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Événements significatifs

Principes fondateurs du parti de Sahra Wagenknecht

Ils ont été adoptés en janvier 2024 au congrès de fondation à Berlin en Allemagne.

« Notre pays ne fait pas bonne figure. Depuis des années, il est gouverné en mettant de côté les souhaits de la majorité.

Au lieu de récompenser les réalisations, il a été redistribué depuis les durs au labeur aux 10 000 d’en haut.

Au lieu d’investir dans un État compétent et de bons services public, les politiciens ont servi les vœux de lobbys influents, et par là vidé les caisses publiques.

Au lieu de prendre soin de la liberté et de la diversité des opinions, un style autoritaire de politique s’est répandu, qui entend dicter aux citoyens comment ils vivent, comment ils se chauffent, comment ils pensent et comment ils parlent.

Beaucoup de décisions politiques semblent prises sans plan d’ensemble, à courte vue et en partie même de manière incompétente.

Sans un redémarrage, notre industrie et notre classe moyenne sont en jeu.

Beaucoup de gens ont perdu confiance en l’État et ne se sentent représentés par aucun des partis existant. Ils ont, à juste titre, l’impression de ne plus vivre dans la République fédérale qui a existé auparavant.

Ils s’inquiètent pour les leurs et l’avenir de leurs enfants. Ils souhaitent une politique responsable de conservation de nos atouts économiques, de compensation sociale et de répartition juste de la prospérité, d’une coexistence pacifique des peuples et d’une préservation des fondements naturels de notre vie.

« L’Alliance Sahra Wagenknecht – Raison et Justice » a été fondée, afin de redonner la parole à ces gens. Nous sommes pour le retour de la raison en politique.

L’Allemagne a besoin d’une économie forte, innovante, et de la justice sociale, de la paix et du commerce équitable, du respect de la liberté individuelle de ses citoyens et d’une culture ouverte de discussion.

Il y a besoin de politiciens fiables, qui se sentent obligés par des objectifs.

Les membres du parti soutiennent les principes et objectifs qui suivent :

Raison économique

Notre pays dispose encore d’une industrie solide et d’une classe moyenne prospère et innovante.

Mais les conditions générales se sont considérablement détériorée ces dernières années. Notre infrastructure publique est dans une situation embarrassante pour un pays industriel leader.

Pratiquement aucun train ne circule à l’heure, en tant que patient de l’assurance maladie obligatoire, on attend des mois pour un rendez-vous avec un médecin spécialiste, il manque des dizaines de milliers d’enseignants, de places en garderie et d’ appartements.

Des rues et des ponts délabrés, des trous dans les réseaux et un internet lent, des administrations débordées et des réglementations inutiles rendent la vie difficile précisément aux plus petites et moyennes entreprises.

Le système scolaire allemand avec 16 différents niveaux d’études, des classes beaucoup trop nombreuses et une sélection anticipée, sabote les chances des enfants de familles moins aisées quant aux opportunités d’éducation et dans la vie, et échoue en même temps à la tâche de former des travailleurs qualifiés dont l’économie a un besoin pressant.

Depuis qu’avec les sanctions russes et la prétendue politique climatique, l’énergie est soudainement également devenue plus chère, ce qui menace notre pays, c’est la perte d’industries importantes et des centaines de milliers d’emplois bien rémunérés.

De nombreuses entreprises envisagent une délocalisation de leur production à l’étranger. D’autres sont menacées dans leur existence même.

La politique, influencée et achetée par les grandes entreprises [les konzerns] et l’échec des autorités antitrust ont créé une économie de marché dans laquelle de nombreux marchés ne fonctionnent plus.

Se sont mises en place de grandes entreprises qui dominent le marché, des monopoles financiers surpuissants comme Blackrock et des monopoles numériques comme Amazon, Alphabet, Facebook, Microsoft et Apple, qui imposent leur tribut aux autres participants du marché, portent atteinte à la compétition et détruisant la démocratie.

Dans une mesure considérable, l’inflation actuelle est également un résultat d’un échec du marché provoqué par un pouvoir économique trop grand.

Nous aspirons à une économie innovante, avec une concurrence loyale, des emplois sûrs et bien payés, une forte proportion de création industrielle de valeur, une fiscalité équitable et une classe moyenne forte.

Pour ça, nous voulons limiter le pouvoir de marché et dégrouper les entreprises dominants le marché.

Là où les monopoles sont inévitables, il faut confier les tâches à des prestataires à but non lucratif.

L’industrie allemande est l’épine dorsale de notre prospérité et doit être conserver. Nous avons de nouveau besoin de davantage de technologies d’avenir made in Germany, plus de champions cachés et non pas moins.

Afin d’empêcher le déclin économique de notre pays, des investissements massifs dans notre système éducatif, notre infrastructure publique et dans des administrations compétentes, sont nécessaires.

Nous avons besoin de fonds futurs pour le soutien des entreprises locales innovantes et des start-up, et non des milliards de subventions pour les monopoles d’outre-Atlantique.

L’Allemagne comme pays fort en exportations et pauvre en matières premières a besoin d’une politique de commerce extérieur fondée sur des relations commerciales stables avec le plus grand nombre de partenaires, au lieu de la formation de nouveaux blocs et de sanctions sans bornes, et qui assure notre approvisionnement en matières premières et en énergie bon marché.

Le changement du climat mondial et la destruction de nos moyens naturels de subsistance sont de sérieux défis, que la politique ne doit pas ignorer.

Cependant, une politique environnementale et de climat sérieuse requiert de l’honnêteté : l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne, eu égard aux technologies d’aujourd’hui, ne saurait être uniquement assurée par les énergies renouvelables.

Un activisme aveugle et des mesures mal pensées n’aident pas le climat, mais mettent en danger notre substance économique, rendent la vie des gens plus chère et minent l’acceptation du public de mesures sensées de protection du climat.

La contribution la plus importante qu’un pays comme l’Allemagne puisse réaliser dans la lutte contre le changement climatique et la destruction de l’environnement est le développement de technologies clés innovantes pour une économie du futur neutre sur le plan du climat et acceptable par la nature.

Justice sociale

Dans notre pays, depuis des années, l’inégalité grandit.

Des millions de personnes travaillent dur, afin de permettre une vie bonne pour eux-mêmes et leurs familles.

Ils sont ceux qui font fonctionner notre société et payent une grande partie des impôts.

Au lieu d’avoir en retour le respect et la protection sociale, leur existence est devenue moins certaine et plus lourde dans les dernières décennies.

Beaucoup de gens, malgré un emploi à temps plein, ne parviennent avec leur revenu pratiquement pas au bout du mois.

La promesse d’avancement de l’économie sociale de marché n’est plus d’actualité, la prospérité personnelle dépend depuis longtemps avant tout du statut social des parents.

La concentration des richesses en Allemagne est aujourd’hui aussi élevé qu’elle l’était avant le début de la Première Guerre mondiale, lorsque le Kaiser régnait encore à Berlin.

Alors que les monopole, même en temps de crise, versent des dividendes records, les files d’attente aux associations caritatives sont de plus en plus longues.

Même ceux qui ont travaillé pendant des années et cotisé pour la sécurité sociale se retrouvent quémandeurs plein d’amertume après une année de chômage.

Parce qu’il n’y a pas de places en garderie et que notre société est tout sauf favorable au cadre familial, les parents célibataires et leurs enfants en particulier vivent souvent dans la pauvreté, qui n’est pas devenue plus supportable par le changement de nom de Hartz IV [réforme de 2005 supprimant des droits sociaux].

Des millions de personnes âgées ne peuvent pas, après une une longue vie professionnelle, profiter de leur retraite, parce que leurs pensions sont abaissées de manière humiliante.

Les appartements, hôpitaux, établissements de soins, cabinets médicaux et bien d’autres d’autres institutions sociales importantes ont été et sont vendus à des chasseurs de rendement

Depuis, les coûts ont augmenté tandis que coule la qualité des services pour la majorité des gens.

Nous voulons stopper la désintégration du vivre-ensemble social et de nouveau aligner la politique sur le bien commun.

Notre objectif est une société méritocratique juste avec de véritables égalité des chances et un niveau élevé de sécurité sociale.

Une économie hautement productive a besoin d’employés qualifiés et motivés. Les conditions préalables pour cela, ce sont des salaires compétitifs, des emplois sûrs et de bonnes conditions de travail.

C’est également vrai pour les salariés des métiers de services, qui sont tout aussi importants pour notre société que les bons ingénieurs et ingénieurs en mécatronique.

Afin d’éviter la pression sur les salaires, la convention collective doit à nouveau être renforcée et la validité générale des conventions collectives être facilitée.

Nous soutenons les employés, leurs syndicats et les comités d’entreprise et du personnel dans leur engagement en faveur des droits des travailleurs et d’un bon travail.

En même temps, notre pays en a besoin un État-providence fiable, qui démonte les peurs de l’avenir et protège de la chute en cas de maladie, de chômage et de vieillesse.

La privatisation et la commercialisation des services existentiels, comme dans les domaines de la santé, des soins ou du logement, doivent cesser ; les prestataires à but non lucratif doivent avoir la priorité sur ces secteurs.

Ce qu’il faut, c’est un système fiscal équitable qui allège le fardeau des faibles revenus et empêche les grandes entreprises et les particuliers très riches de se soustraire à leur juste part du financement de la communauté.

La prospérité personnelle ne doit pas être une question d’origine sociale, mais doit être le résultat d’un travail acharné et d’efforts individuels. Chaque enfant a le droit de voir ses talents découverts et promus.

La paix

Notre politique étrangère se situe dans la tradition du chancelier fédéral Willy Brandt et du président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, qui ont opposé à la pensée et l’action dans la logique de la guerre froide une politique de détente, d’équilibre des intérêts et de coopération internationale.

La solution des conflits par les moyens militaires, nous la rejetons fondamentalement.

Nous nous opposons à ce que de plus en plus de ressources vont aux armes et aux équipements de guerre, au lieu d’aller à l’éducation de nos enfants, la recherche de technologies protectrices de l’environnement ou aux installations de santé et de soins.

L’armement nucléaire et l’escalade des conflits entre les puissances nucléaires mettent la survie du l’humanité en danger et il faut y mettre fin.

Nous luttons pour une nouvelle ère de détente, et de nouveaux contrats de désarmement et de sécurité commune.

La Bundeswehr [l’armée allemande] a pour mission de protéger notre pays. Pour cette tâche, elle doit être adéquatement équipée.

Nous refusons le déploiement de soldats allemands dans les guerres internationales, tout comme leur stationnement à la frontière russe ou en mer de Chine méridionale.

Une alliance militaire, dont la puissance dominante a ces dernières années attaqué cinq pays en violation du droit international, avec plus d’un million de personnes tués dans ces guerres, alimente les sentiments de menace et les réactions de défense et contribue ainsi à l’instabilité générale.

Au lieu d’un instrument de pouvoir pour des objectifs géopolitiques, nous avons besoin d’une union de défense alignée de manière défensive, qui respecte les principes de la Charte des Nations unies, vise au désarmement au lieu de s’engager dans la course aux armements, et dans laquelle les membres sont sur un pied d’égalité.

L’Europe a besoin d’une architecture de sécurité stable qui, à long terme, devrait aussi inclure la Russie.

Notre pays mérite un politique sûre d’elle-même, qui place l’accent sur le bien-être de ses citoyens et qui soit porté par la considération que les intérêts américains diffèrent parfois grandement des nôtres.

Notre objectif est un Europe indépendante des démocraties souveraines dans un monde multipolaire, et non pas une nouvelle confrontation des blocs, dans laquelle l’Europe se retrouve comprimée entre les États-Unis et un bloc en formation prenant toujours plus conscience de lui-même, autour de la Chine et de la Russie.

La liberté

Nous voulons redonner souffle à une formation démocratique des vœux, élargir le processus décisionnel démocratique et protéger la liberté personnelle.

Nous rejetons les idéologies extrémistes de droite, racistes et promptes à la violence.

La Cancel Culture, la pression à la conformité et le rétrécissement croissant de l’éventail d’opinions sont incompatibles avec les principes d’une société libre.

Il en va de même pour le nouvel autoritarisme politique, qui prétend éduquer les gens et réglementer leur mode de vie ou leur langage.

Nous condamnons les tentatives de surveillance générale et de manipulation des gens par les monopoles, services secrets et gouvernements.

L’immigration et la coexistence de différentes cultures peuvent être un enrichissement. Mais cela ne s’applique que tant que l’afflux est limité à un certain ordre de grandeur, ne déborde pas notre pays et ses infrastructures, et tant que l’intégration est activement promu et réussit.

Nous le savons : le prix d’une concurrence accrue pour des logements abordables, des emplois à bas salaires et pour une intégration ratée sont payés en premier lieu par ceux qui n’ont pas leur place au soleil.

Toute personne politiquement persécutée dans son pays a droit à l’asile.

Mais la migration n’est pas la solution au problème de la pauvreté dans notre monde.

Au lieu de cela, nous avons besoin des relations économiques mondiales équitables et une politique qui s’efforce de produire davantage de perspectives dans les pays d’origine.

Une société dont les acteurs les plus puissants ne sont motivés qu’à gagner plus d’argent au moyen de l’argent conduit à des inégalités croissantes, jusqu’à la destruction nos ressources naturelles et à la guerre.

Nous y opposons nos idées de sens commun, de responsabilité et de vivre-ensemble, à qui nous souhaitons redonner une chance par la modification des rapports de force.

Notre objectif est une société dans laquelle le bien commun est supérieur aux intérêts égoïstes, où ce ne sont pas les tricheurs et les joueurs qui gagnent, mais ceux qui réalisent un travail honnête et bon, sincère et solide.

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Rapport entre les classes

La joie de vivre dans le collectivisme

La vie quotidienne dans le capitalisme est une vanité absolue, car elle prétend qu’un individu peut se suffire entièrement à lui-même. Il suffirait de disposer de la propriété privée de son logement et de biens, de suffisamment d’argent, et on pourrait avoir les moyens de trouver son bonheur.

L’Humanité, à l’échelle de la planète, se compote pareillement que cet individu capitaliste, en se comportant de manière ignoble, égoïste, tyrannique avec les animaux et la Nature.

Car, en réalité, l’être humain est un animal social et il dépend entièrement de la société. Il n’est pas possible de vivre à l’écart des gens, de la société, même dans l’opulence la plus grande. Pour remplir sa vie, il faut que la société l’emplisse, par les relations humaines, les sensations naturelles, l’action transformatrice de la réalité, les sentiments, les arts et la culture.

Tatiana Yablonskaya, Le pain

Il n’y a de joie que par et pour le collectivisme, car tout ce qu’on peut vivre est un écho. Un écho de la nature, un écho amical, un écho amoureux, un écho social, un écho culturel, un écho artistique. L’être humain n’est rien d’autre que des battements de coeur à un moment du cours de l’Histoire. Il faut donc s’insérer au mieux dans les possibilités fournies par son époque. Le collectivisme permet les réciprocités, les échanges productifs ; il permet d’accéder à soi-même et aux autres, en fournissant les moyens de s’épanouir et de développer sa personnalité.

La vie quotidienne dans le socialisme, c’est le contraire du repli sur son propre ego, avec le culte destructeur de celui-ci. Le capitalisme dissout les personnalités dans des individus façonnés par la société de consommation, tout en exploitant et en aliénant dans le travail salarié. Le socialisme affirme les personnalités construites dans une société planifiée où l’on comprend que tout est écho, et qu’il faut faire pour le mieux.

Dimitri Mochalsky, Retour de la manifestation

La classe ouvrière représente l’avant-garde au socialisme justement parce qu’elle porte la transformation, la collectivité, que sa situation est irréductiblement opposée à la bourgeoisie. Même au sein de pays capitalistes développés, « riches », la classe ouvrière est placée dans une situation où, si elle se met à réfléchir à partir de son propre point de vue, elle ne peut qu’exiger le changement, la révolution.

Et la révolution, c’est la joie de vivre, dans le collectivisme, qui la porte et qui est, dialectiquement, son objectif. Rendre la vie meilleure, organiser les choses de manière la plus adéquate possible, pour ne léser personne, pour permettre le développement de la vie en elle-même. C’est ce que porte le drapeau rouge, le drapeau de l’universel.


Tatiana Yablonskaya, Le matin

Le socialisme est à la fois une exigence de réalisme, car il faut suivre la réalité, et non pas la détourner, la défigurer par le capitalisme… Et une expression romantique, car ce qui est sous-jacent c’est qu’on ne peut que se sentir pas à sa place, dans le capitalisme.

On rejoint le socialisme par la raison, et par la sensibilité ; on voit que le réel n’est pas celui que présente le capitalisme, et en même temps on a personnellement besoin du socialisme.

La joie de vivre implique le collectivisme, et inversement !

Alexandre Gerasimov, Hymne à Octobre
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Nouvel ordre

L’échec moral de Mélenchon et de sa 3e gauche

Historiquement, il existe deux gauches en France. La première, c’est la Gauche qui est apparue d’abord, celle de la social-démocratie avec Karl Marx, puis des socialistes et des communistes. C’est celle que nous appelons la Gauche historique, celle dont nous nous revendiquons.

Il y a ensuite la « seconde Gauche », née dans les années 1960. Elle regroupe, pour faire simple, les socialistes réformistes et modernistes, les syndicalistes (y compris étudiant comme avec l’UNEF), etc. Elle est représentée, pour prendre des figures connues, par François Hollande. Emmanuel Macron en est d’ailleurs issu et le Nouvel Observateur, l’hebdomadaire suprême de la « seconde Gauche », avait d’ailleurs appelé à le soutenir.

Depuis le début des années 1990, la seconde Gauche a fait se disparaître la Gauche historique, à peu de choses près. Il n’y a plus grand monde pour exiger le Socialisme. C’est dans cette absence de la Gauche historique qu’est apparue une troisième Gauche, mise en place par Jean-Luc Mélenchon et toutes les mouvances « post » : post-trotskiste, post-anarchiste, post-« alternatifs » (issus du PSU).

