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L’Assemblée nationale reconnaît « l’Holodomor »

La propagande de guerre, totale !

Aujourd’hui en Ukraine, dans une trentaine d’endroits différents dans le pays, vous pouvez prendre le bus pour aller… à Moscou. Le bus passe par la Pologne ou la Lituanie. Tels sont les liens si forts entre les Russes et les Ukrainiens.

Ce sont ces liens que l’alliance du nationalisme ukrainien et de la superpuissance américaine veut supprimer. Encore de nouvelles lois sont passées en Ukraine cette semaine pour supprimer tout ce qui a un rapport avec l’Empire russe dans l’espace public : noms de rues, de places, etc.

Cela va avec la destruction par millions d’ouvrages en russe, l’effacement de Pouchkine, la négation des liens historiques avec l’empire russe comme avec Catherine II, la dénonciation de Dostoïevski, le projet ouvert de démantèlement de la Russie, appelée « Moscovie ».

L’un des principaux vecteurs de cette narration, c’est l’Holodomor. C’est un concept élaboré dans le milieu universitaire américain et britannique durant la guerre froide. L’URSS aurait organisé une famine pour provoquer un génocide en Ukraine, durant les années 1930.

Cela ne tient pas debout une seule seconde, puisque c’est l’URSS qui a reconnu l’Ukraine et a procédé à son « ukrainisation »: reconnaissance et systémisation de la langue, développement de la culture nationale, etc.

Nous avions déjà parlé de la statue de Taras Chevtchenko, la grande figure nationale ukrainienne, protégée par des sacs de sable à Kharkiv… et mise en place en 1935 par l’URSS. Cela contredit totalement la thèse de « l’effacement » de l’Ukraine.

D’ailleurs, le président russe Vladimir Poutine dénonce à chaque fois l’Ukraine comme une « invention » soviétique.

Les nationalistes ukrainiens cherchent à nier cette réalité historique, et l’Holodomor est un outil en ce sens. Il a été conceptualisé aux États-Unis afin de soutenir les nationalistes ukrainiens pour affaiblir l’URSS (et depuis son effondrement, la Russie).

C’est un bourrage de crâne pour justifier les plans de conquête.

Forcément, les satellites occidentaux de la superpuissance américaine s’alignent sur cette narration. Le 28 mars 2023, l’Assemblée nationale en France a reconnu l’Holodomor.

Il y a 577 députés, même pas la moitié était présent. Voici les positions des 170 députés présents.

Les 53 députés du regroupement pro-président de la République « Renaissance » ont voté pour. L’ensemble des députés pro-Emmanuel Macron est signataire du texte proposé.

Les 25 députés centristes du Modem ont voté pour, ainsi que les 9 députés centristes de Horizons.

Les 29 députés du Rassemblement national ont tous voté pour. Cela exprime tout à fait leur alignement sur l’Otan et la superpuissance américaine réalisé en février 2023.

La députée de Droite dure Emmanuelle Ménard a voté pour.

Les 20 députés de la Droite classique, avec Les Républicains, ont voté pour.

La France insoumise a expliqué qu’elle était totalement d’accord avec l’esprit de la résolution, qu’elle soutenait entièrement le régime ukrainien. Elle considère toutefois que la définition de génocide est ici insuffisamment élaborée et que ce serait nuire à cette définition sur le plan international.

Les 74 députés LFI se sont donc abstenus, mais se sont focalisés sur la dénonciation absolue de la Russie, uniquement de la Russie, et revendiquent leur soumission à la ligne de l’Otan et de la superpuissance américaine !

Les 12 députés socialistes ont voté pour.

Les 8 députés EELV ont voté pour.

Les 11 députés du Groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (centristes, régionalistes corses et réunionnais…) ont voté pour.

Les 2 députés PCF ont voté contre. Ils sont expliqué que l’Holodomor n’était pas un génocide, mais le fruit de la désorganisation du régime criminel de Staline. Ils pensent que c’est aux historiens d’analyser ça, que la mise en avant du vote obéit seulement à des impératifs politiques, et que c’est mal.

Mais ils ont participé à la dénonciation de la « folie furieuse » qui serait si typiquement russe, et qui relève du discours appelant à justifier la guerre contre la Russie pour la « décoloniser ».

Voilà où nous en sommes en France – ce vote exprime littéralement que nous sommes une province de l’empire américain.

Le but de la manœuvre : dénoncer la collectivisation d’une part, trouver des prétextes pour mobiliser dans la guerre « décoloniale » contre la Russie, d’autre part.

Sabotez la guerre américaine contre la Russie !

Voici le texte voté à l’Assemblée nationale.

– 1 –

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

Entre 1930 et 1933, plusieurs régions agricoles de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) – parmi lesquelles le Kazakhstan, le Caucase du Nord et l’Ukraine – ont connu une effroyable famine. Celle‑ci a été à l’origine de la mort d’entre 7 et 8 millions de personnes.

En Ukraine, cette famine, causée artificiellement, s’est distinguée par son ampleur. Systématisée par les autorités soviétiques, elle faucha la vie d’environ 4 millions d’Ukrainiens, principalement des paysans.

L’épisode a débuté en novembre 1929, avec l’annonce par la Pravda de l’avènement du « Grand tournant », à l’origine de la collectivisation forcée et de la « dékoulakisation », décidées par Joseph Staline.

Leurs objectifs ? L’industrialisation rapide de l’URSS et le contrôle des campagnes.

La répression s’est alors mise en place : expropriations, arrestations et déportations massives des propriétaires terriens, désormais désignés sous l’appellation « koulak ». Des entreprises agricoles collectives ont été instaurées, et ont pris la forme de fermes nationalisées (sovkhozes) et de coopératives (kolkhozes). Placées sous l’autorité de l’État, environ 30 % de leurs récoltes étaient prélevées.

En Ukraine, en réponse à ces réquisitions démesurées et à une répression croissante, la paysannerie s’est soulevée dès le début de l’année 1930.

Craignant la résurgence d’un nationalisme ukrainien, les autorités soviétiques ont accusé les paysans révoltés d’être des saboteurs et des ennemis du prolétariat.

Des brigades ont alors été envoyées pour mater les émeutes, fouiller les fermes, et confisquer récoltes, bétails et semis, ce qui eut des conséquences désastreuses sur la récolte suivante.

Alors que des foyers isolés de « difficultés alimentaires » ont commencé à être répertoriés dès cette période, les autorités soviétiques ont réquisitionné près de 43 % de la récolte ukrainienne l’année suivante.

En 1932, face à une situation alimentaire aggravée, un exode rural de masse a débuté. Par ailleurs, les collectes n’ont plus atteint les niveaux fixés.

Entre fin octobre 1932 et janvier 1933, les autorités ont intensifié la répression, fermé les frontières et instauré un blocus. Des patrouilles ont ainsi été mises en place, condamnant les personnes à rentrer chez elles, à être emprisonnées ou déportées en Sibérie et dans les camps du Goulag.

La vente des billets de chemin de fer a été suspendue et les paysans privés de leur passeport. En outre, de nouvelles mesures ont été instaurées pour les districts « mis au tableau noir » : retrait des produits manufacturés et alimentaires, remboursement immédiat des crédits, arrêt du commerce, imposition exceptionnelle.

A la fin du mois de janvier 1933, la moitié des kolkhozes et villages ukrainiens – 11 000 sur 23 000 – étaient ciblés.

« Grenier de blé » devenu « terre de sang », le paroxysme de ce crime de masse a été atteint dans les premiers mois de 1933 : chaque jour, des milliers de paysans ukrainiens sont morts, affamés.

La famine instaurée artificiellement a alors pris l’appellation d’Holodomor : « l’extermination par la faim ».

En parallèle de cette tragédie, entre 1930 et 1933, plusieurs millions de tonnes de céréales ukrainiennes confisquées ont continué à être exportées. Les réserves de l’État soviétique, plusieurs millions de tonnes également, n’ont quant à elles pas été touchées.

En février 1933, les autorités soviétiques ont débloqué une aide dérisoire et destinée en priorité aux villes, également touchées par les disettes, afin d’éviter des émeutes d’ouvriers.

Bien que de rares témoignages parvinrent à l’Ouest à l’époque, la chute de l’URSS et l’ouverture de l’accès à certaines archives ont permis de lever le voile et le silence sur cette période dramatique.

Le 24 mars 2005, le ministère des Affaires étrangères français, interrogé par le sénateur Jean‑Pierre Vial sur l’absence de reconnaissance de ce crime contre la population ukrainienne, avait répondu qu’il appartenait aux États concernés de donner une interprétation historique, politique et juridique de ces événements tragiques.

Or, en 2006, le parlement de l’Ukraine a reconnu la famine ukrainienne de 1932‑1933 comme génocide contre le peuple ukrainien. Cette reconnaissance incarne le consensus au sein de la population concernant la qualification de ce crime de masse.

Le 21 octobre 2022, dans le contexte de la guerre menée par la Fédération de Russie en Ukraine, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, M. Dmytro Kuleba, a appelé les parlements des nations qui soutiennent l’Ukraine à reconnaître le caractère génocidaire de l’Holodomor.

Cet appel a été repris par le Parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, le 16 novembre 2022.

Le 15 décembre 2022, le Parlement européen, dans sa résolution « 90 ans après l’Holodomor : reconnaître que le massacre par la famine constitue un génocide », a reconnu l’Holodomor comme un génocide du peuple ukrainien.

La présente résolution vise à la reconnaissance par les autorités françaises de cette famine forcée de la population ukrainienne comme génocide, et à la condamnation des actes commis, caractérisés par une extermination et des violations massives des droits humains et des libertés.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

Article unique

L’Assemblée nationale,

Vu l’article 34‑1 de la Constitution

Vu l’article 136 du Règlement de l’Assemblée nationale,

Vu la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948,

Vu la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950,

Vu la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948,

Vu l’article 6 de la Convention portant statut de la Cour pénale internationale, adoptée à Rome le 17 juillet 1998,

Vu les déclarations communes sur les anniversaires de l’Holodomor adoptées lors des sessions plénières de l’Assemblée générale des Nations unies,

Vu la loi ukrainienne relative à l’Holodomor de 1932‑1933 en Ukraine, adoptée le 28 novembre 2006,

Vu la résolution 1481 (2006) de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) sur la nécessité d’une condamnation internationale des crimes des régimes communistes totalitaires,

Vu la déclaration du Président du Parlement européen, du 21 novembre 2007, à l’occasion du 75e anniversaire de la famine en Ukraine (Holodomor),

Vu la déclaration finale et les recommandations de la 10e réunion de la commission de coopération parlementaire UE‑Ukraine, adoptées le 27 février 2008,

Vu la résolution du Parlement européen du 23 octobre 2008 sur la commémoration de l’Holodomor, la famine artificiellement provoquée en Ukraine (1932‑1933) et la résolution du Parlement européen du 15 décembre 2022 « 90 ans après l’Holodomor : reconnaître que le massacre par la famine constitue un génocide » ;

Considérant que la collectivisation forcée imposée par le régime soviétique de Joseph Staline a entraîné la mort de millions de personnes, notamment parmi les minorités ethniques de l’ex‑Union soviétique ;

Considérant qu’en vertu de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide, sont considérés comme des crimes de génocide les actes ci‑après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial et religieux : le meurtre de membres du groupe, l’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe, la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, les mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe ;

Considérant la mise en place par les autorités soviétiques d’une famine forcée en Ukraine, à l’origine de la mort de près de plusieurs millions d’Ukrainiens, pour imposer par la force et par la terreur leur politique de collectivisation ;

Constatant le caractère intentionnel de détruire en tout ou partie l’identité nationale et le peuple ukrainien, et plus particulièrement la paysannerie ukrainienne, en confisquant les récoltes et les semences, en intensifiant la répression, en fermant les frontières et en instaurant un blocus des villages ;

Considérant que les autorités soviétiques ont occulté, déformé ou supprimé des éléments d’information sur la famine et les crimes de masse perpétrés à l’encontre des Ukrainiens en 1932 et 1933, et que les autorités russes actuelles continuent de limiter l’accès aux archives mentionnant ces événements ;

Considérant que l’emploi du terme de « grande famine » passe sous silence la responsabilité du régime soviétique dans cette famine intentionnellement provoquée ;

Considérant que cette « grande famine » a été reconnue par le Parlement européen, les parlements ou d’autres institutions nationales représentatives de plus de 20 pays, comme un génocide ou comme un crime contre le peuple ukrainien et contre l’humanité ;

Considérant que la reconnaissance des génocides perpétrés au cours de l’histoire de l’Europe devrait permettre d’éviter la répétition de crimes semblables à l’avenir ;

Considérant le devoir d’honorer la mémoire des victimes de crimes de masse commis par des régimes totalitaires en reconnaissant leurs souffrances et la nature des actes commis ;

Considérant que les années 2022‑2023 consacrent le 90e anniversaire de l’un des plus grands crimes de masse du début du XXe siècle ;

Reconnaît officiellement le caractère génocidaire de la famine forcée et planifiée par les autorités soviétiques à l’encontre de la population ukrainienne en 1932 et 1933 ;

Condamne le génocide commis par les autorités soviétiques, connu sous le nom de l’Holodomor ;

Affirme son soutien au peuple ukrainien dans son aspiration à faire reconnaître les crimes de masse commis à son encontre par le régime soviétique ;

Invite le Gouvernement français à reconnaître officiellement et à condamner publiquement le caractère génocidaire de ces crimes de masse commis à l’encontre du peuple ukrainien et connus sous le nom d’Holodomor ;

Invite le Gouvernement français à rendre hommage à toutes les victimes de l’Holodomor et à exprimer sa solidarité avec le peuple ukrainien qui a souffert de cette tragédie ;

Invite le Gouvernement français à poursuivre ses initiatives diplomatiques visant à la reconnaissance internationale de l’Holodomor ;

Invite le Gouvernement français à encourager sur la scène internationale un libre accès aux archives relatives à l’Holodomor, plus particulièrement en Fédération de Russie, afin de permettre aux historiens de poursuivre leurs recherches visant à établir et documenter les faits.

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Politique

La France se décompose en mars 2023

La société française est totalement pourrie.

Les Français sont des hypocrites ; ce n’est pas pour rien qu’ils n’ont jamais assumé le protestantisme pourtant né chez eux avec Jean Calvin, et qu’ils ont toujours préféré le catholicisme où, au moins, on pouvait se repentir après avoir fait le contraire de ce qui était demandé.

Quiconque regarde par la fenêtre, dans la rue, au travail, à l’école, où qu’il veuille, ne peut pas ne pas voir que la France se décompose, que plus rien ne tient. Le niveau culturel s’effondre, les gens se contentent du superficiel et développent même un goût pour le superflu. Chaque Français rêve de gagner des millions au loto pour se contenter de se laisser vivre en profitant du luxe.

