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Effondrement de la France

Armés d’une kalashnikov sur une trottinette…

Les Français ont cru au capitalisme. Même s’ils ne l’aiment pas, ils l’ont accepté et se sont dit qu’après tout, il y avait toujours à y gagner. Ils ont donc perdu tout esprit critique, au fur et à mesure. Ils sont devenus propriétaires ou veulent le devenir – ce qui veut dire qu’une grande partie des Français disposent d’un capital accumulé, d’un capital potentiel. Les héritages circulent et, qu’on le veuille ou non, il y a une masse d’argent, une surproduction de capital.

Seulement voilà, la civilisation capitaliste s’effondre et en France, c’est particulièrement visible. Les Français des années 2004 seraient horrifiés de voir la France de 2024, ils n’y croiraient même pas. Rien que la fin septembre 2024 égrène ses faits divers sordides, ces faits divers qui n’en sont pas : viol et meurtre d’une jeune étudiante dans le Bois de Boulogne par un sans-papier déjà violeur, procès ignoble de Mazan avec le rôle marquant de la soumission chimique, impacts de plombs sur les vitres du collège Mallarmé à Marseille, arrestation à Grenoble de deux jeunes armés d’une kalashnikov sur une trottinette…

Et que dire d’Échirolles, en banlieue de Grenoble, justement ? Les habitants de l’immeuble « Le Carrare », qui a 80 appartements, ont eu ordre de la mairie de quitter leur logement sous 72 heures. La raison ? Un « danger de mort permanent », car le narcotrafic a pris le contrôle de l’immeuble, avec tellement de dégradations que les risques d’incendie sont patents.

Qu’est-ce que tout cela ? C’est la faillite. Une faillite qui ira en s’empirant, comme la règle le fait. Une fois en effet que les vannes sont ouvertes, impossible de freiner le processus. En fait, si, c’est possible, par la violence d’un État socialiste, l’envoi massif des éléments anti-sociaux en camps de travail – et la haute bourgeoisie fait partie des éléments anti-sociaux, au même titre que les narco-trafiquants. Il y a un grand ménage à faire.

Le souci est que plus les choses empirent, moins il y a le courage d’affronter les problèmes. On l’a vu en Italie du Sud, on l’a vu au Mexique. Qui serait assez fou pour aller se confronter à des gangs ? Seule une organisation peut le faire, une organisation plus puissante que les mafias. On parle ici d’un État. D’un État nouveau, socialiste, prenant le peuple comme levier, une armée populaire qui dialectiquement utilise cet État comme levier.

Ce n’est en effet pas l’État bourgeois qui lui va faire face à la situation. Il faudrait l’armée pour cela. Mais quelle armée ? Elle n’a pas les moyens de faire face à ça, ce n’est pas dans sa nature, et de toutes façons elle est intégrée à l’Otan et son objectif numéro 1, c’est la guerre contre la Russie.

On est donc face à un grand défi, ou plus exactement les masses font face à un grand défi. Soit elles acceptent jusqu’au bout une société à l’américaine, avec des gangs, des mafias qui frappent, avec une haute bourgeoisie qui fait ce qu’elle veut… Et encore, c’est le meilleur des scénarios, car dans cette perspective, il y a pire, comme le Mexique ou le Venezuela, avec une violence endémique, qui suinte de partout (et de fait c’est la réalité du tiers-monde).

Soit les masses refusent cet effondrement civilisationnel, et alors elles se mettent en mouvement, en étant prêt au sacrifice pour la mise en place d’un nouvel État, d’une démocratie populaire. Cela veut dire, concrètement, être pour verser son sang pour la Cause, au lieu d’accompagner passivement le capitalisme, en éventuellement votant pour l’extrême-Droite de Marine Le Pen et Jordan Bardella pour se « rebeller » à peu de frais.

Ce défi, les masses aimeraient l’éviter, cela devient pourtant de moins en moins possible et l’absence de gouvernement réel rend visible les choses. La crise rend les choses visibles, voilà ce qui se passe. Et ce n’est que le début : toute la société française, pourrissante, se démasque. Elle a fait son temps.

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Effondrement de la France

Michel Barnier, le gouvernement de la dette

Le Premier ministre Michel Barnier n’a été nommé que pour une seule et unique mission : tenter de sauver la France du naufrage économique. Son gouvernement ne peut être que « technique », dans le sens où il va systématiquement se présenter comme au-dessus des partis, des opinions et de la politique, dans un unique but de redressement budgétaire.

Contrairement à nous qui savons que la crise a une ampleur générale, ne pouvant aboutir que par un renversement du régime (par la guerre mondiale en cas d’échec populaire ou par la révolution démocratique en cas de succès populaire), le gouvernement de Michel Barnier doit avoir une vision mécanique, froide et sans envergure. La crise est considérée comme un simple problème technique, relatif à la dette structurelle du pays.

N’ayant par encore nommé son gouvernement, Michel Barnier a toutefois déjà commencé à gouverner début septembre, aux alentours du 10 septembre 2024, en négociant directement avec la Commission européenne pour obtenir un délai. La France est censée présenter à l’Union européenne le 20 septembre 2024 un plan de redressement de ses comptes, dans le cadre de la procédure pour déficit excessif engagé contre elle.

Cette demande de délai signifie que la France accepte de se plier aux exigences européennes, et qu’elle n’envisage absolument plus aucune indépendance. Michel Barnier est lui-même un cadre européen, ayant été le négociateur en chef de l’Union européenne avec le Royaume-Uni (ou plutôt contre le Royaume-Unis), lors du Brexit.

La France, province européenne, sous protectorat américain, est maintenant dans la situation suivante :

– sa dette a été mesurée à près de 111 % du PIB en 2023 et elle devrait approcher les 113 % en 2024 puis les 114 % en 2025, mais elle doit présenter un plan de redressement pour s’orienter vers l’exigence européenne qui est de ne pas dépasser les 60 % du PIB ;

– son déficit public a été mesuré à 5,5% du PIB en 2023 et il y a la prétention que celui-ci soit réduit à 5,1 % pour l’exercice 2024, mais elle doit présenter un plan de redressement pour s’orienter vers l’exigence européenne qui est de ne pas dépasser les 3% du PIB.

Traduit en des termes simples, cela signifie que la France est en faillite, mais qu’elle va faire la promesse de redresser drastiquement et en urgence ses comptes par des mesures précises. Il s’agit là de plusieurs milliards d’euros d’économie à faire, au moins une trentaine de milliards d’euros immédiatement (le déficit serait quant à lui aux alentours de 160 milliards d’euros).

Maintenant, soyons sérieux et voyons ce que cela implique concrètement.

Déjà, pour bien comprendre ce qui est en jeu, il ne faut pas perdre de vue la relativité de ces chiffres. C’est-à-dire que le déficit de la France est, par définition, relatif aux richesses qui sont produites en France (mesurées par le fameux PIB).

Si la France réduit le montant brut de sa dette, mais qu’en même temps elle a produit beaucoup moins de richesses, son déficit peut tout à fait se creuser. Voilà le cœur du problème, qui fait que la situation est explosive.

Pendant des décennies, il a été misé sur le fait qu’il valait mieux endetter le pays pour garantir sa croissance économique, que de couper dans les dépenses et risquer un décrochage. La bourgeoisie en France s’est donc gavée non pas seulement en exploitant le travail des prolétaires français et immigrés, mais aussi en faisant en sorte que la consommation soit portée par une dépense publique absolument massive.

Un cas typique est celui de la Sécurité sociale : c’est historiquement une avancée sociale, car cela protège la population sanitairement, mais c’est surtout une manne pour l’industrie pharmaceutique et le secteur hospitalier, notamment privé, où l’on trouve une masse de gens excessivement riches qui se gavent grâces aux soins et médicaments remboursés.

Cela est vrai pour tout : les différentes formes d’allocations et subventions aux personnes les plus précaires servent en fait à porter la consommation et assurer le train de vie des personnes formant la bourgeoisie (ou espérant s’y inclure). Les APL par exemple servent en apparence à aider les plus précaires à se loger ; elles servent en réalité à garantir des loyers élevés aux propriétaires de logements.

La Droite, dont est issu Michel Barnier, est donc coincée. Elle prétend qu’elle va réduire les dépenses, mais elle ne peut pas le faire car elle sait très bien que cela mettrait en péril l’économie française, en torpillant la consommation.

Voilà pourquoi Bruno Le Maire, lui aussi issu de la Droite, n’a pendant ses sept années à la tête du ministère de l’Économie et des finances, absolument rien fait contre l’envolée de la dette publique, qui n’a cessé de battre des records historiques.

Cela n’a pas suffi à empêcher la crise, et c’est maintenant d’autant plus un facteur aggravant de la crise. Comme cela a été expliqué début septembre 2024 dans une note ministérielle destinée aux parlementaires, les recettes de TVA, d’impôt sur le revenu et d’impôt sur les sociétés s’annoncent ainsi largement moins élevées que prévu.

Le déficit, qui devait baisser à 5,1 % en 2024, pourrait en réalité augmenter à 5,6 % en 2024 en raison du ralentissement économique impliquant une baisse drastique des recettes.

De surcroît, les collectivités territoriales (communes, départements, etc.) ont également largement dépensé pour tenter d’endiguer la crise (ce serait là 16 milliards d’euros qui pèseraient sur les comptes de l’État pour 2024), ce qui fait que tous les compteurs sont au rouge, accablés par le ralentissement de la croissance.

Selon les prévisions de l’Insee pour le dernier trimestre 2024, le repli de la croissance devrait être de 0,1%, ce qui porterait la croissance du PIB sur l’ensemble de l’année 2024 à seulement 1,1 %, alors que le projet de loi de finances 2024 tablait sur 1,4%. Cela aggrave directement et dangereusement la possibilité d’un redressement de la dette française pour le gouvernement de Michel Barnier.

L’établissement d’un budget pour 2025, sous tutelle de l’Union européenne, va maintenant être le grand marqueur du basculement de la France, qui n’est plus un pays riche, une puissance de l’occident, mais un maillon faible du capitalisme mondial.

L’État français n’a plus aucune indépendance budgétaire, donc il n’a plus d’indépendance du tout. C’est d’autant plus vrai que Michel Barnier, agent de l’Union européenne, doit également rendre des comptes aux agences de notation financière, pour éviter que la situation ne déraille du jour au lendemain.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de croire que les agences de notations aient un quelconque poids en elles-mêmes. Seulement, elles sont un reflet de la situation, car elles sont utilisées par les acteurs des marchés financiers pour évaluer des situations économiques (ici de l’État français, mais c’est également le cas pour les grandes entreprises).

Ce qui se joue directement, c’est la crédibilité de la France en tant qu’elle emprunte énormément d’argent sur les marchés financiers. Alors la France doit tout faire pour convaincre les agences de notation qu’il est conseillé de lui prêter de l’argent, que cela est un investissement fiable.

Sans cette garantie, la France se retrouverait, se retrouvera bientôt, au même niveau que des pays secondaires du capitalisme mondial : de l’argent est prêté, mais à des taux très élevés. Et qui dit taux élevés, dit augmentation de la charge de la dette, donc forcément du déficit.

En juin 2024, juste après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le taux d’emprunt à 10 ans pour les bons du Trésor français a atteint pratiquement 3,20 %, soit pratiquement 0,70 point de plus que le taux allemand (la référence pour la France).

L’État français, qui empruntait il y a encore quelques années à des taux extrêmement bas, voir négatifs dans certains cas particuliers, se retrouve maintenant face à un mur.

C’est le mur de la dette, contre lequel se fracasse le pays ; Michel Barnier n’y pourra rien. Même s’il tentera d’en faire payer le prix aux prolétaires, la situation est inextricable, car la crise est en réalité ancrée depuis de nombreuses années, en profondeur, sans aucune possibilité de redressement dans le cadre actuel.

La réponse doit donc être l’intelligence, celle de la Gauche historique, avec ses valeurs. Car le prolétariat va se recomposer comme classe dans, à travers et contre la crise. Comme le dit l’adage chinois, le vent gonfle le pavillon!

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Effondrement de la France

50 jours sans gouvernement !

Les Français n’ont toujours pas compris la situation, endormis par les Jeux olympiques, mais également par les mensonges des uns et des autres. Il y a ainsi le « Nouveau Front populaire » qui prétend pouvoir gouverner, avec comme Premier ministre Lucie Castets, qui cumule toutes les caractéristiques de l’esprit « parisien » (Sciences Po, ENA, haute fonctionnaire, Mairie de Paris, LGBT). Il y a Emmanuel Macron qui prétend combiner les forces « républicaines ».

Mais c’est une crise de gouvernement qui a comme base la crise de régime. Les gens ne comprennent plus rien à la politique, ils votent n’importe comment, le personnel politique est fainéant et vide. La crise commencée en 2020 a torpillé toute rationalité et le résultat, c’est le chaos de l’idéologie dominante, la paralysie à la tête de l’État.

Les Français n’arrivent plus à être entraînés par le capitalisme, par l’État, par les médias, par la politique bourgeoise. Il n’y a ainsi tout simplement plus de majorité absolue.

C’est pourquoi l’ancien Premier ministre Edouard Philippe a déclaré, le 4 septembre 2024, qu’il serait candidat pour la présidentielle de 2027. Il ne se projette pas, en réalité il estime possible une démission d’Emmanuel Macron. C’est le recours ultime pour relégitimer le régime. Et encore, pendant plusieurs mois le gouvernement n’aurait pas de majorité et reposerait sur la seule légitimité de l’élection présidentielle.