Tribun hors pair, Jean-Luc Mélenchon manie le pragmatisme à l’extrême

Jean-Luc Mélenchon, ancien socialiste (de 1976 à 2008) venant du trotskisme, a initialement cherche à osciller entre les deux Gauches, à l’instar de son modèle François Mitterrand. Il a finalement abandonné au profit d’un projet présenté comme « populiste », dénommé La France Insoumise (LFI), fondée en 2016.

Le mot d’ordre : se revendiquer du peuple et considérer que le « populisme » de gauche de type latino-américain est un modèle à suivre. Le clivage gauche/droite serait à remplacer par l’opposition peuple/élites, peuple/oligarchie.

Cela a été un grand succès : Jean-Luc Mélenchon a obtenu 19,6 % des suffrages à la présidentielle de 2017, 22% à celle de 2022 ; LFI s’est retrouvé à la tête de la coalition de tous les principaux partis de gauche se présentant aux élections au sein de la NUPES.

Cependant, les contours de cette 3e Gauche sont toujours restés indéfinis et l’attaque massacre du Hamas du 7 octobre 2023 a littéralement révélé les failles de l’entreprise. La 3e Gauche n’a pas de sympathie pour le Hamas, à part dans ses marges d’ultra-gauche étudiantes.

Cependant, le discours populiste de Jean-Luc Mélenchon exige le refus de toute valeur morale, politique, idéologique aux contours bien définis, au contraire de la Gauche historique et de la seconde Gauche.

Récupération des symboles (comme ici le poing levé), mais sans aucun contenu lié au Socialisme

Impossible donc pour la 3e Gauche de critiquer l’attaque massacre du Hamas du 7 octobre 2023, et ce d’autant plus s’il faut espérer toucher les votants se reconnaissant dans l’Islam et l’agenda politique des Frères musulmans visant à dénoncer « l’islamophobie ».

La 3e Gauche révèle ainsi sa faille fondamentale ; on ne doit pas lui reprocher son immoralisme, car elle ne soutient pas le Hamas : encore une fois ce sont les diverses factions d’ultra-gauche délirantes qui soutiennent son initiative.

Mais la 3e Gauche est amorale. Son idéologie, c’est celle de la bourse aux idées, et il suffit d’arriver avec les LGBT, ou l’islamophobie, ou les migrants, ou n’importe quoi, pour rejoindre la contestation dont les contours se veulent indéfinis, et ce par choix.

Pour la Gauche historique, ce sont les Partis qui définissent la ligne ; pour la seconde Gauche, il y a un rassemblement d’initiatives conscientes et organisées à la base (associations, syndicats, club d’idées, etc).

Pour la 3e gauche, ce qui compte c’est l’agrégation opportuniste de la « contestation ». L’attaque massacre du Hamas révèle à quel point, en plus d’être une erreur, c’est une faute. C’est une absence de morale intolérable, c’est la négation de la bataille pour les consciences.

Nous n’avons jamais considéré La France Insoumise comme étant réellement de gauche à cause de son approche populiste : il est évident que nous avons bien fait. Il n’est pas possible de n’avoir rien à faire avec une telle négation des choix conscients à faire face aux événements, quels qu’ils soient ! Nous avons besoin d’un nouvel ordre, et les valeurs doivent être conscientes, bien établies, à la fois comprises et assumées ! C’est le Socialisme ou la catastrophe !

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Refus de l’hégémonie

Ce qu’est le Hamas et pourquoi la Gauche ne doit pas converger avec

Le colonialisme n’a pas produit que des mouvements anticoloniaux de gauche ; il a également donné naissance à des fondamentalismes. On parle ici de gens idéalisant le passé, de manière religieuse surtout, et rejetant tout ce qui est « moderne ».

Lors de la colonisation de l’Algérie par la France par exemple, les religieux musulmans avaient ainsi réussi à faire en sorte que les paysans arabes rejettent les médecins et ne mettent pas les enfants à l’école. Le choix quasi absolu fut de conserver un « statut personnel » musulman, empêchant l’accès à la citoyenneté française en raison de la dépendance avec le droit coranique (pour le mariage, l’héritage, etc.). La population juive algérienne s’est au contraire précipitée dans la brèche, mettant de côté le droit religieux, ce qui lui a permis d’acquérir la nationalité française avec le décret Crémieux.

Le pays où le fondamentalisme islamique s’est développé initialement, c’est l’Inde ; cependant, le Hamas appartient à un courant fondamentaliste musulman né quant à lui en Egypte, en 1928, avec Hassan Al-Banna : ce sont les « Frères musulmans ». Le programme des Frères musulmans n’est pas original en soi : le monde moderne est totalement mauvais, il faut en revenir au passé et à ses traditions.

Le symbole des Frères musulmans, le mot sous les épées est « préparer »

Le Hamas – harakat al-muqâwama al-‘islâmiya, mouvement de la résistance islamique – a été fondé en 1987 comme section palestinienne des Frères musulmans. Il établit, grâce à des moyens financiers extérieurs, des jardins d’enfant, des universités, des hôpitaux et des cliniques, des organisations caritatives, etc.

C’est un mouvement qui rejette dès le départ l’OLP et la Gauche palestinienne en général, au nom de la religion. Lors de la première intifada, il refuse par conséquent de soutenir l’unité des organisations palestiniennes, menant ses propres activités en parallèle, avec une bienveillance connue de l’État israélien heureux de voir les Palestiniens se diviser.

Pour la même raison, le Hamas n’a pas participé aux élections en Palestine en 1996, ni n’a reconnu la mise en place de l’Autorité palestinienne issue des Accords d’Oslo, signés en 1993 par le premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le chef de l’OLP Yasser Arafat.

Le président de la superpuissance américaine Bill Clinton au milieu de Yitzhak Rabin et de Yasser Arafat

Une partie de la Gauche palestinienne refusa également de soutenir ces Accords, considérés comme nuisibles aux Palestiniens. Seulement, un événement majeur s’était produit. Lors de la guerre du Golfe au début des années 1990, tant la Gauche palestinienne, de type nationaliste laïc, avait soutenu l’Irak de Saddam Hussein… Les pays du Golfe cessèrent alors tout financement en leur faveur, privilégiant désormais le Hamas.

Le Hamas commença à mener des actions armées, et ce d’autant plus que les pays du pétrole et du gaz devenaient de plus en plus riches. Car, en 2023, c’est le Qatar qui paie l’intégralité des fonctionnaires et du budget du gouvernement du Hamas à Gaza. Et c’est l’Iran qui fournit l’argent et le matériel pour ses unités militaires.

La Turquie reste plus en retrait en apparence, mais son président Recep Tayyip Erdoğan appartient lui-même au courant des Frères musulmans. Il y a eu brièvement également comme pays convergents la Tunisie (avec le parti gouvernemental Ennahdha de 2011 à 2021) et l’Egypte (avec Mohammed Morsi en 2012-2013, avant son renversement par un coup d’État militaire anti-Frères musulmans). Autrement dit, le Hamas est indissociable du mouvement des Frères musulmans et de leur stratégie.

Le dirigeant du Hamas, Ismaël Haniyeh, ici sur une photographie du ministère russe des Affaires étrangères, est basé au Qatar, mais également en Turquie

L’Iran, pourtant, n’a rien à voir avec les Frères musulmans : ces derniers sont sunnites, l’Iran est chiite. Ce n’est pas la seule différence. L’Iran veut que l’État soit théocratique. Les Frères musulmans veulent que l’État soit… comme il veut, du moment qu’il reconnaît les valeurs de l’Islam comme fondamentales. Il y a d’ailleurs une scission des Frères musulmans qui veut un Etat théocratique et dispose pour cette raison du soutien de l’Iran : le Djihad Islamique en Palestine.

Comme justement cette organisation est forte à Gaza, et que l’Iran contrôle le Hezbollah au Liban, un accord avec le Hamas était facile à trouver. Le fondamentalisme mêle ici à un jeu de grandes puissances. On a ainsi l’Iran qui soutient le Hamas, Hamas qui a soutenu la « révolution syrienne » contre l’État syrien de Bachar al-Assad (un chiite laïc), État syrien de Bachar al-Assad… qui est soutenu par l’Iran.

Tel est ce qu’on appelle en France « l’Orient compliqué ». Et on peut ajouter à cela que si comme on le sait la superpuissance américaine finance et soutient massivement l’État israélien… Ce dernier a désormais d’excellents rapports avec l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis (dont fait partie Dubaï). Et qui est un ennemi juré de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis ? Le Qatar.

25e anniversaire du Hamas à Gaza en 2012 (Fars Media Corporation, wikipedia)

Comme on le voit, il n’y a rien dans tout cela de démocratique et de populaire. On est dans les intérêts économiques, financiers, politiques ; on est clairement dans la bataille pour le repartage du monde. Le Hamas n’est qu’un pion pour les uns, tout comme Israël est un pion pour les autres, et en dernier ressort on retombe toujours sur l’affrontement par pièces interposées des superpuissances américaine et chinoise.

Toute alignement, même toute convergence avec l’un des protagonistes anti-démocratique et anti-populaire est plus qu’une erreur, c’est une faute politique. Cela dessert les peuples qui cherchent à frayer une voie démocratique dans une situation absolument horrible et sanglante. Le Hamas n’est en aucun cas une composante de l’affirmation historique du tiers-monde ! Seul le drapeau rouge a un sens, une signification historique !

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Refus de l’hégémonie

L’amer constat de la Gauche israéliene

L’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 n’avait pas de portée militaire ; c’était une attaque choc visant à provoquer une onde de choc par un massacre. Un tel nihilisme rentrait dans le jeu des puissances s’affrontant : ici Israël et l’Iran, avec à l’arrière-plan toujours les superpuissances américaine et chinoise.

Pour la Gauche israélienne, qui avait gagné beaucoup de points en dénonçant le nationaliste Benjamin Netanyahou et ses projets de réforme de l’Etat, l’attaque du Hamas a été un coup de poignard. Un autre poignard, dans le dos celui-là, a été de voir que l’existence même de la Gauche israélienne était passée par pertes et profit par des gens s’imaginant de gauche mais célébrant un tel massacre, au nom des « Palestiniens ».

Comme si un tel massacre les aidait ! Une solution ne peut être que populaire et démocratique, comme l’exigeait la Gauche palestinienne… à ses débuts, avant sa capitulation devant soit les Etats-Unis, soit les Frères musulmans.

Faut-il s’aligner sur les uns, sur les autres, ou faut-il dire qu’il n’y a qu’une option possible, celle de la Gauche?

L’appel d’une partie de la Gauche israélienne qu’on trouvera ici va pour cette raison dans le bon sens ; même si on est loin du compte, on y trouve une base raisonnable, démocratique, loin des folies furieuses ne menant qu’aux catastrophes.

Déclaration au nom de progressistes et de militants pacifistes basés en Israël concernant les débats sur les événements récents dans notre région :

Nous, universitaires basés en Israël, leaders d’opinion et militants progressistes engagés en faveur de la paix, de l’égalité, de la justice et des droits de l’homme, sommes profondément peinés et choqués par les événements récents dans notre région.

Nous sommes également profondément préoccupés par la réponse inadéquate de certains progressistes américains et européens face au ciblage des civils israéliens par le Hamas, une réponse qui reflète une tendance inquiétante dans la culture politique de la gauche mondiale.

Le 7 octobre 2023, le Hamas a lancé une attaque sans précédent comprenant des meurtres massifs de civils innocents dans leurs maisons, des violences aveugles contre les femmes, les personnes âgées et les enfants, ainsi que des enlèvements massifs de citoyens israéliens.

Des familles entières ont été anéanties dans ce carnage, des communautés entières ont été réduites en cendres, des corps ont été mutilés, des nourrissons ont été massacrés.

Il est impossible d’exagérer les dégâts causés par ces événements, tant au niveau personnel que collectif. Les événements traumatisants de ce samedi d’octobre laisseront une marque durable dans nos cœurs et nos mémoires.

Comme prévu, en réponse aux actions du Hamas, l’État d’Israël a lancé une opération militaire massive à Gaza. Nous ne pouvons toujours pas estimer le nombre de victimes de ces attaques, mais il est probable qu’il soit plus élevé que tout ce dont nous avons été témoins jusqu’à présent.

Ce cycle d’agression sape gravement notre lutte de longue date contre l’oppression et la violence et dans la poursuite des pleins droits et de l’égalité pour tous les résidents d’Israël-Palestine.

En ce moment, plus que jamais, nous avons besoin du soutien et de la solidarité de la gauche mondiale, sous la forme d’un appel sans équivoque contre la violence aveugle envers les civils des deux côtés.

Beaucoup de nos pairs dans le monde ont exprimé leur ferme opposition à l’attaque du Hamas et ont offert leur soutien sans ambiguïté à ses victimes.

Des voix éminentes dans le monde arabe ont également clairement indiqué que rien ne pouvait justifier le meurtre sadique de personnes innocentes.

Cependant, à notre grande consternation, certains éléments de la gauche mondiale, qui étaient jusqu’à présent nos partenaires politiques, ont réagi avec indifférence à ces horribles événements et ont parfois même justifié les actions du Hamas.

Certains ont refusé de condamner la violence, affirmant que les étrangers n’ont pas le droit de juger les actions des opprimés.

D’autres ont minimisé les souffrances et les traumatismes, arguant que la société israélienne était à l’origine de cette tragédie.

D’autres encore se sont protégés du choc moral grâce à des comparaisons historiques et à une rationalisation.

Et il y a même ceux – un nombre non négligeable – pour qui le jour le plus sombre de l’histoire de notre société a été un motif de célébration.

Cet éventail de réponses nous a surpris. Nous n’aurions jamais imaginé que des individus de gauche, défenseurs de l’égalité, de la liberté, de la justice et du bien-être, feraient preuve d’une telle insensibilité morale et d’une telle insouciance politique.

Soyons clairs : le Hamas est une organisation théocratique et répressive qui s’oppose avec véhémence aux tentatives visant à promouvoir la paix et l’égalité au Moyen-Orient.

Ses engagements fondamentaux sont fondamentalement incompatibles avec les principes progressistes, et la tendance de certains gens de gauche à réagir positivement à ses actions est tout à fait absurde.

De plus, rien ne justifie de tirer sur des civils à leur domicile, rien ne rationalise le meurtre d’enfants devant leurs parents, rien n’est raisonnable dans la persécution et l’exécution des gens à une fête.

Légitimer ou excuser ces actions équivaut à une trahison des principes fondamentaux de la politique de gauche.

Nous soulignons qu’il n’y a aucune contradiction entre s’opposer fermement à l’asservissement et à l’occupation des Palestiniens par Israël et condamner sans équivoque les actes de violence brutaux contre des civils innocents. En fait, tout personne de gauche qui est cohérente doit occuper les deux positions simultanément.

Le 7 octobre est un jour sombre dans l’histoire d’Israël-Palestine et dans la vie des peuples de cette région.

Ceux qui refusent de condamner les actions du Hamas nuisent énormément aux chances de voir la paix devenir une option politique viable et pertinente.

Ils affaiblissent la capacité de la gauche à présenter un horizon social et politique positif, la transformant en une force politique extrême, étroite et aliénante.

Nous appelons nos pairs de gauche à revenir à une politique fondée sur des principes humanistes et universels, à prendre une position claire contre toute forme de violation des droits de l’homme et à nous aider dans la lutte pour briser le cycle de violence et de destruction.

Les signataires de cet appel du 16 octobre 2023 :

Prof. Aviad Kleinberg, président du Centre académique Ruppin

Avirama Golan, auteur et journaliste

Prof. Avner Ben-Zaken, Institut pour la pensée israélienne

Ibtisam Mara’ana , ancien député du Parti travailliste

Adam Raz, historien, activiste des droits de l’Homme
Prof. Dr Eva Illouz, directrice d’études à l’EHESS Paris, membre de l’Institut pour la pensée israélienne

Ofek Birnholtz, Université Bar Ilan

Ortal Ben Dayan, militant social

Ori Ben Dov, militant social

Uri Weltmann, organisateur national de terrain – Standing Together

Ori Kol, entrepreneur social

Dr Or (Ori) Rabinowitz, Université hébraïque de Jérusalem

Orit Sonia Waisman, David Yellin Academic College of Education, Jérusalem

Prof. Oren Yoftachel, Université Ben Gourion du Néguev

Eilon Tohar, militante sociale

Iris Leal, auteur

Alon-Lee Green, codirecteur national de Standing Together

Dr Eli Lamdan, Maison d’édition Nemala

Dr Eli Cook, chef du département d’histoire générale, Université de Haïfa

Almog Kasher, Université Bar Ilan

Professeur Arie M. Kacowicz, Université hébraïque de Jérusalem

Josh Drill, activiste social

Prof. Dr. Orna Ben-Naftali, Faculté de droit et Institut Van Leer de Jerusalem

Josh Drill, activiste social

Professeur Gadi Heimann, Université hébraïque de Jérusalem

Ghadir Hani, militant pour la paix

Prof. Gila Stopler, Faculté de droit, Collège de droit et de commerce

Galia Sabar, Université de Tel-Aviv. Ancien président du Ruppin College

Dr Dov Khenin, ancien député, Hadash, Université de Tel Aviv

David Lehrer, Institut Arava pour les études environnementales

David Grossman, auteur

Dorit Hadar Persky, professeur de maîtrise en éducation spécialisée, Université académique David Yellin pour l’Education, Jérusalem

Prof. Dahlia Scheindlin, politologue et membre du conseil d’administration d’Une terre pour tous

Dr Dan Rabinowitz, Université de Tel Aviv

Dana Mills, auteure et militante des droits de l’homme Professeur

Danny Gutwein, Université de Haïfa

Dr Dani Filc, MD PhD, Standing Together

Hagar Gal, ancienne directrice générale de l’Association pour les droits civiques en Israël (ACRI) et membre dirigeant de Standing Together

Taleb el-Sana, ancien député du Parti démocratique arabe, chef du Haut Comité pour les citoyens arabes du Néguev

