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Refus de l’hégémonie

Le nationalisme ukrainien et l’effacement de la Russie

Avant le conflit entre la Russie et l’Ukraine, agauche.org a pendant six mois alerté de l’imminence de ce drame historique et souligné la menace que cela faisait peser sur l’Ukraine. Le déclenchement du conflit a cependant fait basculer l’Ukraine dans un nationalisme forcené, totalement délirant, voulant effacer la Russie.

Le régime ukrainien n’est nullement actif « en défense » de l’Ukraine ; en réalité, son agenda est celui du nationalisme ukrainien combiné à celui de l’Otan, avec comme but la destruction de la Russie. Les exemples suivants montrent l’ampleur de cette fuite en avant nationaliste, où tombent les Ukrainiens qui espèrent obtenir les armes américaines et l’argent européen à l’infini.

La chanteuse d’opéra Anna Netrebko est une grande cible du nationalisme ukrainien

Prenons le prix Erich-Maria-Remarque, du nom du grand écrivain allemand auteur d’A l’Ouest rien de nouveau. Le prix est décerné par la ville allemande d’Osnabrück, dans une optique qui se veut démocratique-pacifiste. Il y a un prix principal et un prix spécial.

Pour 2023, le prix principal est allé à Lioudmila Oulitskaïa. C’est une Russe, opposante depuis longtemps à Vladimir Poutine (un « criminel »). Écrivain, elle s’est opposée à « l’opération militaire spéciale » (une « honte ») en Ukraine et s’est dans la foulée installée en Allemagne. Elle dénonce la Russie depuis plus d’une décennie comme acculturée, nationaliste, ayant une folie impérialiste des grandeurs.

Eh bien celui qui a reçu le prix spécial, le dessinateur ukrainien Serhi Maidukov, a catégoriquement refusé de recevoir son prix. Hors de question d’être aux côtés d’une Russe ! C’est là qu’on voit le degré de fanatisme du nationalisme ukrainien, qui profite de l’appui massif des occidentaux (Maidukov travaille pour les New Yorker, Wall Street Journal, Washington Post, Zeit, Guardian, des quotidiens bellicistes).

Éloge par Le Monde d’une émission d’Arte racontant avec fierté l’interdiction de ce qui est russe à l’opéra de Kiev (« Kiev, un opéra en guerre« )

La contagion est générale ; elle ne concerne pas que l’opéra où tout ce qui est russe est interdit. Prenons Andreï Kourkov, qui est le romancier ukrainien dont les œuvres ont été le plus traduites à l’étranger. Il est né… dans la banlieue de Leningrad et tous ses romans ont été écrit en russe ! Mais lui-même est pour la suppression de la langue russe désormais. Ce qui ne n’empêche pas qu’il soit dénoncé en Ukraine comme « un collaborateur au long cours » pour ses romans écrits en russe…

Au début de 2023, il y a eu, autre exemple, le festival Prima Vista, en Estonie. C’est un pays fanatiquement anti-Russie également. Néanmoins, des opposants étaient systématiquement invités. Or, cette fois, les poètes ukrainiennes Olena Huseinova et Anna Gruver ont refusé de venir. La raison a tenu à la présence de la poète russe Linor Goralik ! Cela va si loin qu’Olena Huseinova a également dénoncé un poète russe habitant aux Canada ayant pris partie dans ses œuvres pour les « victimes » du conflit à Marioupol et Boutcha. Selon elle, c’est de l’appropriation néo-coloniale.

La romancière Oksana Sabuschko s’est pris une volée de bois vert en disant qu’elle n’avait rien contre le fait que ses œuvres soient traduites en russe, tout comme l’historien Jaroslav Hryzak pour avoir accordé une interview au média russe d’opposition (et interdit) Meduza. Pareil pour le romancier le plus connu en Ukraine, Iouri Androukhovytch, qui a été critiqué pour avoir parlé avec le romancier russe Mikhaïl Chichkine à un festival littéraire en Norvège en septembre 2022. Ce Mikhaïl Chichkine, dont la mère est Ukrainienne, vit pourtant en Suisse depuis 1995, publie dans tous les journaux occidentaux anglophones et dénonce Vladimir Poutine depuis le départ !

Le nationalisme ukrainien est une idéologie qui, depuis sa fondation au 19e siècle, vise à l’effacement de la Russie. Cette dernière ne serait qu’un assemblage artificiel produit par la « Moscovie ». Il n’y a donc rien de « russe » à reconnaître. Et même les Russes opposés à « l’opération militaire spéciale » sont donc dénoncés comme des agents du colonialisme. Tel est le fanatisme du nationalisme ukrainien, dont un exemple terrible est la nomination en septembre 2023 d’un nouveau ministre de la défense ukrainien, après un scandale de corruptions.

On parle ici de Roustem Oumierov, né en Ouzbékistan et Tatar de Crimée, où sa famille est revenue en 1991 : les Tatars avaient été déportés en 1944 par l’URSS en raison de leur soutien à l’Allemagne nazie. On comprend par sa nomination que c’est un symbole de la visée ukrainienne sur la Crimée. Cette dernière est russe historiquement et jamais la Russie ne l’abandonnera : le fait de nommer un tel ministre de la Défense montre qu’aucune solution pacifique n’est envisagée ni envisageable par l’Ukraine.

Roustem Oumierov est passé par les États-Unis, notamment avec le « Future Leaders Exchange ». C’est un agent américain. Mais pas seulement : il parle d’ailleurs turc et on comprend le double jeu de la Turquie, qui compte bien faire un partenariat approfondi avec le belligérant victorieux, que ce soit la Russie ou l’Ukraine. Telle est la bataille pour le repartage du monde.

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Conférence des ambassadeurs français: 100% pro régime ukrainien

La France est un satellite américain : l’exemple suivant le révèle entièrement. Chaque année, les ambassadeurs français viennent à Paris, afin d’écouter le ministre des Affaires étrangères donner les directives officielles. On parle ici non pas tant des initiatives « secrètes » propres à la « diplomatie » que du discours officiel à adopter dans chaque pays par les ambassadeurs. Ce discours correspond au bruit de fond que la France entend orchestrer.

Les ambassadeurs français fin août 2023

En août 2023, la conférence des ambassadeurs a été placée dans une optique totalement favorable au régime ukrainien. La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a tenu des propos bellicistes sans aucune ambiguïté : la Russie doit s’effondrer, s’effacer. Elle avait d’ailleurs invité son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba. Une conférence de presse commune a même été réalisée.

C’est là tout à fait révélateur, et on comprend tout lorsqu’on voit que Dmytro Kuleba s’est vanté d’avoir rencontre les responsables du Complexe Militaro-Industriel français. L’Ukraine est une colonie américaine et la France cherche à être le meilleur satellite américain en Europe, en se collant à l’Ukraine.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba salue sa rencontre avec le Complexe Militaro-Industriel français pour une nouvelle coopération et coproduction

Catherine Colonna et Dmytro Kuleba s’étaient déjà rencontrés plusieurs fois, notamment à Odessa pour une véritable opération de propagande. La conférence des ambassadeurs français de 2023 se situe dans le prolongement de telles initiatives, ce que Catherine Colonna a souligné dès le départ lors de la conférence de presse :

« Mesdames et Messieurs,

Je suis heureuse d’être devant vous en compagnie de Dmytro Kuleba.

En fait, si nous avons donné ensemble, souvent, des points de presse, à Kiev, à Odessa, et aux Nations unies à New York, c’est la première fois que nous le faisons ici, à Paris.

Merci, Monsieur le Ministre, merci, cher Dmytro, d’être venu jusqu’ici. C’est la deuxième fois que vous le faites depuis le début de la guerre, puisque j’avais pu vous accueillir au mois de mai dernier, lorsque vous aviez accompagné le Président Zelensky à Paris. »

Elle a enchaîné en expliquant que la France soutenait le régime ukrainien à tous les niveaux, y compris militaire. On a ici la preuve absolument claire que la France est en guerre contre la Russie. Une guerre indirecte, ayant une forme historique particulière, mais une guerre tout de même.

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna

D’ailleurs, la Russie est présentée comme tous les pays ennemis lors d’une guerre : l’ennemi est inhumain, massacre les civils, n’a aucune morale, menace la paix, etc. Par conséquent, la guerre à l’ennemi est une « nécessité absolue », comme le formule Catherine Colonna.

« Cela fait plus d’un an et demi que la Russie ne cesse de cibler, de façon quasi quotidienne, les infrastructures civiles et les populations civiles en Ukraine, comme nous l’avons vu encore ces derniers jours.

Je dois répéter ce que dit clairement le droit international : cibler intentionnellement des objectifs civils est constitutif de crimes de guerre. Plus d’un an et demi, également, que le peuple ukrainien résiste, résiste avec bravoure, et mérite notre admiration, résiste pour défendre la liberté, la souveraineté de son pays, injustement agressé.

Et alors que le Président de la République l’a dit hier, je veux redire après lui que, comme je le disais aussi ce matin à nos ambassadrices et à nos ambassadeurs : la France apporte et apportera tout son soutien à l’Ukraine, dans tous les domaines, politique, diplomatique, juridique, économique, et bien sûr militaire, pour aider ce pays à exercer son droit à la légitime défense.

Et ce soutien se poursuivra, il se poursuivra et s’intensifiera aussi longtemps qu’il le faudra, pour mettre en échec l’agression russe. C’est une nécessité absolue, nous le savons. Une nécessité absolue pour défendre l’Ukraine, mais au-delà, pour défendre aussi notre sécurité collective et l’avenir du système international fondé sur le droit et non sur la force.

