Les Français ont cru au capitalisme. Même s’ils ne l’aiment pas, ils l’ont accepté et se sont dit qu’après tout, il y avait toujours à y gagner. Ils ont donc perdu tout esprit critique, au fur et à mesure. Ils sont devenus propriétaires ou veulent le devenir – ce qui veut dire qu’une grande partie des Français disposent d’un capital accumulé, d’un capital potentiel. Les héritages circulent et, qu’on le veuille ou non, il y a une masse d’argent, une surproduction de capital.
Seulement voilà, la civilisation capitaliste s’effondre et en France, c’est particulièrement visible. Les Français des années 2004 seraient horrifiés de voir la France de 2024, ils n’y croiraient même pas. Rien que la fin septembre 2024 égrène ses faits divers sordides, ces faits divers qui n’en sont pas : viol et meurtre d’une jeune étudiante dans le Bois de Boulogne par un sans-papier déjà violeur, procès ignoble de Mazan avec le rôle marquant de la soumission chimique, impacts de plombs sur les vitres du collège Mallarmé à Marseille, arrestation à Grenoble de deux jeunes armés d’une kalashnikov sur une trottinette…
Et que dire d’Échirolles, en banlieue de Grenoble, justement ? Les habitants de l’immeuble « Le Carrare », qui a 80 appartements, ont eu ordre de la mairie de quitter leur logement sous 72 heures. La raison ? Un « danger de mort permanent », car le narcotrafic a pris le contrôle de l’immeuble, avec tellement de dégradations que les risques d’incendie sont patents.
Qu’est-ce que tout cela ? C’est la faillite. Une faillite qui ira en s’empirant, comme la règle le fait. Une fois en effet que les vannes sont ouvertes, impossible de freiner le processus. En fait, si, c’est possible, par la violence d’un État socialiste, l’envoi massif des éléments anti-sociaux en camps de travail – et la haute bourgeoisie fait partie des éléments anti-sociaux, au même titre que les narco-trafiquants. Il y a un grand ménage à faire.
Le souci est que plus les choses empirent, moins il y a le courage d’affronter les problèmes. On l’a vu en Italie du Sud, on l’a vu au Mexique. Qui serait assez fou pour aller se confronter à des gangs ? Seule une organisation peut le faire, une organisation plus puissante que les mafias. On parle ici d’un État. D’un État nouveau, socialiste, prenant le peuple comme levier, une armée populaire qui dialectiquement utilise cet État comme levier.
Ce n’est en effet pas l’État bourgeois qui lui va faire face à la situation. Il faudrait l’armée pour cela. Mais quelle armée ? Elle n’a pas les moyens de faire face à ça, ce n’est pas dans sa nature, et de toutes façons elle est intégrée à l’Otan et son objectif numéro 1, c’est la guerre contre la Russie.
On est donc face à un grand défi, ou plus exactement les masses font face à un grand défi. Soit elles acceptent jusqu’au bout une société à l’américaine, avec des gangs, des mafias qui frappent, avec une haute bourgeoisie qui fait ce qu’elle veut… Et encore, c’est le meilleur des scénarios, car dans cette perspective, il y a pire, comme le Mexique ou le Venezuela, avec une violence endémique, qui suinte de partout (et de fait c’est la réalité du tiers-monde).
Soit les masses refusent cet effondrement civilisationnel, et alors elles se mettent en mouvement, en étant prêt au sacrifice pour la mise en place d’un nouvel État, d’une démocratie populaire. Cela veut dire, concrètement, être pour verser son sang pour la Cause, au lieu d’accompagner passivement le capitalisme, en éventuellement votant pour l’extrême-Droite de Marine Le Pen et Jordan Bardella pour se « rebeller » à peu de frais.
Ce défi, les masses aimeraient l’éviter, cela devient pourtant de moins en moins possible et l’absence de gouvernement réel rend visible les choses. La crise rend les choses visibles, voilà ce qui se passe. Et ce n’est que le début : toute la société française, pourrissante, se démasque. Elle a fait son temps.
La France est prise de nausée. Alors que se tient le procès de Mazan, voilà qu’une jeune femme a été violée et assassinée dans le Bois de Boulogne, par un violeur sans papiers n’ayant fait que quelques années de prison pour son premier crime, avant d’être relâché dans la nature.
Et chaque Français sait que cela ne relève pas du hasard. Le non-droit triomphe dans le capitalisme français où le seul droit qui prime, c’est l’argent. Même plus symboliquement l’entrepreneuriat, et même la propriété a perdu en image par rapport au culte cannibale de la monnaie.
Cela ne tient donc pas seulement au Bois de Boulogne, un endroit qui, dès la nuit tombée, devient un lieu immensément sordide. Et cela, depuis plus de cinquante ans!
Maintenant, voyons notre problème à nous, notre grand problème. La décadence est partout, et donc également dans les masses, dans la classe prolétaire. Il y a quelque chose qui cloche dans la classe…
C’est une chose que ne peuvent pas et ne veulent pas comprendre les pseudos féministes bobo qui se sont construit un petit havre de paix dans leur milieu social des centres-villes. Mais nous, qui voulons la révolution, nous devons y accorder une attention fondamentale.
Ce qu’il s’agit de voir, c’est l’horreur de la vie quotidienne produisant de tels monstres tels que ceux de Mazan. Comment se fait-il que sur les 50 accusés de viol, il n’y ait que des ouvriers et des artisans, d’une moyenne d’âge de 47 ans, bien intégrés socialement ?
C’est là que notre critique révolutionnaire de la société intervient. Nous disons que la raison précise de leur position criminelle est qu’ils se sont tellement bien « intégrés dans la société » qu’ils se sont justement vidés de toute leur dignité.
Ces travailleurs sont le reflet d’un prolétariat qui baigne dans sa propre crasse ; qui est dans une telle résignation et un tel repli sur soi qu’il se sont laissés contaminer par la décadence des mœurs. Une décadence issue d’une société de consommation qui a banalisé et généralisé les comportements pornographiques et dégueulasses.
Un prolétariat réellement existant, par ses propres canaux et avec sa propre identité alternative, révolutionnaire ne pourrait tolérer de tels agissements. Toujours le style de vie déplorable des puissants a été rejeté en bloc, vu comme l’expression de figures parasitaires tournant en rond sur eux-mêmes, jetant leurs ennui dans des pratiques sexuelles déviantes.
Le problème en France, c’est que tout est atomisé par le style de vie solitaire du petit-bourgeois prisonnier d’une société de consommation relativisant tout, vidant la morale de tout, s’attaquant à tout ce qui a trait à de la sensibilité.
Les travailleurs sont usés, vidés psychiquement et à un moment donné de leur existence, cela craque d’une manière ou d’une autre. La monstruosité de Mazan est une issue terrible, monstrueuse d’un tel craquage nerveux général. Quant au crime du Bois de Boulogne, il reflète la situation sociale horrible des migrants livrés à eux-mêmes, venant de pays semi-féodal aux valeurs patriarcales très prononcées, fascinés par le capitalisme et en pratique s’alignant sur le cannibalisme social.
Que peut-on pour les migrants? Pas grand chose : si on peut comprendre individuellement tel ou tel parcours, fondamentalement ils sont de droite, leur idéal est le rêve américain.
Mais la classe des travailleurs, elle, n’a pas ce rêve américain dans sa nature. Et c’est bien de la puissance prolétarienne dont la société a besoin pour éradiquer toute cette décadence issue d’un capitalisme qui génère des relations sociales pourrissant sur pied.
L’Humanité n’est ici plus que l’ombre d’elle-même, incapable d’assumer sa véritable nature d’animal social sensible. Le besoin du socialisme, des valeurs communisme comme résolution de ce problème est une évidence historique.
Et le besoin de communisme ne peut qu’être d’autant plus fort pour la moitié de la classe, les femmes prolétaires, celles qui comprennent que cela relève d’un problème d’ensemble et non pas seulement du rapport à des hommes « mauvais ».
Le capitalisme en crise emporte tout le monde avec lui dans son pourrissement. Avec le drapeau rouge, il faut y faire face. Seule la révolution compte. L’alternative est Socialisme ou retombée dans la barbarie, et les femmes doivent être justement à l’avant-garde de la lutte, car elles sont une des cibles principales du cannibalisme moderne!
L’affaire des viols de Mazan en dit long sur l’état de la société. Une société où des individus vidés de toute sensibilité, repliés sur leur petit égo expulsent leur déchéance existentielle dans une sexualité barbare tournée contre la femme.
Car le fond de cette affaire c’est bien l’absence de toute sensibilité de personnes transformées en assassins de la dignité humaine, en particulier celle de la femme. Une absence de sensibilité qui ne tombe pas du ciel mais vient directement d’une société pourrie qui génère des esprits lugubres, patriarcaux…
Car de deux choses l’une, ou bien l’on considère à la façon bourgeoise, certes démocratique, que les hommes sont mal éduqués et qu’ils doivent respecter la femme, ou bien l’on considère que tout cela relève de quelque chose qui cloche de manière plus globale dans la relation entre la femme et l’homme, dans les relations sexuelles et donc dans la société en général.
Car qu’un tel monstre comme Dominique Pelicot puisse exister interroge sur la société et non pas simplement sur sa « psychologie ». Et visiblement ce monstre est sorti lui-même d’expériences monstrueuses, traumatiques, laissant se reproduire ces pratiques dans sa vie quotidienne repliée sur elle-même, faisant appel à d’autres monstres recrutés sur un site lui-même décadent.
Ce qui semble évident lorsqu’on veut la Révolution c’est que la société actuelle a vidé les personnalités de toute sensibilité.
Les propos du maire de Mazan ayant affirmé sur la chaine anglaise BBC que « ça aurait pu être plus grave » car « il n’y a pas eu mort d’homme » sont explicites. Si la sensibilité ne s’était pas évaporée d’un tel sinistre personnage, trop pressé de sauver l’honneur de son village à la manière d’un seigneur d’antan, jamais ces propos n’eurent été possibles. Car non, il y a bien eu « mort d’homme », en l’occurrence de femmes, car une telle expérience produit une mort intérieure et pour le comprendre il s’agit d’avoir de la sensibilité…
C’est là que l’on voit que la société bourgeoise est arrivée à péremption : sa classe dirigeante n’est plus en mesure de porter la civilisation jusqu’au bout. D’ailleurs elle n’a jamais liquidé complètement le patriarcat, du moins l’a t-elle modernisé et redéployé dans les tissus de sa société de consommation. Onlyfans, la banalisation de la pornographie, l’hypersexualisation vestimentaire, les « coups d’un soir », etc., sont autant de signes d’une société tordue incapable de reconnaitre la femme comme un être doué de sensibilité et de dignité. Elle ne peut être qu’un faire-valoir sexuel, un objet, une projection pour un désir égoïste…
Et les accusés de viol de Mazan ont porté au paroxysme tout la dimension lugubre et anti-féminine tolérée par cette société. Les coupables mériteraient d’être fusillés sur la place du village de Mazan, avec une pancarte au cou sur laquelle serait inscrite « en défense de la civilisation ».
Car ce dont la société a besoin c’est d’un nouveau saut de civilisation. On sait que cette dernière parcourt l’humanité dans sa profondeur et la sexualité est restée conditionnée par bien des comportements barbares. Et pourquoi cela ? Parce que la bourgeoisie a fait triompher la notion de « contrat » et de seul « consentement », laissant donc penser que sexualité et sentiments sont dissociables.
C’est une illusion : la société a besoin de reconnaitre ce lien nécessaire pour construire des couples sains et durables, et ainsi mettre fin à l’oppression de la femme. Il faut lire à ce propos l’article « les dialecticiens affirment la dialectique des sentiments » de la revue Connexion proposée par les maoïstes du Parti matérialiste dialectique.
Car à l’horreur des viols de Mazan s’ajoute l’horreur de la justice bourgeoise qui en reste à la notion de « consentement », bien incapable d’assumer une morale face aux comportements sexuels déviants. Et donc bien incapable d’avoir un jugement à la hauteur des faits…
On ne peut qu’être psychiquement détraqué lorsqu’on désire avoir une relation avec une femme endormie et dans des conditions plus que lugubres, le tout sous les yeux de son propre mari. Même consentie de parts et d’autres, une telle pratique doit être vue comme glauque et donc à réprimer.
La société bourgeoise doit être abattue. Elle doit laisser place au Socialisme qui mettra au poste de commande les femmes pétries dans une morale faisant de la civilisation, de la sensibilité et de la romance les valeurs cardinales et absolues à défendre.
En France, 2,5 millions de personnes sont allées au cinéma voir le film Deadpool et Wolverine, sorti le 24 juillet 2024. Cela exprime un niveau de régression et de stupidité effarant. Ce qui est marquant toutefois, c’est le mélange totalement improbable des genres, puisque le personnage de Deadpool se veut « amusant » alors que celui de Wolverine se veut profondément sombre.
C’est exemplaire de comment le capitalisme est obligé de tout mélanger pour maintenir l’intérêt, au prix du crétinisme. Aux Jeux olympiques, on a vu la même chose avec la présence du breakdance comme discipline.