Le capitalisme ne peut qu’exiger une continuité, donc un gouvernement « technique ». Mais la tension est trop forte et le risque est immense d’encore plus enlever de la légitimité au régime. C’est le paradoxe : avec la crise de 2020, la crise est passive, plus personne n’y croyant, à part ceux qui font de l’agitation pour obtenir les places, à droite comme à gauche.

C’est là tout à fait dans l’esprit de la nature de la crise provoquée par la pandémie. Pandémie qui a littéralement disparu aux yeux des uns et des autres, alors que c’est un événement historique, mondial. C’est toutefois précisément la raison qui fait qu’on l’oublie. Personne dans le capitalisme ne veut voir un événement universel, qui pose la question du rapport à la Nature, qui implique que seule la planification et l’organisation mondiales a un sens réel.

Il est totalement fou de penser qu’il n’y a pas des jeunes, des artistes, des intellectuels, des révolutionnaires pour s’emparer de la question de la pandémie, pour en analyser le parcours et la nature, pour en chercher les implications et les conséquences. Ici, les numéros de la revue « Crise » publiée justement depuis mai 2020 ont quelque chose d’assez incroyable, puisqu’on se retrouve projeté dans le contexte de la pandémie, de « l’argent magique » déversé sur les entreprises.

On assiste vraiment à une crise à rebours, à une crise à l’envers, où les gens fuient dans le repli sur eux-mêmes et la consommation plutôt que de se précipiter pour faire de la politique. C’est le début d’une époque de bouleversement. Et il faut être prêt pour cela. Qui n’a pas accumulé des forces – intellectuelles, culturelles, idéologiques, pratiques – va regretter amèrement d’avoir dormi. C’est la fable de la cigale et de la fourmi à l’échelle d’un pays et de son histoire.

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Culture & esthétique

Après Belmondo, Delon: la fin du mec viril seul réel acteur

La disparition d’Alain Delon le 18 août 2024 met un terme à toute une longue période de l’Histoire de France. Ce n’est pas seulement du 20e siècle dont on parle, mais de la France telle qu’elle s’est définie en tant que République.

Alain Delon, c’est en effet celui qui vient des classes populaires, qui a fait l’armée pour se donner une perspective, dont le passé est trouble (la mafia), qui arrive par hasard dans le monde du cinéma et joue les beaux ténébreux dont la fin est souvent tragique.

Naturellement, il a du contenu : il est de droite.

La Piscine

Il y a son inverse, Jean-Paul Belmondo, décédé en 2021. Il est éduqué et a fait des études de théâtre, c’est un bourgeois qui amuse la galerie, dont le père est le sculpteur Paul Belmondo (qui a collaboré avec les nazis et dont la sculpture est typique de l’idéalisme).

Il joue les beaux gosses et le type ouvert, populaire, costaud. Il n’a pas de contenu, c’est une grosse gueule qui entend réussir ce qu’il fait, avec un sens de la justice, donc rétif aux autorités, à la hiérarchie.

Il a toujours eu d’ailleurs le souci de ne jamais donner son opinion politique, chacun pensant par lui-même, etc.

C’est typiquement comme ça que s’imaginent être les gens de gauche.

Ces deux définitions viennent du 19e siècle : l’homme de droite est solitaire, sombre dans son esprit, loyal, obsédé par des valeurs. Il irradie quelque chose et c’est le sens des (quelques vrais) films où l’on a Alain Delon, notamment ou surtout Plein Soleil (1960) et La Piscine (1968).

Plein soleil

L’homme de gauche, lui, rue dans les brancards en permanence, il a un esprit « barricades ». Il n’est pas intéressant, mais on peut compter sur lui, il y va.

Si on regarde le 20e siècle, cette opposition culturelle joue totalement. C’est vrai partout, jusque la littérature : vous écrivez bien, en respectant les classiques, vous êtes de droite. Vous êtes un moderne, bouleversez les règles, vous êtes de gauche.

Tous les problèmes historiques de la révolution en France viennent de là. La Gauche réelle est celle assumant la civilisation, pas la « révolte ».

Ce qui est révolutionnaire avec le film À bout de souffle de Jean-Luc Godard, en 1960, c’est que l’approche de droite commence justement à être renversée dans une perspective de gauche. La tentative fut refaite avec Pierrot le fou, en 1965.

Mais on reste cependant dans la logique de l’aventurisme, que Jean-Paul Belmondo ne quittera plus, avec d’immenses succès populaires : Le Cerveau (1969), Peur sur la ville (1975), L’Animal (1977), L’As des as (1982).

Tout cela a été dit dans « Jean-Paul Belmondo, allégorie commerciale des années 1960-1980« , qui explique comment il est passé de pionnier de la culture à figure pop beauf.

Et si on regarde, tant Alain Delon que Jean-Paul Belmondo ont joué dans une immense liste de films. Ils sont alors des figures délavés d’eux-mêmes, à différents degrés (de la Tulipe noire au Guépard pour Alain Delon, de Ho ! à Week-end à Zuydcoote pour Jean-Paul Belmondo).

C’est en ça qu’ils reflètent également leur alignement sur l’opposition Droite / Gauche à la française. Les deux acteurs ont été présents en permanence dans une industrie du cinéma qui a massivement influencé l’opinion publique, pendant des décennies.

Et, comme toujours, l’anti-conformisme de « gauche » contribuait à l’individualisme consumériste, tandis que l’élitisme de droite contribuait au conservatisme. Les deux films suivants de 1974 sont exemplaires de cela.

En mars sortait Les valseuses, avec notamment Gérard Depardieu et Patrick Dewaere, un film nihiliste faisant l’apologie de la violence et du viol, l’ensemble présenté comme une rébellion. Frédéric Bonnaud, directeur général de la Cinémathèque française, en dit sur France inter en 2016 :

« Finie la France de Papa. L’esprit de révolte et de liberté ne se limite plus au seul quartier latin mais imprègne désormais toute la société. »

Ce monsieur Bonnaud serait bien en peine de défendre le film aujourd’hui, d’ailleurs malgré son succès culte, aucun média n’a osé le rediffuser pour ses cinquante ans.

Et début avril sortait La Race des seigneurs avec Alain Delon, dont voici le résumé de Wikipédia :

« Député du Parti républicain unifié (PRU), Julien Dandieu est susceptible de prendre part au gouvernement qui se met en place. À sa carrière, il sacrifie sa famille tout comme sa maîtresse, la jeune mannequin Creezy. Ainsi, son épouse est internée pour dépression, alors que son fils de dix-sept ans ne parvient jamais à le joindre. Dandieu va jusqu’à trahir ses amis pour accéder au pouvoir. Mais une fois obtenu le poste tant convoité, il apprend que Creezy s’est donné la mort par sa faute. »

L’homme de gauche est ouvert et libéral, l’homme de droite est entreprenant et solitaire. Des propos célèbres d’Alain Delon résument très bien cette opposition Droite/Gauche.

« Ma carrière n’a rien à voir avec le métier de comédien. Comédien, c’est une vocation.

C’est la différence essentielle – et il n’y a rien de péjoratif ici – entre Belmondo et Delon.

Je suis un acteur, Jean-Paul est un comédien.

Un comédien joue, il passe des années à apprendre, alors que l’acteur vit. Moi, j’ai toujours vécu mes rôles. Je n’ai jamais joué. Un acteur est un accident.

Je suis un accident. Ma vie est un accident. Ma carrière est un accident ».

Mais cela va plus loin.

Somme toute, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo ont représenté une grande limite historique, facile à comprendre : celle d’une idéologie patriarcale qui considère qu’un homme qui rentre dedans ou qui se replie sur lui-même suffit pour donner de la valeur à la réalité.

« J’arrive, et comme je suis ce que je suis, même si je n’ai été nulle part auparavant, je vais tout résoudre. » C’est typiquement patriarcal.

Ce culte de l’homme qui insiste lourdement sur lui-même a toujours été anti-révolutionnaire par définition et seules les femmes en furie, levant le drapeau du Socialisme, peuvent nous débarrasser de tels cultes de l’homme viril brutal ou isolé, dont l’exemple le plus fameux sans doute est Le Samouraï, de Jean-Pierre Melville, sorti en 1967.

Le Samouraï

Ce remake avec Alain Delon d’un film américain sur un tueur à gages a comme pendant direct John Wick, avec Keanu Reeves. Il résume à lui tout seul le culte bourgeois de l’individu viril dont Alain Delon et Jean-Paul Belmondo ont été des outils.

Est-ce à dire qu’il faut « déconstruire » les hommes de manière LGBT ? Pas du tout. Cela veut dire que ce qui compte, c’est la dialectique homme-femme, où les hommes sont des hommes, les femmes des femmes, dans la compréhension de l’identité et de la différence.

Rien ne peut être fait les uns sans les autres, c’est là d’ailleurs le sens même du principe du socialisme comme compréhension de la dimension collective.

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Effondrement de la France

Une France bloquée, vers la crise de régime

Les élections législatives anticipées de juin et juillet 2024 ont été la conséquence de la vague Rassemblement national aux élections européennes de juin 2024, mais plus encore elles sont le produit de la crise ouverte en 2022, lors de la réélection d’Emmanuel Macron.

Il n’avait alors qu’une faible majorité parlementaire et celle-ci s’est ébranlée au fil du temps, avec notamment l’utilisation très controversée de l’article 49.3 de la Constitution pour forcer la main aux députés. Tout cela est le reflet d’une France malade, prise dans le tourbillon de la crise du capitalisme à l’échelle mondiale commencée en 2020.

Ce qui s’est passé électoralement en juin et juillet 2024 est de ce point de vue très simple à voir. L’aspect principal est que la France est devenue entièrement soumise à la superpuissance américaine, elle n’est pour ainsi dire plus qu’un satellite américain en Europe, comme le montre son soutien acharné à la guerre contre la Russie.

Les forces politiques en présence sont donc toutes les mêmes dans leur fondement : les nuances ne suffisent pas à produire une vague politique et donc une majorité pour gouverner. Mais il y a en même temps de trop fortes traditions politiques, qui font qu’un consensus à l’américaine, bi-partidaire et par en haut, est devenu pratiquement impossible. C’est donc une période de grande instabilité qui s’ouvre maintenant.

Regardons les choses un peu en détail.

La première, c’est que le camp présidentiel a été largement défait lors de l’élection, avec à chaque fois au premier et au second tour, environ 6,5 millions de voix.

Cela n’a permis que d’obtenir 150 sièges, dont 2 dès le premier tour. Ce n’est pas négligeable, mais, même avec des alliances de proximité, il est impossible de gouverner le pays car c’est bien trop loin de la majorité absolue de 289 sièges.

Le produit commercial « Emmanuel Macron » est donc périmé, il ne suffit plus à maintenir le régime en France. Il lui reste trois ans de mandat, et il ne pourra pas dissoudre l’Assemblée nationale avant un an. C’est là un premier blocage.

Ensuite, la force juste au dessus (et qui prend la première place) est la coalition électorale faite entre la fausse Gauche et les populistes de la France insoumise, qui récolte 7 millions de voix au second tour, contre 9 millions au premier tour.

Le fait qu’il y ait moins de voix aux second tour s’explique par le fait que beaucoup de députés ont été élus dès le premier tour, les voix en leur faveur n’ont donc pas eu à s’exprimer à nouveau.

Cette engouement électoral permet d’envoyer 178 députés à l’Assemblée nationale. C’est, en apparence, une victoire, car il s’agit du plus grand nombre de députés. Toutefois, c’est très loin d’une majorité pour gouverner, et surtout c’est en réalité un assemblage très bancal, pour ne pas dire un bricolage.

Dans les faits, il n’y aura pas nécessairement un seul groupe de députés et il y a des divergences énormes de ligne politique, ainsi qu’en réalité aucune structuration décisionnaire. Toutefois, c’est là un épiphénomène propre à la décadence du pays.

La troisième chose qu’il faut voir est en fait la plus importante. C’est l’incapacité du Rassemblement national à arriver à la tête du pays, malgré son hégémonie politique. C’est là un facteur de blocage essentiel pour la France.

Le Rassemblement national (en alliance avec Eric Ciotti de la Droite classique) a récolté 10 millions de voix au second tour (et un peu plus au premier tour). Il obtient pratiquement 40 députés dès le premier tour et les autres candidats font en général des scores très élevés.

Au premier tour, cela donne un peu moins de 34 % des suffrages exprimés, et au second tour c’est 37 % des suffrages exprimés. C’est énorme, largement de quoi obtenir naturellement une majorité et un gouvernement. Cela d’autant plus qu’il y a une hégémonie sur les thèmes qui sont mis en avant dans le débat public français : refus de l’immigration, inquiétude quand à l’insécurité, apathie culturelle, volonté de figer le capitalisme tel qu’il était au 20e siècle.

Seulement, le Rassemblement national se heurte à une France faible et fragile, incapable d’avoir un Jordan Bardella comme Premier ministre. Celui-ci est pourtant très consensuel et particulièrement peu radical, si on le compare aux différents leaders populistes à travers le monde. Ni dans ses propos, ni dans son attitude, il ne sort du cadre et il paraîtrait comme un modéré si on le mettait à côté de n’importe quelle figure de la Droite française des années 1980.

Mais c’est encore de trop pour une France devenue insignifiante. La petite bourgeoisie hystérique des centre-villes et des cités de banlieue a pu largement s’exprimer et inventer une menace « fasciste » et « raciste » pour exister et empêcher le Rassemblement National. Cela a été suivi par la bourgeoisie moderniste française, elle aussi des grandes villes, qui a espéré profiter de la situation pour se maintenir.

