ambigus, qui laissent croire à Moscou qu’une porte est à moitié ouverte et que l’Europe pourrait accepter l’annexion des territoires ukrainiens occupés par la Russie, ne font que prolonger la guerre en encourageant la Russie à étendre son occupation le plus loin possible.

L’UE devra aussi être à la hauteur de la solidarité matérielle qu’elle doit aux nombreux pays du monde qui subissent sans l’avoir voulu les conséquences de la guerre, en particulier sur l’approvisionnement alimentaire et énergétique.

Etre « réaliste », c’est fonder sa stratégie sur la réalité, et pas sur des illusions que le fait de la guerre a mises en pièces. Et la réalité, si longtemps fuie par nos dirigeants, est que nous faisons face à un Etat fasciste qui doit impérativement perdre la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine.

La guerre en Ukraine permet de situer chacun d’entre nous dans et face à l’histoire. Elle oblige la gauche à décider si elle continue ou si elle renie le combat antifasciste qui fut l’honneur de son histoire. Une gauche fidèle aux leçons de son histoire se souvient de la guerre d’Espagne et de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie fasciste. Elle se souvient des leçons de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne nazie. Le refus d’armer les Républicains espagnols ou les Ethiopiens envahis par Mussolini n’a pas amené la « paix », mais une guerre bien plus dévastatrice. L’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 a préparé la débâcle.

Toute renonciation prépare les catastrophes de demain. Hier, la démission des démocraties face à la barbarie de Bachar El-Assad a donné à Poutine, qui avait déjà expérimenté l’impunité de sa violence extrême en Tchétchénie et avait pu violer le droit international en Crimée, le signal d’une autorisation à commettre l’irréparable en Ukraine.

Les Ukrainiens ne lâchent rien, malgré les morts, les viols, les massacres. Nous n’avons pas droit à la lâcheté alors qu’ils combattent pour nous. La seule défense de la paix est de soutenir les Ukrainiens.

Liste des signataires de cette tribune à l’initiative de Raphaël Glucksmann et Jean-Yves Pranchère :

Pierre Albertini, historien, professeur de khâgne ; Hadrien Alvarez, artiste plasticien ; Eric Andrieu, député européen (PS) ; Nathalie Appere, maire de Rennes (PS) ; Jérôme Auslender, adjoint au maire de Clermont-Ferrand (Generation. s) ; Fabien Aviet, éditeur ; Gilles Bataillon, directeur d’études à l’EHESS ; Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand (PS) ; Thomas Boccon-Gibod, Institut de philosophie de l’université Grenoble Alpes ; Isabelle Bourdier, professeure d’histoire-géographie ; Dominique Bourg, professeur honoraire à l’Université de Lausanne ; Frédéric Brahami, directeur d’études à l’EHESS ; Anne-Lorraine Bujon, directrice de la rédaction de la revue Esprit ; Julia Cagé, professeure d’économie au département d’Economie de Sciences Po Paris ; Eduardo Castillo, écrivain ; Pierre Charbonnier, philosophe, chargé de recherche CNRS à Sciences Po ; Fabien Chevalier, président d’honneur de « Sauvons l’Europe » ; Antoine Chollet, politiste, université de Lausanne ; Catherine Coquio, cofondatrice du Comité Syrie-Europe ; David Cormand, député européen (EELV) ; Laurent Coumel, enseignant-chercheur à l’Inalco ; Martin Deleixhe, Université libre de Bruxelles ; Carole Delga, présidente de la région Occitanie (PS) ; Karima Delli, députée européenne (EELV) ; Tremeur Denigot, expert européen ; Philippe Descola, professeur au Collège de France ; Frédérik Detue, maître de conférences en littérature comparée, université Côte d’Azur ; Françoise Diehlmann, germaniste ; Stéphane Dorin, professeur de sociologie à l’université de Limoges ; Gregory Doucet, maire de Lyon (EELV) ; Anne Dujin, rédactrice en chef de la revue Esprit ; Alexeï G. Evstratov, enseignant-chercheur, université Grenoble Alpes ; Jean-Louis Fabiani, professeur à CEU, Vienne ; Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS) ; Jean-Marc Forax, artiste plasticien ; Sylvain Frécon, auteur de bande dessinée ; Antoine Germa, scénariste du film Moissons sanglantes ; Raphaël Glucksmann, député européen (Place publique) ; Martine de Gaudemar, professeure émérite de philosophie (université de Paris-Nanterre) et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France ; Sylvie Guillaume, députée européenne (PS) ; Francois Heran, professeur au Collège de France ; Jean-François Husson, chargé de cours invité à l’université de Louvain ; Yannick Jadot, député européen (EELV) ; Céline Jouin, maître de conférences en philosophie à l’université de Caen Normandie ; Isabelle Kersimon, présidente d’honneur de l’Inrer ; Mathieu Klein, maire de Nancy (PS) ; Sarah Kilani, membre du Comité Syrie Europe après Alep, médecin anesthésiste réanimateur ; Firas Kontar, juriste, opposant au régime syrien ; Justine Lacroix, politiste, université libre de Bruxelles ; Aurore Lalucq, députée européenne (Place publique) ; Perrine Ledan, échevine de la culture (Ecolo), Uccle (Bruxelles) ; Carole Lemee, anthropologue, maîtresse de conférences à l’université de Bordeaux ; Nicolas Leron, essayiste, chercheur associé à Sciences Po ; Antoine Lilti, professeur au Collège de France ; Paul Magnette, président du Parti socialiste belge et bourgmestre de Charleroi ; Virginie Maneval, assistante sociale ; André Markowicz, écrivain et traducteur ; Guillaume Massart, cinéaste et producteur ; Fréderique Matonti, professeure de science politique à Paris-I ; Nora Mebarek, députée européenne (PS) ; Frédéric Ménager, chercheur associé EHESS ; Marie Mendras, professeure à Sciences Po Paris ; Aude Merlin, chargée de cours en sciences politiques et sociales, Université libre de Bruxelles ; Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue ; Boris Najman, enseignant-chercheur, UPEC ; Claire Nouvian, militante écologiste ; Florence Ostier, sociologue et coopératrice ; Benoit Payan, maire de Marseille ; Marie Peltier, historienne, spécialiste de la propagande ; Jean-Yves Pranchere, politiste, Université libre de Bruxelles ; Nicolas Poirier, enseignant et chercheur en philosophie, Sophiapol/Paris Nanterre ; Alain Policar, chercheur associé au Cevipof (Sciences Po) ; Christophe Prochasson, historien, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales ; Valérie Rabault, député (PS); Bastien Recher, conseiller régional de Normandie (EELV) Hélène Flautre, ancienne députée européenne (EELV) ; Dilnur Reyhan, chercheuse et présidente de l’Institut ouïghour d’Europe ; Johanna Rolland, maire de Nantes (PS) ; Sylvie Rollet, présidente de l’association « Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre » ; Valérie de Saint-Do, journaliste et autrice ; Denis Saillard, chercheur associé à l’UVSQ (Paris-Saclay) ; Elisabeth Salomon, retraitée de la fonction publique ; Guillaume Sauzedde, service public de l’emploi ; Laura Ségard, psychologue ; Frédéric Sawicki, professeur de science politique, Paris-I ; Réjane Senac, directrice de recherche CNRS au Cevipof ; Guillaume de Stexhe, professeur émérite Université Saint-Louis-Bruxelles ; Claude Taleb, ex-vice-président (EELV) de la région Haute-Normandie ; Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV ; Boris Vallaud, député (PS) ; Cécile Vaissié, professeure à l’université Rennes-II ; Mélanie Vogel, sénatrice (EELV) ; Ilias Yocaris, professeur en sémiotique du texte et de l’image à l’université Côte d’Azur ; Anna C. Zielinska, maîtresse de conférences en philosophie à l’université de Lorraine ; Laurent Zimmerman, maître de conférences, université Paris Cité ; Gabriel Zucman, professeur d’économie à Berkeley et directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité. »

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Politique

Le Rassemblement national s’aligne sur l’OTAN

C’est la soumission à la superpuissance américaine.

Le Rassemblement national de Marine Le Pen est en train de réaliser le même alignement sur l’OTAN que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Historiquement, ces deux formations insistent particulièrement sur la notion d’indépendance, comprise au sens nationaliste. La France serait une grande puissance et elle devrait elle-même décider de ses orientations.

Le déclenchement du conflit militaire en Ukraine en février 2022 a tout changé. Il a immédiatement mis KO debout Marine Le Pen et Eric Zemmour. La première voyait clairement la Russie comme un allié essentiel à une France nationaliste (et inversement), Eric Zemmour aurait profité du conservatisme russe tout en étant pro-américain.

La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon se sont de leur côté rapidement effacé, prônant encore une « solution » pacifique, mais votant à l’instar des députés européens en faveur du soutien militaire au régime ukrainien. Le refus de l’OTAN est passé à la trappe également.

Le Rassemblement national devait soit faire de même, soit assumer de représenter la fraction la plus agressive, la plus nationaliste de la haute bourgeoisie française. Cependant, cette dernière s’est faite marginalisée par le reste de la bourgeoisie, qui s’est alignée sur la superpuissance américaine.

Alors, c’est le changement de ligne. Il a été officialisé par Jordan Bardella, 27 ans, président du Rassemblement national depuis novembre 2022. Le vecteur de ce changement a été L’Opinion. C’est un quotidien de droite libérale confidentiel, mais jouant un rôle auprès des « décideurs ». L’interview de Jordan Bardella publié le 23 février 2023 par ce quotidien correspond ainsi à une reconnaissance, une intronisation par la bourgeoisie.

Jordan Bardella reconnaît ainsi avoir été là le 9 février 2023 lorsque, au parlement européen, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reçu une standing ovation (voire notre article – Zelensky à Bruxelles devant une assemblée hystérique).