Tout est assimilé, récupéré, mélangé à tout et n’importe quoi, refait et refait et refait. Tout ce qui relève du passé est également passé à la moulinette de l’infantilisme et de la débilité. Les films Furiosa, une saga Mad max et Alien : Romulus sont des caricatures de caricatures des films d’origine, au point d’être impossible à regarder pour qui a un cerveau. Et pourtant, ça marche commercialement !
C’est que le capitalisme qui récupère tout fait face à des consommateurs délavés. Et cela dans tous les domaines, jusqu’à l’absurde. Prenons un exemple avec la grande nouvelle scientifique de l’été. Une étude de la revue Nature prétend que la pierre dite d’autel de Stonehenge viendrait d’Écosse, à 750 kilomètres de là.
La raison est la similitude à 95 % des roches. Sauf que les 5 % restants pèsent de tout leur poids, ce qui aurait dû sauter aux yeux. La pierre en question fait en effet six tonnes, pour des mesures de 4,9 mètres, sur 1 mètre et 0,5 mètre. Stonehenge ayant entre 3 et 5000 ans, seul un scientifique qui a basculé dans le formalisme peut se dire que puisque les statistiques le disent, alors peu importe comment les êtres humains peuvent avoir transporté ça !
D’où la solution miracle : la mondialisation capitaliste existait déjà à l’époque. Eh oui, on lit par exemple dans un article, mais c’est la thèse générale dans tous ceux qui en parlent :
« Selon les chercheurs, le fait qu’un bloc de cinq mètres sur un mètre ait pu traverser la majeure partie du Royaume-Uni indique que la société dans les îles britanniques à l’époque néolithique était très organisée et connectée. »
Donc, nos ancêtres de Stonehenge adorant le soleil, sans savoir ni lire ni écrire, ne laissant aucune trace en termes de culture et de traditions de leurs activités (on est à l’âge de pierre!), aurait été très « organisés » et « connectés », avec une civilisation avancée de la taille d’un pays, sans qu’on l’ait jamais su. C’est digne de la série de la théorie des » anciens astronautes ».
C’est tellement fou que les chercheurs ont dû inventer la conception d’un transport par bateau pour essayer de rendre un peu crédible la thèse.
Et c’est partout ainsi : le capitalisme est un serpent qui se mord la queue. L’exemple de cet été avec Le Monde doit à ce titre servir d’exemple pour d’éventuelles discussions. C’est tellement énorme que cela dit tout.
Il s’agit de cinq articles au sujet de la ville hittite de Kanesh, qui valent leur pesant d’or. On parle ici de 22 000 textes datant de 1920 avant notre ère à 1850 avant notre ère, soit une période relativement courte.
Voici les présentations des articles, qui à elles seules sont délirantes de par leur conception : le capitalisme mondialisé, inclusif, avec ses migrants, aurait déjà existé il y a des milliers d’années !
Le trésor turc antique de la « colline de cendres »
« Les lettres de Kanesh » (1/5). A la fin du XIXᵉ siècle, des paysans anatoliens découvrent sous leurs champs des tablettes d’argile imprimées d’écritures cunéiformes vieilles de 4 000 ans. Ces milliers de textes sortis de terre forment la plus ancienne et volumineuse archive de documents privés de l’humanité.
Quinze siècles avant Athènes, un semblant de démocratie en Assyrie
« Les lettres de Kanesh » (2/5). Les quelque 22 000 tablettes d’argile découvertes dans les ruines de la cité anatolienne de Kanesh, il y a quatre mille ans, donnent un aperçu fascinant de l’organisation d’une grande ville de l’âge du bronze, qui n’est pas sans rappeler la démocratie athénienne.
A l’âge du bronze, des fondamentaux de l’économie de marché déjà présents dans la société assyrienne
« Les lettres de Kanesh » (3/5). Les textes trouvés dans les ruines de Kanesh montrent qu’une certaine idée du marché existait déjà au XXᵉ siècle avant notre ère, dans le Croissant fertile : le marché et sa régulation par les autorités, le capital, le taux d’intérêt, la monnaie, l’entreprise et même la fraude fiscale…
Il y a 4 000 ans, la grande liberté des femmes assyriennes
« Les lettres de Kanesh » (4/5). Des tablettes retrouvées à Kültepe ressort une société bien plus égalitaire que ce que laissent penser les clichés associés à des sociétés antiques forcément rétrogrades.
Le mélange des cultures, ciment du « vivre-ensemble », à l’âge du bronze
« Lettres de Kanesh » (5/5). Les milliers de tablettes découvertes dans les ruines de la cité anatolienne de Kanesh permettent d’entrevoir les formes que pouvait revêtir le « vivre-ensemble », à l’âge du bronze, il y a quatre mille ans.
On est là dans la propagande capitaliste la plus brutale. Qu’on ne parle pas de « science » au-dessus de la bataille des idées, une telle chose n’existe pas, toute interprétation des phénomènes obéit à une conception du monde. Pour que la science soit réellement la science, il faut une vision correcte du monde.
Or, le capitalisme est décadent, il tente de maintenir sa propre survie dans le futur en disant qu’il était là dans le passé, qu’il a toujours été là. Voilà comment une période d’esclavagisme se voit transformé en capitalisme libéral mondialisé.
Le Monde explique donc qu’en Mésopotamie, il y a pu y avoir des cités-Etats gouvernées par une » assemblée », oubliant l’esclavage de la grande majorité, comme d’ailleurs pour Athènes. La démocratie est pour les classes dominantes seulement : voilà le point de vue des historiens bourgeois, qui ne se placent jamais du point de vue du peuple.
Le subjectivisme règne en maître afin d’asseoir les points de vue bourgeois. Les tablettes d’argile d’il y a 4 000 ans ne mentionnent pas les habits des femmes ? C’est qu’il n’y avait pas d’habits obligatoires pour les femmes. Certaines femmes quittent leur mari dans quelques tablettes ? Toutes les femmes pouvaient le faire à l’époque comme elles le voulaient. Les lettres ne parlent pas de tensions inter-communautaires ? C’est qu’il n’y en avait pas, etc.
Il ne s’agit pas ici d’anecdotes, mais d’une terrible peste intellectuelle, qui contamine toutes les couches intellectuelles bourgeoises. Le subjectivisme prédomine, l’incapacité à disposer d’une rigueur intellectuelle est la norme. Cela correspond au rejet du matérialisme, de la lutte de classes, du principe de transformation qu’est la dialectique de la vie.
Rien ne peut sortir de productif de la société bourgeoise, seulement beaucoup de bruit et de choses pittoresques jusqu’à l’absurde qui profitent de la richesse matérielle actuelle. Le prolétariat doit lever la bannière de la culture et de l’intelligence contre le nivellement par le bas imposé par la bourgeoisie !
La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 vendredi 26 juillet aura été tout à fait conforme à l’époque et au pays. La France ne vaut plus grand-chose, à l’image de du monde occidental en général.
Alors elle patauge, et là c’est la Seine qui a servi de pataugeoire pour une cérémonie longue comme un fleuve, allant de grossièretés en grossièretés, puisant le style des années 1970 en essayant de le mettre à jour avec un peu de spectaculaire.
Difficile de savoir si la médaille d’or doit revenir à la collaboration entre Aya Nakamura et la Garde républicaine, ou à bien au groupe de métal Gojira qui s’est imaginé porter la rébellion en faisant figurer des Marie-Antoinette décapitées et portant leur tête au bras, au son revisité de « ça ira ». Surtout que la cérémonie s’est faite en présence de nombreux chefs d’États royalistes ou princiers, ce qui est un comble pour le coup, tellement le message n’a, de fait, aucun sens.
La France étant la France, il y a toutefois de grands acquis, du patrimoine, et une tradition culturelle immense. Alors cela a pu faire illusions parfois pour certaines représentations, ne serait-ce que par des mises en valeurs architecturales. Toutefois, cela ne va pas plus loin qu’une représentation du Puy du Fou, le Disneyland de la campagne française. On vise le touriste potentiel.
Et sur le fond, tant musicalement qu’esthétiquement, il est évident que tout cela ne dépasse pas le style à la Jean-Michel Jarre. Il y a des bases électroniques, du rythme, de la lumière… Et c’est tout. Aucun saut qualitatif n’a pu être produit par la société française décadente et nombriliste.
Ce qui est apparu le plus flagrant pour les gens ayant un regard culturel et cultivé, c’est la nullité absolue des danses, mécaniques et primaires, sans aucune grâce, ni humaine, ni naturelle.
La nature d’ailleurs est la grande absente, tout comme bien sûr les animaux, à part trois chevaux esclaves montés sur quelques mètres ; si l’écologie, ou plutôt le « développement durable » était à la mode dans les années 2010, c’est en fait Paris qui avait sifflé la fin de la récréation avec l’échec de la COP 21, en 2015.
La planète et l’urgence écologique n’intéressent plus l’occident courant à sa perte et sautant à pieds joints dans une orgie de décadence. La mode maintenant, ce sont les LGBTQI+, les femmes qui ressemblent à des hommes et inversement. Les postmodernes parisiens en auront eu pour leur argent de ce point de vue, car ce fût une véritable exposition en la matière, pour ne pas dire un manifeste !
On notera ce moment très baroque où il fût passé en image de la péniche de la délégation pakistanaise à… une pseudo femme à barbe à la posture sexualisée ! C’est évidemment volontaire de la part de la réalisation. C’est le style « inclusif » du capitalisme.
Sur le plan technique et artistique, la réalisation a été il faut le dire d’une grande nullité, avec de nombreuses erreurs de cadrages et de séquençage, et surtout aucune cohérence d’ensemble, aucun récit de fait. Pour les Français qui ont eu à subir les commentateurs de France télévision, cela a été d’autant plus désagréable que ces commentateurs ont été visiblement déstabilisés par cette mauvaise réalisation.
Au point de s’emmêler les pinceaux dans la présentation des délégations, pourtant censée être le cœur de l’événement, allant jusqu’à confondre Turquie et Tunisie, Guyana (un pays) avec la Guyane (qui fait partie de la France), et d’autres erreurs du genre. Il faut dire que les commentateurs étaient au niveau de l’événement : c’est-à-dire très mauvais.
Qu’il en faut de la niaiserie et de la faiblesse d’esprit pour raconter en direct des choses comme : « elles sont dingues ces images on est quand même une sacrée nation » et autre autosatisfaction du genre (la plupart du temps en coupant la parole aux représentations elles-mêmes).
Ou alors pour s’enflammer sur le fait qu’Imagine de John Lennon (chantée par Juliette Armanet) est « un chant anti militariste et anti capitaliste « … avant de préciser de manière satisfaite que le costume a été fait par la maison Dior ! C’est grotesque, et grossier, tout comme quand cette même personne expliquait auparavant que le french cancan serait… anticlérical, antipatriarcal et révolutionnaire.
Dans la même perspective, on eu droit à une DJ faisant de son statut de lesbienne une identité révolutionnaire, et dénonçant la grossophobie. Il ne manquait plus que McDonald’s comme sponsor.
C’est tellement typique de cette fausse gauche parisienne, démocrate à l’américaine, qui ne comprend rien à rien, mais s’imagine être à la pointe sur tout, du moment que cela se fait sans les ouvriers.
C’est tout à fait à l’image de la ville de Paris, qui n’est plus vraiment une ville, mais un lieu de passage de l’existence pour des âmes errantes, consommatrices, naviguant au file de l’eau dans le 21e siècle décadent.
Les Français ne sont probablement pas dupes d’une telle cérémonie, strictement parisienne, mais ils n’en tiendront rigueur à personne. Ce n’est pas grave, les images festives du bateau de la délégation française leur auront suffi et ils attendent avec impatience de consommer les Jeux olympiques.
Mais le savent-ils ? Ces Jeux olympiques seront probablement le dernier souffle, avant l’effondrement. Car bientôt la fête sera finie et si le Président Emmanuel Macron a réussi à figer le temps politique grâce à l’événement, la réalité du monde, elle, n’attendra pas la France et les Français.
Dans le vestiaire à la rentrée, ça ne sera pas la fête, mais une douche froide, avec non pas une eau de la Seine qui est douce, d’après la Ministre des sports, mais avec une eau très salée, comme la facture qu’il faudra régler. Il ne s’agit pas ici que d’argent, mais aussi de culture, de politique, d’écologie, de rapport aux animaux, d’exigence de civilisation.
Que les Français aient pu laisser faire les élites parisiennes décadentes avec une telle cérémonie en dit très long sur la situation du pays. Et ce ne sont pas les sabotages contre la SNCF, avec des incendies retardant ou annulant les TGV dans le pays, qui vont modifier quoi que ce soit. Cela fait même partie du panorama de l’effondrement.
Il y a beaucoup, énormément de travail à faire, et comme il est trop tard, alors cela se fera dans les larmes et la douleur. La France est infantile, elle va payer très cher la remise en ordre, la remise au pas, la mise au niveau nécessaire pour le Socialisme.
S’il y avait une révolution aux États-Unis, Donald Trump serait le premier fusillé. Non pas seulement pour ce qu’il représente, mais pour ce qu’il est : un horrible reste du passé. Un type sans vergogne, pour qui les femmes sont des objets et l’argent est le roi. Un décadent sans morale ni culture, qui célèbre la téléréalité et le MMA.