Dans ces conditions, le Rassemblement national et ses alliés n’a pu obtenir que 143 sièges : ce n’est même pas la moitié de ce qu’il lui faudrait pour gouverner ! Le décalage avec la situation politique réelle est donc gigantesque.

Et il faut bien noter cet aspect. Formellement, la France est entrée au cœur de la crise politique ouverte en réalité dès 2022 avec la faible majorité obtenue par Emmanuel Macron : la crise s’exprimant effectivement avec deux ans de retard, ont peut donc s’attendre à une énergie cinétique immense, notamment en termes de rancœurs accumulées.

Car il ne faut pas s’y tromper : la défaite politique du Rassemblement national, pour ne pas dire son échec, est une défaite populaire, et par bien des aspects, prolétarienne. Non pas que le parti de Marine Le Pen soit celui du prolétariat, seule la Gauche authentique peut le représenter et le Rassemblement national n’a rien de Gauche, n’étant qu’une forme moderne de Droite sociale et populiste. Mais il est évident que le prolétariat en France, faible, isolé, marginalisé culturellement et politiquement pendant des décennies, n’a pas pour l’instant pu trouver mieux que Jordan Bardella pour s’exprimer.

Et quand il l’a fait, il s’est pris une gifle monumentale, avec une absence de gouvernement malgré la dynamique politique et le nombre très important de suffrages. Jordan Bardella n’a pas pu faire la différence, car il est coincé par la situation elle-même : d’un côté il ne sort pas du cadre du capitalisme et de la soumission à la superpuissance américaine, donc il ne peut pas soulever de réelle vague populaire, d’un autre il assume beaucoup trop de choses, notamment des exigences d’ordre et de sécurité, pour que la France molle et décadente de 2024 soit capable de le mettre à sa tête.

Et ce qu’il se passe, c’est que personne n’est maintenant capable de gouverner. La seule option possible est une coalition de gouvernement, comme cela existe dans de nombreux pays. Mais c’est impossible en France, où il n’y a ni la rigueur, ni la discipline politique pour que cela fonctionne.

D’autant plus dans une situation de crise (économique notamment, avec une crise de la dette qui ne demande qu’à exploser à la figure du pays) et avec l’engagement militaire du pays contre la Russie.

Voici une projection faite par le Figaro, qui reste le grand journal le plus sérieux en France (ou disons, le moins décadent), avec une connaissance fine de la politique nationale. Cinq scénarios de coalitions sont envisagés, avec seulement un scénario comportant une réelle majorité.

On comprend tout de suite que cela est intenable. La France est en crise, au-delà de l’instabilité, c’est carrément une crise de régime qui se profile.

L’Histoire avance malgré les Français. Préparons-nous pour qu’elle avance avec eux, par la lutte de classes, pour le Socialisme!

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Effondrement de la France

La tromperie du « nouveau » front populaire

Tout comme l’avait déjà été la NUPES du printemps 2022, constituée à la hâte, le « Nouveau Front Populaire » est un accord réalisé par en haut, où s’agrège dans un melting-pot revendications syndicales, forces associatives et partis politiques n’ayant plus aucune consistance sociale et populaire.

Ces points de programme suffisent à démontrer le caractère democrat à l’américaine de cette coalition. On est dans le style LGBT à 100 % rien que sur le plan de la forme avec cette coalition colorée de type melting-pot des identités politiques possibles. Au-delà d’être très niais, c’est révélateur du caractère opportuniste d’une coalition « mac do » où chacun peut venir comme il est.

Sur le fond, il suffit de constater qu’il n’y a aucun point concernant des nationalisations de grandes entreprises, au cœur pourtant de l’union de gauche ayant portée François Mitterrand au pouvoir en mai 1981. C’est du pur populisme gestionnaire dans lequel il est avancé quelques mesurettes syndicales et le retour d’impôts « sociaux », sans aucune perspective, même réformiste, de remise en cause du capitalisme.

On est bien loin, très loin, de l’héritage du Front Populaire de 1934-1936 qui relève du patrimoine de la Gauche historique, et dans laquelle l’élection de Mitterrand en 1981 puisait une certaine filiation. Mais ce qui en fait une expression la plus patente de democrat à la française c’est le soutien absolu à la « construction européenne », « à l’Europe de la défense » ainsi qu’au soutien militaire au régime ukrainien.

On est là dans une fausse gauche qui accepte entièrement la soumission à la superpuissance américaine, sans aucune critique ni opposition à la tendance à la guerre.

Quelle escroquerie par rapport à la dynamique de 1934-1936 qui naissait de l’opposition au coup d’état fasciste de février 1934 sur fond de prise de pouvoir des fascistes en Italie, Allemagne et en Autriche et le retour de la guerre et du militarisme. L’alliance socialiste-communiste dans la rue en 1934, prélude à l’alliance électorale en 1935, relevait d’une compréhension que le retour de la guerre ne pouvait qu’amplifier la crise sociale et économique issue du Krach de 1929.

Le « Nouveau Front Populaire » apparaît comme l’espace de défense de la bourgeoisie modernisatrice agrégeant autour d’elle la petite-bourgeoisie et une partie des sous-prolétaires urbains. À cet égard, il est logique de le considérer comme probable héritier d’Emmanuel Macron, puisque seuls quelques mesures syndicales et fiscales les séparent, quand l’encadrement du turbocapitalisme et la soumission aux États-Unis les réunissent.

L’opposition politique qui prend forme pour les élections législatives anticipées est donc viciée, elle relève d’une illusion générée par un capitalisme français en crise et qui se précipite au nom des États-Unis dans la guerre à la Russie pour se relancer. Pour chaque camp, l’objectif est de maintenir ce cadre afin d’éviter le retour de la lutte des classes.

Vive la Gauche historique opposée à la 3e guerre de repartage impérialiste, seule perspective antagoniste au capitalisme français moribond !

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Effondrement de la France

Ni « gauche » bobo caviar, ni droite Fleury Michon

L’esprit qui doit être celui de la vraie Gauche, c’est celui qui est partisan et exige un ordre nouveau, un État nouveau, un être humain nouveau. Quiconque accepte la vie quotidienne telle qu’elle est proposée par le capitalisme relève d’un passé révolu qui chaque jour disparaît davantage.

Et cela quelle que soit la forme de cette acceptation. La « Gauche » des centre-villes et la Droite des campagnes ne sont que les deux faces d’une même réalité, d’une même emprise d’un capitalisme à la fois rétrograde et replié sur le cadre national, et en même temps moderniste et cosmopolite.

Entre le beauf des villes s’imaginant « moderne » et celui des campagnes s’imaginant « ancien », il n’y a pas de différence de fond, seulement de rythme dans la vie quotidienne capitaliste. Pour prendre un exemple, les uns sont flexitariens, les autres des « viandards » patentés, mais tous sont trop décadents et libéraux pour prendre les animaux et la question animale en compte. L’industrie capitaliste de la viande est en expansion mondiale, les lieux sauvages sont toujours plus détruits, mais cela n’intéresse pas ces gens, qui ne voient pas plus loin que leur nombril.

Tout cela est à l’opposé de l’esprit résolument partisan de la Gauche historique. L’esprit engagé, déterminé, capable d’agir… et de ne pas agir, quand il le faut. Afin de protéger et de se préserver, de faire avancer et de ne pas faire reculer.

Dans une société française en crise politique en juin 2024, rien n’est plus étranger que l’esprit partisan. Les Français ont la nostalgie du passé, pour eux la société française précédant la pandémie de 2020 était finalement idéale. Accumuler du capital, devenir propriétaire, faire un travail qui somme toute ne dérange pas outre mesure, construire une petite famille, partir en vacances parfois, en attendant la retraite… Et bien sûr, de manière régulière, se précipiter dans la société de consommation.

Ce refus de la dialectique de la vie est ignoble et c’est pourquoi il faut bien le dire : oui le prolétariat français a été corrompu, il a trahi son rôle historique, il a accepté de se vendre à la bourgeoisie française, car il a considéré que son confort comptait plus que tout. Il a, pour cette raison, perdu sa dignité et c’est exactement cela qui le précipite dans les bras de l’extrême-Droite.

C’est le refus de l’esprit partisan qui a amené des prolétaires à soutenir des partis populistes d’extrême-Droite, de manière massive, que ce soit avec Donald Trump aux États-Unis, Marine Le Pen en France ou le FPÖ en Autriche. Il est fou de voir que la majorité des ouvriers porte à bout de bras les succès électoraux de telles sinistres figures !

Mais le prolétariat n’échappera pas aux larmes et au sang versé. Il devra bien en France, qu’il le veuille ou qu’il ne le veuille pas, écrire une page de gloire. Il devra se forger, par choix ou par la force de l’Histoire, pour porter le positif contre le négatif, la construction contre la destruction, l’avenir contre le passé.

Le prolétariat français devra porter l’esprit partisan, il devra être lui-même cet esprit, et tant qu’il ne le fera pas, il ne fera que errer, se perdre, se ronger de l’intérieur, souffrir mille maux. Personne ne peut échapper à la lutte des classes, qui exige la révolution, et à la nécessité d’un nouveau mode de production, qui demande une nouvelle civilisation.

On est immensément loin encore du grand saut que le prolétariat français doit faire. Rien ne peut toutefois empêcher que cela se produise. Ou la révolution empêche la guerre, ou la guerre provoque la révolution : l’Histoire donnera inéluctablement naissance à un héroïsme de classe.

La « Gauche » bobo – caviar et la Droite Fleury Michon sont des agitations, des troubles, rien de plus. L’ultra-radicalité fictive pro-LGBT, pro-migrants, pro-Palestine… n’est que du théâtre pour faire du bruit, et empêcher l’affirmation de l’idéologie dialectique du prolétariat, qui exige la transformation du capitalisme en Socialisme par la révolution, les masses en mouvement, en armes pour établir le nouvel État.

Sans le pouvoir, tout est illusion, et l’esprit partisan, l’esprit déterminé, l’esprit des choix, est ce qui prime, ce qui compte vraiment. Le prolétariat n’existe que par l’affirmation, la lumière, le mouvement… La victoire !

La crise politique en France de juin 2024 est un reflet de ce qui se passe au plus profond de la société française, du capitalisme français. C’est l’effondrement. Et le calme plat, illusoire, cède la place au vent qui commence à souffler.

Que ce vent fasse flotter le drapeau rouge, grâce à l’esprit partisan !

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Effondrement de la France

Crise politique en France

Il y a deux ans pratiquement jour pour jour se formait la NUPES, une union de la Gauche gouvernementale qui a totalement échoué dans son entreprise. Et là on a une nouvelle unité PS, PCF, EELV et LFI.

Mais il est trop tard. Car ce qui ne s’était pas produit aux élections présidentielles et législatives précédentes a finalement eu lieu le 9 juin 2024. Le Rassemblement national mené par Jordan Bardella a raflé la mise aux élections européennes avec 31,37 % des suffrages (30 sièges).

C’est un courant de fond. Être de droite est porteur. D’ailleurs, le Rassemblement national a plus du double de la liste de la majorité présidentielle (14,6 % soit 13 sièges).

Pire encore, si on y ajoute les voix de la liste du parti d’Eric Zemmour conduite par Marion Maréchal (5,47 % soit 5 sièges), cela fait près de 37% pour le populisme à tendance nationaliste. Avec de surcroît un record de participation (51,49 %) depuis 1994.

La France est de droite, comme nous l’avons toujours souligné ici, à rebours des fictions et auto-intoxications, comme lors du mouvement contre la réforme des retraites.

La vérité, c’est que la France, moche et fanée, refuse fondamentalement de se tourner vers l’avenir. Elle s’arc-boute sur un passé fantasmé, celui des 30 glorieuses où la France était encore une puissance garantissant l’opulence capitaliste pour tous.

Le populisme à la fois national et social de Jordan Bardella est typique de cela, du « c’était mieux avant », du capitalisme en mode social mais mesuré. Même son « nationalisme » est très mesuré : il n’est pas vraiment contre l’immigration et l’islam, il n’est pas du tout contre l’Union européenne et il est même carrément pour les États-Unis et l’Otan. De surcroît, il est un farouche défenseur des institutions de la Ve République.

Toutefois, il représente quelque-chose qui tranche avec le libéralisme ultra-moderniste d’Emmanuel Macron, exactement comme le Républicain Donald Trump tranche avec le Démocrate Joe Biden aux États-Unis. Le résultat a donc été une claque pour Emmanuel Macron, surtout alors qu’il est censé avoir une légitimité gigantesque de part sa participation forcenée à la guerre américaine contre la Russie.

À situation de crise, réaction de crise : le Président français a donc décidé la dissolution immédiate de l’Assemblée nationale, ouvrant pour le pays une période de trois semaines (puis une semaine) de troubles et d’incertitudes politiques.

Les élections des députés auront lieu le 30 juin, puis le 7 juillet en cas de second tour. Dans les faits, le régime français vacille littéralement, car la France est une puissance en déclin devenue entièrement inféodé à la superpuissance américaine, mais qui ne l’assume pas encore suffisamment.

Emmanuel Macron, pour garantir la guerre qu’il compte mener à la Russie, a besoin d’une légitimité renforcée. Il joue donc carte sur table en imposant un retour aux urnes et en tentant si ce n’est de coincer le Rassemblement national, sinon de l’obliger à rentrer comme il faut dans l’orbite américaine. Il accusera le RN d’être pro-Russie, et celui-ci montrera en retour avec zèle sa loyauté à la superpuissance américaine, tout comme le fait la populiste Giorgia Meloni à la tête du gouvernement en Italie.