Ses propos expriment la soumission à la ligne générale de la bourgeoisie :

« Nous avons dès le début du conflit émis une condamnation très claire, franche, et sans aucune retenue de cette agression. Je crois qu’être patriote et souverainiste, c’est être, en réalité, attaché à la défense de l’intégralité territoriale de l’Ukraine. On ne peut pas être patriote et souverainiste et être insensible à la violation de la souveraineté d’un État européen. »

« Il n’y aura pas d’issue à ce conflit sans le retrait des troupes russes et sans le retour à une souveraineté pleine et entière de l’Ukraine dans les territoires aujourd’hui occupés par la Russie. »

« Le réel est revenu frapper à nos portes et il est clair que le Vladimir Poutine d’il y a cinq ans n’est pas celui qui, cinq ans plus tard, décide d’envahir l’Ukraine et de commettre des crimes de guerre à Odessa ou à Marioupol. »

« Je suis favorable à l’envoi de tout ce qui peut permettre à l’Ukraine de défendre sa souveraineté et de protéger ses frontières. »

« Le soutien moral, politique et matériel à l’Ukraine relève pour moi de l’évidence. La cause ukrainienne a ému l’ensemble des opinions européennes. Et c’est peut-être là aussi ce qu’a sous-estimé Vladimir Poutine. Nous avons une proximité culturelle avec l’Ukraine. »

« Oui il y a entre la France et la Russie une guerre d’intérêt et une guerre d’influence qui s’étend jusqu’à l’Afrique (…). La Russie est un concurrent et un adversaire dangereux. »

On ne trouve naturellement pas un mot sur l’OTAN. Et, dans la foulée, Marine Le Pen a publié le 24 février 2023 un texte sur le conflit militaire en Ukraine qui a désormais un an. Le quotidien Libération a voulu voir un rappel à l’ordre fait à Jordan Bardella. Mais bien au contraire, Marine Le Pen conforte cette ligne.

Elle fait juste de la politique, avec la même ligne que Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise d’ailleurs : le gouvernement a raison dans le fond, mais il fait les choses mal, on les ferait mieux en veillant mieux aux intérêts de la France, etc.

Il n’est pas de hasard qu’il y a, strictement parallèle à cela, la déclaration d’une même soumission à l’OTAN, à la guerre américaine contre la Russie, de la part de l’intersyndicale menant la lutte contre la réforme des retraites.

C’est l’Union sacrée et tout le monde doit se soumettre. Et à Gauche, peu bien résistent et maintiennent leur opposition !

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Culture

Ilya Répine serait maintenant ukrainien!

C’est « l’effacement » de la Russie.

Le régime ukrainien ne fait pas que détruire les monuments à Pouchkine et dénoncer Dostoïevski comme l’expression d’une âme russe damnée, monstrueuse, criminelle. Il ne cesse également de réécrire l’Histoire pour s’approprier certains artistes.

Le peintre Kazimir Malévitch est ainsi par exemple considéré comme ukrainien, ce qui est bien ridicule, et on a désormais droit au comble de l’absurde : le peintre Ilya Répine serait ukrainien.

Ilya Répine, Procession religieuse dans la province de Koursk, 1883

Rien qu’avec cette information, l’opinion publique russe serait directement favorable à une intervention militaire. Parce que là, on touche tout de même au cœur même de la culture russe.

Pour preuve, du 5 octobre 2021 au 23 janvier 2022, il y a eu à Paris une rétrospective sur ce peintre. Cette exposition au Petit Palais avait été dénommée… « Ilya Répine ( 1844-1930), Peindre l’âme russe ».

Il est bien parlé de l’âme russe, pas de l’âme ukrainienne. L’exposition a été un grand succès d’ailleurs, avec 100 000 visiteurs, qui ont sans doute été étonnés de découvrir ce peintre de la plus haute qualité.

C’est que les « ambulants », ces fabuleux peintres réalistes russes de la fin du 19e siècle, sont malheureusement inconnus chez nous. Ils forment par ailleurs le noyau historique, avec la littérature russe de la même époque, du style artistique « réaliste socialiste » de l’URSS.

On parle ici d’artistes d’orientation démocratique, d’où le fameux tableau d’Ilya Répine sur les Cosaques, présentés de manière romantique comme épris de liberté. Les nationalistes ukrainiens aimeraient bien récupérer le peintre et donc ce tableau pour en faire un outil de leur idéologie mortifère, ethnique-patriarcale.

Ilya Répine, Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie, 1891

Comme il se doit, c’est la superpuissance américaine qui est en première ligne pour épauler la réécriture du régime ukrainien. C’est ainsi le Metropolitan Museum of Art de New York qui a, à la mi-février 2023, décidé de faire d’Ilya Répine un « Ukrainien ».

La raison est qu’il serait né dans ce qui est l’Ukraine actuelle et que son père était cosaque. Ce qui est un raccourci complet et on pourrait très bien inverser la proposition et dire que par conséquent, la zone concernée est russe.

Si on commence en effet comme ça, on nie les mélanges, les synthèses et on bascule dans le nihilisme nationaliste. Qu’on pense au drame yougoslave !

Sur sa lancée, le « Met » a transformé le peintre russe d’origine arménienne Ivan Aïvazovski en Ukrainien. On parle ici d’un peintre, par ailleurs d’une très grande renommée, qui est enterré dans le jardin d’une église arménienne et a été peintre de l’état-major de la Marine russe !

Mais comme il est né en Crimée, et que la Crimée est censée être ukrainienne, alors il est ukrainien ! Sidérant !

Ivan Aïvazovski, La neuvième vague, 1850
Ivan Aïvazovski, La Création ou Le Chaos, 1841

Il a été fait pareil avec Arkhip Kouïndji. Comme il est né à Marioupol, et que Marioupol est censé être l’Ukraine, alors il est ukrainien, même si sa famille relève des Grecs de la région !

Tout cela est un raccourci ignoble, qui fait fi des mélanges, des synthèses propres à cette partie du monde. Parce que justement, si l’on prend les peintures d’Arkhip Kouïndji, lui-même dans la perspective des Ambulants… on retrouve l’Ukraine.

Les peintures de ce non-ukrainien sont indéniablement, résolument, absolument d’esprit national ukrainien…

Arkhip Kouïndji, Nuit ukrainienne, 1876

On y retrouve ce côté lancinant, cette profondeur de champ s’étalant dans une candeur qui se permet de traîner son regard comme un vague à l’âme. C’est russe, et en même temps pas du tout, car cela se répand bien trop dans la complaisance sentimentale pour le moment, il n’y a pas cette inquiétude russe qui recherche des « pointes »…

Arkhip Kouïndji, Le Dniepr le matin, 1881

Si l’on veut, les Finlandais ont trop regardé les lacs, les Ukrainiens ont trop regardé les steppes et les champs, les Russes ont trop regardé les forêts.

Arkhip Kouïndji, Soir en Ukraine, 1878

Faisons une comparaison pour cerner la différence. Voici un tableau d’Ilya Répine, Tolstoï dans un champ de labour, de 1887. Il faut regarder le côté incisif, l’intensité, la pointe.

Maintenant regardons Arkhip Kouïndji, Le chemin des tchoumaks à Marioupol, de 1875. Il n’y a pas ce côté incisif russe. C’est ukrainien. C’est très proche, mais il y a une nuance, une différence.

Les Russes et les Ukrainiens expriment l’âme, mais les Russes font ressortir une pointe, que les Ukrainiens préfèrent gommer. Ou, si l’on veut, les Russes parlent beaucoup mais ne disent rien (qui relève de l’âme, intime), les Ukrainiens ne disent rien mais parlent beaucoup (ils disent indirectement).

Mais il va de soi qu’il ne faut pas attendre des nationalistes ukrainiens, ces barbares, la moindre réflexion esthétique sur la peinture ukrainienne. Ces monstres sont dans la destruction.

Car Arkhip Kouïndji peut ne pas être ukrainien et contribuer ou relever de la peinture ukrainienne. Les choses sont compliquées… l’humanité se mélange… et c’est très bien ainsi.

Le nationalisme est unilatéral et simplificateur, il empêche de saisir les synthèses historiques. Ce n’est tout de même pas pour rien que les Russes et les Ukrainiens soient si proches, tout comme les Allemands et les Autrichiens, les Indiens et les Pakistanais, etc.

Dans mille ans, il n’y aura plus de nations, plus de « couleurs de peau », on sera tous mélangé, dans une grande synthèse mondiale qui d’ailleurs continuera de manière ininterrompue.

La réécriture de l’Histoire procédant à des séparations, à l’individualisation, est une expression à la fois de la décadence de la bourgeoisie, de la décomposition des valeurs, du redécoupage du monde entre puissances.

Il faut la combattre.

Il est évident que toutes ces redéfinitions de peintres obéissent à l’objectif impérialiste de destruction de la Russie, de son futur découpage en mini-États vassalisés. C’est un processus à la fois insidieux et ouvert. La National Gallery de Londres avait déjà en avril 2022 renommé un tableau du peintre Edgar Degas, les « danseuses russes » devenant ukrainiennes.

On notera par ailleurs que la Tate Gallery de Londres considère Ilya Répine comme un peintre russe né ukrainien.

Tout cela est de la fiction. Et c’était la force de l’URSS jusqu’aux années 1950 de réfuter ce type de fiction, permettant l’unité populaire, que ce soit pour l’Ukraine et la Russie ou dans le Caucase.

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Culture

Protégeons Dostoïevski et l’âme russe des bandéristes!

Sauvons les des barbares !

Illustration du conte Vassilissa-la-très-belle par Ivan Bilibine au début du 20e siècle

Le régime ukrainien est totalement fanatique et son obsession nationaliste, qui suit l’idéologie de Stepan Bandera, sert directement les intérêts occidentaux, dans la mesure où la Russie est dévalorisée, dénoncée, condamnée.

Le grand symbole de cette condamnation, c’est Fiodor Dostoïevski (1821-1881). Car si le régime ukrainien démolit la statue de Catherine de Russie à Odessa, s’il détruit tous les monuments à Alexandre Pouchkine, s’il détruit par millions des ouvrages en russe ou considérés comme pro-russe, il a surtout fait de cet auteur le symbole du mal absolu.

Pourquoi cet immense auteur de la seconde moitié du 19e siècle est-il la cible principale ? Fiodor Dostoïevski est très connu en France ; il est l’auteur de romans marquants : Les frères Karamazov, L’idiot, Le joueur, les démons et bien entendu Crime et châtiment.