Le fait qu’il ait pu être président reflète le caractère décadent de la superpuissance américaine, qui agonise tout en connaissant son apogée au niveau de l’hégémonie. Le fait qu’un jeune lui ait tiré dessus le 14 juillet 2024 est à ce titre étonnant, car on se demande comment même la société américaine peut maintenir un semblant de cohérence.
L’effondrement américain est inéluctable et Donald Trump en est à la fois le produit, et la tentative de la dépasser dans une orgie, une orgie de vulgarité, de violences, de beauferie, de guerre suprême puisque son objectif est une guerre, une seule, complète, contre la Chine, l’unique concurrent des États-Unis.
Il n’est à ce titre guère étonnant que les équivalents de Donald Trump en France le saluent comme une grande figure. Marine Le Pen parle d’un miracle l’ayant sauvé. Elle et Jordan Bardella en profitent pour dénoncer la « violence qui sape nos démocraties, la violence qui « est le poison de toute démocratie ».
Que la démocratie dans sa version capitaliste ait de tels défenseurs en dit long sur son caractère pourri.
A leur droite, Marion Maréchal et Eric Zemmour ont joué sur le côté « surhomme » de Donald Trump. Voilà l’idéal humain des fascistes à la française de 2024. Et après de tels gens osent parler de « valeurs », de rétablissement de la culture, etc.
Mais il y a plus pathétique encore, peut-être. Marine Tondelier et Sandrine Rousseau sont les personnages sans doute les plus odieux de la politique française. Ce sont les préciseuses ridicules, qui s’imaginent avoir des valeurs alors qu’elles représentent simplement la fragilité des bobos des centre-villes.
Les voir, elles qui sont censées défendre la Cause des femmes, protester contre la violence à l’égard du sinistre Donald Trump montre bien leur véritable nature. Ce sont des « neutralisatrices », qui ne veulent surtout pas que quoi que ce soit vienne troubler le capitalisme moderne.
La condition féminine s’effondre dans le monde, depuis les cartels jusqu’aux islamistes, depuis le fanatisme hindou jusqu’aux sectes religieuses en Afrique… et la violence serait à rejeter en général ? Avec de tels soutiens, les femmes sont condamnées à une éternelle souffrance, dans une infinie passivité.
Il n’y a bien entendu pas que des pseudos-écologistes françaises pour soutenir Donald Trump le beauf absolu. On a également deux des plus éminentes figures de la modernité capitaliste : Elon Musk et Barack Obama.
Faire des commentaires en général sur la « violence » et la « démocratie » alors que tout s’effondre, voilà bien le jeu des hypocrites et des défenseurs d’une société capitaliste corrompue et pourrie.
Il est évident que le nouveau chasse l’ancien, qu’il faut se débarrasser du vieux monde, qui est toxique et qui suinte la barbarie par tous les pores.
Seul le Socialisme peut apporter et affirmer les valeurs qu’il faut, balayant tout ce qui est négatif, sordide, criminel, barbare !
Les jeux sont faits ! En février 2024, on peut dire que plus rien ne sert à rien, qu’il n’y a plus qu’à attendre ce qui va se passer. Et les choses sont simples. Soit la France n’est que ce qu’elle est, c’est-à-dire pas grand chose, un territoire de petits-bourgeois rêvant de vivre replié sur eux-mêmes, sur leur couple et leur « bien-être », en ne prenant aucune responsabilité et en râlant sur tout.
Alors, les Jeux olympiques de l’été 2024 seront un succès bourgeois, et aux élections européennes, l’extrême-Droite obtiendra un très bon score. Les bourgeois gagnent encore et toujours, le peuple vote à l’extrême-Droite pour que ce soit moins brutal, moins « mondialisé », et c’est tout.
Paris continuera d’être le centre des plus riches, le reste du pays le territoire de ceux qui le sont moins, beaucoup moins ou pas du tout, mais cela ne change rien à l’affaire. La France tourne, Mondial Relay distribue, le capitalisme tourne et la Russie est chaque jour davantage l’objectif militaire.
Soit c’est l’autre option, et tout ce que la France a charrié historiquement sur le plan de la lutte de classes connaît une émergence subite. Finies les stupidités comme la pseudo protestation contre la réforme des retraites, la répétition en version nihiliste de la révolte des banlieues, ou bien les agriculteurs capitalistes prenant le masque de « paysans » en protestation.
Non, si c’est l’autre option, alors cela y va vraiment. Il y a réappropriation de tout : du patrimoine de la lutte et de la conscience du prolétariat, des valeurs de la Gauche historique. Le rapport entre les classes se voit modifié, la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat se redessine, les gens s’alignent sur des perspectives de classe.
Du jour au lendemain, des connaissances aussi ardues que celles sur Spinoza, le Capital de Karl Marx ou le matérialisme dialectique se voient étudiées, assimilées, du jour au lendemain par on ne sait qui, sorti d’on ne sait où. L’Histoire réapparaît, c’est le glissement de terrain dans l’Histoire française, et on passe du nihilisme médiocre à des consciences intenses, aiguës, tendues.
Ce n’est plus Paris qui reste le centre, cette ville embourgeoisée à tous les degrés, mais la France en tant que formation historique à bout de souffle, devant passer à « autre chose ».
Dialectiquement, les deux options sont possibles. Pour l’instant toutefois, c’est le scénario à l’américaine : les villes « civilisées » votent à « gauche » pour profiter de la « mondialisation » et les campagnes « barbares » votent à droite, car elles n’en peuvent plus de la déstructuration du pays.
Il faut beaucoup d’efforts pour se sortir de là et les gens n’ont rien fait. Ils ne vont pas commencer non plus maintenant, c’est trop tard. Non, maintenant, il n’y a plus que le crash qui va jouer. Naturellement, chaque personne se dit que ce crash n’arrivera pas, tout tiendra, d’une manière ou d’une autre, comme ça l’a toujours fait.
Sauf que non. La France d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle d’il y a cinq ans, qui elle-même est foncièrement différente de celle d’il y a dix ans, et pareil à l’horizon de 15, 20, 25, 30 ans ! L’essor inexorable du capitalisme entre 1989 et 2020 a fondamentalement modifié le cadre des choses – même si le capitalisme n’a quant à lui pas changé de nature.
Les petits-bourgeois peuplant la France ont-ils réussi à être tellement corrompu que plus rien n’est possible, à part râler, éventuellement sur les réseaux sociaux ? Ou bien les choses vont mal tourner, révélant en 2024 le crash ?
Tout déraille, tout le monde fait semblant que ça tienne, cela continuera-t-il de suffire pour que les s’enfoncent et s’enfoncent, sans effondrement général ? Ou bien y aura-t-il un ressort, un saut dialectique, une déchirure historique ?
L’établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie – Valéry Giscard d’Estaing, plus connu sous le nom de musée d’Orsay, joue un rôle majeur dans le dispositif idéologique et culturel français. Il représente en effet le grand accompagnateur, celui qui présente de manière accompagnée la peinture du milieu du 19e siècle à 1914, en insistant de manière acharnée sur le rôle central de l’impressionnisme.
Autrement dit, c’est un lieu essentiel pour nier le réalisme, pour affirmer le subjectivisme, pour présenter l’individu et son égocentrisme comme inéluctable. Il n’y aura pas de révolution qui ne ferme le musée d’Orsay, et il n’y aura pas de révolution qui n’ait comme objectif de le fermer. Ou, plutôt, de le transformer, car le lieu, une ancienne gare, peut faire rêver.
Il est donc fort logique qu’il y ait un engouement bourgeois fondamental pour le musée d’Orsay et ses expositions. Celles-ci sont de véritables messes bourgeoises de masse. Celle qui fut le plus visitée depuis 1986, c’est Van Gogh à Auvers-sur-Oise, les derniers mois, tenue du 3 octobre au 4 février 2024, avec 793 556 visiteurs.
Suivent dans le classement deux autres expositions, consacrées à deux autres géants du subjectivisme : Un poème de vie, d’amour et de mort consacré à Edvard Munch en 2022, avec 724 414 visiteurs, et Bleu et rose consacré à Picasso en 2018, avec 670 667 visiteurs.
Ce sont là des chiffres très importants. En soi, ils ne représentent rien en termes de qualité, car Van Gogh, Munch et Picasso sont des tapisseries bourgeoisies. Ils ne jouent aucun rôle à aucun niveau sur le plan culturel, à part éventuellement Guernica en cours d’histoire au collège.
Mais en termes de quantité, les chiffres sont puissants. Ils valent largement les chiffres des manifestants syndicalistes, surtout que culturellement l’impact est plus marqué, davantage prolongé. Avec Van Gogh, Munch et Picasso, on présente l’art comme un accident individuel, un déraillement créatif à vocation subjectiviste.
Si Van Gogh a la préséance, c’est bien en raison du cliché qu’il véhicule justement sur ce plan. On a un artiste tourmenté, mettant fin à ses jours, n’ayant jamais connu le succès de son vivant, etc. La bourgeoisie porte la disharmonie et elle ne peut pas concevoir l’art autrement que comme un délire, une chute, un acte gratuit visant la toute-puissance de l’ego.
L’exposition avait un but précis : présenter de manière artificielle les derniers mois de Van Gogh comme un aboutissement créatif, une synthèse sans commune mesure. Le subjectivisme et le nihilisme de Van Gogh se voient ici présentés comme de l’art pur. Christophe Leribault, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie, résume de la manière suivante cette mystique bourgeoise décadente sur l’art.
« Cette exposition prouvait que, jusqu’à la fin, Van Gogh s’est réinventé et frayait de nouveaux chemins pour l’art : à Auvers, il trouve des sujets nouveaux, développe un style plus synthétique, compose sur des formats différents, continue à réveiller les couleurs du monde en inventant des accords inédits, toujours avec cette expressivité hallucinante qui fait qu’un Van Gogh ne ressemble qu’à du Van Gogh ! »
On a ici la clef du charlatanisme bourgeois. Chaque artiste serait « unique », chaque grand artiste atteindrait une dimension unique qui serait incomparable.
En réalité, ce que célèbre la bourgeoisie, ce sont des artistes décadents dont la sensibilité est incapable d’aller à l’universel. Ils agissent comme un filtre d’un produit de graphisme qui prendrait une représentation de la réalité pour la déformer dans un sens ou dans un autre, en appelant cela de la nouveauté artistique.
Van Gogh? Ce n’est qu’un massacreur de Rubens. Il suffit de regarder des tableaux de Van Gogh, de regarder ensuite des tableaux de Rubens, de revenir à Van Gogh, et même sans être un expert en art, on voit comment Van Gogh n’est que du Rubens déformé, du Rubens sans la vigueur, du Rubens sans la technique, du Rubens sans la synthèse sur le plan de la composition.
« Au sens strict, pour définir les choses de manière la plus nette, il faut résumer la peinture de Vincent Van Gogh comme de la gravure amenée à la peinture et dégradée en illustration de carte postale.
Vincent Van Gogh dévie littéralement toute une tradition germanique puis néerlandaise, avec un sens complexe de l’organisation du tableau, de la disposition des formes en mouvement, pour tout réduire à l’extrême. Vincent Van Gogh est une insulte à toute la tradition de la peinture flamande, dont il se veut évidemment le dépassement.
Vincent Van Gogh inaugure le colorisme, ce principe d’avoir quelques formes qu’on peut s’évertuer à remplir de couleur, pour se vider l’esprit.
C’est du crayonnage, comme plaisir personnel, avec un choix de couleur pour faire passer une impression. Cela peut être plaisant, on peut apprécier un aspect agréable dans une telle peinture ; ce n’en est pas de l’art par autant, ni même d’ailleurs de la décoration ou tout autre art appliqué.
C’est une fuite dans une démarche psychologisante formant une fin en soi.
La peinture de Vincent Van Gogh a une dimension accessible qui forme un piège terrible : une bourgeoisie pétrie d’oisiveté se complaît dans son moi, tout comme elle sera fascinée justement par la psychanalyse. Les peintures simplistes-coloristes de Vincent Van Gogh apparaissent alors comme de la culture, alors qu’ils sont une production idéologique relevant d’une classe improductive.
On peut d’ailleurs considérer que le néo-impressionnisme simpliste-coloriste de Vincent Van Gogh, c’est le cézannisme accompli. Là où Paul Cézanne considérait quelque chose manquait, car il était encore lié à l’Histoire de l’art au moins symboliquement, Vincent Van Gogh parvient à plonger dans le subjectivisme comme en fin en soi.
En cela, son style préfigure directement Pablo Picasso, même si pour la forme ce dernier relève au sens strict du cézannisme géométrique, sans la charge impressionniste renforcée comme chez Vincent Van Gogh.
Vincent Van Gogh est si fascinant pour la bourgeoisie, comme Claude Monet, car il est pareillement plaisant et complaisant.
C’est un monde sans profondeur et, d’ailleurs, ce qui est marquant, c’est que cette lecture idyllique-fragile du monde, même illusoire et purement esthétisante-psychologique, ne pourra pas être reproduit.
La bourgeoisie entrera dans une telle décadence que le sordide prévaudra, avec une incapacité de représenter quoi que ce soit.