Autre constat : la violence dans la société s’est effondrée. La violence directe, l’agressivité des années 1970-1990 a pratiquement disparu, mais la violence sociale a explosé. On ne risque plus de se faire tabasser au commissariat, mais toute la société tabasse la psychologie, les nerfs, les sentiments. La vie quotidienne est méchamment ardue.

Mais les Français ne l’assument pas. Ils masquent la réalité, car ils comptent encore profiter jusqu’au maximum d’être au chaud en occident. Le pays se tiers-mondise ? Qu’importe si « moi » je peux encore en profiter. Tant pis pour les autres !

C’est cela qui explique cette ambiance années 1930 qui suinte du mouvement actuel contre la réforme des retraites. On n’y trouve strictement rien relevant de la Gauche historique. C’est la Droite qui s’exprime partout. Marches aux flambeaux… Incendie d’effigies de personnalités politiques… Anti-parlementarisme avec ciblage de permanences d’élus… Virilisme des « minorités agissantes » lors des manifestations… Esprit ouvertement corporatiste avec un refus catégorique d’élargir le champ des revendications…

On voit mal comment Marine Le Pen ne va pas profiter de manière prononcée de la séquence en cours. Nous vivons pratiquement un Février 1934 conforme à l’esprit de notre époque : sur un mode syndical occidental, mou, aigri, délétère, acide. On pensait qu’avec les gilets jaunes, ces chemises noires ne s’assument pas, on ne pouvait pas vraiment faire pire… Eh bien si ! Les beaufs du syndicalisme ont réalisé cet exploit.

Ce qui nous pend au nez, c’est le scénario italien des années 1920. L’agitation sociale échoue, et même si elle n’a pas été « révolutionnaire », elle fait suffisamment peur à la bourgeoisie qui craint une progression du niveau de conscience historique des masses. Alors, ce qui s’ensuit, c’est la victoire électorale de l’extrême-Droite. Puis un tour de vis massif et l’instauration d’un régime, à peu près le même, et pourtant différent, pour aller à la guerre.

On dira qu’il n’y a pas de milices d’extrême-Droite aujourd’hui. C’est vrai, il n’y a que quelques regroupements totalement déconnectés de la réalité. Mais il n’y a même pas besoin de telles milices, car la Gauche historique – la seule réelle menace pour la bourgeoisie – est inexistante ou presque en France. Ce n’est pas La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui va prendre l’Élysée par les armes et instaurer le Socialisme. Et de toutes façons les masses ne veulent rien savoir, elles ne veulent pas de la politique, elles veulent qu’on les laisse tranquilles et que chacun puisse continuer sa petite vie.

Le mouvement contre la réforme des retraites auquel on assiste est une infamie, une insulte aux exigences de l’Histoire. Nous l’avions dit dès le départ. Et il n’a pas fini de continuer à s’enfoncer. Cela va empirer.

Rien de toute ça n’empêchera toutefois la résurgence inéluctable de la Gauche historique ! C’est la crise générale, la France s’effondre, les compteurs sont remis à zéro, et il faut boire le calice de la corruption occidentale des masses jusqu’à la lie, voilà tout. Demain sera entièrement différent politiquement.

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Écologie

Débat public : soutien gouvernemental aux chasseurs

Le débat public lancé a eu comme conclusion le renforcement des chasseurs.

La Fédération nationale des chasseurs revendique 5 millions de porteurs du permis de chasse en France, dont 1,1 millions de pratiquants. D’autres chiffres parlent de 900 000 pratiquants, mais dans tous les cas la France est le pays européen où il y a le plus de chasseurs. Dans la région Centre-Val de Loire, c’est 5,18% de la population qui chasse et il y a sur le territoire national 70 000 associations de chasse organisées par 500 000 bénévoles et 1500 salariés.

La chasse est en France une activité solidement implantée, représentant une force culture et sociale très importante, dépassant largement ces 5 millions de personnes ayant le permis. Le régime en place n’entend certainement pas se confronter à ces gens, qui représentent pour lui l’assurance d’une arriération sociale et culturelle dans les campagnes, faisant que l’ordre établi ne risquera pas d’être bousculé.

Les randonneurs et les cyclistes peuvent vouloir changer le monde, éventuellement. Pas les chasseurs, qui sont l’expression même du vieux monde.

Alors, malgré quelques protestations, malgré quelques humains tués par accidents chaque année (8 la saison précédente, dont 6 chasseurs), malgré l’absurdité qu’il y a à laisser des types se balader avec des armes létales dans les champs et les forêts, au bord des routes, pour satisfaire un loisir consistant en le fait d’assassiner gratuitement des animaux, il n’y a aucune limitation de la chasse. Bien au contraire.

Récemment, diverses associations (surtout France nature environnement et la Ligue de Protection des Oiseaux) avaient posé dans le débat public la question de l’interdiction de la chasse un jour par semaine. Un jour par semaine… c’est dire le manque d’ambition et d’espoir.

Et la conclusion de ce débat est un échec total de la part de ces associations, avec maintenant des effets néfastes qui seront pires que les petites améliorations souhaitées pour les randonneurs et les cyclistes.

La chasse sort totalement renforcée de ce débat public, ou plutôt pseudo-débat public, car en réalité la France est léthargique, plus personne ne s’intéressant à rien et ne débattant sur rien. Toujours est-il que le gouvernement s’est prononcé sur le sujet lundi 9 janvier 2023 à l’occasion d’un déplacement de la secrétaire d’État chargée de l’Écologie à Dry, dans le Loiret, en région Centre-Val de Loire. « Chez » les chasseurs, donc.

Bérangère Couillard a expliqué… que rien ne changera pour les chasseurs, si ce n’est de leur garantir qu’ils pourront exercer durablement leur loisir macabre. Il avait été question, ou plutôt c’était souhaité par quelques associations, de l’instauration d’un jour sans chasse pendant la saison, le samedi ou le dimanche.

C’est hors de question dit le gouvernement, dont le patron, Emmanuel Macron, est ami avec le patron des chasseurs, Willy Schraen. Les chasseurs peuvent continuer à chasser quand ils veulent, quasiment à n’importe quelle heure, presque à la tombée de la nuit pour les jours les plus courts de l’hiver.

Sans ça, les chasseurs se seraient fâchés, avait prévenu Willy Schraen en disant à propos de l’interdiction de la chasse le dimanche :

« Je ne vous donne pas cinq ans et vous avez la ruralité à feu et à sang. »

L’emploi du terme de « ruralité » est ici une véritable escroquerie, pour désigner en fait des gens pratiquant leur « loisir » avec des fusils, donc du matériel très moderne, fabriqué dans des usines, se déplaçant systématiquement en voiture, donc dans du matériel fabriqué également dans des usines, faisant leur course dans des supermarchés, regardant tout un tas d’idioties très « urbaines » à la télévision, etc.

En tous cas, le voilà rassuré, si tant est qu’il eut peur… Les animaux des campagnes continueront à subir le feu et connaître le sang 7 jours sur 7. Le gouvernement français s’y engage.

Pour moderniser la chose toutefois, la secrétaire d’État a annoncé quatre mesures : l’amélioration de la formation sur la sécurité et le maniement des armes, la création d’une plateforme numérique pour visualiser les chasses, le retrait du permis de chasse en cas d’accident grave, la création d’une contravention pour alcoolémie.

Beaucoup de gens apprendront donc que, pour l’instant, il n’y a pas de retrait systématique du permis en cas d’accident grave et que la chasse sous l’emprise de l’alcool n’est pas interdite ! Vu de l’étranger, de quasiment n’importe où en Europe, cette situation paraîtra hallucinante. La France est un pays profondément arriéré sur le plan des mœurs et de l’organisation de la vie en collectivité.

Au milieu de tous cela, il y a les animaux, dont tout le monde se fiche, urbains comme ruraux. C’est là une véritable « clef » culturelle. Si on ne s’intéresse pas aux animaux, si on ne prend pas largement et du plus profond de soi, le parti des animaux, alors rien ne changera en France.

Il faut bousculer ce vieux monde et cela commencera inévitablement en France par le fait de se confronter ouvertement aux chasseurs, 7 jours sur 7 et 365 jours par an.

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Société

Coupe du monde 2022 : défaite morale de la France

Les audiences ont été massives, le boycott inexistant.

L’équipe de France de football a perdu la Coupe du monde de football 2022, mais la France a perdu bien plus : son âme, et son esprit. La France, les Français, ont choisi de vendre leur âme au diable qatari sans aucun scrupule, ils ont choisi d’avoir mauvais esprit. Rien ne semble pouvoir arracher les Français à leur train-train quotidien, eux qui mangent allègrement dans la soupe capitaliste, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

L’attribution de cet événement au Qatar avait pourtant provoqué un haut-le-cœur en France, en tous cas chez les gens ayant une morale. Déjà, car c’était évidemment le fruit d’une corruption, le dossier qatari auprès de la Fifa ne valant rien. Le pays est minuscule (la taille de la Corse, dont du désert), il n’y a pas de culture populaire liée au football, il n’y avait qu’un seul stade dans le pays.

Tout cela n’avait aucun sens, et il a fallu l’intervention directe notamment de Nicolas Sarkozy, très proche du régime au pouvoir au Qatar, pour que ce lamentable spectacle puisse avoir lieu. Contre toute attente, l’ancien footballeur français Michel Platini, habilité à voter pour l’attribution de ce mondial, avait alors choisi le Qatar, expliquant ensuite que le président français le lui avait demandé.

C’est odieux, et rien que pour cela il y avait en France l’obligation morale, politique et culturelle, de boycotter l’événement. Au nom du refus de ces gens ultra-riches et puissants façonnant le monde à leur manière, selon leurs intérêts, contre toute démocratie.

D’ailleurs, le Qatar correspond tout à fait à ce que les bourgeois nomment habituellement une dictature. Mais comme le Qatar est ami de la France bourgeoise, alors il n’est jamais dénoncé comme dictature. Quand on voit avec quel acharnement il est dénoncé la Russie, qui a pourtant une constitution, un parlement, des élections…

Il n’y a rien de tout cela au Qatar, qui est dirigé entièrement par une famille faisant la pluie et le beau temps, comme au début Moyen Âge avec les seigneurs locaux dans les coins reculés. C’est la charia, la loi islamique, qui prime sur place (en tous cas officiellement, car les élites du régime ne se gênent pas pour mener une vie de débauche en occident). Le Qatar est également très connu pour être un grand financeur de l’islamisme dans le monde, y compris en France, via notamment les Frères musulmans.

Mais ce n’est pas tout, puisqu’une fois les choses lancées, il y a eu de nombreuses autres raisons pour rejeter ce mondial abject. Parce que le Qatar a fait construire des stades immenses qui ne serviront à rien (voir notre article), parce que de la climatisation y a été installée dans l’idée, à l’origine, de jouer les matches par minimum 40°C.

Et puis il y a eu la question de l’exploitation des travailleurs sur les chantiers, des immigrés servant dans des conditions effroyables à un rythme endiablé et avec une pression maximale, tout cela pour servir quelques milliers de futurs touristes du ballon rond qui n’auront été présents sur place qu’un mois à peine.

Il y a même eu le service public français y mettant du sien, tellement c’était odieux, pour dénoncer ces conditions de travail avec des reportages à heure de grande écoute. On pouvait se dire qu’il se passerait quelque chose, que la France allait exister, qu’un esprit français, à la fois rationnel et « rentre dedans », plein de panache, allait prendre le dessus, que la Coupe du monde serait boycottée par beaucoup de gens non dupes de ce sinistre spectacle.

C’est exactement le contraire qui s’est produit. Les audiences ont été excellentes, les voix du boycott inaudibles. La chaîne BeIn sport (qui appartient au Qatar) revendique un demi-million d’abonnés supplémentaires en France liés à l’événement. Lors de la demi-finale de la France contre le Maroc, il y a eu 21 millions de téléspectateurs selon Médiamétrie, presque autant que lors du record absolu qui a même probablement été battu dimanche après-midi, le 18 décembre, pour la finale France – Argentine.

Tout est dit avec ce discours triomphant de l’horrible Grégoire Margotton, commentateur, interviewé par le tout aussi lamentable TV magazine à l’occasion de la finale.

« Les chiffres d’audience sont stratosphériques. Au regard des appels au boycott, et des polémiques qui ont ponctué l’avant-compétition, vous attendiez-vous à de tels résultats?

Je ne m’attendais à rien du tout. Ce que je savais intimement, c’est qu’à partir du moment où le ballon commencerait à rouler, les téléspectateurs regarderaient.

Même si on a une conscience politique et philosophique, même si on sait dans quel contexte cette Coupe du monde a été attribuée et dans quelle condition elle se déroule, on ne va pas faire porter aux footballeurs le poids et la responsabilité de tout cela.

On est chez soi, avec des copains, on attend cet événement tous les quatre ans et on a le droit de profiter d’un match sans mauvaise conscience. Le boycott télévisuel, je n’y croyais pas une seule seconde.

Après, ça n’empêche pas de parler du Qatar. On continuera à souligner les choses négatives, mais on peut aussi souligner les points positifs dans l’organisation de cette compétition. »

Voici donc la réalité du pays. Le capitalisme n’est plus du tout conquérant en France, il est absolument et entièrement installé, solidement implanté dans les corps et les esprits.

Il n’y a plus de place pour la réflexion et la rebellion, le pays est d’un conformisme hallucinant et d’une apathie déconcertante.

L’absence d’un mouvement de boycott est un échec moral monumental qui laissera des traces dans les années à venir. Il y a tout à reconstruire pour la Gauche, et chaque jour qui passe fait qu’il faut partir d’encore plus loin. Il n’y a franchement plus grand-chose à garder de cette France en dessous de tout et de ces Français minables.

La crise et la crise elle seule est en moyen de porter une dévastation brisant cet édifice – c’est de là qu’il faut partir stratégiquement pour aller à la victoire du Socialisme.

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Guerre

La Conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine

Elle s’est tenue à Paris le 13 décembre 2022.

L’Ukraine est devenue un satellite de la superpuissance américaine ; en pratique c’est une colonie. Les nationalistes ukrainiens, qui vantaient la nation ukrainienne, n’ont été dans la pratique que le vecteur de la perte de l’indépendance nationale. La Conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine à Paris le 13 décembre 2022 entérine ce fait.

Mais de la même manière, les faits se sont précipités et la France est également un satellite américain. La Conférence bilatérale le montre, puisque la France se voit laisser des miettes en Ukraine… à condition de soutenir entièrement l’effort de guerre au service de la superpuissance américaine.

