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Nouvel ordre

L’emprise toujours plus importante du trafic de drogues

La drogue s’est infiltrée à tous les niveaux de la société. La France est aujourd’hui la championne de consommation de cannabis en Europe avec près de 5 millions de consommateurs annuels. Quant à l’ecstasy et la cocaïne, elle a pareillement explosé ces 20 dernières années avec des centaines de milliers de consommateurs par an pour un prix au gramme à Paris passé de 150 € il y a quelques années à 60/80€ aujourd’hui.

Tout cela sans compter sur une jeunesse qui a relativement délaissé « fumette » et alcool pour mieux expérimenter les drogues de synthèse tels que par-exemple les opiacés.

Cette explosion de la consommation serait impossible sans l’emprise accrue des mafias à tous les étages de la société, et notamment dans les sphères institutionnelles, à commencer par les douanes et la police mais aussi les ports, porte d’entrée sur l’Europe pour les mafias. Il suffit de voir les multiples faits divers concernant le personnel des docks des ports de France dans la presse ces dernières années pour s’en convaincre.

En novembre 2022, un rapport du sénat alertait d’ailleurs sur le risque que le France devienne un « narco-État » 2.0, quelques temps après qu’un docker du port du Havre, Allan Affagard, a été sauvagement tué par des mafieux liés au trafic de cocaïne le 12 juin 2020.

Aux Pays-Bas, la mafia est tellement conquérante qu’elle se permet de menacer la vie du Premier ministre Mark Rutte, l’obligeant à se balader en permanence avec des gardes du corps, tout comme en Belgique le Ministre de la Justice échappait de peu à une tentative d’enlèvement en septembre 2022.

C’est que la production et le trafic explosent, comme au port belge d’Anvers où ce sont 110 tonnes de cocaïne qui ont été saisies en 2022 contre seulement 16 en 2015, témoin de l’Europe comme débouché face à un marché américain saturé. Et les ports d’Anvers, de Rotterdam et du Havre sont naturellement les principales porte d’entrée.

Le rapport du sénat français appelle ainsi à la mise en place d’une opération « Mains propres » comme celle qui a eu lieu en Italie dans les années 1990 où le dévoilement de l’ampleur de la corruption aboutissait à la chute des deux principaux partis politiques au pouvoir depuis 1945. Un rapport sur une situation catastrophique qui est passée inaperçu.

Nous ne sommes plus en 1990 : une telle opération contre la corruption institutionnelle par les trafiquants de drogue en France aurait des conséquences bien plus profondes que celles encore dans l’Italie des années 1990. Car la réalité c’est que la France a abdiqué, comme l’atteste la prise en compte dès 2018 du trafic de drogues par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) pour le calcul de la richesse intérieure (PIB) de la France.

La France craque sous le poids de sa propre inertie d’ « en haut », avec une corruption institutionnelle de plus en plus massive, et d’ « en bas » avec un peuple apathique qui laisse les drames et la déchéance s’installer.

De manière générale, c’est tout un trait d’esprit national qui a failli. De la critique des « paradis artificiels » de Charles Baudelaire à la peinture naturaliste de l’Assommoir par Émile Zola, les français ont préféré relativiser pour finir par accepter la drogue (et ses conséquences) en ce début de XXIe siècle.

Une acceptation qui coûte déjà cher, très cher. Comme cette jeune femme de 24 ans tuée par des balles de kalachnikov dans son appartement après une descente de mafieux pour intimider des rivaux dans un quartier du 13e arrondissement de Marseille au cœur de l’été 2023. Une ville dont certains policiers évoquent sa « mexicanisation », notamment avec l’expansion de résidences privées ultra-sécurisées, tels les « gated communities » américaines.

Ou le drame sordide du 21 août 2023 dans le quartier Pissevin à Nîmes où un jeune garçon de 10 ans a été abattu de sang-froid dans une voiture alors qu’il revenait d’une soirée au restaurant avec son oncle et son petit frère de 7 ans.

Ces évènements apparaîtront demain comme le symbole d’un craquage général de la civilisation.

Un craquage d’autant plus frappant qu’il ne se passe rien à ce sujet alors qu’on peut avoir des semaines d’émeutes pour la mort d’une jeune délinquant routier… Et on assiste à une spirale négative puisque la seule perspective que semble offrir la bourgeoisie c’est la fuite en avant avec une légalisation du cannabis qui a pourtant montré ses effets pervers sur le renforcement des mafias et régressifs sur les plans sanitaires dans les États légalisateurs dans les années 2010, tels l’Uruguay dès 2013.

Même l’extrême-droite est aux abonnés absents, et c’est tout à fait révélateur. En 2023, il apparaît qu’en finir avec les drogues et leurs trafics ne peut passer par une simple « remise en ordre », une « fermeté policière et judiciaire » mais doit passer par la construction d’un nouvel ordre débarrassé des maux de l’ancien monde. « Il y a tout à revoir », voilà ce qui ressort de manière générale car la drogue et son trafic condensent l’ensemble des problèmes d’une société capitaliste en chute libre.

Il y a besoin d’un tel électrochoc général : viser la révolution dans ce pays ne peut se faire sérieusement sans avoir pour objectif le règlement de cette problématique populaire. Et tout le monde sait bien au fond de lui qu’au rythme où vont les choses, cela finira avec la constitution de milices populaires contre les dealers… et les consommateurs.

Il est même tout à fait probable que l’apparition d’un mouvement de ce type soit le prélude à l’enclenchement d’un processus plus large de remise en cause de l’ordre existant. Et dialectiquement de rétablissement de l’ordre tout court, mais nouveau, car socialiste.

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Nouvel ordre

La guerre à venir contre les drogues de synthèse en France

En 2023, les drogues de synthèse n’existent que de manière marginale en France. Considérer qu’il existe un 24 heures sur 24 du capitalisme aboutit toutefois inévitablement à l’affirmation que celles-ci vont s’imposer et s’installer.

Elles répondent en effet à toutes les exigences de ce 24 heures du 24 du capitalisme. Faciles à produire, faciles à distribuer, elles répondent aux attentes des populations totalement déboussolées vivant dans le capitalisme avancé. Le zombie drogué est le pendant du zombie consommateur. Mais pas seulement : même pour travailler, les drogues sont devenues un support parfois nécessaire pour tenir le choc.

C’est là justement où les drogues de synthèse forment un saut dans la barbarie. Elles combinent fuite, dimension « récréative », intensité forcenée. Anti-douleur ou excitation rapide, mise de côté des angoisses, oubli des souffrances et coup de boost : voilà pour résumer la « magie » des drogues de synthèse. En fait, le capitalisme triomphant a tout simplement modifié le rapport aux drogues.

Le paysage métropolitain s’accompagne forcément de personnes en perdition, brisées dans la misère par les drogues

Les drogues sont, historiquement, en effet un fétichisme des débuts de l’humanité, où les consciences primitives des premiers Hommes, dans un environnement froid et hostile, découvraient les joies et les peines. Cela a donné les notions de paradis et d’enfer, le chamanisme préfigurant le monothéisme.

Et les drogues qu’on pouvait trouver naturellement étaient utilisées comme support au sein de religions établies. Ces drogues bouleversaient les esprits et ce bouleversement chimique était imaginé comme un accès à l’au-delà. Par la suite, se détachant de la dimension mystique, l’humanité a développé des drogues récréatives, se faisant piéger par le cannabis ou l’opium. Ici, on est dans une fuite assumée de la réalité, dans une optique de nervosité effacée.

La bataille de Palikao en 1860 marque la victoire franco-anglaise sur la Chine pour la forcer à accepter la consommation d’opium par sa population

Tout a changé depuis. La fin du 20e siècle a été marqué par le développement important de la chimie dans le domaine des drogues, avec surtout naturellement la superpuissance américaine, par les laboratoires des grandes entreprises pharmaceutiques, mais également l’armée américaine. On a notamment Alexander Shulgin qui a dressé un véritable catalogue des drogues de synthèse.

Puis, l’expansion capitaliste massive de 1989 à 2020 a permis un accès facile et aisé au matériel et aux matières premières pour fabriquer des drogues de synthèse. Après une première période artisanale criminelle, notamment romancée dans une série typiquement décadente comme « Breaking bad », on est désormais passé au niveau industriel.

Encore fallait-il un terreau pour cela. Il a été fourni par la crise sanitaire au sein de la superpuissance américaine. Le caractère misérable des soins accordés a permis à certaines entreprises de diffuser en masse des anti-douleurs. Outre que cela a provoqué de l’accoutumance et des décès, cela a été la porte ouverte à un trafic d’anti-douleurs produits dans des laboratoires mexicains avec des matières premières achetées en Chine.

En 2023 l’une des options américaines est une intervention militaire contre le Mexique afin de stopper les cartels

Il va de soi que la superpuissance chinoise était bien consciente des enjeux qu’on trouve ici, tout comme avec TikTok dont l’utilisation est largement restreinte dans son pays d’origine. Les drogues sont un vecteur d’importance stratégique ; un autre exemple significatif est la production massive désormais par la Syrie d’une drogue de synthèse, le captagon.

Et, donc, la crise des « opioïdes » est massive aux États-Unis désormais ; avec 90 000 morts par an, San Francisco envahi par des zombies en quête de « Fentanyl », le désastre est complet. Mais c’est également un modèle.

Une drogue de synthèse, en effet, ne nécessite pas de disposer de matières premières agricoles, comme pour le cannabis et le pavot. Pas besoin d’une agriculture maîtrisée, pas besoin de les transporter clandestinement non plus. Les quantités demandées sont de plus infimes. Rien que les saisies américaines de fentanyl en 2022, 4,5 tonnes, suffiraient à tuer l’ensemble de la population américaine.

2 mg de Fentanyl est déjà une dose létale pour la majorité des gens; la pièce américaine est un équivalent de nos cents et a 19 mm de largeur seulement

Jusqu’à présent, les experts bourgeois relativisent tout cela, en disant qu’aux États-Unis, il y a une dépendance aux anti-douleurs, qui n’existe pas ailleurs. Sauf qu’en réalité, il y avait juste un développement inégal et maintenant le fléau installé, il va se systématiser. Déjà en septembre 2023, l’Agence régionale de santé (ARS) de La Réunion constatait que les drogues de synthèse étaient présentes (protonitazène et étonitazène, plusieurs centaines de fois plus puissants que l’héroïne et la morphine). La Réunion connaît également les cannabinoïdes synthétiques, une version synthétique du cannabis sous forme de poudre, d’huile, de liquide ultra-concentré.

Et l’État, prisonnier de la forme en raison de sa nature bourgeoise décadente, a souvent un train de retard. Il faut en effet que la combinaison chimique employée pour une drogue de synthèse soit interdite officiellement de la part d’un État. Ce n’est pas la drogue qui est interdite, mais telle ou telle forme chimique. Il suffit donc parfois aux criminels de jouer sur quelques éléments pour contourner la loi. Cela permet un espace énorme pour les dealers qui vendent massivement sur internet des « sels de bain », de « l’engrais », de « l’encens », sans rien risquer, en inventant une nouvelle forme de drogue chaque semaine !

Avec de la « créativité » perverse. Une drogue comme la 3-MMC combine les effets de la cocaïne, de la MDMA et des amphétamines. C’est l’une des drogues mise en avant dans les soirées LGBT « Chemsex », des orgies avec utilisation massives de drogues qui ont largement été mises en avant dans la presse « branchée ». Les drogues de synthèse, ce n’est plus l’ancien monde du cannabis (d’ailleurs lui-même largement modifié en fait), de la cocaïne et du LSD. C’est un « horizon nouveau » pour le 24 heures sur 24 du capitalisme.

La discothèque berlinoise du Berghain ouverte en 2004 a joué un rôle significatif dans l’idéologie des drogues chimiques « branchées »

La fuite en avant dans les drogues synthétiques correspond tout à fait au rythme capitaliste, tant du point de vue du producteur que du consommateur. Il est capable de répondre à toutes les situations, tous les besoins. C’est une tendance inéluctable. Le Rapport européen sur les drogues 2023 constate lui-même que les drogues de synthèse s’affirment. La mondialisation du phénomène se lit également quand on voit l’avancée du tramadol en Afrique de l’Ouest et du Centre (où 10 % de la population consomme du cannabis par ailleurs). La méthamphétamine est en train de se lancer massivement au Mexique, alors qu’elle est déjà fortement présente en Asie de l’Est et du Sud-Est.

Dans un tel panorama, il est évident que seul le Socialisme peut proposer une réponse, car la réponse ne peut qu’être collective. Destruction militaire des mafias et refonte culturelle de la population, voilà la solution nécessaire, qui ne peut être mise en place que par le peuple en armes, car rien ni personne ne doit échapper au processus d’éradication du fléau.

