Catégories
Politique

« Une ligne populaire pour sauver la gauche »: diesel et barbecue

Un texte sans dimension.

Le député Philippe Brun et la sénatrice Laurence Rossignol, tous deux au Parti socialiste, proposent dans une tribune une «ligne populaire » avec l’objectif de sauver la Gauche. Il y a le constat, tout à fait évident et absolument pas nouveau, que la Gauche en France est coupée du peuple. Certes. Mais qu’ont-ils à proposer ? Les gilets jaunes !

C’est grotesque, car les gilets jaunes non seulement sont dépassés depuis longtemps, mais surtout n’ont rien à voir, ni de près, ni de loin, avec ce que doit être la Gauche. Ni d’ailleurs avec le peuple français. Mais pour le voir, il faut une vision du monde, il faut vouloir le Socialisme et pas un républicanisme vaguement démocratique et social, et encore moins un plébéianisme délirant à la sans culottes version beauf 21e siècle.

Cela renvoie d’ailleurs directement à une autre question, essentielle : celle des valeurs. De ce côté là, c’est le néant pour ces parlementaires PS cherchant un « ligne populaire ».

Tout est dit dans ce passage :

« Ce n’est pas en accusant les classes populaires, la viande de leur barbecue et le diesel de leur véhicule qu’elles s’impliqueront davantage. »

Et bien justement, si ! La voiture diesel et la viande du barbecue, voilà parfaitement identifié des ennemis de classe. Des ennemis de l’intérieur, dans les mentalités, car c’est bien là toute l’expression du capitalisme français du 20e siècle qui a intégré le prolétariat pour le désintégrer de l’intérieur.

Il n’y aura jamais de ligne populaire sans une révolution culturelle contre le diesel et le barbecue. Et il n’y aura jamais de Gauche avec les gilets jaunes, qui sont précisément une expression du diesel et du barbecue.

Voici la tribune en question, qui a initialement été publiée sur le site Libération, en version payante… Ce qui est pour le moins étrange quand il s’agit de proposer une « ligne populaire ».

« Une ligne populaire pour sauver la gauche

L’alliance de la Nupes était nécessaire, mais pas suffisante. Seule une refondation profonde de la gauche, appuyée sur les revendications des gilets jaunes, lui permettra de défendre à nouveau des intérêts de classe.

La montée continue de l’extrême droite doit inquiéter toute femme et homme attaché à la République. Face à ce danger, l’accord de la Nupes a été une bouffée d’oxygène pour les électeurs de gauche.

Il a permis, dans le nouveau paysage tripolaire, l’élection de députés que la division aurait éliminés. Il a aussi corrigé les trajectoires respectives du PS et de LFI : le PS restait coupable de l’élection d’Emmanuel Macron et des hésitations de nombre de ses dirigeants en 2017, et LFI avait largement théorisé la fin du clivage droite-gauche au profit du clivage peuple-élite.

Nous sommes nombreux à redouter l’échéance de 2027. Entre les élections législatives de 2017 et de 2022, la gauche a gagné moins de 10 000 voix. Et l’extrême droite, 2 millions. Rien ne permet d’imaginer que, depuis juin, les courbes auraient changé de trajectoire.

La seule alliance des partis ne permet pas de créer une dynamique susceptible de changer véritablement les rapports de force qui se sont installés dans le pays. Etre de gauche n’est une fierté que pour environ 25 % des Français.

Nous avons tout livré à l’extrême droite : travail, nation, justice, laïcité, civisme. Elle les instrumentalise comme elle l’a fait tout au long de son histoire en répétant le même schéma : s’opposer, salir, puis récupérer les conquêtes des autres à son compte.

La défense de la République est confisquée par ceux qui la traitaient de «gueuse» jadis, la laïcité

par ceux qui veulent inscrire les racines chrétiennes de la France dans la Constitution, la sécurité par ceux qui la réduisent aux faits divers et le travail par ceux qui refusent qu’il soit rétribué à sa juste valeur.

L’état d’urgence démocratique nous impose d’aller convaincre les classes populaires et moyennes perdues. Seule la promesse d’un avenir meilleur pourra les empêcher de voter à l’extrême droite.

Nous appelons «ligne populaire» cette stratégie qui vise à retrouver ce Assemblée pourquoi la gauche a été créée : défendre ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. L’élection d’Emmanuel Macron, sur une base sociale minoritaire, a relégué la majorité sociale aux marges de notre pays.

Les ouvriers, employés, caissières, travailleuses du lien, travailleurs de la manutention et de la logistique, «la société du back-office», n’ont plus que leur colère comme moyen d’expression, leur abstention comme moyen de révolte, le vote RN comme maigre résignation. La gauche a renoncé depuis longtemps à ce peuple introuvable, qui se refuse à elle depuis qu’elle a fait de l’idéal européen l’horizon indépassable de son action, et donc de son impuissance.

Depuis qu’elle a fait du désintérêt pour les gens ordinaires la matrice morale inavouée de son discours et des centres-villes métropolitains mondialisés la ressource exclusive de son imaginaire. Nous devons rompre avec ce renoncement.

Chaque grand mouvement social irrigue une refondation politique. Nous vivons depuis cinquante ans sur la contre-culture de Mai 1968 et la victoire de 1981.

Nous avons la conviction que c’est du mouvement des gilets jaunes que la gauche doit désormais tirer les leçons de sa refondation. Si elle sait accompagner les mouvements sociétaux, elle est en revanche passée à côté de cette révolte, culturellement et sociologiquement trop loin d’elle.

Des idées de novembre 2018 nous retenons une démarche démocratique nouvelle, qui amena des milliers de Français, abstentionnistes militants, à gagner les ronds-points pour débattre.

Loin d’être dangereuses, les classes laborieuses, lorsqu’elles se mobilisent, ne parlent pas d’immigration ni d’insécurité mais de pouvoir d’achat et de droits démocratiques.

Un peuple demande aujour-d’hui à être entendu. Quel est ce peuple invisible ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ?

Rien.

Ce qui a empêché ce peuple de voir ses revendications entendues, et le mouvement des gilets jaunes de prospérer, a été son atomisation par la destruction des structures collectives, la dégradation du rôle des syndicats, la mise sous tutelle du mouvement associatif et la promotion de l’individualisme intégral. Nous devons réaffirmer qu’il existe des liens qui libèrent, ceux du soin et de la solidarité.

Ils doivent devenir les valeurs centrales de notre action politique. La grande œuvre qui est devant nous est de poursuivre un travail commencé par le milieu associatif et les mouvements de l’écologie politique : «conscientiser» les classes populaires et travailleuses, leur rappeler l’intérêt qui est le leur à voir l’écologie primer et leurs conditions de vie s’améliorer. Elles veulent comme les autres que leurs enfants respirent un air propre et mangent sainement.

L’écologie est par essence populaire, les socialistes l’avaient compris très tôt et l’ont oublié parfois. Les émissions de carbone sont proportionnelles à celles de la richesse. Ce n’est pas en accusant les classes populaires, la viande de leur barbecue et le diesel de leur véhicule qu’elles s’impliqueront davantage. La valorisation des pratiques «écoresponsables» est trop souvent perçue comme réservée à une élite diplômée et urbaine.

Résolument installée du côté du peuple, la gauche doit entendre tout ce que celui-ci a à lui dire, sans tabous ni préjugés. Cela implique de regarder en face la situation intérieure du pays et l’appel à plus d’ordre et d’autorité. Loin de toute surenchère ou récupération des mots de l’extrême droite – mais au contraire pour ne lui laisser aucune prise – nous devons porter un discours fort et clair d’ordre et de justice.

La sécurité est un droit du peuple, c’est même la condition de son adhésion à une aventure collective. Lorsque la tranquillité publique n’est plus assurée, le vivre ensemble est menacé. Parce qu’ils sont les plus exposés, la sécurité est un enjeu plus vif encore pour les plus modestes.

Il nous faut financer une police nombreuse, formée et réorganisée pour être plus au contact des populations et moins rivée sur ses statistiques. Plus transparente aussi, plus ouverte et moins susceptible d’être contestée. L’école, la justice civile, les transports publics, plus rien ne fonctionne correctement. On manque d’enseignants, de soignants, de conducteurs de train ou de bus. Et les services privés ne fonctionnent pas mieux. Les gens concluent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et qu’il n’y a rien à attendre du collectif. Une telle situation ne peut conduire qu’à une catastrophe démocratique, écologique et sociale.

Défendre la ligne populaire, c’est s’imposer de cesser de regarder la colonne «sympathisants de gauche» dans les études d’opinion et s’intéresser à la colonne «ouvriers et employés». Que les étudiants de Sciences-Po votent majoritairement Jean- Luc Mélenchon et que ceux de l’enseignement professionnel ne votent que marginalement à gauche devrait nous obséder. La ligne populaire est un projet et une méthode qui doit inspirer les mouvements sociaux comme les politiques publiques : féminisme populaire, écologie populaire, culture populaire, éducation populaire.

Défendons, en tout point et tout lieu, des intérêts de classe, éclairés par notre esprit des Lumières et la promesse de nouveaux droits. »

Texte proposé par :

Par Philippe Brun, Député de l’Eure et Laurence Rossignol, Sénatrice de l’Oise.

Signé par :

Jérôme Durain Sénateur de Saône-et- Loire

Jérôme Guedj Député de l’Essonne

Marie-Pierre Monier Sénatrice de la Drôme

Mélanie Thomin Députée du Finistère

Mickaël Vallet Sénateur de la Charente-Maritime.

Catégories
Guerre

Les eurodéputés français de « gauche » aux ordres de l’OTAN votent contre la Russie « terroriste »

A chaque vote au Parlement européen, ils s’alignent sur l’OTAN !

Les eurodéputés de « gauche » sont de bons petits soldats aux ordres de l’OTAN. Qu’ils soient socialistes, de LFI, ou encore d’EELV, ils sont tous sur la même ligne : il faut converger avec le capitalisme occidental, voter selon les exigences de l’OTAN et éventuellement en paroles se positionner comme le moins pire dans le genre.

On avait déjà vu cela cet été avec la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Et ce n’est pas mieux à l’Assemblée nationale où début octobre le régime ukrainien a été unanimement salué.

Là, on a ça de nouveau avec le vote le 23 novembre 2022 d’une résolution au Parlement européen affirmant que la Russie est un « État promoteur du terrorisme », qu’elle a recours aux « moyens du terrorisme », qu’elle doit être isolée de manière encore plus grande, que ses institutions faisant de la « propagande » doivent être fermées, qu’un neuvième paquet de sanctions doit être mis en place.

494 eurodéputés ont voté en faveur de la résolution, 59 contre, 44 se sont abstenus.

Sur ces 59 contre, 27 sont d’extrême-Droite, 10 sont non inscrits mais en fait d’extrême-Droite ou populistes.

12 sont socialistes ou « démocrates », mais avec naturellement aucun français. 10 sont de Gauche assumée dans une orientation hostile au capitalisme, avec également là aucun Français bien entendu.

N’ont pas participé au vote 6 députés d’extrême-Droite, 6 non inscrits, 3 conservateurs, 1 libéral, 9 socialistes ou démocrates, 4 écologistes, ainsi que 15 députés considérés comme les plus à Gauche.

Là on trouve des Français, puisqu’on a les députés La France Insoumise, avec Manon Aubry, Leïla Chaibi, Marina Mesure (qui a remplacé Manuel Bompard au Parlement), Younous Omarjee, Anne-Sophie Pelletier. Emmanuel Maurel n’apparaît pas dans la liste, il était sans doute absent.

Vu le positionnement du PCF, si celui-ci avait eu des eurodéputés, cela aurait été cette même attitude de « critique » passive, de refus de la confrontation avec la propagande militariste de l’OTAN.

Cette dernière peut bien entendu compter sur les socialistes et les écologistes français, qui sont objectivement des valets américains de manière systématique.

Les députés EELV et affiliés ont naturellement voté pour la résolution : François Alfonsi, Benoît Biteau, Damien Carême, David Cormand, Gwendoline Delbos-Corfield, Karima Delli, Claude Fruffat, Yannick Jadot, Michèle Rivasi, Caroline Roose, Mounir Satouri, Marie Toussaint.

Pareil pour les députés socialistes et affiliés : Éric Andrieu, Raphaël Glucksmann, Sylvie Guillaume, Aurore Lalucq (Pierre Larrouturou et Nora Mebarek étant a priori absents).

Cela rappelle deux choses. Tout d’abord, la Gauche gouvernementale n’est pas capable d’autre chose que de s’aligner sur le capitalisme occidental. Ensuite, que la Gauche populiste – La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon assume ce terme – n’est pas capable d’autre chose que de converger avec le capitalisme occidental.

On est ici dans la corruption par le capitalisme occidental, dans la soumission aux institutions, aux valeurs dominantes, au style de vie dominant, et finalement à l’OTAN, à la superpuissance américaine.

On est en dehors des valeurs de la Gauche historique, du refus de la guerre, du combat contre la guerre, de la dénonciation des menées militaristes, de l’opposition au bourrage de crâne.

Tant la Gauche gouvernementale que la Gauche populiste ne servent à rien, ou alors ils trompent, ils mentent, ils endorment les gens. On va à la guerre, et ces gens font comme si de rien n’était, comme si tout cela était somme toute bien secondaire !

C’est criminel et il est évident que lorsque les choses vont mal tourner, très mal tourner, on ne pourra pas compter sur eux.

Catégories
Société

La pathétique marche du 16 octobre 2022 « contre la vie chère et l’inaction climatique »

Aucune valeur historique !

La marche « contre la vie chère et l’inaction climatique » du dimanche 16 octobre a rassemblé à Paris, entre Nation et Bastille, 140 000 personnes selon les organisateurs, 30 000 selon la police. Par organisateurs, il faut entendre des partis d’un côté, des associations de l’autre, et des « personnalités. Plus précisément, on parle ici des principaux partis de la Gauche gouvernementale, prise au sens le plus large, parce que ce qui est de gauche au sens réel du terme, il faut le chercher pour le trouver : le Parti socialiste, le PCF, Europe Écologie-Les Verts, et surtout La France insoumise.

Il faut bien voir que, même si on accepte le chiffre de 140 000, le chiffre est terriblement faible, car la manifestation était nationale. C’est qu’on est revenu à la Gauche d’avant 1914 : de bons scores électoraux… mais une base d’activistes très faibles, une capacité mobilisatrice très faible.

Pour rappel, le 10 avril 2022, Jean-Luc Mélenchon dirigeant de la France Insoumise obtenait au premier tour de l’élection présidentielle… 7 712 520 suffrages.

Autant dire que tout cela ne pèse pas lourd, alors que la situation est censée être très grave à entendre les discours brandis, les gens en France étant proche de la misère ! Le décalage est immense avec la réalité d’un pays lancé à pleine vitesse dans le capitalisme 24 heures sur 24 et où, il faut le souligner, les Français acceptent l’inflation car ils soutiennent la guerre contre la Russie, espérant en toucher les dividendes.

Les masses françaises sont corrompues par une mentalité impérialiste. Elles acceptent la tutelle stratégique américaine, elles espèrent se débarrasser des problèmes économiques par la victoire ukrainienne sur la Russie, et le dépeçage de la Russie.

C’est pour cela que la manifestation du 16 octobre 2022 n’abordait même pas la question de la guerre en Ukraine, que les blacks blocks anarchistes présents ont mené leur petit cinéma ridicule contre les policiers comme si de rien n’était, bref que tout était comme avant, comme si le monde n’avait pas fondamentalement changé.

La lutte des classes est totalement au point mort. Il y a bien la grève des opérateurs de raffineries en ce moment, mais cela reste circonscrit à quelques centaines d’ouvriers, tout à fait intégrés dans la consommation et réclamant (de manière tout à fait légitime) une encore plus grosse part du gâteau.

C’est bien, ou pas mal en tous cas, mais cela ne changera pas le monde, et d’ailleurs les travailleurs en grève ne comptent pas du tout changer quoi ce soit, ils veulent vivre comme avant, voilà tout.

Idem pour la grève qui se profile à la RATP ou à EDF, des secteurs protégés du capitalisme où les travailleurs jouissent d’une situation très favorable stratégiquement plutôt que d’une réelle combativité de classe.

Il faut le dire et le répéter, car c’est là l’esprit de la société française pour cette période. La 3e guerre mondiale, voilà l’actualité, mais ça n’intéresse personne, et certainement pas les enfants pourris gâtés du capitalisme qui demande encore plus d’État protecteur, toujours plus d’État protecteur, et jamais de lutte des classes.

Mais l’Histoire se chargera bien vite de la remettre sur le devant de la table et balayera ce genre d’initiatives hors du temps et de la marche du pays. C’est pourquoi il faut porter l’alternative, les valeurs, les conceptions de la Gauche historique, sans céder à cette pesanteur, cette torpeur, cette décadence, ce nihilisme que propage le capitalisme pourrissant.



Catégories
Restructurations économiques

La manifestation du 16 octobre 2022 aurait dû être syndicale… pour une grève politique de masse

La politique est une chose, les revendications économiques une autre chose.

La manifestation parisienne du 16 octobre 2022 contre la vie chère n’a pas obtenu le soutien de la CGT, ni de Force ouvrière. C’est dans l’ordre des choses. La politique est une chose, les revendications économiques une autre chose.

Si l’on prend le mouvement ouvrier d’avant 1914, tant dans la social-démocratie que chez les « socialistes français », il était considéré que le travail politique et le travail syndical étaient deux choses distinctes, qu’il ne fallait pas mélanger les genres.

Naturellement, il y avait une différence de fond. Pour la social-démocratie, forte en Allemagne, en Autriche-Hongrie notamment, le Parti avait la primauté et le syndicat, tout en ayant sa spécificité, était un rouage de la stratégie politique générale du Parti.

Pour les socialistes français, le Parti et le syndicat étaient indépendants et marchaient côte à côte ou plutôt parallèlement, les syndicalistes révolutionnaires refusant d’ailleurs même l’idée de Parti, les partis étant considérés comme des « sectes » comme il est dit dans la Charte d’Amiens de la CGT en 1906.

Après 1918, les choses sont restées tels quels, à ceci près qu’en France il y avait le PCF avec la CGT-Unitaire et le Parti socialiste SFIO avec la CGT. Lorsqu’il y a une réunification avec le Front populaire en 1936, la liaison de la CGT unifiée avec les socialistes ou les communistes est flagrante.

Après 1945, la CGT marche avec le PCF et la CFDT (issue du syndicalisme chrétien) avec les socialistes, ou peut-être plutôt l’inverse d’ailleurs, en tout cas au moins pour le PCF, car la ligne impulsée par Maurice Thorez fut vraiment celle du PCF comme « Parti du syndicalisme ». Force Ouvrière, ouvertement mise en place par les États-Unis comme scission de la CGT, reste indépendante ou proche des socialistes.

Tout cela est désormais bien loin. Aujourd’hui, alors que la CGT est en perte de vitesse, que Force ouvrière est en crise d’identité et que la CFDT est devenu le syndicat moderniste accompagnant ouvertement les gouvernement, la question se pose de la nature même du syndicalisme.

Et si les syndicats CGT, FO et CFDT avaient appelé à la manifestation du 16 octobre 2022, ils se suicidaient. Reste à savoir désormais quoi faire.

Leur penchant naturel est un syndicalisme anti-politique, et c’est là une erreur, une faute historique. Le syndicalisme doit assumer sa place, mais seulement sa place. Il doit se soumettre à la politique, comme la CGT l’a d’ailleurs fait au moment du Front populaire en 1936.

Il n’y a guère ici à attendre de la CFDT, qui accompagne les gouvernements comme force « moderniste », ni de Force ouvrière façonné par un anti-communisme virulent. Reste la CGT.

Elle avait appelé à une journée de grève interprofessionnelle, le 29 septembre 2022, et cela n’a pas été une réussite ; elle espérait être aux premières loges ainsi. Et il n’y a pas à attendre qu’elle s’imagine autre chose. Elle vit dans un mythe politique où elle joue le premier rôle.

En admettant que cela soit possible, alors cela aurait eu lieu en mai 1968, là la CGT pouvait jouer ce rôle central. Elle ne l’a pas fait car elle ne le pouvait pas, et d’ailleurs elle ne le voulait pas : elle a été l’un des pires ennemis de mai (et juin) 1968.

Son organisation est qui plus est corrompue et bureaucratique depuis des décennies. Et s’imaginer qu’on peut faire repartir la CGT sur une base de « lutte de classe », d’unité de classe, ou en formant des syndicats « syndicalistes révolutionnaires », c’est ne pas comprendre les défauts inhérents au syndicalisme.

Le syndicalisme français ne peut renaître qu’en assumant d’être une forme secondaire de lutte de classe par rapport au Parti, donc en cessant les délires sur la « grève générale » pour assumer la grève politique de masse.

Le Parti ne doit pas se réduire aux revendications économiques, les revendications économiques n’ont un sens que dans la stratégie du Parti pour aller au Socialisme.

Catégories
Restructurations économiques

16 octobre 2022 : l’appel de « personnalités » contre la vie chère

Que le diable emporte les bobos, les « artistes » et les sociologues !