Cette Conférence a en effet comme organisateur Bruno Le Maire, le ministre français de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Ont été présents pas moins de 700 représentants d’entreprises françaises.

L’objectif : faire pénétrer le capital français dans les domaines de la santé, des infrastructures, des systèmes énergétiques, du secteur agricole et agroalimentaire, des technologies et du numérique.

Le principe : l’Ukraine est en ruine, c’est une cible facile qui n’aura pas le choix que de céder entièrement au capital des pays se plaçant sous le parapluie américain.

Mais pour cela il faut raquer. La France doit s’impliquer entièrement dans le soutien au régime ukrainien. Le ticket d’entrée a donc consisté déjà en 200 millions d’euros de « liquidités d’urgence » à l’opérateur national énergétique ukrainien Naftogaz et la société nationale des chemins de fer ukrainiens…

En un prêt de 300 millions d’euros à UkrEnergo qui gère les réseaux électriques ukrainiens… En un prêt de 37,6 millions d’euros pour la fourniture de 20 000 tonnes de rail produits en France par la société Saarstahl pour la réparation de plus de 150km de voies ferrées…

En la fourniture par la France de 25 ponts en kit et de 20 millions d’euros de semences par trois sociétés françaises exportatrices (MAS Seeds, Lideas Seeds, RAGT)…

La Commission européenne va également financer l’achat de 30 millions d’ampoules LED, alors que l’ensemble des pays occidentaux présents à la conférence ont promis de fournir au régime ukrainien 415 millions d’euros qui seront alloués au secteur de l’énergie, 25 millions pour l’eau, 38 millions pour l’alimentation, 17 millions pour la santé, 22 millions pour les transports, avec 493 millions d’euros encore à dispatcher.

Et le régime ukrainien en a profité, bien entendu, pour demander encore plus d’armes, notamment des tanks, en sachant que désormais il n’existe que comme chair à canon. C’est parce qu’il est la principale marionnette de tout cela que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été choisi comme personnalité de l’année par le magazine américain Time.

Mais l’Ukraine ne peut déjà plus s’en sortir. C’est une nation meurtrie, assassinée en premier lieu par son régime en faisant un jouet de la superpuissance américaine. Les destructions sont immenses ; la femme du président ukrainien, Olena Zelenska, a ainsi affirmé à l’occasion de la conférence la chose suivante :

« Mais comment ressentir tout ce que cette guerre fait à notre pays et notre population ? Comment ressentir ce que signifient plus de 4000 missiles qui ont touché les villes ukrainiennes ? Qu’est-ce que 50 000 missiles lancés en une seule journée contre notre pays ? Que sont 2719 établissements éducatifs touchés ou détruits ? Comment ressentir plus de 1 100 établissements médicaux détruits ou touchés ? Pouvez-vous imaginer la moitié de la France privée d’électricité ? »

Dans un pays à la stabilité déjà extrêmement faible avant la guerre, un tel panorama est catastrophique. Un retour en arrière est impossible.

Et le grand paradoxe historique de tout cela, pour mettre une perspective historique populaire en avant, c’est que si l’armée ukrainienne avait immédiatement perdu la guerre, l’armée russe aurait été mise en déroute par le peuple ukrainien.

Le régime ukrainien mis de côté, rien ne freinait plus la mobilisation populaire ukrainienne, et la victoire militaire russe dans le pays aurait précipité une remise en cause patriotique ukrainienne, que les masses russes auraient elles-mêmes soutenues tellement elles sont proches de l’Ukraine!

Mais tel n’a pas été le scénario et désormais du point de vue russe, l’Ukraine a commis la grande trahison d’avoir choisi l’Occident, la superpuissance américaine. La mise hors de service du réseau électrique à Odessa il y a quelques jours montre qu’il n’y aura pas de pardon et que toute la « Nouvelle Russie » serait conquise par la Russie coûte que coûte.

Pour l’instant, on va en plein dans la direction d’un découpage de l’Ukraine en trois zones, comme le voit l’article du 26 juin 2022 sur le découpage futur de l’Ukraine.

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Réflexions

« Surtout ne touchez à rien »

C’est la devise des Français.

Ce qui manque à la Gauche historique en France pour se développer, c’est une capacité approfondie à saisir les mentalités. Transformer le monde, c’est transformer les gens et pour cela faut-il les connaître. Naturellement, si on considère que les gens sont des « individus », là on ne peut arriver à rien à part accompagner le capitalisme. Mais si on considère que les gens sont des animaux, des animaux sociaux avec un parcours particulier, alors on peut dégager les tendances principales qui existent.

En l’occurrence, il est tout à fait flagrant que les gens ne veulent plus entendre parler de quoi que ce soit qui pourrait les remettre en cause, à quelque niveau que ce soit. C’est un sentiment naturel de leur part, puisqu’ils assimilent, tels des animaux précisément, la stabilité à la maîtrise de leur environnement : donc la stabilité, donc la protection.

C’est pourtant là fondamentalement trompeur car l’humanité, de par ses capacités d’intervention, a modifié radicalement son environnement, provoquant des mouvements sur le long terme. Sans une compréhension adéquate de ces mouvements, on vit au jour le jour en attendant le déluge. Et voilà justement que l’avenir, sous la forme du réchauffement climatique, de la pollution, de la fatigue générale dans un capitalisme exacerbé, de la guerre… commence à s’annoncer.

Alors les gens, au lieu de prendre le problème à bras le corps, adoptent comme devise « surtout ne touchez à rien », avec l’espoir que cette fuite dans nulle part permette d’éviter l’inévitable. Il y a l’idée de passer individuellement entre les mailles du filet, de se dire que cela arrivera à d’autres que soi. Bref, le principe est simplement de chercher à se rassurer à tout prix.

C’est très exactement la mentalité qui prime fin mai 2022. C’est la tendance générale au sein de la société française. Et on peut sentir une vraie précarité dans les esprits français qui portent cette tendance. Il y a un certain stress, une fragilité psychologique qui affleure, le basculement n’est pas très loin.

Cela est fondamentalement inquiétant. En même temps, il était temps qu’on arrive à un moment où enfin le capitalisme périclite, où son hégémonie totale sur les esprits s’affaiblit. Cela ne veut pas dire que cette hégémonie ait disparu, bien au contraire. En fait, elle se renforce même parallèlement au fait qu’elle s’affaiblit alors que les gens sont perdus. Les gens perdus par le capitalisme rebasculent dans le capitalisme, pour être encore plus perdus, et ainsi de suite.

Impossible également de savoir encore comment cela va tourner, puisque bien entendu le fait de vivre dans un capitalisme hyper-développé amène les gens à être incapables de se poser, ayant pris l’habitude de consommer, de sur-consommer à grande vitesse, sans effort intellectuel prolongé, sans implication « spirituelle » au sens où l’esprit se tourne sérieusement, entièrement vers quelque chose.

C’est là le portrait véritable de toute une période… En espérant qu’elle ne soit pas toute une époque historique, celle d’un effondrement du capitalisme sur des décennies, dans des déséquilibres en série, sanitaires et militaires, sociaux et économiques, avec une décadence intellectuelle et culturelle en filigrane.

Tout dépend ici des prolétaires. Le grand développement du capitalisme depuis 1989, avec l’effondrement de l’empire soviétique et l’intégration de la Chine comme usine du monde, a permis également la corruption d’une large partie des gens dans le tiers-monde, même si leur vie quotidienne est bien souvent chaotique et pauvre. Alors ce sont les prolétaires des pays riches qui, de par leur parcours, peuvent reprendre le flambeau de la contestation du capitalisme, depuis l’intérieur du monstre. Encore leur faut-il décrocher de toutes les traditions petites-bourgeoises qu’ils ont développé.

Quelle étrangeté que ce capitalisme réellement ébranlé et pourtant si stable en raison des prolétaires, de leur passivité complète, de leur participation au capitalisme. C’est tout le paradoxe du moment.

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Guerre

L’OTAN passe un nouveau cap dans la propagande anti-russe

La propagande belliciste est acharnée.

Une fresque soviétique, à kramatorsk.

La superpuissance américaine et son appendice militaire qu’est l’OTAN poussent de plus en plus ouvertement à la guerre contre la Russie. Cela est évident depuis plusieurs semaines, mais il faut maintenant parler d’un tournant depuis le vendredi 8 avril 2022.

Il y a eu ces derniers jours un matraquage anti-russe extrême, avec des accusations de génocide ; c’est ni plus ni moins que la propagande du régime nationaliste ukrainien qui est reprise mot pour mot, pour faire monter la tension et préparer l’opinion publique à la guerre. Un nouveau cap a été franchi avec le bombardement de la gare de Kramatorsk.

Il faut s’imaginer ici une scène d’horreur totale, avec la mort de dizaine de civils, dont des enfants, tentant de fuir la guerre, l’intérieur et l’entrée de la gare étant couverts de sang, du mobilier carbonisé, des bagages abandonnés, des débris partout.

Le président américain a immédiatement attribué la responsabilité de ce bombardement à la Russie, accusée d’avoir volontairement visé des civils :

« L’attaque d’une gare ukrainienne est une nouvelle horrible atrocité commise par la Russie, frappant des civils qui tentaient d’évacuer et de se mettre en sécurité ».

Le sous-entendu est toujours le même, c’est que la Russie procéderait à un génocide, visant systématiquement le peuple ukrainien. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi parlé à propos gare de Kramatorsk d’un « mal sans limite », avec au passage un discours absolument délirant sur l’armée russe qui refuserait le combat militaire par lâcheté :

« Sans la force et le courage de nous affronter sur le champ de bataille, ils détruisent cyniquement la population civile. C’est un mal qui n’a pas de limite. Et s’il n’est pas puni, il ne s’arrêtera jamais ».

On a dans la foulée tout le camp pro-américain qui se rallie à ce discours, sans aucune réserve. Les chefs des gouvernements britannique et allemand ont dénoncé communément la Russie lors d’une conférence de presse, parlant pour l’un de « crimes de la Russie en Ukraine » et pour l’autre de bombardements « épouvantables ».

Le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell y est également allé sans réserve :

« Je condamne fermement l’attaque aveugle de ce matin contre une gare à Kramatorsk par la Russie, qui a tué des dizaines de personnes et fait de nombreux blessés ».

Mais c’est à la France qu’a été attribué la responsabilité de faire passer un cap aux accusations. En effet, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est allé extrêmement loin en parlant, sur une chaîne de la télévision publique française, de « crime contre l’humanité ».

« Les autorités ukrainiennes avaient appelé la population à évacuer – notamment par trains – dans la crainte d’une offensive russe pour prendre le contrôle de la région du Donbass. C’est à ce moment-là qu’ils tapent la gare, sur des réfugiés, donc sur des civils, donc ça répond aux crimes contre l’humanité. »

Le « ils » désigne ici ouvertement la Russie, puisque que le ministre avait introduit son propos en expliquant que « la guerre russe se poursuit, avec ses exactions ».

Jean-Yves Le Drian a ensuite parlé de Cour pénale internationale, expliquant (ce qu’Emmanuel Macron a confirmé également), que la France allait envoyer rapidement du personnel militaire en Ukraine pour établir un dossier en ce sens.

C’est ici un point de non-retour qui est franchi, un basculement évident. Comment la Russie peut accepter une telle accusation, la pire des accusations, de la part de la France et du camp américain ? C’est impossible, et ce qui est visé ici est ouvertement la provocation afin de pousser la Russie à la faute et justifier une intervention de l’OTAN.

Il faut ici bien sûr préciser à propos de la gare de Kramatorsk que la Russie a immédiatement démenti, parlant de provocation ukrainienne. Voici ce qu’affirme le ministère russe de la Défense, en précisant que le missile a été tiré depuis Dobropillia :

« Le but de la frappe orchestrée par le régime de Kiev sur la gare ferroviaire de Kramatorsk était d’empêcher le départ de la population de la ville afin de pouvoir l’utiliser comme bouclier humain ».

On peut très bien se dire qu’il n’y a pas plus de raison de croire le régime russe, coupable d’invasion, que le régime nationaliste ukrainien. Mais justement, cela marche dans les deux sens et la France n’a, au sens strict, absolument pas le droit d’accuser unilatéralement la Russie de crime contre l’Humanité pour cette attaque, sans preuve aucune.

Il faut ici beaucoup de sérieux et de hauteur pour bien saisir l’enjeu qu’il y a derrière cette accusation. En effet, l’attaque n’a pas eu lieu dans l’Ouest de l’Ukraine, mais dans le Dombass, une région russophone considérée par la Russie comme relevant de la grande-Russie, avec une population considérée comme devant rejoindre la Russie en étant libéré du joug occidental et nationaliste ukrainien.

Une grande partie du Donbass justement est depuis 2014 séparée de l’Ukraine, et la ville de Kramatorsk était par contre la capitale de la partie du Donbass encore sous-contrôle ukrainien, après des combats acharnés entre les deux camps. Sauf que la ville est justement sur le point de tomber. La population fuit les combats à venir, alors que l’OTAN elle-même explique que la conquête de l’intégralité du Donbass par la Russie est l’actualité de ces prochains jours.

C’est ce qu’a présenté en détail le secrétaire général de l’OTAN mardi 5 avril, en parlant d’une « phase cruciale de la guerre » avec le redéploiement quasi total de l’armée russe à l’Est du pays. Ce que cela sous-entend également, c’est l’écrasement de l’armée ukrainienne, avec une sorte de mâchoire militaire russe se refermant sur elle précisément dans cette région.

Il faut bien voir également que, depuis 2014, l’armée ukrainienne bombarde sans relâche l’autre partie du Donbass, et que la Russie accusait justement celle-ci d’avoir accentué les tirs avant l’invasion de février, et de préparer une opération militaire massive. On en pense ce qu’on veut là encore, mais c’est un élément à prendre en compte dans les accusations.

Comme le fait que l’armée russe explique, de manière très détaillée, comment les militaires ukrainiens (notamment les bataillons de nationalistes fanatiques) se cachent au milieu de la population civile dans la ville (ultra-statégique) de Marioupol, et qu’il faut donc pour l’armée russe procéder à un siège quasiment maison par maison, appartement par appartement.

Jean-Yves Le Drian, qui affirme que la Russie est coupable de crime contre l’Humanité avec l’attaque de la gare Kramatorsk, n’a aucune preuve. Mais surtout, il n’a aucune raison objective à avancer pour expliquer un tel crime de la part de la Russie. A moins de reprendre la propagande délirante et fanatique du régime ukrainien, qui multiplie les mensonges et affirmations délirantes depuis le début de l’invasion.

Quel est l’intérêt pour la Russie de massacrer ainsi une population qu’elle prétend libérer, alors justement qu’elle a plutôt intérêt à ce que la population civile fuit justement massivement pour opérer directement contre l’armée ukrainienne ? De surcroît, de le faire avec un missile de facture assez ancienne, avec écrit dessus « за детей », soit « Pour les enfants » (ou plus exactement « Au nom des enfants »).