Le Nouvel Ordre nécessaire implique un combat acharné et sans pitié contre les drogues de synthèse, cette sinistre réalité si conforme au 24 heures du 24 du capitalisme. Tout compromis sur ce plan, avec les drogues en général même, ramène au vieux monde. A la différence ici que les « vieilles » drogues étaient des fuites à rejeter, et que les nouvelles relèvent d’une participation coûte que coûte à un monde en perdition.

De la drogue en mode petit-bourgeois passif ou aristocrate prétentieux, déjà méprisable et condamnable, on passe aux drogues pour « tenir », pour se « précipiter », pour « aller de l’avant ». C’est là un accompagnement du capitalisme du 24 heures sur 24 de la vie quotidienne et donc un ennemi complet.

Et ce seront les femmes qui seront en première ligne contre le fléau : les mafias sont constitués d’hommes, les consommateurs sont en quasi totalité des hommes. Ce n’est pas pour rien !

Mikhail Devyatov, Sportives, URSS 1953
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Rapport entre les classes

Les centres d’intérêt dans le capitalisme : par le smartphone

Le capitalisme parvient à neutraliser les contradictions de classe au moyen d’une vie quotidienne purement individualisée. Quels sont les centres d’intérêt des gens au quotidien?

Déjà, il faut bien voir que c’est le smartphone qui est l’outil principal de ces centres d’intérêt. C’est un énorme problème, car les gens ont alors d’un côté une attitude purement passive, crédule, et de l’autre leur « activité » tient seulement aux achats, à fournir des informations aux entreprises, à se retrouver dans des bulles ou des boucles où ils s’enferment.

L’effacement de l’ordinateur au profit du smartphone est un véritable problème historique. On aurait pu avoir des gens réfléchissant, écrivant, échangeant, imprimant… et on a des gens sur leurs téléphones, intégrés au 24h sur 24 du capitalisme.

Que font donc les gens? Vers quoi se tournent-ils? Grosso modo, on a :

  • l’actualité
  • les jeux
  • l’actualité sportive
  • les ragots sur les stars
  • les restaurants et les recettes de cuisine
  • Facebook, Instagram, Twitter, etc.
  • TikTok et les vidéos en général
  • le shopping en ligne
  • la musique
  • la communication par messenger, Whatsapp, etc.
  • interagir en rapport avec son emploi
  • les applis de « drague »

Si on regarde bien, on a ici la quasi-totalité des centres d’intérêt des gens. Bien entendu, sur le plan personnel, chaque personne a des approches bien spécifiques ; les nuances sont innombrables. Pourtant, on sait qu’au fond c’est vrai.

Dans le 24 heures sur 24, il n’y a aucun espace pour ce qui dure, pour ce qui a de la profondeur, pour ce qui correspond à une activité consciente. Il ne faut pas chercher ailleurs l’échec complet du mouvement de protestation et de grèves contre la réforme des retraites en France en 2023. Les gens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.

On sait comment la quasi totalité de la Gauche française a capitulé devant tout cela. Elle s’est aligné sur cette nouvelle vie quotidienne par le smartphone, car il faut bien souligner que c’est un mode de vie récent. Elle a cédé au populisme, au racolage, à l’éphémère, tout ce qu’exige les réseaux sociaux et la consommation du 24 heures sur 24 du capitalisme.

On peut même dire que le smartphone a tué la Gauche et le principe de conscience. On ne peut rien faire de prolongé avec un smartphone, on ne peut qu’aborder les choses, donner un avis, interagir brièvement. Le smartphone est un vrai problème de civilisation, en fait et sans lui, le capitalisme aurait un tout autre visage, du moins pour la question du rythme imposé aux gens.

Le smartphone profite en effet de l’immense accumulation de sons et d’images permises par la technologie, et l’intelligence artificielle en ces domaines va encore davantage accentuer le trait. Avec le smartphone, on peut remplir à fond la tête des gens, et les résumer à des centres d’intérêt qui ne vont pas loin du tout. C’est comme ça que le capitalisme se maintient.

Dans le 24 heures sur 24 du capitalisme, les gens deviennent des zombies, car leur énergie psychique est épuisée. On ne fait pas la révolution avec une jeunesse qui regarde de courtes vidéos de quelques secondes pendant des heures et des heures chaque jour. Il faut noter ici la contradiction d’ailleurs. Le capitalisme parvient en fait à former de l’engagement, mais un engagement bref, superficiel, incapable d’autonomie. C’est un véritable détournement des besoins humains d’épanouissement dans la consommation permanente.

Il est évident que la question de l’Art, de la beauté, de la sensibilité, est amenée dans un tel panorama à jouer un rôle de plus en plus important. Le capitalisme impose un monde de laideur sans profondeur, de fausse fantaisie toujours plus grotesque pour maquiller son vide. Et le rythme toujours accéléré du smartphone est là pour empêcher d’avoir du recul sur tout cela.

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Rapport entre les classes

La France libérale et décadente produit spontanément des horreurs

Le 21e siècle voit son premier quart déjà se terminer et la France n’a plus rien à voir avec celle des années 1970. De conservatrice et timorée, elle est devenue libérale et consumériste. Prolétariat, bourgeoisie? Ces classes sont toujours là et forment le cœur de la société. Mais désormais on est comme aux Etats-Unis, ce sont les petits-bourgeois et les déclassés qui donnent le ton. Outrance, mauvais goût, absence de valeurs (bonnes ou mauvaises d’ailleurs), immédiatisme prétentieux, égocentrisme à tout prix…

Sans conscience ni sensibilité, les gens en France s’imaginent qu’il suffit d’arriver et de dire quelque chose, et c’est censé avoir une valeur en soi. L’idée même d’un travail approfondi pour découvrir la substance des choses leur est fondamentalement étrangère. L’importance des réseaux sociaux dans cette décadence est naturellement centrale. N’importe qui peut y raconter n’importe quoi et s’imaginer être « réel ».

L’affaire du jeune Nahel, délinquant tué par un policier alors qu’il refusait d’obtempérer après 26 min de course poursuite dangereuse, est un excellent exemple de cette fuite en avant dans le show capitaliste. Surréactions, foire d’empoigne, ce fut la célébration de l’ego à tous les étages. Même les dénonciateurs conservateurs (comme Jean Messiha) ont fait partie de cette déchéance, puisqu’ils participent à cette foire aux réseaux sociaux sur un mode consommable.

Tout a consisté en de la réaction brute, en mode « moi je ». Avec comme point culminant une mère qui se met en scène en faisant hurler le moteur d’une moto, au milieu de jeunes hommes en plein délire patriarcal le plus primitif, alors qu’elle vient de perdre son enfant… Il faut vraiment que le capitalisme aliène pour qu’on atteigne un tel degré de manipulation, de négation des sentiment maternels.

Le pire est que les idiots autour de la mère de Nahel ont cru l’aider, alors qu’en fait c’est de l’esbroufe. On ne compense pas les difficultés de la vie par le bruit, fut-il égocentré, capitaliste !

Les émeutes des cités banlieue de fin juin 2023 sont à ce titre exemplaires, tellement elles sont dans leur nature l’inverse de celles de 2005. Elles prennent prétexte de la mort d’un délinquant, mais ne reposent que sur des egos hypertrophiés se mettant en scène. Rien à voir avec les émeutes de 2005 où on savait depuis plusieurs années avant que cela allait craquer et où il y avait énormément de gravité dans les événements. D’ailleurs, à l’époque, tous les mouvements politiques (à part les maoïstes) étaient sous la table et dénonçaient la révolte, y compris les plus à gauche du spectre politique. Alors que désormais, dans le capitalisme, c’est par définition la surenchère populiste permanente.

Pourquoi ? Parce que tout est prétexte à une affirmation de soi et une affirmation de soi seulement. Les gens ne s’attachent à aucune valeur, à moins que ce ne soit « leurs » valeurs, leur propre aventure. On en a une preuve simple. Même ceux assumant une religion de manière rigoriste sont simplement dans la posture. Ils ne généralisent pas leur position censée être pourtant universelle, puisque Dieu est à tout le monde. Ils se focalisent toujours sur leur propre ego et si jamais ils font du prosélytisme, c’est toujours avant tout pour se rassurer eux-mêmes. C’est flagrant : même les gens religieux consomment leur religion.

La société française, capitaliste, est une société sans esprit, sans âme. Ses membres agissent tels des consuméristes errants, sans but ni vision du monde, au jour le jour, sans état d’âme ni profondeur d’esprit. Ils sont incapables de se déterminer, de s’orienter avec une perspective historique. Ils s’imaginent prendre les choses telles qu’elles sont, et donc ils en ratent tant le sens que la profondeur.

Que peut-il alors spontanément sortir d’une telle société? Absolument rien de bien. C’est pourquoi la Gauche historique a toujours dit : attention, le rôle de la conscience est primordial, les anarchistes ont tort de célébrer l’individu alors que c’est le propre du capitalisme de promouvoir l’égoïsme et l’égocentrisme. Les gens qui réagissent spontanément dans le capitalisme consomment, ils réagissent à des impulsions capitalistes, ils n’ont aucun aperçu ni sensibilité, ils sont dans le consumérisme et l’ego.

Le Socialisme, c’est justement l’affirmation de l’envergure des choses, le recalibrage de l’humanité dans la dialectique de la personnalité et de la société, à rebours de l’incohérence de l’individu avec une société capitaliste exploiteuse et aliénante.

Alexandre Samokhvalov, Kirov saluant un défilé de culture physique, URSS, 1935

Ce qui est en jeu, c’est en fait la question de la recomposition du prolétariat. Que la bourgeoisie soit décadente, il ne peut pas en être autrement. Surtout avec une bourgeoisie française qui a accepté de se soumettre à la superpuissance américaine. Mais où est le prolétariat? Là est la question réelle. Il est forcément là, il ne peut pas en être autrement. Seulement, le prolétariat est atomisé, individualisé, déboussolé. Il existe objectivement, mais subjectivement il faut le recomposer, car le capitalisme a tout fait pour l’empêcher de se saisir en tant que classe. La corruption au moyen de l’exploitation du tiers-monde a joué ici un rôle majeur.

Dans tout événement, c’est ça le fil conducteur : la recomposition de la classe. Pour cela, il faut prendre de la hauteur, s’orienter toujours par rapport à la question de la conscience. Et ne jamais courir derrière les petits-bourgeois et les déclassés, ces sous-produits d’un occident moribond !

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Culture & esthétique

Le classicisme contre le capitalisme

Le capitalisme transforme tout selon ses besoins et, pour cette raison, il n’est pas conservateur. En même temps, le capitalisme profite de ce qu’il a mis en place et en ce sens, il est conservateur. Si l’on reste prisonnier de cette opposition, alors on s’imagine qu’être de droite c’est être conservateur, être de gauche progressiste, ou inversement qu’être de droite c’est être libéral, et être de gauche pour le « maintien des acquis ».

Si on dépasse cette opposition, on est alors amené à valoriser le classicisme. Le classicisme, c’est en effet le maintien de certaines valeurs à travers les changements. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’évolution, mais celle-ci se déroule dans un cadre de valeurs bien déterminées. C’est la civilisation, au contraire du capitalisme qui lui est hyper corrosif et abîme tout.

La civilisation humaine exige la hauteur d’esprit, l’harmonie de la construction, l’envergure mentale et psychologique, la profondeur des émotions, la beauté du goût. Les 16 fondements de l’urbanisme établis en République Démocratique Allemande au début des années 1950 forment un excellent exemple d’une telle exigence.

Maison de la culture à Magdebourg 
en République Démocratique Allemande en 1951

Le classicisme, c’est ce qui se maintient malgré tout. Il y a des classiques en littérature comme en musique, en sculpture comme en peinture. Dans tous les domaines, il y a des classiques, qui ne sont pas des modèles, mais les meilleures productions du passé. On ne peut qu’être en continuité avec elle.

Le capitalisme implique inversement le renouvellement absolu des marchandises, il ne laisse donc aucun espace possible au classicisme. Il fait la promotion du subjectivisme. La fantasmagorie de « changer de sexe » est le paroxysme du culte absolu de l’ego consumériste qui « façonne » sa réalité au moyen de choix consommateurs.

Le capitalisme désormais tout à fait développé supprime donc l’idée même de classicisme. Il n’y a plus aucun domaine où le capitalisme fait semblant d’assumer une continuité culturelle. Tout est renouvelable, tout est renouvelé, de manière ininterrompue. Même les Beatles ou Mozart apparaissent comme des fantômes du passé, des reliquats d’une époque de toute façon lointaine et obscure.

Ce qui compte, pour le capitalisme, c’est le présent de la consommation. Pour les plus souffrants de cela, il y a la religion pour apporter de la transcendance. La consommation se maintient cependant, toujours victorieuse, toujours hyperactive. Il ne saurait y avoir de classiques à l’époque de Facebook, Instagram, Tiktok et Twitter.