Tous les parasites intellectuels du capitalisme sont en panique devant l’époque qui grandit, car leur position de parasite va se révéler au grand jour. Annie Ernaux par exemple vient de gagner le prix Nobel de littérature, elle se la joue très à gauche et signe cet appel de « personnalités » pour la manifestation parisienne du 16 octobre 2022 contre la vie chère.

La littérature d’Annie Ernaux est une sorte de vomi subjectiviste, fondée sur une complainte d’une dévalorisation sociale et le vécu d’une « transfuge de classe ». Il ne faudrait pas avoir honte de venir d’un milieu populaire, et accepter « l’ascenseur social », voilà le fond d’une forme littéraire illisible par le peuple.

Et donc tous ces gens, qui vivent « bien », qui sont tout à fait à leur aise dans le capitalisme, qui reproduisent toutes les conceptions bourgeoises, s’acoquinent avec des gens à l’esprit gilet jaune, pour essayer de contribuer à former « quelque chose » qui ne soit surtout pas le Socialisme, le drapeau rouge, la lutte des classes.

Le jour où les choses changeront vraiment, ces bourgeois de gauche seront les premiers à devoir se faire rééduquer par le travail !

Pour beaucoup de personnes, la peur des fins de mois s’accentue. Les factures s’alourdissent. Le montant du ticket de caisse grimpe en flèche. Mais le salaire, la pension de retraite ou le RSA, eux, ne décollent pas. Tandis que les profits de certaines des plus grandes firmes françaises atteignent des sommets.

C’est la stratégie du choc : Emmanuel Macron se saisit de l’inflation pour creuser les écarts de richesse, pour doper les revenus du capital, au détriment du reste. Pour laisser flamber les prix des produits essentiels et de l’énergie, et avec eux les profits de multinationales.

Pour éviter toute taxation supplémentaire de ces profits. Mais pour profiter de l’inflation afin que s’effondrent les salaires réels. En refusant de compenser les collectivités locales, il prémédite la démolition, inévitable, des services publics qu’elles assument.

Le choc sidère. Et cette sidération permet au gouvernement des riches d’enclencher une nouvelle phase : attaquer les piliers de la solidarité, le cœur de la protection sociale. D’abord l’assurance chômage, puis le système de retraites. L’offensive se veut rapide, intensive : elle doit abasourdir autant que possible tous les récalcitrants.

Le gouvernement a su se saisir d’une autre onde de choc : les difficultés d’approvisionnement en énergie. Parfait pour en appeler à la responsabilité personnelle, asséner la fin d’une abondance que n’ont jamais connue les gens modestes, et ainsi tenter de faire oublier les premiers responsables de la surconsommation et du désastre écologique : les grands détenteurs du capital, au premier rang desquels les multinationales et les plus riches.

Emmanuel Macron assume de ne pas les contraindre, car ce serait s’en prendre au moteur de la rentabilité des capitaux : l’exploitation sans limite du travail et du vivant. Peu importe l’enchaînement des canicules, des incendies, des tornades, les famines, les océans et les glaciers à l’agonie.

Les néolibéraux martèlent depuis 40 ans qu’il n’y a pas d’alternative. Ne laissons pas les héritiers de M. Thatcher détruire l’espoir, et liquider nos droits sociaux. Un autre monde est possible. Fondé sur la satisfaction des besoins humains, dans les limites des écosystèmes.

Blocage des prix des produits de base et gel des loyers, augmentation générale des salaires et des minimas sociaux, retraite à 60 ans, taxation des superprofits, investissements massifs dans la bifurcation écologique, les transports et les services publics… Tout n’est qu’une question de volonté politique, et dépend de notre détermination.

Le choc peut mener au pire. Comme en Italie, qui vient de renouer avec son passé fasciste. La France n’est pas à l’abri de ce destin. À la suite des mobilisations syndicales de ces dernières semaines, nous avons besoin d’un sursaut populaire pour résister aux régressions et rouvrir un destin collectif fait de justice, de solidarité et de responsabilité écologique.

Face à l’extrême-marché qui corrompt tout, face à l’extrême-droite qui tire parti de la désolation pour avancer ses pions racistes, sexistes et liberticides, nous appelons à unir nos forces dans la rue et à marcher ensemble.

Personnalités engagées, du monde de la culture, des sciences, des mouvements sociaux, que nous soyons anticapitalistes, communistes, écologistes, insoumis, socialistes… nous marcherons le 16 octobre prochain à Paris, contre la vie chère et l’inaction climatique.

Les premiers signataires

Annie ERNAUX, écrivaine, prix Nobel de littérature

Laurent BINET, écrivain, prix Goncourt 2010

Liliane ROVÈRE, citoyenne et actrice

Éric VUILLARD, écrivain, prix Goncourt 2017

Isabelle ALONSO, romancière

Pierre LEMAÎTRE, écrivain, prix Goncourt 2013, César 2017

Marie-Monique ROBIN, documentariste et écrivaine

Édouard LOUIS, écrivain

Éva DARLAN, comédienne

Bruno GACCIO, auteur

Florence GAUTHIER, historienne

Cédric HERROU, fondateur Emmaüs Roya

Mariana OTERO, cinéaste

Gérard MORDILLAT, romancier, cinéaste

Danièle D’ANTONI, agent artistique

Geoffroy DE LAGASNERIE, philosophe

Yvan LE BOLLOC’H, artiste

Laurence DE COCK, historienne et enseignante

Omar SLAOUTI, militant antiraciste

Sabrina ALI BENALI, médecin

Olivier NEVEUX, enseignant-chercheur

Alfred SPIRA, professeur de médecine, membre de l’Académie nationale de médecine

David DUFRESNE, écrivain, réalisateur

Geneviève LEGAY, gilet jaune et citoyenne altermondialiste

Anthony SMITH, inspecteur du travail

Olivier RABOURDIN, acteur

Séverine CORDIER, artiste-illustratrice

Denis QUINQUETON, militant pour les droits LGBT+

Chloé DELAUME, écrivaine

François BERDOUGO, militant pour l’accès à la santé et droits des LGBTI

Antoine PEILLON, journaliste

Stefano PALOMBARINI, enseignant-chercheur

Anne-Laure DELATTE, chercheure en économie

Thomas COUTROT, économiste

Caroline MECARY, avocate

Jérémy MANESSE, comédien, auteur et traducteur

Michael LÖWY, sociologue

Farida CHIKH, infirmière

Didier ERIBON, philosophe

Roland GORI, psychanalyste, professeur honoraire des universités

Fanny GALLOT, historienne, syndicaliste et féministe

Pierre KHALFA, fondation Copernic

Éric BERR, économiste

Yolande BOUIN, membre de la convention citoyenne sur le climat

Nicolas CADÈNE, co-fondateur de la Vigie de la Laïcité

Mathilde LARRÈRE, historienne

Samy JOHSUA, professeur émérite – Université Aix-Marseille

Abdourahman WABERI, écrivain

Jean-Marc SCHIAPPA, historien

Michel SIMONOT, écrivain et sociologue

Malika ZEDIRI, militante des droits des chômeurs et des précaires

Anne DEBRÉGEAS, porte-parole de la fédération syndicale SUD-Energie, économiste de l’énergie

Didier GELOT, économiste

Almamy KANOUTÉ, activiste et acteur

Émilie MOUTSIS, artiste

Manuel CERVERA-MARZAL, sociologue

Razmig KEUCHEYAN, professeur de sociologie

Angélique HUGUIN, militante antinucléaire

Ugo PALHETA, sociologue

Léo COUTELLEC, paysan et philosophe des sciences

Nawel DOMBROWSKY, chanteuse

Antoine VAYER, chroniqueur

Marie MESMEUR, ex-secrétaire nationale de L’Alternative

Olivier LE COUR GRANDMAISON, universitaire

Jimmy BEHAGUE, président de la Neurodiversité-France

Léa LE BRICOMTE, artiste plasticienne

Paul POULAIN, philosophe des risques

Léo CHARLES, enseignant-chercheur en économie

Catégories
Restructurations économiques

16 octobre 2022 : l’appel des partis contre la vie chère

Une lecture opportuniste de la vie chère.

L’appel pour une manifestation à Paris le 16 octobre 2022 contre la vie chère est littéralement hallucinant. Non pas parce qu’on n’y parle de capitalisme, parce que ça, ça n’est pas hallucinant, c’est traditionnel de la part de gens cherchant à se faire une place « sociale » dans le capitalisme.

Non, c’est hallucinant, parce qu’il n’y a pas un mot sur la guerre en Ukraine. On est en pleine bataille pour le repartage du monde, l’Union européenne et la France ont instauré des sanctions contre la Russie, cela provoque une inflation importante dans le domaine de l’énergie…

Et ces gens font tous semblant que la France soit une île capitaliste-sociale bien heureuse peuplé de gens aux rêves de propriétaire petit-bourgeois, où il s’agit juste de chercher à grappiller un peu plus de sous afin de pouvoir davantage consommer dans le capitalisme.

Cet appel est une honte absolue sur le plan historique.

« 16 organisations politiques et syndicales ont lancé un appel pour une grande marche contre la vie chère et l’inaction climatique le 16 octobre à Paris.

Europe Écologie-Les Verts, Ensemble !, Gauche Démocratique et sociale (GDS), Gauche Écosocialiste, Génération·s, La France insoumise, L’Alternative, La Voix lycéenne, Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Nouvelle Donne, Parti de gauche (PG), Parti ouvrier indépendant (POI), Parti socialiste, Place publique, Pour une Écologie Populaire et Sociale (PEPS), Révolution Écologique pour le Vivant (REV) s’adressent à toutes celles et ceux, associations, syndicats, partis politiques, à toutes les personnes, structurées ou non dans un collectif de lutte, qui se reconnaissent dans le mot d’ordre “fin du monde, fin du mois même combat” à se rassembler pour marcher le 16 octobre contre la vie chère et l’inaction climatique d’Emmanuel Macron. 

[Le PCF s’est ajouté à la liste.]

Vie chère, urgence climatique, retraites : mobilisons-nous !

Les prix explosent et les fins de mois sont de plus en plus difficiles. Mais le pouvoir macroniste refuse d’augmenter les salaires, de geler les loyers ou de bloquer les prix face à la vie chère.

Pire encore, il prévoit de nouvelles attaques contre le régime des retraites et l’assurance-chômage et organise la destruction des services publics, notamment ceux de l’éducation et de la santé.
La planète brûle et l’eau manque. Mais le gouvernement, déjà condamné pour inaction environnementale, poursuit une politique antiécologique qui met en danger l’avenir même de notre écosystème. Il y a urgence à agir pour planifier la transition indispensable face à l’urgence climatique pour en finir avec notre dépendance aux énergies fossiles et aux fluctuations des prix du gaz et du pétrole. 

Pendant que le peuple subit et que la planète souffre, Macron protège ses amis les plus fortunés : quelques superprofiteurs continuent à engranger. Les dividendes versés aux actionnaires ont atteint cette année un record historique. Les hyper riches peuvent toujours profiter de leurs jets et yachts super-polluants : les restrictions ne les concernent jamais. La taxe sur les superprofits, pourtant mise en place dans de nombreux pays d’Europe, n’est toujours pas à l’ordre du jour ! 

Cette situation ne peut plus durer. Nous lançons un appel à une grande marche contre la vie chère et l’inaction climatique à Paris le dimanche 16 octobre, précédée par des initiatives symboliques le samedi 15 octobre.

Cette initiative nationale s’inscrira dans la continuité des mobilisations engagées par les syndicats et associations, dont les journées nationales d’action des 22 et 29 septembre et la mobilisation climat du 23 septembre.
Nous marcherons :

– pour la hausse des salaires et des minimas sociaux et contre la réforme de l’assurance chômage
– pour le blocage des prix de l’énergie, des produits de première nécessité et le gel des loyers
– pour la taxation immédiate des superprofits 
– pour des investissements massifs dans la bifurcation écologique créatrice d’emplois locaux ; et notamment dans les transports en commun pour les rendre accessibles à tous, dans l’isolation des logements pour réduire les factures et les pollutions, dans la conversion vers une agriculture écologique pour rendre l’alimentation saine accessible à tous, dans les énergies renouvelables moins coûteuses et écologiques 
– contre le report de l’âge de départ à la retraite et pour le retour à la retraite à 60 ans
– pour une allocation d’autonomie pour les jeunes dès 18 ans

Nous proposons à l’ensemble des organisations syndicales, associatives, politiques et aux collectifs de citoyens qui partagent ces revendications de construire avec nous cette initiative commune.

Catégories
Restructurations économiques

16 octobre 2022 : l’appel des associations contre la vie chère

Une lecture misérabiliste de la vie chère.

Il existe en France une multitude d’associations, et ces associations ont une idéologie associative. Ce sont, pour le dire simplement et ouvertement, des lobbys, qui n’ont toutefois pas la dimension des lobbys à l’américaine. Mais ils aimeraient bien.

L’appel à la manifestation parisienne du 16 octobre 2022 contre la vie chère le reflète parfaitement. On est dans un misérabilisme où, à lire l’appel, la solution serait de déverser des millions d’euros sur ces associations, de les intégrer à l’Etat, et tous les problèmes seraient réglés.

Cela présuppose bien entendu de ne pas parler du capitalisme et de la guerre inévitable pour le repartage du monde… D’où une tentative de bifurcation sur la question climatique, comme si cela avait un rapport ici avec la vie chère.

La dimension artificielle de telles initiatives saute aux yeux ; leur caractère anti-lutte de classes en est d’autant plus flagrant pour qui a conscience de l’époque.

16 octobre : toutes et tous dans la rue !

Incapable d’enrayer l’inflation, il refuse de taxer les super-profits des grandes entreprises. Total, Engie… les entreprises du secteur énergétique engrangent des profits record, alors que ceux d’en bas doivent se contenter de miettes.

En annonçant la « fin de l’abondance », Emmanuel Macron exhorte les Français·es à se serrer la ceinture pendant qu’il multiplie les cadeaux fiscaux en creusant les inégalités.

Résultat : les 5 premières fortunes de France ont doublé leur richesse depuis la crise du Covid, et possèdent autant que les 40 % les plus pauvres. Les crimes climatiques des ultra-riches sont le symbole d’une société d’hyper-consommation, d’un mode de vie détruisant la planète et du refus de contribuer au bien commun. Et maintenant Macron n’hésite pas à agiter la possibilité d’un passage en force avec un 49.3 sur les retraites.

Face à cette stratégie, construisons un plan de bataille. Les journées du 23 septembre sur le climat, la grève interprofessionnelle du 29 septembre sont les premiers pas pour une riposte d’ensemble à la politique néolibérale autoritaire du gouvernement Macron qui fait le lit de l’extrême droite.

Marchons le 16 octobre

Bien que la marche du 16 octobre soit initiée par les partis politiques et que nous comprenons les réticences des mouvements sociaux à la soutenir, elle est aujourd’hui un élément de la création d’un rapport de forces face aux projets de régression sociale et à l’inertie écologique du gouvernement. La violence des attaques du gouvernement appelle une riposte commune et prolongée.

C’est pourquoi, en toute indépendance, nous participerons à la marche du 16 octobre :

pour la hausse des salaires, des pensions et des minimas sociaux et contre la réforme de l’assurance chômage et du RSA

pour l’égalité des salaires femmes – hommes.

pour le blocage des prix de l’énergie, des produits de première nécessité.

pour le gel des loyers et la réquisition des logements vides.

pour la taxation immédiate des superprofits.

pour des investissements massifs dans la bifurcation écologique, notamment l’isolation des logements, les transports en commun, les énergies renouvelables et la transition vers une agriculture écologique.

contre le report de l’âge de départ à la retraite et pour le retour à la retraite à 60 ans.

pour une allocation d’autonomie pour les jeunes dès 18 ans.

pour la régularisation des sans-papiers, contre les projets de loi sur la sécurité et l’immigration, et l’impunité policière.

Les premiers signataires

AC !
Acides : Alliance contre les crimes industriels et pour le droit à un environnement sain
Ambassade des immigrés
APEIS
Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT)
Association des Marocains en France (AMF)
Association des Travailleurs maghrébins en France (ATMF)
Association pour le Changement et la Démocratie en Algérie (ACDA)
Attac France
CEDETIM
Changer de cap
Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT)
Conseil National de la Nouvelle Résistance (CNNR)
COPAF (Collectif pour l’Avenir des Foyers)
Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)
Fondation Copernic
La Chapelle debout
Maison du Tamil Eelam
MAN, Mouvement pour une Alternative Non-violente
Marche des solidarités
MNCP (Mouvement national des Chômeurs et Précaires)
Mouvement citoyen marseillais Nos Vies, Nos Voix
MRAP
Sang pour Sans
Stop Précarité
Unis pour le climat et la biodiversité

Catégories
Guerre

La campagne « Rheinmetall Entwaffnen » en Allemagne

Un pacifisme héritier du mouvement ouvrier.

La déclaration par le chancelier allemand Olaf Scholz issu du SPD le 27 février 2022 de la création d’un fonds spécial pour le réarmement de l’Allemagne d’une hauteur de 100 milliards a fait grand bruit, en Allemagne comme partout en Europe.

Sans surprise, en France, il en est plus ressorti une vieille rancœur germanophobe avec la crainte à peine masquée de voir l’immense complexe militaro-industriel français être concurrencé en Europe.

Or, contrairement à la France où le terrain de la contestation antimilitariste est littéralement absent, il existe en Allemagne une importante tradition pacifiste liée à l’un des plus grands mouvement ouvriers européens qui, rappelons-le, a généré des figures d’importance comme Karl Kautsky, Rosa Luxembourg, Karl Liebknecht, Ernst Thälmann, Ulrike Meinhof…

On retrouve une partie de cette tradition dans la campagne ou plutôt l’alliance « Rheinmetall Entwaffnen » (Désarmer Rheinmetall) lancée en 2018, et qui chaque année organise un camp d’été autour de débats, d’activités et se concluant par une manifestation, le tout étant rythmés par des démarches plus activistes.

Rheinmetall ainsi que Heckler & Koch sont à l’Allemagne ce que sont Dassault ou Nexter à la France, soit des rouages névralgiques de l’industrie de guerre. Et si en France il existe l’association « Stop fueling War » (Cesser d’alimenter la guerre) fondée en 2017, « Rheinmetall Entwaffnen » s’en démarque par son militantisme qui se déploie sur le terrain d’une critique du militarisme comme faisant partie du système capitaliste.

Cela fait ici écho à la pensée de Rosa Luxembourg qui pensait dans son ouvrage majeur « l’Accumulation du capital » publié en 1913 que le capitalisme ne pouvait s’élargir sans la conquête militaire de zones non capitalistes, analyse qui fut par ailleurs critiquée par d’autres figures comme Lénine en Russie. On remarquera le clin d’œil fait à cette grande figure du mouvement ouvrier international par la petite gazette française anti-guerre « Rosa », qui porte son prénom.

Pour comprendre la démarche de « Rheinmetall Entwaffnen », voici la conclusion de la présentation du camp d’été baptisé « Désarmer Rheinmetall n’est pas un art », en référence à l’exposition d’art contemporain la Documenta qui avait lieu au même moment à Kassel, une ville moyenne de 200 000 habitants au centre de l’Allemagne où se concentre de nombreuses fabriques d’armement :

En tant qu’internationalistes et antimilitaristes, nous sommes solidaires de ceux qui se rebellent contre les guerres – qui sabotent, désertent, s’évadent. Nous nous battons avec ceux qui refusent d’allégeance à leurs seigneurs de guerre. La solidarité signifie rejeter l’incitation au bellicisme et reconnaître que nos alliés sont au-delà des lignes de front. La limite est toujours entre le haut et le bas.

[…]

Les guerres de ce monde doivent être terminées dès que possible. Nous nous opposons à la militarisation et au réarmement. Il nous faut 100 milliards d’euros pour la santé, l’éducation et la transition écologique au lieu de les fourrer dans le cul de l’industrie de l’armement. Nous voulons sortir du système capitaliste mondial qui apporte avec lui tant de catastrophes, de crises et de guerres.

Pour conclure le camp pacifiste, une manifestation « Contre l’armement et la militarisation » a réuni le samedi 3 septembre environ 1000 personnes dans le centre-ville de Kassel, derrière des slogans comme « Non au programme de réarmement de 100 milliards d’euros », « Plus jamais la guerre ! », ce slogan héritier du pacifisme de la Première Guerre mondiale ou bien encore « Le militarisme n’est pas de la solidarité », en référence aux livraisons d’armes au régime ukrainien et dont on trouve une explication intéressante :


La militarisation a un impact profond sur notre société. Ce faisant, il peut se connecter au patriarcat. Les hommes sont contraints à un rôle « héroïque » de combat sur les lignes de front, les femmes sont reléguées à une position vulnérable et pitoyable. L’État ukrainien en fait une doctrine d’État en refusant de quitter le pays ou en emprisonnant les déserteurs ou les objecteurs de conscience.