Vincent Van Gogh est le symbole d’une nostalgie, celle de la Belle époque, d’une bourgeoisie installée et s’installant, d’un confort réel et rêvé, d’un maintien sans fin dans une aise aussi ouatée que les peintures impressionnistes et néo-impressionnistes. »
Van Gogh est un drapeau bourgeois, il est un outil idéologique, et non un grand artiste. Et sa célébration par le musée d’Orsay et par 800 000 visiteurs relève d’un dispositif bourgeois – contre le réalisme, contre la réalité, contre la Nature.
Le 19 janvier 2024, on a appris deux choses qui, mis en perspective, font froid dans le dos. Toute une époque se révèle à travers ce qui se présent comme des faits divers, alors que ce sont des expressions de décadence complète.
Nous avons besoin d’un État socialiste, et vite. Il faut que le nouvel ordre s’établisse, et balaie les vieilles valeurs et tous les gens qui les portent. Le capitalisme est une horreur et il faut s’en débarrasser !
La première information vient du Parisien, elle a profondément choqué ceux qui l’ont apprise, tellement cela semble invraisemblable.
« Un petit bâtiment HLM tout blanc, de deux étages, des fenêtres qui donnent sur un cimetière. C’est là qu’un petit bonhomme de 9 ans a passé deux ans, vivant seul, presque comme un grand. De temps en temps, les résidents de la cité « La Foucaudie » à Nersac à l’ouest d’Angoulême apercevaient son visage à la fenêtre. Ses voisins qui lui tendaient la main, garnissant de temps en temps son frigo, ont fini par donner l’alerte (…).
Selon l’enquête des gendarmes, le petit élève de CM2 puis de 6ème a été livré à lui-même entre ses 9 et 11 ans tandis que sa mère, une femme de 36 ans qui en avait la garde, vivait à une poignée de kilomètres de Nersac avec sa compagne.
Repas, école, hygiène… le garçonnet vivait en effet seul. La petite victime s’est nourrie la plupart du temps de biscuits, de boîtes de conserve ou de tomates volées sur un balcon voisin. « Je me suis fait un petit jardin, et le petit venait discrètement prendre des tomates pour manger », a expliqué une voisine à TF1.
L’appartement dans lequel il a vécu n’était pas chauffé et ne disposait pas d’électricité. Le garçon s’emmitouflait dans des couvertures pour affronter les mois d’hiver (…)
Une voisine raconte : « Avec une amie, on lui avait dit de ne pas le laisser tout seul, elle nous a fait comprendre que ce n’était pas du tout nos affaires». »
La mère – où est le père ? – a été condamnée à dix-huit mois de prison dont douze avec sursis. Les six mois se passeront sous bracelet électronique !
Le juge mérite lui-même la prison pour une telle peine. La mère mériterait en réalité dix ans dans un camp de travail. Les voisins, qui n’ont rien dit, en mérite au moins quatre.
Le capitalisme, c’est l’indifférence, il faut condamner ceux qui la portent. Et qu’on ne fasse pas du misérabilisme. Nous sommes en 2024, les gens savent lire, écrire, regarder la télévision et utiliser internet. Et nous sommes en France, donc en plus de cela il y a tout un arrière-plan de sécurité sur le plan social.
Les responsables des services sociaux… méritent d’ailleurs également une peine lourde. Pareil pour les responsables de l’école. On nage ici en plein délire, où les gens font tous semblant de tout, sont là pour la forme, et en pratique personne ne prend aucune responsabilité.
Quant à la société… elle est condamnée, comme l’époque où nous vivons. Si on en arrive là, c’est que c’est intenable. En France, au début du 21e siècle, une telle chose? Même dans la plupart des pays du tiers-monde, une telle histoire serait pareillement dans les médias.
Mais justement, dans un pays capitaliste bien développé, la décadence prédomine et cela ne choque même plus, ou comme un fait divers. Rien qu’avec cette histoire le pays devrait être à feu et à sang. Et c’est un bon programme. Il faut le Socialisme, et cela veut dire beaucoup de prisons et de camps de travail ! La protection de l’enfance le demande.
La seconde information, justement, concerne la GPA. On la trouve dans Le Figaro, qui est politiquement à droite, mais aligné de plus en plus sur les valeurs libérales-libertaires, post-modernes. Il retranscrit les propos de Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie.
« Le patron de Bercy a finalement revu sa position, après avoir été «touché» par l’histoire d’«un couple d’amis très proches» qui «viennent d’avoir un enfant par GPA». «J’en discute avec eux, je regarde, j’observe, et on évolue», a-t-il raconté, confirmant que le bébé de ses amis, né à l’étranger, n’était pas reconnu en France (…).
Quant à la procréation médicalement assistée (PMA), Bruno Le Maire, qui se présente comme «marié depuis 25 ans, (ayant) quatre enfants, hétérosexuel», a notamment déclaré avoir «évolué» sur la mesure à laquelle il était initialement «sceptique». »
Bruno Le Maire connaît donc des gens ayant réalisé une GPA, forcément à l’étranger. Moralement, c’est condamnable. On peut imaginer qu’ils sont en France, que l’enfant est naturalisé français. Rien qu’avec le doute, il devrait y avoir une enquête de la justice, car en théorie c’est interdit. Et dans tous les cas, Bruno Le Maire fait un éloge indirect de la GPA, il installe une narration.
Mais il n’y aura pas d’enquête. La tendance est précisément à la légalisation de la GPA et ses propos n’ont rien de « spontané ». On est dans une mise en place idéologique, pour faire passer la prochaine « réforme » accordant davantage de « libertés ».
C’est le prolongement logique de la PMA, du libéralisme généralisé à tous les domaines de la société. C’est la décadence propre au capitalisme ayant instauré sa domination 24 heures sur 24. C’est la preuve de la dimension historique de la révolution à venir, qui doit renverser l’ordre dominant, ses valeurs, et assumer la réaffirmation de la civilisation, par le Socialisme !
C’est l’une des grandes caractéristiques de la décadence de la société française et de la crise du capitalisme en général. La peinture, autrefois valorisée et considérée comme le summum de la culture avec la musique classique, est effacée. Elle ne représente plus qu’un arrière-plan sans insistance, à découvrir dans les musées ou les expositions.
Les expositions ne désemplissent pas d’ailleurs. Mais elles se répètent à l’infini, leur caractère est ouvertement commercial comme en témoignent les kilos d’objets divers de consommation qu’on trouve dans la petite salle en bout de visite. Et surtout, on est dans le racolage pittoresque, il faut que les peintures frappent et qu’on retienne l’exposition, seulement l’exposition.
C’est tout un esprit de synthèse qui a ici disparu ; la bourgeoisie, par le passé, s’efforçait au moins de conserver les apparences et de reconnaître dans la composition d’une peinture un aboutissement formidable de l’esprit civilisé. Il n’y a plus de place pour cela désormais, alors que triomphe l’art contemporain, cette négation complète de l’image composée.
La peinture est devenu, en soi, révolutionnaire. Elle exige en effet une attention prolongée, ce que le capitalisme réfute ; elle demande qu’on ait l’esprit de synthèse pour saisir la composition, ce que le capitalisme condamne. La peinture a une dimension totale et pour cette raison, elle s’oppose frontalement au capitalisme pour qui tout est relatif.
Il y a également, on ne saurait assez le souligner, la question de l’harmonie. Le capitalisme ne produit que des monstres : des monstres économiques, des monstres sur le plan des sentiments, des monstres sur le plan des émotions, des monstres d’indifférence ! La peinture exige la beauté, non pas en soi, mais comme expression d’une harmonie, d’une cohérence positive.
C’est pour cela que le capitalisme efface la peinture, et qu’à l’opposé la révolution doit de manière ininterrompue appuyer ses propos, ses analyses, par des peintures. Au propos synthétique doit répondre une peinture, comme illustration, comme exemple de synthèse, comme rappel que ce qui compte, c’est la composition.
Un autre aspect évidemment marquant, c’est que la peinture s’appuie sur le réalisme, et que dans le capitalisme plus personne ne veut être réaliste. Dans la société de consommation, les gens rêvent leur vie, ils vivent leur vie par procuration. En consommant, on fuit, on remplit le vide ou du moins on essaie.
Cela ne veut pas dire que consommer soit mal en soi, bien au contraire puisque la consommation permet la culture. Acheter un ouvrage sur la peinture flamande relève de la consommation. Cependant, il en reste quelque chose, en soi, d’une part, et chez soi, en tant que livre. Ce n’est pas quelque chose de vain, d’éphémère.
Prendre la vie telle qu’elle est, voilà ce que fait le peintre authentique, et sa capacité à reconnaître le réel, à l’accepter, est une leçon qui devrait être permanente.
Enfin, la peinture touche la vie intérieure. Quand on regarde une peinture, on n’est pas là pour faire étalage, pour être bruyant. On est simplement soi-même, avec sa sensibilité entière qui découvre la composition, qui est happée par la composition.
La peinture est ainsi personnelle et culturelle, pas individuelle et consommable. C’est là sa force, et c’est là sa faiblesse dans le capitalisme. Car qu’elle relève de l’Histoire, cette Histoire que le capitalisme veut effacer afin de prétendre être éternel. La peinture est un danger pour le capitalisme, car elle exige l’époque, chaque composition s’inscrit de manière sensible dans un réel bien déterminé.
Il faut bien comprendre ici une chose. La révolution sera faite par deux types de gens. Si on prend la peinture, cela donnera cela :
des gens désireux de protéger la peinture, de la prolonger ;
des gens qui ne connaissent rien à la peinture, car le capitalisme aura réussi à l’effacer chez eux.
Cette opposition peut se retrouver dans tous les domaines. Il y aura ceux qui ont une filiation avec une thématique et constateront la décadence… Et il y aura ceux qui seront le produit de la décadence et qui auront compris que tout est insupportable, sans pour autant s’appuyer sur un domaine particulier.
Le décalage sera très grand entre ces deux types de gens, qui forment les deux aspects de la révolution. La révolution réussira en sachant rendre productive leur contradiction.
Le monde est un vaste drame, où le sang et les larmes forment une partie assumée du quotidien. Il n’y a pas que les guerres, en effet, il y a les crimes. Le monde est une société du crime. Ce crime est à la fois banalisé et masqué, il forme un arrière-plan diffus. C’est une des raisons pour lesquelles les gens ne se rebellent pas : ils ont peur que tout soit pire ensuite, qu’on se retrouve dans une société à la Mad Max.
Naturellement, vu de France, on préfère jeter un voile pudique là-dessus. C’est vrai en occident en général, le temple de la consommation. Cela donne au mieux un mouvement comme « me too », qui tente d’arrondir les angles, à coups de protestation symbolique et ciblée. Il dénonce en effet les « débordements » d’hommes abusant de leur situation.
En réalité, le mal est bien plus diffus et ne consiste pas simplement en des acteurs connus, des producteurs de cinéma. En France, dans plus de 90% des viols commis, l’agresseur fait ainsi partie de l’entourage. C’est sordide et ce sordide se répand, dès lors qu’il n’y a pas de civilisation pour encadrer.
Cela, les gens le sentent bien, et c’est pourquoi ils appréhendent des changements sociaux de grande ampleur. Il y a le risque pour eux d’une retombée dans la barbarie. Si on prend la Jamaïque, par exemple, avec une société où il n’y a pas d’ordre fut-il capitaliste ou militaire, où prime le chaos, la grande majorité des femmes a connu des viols.
Cependant, la tendance aux viols s’approfondit dès que l’ordre dominant tombe dans la décadence. Ainsi, au Pérou, il existe un État, ce n’est pas la Jamaïque. Dans la région de Lima pourtant, la majorité des femmes a été violée ; dans la région de Cuzco, c’est autour de 70%. L’inceste est ici un phénomène largement installé.
Cela, les gens ne le voient pas malheureusement, car ils raisonnent de manière binaire. Ils opposent le présent à une situation pire, sans voir que le présent peut conduire à pire, parce que tout s’effondre. C’est en ce sens que la guerre à Gaza est le reflet du crime mondial dans un monde qui s’effondre. Israël qui bombarde Gaza pour raser tous les bâtiments, quitte à ce qu’il y ait des gens dedans, est le pendant du Hamas qui n’a pas hésité à violer et brûler vif lors de son attaque du 7 octobre 2023.
Il y a en ce sens beaucoup d’hypocrisie dans l’émotion autour de l’offensive israélienne à Gaza, meurtrière et dans un contexte général de barbarie. Car dans quel monde vit-on, ne le découvre-t-on que parce que c’est la « terre sainte »? Ce qui se passe à Gaza n’a aucune « originalité » et seuls les islamistes et les pseudos-gauchistes vrais antisémites y verront une spécificité « sioniste ».
Prenons la Syrie, juste à côté. La guerre civile a commencé en 2011. Elle continue encore. Combien y a-t-il eu de morts ? Plus de 600 000, avec une majorité de civils. On y retrouve la même substance que la guerre entre Israël et le Hamas : terroriser et tuer d’un côté, terroriser et tuer de l’autre. Il n’est pas besoin de souligner le caractère horrible de la violence pratiquée.
Si on prend la même période, ce nombre de morts est… l’équivalent de celui des homicides au Brésil. Il n’y a pas la guerre civile au Brésil, mais c’est le tiers-monde. La guerre terrorise et tue, le crime terrorise et tue ; la guerre et le crime se partagent à peu près le nombre d’homicides chaque année.