Yoav Hareven, membre dirigeant de Standing Together

Yoav Goldberg, Université Bar-Ilan

Professeur Yuval Noah Harari, Université hébraïque de Jérusalem

Jonathan Rubin, Université d’économie Bar Ilan

Yossi Sucary, auteur

Dr Yofi Tirosh, Université de Tel Aviv

Yael Hashiloni-Dolev, Université Ben Gourion, Département de sociologie et d’anthropologie

Dr Yael Sternhell, Université de Tel Aviv

Yiftah Goldman, Collège universitaire d’éducation David Yellin, Jérusalem 

Dr Carmel Shalev, Faculté de droit, Université de Tel Aviv

Lisa Cainan, Collège universitaire d’éducation David Yellin, Jérusalem

Mossi Raz, ancien député du Meretz

Dr Meir Yaish, Université de Haïfa Dr Michal Givoni, Université Ben Gourion

Dr Meital Pinto, Zefat Academic College, Ono Academic College

Meital Peleg Mizrachi, chercheur postdoctoral à l’Université de Yale

Professeur Miri Lavi Neeman, Institut Arava d’études environnementales

Moshe Zuckermann, Université de Tel Aviv

Nadav Bigelman, militant social, membre de Standing Together

Noam Tirosh, Université Ben Gourion du Néguev

Niv Meyerson, militant pour la justice sociale et environnementale

Dr Nir Avieli, Université Ben Gourion du Néguev 

Professeur Nir Barak, Université Ben Gourion du Néguev 

Noam Zohar, Université Bar Ilan

Sally Abed, membre de la direction nationale, Standing Together

Dr Noam Zohar, Université Bar Ilan Dr Oded Y. Steinberg, Université hébraïque de Jérusalem

Adi Makmal, Faculté d’ingénierie, Université Bar-Ilan

Dr. Ofer Waldman, auteur et journaliste

Odeh Bisharat, écrivain

Prof. Professeur Eran Dorfman, Département de littérature, Université de Tel Aviv

Dr Amit Schejter, Département d’études en communication, Université Ben Gourion

Dr Amal Ziv, Université Ben Gourion

Dr Anat Herbst-Debby, Programme d’études sur le genre, Université Bar-Ilan

Prof. Ofri Ilany, PDG de l’Institut Van Leer, historien et journaliste Piki Ish-Shalom, Université hébraïque de Jérusalem

Tzlil Rubinshtein, militant social,

Ran Heilbrunn, écrivain,

Dr. Dr Roni Porat, Université hébraïque de Jérusalem

Ronit Donyets Kedar, Faculté de droit et de commerce

Dr Ruth Halperin-Kaddari, Faculté de droit de l’Université Bar-Ilan

Raphaël Zagury-Orly, Institut catholique de Paris,

Shuli Dichter, activiste et auteur Shlomit Aharoni Lir, Université Bar Ilan

Prof. Shifra Sagy, Université Ben Gourion du Néguev 

Dr Sharon Armon-Lotem, Université Bar-Ilan Dr Sarai Aharoni, Université Ben Gourion du Néguev

Tom Yagil, militant pour la justice sociale et environnementale

Dr Tamar Ascher Shai, Collège universitaire d’éducation David Yellin, Jérusalem

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Événements significatifs

La NUPES tourne court

Au printemps 2022, Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise impulsaient la « Nouvelle union populaire écologique et sociale » consistant en un accord électoral des forces de la gauche gouvernementale en vue des élections législatives de juin 2022. Un accord qui débouchait alors sur la formation d’un inter-groupe parlementaire constitué de 150 députés.

Mais au-delà de cet accord électoral et de cet inter-groupe parlementaire, la France insoumise visait en tant que force dirigeante de la coalition une perspective politique à moyen-terme. C’était la perspective de réaliser la stratégie populiste de la Gauche d’Amérique latine tant étudiée par Jean-Luc Mélenchon, en unissant dans un magma politique le plus de forces politiques pour ensuite compter sur les vagues des mouvements sociaux pour « faire la bascule » vers le pouvoir.

Du point de vue particulier du contexte français, cela ramenait la gauche française dans sa situation d’avant 1905, avec un « socialisme » partant dans tous les sens, sans visée organisatrice tangible ni armature idéologique.

Du fait de la nature social-impérialiste de l’ensemble des composantes de la NUPES, il allait de soi que le conflit entre l’Ukraine et la Russie, impliquant la France à travers sa soumission aux États-Unis dans le cadre de l’Otan, ne pouvait pas fissurer l’union.

En revanche, il ne pouvait pas en être ainsi avec l’attaque du Hamas sur des civils israéliens qui rappelait trop nettement aux français les horreurs subies lors des attentats du 13 novembre 2015. Et qui suffit à révéler une contradiction entre le courant post-moderne « décolonial » bien établi à la France insoumise et la tradition sociale-républicaine historiquement liée au PS et au PCF.

En effet, le premier communiqué de la France insoumise parlait d « offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas » pour qualifier une attaque terroriste sur des civils, y compris des jeunes d’un festival de musique Techno tournés vers la paix. Puis quelques jours plus tard, c’est sur une radio que Danièle Obono, députée LFI de Paris et cheffe d’orchestre de tout ce courant « décolonial », approuvait le fait d’intégrer le Hamas dans les « organisations de résistance palestinienne ».

Avec de telles déclarations, c’est l’héritage républicain, ainsi que rationaliste, qui a refait surface et est venu se heurter à une lecture ultra-populiste des évènements par la France insoumise, mettant de côté les enjeux démocratiques de la libération nationale palestinienne.

Dans cette dynamique, c’est le PCF qui a ouvert la boîte de pandore avec la tenue d’un conseil national votant le dimanche 15 octobre 2023 à près de 93 % une résolution dans laquelle il était dit que la NUPES « telle que constituée sous la volonté hégémonique de LFI, est une impasse ». Puis le Parti socialiste s’est prononcé en faveur d’un « moratoire » sur la participation à l’inter-groupe NUPES mardi 17 octobre 2023 au soir, EELV appelant à ce que l’ensemble des députés de la coalition se réunissent pour discuter de leurs « différends ».

Évidemment, et malheureusement, l’érosion de la NUPES ne peut se faire sur la base d’un débat démocratique réel puisque cette union renvoie à un accord électoral réalisé par en haut sans perspectives programmatiques. De ce fait l’érosion est lente et sans franchise… Le député Fabien Roussel et premier secrétaire du PCF allant même jusqu’à dire qu’il ne siégerait plus à l’inter-groupe NUPES tout en laissant les députés de son parti libre de faire ce qu’ils veulent !

Une chose est sûre, c’est que la Gauche française reste prisonnière de ses propres renoncements historiques. L’effritement de la NUPES nous renvoie dans la vieille opposition entre les « sociaux-républicains » et populistes, autrefois marquées par le syndicalisme révolutionnaire, et aujourd’hui se mélangeant avec les théories universitaires les plus farfelues.

La faillite de la NUPES en cet automne 2023 apparaît comme un évènement majeur, en négatif. En négatif car l’opposition « républicains »/populistes sonne creux par rapport aux enjeux de l’Histoire.

La Gauche française est ici, encore une fois, à mille lieux de la Gauche allemande.

« Une nouvelle politique pour vous! »

À l’inverse, la démission officielle de Sahra Wagenknech, ainsi que de 9 députés, du parti« Die Linke » en Allemagne ce lundi 23 octobre 2023 se fonde sur une envergure programmatique. C’est pourquoi il est également laissé du temps entre l’officialisation du départ et l’annonce du futur parti en janvier 2024, le temps de bien élaborer et poser les choses.

De fait, la critique ne se fait pas spontanément, dans le creux d’une conjoncture, mais dans le prolongement d’une maturation politique et idéologique. Elle cible notamment la pensée libérale-libertaire ou LGBT, telle que le représentée outre-Rhin par les lois sur la légalisation du cannabis et l’ « auto-détermination de genre », comme des obstacles au redéploiement d’une Gauche populaire.

Si l’on veut s’orienter dans la décomposition politique actuelle de la Gauche française, il apparaît très nettement que c’est du côté de la démarche de l’allemande Sahra Wagenknecht qu’il faut regarder et s’inspirer.

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Rapport entre les classes

L’étonnant « maoïsme » fictif des années 2010

Quand le capitalisme s’écroule, il produit des choses étranges, notamment des ultra-révolutionnaires venant torpiller la révolution de l’intérieur. L’exemple suivant est anecdotique, mais finalement presque amusant. C’est même tellement pittoresque qu’on se croirait dans le scénario d’une série Netflix. Plus précisément, c’est une série Netflix, parce que les gens qui ont participé à ces aventures sont totalement dans cet esprit-là.

Voici le scénario. Nous sommes dans les années 2010. Le lieu : en Allemagne, aux États-Unis, au Canada, ainsi qu’en France, surtout. Les acteurs : des étudiants et des aventuriers fréquentant les milieux d’extrême-gauche. L’histoire est simple : ces acteurs veulent apparaître comme super-révolutionnaires.

Le chef de file des « maoïstes » américains: le style aventurier selon l’esprit lumpen

Mais comment faire pour avoir l’air hyper-révolutionnaire? Étant étudiants ou aventuriers, il n’y avait pas quarante solutions pour de tels gens. Les voici :

  • multiplier les messages et la présence sur les réseaux sociaux ;
  • racoler au maximum en se disant d’accord sur tout mais comme proposant la seule voie vraiment révolutionnaire ;
  • harceler et dire du mal des « concurrents » ;
  • se donner une image ultra-révolutionnaire.

Jusque-là, rien d’extraordinaire. Tout ce qui racole à gauche de la gauche fonctionne ainsi. Cependant, l’émergence des rapports sociaux a provoqué une immense pression et il fallait en rajouter toujours plus…

« Jugendwiderstand » (Jeune résistance) en Allemagne, naturellement disparu du jour au lendemain

Aussi, cet assemblage de petits-bourgeois et de lumpen ont repéré le maoïsme. C’est une idéologie très compliquée, avec beaucoup de concepts. C’est logique : c’est le produit de la Gauche historique. Il faut connaître le marxisme… puis le léninisme… puis le maoïsme. Il faut connaître le mouvement ouvrier des débuts, puis l’URSS, puis la Chine populaire. Cela fait beaucoup et le niveau est élevé. C’est l’exigence du matérialisme dialectique.

Et donc, comme c’est compliqué, et dans le creux des années 2010, en pleine généralisation de la consommation… il y avait moyen de s’approprier le « maoïsme ». Personne n’y comprend rien, tout le monde s’en moque, les étudiants arrangent tout comme ça les arrange… Et voilà un « maoïsme », sans contenu, bien entendu, mais avec un « style ». Cela permet de faire du bruit, puisque le principe c’est de se revendiquer de la « guerre populaire »… sans faire, bien entendu.

Les « Red Guards » américains, manifestant avec des armes, ce qui est légal, mais évidemment sans munitions

Maintenant, imaginez le problème. Un groupe de gens se revendiquant d’une idéologie « ultra-révolutionnaire » et devant apparaître comme tel… Cela donne une folie furieuse interne. On parle ici de véritables sectes. Étant donné qu’il n’y avait pas d’idéologie en effet, donc pas de principes, tout marche avec un « boss ». Pour donner l’illusion d’avoir une activité interne, on parle de réunions permanentes, avec des « critiques » et des « autocritiques » incessantes.

Il faut sans cesse faire semblant d’être une actualité, il faut sans cesse participer aux manifestations, en faisant semblant de leur donner de l’importance. Il faut également écrire des slogans sur les murs, faire des compte-rendus sur les réseaux sociaux pour la moindre affiche collée, etc. C’est l’auto-intoxication permanente.

Le Parti Communiste Maoïste de France a disparu peu après l’émergence de la pandémie, sans crier gare

Dans un tel contexte, ce qui se produit, c’est bien entendu d’un côté un écrasement des psychologies, de l’autre des révoltes hystériques produisant des scissions en série. Ces scissions n’ont évidemment jamais de réelle base idéologique ou politique. On est ici dans la rancœur, la recherche de prétexte, mais aussi les drames. Le prétexte tient souvent (notamment en France) à des histoires de viols, c’est dire à quel point c’est glauque.

La plupart du temps, la scission part donc d’une révolte de gens horrifiés par les comportements hiérarchiques abusifs et ne comprenant pas pourquoi ils ont finalement lieu. Le même phénomène se reproduit ensuite de nouveau de scission en scission.

Aux États-Unis, les anciens membres des « gardes rouges » ont ainsi publié une quantité importante de documents pour se présenter comme des « rescapés » d’un « culte ». Ils se présentent comme des victimes particulièrement traumatisés dans leur vie personnelle. Il n’y a aucune interprétation politique, seulement une dénonciation de « manipulateurs » pervers.

Le Parti Communiste Révolutionnaire du Canada(wikipedia)

Ce phénomène a vraiment été propre aux années 2010. L’émergence de la pandémie y a mis un terme, même il en existe des restes, sur une base très précaire et avec beaucoup moins de prétentions. Ce qui compte surtout, c’est l’énorme gâchis d’énergie et la démolition de bonnes volontés.

Le Parti Communiste Révolutionnaire du Canada a réussi à s’implanter dans tout le pays. Il a amené plein de gens à devenir activiste, dans un pays sans tradition historique révolutionnaire réelle. Comme c’était malheureusement en racolant, la dérive en mode « LGBT » universitaire a été massive. Les « anciens » se sont révoltés et ont été éjectés, tout s’effondrant dans la foulée en plusieurs scissions encore. De tout cela, il ne reste finalement… rien. A part des articles pittoresques de médias comme Vice (ici sur les « maoïstes » fictifs français) et éventuellement une carrière ou des contacts pour un tel ou un autre.

Ouvrage de 2016 de l’universitaire canadien Joshua Moufawad-Paul avec une image péruvienne sur la couverture, alors qu’il rejette totalement le Parti Communiste du Pérou

Cet exemple lamentable est anecdotique. Quel intérêt de savoir que quelques dizaines ou centaines de personnes ont perdu leur temps à se croire ce qu’ils ne sont pas, pour débarrasser le plancher une fois leur aventure passée. Cependant, il faut voir également que cela reflète une tendance du capitalisme à tout s’approprier pour le transformer dans un sens capitaliste. Ce n’est pas pour rien que ce « maoïsme » fictif a repris à son compte les délires LGBT en les poussant au maximum. Pour les « maoïstes » français fictifs, les « trans » étaient pratiquement le nouveau sujet révolutionnaire.

Pour préserver les valeurs de la Gauche historique, il faut avoir en tête que le capitalisme utilise également des « ultras » pour déborder en apparence par la Gauche, pour précipiter dans l’implosion en général. Ce que Mao Zedong avait justement remarqué durant la révolution culturelle chinoise avec Lin Piao et son culte du « petit livre rouge », ou encore le mouvement ouvrier durant la guerre d’Espagne avec le POUM « ultra-révolutionnaire » visant à torpiller le Front populaire antifasciste au nom de la « révolution ».

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Politique

Retraites : la France des pleurnicheries

La France est régressive.

Plus de 15 millions de téléspectateurs ont écouté l’allocution présidentielle d’Emmanuel Macron le 17 avril 2023. Naturellement, quelques centaines de personnes se sont regroupées dans la foulée, dans quelques villes (Paris, Rennes, Grenoble…), notamment pour chercher à jouer les casseurs, surtout à Lyon.

Mais surtout, ce sont les réactions du 18 avril qui sont exemplaires. Exemplaires de quoi ? Exemplaires de ce qu’il ne se passe rien en France. Il n’y a aucune mobilisation morale, intellectuelle, culturelle. Les gens sont asséchés par le 24 heures sur 24 du capitalisme. Ils n’ont aucune force.

On le voit, dans la vie quotidienne. On le voit, dans le travail politique. Et on le voit dans l’implication intellectuelle et culturelle. Agauche.org existe depuis décembre 2017, avec pratiquement 3000 articles. C’est un média qui est lu, naturellement pas assez et à la marge, mais suffisamment pour avoir un aperçu des tendances.

Et il n’y a pas de tendance, il n’y a rien. C’est exactement pareil lorsque nous avions annoncé six mois avant son déclenchement le conflit armé en Ukraine. Nous avions six mois, en fait même un peu plus, de documents à ce sujet, et personne n’est allé voir.

Il faut assumer : les gens se moquent de tout, ils ne percutent rien. Il est bien sûr toujours possible d’aller jouer au militant, au casseur, lors des manifestations et des mobilisations. Il en a toujours été ainsi. Mais ça ne rime à rien.

D’ailleurs, que propose désormais Emmanuel Macron ? Un « pacte de la vie au travail ». Il a rencontré le 18 avril les représentants des organisations patronales : le Medef, la Confédération des PME (CPME) et l’Union des entreprises de proximité (U2P) .

Les syndicats des travailleurs ne sont pas venus, mais ils y viendront. Car leur fond de commerce, c’est de « réformer » la vie salariale – autrement dit, de moderniser le capitalisme.

Et les Français sont satisfaits, même si critiques, d’une telle vie dans un capitalisme moderne. Objectivement, ils attendent tous que la Russie perde face à l’Otan, qu’elle rejoigne le tiers-monde, comme ça on pourra l’exploiter comme il faut pour maintenir le niveau de vie dans la société de la consommation.

Les réactions à l’allocution présidentielle relèvent donc de la mythomanie. Emmanuel Macron serait « complètement hors la réalité » selon Jean-Luc Mélenchon. La dirigeante de la CGT Sophie Binet a annoncé que « il n’y aura pas de retour à la normale tant qu’il n’y aura pas de retrait de la réforme des retraites ».

Ben voyons. Sauf que tout est normal, que les mobilisations n’ont en rien modifié une réalité qu’elles ne font qu’accompagner. Tout ça, ce sont des pleurnicheries. Et qui cela va-t-il aider ? L’extrême-Droite avec Marine Le Pen.

Car c’est indéniable : la fascination pour Marine Le Pen de la part des couches populaires n’a pas du tout faibli ces derniers mois, voire même elle s’est renforcée. C’est là une preuve indéniable de l’échec formel du mouvement de lutte contre la réforme des retraites.

Aucune estime pour la Gauche, aucun intérêt pour les idées de la Gauche, aucune assemblée générale réelle, soumission à l’intersyndicale, maintien des démarches corporatistes… Le bilan est désastreux.