Beaucoup de choses vont être dites et entendues durant ces trois prochaines semaines, il faut s’attendre d’ailleurs à la plus grande hystérie de la part de la petite-bourgeoisie urbaine et des bobos. Il va y avoir dans toutes les bouches des raccourcis grotesques, des déformations, du mensonge, du hors-sujet.

Il n’y a qu’à voir l’édito grotesque de Libération qui invente littéralement une situation historique et politique :

« En route vers ces élections inattendues mais ô combien cruciales, la gauche française doit prendre conscience de son rôle historique : assurer aux Français, comme ses ancêtres républicains, que le fascisme ne passera pas. »

Les bourgeois gauche-caviar de « Libé » inventent, car non seulement il n’y a pas de menace fasciste avec le consensuel et républicain Jordan Bardella, mais surtout la Gauche ne ressemble plus à rien en France. Elle est plus que jamais coupée du peuple, prise en étau entre les populistes ultras de la France insoumises et les bourgeois atlantistes furieusement pour la guerre à la Russie comme Raphaël Glucksmann ; elle ne changera donc rien à rien en 2024.

C’est la même rengaine avec la CGT, le syndicat qui se mêle de politique et s’imagine le droit de faire référence au Front populaire « face à l’extrême-droite » dans un communiqué. Le syndicat, qui ne semble pas être au courant qu’il est totalement marginal chez les prolétaires, est « en colère » et s’imagine des grandes choses pour y remédier :

« Notre République et notre démocratie sont en danger. Pour empêcher la catastrophe organisée par Emmanuel Macron et Marine Le Pen d’advenir, l’unité de la gauche est indispensable. »

Bref, c’est le triomphe du populisme, y compris donc dans sa version « de gauche », qui sabote l’héritage historique et la puissance du Socialisme pour défendre une République bourgeoise qui n’est pas du tout en danger.

Pour y voir clair dans ce marasme, il va falloir garder bien en tête la boussole de notre époque : la guerre mondiale de repartage du monde, avec en arrière plan l’effondrement de l’occident sous les coups acerbes des capitalismes challenger menés par la Chine.

Ce qui compte en France, c’est de dénoncer l’Otan, c’est de refuser la guerre à la Russie. Là est l’aspect principal.

La situation de crise politique rend d’autant plus claire et évidente cette position pour qui veux réellement que le monde change de base. Il n’y a pas à tergiverser ni à ruer dans les brancards : la crise politique exprime l’effondrement du régime en France, alors il faut appuyer cet effondrement en sabotant son principal plan de survie : la guerre à la Russie!

Non aux populismes, qu’ils soient nationaux ou libéraux, ou prétendument de gauche, et surtout non à l’Otan et aux plans de la superpuissance américaine pour la France, guerre à la guerre!

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Refus de l’hégémonie

Blinken vient à Paris donner ses ordres à Lecornu, Séjourné et Macron

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est rendu à Paris le 2 avril 2024, afin de venir donner les ordres de la superpuissance américaine au ministre des Armées Sébastien Lecornu, au ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné et au président Emmanuel Macron.

Antony Blinken est d’abord allé à Versailles avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu, sur un site industriel. C’est celui de Nexter, la filiale du groupe franco-allemand KNDS, qui doit faire passer sa production mensuelle de canons Caesar livrés au régime ukrainien de 6 à 12.

« Le canon CAESAr est devenu le symbole de cette coalition artillerie [pour le régime ukrainien et dont la France est à la tête], avec une augmentation significative des capacités de production : deux par mois puis désormais six par mois. Nous allons rehausser la production jusqu’à 12 canons par mois dans les temps qui viendront » a déclaré Sébastien Lecornu.

Autrement dit, le patron américain vient voir que sa filiale française fait bien ce qu’on lui dit. Antony Blinken est ensuite allé au quai d’Orsay voir le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné.

Les deux ont tenu une conférence de presse, afin de bien montrer l’alignement français sur la superpuissance américaine. « Comme les alliés l’ont dit à Vilnius, l’Ukraine sera membre de l’Otan » a dit le premier, « Les États membres s’engagent à soutenir les réformes de l’Ukraine dans la voie de l’intégration évidemment à l’Otan » a souligné le second.

Les deux ont également dénoncé le fait que la Russie puisse acheter des armes auprès d’autres pays, alors que la veille, Stéphane Séjourné était justement en Chine, qui comme on le sait est en alliance stratégique avec la Russie.

Enfin, Antony Blinken a rencontré Emmanuel Macron, qui fait ici office de gouverneur du protectorat américain qu’est devenue la France. L’alignement français sur la superpuissance américaine est net dans tous les domaines, depuis l’idéologie de la consommation jusqu’aux LGBT, de la guerre de repartage du monde contre la Russie à l’intégration totale de l’armée française dans l’Otan sur le plan technique.

La bourgeoisie française pense qu’elle ne peut sauver sa peau qu’en se plaçant dans l’orbite américaine, mais en réalité le pays est une puissance déclassée, en perdition, un simple satellite américain allant au crash. L’instabilité générale en France est inévitable, et c’est une période révolutionnaire qui s’ouvre, à travers malheureusement l’inexorable marche à la guerre.

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Culture & esthétique

Comment lire Guerre & Paix de Tolstoï ?

C’est une œuvre majeure de la littérature mondiale, un joyau universel qu’on se doit d’avoir lu comme il faut avoir vu La flûte enchantée de Mozart.

Guerre & Paix, ou La guerre et la paix, consiste en un gigantesque tableau d’art littéraire, écrit avec une finesse marquante et beaucoup de profondeur, de relief. On en sort aussi satisfait que grandi et meilleur. Autrement dit, plus cultivé.

L’œuvre a une résonance toute particulière pour les Russes, car c’est l’une de leurs fiertés nationales, mais aussi pour les Français, car il y est beaucoup question de la France. D’ailleurs, il y a énormément de passages en français dans le texte original, les personnages étant des aristocrates parlant régulièrement le français, la langue des cours européennes de l’époque. Les éditions françaises impriment normalement ces passages en italique pour les différencier du reste qui est traduit.

Guerre & Paix est un roman historique, de type réaliste, dont le cœur de l’intrigue est la guerre de la France, à travers la figure de Napoléon, contre la Troisième coalition (l’Empire russe, l’Empire d’Autriche, le Royaume-Uni et la Suède).

On dit le cœur de l’intrigue, car c’est de cela dont il s’agit, mais on peut tout aussi bien considérer que ce n’est que prétexte ; en fin de compte, Lev Nikolaïevitch Tolstoï parle de bien plus que de cela dans son roman. Il y sonde l’âme russe, c’est bien connu, mais aussi l’Humanité en général, dans son rapport intime et particulier à la guerre, à cette horreur transcendante et bouleversante qu’est la guerre. Mais cela est fait de manière complexe, assumant toute la subtilité de la politique, jamais avec mièvrerie.

En 2024, alors que la France assume pratiquement ouvertement son intention de faire la guerre à la Russie, et que la Russie assume encore plus ouvertement de tuer en priorité tous les soldats français qui se dresseraient sur son chemin, le roman a une résonance encore plus particulière. Il faut lire ou relire Guerre & Paix de Tolstoï !

Seulement voilà, ce n’est pas une œuvre facile à aborder. D’abord quantitativement : pour une édition classique en français, c’est grosso modo deux milles pages ! Mais aussi qualitativement, car la lecture de ce livre demande un certain effort, particulièrement pour suivre la longue et précise suite de personnages qui se succèdent et s’entremêlent, tout cela au milieu de beaucoup d’autres qui ne font que passer.

Il faut donc trouver une méthode. La première chose, c’est d’assumer l’effort. Il faudra pour lire ce livre de la concentration. Le plus souvent, on sera porté par l’intrigue et les pages se succéderont avec délice. Mais parfois, on se retrouvera plusieurs minutes sur la même page, car il aura fallu réfléchir un peu plus en profondeur ou relire plusieurs fois, pour s’y retrouver, quitte à aller chercher ailleurs des informations, du vocabulaire.

Une fois cela su et assumé, c’est bien plus facile.

La seconde chose à faire, en tous cas pour la plupart des gens, c’est de dresser au fur et à mesure une liste précise et rigoureuse des protagonistes, d’autant plus qu’ils changent souvent d’appellation (qu’ils soient désignés avec ou sans le nom de famille, ou bien par un des nombreux diminutifs typiquement russes). Seuls les lecteurs les plus aguerris peuvent s’en dispenser. Nous allons proposer ici un exemple pour les premières pages.

Mais avant cela, une présentation de l’intrigue et du contexte historique est nécessaire.

En juin 1805, l’aristocratie mondaine de Saint-Pétersbourg (capitale de l’Empire) est obnubilée par Napoléon, devenu « Empereur ». La guerre est de toutes les conversations, avec en arrière plan la question de la révolution démocratique bourgeoise française qui chamboule l’élite russe et les émigrés français qui se sont réfugiés dans le pays.

Le monde change littéralement de base à cette époque, des centaines d’années d’Histoire féodale européenne étant renversées par la modernité bourgeoise.

On suivra d’abord quelques mondanités, dans la capitale puis à Moscou. La deuxième partie du Livre 1 (au bout d’un peu moins de 200 pages) sera ensuite consacrée au front, avec bientôt la fameuse bataille d’Austerlitz.

Les premières lignes servent à introduire quelques principaux protagonistes, au moyen d’une soirée organisée chez elle par Anna Pavlovna Schérer (favorite de l’impératrice).

Voici le début de la liste des personnages à connaître dans un premier temps, et à garder sous la main, par exemple sur une feuille cartonnée qui fera office de marque-page.

  • Le Prince Basile Kouraguine, très installé dans le monde. Il a trois enfants, jeunes adultes.
  • Anatole Kouraguine (fils du Prince Basile), intenable.
  • Hippolyte Kouraguine (fils du Prince Basile), mondain.
  • Hélène Kouraguine (fille du Prince Basile), mondaine et courtisée.
  • Pierre, fils illégitime du Comte Cyrille Vladimirovitch Bézoukhov (mourant), personnage principal du roman, souvent considéré comme la « voix » de Tolstoï lui-même. Il est hébergé par le Prince Basile à Saint-Pétersbourg.
  • André Bolkonski, proche de Pierre, s’apprête à partir au front comme aide du camp du Général Koutouzov (figure historique réelle).
  • Lise Meinen, femme d’André Bolkonski, enceinte.
  • Princesse Anna Mikhaïlovna Droubetskoï, ancienne du monde, cherche à placer son fils Boris.
  • Boris Droubetskoï, jeune adulte, se place habilement dans la société moscovite.
  • La famille Rostov avec le père le Comte Ilia, la mère la Comtesse Natalia Rostov, née Chinchine, les enfants Véra, Natacha et Nicolas, ainsi que leur cousine Sonia.

C’est normalement une très bonne base, pour appréhender l’œuvre confortablement, en mettant de côté beaucoup de personnages relativement secondaires. Cela dépendra de chacun, mais on peut considérer que cette liste suffira pour les deux cents premières pages.

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Refus de l’hégémonie

2022-2024 : la Russie et l’Ukraine, et désormais la France

Le 24 février 2022, l’armée russe prenait l’initiative d’une offensive contre le régime ukrainien, dans le cadre de ce qui fut appelée du côté russe « l’opération militaire spéciale ». Le choix de cette expression tient aux rapports entre Russes et Ukrainiens, au refus d’une guerre totale, puisque le but est d’intégrer les Ukrainiens dans la Fédération de Russie.

Nous avions annoncé cet affrontement militaire six mois auparavant, en en parlant ensuite régulièrement. Nous avions compris que la crise de 2020 avait fait basculer les choses ; le capitalisme s’était heurté à un mur. Finie la croissance fabuleuse comme durant la période 1989-2020, désormais c’est la bataille pour le repartage du monde.

Dans la logique des choses, des centaines de milliers, des millions de personnes auraient dû en France se précipiter sur internet pour se renseigner sur le conflit, se documenter, et notre page Ukraine aurait dû être consultée en conséquence un très grand nombre de fois.

Comment en est-on arrivé là ? Quelle est l’origine de la situation ? Quelle est la nature de cette crise ? Quels sont les enjeux ?

Mais il n’y a rien eu, rien de rien, les gens ont observé cela de loin et continuent de le faire, deux ans après, alors que la France se veut toujours plus partie prenante du conflit. Les Français consomment et se moquent de tout ; ce qui est sérieux les dérange.

C’est une fausse légèreté érigée en caractéristique nationale, tout comme dans chaque pays occidental. Il y aurait une douceur de vivre, il suffirait de se laisser porter… Et malheur à qui vient déranger tout cela ! Le régime ukrainien est devenu le symbole de l’occident paradisiaque : l’Ukraine ne veut-elle pas rejoindre l’Otan, l’Union européenne, adopter le mode de vie occidental ?

Pseudo squat d’artistes rue de Rivoli à Paris, bien entendu pro-régime ukrainien avec notamment le slogan nationaliste « Gloire à l’Ukraine, gloire aux Héros »

Nous l’avons analysé, dit et redit : si à l’arrière-plan le conflit Ukraine-Russie est un conflit entre la superpuissance américaine et son concurrent la superpuissance chinoise, ce qui est en jeu c’est aussi le basculement du monde, l’irruption d’un tiers-monde qui s’est massivement développé ces trente dernières années. L’ordre mondial vacille, les rapports de force sont bouleversés. C’est une époque de révolution qui s’ouvre !

agauche.org est sur la ligne de Lénine et de Rosa Luxembourg, car nous vivons la même situation. Ou la révolution empêche la guerre, ou bien la guerre provoque la révolution. Le capitalisme, c’est la guerre ; le Socialisme, l’unité mondiale !