Cela est difficilement explicable. On ne peut pas, par principe, écarter l’éventualité d’une frappe russe, mais elle n’est pas plus probable que celle de la provocation nationaliste ukrainienne, ou encore de la possibilité d’un accident de guerre avec un missile ne causant pas les dommages prévus initialement. Mais là n’est pas la question, en vérité, malheureusement.

L’accusation de crime de guerre contre la Russie n’est que le prétexte à une propagande de guerre acharnée. Ce qu’il y a en jeu, c’est ni plus ni moins qu’une vaste opération psychologique, médiatique pour justifier une entrée en guerre contre la Russie. Les dirigeants américains, français, allemands, britanniques, slovènes, polonais, n’en ont rien à faire de la population du Donbass, ils n’en ont rien à faire de l’Ukraine. Leur seule actualité est la bataille pour le repartage du monde, et la place du bloc formé par la superpuissance américaine dans cette bataille, avec la Russie sur leur chemin.

La Russie est dorénavant unilatéralement un ennemi de l’OTAN, il n’y a quasiment plus d’autre issue que la guerre.

C’est le sens de l’arrivée de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à Boutcha puis à Kiev, pour expliquer que l’Ukraine allait intégrer bientôt l’Union européenne, tandis que la Russie est « menacée de décomposition économique, financière et technologique « .

C’est le sens de l’officialisation vendredi 8 avril 2022 de la fourniture par la Slovaquie de système de défense anti-aérien S-300, immédiatement saluée par Joe Biden qui en échange a fourni des batteries de défense antimissiles américains.

C’est le sens du renforcement de l’aide militaire britannique à l’Ukraine (missiles antichars et antiaériens), justifiée par l’attaque « inconsciente » de la gare de Kramatorsk. C’est le sens de la déclaration, quasiment une déclaration de guerre à la Russie, du président américain :

« Nous poursuivrons notre assistance en matière de sécurité et nos livraisons d’armes pour aider l’Ukraine à défendre son pays. Et, avec nos alliés et partenaires, nous soutiendrons les efforts pour enquêter sur cette attaque tout en documentant les actions de la Russie et en la tenant responsable. »

Dans le même registre belliqueux, Joe Biden a également expliqué dans un communiqué :

« Tandis que les forces russes se repositionnent pour la prochaine phase de cette guerre, j’ai demandé à mon administration de continuer de ne ménager aucun effort pour identifier et fournir à l’armée ukrainienne les armes modernes dont elle a besoin pour défendre son pays ».

La Gauche doit se réveiller, il y a urgence. La question de la troisième guerre mondiale n’est pas une spéculation théorique lointaine, mais une terrible actualité qui se dessine. Il faut dénoncer l’OTAN, l’armée française, il faut combattre les va-t-en-guerre, il faut affirmer haut et fort l’internationalisme prolétarien. Guerre à la guerre, le drapeau rouge levé : tel doit être le mot d’ordre.

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Guerre

L’Allemagne choisit des avions de chasse américains plutôt que franco-allemands

La tendance à la guerre renforce l’OTAN, et inversement.

Pendant cinq ans, le président Emmanuel Macron a mis sur la table l’idée d’une force armée européenne, et en tous cas de grande coopération et intégration industrielle-militaire en Europe. C’est là une sorte de gaullisme light, voulant garder pour la France un statut de relative grande puissance relativement indépendante, mais via l’Union européenne et son moteur franco-allemand.

Le projet d’armée européenne n’a jamais pris concrètement, puis il a été balayé par la guerre en Ukraine qui a vu le retour au premier plan de l’OTAN, pourtant donnée « en état de mort cérébrale » il y a très peu de temps encore par Emmanuel Macron.

Une nouvelle étape de l’échec de ce « gaullisme light » d’Emmanuel Macron via l’Union européenne vient d’être franchie, avec l’annonce par l’armée allemande de se tourner vers les États-Unis pour l’achat d’avions de guerre de type chasseurs-bombardiers. En l’occurrence, c’est une trentaine de F-35 de Lockheed Martin qui doit être commandée.

C’est un grand chamboulement, car l’Allemagne est censée intégrer depuis 2017 un programme de développement spécifiquement européen, nommé Système de combat aérien du futur ou SCAF. Plusieurs contrats et commandes spécifiques ont été passées auprès Dassault Aviation et Airbus Defence and Space, avec plusieurs millions d’euros de budget déjà engagés, des lettres d’intentions signées entre les ministres allemands et français de la Défense, etc.

Seulement, tout cela est pour dans longtemps, pas avant 2040. Et c’est maintenant que se dessine la tendance à la guerre. Et c’est maintenant que la superpuissance américaine met la pression pour une intégration totale à l’OTAN dans le sens d’un alignement militaire sur sa superpuissance.

Concrètement, l’Allemagne se positionne comme étant dans le sillage immédiat et direct des États-Unis, balayant toute la perspective franco-allemande sur le plan militaire. Voici comment l’agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur résume la chose :

« Les inquiétudes antérieures du gouvernement fédéral selon lesquelles l’achat du F-35 pourrait contrecarrer les projets conjoints avec la France de construire un ‘avion de combat du futur’ européen sont désormais passées au second plan et semblent largement invalidées du point de vue de Berlin ».

La pression américaine est en effet trop forte, et l’Allemagne ne misera pas sur la France. Car qui dit F-35, dit en fait et surtout intégration au programme militaire nucléaire de l’OTAN, c’est-à-dire américain. L’Allemagne dispose, sur la base de Büchel, de bombes nucléaires dite tactiques de type B-61, activables sur décision américaine. Mais pour rester intégrée à ce programme nucléaire, l’Allemagne est obligée d’acquérir les F-35 américains, car plus aucun nouvel appareil européen n’est certifié par les États-Unis pour cela.

L’Allemagne rejoint ainsi le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie, qui ont déjà acheté des F-35. Elle fait un immense pas de côté par rapport au moteur franco-allemand.

La grande bataille pour le repartage du monde est concrètement d’actualité, et ce que cela induit principalement, c’est une tendance au renforcement des deux principaux blocs. L’un américain, l’autre chinois. L’Allemagne renforce son intégration dans le premier, aux dépens d’une relative indépendance avec la France dans le cadre européen.

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Politique

La France est endettée jusqu’au cou

L’État français dépense massivement et court à la catastrophe.

La France est un pays riche, très riche. Les richesses y sont abondantes et le mode de vie de la plupart des habitants est opulent. N’importe quelle commune, même rurale et isolée, a des maisons très grandes et modernes. Il n’y a qu’à observer une route, n’importe où, pour y voir beaucoup de voitures neuves et chères. Pareil dans les centre-villes où le recours à des domestiques modernes pour se faire livrer ses courses ou un repas préparé, pour se déplacer (en « uber »), est absolument massif.

Mais la réalité est aussi, voire surtout, que la France vit au-dessus de ses moyens et court à la catastrophe. La Cour des comptes a publié mi-février son rapport public annuel et elle y présente cette situation dans les détails en ce qui concerne le budget de l’État qui est en déficit chronique. Les mots sont évidemment alarmants :

« L’ampleur exceptionnelle de la hausse du déficit, passé de 75 milliards d’euros en 2019 (soit 3,1 points de PIB) à 209 milliards d’euros en 2020 (soit 9,1points de PIB), résultait du double effet de la dégradation des recettes due à la récession et du coût massif pour les finances publiques des dispositifs de soutien. »

Cela fait que :

« Près de deux ans après le début de la crise, la France fera partie des pays de la zone euro dont la situation des finances publiques est la plus dégradée. Cette situation appellera la définition d’une trajectoire à moyen terme de redressement des finances publiques exigeante pour assurer un repli de la dette rapportée au PIB. »

En effet, la dette est maintenant équivalente à près de 120 % du PIB (c’est-à-dire la richesse produite annuellement), ce qui est tout bonnement intenable, à moins de croire en l’argent magique, tombant du ciel par enchantement pour renflouer éternellement les caisses de la France…

Au moins 100 milliards d’euros ont été dépensés par l’État dans le cadre de la crise sanitaire et des mesures de soutien au capitalisme, alors que le pays était déjà largement endetté à la base. Il est expliqué en détail par la Cour des comptes à quel point la dette est structurelle, et non pas seulement conjoncturelle (c’est-à-dire liée à la situation particulière). Autrement dit, c’est en profondeur que les choses ne vont pas et il suffit de regarder pratiquement chaque secteur, chaque poste de dépense, pour voir qu’il n’y a aucun équilibre des comptes, que le déficit ne peut que se creuser.

En mettant de côté les dépenses liées à la situation sanitaire, les deux derniers budgets de l’État étaient d’après la Cour des comptes en augmentation de 11 milliards pour 2021 et 8 milliards pour 2022, sans que cela ne soit compensé dans l’autre sens.

De surcroît, ce n’est pas qu’une question purement comptable, il y a également la façon dont sont gérés les budgets, comment ne sont pas (ou mal) prélevées tout un tas de recettes, etc. Et cela est aggravé par la crise. En audience à l’Assemblée nationale pour présenter le rapport public annuel de la Cours des comptes, son président Pierre Moscovici a par exemple souligné :

« Notre rapport revient également sur les dysfonctionnements qui ont émergé au cœur de la crise, comme le manque de ciblage des moyens déployés ou l’insuffisance de précautions pour limiter les effets d’aubaine et la fraude. »

Dans un tel contexte, il suffirait de pas grand-chose pour que l’État français s’écroule sous le poids de sa propre dette. Personne n’y croit, car tout le monde est aveuglé par la consommation à outrance et le capitalisme 24 heures sur 24, mais tous les organismes sérieux tel la Cour des comptes n’ont pourtant de cesse de tirer la sonnette d’alarme à ce sujet.

Ce qui est en jeu, c’est la crédibilité de l’État français en tant qu’emprunteur sur les marchés financiers. On ne prête pas éternellement à qui à de moins en moins d’argent. Ou, comme le dit dans son rapport la Cour des comptes avec un langage plus technique :

« Une poursuite de la hausse du ratio d’endettement risquerait de fragiliser la confiance des acteurs économiques dans la capacité de la France à honorer ses engagements passés et à venir »

Alors, de deux choses l’une. Soit la France continue dans son aveuglement à dépenser l’argent qu’elle n’a pas, et elle va s’effondrer. Brutalement. Soit la Droite, dans sa forme dure et ultra-libérale à la Eric Zemmour, va finir par prendre les choses en main pour restructurer et cogner dur, pour éviter la faillite. Autrement dit, les budgets vont être coupés de toutes parts, pour enrayer l’hémorragie, ce qui fera très mal. C’est bien sûr l’option que défend au fond la Cour des comptes, en tant qu’organisme défenseur des institutions en place et du fonctionnement capitaliste de l’économie. Elle dit :

« Le nécessaire redressement des finances publiques passera inéluctablement par des efforts sans précédent de maîtrise de nos dépenses »

Alors il faudrait opposer à cela la Gauche, la vraie, pour prendre les choses en main avec une orientation démocratique et populaire. Pour prendre l’argent là où il est, chez les riches et les très riches, mais aussi, voire surtout, pour changer de fond en comble la société, et donc non seulement mettre au pas les riches et les très riches, mais la bourgeoisie en général, ce qui est bien différent.

Car si la France est massivement endettée, ce n’est certainement pas dans l’intérêt quotidien et immédiat de la population ; c’est uniquement pour servir et développer un train de vie général favorable à la société de consommation et au capitalisme 24 heures sur 24. Alors il faut tout revoir, tout remettre en cause.

Pour l’instant, ce programme de Gauche véritable n’intéresse personne et d’ailleurs aucun candidat ne le porte. Tous ne parlent que d’augmenter le « pouvoir d’achat ». Les instituts de sondages expliquent que la préoccupation principale des électeurs est justement ce « pouvoir d’achat » (pour 54 % d’entre eux dit un sondage Odoxa mi-février). Les Français tiennent absolument à maintenir leur mode de vie riche et abondant, à continuer à consommer sans entraves.

Alors la désillusion sera de plus en plus grande quand la machine va s’enrayer. Et probablement très bientôt, car la situation est explosive. Dans ce contexte, ce n’est pas la Gauche qui en profitera, avec une colère sociale voulant renverser le capitalisme faible et endetté. Au contraire, c’est l’aigreur et la rancœur de Français attachés à un capitalisme en expansion qui va prédominer. De cela, c’est d’abord le populisme, le nationalisme, l’extrême-droite, qui en récolte les fruits.

C’est là, malheureusement, la dure actualité à laquelle il faut se préparer pour la décennie à venir. Aucun redressement de la Gauche ne sera possible sans prendre en compte cette réalité.

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Guerre

Ukraine : ballet diplomatique franco-allemand à Kiev, Moscou et Washington

La France et l’Allemagne espèrent parvenir à se placer.

La photographie officielle de la rencontre le 7 février 2022 entre le président russe Vladimir Poutine et le président français Emmanuel Macron à Moscou ne laissera pas d’étonner en raison de la longueur de la table. Il ne faut pas y voir malice : lorsque le premier ministre hongrois Viktor Orbán est venu à Moscou le 1er février 2022, il a trinqué avec Vladimir Poutine à plusieurs mètres de distance. C’est pour souligner la nécessité de la distanciation physique, dans un pays où le régime a du mal à faire vacciner.

D’ailleurs, la Russie est toujours très polie avec la France. Les médias et le ministère des affaires étrangères n’attaquent jamais la France, alors qu’ils ne se gênent pas pour se moquer des Etats-Unis, du Royaume-Uni, etc., et ce de manière parfois grotesque. Lorsque des navires russes se font « accompagner » par la marine française parce qu’ils passent proche de la France, le ton entre les interlocuteurs est toujours fort courtois également.

La Russie souligne absolument toujours que la France est dans l’OTAN, mais qu’elle n’est jamais agressive avec la Russie et qu’elle a des tendances à l’indépendance… Rappelons ici que trois candidats majeurs à la présidentielle de 2022 sont d’ailleurs ouvertement tournés vers la Russie et non l’OTAN : Marine Le Pen, Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon.

Rappelons aussi que si le Français moyen prend les Russes pour des alcooliques ou des call-girls, les gens éduqués ont un respect extrêmement profond pour la Russie, connue pour être un pays d’une grande histoire, d’une grande culture, d’un grand intellect. On ne peut pas s’intéresser à la littérature, la musique, la physique, les mathématiques, le cinéma, le théâtre, la danse, la peinture… sans savoir qu’il y a un énorme apport russe, sans compter que dans bien d’autres domaines la Russie préserve ses connaissances (notamment en chimie et en biologie).