Et toute l’ultra-gauche, tous les syndicalistes qui ont contribué à masquer ce bilan désastreux en sont les complices. Tous les gens qui ont prétendu que quelque chose pouvait en sortir de bon n’auront été que les ennemis politiques de la Gauche historique, les valets du réformisme et de l’anarchisme, ces deux aspects de la même pièce.

Seul le travail de fond a un sens, une valeur historique. Certainement pas le misérabilisme dans un des pays les plus riches du monde qui relève du dispositif américain pour faire la guerre à la Russie aujourd’hui, à la Chine demain.

La vérité est simple : qui ne veut pas rompre avec l’hégémonie de l’occident est obligé de converger avec lui ! Et de s’aligner sur le 24 heures sur 24 du capitalisme.

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Guerre

Obligation du service national universel : la France prépare la guerre

Le militarisme, c’est la préparation de la guerre de repartage.

Instauré en 2019, le Service national universel (SNU) est une forme de service militaire soft. Au départ basé sur le volontariat, Emmanuel Macron a toujours promis sa généralisation et son caractère obligatoire.

Avec 32 000 jeunes en 2022, le projet est loin de ses buts et pourtant c’est à grand pas que se rapproche la mise en place de sa généralisation obligatoire, d’abord dans 6 départements puis, à terme, sur tout le territoire. Tout cela sera très vraisemblablement intégré à la prochaine loi de programmation militaire (LPM) qui doit être votée au printemps, et dont la hausse déjà connue du budget illustre la militarisation accrue de la France.

Un article de presse révélait ainsi que cette obligation pourrait prendre la forme de 2 semaines pour tous les élèves de seconde sur leur temps scolaire sur la base d’une journée de 6h30-22h30, le tout dans un département différent du leur.

On y retrouve toute la panoplie de la discipline militaire, tel le port de l’uniforme et l’interdiction du téléphone portable, la levée du drapeau à 8h sur fond de Marseillaise, etc. L’obligation passerait par le fait de pouvoir passer certains examens et cela fournirait des points bonus pour Parcoursup.

De fait, le SNU, ce n’est ni plus ni moins qu’un préparatif de guerre intégré à la question générale de la mobilisation nationale, et en particulier à celle des réservistes puisque la suite du SNU consiste en la possibilité d’intégrer la réserve opérationnelle appelée à être augmentée avec la LPM 2024-2030.

A l’instar des envois d’armes en Ukraine, à l’instar de l’exercice Hemex-Orion 2023, à l’instar de son rôle de « Nation-cadre » en Roumanie pour le compte de l’Otan, la France cherche à se donner les moyens d’assumer demain la guerre mondiale.

Le SNU, c’est si l’on veut la même chose que la loi des 3 ans qui fit passer la service militaire obligatoire de 2 à 3 ans en 1913 en vue de la guerre avec l’Allemagne. Cela l’est d’autant plus que depuis le 4 juillet 2022 le secrétariat d’État chargé de la jeunesse et du Service national universel est sous la tutelle du Ministère des armées.

Évidemment, on ne passe pas de la fin du service militaire en 1997 à son rétablissement en un claquement de doigt, surtout dans un pays aseptisé par la société de consommation. Il faut des sas et le SNU en est un.

Image du SNU en Guyane en 2021

Par conséquent, pour porter une critique conséquente du SNU, il s’agit de relier la question de la militarisation de la société civile d’avec son soubassement historique qui n’est rien d’autre que la tendance à la guerre de repartage. Car voilà ce qui heurte la sensibilité populaire dans la prochaine mise en œuvre obligatoire du SNU : la prise en charge par l’armée de tâches civiles en dehors même du temps scolaire en vue de préparer les esprits à l’effort national de guerre.

Sans une telle dimension critique, on loupe le coche historique et on s’expose aux mêmes errements que la gauche d’avant 1914 avec son ralliement général à la « défense de la patrie ».

Il faut même préciser ici, par responsabilité envers le peuple qui a un grand sens de la réalité, qu’il faut surtout refuser le militarisme bourgeois, refuser l’engagement militaire au service de l’ordre occidental soumis aux États-Unis.

Mais, une fois que l’on a dit cela, il faut bien, hélas, penser la réalité du monde marquée par la tendance à la guerre. Non pas qu’il faille choisir un camp impérialiste contre un autre, non pas qu’il faille accepter la guerre au service des puissants, mais que la bataille pour la paix impose irrémédiablement de penser l’opposition aux armées bourgeoises qui s’opposeront à toute émancipation du capitalisme qui, lorsqu’il est en crise, nous emmène à chaque fois vers la guerre générale.

Par conséquent, le refus du SNU, en tant qu’expression du militarisme bourgeois exige une alternative, celle de l’enseignement militaire pour tous. Ou pour le dire dans une formule simple : la démocratie populaire + le fusil, l’auto-discipline du peuple pour son émancipation totale, du capitalisme et de ses guerres.

Il n’y a donc pas 36 000 possibilités face à cette lame de fond qui rythme et va rythmer les prochaines années : ou bien l’on choisit un camp impérialiste, États-Unis ou Chine, ou bien on refuse d’être embarqué dans une 3e guerre mondiale sous le mot d’ordre « guerre à la guerre des grandes puissances ».

Sans cette perspective, la critique du SNU et du militarisme en général est vouée à l’échec ou plutôt elle laisse le champ libre à l’extrême-droite nationaliste qui, elle, prend acte de la réalité et assume le fusil…sans la démocratie.

La critique conséquente du SNU ne peut être qu’une critique de la militarisation de la France dans le cadre de la guerre de repartage du monde. Elle doit être le prétexte à une mobilisation populaire pacifiste d’ampleur, contre la puissance française au service de l’Otan.

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Politique

La Gauche historique ne fantasme pas sur la « grève générale »

L’anarchisme, l’anarcho-syndicalisme : une plaie dans notre pays.

Ce 7 mars 2023, les syndicats visent à organiser en France une vaste grève. Cette grève n’est pas organisée selon les principes de la Gauche historique. Elle relève de l’économisme, du trade-unionisme, c’est-à-dire du réformisme, dans son alliance à l’anarcho-syndicalisme qui rêve qu’une « grève générale », soit le prélude du « grand soir ». On est là dans le mythe mobilisateur théorisé par Sorel et tous les « socialistes français » rejetant le marxisme.

Rosa Luxembourg rappelle, dans Grève de masse, parti et syndicat, écrit en 1905, que la Gauche historique ne conçoit le mouvement ouvrier qu’à travers le prisme de la conscience politique. Elle nous dit de la position historique de la social-démocratie, du marxisme :

« Elle est dirigée contre la théorie anarchiste de la grève générale qui oppose la grève générale, facteur de déclenchement de la révolution sociale, à la lutte politique quotidienne de la classe ouvrière.

Elle tient tout entière dans ce dilemme simple : ou bien le prolétariat dans son ensemble ne possède pas encore d’organisation ni de fonds considérables – et alors il ne peut réaliser la grève générale – ou bien il est déjà assez puissamment organisé – et alors il n’a pas besoin de la grève générale.

Cette argumentation est, à vrai dire, si simple et si inattaquable à première vue, que pendant un quart de siècle elle a rendu d’immenses services au mouvement ouvrier moderne, soit pour combattre au nom de la logique les chimères anarchistes, soit pour aider à porter l’idée de la lutte politique dans les couches les plus profondes de la classe ouvrière.

Les progrès immenses du mouvement ouvrier dans tous les pays modernes au cours des vingt-cinq dernières années vérifient de la manière la plus éclatante la tactique de la lutte politique préconisée par Marx et Engels, par opposition au bakouninisme : la social-démocratie allemande dans sa puissance actuelle, sa situation à l’avant-garde de tout mouvement ouvrier international est, pour une très grosse part, le produit direct de l’application conséquente et rigoureuse de cette tactique. »

Dans ce même ouvrage, Rosa Luxembourg constate qu’en Russie un nouveau phénomène est apparu, qui exige de recalibrer la notion de grève. Il y avait en effet, dans toute la période menant aux deux révolutions russes de 1917, de multiples grèves. Mais elles avaient un caractère contestataire visant le régime et c’est pourquoi Rosa Luxembourg parle de « grève politique de masse ».

Ce qui se passe en France n’a rien à voir avec un tel mouvement secouant le régime. On est dans le réformisme, purement et simplement.

La Gauche historique, celle qui s’appuie sur la social-démocratie et le marxisme, refuse d’accorder une valeur à un tel réformisme qui rejette le Socialisme comme objectif incontournable.

Elle n’accepte pas non plus une ligne populiste visant à « manipuler » les travailleurs pour qu’ils passent sans s’en apercevoir de revendications au camp du socialisme – comme si une telle chose était possible.

Cette conception d’amener les travailleurs comme malgré eux dans le camp du Socialisme est celle, trompeuse, mensongère, du réformisme à prétention « révolutionnaire », du trotskisme avec le « programme de transition ». C’est une négation de l’importance de la conscience, et ce d’autant plus dans un pays comme la France où règne le 24 heures sur 24 du capitalisme.

La Gauche historique affirme que tout dépend du niveau de conscience. Dans son fameux ouvrage Que faire?, en 1902, Lénine salue comment le dirigeant de la social-démocratie Karl Kautsky valorise la conscience, lui reconnaissant le rôle central. Et il pose que :

« Du moment qu’il ne saurait être question d’une idéologie indépendante, élaborée par les masses ouvrières elles-mêmes au cours de leur mouvement , le problème se pose uniquement ainsi : idéologie bourgeoise ou idéologie socialiste.

Il n’y a pas de milieu (car l’humanité n’a pas élaboré une « troisième » idéologie ; et puis d’ailleurs, dans une société déchirée par les antagonismes de classes, il ne saurait jamais exister d’idéologie en dehors ou au-dessus des classes).

C’est pourquoi tout rapetissement de l’idéologie socialiste, tout éloignement vis-à-vis de cette dernière implique un renforcement de l’idéologie bourgeoise.

On parle de spontanéité. Mais le développement spontané du mouvement ouvrier aboutit justement à le subordonner à l’idéologie bourgeoise, Il s’effectue justement selon le programme du Credo, car mouvement ouvrier spontané, c’est le trade-unionisme, la Nur-Gewerkschaftlerei ; or le trade-unionisme, c’est justement l’asservissement idéologique des ouvriers par la bourgeoisie.

C’est pourquoi notre tâche, celle de la social-démocratie est de combattre la spontanéité, de détourner le mouvement ouvrier de cette tendance spontanée qu’a le trade-unionisme à se réfugier sous l’aile de la bourgeoisie, et de l’attirer sous l’aile de la social-démocratie révolutionnaire. »

La question est politique, toute question est politique. Une grève sur une base économique peut exister, mais en dernier ressort elle dépend d’une orientation politique : les syndicats sont une courroie de transmission du Parti menant au Socialisme.

Sinon, tout se joue dans le cadre du capitalisme et, en dernier ressort, sert le capitalisme pour trouver des manières de se ré-impulser, de se relancer!

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Ukraine : appel hypocrite à la paix de l’UEC et du MJCF

Courageux, ou pas ?

L’Union des Etudiants Communistes et le Mouvement Jeunes Communistes de France ont signé une tribune commune par l’intermédiaire de leurs dirigeants. En tant qu’organes de mouvement de jeunesse, les deux structures appellent à la paix en Ukraine.

C’est très hypocrite. Les raisons, flagrantes, sont les suivantes. Tout d’abord, tous les torts reviendraient à Vladimir Poutine. C’est là une personnalisation de l’Histoire tout à fait ridicule.

C’est cependant bien pratique pour ces deux mouvements qui ainsi « oublient » de nommer les réelles raison de la guerre : le capitalisme, la crise, la bataille pour le repartage du monde.

Ensuite, il n’est pas appelé à saboter l’effort de guerre français. Il n’est pas considéré que la France est en guerre contre la Russie, seulement qu’elle contribue à une escalade et qu’elle peut mieux faire.

Non seulement ce n’est là pas correct, car il faut combattre le militarisme de son pays avant tout, mais en plus c’est « oublier » au passage que la France est devenue une marionette de la superpuissance américaine.

Si l’on veut aller encore plus loin, on peut voir également que ni l’UEC ni le MJCF n’ont compris quoique ce soit à la question de l’effondrement de l’occident – ou plutôt qu’ils expriment le souhait que surtout tout reste comme avant.

Sous l’aspect de pacifisme, sous la forme positive du refus de l’engrenage, l’UEC et la MJCF ne font en réalité que proposer de « faire autre chose » tout en accompagnant les initiatives militaires de l’Etat français qui contribue matériellement, idéologiquement, économiquement à la guerre américaine contre la Russie.

Un an de guerre en Ukraine : la jeunesse aspire à la paix !

LÉON DEFFONTAINES
Secrétaire général du MJCF
LÉNA RAUD
Secrétaire nationale de l’UEC

Voilà un an que la Russie a envahi l’Ukraine. Il y a un an, Vladimir Poutine a bafoué l’intégrité territoriale d’un pays et, depuis, il fait peser le risque d’un conflit mondial aux conséquences dramatiques pour l’avenir de la planète.

Grâce à sa possession de l’arme nucléaire, qu’aucune grande puissance ne remet en cause, il a pu commettre les pires exactions tout en menaçant plus ou moins explicitement d’en faire usage.

Derrière cette guerre, c’est autant de jeunes dont l’avenir est brisé : assassinats, enfermements, chômage, déscolarisation, enrôlement forcé dans les conflits… C’est alors l’avenir entier d’une nation qui est hypothéqué.

Aujourd’hui, plus personne ne semble avoir la paix comme boussole. Les deux belligérants comme les puissances occidentales disent vouloir la paix, mais n’envisagent qu’une seule et même logique : la guerre, toujours la guerre.

L’aide militaire apportée ces derniers mois n’a pas montré son efficacité. En toute logique, avec cette stratégie, nous assistons au concours du pays qui enverra le plus d’armes possible en Ukraine. Cette surenchère guerrière ne fait qu’ajouter de la guerre à la guerre.

Qu’allons-nous faire lorsque nous constaterons que les armes lourdes ne suffiront plus ? Faudra-t-il envoyer directement des militaires sur le sol ukrainien et plonger le monde dans une guerre contre la Russie ?

Nous le disons clairement, les armes n’ont jamais fait cesser le feu. La paix doit redevenir notre horizon.

Notre génération aspire à la paix et à faire taire les armes. La jeunesse refuse la banalisation de la guerre. Nous ne voulons pas de la militarisation des relations diplomatiques et aspirons à un monde basé sur la coopération entre les peuples.

La France doit devenir un promoteur de la paix. Pour ce faire, l’envoi d’armes de plus en plus lourdes doit prendre fin et l’ONU doit être réaffirmée comme l’organisation centrale pour obtenir un cessez-le-feu et engager des pourparlers pour la paix avec l’Ukraine et la Russie.

Seule une issue pouvant assurer à l’Ukraine sa souveraineté et le contrôle de ses frontières pourra aboutir à une paix juste et durable.

Enfin, nous savons qu’aucun horizon de paix sera possible tant que la menace nucléaire persistera. Nous demandons à la France de cesser toute modernisation de son arsenal nucléaire, de ratifier le traité pour l’interdiction des armes nucléaires (Tian) et d’en faire la promotion.

Nous refusons la guerre et appelons les dirigeants français à agir concrètement pour la paix.

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La Gauche Républicaine et Socialiste est atlantiste

Elle se range dans le camp de la superpuissance américaine.

Depuis le début de la guerre, la « Gauche Républicaine et Socialiste » (GRS) n’a pas changé de position : « Nous ne pouvons plus reculer. ».

La Gauche républicaine et socialiste est un parti issu d’une scission du Parti socialiste fin 2018. Il s’agit globalement de la gauche du PS de l’époque, regroupée autour d’Emmanuel Maurel et de Marie-Noëlle Lienemann. Le parti s’était rallié en 2019, pour les élections européennes, avec la France Insoumise, et pour les élections de 2022 avait soutenu Fabien Roussel. 

Depuis le début de la guerre, la GRS a pris des positions tout à fait franches, dans le sens d’un soutien quasi-aveugle aux fauteurs de guerre américains. Si au 24 février 2022, il apparaissait comme censé d’apporter un soutien au peuple ukrainien, pour que celui ci puisse défendre son intégrité territoriale, la situation a depuis lors changé entièrement. La Russie a mené une guerre pour se sortir de ses propres contradictions, internes, cette guerre a renforcé le camp occidental et a davantage soumis le régime ukrainien aux puissances occidentales.

La GRS, le 24 février déclarait de la manière suivante sur son site internet dans un document au titre « Contre la logique de guerre, ne pas reculer face à Poutine »:

«  Le Président russe justifie son « opération militaire » par une série de prétextes fallacieux : l’Ukraine serait « aux mains des nazis » et entreprendrait un « génocide » contre les russophones du Donbass…

Il réitère aussi ses arguments géostratégiques : l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine menace la Russie ; les accords de Minsk de 2015, validés par le Conseil de Sécurité pour régler le conflit au Donbass, ont été sabotés.

Mais l’heure n’est plus à la comptabilité des torts des uns et des autres. La responsabilité de la spirale guerrière repose à présent entièrement sur le maître du Kremlin.

Il faut tirer les conséquences de cette politique criminelle du fait accompli en aidant l’Ukraine, en soutenant toutes les sanctions

économiques adaptées à la situation, mais aussi en prenant des mesures de défense pour sécuriser la frontière Est de l’Union

européenne. Il faut aussi obtenir le plus large consensus à l’ONU pour faire respecter le droit international.

Vladimir POUTINE nous oblige à relever le rapport de forces, pour l’instant déséquilibré, qu’il a lui-même créé.

Les Européens et leurs alliés doivent faire comprendre maintenant à la Russie qu’elle ne sortira pas gagnante de cette confrontation. C’est la condition sine qua non pour la faire revenir à la raison, cesser les hostilités, se retirer Ukraine et s’asseoir à la table des négociations. 