La veille, le vendredi 2 septembre, environ 200 personnes s’étaient rassemblées devant l’usine Rheinmetall afin d’en bloquer la production, ce qui a réussi puisque les ouvriers furent renvoyés chez eux, le rassemblement finissant par être délogé de force par la police à coups de gaz lacrymogènes. Un type d’action qui a déjà eu lieu à 2019 à Unterlüß, en Basse-Saxe, où les portes de l’usine Rheinmetall furent bloquées avec du bois et les planches d’une tourelle de chasse d’une forêt voisine !

Lors de ces journées de protestation, plusieurs opérations activistes ont ainsi eu lieu, contribuant à créer un climat d’agitation dans la ville permettant un débat d’idée autour de la question de l’industrie de guerre et le réarmement.

On peut citer des jets de peinture rouge sur le bâtiment d’un sous-traitant industriel de Rheinmetall, des pochoirs « aucun soldat allemand pour la guerre ». Ce sont également des affichettes qui ont été collées sur la plaque commémorative au ton plus que nationaliste du monument aux morts des deux guerres mondiales. Cette affichette présentait la biographie d’Helmut R., « né à Kassel en 1915, déserte la Wehrmacht en 1940 et rejoint un groupe de résistants français. Il a participé à des actions de sabotage contre l’industrie d’armement allemande. Il est arrêté en 1942. Il a été exécuté le 26 mai 1943 ».

On retrouve régulièrement mis en avant ce lien entre l’antifascisme et l’antimilitarisme. En mai 2021, un rassemblement a eu lieu devant la société de logistique DB Schenker à Hanovre du fait de son enrichissement pendant la Seconde Guerre mondiale, et cela jusqu’à aujourd’hui puisque le transport d’armement et la logistique militaire sont d’importantes activités de l’entreprise.

Le 8 octobre 2021, réunies derrière des banderoles portant les morts d’ordre « Bloquer Hecker & Koch, attaquer les profiteurs de guerre », « Bloquer les sociétés d’armement. La guerre commence ici », 200 activistes répondirent à l’appel de l’alliance à bloquer l’usine Hecker & Koch à Oberndorf am Neckar, entreprise spécialisée dans la fabrication d’armes de poing et dont les racines historiques puisent dans le travail forcé pendant le nazisme.

Vu de France, ce pays où la bataille populaire contre le militarisme est au point mort, la campagne Rheinmetall Entwaffnen est une grande bouffée d’oxygène !

Catégories
Politique

Le manifeste de Bernard Cazeneuve pour reformer le centre-gauche

Un long manifeste qui ne fera pas rêver.

Bernard Cazeneuve a été Premier ministre de François Hollande pendant près de six mois, après avoir été ministre de l’Intérieur pendant près de trois ans. Il tire une certaine légitimité de cette période et incarne dorénavant une perspective de renouveau pour tout le courant issu du Parti socialiste qui est amèr du grand recul de celui-ci.

Ces gens considèrent que la Gauche s’est trahie en se rangeant derrière les populistes de la France insoumise pour former la NUPES. Selon eux, il faut une Gauche centriste, qui ne déborde pas du cadre des institutions, qui apparait comme raisonnable et conciliante. Autrement dit, une « Gauche » bourgeoise, bien ancrée dans le capitalisme qu’il s’agit simplement d’accompagner de manière « sociale » et « égalitaire ». Les 400 personnes entourant Bernard Cazeneuve dans sa démarche sont d’ailleurs tout à fait représentatives de la bourgeoisie et intégrées au sein de celle-ci.

Leur manifeste publié en cette rentrée 2022 est très long, mais ne dit pas grand chose pour autant. Le discours est typique du vieux monde qui tente de se maintenir en niant la crise et la tendance à la guerre mondiale, en faisant comme s’il suffisait du combo services publics / Union européenne / syndicats pour préserver le train-train de la vie quotidienne française.

Tout cela est vain, car justement ce train-train de la vie quotidienne française ces cinquante dernières années a été dévastateur et ne peut plus durer : il a lessivé le mouvement ouvrier et la perspective du Socialisme, il a fait triompher le libéralisme et le turbo-capitalisme, il a écrasé la Nature et les animaux. Le prix à payer pour cela va être très élevé pour la société française pétrie de ses illusions, qui ne voit toujours rien venir.

Bernard Cazneuve et sa clique font en tous cas partie du passé, car ils n’ont rien à apporter, comme l’illustre parfaitement leur manifeste aussi ringard que prétentieux. C’est en quelque sorte le pendant réformiste et vide du populisme débridé et bavard de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

« Manifeste pour une gauche sociale-démocrate, républicaine, humaniste et écologique

L’abstention massive des Français témoigne également de la perte de confiance dans les institutions de la République, mais aussi dans les forces politiques constituées, dont les citoyens doutent désormais qu’elles seront capables de se mettre au service du bien collectif. Il est fort probable que la communication débridée d’une majorité dévitalisée, sans boussole ni projet, et que les postures théâtrales des oppositions radicalisées ne suffiront pas à répondre à l’épuisement démocratique, qui prive la République de sa force vitale.

Alors que notre système politique et institutionnel voit sa légitimité contestée et son efficacité amoindrie, les Français aspirent à un gouvernement qui puisse agir de nouveau en les respectant, c’est-à-dire en s’adressant à leur intelligence collective. C’est dans ce contraste entre la situation politique et les aspirations profondes des Français que réside le risque d’un grave court-circuit démocratique : le blocage potentiel des institutions, la montée de la violence dans l’espace du débat public, l’effacement de la notion de respect, la volonté de certains de susciter, à chaque instant, la contestation de tout, en poussant la foule à s’emparer de la rue, offrent de sombres perspectives à notre pays.

Le mal est profond. Le divorce entre le peuple et les responsables politiques est consommé. Les Français sont de plus en plus nombreux à ne pas se sentir écoutés et – bien plus grave  – respectés. Le ressentiment le dispute au fatalisme, à l’insécurité culturelle s’ajoute une précarité existentielle débouchant sur le sentiment de vivre dans une société à durée déterminée. L’insécurité au quotidien, couplée à l’incertitude du lendemain, attise l’incompréhension mais aussi la colère. Pourtant, comme une lueur d’espérance, l’aspiration à la justice, à la concorde et au progrès est toujours aussi présente. Les énergies sont partout et l’envie de servir demeure infinie. Comme souvent face aux grandes épreuves, la France n’a pas perdu foi en elle-même.

Au fond, ce nouveau paysage politique souligne aussi le vide laissé par la sociale-démocratie et les humanistes de gauche. C’est ainsi qu’il faut lire ce texte, qui n’est autre qu’un appel à la refondation et donc à la constitution d’une dynamique collective. Un progrès qui protège, une République revivifiée, un État profondément restauré et un humanisme véritablement écologique : voici ce qui manque aux débats, voilà le cœur d’un nouveau mandat pour l’action. Il nous revient donc à nous, républicains de gauche et d’où que nous venions, de nous organiser pour rassembler nos forces et conjuguer nos efforts afin de redonner aux Français l’espérance à laquelle ils ont droit.

Voilà le mandat des militants de l’espérance : démontrer jour après jour qu’une autre gauche est possible, qui rompe avec l’outrance et le sectarisme, mais qui demeure ardente dans le refus des inégalités, des injustices et des discriminations, dans la défense des valeurs de la République et dans sa détermination à réussir le grand combat pour le climat, dont la jeunesse du monde entier porte avec audace le flambeau.

Un risque de dislocation de la société française

Les Français aspirent à un profond changement. Ils demandent à être convaincus que le progrès est encore une promesse possible pour eux-mêmes et leurs enfants. Certains aspirent au souffle des grandes espérances, qui a parfois permis dans l’Histoire d’enjamber un monde pour en faire jaillir un autre, qui soit plus juste et moins violent.  Beaucoup s’inquiètent du climat de tensions extrêmes dans lequel la Nation se trouve plongée. À l’occasion de l’élection présidentielle, le sentiment a dominé que la faiblesse de l’offre politique imposait au pays un choix par défaut. Ce que l’on a appelé le vote utile s’est traduit, pour bien des citoyens, par la résignation au moindre mal, dans un contexte où aucune force ne parvenait plus à apaiser le peuple, encore moins à l’unir.

Le délitement du débat public et du pacte civique résulte de l’affaissement des institutions, de l’abaissement des comportements dans la violence verbale et numérique, au point qu’il ne demeure presque plus rien de l’esprit républicain qui fit l’unité et l’indivisibilité de la Nation. Le passage au quinquennat a privé, mécaniquement, le chef de l’État du temps nécessaire à l’affirmation de son pouvoir d’arbitrage ; l’élection des députés dans la foulée a abouti à une désincarnation du Parlement assujetti à une technostructure froide, déconnectée et à l’exercice isolé du pouvoir présidentiel. L’accoutumance à la violence et à la transgression a convaincu chacun qu’il peut tout dire, tout faire et tout oser, pour atteindre ses buts. Les partis ont peu à peu cessé de jouer leur rôle d’enceinte de délibération où s’élaborent les propositions et les projets, pour se transformer en écuries d’ambitieux qu’anime la tactique plutôt que le bien commun. Les artifices de communication et les mises en scène théâtrales, auxquelles bien des responsables politiques se livrent pour dissimuler leur impuissance ou leur absence d’imagination réduisent la politique à un art de la séduction, éventuellement de la disruption, sans place pour le courage et les convictions. De ce jeu dont ils jugent sévèrement les acteurs, les Français ne sont pas dupes. Ils s’abstiennent de plus en plus ou choisissent le bulletin blanc afin de n’apporter à ce triste spectacle ni leur concours ni leurs voix. Il y a désormais un blocage, un refus d’obstacle, la démocratie représentative est en danger.

La société française fait face à un risque de dislocation. Pour prévenir cette désagrégation, quatre défis appellent des solutions urgentes : celle de la lutte contre les inégalités, à l’heure où les injustices accroissent les risques de fracturation de la société française ; celle du défi écologique et climatique, qui relève désormais d’une course effrénée contre la montre ; celle du nécessaire ré-ancrage républicain de la Nation, alors que des forces extrémistes, identitaires et violentes, assument de plus en plus ouvertement leur rupture avec l’universalisme, dont les républicains sont les héritiers ; celle de la réparation de l’État, abîmé et fragilisé par de funestes réformes, la réduction inconsidérée  de ses moyens, comme de sa capacité d’agir, notamment pour protéger les Français et la banalisation de son statut.

À gauche, l’aspiration au « rassemblement » est indissociable de l’espérance. Mais l’union est une discipline, qui revêt une part d’exigence morale et suppose la fidélité à des convictions, à des valeurs et à un héritage. C’est pourquoi la gauche de gouvernement, dans le temps long de son histoire, a toujours accepté de se confronter à la réalité, en faisant de l’éthique de la responsabilité l’instrument de sa crédibilité. Renoncer à cette identité reviendrait pour elle à se perdre, en laissant le champ libre à l’alliance de la droite extrême et à l’extrême droite. Dans la tempête et face au danger la faute funeste consiste à laisser tomber sa boussole.

La gauche de transformation, du fait de sa tradition pluraliste, est en outre la seule en capacité de réunir les différentes aspirations au progrès social, économique, environnemental, démocratique, sans transiger avec les valeurs de la République, le respect de l’État de droit et l’ambition d’une Europe plus forte et plus solidaire. La reconstruction d’une véritable perspective sociale-démocrate est urgente, si nous voulons pour nos enfants une société plus juste et plus écologique.

Refaire Nation

En nous attaquant aux inégalités, nous affirmons notre détermination à refaire Nation, en offrant à tous la perspective d’une vie digne et en protégeant le plus grand nombre du risque de déclassement. La société française, plus que jamais fragmentée et polarisée, hystérisée par les postures de confrontation entretenues en son sein ne se pense plus comme le creuset d’aspirations communes, mais comme la juxtaposition de groupes sociaux se représentant en communautés recroquevillées et hostiles les unes à l’égard des autres, où la revendication individuelle domine, au détriment des ambitions collectives et des préoccupations d’intérêt général. Face à la relégation vécue ou redoutée qu’éprouvent intimement nos concitoyens dans bien des territoires   – et qui se fait plus vive à mesure que l’on s’éloigne des centres urbains denses et connectés – les services publics sont à juste titre perçus comme l’instrument d’une possible solidarité, comme le levier de l’égalité réelle.

Les crises les plus récentes, par leur effet de souffle – le mouvement des gilets jaunes qui notamment a mis en lumière les fractures profondes au sein de la société française –, ont souvent conduit les gouvernants à privilégier la gestion politique immédiate, destinée à éteindre l’incendie, au détriment de la compréhension en profondeur des colères dont ils n’avaient que rarement anticipé l’avènement. Alors que les récentes poussées de fièvre ont, partout en France, résulté en grande partie d’un sentiment d’oubli des villes moyennes, des communes rurales reculées et des Outre-mer, une réponse plus ample, alliant le renforcement de la présence de l’État et des services publics et le retour à une ambitieuse politique de développement du territoire, aurait sans doute été plus efficace.

La question de la qualité et de la répartition des services publics sur le territoire national, face aux besoins affirmés de protection des Français, est devenue le critère à partir duquel s’opère ou non le consentement à l’impôt, ainsi que la capacité des citoyens à adhérer aux réformes qui leur sont proposées. Il en est ainsi des décisions visant à promouvoir les grandes politiques publiques de lutte contre le réchauffement climatique. Le renoncement à l’automobile dans les métropoles comme dans les campagnes n’est envisageable que si les transports sont non seulement accessibles, mais offrent un niveau de régularité, de sécurité et de confort conforme aux attentes des salariés modestes, des jeunes en formation, au travail ou en recherche d’emploi, encore très dépendants de la voiture pour leur activité et leur vie quotidienne.

Rétablir la possibilité de l’ascension sociale et garantir des conditions égales de dignité

S’engager pour la justice, c’est d’abord s’engager résolument dans le combat pour les droits des femmes et pour l’éradication des violences dont elles sont les victimes. Le féminisme est indissociable du combat pour le progrès. La belle idée théorisée par Gisèle Halimi en 2008, « la clause de l’Européenne la plus favorisée », doit enfin se concrétiser. Dans tous les domaines de la vie en société, nous devons prendre comme référence les pays européens où les législations sont les plus progressistes sans se laisser intimider par les lobbies conservateurs, aussi puissants soient-ils.

Pour plus de justice, il nous faut renouveler les conditions d’adhésion au contrat social en rétablissant la possibilité de l’ascension sociale et en garantissant des conditions égales de dignité. Cela suppose notamment de mieux prendre en compte les difficultés de nos concitoyens en situation de handicap : revalorisation des aides, valorisation du rôle des aidants familiaux, meilleur accès aux services publics et donc aussi à l’école. En effet, la dignité de notre société se mesure à sa capacité à réduire les inégalités notables et inacceptables qui subsistent en son sein. La société, lorsqu’elle se fige, consacre toujours les héritiers et n’assure plus la promesse républicaine d’un avenir meilleur pour les générations nouvelles et les plus vulnérables.

Porter le projet d’un progrès qui protège c’est aussi combattre fermement les inégalités en matière de santé. Trop souvent encore, nos concitoyens en situation de précarité ne bénéficient pas d’une garantie d’accès aux soins. Améliorer leurs conditions de vie et assurer leur dignité passe donc par le déploiement de politiques publiques plus volontaristes, notamment par le renforcement de la médecine préventive dont on sait qu’elle est encore plus indispensable pour les plus précaires et les plus isolés. Au-delà, la consolidation de l’hôpital comme pilier des politiques publiques d’accès à la santé de tous les Français doit redevenir l’une des priorités de l’action de l’État, en revalorisant les métiers, en soulageant les urgences et en luttant contre les déserts médicaux grâce à une politique d’incitation véritablement attractive.

Pour que le futur ne soit pas une fatalité, notre système éducatif doit être repensé comme la pierre angulaire d’une société renouant avec la bienveillance, le respect et la confiance dans la science, le progrès, les savoirs. Cela suppose la revalorisation des salaires des professeurs, qui doit manifester toute l’estime dans laquelle la société les tient mais aussi leur recrutement en nombre suffisant – au même titre d’ailleurs que pour les soignants, les « gardiens de la paix », ou les personnels de justice. La centralité de l’école dans les projets et les budgets, c’est aussi celle de la laïcité. La séparation des églises et de l’État est un principe de liberté – celle de croire ou de ne pas croire – et de concorde – la foi des uns ne fait pas la loi des autres, encore moins celle de tous. Face aux séparatismes religieux ou ethniques, au différentialisme et aux relativismes culturels, face à l’affirmation d’un islam politique qui hait l’universalisme français et soumet nos compatriotes de confession musulmane au joug d’une radicalité religieuse – alors même que ces derniers aspirent à vivre en paix dans la communauté nationale – la laïcité est ce trésor commun qu’il nous faut défendre sans relâche. Vouloir encore et toujours la République laïque c’est désirer ardemment l’égalité et le respect de l’autre, dans sa singularité, en raison du creuset de valeurs que nous avons en partage et qui nous permet de transcender nos différences. Les inégalités de destin s’inscrivent aussi dans les difficultés d’accès au logement. Les communes qui dérogent au principe même de la mixité sociale, malgré les pénalités financières, doivent être conduites à relancer la construction de logements sociaux. Les logements existants doivent être remis aux normes en alliant l’objectif d’une amélioration de la qualité de la vie à celui de la transition écologique. Enfin, vecteur d’insertion et de stabilité, l’accès au logement pour les familles monoparentales et les ménages sans domicile doit constituer une priorité. Le sans-abrisme n’est pas une fatalité, pas plus que l’attente prolongée de milliers de familles et d’enfants dans les hôtels sociaux. C’est par une politique ambitieuse et exigeante en matière de logement que les Français les plus en difficulté pourront recommencer à adhérer au contrat social et républicain.

Il est aujourd’hui encore du devoir des sociaux-démocrates de rappeler que les victimes des inégalités, les citoyens relégués par les effets de l’injustice de la naissance ou de l’existence, n’ont pas à être privés de la possibilité d’une redistribution équitable des fruits de leur travail. Notre politique ne peut plus seulement être celle de l’emploi mais bien celle du travail qui doit être repensée à l’aune de la transition écologique avec les travailleurs, les syndicats et le patronat. S’il faut rompre avec le toujours-plus, la simple affirmation de ce mantra ne trace aucune piste et dissimule la complexité des réformes à venir.

L’un des enjeux du monde du travail est de fournir des emplois de qualité, assurant non seulement un plus grand bien-être des salariés, mais aussi des progrès en matière de productivité et d’efficacité globale. L’ensemble des secteurs professionnels devront se faire plus sobres sans pour autant renoncer à l’ingéniosité française. Les progrès du travail et des technologies, en un mot du génie mécanique à l’œuvre dans toutes les réalisations humaines, sont un fait : il sera le moteur des solutions de demain, dans les secteurs qui demandent beaucoup de main-d’œuvre comme dans ceux qui en mobilisent moins. Pour que le progrès soit réel, il faut qu’il soit complet. Cela suppose qu’il soit maîtrisé, qu’il s’appuie sur les formidables potentialités du génie humain mais qu’il reste sans cesse guidé par les principes éthiques. Car le progrès n’est digne de sa promesse que s’il sert à lutter contre les injustices et les inégalités. Nécessairement technique, il doit être impérativement mis au service du quotidien des employés, augmentant la qualité de leur travail. Ainsi, le progrès pourra s’incarner dans l’efficacité de nouvelles méthodes qui assurent la protection des salariés, et non le sacrifice de la qualité de leur vie au travail ou de leur sécurité. Cette exigence est d’autant plus indispensable à l’âge de l’individualisation des métiers et de la numérisation des organisations. Cette mutation ne peut se faire que si le travail paie, que si la dignité des Français résulte aussi de leur labeur. Dans cette place reconnue donnée au travail, la plus grande intégration des syndicats et de leurs représentants à la vie de l’entreprise sera essentielle autant que fondatrice. Elle permettra un meilleur partage de l’information, une plus grande représentation des salariés dans les instances de décisions et de rémunérations, une redistribution plus juste de la valeur produite. C’est l’entreprise tout entière qui doit redevenir un espace de discussions et de compromis et non le lieu de toutes les confrontations et dominations, car elle est une communauté humaine essentielle pour relever les défis collectifs et favoriser un accomplissement individuel.

De progrès, la réforme des retraites doit l’être impérativement. Celle qui consisterait à repousser toujours plus loin l’âge de départ serait injuste et inefficace, en perpétuant l’idée que toute réforme est destinée à imposer d’abord des reculs de notre système de protection sociale, en niant les différences d’espérance de vie entre les Français, la pénibilité de certains métiers et en négligeant l’enjeu essentiel de l’emploi des seniors. Une telle approche n’aurait pour résultat que de dégager des marges budgétaires dans le cadre d’une politique sans vision ni projet à long terme. De surcroît, aucune modernisation du système visant à sauvegarder le principe solidaire de la répartition se sera possible sans que soient prises en compte la pénibilité du travail et la possibilité de partir en retraite de manière anticipée – en particulier dans le cas des carrières longues. La question du niveau des retraites les plus basses reste centrale : elles devront être réévaluées.