Lorsque Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des affaires étrangères, écrit une tribune dans le Figaro le 17 janvier 2022 (« Pour résister à Poutine, l’Ukraine a besoin de la France« ), il est ainsi obligé de prendre malgré sa haine de la Russie des précautions oratoires extrêmes :

« Je suis bien conscient qu’une partie de l’élite intellectuelle française a encore des attachements particuliers à la Russie.

Certains sont charmés par la culture russe, de Tolstoï au ballet du Bolchoï. D’autres sont américano-sceptiques et considèrent la relation avec la Russie comme une alternative. D’autres encore proposent un pari géopolitique: s’engager davantage avec la Russie pour l’empêcher de se rapprocher de la Chine.

Je ne veux décevoir personne. Mais la Russie d’aujourd’hui n’est pas un contrepoids entre les Etats-Unis et la Chine. Et elle a aussi bien peu à voir avec le ballet et la littérature russes. A la frontière ukrainienne aujourd’hui, on ne voit ni ballerines ni poètes ! »

Par contre, pour en revenir plus directement à la rencontre, Emmanuel Macron n’a pas échappé au style de Vladimir Poutine qui est de préférer ce qui n’est pas matinal. La discussion a eu lieu pendant cinq heures et la conférence de presse commune a commencé autour de 23 heures en France, soit 1 heure du matin à Moscou. Mais enfin, tout a été cordial, constructif comme on dit en diplomatie, ce que Vladimir Poutine a joliment tourné de la manière suivante en disant d’Emmanuel Macron :

« Je crois que certaines de ses idées, certaines propositions dont il est trop tôt encore de parler, peuvent servir de base pour nos démarches communes ultérieures. »

On en saura pas plus, alors que par contre Emmanuel Macron est parti directement pour Kiev pour discuter de ces dites propositions avec le président ukrainien Volodymir Zelensky. Pour quel résultat, là est la question, mais on comprend tout lorsqu’on sait que le 7 février il y a eu également le chancelier allemand Olaf Scholf à Washington pour rencontrer le président Joe Biden, rencontre qui avait été repoussée jusque-là du côté allemand. Et le même jour encore, la ministre allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock était à Kiev. Elle n’a pas pu rencontrer le président ukrainien, qui avait un agenda trop chargé officiellement ; en réalité, l’Allemagne a mauvaise presse en Ukraine de par son rôle de « médiateur ».

Car l’Allemagne n’a pas seulement besoin du gaz russe et donc du gazoduc Nord Stream 2. L’Allemagne, qui est la 4e puissance économique mondiale (derrière les Etats-Unis, la Chine et le Japon),  a besoin de la Russie comme alliée pour faire contrepoids à la superpuissance américaine et son appendice qu’est le Royaume-Uni, ainsi qu’à la Chine.

Il y a la même tentation de beaucoup en France, bien que ces derniers mois Emmanuel Macron et le gouvernement français aient été entièrement pro-américain, avant ces derniers jours et une sorte de recentrage. C’est là très important, car cela va être un aspect important voire principal pour l’élection présidentielle à venir. La tendance à la guerre l’emporte partout.

En effet, depuis 2014, l’Union Européenne a fourni 17 milliards d’euros à l’Ukraine, dont 90% en prêt. Depuis six mois, la superpuissance américaine et quelques autres ont fourni… mille tonnes de matériel militaire, pour un total de 1,5 milliards de dollars. L’Ukraine est devenue une sorte de colonie occidentale.

Autrement dit, la superpuissance américaine a donné naissance à un mouvement d’entraînement à une conquête de l’Est passant aussi par le prisme de l’Union Européenne et de l’OTAN, deux entités désormais s’assimilant l’une à l’autre, l’Ukraine étant une nouvelle tête de pont pour l’objectif final : faire tomber la Russie.

Cette dernière, n’ayant pas la capacité d’avoir une proposition générale par manque de puissance, pratique donc comme la Chine une stratégie visant à bousculer très grandement les choses. Comme dit fort justement (dans le numéro 18 de Crise), les Etats-Unis visent l’asphyxie, les challengers chinois et russe visent au délitement pour s’affirmer.

La France et l’Allemagne aimeraient bien pouvoir se placer dans tout cela, mais comment faire au mieux du point de vue de l’expansion capitaliste? Conquérir le butin russe est tentant mais subordonne à la superpuissance américaine, au Royaume-Uni (qui vise clairement le port d’Odessa sur la Mer Noire d’ailleurs), inversement choisir la Russie impliquerait une rupture avec la superpuissance américaine lourde de conséquences…

En même temps, une guerre en Ukraine aurait des conséquences dévastatrices sur le plan de l’instabilité régionale, ainsi qu’un impact ravageur sur l’économie.

Tel est le capitalisme en crise : ce qui a l’air solide peut s’avérer plus que fragile par un retournement rapide de situation, tout devient précaire dans ses fondements, c’est la course permanente…

Et ce n’est que le début d’un processus catastrophique. Qui se déroule, soulignons le encore une fois, dans l’indifférence la plus générale en France, y compris des gens ayant un certain niveau de conscience sociale. Le poison de la vie quotidienne capitaliste a anéanti pratiquement tous les esprits, pour ne pas dire tous. Le réveil de ce sommeil hypnotique par le bruit de la guerre va s’avérer particulièrement brutal.

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Guerre

Pêche: l’agressivité française envers le Royaume-Uni

On se croirait en 1914, avec des antagonismes de plus en plus violents et récurrents.

Le gouvernement français a pris des décisions très radicales à l’encontre du Royaume-Uni pour protester sur la question de la pêche dans les eaux anglo-normandes. Une liste de mesures de « rétorsion » a ainsi été annoncée mercredi 28 octobre 2021 dans un communiqué conjoint du ministère français de la Mer et du secrétariat aux Affaires européennes.

Il y est question d’interdire, à partir du 2 novembre, aux navires de pêche britanniques de débarquer dans leurs ports habituels en France. Cette mesure de blocus est un véritable acte de guerre commerciale, typique des relations franco-anglaise depuis des siècles. Il s’agit d’une décision très agressive de la part de la France, qui entend faire plier de force le gouvernement britannique en menaçant son économie.

Cela est d’autant plus agressif que les ministères en question ont annoncé d’autres actions, dans un communiqué hallucinant de par le ton provocateur employé :

C’est un véritable chantage, avec une opération assumée de harcèlement des opérateurs économiques britanniques sur le territoire national et des transporteurs à destination du Royaume-Uni, avec même la menace de couper le courant (les îles anglo-normandes dépendent d’un câble sous-marin les reliant à la France pour la fourniture énergétique). C’est un chantage typique d’une escalade guerrière, du même genre (à une moindre échelle) que ce qui existe en mer de Chine, ou (de manière assez équivalente) les tensions concernant les îles grecques au large de la Turquie.

On notera d’ailleurs que ce chantage français est illégal : l’accord européen concernant le Brexit prévoit un protocole très précis pour ce genre de désaccord, mais n’autorise certainement pas une telle salve de mesures unilatérales.

Les propos tenus par la France sont en tout cas sans équivoque. La secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune a dit la chose suivante (et il faut vraiment souligner le caractère belliqueux d’une telle déclaration) :

« Maintenant, il faut parler le langage de la force parce que je crains que, malheureusement, ce gouvernement britannique ne comprenne que cela. »

Cela alors que le gouvernement français s’est vanté dans la journée via un communiqué officiel, largement relayé par la presse, d’avoir forcé le contrôle d’un premier navire britannique, puis ensuite d’avoir dérouté et saisi un chalutier britannique qui n’était pas en règle. Il s’agit d’une simple opération de police maritime, tout à fait anecdotique en pratique. Mais c’est prétexte à faire monter la tension.

La question elle-même de la pêche dans les eaux anglo-normande n’est de toutes façons également qu’un prétexte, d’ailleurs. Cela ne concerne que quelques dizaines de petits bateaux, à l’activité quasi-artisanale.

L’accord du Brexit prévoit une licence pour pêcher dans les eaux territoriales britanniques, avec la fourniture de la preuve que l’activité était déjà exercée à cet endroit depuis des années. C’est le principe du Brexit, de la sortie du marché commun européen : le Royaume-Uni a choisi la voie du nationalisme et entend logiquement avoir la main sur ses eaux territoriales.

En pratique, une grande partie des chalutiers français concernés ont ainsi déjà obtenu leur licence, et pour les autres, les autorités britanniques accusent la France de retenir volontairement les documents demandés, justement pour faire monter la pression.

La France par contre entend en quelque sorte faire « payer » le Royaume-Uni, en mettant la pression sur la question des eaux territoriales anglo-normandes, qui sont plus proches de la France que de l’Angleterre.

Ce qui est certain en tous cas, c’est qu’il y a une opération délibéré en France d’escalade sur la question, comme avec ces propos du porte-parole du gouvernement français :

« Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est qu’il manque quasiment 50% des licences auxquelles nous avons droit. C’est une situation qui n’est pas acceptable et je le dis clairement, notre patience atteint ses limites. »

Un tel chiffre de 50 % est invraisemblable, il ne correspond même pas à la situation décrite par la France il y a près d’un mois de cela, alors que de nouvelles licences ont été accordées depuis. L’agressivité française à l’encontre du Royaume-Uni est ici très claire et a comme sens d’aller au conflit.

Cela doit être dénoncé avec la plus grande vigueur par la Gauche française. Le silence à ce sujet serait criminel : l’escalade guerrière est chaque jours plus évidente, la grande bataille pour le repartage du monde est chaque jour plus facile à voir, à sentir, à redouter.

La France n’est pas en reste, d’autant plus qu’il s’agit d’une puissance secondaire dans le monde, mais s’imaginant encore bien plus grande qu’elle ne l’est. C’est typiquement ce genre de pays qui permet le déclenchement des guerres, à force d’agressivité, à force d’actes d’hostilités, qui sont pour eux le seul moyen d’exister.

La ministre de la Mer, Annick Girardin, a beau se défendre en disant « ce n’est pas la guerre, c’est un combat ». En pratique, le mot guerre est prononcé, et c’est bien d’une escalade de type militariste dont il s’agit.

Bien entendu, il ne s’agit pas de prétendre que la question se pose, directement et immédiatement en 2021, d’une guerre entre la France et le Royaume-Uni. Mais il se dessine par contre, de manière concrète et actuelle, une tendance générale à la guerre, dont la France est largement partie prenante. Cet épisode anti-britannique en est une manifestation très claire, reflet d’une guerre larvée, prélude au conflit armé.

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Guerre

Centrafrique, Mali : la France sort un peu, la Russie entre beaucoup

La bataille pour le repartage du monde fait rage.

Le président français Emmanuel Macron a annoncé la fin de l’opération Barkhane, l’opération militaire menée au Sahel et au Sahara par l’Armée française. L’opération vise les terroristes islamistes, ainsi qu’à maintenir l’hégémonie politico-militaire sur la région. Tout comme l’OTAN a dans de nombreux pays le rôle d’exercer une intimidation étouffant toute vélléité de contestation généralisée (comme en Italie ou en Allemagne avec ses bases), les forces militaires françaises au Mali servent d’outil préventif et, éventuellement, offensif.

Il y a eu principalement deux interprétations à l’annonce du retrait. La première a consisté à accepter la version officielle d’une passation de relais aux Européens et aux Nations Unies. La seconde tient à affirmer que la France est hypocrite et conserve en réalité ses soldats sur place.

La réalité est bien plus complexe, ou plus simple, ce qui revient en même. Concrètement, la France reste, tout en partant, car c’est la Russie qui a désormais acquis une place significative au Mali. Cela ne veut pas dire que la France sorte entièrement. Cependant, elle cède une bonne partie de sa place.

C’est là le fruit d’un intense conflit. D’ailleurs, au sens strict, s’il a beaucoup été parlé du Mali en France ces derniers temps, c’est justement parce que la France et la Russie lançaient des campagnes à ce sujet. Certains gens de Gauche en France découvrant le Mali au Printemps 2021 ont simplement été les relais de la campagne russe… alors que faux comptes maliens mis en place par la Russie ont d’ailleurs été fermés par Facebook.

Mais ce n’est pas tout : en décembre 2020 Facebook avait fermé de faux comptes maliens mis en branle par l’armée française! Ces faux comptes concernaient d’ailleurs non seulement le Mali, mais également la Centrafrique, le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Tchad…

Et justement, le 8 juin 2021, la France cessait toute coopération militaire et aides économiques à la Centrafrique, en raison de son passage dans l’orbite russe. Voici comment Challenges présente la situation dans ce pays.

Une mission partiellement réussie en République centrafricaine, pays emblématique de la Françafrique qui accueillait autrefois deux bases militaires à Bouar et à Bangui. La Russie a déboulé dès 2016 concomitamment au retrait de la force Sangaris en s’appuyant sur son porte-voix: le groupe Wagner (ChVK).

Fondée par Evgueni Prigojine, un intime de Vladimir Poutine, cette société paramilitaire déploie plusieurs centaines de mercenaires sur le terrain pour contenir les multiples groupes armés. Durant la présidentielle de décembre 2020 ces hommes, appuyés par des éléments rwandais et les Forces armées centrafricaines (Faca), ont empêché l’incursion de rebelles dans la capitale.

Ils sécurisent par ailleurs les institutions (Assemblée nationale, ministères…) et forment la garde rapprochée de Faustin-Archange Touadéra. Sur toutes les questions sécuritaires le chef de l’Etat centrafricain est d’ailleurs conseillé par Valéry Zakharov.

Cet ancien membre du renseignement russe dispose d’un bureau attitré au palais de la Renaissance, siège de la présidence.

La cessation de l’opération Barkhane se situe dans la même perspective. Cela suit directement la décision en mai 2021 du président de la « transition » suivant le coup d’Etat au Mali, Assimi Goïta, de nommer comme nouveau Premier ministre Choguel Maiga, issu de la coalition M5-RFP partisane de chasser la France, et ayant suivi des études de télécommunications en Russie. Emmanuel Macron a alors parlé de « coup d’État dans le coup d’État inacceptable ».

La Russie a tout simplement réussi son opération.

Pour en rajouter à la compréhension de cette poudrière, il faut savoir que l’Algérie fait en sorte d’autoriser l’intervention militaire légale à l’étranger au moyen d’une réforme de la constitution, alors qu’en 2020 le Maroc a augmenté son budget militaire de 30%, se procurant notamment des hélicoptères Apache AH-64E dernier cri, au grand dam de l’Espagne y voyant un avantage tactique massif déstabilisant encore plus les rapports de force, puisqu’il y a également l’acquisition de chasseurs F-16, de chasseurs F-35, du système de défense aérienne Patriot, de missiles air-air AMRAAM de Raytheon AIM-120, de drones MQ-9 Reaper, de chars de combat M1 Abrams…

L’Arabie Saoudite et les États-Unis sont ici derrière le Maroc. Car il ne faut jamais perdre de vue l’arrière-plan principal : l’affrontement entre la superpuissance américaine et son challenger chinois. Aux États-Unis, John Biden a mis en place un budget militaire américain record pour 2022, avec 753 milliards de dollars, dont 112 milliards de dollars pour la recherche et le développement.