Catherine Colonna mentionne les propos du président de la République Emmanuel Macron, qui allaient dans le même sens la veille, tout en expliquant de son côté, de manière voilée, pourquoi la guerre contre la Russie a pris cette forme « indirecte ». C’est qu’elle dispose de l’arme nucléaire ! Le 28 août 2023, il formulait la chose ainsi aux ambassadeurs.

« Je considère que le contexte international se complique et fait courir le risque d’un affaiblissement de l’Occident et plus particulièrement de notre Europe. Il nous faut être lucide, sans être excessivement pessimiste dans ce contexte (…).

 A l’issue de ces deux lois de programmation, nous aurons doublé le budget de nos armées, ce qui est inédit dans la période contemporaine. (…).

Notre sécurité collective et celle de la France, de ses alliés, de ses partenaires européens est, évidemment, avant toute chose, remise en cause par l’agression Russe en Ukraine.

J’ai eu l’occasion de m’exprimer à plusieurs reprises sur ce sujet devant vous l’année dernière et je l’ai fait encore ces derniers mois, en particulier à Vilnius. Il ne faut pas perdre de vue la singularité de ce conflit. Elle repose d’abord sur le fait qu’en Europe, la guerre revient. 

La deuxième chose, c’est qu’elle vient de manière très claire, fouler aux pieds et violer la souveraineté populaire et l’intégrité territoriale d’un État européen. Et à cet égard, violer le droit international.

Qu’elle s’est aggravée avec des crimes de guerres multiples, d’attaques de populations civiles et des scènes que nous avons pu voir et sur lesquelles d’ailleurs nous travaillons par une coopération de nos magistrats, de nos policiers, de nos gendarmes exemplaires.

Ensuite, parce qu’elle implique un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, qui plus est, puissance dotée. Ce qui change les termes de l’efficacité d’une réponse diplomatique et de la nature, évidemment, de l’engagement politico-militaire. »

On remarquera l’insistance sur la dimension juridique. C’est pour couper les ponts, empêcher tout retour en arrière. Du moment que la Russie est présentée comme criminelle et devant être jugée afin d’être condamnée, par définition il ne peut y avoir aucune négociation et la guerre doit aller jusqu’au bout.

Tout l’appareil idéologique français des « droits de l’Homme » oeuvre en ce sens pour le futur « procès » de la Russie, qui devra aboutir à son démantèlement déjà prévu et à l’effacement de sa culture « criminelle » avec Tolstoï et Dostoïevski. Dans son discours aux ambassadeurs, Catherine Colonna a bien insisté sur ce point.

« Notre soutien est enfin juridique avec le travail mené autour d’un tribunal internationalisé pour juger des crimes commis par la Russie en Ukraine, et l’appui que nous apportons à la Cour pénale internationale et aux enquêteurs ukrainiens.

Avec la conviction que la justice est l’une des conditions de la paix : j’ai ainsi eu l’honneur de présider la première session ministérielle du Conseil de sécurité consacrée à l’Ukraine, et spécifiquement à la lutte contre l’impunité, en septembre dernier (…).

Voici 18 mois maintenant que la Russie a déclenché une guerre sans merci contre l’Ukraine. Voici 18 mois de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, dont la Cour Pénale Internationale s’est saisie et qui valent à Vladimir POUTINE d’être l’objet d’un mandat d’arrêt dans l’un des dossiers les plus abjects parmi ceux dont il s’est fait la spécialité : l’enlèvement d’enfants ukrainiens, déplacés de force en Russie.

Voici 18 mois que la Russie détruit tous les cadres juridiques et moraux qui gouvernent l’ordre international et fondent la paix et la stabilité dans le monde. La constance du crime n’en réduit pas la gravité. »

La France n’est nullement une puissance « indépendante », cherchant à « équilibrer » les forces mondiales, et même s’imaginer qu’elle le devrait est une farce réactionnaire. La France est, de par sa nature même, un satellite américain, un aspect de l’Occident sombrant dans une décadence complète, exprimant l’effondrement du capitalisme à l’échelle historique.

La France s’aligne sur la superpuissance américaine et cherche uniquement à avoir une meilleure part de gâteau… de ce que laissera la superpuissance américaine à ses satellites. Mais le maintien de l’hégémonie américaine est impossible. Le 20e siècle est terminé, et avec lui l’époque de l’hégémonie occidentale. Ce sont les masses mondiales qui font irruption au niveau planétaire et vont faire vivre le 21e siècle !

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Refus de l’hégémonie

La nature militaire de l’échec de l’offensive de printemps ukrainienne

L’occident avait médiatisé de manière massive l’offensive ukrainienne du Printemps 2023. Celle-ci s’est en fait réellement matérialisée au début de l’été, et elle a échoué. C’est donc la panique au sein des médias, notamment de tous ce gens faussement de gauche se plaçant dans le camp de la « démocratie » contre « l’ogre russe ».

L’Otan, ce ne serait pas bien, mais la menace principale, ce serait les vilains Russes et les affreux Chinois… Donc autant « sauver » les gentils Ukrainiens… au moyen de l’Otan. Voilà comment, à partir d’un point de vue partant de la Gauche, on arrive au militarisme. Le Canard enchaîné se lamente ainsi :

« Depuis deux mois, la contre-offensive menée par les Ukrainiens est une source de déception pour les états-majors occidentaux.

Ces stratèges s’étaient un peu vite persuadés que les soldats de Poutine ne pesaient pas bien lourd et que les armements déjà bien fournis par les Américains – l’équivalent de 43 milliards de dollars – allaient en faire de la pâtée.

Erreur : les envahisseurs résistent.

Un argument que Zelensky et ses généraux peuvent présenter en défense, et ils le font avec une relative discrétion, pour ne fâcher personne : « On ne nous a pas livré les 300 chars lourds et les dizaines d’avions de combat F-16 que nous avons réclamés dès janvier 2023. »

Il pourraient même ajouter que les autres matériels promis tout au long des dix-sept mois de cette guerre – batteries anti-aériennes, lance-missiles multiples, missiles de croisière, bombes à fragmentation, transports de troupes blindés, radars, drones, obus, munitions diverses, etc. – ont toujours été fournis à de petites doses, et avec beaucoup de retard. »

Tout l’article du Canard enchaîné va ainsi (« Les dangereux retards de l’aide fournie à Kiev », 16 août 2023). Et il est signé Claude Angeli, une figure majeure de cet hebdomadaire. Cet exclu du PCF dans sa jeunesse, en 1964, l’a rejoint en 1971 (c’est lui qui publie l’article sur les diamants de Bokassa touchant le président d’alors, Giscard). Il en est le rédacteur en chef de 1991 à 2012, pour ensuite s’occuper seulement de la politique étrangère.

Sa position est révélatrice de la situation actuelle, où parmi les pires militaristes se trouvent ceux qui veulent une France « sociale » et entendent la préserver à tout prix. C’est logique dans un pays où plus de 80% du chiffre d’affaires des entreprises du CAC 40 est réalisé à l’étranger. Le parasitisme à l’échelle mondiale produit un social-impérialisme agressif.

Sauf que le problème, donc, est que le régime ukrainien ne parvient pas à provoquer la destruction prévue de la Russie et sa partition en plusieurs pays.

Le directeur du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov dans ses bureaux avec la carte de la Russie découpée en plusieurs États

La raison de l’échec du régime ukrainien tient à l’excellence russe au niveau défensif. Il faut remonter ici loin dans l’Histoire, ce qui a perdu la quasi totalité des observateurs. Il faut en effet connaître le parcours de la Russie depuis Napoléon, avec notamment le violent contraste entre l’URSS des années 1920-1940 et celle des années 1960-1980. Cela fait beaucoup!

La Russie a en effet été longtemps une partie de l’URSS et dans l’esprit communiste de la première partie du 20e siècle, la logique militaire est celle de la « défense active ». Autrement dit, on part du principe que l’ennemi est le seul agressif et qu’il est supérieur sur le plan militaire ; il faut donc contourner ces faiblesses en le manœuvrant sur un terrain prédéterminé.

Le « modèle », c’est la guerre générale du peuple russe contre l’armée de Napoléon au début du 19e siècle, combinant armée traditionnelle évitant les combats et harcèlement par la guerre des partisans. La dynamique de cette guerre est admirablement décrite dans le grand classique de Tolstoï, Guerre et paix. Les communistes soviétiques ont repris le concept de par sa dimension populaire.

Mais c’est en Chine que cette stratégie a été développée à une échelle la plus grande, conduisant à la victoire des communistes chinois en 1949 avec à leur tête Mao Zedong. Ce dernier a longuement théorisé les principes de cette « guerre populaire ». On trouve dans les « dix principes d’opération » les éléments fondamentaux de cette défense active.

Chou Enlai et Mao Zedong dans la base de Yenan en 1935

L’URSS a abandonné le principe de défense active à partir des années 1950, la bureaucratie capitaliste transformant à partir de là tout le pays et donc également les objectifs. L’URSS visait à devenir la puissance hégémonique mondiale. La stratégie militaire agressive a ainsi formé une superstructure théorique sur le principe de « défense active ».

Il s’agissait cette fois d’attaquer, suivant le principe traditionnel bourgeois du « blitzkrieg », l’attaque-éclair. L’Otan avait une peur bleue de cette stratégie et pour cette raison il était prévu d’utiliser immédiatement des bombes atomiques tactiques (en Allemagne et en Autriche) pour briser une éventuelle avancée des forces du Pacte de Varsovie.

Cependant, dans cette stratégie offensive, il y a des restes de « défense active », en raison de la supériorité considérée comme acquise de l’aviation occidentale. Pour cette raison, la « défense active » dans sa version impérialiste soviétique s’appuyait notamment sur les lignes de défense et les mines, afin de forcer l’opposant à agir sur un terrain prédéfini (et hors aviation).