Pour que la paix revienne durablement sur le continent, pour que la sécurité de tous soit assurée, nous ne pouvons plus reculer. »

Le passage le plus important est bien sûr la toute fin « nous ne pouvons plus reculer. ». Face à la Russie, présentée comme la seule fautive, il faudrait donc lui faire la guerre. Le 1er Mars 2022, Emmanuel Maurel réagit à propos de la résolution du parlement européen sur la guerre en Ukraine. Bien qu’il déclare dans ce texte des propos condamnant l’OTAN, il appelle directement à la guerre, et dénonce une nouvelle fois Vladimir Poutine comme étant le seul fautif, sans mentionner une seule fois le fait qu’il s’agissait (au début de la guerre), d’une guerre entre puissances pour le repartage du monde et dont la principale victime est le peuple ukrainien. Il déclare à ce sujet:

« À cet égard, et contrairement à la majorité des parlementaires européens, je maintiens que lOTAN nest pas un facteur de sécurité et de stabilité à long terme pour notre continent. Sa vocation défensive a été démentie par les faits plusieurs fois depuis la fin du siècle dernier ; et surtout, l’OTAN assoit notre sujétion aux États-Unis, puissance non européenne et politiquement volatile, comme l’a montré la présidence de Donald Trump. »

En octobre de la même année, la GRS qualifie le sabotage probablement, directement ou indirectement par la CIA, du gazoduc Nord Stream 2, comme étant « complotiste », les États-Unis ne pourraient en être les responsables ; et ce parce que la GRS raisonne en termes géopolitiques. Rien que le titre de l’article démontre clairement les intentions de la GRS « Le fantasme du complot américain pour remplacer le gaz russe en Europe ». Dans l’article la GRS prétend que cela est faux puisque l’Europe s’est tournée vers le Golfe (qui est en partie une colonie américaine).

« Lorsque l’Allemagne, confrontée à l’effondrement de la stratégie énergétique d’Angela Merkel, doit réagir, elle n’a pas couru à Washington, mais vers le golfe. C’est au Qatar que l’Allemagne s’approvisionne aujourd’hui, et compte sur ses deux terminaux flottants provisoires avec des capacités modiques mais nouvelles de gazéification, ouverture prévue début 2023, pour se passer et du gaz russe, et d’un gaz américain qui de toute façon n’existe pas dans les quantités nécessaires… »

Le 3 janvier dernier, la GRS, dans l’article «  “L’historien face à la Guerre en Ukraine” – réflexions d’un étudiant en histoire », déclare: 

« Les mots, car ils ont un sens, on ne peut les tordre. La réalité des choses, tordre le sens des mots revient à faire du Orwell, cela mène au totalitarisme. Les mots comme nazi ou génocide ne peuvent être employés à tout bout champs. Soyons vigilants, sur les fables, la réécriture et l’utilisation des mots erronés de la part de Poutine et/ou des médias russes. ».

Il y aurait donc nécessairement un camp du bien, qui ne dit que la vérité (l’Occident) et un camp du mal qui ne fait que mentir (la Russie), alors qu’évidemment que le régime ukrainien est un régime corrompu et bandériste. 

Le 4 février dernier, invité d’une émission sur France 24, Emmanuel Maurel déclare: « On l’aide comment ? On l’aide financièrement[…], il y a l’aide humanitaire et il y a l’aide militaire […] c’est qu’on aide les ukrainiens à se défendre par rapport à une agression. Ça c’était la position européenne jusqu’à maintenant, et moi je souhaite qu’on en reste là. » Même si dans les dires il ne veut pas d’escalade, cette position d’équilibriste est intenable: soit on participe au conflit d’une manière ou d’une autre soit on fait partie du camp de la paix.

Le communiqué pour le triste anniversaire de la guerre sur le territoire ukrainien est on ne peut plus clair; publié sous le titre « Un an de guerre de Poutine en Ukraine » il détaille :

« Une année s’est écoulée depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Une année terrible et meurtrière où des centaines de milliers de soldats et de civils ont péri et dont les dégâts se chiffrent déjà en centaines de milliards. Une année que Vladimir Poutine s’entête, au mépris des principes fondamentaux du droit international que la Russie avait pourtant participé à créer.

Mais dans leur hubris, Poutine et ses sbires ont rencontré un hiatus: la résistance du peuple ukrainien. Pour les Ukrainiens, l’enjeu est simple : s’ils arrêtent de se défendre, leur pays disparaît.

Pour faire cesser la guerre, la balle est dans le camp du Kremlin. Sa responsabilité est totale.

En apportant son aide pour la défense de l’Ukraine, la France applique le droit à la légitime défense du pays agressé face au pays agresseur. Jamais nous ne reconnaîtrons l’autorité de Moscou sur les territoires envahis et occupés, qui sont Ukrainiens et le resteront.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte son soutien à l’Ukraine et à son peuple. Elle appelle également à réfléchir dès maintenant à l’après et préparer la reconstruction des zones détruites. Cela passera dans un premier temps par l’annulation de la dette ukrainienne et l’octroi d’aides qui doivent permettre à l’Ukraine d’opérer sa transition vers une démocratie pleine et entière, débarrassée de la corruption.

C’est à ce prix que nous montrerons à l’Ukraine que nous nous tenons à ses côtés pour l’avenir.

La France doit agir de toutes ses forces pour l’arrêt de cette boucherie et le retour à une paix fondée non pas sur le fait accompli mais sur le droit international et visant à l’entente entre tous les peuples. »

La GRS a choisi son camp : celui de l’Occident décadent et va-t-en-guerre, si elle garde bien des termes de gauche et se positionne contre l’escalade, il ne s’agit que d’une position de principes. Dans les faits, la GRS est un agent de plus aux services des fauteurs de guerres, qui souhaitent soutenir sans retenue le régime ukrainien, contre son propre peuple.

Rien que le visuel utilisé pour illustrer l’article en date du 24 février est symptomatique de cette démarche, des drapeaux bandéristes sont présents sur l’image. Pas un mot sur les nazis, l’antisémitisme, l’anticommunisme,  le bandérisme en Ukraine, tout cela ne serait que des inventions poutiniennes. Si bien évidemment cela a facilité le travail du régime moscovite dans sa tentative de sortie de ses propres contradictions, dans la mobilisation des masses en Russie, il ne faut pas nier que cela reste une réalité. L’appareil d’Etat ukrainien est corrompu comme dans les années 1990, et il est intégralement bandériste. Le nationalisme belliciste ukrainien, de type pro-occidental et fanatiquement anti-slave, est l’idéologie officielle du pouvoir ukrainien.  L’Ukraine n’est pas un pays souverain, ni même vraiment indépendant, c’est une colonie occidentale, et qui en paye le lourd tribut ? Les peuples comme toujours. Alors que la GRS soutient activement et appelle à soutenir non pas seulement le peuple ukrainien mais l’Ukraine. Ce qui est tout à fait différent. Le peuple ukrainien est victime de son propre régime et de l’occident, tandis que l’Ukraine, en tant qu’État et appareil d’état, est un laquais des occidentaux. Et c’est cet État qui serait une grande résistance face à la méchante Russie, alors qu’en réalité c’est de la chair à canon fanatiquement antirusse, et c’est bien comme ça que le voient les occidentaux; ça n’est qu’un pion, et si l’Ukraine tombe ça n’est pas plus grave, les Polonais ou les Roumains prendront la relève.

En fait le problème principal est que la GRS croit profondément que l’Europe actuelle est démocratique et sincère, elle croit encore dans la propagande des années 1990 durant lesquelles l’Europe et l’OTAN devaient signifier la fin de l’Histoire, et la paix entre les peuples. Mais avec l’irruption de la crise générale du mode de production en 2020 les choses ont changé, les cartes sont redistribuées, et c’est le retour de la guerre aux peuples. La GRS n’a pas saisi de manière juste la séquence historique.

Lorsque l’on est de gauche, on ne peut pas accepter le néo-colonialisme, l’envoi des armes,  qui serviront à tuer frères et sœurs de classe et de culture, car lors des guerres injustes ce sont toujours les peuples qui dégustent. Et forts de l’expérience historique de la guerre de 1914-1918, forts de l’expérience de Rosa Luxembourg, de Lénine, et des autres pacifistes, l’on sait que l’ennemi se trouve dans notre pays, alors Contre la logique de guerre, ne pas reculer face à l’Occident !

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Minable pamphlet pro-américain et pro-guerre du PS et d’EELV

En service commandé pour l’Otan et la CIA.

Raphaël Glucksmann est une figure typique de la fausse gauche française. Il n’est en rien de gauche, mais un libéral-démocrate à l’américaine, dont l’œuvre a essentiellement pour but de confisquer l’héritage et la culture de la Gauche historique, afin de la détruire.

Il est donc tout à fait logique que Raphaël Glucksmann soit un défenseur acharné de la guerre américaine contre la Russie. À l’occasion du premier anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, il a donc écrit une « tribune », forcément publiée dans « Le Monde » (l’organe favori des Français démocrates à l’américaine), forcément accessible uniquement à ceux qui paient pour la lire, forcément signée par une ribambelle d’universitaires.

L’essentiel des figures du Parti « socialiste » et d’Europe écologie-Les Verts l’ont également signée, naturellement. C’est la Gauche caviar, la Gauche bobo, celle du Monde, du Nouvel Observateur.

Ce qu’on lit dans cette tribune est absolument caricatural, et c’est la même chose que ce que racontent la CIA et l’Otan. La Russie est méchante, très méchante, mais les Ukrainiens sont fantastiques et ils se battent pour notre liberté. Alors il faut les armer jusqu’aux dents pour qu’ils se massacrent avec les Russes, car il en va de la liberté du monde entier.

« Un peuple dont le seul crime est d’avoir voulu vivre libre », ose dire Raphaël Glucksmann, tel un scénariste à Hollywood.

Mais comme il s’agit, en France, pour Raphaël Glucksmann de détruire l’héritage et la culture de la Gauche historique, alors il ajoute une touche locale à sa propagande. Il reprend les termes et les définitions de la Gauche pour tout mélanger, pour saloper. La confusion est une arme fétiche des propagandistes à l’américaine.

Ainsi, il parle de fascisme, et renvoie à l’héritage antifasciste du 20e siècle.

« Nous faisons face à un État fasciste qui doit impérativement perdre la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine. »

Et il ose :

« La guerre en Ukraine permet de situer chacun d’entre nous dans et face à l’histoire.

Elle oblige la gauche à décider si elle continue ou si elle renie le combat antifasciste qui fut l’honneur de son histoire.

Une gauche fidèle aux leçons de son histoire se souvient de la guerre d’Espagne et de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie fasciste. Elle se souvient des leçons de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne nazie.

Le refus d’armer les Républicains espagnols ou les Ethiopiens envahis par Mussolini n’a pas amené la « paix », mais une guerre bien plus dévastatrice. L’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 a préparé la débâcle. »

Ce parallèle est très intéressant, car nous sommes justement en droit de le dénoncer, nous en avons la légitimité. C’est que ce parallèle a été juste, en effet… Mais il ne l’est plus. Voici l’image que nous avions réalisé et mis en avant avant l’invasion, dès avril 2021.

Et nous l’avions réactualisé au début de l’année 2022.

Qu’est-ce qui a changé, pour ne plus l’utiliser après ?

L’image avait son sens lorsqu’on pouvait encore parler de la nation ukrainienne en général. Ce n’est désormais plus possible : on est obligé de parler du régime ukrainien en particulier. Nous aimerions que les choses soient autrement, mais ce n’est pas le cas. Tout ce qui touche à l’Ukraine est 100% pro-guerre, pro-américain, fanatiquement anti-Russie, il n’y a rien à sauver.

Le régime ukrainien est désormais ouvertement sur une ligne nationaliste fanatique, affirmant vouloir aller jusqu’à Moscou avec ses chars et démanteler la « Moscovie ».

Il brûle des livres en masse, par millions, car « pro-Russie », il détruit méthodiquement tout ce qui est russe jusqu’aux monuments à Pouchkine, au point de vouloir interdire l’immense Tchaïkovski, de faire du peintre Ilya Répine un Ukrainien et non plus un Russe, jusqu’à considérer que la Russie est une entité maléfique possédée par le « dostoïevskisme ».

Nous l’avons répété plusieurs fois aussi, en précisant à chaque fois les étapes y menant : la nation ukrainienne s’est littéralement suicidée. Elle a fait comme Gribouille se jetant à l’eau pour ne pas se mouiller.

Il est impossible d’avoir un quelconque lien, même de très loin, avec le régime ukrainien qui assume l’idéologie nationaliste des bandéristes, qui interdit tout ce qui est de Gauche, qui est aux ordres de la superpuissance américaine.

On doit même dire que puisque l’Ukraine est au service de l’occident, qu’il représente aussi la France, alors il faut souhaiter sa défaite, car la défaite du régime ukrainien est aussi la défaite de l’armée française !

Une défaire que ne veulent ni le Rassemblement National, ni la CGT, ni La France Insoumise, ni Les Républicains, ni Emmanuel Macron, ni le NPA, ni la CFDT, ni FO, ni EELV, ni les socialistes.

Car l’ensemble du spectre politique est aligné sur l’Otan, sur la bourgeoisie française inféodée à la superpuissance américaine.

Être révolutionnaire, sur les valeurs de la Gauche historique, c’est se confronter à cet alignement ! Il ne faut pas aider le régime ukrainien, il ne faut pas la « paix », il faut la défaite de son propre camp impérialiste !

Voici la tribune, minable pamphlet pro-américain, pro-Otan, pro-3e guerre mondiale.

« Le 24 février 2022, Kiev devait tomber en quarante-huit heures. Un an plus tard, le drapeau ukrainien flotte sur Kherson. Depuis un an, les Ukrainiens nous donnent une extraordinaire leçon de courage. L’histoire s’écrit dans les tranchées de Bakhmout et les rues de Kherson, les caves de Kharkiv et les abris de Kiev.

L’Ukraine est aujourd’hui le cœur battant de l’Europe ; elle incarne la liberté des peuples face à une agression impérialiste ; elle défend la démocratie, non seulement pour elle-même mais pour nous tous, pour tout le continent européen. C’est pourquoi nous devons la soutenir de toutes nos forces et amplifier l’aide européenne.

Ceux qui agitent la peur de « l’escalade », alors qu’il ne s’agit que de repousser une agression, ne voient pas que tout recul devant Poutine ne ferait qu’enfoncer notre continent dans une spirale d’insécurité et de violence. Poutine n’a rien caché de ses idées et de son projet : il est en guerre contre la démocratie européenne, en laquelle il ne voit que décadence, et contre laquelle il veut affirmer, au mépris de tout droit, la puissance d’un empire russe.

La dynamique impérialiste enclenchée depuis 1999 par le régime de Poutine, appuyé sur un capitalisme mafieux et oligarchique, ne sera arrêtée que si la Russie perd en Ukraine. Alors que la guerre fait à nouveau rage à nos frontières, alors que la sécurité de l’ensemble de l’Europe est en jeu, la lâcheté et les ambiguïtés coupables ne sont pas permises.

La question est simple : doit-on donner aux Ukrainiens les moyens de se défendre ou récompenser l’agresseur russe en le laissant détruire le droit international et commettre en toute impunité ses crimes contre l’humanité ? Ceux qui appellent. à cesser de livrer des armes à l’Ukraine ne sont pas « pacifistes » : ils ne veulent pas la paix, mais consentent à la défaite.

Ils autorisent le sacrifice des Ukrainiens en les livrant à leurs agresseurs. Ils espèrent avoir la paix en cédant à ceux qui déclenchent les guerres. C’est une vieille illusion qui nous a maintes fois coûté cher à travers l’histoire. La victoire du fascisme n’est pas la « paix », mais la préparation d’autres guerres.

Cette guerre décide de la sécurité du continent européen

Le pseudo- « pacifisme » d’une part de la classe politique française et européenne – y compris à gauche – qui refuse les livraisons d’armes à l’Ukraine revient à consentir à l’oppression et à l’anéantissement d’un peuple dont le seul crime est d’avoir voulu vivre libre. Non seulement les pays européens ont raison de fournir des armes à l’Ukraine, mais ils doivent intensifier leur effort.

Si nous voulons réellement vivre en paix, alors nous devons être solidaires de la lutte des Ukrainiens contre un régime qui fait des civils des cibles prioritaires, comme il l’a déjà fait en Tchétchénie ou en Syrie. Il faut livrer aux Ukrainiens toutes les armes dont ils ont besoin pour renvoyer l’armée russe dans ses frontières. Chaque retard, chaque délai prolonge l’agression.

Cette guerre décide de la sécurité du continent européen pour les décennies à venir. Elle décide aussi du sens de la démocratie européenne et de sa capacité à préférer la solidarité aux politiques de profits à courte vue, qui sacrifient d’un même mouvement la justice sociale, l’urgence écologique et l’autonomie stratégique de nos cités.

La solidarité avec le peuple ukrainien en lutte

Une part de la gauche ne comprend pas qu’il peut y avoir une réponse de gauche à la guerre : fondée sur la solidarité avec le peuple ukrainien en lutte, mais aussi sur l’idée simple que les plus riches doivent le plus contribuer à l’effort commun, sur le fait que la taxation des profits de guerre a toujours été l’occasion à travers l’histoire de rétablir la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers et de la puissance publique sur les puissances privées. L’état de guerre exige que nous cessions de séparer le politique de l’économique.

Alors comblons les trous dans les sanctions visant la Fédération de Russie ; étendons les sanctions individuelles et confisquons les biens russes qui sont jusqu’ici simplement gelés ; créons d’urgence un cadastre de tous les avoirs financiers et non financiers détenus dans les paradis fiscaux, à commencer par les paradis fiscaux européens dont les oligarques russes sont particulièrement friands, et gelons les avoirs russes au-delà d’un niveau de fortune afin d’affaiblir les acteurs qui bénéficient le plus au régime de Poutine ; étendons les sanctions aux Etats ou entités qui aident le régime russe à annexer les territoires ukrainiens occupés et à circonvenir aux sanctions existantes.