Le général Mark Milley, le chef d’état-major interarmées, a expliqué à la toute fin mai 2021 à la sous-commission de la Défense de la commission des crédits de la Chambre, que :

La Chine est notre premier défi géostratégique en matière de sécurité.

La Chine remet en question le statu quo de paix dans le Pacifique et a l’intention de réviser l’ordre international mondial d’ici le milieu du siècle. La Chine mène des exercices à grande échelle dans la région, en mettant l’accent sur les débarquements amphibies, les feux conjoints et les scénarios de frappe maritime.

Ces actions menacent l’autonomie de nos alliés et partenaires, mettent en péril la liberté de navigation, de survol et les autres utilisations légales de la mer, et compromettent la paix et la stabilité régionales. En bref, la Chine a développé d’importantes capacités militaires nucléaires, spatiales, cybernétiques, terrestres, aériennes et maritimes et continue de le faire (…).

Les États-Unis, en tant que nation, ont toujours eu l’avantage et le temps d’un long renforcement militaire avant le début des hostilités. L’environnement opérationnel de l’avenir ne nous offrira probablement pas le luxe du temps nécessaire à la projection de la force. Alors, le fait de disposer de forces modernisées, suffisamment importantes et prêtes, sera la clé du maintien de la dissuasion et de la paix et, si la dissuasion échoue, du combat et de la victoire.

La guerre s’affirme chaque jour davantage. La bataille pour le repartage du monde prend toujours plus le dessus sur toute autre considération.

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Société

Super-riches: la France est du niveau des États-Unis

Les super riches possèdent une partie significative du pays.

Les Etats-Unis sont un pays plus vaste que la France, par conséquent les super-riches ont une surface économique bien plus grande. Cependant, en proportion, les super-riches dominent autant l’économie de leur pays en France qu’aux Etats-Unis, comme le montrent ces chiffres du Financial Times.

Part de la richesse des milliardaires dans le PIB en 2020 (en bleu clair) et l’acroissement en 2021 (en bleu foncé).

Est-ce à dire qu’il y a en France une oligarchie ? Absolument pas, car les super-riches ne sont qu’un débordement du capitalisme réel. Il y a d’ailleurs en France 2,169 millions de millionnaires (et les super-riches sont 42, avec 80% des richesses venant de l’héritage). On n’est pas dans une situation russe ou suédoise (la Suède a justement été très cynique avec la pandémie de par sa nature ultra-élitiste et patriotique cynique).

Cependant, cela montre bien qu’en France la classe possédante élargit toujours plus sa main-mise sur les richesses. On sait à quel point les super-riches influent massivement sur la politique américaine. On comprend aisément que, si les super-riches sont proportionnellement aussi riches, alors ils ont autant d’influence. L’exemple de Bernard Arnault est éloquent : il représente individuellement 5,1% du PIB français. C’est totalement fou.

Et pense-t-on réellement résoudre le problème avec des taxes ? Ce serait passer à côté du cœur du problème : ce sont ces possédants qui décident ce qui est produit et donc ce qui est consommé. Il ne s’agit pas que d’individus riches : il s’agit de possessions des forces productives, de contrôle décisionnel, bref de tout un appareil anti-démocratique.

Vu comment le monde rentre dans le mur, on ne peut laisser ces gens décider. Être de gauche c’est considérer que les super-riches et les 2,169 millions de millionnaires doivent être expropriés, leurs richesses passant sous possession populaire et sous contrôle démocratique. Cela serait déjà un véritablement renversement dans le bon sens. Cela implique évidemment de briser le droit à la propriété et c’est naturellement un obstacle de taille dans le régime actuel : il faut donc changer le régime.

Et que se passera-t-il si la Gauche n’assume pas ce combat ? Il y aura l’extrême-Droite qui formulera la thèse nationaliste selon laquelle la richesse passe par le pays lui-même, qu’il faut que la France s’impose davantage, élargisse sa puissance. C’est une conception nationaliste du ruissellement, là où Emmanuel Macron parle d’une ruissellement par l’initiative libérale. Et cela peut très bien marcher auprès de Français qui font partie des 10% les plus riches de la population mondiale, qui vivent de manière petite-bourgeoise pour la plupart, qui ont une haute estime de la propriété privée.

On voit à quel point la question culturelle est essentielle ici. C’est l’alternative qui doit se poser. Ou bien la guerre, ou bien l’affirmation d’un gouvernement mondial. Ou bien la compétition acharnée, ou bien l’effacement de la propriété individuelle. Ou bien la consommation effrénée, ou bien la rationalisation des besoins au prisme de la culture. Ou bien les animaux toujours plus asservis, ou bien un rapport désormais positif à la Biosphère.

Tout cela se pose comme un grand affrontement culturel plus qu’autre chose. Cela est dû à l’envergure historique de la question. Ce n’est pas moins que le sort du monde qui se joue.

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Société

La France a horreur de l’Orient compliqué

D’où l’interdiction du rassemblement parisien pro-Palestine du 15 mai 2021.

La situation au Proche-Orient est explosive, pour une raison très simple : la crise sanitaire, qui a une immense dimension économique (et écologique) met à nu les fondements des régimes. Il n’est plus possible de cacher la réalité, on voit ce qui se passe vraiment, ce qui est essentiel, ce qui prime, comment les choses fonctionnent.

L’heure est donc grave.

Le régime israélien, fondé sur le sionisme, a besoin d’agressivité militariste afin d’unifier une base nationale profondément instable, divisée entre Russes et non-Russes, ashkénazes et séfarades, modernistes et passéistes, non-religieux et religieux et ultra-religieux, expansionnistes et autoritaires et pacifistes, etc.

Qui plus est, il est ouvertement un satellite américain jouant un sale rôle au Moyen-Orient et l’extrême-Droite sioniste-religieuse est devenue ultra-puissante ces dernières années. D’où les expressions de racisme fanatique qui s’affichent ouvertement et un État prêt à l’intervention militaire chaque jour, au nom de situations qu’il a lui-même créé.

Quant au régime politique à Gaza, il est porté par le Hamas, c’est-à-dire plus concrètement les Frères musulmans, dont l’argentier est le Qatar. Le Qatar vise à renforcer son influence coûte que coûte, le Hamas fait partie du dispositif et le misérable peuple palestinien enfermé dans Gaza sert ici de chair à canon.

Ceux qui cherchent plus loin et s’imaginent qu’on parle d’une « résistance palestinienne » feraient bien de voir que le peuple est absent, que la démarche est religieuse-patriarcale avec des moyens techniques, des missiles, visant justement à contourner le peuple en action.

On a donc, avec la crise, la libre expression de deux mobilisations irrationnelles sur une base nationaliste (et religieuse), qui ont une onde de choc immense, comme en témoignent les tensions très importantes qui en découlent sur le territoire israélien lui-même, entre les populations juive et arabe qui vivent souvent de manière imbriquée (comme à Lod, Acre, Haïfa, Nazareth, Ashdod, etc.), alors que par exemple 50% des pharmaciens israéliens sont arabes.

Or, de tout cela, les Français ne veulent pas entendre parler. Seuls les gens des minorités juives et arabes sont ici interpellés, et encore seulement de manière relative, le plus souvent de manière romantique.

Mais pour l’écrasante majorité des gens d’un pays passé par les Lumières, aux mœurs policés et qui déteste les guerres de religion pour les avoir connues, ces agitations orientales semblent vaines, pittoresques et meurtrières. Cela sent trop le fanatisme.

Pour les Français, l’Orient compliqué est ainsi loin et il est prié d’y rester (la situation provient des Mémoires de guerre de Charles de Gaulle : « Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples »). D’où la décision du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin d’interdire le rassemblement pro-Palestine de samedi 15 mai 2021:

« A Paris, j’ai demandé au Préfet de police d’interdire les manifestations de samedi en lien avec les récentes tensions au Proche-Orient. De graves troubles à l’ordre public furent constatés en 2014. Consigne a été donnée aux Préfets d’être particulièrement vigilants et fermes. »

On peut le regretter, en considérant qu’une considération sur ce que trament les grandes puissances est nécessaire… Que le drame palestinien dure depuis 1948 et qu’il n’en finit pas… C’est certain. Mais les Français sont des Français et il faut faire avec. Il faut donc un travail démocratique adéquat et non pas faire en forçant n’importe comment.

On peut bien entendu nier cette réalité française… et considérer que la France est une fiction, qu’il est utile de faire de la démagogie avec des drapeaux palestiniens pour toucher des gens d’origine arabe dans les milieux populaires… Mais enfin cela ne rime à rien sur le plan populaire et démocratique.

Et c’est pourtant bien d’un soutien populaire et démocratique dont ont besoin les Palestiniens et, par ailleurs, les Israéliens enfermés dans leur horizon sioniste également.

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Réflexions

Une société française régressive, ennuyeuse, toujours plus odieuse

La société française est pétrifiée dans le capitalisme.

Les Français ont fait le choix de la régression. Il ne peut se passer énormément de choses, en raison de la crise, heureusement, mais même s’il se passait quelque chose de bien, cela serait au maximum « pas trop mal » tellement le niveau est lamentable. On ne renverse pas une situation sans un haut degré de culture. Et si les jeunes sont débrouillards, ils sont déconnectés des exigences propres à la transformation de la société.

Mentionnons qu’on paie ici, aussi, le prix de la stupidité du populisme de La France Insoumise. Avec un appel au spontanéisme sans base idéologique, Jean-Luc Mélenchon a prétendu faire progresser la cause de la contestation, mais il n’a fait en réalité que finir le lessivage de la Gauche. Quant à Benoît Hamon, qui proposait une Gauche utopique avec Génération-s, il a quitté le navire pour passer dans le camp des bobos d’Europe Écologie-Les Verts.

Résultat, il ne reste rien ou pas grand chose, et en tout cas pas grand monde. Et Jean-Luc Mélenchon feint de se scandaliser de l’appel de généraux à la retraite à une intervention de l’armée pour rétablir la « civilisation », alors qu’en réalité il est simplement dégoûté de ne pas avoir été choisi par eux. En même temps qu’attendait-il, nous sommes en France ! Il n’aura donc été qu’un idiot utile du lessivage idéologique et culturel d’une France déjà largement apolitique, alors que la prise du pouvoir par une Droite dure s’affirme chaque jour davantage.

Cependant, il y a pire. Il y a toujours pire, c’est vrai. Toutefois on touche le fond du fond, ou on a la fin du fin, avec les pseudos contestataires d’ultra-gauche s’imaginant que le grand soir est pour demain ou bien que proposer des paquets de pâtes gratuits relève d’une activité subversive. On ne peut même plus parler ici de négation de l’intelligence ou de la conscience sociale, on est dans la guerre à l’intelligence, dans la guerre à la culture, dans la guerre au peuple. Toute est fait pour laisser les gens dans la stupidité du capitalisme au quotidien et ces gens en rajoutent en parant de vertus « révolutionnaires » ce que fait l’armée du Salut en bien mieux !

Non, il est à peu près clair qu’il n’y a rien sauver d’une société française qui va dans le mur, et dont le caractère odieux ressort chaque jour à quiconque a un semblant de conscience de gauche. Ce qui se passe dans le pays est fade et ignoble à la fois, dans une dialectique du dégoût et de l’horreur.

Et la conclusion est toute vue : c’est à partir des décombres qu’il va falloir reconstruire la Gauche, à travers l’effondrement d’un capitalisme à bout de souffle, un nationalisme français agressif et mégalomane, une tendance à la guerre généralisée dans le monde. Au moins une chose est sûre : la Gauche (historique) ne peut pas manquer d’ambition.

En attendant, donc, cela risque d’être encore relativement l’isolement et la marginalité sur le plan des idées, en attendant que le peuple comprenne qu’il doit s’extirper, douloureusement et avec discipline, d’une vie quotidienne de consommation, d’aliénation, d’exploitation, de superficialité et de nervosité permanente. Le capitalisme démolit psychiquement et il faut partir de là pour avancer : tout un défi !

Et dans ce panorama, il faut maintenir sa conscience quand on en a une, face à toute corruption. Car l’enjeu est immense, les responsabilités incontournables, et l’objectif aussi moralement nécessaire que resplendissant.

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Politique

Gauche pour le Parti: trois lignes programmatiques

Voici trois exemples d’affirmation idéologique affirmant être à la hauteur d’une époque vue comme nouvelle.

La crise a estomaqué une large partie de la Gauche et de nombreuses structures ont disparu du jour au lendemain (tel en juillet 2020 le Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes et le Parti Communiste Maoïste). C’est qu’il y avait trop de questions, trop de pression. Les choses se virent attribuer une dimension nouvelle, poser une ligne idéologique de gauche était trop compliqué. D’où un repli encore plus grand vers le côté « pratique », avec des initiatives « militantes », mais sans assumer un positionnement réel sur le plan des idées.

On peut citer néanmoins trois exemples, avec trois structures qui, comme le dit l’expression, « envoient du lourd », puisqu’il s’agit pas moins que de refonder « le Parti ». Profitant d’un arrière-plan idéologique développé, la crise a littéralement alimentés ces structures sur le plan des idées, leur accordant un réel optimisme au sujet d’une nouvelle affirmation programmatique. Leurs approches sont cependant évidemment très différentes.

La tendance Révolution Permanente du Nouveau Parti Anticapitaliste pose ainsi une nouvelle approche militante, conforme selon elle à un changement d’époque et de mentalités. Il y aurait un nouveau profil aux luttes et il faut s’y conformer. Voici des extraits du document du 30 mars 2021 La nouvelle génération ouvrière et la nécessité d’un Parti Révolutionnaire des Travailleurs, dont le titre résume parfaitement la conception.

« Depuis plus d’un an, la pandémie de coronavirus a ouvert une situation de crise aux conséquences durables. De fait, pour assurer le remboursement de la dette publique contractée et restaurer le taux de profit des entreprises capitalistes, les classes dominantes se préparent en effet à faire payer les travailleurs à coup de réformes néo-libérales, d’augmentation de la productivité et de mesures d’austérité. Or, face à cette sombre perspective, aucun projet politique à même de défendre les intérêts des travailleurs avec une stratégie à la hauteur ne semble émerger.

Une situation en profond décalage avec la politisation et les luttes intenses qui se sont enchaînées ces cinq dernières années en France.