Il faut savoir en effet que la stratégie militaire de l’Otan repose entièrement sur l’aviation : celle-ci écrase tout et après on envoie les troupes. La guerre contre l’Irak dans les années 1990 est un exemple fameux. Les lignes de défense avec une très forte artillerie et les mines sont une tentative soviétique de contrer ce principe.

C’est même tellement un arrière-plan qu’en fait, les soviétiques ne savaient pas faire autrement (et de fait ni les Russes ni les Ukrainiens aujourd’hui non plus). Voici par exemple ce qui a posé problème à l’URSS lors de sa conquête de l’Afghanistan en 1979. La carte suivante montre ce qui n’allait pas : l’invasion est passée par les grandes routes, mais le territoire contrôlé n’a jamais réellement dépassé l’environnement de ces grandes routes.

Pourquoi ? Parce que malgré des bombardements aériens terribles, les rebelles afghans n’ont jamais pu être détruits par l’artillerie soviétique puisqu’ils n’entraient pas dans le jeu de la défense active. Résultat, ce fut la défaite soviétique.

De manière incroyable, en 2023, les Ukrainiens sont par contre rentrés dans ce jeu. C’est sidérant, même. Le piège était énorme, mais le nationalisme ukrainien a tellement aveuglé les stratèges qu’ils ont tenté de passer en force.

Ils ont été aidé en cela il est vrai par l’Otan, qui a formé pendant des semaines des milliers de soldats ukrainiens pour « percer » la défense active. Tout le matériel distribué, avec les blindés, allait en ce sens (ce sont les Leopard, les Stryker, les Challenger 2, etc.). Or, c’était une opération suicide, au point que l’armée ukrainienne elle-même a arrêté d’utiliser les principes de l’Otan dans ses opérations.

Voyons pourquoi. Les lignes de défense russes sont composées de trois lignes. Le schéma suivant présente leur configuration générale (de manière grossière et néanmoins expressive).

Le terrain des lignes se rétrécit, afin de laisser le temps aux troupes de rejoindre la ligne précédente en cas de défaite

L’armée russe a eu des semaines pour former ses lignes. Donc cela donne la chose suivante.

Vous avancez, comme sapeurs, à pied. Vous vous prenez de l’artillerie sur la tête. Une artillerie vous appuie, sans la même envergure pourtant (les Russes ont beaucoup plus de munitions). Vous cherchez à dégager les obstacles et à combler le fossé anti-char. Ensuite vous tentez de déminer. Sauf que là vous êtes tellement près de la première ligne russe que des drones suicides se précipitent sur vous. Vos drones sont bien moins efficaces également, en raison des systèmes utilisés pour les déboussoler (l’armée russe est très forte désormais en ce domaine).

Et en cas d’échec, la première ligne russe a le temps de remettre de nouvelles mines, d’adapter celles-ci (pour les blindés par exemple). Et tout est à recommencer.

C’est un cauchemar. Et il faut avoir conscience qu’on parle ici de millions de mines, sans doute autour de 8 millions ! Pour cette raison, à la mi-août 2023, l’armée ukrainienne… n’a même pas atteint la première ligne de défense, à part en un ou deux points grosso modo des 800 km de la ligne générale de front.

C’est un désastre, avec un front gelé sauf en de très rares points, mais un gel coûtant la vie à des centaines de soldats chaque jour.

La stratégie de l’Otan, historiquement mis en place dans les années 1970 face à l’URSS, dit qu’il faut cibler un point de la ligne de défense et foncer. Sauf qu’il faut des forces énormes pour passer sans se faire étriller de tous les côtés. C’est pour cela que des blindés ont été fournis en masse au régime ukrainien. Mais cela ne suffit pas.

L’offensive ukrainienne du printemps, en fait de l’été, est donc un carnage total. Et ce d’autant plus qu’il y en a pour six mois d’artillerie (à un rythme bien moins élevé que l’armée russe), et après il n’y a plus rien.

Pour cette raison, des dissensions s’expriment pour la première fois quasi ouvertement dans le régime ukrainien à la mi-août. Les « politiques » sont très déçus de l’échec de l’offensive et se demandent si elle vaut encore le coup, car il va falloir continuer de tenir. Les « militaires », avec à leur tête Valeri Zaloujny le commandant suprême de l’armée ukrainienne, disent qu’il faut prolonger l’effort coûte que coûte.

Le grand espoir de l’armée ukrainienne est de passer le Dniepr, au moyen d’un millier de soldats formés par les Royal Marines britanniques. Rappelons ici que l’objectif très clair du Royaume-Uni, c’est de faire passer sous sa coupe le port d’Odessa. Pour la Russie, c’est hors de question et le conflit ne s’arrêtera pas de son côté tant que la « Nouvelle Russie » historique au bord de la Mer Noire n’est pas récupérée.

C’est pour cela que dès juin 2022, il avait été dit de notre part que l’Ukraine serait, en tout état de cause, coupé en trois. Cela donnerait en jaune une zone marquée par l’intervention militaire polonaise avec un régime ukrainien nationaliste, en gris comprenant Kiev une zone tampon « protégé » par la France et l’Allemagne, en bleu une zone rejoignant la Fédération de Russie.

Tout cela a lieu alors qu’il y a eu au début d’août 2023 des rumeurs infondées mais révélatrices de possible coup d’État militaire en Ukraine, alors qu’inversement les « politiques » ont procédé à l’éviction de la totalité des responsables de centres de recrutement de l’armée ukrainienne, en raison de la corruption.

Et mi-août, le chef du bureau du secrétaire général de l’Otan, Stian Jenssen, a parlé d’un éventuel accord où l’Ukraine rejoindrait l’Otan en échange de territoires remis à la Russie. Il s’est bien évidemment rétracté. Cependant, tout cela correspond à un état d’esprit fondé sur la compréhension de l’échec de l’offensive ukrainienne de Printemps. La situation semble sans issue.

Ce qui rend fou de rage l’Allemagne qui a changé totalement de ligne et est désormais pro-régime ukrainien de manière totale. Tout ça pour ça ! Aussi prône-t-elle l’escalade. Elle compte fournir des missiles Taurus, d’une portée de 500 km.

Les SCALP/Storm Shadow ont été fournis par la France et le Royaume-Uni

Cela ne ferait que prolonger le conflit de quelques mois, sans en changer la donne. En l’état actuel des choses, les carottes sont cuites pour le régime ukrainien, dont la majorité des finances provient des aides occidentales. Sur le plan des troupes, ce n’est pas un problème, on est loin des statistiques horribles de la guerre de 1914-1918 et cela pourrait durer encore longtemps.

Mais le soutien occidental ne durera pas au-delà de la fin de l’année 2023 en raison de l’ombre de l’intervention chinoise pour récupérer Taïwan en 2024. Et une victoire militaire marquante à court terme semble impossible.

On touche un point névralgique du conflit, un tournant, un noyau dur faisant passer d’une situation à une autre. Cela ne rend que les choses encore plus dangereuses de par le contexte de guerre générale pour le repartage du monde.

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La guerre française contre la Russie

Historiquement, la France connaît une large influence de l’idéologie gaulliste, qui appelle à une sorte d’équilibre entre les plus grandes puissances. La France pourrait tirer son épingle du jeu en étant dans le camp américain, mais avec une sorte de perspective sociale-humaniste, le « pays des droits de l’Homme ».

Tout cela est désormais du passé et il n’existe plus aucune importance politique du gaullisme en France. L’irruption du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine a balayé toutes les positions gaullistes au profit d’un alignement complet sur la superpuissance américaine.

Aucun retour n’est plus possible. La première raison, c’est que la Russie a été expulsée d’Europe. Ses avoirs sont gelés et s’il n’était le fétichisme de la propriété, tout serait confisqué. Tout le sera de toutes façons, ces avoirs iront à l’Ukraine comme « avances » pour les futures dettes russes lorsque la Russie perdra… si elle perd.

La seconde, c’est que la France soutient militairement le régime ukrainien. Elle lui fournit des informations obtenues par ses satellites (CSO, Pleiades et Helios). Elle a envoyé des missiles anti-chars (Milan, Javelin et Akeron) et des systèmes portatifs de défense antiaérienne (Mistral). Elle a offert des obusiers (Caesar, TRF1) et deux systèmes de défense sol-air Crotale R-400.

Elle a mis en place la fourniture de dizaines et de dizaines de véhicules blindés de transport de troupes (VAB, AMX10-RC, ACMAT Bastions), ainsi que des véhicules légers (TRM 2000, GBC 180, Peugeot P4). A cela s’ajoute des mines HPD2A2, et tout ce qu’on ne sait pas (y compris masqués dans les tonnes d’aides humanitaires), car officiellement il n’y a aucune communication de l’armée française.

Tous les médias français, unanimes, sont pour la défaite totale de la Russie. Cet objectif était auparavant conçu comme possible et souhaitable, une opportunité à court terme. Désormais, même si cela doit prendre des années, l’Ukraine est censée aller au combat jusqu’au bout. Dans son éditorial du 9 août 2023, « Cette longue guerre qui attend l’Ukraine », Le Figaro expose les choses sans ambiguïtés.

« Céder face à Poutine n’est pas une option. Cela signerait une défaite stratégique catastrophique pour l’Occident (…).

Les alliés de Kiev devront accélérer le rythme et la qualité des livraisons d’armes, prendre de court Moscou (…).