Affichons clairement l’objectif stratégique de l’UE : la victoire de l’Ukraine dans ses frontières. Les discours ambigus, qui laissent croire à Moscou qu’une porte est à moitié ouverte et que l’Europe pourrait accepter l’annexion des territoires ukrainiens occupés par la Russie, ne font que prolonger la guerre en encourageant la Russie à étendre son occupation le plus loin possible.

L’UE devra aussi être à la hauteur de la solidarité matérielle qu’elle doit aux nombreux pays du monde qui subissent sans l’avoir voulu les conséquences de la guerre, en particulier sur l’approvisionnement alimentaire et énergétique.

Etre « réaliste », c’est fonder sa stratégie sur la réalité, et pas sur des illusions que le fait de la guerre a mises en pièces. Et la réalité, si longtemps fuie par nos dirigeants, est que nous faisons face à un Etat fasciste qui doit impérativement perdre la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine.

La guerre en Ukraine permet de situer chacun d’entre nous dans et face à l’histoire. Elle oblige la gauche à décider si elle continue ou si elle renie le combat antifasciste qui fut l’honneur de son histoire. Une gauche fidèle aux leçons de son histoire se souvient de la guerre d’Espagne et de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie fasciste. Elle se souvient des leçons de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne nazie. Le refus d’armer les Républicains espagnols ou les Ethiopiens envahis par Mussolini n’a pas amené la « paix », mais une guerre bien plus dévastatrice. L’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 a préparé la débâcle.

Toute renonciation prépare les catastrophes de demain. Hier, la démission des démocraties face à la barbarie de Bachar El-Assad a donné à Poutine, qui avait déjà expérimenté l’impunité de sa violence extrême en Tchétchénie et avait pu violer le droit international en Crimée, le signal d’une autorisation à commettre l’irréparable en Ukraine.

Les Ukrainiens ne lâchent rien, malgré les morts, les viols, les massacres. Nous n’avons pas droit à la lâcheté alors qu’ils combattent pour nous. La seule défense de la paix est de soutenir les Ukrainiens.

Liste des signataires de cette tribune à l’initiative de Raphaël Glucksmann et Jean-Yves Pranchère :

Pierre Albertini, historien, professeur de khâgne ; Hadrien Alvarez, artiste plasticien ; Eric Andrieu, député européen (PS) ; Nathalie Appere, maire de Rennes (PS) ; Jérôme Auslender, adjoint au maire de Clermont-Ferrand (Generation. s) ; Fabien Aviet, éditeur ; Gilles Bataillon, directeur d’études à l’EHESS ; Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand (PS) ; Thomas Boccon-Gibod, Institut de philosophie de l’université Grenoble Alpes ; Isabelle Bourdier, professeure d’histoire-géographie ; Dominique Bourg, professeur honoraire à l’Université de Lausanne ; Frédéric Brahami, directeur d’études à l’EHESS ; Anne-Lorraine Bujon, directrice de la rédaction de la revue Esprit ; Julia Cagé, professeure d’économie au département d’Economie de Sciences Po Paris ; Eduardo Castillo, écrivain ; Pierre Charbonnier, philosophe, chargé de recherche CNRS à Sciences Po ; Fabien Chevalier, président d’honneur de « Sauvons l’Europe » ; Antoine Chollet, politiste, université de Lausanne ; Catherine Coquio, cofondatrice du Comité Syrie-Europe ; David Cormand, député européen (EELV) ; Laurent Coumel, enseignant-chercheur à l’Inalco ; Martin Deleixhe, Université libre de Bruxelles ; Carole Delga, présidente de la région Occitanie (PS) ; Karima Delli, députée européenne (EELV) ; Tremeur Denigot, expert européen ; Philippe Descola, professeur au Collège de France ; Frédérik Detue, maître de conférences en littérature comparée, université Côte d’Azur ; Françoise Diehlmann, germaniste ; Stéphane Dorin, professeur de sociologie à l’université de Limoges ; Gregory Doucet, maire de Lyon (EELV) ; Anne Dujin, rédactrice en chef de la revue Esprit ; Alexeï G. Evstratov, enseignant-chercheur, université Grenoble Alpes ; Jean-Louis Fabiani, professeur à CEU, Vienne ; Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS) ; Jean-Marc Forax, artiste plasticien ; Sylvain Frécon, auteur de bande dessinée ; Antoine Germa, scénariste du film Moissons sanglantes ; Raphaël Glucksmann, député européen (Place publique) ; Martine de Gaudemar, professeure émérite de philosophie (université de Paris-Nanterre) et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France ; Sylvie Guillaume, députée européenne (PS) ; Francois Heran, professeur au Collège de France ; Jean-François Husson, chargé de cours invité à l’université de Louvain ; Yannick Jadot, député européen (EELV) ; Céline Jouin, maître de conférences en philosophie à l’université de Caen Normandie ; Isabelle Kersimon, présidente d’honneur de l’Inrer ; Mathieu Klein, maire de Nancy (PS) ; Sarah Kilani, membre du Comité Syrie Europe après Alep, médecin anesthésiste réanimateur ; Firas Kontar, juriste, opposant au régime syrien ; Justine Lacroix, politiste, université libre de Bruxelles ; Aurore Lalucq, députée européenne (Place publique) ; Perrine Ledan, échevine de la culture (Ecolo), Uccle (Bruxelles) ; Carole Lemee, anthropologue, maîtresse de conférences à l’université de Bordeaux ; Nicolas Leron, essayiste, chercheur associé à Sciences Po ; Antoine Lilti, professeur au Collège de France ; Paul Magnette, président du Parti socialiste belge et bourgmestre de Charleroi ; Virginie Maneval, assistante sociale ; André Markowicz, écrivain et traducteur ; Guillaume Massart, cinéaste et producteur ; Fréderique Matonti, professeure de science politique à Paris-I ; Nora Mebarek, députée européenne (PS) ; Frédéric Ménager, chercheur associé EHESS ; Marie Mendras, professeure à Sciences Po Paris ; Aude Merlin, chargée de cours en sciences politiques et sociales, Université libre de Bruxelles ; Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue ; Boris Najman, enseignant-chercheur, UPEC ; Claire Nouvian, militante écologiste ; Florence Ostier, sociologue et coopératrice ; Benoit Payan, maire de Marseille ; Marie Peltier, historienne, spécialiste de la propagande ; Jean-Yves Pranchere, politiste, Université libre de Bruxelles ; Nicolas Poirier, enseignant et chercheur en philosophie, Sophiapol/Paris Nanterre ; Alain Policar, chercheur associé au Cevipof (Sciences Po) ; Christophe Prochasson, historien, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales ; Valérie Rabault, député (PS); Bastien Recher, conseiller régional de Normandie (EELV) Hélène Flautre, ancienne députée européenne (EELV) ; Dilnur Reyhan, chercheuse et présidente de l’Institut ouïghour d’Europe ; Johanna Rolland, maire de Nantes (PS) ; Sylvie Rollet, présidente de l’association « Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre » ; Valérie de Saint-Do, journaliste et autrice ; Denis Saillard, chercheur associé à l’UVSQ (Paris-Saclay) ; Elisabeth Salomon, retraitée de la fonction publique ; Guillaume Sauzedde, service public de l’emploi ; Laura Ségard, psychologue ; Frédéric Sawicki, professeur de science politique, Paris-I ; Réjane Senac, directrice de recherche CNRS au Cevipof ; Guillaume de Stexhe, professeur émérite Université Saint-Louis-Bruxelles ; Claude Taleb, ex-vice-président (EELV) de la région Haute-Normandie ; Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV ; Boris Vallaud, député (PS) ; Cécile Vaissié, professeure à l’université Rennes-II ; Mélanie Vogel, sénatrice (EELV) ; Ilias Yocaris, professeur en sémiotique du texte et de l’image à l’université Côte d’Azur ; Anna C. Zielinska, maîtresse de conférences en philosophie à l’université de Lorraine ; Laurent Zimmerman, maître de conférences, université Paris Cité ; Gabriel Zucman, professeur d’économie à Berkeley et directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité. »

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Politique

Manifestations pour le régime ukrainien avec LFI, le NPA…

Ils se rangent derrière les bandéristes.

Les manifestations en faveur du régime ukrainien en France le samedi 25 février 2023 n’ont pas donné grand-chose. Plusieurs centaines à Paris, quelques centaines ailleurs : à Montpellier, Rennes, Nantes, Bordeaux, Lyon, Nice, ou encore Brest. Ce n’était pas manque d’information : beaucoup de médias en ont parlé en ne disant que du bien.

Cela a été une vraie tentative de mobiliser, et France inter, première radio de France, a même fait une carte listant la vingtaine de rassemblements. Il y a également eu l’affiche réalisée par l’artiste parisien tendance du moment, « C215 ».

Donc, même en comptant le plus largement possible, en surestimant les chiffres à fond, il y a eu… 13 000 personnes qui se sont mobilisées.

Alors qu’il y a en France, rappelons-le, plus de 100 000 personnes, surtout des femmes et des enfants, qui sont venues d’Ukraine à la suite déclenchement du conflit.

C’est donc un échec complet pour la mobilisation en faveur du régime ukrainien, un total fiasco. Il n’y a pas, malgré la propagande médiatico-politique acharnée contre la Russie et pour l’Otan, de mobilisation générale en ce sens en France. Même pas chez les Ukrainiens réfugiés.

On a uniquement affaire à des excités plus ou moins directement liés aux institutions et à ses initiatives, comme le fait de mettre la Tour Eiffel aux couleurs ukrainiennes.

Il n’en reste pas moins – et c’est là terrible – que quasiment tout ce qui est lié de prêt ou de loin à la Gauche ou au syndicalisme en France, soutenait ces rassemblements, y étant partie prenante au premier rang.

Ces gens, par soumission à l’occident et à ses intérêts, soutiennent dans les faits sans scrupule et unilatéralement le régime ukrainien, qui est ultra-nationaliste et interdit violemment la Gauche et tout ce qui se rapproche de la Gauche en Ukraine.

Tous ces gens, en Ukraine, seraient interdits, visés par une extrême-Droite armée omniprésente. Un sacré paradoxe. Car soutenir les nationalistes ukrainiens, les « bandéristes », que cela ne dérange pas les Etats-Unis et l’Union européenne en même temps pro-LGBT et plein d’idéologie « inclusive », c’est dans l’ordre des choses.

Mais que des gens se disant de Gauche manifestent à l’appel des bandéristes et en présence de l’ambassadeur d’Ukraine… là, tout de même….

Qui trouvait-on notamment pour soutenir le régime ukrainien, l’OTAN, la guerre américaine à la Russie?

La France Insoumise, le Parti Socialiste, le Nouveau Parti Anticapitaliste…

La Ligue des Droits de l’Homme, Mémorial 98 (association « contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme »), L’Alliance des femmes pour la démocratie…

ATTAC, Europe Écologie-Les Verts, Ensemble, La Gauche éco-socialiste, Génération écologie…

Les syndicats CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et FSU.

Tout ce petit monde appelait à marcher « pour l’Ukraine », en réalité pour les plans américains en Ukraine contre la Russie. Voilà la vérité !

Ces gens se sont condamnés historiquement. Leur ligne est celle de l’alignement sur les intérêts du capitalisme américain. Ils parlent beaucoup, revendiquent du social, mais rentrent dans le rang dès que la bourgeoisie le leur demande.

Et cela alors que le même jour, en Allemagne, 50 000 personnes manifestaient contre les fournitures d’armes au régime ukrainien. Quelle différence !

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Politique

Un an de conflit en Ukraine : la Gauche surtout silencieuse et complice

Le bilan est très mauvais.

Elle est belle la « Gauche » française, ou plutôt cette variété française de « Démocrates » à l’américaine. Un an de conflit en Ukraine et même là, elle ne trouve rien à dire, ou alors… surtout pour soutenir l’OTAN. On en est là..

Et encore parle-t-on là de ceux qui font de la politique. Pour d’autres, c’est déjà trop. Les manifestations de la CGT et une vague agitation étudiante leur suffit. Ils ne sont même pas en mesure de comprendre que le premier anniversaire d’un tel conflit interpelle nécessairement les gens. Que c’est faire de la politique, la plus élémentaire même, que de donner sa vision du monde, de montrer qu’elle permet d’éclairer les faits, de dégager des tendances, de tracer des perspectives.

Faisons un petit bilan de ces « politiques » et « antipolitiques » au sujet du triste anniversaire de la première année de conflit militaire en Ukraine.

Les politiques

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord, a régulièrement soutenu le régime ukrainien, tout en dénonçant le risque d’engrenage. C’est une position intenable, mais qui permettait de sauver la chèvre et le chou. D’un côté le PCF est aligné sur le régime pro-Ukraine au niveau de ses élus, de l’autre il prône la paix pour satisfaire sa base.

Le document « Ukraine : Agir pour la Paix, en priorité » est en ce sens. Fabien Roussel dénonce la Russie, appelle le gouvernement français à devenir l’organisateur de la paix et égratigne l’OTAN. Ce n’est pas cohérent, mais c’est bien amené, ça passe politiquement.

Le Nouveau Parti Anticapitaliste appelle à soutenir la « résistance ukrainienne », sans prendre en compte la nature du gouvernement ukrainien. Tout est de la faute de la Russie et il faut soutenir les opposants là-bas (Assez de la guerre de Poutine ! Troupes russes hors d’Ukraine ! Solidarité avec la résistance ukrainienne !). Cela revient à être un appendice de l’OTAN, mais ça tient debout, c’est cohérent politiquement (si l’on adopte la ligne du NPA).

Lutte Ouvrière a pris position dans son éditorial des bulletins d’entreprise. Son mot d’ordre est Aucun soutien à leur sale guerre ! et l’opposition à la guerre. Lutte Ouvrière est montée en gamme depuis quelques semaines dans sa dénonciation de la guerre, reflétant le fait que pour les travailleurs, la menace d’une 3e guerre mondiale interpelle. Citons le bulletin :

« Les travailleurs n’ont à se ranger ni dans un camp, ni dans un autre. La seule porte de sortie qui puisse garantir que le conflit prenne fin et ne recommence pas demain, c’est que les travailleurs refusent de servir de chair à canon et se retournent contre leurs propres dirigeants.

Sans les travailleurs, rien ne peut se produire. Rien ne peut s’échanger, rien ne peut fonctionner. Même pour faire la guerre, produire les armes et les acheminer, les gouvernements ont besoin de nous. Sans notre consentement, il n’y a pas de guerre possible.

Alors, préparons-nous à refuser l’union sacrée derrière Biden et Macron. Reprenons le mot d’ordre de Marx : prolétaires de tous les pays, unissons-nous contre la classe capitaliste qui nous exploite. Unissons-nous contre ses politiciens qui dressent les peuples les uns contre les autres et nous mènent à la guerre ! »

Le PCF(mlm) considère quant à lui qu’on est déjà dans le processus de 3e guerre mondiale. Celle-ci est le fruit pourri de la crise générale du capitalisme commencé en 2020 et les choses vont empirer en raison de la contradiction américano-chinoise. On est dans le repartage du monde et l’ennemi est avant tout dans son propre pays (Un an de conflit armé en Ukraine: faire face à la guerre de repartage du monde, à l’exemple de Rosa Luxembourg).

Citons le document :

« Quel est le point de vue à l’arrière-plan de toutes les initiatives concernant l’Ukraine ?

Ce pays devrait devenir une base industrielle pour le capital financier occidental, en profitant des ressources d’une Russie démantelée en de multiples petits États et payant des sommes colossales de « réparations ».

Une Ukraine vassalisée, une Russie colonisée, tel est le plan des impérialistes occidentaux, superpuissance impérialiste américaine en tête !

Tel est leur souhait, afin de relancer le capitalisme ! »

Révolution permanente a également pris position, ne ratant pas une telle occasion politique, bien que normalement il n’est jamais parlé du conflit militaire en Ukraine. Comme traditionnellement dans ce courant politique, l’article est prétexte à une analyse « géopolitique » où les tendances sont évaluées. Ce qui donne par exemple :

« Les scénarios sont multiples et nous ne pouvons pas tous les évoquer ici. Cependant, tout semble indiquer qu’une ouverture rapide de négociations et la fin des combats n’est pas la perspective la plus probable.

Les pronostics les plus optimistes estiment que ces négociations ne pourraient commencer que d’ici quelques mois, c’est-à-dire après une éventuelle offensive russe et une probable contre-offensive ukrainienne. Autrement dit, les populations locales vont encore endurer beaucoup de souffrances avant que la guerre s’arrête, même selon les plus optimistes. »

Cette position concerne de toutes façons seulement l’Ukraine et la Russie et il n’est pas considéré dans le document que tout cela ait une incidence politique en France (Ukraine. A un an du début d’une guerre réactionnaire).

On a enfin le Parti socialiste, dont la ligne est ouvertement favorable au régime ukrainien et à l’OTAN. Il faudrait d’ailleurs un soutien total, indéfectible comme le dit la déclaration.

Les anti-politiques

Il y a, à rebours des « politiques », les anti-politiques. Eux veulent de l’agitation et rien d’autre. Les positionnements ne les intéressent pas : ils sont une variété pseudo-politique du syndicalisme. Ils ne parlent strictement jamais du conflit militaire en Ukraine et ils ne voient même pas pourquoi il faudrait en parler.

La France insoumise s’est ainsi contentée d’un communiqué de presse de quelques lignes signé par ses parlementaires, pour demander le soutien au régime ukrainien mais également d’aller dans le sens d’une solution négociée. Pas un mot sur l’OTAN, naturellement. Jean-Luc Mélenchon ne dit quant à lui rien du tout sur son blog, lui pourtant si bavard au sujet de tout.

Les anarchistes conservent pareillement le silence. Rien chez l’Union Communiste Libertaire, rien chez la Fédération anarchiste, rien chez Contre-attaque (ex-Nantes révoltée), rien chez la CNT, rien chez la CNT-SO, rien chez la CNT-AIT, rien chez l’OCL.

C’est tout de même notable, car il existe en France une tradition anti-militariste. Il faut croire qu’elle s’est évaporée et que l’armée française peut soutenir le régime ukrainien autant qu’il l’entend.