La bourgeoisie française ne s’y trompe pas et s’est précipitée aux pieds de la superpuissance américaine. Elle est entièrement acquise à la cause de l’Otan. Les dernières poches de « gaullisme » subsistent à peine, et encore, symboliquement. L’avenir, c’est soit le triomphe occidental et une France capitaliste renforcée, devenue un protectorat américain, soit la déroute de l’occident, la défaite de l’Otan, et l’affirmation historique du Socialisme en France comme décrochage de l’ordre mondial soumis aux superpuissances.

Voilà comment nous comprenons les choses, et c’est également comment la bourgeoisie, qui ne « pense » pas, sent les choses. La Direction générale de la sécurité intérieure a, comme le rapporte le quotidien Le Figaro, demandé aux forces de l’ordre de faire remonter toute « ingérence russe » au sujet du conflit, tel que les « dégradations de biens publics (graffitis, tags), placardage d’affiches, de stickers, distribution de flyers ».

C’est la criminalisation de la position anti-guerre, et d’ailleurs la même note assimile à « soutenir ouvertement les intérêts de la Russie » si on est sur une position « dénonçant la politique étrangère de la France, les États-Unis ou l’OTAN ».

Nous avions déjà abordé la question de l’interdiction d’agauche.org, le 14 février 2023. Nous voyons les choses de la même manière et il est évident qu’à un moment, l’État français finira par nous couper le courant.

Les choses sont ainsi très claires, la ligne de démarcation est tracée ! Engagez-vous dans la bataille, le plus tôt possible, car de toutes façons vous serez obligés un jour de le faire! Pour la déroute de l’occident et la défaite de l’Otan !

Le ministre français des armées, Sébastien Lecornu, brandit de manière ininterrompue la menace russe, présentée comme un danger vital pour la France

Et voyez les choses en face. Nous sommes les seuls, à gauche, à parler régulièrement du conflit en Ukraine, à dénoncer la tendance à la guerre, à appeler à la défaite de l’Otan et de l’armée française. Tous les autres… ont la trouille, ou bien ne veulent pas y croire, ou bien sont corrompus par le doux confort capitaliste occidental.

On a ainsi en France une sainte alliance, des socialistes aux macronistes, de l’extrême-Droite de Marine Le Pen à LFI de Jean-Luc Mélenchon, allant des LGBT post-modernes aux nazis fascinés par « Azov » en Ukraine, pour soutenir le régime ukrainien, à tout prix. Tel est le consensus de la France capitaliste.

Si on est contre la France capitaliste, alors on est pour que ses entreprises voulant rester un îlot protégé échouent ! Il faut saboter le militarisme et le nationalisme, le bourrage de crâne anti-Russie et la soumission à la superpuissance américaine !

La négation de la culture russe, ainsi que de sa nature européenne, est un leitmotiv de la propagande nationaliste ukrainienne reprise en France

Le plus grand souci, c’est bien entendu l’absence de Gauche en Ukraine. S’il y avait un mouvement prenant en main la question nationale de manière démocratique, cela faciliterait l’affirmation démocratique au niveau mondial. Il n’y a cependant rien du tout, le pays est entièrement aux mains des nationalistes, qui détruisent des millions de livres car en russe, qui veulent annexer une partie de la Russie et démanteler le reste, qui démolissent tous les monuments aux héros de la seconde guerre mondiale ayant combattu les nazis, qui veulent interdire Dostoïevski, Tolstoï et Tchaïkovski, etc.

Pour prendre un exemple, prenons le navire militaire russe Tsezar Kounikov. C’est un petit navire de débarquement, endommagé de manière importante le 14 février 2024, en Mer Noire. Le jour choisi pour lancer des drones contre lui ne doit rien au hasard : Tsezar Lvovitch Kounikov est mort le 14 février 1943. Il fait partie de la petite troupe de héros bloquant à l’armée allemande une partie de la ville de Novorossiïsk pendant 225 jours. Le régime ukrainien n’a rien d’autre à faire que choisir des dates symboliques pro-nazies, c’est vraiment révélateur !

Novorossiïsk

Pour résumer : l’État français est dans l’orbite américaine et soutient le régime ukrainien à coups de milliards et en laissant l’extrême-Droite activiste s’enrôler dans l’armée ukrainienne, alors que la « gauche » ne sert que de faire-valoir social au capitalisme et accepte la guerre.

Cela doit changer – il faut prendre en exemple Rosa Luxembourg et Lénine! La seule actualité, c’est la marche à la guerre mondiale de repartage du monde, c’est elle qui décide tout. Et il faut œuvrer à ce que l’Histoire bascule dans le bon sens, celui du drapeau rouge !

Rosa Luxembourg
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Rapport entre les classes

La France, simple décoration prête au crash

Les jeux sont faits ! En février 2024, on peut dire que plus rien ne sert à rien, qu’il n’y a plus qu’à attendre ce qui va se passer. Et les choses sont simples. Soit la France n’est que ce qu’elle est, c’est-à-dire pas grand chose, un territoire de petits-bourgeois rêvant de vivre replié sur eux-mêmes, sur leur couple et leur « bien-être », en ne prenant aucune responsabilité et en râlant sur tout.

Alors, les Jeux olympiques de l’été 2024 seront un succès bourgeois, et aux élections européennes, l’extrême-Droite obtiendra un très bon score. Les bourgeois gagnent encore et toujours, le peuple vote à l’extrême-Droite pour que ce soit moins brutal, moins « mondialisé », et c’est tout.

Paris continuera d’être le centre des plus riches, le reste du pays le territoire de ceux qui le sont moins, beaucoup moins ou pas du tout, mais cela ne change rien à l’affaire. La France tourne, Mondial Relay distribue, le capitalisme tourne et la Russie est chaque jour davantage l’objectif militaire.

Soit c’est l’autre option, et tout ce que la France a charrié historiquement sur le plan de la lutte de classes connaît une émergence subite. Finies les stupidités comme la pseudo protestation contre la réforme des retraites, la répétition en version nihiliste de la révolte des banlieues, ou bien les agriculteurs capitalistes prenant le masque de « paysans » en protestation.

Non, si c’est l’autre option, alors cela y va vraiment. Il y a réappropriation de tout : du patrimoine de la lutte et de la conscience du prolétariat, des valeurs de la Gauche historique. Le rapport entre les classes se voit modifié, la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat se redessine, les gens s’alignent sur des perspectives de classe.

Du jour au lendemain, des connaissances aussi ardues que celles sur Spinoza, le Capital de Karl Marx ou le matérialisme dialectique se voient étudiées, assimilées, du jour au lendemain par on ne sait qui, sorti d’on ne sait où. L’Histoire réapparaît, c’est le glissement de terrain dans l’Histoire française, et on passe du nihilisme médiocre à des consciences intenses, aiguës, tendues.

Ce n’est plus Paris qui reste le centre, cette ville embourgeoisée à tous les degrés, mais la France en tant que formation historique à bout de souffle, devant passer à « autre chose ».

Dialectiquement, les deux options sont possibles. Pour l’instant toutefois, c’est le scénario à l’américaine : les villes « civilisées » votent à « gauche » pour profiter de la « mondialisation » et les campagnes « barbares » votent à droite, car elles n’en peuvent plus de la déstructuration du pays.

Il faut beaucoup d’efforts pour se sortir de là et les gens n’ont rien fait. Ils ne vont pas commencer non plus maintenant, c’est trop tard. Non, maintenant, il n’y a plus que le crash qui va jouer. Naturellement, chaque personne se dit que ce crash n’arrivera pas, tout tiendra, d’une manière ou d’une autre, comme ça l’a toujours fait.

Sauf que non. La France d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle d’il y a cinq ans, qui elle-même est foncièrement différente de celle d’il y a dix ans, et pareil à l’horizon de 15, 20, 25, 30 ans ! L’essor inexorable du capitalisme entre 1989 et 2020 a fondamentalement modifié le cadre des choses – même si le capitalisme n’a quant à lui pas changé de nature.

Les petits-bourgeois peuplant la France ont-ils réussi à être tellement corrompu que plus rien n’est possible, à part râler, éventuellement sur les réseaux sociaux ? Ou bien les choses vont mal tourner, révélant en 2024 le crash ?

Tout déraille, tout le monde fait semblant que ça tienne, cela continuera-t-il de suffire pour que les s’enfoncent et s’enfoncent, sans effondrement général ? Ou bien y aura-t-il un ressort, un saut dialectique, une déchirure historique ?

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Refus de l’hégémonie

Déclaration franco-suédoise pour la guerre contre la Russie

Théoriquement, c’est simplement une « tribune », cosignée par Emmanuel Macron, le président français, et Ulf Kristersson, le premier ministre suédois, publiée en France dans Les Echos et en Suède dans le Dagens Nyheter.

En réalité, c’est un accord franco-suédois qui scelle l’alliance à leur niveau, alliance des pays de l’Union européenne pour faire la guerre à la Russie.

Les pays de l’Union européenne ont fourni jusqu’à présent 28 milliards d’euros de matériel de guerre au régime ukrainien, et ce sera 21,2 milliards rien que pour cette année. L’Union européenne prend le relais de la superpuissance américaine, celle-ci pouvant se reconcentrer sur la superpuissance chinoise.

Photo encadrée d’un missile Scalp français. Le texte dit « De Paris avec amour, Rachysty, allez en enfer ». Le terme de « rashiste » est employé par les nationalistes ukrainiens, en mélangeant « russe » et « fasciste »

Le réveil va être très dur pour les Français, qui n’ont jamais compris l’envergure de la question, y compris à Gauche où personne ne s’est soucié de rien. Nous allons à la guerre, nous ne sommes déjà plus dans la paix.

Les bourgeoisies européennes sentent le désastre venir. Elles n’ont plus le choix. Le seul moyen de sauver l’occident, c’est de démanteler la Russie, alors on y va de manière mécanique. Voilà pourquoi même l’extrême-Droite française s’est alignée sur l’Otan, comme l’a fait l’extrême-Droite italienne.

Dans les 10-15 ans, la France mettra en place une armée de masse, ce que le Royaume-Uni et l’Allemagne annoncent déjà de leur côté. Cela sera un mélange de libéralisme moderniste à la Emmanuel Macron et de conservatisme militariste, le second quinquennat d’Emmanuel Macron s’alignant déjà là-dessus.

Le « partenariat stratégique » franco-suédois relève de cette dynamique. La Suède, qui va rentrer dans l’Otan, est d’ailleurs emblématique de la combinaison d’un libéralisme culturel généralisé et d’un nationalisme militariste très dur fonctionnant à l’arrière-plan, sous des dehors « démocratiques ».

Telle est la réalité, la vraie actualité – et c’est là-dessus que doit se fonder la conscience de l’Histoire, celle qui a compris le caractère inéluctable du Socialisme, de son impérieuse nécessité pour briser la barbarie.

« L’année 2024 sera une année décisive pour l’Europe, à un moment où notre liberté et notre souveraineté sont en jeu.

Face aux multiples menaces actuelles, telles que la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, les perturbations en matière d’approvisionnement énergétique, le terrorisme et la criminalité organisée, ainsi que face à la problématique de la transition vers une économie numérique et bas carbone, la France et la Suède collaboreront plus étroitement pour renforcer la capacité de l’Europe à agir.

Cette semaine, lors d’une visite d’Etat organisée à l’invitation de Sa Majesté le roi Carl XVI Gustaf, la France et la Suède réaffirmeront les liens étroits qui les unissent en concluant des accords relatifs à l’innovation, l’énergie nucléaire et la sécurité. A cette occasion, les deux pays signeront un partenariat bilatéral stratégique pour l’innovation dans des sociétés durables, numériques et résilientes.

La France et la Suède sont toutes deux de grandes puissances industrielles et des moteurs de l’innovation, à la pointe dans plusieurs secteurs, tels que la technologie et l’industrie spatiale.

Ces capacités exceptionnelles doivent être exploitées pour renforcer encore la position géostratégique de l’Europe, réduire ses dépendances stratégiques et bâtir une assise économique plus résiliente et plus solide.

Alors que nous entrons dans une année incertaine, porteuse de multiples menaces pour notre sécurité et notre prospérité, et que l’Europe se doit de jouer un rôle de premier plan dans les transitions écologique et numérique, les contributions de nos deux pays seront essentielles pour rendre l’Europe plus sûre et plus forte.

La France et la Suède collaboreront plus étroitement encore en s’appuyant sur trois constats.

Premièrement, la guerre en Ukraine fait peser un risque existentiel sur la sécurité de notre voisinage. Défendre l’Ukraine, c’est avant tout défendre les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale et l’idée selon laquelle la force ne fait pas loi.

C’est la raison pour laquelle la France et la Suède apportent un soutien politique, économique, humanitaire et militaire à l’Ukraine, tant sur le plan bilatéral que par l’intermédiaire de l’Union européenne (UE). C’est également la raison pour laquelle l’UE doit veiller à ce que l’avenir de l’Ukraine soit au sein de l’Europe, tout en renforçant en parallèle la sécurité et la défense européennes.

Lors du Conseil européen de décembre dernier, nous avons pris la décision historique d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine, ce qui souligne notre engagement commun en faveur d’une trajectoire européenne pour ce pays.