L’Occident sera-t-il à la hauteur du défi? A-t-il encore le choix? Son avenir se joue en Ukraine… »

Constructions à Marioupol, que la Russie s’efforce de reconstruire rapidement, afin d’assurer sa crédibilité

C’est qu’il est trop tard pour reculer. Au-delà des intérêts stratégiques, où la France peut diverger de la superpuissance américaine, il y a le mode de vie. Et l’Ukraine s’est faite le bras armé de ce mode de vie. Il est tout à fait utile pour l’occident d’avoir un pays pauvre avec une population fanatiquement pro-américaine, pro-Otan, pro-Union européenne. Cela contribue à présenter l’occident comme un paradis, un modèle à suivre.

La toute-puissance occidentale est un facteur idéologique majeur. Et aucun changement profond n’est possible sans briser cette chape de plomb. Il suffit de voir la France en 2023. Les grèves contre la réforme des retraites et les émeutes de l’été n’ont été que des rides sur la surface de l’eau. Dans ses fondements, tout reste stable, même si décadent, ou justement stable parce que décadent.

L’occident, ce serait la diversité dans la liberté, dont les LGBT sont l’exemple fer de lance. Ce serait la seule vraie option, à rebours des « modèles autoritaires ». Sur le plan du contrôle social, c’est un bénéfice énorme. Il n’y a rien de tel pour justifier une pacification sociale. Des troubles, des problèmes ? Tout cela sera résolu, car rien d’autre n’est possible que le capitalisme occidental !

Sarah Ashton-Cirillo, trans américain nommé porte-parole pour les médias occidentaux des forces territoriales de l’armée ukrainienne

Aucune fiction n’est donc possible au sujet d’une « autre » France, qui pourrait être une force de paix si elle était souveraine. C’est impossible non seulement parce que l’État est inféodé à la superpuissance américaine, mais également parce que la société l’est tout autant.

Les occidentaux ont un mode de vie individualiste « hédoniste » et n’ont pas un soutien actif à la guerre contre la Russie. Mais indirectement, ils y participent et en sont même les vecteurs. Tout ce qui est guerre contre le tiers-monde est en fin de compte dans leur intérêt. A moins d’assumer la rupture, ils participent à la machine de guerre économique, sociale, idéologique, culturelle.

La Russie est d’ailleurs de plus en plus effacée sur le plan de la culture, dans l’indifférence ou dans le fanatisme. Tant que le capitalisme propose, les gens disposent. C’est pourquoi il faut souhaiter la « défaite stratégique catastrophique de l’Occident ». Elle ne serait en rien une victoire pour la Russie et la Chine, ou peut-être à court terme. Elle serait une victoire pour le tiers-monde.

Affiche chinoise des années 1970: « Bienvenue aux amis du tiers-monde »

La France est en guerre contre l’Ukraine, et pour que les choses puissent changer en France, il faut une défaite stratégique occidentale. C’est à ce prix que la lutte des classes peut se réaffirmer, le prolétariat se recomposer en sortant de son statut de « masse consommatrice passive ». Et la défaite stratégique occidentale est inévitable. C’est de là qu’il faut partir pour la moindre initiative qu’on puisse avoir – tout le reste relève d’un monde en perdition, condamné à disparaître.

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Refus de l’hégémonie

Otan Vilnius 2023: officialisation de la guerre contre la Russie

Le sommet de l’Otan des 11 et 12 juillet à Vilnius, en Lituanie, n’a quasiment pas été médiatisé en France. La raison est double : d’abord, le sommet n’a fait qu’officialiser ce qui était déjà en place. Ensuite, il faut continuer d’endormir l’opinion publique française. Tout fonctionne très bien pour l’Otan, donc il n’y a aucun besoin de trop remuer les choses, surtout dans un pays en perte de vitesse à tous les niveaux.

La France doit continuer de dormir en ce qui concerne la question ukrainienne. Il n’y a que dans la partie orientale de l’Europe où là, par contre, les opinions sont chauffées à blanc. La guerre à la Russie est mise en avant en faisant miroiter un niveau de vie et un style de vie à l’occidentale.

Un trolleybus typique de l’Est de l’Europe, ici à Vilnius en juillet 2023 avec le drapeau de l’Otan et l’appel à soutenir le régime ukrainien

Sans le matériel militaire occidental, sans les finances occidentales, le conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine serait évidemment fini depuis longtemps. Mais c’est la crise et la bataille pour le repartage du monde. Désormais, il n’y a plus de retour en arrière possible et le sommet de Vilnius l’a reconnu.

D’une part, parce que le régime ukrainien est fanatique et veut détruire la Russie comme nation, et même entièrement l’effacer culturellement. C’est son agenda nationaliste « bandériste ». Ce projet est entièrement avalisé ou « oublié » par les pays de l’Otan qui soutiennent le régime ukrainien.

Ensuite, parce que la Russie a déjà perdu 50 000 soldats et qu’elle réfute l’Otan en Ukraine. Or, le sommet de Vilnius a promis justement que l’Ukraine rejoindrait l’Otan en un seul « acte ». Le « plan d’action » a sauté, et il était particulièrement compliqué, car l’Otan exige des réformes politiques et économiques très poussées, afin d’encadrer les pays selon les exigences des grandes puissances dominantes. Le régime ukrainien sera désormais invité quand l’Otan l’aura décidé, soit à la première occasion, lorsque la Russie titubera… Si jamais elle titube.

Ce sera donc l’affrontement militaire jusqu’au bout, immanquablement. Trop de sang a coulé, trop de choses sont en jeu, l’engrenage est là.

Grand symbole de ce bellicisme jusqu’au boutiste impliquant le démantèlement de la Russie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est lui-même venu assister en partie au sommet de l’Otan. Le président français Emmanuel Macron lui a promis de fournir une aide militaire bien plus importante, avec notamment des missiles longue portée de type SCALP (Système de croisière conventionnel autonome à longue portée, soit un missile de 500 kilos envoyé à 250 km).

Autre chef d’Etat ou de gouvernement présent en plus des 31 de l’Otan : le premier ministre suédois Ulf Kristersson, puisque la Turquie ne pratique plus de veto à l’intégration de la Suède. Cette dernière rejoint donc la Finlande et les pays baltes sur le flanc nord, avec Saint-Pétersbourg non loin.

Il faut ajouter à cette intégration de l’Otan celle, indirecte, de l’Autriche et dans une moindre mesure de la Suisse. Ces deux pays sont neutres en théorie, cependant l’Union européenne assume ouvertement que sa défense passe par l’Otan. L’Autriche est donc de facto dans la stratégie de l’Otan, chose accentuée désormais par l’European Sky Shield Initiative, que rejoint la Suisse également.

Ce projet consiste en un bouclier anti-missile commun, sous l’égide de l’Otan. C’est l’Allemagne qui a lancé le projet et 19 pays en font partie, mais pas la France. Celle-ci est mécontente que le matériel prévu soit le Patriot américain, le système allemand IRIS-T et le système israélien Arrow-3.

Vilnius en juillet 2023

Le sommet de l’Otan à Vilnius a également été marqué par un fait d’importance. Les chefs d’État ou de gouvernement ont dû avaliser des centaines de pages de documents consistant en les réponses militaires possibles en cas ce conflits régionaux avec la Russie. L’information n’est pas cachée, mais elle est naturellement très difficilement trouvable. L’euphémisme employé par l’Otan tient à l’expression suivante :

« les plans de défense les plus complets et les plus ambitieux depuis la fin de la Guerre froide ».

Emmanuel Macron a donc signé ces plans, sans compte-rendu à rien ni personne, conformément à l’organisation de la Ve République, un régime accepté par tous les partis politiques institutionnels depuis 1958… et né d’un coup d’Etat militaire portant de Gaulle au pouvoir. Au sens strict, on peut facilement dire qu’il n’y a plus de vraie Gauche en France depuis cette date.

Cette situation reflète que, de toutes manières, l’opinion publique française n’a rien contre tout ça. La France est heureuse de faire partie de l’occident, occident qui dispose de l’hégémonie mondiale, superpuissance américaine en tête. Elle assume donc le militarisme. L’armée française vient par exemple également de décider d’acheter 1515 missiles antichars à Lockheed-Martin. Sachant qu’aucune armée aux frontières ne va envoyer de chars envahir la France, ces missiles serviront bien entendu sur le front de l’Est…

Ce sommet de Vilnius entérine un triste constat : depuis le début du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine, que nous annoncions plus de six mois avant son commencement, il n’y aucune opposition anti-guerre qui n’ait réussi à se constituer en France, ni même en Europe.

Pas même en Allemagne et en Italie, deux pays pourtant très marqués par la Gauche historique. Ni même en Angleterre ou en Espagne, deux pays où la tradition anti-guerre fut puissante par le passé.

Les capitalistes font ce qu’ils veulent, les grandes puissances mènent le bal : telle est la sinistre réalité. Le monde est précipité dans la barbarie. Mais les déchirures causées à l’ordre mondial font amener les peuples du monde sur le devant de la scène ! L’occident connaît son apogée finale, son hégémonie est pourtant condamnée !

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Renaud Muselier de retour d’Ukraine

Les choses sont claires.

Ce jeudi 20 avril 2023 se tenait dans la capitale ukrainienne Kiev, le sommet international des villes et régions. 50 pays étaient représentés, avec comme mot d’ordre était « Partenariat pour la victoire ».

A cette occasion, Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, s’est rendu sur place au nom de l’association des régions de France.

Depuis plusieurs années, les régions françaises ont toujours plus de poids dans la vie économique avec une budget autonome et une capacité de lever leur propre dette. Les régions les plus riches se placent donc aux avant-postes de la participation française à la reconstruction ukrainienne.