Il n’y a pas de place pour la peinture de Léon Lhermitte, admirable peintre réaliste du 20e siècle, à une époque où ce qui compte c’est la nature consommée d’un produit. Rien ne doit pouvoir se maintenir et devenir culture, rien ne doit dépasser le cadre du marché.

Léon Lhermitte, Le repas de Midi

Dans les années 1960, il y a eu en France des révolutionnaires. Ils n’avaient aucune chance de réussir : quelle crédibilité avaient-ils face à des bourgeois maîtrisant un haut niveau de culture, d’intellect, de mœurs ? Désormais totalement décadente, la bourgeoisie ne fait même plus semblant. Elle a jeté toute prétention de continuité culturelle par-dessus bord.

La bourgeoisie française se conçoit comme un simple appendice de la bourgeoisie américaine, au point que tous les enfants des classes supérieures vont faire des études aux États-Unis, ou bien en Angleterre ou dans un autre pays, suivant les moyens. La bourgeoisie française est devenue cosmopolite ; que ce soit le bobo de l’Est parisien ou le bourgeois « old money » de l’ouest parisien, tous ont presque la même mentalité, pratiquement les mêmes approches, au fond la même sensibilité.

Libéralisme et relativisme ont des poids différents chez les uns et chez les autres, mais tous sont d’accord pour procéder à la grande liquidation. Tout se vend, tout s’achète, on peut discuter à quel prix et dans quelle mesure, mais c’est la tendance de fond.

Il n’est plus de place pour l’harmonie, pour le sens classique. C’est tellement vrai que le réalisme socialiste est absolument incompréhensible pour les bourgeois. Ils n’ont jamais su ne serait-ce que comprendre le concept. Quiconque a compris le classicisme saisit inversement tout de suite le réalisme socialiste soviétique dans l’architecture par exemple : rien qu’à voir, on comprend directement.

Pont Bolchoï Krasnokholmski, Moscou

Le capitalisme a supprimé en pratique les catégories de beau, de laid, d’harmonieux, de constructif… car ce qui l’intéresse, c’est une mentalité maladive de consommation sans cesse renouvelée. C’est la tentative de supprimer l’Histoire, la continuité de la culture, tout ce qui aboutit à des sauts dans le domaine de la civilisation. Le capitalisme enserre tous les domaines de la vie, afin d’empêcher qu’on le remettre en cause.

Le classicisme est à ce titre révolutionnaire. Il représente la possibilité d’une continuité de l’Histoire, d’une transformation de l’Histoire vers le meilleur. Qui se place en-dehors du classicisme se place en-dehors de l’Histoire, en-dehors de la vie elle-même… et se retrouve condamné à errer dans une consommation permanente, sans signification ni sens.

Le drapeau rouge porte en ce sens le classicisme, comme vecteur de la civilisation harmonieuse !

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Société

Les « petits » excès de vitesse

C’est une agression contre la sécurité routière.

[Mise à jour de notre précédent article Permis à points : le gouvernement va dans le sens des chauffards ].

Le ministère de l’Intérieur annonçait en mai 2022 qu’il menait une réflexion pour assouplir le Code de la route avec l’accord du Président. Il s’agissait de ne plus retirer un point aux conducteurs sanctionnés d’un excès de vitesse considéré comme « petit », c’est-à-dire de moins de 5 km/h au-dessus de la vitesse réglementaire.

Depuis, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a réfléchi et a tranché. A partir du 1er janvier 2024, il n’y aura plus de point retiré pour un excès inférieur à 5km/h au dessus de la limite. C’est une défaite terrible pour la sécurité routière.

Le gouvernement prétend, en se basant sur un rapport de la Cour des comptes, qu’en lâchant du lest ici, il pourrait éventuellement gagner ailleurs et améliorer la sécurité routière. C’est irrationnel et mensonger, mais tellement typique des mœurs libérales qui polluent la France et les Français, incapables de discipline collective.

C’est irrationnel et mensonger car dans la pratique, les excès de vitesse de moins de 5 km/h sont déjà considérés comme petits, et donc peu sanctionnés. C’est le principe du permis à point. On en a 12 (ou seulement 6 pendant les trois premières années de permis) et si on en perd un, il est automatiquement renouvelé au bout de six mois (sauf nouvelle infraction, évidemment).

Où est le problème dans ces conditions ? A moins de vouloir aller dans le sens des gens qui roulent systématiquement vite et qui prétendent que ce n’est pas si grave ! Il ne faudrait surtout pas perturber la petite bulle auto-centrée qu’est l’habitacle de leur voiture chérie…

Ajoutons également le fait que dépasser la vitesse de 5 km/h, cela signifie avoir déjà dépassé deux marges. La première, c’est le compteur de la voiture, qui surestime la vitesse réelle. La seconde, c’est l’abattement automatique de la vitesse retenue par les appareils de mesure, pour considérer une marge d’erreur. Jusqu’à 90 km/h, c’est 5km/h. Au delà, c’est un pourcentage.

Concrètement, il faut rouler à 56 km/h en vitesse réelle pour être sanctionné d’une vitesse retenue à 51 km/h. Et donc, à l’affichage sur le compteur de la voiture, on est en général déjà à 60 km/h.

À grande vitesse, l’écart est plus important. Il faut rouler à 116 km/h vitesse réelle (donc plutôt à 120 km/h sur le compteur de la voiture) pour une vitesse retenue de 111 km/h. Il faut rouler à 137 km/h vitesse réelle (donc au-delà de 140 km/h sur le compteur de la voiture) pour une vitesse retenue de 131 km/h.

Et encore, cela ne concerne que les radars fixes automatiques, qui sont annoncés par un panneau, ainsi que par des applications GPS ou des cartes (ce qui devrait êtres interdit !). Pour les radars mobiles, c’est-à-dire les contrôles qui ne sont pas annoncés (en tous cas tant qu’ils ne sont pas détectés par les délinquants de la route sur les applications), les abattements sont plus importants encore…

Pour une vitesse retenue de 51 km/h, il faut alors rouler à 61 km/h, donc au-delà des 60 km/h sur le compteur de la voiture). Pour une vitesse retenue de 81 km/h, il faut rouler à 91 km/h, donc au-delà des 90 km/h sur le compteur de la voiture). Pour une vitesse retenue de 131 km/h, il faut rouler à 143 km/h, donc plus proche des 150 km/h sur le compteur de la voiture).

Et donc, quand bien même l’automobiliste se serait laissé aller à ce « petit » excès de vitesse, il ne perd qu’un seul point sur 12, qu’il récupérera dans 6 mois. Mais c’est encore trop, et le gouvernement français a la bonne idée de se dire qu’on pourrait assouplir cela… D’ailleurs, la proposition vient initialement de la sénatrice (de droite) du Var Françoise Dumont qui demandait également à ce que la première amende soit tout simplement annulée !

Mais dans quel monde vivent ces gens ? Ils ne lisent pas les rapports de terrains de la police et de la gendarmerie qui font remonter des comportements de plus en plus dangereux sur la route depuis la période du confinement ? C’est comme si un nombre important de conducteurs s’étaient totalement débridés, sur le mode « après moi le déluge », ce qui est typique d’une société en décomposition.

D’ailleurs, nul besoin de constater un rapport ou une enquête de police ou gendarmerie : il suffit d’être à bord d’une voiture ne serait-ce qu’une heure, en ville ou à la campagne c’est pareil, pour voir un nombre incroyable d’excès de vitesse flagrants et de comportements dangereux en tout genre.

Seulement, comme la majorité des gens est quand même relativement prudente, que les moyens sont mis pour les infrastructures, que les véhicules eux-mêmes sont calibrés pour assumer de gros accidents, alors cela donne au final des chiffres d’accidents considérés comme « acceptables ». Bien loin du carnage des années 2000, ou pire encore du massacre de masse des années 1970 (18 000 morts en 1972, ainsi que des dizaines de milliers de blessés dont des très graves).

Il n’y a rien d’acceptable à la situation actuelle. En ôtant la suppression de point pour les « petits » excès de vitesse, le gouvernement va clairement dans le sens des chauffards. Car ce sont eux qui sont à un point près sur leur permis, mais certainement pas les gens normaux qui n’ont aucune inquiétude de n’avoir que 11 points pendant 6 mois.

Le gouvernement, par populisme, par libéralisme, par décadence, va dans le sens des chauffards et porte un coup terrible à la sécurité routière. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin engage ici personnellement sa responsabilité dans le délitement de la sécurité routière.

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Réflexions

Les gens bien ne font pas de trottinette électrique

C’est le véhicule du 24h/24 turbocapitaliste.

Les gens circulant à trottinette électrique sont moches. Ils n’ont aucune allure de part la position guindée et crispée que nécessite la conduite d’un tel engin. C’est un manque cruel de style et de raffinement ; culturellement, surtout en France, c’est quelque chose de tout sauf anodin. La généralisation des trottinettes électriques est une marque évidente de décadence des mentalités, avec une américanisation totale des comportements.

Mais s’ils sont moches, c’est aussi parce qu’ils sont des feignants incapables de prendre un simple vélo, ou même de se déplacer à pied. Il ne faut pas s’y tromper : la trottinette électrique n’est aucunement une mobilité «douce ». Elle ne remplace pas les horribles voitures et les immondes scooters. Elle en est plutôt leur extension, sur des parcours courts. La trottinette électrique est typiquement une modernisation et une généralisation de l’état d’esprit « automobile » du 20e siècle.

S’imaginer seul au monde, circuler à toute allure sans aucune considération pour les autres et les règles communes, se garer n’importe où, voire emmener son propre véhicule jusque dans les rayons d’un magasin : telle est la réalité de la trottinette électrique dans les villes, comme elle l’était dans les années 1980 pour l’automobile.

D’ailleurs, on pourra faire toutes les critiques que l’on veut sur l’automobile dans les villes – et il faut faire ces critiques, mais il est indéniable qu’au moins, la circulation automobile est encadrée. Ce n’est qu’à la marge qu’il y a des salopards pour ne rien respecter. Pour la trottinette électrique par contre, c’est systématique.

Le pire en la matière vient bien sûr des flottes en libre service, où en fait c’est l’usage même que de se garer n’importe où et de ne surtout pas respecter le matériel utilisé. Qui a vécu ou est passé ne serait-ce qu’une journée à Paris ces dernières années ne peut qu’être horrifié de ce sinistre spectacle des trottinettes électriques absolument partout, y compris dans les cours d’eau…

Le référendum local proposé par le Mairie de Paris le 2 avril 2023 visant à interdire ces flottes en libre service ne pouvait qu’aboutir. Rien d’étonnant à ce qu’elles furent rejetées à près de 90% (avec toutefois un taux de participation très faible, moins de 10%).

Impossible néanmoins de considérer ce vote comme une victoire de la société. Déjà, car il arrive bien trop tard : une société réellement civilisée n’aurait jamais laissé faire depuis le début.

Surtout, car cela ne changera rien à la prolifération des trottinettes électriques personnelles, comme c’est le cas dans beaucoup d’autres villes. Les trois opérateurs parisien Lime, Tier et Dott trouverons d’ailleurs probablement des parades pour continuer à exister dans la capitale après le 1er septembre 2023. On peut compter sur leur créativité capitaliste pour cela…

Toujours est-il que les trottinettes électrique sont un symbole typique de notre époque.

Une époque où la bourgeoisie française, censée être garante de la société et de son ordre, a littéralement sombré, au point de se faire déborder dans sa propre capitale par quelques hurluberlus (dont énormément de touristes étrangers).

Une époque de décadence, où le vivre ensemble recule chaque jour un peu plus en raison de l’ensauvagement de la société, qui va de pair avec l’emprise toujours plus grande du capitalisme sur la vie des gens, et inversement.

Un époque où le turbocapitalisme s’immisce partout, 24 heures sur 24. Il faut pouvoir consommer sans entrave, telle est la promesse à laquelle s’imagine céder la pauvre âme se déplaçant en trottinette électrique.

Ce n’est pas simplement que le capitalisme colonise tout, c’est aussi que les gens eux-mêmes sont des agents du capitalisme. La trottinette électrique est le parfait véhicule de l’individualiste acharné.

Il est pourtant bien plus simple de prendre un vélo (un vrai, pas un vélo avec un moteur), ou de marcher. Mais cela demande un effort, de l’organisation, alors que par contre le capitalisme permet d’aller vite partout en restant debout figé sur une plateforme en plastique dur.

Peu importe que cela pollue énormément pour de simples petits trajets, à cause des batteries, et aussi de l’électricité qui est majoritairement nucléaire en France. Peu importe que cela soit dangereux, surtout pour les piétons, mais aussi pour les usagers de la trottinette électrique eux-mêmes. Peu importe, car il faut foncer sans se poser de question, consommer sans restriction aucune.