Et c’est pour cet ouvrage, considéré en France comme un immense classique, que Dostoïevski est dénoncé, condamné.

On y trouverait de manière exemplaire ce qui fait l’âme russe : un esprit tourmenté par l’absolu, à la fois idiot et obsessionnel, tourné naturellement vers le crime.

Cette âme russe serait non européenne et devrait pour cette raison être anéantie. Les Russes seraient des monstres. C’est le discours officiel du régime ukrainien.

Ces considérations fascistes sont parfaitement résumées dans un ignoble article du site ultra anti-russe desk-russie.eu.

« En ce qui concerne la réaction du peuple russe face à la guerre, une composante de la mentalité russe que les non-Russes peuvent avoir du mal à saisir est la valeur remarquablement faible accordée à la vie humaine, et ce de manière stable au cours de l’histoire, bien que cette histoire ait été violente et traumatisante depuis plusieurs siècles.

Cela va à l’encontre de la célèbre image de la « larme d’enfant » de Dostoïevski, souvent invoquée mais jamais appliquée dans la vie réelle, par laquelle Ivan Karamazov médite sur l’essence de la compassion [comme quoi si Dieu existait il ne tolérerait pas la souffrance des enfants].

On constate dans la société russe l’absence fondamentale d’un niveau normal de solidarité entre les hommes et d’instinct de survie, deux choses que les Occidentaux éclairés considèrent si facilement comme allant de soi. »

Ces propos sont fascistes et totalement typiques. Ils appellent à la destruction de la Russie, qui fabriquerait des Russes inhumains. Et on remarque comment Dostoïevski est visé, systématiquement, comme grand symbole de cette « âme russe » satanique.

L’important site américain Big Think fait de Dostoïevski le grand inspirateur du conflit armé Russie-Ukraine. Le site Ukrainer.net présente pareillement Dostoïesvki comme « la raison de la guerre ».

L’important site britannique Times Literary Supplement a publié un appel qui a obtenu un certain écho : écrit par la romancière ukrainienne Oksana Zabuzhko, elle dénonce la Russie et évidemment surtout Dostoïevsky.

Elle affirme que l’écrivain Milan Kundera avait eu raison de rejeter la littérature russe de la littérature européenne ainsi que de rejeter Dostoïevski pour son « culte des émotions et son dédain complet de la rationalité ». Elle explique que l’intervention de la Russie contre l’Ukraine doit beaucoup au « Dostoïevskisme » (qui serait « l’explosion d’un mal pur, condensé »).

Le philosophe très à la mode Slavoj Zizek voit les choses de la même manière : Dostoïevski est surestimé comme écrivain, la menace qu’il présente est sous-estimée et il faudrait dénazifier la Russie.

L’important magazine américain Foreign Policy, qui traite des affaires étrangères et a été fondé par Samuel Huntingdon, auteur du livre « Le choc des civilisations », parle d’une logique impériale dans l’ensemble de la littérature russe, avec évidemment Dostoïevski.

Lorsque le pape, en août 2022, a valorisé Dostoïevski, en raison de la dimension existentielle soulignée dans ses romans, l’ambassadeur ukrainien au Vatican Andrii Yurash l’a immédiatement dénoncé. Car selon lui, la Russie est criminelle avec ses bombes, non pas malgré Dostoïevski, mais en raison de Dostoïevski !

Tetyana Ogarkova et Volodymyr Yermolenko, deux figures de la propagande intellectualo-médiatique ukrainienne, expliquent tranquillement au très important site littéraire Lit Hub que Crime et châtiment, ce serait l’apologie du crime et l’absence de sentiment, ce qui serait totalement russe!

Le site officiel de l’Ukraine présente Dostoïevski comme un inspirateur du « rashisme » (le « racisme russe exterminateur », un concept fantasmagorique du nationalisme ukrainien).

La rue Dostoïevski à Kiev a été renommé rue… Andy Warhol.

La professeur de littérature russe à l’université du Kansas aux États-Unis, Ani Kokobobo, appelle à lire Dostoïevski de manière « critique », reflétant les exigences d’une « lecture post-coloniale » de la Russie qu’elle appelle de tous ses voeux.

La société nord-américaine Dostoïevski, regroupant les chercheurs s’intéressant à cet auteur, le dénonce directement :

« Ce regroupement de nationalisme et d’impérialisme théorisé par Dostoïevski, en particulier dans son journalisme, est profondément impliqué dans l’invasion actuelle et sa base idéologique. »

Quel bourrage de crâne ! Quelle volonté d’effacer la Russie pour satisfaire le repartage du monde du point de vue occidental ! Quelle haine propagandiste contre l’âme russe !

Quel autre réponse possible que d’aller lire et relire Crime et châtiment ?

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Guerre

Bibliothèques ukrainiennes : 19 millions d’ouvrages détruits

La guerre bandériste contre la culture.

L’écrivain national russe Alexandre Pouchkine par Oreste Kiprensky, 1827 (son arrière-grand-père est africain, Abraham Hannibal, qui devint général en Russie)

Le régime ukrainien ne détruit pas que tous les monuments à Pouchkine, tous ceux aux héros soviétiques de la seconde guerre mondiale, et même la statue de Catherine II dans la ville d’Odessa qu’elle a fondée.

Il épure également les bibliothèques ukrainiennes de tout ce qui est en russe, et de tout ce qui relève selon lui du « moscovitisme ».

C’est pourquoi 11 millions de livres en russe ont été détruits, ainsi que 8 millions de livres ayant un « point de vue » russe.

On ne parle pas d’ouvrages datant de l’époque soviétique, même s’il y en a. On parle d’ouvrages qui du point de vue du régime ne convergent pas avec la narration bandériste d’une Ukraine qui n’aurait jamais eu rien à voir avec la Russie.

Dans la folie furieuse du nationalisme ukrainien, la « Moscovie » chercherait depuis des siècles à génocider les Ukrainiens. Ce serait un combat total, où les Russes auraient toujours voulu asservir et tuer tous les Ukrainiens.

Cette idéologie paranoïaque sert de base à toutes les politiques fascistes du régime ukrainien. Le principal aspect, c’est la « dérussification » commencée en 2014, à la suite du coup d’Etat en Ukraine.

En 2018, toutes les langues à part l’ukrainien ont ainsi perdu tout statut, alors qu’auparavant si au moins 10% de la population la parlait, elle se voyait obtenir une reconnaissance. Plus globalement tout ce qui est russe a été supprimé, avec même des amendes dans la vie quotidienne. Rappelons qu’autour de 30% de la population ukrainienne est russophone.

Et ce qui s’associe à cette « dérussification », c’est l’anti-Socialisme le plus virulent, le plus agressif. Tout ce qui a un rapport de près ou de loin avec le Socialisme est interdit.

Tout cela sonne de manière bien absurde quand on sait que c’est l’URSS qui a reconnu l’Ukraine et lui a permis d’avoir le développement officiel et systématique de sa langue nationale. Historiquement, l’Ukraine est même « ukrainisée » au maximum avec Staline.

C’est une chose régulièrement dénoncée par le président russe Vladimir Poutine, qui y voit une grande erreur, puisque lui défend le point de vue de la monarchie russe sur les Ukrainiens (qui seraient des petits-Russes et rien d’autre).

Mais les nationalistes ukrainiens sont des fanatiques avec une orientation identitaire – ethnique qui déjà dans les années 1930-1940 les précipitait dans les bras des nazis allemands. La réalité ne les intéresse pas.

On comprend que l’Otan soit ravi de tels barbares, dont le point de vue unilatéral permet toutes les initiatives bellicistes à l’égard de la Russie.

Là est la catastrophe historique pour l’Ukraine. Son régime est indéfendable. Il n’y a strictement rien à sauver et sa population lui accorde toute sa légitimité. Nous avons annoncé six mois avant « l’opération spéciale » de la Russie ce qui allait se passer, et nous avons pu le voir : à aucun moment en Ukraine il n’y a eu de voix démocratique, de refus de la soumission totale à l’Otan.

Les Ukrainiens rêvaient éveillés de « passer à l’ouest » en se vendant à l’Otan, en niant absolument tout leur rapport à la Russie. C’est une sorte de suicide national historique par corruption devant l’occident. Et on n’est même pas à la moitié des conséquences de ce drame.

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Société

Ukraine : comment Arno Klarsfeld est devenu un fasciste

Quand on n’assume pas, on tourne mal.

Depuis quelques jours, il est parlé de-ci de-là d’Arno Klarsfeld, qui a mis en place une petite pétition appelant à la fin de la guerre en Ukraine. C’est une figure médiatique très connue depuis plusieurs décennies et sa pétition a eu un petit écho.

Arno Klarsfeld a initialement le parcours réussi typique de l’intellectuel de la bourgeoisie juive du 16e arrondissement de Paris, travaillant dans une banque puis un cabinet d’affaires. Mais fils de Serge et Beate Klarsfeld, il s’est tourné dans le combat contre l’antisémitisme, participant notamment au procès contre Paul Touvier. Sa carrière devint alors celle de l’avocat de l’association des Fils et filles de déportés juifs de France.

C’est pourquoi il est totalement décontenancé et scandalisé par les valeurs du régime ukrainien et sur son compte Twitter, il ne cesse de dénoncer la valorisation de Stepan Bandera et des bandéristes, historiquement des antisémites fanatiques. Ce qui l’a mis hors-jeu dans le contexte actuel où contre la Russie il s’agit de soutenir le régime ukrainien à 100%.

On reparle d’Arno Klarsfeld ces derniers jours, car il a donc mis en place une pétition pour que cesse le conflit en Ukraine. C’est là son travers bourgeois : il ne peut pas s’empêcher, même quand il a mis la main sur quelque chose de vrai, d’en faire trop, de se mettre en scène, etc. Médiatiquement, il est fameux pour son style engagé, narcissique et sincère-maladroit, d’ailleurs typique des « chalalas » c’est-à-dire de jeunes de la bourgeoisie juive parisienne.