On parle d’un énorme marché, estimé à 411 milliards d’euros et dont le sommet a permis de mettre en lien chefs d’entreprises, présidents de régions, acteurs publics, etc.

Renaud Muselier s’est aussi rendu à Odessa pour assister à une cérémonie (fanatique) sur « les héros morts pour l’Ukraine » mais aussi pour assurer la participation des régions françaises, principalement PACA, à la reconstruction du port et des infrastructures touristiques de la ville. La région PACA a ainsi signé un mémorandum de coopération avec Odessa, qui n’est rien d’autre qu’un placement capitalistique.

On voit ici tout le projet fédéraliste européen à l’œuvre, l’accumulation du capital devant se réaliser dans le cadre de l’émiettement des territoires pour mieux investir là où la rentabilité sera la plus assurée. Lors du sommet à Kiev, le comité européen des régions a plaidé « en faveur d’une reconstruction de l’Ukraine fondée sur la décentralisation et la démocratie locale.

Évidemment, cela consiste à contourner aux mieux les législations nationales et les obstacles étatiques en profitant au maximum de la corruption des notables locaux. Par conséquent, le capitalisme occidental est en train de mettre sur pied les meilleurs conditions pour déverser son capital en Ukraine.

Nul hasard à ce que la région sud soit partenaire privilégiée dans la reconstruction d’Odessa, vue comme une base lucrative pour le tourisme estival comme l’est la Côte d’Azur pour la France. Et voilà assurés, si la guerre occidentale contre la Russie est remportée, de juteux investissements pour l’un des secteurs de pointe du capitalisme français.

Et la victoire occidentale est bien tout l’enjeu qui mène Renaud Muselier, également membre du parti présidentiel Renaissance, a assumé clairement l’objectif de la guerre en Ukraine comme d’une guerre pour le repartage mondial.

Sur le plateau de la chaine LCI le 25 avril, il a notamment déclaré les choses suivantes :

Ce sont des gens qui se font massacrer pour nous quand même. Et ce sont les mêmes que nous, c’est des catholiques, ce que vous voulez; on va pas nous expliquer que c’est des gens du bassin méditerranéen, des nord-africains. Ce sont des gens qui, aujourd’hui, se battent pur notre liberté.

Parce que là il est en train de se passer un combat civilisationnel en fait, entre nous et les américains, globalement, et les russes et les chinois. Les autocrates contre les démocrates. Et qu’il vaut mieux le gagner ce match, parce que si on le perd, on perdra l’Afrique, on perdra l’Asie, on perdra le continent sud-américain, on perdra notre civilisation.

Les choses ne peuvent être plus claires ! L’Ukraine est devenu le terrain d’affrontement entre grandes puissances pour redessiner les zones d’influences mondiales entre le bloc russo-chinois et la superpuissance américaine et ses vassaux, dont la France fait partie.

Tout a été fait pour transformer cette guerre comme un jalon dans la troisième guerre mondiale et il n’est aujourd’hui plus permis de revenir en arrière. Tout est jeté dans la bataille, et aucun camp ne reculera, surtout pas l’Otan qui joue ici une partition déterminante pour la suite du XXIe siècle.

Parler de la libération nationale de l’Ukraine est un mensonge éhonté, qui dessert précisément la nation ukrainienne. De ce fait, tout révolutionnaire conséquent ne peut que vouloir la défaite du régime ukrainien, la défaite d’un Occident qui cherche à se relancer sur le dos de la Russie.

Sabotez la guerre américaine contre la Russie ! Pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’Occident !

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Deux Français rapportent du matériel militaire d’Ukraine

L’extrême-Droite est au service de l’Otan.

Avant le conflit armé en Ukraine, l’extrême-Droite française avait perdu tous ses repères idéologiques et ne consistait plus qu’en des groupes activistes de cogneurs et de provocateurs, cherchant à profiter des succès électoraux de l’extrême-Droite parlementaire. Grâce à l’extrême-Droite ukrainienne, principalement Azov, il y a eu toutefois une grande recomposition sur le plan des idées et de l’organisation.

Les images d’un entraînement en région parisienne d’un groupe d’extrême-Droite activiste (avec même des pistolets semi-automatiques) reflète tout à fait la prégnance de l’imagerie et des principes ukrainiens.

Le soleil noir nazi utilisé par Azov, le symbole nationaliste d’Azov calqué sur la « Wolfsangel » nazi…

Les « méthodes » Azov sont reprises, elles-mêmes étant issues de l’idéologie nationaliste ukrainienne, le banderisme. Il s’agit d’avoir des groupes violents se posant comme phalange d’un régime toujours plus autoritaire allant au militarisme. La « révolution » nationaliste est censée se produire dans un mouvement de « régénération » étatique.

En réalité, une telle conception est un masque. Les nazis d’Azov servent uniquement la transformation de l’Ukraine en forteresse nationaliste au service entier de la superpuissance américaine. Mais dans leur imaginaire, ils forment la pointe avancée d’une tendance au repli nationaliste, qu’il s’agit d’épauler et d’accélérer.

C’est ce phénomène qui se reflète dans l’arrestation, au soir du 22 avril 2023, de deux Français de retour d’Ukraine. Ils rapportaient dans un car des chargeurs de fusil d’assaut et d’optiques de visée.

L’État a été très clément avec eux. Ils ont reconnu leur « faute » et ont été immédiatement condamnés à…15 mois de prison, dont 9 avec sursis. 6 mois de prison seulement pour rapporter du matériel de guerre, en particulier des composantes qui impliquent que le reste, lui, a dû passer…

Et que l’objectif très clair est l’emploi de ces armes pour des attentats terroristes visant la provocation, l’élévation de la tension sociale dans le sens du chaos !

Il est tout à fait évident ici que l’État français « accepte » la présence en Ukraine de plusieurs centaines de Français, et qu’il voit d’un bon oeil que toute l’extrême-Droite activiste française soutienne fanatiquement Azov et le régime ukrainien (et donc de fait la superpuissance américaine).

L’État tolère, voire soutient une force de frappe prête à épauler un tournant ultra-réactionnaire de sa part, dans l’éventualité d’une guerre ouverte avec la Russie. L’extrême-Droite activiste française produit des idiots utiles de la militarisation de l’occident, canalisant des têtes brûlées derrière des fantasmes racialistes, afin de soutenir les initiatives générales de l’OTAN.

La preuve ? Le nationalisme français a disparu chez ces gens. Seul compte… l’occident, fantasmé de manière racialiste. C’est irréaliste, cosmopolite, producteur de têtes brûlées, tout à fait ce dont a besoin l’Otan.

Cela a déjà été dit ici : le régime ukrainien produit des nazis en masse, en Ukraine et également en exportation. Il n’y a rien à sauver : même l’agence Reuters, qui a fait un reportage en avril 2023 sur des soldats des « troupes d’assaut » ukrainiennes pour la contre-offensive prévue, a comme principal interviewé quelqu’un qui pris comme nom de guerre… « Adolf » !

En se positionnant comme des « occidentalistes », le nationalisme français passant totalement de côté voire à la trappe, l’extrême-Droite activiste française s’aligne totalement sur les intérêts de la superpuissance américaine. Exactement comme le font, en sens inversé, toute la « Gauche » post-moderne servant le libéralisme libertaire.

Occidentalisme identitaire et libéralisme LGBTQ sont les deux faces de la même médaille de la décadence de l’occident dont le capitalisme s’effondre. C’est une fuite en avant avec l’Otan à l’arrière-plan, et la preuve est que tant les occidentalistes que les LGBTQ sont totalement en faveur du régime ukrainien…

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Une place « Kyiv » à Paris

La matraquage ne cesse pas.

La maire de Paris Anne Hidalgo a totalement échoué à la présidentielle 2022, avec 1,75% des voix. Alors elle force d’autant plus sur le conflit armé en Ukraine, afin de gagner des galons internationaux, en particulier auprès de la superpuissance américaine.

Maire d’une ville cosmopolite clairement au service de la grande bourgeoisie occidentale et de son style de vie, Anne Hidalgo se verrait bien de nouveau candidate à la présidentielle, en mode « gouverneure » d’un pays dans l’orbite américaine.

On ne peut pas comprendre autrement sa présence à Kiev les 20 et 21 avril 2023, dans le cadre d’un congrès pour la « reconstruction » de l’Ukraine, c’est-à-dire une mise entièrement sous tutelle. Il y a été invité par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui l’a accueilli les bras ouverts.

On est dans une narration occidentale, avec des acteurs, vraiment!

Paris accueillera les Jeux olympiques en 2024 et évidemment, Anne Hidalgo relaie la propagande nationaliste pour l’interdiction des athlètes russes (même sous bannière neutre).

Elle a rencontré également le maire de Kiev, Vitali Klitschko. Naturellement, faisant comme les pays occidentaux anglophones, elle emploie le mot « Kyiv » pour Kiev, afin de nier tout rapport historique de la ville avec la Russie. Cela fait partie des absurdités propagandistes.

Le maire de Kiev a au passage remis à Anne Hidalgo la médaille de la « Ville sauveur » pour Paris, pour son soutien au régime ukrainien. Du grand n’importe quoi ! Cela passe d’ailleurs totalement inaperçu, mais cela participe du bruit de fond permettant la guerre occidentale contre la Russie.

Et Anne Hidalgo a annoncé qu’il y aurait en juin 2023… une place Kyiv à Paris. Une place Kiev ou Kyiv? Ce sera sans doute Kyiv, parce que la propagande occidentale tourne à fond et que rien ne s’y oppose.

La place « Kyiv » est choisi à un endroit symbolique majeur : en plein Paris.