C’est une évidence, les gens bien ne peuvent pas participer à cela, ils tiennent les trottinettes électrique et leurs usagers en horreur. Reste aux gens bien de se prendre en main et de renverser la table, au nom de la civilisation. C’est précisément le programme de la Gauche historique !

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Politique

La France se décompose en mars 2023

La société française est totalement pourrie.

Les Français sont des hypocrites ; ce n’est pas pour rien qu’ils n’ont jamais assumé le protestantisme pourtant né chez eux avec Jean Calvin, et qu’ils ont toujours préféré le catholicisme où, au moins, on pouvait se repentir après avoir fait le contraire de ce qui était demandé.

Quiconque regarde par la fenêtre, dans la rue, au travail, à l’école, où qu’il veuille, ne peut pas ne pas voir que la France se décompose, que plus rien ne tient. Le niveau culturel s’effondre, les gens se contentent du superficiel et développent même un goût pour le superflu. Chaque Français rêve de gagner des millions au loto pour se contenter de se laisser vivre en profitant du luxe.

Autre constat : la violence dans la société s’est effondrée. La violence directe, l’agressivité des années 1970-1990 a pratiquement disparu, mais la violence sociale a explosé. On ne risque plus de se faire tabasser au commissariat, mais toute la société tabasse la psychologie, les nerfs, les sentiments. La vie quotidienne est méchamment ardue.

Mais les Français ne l’assument pas. Ils masquent la réalité, car ils comptent encore profiter jusqu’au maximum d’être au chaud en occident. Le pays se tiers-mondise ? Qu’importe si « moi » je peux encore en profiter. Tant pis pour les autres !

C’est cela qui explique cette ambiance années 1930 qui suinte du mouvement actuel contre la réforme des retraites. On n’y trouve strictement rien relevant de la Gauche historique. C’est la Droite qui s’exprime partout. Marches aux flambeaux… Incendie d’effigies de personnalités politiques… Anti-parlementarisme avec ciblage de permanences d’élus… Virilisme des « minorités agissantes » lors des manifestations… Esprit ouvertement corporatiste avec un refus catégorique d’élargir le champ des revendications…

On voit mal comment Marine Le Pen ne va pas profiter de manière prononcée de la séquence en cours. Nous vivons pratiquement un Février 1934 conforme à l’esprit de notre époque : sur un mode syndical occidental, mou, aigri, délétère, acide. On pensait qu’avec les gilets jaunes, ces chemises noires ne s’assument pas, on ne pouvait pas vraiment faire pire… Eh bien si ! Les beaufs du syndicalisme ont réalisé cet exploit.

Ce qui nous pend au nez, c’est le scénario italien des années 1920. L’agitation sociale échoue, et même si elle n’a pas été « révolutionnaire », elle fait suffisamment peur à la bourgeoisie qui craint une progression du niveau de conscience historique des masses. Alors, ce qui s’ensuit, c’est la victoire électorale de l’extrême-Droite. Puis un tour de vis massif et l’instauration d’un régime, à peu près le même, et pourtant différent, pour aller à la guerre.

On dira qu’il n’y a pas de milices d’extrême-Droite aujourd’hui. C’est vrai, il n’y a que quelques regroupements totalement déconnectés de la réalité. Mais il n’y a même pas besoin de telles milices, car la Gauche historique – la seule réelle menace pour la bourgeoisie – est inexistante ou presque en France. Ce n’est pas La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui va prendre l’Élysée par les armes et instaurer le Socialisme. Et de toutes façons les masses ne veulent rien savoir, elles ne veulent pas de la politique, elles veulent qu’on les laisse tranquilles et que chacun puisse continuer sa petite vie.

Le mouvement contre la réforme des retraites auquel on assiste est une infamie, une insulte aux exigences de l’Histoire. Nous l’avions dit dès le départ. Et il n’a pas fini de continuer à s’enfoncer. Cela va empirer.

Rien de toute ça n’empêchera toutefois la résurgence inéluctable de la Gauche historique ! C’est la crise générale, la France s’effondre, les compteurs sont remis à zéro, et il faut boire le calice de la corruption occidentale des masses jusqu’à la lie, voilà tout. Demain sera entièrement différent politiquement.

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Culture

Ilya Répine serait maintenant ukrainien!

C’est « l’effacement » de la Russie.

Le régime ukrainien ne fait pas que détruire les monuments à Pouchkine et dénoncer Dostoïevski comme l’expression d’une âme russe damnée, monstrueuse, criminelle. Il ne cesse également de réécrire l’Histoire pour s’approprier certains artistes.

Le peintre Kazimir Malévitch est ainsi par exemple considéré comme ukrainien, ce qui est bien ridicule, et on a désormais droit au comble de l’absurde : le peintre Ilya Répine serait ukrainien.

Ilya Répine, Procession religieuse dans la province de Koursk, 1883

Rien qu’avec cette information, l’opinion publique russe serait directement favorable à une intervention militaire. Parce que là, on touche tout de même au cœur même de la culture russe.

Pour preuve, du 5 octobre 1921 au 23 janvier 2022, il y a eu à Paris une rétrospective sur ce peintre. Cette exposition au Petit Palais avait été dénommée… « Ilya Répine ( 1844-1930), Peindre l’âme russe ».

Il est bien parlé de l’âme russe, pas de l’âme ukrainienne. L’exposition a été un grand succès d’ailleurs, avec 100 000 visiteurs, qui ont sans doute été étonnés de découvrir ce peintre de la plus haute qualité.

C’est que les « ambulants », ces fabuleux peintres réalistes russes de la fin du 19e siècle, sont malheureusement inconnus chez nous. Ils forment par ailleurs le noyau historique, avec la littérature russe de la même époque, du style artistique « réaliste socialiste » de l’URSS.

On parle ici d’artistes d’orientation démocratique, d’où le fameux tableau d’Ilya Répine sur les Cosaques, présentés de manière romantique comme épris de liberté. Les nationalistes ukrainiens aimeraient bien récupérer le peintre et donc ce tableau pour en faire un outil de leur idéologie mortifère, ethnique-patriarcale.

Ilya Répine, Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie, 1891

Comme il se doit, c’est la superpuissance américaine qui est en première ligne pour épauler la réécriture du régime ukrainien. C’est ainsi le Metropolitan Museum of Art de New York qui a, à la mi-février 2023, décidé de faire d’Ilya Répine un « Ukrainien ».

La raison est qu’il serait né dans ce qui est l’Ukraine actuelle et que son père était cosaque. Ce qui est un raccourci complet et on pourrait très bien inverser la proposition et dire que par conséquent, la zone concernée est russe.

Si on commence en effet comme ça, on nie les mélanges, les synthèses et on bascule dans le nihilisme nationaliste. Qu’on pense au drame yougoslave !

Sur sa lancée, le « Met » a transformé le peintre russe d’origine arménienne Ivan Aïvazovski en Ukrainien. On parle ici d’un peintre, par ailleurs d’une très grande renommée, qui est enterré dans le jardin d’une église arménienne et a été peintre de l’état-major de la Marine russe !

Mais comme il est né en Crimée, et que la Crimée est censée être ukrainienne, alors il est ukrainien ! Sidérant !

Ivan Aïvazovski, La neuvième vague, 1850
Ivan Aïvazovski, La Création ou Le Chaos, 1841

Il a été fait pareil avec Arkhip Kouïndji. Comme il est né à Marioupol, et que Marioupol est censé être l’Ukraine, alors il est ukrainien, même si sa famille relève des Grecs de la région !

Tout cela est un raccourci ignoble, qui fait fi des mélanges, des synthèses propres à cette partie du monde. Parce que justement, si l’on prend les peintures d’Arkhip Kouïndji, lui-même dans la perspective des Ambulants… on retrouve l’Ukraine.

Les peintures de ce non-ukrainien sont indéniablement, résolument, absolument d’esprit national ukrainien…

Arkhip Kouïndji, Nuit ukrainienne, 1876

On y retrouve ce côté lancinant, cette profondeur de champ s’étalant dans une candeur qui se permet de traîner son regard comme un vague à l’âme. C’est russe, et en même temps pas du tout, car cela se répand bien trop dans la complaisance sentimentale pour le moment, il n’y a pas cette inquiétude russe qui recherche des « pointes »…

Arkhip Kouïndji, Le Dniepr le matin, 1881

Si l’on veut, les Finlandais ont trop regardé les lacs, les Ukrainiens ont trop regardé les steppes et les champs, les Russes ont trop regardé les forêts.

Arkhip Kouïndji, Soir en Ukraine, 1878

Faisons une comparaison pour cerner la différence. Voici un tableau d’Ilya Répine, Tolstoï dans un champ de labour, de 1887. Il faut regarder le côté incisif, l’intensité, la pointe.

Maintenant regardons Arkhip Kouïndji, Le chemin des tchoumaks à Marioupol, de 1875. Il n’y a pas ce côté incisif russe. C’est ukrainien. C’est très proche, mais il y a une nuance, une différence.

Les Russes et les Ukrainiens expriment l’âme, mais les Russes font ressortir une pointe, que les Ukrainiens préfèrent gommer. Ou, si l’on veut, les Russes parlent beaucoup mais ne disent rien (qui relève de l’âme, intime), les Ukrainiens ne disent rien mais parlent beaucoup (ils disent indirectement).

Mais il va de soi qu’il ne faut pas attendre des nationalistes ukrainiens, ces barbares, la moindre réflexion esthétique sur la peinture ukrainienne. Ces monstres sont dans la destruction.

Car Arkhip Kouïndji peut ne pas être ukrainien et contribuer ou relever de la peinture ukrainienne. Les choses sont compliquées… l’humanité se mélange… et c’est très bien ainsi.

Le nationalisme est unilatéral et simplificateur, il empêche de saisir les synthèses historiques. Ce n’est tout de même pas pour rien que les Russes et les Ukrainiens soient si proches, tout comme les Allemands et les Autrichiens, les Indiens et les Pakistanais, etc.

Dans mille ans, il n’y aura plus de nations, plus de « couleurs de peau », on sera tous mélangé, dans une grande synthèse mondiale qui d’ailleurs continuera de manière ininterrompue.

La réécriture de l’Histoire procédant à des séparations, à l’individualisation, est une expression à la fois de la décadence de la bourgeoisie, de la décomposition des valeurs, du redécoupage du monde entre puissances.

Il faut la combattre.

Il est évident que toutes ces redéfinitions de peintres obéissent à l’objectif impérialiste de destruction de la Russie, de son futur découpage en mini-États vassalisés. C’est un processus à la fois insidieux et ouvert. La National Gallery de Londres avait déjà en avril 2022 renommé un tableau du peintre Edgar Degas, les « danseuses russes » devenant ukrainiennes.

On notera par ailleurs que la Tate Gallery de Londres considère Ilya Répine comme un peintre russe né ukrainien.

Tout cela est de la fiction. Et c’était la force de l’URSS jusqu’aux années 1950 de réfuter ce type de fiction, permettant l’unité populaire, que ce soit pour l’Ukraine et la Russie ou dans le Caucase.

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Société

Le chasseur qui a tué Morgan Keane n’ira pas en prison

L’impunité est totale.

Le 2 décembre 2020 en fin d’après-midi, un chasseur tuait Morgan Keane, Franco-Britannique de 25 ans. Le jeune homme était derrière chez lui, sur son terrain situé dans un hameau à Calvignac dans le Lot, à couper du bois. Le chasseur, venu de l’Aveyron pour participer à une battue, a volontairement tiré sur Morgan Keane, car il l’avait pris pour un sanglier.

C’est une faute grave, très grave, mais pas suffisamment grave du point de vue de la Justice française, qui considère que cela ne mérite pas de prison. Le tribunal correctionnel de Cahors a en effet rendu sa décision jeudi 12 janvier 2023 : deux ans de prisons avec sursis, autrement dit rien du tout ! La prison avec sursis, cela signifie pas de prison du tout.

Bien sûr, le chasseur est interdit de chasse à vie, mais c’est là la moindre des choses. En réalité, c’est une condamnation pour la forme, qui répond évidemment à une motivation politico-culturelle. En France, la chasse est sacrée, alors il est hors de question d’attaquer ses bases, ses fondements.

Si la Justice condamnait sévèrement, alors elle ébranlait tout l’édifice de la chasse en France, reconnaissant de fait qu’il s’agit d’une activité dangereuse pour la société, et pas seulement pour les animaux.

Alors, du point de vue du tribunal correctionnel de Cahors, il a été considéré qu’il s’agissait d’un accident, que le prévenu n’était coupable finalement que d’une négligence malheureuse et qu’une petite peine « pour la forme » était suffisante. Ainsi la chasse est préservée, sa nature n’est pas remise en cause.