Au lieu de continuer son travail démocratique de dénonciation du bandérisme, Arno Klarsfeld se place au niveau politique, qui le dépasse. Le texte de la pétition est ainsi très bref et très faux :

« Non à une 3eme guerre mondiale pour le Donbass

Les peuples ont soutenu l’union européenne parce qu’ils pensaient que cette union était garante de paix. Pourtant cette union semble nous entraîner dans un conflit généralisé qui dévasterait à nouveau le continent européen sans même rechercher un compromis dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui n’est pas membre de l’Otan, sans consulter les peuples de l’union. Nous nous y opposons. »

Le titre montre les illusions de la pétition, car nous ne sommes plus en 2021, désormais l’enjeu c’est l’Ukraine elle-même, Kharkiv, Odessa, Kiev. La pétition aurait eu un sens avant le conflit commencé en février 2022. Désormais tout a changé de niveau.

Nous qui avons annoncé le conflit en Ukraine six mois avant son commencement, nous savons de quoi il en retourne et non la question n’est pas le Donbass. La question c’est que le régime ukrainien bandériste veut détruire la Russie et est appuyé par l’Otan en ce sens. La Russie mérite une critique mais ce n’est pas le lieu ici, l’ennemi étant dans notre propre pays.

Arno Klarsfeld dit juste qu’il n’apprécie pas le régime ukrainien, qu’il craint la guerre mondiale. Il veut que tout cesse, car tout devient instable. Il ne disait pas la même chose auparavant, lui initialement un partisan de l’Union européenne et de l’Otan. En 2003 il avait publié un texte poético-politique dans le Monde (« Je suis pour la guerrre ») pour justifier l’invasion de l’Irak.

Il reprenait alors le discours américain comme quoi l’Irak avait des armes de destruction massive, et justifiait absolument tout, de l’intervention à la soumission à la superpuissance américaine :

« Je suis pour la guerre contre l’Irak parce qu’il est de l’intérêt vital des démocraties d’imposer la démocratisation au monde arabe par la force, comme les Alliés ont réussi à le faire en Allemagne et au Japon (…).

Je suis pour la guerre contre l’Irak parce qu’il devrait être du devoir de la France de faire bloc derrière une nation qui lui a permis de remporter la première guerre mondiale, de ne pas devenir nazie, d’être dans le camp des vainqueurs à la fin de la seconde guerre mondiale et ensuite de ne pas être subjuguée par l’impérialisme soviétique. »

Et qui valorise-t-il sa pétition mis en place? Le magazine de Droite ultra Valeurs Actuelles, le média d’extrême-Droite pro-Russie Omerta, le fasciste Michel Onfray.

Arno Klarsfeld est même passé à Sud Radio, l’un des principaux vecteurs de l’extrême-Droite. Lui-même ne peut pas ne pas le savoir. Il agit sciemment en ce sens.

La vérité, c’est que le changement de situation mondiale amène Arno Klarsfeld à se retrouver dans une situation incohérente. C’est un bourgeois juif et il ne peut accepter le bandérisme. Comment faire? Il ne peut pas, alors il rue dans les brancards.

Voici comment Marianne, également sur une ligne populiste à tendance fasciste, présente ironiquement la situation d’Arno Klarsfeld :

« L’avocat franco-israélien Arno Klarsfeld a longtemps eu pignon (médiatique) sur rue. Du temps de sa superbe, le fils de Beate et de Serge Klarsfeld, célèbres chasseurs de nazis, se rendait au Palais de justice en rollers avant de retrouver la jet-set.

Il fréquentait Carla Bruni, appuyait l’invasion de l’Irak par George W. Bush, se vantait de faire son service militaire en Israël et soutenait Nicolas Sarkozy.

Arno Klarsfeld était dans le camp du Bien, ce qui lui ouvrait bien des portes demeurées infranchissables pour d’autres. Aujourd’hui, il a disparu des écrans radars alors qu’il tient à propos de l’Ukraine des propos iconoclastes, ceci expliquant sans doute cela. »

Arno Klarsfeld se plaint ainsi du fait qu’il soit passé sous silence, mais c’est qu’il est incohérent dans son parcours historique. Tout aurait dû l’amener, comme Bernard-Henri Lévi, à passer sous silence le bandérisme et à soutenir le régime ukrainien.

Il ne le peut pas. Eh bien alors il fallait faire comme beaucoup de bourgeois juifs rompant avec leur classe et passant dans le camp du Socialisme. Les exemples ne manquent pas, à l’instar de Rosa Luxembourg en Pologne et en Allemagne, d’Otto Bauer le chef des sociaux-démocrates en Autriche, de l’Ukrainien Lazare Kaganovitch, etc.

Sa lutte démocratique contre l’antisémitisme et sa prise de conscience de la question animale le poussaient ainsi dans le bon sens.

Mais il veut être exposé médiatiquement et continuer à vivre comme un grand bourgeois. Il ne « comprend » alors pas pourquoi on ne l’utilise pas comme avant, et il le vit mal. Alors il bascule dans ce qui est une tentative de revenir à la situation d’avant en forçant les choses – c’est le fascisme.

C’est au fond un parcours typique d’intellectuel : à un moment où il faut faire un choix entre le fascisme et le Socialisme. Lui a choisi le fascisme, alors qu’il aurait pu choisir le Socialisme. Il avait compris les animaux, il a compris la guerre, mais il veut conserver son ego et son style, son mode de vie.

Tant pis pour lui. L’Histoire ne connaît pas de compromis et ceux qui prônent un compromis quand tout s’effondre sont des réactionnaires. Non, Arno Klarsfeld, il ne faut pas la paix – il faut la défaite du régime ukrainien et de l’Otan, et la déroute de l’Occident !

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Guerre

L’armée ukrainienne toujours plus bandériste

Il faut souhaiter sa déroute la plus complète.

Le régime ukrainien est un satellite américain porté par une oligarchie ukrainienne et les nationalistes. Son idéologie est totalement anti-communiste et anti-socialiste, tout ce qui est de « gauche » est d’ailleurs formellement interdit.

Le régime se situe très clairement dans la perspective du fasciste Stepan Bandera, comme le montre la publication du Parlement ukrainien sur le média Twitter le 1er janvier 2023, afin de fêter l’anniversaire de celui-ci.

On y voit Valeri Zaloujny, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, devant un portrait de Stepan Bandera. Sur le selfie d’origine, il lève le pouce.

Surrout, il y est dit que « les directives de Stepan Bandera sont bien connues du commandant en chef des forces armées », ces directives étant présentées au moyen de plusieurs citations, dont : « la victoire totale et suprême du nationalisme ukrainien aura lieu quand l’empire russe cessera d’exister. »

Tout cela est on ne peut plus clair sur la nature du régime ukrainien. Naturellement, le message sur Twitter a fait scandale en Pologne dans la foulée, en raison du rôle des bandéristes pendant la seconde guerre mondiale.

Le parlement ukrainien a alors supprimé le message. Tout comme le maire de Lviv, Andrii Sadovyi, a supprimé son message du même jour. On le voit prendre une pose typiquement fasciste devant un monument à Stepan Bandera, dans cette ville de l’Ouest de l’Ukraine formant le bastion du nationalisme.

Dans son message, il dit que « à l’exemple de Bandera, une nouvelle génération a grandi, qui est allée à la bataille contre la nouvelle horde moscovite. Une génération de vainqueurs. Gloire à l’Ukraine! [slogan bandériste auquel on répond par « Gloire aux héros ! »] ».

Ces autocensures ne changent rien à l’affaire. Au fond, ce qui compte, c’est que toute l’idéologie nationaliste ukrainienne vise à la destruction de la Russie et à établir un régime ultra-réactionnaire. C’est le point de vue du régime, c’est le point de vue du commandant en chef de l’armée ukrainienne.

Ce dernier n’est pas forcément antisémite, d’ailleurs, car il a salué il y a quelques jours avant la fête juive de Hanoucca. Encore que ce soit totalement ambigu, puisqu’on peut trouver des photos de lui, comme en janvier de l’année dernière, avec des néo-nazis intégrés dans l’armée ukrainienne.

Telle est l’extrême-Droite, prête à tout pour exister du moment qu’elle a l’aval des grands capitalistes, quels qu’ils soient.

En haut on a le portrait de l’infâme bourreau bandériste Roman Choukhevytch, à droite celui de Stepan Bandera

L’armée ukrainienne constitue en permanence des forces au moyen de volontaires néo-nazis, comme par exemple la 67e brigade mécanisée formée en novembre 2022 sur la base des néo-nazis du Pravy Sektor et du Corps des volontaires ukrainiens. Cela ne veut pas dire que tous les gens qui rejoignent soient néo-nazis, mais que l’armée ukrainienne est encadrée dans une optique bandériste.

Qui plus est, les troupes d’élites sont toujours portées par des activistes néo-nazis, comme le bataillon Kraken, qui utilise une rune nazie comme symbole.

Tous les pires réactionnaires d’occident rejoignent d’ailleurs l’armée ukrainienne : les aventuriers, les romantiques nihilistes, les néo-nazis notamment français, les mercenaires de l’Otan et même des djihadistes (surtout Tchétchènes) qui sont organisés de manière autonome dans l’armée ukrainienne !

Un soldat avec un totenkopf nazi à côté d’un soldat « djihadiste »

Si le régime ukrainien gagne la guerre, on aura un État ultra-réactionnaire entièrement subordonné à l’Otan, servant de fer de lance du dépeçage de la Russie. Déjà le régime ukrainien sert de « modèle » aux États les plus réactionnaires d’Europe, comme la Tchéquie et les pays baltes.

Il ne s’agit plus du tout là de nation ukrainienne à protéger, mais d’un projet artificiel, nationaliste agressif, directement au service de l’Otan. Le régime ukrainien est bandériste, il doit tomber, il faut lutter contre tout soutien français à ce régime !

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Fait divers sanglant: l’attaque de la rue d’Enghien

Une drame décadent qui ne relève pas de la politique.