L’UE doit également prendre des décisions fortes en ce qui concerne le soutien financier à l’Ukraine et parvenir à un accord lors du prochain Conseil européen extraordinaire, qui se tiendra le 1er février. Ce soutien pourrait en effet aujourd’hui revêtir une importance capitale, plus qu’à tout autre moment depuis le début de l’invasion illégale et à grande échelle de l’Ukraine par la Russie il y a presque deux ans.

Si nous voulons que l’Europe se présente comme une puissance géopolitique incontournable, nous devons démontrer que la phrase selon laquelle nous soutiendrons l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra » n’est pas vide de sens. Le projet de défense, de réforme et de reconstruction de l’Ukraine sera de longue haleine.

Confrontées à de nouvelles menaces sur le sol européen, la France et la Suède prendront des mesures concrètes pour renforcer leurs relations en matière de défense, notamment dans le secteur de l’industrie, et en faisant en sorte de devenir des alliées au sein de l’Otan dès que possible.

Deuxièmement, la guerre en Ukraine et ses conséquences ont également mis en évidence un autre défi à long terme que l’Union européenne doit relever de toute urgence : accélérer la transition énergétique. Cela sera essentiel à la fois pour atteindre nos objectifs climatiques et pour renforcer la résilience et la souveraineté de l’Europe.

Pour ce faire, nous devons exploiter toutes les sources d’énergie non fossiles dont nous disposons, notamment l’énergie nucléaire, l’énergie éolienne en mer et la bioénergie. C’est le seul moyen d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. La France et la Suède approfondiront ainsi leur coopération tant au niveau bilatéral qu’européen, afin de mettre en place des systèmes énergétiques indépendants des combustibles fossiles, et elles en feront l’élément principal de leur partenariat stratégique actualisé pour l’innovation.

À l’échelle mondiale, il sera indispensable que la capacité de production d’énergie nucléaire triple d’ici à 2050. En tant que membres de l’alliance européenne sur l’énergie nucléaire, la France et la Suède souligneront le rôle essentiel que joue l’énergie nucléaire pour parvenir à la neutralité carbone, et elles s’efforceront de créer des conditions réglementaires, industrielles et financières favorables pour les projets nucléaires.

Conformément à leur déclaration d’intention signée en décembre dernier, la France et la Suède favoriseront également les échanges d’expériences entre les acteurs français et suédois sur des aspects clés, tels que la construction de centrales nucléaires, la sûreté et la recherche. Les deux pays étant parmi les plus grands exportateurs nets d’énergie en Europe, ces échanges profiteront à l’ensemble du continent dans sa transition écologique.

Troisièmement, la résilience de l’Europe va de pair avec sa compétitivité ainsi que sa capacité à bâtir une assise économique solide et à définir un nouveau modèle d’investissement et de croissance pour la décennie à venir.

La coopération économique et industrielle entre la France et la Suède peut jouer un rôle moteur pour la compétitivité de l’Europe, notamment grâce aux projets concrets portés par les entreprises françaises et suédoises dans les domaines stratégiques dans lesquels l’Europe doit réduire sa dépendance, tels que l’espace, l’industrie de la défense, la sécurité des approvisionnements en matières premières critiques ou encore le renforcement du secteur pharmaceutique.

La France et la Suède partagent une même culture de l’innovation et de la technologie au service d’un développement juste et durable, fondée sur une coopération scientifique de qualité. Leur partenariat renouvelé contribuera à la réussite des ambitions européennes en matière de lutte contre les changements climatiques et la pollution et de préservation de la biodiversité. Il leur permettra également de faire face aux progrès rapides de la technologie dans le domaine du numérique.

Il sera également nécessaire d’accélérer les investissements pour rester en tête de la course mondiale et conserver la maîtrise des technologies décisives pour notre avenir. À cet effet, la France et la Suède s’efforceront d’approfondir l’union des marchés des capitaux pour accroître les financements privés en faveur de l’innovation et des transitions en Europe.

Les liens unissant aujourd’hui la France et la Suède, si étroits soient-ils, devront se resserrer encore à l’avenir. Face aux bouleversements géopolitiques actuels, les relations entre les deux pays doivent être développées et approfondies. La coopération franco-suédoise pourra aussi être renforcée dans d’autres domaines, notamment en matière policière et de sécurité, afin de lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée. Au niveau de l’UE, nous devons renforcer la coopération opérationnelle et judiciaire, les échanges d’information et la protection de nos frontières extérieures.

En unissant leurs forces pour traiter ces questions déterminantes, la France et la Suède parviendront non seulement à se renforcer elles-mêmes, mais aussi à renforcer l’Europe tout entière.

Ulf Kristersson et Emmanuel Macron »

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Événements significatifs

Un gouvernement Attal pour faire face à la crise de 2024

Le président français Emmanuel Macron a décidé de modifier la personne tenant le poste de Premier ministre. C’est désormais Gabriel Attal qui est chargé du rôle essentiel de gouverner. Et si en apparence, on a un gouvernement marqué à droite pour ceux qui raisonnent à l’ancienne, en réalité, dans le contexte politique français, on a un gouvernement bourgeois moderne, taillé pour faire face à la crise de manière offensive.

Regardons par exemple le symbole qui est celui du Facebook officiel de gouvernement.fr. Il représente parfaitement l’approche bourgeoise moderne dominante. Les bourgeois « réacs », c’est du passé, désormais tout se vend, tout s’achète et il faut être dans les combines internationales du capitalisme occidental. C’est comme ça que ça se passe et pas autrement.

Gabriel Attal a d’ailleurs appartenu au Parti socialiste de 2006 à 2016. On est ici dans la bourgeoisie urbaine, financière, libérale, cosmopolite, pour qui tout est un terrain de jeu capitaliste.

Et le nouveau ministre des Affaires étrangères s’appelle Stéphane Séjourné. Ce n’est pas un secret qu’il a été plusieurs années en couple avec Gabriel Attal. Ce fils d’expat. – son père a fait carrière à l’international – ne vient pas de la droite non plus : il a été au Mouvement des jeunes socialistes et à l’Unef.

On est dans la bourgeoisie moderne, libérale, LGBT, alignée sur l’Otan, celle pour qui libéral rythme avec social, afin de préserver le paradis occidental, base consumériste pour la bourgeoisie vivant entre elle. On parle de gens vivant dans la richesse, dans des appartements somptueux dans les quartiers chics de Paris (ou des très grandes villes), voyageant sans cesse, disposant de résidences secondaires et de comptes en banque bien garnis, etc.

Le premier voyage de Stéphane Séjourné est évidement en Ukraine, où il s’est précipité dès sa nomination pour une visite présentée comme un « message adressé aux Ukrainiens ». Il a expliqué que:

« C’est en Ukraine que se joue la défense des principes fondamentaux du droit international, des valeurs de l’Europe, mais aussi des intérêts de la sécurité des Français. »

Par conséquent, « en dépit de la multiplication des crises », il faut savoir que « l’Ukraine est et restera la priorité de la France ».

C’est là tout à fait en phase avec l’idéologie dominante du monde occidental, libéral et consommateur, et bien sûr décadent. L’occident n’est plus qu’un parasite mondial, il n’a plus de dynamique, il ne vit que de la vente des rêves arc-en-ciel et du rêve américain de faire carrière dans la finance.

C’est tellement vrai que le gouvernement contient deux aberrations. La ministre des Sports est également ministre de l’Éducation nationale. Vu le travail à mener, c’est impossible. Il est dit que le Premier ministre, qui a été quelques mois ministre de l’Éducation nationale, va s’en occuper. Cela ne tient pas debout pour autant. On est dans le doux-rêve d’une bourgeoisie déconnectée.

On a également la ministre du Travail qui a la double casquette de ministre de la Santé. C’est totalement aberrant de par l’immense ampleur du travail à mener. C’est là une centralisation incohérente, où le subjectivisme est total. On confine au délire, la bourgeoisie perd les pédales pour croire qu’une telle démarche puisse tenir.

Dans un même ordre d’idées décadentes, on a Rachida Dati, ministre de la Culture, alors qu’elle est totalement extérieure à la question de la culture. Elle est nommée pour son passé de membre de la Droite et car elle est d’origine immigrée et populaire. C’est fictif, artificiel, comme tout ce qu’entreprend la bourgeoisie.

Et il faut arrêter le populisme et le misérabilisme délirant des gens de Gauche se croyant en 1983. Non seulement c’est faux, mais en plus cela désarme face à l’ennemi.

On a, si on regarde les choses vraiment, affaire ici à la bourgeoisie moderne, qui n’est plus raciste, pour qui tout est échange international, pour qui la superpuissance américaine est la gardienne du temple capitaliste avec l’Otan, pour qui l’Union européenne est l’organe supra-étatique chargé à l’arrière-plan d’assurer la modernisation.

La France est dans les faits pratiquement un protectorat américain, avec les institutions européennes chargées de la surveiller, notamment avec Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (depuis 2019), après avoir dirigé le FMI (de 2011 à 2019) et avoir été ministre de l’Économie (de 2007 à 2011).

Alors, si ce n’est pas un gouvernement « de droite », c’est quoi ? C’est un gouvernement de choc de la bourgeoisie moderne, libérale, cosmopolite, décadente, pour passer l’année 2024 qui va être celle de la crise.

C’est la tentative de passer en force, dans la logique Occident – Otan – LGBT.

C’est la tentative de ré-impulser le capitalisme occidental en prenant le dessus sur les concurrents nouveaux, surtout la superpuissance chinoise, mais également la Russie qui doit être démantelée.

C’est le rêve vain d’une classe décadente.

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Événements significatifs

Les Jeux olympiques, une affaire française

Les Jeux olympiques modernes sont une invention française, avec la figure de Pierre de Coubertin qui en est directement l’instigateur. C’est à l’université de la Sorbonne à Paris qu’il a pour la première fois présenté publiquement son idée d’une grande compétition mondiale et pluridisciplinaire entre différentes nations.

C’était à la fin de l’année 1892, lors d’une conférence internationale de l’Union des sociétés françaises des sports athlétiques, sous le parrainage du Président de la République Marie François Sadi Carnot et la présidence du Grand Duc Vladimir de Russie.

La France était alors une grande puissance mondiale, dont l’Angleterre était la grande rivale, ou plutôt la concurrente. Cette dernière était tournée surtout son propre empire, avec une domination directe et totale ; la France, par opposition, prétendait à une vocation universelle, pour une domination plus épurée, plus diffuse.

Les Jeux olympiques modernes ont été inventés dans ce contexte et précisément pour servir le jeu de grande puissance de la France, c’est-à-dire sa propre influence dans le développement du grand marché capitaliste mondial.

Bien sûr, les choses n’étaient pas formulées (ni même comprises) ainsi et c’est par le prisme de la culture que Pierre de Coubertin est passé pour diriger son œuvre. La mode était à l’hellénisme (la fascination pour la Grèce antique) et le sport était en plein développement : l’idée était alors évidente de proposer de nouveaux jeux « olympiques ».

Le baron Pierre de Coubertin n’était pas le seul à avoir eu l’idée, son grand rival Paschal Grousset prétendait également restaurer sous une forme moderne les olympiades antiques. Seulement, ce dernier était tourné vers le peuple et considérait la nation de manière progressiste, dans une tradition républicaine française typiquement de gauche. Il imaginait donc des « JO » scolaires et nationaux, autrement dit une grande fête populaire de la jeunesse française.

Au contraire, Pierre de Coubertin servait la grande bourgeoisie française, de culture aristocratique, ayant une vision de la nation ouvertement impérialiste. Les « JO » devaient pour lui servir le rayonnement mondial de chaque puissance, a fortiori celle de la France puisqu’elle était une grande puissance parmi les plus grandes.

C’est précisément pour cela que Pierre de Coubertin était attaché à la question de l’amateurisme dans le sport et que l’amateurisme est historiquement lié à l’olympisme moderne.

La chose est très simple à comprendre. À la fin du 19e siècle, c’est l’ensemble de la société française qui se modernise et le sport pénètre toutes les classes. L’aristocratie (liée et mélangée à la grande bourgeoisie) opte alors pour une position défensive (mais agressive) pour préserver son influence et sa domination dans le sport : l’interdiction du professionnalisme dans le sport.

C’était une attaque directe contre les couches populaires et la classe ouvrière en particulier, pour qui il était impossible de combiner une activité quotidienne éprouvante (le travail) avec le sport pratiqué de manière intense.

C’est avec le cyclisme, sport populaire français par excellence, qu’est né le professionnalisme dans le sport, avec d’un côté des industriels embauchant des sportifs et de l’autre des jeunes se faisant embaucher par des industriels pour pratiquer le sport à plein temps.

L’amateurisme devait être un rempart, une fortification contre les influences populaires dans le sport, à une époque où la lutte des classes s’exacerbait de part le développement commun, mais antagonique, de la classe ouvrière et de la bourgeoisie.

La conférence de 1892 à la Sorbonne avait été un échec, la proposition de jeux « olympiques » modernes, trop confuse, y faisant un flop. C’est justement avec la question de l’amateurisme dans le sport que Pierre de Coubertin revint à la charge deux ans plus tard, toujours à la Sorbonne à Paris, pour proposer à nouveaux ses Jeux olympiques.

Le baron le dit ouvertement plus tard, la question de l’amateurisme était un « précieux paravent » pour introduire à nouveau sa proposition, lors d’une conférence internationale sur justement la question de l’amateurisme dans le sport. Toutefois, c’était là la clef : sans l’amateurisme, qui garantissait un contrôle bourgeois, l’idée était impossible à soutenir. Sans l’amateurisme comme garde-fou, les Jeux olympiques devenaient directement un événement populaire avec une portée internationaliste.