La guerre à Gaza n’est somme toute que le reflet de la guerre mondiale contre le peuple, du crime comme monstruosité diffuse dont les masses sont toujours les victimes. Armée israélienne, Hamas, armée américaine, cartels colombiens, armée syrienne, islamistes syriens, cartels mexicains, seigneurs de la guerre de l’État islamique…
Alors on peut s’imaginer qu’on peut former pour se défendre une milice locale, comme les zadistes, les zapatistes, les Kurdes de Syrie avec le Rojava… ou qu’on peut partir loin, pour s’isoler, en se repliant sur sa famille, en mode survivaliste. Rien de tout cela n’a de sens, vraiment. L’humanité doit faire son saut, son bond en avant. Elle n’a plus le choix : on s’en sortira tous, ou personne ne s’en sortira. Le Socialisme est la seule option face à l’étalement de la Barbarie !
La polémique de la fin de l’année 2023 sur la musique classique est exemplaire et mérite d’être connue. En voici les étapes.
1. Tout part d‘AOC (Analyse Opinion Critique), qui est une sorte d’équivalent d’agauche.org mais en mode payant et avec une démarche d’universitaire contemplatif. Dans un article (payant), un professeur de l’École des hautes études en sciences sociales – pour faire simple un centre parisien de « sciences sociales » qui est le bastion des bourgeois intellectuels de gauche – attaque Radio Classique.
En voici les traits principaux :
« Radio Classique est une station de radio du groupe LVMH, dirigé par Bernard Arnault. Cet empire est connu pour ses activités dans le secteur du luxe (Louis Vuitton, Moët Hennessy, Fendi, Tiffany, Christian Dior, etc.) […].
Radio Classique se présente elle-même comme « le premier média en France sur la musique classique » que ce soit sur l’écoute, le streaming ou les podcasts. Officiellement, le positionnement de cette station s’ordonne autour de trois axes – la musique, l’information et la culture – mais en fait il est profondément politique et ancré à droite […].
Par « musique classique », on entend « classiquement », si l’on peut dire, la musique occidentale, savante et écrite s’étendant du Moyen-Âge à 1945. C’est sur cette conception, implicitement assumée par Radio Classique que s’appuie cette station de radio.
Fidèle auditeur depuis plusieurs années, j’ai pu noter que la plupart des morceaux de musique diffusés était puisée dans une séquence temporelle s’étendant du XVIIe à la première moitié du XXe siècle, pour résumer de Haendel, Bach et Scarlatti à Mahler et Rachmaninov. Sont donc exclues de ce répertoire ce que l’on nomme la musique populaire occidentale non écrite ainsi que la musique classique contemporaine (Schönberg, Berg, Webern, Boulez, Stockhausen, Messiaen, Cage). Sont exclues également les musiques non-occidentales (…).
Le socle de la programmation de Radio Classique est donc constitué par un bloc musical « blanc » et conservateur. Ce socle fait lui-même partie d’un environnement artistique, culturel et journalistique bourgeois et de droite. »
Radio Classique ou la production d’une culture musicale « blanche » et de bon ton
L’article parle également de :
« la forme « concert » de musique classique, qui est le mode de consommation bourgeois par excellence ».
Radio Classique ou la production d’une culture musicale « blanche » et de bon ton
Cette dénonciation du concert de musique classique comme bourgeois « par excellence » est typique des bourgeois de gauche, avides de décadence anti-historique sous prétexte de modernité. Sous prétexte de critiquer la manipulation du classique par la bourgeoisie conservatrice, on en arrive à un appel au nihilisme moderne.
2. L’article d’AOC, passé forcément inaperçu de par le caractère confidentiel du site, date du 20 novembre 2023. La polémique prend une réelle dimension avec une chronique sur France Culture, le 27 novembre. Dans « Radio Classique, une radio conservatrice ? », la chroniqueuse s’appuie sur l’article d’AOC, pour en accentuer les traits.
Et, il faut le dire, le caricaturer. L’article sur AOC est très sérieux, on peut en rejeter le contenu mais son auteur a indéniablement une solide culture. Ce qui est raconté sur France Culture est par contre du niveau d’un compte Twitter.
« Parlons musique en effet, puisque c’est ça qu’on entend surtout et qu’on cherche quand on écoute Radio Classique. L’article de Jean-Loup Amselle mériterait sans doute d’être approfondi sur cette thèse, selon laquelle le choix éditorial des morceaux passés à l’antenne est à l’avenant des publicités et des contenus parlés : une musique classique qui se situe principalement entre Haendel et Rachmaninov, très peu d’incursions dans la musique du 20e siècle, très peu aussi dans la musique non-occidentale.
Après petite vérification sur le site, qui liste les morceaux passés dans l’heure, c’est une évidence : Bach, Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert/Schumann : la musique classique, c’est comme d’ailleurs pour beaucoup d’autres en dehors de Radio Classique, la musique blanche, composée entre 1680 et 1890 : c’est la musique classique qu’on identifie immédiatement, même si on n’est pas connaisseur, c’est en fait, de la mélodie.
C’est à ce mot que j’ai pensé tout de suite vendredi devant mon poste, à l’écoute de cette fin de sonate de Mozart parmi les plus connues et de ce début de concerto de Bach, un tube du classique, autant de morceaux poncés par la publicité ou le septième art, de chefs-d’œuvre qu’on n’entend plus vraiment ainsi diffusés en playlist, sans être édités, sans commentaire sur la spécificité de leur interprétation – une sorte de bruit de fond, jolie mélodie, très à l’opposé de la culture mélomane.
Dans le fond, Radio classique, c’est un peu le “Chante France” de la musique dite classique. Il y a un devenir variété de ces morceaux juxtaposés ainsi, qui en plus serait une variété des dominants, armée contre le neuf. Pas élitiste, c’est facile d’écouter Radio Classique, seulement bourgeois. »
Le « rap », tel qu’on le connaît depuis les années 2000, se contente de mélodie, par exemple ; il n’y a pas différentes couches musicales se superposant, se renforçant, se combinant. C’est pourquoi Kanye West, Travis Scott, Frank Ocean… ne font pas du « rap », car eux mélangent, combinent, superposent, cherchent à synthétiser.
On pourrait penser que la chroniqueuse de France Culture veut en fait critiquer la musicalité facile, cet esprit d’opérette, voire d’opéra, où l’on retient juste un air sans chercher plus loin. Sauf que ce n’est pas le cas, dans la mesure où la chroniqueuse parle de Bach, Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert/Schumann.
On parle ici de géants de la musique, d’une ingéniosité formidable. Ce que la chroniqueuse dénonce en réalité, ce n’est pas la mélodie, c’est l’harmonie. C’est conforme au capitalisme en guerre contre l’harmonie, car il est décadent, court à sa perte et veut tout prendre avec lui dans les enfers de la destruction.
3. Le Figaro est rentré dans la bataille le 1er novembre 2023. Ce quotidien est conservateur politiquement, mais sur le plan des valeurs il est très libéral à l’américaine, et cette incohérence l’amène à se contredire régulièrement. Ici, il prend les choses politiquement en interrogeant Zhang Zhang, violoniste membre de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo. Elle avait déjà pris la parole dans Le Figarodébut 2021 pour refuser le principe de critères ethniques pour l’appartenance à un orchestre.
Voici ce que cela donne :
« LE FIGARO. – Dans un billet d’humeur sur France Culture, une chroniqueuse s’en prend à la programmation de Radio Classique: «Bach, Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert/Schumann : la musique classique, c’est comme d’ailleurs pour beaucoup d’autres en dehors de Radio Classique, la musique blanche, composée entre 1680 et 1890 […] très à l’opposé de la culture mélomane». En tant que violoniste, quel regard portez-vous sur ces propos ? »LE FIGARO. – Dans un billet d’humeur sur France Culture, une chroniqueuse s’en prend à la programmation de Radio Classique: «Bach, Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert/Schumann : la musique classique, c’est comme d’ailleurs pour beaucoup d’autres en dehors de Radio Classique, la musique blanche, composée entre 1680 et 1890 […] très à l’opposé de la culture mélomane». En tant que violoniste, quel regard portez-vous sur ces propos ?
ZHANG ZHANG. – Tout d’abord, quels sont les critères pour être «mélomane» ? Qu’est-ce que la culture mélomane exactement ? Y a-t-il une liste spécifique de musique qu’ils doivent apprécier pour se qualifier ?
En tant que musicienne classique non-blanche, et comme pour des millions de personnes sur cette planète, ce qu’ils appellent la «musique blanche» est considéré comme un patrimoine commun célébrant notre humanité.
Partout dans le monde, des artistes et des mélomanes de toutes origines et de toutes cultures écoutent, apprennent, partagent, jouent et apprécient cette musique. »
Zhang Zhang: «Quand France Culture s’offusque que Radio Classique diffuse de la musique… classique»
C’est une défense de l’universel, mais qui a des limites. Zhang Zhang fait en effet ensuite l’éloge du libéralisme où chacun peut apprécier ce qu’il veut, et qu’on laisse les gens qui apprécient la musique classique en écouter, sans avoir à leur dire de le faire ou de le faire différemment.
4. La Gauche historique défend la musique classique et le classicisme en général, au nom de l’héritage historique. Si Bach, Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert/Schumann sont des classiques, c’est d’ailleurs avant tout parce qu’ils ont réussi à intégrer les airs populaires de leur époque, cette musicalité du peuple qui flotte dans la culture, dans leurs propres œuvres. Il suffit de s’intéresser à leur parcours pour voir comment ils sont ancrés dans la musique populaire.
Naturellement, le capitalisme veut tout dissoudre en marchandises et partant de là, récuse le classicisme. C’est récent, car jusqu’à 1989, la bourgeoisie faisait tout pour s’approprier à l’inverse la musique classique, afin de se prétendre porteuse de civilisation.
D’où un conflit inévitable entre les bobos « modernes » qui veulent du bruit et rejettent le principe d’harmonie, et les bourgeois « à l’ancienne ».
Mais les bourgeois « à l’ancienne » peuvent-ils encore porter la musique classique ? Absolument pas. Là est la différence entre les bobos de gauche qui veulent supprimer la musique classique et la gauche historique qui considère que le prolétariat doit sauver la musique classique.
Radio Classique appartient en effet au groupe Les Échos-Le Parisien, au même titre que les quotidiens Les Échos et Le Parisien, la revue mensuelle Connaissance des arts, la chaîne Mezzo, le site Boursier.com et l’institut Opinion Way. Ce groupe appartient lui-même à LVMH – Moët Hennessy Louis Vuitton, où on retrouve Louis Vuitton et Christian Dior, les champagnes Moët & Chandon et Dom Pérignon, les montres et bijoux Bulgari et TAG Heuer, les magasins Le Bon Marché et Sephora, etc.
On a là affaire à un monopole et ce monopole appuie à la fois l’esprit de marchandisation généralisée et l’art contemporain, les deux allant de pair. Partant de là, la musique classique est forcément condamnée. Il y aura des concerts de musique classique tant que des gens au-dessus de trente ans seront encore suffisamment éduqués pour en apprécier ou du moins en respecter la signification. Mais plus ces générations disparaîtront et plus le capitalisme procédera à la liquidation de la musique classique.
Il suffit d’ailleurs de voir que, disposant de toujours moins de culture, les bourgeois « mélomanes » tendent à une musique classique de prêt à porter et d’entre-soi, sans esprit ni profondeur, ce que dénoncent à juste titre les bobos de gauche… Sauf que les bobos de gauche ont comme réponse à ce problème le culte du bruit nihiliste et subjectiviste, présenté comme « contemporain ».
C’est pourquoi, en réalité, le camp du Socialisme gagnera forcément à lui des bourgeois éduqués, désireux de préserver l’héritage. C’est ce qui arrivé au moment de la révolution russe, où nombre de compositeurs qui avaient pris la fuite sont revenus et ont participé à la culture soviétique. Il est bien connu que l’URSS est indissociable de la musique classique, tout comme en architecture le classicisme était la grande orientation (ainsi que dans les démocraties populaires, en RDA par exemple).
Il ne faut pas se faire piéger par les bobos modernes nihilistes ni les conservateurs idéalistes asséchés ; il faut préserver l’héritage, se mettre à son niveau, et ainsi être reconnu historiquement comme les porteurs réels de la civilisation.
Qu’il en soit comme à la fin de la Flûte enchantée, où l’obscurité est chassée, alors que triomphent les Lumières et l’ordre harmonieux… « Lumière éternelle, Dissipe la nuit, Détruis la puissance Conquise par l’erreur ! Paix à vous, mes frères, O vainqueurs de la Nuit ! »
La drogue s’est infiltrée à tous les niveaux de la société. La France est aujourd’hui la championne de consommation de cannabis en Europe avec près de 5 millions de consommateurs annuels. Quant à l’ecstasy et la cocaïne, elle a pareillement explosé ces 20 dernières années avec des centaines de milliers de consommateurs par an pour un prix au gramme à Paris passé de 150 € il y a quelques années à 60/80€ aujourd’hui.
Tout cela sans compter sur une jeunesse qui a relativement délaissé « fumette » et alcool pour mieux expérimenter les drogues de synthèse tels que par-exemple les opiacés.