William Z. est un élément anti-social produit par le capitalisme se modernisant à tout va. Pris de délire raciste, ce conducteur de train à la retraite de 69 ans avait attaqué des migrants en Seine-Saint-Denis ainsi qu’à Paris, attaquant notamment des tentes et leurs occupants avec un sabre.

Le 23 décembre 2022, il décide d’aller tirer sur des « étrangers » en Seine-Saint-Denis avec un pistolet et 40 cartouches, avant de se suicider. Il change d’avis et va rue d’Enghien à Paris devant le Centre culturel kurde Ahmet Kaya, car dans son esprit les Kurdes ont combattu l’État islamique, mais au lieu de faire des prisonniers ils auraient dû tuer tout le monde.

Là, il tire, tue trois Kurdes, avant d’être maîtrisé. Il est arrêté et le 25 décembre il va en hôpital psychiatrique. Entretemps se produit toute une séquence politique construite artificiellement et parfaitement représentative.

Immédiatement, en effet, il est parlé d’une attaque contre « les Kurdes ». Le président Emmanuel Macron exprime rapidement et directement les choses en ce sens.

Mais de quels Kurdes parle-t-on? Eh bien, des « Kurdes », nos alliés, comme le formule Jean-Luc Mélenchon.

Comme il faut bien appeler un chat un chat, ce que personne ne fait, il faut parler ici du PKK, avec notamment sa variante syrienne. Les victimes sont un chanteur ayant fui la Turquie, une responsable féministe ayant notamment combattu l’État islamique, et un autre activiste.

C’est la raison pour laquelle les 23 et 24 décembre les Kurdes liés au Centre culturel ont manifesté dans plusieurs villes, notamment à Paris où il y a des échauffourées le jour de Noël, ce qui fut du plus mauvais effet.

C’était cependant inévitable, car ce fait-divers d’un sombre élément décadent a été construit comme une attaque politique de grande envergure. Le communiqué de Lutte ouvrière résume parfaitement le discours artificiel qui a été produit par tous les contestataires de « gauche ».

Il dit ce que tous les opportunistes ont dit : c’est un coup des services secrets turcs, et sinon cela montre bien qu’il y a en France un raz-de-marée d’extrême-Droite violente prête à tuer !

C’est totalement hors sol, fictif, mensonger.

« Lutte ouvrière partage la tristesse et la colère des Kurdes, durement frappés par l’attentat qui a tué trois personnes hier dans le Centre culturel kurde, rue d’Enghien, à Paris. Celle-ci est d’autant plus vive qu’il y a dix ans, trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan étaient assassinées à Paris par les tueurs de l’État turc.

L’homme qui a tué hier a-t-il agi seul ? Sa main a-t-elle été armée par l’État turc ? Toutes ces questions sont encore sans réponse. Mais une chose est certaine: l’homme qui a perpétré cet attentat est un raciste récidiviste. Il y a un an, armé d’un sabre, il attaquait des migrants dans un camp à Paris.

Alors, il ne s’agit pas du geste d’un « déséquilibré » mais d’un attentat raciste. Les crimes racistes ne surviennent pas par hasard. Ils se produisent dans un climat xénophobe alimenté en permanence par des propos nationalistes et racistes. Par leurs discours de haine et par leur politique anti-migrants, les Le Pen, Zemmour, Darmanin encouragent de tels crimes. »

Tout cela est forcé, mensonger, artificiel. La folie meurtrière d’un sombre raciste, tellement typique de la décadence française, se voit attribué une dignité politique. Eh bien non, c’est faux !

De manière parlante, la revue Regards, lié au PCF, publiait justement la veille de cette attaque une tribune intitulée « Face à la montée en puissance des fascismes et de l’extrême droite, des personnalités représentatives de la gauche politique, syndicale et associative tirent la sonnette d’alarme ».

La voici en entière, parce qu’elle est pareillement délirante, elle est pareillement mensongère, elle révèle parfaitement le mensonge des réformistes populistes à la Mélenchon, des anarchistes et des trotskistes.

Au lieu de parler d’une France totalement molle, où les gens ne font rien, où la politique est morte, où la culture est en décadence, où les valeurs LGBT sont officiellement celles de l’État, avec parallèlement la participation à la guerre anti-Russie de l’OTAN… ces gens dressent le portrait fictif d’une France où les provocations de quelques groupes racistes auraient une portée de masse et même une dimension historique, avec un pays au bord de la dictature en raison d’un gouvernement ultra-répressif.

On est là dans l’escroquerie à l’état pur.

« Allons-nous continuer longtemps à fermer les yeux sur la montée du fascisme européen ? Italie, Hongrie, Pologne… Depuis maintenant plusieurs mois, nous assistons à une offensive de l’extrême-droite. La France n’est pas immunisée. Ici, cette offensive est portée par les 89 député·es du Rassemblement National, et partout, cette flambée fasciste a pour corollaire l’apparition de multiples groupuscules d’extrême droite, identitaires et néonazis.

En France, depuis le mois de septembre ce sont plus de 40 actions violentes qui ont été menées par des groupuscules d’extrême droite. La semaine dernière, en moins de 96 heures, plusieurs député·es, une suppléante et des militant·es politiques ont été attaqué.es à Bordeaux, Lyon, Toulouse et Montpellier. Des enseignant·es sont épinglé·es et menacé·es sur les réseaux sociaux pour des cours portant sur l’immigration. 

Dans la nuit du 14 décembre, un nouveau palier a été franchi après le match France-Maroc avec des actions coordonnées clairement racistes, violentes dans différentes villes du pays. 

À Nice des expéditions ont été explicitement menées contre les populations issues de l’immigration nord-africaine, rappelant le temps funeste des « chasses à l’homme racistes ».

Ce climat d’extrême- violence ne doit rien au hasard. Les discours racistes décomplexés portés dans l’hémicycle par des député·es du Rassemblement National, voire de la droite ; discours relayés sur des chaînes d’informations en continu et par l’ensemble de la fachosphère, encouragent les passages à l’acte. 

On ne peut guère compter sur un gouvernement qui assume de trouver Marine Le Pen “trop molle” en matière de lutte contre l’immigration. En reprenant les thèmes et les mots de l’extrême droite dans une dangereuse surenchère, le gouvernement porte également une lourde responsabilité. Alors que nous disposons d’un arsenal juridique efficace permettant de punir sévèrement les propos et les actes racistes, il préfère multiplier les lois d’exception liberticides plutôt que d’appliquer la loi contre les nervis d’extrême-droite. 

La situation est d’une extrême gravité et des mesures s’imposent avant qu’un drame ne se produise.

Nous tenons ici à apporter toute notre solidarité aux victimes du racisme, de l’antisémitisme et des violences commises par l’extrême-droite.

Face à la menace fasciste, nous appelons à la mobilisation de la gauche et des écologistes, des organisations syndicales et associatives pour organiser une riposte antifasciste large, unitaire et offensive.
Ensemble pour un front antifasciste !

Premiers signataires : 
 
Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde Antifasciste
Clémentine Autain, députée LFI-NUPES
Mathieu Azcué, Co-président du groupe Lyon En Commun, Métropole de Lyon 
Olivier Besancenot, porte-parole du NPA
Habiba Bigdade, membre du comité national LDH
Laurence Boffet, vice-présidente Métropole de Lyon (Ensemble !)
Manuel Bompard, député LFI-NUPES
Anthony Caillé, policier, syndicaliste CGT
Leïla Chaibi, députée européenne LFI-NUPES
Alexandre Chevalier, adjoint au maire de Lyon délégué au lien intergénérationnel et à la qualité de vie des aîné.es, co-président du groupe Lyon En Commun
Éric Coquerel, député LFI-NUPES
Clovis Daguerre, co-secrétaire national des Jeunes Écologistes
Laurence De Cock, historienne, enseignante
Arthur Delaporte, député PS
Joséphine Delpeyrat, secrétaire générale de l’Observatoire national de l’extrême-droite
Elsa Faucillon, députée PCF
David Flacher, mouvement Utopia
Murielle Guilbert, co-déleguée générale de l Union syndicale Solidaires 
Camille Hachez, co-secrétaire nationale des Jeunes Écologistes
Annie Lahmer, conseillère régionale EELV
Mathilde Larrère, historienne, enseignante 
Antoine Léaument, député LFI-NUPES
Michel Lepretre, président du Grand Orly Seine Bievre ( PCF ) 
Laurent Lévy, retraité, membre d’Ensemble !
Nicolas Mayart, journaliste au Média TV 
Claire Monod, écologiste
Bénédicte Monville, écologiste
Imane Ouelhadj, présidente de l’UNEF 
Ugo Palheta, sociologue
Jean-François Pellissier, porte-parole d’Ensemble !
Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de la revue Regards
Thomas Portes, député LFI-NUPES et président de l’observatoire de l’extrême-droite
Alice Picard, porte-parole d’Attac France
Éric Piolle, maire de Grenoble 
Raphaëlle Rémy-Leleu, conseillère de Paris
Sandrine Rousseau, députée EELV
Eléonore Schmitt, porte-parole de l’Alternative
Jean-Christophe Sellin, co-coordinateur national du Parti de Gauche 
David Souvestre, conseiller municipal de Lyon, co-président du groupe Lyon En Commun
Aurélien Taché, député
Azzedine Taibi, maire de Stains
Benoit Teste, secrétaire général de la FSU
Aurelie Trouvé, députée LFI-NUPES »

Toute cette construction artificielle montre que ces gens ne forment qu’une aile sociale-impérialiste de la Gauche ; ils sont très contents du capitalisme, de l’OTAN, ils veulent juste que ça penche plus « à gauche », que cela soit plus social. D’où des propos hors sol visant à présenter artificiellement une situation politique française où ils auraient un rôle à jouer.

Outre de tromper, ces gens tentent de masquer la décadence d’une société française pourrissante, où les gens ne veulent plus rien assumer, plus prendre aucune responsabilité, simplement consommer, avec l’espoir que le capitalisme se maintienne coûte que coûte.

Et demain, pour encore tromper, ils prétendront même qu’ils sont pour le Socialisme, c’est inévitable : tel est leur rôle contre-révolutionnaire.