Toujours est-il que l’entreprise fût cette fois un succès, en tous cas un premier succès. Pierre de Coubertin, qui avait rédigé le programme de la conférence de 1894, avait habilement introduit ce point à la fin des débats :

« De la possibilité du rétablissement des Jeux Olympiques. – Dans quelles conditions pourraient-ils être rétablis ? »

Le principe en fût voté le 23 juin, avec la perspective d’une première édition à Paris en 1900, puis d’une nouvelle édition dans une nouvelle ville tous les quatre ans. C’est peu ou prou ce qui se passa, à ce détail près que Pierre de Coubertin dût concéder à la Grèce, nation alors en formation (sous influence française), l’organisation d’une première édition du 5 au 15 avril 1896 à Athènes.

Pierre de Coubertin nomma lui-même le premier Comité international olympique (CIO), qui porte aujourd’hui encore ce nom en français, avec la langue française comme langue officielle. Il était composé d’un Grec, de deux Français, d’un Russe, d’un Suédois, d’un Américain, d’un représentant de Bohème, d’un Hongrois, de deux Anglais, d’un Argentin et d’un Néo-zélandais.

Après l’édition d’Athènes, ce fut donc au tour de Paris en 1900, comme prévu. Cela est peu connu, mais c’était en vérité un échec : ces « JO » n’eurent lieu que de manière confidentielle, éparpillés à différents endroits de la ville, entièrement dans l’ombre de l’exposition universelle (connue sous le nom d’Exposition de Paris 1900).

C’était toutefois un tremplin, qui permit au projet de rebondir quatre ans plus tard aux États-Unis à Saint-Louis, puis en 1908 à Londres, puis en 1912 à Stockholm, puis en 1920 à Anvers (la guerre ayant interrompu la chronologie olympique en empêchant l’édition de 1916), puis à nouveau à Paris en 1924, pour un véritable succès mondial français, imprimant définitivement les Jeux olympiques dans l’histoire mondiale moderne.

Le nombre des Comités nationaux passait de 29 pour la précédente à 44 pour cette édition 1924, avec un millier de journalistes sur place, 625 000 spectateurs pour les épreuves et 3 089 athlètes, dont 135 femmes. La cérémonie de clôture et l’établissement d’un « village olympique » furent introduits puis systématiquement repris ensuite.

Les premiers Jeux olympiques d’hiver eurent lieu la même année, également en France, à Chamonix. Cent ans plus tard, en 2024, les Jeux olympiques à Paris n’auront évidemment plus la même portée, ni historique, ni en terme de rayonnement.

C’est là une réalité qu’il faut bien comprendre.

Il est flagrant de voir à quel point le monde à changé au 21e siècle ; la France est n’est plus qu’une puissance de second rang, en pleine décadence et surtout totalement inféodée aux États-Unis et à sa culture « occidentale », en fait cosmopolite. Si les Jeux olympiques sont historiquement une affaire française, ceux de Paris 2024 n’auront plus grand-chose de français culturellement, Paris n’étant d’ailleurs plus vraiment « Paris », mais un simple « endroit » de l’occident en pleine décomposition.

Il faut toujours regarder l’histoire pour saisir quelles sont les tendances à l’œuvre, et ce que cela révèle.

[Illustrations : série de cartes postales publicitaires de 1924 commandée par la marque « Pautauberge » à l’affichiste H.L. Roowy] 

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Événements significatifs

Hamas, Arras: la spirale négative et comment s’en protéger

La France était sous le choc à la suite des événement à Gaza, à la suite de l’offensive du Hamas contre Israël qui a tourné au massacre de civils (en filmant et en diffusant les vidéos sur les réseaux sociaux, y compris des assassinés). Et voilà que le 13 octobre 2023, un jeune d’origine tchétchène se rend dans son ancien lycée d’Arras pour poignarder des enseignants en criant « Allah Akbar », en tuant un, en blessant grièvement deux.

C’est un événement marquant de plus, qui est de la même ampleur que « Je suis Charlie » et que le massacre au Bataclan. La société française est touchée dans toute sa profondeur, en raison de son histoire. La lutte de 2023 contre la réforme des retraites n’avait par exemple qu’effleuré la surface de la société ; pour les gens, c’était important, et pourtant une anecdote historiquement.

Là, avec tout ce qui se passe, c’est très différent. C’est une question de civilisation et les masses savent très bien que ce n’est pas une question de religion. C’est une question d’effondrement des valeurs. Le capitalisme triomphant fait se dissoudre tout principe dans le relativisme et partout les monstres s’infiltrent, pratiquant le cannibalisme social. Monopoles d’un côté, éléments anti-sociaux de l’autre : le peuple subit les coups des uns et des autres.

L’arrière-plan du meurtrier est d’ailleurs sans ambiguïtés : on est typiquement dans l’effondrement moral, administratif, politique français. Voici comment Europe 1 présente la chose :

« Fiché S, âgé de 20 ans, d’origine tchétchène et arrivé en France en 2008… Plusieurs heures après l’attaque au couteau dans un lycée d’Arras, qui a tué un professeur et blessé trois autres personnes, le profil de l’assaillant et de son entourage se dessine. Et alors que son frère avait été interpellé à l’été 2019 dans le cadre d’un projet d’attentat déjoué, sa famille, alors assignée à résidence, aurait même pu être expulsée en 2014.

Selon un document qu’Europe 1 s’est procuré, le cabinet de Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, avait décidé d’annuler la rétention de la famille Mogouchkov. Cette dernière, composée d’un couple et de cinq enfants, était assignée à résidence dans un foyer de La Guerche-de-Bretagne, au sud de Rennes. La police aux frontières s’y était rendue le 18 février 2014 à 6h du matin pour les conduire à l’aéroport de Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes, où un avion spécialement affrété attendait la famille, direction la Tchétchénie.

Mais la procédure avait suscité un tollé dans les rangs de plusieurs associations de défense des sans-papiers. Le parti communiste français (PCF) s’était également fendu d’un communiqué de soutien à la famille Mogouchkov. « Que de moyens gaspillés pour saboter la vie d’une famille ! »

Tout cela fournit des points à la Droite, mais la Droite n’est plus la Droite : la France est devenue un satellite américain et il n’y a même plus de bourgeoisie française à prétention gaulliste. La seule chose qui compte politiquement en France, c’est de savoir comment gérer une population occidentale cherchant à garder ses privilèges, y compris à travers le social-impérialisme. Tous les partis et dirigeants, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, soutiennent l’armée française dans son intégration à l’Otan, assument l’Union européenne comme vaste satellite américain, acceptent la guerre de conquête contre la Russie (et demain la Chine).

Il n’y a donc aucun espoir politique à attendre. La société française va continuer à péricliter. Le mélange LGBT cosmopolite et repli nationaliste-communautaire va perdurer, exactement comme aux États-Unis.

Et là n’est pas le vrai enjeu. La vraie alternative, c’est Socialisme ou barbarie. Ce dont on a besoin, c’est de porteurs de civilisation, de gens annonçant le futur inévitable qu’est le Socialisme. Il faut laisser le passé au passé. Ce passé est tellement passé qu’il s’entre-dévore, afin d’empêcher qu’on arrive au futur !

On ne peut pas comprendre autrement le Hamas qui massacre un festival techno. On aurait dû voir une offensive portée par la Gauche palestinienne, unifiant sur une base démocratique les masses travailleuses ; au lieu de cela, on a la fuite en avant dans le massacre et la folie fondamentaliste.

Telle est la division : entre le passé et le futur. Et il ne faut pas se faire piéger par ce passé qui s’entre-dévore ! C’est le seul moyen de se protéger de la spirale négative du capitalisme en crise !

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Rapport entre les classes

Le défaut d’attention et le manque de cohérence

Le défaut d’attention est devenue la norme. Les gens, dans le capitalisme, ne sont plus capables d’être systématiques, « carrés ». Même des professionnels dans leur domaine commettent des erreurs de débutant, font des oublis significatifs. La France est nulle, les Français sont nuls.

C’est tout le matériau humain qui, en France, depuis la crise commencée en 2020, s’étiole. Le capitalisme n’est plus capable d’insuffler aux gens suffisamment d’énergie psychique pour leur permettre d’agir conformément aux attentes.

Heureusement, il y a la force de l’habitude, sans quoi rien ne pourrait plus tourner. Mais les manquements s’immiscent dans la vie quotidienne, ils façonnent les rapports entre les classes. Dans une atmosphère de décomposition, c’est comme si la figure du lumpen apparaissait comme la plus active, la seule vivante.

Les professeurs n’enseignent plus comme il faut, les policiers n’agissent plus comme des policiers ; les étudiants ne se comportent pas comme des étudiants, les garçons de café n’agissent plus comme garçons de café. La France moisie se laisse emporter dans la banalité, la vacuité.

En termes de classe, cela donne les choses suivantes : les bourgeois n’agissent plus en bourgeois, ils perdent carrément les pédales. Les petits-bourgeois sont à la fois excités et passifs, la peur les travaille au corps et ils aimeraient s’en sortir par un bon coup du sort.

Quant aux prolétaires, ils se replient sur eux-mêmes, cherchant à s’arc-bouter sur leurs acquis propres à une société capitaliste française qui a profité pendant plus d’un siècle de rapports de force internationaux favorables.

Pas de misérabilisme : la France est un des pays les plus riches du monde. Lorsque le Secours populaire raconte en septembre 2023 qu’un tiers des Français ne mange pas à sa faim, il ment. Lorsqu’il raconte que 72% des Français ont décidé de se passer de viande, il ment.

D’ailleurs, la consommation de viande augmente en France. Et ce ne sont pas les bourgeois qui deviennent plus gros, bien au contraire. Si au 19e siècle, le prolétaire était maigre et le bourgeois gros, désormais c’est le contraire. C’est le prolétaire qui s’empiffre de toutes les horreurs de la société de consommation, tout en s’imaginant « peuple » à manger un kebab ou aller au McDonald’s.

La paupérisation relative se renforce, c’est indéniable : les riches sont bien plus riches qu’avant, en comparaison avec les pauvres. Mais les pauvres en France sont bien loin encore d’une misère les précipitant à la lecture du Capital de Karl Marx, les poussant à piller les armureries et les amenant à faire flotter le drapeau rouge sur l’Arc de Triomphe.

La preuve en est, c’est Marine Le Pen qui profite le plus du climat actuel, charmant les prolétaires avec finalement la même litanie que Donald Trump. L’idée, c’est que la France conserve son niveau de vie, d’une façon ou d’une autre. L’idée de faire payer la Russie est d’ailleurs le vrai arrière-plan impérialiste de toutes les forces politiques françaises, « gauche » y compris.

Car, il faut le dire, pour dénoncer les menteurs, les escrocs, les charlatans ! Oui, les grèves de 2023 contre la réforme des retraites n’ont rien apporté en termes de lutte de classe : ni conscience, ni organisation. Quand aux émeutes de 2023, n’en parlons même pas, elles sont totalement passées à la trappe.

Comme les gilets jaunes, ces grèves et ces émeutes n’étaient que le produit d’une société en décomposition. Des gens mécontents protestent, en braillant à la française. La belle affaire ! La vérité, c’est que tous les Français ont en leur tête le rêve américain. Même la « gauche » est devenue à l’américaine, en mode social-protectionniste, communautariste, LGBT, libérale culturellement, etc.

Il faut dire les choses comme elles sont : en 2023, en France, le capitalisme a gagné et la soumission aux besoins de la superpuissance américaine est totale. C’est la défaite totale de tout ce qu’il y avait avant.

C’est là-dessus qu’il faut se fonder, car le capitalisme ne satisfera jamais les besoins des masses, les besoins existentiels. Il va fondamentalement décevoir des individus isolés, atomisés, sans aucune cohérence en rien, commettant toujours plus d’erreurs et de fautes.

Et avec ce matériau humain, il va falloir faire la révolution, le Socialisme… C’est une affaire compliquée, qui nécessite de l’intelligence. Il en faut pour comprendre les consciences et les transformer.

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Refus de l’hégémonie

Les Etats-Unis remplacent la France au Gabon

La France a été une grande puissance coloniale en Afrique et elle a réussi à maintenir sa domination à différents degrés malgré les « indépendances ». C’est ce qu’on a surnommé la « Françafrique ». Le Gabon était considéré comme l’ex-colonie la plus sous le contrôle français, et en août 2023 un coup d’État surprise a changé la donne. Cependant, ce n’est pas au profit du bloc sino-russe : c’est en fait la superpuissance américaine qui a pris le contrôle du pays.

Le Gabon sur le continent africain

C’est une expression de l’effacement continu de la puissance capitaliste française. Alignée sur la superpuissance américaine, elle est aspirée par celle-ci, satellisée. La France ne peut faire que ce que la superpuissance américaine attend d’elle, comme faire un partenariat avec l’Ukraine pour une union politico-militaire au service des intérêts américains en Europe. Si elle est considérée comme pas assez fiable ailleurs, elle est dégagée.

Car le coup d’État au Gabon rentre dans le contexte de la bataille pour le repartage du monde dans la région. Depuis l’irruption de la crise du capitalisme en 2020, l’Afrique du Centre et de l’Ouest a connu une série de coups d’État au Niger, au Burkina Faso, au Soudan, en Guinée, au Mali et au Gabon. Si on excepte le Soudan, on parle de pays francophones et de passage dans l’orbite sino-russe.