C’est à côté du Petit Palais, non loin de la place de la Concorde (à l’est) et des Champs-Elysées (au nord), du Grand Palais (à l’ouest) et… du pont Alexandre III (au sud). Alexandre III fut un tsar qui, dans la seconde moitié du 19e siècle, fut un artisan majeur de la russification forcée de l’Ukraine.

Que dire devant une telle opération? C’est de la guerre psychologique, c’est du bourrage de crâne. C’est le bruit de fond nécessaire pour faire tourner la machine de guerre occidentale, dont les choix sont ceux de la superpuissance américaine. Et après, il sera prétendu que la France n’est pas en guerre…

Sabotez la guerre américaine contre la Russie !

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Les États-Unis convoquent leurs vassaux à Ramstein

Ils veulent renforcer la guerre à la Russie.

Les États-Unis ont décidé qu’il fallait accentuer la fourniture d’armes et de matériel militaire à l’Ukraine, alors leurs vassaux étaient convoqués vendredi 21 avril 2023. En l’occurrence, il s’agit des pays membres de l’Union européenne et (ou) de l’Otan, ainsi que le Japon par exemple. Cela a eu lieu à Ramstein, sur une base militaire américaine dans le sud de l’Allemagne, symbole de la soumission de ce pays à la superpuissance américaine.

Puisqu’il s’agit de faire la guerre, c’est le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin qui présidait cette 11e réunion du « Groupe de contact de la défense ukrainienne » (qui est surnommé « forum de Ramstein » en raison du lieu).

Il avait à ses côtés le dirigeant de l’Otan Jens Stoltenberg, de retour de Kiev la veille. Pour amuser la galerie et assurer le spectacle, il a été fait comme si ce dernier venait relayer les demandes pressantes du président ukrainien Zelensky à fournir encore et toujours plus d’armes et de matériel militaire, en l’occurrence plus de blindés, d’artillerie, de munitions ainsi que des avions de combat et des systèmes de tirs de longue portée pour les russes derrière la ligne de front.

En réalité, l’Ukraine n’a absolument aucun poids et ce sont évidemment les États-Unis qui décident de tout, c’est-à-dire du rythme, de la nature et de l’organisation de ces livraisons d’armes. C’est précisément ce dont il s’agissait à Ramstein.

En général, il s’est agit de trois sujet clefs : la défense aérienne, les munitions et la coordination. En particulier, les États-Unis et l’Allemagne ont annoncé le début imminent de la formation des ukrainiens à l’utilisation des chars Abrams et Léopard. L’Allemagne a aussi annoncé un accord pour un centre de réparation des Léopard en Pologne. De plus, la question de la fourniture des avions de chasse occidentaux a été discuté une nouvelle fois.

Outre l’aspect technique et logistique, cette réunion (la 11e du genre, donc), avait également un but politique et diplomatique. Autrement dit, les directives américaines doivent être entendues et appliquées !

Lors de son discours d’ouverture, le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin a félicité ses vassaux pour leurs efforts dans la guerre américaine contre la Russie, présentant en détail les apports depuis plus d’un an. Le ton est celui de la bataille de l’occident contre les ennemis de la « démocratie », avec la Russie devant payer cher sa défiance à la superpuissance américaine.

« Mesdames et Messieurs, plus d’un an plus tard, l’Ukraine tient toujours bon. Notre soutien n’a pas faibli. Et je suis fier des progrès que nous avons réalisés ensemble.

Au total, les membres de ce groupe de contact ont fourni plus de 55 milliards de dollars d’aide à la sécurité pour l’Ukraine. C’est dix fois plus depuis notre première rencontre.

Au cours des derniers mois seulement, nous avons fourni l’équipement et la formation nécessaires pour appuyer neuf brigades blindées supplémentaires pour l’Ukraine. Cela a déjà renforcé la position de l’Ukraine sur le champ de bataille.

Ce groupe de contact a également fourni des systèmes de défense aérienne clés pour protéger le ciel, les citoyens et les infrastructures critiques de l’Ukraine. Cela inclut les systèmes Patriot des États-Unis, d’Allemagne et des Pays-Bas, SAMP/T d’Italie et de France et NASAMS du Canada et de Norvège.

Nous avons également amélioré la formation, le maintien en puissance et la puissance de nos bases industrielles.

Et tout au long, nous avons démontré notre unité et notre détermination. Nos efforts communs ont fait une énorme différence pour les défenseurs de l’Ukraine sur le champ de bataille. Et ils soulignent à quel point le Kremlin a mal calculé.

Poutine pensait qu’il pourrait facilement renverser le gouvernement démocratiquement élu de Kiev. Il pensait que le reste du monde le laisserait s’en tirer. Il pensait que notre unité éclaterait.

Mais il avait tort, à tous points de vue.

Alors que nous nous réunissons à nouveau à Ramstein, le monde entend nos voix haut et fort. Le monde voit ce que nous avons accompli ensemble. »

Ce qui compte est donc de continuer et renforcer l’effort de guerre, qui est la 3e guerre mondiale. Le ministre américain a été très clair sur le fait qu’il faille accentuer l’effort.

« Beaucoup d’entre vous ont puisé dans leurs réserves pour aider l’Ukraine. Certains de nos alliés, comme l’Estonie et la Lettonie, ont fait don de plus d’un pour cent de leur PIB à la cause de l’Ukraine.

L’Union européenne a récemment annoncé une importante initiative visant à accélérer la production industrielle de munitions. Et grâce au travail de nos directeurs nationaux des armements, de nombreux autres pays augmentent également leur production de munitions dont l’Ukraine a un besoin si urgent.

Maintenant, plus tôt cette semaine, les États-Unis ont annoncé leur 36e prélèvement présidentiel d’aide à la sécurité pour l’Ukraine, d’une valeur de 325 millions de dollars. Nous avons maintenant fourni plus de 35 milliards de dollars d’aide à la sécurité à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe à grande échelle. Dans ce dernier package, nous avons inclus plus de munitions pour HIMARS, des obus d’artillerie supplémentaires de 155 millimètres et 105 millimètres et d’importantes capacités antiblindées. »

Forcément, c’est l’Otan qui est au cœur de ce dispositif et c’est au dirigeant de l’Otan qu’est revenu le rôle de faire la communication à propos de cette réunion. Ce qu’il a raconté à la presse se résume de la façon suivante : il est très confiant dans le fait que les Ukrainiens sont désormais en mesure de libérer encore plus de terrain, raison pour laquelle il faut accentuer l’effort de guerre contre la Russie.

La guerre occidentale contre la Russie tourne donc à plein régime et va continuer de plus belle. Voici, pour finir, le résumé officiel de cet journée par l’Otan. Le ton et l’approche, ainsi que le contenu, sont très significatifs de la situation actuelle : c’est la 3e guerre mondiale.

« Secrétaire général de l’OTAN à Ramstein : nous devons renforcer le soutien à l’Ukraine

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a participé à une réunion du groupe de contact de défense ukrainien dirigé par les États-Unis à Ramstein, en Allemagne, vendredi 21 avril 2023, à la suite de sa visite en Ukraine. La réunion était présidée par le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin et le président des chefs d’état-major interarmées, le général Mark Milley.

Le secrétaire général a souligné l’importance d’intensifier l’aide militaire à l’Ukraine alors qu’elle continue de se défendre contre la guerre d’agression brutale de la Russie. « Je viens de rentrer de Kiev hier soir et j’ai rencontré le président Zelenskyy, et son message était qu’il apprécie vraiment et se félicite du soutien solide que les alliés et les partenaires de l’OTAN ont apporté à l’Ukraine, mais compte également sur nous pour continuer à soutenir l’Ukraine dans le futur », a-t-il déclaré.

M. Stoltenberg a remercié le secrétaire à la Défense Lloyd Austin pour son leadership et s’est félicité du nouveau programme d’assistance des États-Unis pour l’Ukraine, comprenant des munitions pour les systèmes de fusées d’artillerie à haute mobilité (HIMARS), des missiles avancés et des missiles antichars. Il s’est félicité des annonces récentes d’autres pays de l’OTAN, dont le Danemark et les Pays-Bas, concernant la livraison de véhicules blindés. Le secrétaire général a également appelé à la poursuite des fournitures de défenses aériennes, de munitions et d’entraînement. Il a ajouté que l’Alliance travaillait en étroite collaboration avec l’industrie pour accélérer la production d’armes et de munitions et reconstituer les stocks alliés.

Le secrétaire général a souligné l’importance d’intensifier l’assistance militaire non létale, notant que le programme d’assistance complet de l’OTAN fournit des fournitures médicales, des systèmes mobiles par satellite et des ponts flottants.

Pendant son séjour à Ramstein, le secrétaire général a également rencontré le ministre ukrainien de la Défense Oleksiy Reznikov et le ministre néo-zélandais de la Défense Andrew Little. »

Sabotez la guerre américaine contre la Russie ! Pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident !

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20 avril 2023 : le secrétaire général de l’Otan à Kiev

La visite témoigne de la vassalité de l’Ukraine.

Conformément à la mise en scène de la contre-offensive militaire du régime ukrainien, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg s’est rendu à Kiev le 20 avril 2023, pour une visite « surprise ». Aucune surprise en réalité, puisque tout est parfaitement orchestré en fonction d’une narration.

Il s’agit de forcer le cours des choses, d’obliger l’Ukraine à se précipiter dans les enfers. D’où le soutien de l’Otan comme la corde soutient le pendu :

« L’Otan est avec vous aujourd’hui, demain, et pour aussi longtemps qu’il faudra. »

Cette promesse de Jens Stoltenberg n’engage que ceux qui veulent bien y croire. Cela tombe bien, le régime ukrainien y croit totalement. En pratique, il n’y a que le courant fasciste ukrainien du « secteur droit » qui est plus critique envers les États-Unis, considérant que ceux-ci ne soutiennent l’Ukraine que par intérêt. En même temps, ils croient à 100 % en le Royaume-Uni et veulent un bloc avec la Pologne et la Roumanie, ce qui relativise leur « critique ».