En 2016 contre la Loi Travail, en 2018 dans le cadre du mouvement contre la réforme ferroviaire et de la lutte contre la sélection à l’université, en 2018-2019 avec le mouvement historique des Gilets jaunes, en 2019-2020 avec le mouvement contre la réforme des retraites et la grève historique du secteur des transports francilien. Dans différents secteurs on a en parallèle assisté à un renouveau des luttes, comme dans l’Éducation Nationale ou du côté des personnels des universités (…).

En ce qui concerne le NPA, un tel recul de sa capacité d’intervention est évidemment en lien avec la crise profonde que traverse le parti et qui fait aujourd’hui peser sur lui une menace d’implosion. Mais cela n’est que le dénouement d’un long processus, initié par la LCR dans les années 1980-1990, d’abandon d’une stratégie centrée sur le rôle de la classe ouvrière (dont le néo-libéralisme avait proclamé la mort), au profit de l’intervention dans les « mouvements sociaux », avant de se dissoudre dans un parti large non délimité stratégiquement, le NPA.

Du côté de Lutte Ouvrière, qui possède encore des bastions dans des secteurs stratégiques, règne une forme de scepticisme, accompagnée d’une dose de nostalgie du vieux mouvement ouvrier français, façonné par le PCF.

Ce scepticisme, qui rejette toujours la faute sur les travailleurs qui ne voudraient pas lutter, couvre en réalité le refus de prendre une part active au travail d’organisation des couches les plus avancées de la classe et d’une nouvelle génération ouvrière en gestation, ainsi que de combattre la politique néfaste des directions syndicales bureaucratiques (…).

Le mouvement ouvrier a vu notamment émerger une nouvelle génération qui pourrait être le levier de la construction d’une organisation de ce type. Nous l’avons vu pour la première fois en 2014, dans la grève de la SNCF, où, ne partageant pas les codes de la gauche politique et syndicale, voire partageant de façon peu consciente ceux de personnages confusionnistes comme Dieudonné (nous étions au sommet du phénomène des « quenelles »), ils et elles ont été souvent boudés par les militants d’extrême-gauche.

Depuis, nous les avons vu prendre leur place dans chacune des grandes mobilisations qui ont traversé le pays, avec des profils très variés : souvent racisés et issus de l’immigration dans les grandes agglomérations, ouvriers et ouvrières gilet-jaunisés dans la France périurbaine, militantes et militants syndicaux combatifs ou travailleurs du rang… (…)

Au NPA – Révolution Permanente, nous avons eu le mérite relatif d’avoir saisi l’émergence de cette nouvelle génération ouvrière assez tôt et d’avoir essayé de fusionner avec elle.

Que ce soit dans le cadre de la « Bataille du Rail » de 2018 avec la construction de la rencontre Intergare, de la grève victorieuse d’Onet, du mouvement des Gilets jaunes, du mouvement des retraites au travers de la coordination RATP-SNCF, où actuellement des grèves de Grandpuits et des agents d’entretien des voies (Infra-pôle) de Gare du Nord, nous sommes intervenus avec une même logique : celle de déployer dans chaque bataille un arsenal stratégique et programmatique qui permette de pousser ces expériences le plus loin possible, en sortant du cadre imposé par la routine syndicale.

C’est au travers de ces expériences que nous avons pu faire entrer dans nos rangs de nombreux jeunes militants ouvriers, parmi lesquels de véritables figures dans leur région ou branche, à l’image d’Anasse Kazib à la SNCF, d’Adrien Cornet chez Total, de Gaëtan Gracia dans le bastion toulousain de l’aéronautique, de Christian Porta chez Neuhauser (industrie agro-alimentaire) en Moselle, mais aussi de jeunes militants comme Rozenn à Chronodrive ainsi que d’autres camarades dans le privé ou dans le public, à la RATP, dans la Santé, la Culture ou l’Éducation Nationale.

C’est aux côtés et au travers de ces militants que nous souhaitons aujourd’hui lancer une campagne autour de la nécessité d’un Parti Révolutionnaire des Travailleurs. »

La tendance Révolution Permanente du NPA affirme ainsi, pour résumer, qu’elle a réussi à attirer à elle une nouvelle génération, que cela donne du sens à un nouveau projet. De manière intéressante, c’est l’inverse qui est vrai pour le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF). Lui dit qu’il a réussi à attirer à lui l’ancienne génération et que cela donne du sens à un ancien projet. Il s’agit en effet de refonder le Parti Communiste Français tel qu’il a existé dans les années 1970-1980.

Le PRCF a historiquement un pied dans le PCF et un pied dehors, désormais la ligne est celle de prendre sa place. En ce sens, le PRCF vise à présenter un candidat à la prochaine présidentielle, afin d’établir un réel socle pour un « Frexit progressiste ». Voici un extrait de la Déclaration du Secrétariat national du PRCF du 1er avril 2021.

« Voilà pourquoi, pour sortir rapidement et définitivement de ce cauchemar sans fin, il est vital de proposer la seule alternative en mesure d’empêcher un nouveau scénario catastrophe en 2022 que serait un faux « duel » et vrai duo Macron-Le Pen, entre le tyran nostalgique de la monarchie qui déroule un tapis brun à la fascisation en célébrant Maurras et Pétain à longueur de temps, et la mensongère « souverainiste » du prétendu « Rassemblement national » qui ne veut sortir de l’euro, ni de l’UE – dont la responsabilité dans le désastre sanitaire est immense, à l’image de la Commission européenne appelant à 63 reprises les États-membres, entre 2011 et 2018, à « réduire les dépenses de santé » –, ni de l’espace Schengen, ni de l’OTAN, ni du capitalisme. 

Cette alternative franchement communiste et franchement insoumise ne peut être que rouge-tricolore, nécessitant une rupture définitive et totale avec l’euro, l’UE, l’OTAN et le capitalisme exterministe.

Elle ne peut pas s’incarner dans une resucée d’« union de la gauche » associant les faux « socialistes » et « écologistes » et les « communistes » et « insoumis » édulcorés, autant de forces discréditées aux yeux des classes populaires – et notamment de la classe ouvrière – et faisant miroiter une impossible « Europe sociale ».

Cette alternative rouge-tricolore, patriotique et populaire, antifasciste et internationaliste – en cela diamétralement opposée à l’utopique et dangereuse « union des souverainistes des deux rives », qui sert de marchepied au RN –, écologiste et anticapitaliste, est portée par le PRCF et son porte-parole désigné Fadi Kassem.

Partout en France, de nombreux militants sont actifs dans la campagne auprès des communes rurales et populaires, des travailleurs – dont ceux de la classe ouvrière – et des citoyens attachés à la République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, alors que le risque d’effondrement de la France et de fascisation mortelle pour le mouvement ouvrier et les forces progressistes, à commencer par les communistes, ne cesse de s’accroître.

Plus que jamais, il est temps d’en finir avec le pseudo « Nouveau Monde » de Macron et ses laquais et l’Ancien Monde incarné par le RN et ses satellites. Afin qu’adviennent les « nouveaux Jours heureux » dont nous avons urgemment besoin, rejoignez le PRCF et menons, tous ensemble en même temps, la campagne en faveur de la seule alternative en mesure de faire gagner le monde du travail en 2022, celle de l’alternative rouge-tricolore pour une souveraineté nationale et populaire pleine et entière. Plus que jamais, Frexit progressiste, et vite ! »

Enfin, à rebours du terrain « militant » trotskiste de la tendance Révolution permanente du NPA et de l’affirmation électorale du PRCF, qui sont très concrètes, on trouve l’option maoïste, bien plus abstraite ou bien plus conceptuelle. Dans la perspective de la révolution culturelle, il y a chez le PCF(mlm) l’idée de suivre l’époque « avec de la hauteur » et de considérer qu’il faut l’idéologie au poste de commande, pour tout révolutionner. Voici ce qu’on lit notamment dans Le marxisme-léninisme-maoïsme est l’idéologie communiste de notre époque, du 1er avril 2021.

« Mao Zedong a affirmé dans les années 1960 que les 50-100 années à venir seraient celles d’un bouleversement comme l’humanité n’en a jamais connu. Cette position découlait de sa compréhension des contradictions propres à notre époque, des tendances en développement, des nécessités historiques.

Et aujourd’hui, au début des années 2020, l’humanité toute entière sait que plus rien ne peut être comme avant. Il y a le constat du rapport destructeur à la Nature, avec des contre-coups tel le COVID-19 et le dérèglement climatique, mais en général il est flagrant que le modèle de vie proposé par le capitalisme est à bout de souffle moralement et culturellement.

C’est la raison pour laquelle les gens sont tétanisés : ils sentent que le changement doit être complet, qu’il va falloir révolutionner les modes de vie, modifier les conceptions du monde, changer les rapports aux animaux, à la Nature en général, et bien entendu transformer l’ensemble des moyens de production et des manières de consommer.

Le défi est d’autant plus immense qu’il exige une réponse mondiale. En ce sens, nous affirmons que la position communiste est de parvenir à une révolution dans un pays donné, afin d’en faire l’exemple à tous les niveaux pour le reste de l’humanité (…).

Les années de référence doivent être 1948-1952 pour l’URSS et 1966-1976 pour la Chine populaire, ces deux périodes formant l’aboutissement le plus développé de l’expérience communiste (…). Le marxisme-léninisme-maoïsme n’est pas une méthode, il ne fournit pas des recettes : il est une vision du monde et par conséquent il doit être une réalité pour tous les aspects de la vie (…).

Nous affirmons que l’irruption de la crise du COVID-19 correspond à l’affirmation de la seconde crise générale du capitalisme, que l’idéologie marxiste-léniniste-maoïste doit en comprendre tous les aspects et fournir les réponses à la crise, à tous les niveaux.

C’est le sens de la révolution mondiale que d’être un bouleversement à tous les niveaux, dans tous les domaines ; la guerre populaire est la systématisation des réponses communistes à tous les niveaux, dans tous les domaines. »

On a là trois perspectives bien différentes, avec trois structures présentant certainement les économies politiques les plus développées à gauche. La raison en est bien entendu qu’on a ici trois traditions bien françaises : le trotskisme, le PCF, le maoïsme. Ancrées dans leurs traditions, elles se relancent. De manière fictive ou réelle ? Il est évident qu’une seule de ces mises en perspective peut se concrétiser.

Aussi différentes qu’elles soient, ces lignes programmatiques sont en effet opposées dans leur fond. Et pas simplement sur le plan des idées : dans leur démarche même, cela n’a rien à voir. La tendance Révolution permanente du NPA propose un activisme militant dans l’air du temps pour un Parti de lutte, le PRCF vise à la mise en place d’un Parti de masse pour une affirmation patriotique et sociale, les maoïstes proposent une introspection idéologique pour s’élancer culturellement à travers un Parti de cadres.

Cela reflète, dans tous les cas, une maturation de fond de la société française. Si on ne peut pas encore parler ici de résurgence, car c’est somme toute très marginal, il y a en tout cas une sorte de réaffirmation, comme si les dés de l’Histoire s’étaient remis à rouler.

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Mineurs vaccinés, un président fantomatique, un libéralisme sanitaire généralisé…

La crise du COVID-19 est un crash-test et la France plonge dans l’échec après s’être enlisée.

Il y a en France de nombreux mineurs qui sont vaccinés. C’est normalement impossible, mais en France tout est possible, justement. Le libéralisme a triomphé dans les mentalités et l’esprit de corruption prédomine tendanciellement partout. Personne ne se sent responsable de rien.

D’ailleurs, non seulement il y a des doses de vaccins qui sont jetées, ce qui est une honte mais parfois il y a même des gens arrivant « comme par hasard » avant que ces doses soient jetés, et ils sont vaccinés. On devine qu’il s’agit évidemment souvent de magouilles bien plus que de gens tentant leur chance. L’administration n’est même pas capable de faire comme dans d’autres pays et d’avoir des gens bien précis à appeler pour se faire vacciner en cas de doses restantes.

Dans un État de droit, comme on sait forcément qui est vacciné, on devrait retrouver aisément ces mineurs. Une simple recherche informatique de la part des organismes sanitaires concernés permettrait très facilement de retrouver les médecins et les parents coupables. Les médecins responsables d’un tel acte, surtout, alors qu’on ne connaît pas les effets secondaires sur les mineurs, devraient être réprimés.

Mais en France l’État n’est même plus celui d’un droit bourgeois, c’est celui d’un droit post-bourgeois, où les choses tiennent comme elles peuvent, par la force de l’habitude capitaliste. Quand on voit le rassemblement impuni à Lyon le 30 mars…

Lyon, le 30 mars 2021

On a pu d’ailleurs voir que dans allocution du 31 mars 2021, le président Emmanuel Macron a été d’une faiblesse inouïe. Il n’a pas été capable d’être ferme, il n’a pas été capable d’aller à contre-courant de l’opinion publique partisane d’une absence de vraies mesures.

D’ailleurs, lui-même est finalement content de faire tourner le capitalisme autant que possible, et tant pis pour les morts. Il fait comme si les choses sont allées en s’améliorant, comme si ne pas confiner plus tôt s’est avéré une bonne chose pour continuer à vivre… Et comme les Français ne veulent pas voir les choses en face de toutes façons, Emmanuel Macron a pu faire son satisfecit.

Les mesures prises sont d’ailleurs le minimum possible vue la situation : un couvre-feu à 19 heures partout en France métropolitaine (qui n’est pas vraiment respecté), un appel à un télétravail systématique (qui ne concerne qu’une minorité de gens), une fermeture de certains commerces (qui arrive trop tardivement), pas de déplacements inter-régionaux après le 5 avril sauf motif impérieux (ce qu’on ne peut pas vérifier), pas de déplacement en journée au-delà de 10 kilomètres du domicile sauf motif impérieux (ce qu’on ne peut pas vérifier non plus).

Emmanuel Macron a de toutes façons dit qu’il faisait confiance aux Français, ce qui implique de jouer les Ponce Pilate. Pour parer aux extrêmes, il y a le passage à 10 000 lit en réanimation (contre 7600 en ce moment, et 5 000 en janvier), et il y a le grand espoir d’une vaccination de masse. Cela passera et cela cassera, mais surtout cela passera, tel est le raisonnement cynique.

Et c’est conforme à une masse de Français passifs et poseurs, apolitiques et anti-politiques, individualistes et régressifs, attendant que cela passe pour que tout retourne comme avant, dans un cocooning capitaliste coupé de la réalité du monde et de ses exigences. C’est une faillite historique… Qui montre la maturité de la situation historique, mais aussi sa gravité.

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L’Europe se confine davantage, pas la France

Les mesures sont toujours plus dures en Europe, mais pas en France malgré une situation toujours plus catastrophique.