D’ailleurs, il s’agissait d’un tribunal correctionnel, donc pour juger un délit. Pourtant, il aurait fallu une cours d’assise, pour juger un crime.

Faire usage de son arme ainsi, sans avoir « bien identifié la cible » comme l’a reconnu le prévenu à l’audience, est criminel. On ne peut pas considérer que la conséquence de cet acte soit simplement accidentelle… A moins de sanctuariser la chasse, de considérer qu’il faille absolument laisser des tas de gens à peine formés se balader avec des armes dans les campagnes pour tuer des animaux, quitte à ce qu’il y ait de rares accidents avec des humains.

Du côté du procureur, censé représenter les intérêts de la société, on retrouve la même mansuétude à l’égard du chasseur ayant tué Morgan Kean. Seulement 6 mois de prison ferme avaient été requis.

En ce qui concerne l’organisateur de la chasse ce jour-là, on retrouve exactement la même impunité. La Justice reconnaît la faute du directeur de chasse, soulevant de nombreuses irrégularités dont le fait d’avoir posté là où il était le chasseur ayant tué Morgan Kean. Elle considère que cela doit être condamné, mais pareillement, seulement à de la prison avec sursis (18 mois), donc pas de prison du tout.

Son permis de chasse ne lui est d’ailleurs pas définitivement retiré : dans 5 ans, il pourra retourner dans la nature avec son fusil pour tuer des animaux. De toutes façons, cette personne considère, comme expliqué devant le juge, que ce jour-là la battue qu’il dirigeait était tout à fait maîtrisée… Rien que pour avoir dit cela, il mériterait de la prison!

Ce jugement est clairement odieux, proprement scandaleux. Mais il est dans l’ordre des choses. La Justice française est à l’image de la société française. Molle, formaliste, tournée vers le passé, incapable d’envergure culturelle, ni de profondeur morale, en particulier lorsqu’il s’agit du rapport aux animaux, à la Nature.

Il faut le dire : la chasse est une arriération qu’il faut abolir, tant pour les animaux que pour le vivre-ensemble dans les campagnes. Morgan Keane ne fût pas une simple victime collatérale de cette activité, il est la victime d’un vieux monde ignoble qu’il faut dépasser le plus vite possible pour rentrer enfin dans le futur, celui du Socialisme, celui du dépassement de la contradiction entre les villes et les campagnes, entre l’humanité et la Nature !

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Société

L’aide médicale à mourir, ou l’échec de la société face à la dignité

La vie n’est pas une variable d’ajustement.

Depuis décembre 2022 la convention citoyenne sur la fin de vie a débuté en France. Elle est pilotée par le CESE, Conseil Économique Social et Environnemental.

Jusqu’à mars 2023, 150 citoyens tirés au sort devront débattre du sujet de la fin de vie et apporter des éléments de réponse à la question suivante :

« Le cadre de l’accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? »

C’est une question vaste qui mérite un débat de fond.

Dans le capitalisme les personnes en fin de vie sont un fardeau, elles ne produisent plus rien mais ont besoin d’énormément d’attention et donc de moyens. On arrive dans une situation où on laisse les malades dans des chambres d’hôpital, isolés du reste de la société. Une vie se résumant à se voir se dégrader entre 4 murs pâles, aux sons des bips des machines, des soignants qui courent et qui n’ont pas le temps nécessaire à un accompagnement réellement humain. La plus grande crainte des personnes se sachant condamnées c’est finalement d’être en dehors de la vie, de ne plus pouvoir faire ce qu’elles faisaient auparavant et d’être un poids financier et émotionnel pour leur famille et la société.

C’est pourquoi l’argument principal des pro-euthanasie ou du suicide assisté est la liberté pour chacun de quitter une vie qui ne ressemblerait qu’à un enfer, bien souvent en mettant en avant les souffrances physiques ou psychologiques des gens. Il faut comprendre qu’ils ne souhaitent pas mourir mais simplement ne plus souffrir.

C’est tout à fait différent.

A l’heure de la réalité virtuelle et des avancées technologiques en matière de robotique, tout les moyens doivent être donnés pour que ces capacités soient mises aux services des personnes malades bien avant d’en être au stade de la fin de vie.

Une expérience virtuelle immersive de vol avec des oiseaux migrateurs, l’ascension d’une montagne, une visite des profondeurs marines ou encore une longue ballade dans un champs fleuri au printemps, les possibilités sont immenses.

Ce qu’il faut aussi prendre en compte, c’est l’état de l’hôpital en France qui manque inimaginablement de moyens, et que la prise en charge des personne en fin de vie demande des investissements colossaux tant en matériels qu’en personnels, pour pouvoir aller se balader dans les villes ou la nature peu importe la mobilité des personnes, des gens avec qui discuter de ses questionnement, de ses craintes.

Car si pour l’entourage la fin de vie d’un proche est une terrible épreuve, n’oublions pas que la personne concernée a tout le travail de deuil de sa propre vie à faire, en toute connaissance de cause et avec moult détour.

Accepter l’aide médicale à mourir c’est laisser gagner la souffrance et refuser la complexité de la vie, sa dignité quoi qu’il arrive. Voulons-nous vraiment foncer tête baissée dans l’optique que la vie n’est qu’un paramètre à ajuster ?

Les libéraux diront que oui, le chemin qu’ils tracent vers la GPA en est la preuve.

La question est de savoir quelle place consacrer au handicap et la maladie dans notre société. Chacun, peu importe sa condition, doit pouvoir participer à la production que ce soit matériellement ou culturellement et bénéficier de tout ce que la collectivité peu nous apporter, comme par exemple DJ Pone, atteint de la Maladie de Charcot, qui a réussi à composer un album entièrement avec ses yeux grâce à un logiciel adapté.

A l’heure du Covid où l’humanité s’est heurtée à sa contradiction avec la biosphère et où la population française se vautre dans l’individualisme, le devoir de la Gauche historique est de défendre une société où chacun a sa place et a la possibilité de s’épanouir quoi qu’il arrive…

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Société

Le conseil d’État s’aligne sur les capitalistes du CBD

C’est une victoire du turbocapitalisme.

Il n’aura fallu qu peu de temps pour que la France s’aligne totalement sur les règles du marché du CBD édictées par l’Union européenne.

Né quelques part dans les années 2010, ce marché avait pris un essor rapide ces dernières années, à tel point que cela avait engendré des remous juridiques.

Et pour cause… Le CBD est une molécule, le cannabidiol, qui est contenue dans certaines fleurs de chanvre de l’espèce Cannabis sativa.

Lié à la grande question du cannabis, il pose donc question aux plans sanitaire et psychologique, et cela d’autant plus que l’Union européenne autorise la vente et la commercialisation de la fleur en elle-même, qui peut donc être fumée comme le sont les fleurs de cannabis contenant du THC, autre molécule du chanvre.

Ces dernières années, la grande bataille des petits boutiquiers du CBD a résidé dans le fait d’avancer que le CBD était une molécule non-psychotrope mais ayant des propriétés apaisantes, par conséquent bien différente de la substance hallucinogène du THC.

Mais en réalité, personne ne sait vraiment s’il n’a pas d’impact sur la santé en général et d’ailleurs il serait bien stupide de penser l’inverse à partir du moment où est inhaler une fumée issue d’une combustion, par nature mauvaise pour le système respiratoire. Quel délire d’ailleurs que de rajouter des variantes de fumette quand on voit les ravages causés par l’industrie du tabac.

Mais en plus de cela, un rapport de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives montrait que le cannabidiol agissait bien sur les récepteurs du cerveau de la sérotonine et la dopamine, avec des effets de sédation et de somnolence.

Plus inquiétant, le CBD est une substance qui n’est pas « inerte pharmacologiquement », c’est-à-dire qu’elle peut interagir « négativement » avec d’autres médicaments immunodépresseurs, anticoagulants ou contre l’épilepsie, cela alors même que le CBD est justement présenté comme pouvant être utilisé en automédication pour soulager des maladies présentant ces symptômes.

Pour ces raisons, une bataille juridique était engagée depuis l’affaire Kanavape en 2014, où un petit boutiquier fut ensuite condamné justement pour vente d’une cigarette électronique au CBD.

Mais en 2020, la cour de justice de l’Union européenne disait que cette interdiction était contraire aux règles de commercialisation sur le marché commun… avant que, le gouvernement français maintienne l’interdiction de vente des fleurs et des feuilles avec un arrêté interministériel le 20 décembre 2021.

Car la législation française est très stricte à ce sujet : oui à la culture agricole, à l’usage des graines et aux dérivés des fibres pour usage alimentaire, non à la vente des fleurs et des feuilles brutes, quel que soient leur format.

Mais c’était sans compter sur la mobilisation de tout le secteur du CBD autour de l’Union des professionnels du CBD, alliée à la très nauséabonde Confédération des buralistes, qui demandèrent dès janvier 2022 un recours suspensif et un recours sur le fond auprès du Conseil d’État.

Le Conseil d’État a donc tranché en faveur des capitalistes : l’interdiction est jugée « disproportionnée », le CBD aurait de surcroît des « effets contractants et relaxants » et « anticonvulsivants » et des tests existeraient pour contrôler les consommateurs et discriminer consommation de THC et de CBD.

C’est un alignement complet sur l’arrêté de la Cour de justice de l’Union Européenne, et une négation de l’arrêté gouvernemental et des précautions sanitaires édictées par la MILDECA.

Mais peu importe car en réalité, tout était joué d’avance, entre laisser-aller sur l’ouverture de « shops CBD », existence d’une filière chanvre française (pour d’autres débouchés) et chantage aux propriétés médicales (même s’il y a déjà des médicaments à base de CBD disponibles sur ordonnances).

Tout était déjà tellement bien ficelé qu’à la mi-novembre, le groupe écologiste au Sénat faisait approuvé à la majorité une résolution pour le développement de la filière chanvre en France, avec pour toile de fond la question de la consommation de fleurs de CBD.

Car si on utilise depuis extrêmement longtemps le chanvre dans le textile, la construction, la pharmacologie, tout cela n’est plus suffisant et il faut bien continuer à élargir les marchés, d’autant plus que la France en est un grand producteur. Relancer le capitalisme, coûte que coûte, vaille que vaille et peu importe les effets sanitaires à long terme.

Les gens les plus attentifs ne sont pas dupes et savent que tout cela n’est que le prélude à une légalisation plus générale, incluant le cannabis récréatif à l’instar du gouvernement allemand qui vient d’ouvrir la brèche. Pour la France, il faut un sas pour faire accepter la pilule à l’opinion publique et le CBD remplit parfaitement ce rôle de d’incubateur culturel.

Et derrière, ce sont surtout les buralistes qui applaudissent des deux mains, trop contents d’envisager sereinement une compensation de la baisse de la consommation de tabac pour continuer à vendre des tas de sortes de poisons, mais aussi les petits boutiquiers du CBD qui se pensent à la tête d’une « cause » alors qu’ils ne sont que les valets du turbo-capitalisme.

Alors même que plusieurs enquêtes montrent que la jeunesse consomme moins d’alcool et de cannabis ces dernières années, notamment depuis la pandémie de Covid-19, le turbo-capitalisme est là comme un rouleau compresseur pour anéantir tout élan moral.

Pourtant, si l’on a besoin d’une chose en notre époque, ce ne sont pas sédatifs pour nous « apaiser », fussent-ils parés de « modernité », mais bien d’un lucidité pour regarder le réel en face, pour mieux se rebeller.

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Société

Coupe du monde 2022 : défaite morale de la France

Les audiences ont été massives, le boycott inexistant.

L’équipe de France de football a perdu la Coupe du monde de football 2022, mais la France a perdu bien plus : son âme, et son esprit. La France, les Français, ont choisi de vendre leur âme au diable qatari sans aucun scrupule, ils ont choisi d’avoir mauvais esprit. Rien ne semble pouvoir arracher les Français à leur train-train quotidien, eux qui mangent allègrement dans la soupe capitaliste, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

L’attribution de cet événement au Qatar avait pourtant provoqué un haut-le-cœur en France, en tous cas chez les gens ayant une morale. Déjà, car c’était évidemment le fruit d’une corruption, le dossier qatari auprès de la Fifa ne valant rien. Le pays est minuscule (la taille de la Corse, dont du désert), il n’y a pas de culture populaire liée au football, il n’y avait qu’un seul stade dans le pays.

Tout cela n’avait aucun sens, et il a fallu l’intervention directe notamment de Nicolas Sarkozy, très proche du régime au pouvoir au Qatar, pour que ce lamentable spectacle puisse avoir lieu. Contre toute attente, l’ancien footballeur français Michel Platini, habilité à voter pour l’attribution de ce mondial, avait alors choisi le Qatar, expliquant ensuite que le président français le lui avait demandé.