Du côté « marxiste-léniniste » ou pseudo-maoïste version étudiant, on ne trouve rien non plus. Ils ne parlent jamais de la guerre, ils ne vont pas s’y mettre même à l’occasion d’une année de conflit d’une telle importance. C’est « politique » et ça ne les intéresse pas.

Le Parti Communiste des Ouvriers de France, le Parti Communiste Révolutionnaire de France, Unité Communiste, La Cause du peuple, Nouvelle époque, l’UPML, l’OCML-VP… tous ces gens, qui normalement sont censés dénoncer « l’impérialisme », continuent de ne rien dire.

Initiative Communiste, le site du PRCF, ne dit rien non plus à cette occasion, mais au moins parle-t-il de manière assez régulière du conflit en Ukraine, dénonçant l’OTAN et appelant à la paix.

Le panorama des « politiques » n’est guère brillant, mais celui des « anti-politiques » révèle encore plus le fond du problème, qui est que la Gauche française est surtout sans fondamentaux et sans envergure.

Comment être pris au sérieux sans économie politique développée ? Comment prétendre changer le monde, transformer les choses, sans valeurs développées, sans vision du monde ?

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Restructurations économiques

La réforme des retraites 2023 ou le dilemme du petit-bourgeois français

Lutter contre la réforme alors que le monde plonge dans la guerre mondiale?

Les Français ont des espérances petites-bourgeoises ; ils n’ont aucune autre ambition à part celle de profiter d’une vie individuelle, à l’écart de soucis, en passant le temps de manière plutôt agréable. Ce sont des beaufs façonnés par le terrorisme de la société de consommation.

Ce point de vue est juste car il se place d’un point de vue historique, international. La preuve flagrante, c’est que la France est dans l’Otan et appuie à fond le régime ukrainien, sans que cela ne dérange personne dans le pays.

Naturellement, si l’on voit les choses depuis l’intérieur de l’Occident, on s’imagine qu’au contraire les Français sont pauvres et combatifs, et que la France n’est pas vraiment en guerre, voire pas du tout.

C’est là où la question de la réforme des retraites qui se joue au début de l’année 2023 a son importance. Sur le fond, c’est une restructuration économique. Il s’agit de rogner des acquis, parce que les bilans comptables ne sont vraiment pas bons.

Par conséquent, il s’agit de faire passer l’âge de la retraite à 64 ans au lieu de 62, de faire sauter les régimes spéciaux, de jouer sur la pénibilité pour faire vaciller les acquis en place.

Ça, c’est le côté capitaliste de la question.

Sur la forme, c’est une question qui se place sur le terrain du compromis entre travail et capital. Les syndicats font office d’intermédiaire afin de négocier la réforme, l’objectif étant de maintenir le compromis général, pour que les choses ne tanguent pas.

Ça, c’est le côté réformiste – syndical de la question.

Maintenant, y a-t-il un autre aspect? La réponse est non. Cela tient à la nature de la société française. Divisons la en trois catégories.

Il y a les vieux, qui ont 50, 60, 70 ans ou plus. Avec eux c’est très simple, ils n’en ont rien à faire de rien. Après moi le déluge et ils sont bien contents de ne pas avoir à vivre ce qui va les suivre. Ils ne s’en cachent pas du tout. Ceux-là on peut les oublier.

Il y a les adultes, qui ont 30, 40 ans. Avec eux, c’est très compliqué: ils sont dans le feu de l’action du travail, mais ont bazardé tous leurs rêves adolescents et se tournent vers une nostalgie régressive d’autant plus qu’ils ne comprennent rien à ce qui se passe. Ils rêvaient de profiter d’un capitalisme à visage humain. La retraite les angoisse, mais dans un sens petit-bourgeois, car leur rêve c’est d’être propriétaire ou de préserver leur propriété.

Il y a les jeunes, adolescents ou qui ont la vingtaine. Ils sont blasés et ne font confiance en rien, ne croient en rien, ne savent rien. Ils sont une page blanche produite par l’Histoire. Et on voudrait faire de la question des retraites des lignes d’or sur ces pages blanches?

Car c’est bien le but de la gauche de la gauche qui fantasme d’une grève générale en France, qui si elle arriverait serait une caricature bouffonne de mai 1968.

Hors de question de participer à une telle fumisterie. L’actualité c’est la troisième guerre mondiale. Soit l’Occident tombe et la révolution devient possible, soit il gagne et le capitalisme surmonte sa crise devenue générale pour toute une nouvelle période.

Dans le premier cas, la question des retraites n’a aucun sens alors que le pays deviendra instable, jusqu’à devenir à feu et à sang. Dans le second, elle n’a aucun sens, car elle serait juste un accompagnement du capitalisme occidental se relançant pour toute une période.

L’actualité, c’est la chute de l’Occident, c’est cela qui compte. La réforme des retraites n’a aucune réalité à part celle de l’espoir capitaliste de parvenir à une petite restructuration ou d’un songe petit-bourgeois d’un vie individuelle beauf et consommatrice.

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Guerre

La tragédie du Karabagh arménien et la faillite de la Gauche en France

Qui est à la hauteur ?

Les Arméniens de France sont aujourd’hui littéralement en panique. Dans tout le pays, des tribunes et des protestations se sont multipliées pour tenter d’alerter et d’obtenir une réaction des autorités de l’État français sur la question du blocus de du Karabagh arménien, qui se poursuit toujours, aggravant de manière dramatique la situation humanitaire de la population civile arménienne dans ce qui est désormais une enclave pratiquement coupée du monde.

La panique des Arméniens est d’autant plus tragique que les efforts ne sont pas ménagés pour tenter de « faire quelque chose », et cela a tous les niveaux. Ce qu’il y a de frappant, et de révoltant, c’est le niveau politique incroyablement faible de toute cette mobilisation. C’est une peine que de le dire, mais il faut bien le dire franchement : les Arméniens de France ne sont pas au niveau des exigences de l’époque. Mais cela reflète aussi, et peut-être même surtout, la faiblesse idéologique de la Gauche en France.

À lire les tribunes, à suivre les prises de positions, on ne voit rien qui mériterait d’être salué. Nulle part, la situation n’est reliée à la Crise en cours, à la tendance à la guerre qui dresse les puissances du capitalisme les unes contre les autres. Nulle part il n’est fait mention de fraternité entre les peuples, de franche condamnation du nationalisme. Nulle part un élan de masse ne s’organise en essayant notamment de lier de manière démocratique et populaire Arméniens et Turcs face à cette agression.

Tout au contraire, tout s’aligne sur les positions orientalistes de la France. Sur les pires même de ces positions. L’Arménie et le Karabagh arménien sont présentés dans les médias comme des îles, noyés dans une mer d’hostilité, et si l’Azerbaïdjan est dénoncé, ce n’est même pas comme un régime réel, mais comme une hallucination de la tyrannie orientale la plus caricaturale, avec l’islam comme soubassement menaçant. Rien n’est dit concrètement et de manière documentée de la nature nationaliste et profondément raciste du régime, qui ne fait pourtant pas beaucoup d’efforts pour masquer sa haine des Arméniens.

Que les autorités françaises expriment ce genre de discours, tout en abandonnant le Karabagh arménien à son sort, cela ne peut surprendre sérieusement personne. Mais quelle honte que les Arméniens de France tombent dans un tel panneau.

Cela pourtant n’est pas non plus bien étonnant. Depuis l’indépendance de l’État arménien et la sécession du Karabagh arménien, la ligne qui s’est de fait imposée au sein de la minorité nationale arménienne en France se résume à ces quelques points élémentaires :

  • L’URSS n’a été qu’une parenthèse malheureuse dans l’histoire des Arméniens. Toute mention à la RSS d’Arménie doit être rejetée.
  • Staline est le complice du panturquisme, le fait d’avoir « donné » le Karabagh arménien à l’Azerbaïdjan le prouve.
  • On ne peut ni ne doit défendre l’existence d’une nation arménienne en Azerbaïdjan.
  • Le Karabagh doit être appelé Artsakh et se rattacher à l’Arménie.

La totalité de ces points sont des erreurs et des mensonges monstrueux. Point final. Il n’y a aucun débat possible sans rejeter catégoriquement ces idioties mensongères. On ne peut pas les qualifier autrement.

En se coupant de l’héritage objectif de l’URSS, les Arméniens de France se sont fabriqués une image subjective, pour ne pas dire une hallucination : celle d’une Arménie de théâtre, flottant au-dessus de son environnement historique. Cette vanité a participé objectivement à anéantir la nation arménienne d’Azerbaïdjan, jusqu’à la tragique situation de son dernier réduit du Karabagh. Les Arméniens de France, tout occupés à entretenir une Arménie fantasmagorique n’ont rien produit qui puisse s’opposer à la furie génocidaire du nationalisme de Bakou, sinon pour dire qu’il faut séparer les Arméniens des Turcs, et donc valider le nationalisme qui les anéantissait…

De fait, les Arméniens, et notamment en France, ont inlassablement servi la soupe au nationalisme turc ces 30 dernières années, tout simplement parce qu’ils ont cru que leur propre nationalisme serait plus fort, sur la seule vertu de leur propre vanité à croire en la justice immanente de leurs préjugés.

L’Histoire est venue fracasser ce rêve mythomane, sidérant les Arméniens stupéfaits, qui redécouvrent le réel dans la dictature des faits imposée par la Crise du capitalisme de notre époque et la tendance meurtrière à la guerre pour le repartage du monde qui l’accompagne.

Il y aurait encore quelque chose de digne à le reconnaître maintenant, car c’est là l’exigence historique qui s’impose aux Arméniens, ils doivent sublimer leur propre souffrance, leur propre histoire tragique non dans le romantisme halluciné du nationalisme et de ses préjugés chauvins flatteurs et mensongers, mais dans l’héroïsme de l’affirmation de la nécessité du front populaire et démocratique le plus large possible face au nationalisme et à la tendance à la guerre.

Mais jusque-là, les Arméniens ne font que répéter et ressasser la même antienne, trouvant dans certains secteurs de la Droite un relatif public, au fond tout aussi fatigué finalement d’entendre la litanie anti-soviétique et catholique-nationale qui flatte néanmoins son propre ego idéologique sur l’Orient. Le discours est là, mais il est devenu une distraction pour la Droite atone, qui cédant de plus en plus à l’atlantisme par peur de la bascule dans la Crise, se détourne même de son héritage national-romantique. On voit bien à quel point toute la triste agitation arménienne ne suscite pour autant aucun élan, fut-il romantique-légionnaire. La zombification est totale. Le dépit et le désarroi des Arméniens aussi.

Pourtant, face à la propagande nationaliste de Bakou, qui mobilise de manière formelle des slogans écologistes qui paraissent aussi ridicules que forcé, mais qui alimentent la volonté génocidaire de purification ethnique en assimilant directement les Arméniens à la pollution, il y aurait à dire pour la Gauche.

De même, la volonté d’écrasement culturel, en appelant Stepanakert, la capitale du Karabagh arménien du nom turc artificiel de « Xankandi », balayant au passage justement le passé soviétique de l’Azerbaïdjan (c’est-à-dire la composante arménienne de la nation azerbaïdjanaise), devrait soulever la Gauche française. D’autant que la question arménienne en France a une longue tradition démocratique au sein de la Gauche, comme l’illustre notamment le roman Les Quarante Jours du Musa Dagh (paru en 1933).

Mais sur ce sujet comme sur celui de l’Otan, sur celui l’Ukraine et plus généralement sur la question de la guerre comme tendance historique, la Gauche française montre à quel point elle est idéologiquement larguée. Et nulle sur le plan culturel. Pire même, qu’elle ne parvient au mieux qu’à s’aligner sur le gouvernement sur ces sujets, ici en abandonnant à son sort le Karabagh arménien tout en protestant avec une mollesse formelle, ou alors, et le plus souvent, à ne rien dire face aux récupérations de la Droite.

Les partis de la Gauche institutionnelle ne font ainsi que s’aligner sur le gouvernement, en soulignant un peu plus nettement la question humanitaire en jeu et la nécessité de protéger au moins la population civile. Mais sans donner à cette question la moindre profondeur, sinon idéologique, du moins politique.

Ceux de l’extrême-gauche baissent la tête face à la Droite, n’ayant en fait rien à dire car n’ayant pas été capable de produire une analyse sérieuse et documenté de ce conflit en particulier et de la tendance à la guerre en général. À titre d’exemple, sur le site du NPA, si on tape « Karabagh » ou « Azerbaïdjan », on ne trouve aucun article depuis 2020… et encore cela pour y lire, dans un des moins inintéressants intitulé « la haine et ceux qui la parrainent » (qui résume en soi la lecture trotskiste du nationalisme comme « mafia ») : « Nul ne peut dire quel engrenage au juste a mené là ».

Et bien si justement, des gens le peuvent. C’est même là très exactement un critère qui permet de caractériser un engagement authentiquement révolutionnaire de l’imposture superficielle et creuse. Cela montre l’importance qu’il y a à s’engager autour d’agauche.org pour ne pas se perdre et rater le train de l’Histoire.

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Politique

Le congrès mystère de « Révolution permanente »

On ne sait rien et on n’en saura pas plus.

« Révolution permanente » était une tendance du Nouveau Parti Anticapitaliste ; exclue en 2021, elle a réussi à devenir l’un des principaux pôles « militants » en France à gauche de la gauche. Elle a annoncé un congrès de fondation d’une nouvelle organisation révolutionnaire, congrès qui s’est tenu les 16, 17 et 18 décembre 2022.

Trois textes servaient de fondements à cet effet : un sur l’organisation, un autre sur la situation en France, et enfin un portant sur la situation internationale.

Or, nous sommes le 2 janvier 2023 et « Révolution permanente » n’a toujours rien dit au sujet de ce congrès. Les seuls documents proposés sont des interventions de gens extérieurs présents au congrès, tels l’économiste version « Monde diplomatique » Frédéric Lordon (« Un parti révolutionnaire sert à tout niquer, avec méthode », sic), ou Assa Traoré du « Comité vérité et justice pour Adama ».

Mais on ne sait rien de ce que le congrès a donné. Cela a-t-il été un succès ? Un échec ? Car enfin, on peut imaginer que les personnes présentes n’ont pas tout laissé tomber pour regarder la finale de la coupe du monde 2022 de football France – Argentine.

Cela dit, l’arrière-plan de « Révolution permanente » ce sont des trotskistes argentins, et surtout, de manière plus concrète, « Révolution permanente » vise un public étudiant, petit-bourgeois, par définition versatile et consommateur. Dire qu’on fonde une organisation révolutionnaire avec de tels gens est du suicide.

On peut toujours faire semblant d’être une organisation, nombreuses sont les petites structures hyper « radicales » portées par des petits-bourgeois et des étudiants. Cependant, c’est de l’aventurisme sans portée ni envergure, c’est du « militantisme » et il n’y a pas de programme, pas de fond, rien qui reste réellement dans la société.

Là, « Révolution permanente » a visé trop haut en pensant pouvoir « formaliser » son militantisme. L’idée était de s’ancrer dans le paysage militant français. Sauf que tout cela est artificiel. Il y a toute une scène de gens qui « militent », mais ils sont là où ils sont comme ils pourraient être ailleurs. Cela n’a pas de réel fond politique programmatique.

Dans tous les cas, il n’est pas correct de dire qu’on fonde une organisation révolutionnaire lors d’un congrès, pour ne rien dire à ce sujet. Quinze jours, ne rien savoir à ce sujet, c’est tout savoir. C’est un fiasco.

Si cela avait été un réel échec, cela aurait eu sa dignité, les choses ne vont pas en ligne droite. Cela aurait été une expérience, une contribution sur la voie vers le Socialisme. Là c’est juste un épisode digne d’un feuilleton. Et cela ajoute à la confusion générale.

On dira que la critique est facile, l’art est difficile. Mais c’est « Révolution permanente » qui a affirmé faire un congrès avec plusieurs centaines de personnes pour former la véritable organisation révolutionnaire en France. De ce qu’on voit, la proposition tombe à l’eau : elle n’a été donc qu’une expression de décomposition contribuant à la dépolitisation, à la délégitimation de la Gauche. Ce qui est typique du « militantisme » anarchiste et trotskiste.

Pour une analyse de fond, on peut résumer ainsi : c’est une erreur que de vouloir un « militantisme » de masse organisé au moment où la société française toute entière se replie sur elle-même dans la consommation et la futilité.

Il y a eu un million de personnes sur les Champs-Elysées à Paris le soir du 31 décembre 2022 ! C’est lamentable, et c’est ça la réelle tendance de fond. « Révolution permanente » paie le prix de ne rien comprendre à la vie quotidienne des gens dans le 24 heures sur 24 du capitalisme, dans un capitalisme en crise depuis 2020.

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Fait divers sanglant: l’attaque de la rue d’Enghien

Une drame décadent qui ne relève pas de la politique.

William Z. est un élément anti-social produit par le capitalisme se modernisant à tout va. Pris de délire raciste, ce conducteur de train à la retraite de 69 ans avait attaqué des migrants en Seine-Saint-Denis ainsi qu’à Paris, attaquant notamment des tentes et leurs occupants avec un sabre.

Le 23 décembre 2022, il décide d’aller tirer sur des « étrangers » en Seine-Saint-Denis avec un pistolet et 40 cartouches, avant de se suicider. Il change d’avis et va rue d’Enghien à Paris devant le Centre culturel kurde Ahmet Kaya, car dans son esprit les Kurdes ont combattu l’État islamique, mais au lieu de faire des prisonniers ils auraient dû tuer tout le monde.

Là, il tire, tue trois Kurdes, avant d’être maîtrisé. Il est arrêté et le 25 décembre il va en hôpital psychiatrique. Entretemps se produit toute une séquence politique construite artificiellement et parfaitement représentative.

Immédiatement, en effet, il est parlé d’une attaque contre « les Kurdes ». Le président Emmanuel Macron exprime rapidement et directement les choses en ce sens.

Mais de quels Kurdes parle-t-on? Eh bien, des « Kurdes », nos alliés, comme le formule Jean-Luc Mélenchon.