Depuis des mois, les Français font comme avant et les mesures sont à l’image de la pesanteur française. Par exemple, ce n’est que le 24 mars 2021 qu’il a été décidé qu’une personne positive au COVID-19 débarquant à l’aéroport Charles-de-Gaulle serait nécessairement stoppée ! Autant dire que rien que l’absence d’une telle mesure coule à la base toute lutte sanitaire concrète…

Il est vrai, de toutes façons que la vie quotidienne des Français prime sur tout le reste : il ne faut pas déranger. Et braver la loi mérite de toutes façons la bienveillance du capitaliste cynique, de l’anarchiste proudhonien, de l’indifférent individualiste. Et ce même pour des initiatives se prétendant pittoresques mais étant grotesques tel ce carnaval à Marseille.

Jean-Luc Mélenchon a justement défendu les participants au carnaval en exprimant bien ce point de vue franco-français :

« Je ne suis pas leur papa ni leur maman, ça suffit maintenant.

Les gens qui vont faire un carnaval le font en responsabilité, en sachant ce qu’ils sont en train de faire, en prenant certaines précautions et ils ont raison de rire au nez des bonnes consciences qui leur font des reproches, quand vous voyez comment ça se passe tous les matins sur les quais du métro ou du RER en région parisienne.

Dans le monde entier il y a des actes de rébellion contre ces confiscations de libertés, pas contre les gestes barrières. En France évidemment, comme nous sommes un peuple de tradition assez rebelle nous avons des événements comme celui qu’on a vu à Marseille »

Marine Le Pen a pareillement dit que la culpabilisation des Français l’excédait. Tous les populistes ont le même discours et il faut citer François Ruffin, l’un des pires de tous dans le genre, qui à l’Assemblée a été véhément :

« Nous n’allons plus attendre. Nous n’allons plus attendre votre permission pour vivre, pour rire, pour danser, pour chanter, même masqués. »

Pour dire, il y a même le 29 mars des rassemblements « Pour une vraie loi climat » prévus dans plus d’une centaine de villes ! C’est totalement irresponsable. La France est un vaste théâtre rempli d’acteurs jouant une très mauvaise pièce : celle de leurs egos.

Personne ne prend rien au sérieux, le niveau politique est à zéro, l’individualisme est complet, le degré de culture commence à passer en-dessous de zéro. Les Français ne veulent pas changer leurs habitudes, ceux qui veulent du collectivisme ou de la réflexion sont ignorés ou traités en ennemis empêchant le cinéma de continuer.

Mais la crise sanitaire, d’immense ampleur, comme l’ont compris les gens sérieux il y a un an, se dresse telle une immense vague. Les gens qui ont une conscience ont par contre observé que les pays voisins confinaient encore davantage… alors qu’ils avaient déjà des mesures strictes et de meilleurs chiffres. Il faut dire la France est tellement libérale en comparaison…

Comparons la France à l’Allemagne, l’Autriche et la Belgique. Leurs populations respectives sont de 70 millions d’habitants, 83 millions, 8,8 millions et 11,5 millions. Voici le nombre de cas confirmés par jour.

Voici l’évolution du nombre de décès, avec deux graphiques différents. Selon qu’on se focalise sur l’un ou l’autre, on ne « voit » en effet pas la même chose. Le premier montre le nombre de mort déclarés par jour, le second montre le nombre général.

Le gouvernement français s’appuie sur le premier tableau, il pense qu’on n’est pas si mal en ce moment… en comparaison et de toutes façons les Français ne veulent pas de mesures « liberticides ». Donc peu de choses sont faites. Les autres pensent : troisième vague, on doit freiner à tout prix, sinon cela va mal tourner.

L’Autriche a ainsi décidé de faire en sorte que pour aller dans les magasins, il faudra s’être fait testé au préalable. Il est vrai qu’il existe des centres de tests à travers tout le pays. Et quand on est avec quelqu’un en lieu clos, il faudra porter un masque FFP2, déjà nécessaire dans les magasins et dans les transports.

La Belgique ferme les écoles sauf les maternelles, les commerces non essentiels fonctionneront par rendez-vous, les voyages hors du pays sont interdits. L’Allemagne voulait accentuer les mesures pour Pâques, ce qu’elle ne fera pas, mais dans ce pays sont fermés  les lieux de culture et de loisirs, les bars et les restaurants, les commerces non essentiels.

Tout cela est on ne peut plus clair. Mais les Français ont choisi de nier la réalité et d’en plus de se croire intelligent pour cela. C’est un travers très triste qu’on voit souvent chez nous… Gageons qu’une prise de conscience matérialiste se dégagera et que cela signifiera aussi que seront balayés tous les escrocs peuplant la vie intellectuelle de notre pays.

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Fiasco de la mise en place du troisième «confinement»

Emmanuel Macron avait imaginé pour seulement 16 départements un confinement qui n’en serait pas un, mais qui le serait quand même tout en ne l’étant pas. En à peine deux jours, tout a volé en éclat. Les Français, bien contents de rejeter la faute sur le gouvernement et ses mesures « pas claires », ont clairement décidé de n’en avoir rien à faire. L’État a cédé et la France capitule ouvertement face à la crise sanitaire. C’est une faillite sur toute la ligne qui n’apportera rien de bon.

La pression a été immense de la part des commerçants dès l’annonce des nouvelles mesures du gouvernement pour 16 départements le 18 mars 2021.

En quelques heures, un incroyable bon en arrière avait été fait et on découvrait petit à petit une liste très élargie de commerces « essentiels » autorisés à rester ouverts. En quelques heures, l’État français se dédisait et cédait aux fleuristes, jardineries, garagistes, centres de contrôle technique, chocolatiers, concessions automobiles, agences immobilières, magasins de bricolage et quincaillerie, opticiens, animaleries, loueurs automobiles, coiffeurs ou encore magasins de musique. Ils restent donc ouverts malgré de nouvelles restrictions dans les 16 départements concernés.

Cela sans compter bien sûr que tous les autres commerces restent eux aussi ouverts pour le « click and collect », c’est-à-dire les achats par internet ou téléphone puis retrait devant la boutique. Pour se rendre dans ces boutiques ou point de retrait, on peut se déplacer librement dans son propre département entre 6h et 19h. Pour les habitants limitrophes (ce qui concerne particulièrement l’île-de-France) il est possible de se déplacer en dehors du département dans un rayon de 30 km autour du domicile pour ces achats « essentiels » ou retraits de commandes.

Pour ce qui est de la libre circulation sans motif spécifique, il est possible de se déplacer dans un rayon de 10 km autour de son domicile, sans aucune restriction horaire en dehors du couvre-feu, repoussé à 19h au lieu de 18h.

Autrement dit, tout cela ne change quasiment rien pour les habitudes des gens depuis ces dernières semaines, à part qu’il y a une heure en plus par jour pour se balader. Et l’administration a finalement compris que personne n’envisageait de mettre le nez dans la nouvelle attestation de deux pages, avec ses astérisques et ses petites lignes, pour s’autoriser soi-même à faire la même chose que d’habitude…

Moins de 48 heures après l’annonce de nouvelles mesures par le premier ministre, l’État français s’écrasait donc lamentablement et retirait l’obligation d’une attestation pour circuler. C’était pourtant jusqu’à présent la marque de fabrique française pour encadrer un tant soit peu les restrictions, c’était la règle du jeu collective pour faire tenir l’édifice précaire de la responsabilité collective.

Il faut désormais seulement une attestation (dans les 16 départements concernés) si l’on se déplace au-delà des 10 kilomètres dans son propre département pour un achat « essentiel » ou retrait de commande.

Sans attestations, qui n’avaient déjà que très peu de valeurs, il n’y a donc plus rien et c’est un immense fiasco. C’est tellement un fiasco qu’on peut dorénavant justifier n’importe quoi et la police n’a plus aucune possibilité de contrôler quoi que ce soit.

De plus, les choses se retournent ici en leur contraire et l’attestation va servir dorénavant à pouvoir enfreindre les règles en toute quiétude. Comme l’a expliqué le cabinet du premier ministre à l’AFP, l’agence de presse semi-officielle de la France :

« Pour les Français qui possèdent une pièce d’identité où ne figure pas la bonne adresse de résidence, ou qui sont confinés dans un lieu pour lequel ils ne disposent pas de justificatifs de domicile (type facture EDF), il serait toujours possible d’utiliser le système d’attestations de déplacement ».

C’est extraordinaire ! L’attestation devient maintenant elle-même un « justificatif » de domicile ! Cela n’a aucun sens, et en dit très long sur la société française, avec sa population immature et ultra-libérale, son administration hors-sol qui se prend les pieds dans sa propre rigidité…

La France se fracasse la tête la première face à la crise sanitaire, elle n’est pas à la hauteur, elle est incapable de faire face. Le printemps va être une immense claque sur le plan sanitaire, et cela va forcément entraîner tout la société dans une spirale négative, économiquement, culturellement, diplomatiquement, etc.

Le décrochage par rapport aux autres pays, et en premier lieu le Royaume-Uni et l’Allemagne, va être terrible. On sait très bien le genre d’amertume que cela va créer, faisant le lit du poison nationaliste, alors qu’en plus anarchistes et syndicalistes continuent leurs manifestations et rassemblements comme si de rien n’était.

Le monde est en crise, mais la France s’imagine échapper à tout : résultat elle n’échappera à rien.

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18 mars 2021: le gouvernement avec des demi-mesures au lieu d’un réel confinement

Face à l’apparition d’une troisième vague épidémique entraînant une sur-charge hospitalière particulièrement catastrophique dans seize départements, le gouvernement est obligé d’agir. Mais il maintient sa ligne : surtout pas de confinement, surtout rien de drastique, surtout rien de trop contraignant. Il maintient son choix de sacrifier une partie de la population, en espérant que la vaccination sauve la mise le plus rapidement possible et fasse tout oublier.

La pandémie dure depuis un an, c’est long et douloureux psychologiquement, socialement, culturellement, parfois sur le plan de la santé aussi. Certes. Mais la réalité est surtout que les gens en France vivent largement leur vie, en s’étant adapté à la situation. Les plus jeunes qui étaient habitués à avoir beaucoup de rapports sociaux ont toujours beaucoup de rapports sociaux, les moins jeunes voient leurs amis et leurs familles régulièrement, dans beaucoup de disciplines sportives les activités ont lieu, y compris des compétitions, les travailleurs travaillent, les manifestants manifestent ou occupent des théâtres, etc., etc.

Cela fait que malgré un large respect des gestes barrière et du port du masque dans la plupart des situations publiques (transport, commerce, etc.), le virus circule beaucoup et il y a une troisième vague. C’est surtout le cas en Île-de-France, dans les Hauts-de-France ainsi que les Alpes-Maritimes, la Seine-Maritime et l’Eure, mais la situation est loin d’être réjouissante ailleurs.

Si on veut y faire face, il faut ce qu’il faut et un confinement strict s’impose, comme en mars 2020, car cela avait drastiquement fait reculer l’épidémie dans le pays et sauvé des milliers de vies. Le gouvernement en est incapable aujourd’hui. Le cap est maintenu et, donc, contrairement aux attentes d’une part importantes des milieux hospitaliers (qui devraient pourtant décider), il n’y a pas de confinement, mais simplement des demi-mesures qui ne changeront pas grand-chose à la situation.

Dans les 16 départements concernés, les gens sont censés rester chez eux, mais en fait ils iront au travail ou à l’école comme c’est déjà le cas, ils auront toujours le droit de sortir de chez eux la journée. Bien sûr, les commerces (hors alimentaires et librairies) seront fermés, ce qui n’est pas un changement négligeable, encore que les galeries commerçantes sont déjà fermées depuis plusieurs semaines. Mais on sait très bien que l’enjeu n’est pas là, mais surtout dans les brassages de population pour les rencontres amicales et familiales, car le variant britannique est très contagieux même si les gens ne se font pas la bise ni ne s’approchent trop les uns des autres.

Le pseudo-confinement de seize départements, avec son auto-attestation et son périmètre de 10 km à respecter, ne permet que très peu d’agir à ce niveau-là et on a du mal à imaginer que cela change les habitudes des gens par rapport à ces dernières semaines… On connaît notamment les mœurs de la région parisienne. Il faut donc s’attendre dans les prochaines semaines à ce que l’épidémie suive sa progression en France, dans toutes les régions.

D’autres mesures suivront probablement, car la tension hospitalière ne devrait pas diminuer. Cela va être d’autant plus traumatisant pour la France qu’à côté, beaucoup de pays devraient voir leur situation s’améliorer avec le printemps ou le début de l’été.

La différence est d’ailleurs déjà immense si l’on compare la France à l’Allemagne, qui a de son côté ses écoles fermées et un confinement assez important.

Il y a eu en un an, à la date du 18 mars 2021, deux fois plus de cas déclarés en France qu’en Allemagne, soit 4,15 millions contre 2,61 millions. Et cela alors que la population allemande est plus importante (mais les tests y ont été déployés beaucoup plus massivement et rapidement et la population n’a pas eu la même position face aux exigences qu’en France).

En ce qui concerne les nouveaux cas quotidiens, à la date du 17 mars 2021, il y a un gouffre : 38 501 en France contre 7 705 en Allemagne. Idem pour le nombre de décès le même jour : 241 contre 91.

Le confinement assez important dure depuis sept semaines en Allemagne, avec fermeture des écoles, mais le gouvernement repousse toutefois le déconfinement en raison d’un rebond de l’épidémie et d’un taux d’incidence (sur 7 jours) de 82,9 (cas pour 100 000 habitants). En France, ce taux est de… 266,22 ! Il est même de 388,9 à Paris, 512,7 en Seine-Saint-Denis et 544,12 dans le Val-d’Oise !

On se dit normalement que la situation est très grave et qu’il faudrait faire comme l’Allemagne, et confiner immédiatement et strictement. C’est exactement l’inverse que fait la France, puisque le premier ministre a expliqué ni plus ni moins qu’il considère que c’est une bonne chose de ne pas avoir confiné il y a quelques semaines… car sinon il aurait fallu prolonger encore et encore le confinement !

Le gouvernement français fait donc le choix du cynisme, en assumant d’avoir beaucoup plus de morts qu’ailleurs, en assumant de sacrifier une partie de la population au nom de l’économie. La France est hantée par son déclassement économique et pratique la fuite en avant, en attendant la généralisation de la vaccination. Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain et les semaines et mois à venir font être très compliquées sur le plan sanitaire. Probablement même que la France n’échappera même pas au confinement tant redouté, et cela sera d’autant plus traumatisant si à côté les pays comme l’Allemagne font le chemin inverse, et qu-ils exercent une pression gigantesque pour l’instauration d’un passeport vaccinal…