C’est odieux, et rien que pour cela il y avait en France l’obligation morale, politique et culturelle, de boycotter l’événement. Au nom du refus de ces gens ultra-riches et puissants façonnant le monde à leur manière, selon leurs intérêts, contre toute démocratie.

D’ailleurs, le Qatar correspond tout à fait à ce que les bourgeois nomment habituellement une dictature. Mais comme le Qatar est ami de la France bourgeoise, alors il n’est jamais dénoncé comme dictature. Quand on voit avec quel acharnement il est dénoncé la Russie, qui a pourtant une constitution, un parlement, des élections…

Il n’y a rien de tout cela au Qatar, qui est dirigé entièrement par une famille faisant la pluie et le beau temps, comme au début Moyen Âge avec les seigneurs locaux dans les coins reculés. C’est la charia, la loi islamique, qui prime sur place (en tous cas officiellement, car les élites du régime ne se gênent pas pour mener une vie de débauche en occident). Le Qatar est également très connu pour être un grand financeur de l’islamisme dans le monde, y compris en France, via notamment les Frères musulmans.

Mais ce n’est pas tout, puisqu’une fois les choses lancées, il y a eu de nombreuses autres raisons pour rejeter ce mondial abject. Parce que le Qatar a fait construire des stades immenses qui ne serviront à rien (voir notre article), parce que de la climatisation y a été installée dans l’idée, à l’origine, de jouer les matches par minimum 40°C.

Et puis il y a eu la question de l’exploitation des travailleurs sur les chantiers, des immigrés servant dans des conditions effroyables à un rythme endiablé et avec une pression maximale, tout cela pour servir quelques milliers de futurs touristes du ballon rond qui n’auront été présents sur place qu’un mois à peine.

Il y a même eu le service public français y mettant du sien, tellement c’était odieux, pour dénoncer ces conditions de travail avec des reportages à heure de grande écoute. On pouvait se dire qu’il se passerait quelque chose, que la France allait exister, qu’un esprit français, à la fois rationnel et « rentre dedans », plein de panache, allait prendre le dessus, que la Coupe du monde serait boycottée par beaucoup de gens non dupes de ce sinistre spectacle.

C’est exactement le contraire qui s’est produit. Les audiences ont été excellentes, les voix du boycott inaudibles. La chaîne BeIn sport (qui appartient au Qatar) revendique un demi-million d’abonnés supplémentaires en France liés à l’événement. Lors de la demi-finale de la France contre le Maroc, il y a eu 21 millions de téléspectateurs selon Médiamétrie, presque autant que lors du record absolu qui a même probablement été battu dimanche après-midi, le 18 décembre, pour la finale France – Argentine.

Tout est dit avec ce discours triomphant de l’horrible Grégoire Margotton, commentateur, interviewé par le tout aussi lamentable TV magazine à l’occasion de la finale.

« Les chiffres d’audience sont stratosphériques. Au regard des appels au boycott, et des polémiques qui ont ponctué l’avant-compétition, vous attendiez-vous à de tels résultats?

Je ne m’attendais à rien du tout. Ce que je savais intimement, c’est qu’à partir du moment où le ballon commencerait à rouler, les téléspectateurs regarderaient.

Même si on a une conscience politique et philosophique, même si on sait dans quel contexte cette Coupe du monde a été attribuée et dans quelle condition elle se déroule, on ne va pas faire porter aux footballeurs le poids et la responsabilité de tout cela.

On est chez soi, avec des copains, on attend cet événement tous les quatre ans et on a le droit de profiter d’un match sans mauvaise conscience. Le boycott télévisuel, je n’y croyais pas une seule seconde.

Après, ça n’empêche pas de parler du Qatar. On continuera à souligner les choses négatives, mais on peut aussi souligner les points positifs dans l’organisation de cette compétition. »

Voici donc la réalité du pays. Le capitalisme n’est plus du tout conquérant en France, il est absolument et entièrement installé, solidement implanté dans les corps et les esprits.

Il n’y a plus de place pour la réflexion et la rebellion, le pays est d’un conformisme hallucinant et d’une apathie déconcertante.

L’absence d’un mouvement de boycott est un échec moral monumental qui laissera des traces dans les années à venir. Il y a tout à reconstruire pour la Gauche, et chaque jour qui passe fait qu’il faut partir d’encore plus loin. Il n’y a franchement plus grand-chose à garder de cette France en dessous de tout et de ces Français minables.

La crise et la crise elle seule est en moyen de porter une dévastation brisant cet édifice – c’est de là qu’il faut partir stratégiquement pour aller à la victoire du Socialisme.

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Société

L’affaire Norman témoigne que les youtubeurs sont des déréglés

Les réseaux sociaux ne sont pas de nature démocratique.

Norman Thavaud en garde à vue pour viols et corruption de mineurs : c’est l’un des principaux youtubeurs français, avec douze millions d’abonnés. On parle ici de quelqu’un dont les vidéos ont fait 2,7 milliards de vues. 4 millions de personnes le suivent sur Facebook, 3,4 millions sur Twitter.

On parle surtout de quelqu’un qui est connu pour avoir l’air sympa et une sorte d’image de doux naïf. Sauf que ça, c’est dans les vidéos. En réalité, l’image qu’avaient de lui les gens connaissant l’envers du décor était totalement différente, et c’est vrai de la plupart des youtubeurs.

C’est que les youtubeurs disent des choses, mais rien n’est vrai. Ils vendent un produit, ils sont eux-mêmes un produit. Leur talent n’est pas brut, ni leur sincérité, même si cela en a l’apparence. Tout est calculé, millimétré, décidé par des capitalistes.

Prenons Norman, par exemple. Ses productions relèvent de Webedia, un groupe de médias français employant 2400 personnes. Et Webedia est une filiale de Fimalac, un monopole s’occupant du divertissement, de l’hôtellerie de luxe, d’immobilier, etc.

Le propriétaire de Fimalac est le milliardaire français Marc Ladreit de Lacharrière, dans le top 30 des plus riches Français, qu est l’administrateur du club Le Siècle et président du comité français du club Bilderberg.

Il y a ainsi une ligne droite allant de Norman le youtubeur qui a l’air sympa et l’oligarchie financière. C’est une preuve du caractère capitaliste des vidéos de Norman, de la nature de son activité, de sa nature à lui aussi.

Car il pouvait être sympa et correct auparavant – il ne pouvait pas le rester de toutes façons une fois qu’il avait vendu son âme. Et c’est vrai de tous les youtubeurs, même de ceux qui ne relèvent pas d’une production industrielle encadrée, parce qu’ils tendent à ça quand même, leur rêve étant d’en être, de « croquer » comme ceux qui ont réussi.

Des vidéos racoleuses, formatées pour divertir sans enjeu, manipulant les esprits… Avec une chose pareille, on ne peut pas s’étonner que les youtubeurs eux-mêmes déraillent.

Ils sont déréglés, ils sont coupés du peuple et ont une démarche anti-démocratique. Inévitablement ils basculent, exactement comme les « hommes politiques », les grands financiers, etc.

Il y a une formule qui a ses limites pour dire ça, mais enfin elle a une grande part de vérité : le pouvoir absolu corrompt absolument.

Tout youtubeur qui réussit est condamné à être corrompu, que ce soit avant sa réussite ou après. Vue la pression actuelle du capitalisme, il est d’ailleurs plutôt obligé de l’être dès le départ, désormais.

Norman fut quant à lui l’un des premiers youtubeurs, mais il a franchi le pas tout de même, voire même il a contribué à mettre en place le monstre, donc il doit encore plus être humainement déréglé.

Cela montre bien qu’il ne faut pas s’arrêter à la forme, mais saisir le fond, ce que seul fait la Gauche historique, qui assume la culture, la civilisation.

Combien ont tort les gens s’imaginant de gauche et cherchant à manoeuvrer sur youtube, twitter, facebook… ! Ils se font corrompre et ils ne le remarquent même pas. Ils perdent leurs âmes en s’imaginant activistes, alors qu’ils ne sont actifs que pour le capitalisme.

On ne peut pas lutter contre le capitalisme en utilisant des choses façonnées par lui. On n’a besoin ni de youtubeurs, ni de McDonald’s, ni de centrales nucléaires.

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Société

Sorare, le business du vide

Quand les investisseurs misent sur du vent.

Il est parlé de la plus haute levée de fonds de l’histoire des entreprises françaises du secteur numérique : 680 millions de dollars le 21 septembre 2021. Cela valorise ainsi la « start-up » Sorare à 4,3 milliards de dollars et elle est déjà considérée comme rentable avec 100 millions de revenus prévus pour 2021.

Qu’est-ce qui peut donc autant faire tourner la tête des investisseurs, quelle innovation peut-elle susciter autant d’engagement financier ? La réponse est… rien ! Car Sorare n’a absolument rien à vendre concrètement, si ce n’est d’absurdes et inutiles algorithmes.

L’entreprise se présente comme un jeu de fantasy football, c’est-à-dire un jeu de stratégie basé sur les résultats réels des équipes de football. Cela n’a rien d’extraordinaire et il en existe de nombreux, tel MPG ou Fantasy Premier League. C’est éventuellement sympathique, mais cela ne vaut certainement pas plusieurs milliards. Là n’est donc pas le sujet.

Ce qui fait la particularité de Sorare, c’est surtout de proposer des « cartes » de joueurs de football à collectionner. Ce qui est suggéré, c’est une sorte d’équivalent numérique des fameuses étiquettes autocollantes Panini.

Il y a pourtant une grande différence. Dans le cas des Panini, il y a quelque-chose à produire. Il faut fabriquer les autocollants et les albums à images, il faut distribuer tout cela et faire vendre le tout par des magasins. Cela permet de produire de la valeur, et donc de la richesse, de manière on ne peut plus classique. C’est une valeur qui n’est pas particulière à chaque carte (elles sont d’ailleurs produites en quantité égale) qui ne vaut que quelques centimes individuellement, mais une valeur générale propre à la chaîne de production (tant de millions de cartes vendues génèrent tant de bénéfices, etc.)

Dans le cas de Sorare, il n’y a rien à produire concrètement, à part un peu de mise en page et d’agrégation de contenu. Bien sûr, le numérique est quelque chose de concret, de physique, puisqu’il s’agit d’informations gravées sur des serveurs informatiques. Mais cela ne va pas plus loin, car par définition une donnée numérique est copiable très rapidement et facilement pour un coût tout à fait négligeable. Autrement dit, n’y a aucune opération productive permettant de réaliser une plus-value industrielle avec des « cartes » numériques, puisque elles n’ont pas de valeur matérielle particulière, et encore moins de valeurs par rapport à une chaîne de production.

L’« astuce » de Sorare se situe précisément ici, avec la prétention justement de créer de la valeur numérique. Comme le nom de l’entreprise le suggère (So Rare signifie quelque-chose comme « tellement rare »), l’idée est de créer de la rareté en produisant des « cartes » numériques uniques via un algorithmes. La « technologie » utilisée est appelée NFT et fonctionne sur le principe de blockchain, exactement comme le Bitcoin. Ce qui est vendu par Sorare, c’est le fait de créer de pseudo-cartes ayant une identité unique.

Cela n’a aucun sens, c’est même antagonique avec l’idée du numérique qui est justement de pouvoir diffuser rapidement et massivement une information. L’idée de génie de Sorare est donc de créer artificiellement une pénurie, de brider cette possibilité, avec une certification algorithmique.

Pour le dire autrement, c’est comme si on empêchait le copié-collé. On a une image et un texte, que l’ont peut normalement reproduire facilement (c’est là dessus qu’est basé internet, même dans sa version payante). La « technologie » NFT permet d’empêcher cela en certifiant une production numérique (de manière très relative toutefois, car les possibilités de calcul permettront probablement bientôt de contourner cela).

Concrètement, Sorare procède régulièrement au design des « cartes » de joueurs de football, de manière limitée, puis les met en vente. Et il y a donc en face des gens qui paient pour avoir un bout de code informatique « certifiant » que l’image qu’ils voient sur leur écran est « unique ».

On notera d’ailleurs qu’en tant que tel Sorare n’a rien inventé puisque le jeu vidéo Fifa avec son mode FUT fait la même chose depuis des années. Des « cartes » sont produites de manière limitée puis vendues (via un système de loterie très opaque) et elles permettent ensuite de jouer avec les joueurs ainsi créés. Sorare reprend le même principe, mais sans le jeu (la fantasy league n’est pour Sorare qu’un prétexte, car le but est la collection pour la collection).

Cela n’a aucune utilité, d’autant plus que c’est du gaspillage de ressource, car il faut beaucoup de capacité de calcul pour produire et faire exister de tels algorithmes. Mais ce qui intéresse vraiment les investisseurs, car ils sont littéralement fascinés par un tel projet, c’est précisément la possibilité d’un marché secondaire. En effet, qui dit quelque chose d’unique (ou soit-disant) et de « hype » (selon leur point de vue), dit possibilité de spéculer dessus.