Comme il faut bien appeler un chat un chat, ce que personne ne fait, il faut parler ici du PKK, avec notamment sa variante syrienne. Les victimes sont un chanteur ayant fui la Turquie, une responsable féministe ayant notamment combattu l’État islamique, et un autre activiste.

C’est la raison pour laquelle les 23 et 24 décembre les Kurdes liés au Centre culturel ont manifesté dans plusieurs villes, notamment à Paris où il y a des échauffourées le jour de Noël, ce qui fut du plus mauvais effet.

C’était cependant inévitable, car ce fait-divers d’un sombre élément décadent a été construit comme une attaque politique de grande envergure. Le communiqué de Lutte ouvrière résume parfaitement le discours artificiel qui a été produit par tous les contestataires de « gauche ».

Il dit ce que tous les opportunistes ont dit : c’est un coup des services secrets turcs, et sinon cela montre bien qu’il y a en France un raz-de-marée d’extrême-Droite violente prête à tuer !

C’est totalement hors sol, fictif, mensonger.

« Lutte ouvrière partage la tristesse et la colère des Kurdes, durement frappés par l’attentat qui a tué trois personnes hier dans le Centre culturel kurde, rue d’Enghien, à Paris. Celle-ci est d’autant plus vive qu’il y a dix ans, trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan étaient assassinées à Paris par les tueurs de l’État turc.

L’homme qui a tué hier a-t-il agi seul ? Sa main a-t-elle été armée par l’État turc ? Toutes ces questions sont encore sans réponse. Mais une chose est certaine: l’homme qui a perpétré cet attentat est un raciste récidiviste. Il y a un an, armé d’un sabre, il attaquait des migrants dans un camp à Paris.

Alors, il ne s’agit pas du geste d’un « déséquilibré » mais d’un attentat raciste. Les crimes racistes ne surviennent pas par hasard. Ils se produisent dans un climat xénophobe alimenté en permanence par des propos nationalistes et racistes. Par leurs discours de haine et par leur politique anti-migrants, les Le Pen, Zemmour, Darmanin encouragent de tels crimes. »

Tout cela est forcé, mensonger, artificiel. La folie meurtrière d’un sombre raciste, tellement typique de la décadence française, se voit attribué une dignité politique. Eh bien non, c’est faux !

De manière parlante, la revue Regards, lié au PCF, publiait justement la veille de cette attaque une tribune intitulée « Face à la montée en puissance des fascismes et de l’extrême droite, des personnalités représentatives de la gauche politique, syndicale et associative tirent la sonnette d’alarme ».

La voici en entière, parce qu’elle est pareillement délirante, elle est pareillement mensongère, elle révèle parfaitement le mensonge des réformistes populistes à la Mélenchon, des anarchistes et des trotskistes.

Au lieu de parler d’une France totalement molle, où les gens ne font rien, où la politique est morte, où la culture est en décadence, où les valeurs LGBT sont officiellement celles de l’État, avec parallèlement la participation à la guerre anti-Russie de l’OTAN… ces gens dressent le portrait fictif d’une France où les provocations de quelques groupes racistes auraient une portée de masse et même une dimension historique, avec un pays au bord de la dictature en raison d’un gouvernement ultra-répressif.

On est là dans l’escroquerie à l’état pur.

« Allons-nous continuer longtemps à fermer les yeux sur la montée du fascisme européen ? Italie, Hongrie, Pologne… Depuis maintenant plusieurs mois, nous assistons à une offensive de l’extrême-droite. La France n’est pas immunisée. Ici, cette offensive est portée par les 89 député·es du Rassemblement National, et partout, cette flambée fasciste a pour corollaire l’apparition de multiples groupuscules d’extrême droite, identitaires et néonazis.

En France, depuis le mois de septembre ce sont plus de 40 actions violentes qui ont été menées par des groupuscules d’extrême droite. La semaine dernière, en moins de 96 heures, plusieurs député·es, une suppléante et des militant·es politiques ont été attaqué.es à Bordeaux, Lyon, Toulouse et Montpellier. Des enseignant·es sont épinglé·es et menacé·es sur les réseaux sociaux pour des cours portant sur l’immigration. 

Dans la nuit du 14 décembre, un nouveau palier a été franchi après le match France-Maroc avec des actions coordonnées clairement racistes, violentes dans différentes villes du pays. 

À Nice des expéditions ont été explicitement menées contre les populations issues de l’immigration nord-africaine, rappelant le temps funeste des « chasses à l’homme racistes ».

Ce climat d’extrême- violence ne doit rien au hasard. Les discours racistes décomplexés portés dans l’hémicycle par des député·es du Rassemblement National, voire de la droite ; discours relayés sur des chaînes d’informations en continu et par l’ensemble de la fachosphère, encouragent les passages à l’acte. 

On ne peut guère compter sur un gouvernement qui assume de trouver Marine Le Pen “trop molle” en matière de lutte contre l’immigration. En reprenant les thèmes et les mots de l’extrême droite dans une dangereuse surenchère, le gouvernement porte également une lourde responsabilité. Alors que nous disposons d’un arsenal juridique efficace permettant de punir sévèrement les propos et les actes racistes, il préfère multiplier les lois d’exception liberticides plutôt que d’appliquer la loi contre les nervis d’extrême-droite. 

La situation est d’une extrême gravité et des mesures s’imposent avant qu’un drame ne se produise.

Nous tenons ici à apporter toute notre solidarité aux victimes du racisme, de l’antisémitisme et des violences commises par l’extrême-droite.

Face à la menace fasciste, nous appelons à la mobilisation de la gauche et des écologistes, des organisations syndicales et associatives pour organiser une riposte antifasciste large, unitaire et offensive.
Ensemble pour un front antifasciste !

Premiers signataires : 
 
Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde Antifasciste
Clémentine Autain, députée LFI-NUPES
Mathieu Azcué, Co-président du groupe Lyon En Commun, Métropole de Lyon 
Olivier Besancenot, porte-parole du NPA
Habiba Bigdade, membre du comité national LDH
Laurence Boffet, vice-présidente Métropole de Lyon (Ensemble !)
Manuel Bompard, député LFI-NUPES
Anthony Caillé, policier, syndicaliste CGT
Leïla Chaibi, députée européenne LFI-NUPES
Alexandre Chevalier, adjoint au maire de Lyon délégué au lien intergénérationnel et à la qualité de vie des aîné.es, co-président du groupe Lyon En Commun
Éric Coquerel, député LFI-NUPES
Clovis Daguerre, co-secrétaire national des Jeunes Écologistes
Laurence De Cock, historienne, enseignante
Arthur Delaporte, député PS
Joséphine Delpeyrat, secrétaire générale de l’Observatoire national de l’extrême-droite
Elsa Faucillon, députée PCF
David Flacher, mouvement Utopia
Murielle Guilbert, co-déleguée générale de l Union syndicale Solidaires 
Camille Hachez, co-secrétaire nationale des Jeunes Écologistes
Annie Lahmer, conseillère régionale EELV
Mathilde Larrère, historienne, enseignante 
Antoine Léaument, député LFI-NUPES
Michel Lepretre, président du Grand Orly Seine Bievre ( PCF ) 
Laurent Lévy, retraité, membre d’Ensemble !
Nicolas Mayart, journaliste au Média TV 
Claire Monod, écologiste
Bénédicte Monville, écologiste
Imane Ouelhadj, présidente de l’UNEF 
Ugo Palheta, sociologue
Jean-François Pellissier, porte-parole d’Ensemble !
Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de la revue Regards
Thomas Portes, député LFI-NUPES et président de l’observatoire de l’extrême-droite
Alice Picard, porte-parole d’Attac France
Éric Piolle, maire de Grenoble 
Raphaëlle Rémy-Leleu, conseillère de Paris
Sandrine Rousseau, députée EELV
Eléonore Schmitt, porte-parole de l’Alternative
Jean-Christophe Sellin, co-coordinateur national du Parti de Gauche 
David Souvestre, conseiller municipal de Lyon, co-président du groupe Lyon En Commun
Aurélien Taché, député
Azzedine Taibi, maire de Stains
Benoit Teste, secrétaire général de la FSU
Aurelie Trouvé, députée LFI-NUPES »

Toute cette construction artificielle montre que ces gens ne forment qu’une aile sociale-impérialiste de la Gauche ; ils sont très contents du capitalisme, de l’OTAN, ils veulent juste que ça penche plus « à gauche », que cela soit plus social. D’où des propos hors sol visant à présenter artificiellement une situation politique française où ils auraient un rôle à jouer.

Outre de tromper, ces gens tentent de masquer la décadence d’une société française pourrissante, où les gens ne veulent plus rien assumer, plus prendre aucune responsabilité, simplement consommer, avec l’espoir que le capitalisme se maintienne coûte que coûte.

Et demain, pour encore tromper, ils prétendront même qu’ils sont pour le Socialisme, c’est inévitable : tel est leur rôle contre-révolutionnaire.

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« Une ligne populaire pour sauver la gauche »: diesel et barbecue

Un texte sans dimension.

Le député Philippe Brun et la sénatrice Laurence Rossignol, tous deux au Parti socialiste, proposent dans une tribune une «ligne populaire » avec l’objectif de sauver la Gauche. Il y a le constat, tout à fait évident et absolument pas nouveau, que la Gauche en France est coupée du peuple. Certes. Mais qu’ont-ils à proposer ? Les gilets jaunes !

C’est grotesque, car les gilets jaunes non seulement sont dépassés depuis longtemps, mais surtout n’ont rien à voir, ni de près, ni de loin, avec ce que doit être la Gauche. Ni d’ailleurs avec le peuple français. Mais pour le voir, il faut une vision du monde, il faut vouloir le Socialisme et pas un républicanisme vaguement démocratique et social, et encore moins un plébéianisme délirant à la sans culottes version beauf 21e siècle.

Cela renvoie d’ailleurs directement à une autre question, essentielle : celle des valeurs. De ce côté là, c’est le néant pour ces parlementaires PS cherchant un « ligne populaire ».

Tout est dit dans ce passage :

« Ce n’est pas en accusant les classes populaires, la viande de leur barbecue et le diesel de leur véhicule qu’elles s’impliqueront davantage. »

Et bien justement, si ! La voiture diesel et la viande du barbecue, voilà parfaitement identifié des ennemis de classe. Des ennemis de l’intérieur, dans les mentalités, car c’est bien là toute l’expression du capitalisme français du 20e siècle qui a intégré le prolétariat pour le désintégrer de l’intérieur.

Il n’y aura jamais de ligne populaire sans une révolution culturelle contre le diesel et le barbecue. Et il n’y aura jamais de Gauche avec les gilets jaunes, qui sont précisément une expression du diesel et du barbecue.

Voici la tribune en question, qui a initialement été publiée sur le site Libération, en version payante… Ce qui est pour le moins étrange quand il s’agit de proposer une « ligne populaire ».

« Une ligne populaire pour sauver la gauche

L’alliance de la Nupes était nécessaire, mais pas suffisante. Seule une refondation profonde de la gauche, appuyée sur les revendications des gilets jaunes, lui permettra de défendre à nouveau des intérêts de classe.

La montée continue de l’extrême droite doit inquiéter toute femme et homme attaché à la République. Face à ce danger, l’accord de la Nupes a été une bouffée d’oxygène pour les électeurs de gauche.

Il a permis, dans le nouveau paysage tripolaire, l’élection de députés que la division aurait éliminés. Il a aussi corrigé les trajectoires respectives du PS et de LFI : le PS restait coupable de l’élection d’Emmanuel Macron et des hésitations de nombre de ses dirigeants en 2017, et LFI avait largement théorisé la fin du clivage droite-gauche au profit du clivage peuple-élite.

Nous sommes nombreux à redouter l’échéance de 2027. Entre les élections législatives de 2017 et de 2022, la gauche a gagné moins de 10 000 voix. Et l’extrême droite, 2 millions. Rien ne permet d’imaginer que, depuis juin, les courbes auraient changé de trajectoire.

La seule alliance des partis ne permet pas de créer une dynamique susceptible de changer véritablement les rapports de force qui se sont installés dans le pays. Etre de gauche n’est une fierté que pour environ 25 % des Français.

Nous avons tout livré à l’extrême droite : travail, nation, justice, laïcité, civisme. Elle les instrumentalise comme elle l’a fait tout au long de son histoire en répétant le même schéma : s’opposer, salir, puis récupérer les conquêtes des autres à son compte.

La défense de la République est confisquée par ceux qui la traitaient de «gueuse» jadis, la laïcité

par ceux qui veulent inscrire les racines chrétiennes de la France dans la Constitution, la sécurité par ceux qui la réduisent aux faits divers et le travail par ceux qui refusent qu’il soit rétribué à sa juste valeur.

L’état d’urgence démocratique nous impose d’aller convaincre les classes populaires et moyennes perdues. Seule la promesse d’un avenir meilleur pourra les empêcher de voter à l’extrême droite.

Nous appelons «ligne populaire» cette stratégie qui vise à retrouver ce Assemblée pourquoi la gauche a été créée : défendre ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. L’élection d’Emmanuel Macron, sur une base sociale minoritaire, a relégué la majorité sociale aux marges de notre pays.

Les ouvriers, employés, caissières, travailleuses du lien, travailleurs de la manutention et de la logistique, «la société du back-office», n’ont plus que leur colère comme moyen d’expression, leur abstention comme moyen de révolte, le vote RN comme maigre résignation. La gauche a renoncé depuis longtemps à ce peuple introuvable, qui se refuse à elle depuis qu’elle a fait de l’idéal européen l’horizon indépassable de son action, et donc de son impuissance.

Depuis qu’elle a fait du désintérêt pour les gens ordinaires la matrice morale inavouée de son discours et des centres-villes métropolitains mondialisés la ressource exclusive de son imaginaire. Nous devons rompre avec ce renoncement.

Chaque grand mouvement social irrigue une refondation politique. Nous vivons depuis cinquante ans sur la contre-culture de Mai 1968 et la victoire de 1981.

Nous avons la conviction que c’est du mouvement des gilets jaunes que la gauche doit désormais tirer les leçons de sa refondation. Si elle sait accompagner les mouvements sociétaux, elle est en revanche passée à côté de cette révolte, culturellement et sociologiquement trop loin d’elle.

Des idées de novembre 2018 nous retenons une démarche démocratique nouvelle, qui amena des milliers de Français, abstentionnistes militants, à gagner les ronds-points pour débattre.

Loin d’être dangereuses, les classes laborieuses, lorsqu’elles se mobilisent, ne parlent pas d’immigration ni d’insécurité mais de pouvoir d’achat et de droits démocratiques.

Un peuple demande aujour-d’hui à être entendu. Quel est ce peuple invisible ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ?

Rien.

Ce qui a empêché ce peuple de voir ses revendications entendues, et le mouvement des gilets jaunes de prospérer, a été son atomisation par la destruction des structures collectives, la dégradation du rôle des syndicats, la mise sous tutelle du mouvement associatif et la promotion de l’individualisme intégral. Nous devons réaffirmer qu’il existe des liens qui libèrent, ceux du soin et de la solidarité.

Ils doivent devenir les valeurs centrales de notre action politique. La grande œuvre qui est devant nous est de poursuivre un travail commencé par le milieu associatif et les mouvements de l’écologie politique : «conscientiser» les classes populaires et travailleuses, leur rappeler l’intérêt qui est le leur à voir l’écologie primer et leurs conditions de vie s’améliorer. Elles veulent comme les autres que leurs enfants respirent un air propre et mangent sainement.

L’écologie est par essence populaire, les socialistes l’avaient compris très tôt et l’ont oublié parfois. Les émissions de carbone sont proportionnelles à celles de la richesse. Ce n’est pas en accusant les classes populaires, la viande de leur barbecue et le diesel de leur véhicule qu’elles s’impliqueront davantage. La valorisation des pratiques «écoresponsables» est trop souvent perçue comme réservée à une élite diplômée et urbaine.

Résolument installée du côté du peuple, la gauche doit entendre tout ce que celui-ci a à lui dire, sans tabous ni préjugés. Cela implique de regarder en face la situation intérieure du pays et l’appel à plus d’ordre et d’autorité. Loin de toute surenchère ou récupération des mots de l’extrême droite – mais au contraire pour ne lui laisser aucune prise – nous devons porter un discours fort et clair d’ordre et de justice.

La sécurité est un droit du peuple, c’est même la condition de son adhésion à une aventure collective. Lorsque la tranquillité publique n’est plus assurée, le vivre ensemble est menacé. Parce qu’ils sont les plus exposés, la sécurité est un enjeu plus vif encore pour les plus modestes.

Il nous faut financer une police nombreuse, formée et réorganisée pour être plus au contact des populations et moins rivée sur ses statistiques. Plus transparente aussi, plus ouverte et moins susceptible d’être contestée. L’école, la justice civile, les transports publics, plus rien ne fonctionne correctement. On manque d’enseignants, de soignants, de conducteurs de train ou de bus. Et les services privés ne fonctionnent pas mieux. Les gens concluent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et qu’il n’y a rien à attendre du collectif. Une telle situation ne peut conduire qu’à une catastrophe démocratique, écologique et sociale.

Défendre la ligne populaire, c’est s’imposer de cesser de regarder la colonne «sympathisants de gauche» dans les études d’opinion et s’intéresser à la colonne «ouvriers et employés». Que les étudiants de Sciences-Po votent majoritairement Jean- Luc Mélenchon et que ceux de l’enseignement professionnel ne votent que marginalement à gauche devrait nous obséder. La ligne populaire est un projet et une méthode qui doit inspirer les mouvements sociaux comme les politiques publiques : féminisme populaire, écologie populaire, culture populaire, éducation populaire.

Défendons, en tout point et tout lieu, des intérêts de classe, éclairés par notre esprit des Lumières et la promesse de nouveaux droits. »

Texte proposé par :

Par Philippe Brun, Député de l’Eure et Laurence Rossignol, Sénatrice de l’Oise.

Signé par :

Jérôme Durain Sénateur de Saône-et- Loire

Jérôme Guedj Député de l’Essonne

Marie-Pierre Monier Sénatrice de la Drôme

Mélanie Thomin Députée du Finistère

Mickaël Vallet Sénateur de la Charente-Maritime.