Face au changement climatique, l’immobilisme est criminel

Il appartient aussi aux sociaux-démocrates de ne jamais rendre incompatibles, par dogmatisme, la réduction des inégalités et l’ambition écologique. Cette politique sans nuance aboutirait au risque de voir les élites divorcer définitivement des classes populaires et d’une part croissante des classes moyennes, sans le concours desquelles les objectifs climatiques échoueraient à trouver leurs débouchés démocratiques. Le mouvement des ronds-points, à l’automne 2018, a témoigné de l’ampleur de ce dilemme et de l’impasse que représente, pour les gouvernements, la mise en opposition du sauvetage de la planète et du besoin de protection des populations les plus fragiles. Il est donc du devoir des nations de faire converger les objectifs de politiques publiques, définis dans le cadre des conférences pour le climat, au sein d’un agenda international crédible qui rende le marché et la justice sociale possibles, en privilégiant les filières d’excellence de la grande mutation écologique.

Face au changement climatique, l’immobilisme est criminel. Les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dans son dernier rapport, sont sans appel, qui pointent notre responsabilité collective dans le réchauffement global de l’atmosphère, des océans et des continents. Le lien entre les émissions de CO2, résultant des activités humaines, les dérèglements climatiques, les manifestations météorologiques extrêmes impactant les territoires où nous vivons, donnent une dimension d’urgence au défi climatique. Le moment d’agir ne peut plus être différé. L’urgence environnementale, celle qui concerne le climat et la biodiversité, la qualité de l’air et l’accès à l’eau, est une urgence vitale. Elle est devenue existentielle au sens où de son issue dépend, à très brève échéance, la possibilité même de la vie. Le bouleversement climatique est en effet sans précédent. Il s’accélère comme un processus désormais hors de contrôle, face auquel il faudrait une volonté unanime des États et des organisations internationales pour retrouver la maîtrise de notre destin. La hausse du niveau des mers, la fonte des calottes glaciaires et le réchauffement climatique qui s’accélèrent constituent un point de basculement dont les conséquences, à court terme, pourraient se révéler à la fois irréversibles et imprévisibles. S’il est encore possible de limiter la hausse des températures à l’horizon 2050, l’effort pour y parvenir sera tel qu’il ne s’accomplira pas en faisant l’économie d’une stratégie concertée des nations, elles-mêmes armées d’un surcroît de détermination ou de volonté.

En 2015, lors de la conférence de Paris pour le climat, la France a incarné une ambition pour la planète. Ce qui paraissait alors hors de portée s’est traduit par un accord historique, dont la feuille de route a soulevé une espérance, en montrant le chemin d’une possible réconciliation entre la production, maîtrisée dans ses effets, et l’indispensable transition écologique. Depuis, la trajectoire des émissions de gaz à effet de serre de la France indique qu’elle ne tiendra pas ses objectifs climatiques de Paris. La production bas-carbone de notre électricité grâce à la filière nucléaire française constitue l’une de nos forces pour tenir nos engagements. Mais elle est largement compensée par nos retards – dont nos nombreuses importations très intenses en charbon – nos mobilités encore trop polluantes ou encore notre filière renouvelable insuffisamment développée.

Une nouvelle approche de l’intervention de la puissance publique

La réussite de la transition passe par une nouvelle approche de l’intervention de la puissance publique. Il est pour les Français inconcevable que les compétences, les investissements et les actions conjointes de l’État, de la puissance publique locale, et d’abord des régions et des métropoles, des grands opérateurs publics et des entreprises ne soient pas mieux coordonnés et planifiés pour permettre la réduction de la fracture territoriale dans des conditions qui soient compatibles avec l’urgence climatique. La politique énergétique doit trouver son équilibre entre la promotion du renouvelable, la modernisation du parc nucléaire, la poursuite des programmes de réduction de la consommation d’énergie. Dans cette perspective, l’accélération de la mise aux normes environnementales des bâtiments publics et privés doit continuer à mobiliser les pouvoirs publics nationaux et locaux. De même, la commande publique doit être plus responsable et ses acteurs   –État, collectivités locales, bailleurs, etc. – activer les nouveaux leviers de la loi sans attendre. Le combat de la transition est aussi celui de l’Europe. Les plans de relance européens et les capacités d’investissement des différents instruments de l’Union ne peuvent être une chance pour les territoires soumis à l’urgence climatique que si, dans chaque pays, des capacités d’anticipation et de planification s’organisent autour de la transition énergétique. Encore faut-il associer les territoires à la définition des projets et déconcentrer l’État pour qu’il coordonne leur mise en œuvre.

Pour réussir le défi écologique, nous devons bâtir une méthode et tracer des perspectives en nous appuyant sur nos entreprises. Notre industrie est composée d’un maillage de milliers d’entreprises qui conçoivent et développent des solutions pour la neutralité carbone collective, favoriser l’écoconception des produits, réduire l’empreinte de leurs productions sans en altérer la qualité et l’utilité, réinventer les modèles économiques pour qu’ils soient fondés sur la circularité et la fonctionnalité – sur l’économie des usages. Le combat qu’elles mènent est d’intérêt général et le renforcement du soutien public à leurs initiatives, une nécessité. Mais il faut aller plus loin et porter une véritable vision d’avenir. En lien avec nos partenaires européens, nous devons faire émerger de grands champions dans les domaines clés de la transition écologique – énergies, mobilités, infrastructures numériques et portuaires, éco-matériaux, agro-écologie. C’est un impératif de soutenabilité et de souveraineté. L’Europe, qui dispose de nombreux atouts pour une croissance en conscience et au sein de laquelle la France doit assumer un rôle de chef de file, permettra la sauvegarde durable de notre environnement en fournissant aux États les moyens de faire face de manière stratégique aux crises à venir.

L’Union européenne demeure pour nous la grande espérance pour notre pays

L’Union européenne demeure pour nous la grande espérance et le grand projet non seulement pour le continent mais pour notre pays. La construction européenne repose sur le principe d’un ordre en droit, inscrit dans la Constitution de la République. L’Europe est à la fois notre meilleur bouclier dans un monde chaotique et notre meilleur chemin pour le futur. Elle montre depuis 2016 sa résilience et son efficacité face aux crises. Qu’il s’agisse de l’unité enfin trouvée des Vingt-Sept face au Brexit, de la politique de vaccination continentale, du plan de relance et de la mutualisation des dettes, ou encore de la réponse commune face à la guerre que la Russie de Vladimir Poutine a engagée contre l’Ukraine et son peuple. Certains pensent que l’Union se trouve à l’origine de l’incapacité du continent à défendre ses intérêts, alors même que c’est la faiblesse de l’ambition européenne qui seule explique cet échec. Efficace face aux crises, l’Union est par ailleurs indispensable pour pouvoir peser dans ce qu’il convient d’appeler l’Ère des Empires. Sans l’Union, l’Europe restera la cible trop passive des appétits chinois, américains et russes. Elle est aussi un pôle de puissance et de stabilité dans un ordre mondial menacé par des organisations nouvelles, conjuguant terrorisme, trafics, cyber-criminalité. La géopolitique du futur est aussi celle des défis climatique, migratoire, sanitaire, des batailles pour l’accès à l’eau, au soin et à la démocratie. Avec l’Union et dans le fracas du monde, l’Europe pourra organiser la défense de ses valeurs, de ses intérêts et de ses emplois, et assurer enfin la mise en œuvre d’une volonté politique et stratégique réaffirmée.

À l’instar de notre filière nucléaire, la France a montré par le passé qu’elle était capable de lancer de grands programmes technologiques, industriels et de recherche destinés à maintenir son rang dans le monde et à garantir son indépendance et sa souveraineté. Il a fallu attendre l’étrange concept d’entreprises sans usines – c’est-à-dire l’avènement d’une conception exclusivement libérale de la division du travail à l’échelle planétaire – pour que notre pays accepte, comme une fatalité, le lent déclin de son industrie, dont les effets sur sa capacité de résilience ont été durement éprouvés au moment de la crise sanitaire. Beaucoup ont préconisé la réindustrialisation à marche forcée de la France, sans jamais faire la part de ce qui était désormais stratégique pour elle et de ce qui avait cessé de l’être depuis longtemps. Dans toutes les hypothèses évoquées et retenues, on peinait à trouver la méthode et le début d’un chemin de crédibilité. À grand renfort de slogans parfois grandiloquents, annonçant la démondialisation, on semble faire l’impasse sur la dimension internationale des grandes causes à défendre – et d’abord la lutte contre le réchauffement climatique – qui suppose que les nations les plus engagées puissent projeter, par-delà leurs frontières, une ambition universelle, en coordonnant leurs initiatives. Il s’agit de faire en sorte que les efforts accomplis par les uns, avec la préoccupation de la vie sur la planète, ne soient pas détruits par le nationalisme égoïste des autres, soucieux d’affirmer la domination de leurs produits, de leurs industries, de leurs normes et de leurs capitaux sur le reste du monde. L’utilisation extraterritoriale du droit a montré que dans cette compétition pour l’affirmation d’intérêts parfois puissants, tous les coups pouvaient être portés, et que l’Union européenne se trouvait généralement désarmée lorsque de grands pays transformaient en instrument assumé de leur hégémonisme certaines réglementations ou législations élaborées par eux. Ce chemin qui consiste à réduire le monde à un affrontement entre blocs économiques n’est ni viable ni durable.

Redonner à la puissance publique les moyens d’opérer la transformation sociale et écologique

Pour porter cette ambition de renouveau, notre vision sociale-démocrate est plus que jamais pertinente et fait preuve de sa modernité : elle affirme la nécessité de donner à la puissance publique, à l’échelle européenne, nationale et locale, les moyens d’opérer la transformation sociale et écologique. Rien de significatif ne se fera donc sans le renforcement de l’intervention de la puissance publique, sans l’affirmation par l’État de ses prérogatives, sans l’association des citoyens à une ambition commune et qui donne un sens au tout qu’ils constituent ensemble, au cœur des territoires où ils vivent. Cette ambition porte le beau nom de Nation.

Elle ne peut pas être un repli ni une fermeture sans dommages dont il suffirait d’évoquer les vertus pour nous guérir de nos insuffisances et nous protéger d’un monde hostile. Dans le lent processus historique ayant abouti à son avènement, la France a vu l’État préexister à la Nation. Le pacte qui s’est noué entre des citoyens aspirant à la liberté et formant pour l’humanité des vœux universels a donné à la souveraineté une dimension singulière, indissociable d’une irrépressible aspiration à la démocratie et dont la forme républicaine a mis du temps à éclore. C’est dans le temps long de son histoire que la République est parvenue à se doter d’institutions à même de réaliser son projet. Parmi les thuriféraires de la VIe République, figurent nombre de ceux qui rêvent du retour de la IVe, amputée de ses talents. Ce serait sans doute là le terrain le plus favorable à l’assouvissement des calculs d’appareils et des ambitions personnelles les plus indicibles. Alors que depuis plus de soixante ans, notre pays a connu de multiples alternances qui ont permis à des majorités de sensibilités différentes de mettre en œuvre leurs programmes, que les cohabitations successives se sont déroulées sans heurts, que des crises le plus souvent profondes ont pu être surmontées sans que l’indivisibilité de la Nation ne soit rompue, on voudrait s’en prendre à ce qui tient encore, comme pour faire oublier ce qui ne tient plus aux yeux des Français et qui relèvent d’un lent processus d’abaissement des comportements politiques. Faut-il pour autant ne rien faire du tout et ne plus rien oser ? Doit-on tout conserver en l’état, au motif qu’il y aurait dans le mouvement possible des choses une prise de risque dont la France n’aurait plus les moyens ? On ne peut avoir été si longtemps au pouvoir et prétendre y revenir un jour, sans avoir une juste idée des urgences de l’époque et des moyens à mobiliser pour y faire face en conduisant les réformes nécessaires.

Rien de l’ambition nationale ne peut se concevoir sans un État déconcentré fort, retrouvant sous la coordination des préfets les moyens d’une action ancrée dans les territoires et donnant un visage humain à l’administration. Dans cet esprit, tout entier tendu vers l’objectif de l’amélioration de la qualité du service public, nous pouvons parvenir à recréer une efficacité de l’action publique, en rompant avec les logiques d’attrition qui ont prévalu.

Rien de tout cela ne peut se réaliser sans un pacte de confiance renforcé avec les collectivités locales. Notre République vit du fait que des personnes sont prêtes à assumer des fonctions publiques et à assurer sur le terrain l’indispensable dialogue quotidien avec leurs concitoyens, sans se défausser de leurs responsabilités sur l’État. Ces femmes et hommes sont les maillons essentiels de la démocratie représentative et sont le gage d’une action publique de proximité à tous les échelons-clés, municipalités, intercommunalités, départements et régions.

Ainsi, les territoires sont le socle démocratique de notre République. Pour nous, sociaux-démocrates, la décentralisation est une démocratisation. Elle n’affaiblit pas l’État, elle est même le levier indispensable de la réindustrialisation de notre pays et donc de sa souveraineté, en s’appuyant notamment sur l’excellence des régions. Il n’y aura donc pas de modernisation de l’économie et du plus globalement du pays sans une nouvelle étape de décentralisation qui soit ambitieuse.

Multiplier les espaces de dialogue et de concertation

Ce n’est qu’en multipliant les espaces de dialogue et de concertation que l’on évite les courts-circuits politiques. Pour donner du sens à la vie de la Nation, nous souhaitons des corps intermédiaires structurés et puissants : des partis, des syndicats, ainsi que des institutions valorisées dans leur rôle et fonctionnant régulièrement. Il faut un Parlement qui ne soit pas un théâtre d’ombres et des représentants du peuple qui ne rompent pas le lien avec ceux qui leur ont témoigné leur confiance, au prétexte qu’il faut « faire moderne » et que les réseaux dits sociaux, avec leurs injonctions et leur bruit, suffiraient à dégager un chemin de crédibilité et de raison. On ne peut faire en politique l’économie du lien réel au citoyen. C’est pourquoi la primauté et la centralité du suffrage universel doivent être réaffirmées dans notre contrat social et démocratique.

Il n’est qu’à constater l’effacement progressif des deux assemblées législatives pour mesurer combien l’arrivée d’une classe politique sans ancrage n’a encore rien engendré de nouveau et que l’éloignement d’une base à laquelle on s’astreint à rendre des comptes réduit la politique à un jeu exclusivement tactique, destiné à se sauver soi-même. Il faut à la Nation un gouvernement qui ne soit pas composé que de collaborateurs serviles, fébriles à l’idée de tout perdre, en prenant le risque d’offenser le prince.

Et que reste-t-il des organisations qui firent si longtemps battre le cœur de la démocratie en défendant les intérêts des salariés ? Certaines d’entre elles se sont parfois montrées plus préoccupées de la préservation de leur pré carré que de la recherche des compromis utiles, permettant de faire progresser des causes justes, après avoir été arrachées de haute lutte. Encore faut-il qu’elles soient considérées par le pouvoir comme des partenaires et non des adversaires.

Quant aux associations et aux mouvements de l’éducation populaire, ils n’ont cessé d’être négligés, recevant les saluts enflammés à la fin des discours alors que leurs bénévoles méritent reconnaissance, leur contribution au pacte social et à l’autonomie de la jeunesse exigent le respect, et leurs missions imposent accompagnement moral et financier.

Enfin, le soutien à la culture et la promotion des activités culturelles dans toute leur diversité doit être assumé comme une tâche impérative de la puissance publique. La culture est nécessaire à la vie et indispensable aux citoyens pour voir et comprendre le monde.  Pour affronter ses nombreux défis, la Nation a bel et bien besoin de femmes et d’hommes éclairés à l’esprit civique et donc critique, libérés du seul économisme et rétifs à l’uniformisation culturelle, sensibilisés aux arts, épris de l’amour du beau, de tout ce qui fait aussi la France. Éducation, urbanisme, paysages, création, le droit au beau est bien plus qu’une exigence esthétique, il est un impératif catégorique d’émancipation individuelle, de transmission et de construction collectives, et de rayonnement national.

La conviction d’appartenir à la même condition humaine

C’est dans l’affirmation à chaque instant de ce que l’on est et de ce à quoi on croit que réside le vrai courage. Il n’est pas de grand fleuve qui ne procède d’une source claire. Il en va de même en politique. La victoire appelle toujours une force suffisamment puissante, pour que le courant imprime sa vitesse et que plus rien ne parvienne à l’interrompre. La satisfaction qu’engendrent les concessions faites à la radicalité est par la force des choses éphémère. Elle est comme une tentative de dérivation du fleuve par ceux qui ont oublié qu’il se dirige inéluctablement vers la mer, lorsqu’il demeure fidèle à sa source.

Il nous faut donc libérer un paysage politique dévasté et reconstruire pas à pas ce qui doit l’être : des organisations politiques tournées vers la Nation et son bien, armées de la sincérité sans laquelle il ne peut y avoir de confiance et portant un projet où l’audace ne va pas sans la part de risque qu’appelle la recherche constante de la juste position. Pour y parvenir, on aurait tort de se satisfaire des postures grandiloquentes de l’insoumission, en acceptant le mariage de l’inconséquence et de la violence, dans un nihilisme où la colère empêcherait l’avènement de l’espérance. L’amour de la justice et de l’égalité ne place pas spontanément ceux qui en sont les porte-drapeaux sur un chemin de roses. La gauche à laquelle nous croyons est pétrie de l’esprit de nuance, dont il est de notre devoir moral de faire l’éloge pour restituer au peuple des citoyens la complexité d’un monde dont nous aspirons à maîtriser le destin.

L’indignation est nécessaire mais ne suffit pas à mettre en mouvement des sociétés où des fossés se creusent, au point que les plus vulnérables, désespérés de ne pouvoir un jour rencontrer le progrès, se jettent dans les bras de populismes et d’extrémismes qui les instrumentalisent et les dupent, peu soucieux de résoudre les problèmes dont l’aggravation leur sert de rente électorale. Mais ce cynisme, enkysté depuis des décennies dans le débat public et dont l’élection présidentielle a montré l’extension géographique et sociale, n’est pas une fatalité. Il nous présente simplement les comptes de nos manquements et de nos renoncements successifs, lorsque nous abandonnons le peuple à ceux qui le trompent et que nous avons depuis longtemps cessé de lui parler, pour ne privilégier que des catégories d’intérêts ou des communautés d’appartenance.

Les combats de la gauche sont indissociablement liés à la passion de la République et à la nécessité d’en préserver toujours les valeurs, les institutions et la citoyenneté. L’unité et l’indivisibilité de la Nation appellent un effort constant de ses représentants pour ne pas perdre le fil d’une histoire faite de conquêtes, de reculs, de déceptions, mais aussi de conscience et de culture politique constamment soumises à l’examen critique d’esprits demeurant libres, en même temps que profondément unis les uns aux autres par la conviction d’appartenir à une même condition humaine.

C’est cette conviction qui constitue le creuset de la promesse universelle de la République et de la France, celle avec laquelle on ne peut transiger : ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui pourrait nous diviser un jour. De là vient que le premier de nos devoirs est d’affirmer que l’unité de la Nation relève du travail de chacun, c’est-à-dire d’un effort qui conditionne la réussite et l’avènement des ambitions que nous pouvons porter collectivement et au premier rang desquelles doit subsister, à tout prix, le désir de demeurer ensemble. Car la République n’est pas seulement l’enjeu des gouvernants : elle est d’abord l’affaire des citoyens.

Qui s’estime comptable de cette histoire ne peut admettre que les grandes causes qui firent les plus ardents combats de la gauche soient ainsi abandonnés. La suspicion cyniquement entretenue à l’égard de chacun dans la compétition de tous contre tous ne conduit qu’à excommunier les plus modestes et leur interdire de participer à la grande aventure humaine pour la reconnaissance de leurs droits et de leur singularité. Il n’y a rien dans cette tension délibérément entretenue qui puisse ressembler au progrès, rien qui puisse susciter l’espérance. Les exigences d’égalité et de justice, le rejet du racisme, de l’antisémitisme, des discriminations, de la violence à l’encontre des plus vulnérables ne peuvent pas être simplement portés par une partie de la Nation, mais par elle tout entière. La laïcité, la liberté, l’égalité et la fraternité continueront à perdre leur force d’entraînement, aussi longtemps qu’elles n’auront pas retrouvé leur utilité pratique, celle d’outils qu’on utilise pour atteindre un but, comme on construit une maison ou cultive un jardin.

Il n’y a pas l’inéluctabilité de la droitisation de la société, de la réaction et de l’extrémisme de droite ou de gauche accomplissant leur œuvre destructrice. Il n’y a que le risque pour les forces sociales de se tromper de route et de laisser à leurs opposants le soin de préempter un héritage séculaire en le dilapidant et en le trahissant. C’est là pour nous l’essentiel qui prévaut face aux agitations d’estrade et aux ambitions pour soi-même. C’est cette quête du sens profond de l’égalité et de la Nation que nous porterons, car elle seule peut porter notre espérance.