Le coup d’État au Gabon est le fruit d’une logique américaine qui dit : la France perd toutes ses billes en Afrique et il faut la remplacer, exactement comme ce fut le cas pour le Vietnam, où la superpuissance américaine avait remplacé la France.

Il faut dire que la présence française au Gabon relevait d’un néo-colonialisme vraiment à l’ancienne. Omar Bongo, le premier président du Gabon « indépendant », est resté à la tête de pays de 1967 à sa mort en 2009. Il a été de toutes les magouilles militaires et économiques avec la France, ainsi que politiques puisqu’il a arrosé des partis politiques. Il a eu 33 femmes et une cinquantaine d’enfants, plaçant toute sa famille à tous les échelons de l’État, etc.

C’est d’ailleurs son fils Ali Bongo Ondimba qui a prit le relais et le coup d’État a suivi de quelques minutes la réélection de celui-ci pour un troisième mandat, avec pratiquement 65% des voix. C’était tellement invraisemblable, tellement bricolé, qu’à part pour les Français arrogants traditionnellement, il était évident que l’instabilité prévaudrait.

C’est pourquoi ce sont les propres services de sécurité de la présidence qui ont mené le coup d’État. C’est une fausse révolution de palais : pour que rien ne change, tout doit changer.

Voilà pourquoi les réactions sont très différentes de lors des coups d’État favorables à la Chine et à la Russie. Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine a annoncé la suspension avec effet immédiat du Gabon. Mais il n’y a pas la menace d’une intervention militaire.

La France ne compte pas évacuer ses ressortissants ou couper les fonds des « aides ». Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a pratiquement excusé le coup d’État.

« Au Niger, le président était un président démocratiquement élu (…). Au Gabon, quelques heures avant le coup d’État militaire, il y a eu un coup d’État institutionnel car les élections ont été volées (…). Je ne peux pas dire que le Gabon était une vraie démocratie avec une famille qui dirigeait le pays depuis 50 ans. »

Selon lui, le vrai coup d’État « institutionnel » serait même d’avoir truqué les élections ! Autrement dit, rien n’a changé au Gabon à part la puissance tutélaire.

Et tout cela est allé très vite. En juin 2023, Ali Bongo Ondimba etait encore l’invité d’honneur de la rencontre à Paris sur le financement durable, celui-ci étant considéré comme proche par Emmanuel Macron.

Toutefois, il y a eu des signes avant coureurs, surtout l’adhésion du Gabon en 2022 au… Commonwealth ! C’est-à-dire l’union historique de l’empire britannique, et en fait surtout de nos jours une union à caractère anglophone, donc liée de fait à la puissance américaine.

La puissance française a tout simplement été mise de côté. C’est une expression double : à la fois de sa propre décadence et de l’alignement forcé sur les deux superpuissances, américaine et chinoise. On va à la troisième guerre mondiale de repartage du monde et elle a en fait même déjà commencé en Ukraine.

Telle est la réalité historique !

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Vie quotidienne

Les français sont passés en mode sans échec

Comment la France va t-elle s’en sortir ? La question est dans toutes les têtes et forme un tel vertige qu’en débattre est exclu. Les esprits s’enivrent, les âmes vacillent et la discussion politique est toujours plus réduite, plus taboue tant les implications sont vastes.

On peut bien discuter des difficultés de la vie, de telles ou telles choses liées à l’actualité mais poser les choses du point de vue politique est interdite. Encore moins si l’on a une prétention idéologique. Si l’on regarde correctement les choses, on ne peut que constater à ce point de vue une coupure majeure entre les années d’avant 2010 et celles d’après 2020.

Il y a encore quelques années, parler de « capitalisme » était autorisé même si cela était une sorte de pensée commune sans surface critique et scientifique, il n’en restait pas moins vrai qu’une discussion impliquant un effort et une attention même minime était envisageable. Cela pour le capitalisme, mais également pour des tas d’autres choses comme la musique, l’actualité, l’écologie, les relations de la vie elle-même…

En 2023, cela est toujours moins permis. Non pas qu’il y ait une barrière formelle, des lois répressives comme le diffuse les petits boutiquiers du mensonge, mais bien que la pression psychique sur les gens est telle que toute discussion au-delà du quotidien immédiat est proscrite. On peut bien parler de grandes sujets, comme le réchauffement climatique, la guerre, l’exploitation salariée, etc., mais cela restera au stade élémentaire.

C’est là une donnée issue de la pandémie de Covid-19, avec des confinement qui ont permis de se poser, de revoir les choses ou pour le dire d’uploader sa vie, ou plutôt la vie dans une nouvelle configuration. Mais en réalité, l’upload a buggé. Le téléchargement des nouvelles données avait bien commencé mais il s’est crashé à 10 ou 20 % du processus…

Le bug a forcé les gens à continuer à vivre dans un autre mode. Penser que les gens sont dans le déni de l’après Covid-19 est donc erroné. Le déni est derrière eux, les gens sont passés en mode sans échec. Toute programmation psychique qui demande un effort dans lequel l’activité cérébrale est tendue vers un aspect collectif prolongé est indisponible.

Les gens vivent sur un mode élémentaire et la seule chose dont ils leur est permis d’avoir conscience, c’est que ce mode est précisément voué à l’échec. Dans le mode sans échec du capitalisme, c’est l’élémentaire et l’immédiat qui prime sur tout.

S’il y avait seulement déni, on ne pourrait comprendre par exemple les émeutes de la fin juin 2023. L’émeute anarchique avec pour arrière-plan l’ « anti-flic » relève d’un tel mode sans échec : le réel n’est pas nié mais filtré par un logiciel sans les pilotes permettant la navigation (l’interprétation) complexe.

Cela est visible dans le rapport aux règles de vie civique, le respect de la nature et des animaux, les relations amoureuses, le rapport au travail, etc. Dans le mode sans échec, ce qui manque c’est justement le pilote qui permet la conscience du rapport social.

Le rapport au travail justement est l’expression typique du phénomène. Il n’y a plus investissement au travail avec l’idée qu’on est là dans un rapport collectif mais une présence sur le mode simple. Il n’est pas question de regretter en soi ce phénomène issu de la réalité du capitalisme, mais d’un autre côté tout révolutionnaire part de cette réalité qui lui lègue des gens leur étant indisponible, voir même indisposé.

Évidemment, la bourgeoisie s’en émeut mais n’y peut rien car elle-même est passée sur ce mode. Il n’y a qu’à voir comment l’endettement du pays l’effraye et dont elle sait qu’il va falloir faire travailler les gens plus, beaucoup plus, avec moins d’acquis sociaux mais il lui faudrait pratiquement un régime policier, voir fasciste pour cela. Une telle programmation complexe lui est hors de portée.

La France va t-elle s’en sortir ? Sûrement pas et tant pis se disent les français puisque de toute manière le mode sans échec ne dure qu’un temps. La France va donc au crash et il sera l’espace de débogage.

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Événements significatifs Rapport entre les classes

Les cités de banlieue ont de nouveau craqué en 2023

Les émeutes ont de nouveau pris le dessus dans les banlieues françaises, les cités devenant l’épicentre d’affrontements avec la police. 553 communes ont été touchées, et contrairement à 2005, ce n’est pas la région parisienne qui a servi de fer de lance au mouvement. Ni Lyon ni Marseille non plus, d’ailleurs, car les émeutes ont vraiment essaimé de partout.

Il y a eu la quantité, c’est vraiment le reflet d’un craquage général. Il y a eu aussi la qualité, les émeutes se lançant avec une puissante hargne : on parle d’un milliard d’euros de dégâts.

Le paradoxe, c’est qu’autant d’émotions fortes et d’actions violentes ne produisent rien de bon. La quantité exprime juste que le désarroi dans les cités est général, la qualité que c’est une fuite en avant.

Résultat, les Français sont très choqués, ils sont même affolés. Cela ne s’arrête jamais et c’est toujours à la fois laid et violent. Gilets jaunes… Pandémie… Guerre en Ukraine… Mouvement contre la réforme des retraites… Émeutes dans les cités… Tout apparaît comme incompréhensible, passéiste, incompatible avec une vie épanouie.

Et c’est vrai ! La société française de décompose, ni plus ni moins. Les gens comprennent que le sol se dérobe sous leurs pieds.

Il ne faut pas se leurrer : le gilet jaune ne fait pas rêver, avec sa nostalgie de la France d’il y a trente ans et son style beauf. Le syndicaliste ? Pareil ! Le type est d’une ringardise absolue et n’a rien à dire. Le lumpen des cités ? C’est encore pire, lui on ne veut même pas le voir en photo. D’ailleurs les Français sont très choqués qu’on en fasse autant pour un jeune délinquant qui roule en grosse cylindrée : ce genre de comportement est vu comme très dangereux par le peuple. Personne n’a envie de voir son enfant écrasé par un tel énergumène.

Qu’il soit tué par la police, tout le monde admettra que c’est regrettable. Les Français ne sont pas des salauds. Et ils savent que pour certains la vie est très dure. Mais il y a des limites ! La grande majorité des Français pensera donc que c’est tragique, qu’on n’y peut rien, et que c’était à ses parents de s’en occuper.

Les Français se disent : ce n’est pas mon gamin qui roule à 17 ans dans une Mercedes de location pour aller à 7h du matin manger un McDo. Chacun ses responsabilités !

Le gosse est avant tout victime de ses errements et de ses parents, et c’est le policier qui l’a tué qui était lui au mauvais moment au mauvais endroit.

Le peuple voit juste. Malheureusement, politiquement, il est naïf. Les Français vont donc s’empresser de voter à Droite afin de rétablir un certain ordre social, et tant pis pour les discours sociaux de la gauche populiste, qu’il aurait bien aimé suivre. Mais il faut bien choisir ! Entre son gamin dans le libéralisme d’un côté et des acquis sociaux avec des lumpens potentiellement meurtriers de l’autre, les gens ont vite choisi.

Eh oui, c’est pour ça que les gens votent à Droite de par le monde, que ce soit au Salvador ou aux États-Unis, en Corée du Sud ou au Nigeria. Dans une société en panique, les gens préfèrent la sécurité au désordre fut-il potentiellement social. A moins d’une révolution, mais avec qui à l’heure actuelle ?

Naturellement, ce virage à Droite se fera au grand dam de ceux qui font leur fond de commerce d’un pseudo anti-racisme, masque de tentatives communautaires de s’installer dans le capitalisme ou bien de grappiller davantage de points sociaux, ou bien de moderniser le capitalisme en le bousculant un peu, comme le fait le style LGBT.

Quelle étrangeté de voir une idéologie néo-féodale comme l’Islam se conjuguer au capitalisme le plus ultra-libéral. Le turbocapitalisme est vraiment totalement furieux dans sa tentative de tout déconstruire pour élargir les marchés capitalistes au moyen des identités les plus multiples.

Enfin, là, les jeux sont faits. Les marches « progressistes » organisées le 8 juillet 2023 comme tentative unanime de récupération de la crise des cités n’ont rassemblé que 100, 500, 1000 personnes dans quelques villes de France. La déconnexion avec la réalité populaire est complète.

La droitisation de la société française s’annonce massive.

La dictature algérienne n’en rate pas une

Revenons sur un aspect marquant. Les émeutes de banlieue de 2023 ont été d’une violence puissante. Elles ont fait autant de dégâts qu’en 2005, sauf qu’en 2005 cela avait duré trois semaines. En 2023, cela n’a duré que huit jours.

C’est révélateur. En 2005, les émeutes étaient une prise de conscience d’un rapport de force politique. Il y avait toute une ambiance à l’arrière-plan qui confinait à la mentalité insurrectionnelle. La revue Crise au sujet des émeutes souligne avec raison l’importance du film Ma 6-T va crack-er. Non pas que dans les cités tout le monde écoutait du rap ou même avait vu le film, par ailleurs très mauvais. Mais la bande originale du film, sorti en 1995, avait été une énorme référence populaire.

Il y a quelque chose d’assez fou d’ailleurs. Si on prend le film Ma 6-T va crack-er (ou plus exactement sa bande-son) et les émeutes de 2005, on aurait pu se dire qu’une nouvelle génération contestataire allait débarquer. C’était un rêve de jeune homme : la casquette bien vissé sur la tête, le bandana rouge bien serré sur le bas du visage, l’AK 47 et la lutte contre l’État bourgeois. Sauf que ce rêve de jeune homme s’est réalisé, au niveau des masses… en soutien à Alain Soral et Dieudonné pour les uns, en soutien à l’État islamique pour les autres !

Si vous regardez tant les uns que les autres, qui ont eu un immense succès entre 2005 et 2023, vous verrez que le profil de leurs soutiens est celui de ceux qui auraient dû basculer à Gauche en 2005. On parle de jeunes hommes, de milieu populaire ou petit-bourgeois et faisant un effort intellectuel prononcé, soucieux de s’impliquer sur le plan des idées en ayant une énorme méfiance vis-à-vis de l’État et des systèmes de domination.

En raison du patriarcat et de l’antisémitisme, tous ces gens ont cependant basculé dans le romantisme fasciste ou l’islamisme. Ils en ont fait une véritable culture au niveau de la vie quotidienne, empêchant tout retour en arrière. Ils ont façonné leurs mentalités avec des fantasmagories, tel « Comprendre l’empire » d’Alain Soral, sorti en 2011, vendu à plus de 120 000 exemplaires. Quel incroyable gâchis !

En ce sens, les émeutes de 2023 dans les cités ferment une porte. Pour en ouvrir une autre?