Cette explosion de la consommation serait impossible sans l’emprise accrue des mafias à tous les étages de la société, et notamment dans les sphères institutionnelles, à commencer par les douanes et la police mais aussi les ports, porte d’entrée sur l’Europe pour les mafias. Il suffit de voir les multiples faits divers concernant le personnel des docks des ports de France dans la presse ces dernières années pour s’en convaincre.
En novembre 2022, un rapport du sénat alertait d’ailleurs sur le risque que le France devienne un « narco-État » 2.0, quelques temps après qu’un docker du port du Havre, Allan Affagard, a été sauvagement tué par des mafieux liés au trafic de cocaïne le 12 juin 2020.
Aux Pays-Bas, la mafia est tellement conquérante qu’elle se permet de menacer la vie du Premier ministre Mark Rutte, l’obligeant à se balader en permanence avec des gardes du corps, tout comme en Belgique le Ministre de la Justice échappait de peu à une tentative d’enlèvement en septembre 2022.
C’est que la production et le trafic explosent, comme au port belge d’Anvers où ce sont 110 tonnes de cocaïne qui ont été saisies en 2022 contre seulement 16 en 2015, témoin de l’Europe comme débouché face à un marché américain saturé. Et les ports d’Anvers, de Rotterdam et du Havre sont naturellement les principales porte d’entrée.
Le rapport du sénat français appelle ainsi à la mise en place d’une opération « Mains propres » comme celle qui a eu lieu en Italie dans les années 1990 où le dévoilement de l’ampleur de la corruption aboutissait à la chute des deux principaux partis politiques au pouvoir depuis 1945. Un rapport sur une situation catastrophique qui est passée inaperçu.
Nous ne sommes plus en 1990 : une telle opération contre la corruption institutionnelle par les trafiquants de drogue en France aurait des conséquences bien plus profondes que celles encore dans l’Italie des années 1990. Car la réalité c’est que la France a abdiqué, comme l’atteste la prise en compte dès 2018 du trafic de drogues par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) pour le calcul de la richesse intérieure (PIB) de la France.
La France craque sous le poids de sa propre inertie d’ « en haut », avec une corruption institutionnelle de plus en plus massive, et d’ « en bas » avec un peuple apathique qui laisse les drames et la déchéance s’installer.
De manière générale, c’est tout un trait d’esprit national qui a failli. De la critique des « paradis artificiels » de Charles Baudelaire à la peinture naturaliste de l’Assommoir par Émile Zola, les français ont préféré relativiser pour finir par accepter la drogue (et ses conséquences) en ce début de XXIe siècle.
Une acceptation qui coûte déjà cher, très cher. Comme cette jeune femme de 24 ans tuée par des balles de kalachnikov dans son appartement après une descente de mafieux pour intimider des rivaux dans un quartier du 13e arrondissement de Marseille au cœur de l’été 2023. Une ville dont certains policiers évoquent sa « mexicanisation », notamment avec l’expansion de résidences privées ultra-sécurisées, tels les « gated communities » américaines.
Ou le drame sordide du 21 août 2023 dans le quartier Pissevin à Nîmes où un jeune garçon de 10 ans a été abattu de sang-froid dans une voiture alors qu’il revenait d’une soirée au restaurant avec son oncle et son petit frère de 7 ans.
Ces évènements apparaîtront demain comme le symbole d’un craquage général de la civilisation.
Un craquage d’autant plus frappant qu’il ne se passe rien à ce sujet alors qu’on peut avoir des semaines d’émeutes pour la mort d’une jeune délinquant routier… Et on assiste à une spirale négative puisque la seule perspective que semble offrir la bourgeoisie c’est la fuite en avant avec une légalisation du cannabis qui a pourtant montré ses effets pervers sur le renforcement des mafias et régressifs sur les plans sanitaires dans les États légalisateurs dans les années 2010, tels l’Uruguay dès 2013.
Même l’extrême-droite est aux abonnés absents, et c’est tout à fait révélateur. En 2023, il apparaît qu’en finir avec les drogues et leurs trafics ne peut passer par une simple « remise en ordre », une « fermeté policière et judiciaire » mais doit passer par la construction d’un nouvel ordre débarrassé des maux de l’ancien monde. « Il y a tout à revoir », voilà ce qui ressort de manière générale car la drogue et son trafic condensent l’ensemble des problèmes d’une société capitaliste en chute libre.
Il y a besoin d’un tel électrochoc général : viser la révolution dans ce pays ne peut se faire sérieusement sans avoir pour objectif le règlement de cette problématique populaire. Et tout le monde sait bien au fond de lui qu’au rythme où vont les choses, cela finira avec la constitution de milices populaires contre les dealers… et les consommateurs.
Il est même tout à fait probable que l’apparition d’un mouvement de ce type soit le prélude à l’enclenchement d’un processus plus large de remise en cause de l’ordre existant. Et dialectiquement de rétablissement de l’ordre tout court, mais nouveau, car socialiste.
En 2023, les drogues de synthèse n’existent que de manière marginale en France. Considérer qu’il existe un 24 heures sur 24 du capitalisme aboutit toutefois inévitablement à l’affirmation que celles-ci vont s’imposer et s’installer.
Elles répondent en effet à toutes les exigences de ce 24 heures du 24 du capitalisme. Faciles à produire, faciles à distribuer, elles répondent aux attentes des populations totalement déboussolées vivant dans le capitalisme avancé. Le zombie drogué est le pendant du zombie consommateur. Mais pas seulement : même pour travailler, les drogues sont devenues un support parfois nécessaire pour tenir le choc.
C’est là justement où les drogues de synthèse forment un saut dans la barbarie. Elles combinent fuite, dimension « récréative », intensité forcenée. Anti-douleur ou excitation rapide, mise de côté des angoisses, oubli des souffrances et coup de boost : voilà pour résumer la « magie » des drogues de synthèse. En fait, le capitalisme triomphant a tout simplement modifié le rapport aux drogues.
Et les drogues qu’on pouvait trouver naturellement étaient utilisées comme support au sein de religions établies. Ces drogues bouleversaient les esprits et ce bouleversement chimique était imaginé comme un accès à l’au-delà. Par la suite, se détachant de la dimension mystique, l’humanité a développé des drogues récréatives, se faisant piéger par le cannabis ou l’opium. Ici, on est dans une fuite assumée de la réalité, dans une optique de nervosité effacée.
Tout a changé depuis. La fin du 20e siècle a été marqué par le développement important de la chimie dans le domaine des drogues, avec surtout naturellement la superpuissance américaine, par les laboratoires des grandes entreprises pharmaceutiques, mais également l’armée américaine. On a notamment Alexander Shulgin qui a dressé un véritable catalogue des drogues de synthèse.
Puis, l’expansion capitaliste massive de 1989 à 2020 a permis un accès facile et aisé au matériel et aux matières premières pour fabriquer des drogues de synthèse. Après une première période artisanale criminelle, notamment romancée dans une série typiquement décadente comme « Breaking bad », on est désormais passé au niveau industriel.
Encore fallait-il un terreau pour cela. Il a été fourni par la crise sanitaire au sein de la superpuissance américaine. Le caractère misérable des soins accordés a permis à certaines entreprises de diffuser en masse des anti-douleurs. Outre que cela a provoqué de l’accoutumance et des décès, cela a été la porte ouverte à un trafic d’anti-douleurs produits dans des laboratoires mexicains avec des matières premières achetées en Chine.
Il va de soi que la superpuissance chinoise était bien consciente des enjeux qu’on trouve ici, tout comme avec TikTok dont l’utilisation est largement restreinte dans son pays d’origine. Les drogues sont un vecteur d’importance stratégique ; un autre exemple significatif est la production massive désormais par la Syrie d’une drogue de synthèse, le captagon.
Et, donc, la crise des « opioïdes » est massive aux États-Unis désormais ; avec 90 000 morts par an, San Francisco envahi par des zombies en quête de « Fentanyl », le désastre est complet. Mais c’est également un modèle.
Une drogue de synthèse, en effet, ne nécessite pas de disposer de matières premières agricoles, comme pour le cannabis et le pavot. Pas besoin d’une agriculture maîtrisée, pas besoin de les transporter clandestinement non plus. Les quantités demandées sont de plus infimes. Rien que les saisies américaines de fentanyl en 2022, 4,5 tonnes, suffiraient à tuer l’ensemble de la population américaine.
Jusqu’à présent, les experts bourgeois relativisent tout cela, en disant qu’aux États-Unis, il y a une dépendance aux anti-douleurs, qui n’existe pas ailleurs. Sauf qu’en réalité, il y avait juste un développement inégal et maintenant le fléau installé, il va se systématiser. Déjà en septembre 2023, l’Agence régionale de santé (ARS) de La Réunion constatait que les drogues de synthèse étaient présentes (protonitazène et étonitazène, plusieurs centaines de fois plus puissants que l’héroïne et la morphine). La Réunion connaît également les cannabinoïdes synthétiques, une version synthétique du cannabis sous forme de poudre, d’huile, de liquide ultra-concentré.
Et l’État, prisonnier de la forme en raison de sa nature bourgeoise décadente, a souvent un train de retard. Il faut en effet que la combinaison chimique employée pour une drogue de synthèse soit interdite officiellement de la part d’un État. Ce n’est pas la drogue qui est interdite, mais telle ou telle forme chimique. Il suffit donc parfois aux criminels de jouer sur quelques éléments pour contourner la loi. Cela permet un espace énorme pour les dealers qui vendent massivement sur internet des « sels de bain », de « l’engrais », de « l’encens », sans rien risquer, en inventant une nouvelle forme de drogue chaque semaine !
Avec de la « créativité » perverse. Une drogue comme la 3-MMC combine les effets de la cocaïne, de la MDMA et des amphétamines. C’est l’une des drogues mise en avant dans les soirées LGBT « Chemsex », des orgies avec utilisation massives de drogues qui ont largement été mises en avant dans la presse « branchée ». Les drogues de synthèse, ce n’est plus l’ancien monde du cannabis (d’ailleurs lui-même largement modifié en fait), de la cocaïne et du LSD. C’est un « horizon nouveau » pour le 24 heures sur 24 du capitalisme.
La fuite en avant dans les drogues synthétiques correspond tout à fait au rythme capitaliste, tant du point de vue du producteur que du consommateur. Il est capable de répondre à toutes les situations, tous les besoins. C’est une tendance inéluctable. Le Rapport européen sur les drogues 2023 constate lui-même que les drogues de synthèse s’affirment. La mondialisation du phénomène se lit également quand on voit l’avancée du tramadol en Afrique de l’Ouest et du Centre (où 10 % de la population consomme du cannabis par ailleurs). La méthamphétamine est en train de se lancer massivement au Mexique, alors qu’elle est déjà fortement présente en Asie de l’Est et du Sud-Est.
Dans un tel panorama, il est évident que seul le Socialisme peut proposer une réponse, car la réponse ne peut qu’être collective. Destruction militaire des mafias et refonte culturelle de la population, voilà la solution nécessaire, qui ne peut être mise en place que par le peuple en armes, car rien ni personne ne doit échapper au processus d’éradication du fléau.
Le Nouvel Ordre nécessaire implique un combat acharné et sans pitié contre les drogues de synthèse, cette sinistre réalité si conforme au 24 heures du 24 du capitalisme. Tout compromis sur ce plan, avec les drogues en général même, ramène au vieux monde. A la différence ici que les « vieilles » drogues étaient des fuites à rejeter, et que les nouvelles relèvent d’une participation coûte que coûte à un monde en perdition.
De la drogue en mode petit-bourgeois passif ou aristocrate prétentieux, déjà méprisable et condamnable, on passe aux drogues pour « tenir », pour se « précipiter », pour « aller de l’avant ». C’est là un accompagnement du capitalisme du 24 heures sur 24 de la vie quotidienne et donc un ennemi complet.
Et ce seront les femmes qui seront en première ligne contre le fléau : les mafias sont constitués d’hommes, les consommateurs sont en quasi totalité des hommes. Ce n’est pas pour rien !
Le capitalisme parvient à neutraliser les contradictions de classe au moyen d’une vie quotidienne purement individualisée. Quels sont les centres d’intérêt des gens au quotidien?
Déjà, il faut bien voir que c’est le smartphone qui est l’outil principal de ces centres d’intérêt. C’est un énorme problème, car les gens ont alors d’un côté une attitude purement passive, crédule, et de l’autre leur « activité » tient seulement aux achats, à fournir des informations aux entreprises, à se retrouver dans des bulles ou des boucles où ils s’enferment.
L’effacement de l’ordinateur au profit du smartphone est un véritable problème historique. On aurait pu avoir des gens réfléchissant, écrivant, échangeant, imprimant… et on a des gens sur leurs téléphones, intégrés au 24h sur 24 du capitalisme.
Que font donc les gens? Vers quoi se tournent-ils? Grosso modo, on a :
l’actualité
les jeux
l’actualité sportive
les ragots sur les stars
les restaurants et les recettes de cuisine
Facebook, Instagram, Twitter, etc.
TikTok et les vidéos en général
le shopping en ligne
la musique
la communication par messenger, Whatsapp, etc.
interagir en rapport avec son emploi
les applis de « drague »
Si on regarde bien, on a ici la quasi-totalité des centres d’intérêt des gens. Bien entendu, sur le plan personnel, chaque personne a des approches bien spécifiques ; les nuances sont innombrables. Pourtant, on sait qu’au fond c’est vrai.