Premiers signataires

Patricia ADAM, Ancienne députée du Finistère (29) ;  Jérôme ALEMANY, Conseiller départemental (44) ;  Sylvie ALFRED, Meulles (14) ;  Kevin ALLENO , Élu municipal Lanester – Morbihan (56) ;  Arthur ALLIZARD, Artiste (61) ;  Jean ALMARCHA, Conseiller départemental Montpellier (34) ;  Rado ANDRIAMANIO, Psychiatre hospitalier (61) ;  Cédric ARDOUIN, Socialiste d’Indre-et-Loire (37) ;  Louis ARSAC, Consultant à l’international – Caen (14) ;  Bernard ATTALI, Consultant ;  Edwige AVICE, Ancienne ministre , IAG ;  Jean-Paul BACQUET, Député honoraire (63) ;  Orod BAGHERI (38) ; Guy  BAILLART, Ancien député du Calvados (14) ;  Sylvie BALON, Conseillère départementale et première adjointe au maire de Longwy (54) ;  Marie-Annick BARTHE, Économiste, POLLEN ;  Chantal BEAUFILS, Enseignante à la retraite – Senlis (60) ;  Yves BEGUIN, IAG ;  Flavien BENAIN-LIOT,  Trésorier – IAG ;  Jean-Marie BENIER, Conseiller départemental (22) ;  Alain BERGOUNIOUX, VP de IAG, Président de l’OURS ;  Ludovic BIASOTTO, Maire de Lavardac – Vice-président d’Albret Communauté (47) ;  Gisèle  BIEMOURET, Ancienne députée du Gers (32) ;  Clément BIJOU, Périgueux (24) ;  Erwann BINET, Ancien député de l’Isère (38) ;  Philippe BLET, CA Les Engagé.e.s ;  Martyne BLOCH, Socialiste (59) ;  Angela BOGROS, Principale de collège à la retraite – Lisieux (14) ;  Monique BOINEAU-SERRANO, Maire de Chassaignes (24) ;  Jean-Paul BOISSON, Socialiste – Retraité INSEE – Niort (79) ;  Baptiste BONDU,  TÉLÉMAQUE ;  Jérôme BORNET, Conseiller municipal d’Orléans (45) ;  Thomas  BOS, étudiant ;  Claude BOUCHAFA, Militant associatif (62) ;  Pierre-Etienne BOUCHET, Socialiste – conseiller municipal de Chantilly (60) ;  Christophe BOUILLON, Ancien député de Seine-Maritime, maire de Barentin et conseiller départemental (76) ;  Isabelle BOUILLOT, IAG ;  Pascal BOURDEAU, Vice-président du CD 24 ;  Hussein  BOURGI , Sénateur de l’Hérault, conseiller régional d’Occitanie (34) ;  Robert BOUSBA, Provins (77) ;  Maxime BOUTRON, SGA Les Engagé.e.s ;  Bertrand BRASSENS, Haut fonctionnaire à la retraite ;  Maurice  BRAUD , Socialiste – Conseiller municipal délégué de Créteil et conseiller communautaire (94) ;  Jean-Louis  BRICOUT , Député de l’Aisne (02) ;  François BROTTES, ancien député de l’Isère et président de commission (38) ;  Pierre BRUYNOOGHE, Administrateur du cercle POLLEN ;  Hélène BURGAT, Maire de Mondeville et vice-présidente de Caen-La-Mer (14) ;  Philippe BUISSON, Maire de Libourne (33) ;  Mathieu CAHN,  Strasbourg (67) ;  Jean-Philippe CALMUS, (75) ;  Jean-Christophe CAMBADÉLIS, NOUVELLE SOCIÉTÉ (75) ;  Pierre CASELLAS, Conseiller municipal délégué – Tournefeuille (31) ;  Laurent  CATHALA, Ancien député du Val-de-Marne, maire de Créteil (94) ;  Christophe CATHUS, Conseiller régional, maire de Cales (24) ;  Michelle CAZANOVE, Haut fonctionnaire en retraite, POLLEN ;  Maïté CAZAUX, Socialiste – Bordeaux (33) ;  Bernard CAZENEUVE, Ancien Premier ministre (50) ;  Jean-Pierre CERDAN, SG de l’ONG Électriciens sans frontières, IAG ;  Pierre CHABERT , Terre de progrès, POLLEN ;  Fanny CHAPPÉ, Maire de Paimpol, conseillère régionale (22) ;  Robert CHAPUIS, Ancien ministre – IAG ;  Nathalie CHARLES, Cadre territorial (61) ;  Vasilica CHARNAY, Ancienne collaboratrice parlementaire, POLLEN ;  Christelle CHASSE, Maire de Herbignac (44) ;  Raphaël CHAUVOIS, Conseiller municipal de Ouistreham, ancien conseiller régional (14) ;  Jean-Luc CHENUT , Président du département d’Ille-et-Vilaine (35) ;  Loïg  CHESNAISGIRARD, Président de la Région Bretagne (35) ;  Pascale CHEVALLIER DEVERRE, Rédactrice territoriale (61) ;  Sylvie CHEVALLIER , Vice-présidente du Conseil départemental (24) ;  Françoise CHOPARD, PRG – Le centre gauche ;  Francis  CHOUAT , Ancien député de l’Essonne et maire d’Evry (91) ;  Léo CHRISTOPHE, Étudiant (15) ;  Gérard CICUREL, Consultant informatique ;  Jacques CLAUDÉ, Haut fonctionnaire à la retraite – Saint-Denis (93) ;  Thomas CLAY, Avocat et Professeur de Droit ; Jérôme CLÉMENT,  ;  Christian COAIL , Président du département des Côtes-d’Armor (22) ;  André COENT , Maire de Plouzélambre  – Côtes d’Armor (22) ;  Gérard COLIN, Ancien conseiller départemental (61) ;  Sylvie COLIN, Militante associative (61) ;  Antoine COLOMBANI, TÉLÉMAQUE ;  Dominique COMBLES DE NAYVES, Ancien ambassadeur, IAG  – Secrétaire général ;  Denis  COMPINGT,  ;  Corentin  CONDUTIER , Consultant en finances publiques – Betton (35) ;  Josette CONNAN, Maire de Lanleff (22) ;  Pierre-Yves COSSE, Ancien commissaire général au Plan – IAG ;  Michel COSSON, Bénévole association (61) ;  Anthony COURTALHAC, Militant socialiste Puy-de-Dôme (63) ;  François CUILLANDRE, Maire de Brest (29) ;  Frédéric CUVILLIER, Ancien ministre, ancien député du Pas-de-Calais, maire de Boulogne-sur-Mer (62) ;  Corinne  DALDOSSO, Attachée territoriale (31) ;  Arsène DEHEC, Étudiant – Cognac (16) ;  Valérie DELAGE, Bureau Les Engagé.e.s ;  Denis  DELASALLE, Ancien maire de Villers-Canivet (14) ;  Serge  DELAVALLEE, Vice-président de la CDC Pays de l’Aigle (61) ;  Gérard DELFAU, Président association laïque ;  Carole DELGA, Présidente de la région Occitanie – Ancienne Ministre (31) ; Halima DELIMI, Communicante (Genève- Suisse) ;  Pierre DENIZET, IAG ;  Bernard DEROSIER,  Ancien député du Nord (59) ;  Jean-Philippe DEROSIER, SGA Les Engagé.e.s ;  Yvon DESCHAMPS, Ancien premier fédéral PS (69) ;  Jacques DÉSIDÉRI, Responsable syndical interprofessionnel – Aix-en-Provence (13) ;  Michel DESTOT, Président IAG, Ancien député de l’Isère et maire de Grenoble (38) ;  Serge  DEVERRE, Commercial (61) ;  William DIAS RAMALHO, CA Les Engagé.e.s ;  Meiling DINGGENTIL, Cheffe d’entreprise – Senlis (60) ;  Marie-Claire DONNEN, Conseillère régionale Grand Est ;  Mathieu  DRUILLOLE, Secrétaire fédéral PS – Responsable associatif (24) ;  Jean-Marc DUBARRY, Balma (31) ;  Jeanine DUBIE, Ancienne députée des Hautes-Pyrénées – PRG (65) ;  Alain DUBOIS, Président des Acteurs régionaux du développement durable (59) ;  Sandrine DUBOS, Socialiste (24) ;  Katia DUBOUCHETBUISSON, Élue de Villeurbanne et doctorante en droit public (69) ;  Jean-Paul DUCOULOMBIER, Ancien maire de Saint-Aubin-sur-Mer (14) ;  Pauline DUCOULOMBIER, Cadre dans une structure culturelle (14) ;  Anne Lise DUFOURTONINI, Maire de Denain – Ancienne députée du Nord (59) ;  Jean-Louis DUPIN, Cugnaux (31) ;  Yves DURAND , Ancien député et ancien maire de Lomme (59), POLLEN ;  Christian  ECKERT , Ancien ministre, ancien député de Meurthe-et-Moselle (54) ;  Éric ELKHOUBY, Ancien député et ancien adjoint au maire de Strasbourg (67) ;  Fabrice EPSTEIN, Avocat ;  Matthias FEKL, Avocat, ancien ministre ;  Marie-José FERCOQ , Maire de Mellionnec (22) ;  Corinne  FERET , Sénatrice du Calvados  (14) ;  Martine FILLEUL, Sénatrice du Nord (59) ;  Daniel FILOCHE, Bénévole associatif (61) ;  Jacqueline FILOCHE, Bénévole associatif (61) ;  Sandrine FLOUREUSSES, VP du conseil départemental (31) ;  Marc FONTECAVE, Professeur au Collège de France (75) ;  Hugues FOURAGE, Ancien député de Vendée (85) ;  Serge FOURCAUD, Maire de Bonneville-et-Saint-Avit-de-Fumadières (24) ;  Jean-Marc FOURNEL, Maire de Longwy (54) ;  Sébastien FOURNIER, DG délégué d’Eurocom Éditions – IAG ;  Jacques FOURRE, Socialiste – secrétaire de section (14) ;  Grégory GABORET, Conseiller municipal d’Amilly (45) ;  Jean-Louis GAGNAIRE, Ancien député de la Loire (42) ;  Jean-Bernard GAILLOTRENUCCI, Conseiller politique, POLLEN ;  Arthur des GARETS, Étudiant SciencesPo ENS ;  Julie GARCINSAUDO, Conseillère départementale – Pézenas (34) ;  Roland GARRIGUES, Ancien maire de Montauban (82) ;  Vincent  GAUDY, Vice-président du conseil départemental – Maire de Florensac (34) ;  Yacinthe GBODOGBE, Conducteur d’engins – Creil (60)  ;  Robert  GELLI , Magistrat honoraire ;  Jean-Louis GELY, Vice-président du Département – Montpellier (34) ;  Hélène GEOFFROY, Ancienne ministre, maire de Vaulx-en-Velin (69) ;  Florence GINISTY, Avocate – Toulouse (31) ;  Mathieu GITON, Délégué des Français de l’étranger ( Bruxelles – Belgique)  ;  Jean GLAVANY, Ancien ministre, ancien député des Hautes-Pyrénées (65) ;  Mathieu GLAZ, Conseiller départemental (56) ;  Yves GOASDOUÉ, Maire de Flers et président de Flers Agglo (61) ;  Serge GODARD, IAG ;  Sandrine GOMBERT, Conseillère régionale des Hauts-de-France – Maire de Petite-Forêt (59) ;  Mario GOMES, Artisan – Chantilly (60) ;  José-Luis GOMEZLLANOS, IAG ;  Marc GOUA, Ancien député de Maine-et-Loire (49) ;  Rémy GOUBERT, Étudiant en droit (15) ;  Pierrick GOURONNEC, Maire de Pleumeur-Gautier – Côtes d’Armor (22) ;  Sébastien GRICOURT, Expert international – Socialiste Bagnolet (93) ;  Charles-Henry GRIGY, Agent hospitalier (61) ;  Karine GROSJEAN, Ancienne PSF, présidente association laïque – Pontarlier (25) ;  Guillaume GROSSO, VP PRG – Élu à l’Assemblée des Français de l’étranger – Genève ;  Alain GUEGUEN, Maire de Plouguernével (22) ;  Davy GUIHAIRE, Infirmier hospitalier (61) ;  Daniel GUILLIET, Inspecteur du travail à la retraite – Chantilly (60) ;  Loris GUILLOTEAU, Socialiste – étudiant (77) ;  Muriel GUIN, Fonctionnaire européenne (Bruxelles- Belgique) ;  Éric GULINO, Maire de Ogy-Montois-Flanville (57) ;  Béatrice GUYOT, Conseillère départementale (61) ;  David  HABIB , Député des Pyrénées-Atlantiques, ancien maire de Mourenx (64)  ;  François HADA, Ancien conseiller de Jean-Marc Ayrault ;  Yoan HADADI, Socialiste (57) ; Seid HASSIM, Chef d’entreprise (31) ;  Angélique HAVARD, Écologiste – Conseillère municipale Lisieux (14) ;  Bertrand HAVARD, Adjoint au maire de Mondeville (14) ;  Claire HEBERSUFFRIN, Co-créatrice du mouvement des réseaux d’échanges des savoirs (91) ;  Marc HEBERSUFFRIN, Co-créateur du mouvement des réseaux d’échanges des savoirs (91) ;  Lori HELLOCO, Conseiller départemental, premier adjoint au maire de Flers (61)  ;  Quentin HENAFF, Directeur d’hôpital, IAG ;  Thomas  HENNEQUIN, Maire de Montcornet (02) ;  Gabrielle HENRY, VP du conseil départemental (34) ;  Francis  HERBAYS, Maire de Fillières (54) ;  Annie HILY, Infirmière, socialiste – Chantilly (60) ;  Antoine HOAREAU, Adjoint au maire de Dijon (21) ;  Jean-Michel  HOULLEGATTE , Sénateur de la Manche (50) ;  Sylvaine HOULLEMARE, Maire déléguée de Familly – Livarot – Pays d’Auge (14) ;  Jean-Pierre HUREL, Adjoint au maire de Flers (61) ;  Fabrice HURET, Universitaire, POLLEN ;  Joris HURIOT, Maire de Mattaincourt (88) ;  association Inventer à Gauche  ;  Marc-Antoine JAMET, Maire de Val-de-Reuil (27) ;  Hervé JAVERZAC, Conseiller municipal de Sanilhac (24) ;  Laurent JOFFRIN, Président LES ENGAGÉS ;  Gilles JOVIADO, Maire de Buzet-sur-Tarn – VP CDC Val Aïgo (31) ;  Laurent  JUMELINE, Vice-président de Flers Agglo (61) ;  Régis KERDELHUE , Élu municipal Morbihan (56) ;  Patrice KERVAON, Conseiller départemental (22) ;  Romain KIRCHDORFER, IAG ;  Patrick KLUGMAN, Avocat (75) ;  Yann KOEBERLÉ ARNOULT, Les Engagé.e.s ;  Marie-Rose KORO, Conseillère des Français de l’étranger (Turquie) ;  Annie LACOUR, Socialiste – Lisieux (14) ;  Guillaume LACROIX, Président du Parti radical de gauche ;  Michel  LALANDE , Ancien haut-fonctionnaire (94) ;  Delphine LALU, LES ENGAGÉS ;  Jérôme LAMBERT, Ancien député de la Charente (16) ;  Bruno LAMONERIE, Vice-président du Conseil départemental, président EPCI (24) ;  Pascal LAMY, Ancien commissaire européen, ancien DG de l’OMC, IAG ;  Nadège LANGLAIS, Conseillère départementale (22) ;  Benjamin LANIER, IAG  ;  Nathalie LANZI, Socialiste – Niort (79) ;  Ange LAUNAY, Socialiste (14) ;  Thibault LAVAUDVAVASSEUR, Étudiant – Lisieux (14) ;  Paul LE BIHAN, Maire de Lannion (22) ;  Béatrice LE COUSTER, Conseillère départementale (22) ;  Stéphane LE FOLL, Ancien ministre, ancien député, maire du Mans (72) ;  Anthony LE FOLLIC , Conseiller municipal de Saint-Geniès (24) ;  Philippe LE GOFF, Maire de Guingamp (22) ;  Philippe LE GOUX, Maire de Pléguien (22) ;  Claude LE HEN , Militant syndical (56) ;  Vincent  LE MEAUX , Président de l’agglomération Guingamp-Paimpol (22) ;  Annaïg LE MOËL RAFLIK, Élue municipale Lanester (56) ;  Marie-Christine LE MOUËL, Élue municipale Pontivy (56) ;  Gaëlle LE STRADIC , Conseillère régionale (56) ;  Jean-Claude LEBLOIS , Président du Conseil départemental (87) ;  Didier LEBRET , Ancien ambassadeur, associé senior chez ESL&Network (58) ;  André LEDRAN, Ancien maire de Ouistreham – Ancien député et conseiller général (14) ;  Denis LEFEBVRE, Historien ;  Dominique LEFEBVRE , Ancien député du Val-d’Oise et ancien maire de Cergy-Pontoise (95) ;  Annick LEFEUVRE , Bénévole association (61) ;  Nicole LEFOUR, (60) ;  Magali LEFRANCOIS, Ancienne conseillère départementale (14) ;  Roselyne LEFRANCOIS, IAG ;  Patrick LEGEAY, Élu municipal Lanester (56) ;  Thierry LEGOUIX, Ancien conseiller départemental (14) ;  Jacky LEHUGEUR , Maire de Gouvix (14) ;  Bernadette LEMOINE, Institutrice – Chantilly (60) ;  Aubin-Dominique LENGHAT, Ancien ministre de Centrafrique – Bussy-Saint-Georges (93) ;  Claudine LEPAGE, Ancienne sénatrice (Français établis hors de France) ;  Christine LEPELTIER-FLEURY, Infirmière hospitalière (61) ;  Fabienne LEPERS, Hem (59) ;  Philippe LEPINAY, IAG ;  Isabelle LERALLE, Élue syndicale –  Hôpital de Lisieux (14) ;  Jean-Paul LEROY, Élu municipal, ancien maire de Pleslin-Trigavou (22) ;  Jean-Paul LETOUZÉ,  ;  Michel LEVALLET , Socialiste – Ouistreham (14) ;  Jean LEVIOL, 29 ;  Martial  LONGUET, Adjoint au maire de Gouvix (14) ;  Jérôme LOPEZ, Conseiller départemental – Maire de Saint-Mathieu-de-Tréviers (34) ;  Guillaume LOUIS, Conseiller départemental (22) ;  Sylvie LYONS, Socialiste (05) ;  J.-C. MACQUAIRE, Retraité (26) ;  Jean-Michel  MADELAINE, Professeur de karaté – Lisieux (14) ;  Lydie MAHE, Conseillère départementale (44) ;  Saliha MAKHLOUF, Consultante en communication – Conseillère municipale déléguée – Corbas (69) ;  Jean-Claude MALAISE , Retraité de la banque – Orry-la-Ville (60) ;  Hermeline  MALHERBE , Présidente du Conseil départemental (66) ;  Vincent  MALHERBE , Délégué départemental TDP POLLEN (66) ;  Jean MALLOT, Ancien député de l’Allier (03) ;  Mario MAMBOLE, Technicien voirie- Saint-Maximin Village (60) ;  Louis-Joseph MANSCOUR, Ancien député européen et ancien député de la Martinique ;  Marie-Lise MARSAT, Vice-présidente du Conseil départemental, maire de  Le Buisson-de-Cadouin (24) ;  David  MARTI, Maire Le Creusot – Président CU Creusot-Montceau (71) ;  David  MARTINEAU, Conseiller départemental (44) ;  Christophe MARTY, Logisticien (31) ;  Frédérique MASSAT, Ancienne députée de l’Ariège (09) ;  Jean-Luc MATHIEU, Magistrat honoraire, POLLEN ;  Pierre MAULNY, Doctorant – Enseignant d’histoire (75)   ;  Ginette MAUREL, (34) ;  Daniel MAURIN, Toulouse (31) ;  Nicolas MAYER-ROSSIGNOL, Maire et Président de la Métropole de Rouen (76)  ;  Michel  MENARD , Président du département de Loire-Atlantique (44) ;  Baptiste MÉNARD , Président de Lueurs républicaines – (59) ;  Alexandre MENNUCCI, Avocat (75) ;  Patrick MENNUCCI, Membre du bureau national du PS ;  Jean-François MERLE, Animateur de MichelROCARD.org – IAG ;  Kléber  MESQUIDA , Président du Conseil départemental (34) ;  Vanessa MILER-FELS, TÉLÉMAQUE ;  Jean-Jacques MIRASSOU, Ancien sénateur (31) ;  Nina MITHA, CA Les Engagé.e.s ;  Serge  MOATI , Journaliste ;  Xavier MOINIER, Enseignant-Chercheur – Université de Poitiers (86) ;  Jean-Philippe MONTEIL,  Principal de collège (31) ;  Christophe MORALES, (34) ;  Henry MOREIGNE, Délégué départemental Terre de Progrès, POLLEN ;  Patrick MOREL, Maire de Urville (14) ;  Michel MORIN , Élu municipal Saint-Brieuc (22) ;  Jean-Pierre MOUSSY, IAG ;  Brigitte NABET, Libourne (33) ;  Jérôme NARBONNE, Perthuis (84) ;  Philippe NAUCHE, VP Conseil régional d’Aquitaine – Ancien député de Corrèze ;  Hakima NECIB, Grenoble (38) ;  Alain NERI, Ancien député (63) ;  Ségolène NEUVILLE, Ancienne ministre (66) ;  Laurent OLLÉON, Avocat (75) ;  Thierry ORVEILLON, Maire de Pleslin-Trigavou – Côtes d’Armor (22) ;  Nassima OULD OUALI, Étudiante – Chaville (92) ;  Wilfrid PAILHES, Conseiller municipal de Bourg-lès-Valence,  conseiller agglomération de Valence (26) ;  Laurent  PANIFOUS, Député de l’Ariège (09) ;  Pierre PAPON, Ancien DG CNRS, IAG ;  Germinal  PEIRO , Président du Conseil départemental (24) ;  Martine PELAN, Conseillère départementale (22) ;  Philippe  PERDRIZET, Enseignant à la retraite – Lisieux (14) ;  Christiane PERRET, Syndicaliste « CFDT retraités » (61) ;  Sandrine PERRET, Consultante (61) ;  Philippe PEYRELEVADE, VP IAG – Rédacteur du manifeste pour la social-démocratie de IAG ;  Joël PHILIPPE, Maire de Tonquédec (22) ;  Christine PIERRAT, Conseillère municipale Val de Briey (54) ;  Delphine PINEDA, Citoyenne engagée à gauche (75) ;  Gaëlle PIOLINE , Adjointe au maire de Flers (61) ;  Édouard PODYMA, Socialiste – Caen (14) ;  Marie-Pierre PONS, VP du département de l’Hérault, canton de Saint-Pons-de-Thomières, maire de Cessenon (34) ;  Dominique POTIER, Député de Meurthe-et-Moselle  (54) ;  Martial POUPINEL, Directeur adj. EREA (61) ;  Sylvie PRADELLE, Conseillère départementale Frontignan (34) ;  Jean-Mael PRESTI, VP JRG Lyon (69) ;  Pascal PRIDO, Maire de Le Foeil (22) ;  Elie PUIGMAL, Ancien maire et ancien conseiller départemental (66) ;  Bruno RANSON, Fonctionnaire de l’État – Chantilly (60) ;  Maryse RAOULT, Ancienne maire, militante associative (22) ;  Robert RAULT , Conseiller départemental (22) ;  Régine RAYNARD, Militante syndicale (32) ;  Ali REBOUH, Conseiller départemental (44) ;  Farida REBOUH, Conseiller départemental (44) ;  Colette REGIS, Socialiste (75) ;  Daniel REGIS,  Socialiste – Élu de Villemur (31) ;  Bastien RENDU, TÉLÉMAQUE ;  Bruno RESSORT, CA Les Engagé.e.s ;  Jean-Michel RIBES ; Alain RICCI, CA Les Engagé.e.s ;  Marie RICHARD, IAG ;  Jacques RIGAUD, Vice-président du Département, conseiller de Lodève (34) ;  Michel RIGAUD, Chef d’entreprise (31) ;  Brigitte ROBERT, Assistante maternelle – Chantilly (60) ;  Arnaud ROHMER, TÉLÉMAQUE ;  Dominique RODA, Chef d’entreprise – Senlis (60) ;  Rozenn ROUILLER, Conseillère départementale, maire de Montpon-Ménestérol (24) ;  Martine ROURE, ancienne Députée européenne (69) ;  Gaëlle ROUTIER, Conseillère départementale (22) ;  Didier ROUX, Socialiste (31) ;  Bernard RULLIER, Les Engagé.e.s ;  Catherine  SABBAH , Déléguée générale de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement  ;  Philippe SABUCO,  TÉLÉMAQUE ;  Gildas SALAUN, Adjoint à la maire de Nantes (44) ;  David  SAMZUN, Maire de Saint-Nazaire (44) ;  Michel SANTOUL, Conseiller municipal de Villemur – Conseiller communautaire (31) ;  Michel SAPIN, Ancien ministre  ;  Gilles SAVARY, Ancien député européen et ancien député de la Gironde – POLLEN (33) ;  Virginie SCHAEFFER-MONTEILS, Socialiste – Ouistreham (14) ;  Pierre SCHAPIRA, ancien Adjoint au Maire de Paris (75) ; Jean-Luc SECHET, Conseiller départemental (44) ;  Anne-Marie SEGUIN, Conseillère municipale de Livarot-Pays-d’Auge (14) ;  Odette SEGUIN , Vice-présidente d’une association d’éducation populaire des Hauts-de-France – Mouy (60) ;  Yohan SENEZ, Président club sportif professionnel (59) ;  Françoise SENOUQUE, Socialiste – Villemur (31) ;  Marc SENOUQUE, Socialiste – Villemur (31) ;  Christophe SIRUGUE, Ancien ministre et ancien député de Saône-et-Loire (71) ;  Thierry SOTHER, Socialiste, premier secrétaire fédéral (67) ;  Denis  SOUBEYRAN, Haut-Fonctionnaire, POLLEN ;  Jeff SOUBIEN , Président de la régie de quartier – Caen (14) ;  Louis SOUCHAL, CA Les Engagé.e.s ;  Serge SOULA, Enseignant chercheur – Ancien conseiller général (31) ;  Jean-Claude SOULBIEU, Retraité de la fonction publique – Lisieux (14) ;  Stessy SPEISSMANN, Maire de Gérardmer (88) ;  Jean SUHAS, Cadre de banque (États-Unis) – Secrétaire fédéral Écologie à la FFE ;  Nicolas SULTAN, Chef d’entreprise ;  Olivier TACONET, CA Les Engagé.e.s ;  Geneviève TAPIE, CESR Occitanie – Présidente de l’Observatoire de la parité ;  David  TAUPIAC, Député du Gers (32) ;  Christian TEILLAC , Vice-président du Conseil départemental, maire-adjoint (24) ;  Matthieu TERENTI, IAG ;  Sylvie  TOLMONT , Ancienne députée de la Sarthe (72) ;  Jean-Paul TRAN THIET, Avocat – Président du Conseil d’Orientation du Cercle POLLEN ;  Catherine  TRAUTMANN, Conseillère municipale de Strasbourg, ancienne ministre (67) ;  Nathalie TRAVERT-LE ROUX, Maire de Landéhen (22) ;  Marina TYMEN, Conseillère nationale Terre de Progrès, POLLEN ;  Mathias ULMANN, Consultant en stratégie – Français de l’étranger ;  Clément VACHÉ, CA Les Engagé.e.s ;  Isabelle VAILLANT, Économiste ;  Romain VAILLANT, Maire de Villeneuve-Tolosane, vice-président de Toulouse métropole, Les Engagé.e.s (31) ;  Clotilde  VALTER , VP agglomération Lisieux-Normandie, Ancienne ministre (14) ;  Alain VAN DER MARLIERE, Haut fonctionnaire à la retraite (72) ;  Robert VANOVERMEIR, Adjoint honoraire – Villeneuve-d’Ascq (59) ;  Claudine VASSAS-MEJRI, Vice-présidente du conseil départemental – Maire de Castries (34) ;  Franck VERHERBRUGGEN, Consultant (13) ;  Vincent  VERON, Socialiste, premier secrétaire fédéral (61) ;  Michèle  VICTORY, Ancienne députée de l’Ardèche (07) ;  Philippe VIDAL, VP Conseil départemental – Maire de Cazouls-lès-Béziers (34) ;  Philippe VOIRON , Retraité du travail social (92) ;  Michael WEBER, Maire de Woelfling-lès-Sarreguemines, conseiller régional Grand Est, président de la fédération nationale des Parcs régionaux (57) ;  Patricia WEBER, Vice-présidente du département – Lattes (34), conseillère de Montpellier Méditerranée Métropole ;  Ariel WEIL, Maire de Paris Centre (75) ;  Didier YON, Conseiller départemental (22) ;  François ZIMERAY, Avocat. »