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La « pomme rouge » et la propagande de guerre turque

Le bourrage de crâne mystico-eschatologique du régime turc emporte la Turquie vers l’Apocalypse.

En campagne pour les élections de novembre 2023, le président de la République de Turquie, Reccep Tayyib Erdoğan, a prononcé ce weekend devant une foule de plusieurs milliers de ses partisans à Konya. C’était un discours très offensif, exposant de manière très ouverte l’expansionnisme du capitalisme turc, de nature bureaucratique, qu’il incarne avec son parti, l’AKP. On traduit habituellement le nom de ce parti par « Parti de la Justice et du Développement », mais il y a aussi un jeu de mot à saisir, dans le sens où Ak signifie aussi « blanc » ou « pur », c’est-à-dire non corrompu, en langue turque.

Konya est une ville du centre de la Turquie, au cœur du dispositif politique de l’AKP dont elle est un bastion électoral, mais aussi une vitrine. La ville est en effet dirigée par l’AKP depuis le début de l’expansion de ce parti, elle a bénéficié d’investissements massifs pour la moderniser, en terme d’équipements urbains et de réseaux de transports. Par exemple, la ville a accueilli les Jeux panislamiques, rassemblant des sportifs de plus de 50 États, en août dernier et s’apprête à prendre la présidence à l’international de la CGLU, héritière de « l’Internationale des municipalités », fondée à Gand en Belgique en 1913.

Cette organisation d’orientation disons libérale-démocratique, très peu connue en France, participe de la propagande du régime turc à la promotion de ce qu’il appelle le « municipalisme islamique », qui est un des piliers de son idéologie nationale-conservatrice à dimension moderne.

Plus profondément encore, Konya occupe une place spéciale dans le folklore turco-islamique mis en place par l’État turc depuis le régime de Mustafa Kemal Atatürk, entre 1923 et 1938. Sous ce rapport, la ville est censée incarner la spécificité turque de l’islam anatolien, à travers la confrérie des « derviches tourneurs », relativement connue en France, et de la figure de Rumi, penseur islamique relativement syncrétique du Moyen Âge turc, surnommé en turc Mevlana, le maître à penser, le guide.

Mais Konya fut aussi la capitale du sultanat seljukide des Romains, fondé entre la victoire turque sur l’Empire byzantin à Mantzikert en 1071, et la conquête de l’Asie mineure par l’Ilkhanat turco-mongol de Perse au XIIIe siècle. Dans la propagande du régime turc actuel, ce sultanat est tenu pour le fondateur de l’État turc en Anatolie, sorte d’ancêtre de l’Empire ottoman et de la République de Turquie si on peut dire. D’ailleurs, la plus haute tour de la ville porte justement le nom de « Seljuk Tower », dominant de ses 163 mètres de haut un centre commercial, ce qui en somme veut absolument tout dire.

C’est donc dans ce cadre que Reccep Tayyib Erdoğan a chauffé à blanc ses partisans, n’hésitant pas à cibler ses adversaires politiques du CHP, le parti Républicain tenu pour incarner une sorte d’opposition de « gauche » aux islamistes nationaux-conservateurs de l’AKP, en les traitant ouvertement de traîtres à la patrie, de valets de l’Otan et de 5e colonne pro-PKK, alors même que l’armée turque est engagée justement dans une opération de bombardement des bases des combattants kurdes de Syrie, les YPG, alliés au PKK et considérés comme responsables de l’attentat qui a frappé Istanbul au début du mois de novembre.

Mais de manière plus significative, Reccep Tayyib Erdoğan a exposé de manière claire et ramassée l’idéologie expansionniste de son régime qu’il entend mettre en œuvre, dont voici les principaux points :

  • D’une manière générale, selon sa perspective, l’époque qui vient sera le « siècle de la Turquie » (Türkiye Yüzyılı), qui entend se tailler sa place dans le repartage du monde.
  • Cette expansion doit s’effectuer sur la base d’une politique industrielle et commerciale agressive que Reccep Tayyib Erdoğan définit par la formule : croissance par l’investissement, l’emploi, la production, les exportations, l’excédent du compte courant (yatırım, istihdam, üretim, ihracat, cari fazla yoluyla büyüme). Reccep Tayyib Erdoğan s’affirme ici absolument déterminé à poursuivre coûte que coûte cette expansion en poursuivant d’injecter encore plus de crédit et de liquidité dans l’économie turque malgré une inflation des prix ces derniers mois.
  • Cette expansion doit se manifester par la réalisation de grands travaux d’équipement, comme le monstrueux projet du Kanal Istanbul par exemple, devant relier la mer Noire à la mer méditerranée pour augmenter le trafic maritime. L’objectif est de moderniser la Turquie et la doter d’infrastructures en mesure d’en faire une puissance capitaliste complète.
  • Cette expansion doit aussi se manifester par une politique industrielle restructurant profondément l’appareil de production turc, afin de faire émerger des monopoles en mesure de s’élancer à la conquête des marchés émergents, et même de l’Europe, comme le sont par exemple Beko pour l’électroménager et comme est censé le devenir TOGG (pour « Cartel des industries automobiles de Turquie, Türkiye’nin Otomobili Girişim Grubu), présenté comme la première marque nationale automobile de Turquie, devant conquérir le marché de la voiture électrique en Europe.
  • Mais le fleuron principal de cette expansion telle que l’a présentée Reccep Tayyib Erdoğan est le secteur de la défense, devenu ainsi qu’il l’a souligné, national et indépendant à 80%, et désormais exportateur. Reccep Tayyib Erdoğan a très largement souligné le lien entre le développement de cette industrie, la croissance turque et l’expansion nationale de la Turquie, comme « puissance de l’islam », devant galvaniser les masses, les « 85 millions de turcs » que Reccep Tayyib Erdoğan veut élancer vers le futur qu’il imagine dans le cadre de l’expansion capitaliste bureaucratique turc, en faisant de la Turquie une puissance indépendante du capitalisme mondialisé, et en saisissant l’opportunité de la crise pour prendre agressivement le plus de poids possible.

Et pour que cette dernière idée soit la plus claire possible, il a martelé du début à la fin de son discours la force que donne à l’expansion militariste de la Turquie un des fleurons de son appareil militaro-industriel : les drones de la firme Baykar, fondée par un de ses soutiens industriels Ôzdemir Bayraktar.

Il a notamment mis en avant le nouveau modèle, le drone KIZILELMA, qui est en fait un avion de combat sans pilote, à la puissance de feu supérieure à tous les modèles précédents.

Cet appareil a été annoncé une première fois lors de la fête islamique du Sacrifice en 2021, pour une mise en service en 2023, après donc les élections et au moment surtout où la Turquie s’apprêtera à fêter le centenaire de la fondation de la République, dont Reccep Tayyib Erdoğan entend faire le point de départ de la refondation d’une nouvelle puissance turque, dans une perspective romantico-eschatologique.

D’où le nom de ce drone, dont le président turc a répété le nom et souligné le sens mystique : Kizil Elma signifie en effet « pomme rouge » en turc, et cela est devenu un symbole ultra-nationaliste très connu en Turquie, car il recycle une vieille légende turco-islamique, où les forces militaires turques sont censés faire la conquête de la « pomme rouge », qui était le surnom de Constantinople, en ce qu’il s’y trouvait, devant l’immense basilique Sainte-Sophie, devenue aujourd’hui la mosqueée Aya Sofya, une statue équestre de l’empereur romain Justinien tenant une pomme d’or, devenu rouge avec la patine du temps, et annonçant la future conquête du monde.

Saisissant cette pomme rouge, en abattant cette statue après la prise de Constantinople en 1453, le symbole est resté comme devant annoncer la chute des autres « pomme rouge » en Occident, Vienne et Rome.

L’imaginaire semi-féodal des nationalistes turcs modernes a fait de ce symbole une métaphore de l’expansionnisme agressif de la Turquie, comme devant s’imposer au monde pour accomplir la domination islamique dont la Turquie est le meilleur agent, en ciblant de manière oblique l’Occident, tout en ne le ciblant en fait pas formellement.

De fait le régime turc piège implacablement la Turquie dans les insurmontables contradictions qui la tiraillent historiquement depuis l’effondrement tragique de l’Empire ottoman et son entrée dans le mode de production capitaliste.

Prise dans les griffes de son propre chauvinisme, exprimé par son appareil militaro-industriel porté par la crise ouverte en 2020 qui semble lui laisser un espace, la Turquie est à un tournant de son Histoire. Son régime national-conservateur l’élance d’un pas ferme et décidé dans l’Apocalypse.

En face, la France et la Grèce sont prêts à l’affronter, eux-mêmes portés par la bataille pour le repartage du monde.

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Face à l’OTAN, Marine Le Pen s’enfonce

On assiste au crash de l’extrême droite française.

On le sait : depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, jamais l’extrême-droite française dans ses composantes représentatives, pas plus Marine Le Pen qu’Eric Zemmour, n’a osé s’opposer réellement à l’Otan.

Encore lors de la rentrée parlementaire du 3 octobre, pas un député du Rassemblement national n’a eu le courage de refuser l’adoubement général et belliciste de l’Assemblée nationale, alors ornée de drapeaux ukrainiens, à l’ambassadeur de Kiev en France.

Lors d’une interview sur l’émission « Punchlines » animée par Cnews-Europe 1, chaînes connues pour leur populisme outrancier, Marine Le Pen a de nouveau tenté un exercice d’équilibriste, qui se résume en fait très concrètement à un suivisme vis-à-vis de l’Otan.

Elle s’est ainsi déclarée opposée à nouvelles livraisons de canons Ceasar à l’Ukraine, au motif que cela diminuerait la « sécurité nationale ». Elle a critiqué les va-t-en-guerre et appelé à des « pourparlers », et on sent que c’est là une perspective bricolée. Puis, sans aucun esprit de conséquence avec le reste, elle s’écrase :

« Je pense que transmettre du savoir-faire, des formations à l’armée ukrainienne, du matériel de protection, des gilets pare-balles, etc., aller livrer du matériel lourd dont, encore une fois, nos armées ont besoin, est affaiblir et prendre un risque pour notre sécurité intérieure. »

Marine Le Pen adopte ainsi une posture bien timide tout en se parant des vertus de grande opposante car elle aurait été la seule qui depuis le début aurait critiqué ces livraisons d’armes lourdes.