C’est exactement le même principe que pour l’« art » contemporain ou les crus et cépages de vin, ou encore les images GIF relevant de la technologie NFT. Il existe des gens qui sont tellement riches que les richesses réelles ne leur suffisent pas. Alors, comme ils ont besoin d’accumuler encore et encore, de placer et garantir toujours plus leurs richesses, ils inventent de nouvelles « richesses » pour de nouvelles dépenses et du nouveau « capital ».

Quand on est riche, on achète donc très cher une pseudo œuvre, sans aucune sensibilité artistique mais réalisée par quelqu’un d’« unique ». On achète très cher une bouteille de vin simplement car il a été décrété qu’elle était exceptionnelle. Et donc en 2021, ces gens n’ont même plus besoin de faire semblant de posséder quelque chose : ils possèdent l’idée de quelque chose, l’idée d’une carte d’un joueur de football.

D’un point de vue philosophique, c’est très significatif, cela en dit long sur notre époque et les valeurs qui l’animent. 4,3 milliards de dollars et autant de bruit pour réaliser des choses aussi futiles et qui n’existent d’ailleurs même pas en tant que telles (ces « cartes » ne sont pas réellement uniques) : c’est vraiment l’œuvre d’une société marchant sur la tête, ayant perdu tout rapport au réel.

Mais ce qui est vraiment terrible dans tous cela, ce n’est pas tant que des grand bourgeois spéculent et trouvent toujours d’autres moyens de spéculer. Ils le font déjà depuis des dizaines d’années avec le marché secondaire des produits financiers ou l’immobilier. Le plus terrible, c’est qu’un projet aussi délirant et futile que Sorare ne subisse absolument aucune critique populaire, et qu’on trouvera même par milliers des gens des classes populaires pour trouver cela bien.

C’est là qu’on comprend toute l’importance de la bataille culturelle pour changer le monde : si les gens du peuple ne sont pas capables de renverser la table sur de tels sujets, s’ils se font avoir avec des telles arnaques idéalistes, alors ils n’ont rien à attendre du futur pour l’instant. Mais la crise obligera probablement les gens à voir la réalité en face, et saisir le sens réel et concret des choses ! Il le faudra en tous cas.

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Société Vie quotidienne

Le dépôt sauvage est un individualisme forcené

Il arrive souvent de tomber sur des déchets déposés illégalement en dehors des lieux de collecte : c’est du dépôt sauvage.

Il y a plusieurs types de dépôts sauvages.

Ceux dans les grandes villes où la mise en place des déchetteries est difficile voire impossible, comme dans la métropole parisienne qui de par sa densité empêche la construction de déchetterie en son sein. Il existe cependant dans les grandes villes, y compris à Paris, des services municipaux de ramassage d’encombrant sur rendez-vous, et gratuit, mais cela n’intéresse pas les esprits paresseux qui n’envisagent aucune démarche organisée.

Il y a ceux aux abords des déchetteries, où les individualistes voulant se rendre en déchetterie mais constatant que celle-ci est fermée, cèdent à l’immédiateté et se débarrassent de leurs déchets juste devant, obligeant les agents à nettoyer les abords. Au delà d’être une démarche purement égoïste, c’est tristement le reflet de la société aujourd’hui sans conscience planétaire ni collective ; où domine le libéralisme dans l’attitude.

Bien que tout ne puisse pas être recyclé ou « revalorisé », déposer des déchets ménagers, de bricolage, des meubles, électroniques, de produits dangereux etc. relève du cannibalisme social et d’une barbarie anti-planétaire. C’est céder aux mœurs du turbo-capitalisme, où si l’on veut faire quelque-chose il faudrait l’avoir de suite, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

C’est ce qui amène d’ailleurs au dernier type principal de dépôt sauvage : celui dans la Nature. Aux abords des petites routes en France, voire en forêt, il n’est pas rare de trouver dans les champs, dans les forêts, près des étangs, etc. des sac poubelles, du plastique, des déchets électronique, des pneus, de l’amiante ou tout autre type de déchet.

C’est précisément la manifestation presque ultime de l’individualisme forcené qui sévit dans la vie sous le capitalisme. Se laisser aller à ce type de pratique relève de la barbarie, du nihilisme et de l’égoïsme le plus total, sans aucune considération pour les autres habitants de la Planète, sans considération pour les animaux qui seront perturbés dans leurs vies, sans considération non plus pour les travailleurs qui devront se protéger et évacuer (si ils sont trouvés) tous ces déchets. La Nature n’est pas une décharge à ciel ouvert ; elle devrait être un sanctuaire pour la vie.

Bien entendu à l’heure actuelle, les déchetteries et le recyclage sont un business comme un autre dans lesquels les « déchets » ne sont pas toujours « revalorisés » ou recyclés correctement car ne permettant pas de tirer assez de profit.

Cela pose également la question de la gestion du déchet lui-même que la Gauche devra résoudre. Il suffit de se rendre en déchetterie pour constater que bon nombre de choses jetées sont encore fonctionnelles, utilisables, réparables, et mérite une seconde vie. Mais pourries par le 24h/24 du capitalisme, il faudrait consommer toujours plus, et jeter toujours plus. Cela est autant vrai pour des biens que des relations.

Le dépôt sauvage n’est donc qu’une expression avancée supplémentaire de l’individualisme forcené dans lequel la société capitaliste nous fait vivre. C’est de cela dont il est question lorsque des personnes jettent au sein de la Nature des produits dangereux (ou d’ailleurs n’importe quoi), nuisant aux animaux, vivants à côté des déchets et rendant le travail plus aliénant et plus difficile aux agents de déchetteries, communaux, pour nettoyer les dépôts sauvages.

Alors pour résoudre cela, il faudra que la Gauche embrasse la question des gestions des déchets, et que les personnes s’adonnant à des pratiques socialement pourries soient soumises à des travaux d’intérêts généraux dans les déchetteries, dans les incinérateurs, dans les lieux de recyclage, les services de ramassage des déchets.

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Société

La sélection de Karim Benzema pour l’Euro 2020 ou le triomphe de l’opportunisme

Didier Deschamps a pendant longtemps campé fermement sur ses positions au sujet de la sélection de Karim Benzema… avant de finalement céder, car l’opportunisme est partout dans la société française des années 2020 pourrie par le capitalisme.

Le footballeur Karim Benzema est du genre à s’afficher sur Instagram avec une Rolex en or rose 18 carats, dont le prix équivaut à plus de deux ans de SMIC. C’est un personnage vulgaire dont les attitudes, les comportements, les propos, les fréquentations, sont détestables, et détestés.

Il y a eu la sordide affaire de la « sex tape », une tentative d’extorsions de fonds envers un autre joueur de football (l’affaire sera jugée en octobre 2021). Il y a eu l’affaire de la mineure prostituée Zahia (il a finalement été relaxé), il y a eu le crachat juste à la fin de la Marseillaise qui était jouée lors d’un match de football quelques jours après les attentats de novembre 2015 à Paris. Il y a eu l’apparition dans l’immonde clip de gangsta-rap Walabok de Booba.

Mais le summum avait été atteint en juin 2016 lorsque Karim Benzema avait de manière honteuse et lâche insinué que Didier Deschamps ne le sélectionnait pas… car il aurait « cédé à une partie raciste de la France ». C’était d’autant plus honteux que Karim Benzema avait lui-même expliqué quelques années auparavant se sentir algérien et n’en avoir rien à faire de l’équipe de France, ne faisant qu’un choix purement opportuniste sur le plan sportif.

Ses accusations de racisme avaient donc profondément choqué le pays et cela mettait fin, définitivement pensait-on, à sa carrière en équipe de France. En tous cas avec Didier Deschamps aux commandes.
C’est qu’il y a des limites à ne pas dépasser, et c’était là l’indélicatesse de trop de la part d’un jeune homme apparaissant définitivement comme un enfant pourri gâté, indigne d’attention. Didier Deschamps, par honneur personnel, mais surtout pour coller à l’opinion populaire, a donc assumé pendant de nombreuses année de se priver d’un des buteurs les plus efficaces au monde.

Et le président de la Fédération Française de Football, Noël Le Graët, rappelait en 2019 que :

 « Karim Benzema, c’est un très bon joueur, je n’ai jamais mis en doute ses qualités. Au contraire, il montre au Real Madrid qu’il est un des meilleurs joueurs à son poste. Mais l’aventure (équipe de) France est terminée. »

Que s’est-il donc passé en ce mois de mai 2021 pour que tout d’un coup tout cela disparaisse ? Karim Benzema est finalement sélectionné en équipe de France, à la joie de Noël Le Graët, et cela est vu comme une bonne nouvelle, simplement l’aboutissement heureux d’un conflit soi-disant personnel entre lui et le sélectionneur…

Quelle honte, qu’elle manque d’honneur et de fierté de la part d’une société française elle-même pourrie gâtée par le capitalisme. C’est le triomphe de l’opportunisme le plus vil, l’effondrement de toute prétention à incarner des valeurs, des attitudes, un mode de vie, une communauté.

Et dans la population cela ne passera pas. L’écrasante majorité des gens s’intéressant au football français approuvait la mise à l’écart de Karim Benzema, qui se situe d’ailleurs dans la continuité de la mise à l’écart d’autres individualistes talentueux (Nicolas Anelka, Eric Cantona, David Ginola, etc.)

Alors bien entendu, il y a l’espoir de victoire qui neutralise en partie les critiques, pour le moment. Mais les gens conscients comprennent que ce renversement reflète le cynisme contaminant toute la société.

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Société

Restaurants clandestins à Paris: on veut les noms et la guillotine

C’était un secret de polichinelle, mais la chaîne M6 a mis les pieds dans le plat avec un reportage en caméra cachée. Il y a en pleine crise sanitaire des restaurants clandestins de luxe ainsi que de nombreuses soirées privées pour le « tout Paris », et il se dit même que des ministres y participent. Il va falloir que des noms sortent et que des têtes tombent rapidement, car le scandale est explosif dans un pays à bout de nerfs, traumatisé par un an de crise sanitaire et des nouvelles mesures de restrictions…

Le reportage de M6 info est un véritable pavé dans la mare. Du champagne, du caviar, des menus à plusieurs centaines d’euros dans des hôtels privés parisiens où tout le monde se fait la bise en pleine crise sanitaire, puis un farfelu amoral qui explique ne pas voir le problème, arguant même de croiser régulièrement des ministres !

Voilà une belle caricature, pourtant bien réelle. Et alors que les Français subissent depuis un an l’inconsistance du gouvernement et du chef de l’État face à l’épidémie de Covid-19, la pilule ne passe pas, ne peut pas passer.

La ministre « de la citoyenneté » Marlène Schiappa a également commis une grosse bourde en expliquant à la télévision simplement que si des ministres ou des députés étaient concernés, ils devraient avoir des amendes. Sa légèreté aurait pu lui coûter cher immédiatement ; heureusement pour elle, un auditeur a posé la question de la démission et elle a dû acquiescer.

C’est en effet la moindre des choses, et une démission ne serait d’ailleurs qu’un préalable à un procès retentissant. On ne parle pas ici de simples écarts, mais d’une atteinte très grave à l’ordre public et à la collectivité, par des personnes en ayant la responsabilité.

La cassure entre le gouvernement et le peuple est littéralement cristallisé. Et le procureur de Paris Rémy Heitz a été contraint d’ouvrir une enquête pénale dimanche 4 avril, confiée à la BRDP (Brigade de Répression de la Délinquance aux Personnes) pour les chefs de mise en danger de la vie d’autrui et travail dissimulé.

L’organisateur de la soirée filmée par M6 a été rapidement identifié par de nombreuses personnes comme étant Pierre-Jean Chalançon. Le reportage est lui-même explicite en parlant d’un « collectionneur renommé » puis en montrant un tableau de Napoléon, alors qu’il est un collectionneur fanatique de Napoléon et que sa résidence le Palais Vivienne est facilement reconnaissable sur les images.

D’ailleurs, l’impunité est telle dans le milieu des mondanités parisiennes que tout ça était affiché publiquement sur Instagram, de la part du chef Christophe Leroy conviant au Palais Vivienne avec une photo de Pierre-Jean Chalançon !

Mais ce n’est pas tout. Voici une vidéo récente, datant du 1er février 2021, pour se rendre compte de qui on a à faire :

C’est bien sûr imbuvable, mais tellement typique de la grande bourgeoisie parisienne (y compris de nombreuses personnalités politiques) qui adore littéralement ce genre d’hurluberlu. Mais surtout, Pierre-Jean Chalançon y explique avec la plus grande quiétude qu’il organise à partir de la semaine suivante un « club des gastronomes », pour faire venir « tout ce qui est made in France », qu’il recevra deux fois par mois avec le chef Christophe Leroy aux fourneaux dans ce qui est donc un restaurant clandestin.