Catégories
Guerre

La Gauche française écrasée entre atlantisme et néo-gaullisme

Personne n’est à la hauteur.

Alors que les choses s’accélèrent dramatiquement et que la perspective d’une guerre mondiale s’approche à grands pas, le pacifisme est toujours désespérément absent des débats politiques. En cette absence, ce sont les différentes options du camp de la guerre qui s’expriment, à l’occasion de chaque escalade militaire, à gauche comme à droite. C’est de nouveau le cas lors de l’épisode de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan.

D’un côté, on trouve les tenants de l’atlantisme, c’est à dire de l’alignement de la France sur la superpuissance américaine au sein de l’OTAN ou à travers l’Union Européenne. Le discours accompagnant cela est celui, désormais bien rôdé, du « monde libre » faisant face à l' »axe du mal », des « démocraties » face aux « dictatures ».

Emmanuel Macron est par exemple tout à fait rangé dans ce camp. À gauche, parmi les principales figures défendant cette option, il y a notamment les organisateurs du rassemblement pro-Ukraine du 5 mars dernier à Paris, dont on pouvait apercevoir les visages entre un drapeau banderiste et des pancartes appelant ouvertement à attaquer la Russie.

De l’autre côté de l’échiquier, on trouve les tenants d’une France qui se rêve en cavalier seul, assumant sa propre puissance « indépendante » des américains, avec comme référence absolue le général de Gaulle. Parmi eux, il y a évidemment toute la mouvance souverainiste avec des figures comme Florian Philippot, Marine Le Pen, François Asselineau, des héritiers de la droite des années 1990 comme Henri Guaino, mais surtout Jean-Luc Mélenchon, qui écrivait récemment dans son article « De Gaulle était-il un Insoumis ? » :

« Son obsession pour l’indépendance, y compris contre des forces apparemment tellement puissantes est une forme d’insoumission héroïque qui doit servir de modèle. Le même raisonnement s’appliquera à sa vision des rapports au monde ensuite après 1958, qu’il s’agisse de la souveraineté militaire ou des solutions pour la guerre du Vietnam face aux Américains. »

C’est l’ancien candidat insoumis à la présidentielle qui ouvre le bal des réactions sur son blog :

« Quel est le sens de la visite de Pelosi sur place ? Taïwan est un sujet tendu depuis la libération de la Chine (NDLR : de l’occupation japonaise en 1945). Mais, pour les Français depuis 1965 et le général de Gaulle, il n’y a qu’une seule Chine. Elle siège au Conseil de sécurité. »

Parmi d’autres, le député NUPES Antoine Léaument renchérit : « Que Jean-Luc Mélenchon défende la position de l’ONU et de la France depuis de Gaulle est normal et juste ».

Même son de cloche chez Florian Phillipot, qui déclare :

 « ‘Une seule Chine’ est la position officielle de la France depuis le 27 janvier 1964 et le général de Gaulle. Encore une polémique idiote et inutile ! »

François Asselineau choisit quant à lui de publier sur Twitter une photo historique du Général de Gaulle rencontrant le premier ambassadeur de Chine en France.

Côté atlantistes, le dirigeant d’Europe Écologie Les Verts Julien Bayou répond à Jean-Luc Mélenchon sur BFM TV : « Si on est attachés à la démocratie, on l’est partout dans le monde et tout le temps. On ne peut pas abandonner Taïwan, quand bien même cela fâche un régime autoritaire comme la Chine. »

Sur le même thème de l' »axe du mal », l’ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot se contente d’un tweet : « Une seule Chine, c’est d’abord une seule dictature. La liberté et la démocratie sont des joyaux au cœur de nos combats politiques. Partout ! »

Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, choisit de critiquer l’événement de façon purement formelle, comme pour en relativiser la portée : 

« L’opportunité de la visite de N.Pelosi à Taïwan est discutable, la volonté des taïwanais de vivre en démocratie ne l’est pas. Biden n’en voulait pas. Tokyo et Séoul non plus. »

C’est finalement Raphael Glucksmann qui est le plus enflammé dans un lyrisme va-t-en-guerre :

« L’anti-américanisme érigé en boussole conduit cette gauche-ci à épouser la cause des tyrans et à mépriser celle des peuples et des individus qui se dressent face à eux. Cette fracture n’est pas neuve et le combat culturel et politique doit inlassablement être repris. Il suppose l’affirmation de principes intangibles, quitte à heurter les rêves légitimes d’unité.

Alors soyons clairs et restons-le. Le soutien aux Ukrainiens plongés dans la nuit de l’invasion russe et du fascisme poutinien n’est pas négociable. La solidarité avec les Taiwanais construisant une démocratie vibrante sous la menace permanente des autocrates de Pekin n’est pas négociable.

La lutte pour la fermeture des camps dans lesquels sont parqués les Ouïghours n’est pas négociable. L’espoir d’une puissance européenne démocratique et écologique capable de défendre ses principes et d’aider celles et ceux qui les font vivre à Kyiv [sic], Taipeh ou ailleurs n’est pas négociable. »

Fait marquant, il va même jusqu’à dénoncer le pacifisme comme n’étant qu’une hypocrisie coupable  :

« Il y a toujours eu (…) des “pacifistes” préférant composer avec les tyrans qui déclenchent les guerres plutôt que leur résister. »

Notons que les cadres du PCF sont restés muets. On peut d’ailleurs deviner la gêne au sein du parti à travers les déclarations de Fabien Roussel pendant la campagne présidentielle, qui avait confondu Taïwan et Hong-Kong, parlant d' »un pays, deux systèmes ».

Voilà donc le panorama politique qui s’offre à nous à l’aube de la guerre, avec différentes nuances de bellicisme qui rivalisent entre elles, qui mobilisent sans réel obstacle. Plus d’un siècle après 1914, la Gauche semble avoir oublié ses leçons. Il est encore temps éviter la boucherie, il le faut, mais cela ne se fera pas sans un regain formidable de conscience dans les masses, et pour cela, il faut de la politique !

Catégories
Guerre

Tout passe par la guerre

Ne pas se positionner contre la guerre, c’est se couper de l’Histoire.

Il y a une fâcheuse tendance à voir la guerre comme quelque chose relevant d’une sphère séparée des autres enjeux de société. Il y aurait la guerre d’un côté, la politique de l’autre.

Cette manière de voir est évidemment fausse et la tendance à la guerre actuelle le confirme. Car comment ne pas voir que la guerre en Ukraine, en tant que jalon de la guerre de repartage entre grandes puissances, est en train de redessiner toutes les problématiques, et pas dans le bon sens ?

Cela ne concerne pas seulement la question strictement militaire, mais également les questions sociale, écologique, éducative, industrielle, culturelle… l’ensemble des problématiques de fond.

Dans un entretien accordé hier au journal Les Echos, le nouveau ministre des Armées, Sébastien Lecornu parle d’une « économie de guerre » et annonce le déploiement de 7 à 8 000 soldats français en Roumanie, contre 500 actuellement. Il déclare également la chose suivante :

« Personne ne peut comprendre qu’en temps de guerre, il faille entre 18 et 24 mois pour réassortir un stock (…). L’exercice que nous allons faire avec les industriels est inédit, il sera mené en collaboration avec le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.

La réflexion portera aussi bien sur les matières premières, les savoir-faire, les simplifications administratives et les perspectives à l’exportation.

Au moment où la France va faire un effort budgétaire sans précédent pour ses armées, les industriels doivent être au rendez-vous. La politique du flux tendu et du zéro stock qui optimise les marges correspond à un temps de paix. »

Par conséquent, toutes les politiques publiques passent par le filtre de cette « économie de guerre ». Et cela a des répercussions évidemment délétères du point de vue des enjeux historiques, qu’ils soient politiques, sociaux et écologiques.

Passer dans une « économie de guerre », cela ne peut que se traduire au plan politique par un contrôle accru de l’armée sur les décisions, avec pour effet d’accentuer toute une mentalité aristocratique, expansionniste et anti-démocratique dans l’appareil dirigeant.

C’est également un basculement culturel, comme l’attestent ces auteurs de science-fiction placés au service de l’armée française (la « Red Team » que nous dénoncions en décembre 2020) ou l’annonce récente de rattacher au ministère des Armées la secrétaire d’État chargée de la jeunesse et du service national universel.

Au niveau social, il y a évidemment la question de l’inflation. Soutenir des mesures sociales anti-inflation pour les plus pauvres et ne pas s’opposer à l’orientation de cette « économie de guerre », ce n’est ni plus, ni moins qu’accompagner la restructuration du capitalisme.

On pourrait également parler de l’augmentation du budget militaire prévu par la prochaine actualisation de la loi de programmation-militaire, ce qui va nécessiter des coupes budgétaires anti-sociales afin d’assurer la solvabilité de la dette française qui atteint des sommets historiques.

Au niveau environnemental, on apprend que la centrale à charbon de Saint-Avold en Moselle, fermée en mars, est prévue à la réouverture en octobre dans le cadre de la crise énergétique… causée par la guerre et l’embargo sur les énergies fossiles russes, principalement le gaz et le charbon. Il est ainsi prévu de rappeler les salariés licenciés de Saint-Avold grâce à une modification du code du travail qui permettrait de proposer des CDD « exceptionnels » de 36 mois !

Au Havre, un terminal flottant d’importation de GNL (gaz naturel liquéfié) est prévu pour livraison en septembre 2023, une cadence de construction qui passe notamment par le fait d’accélérer (en fait bâcler) les procédures de suivi environnementales, cela étant prévu par le volet « souveraineté énergétique » de la prochaine loi pouvoir d’achat.

De la même manière que les industriels de la biométhanisation, un type de production d’énergie par la fermentation des déchets agricoles, s’empressent de s’engouffrer dans la brèche de la crise énergétique pour justifier l’augmentation d’installations de gigantesques centrales, comme c’est le cas à Corcoué-sur-Logne en Loire-Atlantique et ce malgré les inquiétudes environnementales.

Au niveau énergétique, la guerre vient renforcer la désorganisation générale liée à la crise sanitaire et aux effets du réchauffement climatique ayant engendré des retards dans la maintenance des centrales nucléaires ainsi que dans l’installation de nouveaux moyens de production énergétique. Sans même parler du réchauffement climatique qui amoindrit les capacités des centrales nucléaires pour tout un tas de raisons.

Bref, la tendance à la guerre redessine le champ économique, social et écologique des sociétés, avec au centre la question de la restructuration générale du capitalisme. Il est difficile de voir comment on peut opter pour un changement de société sans passer par la case du pacifisme et de l’internationalisme issu de la Gauche historique.

Car si la critique du militarisme et la défense du pacifisme est une nécessité politique et morale, ces valeurs forment aujourd’hui et demain le cœur même d’une orientation réellement à Gauche. On peut bien contester les politiques anti-sociales ou les projets anti-écologiques mentionnés, cela n’aura que peu d’impacts historiques si l’on ne l’inscrit pas dans l’opposition générale à la guerre.

L’opposition à la guerre, ce n’est pas simplement quelque chose de complémentaire mais le préalable à l’émancipation humaine. C’est avoir compris le sens de l’Histoire. Ce sens, c’est socialisme ou barbarie ; ou le Socialisme triomphe du capitalisme, ou ce dernier fait basculer le monde dans la guerre.

Catégories
Guerre

Les députés européens de « gauche » qui ont voté pour l’intégration de l’Ukraine

C’est très révélateur.

Le 23 juin 2022, le parlement européen a contribué au bellicisme en acceptant la candidature de l’Ukraine (ainsi que de la Moldavie, et accepté la future candidature de la Géorgie). Regardons ce qu’ont fait les députés européens de « gauche », car c’est très révélateur.

La France insoumise et apparentés a six députés européens. Anne-Sophie Pelletier, Leïla Chaibi et Manon Aubry ont voté pour l’acceptation, ce qui les place dans un alignement direct avec le bellicisme et le militarisme. Younous Omarjee et Manuel Bompard ne semblent pas avoir été présents ; en ce qui concerne le second il était en tout cas sur RTL le matin et BFM TV ensuite.

Le seul qui a été un tant soit peu correct, et encore relativement car il n’a pas voté « non », c’est Emmanuel Maurel (de la Gauche républicaine et socialiste) qui s’est abstenu.

Qu’est-ce que cela signifie ? Que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon n’est absolument pas un rempart contre la guerre. C’est un accompagnement « social » des décisions prises par le capitalisme, y compris la guerre. Car qu’est-ce que signifie d’autre l’acception de l’Ukraine comme candidate, à un moment où ce pays est devenu le jouet de l’OTAN pour transformer l’Europe en champ de bataille ?

Regardons les autres mouvements considérés comme de gauche. Du côté du Parti socialiste et apparentés, avec six députés européens également, tous ont voté pour, sauf Nora Mebarek, absente : Raphaël Glucksmann (de Place publique), Sylvie Guillaume, Éric Andrieu, Aurore Lalucq et Pierre Larrouturou (de Nouvelle donne).

Cette unanimité ne doit pas surprendre, elle montre que le Parti socialiste a fait un choix très clair, celui d’accepter et de soutenir l’expansionnisme capitaliste. C’est également vrai pour Europe Écologie Les Verts, devenu farouchement pro-OTAN ces dernières années : tous les députés européens ont voté pour, à part deux absentes (Michèle Rivasi et Karima Delli) : Yannick Jadot, Damien Carême, Marie Toussaint, David Cormand, Mounir Satouri, Caroline Roose, François Alfonsi (du Parti de la nation corse), Benoît Biteau, Gwendoline Delbos-Corfield et Claude Gruffat (sans étiquette).