La seule question en Ukraine qui prévaut, c’est celle de savoir sous quelle forme se vendre à l’occident. C’est une tentative, illusoire, de sortir du tiers-monde en se soumettant comme satellite militaire. C’est une tentative, si l’on veut, de réédition de la mise en place de l’État israélien comme forteresse, ou bien de la Turquie d’ailleurs. Dans les trois cas, ukrainien, israélien, turc, il y a l’établissement d’un régime militarisé, nationaliste, avec une idéologie artificielle imposée par en haut, etc.

Si aujourd’hui les États israélien et turc cherchent à disposer d’une indépendance relative de par la croissance de leur capitalisme (bureaucratique par ailleurs), l’Ukraine est elle dans la dépendance totale. Jens Stoltenberg a évidemment souligné l’aide financière et militaire liée à cette situation. 150 milliards d’euros ont été fournis par des pays membres de l’Otan et l’aide militaire continue :

« Les alliés livrent maintenant davantage d’avions de chasse, de tanks, de véhicules blindés, et les fonds de l’Otan pour l’Ukraine reçoivent un soutien urgent… Tout ça fait une réelle différence sur le champ de bataille aujourd’hui. »

Sans l’Otan, le régime ukrainien n’aurait pas tenu le choc. La superpuissance américaine en profite et utilise l’Ukraine. L’objectif annoncé, c’est donc officiellement l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan.

Ce qui est pourtant impossible sans une défaite totale de la Russie : cela revient à dire que soit Jens Stoltenberg ment et envoie l’Ukraine se faire démolir pour des promesses, soit qu’il prône la destruction effective de la Russie. Ce sont naturellement les deux aspects de la même pièce, puisque de toutes façons ça ne coûte pas cher pour l’occident !

Soit en effet la Russie gagne et l’Otan prend la partie ouest de l’Ukraine, soit la Russie perd et se fait démanteler. Ainsi, a-t-il souligné :

« La place de droit de l’Ukraine est dans la famille euro-atlantique. La place de droit de l’Ukraine est dans l’Otan. »

Un tel discours est fantasmagorique pour qui connaît l’Ukraine. Mais les Ukrainiens ont accepté cette vente à la découpe. Jens Stoltenberg a, en ce sens, invité le président ukrainien Volodymyr Zelensky à se rendre au sommet de l’Otan de juillet à Vilnius en Lituanie. On saura alors, en toute logique, si la contre-offensive ukrainienne s’est réalisée ou non, et ses résultats. Ce sera donc l’occasion pour l’Otan de prendre l’initiative : c’est un piège pour l’Ukraine. La présence de Volodymyr Zelensky forcera celui-ci à accepter les décisions de l’Otan.

La visite de Jens Stoltenberg à Kiev s’est déroulé d’ailleurs la veille de la réunion de l’Otan sur l’Ukraine à la base américaine de Ramstein en Allemagne. Le régime ukrainien a été prévenu des décisions prises par la superpuissance américaine, comme les forces de l’Otan le seront à Ramstein.

Car, évidemment, dans le camp occidental, la superpuissance américaine donne le ton, et elle seule !

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La nature de la future contre-offensive ukrainienne

Sa nature échappe aux protagonistes.

Il est parlé de manière ininterrompue, depuis plusieurs semaines, dans les médias occidentaux, de la contre-offensive ukrainienne qui aura lieu durant le Printemps. Parfois, c’est repoussé à l’été.

Cette contre-offensive est présentée de deux manières. D’une part, il est expliqué que le régime russe va s’effondrer, que l’armée russe échoue sur tous les plans. L’armée ukrainienne va donc vaincre.

D’autre part, plus rarement, il est expliqué que c’est la contre-offensive de la dernière chance pour forcer la Russie à cesser son « opération spéciale », étant donné que sur le long terme, la Russie serait gagnante.

Dans tous les cas, et c’est ça qui compte, la pression la plus grande est mise sur l’Ukraine pour qu’elle lance une opération militaire.

Les alliés objectifs de ce bellicisme occidental sont les nationalistes ukrainiens, totalement fanatisés et rêvant de détruire la « Moscovie ».

Il faut, paradoxalement, ajouter la Russie elle-même, qui a tout intérêt à une contre-offensive. En effet, dans une guerre moderne, attaquer c’est avoir des pertes terribles, en comparaison à la défense. Le seul moyen d’échapper à ça, c’est soit de réduire les actions au niveau de la guérilla, soit d’avoir une supériorité aérienne quasi totale.

La Russie pousse donc elle-même à la contre-offensive du régime ukrainien, dans une approche militaire d’ailleurs traditionnellement russe où l’ennemi est vaincu au moyen de « pinces ».

Pour cette raison, la Russie force le trait jusqu’à la caricature. Des lignes de fortifications particulièrement visibles sont établies en Crimée, le président Vladimir Poutine se rend à l’occasion de Pâques dans les régions de Kherson et Louhansk désormais intégrées à la Fédération de Russie.

Le dirigeant du groupe Wagner, Evgueni Prigogine, explique que l’opération spéciale est réussie et devrait se conclure, etc.

Tout cela ne tient pas debout pas une seule seconde, car la Russie ne s’arrêtera pas avant d’avoir pris Odessa, plus précisément toute la Nouvelle Russie mise en place par Catherine II.

Et, de toutes façons, la nature même du régime ukrainien implique un affrontement à mort. Le régime ukrainien veut détruire la Russie, et la Russie veut, si l’on veut, la suzeraineté sur l’Ukraine. Aucun compromis n’est possible.

Un concours photo officiel est mis en place en Russie pour les journalistes de guerre

Et, de toutes façons, on est dans le cadre de la guerre de repartage du monde, seul moyen de chercher à sortir de la crise. Les occidentaux ont besoin d’un régime ukrainien allant « jusqu’au bout ».

D’où l’acceptation, voire le soutien indirect, à toute l’agitation de l’extrême-Droite activiste européenne en soutien au régime ukrainien et aux nazis d’Azov. D’où le caractère unilatéral des discours médiatiques où le régime ukrainien serait démocratique et la Russie une tyrannie sanguinaire. D’où l’escalade dans l’envoi d’armes occidentales pour l’armée ukrainienne.

Les Ukrainiens ne sont plus maîtres de leur sort, pour peu qu’ils l’aient jamais été. Ils sont de la chair à canon pour un régime nationaliste et fanatique au service d’une guerre occidentale. Et si la défaite surgit, la Pologne et la Roumanie interviendront pour « sécuriser » la partie ouest du pays.

Le cynisme le plus grand prédomine quant au sort de l’Ukraine, pays exsangue, détruit en partie, endetté pour des décennies, avec une émigration massive.

La contre-offensive ukrainienne est, en ce sens, très clairement une opération reflétant les besoins occidentaux, tant militaires qu’idéologiques. Ils n’ont même plus de rapports avec le conflit militaire sur le terrain. Bien entendu, c’est à relativiser, car l’armée ukrainienne aimerait que ce soit bien le cas. D’où les incohérences sur tous les plans pour cette offensive qui ne vient toujours pas.

Mais elle est surtout un piège à tous les niveaux. Cela précipite dans un engrenage où tout le monde y a intérêt, sauf l’Ukraine. C’est pourtant inévitable. Seuls des naïfs qui croient encore que l’Ukraine cherche à se « libérer » peuvent croire que celle-ci a encore une marge de manoeuvre quelconque.

Elle l’aurait eu dans les six mois précédant le conflit armé. Nous avions annoncé la guerre et dit que l’Ukraine était menacée dans son existence. Entre-temps, le choix de la soumission à l’occident a activé son suicide national.

La contre-offensive de Printemps vient sceller ce drame. Et même si elle réussissait, imaginons – que serait l’Ukraine ? Une construction artificielle aux mains de fanatiques totalement au service de l’occident. Non, là est le drame, l’Ukraine a déjà perdu, et elle l’a elle-même choisie, ce qui est particulièrement terrible !

Telle est la force du poison nationaliste !

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« Tolstoïevski »

Le nationalisme ukrainien, encore et toujours plus.

Il a déjà été parlé de comment le nationalisme ukrainien a particulièrement ciblé Dostoïevski. Néanmoins, Tolstoï fait toujours partie de cette cible, au point qu’on a maintenant même le concept de « Tolstoïevski ».

Il a été mis en avant par Andriy Melnyk, le numéro 2 des Affaires étrangères du régime ukrainien. Il avait été auparavant ambassadeur d’Ukraine en Allemagne de 2015 à 2022, mais il a dû partir car vraiment ses discours ultra-nationalistes ukrainiens rendaient sa position trop délicate par rapport à l’opinion publique allemande.

L’occasion a été une interview accordée le 6 avril au média ukrainien RBC. Il dit la chose suivante : oui, l’Allemagne nous soutient. Mais il y a un problème de fond, c’est que dans le dispositif culturel et idéologique allemand, la Russie existe.

Il faut que ça change, sinon l’Allemagne ne s’engagera jamais à fond pour le régime ukrainien.

Il faut bien saisir ici que pour le régime ukrainien, la Russie n’existe pas. Selon le nationalisme ukrainien, la Russie serait un empire maléfique dominé par la « Moscovie » criminelle. D’où l’intérêt du nationalisme ukrainien pour la superpuissance américaine dans sa guerre contre la Russie.

L’objectif, assumé, est la partition de la Russie en plusieurs entités.