Pourtant, on notera qu’aucun extrait de ses propos ne sont publiés sur son compte Twitter, à l’inverse de déclarations sans grande surprise sur l’immigration, l’insécurité, les difficultés sociales, etc.

Car Marine Le Pen est comme tous les autres représentants politiques : elle cherche à éviter au maximum le sujet brûlant de la guerre car elle sent que le cours de l’Histoire a dorénavant basculé en sa défaveur et qu’il lui faudrait bien expliquer, par une sacrée contorsion, qu’elle reste la voix du nationalisme français…tout en ayant abandonné la France à l’Otan, donc aux États-Unis. Alors aux contorsions, est préférée au mieux l’esquive, au pire la tiédeur centriste.

Cela pose un problème, et non des moindres, pour le nationalisme français. La France, ce n’est pas l’Italie avec une Droite et une extrême-Droite qui a toujours été pro-États-Unis et pro-Otan, du fait du partage nucléaire et des multiples bases américaines, expliquant d’ailleurs la position pro-Otan de Giorgia Meloni.

En France, pour se poser en champion du nationalisme, difficile de ne pas assumer la tradition gaulliste, dont le point d’orgue a été les années 1960 avec la mise en place de la dite « autonomie stratégique » construite autour d’une armée complète et surtout d’une « dissuasion » nucléaire déployée sur les trois champs de la conflictualité (terre, air, mer).

C’est d’ailleurs toute la subtilité des propos de Marine Le Pen : refuser l’abandon de canons Caesar pour s’attirer la sympathie de certains officiers inquiets de la situation des armées, tout en rassurant l’Otan, en fait les États-Unis, sur le soutien avec les formations militaires.

La France est en effet connue et reconnue par les pays du capitalisme occidental comme ayant une grande tradition militaire dans les modalités de formation des armées, expérience des répressions des mouvements anticoloniaux oblige.

Mais quand l’Histoire roule à grande vitesse comme aujourd’hui, la subtilité ne compte plus. Ce qui compte c’est la capacité à assumer une position fidèle à sa conception justement historique.

La vérité c’est que Marine Le Pen essaye de composer bien maladroitement entre le nationalisme et la réalité d’une France moribonde bien incapable de se maintenir sans la force de frappe économique et militaire des États-Unis.

Si la France comme nation reléguée a été la situation qui a apporté de l’eau au moulin du nationalisme-social de Marine Le Pen, cela s’est retourné en son contraire depuis le 24 février 2022, voire même depuis l’irruption de la pandémie de Covid-19.

La France est tellement rabougrie que son sort est scellé : au sein du monde capitaliste qui marche vers la guerre entre les deux superpuissances américaine et chinoise, l’avenir de la France se fera en soumission à l’Otan. Il n’y a pas d’alternative possible pour la bourgeoisie, en tous cas pour l’instant.

La fraction de la bourgeoisie représentée par Marine Le Pen n’a plus les leviers politiques, culturels, idéologiques pour s’assumer telle qu’elle est. Elle est K-O et à la dérive totale. En réalité, c’est toute la bourgeoisie française qui est dans cet état et laisse donc les États-Unis piloter tant bien que mal la marche du capitalisme occidental, en espérant pouvoir mettre quelques limites de ci, de là…

Même s’imaginer taper très dur sur les travailleurs, car il faudrait vraiment taper très, très fort, pour ramener une croissance telle que le capitalisme français pourrait s’assumer indépendant, est devenu un rêve nationaliste inatteignable. Ainsi, même un nationaliste qui chercherait à le rester jusqu’au bout, risque de basculer en fait dans le camp du socialisme.

Ce qui laisse l’espace à qui voudra assumer la Gauche historique. Car la relance générale d’une France indépendante, sur les plans économique et social mais aussi moral et culturel, ne peut se faire qu’avec la classe ouvrière au poste de commandes, avec le Socialisme.

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Éviction de Steeve Briois : la fin du « rêve » national-social

Le Rassemblement national met Hénin-Beaumont de côté.

Fraîchement élu président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a recomposé son bureau exécutif, l’organe décisionnel du parti. L’éviction de ce bureau exécutif de Steeve Briois, maire depuis 2014 d’Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, est particulièrement marquante.

C’est en effet lui qui a ancré Marine Le Pen dans ce territoire populaire depuis le début des années 2010, au point de la faire élire députée du département. Le « nord », et particulièrement cette ville d’Hénin-Beaumont, a représenté pour le Front national devenu Rassemblement national tout un symbole, et même une stratégie à part entière.

Il s’est agi d’un tournant social entièrement assumé, en captant la base prolétaire et petite-bourgeoise d’un territoire « périphérique » avec un discours nationaliste à prétention sociale. Loin des grandes métropoles technocratiques et modernistes donc, loin de la Droite traditionnelle et de la Gauche bobo.

De fait, Marine Le Pen a siphonné des pans entiers de l’électorat de la Gauche, mais surtout elle a coupé l’herbe sous le pied de la Gauche historique avec cette orientation. Localement, c’est une véritable catastrophe tellement ce mouvement a été, et est encore, puissant.

Immédiatement après son éviction du bureau exécutif du Rassemblement national, Steeve Briois a réagi avec des mots très durs à l’encontre de son parti, l’accusant de se tourner unilatéralement vers la Droite :

« Je ne peux qu’y voir un rabougrissement, et j’espère que le Rassemblement national n’est pas en train de céder au grand compromis nationaliste, cette stratégie d’union des droites radicales, qui a échoué à la présidentielle, plutôt que de l’ensemble des patriotes de droite comme de gauche ».

De fait, il considère que son éviction marque « un début de purge contre ceux qui défendent la ligne sociale », au profit de courants « droitards » qu’il qualifie d’identitaires et intégristes. On comprendra qu’il s’agit là de la ligne portée par Eric Zemmour et Marion Maréchal.

Cette nouvelle orientation du Rassemblement national, si elle s’avère réelle, sera forcément une bonne chose pour la Gauche historique. Elle ouvrira à nouveau l’espace qu’elle a odieusement abandonné au nationalisme.

Le prix à payer en revanche sera très cher, car il y aura forcément une radicalisation très forte de la Droite, qui va chercher à avancer tel un rouleau compresseur dans le contexte de crise, pour non plus séduire les classes populaires, mais les annihiler puis les écraser.

Il y a là probablement une nouvelle phase politique qui se dessine en France, et il s’agit d’être à la hauteur. La fin du « rêve » national-social en mode Hénin-Beaumont est une occasion à ne pas rater, mais il va falloir travailler dur pour être à niveau.

Car la Gauche historique part de loin, de très loin, et il y a toute à reconstruire. Et ce n’est pas avec le populisme de La France insoumise et son racolage lamentable sur le racisme et l’immigration qu’on arrivera à quelque-chose.

Il va falloir une sévère remise en cause, à tous les niveaux, pour se mettre à la hauteur des exigences. Cela va être rude, très rude, et dans un contexte toujours plus explosif. Cela va être un grand déchirement intérieur !

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Le vote à l’ONU contre « toute glorification du nazisme et du néo-nazisme »

Cela permet une grille de lecture des rapports diplomatiques.

La liste des votants de la résolution

La Russie a déjà plusieurs fois réalisé une telle initiative, qui il est vrai est révélatrice. Elle propose à l’ONU un vote contre le nazisme par l’intermédiaire de la « Troisième Commission » des Nations-Unies, qui est chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles. Puis elle s’appuie sur les résultats pour affirmer sa propre position et dénoncer.

Cette année avec la séance du 4 novembre 2022, la polarisation est d’autant plus marquée étant donné que le régime ukrainien se revendique ouvertement de nationalistes ukrainiens s’étant alliés avec le nazisme ou ayant convergé avec lui. En Ukraine aujourd’hui tout ce qui relève de la Gauche historique est interdit ; publier Rosa Luxembourg est illégal, pour donner un exemple. Glorifier les collaborateurs ukrainiens de l’armée nazie pendant la seconde guerre mondiale est par contre valorisé, étant donné que cela conforte le nationalisme ukrainien.

Les pays occidentaux, opposés à la Russie et soutenant le régime ukrainien (qui est même leur marionnette, en particulier de la superpuissance américaine) ont tenté un contre-feu avec un amendement dénonçant la Russie comme utilisant un vote pour justifier son conflit avec l’Ukraine.

Cela permet un panorama diplomatique de la situation actuelle. Ce n’est guère fascinant en soi, mais utile pour savoir les positionnements de chaque pays dans la période actuelle.

SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME SESSION 45E SÉANCE – MATIN

4 NOVEMBRE 2022

La Troisième Commission entérine par consensus sept textes, mais voit la lutte contre le néonazisme cristalliser les tensions nées de la guerre en Ukraine

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a commencé, ce matin, à se prononcer sur ses projets de résolution en faisant siens huit textes, dont sept par consensus. Un vote a cependant été requis pour entériner celui relatif à la « lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée ». 

En vertu de ce projet de résolution présenté par la Fédération de Russie, et adopté par 105 voix pour, 52 voix contre et 15 abstentions, l’Assemblée générale se déclarerait profondément préoccupée par la glorification, quelle qu’en soit la forme, du mouvement nazi, du néonazisme et des anciens membres de l’organisation Waffen-SS. 

Mais la pomme de discorde est née de l’adoption, par 63 voix pour, 23 voix contre et 65 abstentions, d’un amendement présenté par l’Australie, lequel stipule que la Fédération de Russie a cherché à justifier son agression territoriale contre l’Ukraine en invoquant l’élimination du néonazisme, et souligne qu’invoquer le néonazisme comme prétexte pour justifier une agression territoriale compromet sérieusement les mesures prises pour combattre réellement ce fléau. 

Au nom de l’Union européenne (UE), la République tchèque a estimé que le projet de texte dans son ensemble s’inscrit « en contrepied » dans la mesure où la Fédération de Russie a supprimé le paragraphe qui prend note du rapport de la Rapporteuse spéciale du Conseil des droits de l’homme sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, libellé réintroduit par la délégation russe lors d’un amendement oral. 