Ces députés européens considérés comme de « gauche » ont ainsi voté comme les députés européens de la Droite avec Les Républicains (8 députés, Brice Hortefeux n’était toutefois pas présent), et comme les 24 députés européens pro-Emmanuel Macron (avec trois absents).

C’est terrible, car il y aurait eu le moyen de faire un bloc de gauche contre l’expansionnisme et le militarisme. Car qu’a fait l’extrême-droite française ? Du côté des forces pro Marine Le Pen, n’étaient pas là : Jordan Bardella, Hélène Laporte, Joëlle Mélin, Virginie Joron, Julie Lechanteux, Philippe Olivier.

Ont voté contre : Thierry Mariani, Dominique Bilde, Hervé Juvin, Jean-Paul Garraud, Catherine Griset, Gilles Lebreton, Jean-François Jalkh, Aurélia Beigneux, Annika Bruna, France Jamet, André Rougé, Mathilde Androuët, Jean-Lin Lacapelle.

A ces derniers députés, il faut ajouter deux ex-pro-Marine Le Pen passés à Reconquête d’Eric Zemmour : Nicolas Bay et Jérôme Rivière, leurs acolytes Gilbert Collard et Maxette Pirbakas n’ayant pas été présents.

Cela ne fait pas lourd, car ils ont été très isolés dans leur démarche. C’est là que c’est impressionnant : la résolution pour accepter l’Ukraine comme candidate à l’Union européenne a reçu le soutien de 529 députés européens, 14 s’étant abstenus et 45 ayant été contre.

Sur ces 45 contre, on a ainsi 15 français d’extrême-Droite, pour un total de 29 appartenant à l’extrême-Droite, 3 aux conservateurs, 8 aux non-inscrits (mais en fait souvent d’extrême-Droite), et… seulement six de gauche !

On parle ici d’Özlem Demirel de la gauche allemande « Die Linke », de la Tchèque Kateřina Konečná du Parti communiste de Bohême et Moravie, d’Anja Hazekamp du Parti pour les animaux (aux Pays-Bas), de Sandra Pereira et João Pimenta Lopes du Parti Communiste portugais, de Manu Pineda du Parti Communiste d’Espagne.

On parle ici, on l’aura compris, de personnes isolées dans leur démarche, alors qu’un soutien de La France insoumise aurait permis d’en cimenter l’action. Ce n’est toutefois pas du tout l’option de La France insoumise.

On notera également que parmi les abstentionnistes, six seulement sont de gauche. On a l’Irlandaise Clare Daly, qui affirme ouvertement que l’Ukraine est utilisée comme chair à canon pour mener la guerre à la Russie, tout comme l’Irlandais Mick Wallace, tous deux étant membres des « Indépendants pour le changement », un mouvement de gauche. On a Marc Botenga du Parti du Travail de Belgique, Giórgos Georgíou du Parti progressiste des travailleurs (à Chypre), Sira Rego de la Gauche Unie (en Espagne).

Quel intérêt que cette abstention ? Il n’y en a pas bien entendu. On a besoin de fermeté face au capitalisme qui a décidé de tout engloutir sur son passage et de se précipiter dans la guerre. Et l’exemple de ce vote au parlement européen montre qu’il n’y a rien à attendre de ce niveau, et que La France insoumise n’est pas du tout dans une démarche anti-guerre.

Catégories
Politique

La Gauche 3R et l’alliance électorale NUPES

La distinction est importante.

La création de l’alliance électorale « NUPES » par Jean-Luc Mélenchon a provoqué une onde de choc dont on cerne mal encore l’impact historique. Il reste néanmoins que cela provoque un regain d’affirmation d’une partie de la Gauche qu’on va qualifier de 3R : rationaliste, réformiste, républicaine.

C’est indéniablement une bonne chose. Il ne sera rien construit en France à gauche sans des gens rationnels, voulant établir une base programmatique. On peut bien entendu discuter du programme. Cependant, pour cela il faut déjà pouvoir discuter à ce niveau. Vous imaginez-vous pouvoir discuter du programme avec Jean-Luc Mélenchon ? Certainement pas.

Le rêve de Jean-Luc Mélenchon, c’est de faire comme le président vénézuélien Hugo Chávez au début du 20e siècle avec son émission de télévision Aló Presidente, où des gens appellent et le chef fait une réponse spontanée, et bien souvent prolongée, dans un grand étalement populiste.

La Gauche 3R – rationaliste, réformiste, républicaine – n’a pas du tout ce rêve, qu’elle trouve même foncièrement gênant, voire sortant franchement du cadre de la Gauche. On parle ici de gens qui exigent un certain niveau de conscience, se situant dans la tradition des « socialistes français », en acceptant positivement ce qui s’est passé après 1920, notamment le Front populaire.

C’est même d’ailleurs une référence essentielle, parce que cela ancre les radicaux de gauche dans le camp de la Gauche, de l’antifascisme. Pour cette Gauche 3R en général, d’ailleurs, les radicaux de gauche font partie de la « Maison » parce que la République française peut selon eux être transformée en « République sociale ».

Mais il y a des nuances car certains sont républicains avant d’être rationalistes ou réformistes, d’autres réformistes avant d’être républicains ou rationalistes, etc. Cela fait que sur le plan des idées, on va ainsi de gens foncièrement réformistes et toujours désireux de participer à un gouvernement quel qu’il soit, à des gens espérant sincèrement qu’on en arrive au socialisme par la République. Ces nuances s’expriment ainsi par de multiples appareils politiques.

Sur le plan des organisations, on a la Gauche Républicaine et Socialiste, mais également le Mouvement Républicain et Citoyen, les Radicaux de Gauche – LRDG, la Nouvelle Gauche Socialiste, désormais tous unies dans une Fédération de la Gauche Républicaine ; on a également une partie significative du Parti socialiste. Arnaud Montebourg peut être rattaché à cette approche, c’est d’ailleurs un bon exemple, avec Manuel Valls, de gens « républicains » avant tout.

Et à cette liste il faut ajouter des organisations d’orientation révolutionnaire qui se veulent le prolongement, au sens d’un dépassement de cette position socialiste française : le PRCF, le PCRF, le PCF(MLM), le PCOF. C’est finalement ce qui est appelé la « Gauche programmatique » sur agauche.org, au sens le plus large.

Aussi, ce qui se pose comme question, c’est : l’alliance électorale NUPES va-t-elle anéantir le camp de la Gauche programmatique, ou pas ? Une partie des socialistes ne le veut pas, mais leur option est la sortie par la Droite, soit directement auprès d’Emmanuel Macron comme avec Manuel Valls, ou dans une position de centre-gauche qui n’a rien du tout de socialiste, comme avec François Hollande.

Que vont faire les autres ? C’est là ce qui va être d’une importance historique certaine. La question est ici électorale, mais pas seulement, d’ailleurs elle peut ne pas l’être.

Ce qui compte, c’est l’affirmation d’un espace pour la Gauche programmatique – sans quoi c’est le champ libre au populisme contestataire, à une post-gauche décomposée, se calquant consciemment ou non sur les Démocrates américains et leur fascination pour les « droits individuels » convergeant avec la modernisation du capitalisme.

Nous vivons clairement un moment clef. Il faut le comprendre et ne pas passer à côté des exigences historiques.

Catégories
Politique

La Gauche sauvera-t-elle la face aux élections législatives 2022 ?

La Gauche française est dirigée par des cancres politiques.

La Gauche s’est fait torpiller à l’élection présidentielle. C’est entièrement de sa faute, car elle n’a pas su convaincre, ni même simplement s’adresser aux gens. Il se pose maintenant la question de savoir quoi faire pour sauver la mise à l’Assemblée nationale, avec les élections législatives prévues pour le mois de juin 2022.

La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, dans la foulée de sa troisième place au premier tour de la présidentielle, a tenté de forcer la main à tout le monde et d’obliger au rassemblement unilatéral sous sa bannière. De surcroît, avec la prétention de pouvoir rafler la mise et d’obtenir une majorité de gouvernement.

Cela ne peut pas marcher évidemment, car chacun sait qu’il n’y a aucun report mécanique du vote « utile » qu’a été Jean-Luc Mélenchon vers un vote local pour tel ou tel député étiqueté, sous la bannière mélenchoniste, « Union populaire ». Cela vaudrait si Jean-Luc Mélenchon était président, mais pas en étant arrivé troisième, donc deuxième des perdants.

Seule une union large de tous les groupements de gauche, ou vaguement de gauche, ou issus de la Gauche, peut créer éventuellement une dynamique électorale, permettant un ralliement massif prenant effet sur les candidatures locales dans chaque circonscription. C’est ce que savait très bien faire le Parti socialiste en son temps, emmenant avec lui tout un tas de vassaux politiques, y trouvant chacun très bien leur compte.

La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon saura-t-elle en faire autant ? Peut-être, mais le temps presse et rien de concret n’a abouti fin avril. C’est que la France insoumise paye chèr son positionnement magmatique, censé ouvrir la porte à n’importe qui, n’importe comment. Car en vérité, ce genre de chose à gauche suscite surtout beaucoup de méfiance, étant considérée comme floue. Et comme le dit l’expression (expression inappropriée car injustement méprisante pour les loups) : quand c’est flou c’est qu’il y a un loup.

Toujours est-il que c’est la France insoumise qui a la main, à défaut d’autre chose, tant toutes les autres forces sont ridiculement faibles, et isolées. Alors il y a des tractations, ou en tous cas il est parlé de tractations. Le PCF de Fabien Roussel (qui était avec Jean-Luc Mélenchon aux élections d’il y a cinq ans) tente de vendre à prix d’or son ralliement derrière une barrière commune, en faisant des comptes d’apothicaires.

Il faut additionner les 7 millions de voix de Jean-Luc Mélenchon aux 3 millions obtenues par Anne Hidalgo, Yannick Jadot et lui-même, pour faire 10 millions au moins, et facilement 11 millions, dit-il. Mais pour cela le PCF veut au moins 16 investitures, alors que la France insoumise ne lui en propose que 11, toutes concernant des « sortants ». C’est donc 5 qui manquent, le compte n’y est pas.

Du côté du Parti socialiste et d’Europe Écologie-Les Verts, le problème est bien plus politique. Il y a la considération, comme l’a fort habillement résumé le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, que la proposition d’union ne porte pas tant sur une « coalition » que sur une « reddition ».

Et en effet, on entend tous ces gens se critiquer par médias interposés, mettre sur la table leurs divergences, poser des « lignes rouges », etc. Mais n’ont-ils jamais fait de politique avant ? Est-ce vraiment si difficile pour eux de discuter autour d’une table et de venir présenter publiquement quelques points majeurs pour créer des dynamiques locales dans chaque circonscription ?

D’ailleurs, on se demande bien pourquoi une telle coalition n’a pas existé avant. D’Europe Écologie-Les Verts à la France insoumise, du PCF au PS, en passant par Génération-s, Place publique, La Gauche républicaine et socialiste, La Gauche démocratique et sociale, etc., tous ces gens disent peu ou prou la même chose sur l’immense majorité des sujets. Ils portent les même valeurs, rejettent les mêmes valeurs.

La France insoumise d’ailleurs a tenté le coup, en mettant en avant seulement trois points incontournables : la retraite à 60 ans, la 6e République, la planification écologique.

Cela ne va pas chercher bien loin et c’est largement suffisant. Alors on peine à comprendre pourquoi ce n’est pas déjà réglé depuis une semaine au moins. La Gauche, ou ce qu’il en reste, semble se diriger vers une nouvelle humiliation électorale plutôt que de se retrousser les manches et y mettre un minimum du siens avec une ligne pourtant ultra minimaliste et facile.

Mais quelqu’un comme Julien Bayou préfère raconter :

« Nous c’est très simple : on a des convictions, elles sont à prendre ou à laisser. Nous sommes prêts à discuter d’une coalition, de grandes mesures programmatiques qui font un projet de gouvernement, simplement si vous me dites qu’il faut sortir de l’Europe et reprendre le nucléaire, ce sera sans nous, c’est très simple. »

Ok, mais alors dans ce cas, pourquoi ne pas plutôt faire alliance avec Emmanuel Macron, et ne pas faire perdre du temps à la Gauche ? A moins que ce soit là justement le rôle de tous ces gens : affaiblir la Gauche de l’intérieur, pour la faire disparaître ?

En attendant, il n’y a aucune dynamique démocratique locale qui soit possible, tant tout le monde est suspendu à d’hypothétiques négociations nationales, qui sont menées, ou prétendument menées, par de piètres dirigeants politiques.

Tout cela est bien fade, et très loin du peuple. Mais si encore cette Gauche avait des valeurs et s’accrochait à des principes solidement ancrés. Cependant, pas du tout, il n’y a aucune valeur, par exemple personne ne parle jamais des animaux, et il n’y aucun principe, le refus de la guerre et le rejet de l’OTAN devrait pourtant en être un fondamental.

L’addition s’annonce très salée pour juin prochain.

Catégories
Politique

Fondation de la Fédération de la Gauche Républicaine

Elle est composée de la Gauche Républicaine et Socialiste, le MRC, les Radicaux de gauche, et de la Nouvelle Gauche Socialiste.

Voici le communiqué de fondation. On notera que L’Engagement, le mouvement politique mis en place par Arnaud Montebourg ayant tenté de se présenter à la présidentielle 2022, a immédiatement, en quelques minutes, annoncé ne pas faire partie de cette Fédération.

Catégories
Politique

« Primaire populaire » : la Gauche Hara-kiri par Christiane Taubira

Christiane Taubira fait un hold-up sur la Gauche.

La candidate à la présidentielle Christiane Taubira avait avec la « primaire populaire » une machine bien huilée pour faire un coup politique. Ce qui devait arriver arriva : dimanche 30 janvier 2022, elle a été désignée vainqueur au bénéfice d’une mention « bien + » à l’issue d’un pseudo-scrutin en ligne.

Logiquement, dans la foulée de sa « victoire » elle s’est empressée d’apparaître comme celle qui doit rassembler. Sûre de son fait, elle a immédiatement expliqué qu’elle comptait appeler individuellement tous les candidats considérés de « gauche » ou de « l’écologie » pour les forcer à se ranger derrière elle.

« Notre sort appelle aujourd’hui l’union et le rassemblement. Je leur dirai que je sais leur réticence, mais aussi leur intelligence. »

Voilà un véritable hold-up sur la Gauche et l’écologie, au moyen d’un immonde coup de force antidémocratique. La « primaire populaire » qui l’a désigné n’a rien d’une primaire, et surtout était taillée sur mesure pour elle, avec son contenu aussi vague que sa forme et son approche générale sont libérales.

L’opération a consisté en un contournement de la Gauche, des partis, des idées, au moyen d’un petit supermarché en ligne de la politique. Les « électeurs » étaient appelés non pas à désigner un programme politique, une orientation idéologique et culturelle, mais à donner des avis sur des candidats ou plutôt pseudo-candidats.

Le scandale réside bien évidemment dans le fait que les « candidats » en question n’avaient pas leur mot à dire. Et pour cause, la plupart ne reconnaissent pas cette « primaire populaire » et avaient demandé à être retiré du vote. Il n’y a donc pas eu de campagne, de débats, de convictions défendues et de points de vue échangés. Simplement, des milliers de petits-bourgeois ont été invités à donner leurs avis de consommateurs sur les « candidats » avec des notations allant de « très bien » à « insuffisant », en passant par « bien », « assez bien » et « passable ».

Voilà le résultat final annoncé (la médiane servant à déterminer la note de chacun et donc le classement) :

On n’est évidemment pas là dans la démocratie et encore moins dans l’unification de la Gauche, mais dans une sorte de TripAdvisor de la politique où les consommateurs mettent des étoiles suivant leurs goûts. C’est lamentable, mais tellement typique de ces gens, tant de Christiane Taubira que des organisateurs de cette « primaire populaire », qui sont tous de véritables petits soldats du turbocapitalisme.

En l’occurrence, on a comme co-fondateur Samuel Grzybowski qui est un entrepreneur du capitalisme « éthique » avec une entreprise (Convivencia) dont l’objet est d’aider les autres entreprises à donner une bonne image de leur business (sur les questions religieuses). Ce garçon n’est par ailleurs pas issu de la Gauche, mais de la riche bourgeoisie catholique parisienne, dont il fait toujours partie. L’autre co-fondatrice est Mathilde Imer, là encore une bourgeoise parisienne bien dans son monde, qui a comme principale fait d’arme d’avoir été à l’origine et à l’organisation de la « convention citoyenne sur le climat » utilisée par Emmanuel Macron. Difficile de faire moins crédible en termes de démocratie et d’écologie.

Preuve d’ailleurs du caractère bourgeois et anti-gauche de ces gens : les candidats à l’élection présidentielle qui se revendiquent du communisme et des travailleurs ne figuraient même pas dans la liste des candidats, alors qu’il était censé être question de l’union de toute la « gauche ». Pas de Fabien Roussel du PCF ou de Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière, donc ; quelle drôle de conception de l’union de la Gauche !

Il faut préciser également que sur la forme, le pseudo-vote à cette « primaire populaire » n’a aucune valeur démocratique, et tomberait même sous le coup de la loi dans un pays vraiment sérieux quant à ce genre de pratique.

En effet, on parle là d’une opération qui a été relayé massivement dans les médias, qui est présentée comme un vote significatif politiquement en vue de l’élection présidentielle, alors qu’il n’y a en pratique aucun contrôle. Personne ne sait comment sont comptabilisées les notations en ligne. Les organisateurs de cette « primaire populaire » peuvent bien donner les résultats qu’ils veulent, personne ne pourra vraiment vérifier.

466 895 inscrits ont été annoncés, pour finalement un vote de la part de 392 738 « électeurs », soit 84,1% d’entre eux. On se demande bien pourquoi 15 % de gens se seraient inscrits pour en fait ne pas voter… Il n’y a en fait aucun contrôle de ces « électeurs » et il était tout à fait possible (et très facile) de s’inscrire à plusieurs reprises. Une emprunte de carte bancaire (l’inscription était gratuite) et un numéro de téléphone, même virtuel, suffisait à distribuer des notes aux « candidats ».

Voici une vidéo dénonçant cela.

C’est un véritable scandale. Cela en dit d’ailleurs très long sur l’état de déliquescence de la société française de voir qu’un tel simulacre de démocratie passe comme une lettre à la poste et est massivement relayée et même soutenue par les médias, sans aucune critique.

A titre de comparaison, pour voter à la Primaire citoyenne de 2017 organisée pour désigner le candidat du Parti socialiste et de ses alliés, il fallait être de nationalité française et inscrit sur les listes électorales, puis se présenter physiquement avec une pièce d’identité le jour du vote. Cela n’a pas empêché les suspicions de fraude, mais c’est en tous cas bien plus sérieux.

On remarquera que cette primaire de 2017 avait pour sa part réunie deux millions de votants (réputés véritables et uniques donc), alors que cela ne concernait que le PS et non pas « toute la gauche » ! Cela relativise de beaucoup le succès de la « primaire populaire » de 2022 avec ses (soit-disant) 400 000 votants.

On remarquera également la 5e place d’Anne Hidalgo, la candidate du PS en 2022, qui subit ici un véritable revers. D’abord, car elle correspond normalement tout à fait à ce milieu petit-bourgeois et libéral de la « primaire populaire » et des gens gravitant autour, mais surtout car le PS avait appelé à y participer malgré tout !

Par exemple, la fédération PS de Paris (liée à Anne Hidalgo) disait à ses militants dans un courrier interne : « Si tu es inscrit à la Primaire populaire, nous t’invitons à y participer». Mais surtout, le premier secrétaire du PS Olivier Faure s’était lui-même exprimé de manière favorable à la « primaire populaire » au bureau national du parti et appelait à y participer de manière opportuniste.

À moins que les résultats de la « primaire populaires » soient totalement trafiqués (ce qui est, on le rappelle, fort possible), le Parti socialiste s’est donc pris ici une véritable claque en étant incapable de mobiliser ses militants et soutiens en faveurs d’Anne Hidalgo (ce qui était d’autant plus facile qu’il était possible de voter à de nombreuses reprises, le genre de manœuvre devant laquelle les militants du PS n’auraient pas rechigné à l’époque où celui-ci était fort, dans la plus pure tradition des bourrages des urnes des élections universitaires).

Rien que pour avoir écarté de fait la candidate du PS Anne Hidalgo, la « primaire populaire » et Christiane Taubira ont donc réussi un hold-up historique sur la Gauche. Après le revers électoral de Benoit Hamon il y a cinq ans, c’est une nouvelle étape dans l’effondrement du Parti socialiste, pourtant central à Gauche depuis 50 ans.

Cela ouvre évidemment de nouvelles portes et une nouvelle perspective pour le reste de la Gauche. Une recomposition se produira inévitablement, avec le retour à la Gauche historique comme proposition incontournable et évidente. Mais il faudra pour cela partir de très loin, avec très peu de gens, en recommençant pratiquement tout à zéro, comme si on en revenait à 1905 et la fondation de la SFIO…

Et cela alors que jamais les défis historiques n’ont aussi nombreux et exigeants. Il faudra être à la hauteur!