Dans le 24 heures sur 24, il n’y a aucun espace pour ce qui dure, pour ce qui a de la profondeur, pour ce qui correspond à une activité consciente. Il ne faut pas chercher ailleurs l’échec complet du mouvement de protestation et de grèves contre la réforme des retraites en France en 2023. Les gens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
On sait comment la quasi totalité de la Gauche française a capitulé devant tout cela. Elle s’est aligné sur cette nouvelle vie quotidienne par le smartphone, car il faut bien souligner que c’est un mode de vie récent. Elle a cédé au populisme, au racolage, à l’éphémère, tout ce qu’exige les réseaux sociaux et la consommation du 24 heures sur 24 du capitalisme.
On peut même dire que le smartphone a tué la Gauche et le principe de conscience. On ne peut rien faire de prolongé avec un smartphone, on ne peut qu’aborder les choses, donner un avis, interagir brièvement. Le smartphone est un vrai problème de civilisation, en fait et sans lui, le capitalisme aurait un tout autre visage, du moins pour la question du rythme imposé aux gens.
Le smartphone profite en effet de l’immense accumulation de sons et d’images permises par la technologie, et l’intelligence artificielle en ces domaines va encore davantage accentuer le trait. Avec le smartphone, on peut remplir à fond la tête des gens, et les résumer à des centres d’intérêt qui ne vont pas loin du tout. C’est comme ça que le capitalisme se maintient.
Dans le 24 heures sur 24 du capitalisme, les gens deviennent des zombies, car leur énergie psychique est épuisée. On ne fait pas la révolution avec une jeunesse qui regarde de courtes vidéos de quelques secondes pendant des heures et des heures chaque jour. Il faut noter ici la contradiction d’ailleurs. Le capitalisme parvient en fait à former de l’engagement, mais un engagement bref, superficiel, incapable d’autonomie. C’est un véritable détournement des besoins humains d’épanouissement dans la consommation permanente.
Il est évident que la question de l’Art, de la beauté, de la sensibilité, est amenée dans un tel panorama à jouer un rôle de plus en plus important. Le capitalisme impose un monde de laideur sans profondeur, de fausse fantaisie toujours plus grotesque pour maquiller son vide. Et le rythme toujours accéléré du smartphone est là pour empêcher d’avoir du recul sur tout cela.
Comment la France va t-elle s’en sortir ? La question est dans toutes les têtes et forme un tel vertige qu’en débattre est exclu. Les esprits s’enivrent, les âmes vacillent et la discussion politique est toujours plus réduite, plus taboue tant les implications sont vastes.
On peut bien discuter des difficultés de la vie, de telles ou telles choses liées à l’actualité mais poser les choses du point de vue politique est interdite. Encore moins si l’on a une prétention idéologique. Si l’on regarde correctement les choses, on ne peut que constater à ce point de vue une coupure majeure entre les années d’avant 2010 et celles d’après 2020.
Il y a encore quelques années, parler de « capitalisme » était autorisé même si cela était une sorte de pensée commune sans surface critique et scientifique, il n’en restait pas moins vrai qu’une discussion impliquant un effort et une attention même minime était envisageable. Cela pour le capitalisme, mais également pour des tas d’autres choses comme la musique, l’actualité, l’écologie, les relations de la vie elle-même…
En 2023, cela est toujours moins permis. Non pas qu’il y ait une barrière formelle, des lois répressives comme le diffuse les petits boutiquiers du mensonge, mais bien que la pression psychique sur les gens est telle que toute discussion au-delà du quotidien immédiat est proscrite. On peut bien parler de grandes sujets, comme le réchauffement climatique, la guerre, l’exploitation salariée, etc., mais cela restera au stade élémentaire.
C’est là une donnée issue de la pandémie de Covid-19, avec des confinement qui ont permis de se poser, de revoir les choses ou pour le dire d’uploader sa vie, ou plutôt la vie dans une nouvelle configuration. Mais en réalité, l’upload a buggé. Le téléchargement des nouvelles données avait bien commencé mais il s’est crashé à 10 ou 20 % du processus…
Le bug a forcé les gens à continuer à vivre dans un autre mode. Penser que les gens sont dans le déni de l’après Covid-19 est donc erroné. Le déni est derrière eux, les gens sont passés en mode sans échec. Toute programmation psychique qui demande un effort dans lequel l’activité cérébrale est tendue vers un aspect collectif prolongé est indisponible.
Les gens vivent sur un mode élémentaire et la seule chose dont ils leur est permis d’avoir conscience, c’est que ce mode est précisément voué à l’échec. Dans le mode sans échec du capitalisme, c’est l’élémentaire et l’immédiat qui prime sur tout.
S’il y avait seulement déni, on ne pourrait comprendre par exemple les émeutes de la fin juin 2023. L’émeute anarchique avec pour arrière-plan l’ « anti-flic » relève d’un tel mode sans échec : le réel n’est pas nié mais filtré par un logiciel sans les pilotes permettant la navigation (l’interprétation) complexe.
Cela est visible dans le rapport aux règles de vie civique, le respect de la nature et des animaux, les relations amoureuses, le rapport au travail, etc. Dans le mode sans échec, ce qui manque c’est justement le pilote qui permet la conscience du rapport social.
Le rapport au travail justement est l’expression typique du phénomène. Il n’y a plus investissement au travail avec l’idée qu’on est là dans un rapport collectif mais une présence sur le mode simple. Il n’est pas question de regretter en soi ce phénomène issu de la réalité du capitalisme, mais d’un autre côté tout révolutionnaire part de cette réalité qui lui lègue des gens leur étant indisponible, voir même indisposé.
Évidemment, la bourgeoisie s’en émeut mais n’y peut rien car elle-même est passée sur ce mode. Il n’y a qu’à voir comment l’endettement du pays l’effraye et dont elle sait qu’il va falloir faire travailler les gens plus, beaucoup plus, avec moins d’acquis sociaux mais il lui faudrait pratiquement un régime policier, voir fasciste pour cela. Une telle programmation complexe lui est hors de portée.
La France va t-elle s’en sortir ? Sûrement pas et tant pis se disent les français puisque de toute manière le mode sans échec ne dure qu’un temps. La France va donc au crash et il sera l’espace de débogage.
Le 21e siècle voit son premier quart déjà se terminer et la France n’a plus rien à voir avec celle des années 1970. De conservatrice et timorée, elle est devenue libérale et consumériste. Prolétariat, bourgeoisie? Ces classes sont toujours là et forment le cœur de la société. Mais désormais on est comme aux Etats-Unis, ce sont les petits-bourgeois et les déclassés qui donnent le ton. Outrance, mauvais goût, absence de valeurs (bonnes ou mauvaises d’ailleurs), immédiatisme prétentieux, égocentrisme à tout prix…
Sans conscience ni sensibilité, les gens en France s’imaginent qu’il suffit d’arriver et de dire quelque chose, et c’est censé avoir une valeur en soi. L’idée même d’un travail approfondi pour découvrir la substance des choses leur est fondamentalement étrangère. L’importance des réseaux sociaux dans cette décadence est naturellement centrale. N’importe qui peut y raconter n’importe quoi et s’imaginer être « réel ».
L’affaire du jeune Nahel, délinquant tué par un policier alors qu’il refusait d’obtempérer après 26 min de course poursuite dangereuse, est un excellent exemple de cette fuite en avant dans le show capitaliste. Surréactions, foire d’empoigne, ce fut la célébration de l’ego à tous les étages. Même les dénonciateurs conservateurs (comme Jean Messiha) ont fait partie de cette déchéance, puisqu’ils participent à cette foire aux réseaux sociaux sur un mode consommable.
Tout a consisté en de la réaction brute, en mode « moi je ». Avec comme point culminant une mère qui se met en scène en faisant hurler le moteur d’une moto, au milieu de jeunes hommes en plein délire patriarcal le plus primitif, alors qu’elle vient de perdre son enfant… Il faut vraiment que le capitalisme aliène pour qu’on atteigne un tel degré de manipulation, de négation des sentiment maternels.
Le pire est que les idiots autour de la mère de Nahel ont cru l’aider, alors qu’en fait c’est de l’esbroufe. On ne compense pas les difficultés de la vie par le bruit, fut-il égocentré, capitaliste !
Les émeutes des cités banlieue de fin juin 2023 sont à ce titre exemplaires, tellement elles sont dans leur nature l’inverse de celles de 2005. Elles prennent prétexte de la mort d’un délinquant, mais ne reposent que sur des egos hypertrophiés se mettant en scène. Rien à voir avec les émeutes de 2005 où on savait depuis plusieurs années avant que cela allait craquer et où il y avait énormément de gravité dans les événements. D’ailleurs, à l’époque, tous les mouvements politiques (à part les maoïstes) étaient sous la table et dénonçaient la révolte, y compris les plus à gauche du spectre politique. Alors que désormais, dans le capitalisme, c’est par définition la surenchère populiste permanente.
Pourquoi ? Parce que tout est prétexte à une affirmation de soi et une affirmation de soi seulement. Les gens ne s’attachent à aucune valeur, à moins que ce ne soit « leurs » valeurs, leur propre aventure. On en a une preuve simple. Même ceux assumant une religion de manière rigoriste sont simplement dans la posture. Ils ne généralisent pas leur position censée être pourtant universelle, puisque Dieu est à tout le monde. Ils se focalisent toujours sur leur propre ego et si jamais ils font du prosélytisme, c’est toujours avant tout pour se rassurer eux-mêmes. C’est flagrant : même les gens religieux consomment leur religion.
La société française, capitaliste, est une société sans esprit, sans âme. Ses membres agissent tels des consuméristes errants, sans but ni vision du monde, au jour le jour, sans état d’âme ni profondeur d’esprit. Ils sont incapables de se déterminer, de s’orienter avec une perspective historique. Ils s’imaginent prendre les choses telles qu’elles sont, et donc ils en ratent tant le sens que la profondeur.
Que peut-il alors spontanément sortir d’une telle société? Absolument rien de bien. C’est pourquoi la Gauche historique a toujours dit : attention, le rôle de la conscience est primordial, les anarchistes ont tort de célébrer l’individu alors que c’est le propre du capitalisme de promouvoir l’égoïsme et l’égocentrisme. Les gens qui réagissent spontanément dans le capitalisme consomment, ils réagissent à des impulsions capitalistes, ils n’ont aucun aperçu ni sensibilité, ils sont dans le consumérisme et l’ego.
Le Socialisme, c’est justement l’affirmation de l’envergure des choses, le recalibrage de l’humanité dans la dialectique de la personnalité et de la société, à rebours de l’incohérence de l’individu avec une société capitaliste exploiteuse et aliénante.
Ce qui est en jeu, c’est en fait la question de la recomposition du prolétariat. Que la bourgeoisie soit décadente, il ne peut pas en être autrement. Surtout avec une bourgeoisie française qui a accepté de se soumettre à la superpuissance américaine. Mais où est le prolétariat? Là est la question réelle. Il est forcément là, il ne peut pas en être autrement. Seulement, le prolétariat est atomisé, individualisé, déboussolé. Il existe objectivement, mais subjectivement il faut le recomposer, car le capitalisme a tout fait pour l’empêcher de se saisir en tant que classe. La corruption au moyen de l’exploitation du tiers-monde a joué ici un rôle majeur.
Dans tout événement, c’est ça le fil conducteur : la recomposition de la classe. Pour cela, il faut prendre de la hauteur, s’orienter toujours par rapport à la question de la conscience. Et ne jamais courir derrière les petits-bourgeois et les déclassés, ces sous-produits d’un occident moribond !
Le capitalisme transforme tout selon ses besoins et, pour cette raison, il n’est pas conservateur. En même temps, le capitalisme profite de ce qu’il a mis en place et en ce sens, il est conservateur. Si l’on reste prisonnier de cette opposition, alors on s’imagine qu’être de droite c’est être conservateur, être de gauche progressiste, ou inversement qu’être de droite c’est être libéral, et être de gauche pour le « maintien des acquis ».
Si on dépasse cette opposition, on est alors amené à valoriser le classicisme. Le classicisme, c’est en effet le maintien de certaines valeurs à travers les changements. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’évolution, mais celle-ci se déroule dans un cadre de valeurs bien déterminées. C’est la civilisation, au contraire du capitalisme qui lui est hyper corrosif et abîme tout.
La civilisation humaine exige la hauteur d’esprit, l’harmonie de la construction, l’envergure mentale et psychologique, la profondeur des émotions, la beauté du goût. Les 16 fondements de l’urbanisme établis en République Démocratique Allemande au début des années 1950 forment un excellent exemple d’une telle exigence.
Le classicisme, c’est ce qui se maintient malgré tout. Il y a des classiques en littérature comme en musique, en sculpture comme en peinture. Dans tous les domaines, il y a des classiques, qui ne sont pas des modèles, mais les meilleures productions du passé. On ne peut qu’être en continuité avec elle.
Le capitalisme implique inversement le renouvellement absolu des marchandises, il ne laisse donc aucun espace possible au classicisme. Il fait la promotion du subjectivisme. La fantasmagorie de « changer de sexe » est le paroxysme du culte absolu de l’ego consumériste qui « façonne » sa réalité au moyen de choix consommateurs.