Il explique également beaucoup travailler avec Yves Jégot (ancien secrétaire d’État), régulièrement reçut à l’Élysée. Il explique avoir « beaucoup d’amis au gouvernement », bien connaître Jean-Baptiste Lemoyne (Secrétaire d’État chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie), Franck Riester (Ministre du Commerce extérieur et de l’Attractivité), Roselyne Bachelot (ministre de la Culture), avoir des amis « dans les ministères » à différents postes, par exemple chez Gabriel Attal, le porte parole du gouvernement.

Et Pierre-Jean Chalançon affirme dans la foulée que Attal doit « venir dîner prochainement » !

Ce monsieur affirme également avoir « pas mal de copains au Sénat et à l’Assemblée nationale », citant Florian Bachelier, un de ses « meilleurs amis », qui s’avère être le premier questeur de l’Assemblée nationale.

On a ensuite le droit à un étalage de son spectre amical dans le monde politique, avec Robert Hue, ancien premier secrétaire du PCF, qui aurait été le premier à lui envoyer ses vœux cette année, puis des figures de la droite comme Rachida Dati, Michèle Alliot-Marie. Il serait aussi très amis avec les cousins de François Hollande, qu’il connaît également.

Son spectre est tellement large qu’il va jusqu’à Jean-Marie Le Pen… chez qui il s’est rendu en juin 2020 à l’anniversaire. L’affaire avait fait scandale puisqu’il y posait, sans masque, au côté de… Dieudonné, antisémite notoire condamné à plusieurs reprises.

Suite à cette photo intolérable, il avait logiquement été exclu d’une émission sur France 2.

À propos de Jean-Marie Le Pen, Pierre-Jean Chalançon joue les candides, expliquant aller régulièrement à tous plein d’anniversaires et ne pas voir de mal à aller à celui-ci plutôt qu’un autre, ne pas se poser la question de qui pense quoi, etc.

C’est très bourgeois. Comme toute cette affaire. Et c’est exactement ce genre de choses que, dans l’Histoire populaire française, on déteste de la manière la plus complète. C’est de la même veine que le  « Eh bien ! Qu’il mange de la brioche » de Marie-Antoinette en 1789.

C’est exactement le genre d’anecdote historique qui donne son sens à toute une nouvelle séquence, une nouvelle époque pour les Français.

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Société

Le flop de la consultation citoyenne sur le cannabis

Dimanche 28 février s’est clôturé la consultation citoyenne sur l’usage du cannabis dit « récréatif ». Le nombre de répondants témoigne d’un flop, car ce n’est pas un questionnement démocratique et cela n’intéresse qu’une minorité de gens.

Lancée par l’Assemblée nationale il y a plus d’un mois et demi, le 13 janvier 2021, la consultation citoyenne sur le cannabis dit « récréatif » s’est terminée dimanche 28 février au soir. Ce questionnaire en ligne de 15 interrogations visait à obtenir les informations d’une majorité de personnes quant à leurs usages et leurs avis sur une possible légalisation du cannabis. Finalement, il n’aura recueilli que 253 014 avis.

Si l’on rapporte cela à la population active en France, excluant donc la population de moins de 15 ans, cette consultation ne représente que 0,86 % des gens du pays… Et ce n’est même pas un tiers des 1,2 millions de consommateurs (estimés) réguliers de cannabis. On voit bien que cela n’a intéressé que peu de monde, alors même que l’information de cette consultation a circulé dans les grands médias, et très largement sur les sites pro-légalisation. Sans même parler du travail au corps de l’opinion publique réalisé ces dernières années par des tas de tribunes prêchant la libéralisation du secteur.

Or, voilà, cela est un véritable flop. Caroline Janvier, rapporteuse de la mission d’information sur les usages du cannabis et député LREM du Loiret, déclarait d’ailleurs début février au journal Huffingtonpost :

« Il nous faut plus de femmes, d’autres classes d’âge et des personnes moins impliquées dans le débat. Que la consultation s’élargisse au-delà des cercles de militants pro-légalisation »

Ainsi, dans ce même article, on apprend qu’une majorité des répondants (70%) était d’accord pour la légalisation. De même, il y a environ 67 % d’hommes, le plus souvent âgés entre 18 et 29 ans (45% des répondants). Et si l’on ajoute que 9 % sont des parisiens, alors même qu’ils représentent 3 % des français, on a compris que les gens qui ont donné leur avis proviennent surtout du milieu pro-légalisation. Un petit milieu largement dominé par une poignée de jeunes hommes à la marge, avec un style de vie basé sur la défonce, et souhaitant par là-même niveler vers le bas toute la société.

De l’intitulé de la consultation à la tournure des questions, tout était de toute manière orienté de sorte à ce que seuls les gens pro-légalisation s’expriment. Le questionnaire comprenait sept questions, dont deux avec du texte libre, orientées en faveur de la légalisation, et seulement deux questions, dont une avec texte libre, si l’on y est opposé.

En comparaison, la consultation citoyenne sur le changement d’heure réalisé en 2019 avait recueilli plus de 2 103 999 d’avis. Cela en dit long sur les préoccupations populaires… et celles anti-populaires. Réfléchir au rythme de la vie quotidienne en fonction du cycle du soleil, oui pourquoi pas (et encore que 2 millions de répondants, c’est faible). Réfléchir à légaliser une drogue, quelle idée ! Et pourquoi faire ?

La réalité, c’est que la question du cannabis n’intéresse pas les gens, que le cannabis fait malheureusement partie du décors de la vie sous le capitalisme. La société dit non, ou plutôt : elle détourne le regard car elle sait bien qu’elle a les pieds pris dans le problème et qu’elle n’ose pas encore s’y confronter réellement.

Il n’y a nullement lieu de s’interroger sur une légalisation, car le sujet en lui-même est vain, anti-social, anti-moral. Un ouvrier de 40 ans qui fume pour se décompresser de sa semaine de travail sait bien qu’un tel questionnaire est un cadeau empoisonné. Qu’il y ait très peu de femmes qui ait répondu au questionnaire en rajoute au caractère anti-démocratique, car en général les femmes du peuple endurent et luttent au quotidien contre l’emprise de la drogue sur les enfants, le conjoint, les amis…

Voilà la position populaire : on a été piégé par la drogue, et il est hors de question qu’on en face une fierté, un mot d’ordre de mobilisation. Au pire, on fume, mais on ne se vante pas.

Mais ce n’est visiblement pas la position du député agriculteur LREM Jean-Baptiste Moreau, par ailleurs un opposant virulent à la cause animale, qui voit dans les résultats de cette consultation une aubaine pour lancer un « référendum » pour « trancher » la question.

La drogue n’est pas un horizon moral soutenable et c’est là forcément l’opinion le plus répandu dans la population. Mais sans le pouvoir, sans les leviers réels à disposition pour l’éradiquer, c’est la passivité qui règne. C’est d’ailleurs cette passivité populaire envers la politique qui fait le lit de la revendication libéral-libertaire en faveur du cannabis.

En fait, cette consultation citoyenne n’a été qu’une chambre d’enregistrement d’une lubie de petits-bourgeois, des petits-bourgeois par ailleurs dominés par une bourgeoisie soucieuse de lancer son business sous couvert d’ouverture démocratique.

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L’écriture «inclusive», une barbarie post-moderne anti-sociale

La langue française a historiquement fait le choix du masculin comme genre neutre par défaut. Cela permet de décrire une situation générale où il est fait référence à des personnes en général, sans avoir besoin de préciser leur sexe, car dans la plupart des situations on se moque éperdument du sexe des personnes en question.

Quand on dit « en 2021 en France, les ouvriers ont un bon niveau de vie », on ne s’intéresse pas du tout au sexe des ouvriers en question. Il est parlé des ouvriers en général, et le genre masculin a une fonction neutre, une portée générale.

Si le masculin est le genre neutre par défaut, cela ne veut pas dire que le féminin ne peut pas avoir cette fonction neutre également. Au contraire, cela arrive souvent, par exemple quand on dit « en 2021 en France, la classe ouvrière est particulièrement dépolitisée. »

On ne s’intéresse ici pas du tout au sexe des ouvriers composant la classe ouvrière et peu importe d’ailleurs que le mot classe soit masculin ou féminin. Il y a dans le contenu du mot « classe » tout autant des ouvrières que des ouvriers, mais il est parlé au féminin, car le mot « classe » est féminin, et le féminin a ici une valeur neutre. Il pourrait en être autrement, cela ne change rien à rien.

Ce qui est valable en général l’est en particulier.

Quand on dit « Benjamin est une belle personne, particulièrement généreuse », la masculinité du Benjamin en question n’est aucunement niée ni remise en cause ; Benjamin n’est absolument pas discriminé ni « exclu » en tant qu’homme en raison de cette formulation. Il s’agit juste d’une règle de grammaire faisant qu’il faut accorder au féminin les adjectifs décrivant un nom féminin.

Il en est de même pour Louis XIV quand Jean-Baptiste Colbert s’adresse à lui dans leurs correspondances en disant « Elle ». Le contrôleur général des finances parle à la troisième personne à « Sa Majesté », qui est un mot féminin, mais cela n’a aucun rapport avec le sexe du Roi de France.

Tout cela est connu et admis de tout un chacun et ne pose aucun problème au quotidien. Le Français est une langue complexe et très élaborée, correspondant à une société elle-même particulièrement complexe et élaborée. Les membres de cette société ont tout à fait la capacité de faire la différence entre le genre neutre désignant des situations générales ou particulières et les genres féminin et masculin quand ils servent à désigner des personnes ou groupes de personne en raison de leur sexe. C’est quelque chose de très naturel.

Seulement, cela pose un problème énorme aux post-modernes, car ils sont littéralement obsédés par le fait déconstruire la société et l’unité de la société. Reflétant le libéralisme économique, ils veulent le libéralisme culturel et insistent ainsi sur l’identité. 

Cette mise en avant de l’identité passe par le rejet de ce qui a une signification universelle. Les post-modernes veulent toujours en revenir au particulier, ils veulent sans-cesse atomiser la société pour mettre en exergue les individus. Ils détestent donc cet usage grammatical du neutre dans la langue française : pour eux il faut sans cesse diviser la société entre hommes et femmes, même quand cela n’a aucun rapport avec le sujet.

Les post-modernes prétendent alors que la langue française est « excluante » vis-à-vis des femmes en raison de la règle grammaticale faisant que le masculin est le genre neutre par défaut. Ils prétendent que quand une université s’adresse aux « étudiants », elle « exclue » les étudiantes car celles-ci ne sont pas définies en particulier.

Les post-modernes ont alors inventé l’écriture « inclusive », pour marquer absolument leur besoin de compartimenter la société entre hommes et femmes, et surtout de séparer les « individus » au nom de leur reconnaissance.

Selon le principe de l’écriture « inclusive », une université doit ainsi écrire « les étudiant.e.s », pour bien marquer qu’il y a des étudiants qui sont des hommes et des étudiantes qui sont femmes, même si cela n’a aucun rapport avec le sujet.

On a alors le droit à tout un tas de mots dans les phrases où des points sont ajoutés pour intercaler le « e » du féminin et supprimer ainsi le masculin neutre. C’est illisible, et d’ailleurs l’écriture « inclusive » n’est jamais vraiment entièrement utilisée tellement c’est un sac de nœuds.

Les gens utilisant l’écriture « inclusive » sont concrètement tellement délirants, tellement en dehors de la réalité, qu’ils en arrivent à utiliser leur formulation « inclusive » y compris quand il n’est question que des femmes… C’est le cas avec l’Unef, ce syndicat étudiant qui était historiquement lié à la Gauche et qui est maintenant un bastion post-moderne, qui est capable d’écrire quelque-chose d’aussi absurde que :

« Victoire pour les étudiant.e.s, mise à disposition gratuite de protections périodiques pour les étudiant.e.s sur ton campus ! »

Absurde pour les matérialistes, mais plein de sens pour des gens maniant de manière fantasmagorique les notions de genre, de sexe, d’identité, depuis les universités et en tournant le dos au peuple, au mépris de l’Histoire.

On en arrive alors à un véritable massacre de la langue française et il est très impressionnant de voir à quel point ce massacre s’est imposé dans un nombre incalculable d’universités et d’institutions. Cela en dit long sur la décomposition et la décadence de la société française, incapable de préserver ce précieux patrimoine qu’est la langue de Molière.

La Gauche historique, qui est le Parti de la société, de l’Histoire, a ici une responsabilité énorme pour défendre la langue française contre les lubies post-modernes. Car qui dit société, dit civilisation, sinon c’est le retour à la barbarie. L’écriture inclusive est typiquement ce genre de barbarie anti-sociale que la Gauche doit dénoncer et combattre.