L’Australie a précisé pour sa part que son amendement est tiré du rapport de ladite Rapporteuse spéciale.  Il s’agit d’une réaction à l’instrumentalisation grave et évidente des droits humains par la Russie, et c’est pourquoi « nous reprenons mot pour mot » le passage du rapport, a souligné la délégation. 

La Macédoine du Nord et le Libéria ont estimé que cet amendement permet de corriger l’interprétation de la résolution selon laquelle l’auteur a souhaité officiellement justifier son invasion pour procéder à ce qu’il appelle une « dénazification » de l’Ukraine. Une telle position mine gravement les efforts de lutte contre le nazisme et le néonazisme, ont estimé ces délégations, l’Ukraine décriant de son côté « le comble de l’hypocrisie ».

Pour la Fédération de Russie, l’amendement, dont elle s’est dissociée, visait tout simplement à empêcher l’adoption de la résolution. Il ne s’agit pas d’une approche constructive, a-t-elle regretté.  La République arabe syrienne et la Chine, ainsi que par le Burundi et l’Égypte, entre autres, ont regretté pour leur part que l’incorporation de l’amendement vienne « politiser » une résolution thématique. 

(…)

Préalablement au vote sur le projet de résolution dans son ensemble, l’Australie a présenté le projet d’amendement A/C.3/77/L.52, par lequel l’Assemblée générale constaterait avec inquiétude que la Fédération de Russie a cherché à justifier son agression territoriale contre l’Ukraine en invoquant l’élimination du néonazisme, et soulignerait qu’invoquer le néonazisme comme prétexte pour justifier une agression territoriale compromet sérieusement les mesures prises pour combattre réellement ce fléau. 

Le projet d’amendement a été adopté par 63 voix pour, 23 voix contre et 65 abstentions. 

Déclarations et explications de vote sur le projet d’amendement

Avant le vote, lAustralie, qui avait initialement soumis deux projets d’amendement aux côtés du Japon, du Libéria et de la Macédoine du Nord, a tout d’abord indiqué qu’à la suite de la révision annoncée par la Fédération de Russie, le premier avait été retiré car il était devenu « redondant ». 

Elle a par ailleurs précisé que le libellé de l’amendement maintenu est tiré du rapport de la Rapporteuse spéciale, lequel note avec inquiétude que la Fédération de Russie a essayé de justifier son invasion militaire de l’Ukraine en avançant l’élimination du néonazisme.  Il s’agit d’une réaction à l’instrumentalisation grave et évidente des droits humains par la Russie, a souligné la délégation.  C’est pourquoi, a-t-elle déclaré, « nous reprenons mot pour mot » le passage du rapport. 

Au nom de l’Union européenne (UE), la République tchèque a rappelé que la lutte contre le racisme est un principe fondateur de l’UE qui, depuis 10 ans, prend une part active et constructive à cette résolution. Le projet de texte présenté cette année s’inscrit, selon elle, « en contrepied » dans la mesure où la Fédération de Russie a supprimé le paragraphe qui prend note du rapport de la Rapporteuse spéciale. La raison de la suppression de ce paragraphe est évidente et ne peut être justifiée par des raisons techniques, a-t-elle fait valoir. 

En effet, le rapport prend note avec inquiétude que la Russie a justifié son invasion militaire de l’Ukraine en invoquant l’élimination du néonazisme.  Il s’agit pour la délégation d’une « instrumentalisation de préoccupations vives concernant les droits humains ». 

L’utilisation sous forme de prétexte du néonazisme pour justifier une agression territoriale compromet sérieusement les mesures prises pour combattre réellement ce fléau, a déploré la délégation, qui a expliqué que pour toutes ces raisons, l’UE votera en faveur de l’amendement. 

À sa suite, la Macédoine du Nord et le Libéria ont estimé que cet amendement corrige l’interprétation de la résolution selon laquelle l’auteur a souhaité officiellement justifier son invasion pour procéder à ce qu’il appelle une « dénazification » de Ukraine. 

Une telle position mine gravement les efforts de lutte contre le nazisme et le néonazisme, ont estimé les délégations, qui ont appelé à la mobilisation pour ne pas faire du projet de résolution une « arme de propagande » aux mains de l’agresseur.

Hostile à ce projet d’amendement, la Fédération de Russie a appelé à voter contre.  Rappelant qu’elle mène, d’année en année, des négociations ouvertes sur ce texte, elle a estimé que le but de l’amendement est de « politiser le sujet ». Nous avons toujours été disposés à mener un dialogue et à aborder toute proposition constructive, a assuré la délégation. 

Néanmoins, nous rejetons toute proposition visant à modifier l’essence ou la finalité de la résolution, dont l’objectif n’est pas de pointer du doigt, a-t-elle ajouté, relevant qu’il s’agit d’un texte thématique qui évoque des problèmes « transfrontières » concernant de nombreux pays du monde. Cette position a également été soutenue par l’Azerbaïdjan. 

Avant le vote sur le projet de résolution dans son ensemble, tel que révisé oralement et amendé, l’Arménie, qui s’exprimait au nom de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), a indiqué que ce texte jouit d’un large soutien parmi les États membres de cette organisation, qui font front commun contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Ils le font grâce à la bravoure de leurs citoyens, qui, au prix de leurs vies, ont libéré les peuples d’Europe du nazisme, a-t-elle souligné, en s’élevant contre les « campagnes politiques » de certains pays qui visent à « réécrire l’histoire ». 

Le Canada et les États-Unis ont, de leur côté, exprimé leur opposition à ce projet de résolution qui vise, selon eux, à légitimer un discours basé sur la désinformation.  Ils ont été appuyés par le Japon et le Royaume-Uni, ce dernier constatant que le « régime de Putin » est en train de se livrer aux actes les plus dévastateurs, semblables à ceux de certains des pires régimes du XXe siècle. 

Quant à l’Ukraine, elle a estimé que ce projet de texte n’a rien à voir avec l’intitulé de la résolution, mais est, au contraire, un prétexte utilisé par la Russie pour justifier sa guerre brutale contre son pays et les crimes abjects commis contre l’humanité. La délégation y a vu le « comble de l’hypocrisie ». 

Après le vote du projet de résolution, le Mali s’est déclaré en faveur du texte, tout comme Singapour qui a cependant estimé qu’une question aussi importante ne doit pas être politisée, « ce qui est malheureusement le cas aujourd’hui ».

Le Venezuela, en tant que co-auteur de ce projet « opportun », a regretté l’amendement, qui, selon lui, ne contribue pas à l’objectif final.  Il s’est donc dissocié de ce passage, à l’instar du Nicaragua qui a regretté les tentatives visant à détourner l’attention de la lutte pour l’éradication de toutes ces idéologies néfastes et extrémistes. 

La Croatie a dit avoir voté contre ce texte « pour la première fois en 10 ans ». Même remarque de l’Australie, qui a appelé à une approche plus inclusive pour lutter contre les formes contemporaines du racisme et de la xénophobie. La Russie doit nouer un dialogue transparent autour de cette résolution, a-t-elle plaidé. 

À son tour, la Slovénie a exprimé son rejet de l’approche défendue par le texte, de même que l’Islande, qui, au nom d’un groupe de pays, a rejeté une « instrumentalisation » destinée à justifier une agression contre un pays souverain. Quant à la Suisse, qui s’est abstenue, elle a estimé que le projet de résolution ne reflète pas les formes les plus contemporaines de ces fléaux. 

Le Guatemala a ensuite dit avoir voté en faveur du projet de texte, tout comme Cuba, qui s’est dite pleinement engagée dans la lutte contre toutes les formes de nazisme et du néonazisme, y voyant « les manifestations les plus extrémistes de théories visant à mettre en place la suprématie d’une race ». Abondant dans le même sens, Sri Lanka a regretté l’amendement au texte, avant de rejeter une approche ciblant un pays en particulier. 

La Fédération de Russie a remercié tous les États Membres qui ont voté en faveur d’une résolution « fondamentale pour le système des Nations Unies ». 

Elle a ensuite condamné les manifestations les plus graves de glorification du nazisme, notamment la destruction de monuments érigés à la mémoire de ceux qui ont lutté contre le nazisme. Pour la délégation, l’issue du scrutin n’a fait que confirmer que l’objectif de l’amendement était tout simplement d’empêcher l’adoption de la résolution. 

Il ne s’agit pas d’une approche constructive, a-t-elle dénoncé, avant de se dissocier de l’ajout fait au texte. À son tour, le Bélarus a rendu hommage à ceux qui ont permis au monde de « ne pas sombrer dans les abysses de la haine sous l’étendard du nazisme » et s’est également dissocié du paragraphe ajouté, tout comme le Vietnam, la Malaisie et l’Afrique du Sud, celle-ci estimant en outre que la Troisième Commission n’est pas le « forum idoine » pour examiner les droits humains dans des pays spécifiques. 

Favorables au texte soumis par la Fédération de Russie, ces pays ont été rejoints par la République arabe syrienne et la Chine, également hostiles à l’amendement, ainsi que par le Burundi et l’Égypte.  Ces délégations, qui se sont portées co-auteurs du projet de texte, ont regretté que l’incorporation de l’amendement vienne « politiser » une résolution thématique. 

L’Algérie a, pour sa part, indiqué avoir voté en faveur du texte dans son ensemble, mais s’être abstenue sur le projet d’amendement. 

Pour finir, Israël est revenu sur l’Holocauste, jugeant que la « plus sombre période de l’histoire du peuple juif » a démontré à quel point l’être humain peut être « vil au plan moral ». C’est, hélas, un phénomène contemporain dont il est impératif d’identifier les racines profondes, a-t-il affirmé, appelant à la mobilisation des gouvernements et de la communauté internationale ainsi que des plateformes de réseaux sociaux. La délégation a ajouté que, si elle s’est prononcée en faveur du texte, son vote ne doit pas être considéré comme un « feu vert » donné à un pays qui envahit un État souverain.