Catégories
Politique

L’opération Christiane Taubira, hold-up centriste sur la Gauche

« Haut les mains et votez pour moi ! »

Faut-il que la Gauche soit à ce point au fond du trou pour qu’une Christiane Taubira puisse ainsi débarquer, tirant elle-même du chapeau sa propre candidature, pour l’imposer à tous ? A moins de quatre mois de l’élection présidentielle ?

Quel spectacle lamentable offre en effet la « gauche » française, errante dans le néant des sondages et des opinions, sans les idées, sans le peuple, très loin de son histoire et de ses immenses conquêtes du XXe siècle. Alors il y a une nouvelle candidate, du moins l’envisage-t-elle, pour faire une simple vidéo de 3 minutes disant à tout le monde qu’il faut la rallier, pour la seule raison qu’elle est là… Le fond, le programme, les idées ? Pas besoin, les formules creuses et autres successions de lieux communs sont censées suffire à faire d’elle la bonne personne, là où tous les autres échouent.

Cela ne tombe pas du ciel. Christiane Taubira est ici la terrible illustration de la faillite de la Gauche, la vraie, celle de la classe ouvrière et du Socialisme. Car Christiane Taubira n’est pas de gauche, elle ne vient pas de la Gauche. Par contre, elle a depuis longtemps gravité autour, tantôt pour la faire perdre, comme en 2002 où elle a maintenu coûte que coûte une candidature, pour le Parti radical de gauche, ayant fini de plomber Lionel Jospin et ouvert la voie à Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac au second tour, tantôt pour la pourrir de l’intérieur, comme en 2012 quand elle est devenue l’insupportable ministre de la Justice de François Hollande.

« Insupportable », car ministre d’un État en faillite et d’une « Justice » à la dérive, incapable de protéger la population d’une ambiance toujours plus violente et corrompue, laissant pourrir la société sur elle-même, particulièrement dans les cités populaires où règnent les bandits devenus mafieux.

De ce point de vue, Christiane Taubira a été une bénédiction pour la Droite et l’extrême-Droite : qu’il est facile face à elle de prétendre être le parti des classes populaire et de la société, en critiquant le laxisme de cette (fausse) gauche béate et hors-sol, bobo et stupide.

Il ne faut pas être dupe de l’opération menée par Christiane Taubira, qui n’a rien de spontanée. En amont, il y a toute une mouvance de bourgeois parisiens à l’origine d’une pseudo-primaire « populaire », taillée sur mesure justement pour Christiane Taubira, dont elle est forcément la figure ayant été la plus plébiscitée. Cette « primaire » n’a rien à voir avec le fonctionnement historique de la Gauche, basée sur les idées et la démocratie militante. Cela a tout à voir par contre avec la machinerie anti-démocratique et surtout anti-socialiste des Primaires américaines, ce qui de surcroît est tout à fait conforme à la perspective des fondateurs bobos des primaires à la française.

Il s’agit en effet de bons petits soldats du turbo-capitalisme et de la consommation « inclusive ». Il y a parmi eux surtout Samuel Grzybowski, à la tête du cabinet de conseil Convivencia, une « équipe d’experts en inclusion et management de la diversité ». Le but est d’aider à la « conquête de nouveaux marchés » et la « Réduction des risques et conflits » dans les entreprises. En l’occurrence, il y a comme entreprises clientes d’immondes monopoles du capitalisme tels Total, Décathlon, Orange, Michelin. Il y a aussi le Ministère de la Justice…

Voilà le cœur de cette pseudo-gauche post-moderne.

Tout cela est puant, et s’il y avait une vraie Gauche en France, tous ces gens n’oseraient même pas ne serait-ce que prononcer le mot « gauche ». Ils seraient considérés comme ce qu’ils sont, c’est-à-dire d’horribles libéraux, plus proches de la Droite que du peuple, des cousins de Valéry Giscard d’Estaing et d’Emmanuel Macron, et des ennemis farouches de la classe ouvrière.

Et il faut ici dénoncer ici le rôle de la direction actuelle du Parti socialiste, qui déroule le tapis rose à Christiane Taubira. Un tapis peu reluisant certes, car la « peut-être » candidate n’a pas beaucoup de chances dans cette élection. Mais politiquement, historiquement, un tournant se produit, avec un Parti socialiste renonçant peut-être définitivement à sa propre existence.

C’était déjà le cas avec la candidature incroyable Anne Hidalgo, la maire d’une des plus riches et florissantes métropoles du capitalisme mondial. Mais face à son échec dans les sondages, la maire de Paris s’est tournée du jour au lendemain, sans prévenir personne, descendant même d’un train pour repartir dans l’autre sens pour l’annoncer, vers l’idée d’une primaire (qu’elle avait auparavant refusé et critiqué). Mais là c’est la faillite complète.

Tout est à reconstruire. Il faut la Gauche historique, sans céder en rien aux libéraux-sociaux gouvernementaux, à l’ultra-gauche spontanéiste, aux post-modernes au service du turbo-capitalisme. Il faut un retour aux sources, au drapeau rouge!

Catégories
Politique

La Gauche française n’est-elle plus qu’une variante de radical-socialisme?

Le radicalisme est si puissant qu’il a neutralisé le mouvement ouvrier lui-même.

On connaît l’histoire : proclamée en septembre 1870, la IIIe République ne se consolide pleinement qu’à la fin du XIXe siècle. Pour cela, il lui faudra certes réprimer la Commune de Paris, mais aussi et surtout passer deux crises politiques portées par les courants national-populiste, le boulangisme avec un général putschiste, puis l’antisémitisme lors de l’Affaire Dreyfus.

Du fait d’une opposition à la Droite légitimiste, donc d’orientation monarchiste, le Radicalisme est classé comme d’ « extrême gauche » dans le dernier tiers du XIXe siècle. Puis, avec l’émergence du Socialisme en parti constitué, il devient de Gauche, pour finir de centre-Gauche avec la naissance du Communisme en Russie en 1917. C’est pourquoi ce courant passe l’Histoire à travers de multiples déclinaisons : républicanisme, républicanisme social, radicalisme, radical-socialisme…

Alexis Corbière, qui a été à la Ligue communiste révolutionnaire de 1993 à 1997, au Parti socialiste de 1997 à 2008, puis avec Jean-Luc Mélenchon, se définit ainsi comme « républicain-social ». C’est typique des gens réfutant le mouvement ouvrier, le socialisme et cherchant une alternative « républicaine ».

En France, le poids de l’idéologie radicale est telle qu’elle a d’ailleurs littéralement neutralisée le mouvement ouvrier dans sa conquête du socialisme. On parle alors du « radical-socialisme » et il suffit de voir que la SFIO a été dirigée à ses débuts par Jean Jaurès pour comprendre que même le parti supposé du Socialisme ne fut en réalité qu’une variante de ce Radicalisme.

Jean Jaurès est en effet à la base un professeur de philosophie qui se moque de la politique. Là aussi, c’est l’histoire qui le soulève et le fait rejoindre la politique, bon gré mal gré. Sa lecture des choses ne sera qu’une synthèse de Gauche du radicalisme, quand un Georges Clémenceau en proposera une synthèse de Droite.

Il suffit de regarder les lignes directrices émises par Camille Pelletan lors du congrès de fondation officielle du Parti radical en 1901, soit quelques mois avant la formation du gouvernement d’Émile Combes réalisant le radicalisme :

« Ce qui nous sépare à cet égard des socialistes collectivistes, c’est notre attachement passionné au principe de la propriété individuelle (…). L’ère des résolutions doit s’ouvrir. C’est ce que le suffrage universel exigera, et alors l’union des républicains de toutes nuances contre le cléricalisme, contre les entreprises césariennes, contre les pouvoirs d’argent, pour la cause de la justice sociale, cette union dont ce congrès a été une si éclatante affirmation sera féconde pour la République et pour la patrie. »

On retient du gouvernement d’Émile Combes la grande loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905, en oubliant qu’il fut aussi à l’origine des premiers dispositifs départementaux d’aide sociale à l’enfance et de la première loi d’assurance sociale pour les vieux infirmes et incurables. Le radical-socialisme, c’est l’attachement au principe de la justice sociale par l’impôt progressif.

Voici comment Léon Bourgeois, militant radical de la première heure définit la « politique radicale » en 1908 :

« La nation ne jouira de la paix que lorsqu’elle aura créé un ensemble complet d’assurances qui garantisse tout individu contre les risques de la maladie, des accidents, du chômage, de l’invalidité, de la vieillesse. De là la nécessité de lourdes charges pour la collectivité (…). [C’est pourquoi il faut] une progression qui imposera nettement à chacun une charge véritablement correspondante aux bénéfices qu’il tire de la société. Réforme fiscale et assurance sociale, ce sont donc bien les, deux articles essentiels et inséparables par lesquels se caractérise la politique immédiate de notre parti. »

Que disait Jean Jaurès ? En substance, à peu près la même chose, à ceci près que pour lui l’affirmation de la République devait finalement abolir les classes sociales, réaliser la « démocratie sociale », et donc selon lui le Socialisme. Ce n’était donc bien qu’une variante de Gauche de ce tronc commun radical. On retrouve souvent la franc-maçonnerie comme force intellectuelle « universelle » et rassembleuse à l’arrière-plan, Jean-Luc Mélenchon s’en revendiquant historiquement.

D’où le fait que la social-démocratie allemande a tiré à boulets rouges sur le « socialisme » à la française, incapable de n’être pas autre chose qu’un radicalisme-social ultra-poussé. Le marxisme, le Socialisme comme courant distinct du radical-socialisme, n’a été concrètement qu’un produit d’importation extérieure, au départ lié à la social-démocratie allemande, puis à l’Internationale communiste après 1919.

Une influence d’ailleurs toute limitée : les grands moment de la Gauche française n’ont-ils pas été qu’une application par la Gauche de l’idéologie radical-socialiste ? C’est le Front populaire de 1936 avec le PCF qui devient le champion de la défense de la République, ou le programme du CNR de 1944 avec « l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ».

Cela ne pouvait pas marcher et au fur et à mesure le radicalisme a pris le dessus. D’ailleurs, pour Sciences-Po, François Hollande et tous les candidats de la Gauche gouvernementale depuis plusieurs décennies, la France se gouvernerait au « centre », il faudrait se fonder sur le « centre », on se ferait élire grâce au « centre », etc.

Le grand lessivage des années 1990-2000 a simplement fini de raccorder la Gauche française à cette matrice radicale, avec le Parti socialiste comme héritier principal, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon en variante de Gauche, et Emmanuel Macron comme variante de Droite.

Qu’on compare leurs propositions avec le programme commun de 1972. C’est la nuit et le jour.

Ce n’est clairement pas comme cela que la Gauche va pouvoir sortir de l’impasse politique dans laquelle elle est plongée. Pour faire face aux turbulences historiques telles qu’elles se présentent actuellement, la Gauche française ne pourra s’en sortir qu’en assumant le meilleur de l’héritage politique, rouge, du mouvement ouvrier français, mais aussi et surtout international.

C’est là un devoir historique!

Catégories
Écologie

Fabien « Astérix » Roussel, chasseur de sangliers

Changer le monde, ou fantasmer le passé ?

Pendant près d’un demi-siècle, après la Seconde Guerre mondiale, le PCF a eu une portée immense en France, tant numériquement que politiquement. Sa base populaire et son assise dans le pays étaient gigantesques : pourtant il n’a jamais été en mesure ne serait-ce que de bousculer le régime. Le plus grand échec du PCF a d’ailleurs été son opposition à la vague de grèves et contestations en mai-juin 1968. La raison est simple, elle est culturelle.

En fait, le PCF ne visait pas à changer le monde, mais simplement à le prendre tel qu’il est pour le rendre plus « juste » avec la CGT dirigeant les entreprises et quelques artistes et intellectuels parisiens dirigeant les affaires publiques. Il ne s’agit pas ici de « radicalité » plus ou moins grande, d’être plus ou moins « gauchiste », mais d’un véritable sujet de fond.

Fabien Roussel, son actuel dirigeant, est un très bon exemple de ce problème, il en est même caricatural. Cela avait déjà été évoqué ici récemment avec sa sortie ironique beauf sur la « libération » des poulets. C’est encore plus flagrant avec deux exemples tout récents, qui vont ensemble.

Sur France info le 18 octobre, le candidat « communiste » à la présidentielle 2022 a expliqué :

« J’en ai un peu marre de ces intellectuels condescendants qui n’arrêtent pas de nous donner des leçons sur nos pratiques, sur nos manières de faire, qui nous disent ce qu’il faut manger et comment il faut conduire ».

Sans même parler du contenu, il y a déjà que la forme est incroyablement rétrograde. Dire cela est ultra-régressif, à peine digne d’un Eric Zemmour : il faudrait donc laisser les gens vivre leur petite vie tranquille, comme avant, sans rien questionner, sans rien bousculer. Drôle de vision du monde pour un prétendu partisan de Karl Marx…

Mais le problème se pose surtout sur le fond, évidemment. Fabien Roussel répondait ici à la question des chasses dites « traditionnelles », en fait surtout particulièrement barbares. Il s’agit de pratiques de piégeage d’oiseaux qui ont été jugées illégales par le Conseil d’État (et par l’Union européenne) tellement c’est atroce, mais que le gouvernement continue quand même d’autoriser.

Ce genre de pratiques ne concerne que quelques énergumènes arriérés, qui se prétendent représentant de la ruralité mais qui ne sont en réalité qu’une minorité de furieux ennemis de la nature et des animaux. Il est évident que la société doit écraser de telles pratiques pour aller de l’avant. C’est le sens de l’Histoire, réfutant la barbarie, allant vers plus de civilisation : au 21e siècle cela signifie évidement de prendre en compte les animaux.

Mais cela, Fabien Roussel en est incapable, car il ne veut pas du 21e siècle, simplement d’un 20e siècle fantasmé. C’est exactement comme Eric Zemmour.

Le pire, c’est que Fabien Roussel sait très bien qu’au fond sa position sur les chasses « traditionnelles » est intenable. Alors il convoque un matérialisme historique passé à la moulinette beauf pour assumer qu’il ne veuille rien changer :

« Il y a un sens de l’histoire qui fait que petit à petit, ces pratiques vont disparaître naturellement, et donc il faut laisser faire la vie »

Cela est évidemment faux. Le vieux monde ne s’effondrera jamais de lui-même si la société ne se soulève pas contre lui ! C’est cela que les communistes nomment révolution… Apparemment, il n’est pas au courant. Et surtout, en l’occurrence, il s’agit effectivement de laisser faire la vie quand on est de Gauche, et donc ne pas laisser faire en France des massacres organisés d’oiseaux comme simples « loisirs ».

Fabien Roussel n’est pas du bon côté dans cette histoire, car il est un partisan de la chasse et des chasseurs. Selon lui, les chasseurs seraient mêmes « essentiels à la préservation de notre environnement » ! Il connaît en effet par cœur toute la propagande du lobby de la chasse et récite leurs arguments, avec le fameux sujet des sangliers :

« Je sais que chez moi, il y a une surpopulation de sangliers et donc tous les ans, c’est la préfecture qui fait appel aux chasseurs pour réguler cette surpopulation de sangliers ».

N’importe qui connaissant les campagnes françaises sait que c’est là un gros mensonge. Déjà car les chasseurs nourrissent les sangliers et en lâchent eux-même dans la nature pour préserver leur loisir. Mais surtout, il ne faut pas se moquer du monde : un pays comme la France aurait déjà liquidé depuis longtemps les sangliers s’ils représentaient un « problème », comme cela a été fait avec le loup. Le capitalisme sait très bien massacrer la nature quand il a besoin.

Le « problème » des sangliers est surtout celui de l’étalement urbain. A un moment donné, à force de construire partout, forcément qu’il y a des sangliers pour « oser » s’aventurer dans des emprises humaines. Alors il y a ensuite les chasseurs pour dire « voilà regardez, nous sommes utiles, notre loisir sert à vous protéger des sangliers ».

La chasse aux sangliers, voilà en tous cas l’horizon de Fabien Roussel… ce grand fan d’Astérix et Obélix, comme le montre cette publication du 21 octobre avec une photo prise dans les locaux du siège du PCF à Paris avec le nouvel épisode de la BD.

Même les gens de droite sont pourtant lassé par Astérix et Obélix, à en croire le Figaro qui trouve ce 39e épisode très ennuyant. Mais Fabien Roussel, lui, adore, et prétend qu’il s’agit là de la culture populaire ! Quelle ringardise, quel populisme, et surtout : quelle arriération culturelle !

Fabien Roussel a tout faux quand il s’affirme « gaulois réfractaire », car c’est tout l’inverse de ce que la Gauche doit viser. Ce qu’il faut, ce n’est pas un village isolé et replié sur lui-même, à la Eric Zemmour. Ce qu’il faut viser, c’est une nouvelle Rome avec sa perspective universelle et sa volonté de civilisation.

Le futur, ce n’est pas la vieille Gaule, c’est une nouvelle Rome sociale, avec la classe ouvrière au pouvoir, avec les femmes aux cœur des décisions, avec la culture au centre de la vie des gens, avec la nature chevillée au corps et l’avenir de la planète Terre comme horizon principal, avec le véganisme d’ailleurs comme exemple de solution pour changer les gens de l’intérieur et changer enfin le sort des animaux.

Le futur se construit dans le débat démocratique populaire et la Gauche historique comme moteur des idées et de la culture, pas avec Astérix, Obélix et autres nostalgies d’un passé idéalisé, que ce soit avec les « ZAD » ou avec Eric Zemmour. Le seul romantisme doit être celui de l’avenir!

Catégories
Politique

Le Parti Communiste d’Autriche fait 29% dans la seconde ville du pays

Il s’agit de la ville de Graz.

Le Parti Communiste d’Autriche a quatre particularités historiques bien à lui. Né en novembre 1918, il est ainsi le premier Parti Communiste fondé à la suite de la révolution d’Octobre. Par contre, il a paradoxalement toujours été pratiquement inexistant en Autriche, en raison du poids immense de la social-démocratie dont Vienne est historiquement le bastion et qui a toujours eu une ligne à la fois très à gauche et culturelle.

Pourtant, lors de l’accession de l’Autriche à l’indépendance du pays en 1955, il fait partie des quatre partis politiques signataires de la nouvelle constitution et il tient donc particulièrement à ce prestige. Cela doit à la présence soviétique, mais également au fait que dans les années 1930, les communistes autrichiens ont été les seuls sur le terrain politique à affirmer que l’Autriche était une nation distincte de l’Allemagne.

Enfin, c’est aussi un parti qui a été au cœur des magouilles avec les pays de l’Est durant les années 1960-1980, principalement la République Démocratique Allemande; il a ainsi alors été à la fois littéralement inexistant politiquement au niveau national avec quelques milliers d’adhérents et possesseur de centaines de millions d’euros.

Se maintenant avec difficulté après 1989, il a réussi le tour de force de s’imposer pas moins que dans la seconde ville d’Autriche, Graz, en Styrie. Cette ville d’un peu moins de 300 000 habitants est devenu son bastion, à force d’un travail local important l’amenant même, lors des élections municipales du 26 septembre 2021, à obtenir 29,11% des voix.

Il est vrai que même la tête de liste, Elke Kahr, a été particulièrement surprise d’un tel haut score, même si le Parti Communiste d’Autriche faisait en fait d’habitude déjà 20%. Il y a un vrai ancrage et un faisceau de valeurs rendant un ancrage culturel réel.

Cela reflète concrètement une tendance de fond en Autriche où, à l’opposé d’en France, tant les sociaux-démocrates que le Parti Communiste d’Autriche font un « retour aux fondamentaux » en parlant ouvertement des travailleurs, et surtout en s’adressant directement les gens au niveau de la vie quotidienne.

Au-delà de la question de l’idéologie, il y a une perspective de filiation avec le mouvement ouvrier qui est ouvertement assumé et possède surtout de solides traditions.

Le Parti Communiste d’Autriche à Graz pour ses cent ans, avec le drapeau rouge et le marteau et la faucille

Il faut cependant remarquer que ce qui est vrai pour la Gauche l’est également pour la Droite et l’extrême-Droite. Chaque force dispose de ses traditions, ses bastions ; ainsi les élections en Haute-Autriche le même jour était un triomphe pour la Droite (37,6%), alors que l’extrême-Droite perd un tiers mais reste massive (19,9%), avec également 18,6% pour les sociaux-démocrates, 12,2% pour les Verts, 6,2% pour un parti anti-vaccin et 4,2% pour des néo-libéraux (le Parti Communiste d’Autriche n’existant pas électoralement à part à Graz!).

Au Tyrol, le Parti Communiste d’Autriche n’est même pas en position de présenter une liste ; à Vienne il fait 2%. Comme le pays est qui plus est fédéral, avec une décentralisation administrative massive, cela forme littéralement autant de petits royaumes indépendants.

Il est en tout cas intéressant de voir que la « peur du rouge » n’existe pas chez les gens, tout est une question de travail mené. C’est particulièrement important comme exemple alors qu’Europe Ecologie Les Verts prône une ligne « citoyenniste » refusant tout marqueur à gauche.

Et cela montre aussi qu’il est tout à fait possible d’écraser l’extrême-Droite, s’il y a les bons leviers. La Gauche qui s’assume, c’est celle qui gagne, et inversement.