Le capitalisme désormais tout à fait développé supprime donc l’idée même de classicisme. Il n’y a plus aucun domaine où le capitalisme fait semblant d’assumer une continuité culturelle. Tout est renouvelable, tout est renouvelé, de manière ininterrompue. Même les Beatles ou Mozart apparaissent comme des fantômes du passé, des reliquats d’une époque de toute façon lointaine et obscure.
Ce qui compte, pour le capitalisme, c’est le présent de la consommation. Pour les plus souffrants de cela, il y a la religion pour apporter de la transcendance. La consommation se maintient cependant, toujours victorieuse, toujours hyperactive. Il ne saurait y avoir de classiques à l’époque de Facebook, Instagram, Tiktok et Twitter.
Il n’y a pas de place pour la peinture de Léon Lhermitte, admirable peintre réaliste du 20e siècle, à une époque où ce qui compte c’est la nature consommée d’un produit. Rien ne doit pouvoir se maintenir et devenir culture, rien ne doit dépasser le cadre du marché.
Dans les années 1960, il y a eu en France des révolutionnaires. Ils n’avaient aucune chance de réussir : quelle crédibilité avaient-ils face à des bourgeois maîtrisant un haut niveau de culture, d’intellect, de mœurs ? Désormais totalement décadente, la bourgeoisie ne fait même plus semblant. Elle a jeté toute prétention de continuité culturelle par-dessus bord.
La bourgeoisie française se conçoit comme un simple appendice de la bourgeoisie américaine, au point que tous les enfants des classes supérieures vont faire des études aux États-Unis, ou bien en Angleterre ou dans un autre pays, suivant les moyens. La bourgeoisie française est devenue cosmopolite ; que ce soit le bobo de l’Est parisien ou le bourgeois « old money » de l’ouest parisien, tous ont presque la même mentalité, pratiquement les mêmes approches, au fond la même sensibilité.
Libéralisme et relativisme ont des poids différents chez les uns et chez les autres, mais tous sont d’accord pour procéder à la grande liquidation. Tout se vend, tout s’achète, on peut discuter à quel prix et dans quelle mesure, mais c’est la tendance de fond.
Il n’est plus de place pour l’harmonie, pour le sens classique. C’est tellement vrai que le réalisme socialiste est absolument incompréhensible pour les bourgeois. Ils n’ont jamais su ne serait-ce que comprendre le concept. Quiconque a compris le classicisme saisit inversement tout de suite le réalisme socialiste soviétique dans l’architecture par exemple : rien qu’à voir, on comprend directement.
Le capitalisme a supprimé en pratique les catégories de beau, de laid, d’harmonieux, de constructif… car ce qui l’intéresse, c’est une mentalité maladive de consommation sans cesse renouvelée. C’est la tentative de supprimer l’Histoire, la continuité de la culture, tout ce qui aboutit à des sauts dans le domaine de la civilisation. Le capitalisme enserre tous les domaines de la vie, afin d’empêcher qu’on le remettre en cause.
Le classicisme est à ce titre révolutionnaire. Il représente la possibilité d’une continuité de l’Histoire, d’une transformation de l’Histoire vers le meilleur. Qui se place en-dehors du classicisme se place en-dehors de l’Histoire, en-dehors de la vie elle-même… et se retrouve condamné à errer dans une consommation permanente, sans signification ni sens.
Le drapeau rouge porte en ce sens le classicisme, comme vecteur de la civilisation harmonieuse !
Le ministère de l’Intérieur annonçait en mai 2022 qu’il menait une réflexion pour assouplir le Code de la route avec l’accord du Président. Il s’agissait de ne plus retirer un point aux conducteurs sanctionnés d’un excès de vitesse considéré comme « petit », c’est-à-dire de moins de 5 km/h au-dessus de la vitesse réglementaire.
Depuis, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a réfléchi et a tranché. A partir du 1er janvier 2024, il n’y aura plus de point retiré pour un excès inférieur à 5km/h au dessus de la limite. C’est une défaite terrible pour la sécurité routière.
Le gouvernement prétend, en se basant sur un rapport de la Cour des comptes, qu’en lâchant du lest ici, il pourrait éventuellement gagner ailleurs et améliorer la sécurité routière. C’est irrationnel et mensonger, mais tellement typique des mœurs libérales qui polluent la France et les Français, incapables de discipline collective.
C’est irrationnel et mensonger car dans la pratique, les excès de vitesse de moins de 5 km/h sont déjà considérés comme petits, et donc peu sanctionnés. C’est le principe du permis à point. On en a 12 (ou seulement 6 pendant les trois premières années de permis) et si on en perd un, il est automatiquement renouvelé au bout de six mois (sauf nouvelle infraction, évidemment).
Où est le problème dans ces conditions ? A moins de vouloir aller dans le sens des gens qui roulent systématiquement vite et qui prétendent que ce n’est pas si grave ! Il ne faudrait surtout pas perturber la petite bulle auto-centrée qu’est l’habitacle de leur voiture chérie…
Ajoutons également le fait que dépasser la vitesse de 5 km/h, cela signifie avoir déjà dépassé deux marges. La première, c’est le compteur de la voiture, qui surestime la vitesse réelle. La seconde, c’est l’abattement automatique de la vitesse retenue par les appareils de mesure, pour considérer une marge d’erreur. Jusqu’à 90 km/h, c’est 5km/h. Au delà, c’est un pourcentage.
Concrètement, il faut rouler à 56 km/h en vitesse réelle pour être sanctionné d’une vitesse retenue à 51 km/h. Et donc, à l’affichage sur le compteur de la voiture, on est en général déjà à 60 km/h.
À grande vitesse, l’écart est plus important. Il faut rouler à 116 km/h vitesse réelle (donc plutôt à 120 km/h sur le compteur de la voiture) pour une vitesse retenue de 111 km/h. Il faut rouler à 137 km/h vitesse réelle (donc au-delà de 140 km/h sur le compteur de la voiture) pour une vitesse retenue de 131 km/h.
Et encore, cela ne concerne que les radars fixes automatiques, qui sont annoncés par un panneau, ainsi que par des applications GPS ou des cartes (ce qui devrait êtres interdit !). Pour les radars mobiles, c’est-à-dire les contrôles qui ne sont pas annoncés (en tous cas tant qu’ils ne sont pas détectés par les délinquants de la route sur les applications), les abattements sont plus importants encore…
Pour une vitesse retenue de 51 km/h, il faut alors rouler à 61 km/h, donc au-delà des 60 km/h sur le compteur de la voiture). Pour une vitesse retenue de 81 km/h, il faut rouler à 91 km/h, donc au-delà des 90 km/h sur le compteur de la voiture). Pour une vitesse retenue de 131 km/h, il faut rouler à 143 km/h, donc plus proche des 150 km/h sur le compteur de la voiture).
Et donc, quand bien même l’automobiliste se serait laissé aller à ce « petit » excès de vitesse, il ne perd qu’un seul point sur 12, qu’il récupérera dans 6 mois. Mais c’est encore trop, et le gouvernement français a la bonne idée de se dire qu’on pourrait assouplir cela… D’ailleurs, la proposition vient initialement de la sénatrice (de droite) du Var Françoise Dumont qui demandait également à ce que la première amende soit tout simplement annulée !
Mais dans quel monde vivent ces gens ? Ils ne lisent pas les rapports de terrains de la police et de la gendarmerie qui font remonter des comportements de plus en plus dangereux sur la route depuis la période du confinement ? C’est comme si un nombre important de conducteurs s’étaient totalement débridés, sur le mode « après moi le déluge », ce qui est typique d’une société en décomposition.
D’ailleurs, nul besoin de constater un rapport ou une enquête de police ou gendarmerie : il suffit d’être à bord d’une voiture ne serait-ce qu’une heure, en ville ou à la campagne c’est pareil, pour voir un nombre incroyable d’excès de vitesse flagrants et de comportements dangereux en tout genre.
Seulement, comme la majorité des gens est quand même relativement prudente, que les moyens sont mis pour les infrastructures, que les véhicules eux-mêmes sont calibrés pour assumer de gros accidents, alors cela donne au final des chiffres d’accidents considérés comme « acceptables ». Bien loin du carnage des années 2000, ou pire encore du massacre de masse des années 1970 (18 000 morts en 1972, ainsi que des dizaines de milliers de blessés dont des très graves).
Il n’y a rien d’acceptable à la situation actuelle. En ôtant la suppression de point pour les « petits » excès de vitesse, le gouvernement va clairement dans le sens des chauffards. Car ce sont eux qui sont à un point près sur leur permis, mais certainement pas les gens normaux qui n’ont aucune inquiétude de n’avoir que 11 points pendant 6 mois.
Le gouvernement, par populisme, par libéralisme, par décadence, va dans le sens des chauffards et porte un coup terrible à la sécurité routière. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin engage ici personnellement sa responsabilité dans le délitement de la sécurité routière.
Les gens circulant à trottinette électrique sont moches. Ils n’ont aucune allure de part la position guindée et crispée que nécessite la conduite d’un tel engin. C’est un manque cruel de style et de raffinement ; culturellement, surtout en France, c’est quelque chose de tout sauf anodin. La généralisation des trottinettes électriques est une marque évidente de décadence des mentalités, avec une américanisation totale des comportements.
Mais s’ils sont moches, c’est aussi parce qu’ils sont des feignants incapables de prendre un simple vélo, ou même de se déplacer à pied. Il ne faut pas s’y tromper : la trottinette électrique n’est aucunement une mobilité «douce ». Elle ne remplace pas les horribles voitures et les immondes scooters. Elle en est plutôt leur extension, sur des parcours courts. La trottinette électrique est typiquement une modernisation et une généralisation de l’état d’esprit « automobile » du 20e siècle.
S’imaginer seul au monde, circuler à toute allure sans aucune considération pour les autres et les règles communes, se garer n’importe où, voire emmener son propre véhicule jusque dans les rayons d’un magasin : telle est la réalité de la trottinette électrique dans les villes, comme elle l’était dans les années 1980 pour l’automobile.
D’ailleurs, on pourra faire toutes les critiques que l’on veut sur l’automobile dans les villes – et il faut faire ces critiques, mais il est indéniable qu’au moins, la circulation automobile est encadrée. Ce n’est qu’à la marge qu’il y a des salopards pour ne rien respecter. Pour la trottinette électrique par contre, c’est systématique.
Le pire en la matière vient bien sûr des flottes en libre service, où en fait c’est l’usage même que de se garer n’importe où et de ne surtout pas respecter le matériel utilisé. Qui a vécu ou est passé ne serait-ce qu’une journée à Paris ces dernières années ne peut qu’être horrifié de ce sinistre spectacle des trottinettes électriques absolument partout, y compris dans les cours d’eau…
Le référendum local proposé par le Mairie de Paris le 2 avril 2023 visant à interdire ces flottes en libre service ne pouvait qu’aboutir. Rien d’étonnant à ce qu’elles furent rejetées à près de 90% (avec toutefois un taux de participation très faible, moins de 10%).
Impossible néanmoins de considérer ce vote comme une victoire de la société. Déjà, car il arrive bien trop tard : une société réellement civilisée n’aurait jamais laissé faire depuis le début.
Surtout, car cela ne changera rien à la prolifération des trottinettes électriques personnelles, comme c’est le cas dans beaucoup d’autres villes. Les trois opérateurs parisien Lime, Tier et Dott trouverons d’ailleurs probablement des parades pour continuer à exister dans la capitale après le 1er septembre 2023. On peut compter sur leur créativité capitaliste pour cela…
Toujours est-il que les trottinettes électrique sont un symbole typique de notre époque.
Une époque où la bourgeoisie française, censée être garante de la société et de son ordre, a littéralement sombré, au point de se faire déborder dans sa propre capitale par quelques hurluberlus (dont énormément de touristes étrangers).
Une époque de décadence, où le vivre ensemble recule chaque jour un peu plus en raison de l’ensauvagement de la société, qui va de pair avec l’emprise toujours plus grande du capitalisme sur la vie des gens, et inversement.
Un époque où le turbocapitalisme s’immisce partout, 24 heures sur 24. Il faut pouvoir consommer sans entrave, telle est la promesse à laquelle s’imagine céder la pauvre âme se déplaçant en trottinette électrique.
Ce n’est pas simplement que le capitalisme colonise tout, c’est aussi que les gens eux-mêmes sont des agents du capitalisme. La trottinette électrique est le parfait véhicule de l’individualiste acharné.
Il est pourtant bien plus simple de prendre un vélo (un vrai, pas un vélo avec un moteur), ou de marcher. Mais cela demande un effort, de l’organisation, alors que par contre le capitalisme permet d’aller vite partout en restant debout figé sur une plateforme en plastique dur.
Peu importe que cela pollue énormément pour de simples petits trajets, à cause des batteries, et aussi de l’électricité qui est majoritairement nucléaire en France. Peu importe que cela soit dangereux, surtout pour les piétons, mais aussi pour les usagers de la trottinette électrique eux-mêmes. Peu importe, car il faut foncer sans se poser de question, consommer sans restriction aucune.
C’est une évidence, les gens bien ne peuvent pas participer à cela, ils tiennent les trottinettes électrique et leurs usagers en horreur. Reste aux gens bien de se prendre en main et de renverser la table, au nom de la civilisation. C’est précisément le programme de la Gauche historique !