Andriy Melnyk reprend donc le discours sur la Russie qui serait par nature criminelle, assassine, à l’instar de Dostoïevski. Tolstoï est devenu de plus en plus cité, il est désormais officialisé, mis au même niveau que Dostoïevski.

Voici donc son propos, qui fantasme d’ailleurs beaucoup sur les relations des classes dominantes allemandes avec la Russie : avant 1945, c’est le racisme anti-slave le plus brutal qui prédominait, dans l’esprit prussien. Ce n’est pas pour rien que les nazis voulaient exterminer tous les Slaves.

« D’autre part, les relations de l’Allemagne avec la Russie ont une histoire particulière qui remonte à la guerre froide ou à l’étroite coopération entre la Première et la Seconde Guerre mondiale.

– Jusqu’à l’époque de la Prusse ?

– Du moins de Frédéric le Grand, qui doit son salut à Catherine II. Pas étonnant que son portrait ait été accroché dans son appartement (…).

Je suis déjà silencieux sur les liens dynastiques les plus étroits entre les deux nations, les Allemands sont toujours fiers de leur contribution à l’établissement de l’État russe, et pas seulement sous Catherine, qui était une princesse allemande. 

Mais le fondement principal est la culture, la proximité idéologique. 

Les Allemands, malgré cette guerre barbare de la Russie, adorent toujours la musique classique, la littérature, le ballet, l’art russes, ils maintiennent une vision romantique des Russes en tant que grande nation culturelle, croient en un « bon » Russe, non seulement en Navalny, mais en un sorte d’image collective de Tolstoïevski.

Bien sûr, quand les Allemands ont vu toutes les atrocités que les Russes commettent en Ukraine, ils ont eu un véritable choc. Pour eux, il s’agit d’un test de résistance à la barbarie, qu’ils n’ont pas connu depuis la Seconde Guerre mondiale.

Bien sûr, la majorité de la société allemande condamne cette terrible cruauté, car il ne peut en être autrement parmi les peuples civilisés. 

Mais malgré tout cela, tant au niveau public qu’au niveau des élites politiques en Allemagne, il est entendu que la Russie en tant que grande puissance, en tant que facteur de la politique internationale – même malgré cette guerre – n’ira nulle part, personne croit qu’il va s’effondrer. Les Allemands ne croient même pas qu’il y aura une réinitialisation sérieuse au sein de la Fédération de Russie. »

Ce discours n’a rien de nouveau : c’est la ligne de l’effacement de la culture russe prônée par le régime ukrainien. Nous avons parlé de l’appel en ce sens fait par le ministre ukrainien de la culture Oleksandr Tkachenko.

Ce qui est par contre notable, c’est la surenchère permanente, la conceptualisation au service d’une narration pour nier la Russie et légitimer son dépeçage. C’est là qu’on voit très bien comment le régime ukrainien est totalement au service de la ligne américaine de conquête pour le repartage du monde.

Le régime ukrainien ne représente en rien les intérêts ukrainiens ; il est un appareil au service de la superpuissance américaine par l’intermédiaire d’une fiction nationale inventée par le nationalisme ukrainien. Et le pays, devenu zombie, court ainsi à sa perte.

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Guerre

Les États-Unis organisent un tribunal pour juger Vladimir Poutine

La superpuissance américaine veut la conquête.

Le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken parlant de l’Ukraine à des ministres des Affaires étrangères en mars 2023

La superpuissance américaine vise le point de non-retour contre la Russie, car elle a besoin de mobiliser le plus largement possible contre la Chine. Il s’agit de maintenir son hégémonie, coûte que coûte.

En ce sens, le ministère américain des Affaires étrangères, appelé « secrétaire d’État », organise un tribunal « international » pour juger Vladimir Poutine.

C’est Beth Van Schaack, « ambassadrice » pour les questions du droit international, qui a expliqué à quoi ça ressemblerait. Il y aurait une cour pénal internationale avec des juges ukrainiens. Et l’accusation serait la « guerre d’agression ».

Rappelons qu’il y a déjà une cour pénale internationale, basée à La Haye, qui vient justement d’émettre mi-mars un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine. Mais cette manœuvre mise en place par les pays occidentaux a une faille de taille : ni les États-Unis, ni l’Ukraine (ni la Russie), n’ont signé la participation à cette cour.

Hors de question pour les États-Unis d’y adhérer. Eux-mêmes étalent régulièrement leur droit au monde entier… mais refusent de dépendre de qui que ce soit. Ils ont l’hégémonie mondiale et veulent la conserver.

Beth Van Schaack n’a pas perdu cet aspect de vue. Parlant en cette fin mars 2023 à l’Université catholique de Washington, le 27 mars pour être précis, elle a rappelé qu’il ne fallait pas former un précédent qui pourrait amener à juger de la même manière des dirigeants américains.

Il faut donc pour la superpuissance américaine bricoler un autre tribunal.

Depuis mars 2022, on peut lire « Poutine, La Haye t’attend » sur le fronton de la mairie de Vilnius, capitale de la Lituanie ; la mairie est en face de l’ambassade russe

Il faudrait donc que le tribunal soit un mélange de droit international et de droit ukrainien, avec un cadre juridique pour le procès qui soit mi-ukrainien, mi-international. Ce serait un procès spécial, unique.

Comment le justifier ? Car l’idéal pour la superpuissance américaine, ce serait de juger le président russe pour des « crimes de guerre ».

Problème : c’est déjà du ressort de la cour pénale internationale. Mais si la cour pénale internationale considère qu’elle peut juger les dirigeants des pays, elle ne peut pas juger sans leur aval ceux des pays non signataires.

Il y a alors l’idée de s’appuyer sur l’Ukraine. Le souci est que l’Ukraine se situe dans le cadre juridique des États posant que ses dirigeants ne peuvent pas être jugés pour leurs activités. Si on se fonde donc uniquement sur le droit ukrainien, on ne pourra pas juger Vladimir Poutine pour ses décisions, ce serait malaisé comme opération.

L’idée américaine est alors la suivante : le nouveau tribunal se contenterait de juger les « crimes d’agression », un concept non employé par la cour pénale internationale.

On utiliserait l’Ukraine comme base juridique justificatrice et on placerait une superstructure de juges internationaux (en fait, occidentaux).

Cela permet de contourner la cour pénale internationale, de pouvoir juger le président russe sur la base du droit ukrainien, et en plus niveau dénonciation de « l’empire russe » c’est adéquat. Pour la superpuissance américaine, une telle construction artificielle est un jackpot.

Beth Van Schaack a présenté ainsi la conception de ce tribunal:

« A ce moment critique de l’histoire, je suis heureux d’annoncer que les États-Unis soutiennent le développement d’un tribunal internationalisé dédié à la poursuite [pénale] du crime d’agression contre l’Ukraine.

Bien qu’un certain nombre de modèles aient été à l’étude, et qu’ils aient été analysés de près, nous pensons qu’un tribunal internationalisé ancré dans le système judiciaire ukrainien, mais qui comprend également des éléments internationaux, fournira la voie la plus claire pour établir un nouveau Tribunal et maximiser notre chances de parvenir à une responsabilisation significative.

Nous envisageons un tel tribunal doté d’éléments internationaux importants – sous la forme de droit substantiel, de personnel, de sources d’information et de structure.

Il pourrait également être situé ailleurs en Europe, du moins dans un premier temps, pour renforcer l’orientation européenne souhaitée par l’Ukraine, donner de la gravité à l’initiative et permettre une implication internationale, notamment par le biais d’Eurojust [Unité de coopération judiciaire de l’Union européenne].

Ce type de modèle – un tribunal national internationalisé – facilitera un soutien international interrégional plus large et démontrera le leadership de l’Ukraine en matière de responsabilité pour le crime d’agression.

Il s’appuie également sur l’exemple d’autres mécanismes de justice hybride réussis.

Nous nous engageons à travailler avec l’Ukraine et les pays épris de paix du monde entier pour mettre sur pied, doter en personnel et financer un tel tribunal de manière à obtenir une responsabilité complète pour les crimes internationaux commis en Ukraine (…).

Il s’agit véritablement d’un moment historique du droit pénal international. Tout comme les Alliés à la fin de la Seconde Guerre mondiale ont fait progresser l’impératif de justice et inauguré une nouvelle ère de responsabilité pour les pires crimes imaginables, il nous incombe à tous de veiller à ce que les promesses de Nuremberg ne soient pas de l’histoire passé.

Les États-Unis restent inébranlables dans leur soutien au gouvernement et au peuple ukrainiens alors qu’ils défendent leur pays et leur liberté. Le peuple ukrainien mérite justice, et nous devons tous rester unis pour demander des comptes aux responsables, quel que soit le temps que cela prendra.

Naturellement, pour qu’un tel procès ait lieu, il faut que la Russie ait été vaincue et n’existe plus comme État… Ce qui est bien le but de la superpuissance américaine et de son auxiliaire ukrainien.

Ce tribunal est à la fois une propagande de guerre et un mode prévu pour la division de la Russie, dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

C’est une puissante contribution à la guerre. Une guerre dont nous, Français, sommes une partie, car notre État participe entièrement à l’Union européenne, à l’Otan.

Sabotez la guerre américaine contre la Russie !

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Politique

L’Assemblée nationale reconnaît « l’Holodomor »

La propagande de guerre, totale !

Aujourd’hui en Ukraine, dans une trentaine d’endroits différents dans le pays, vous pouvez prendre le bus pour aller… à Moscou. Le bus passe par la Pologne ou la Lituanie. Tels sont les liens si forts entre les Russes et les Ukrainiens.

Ce sont ces liens que l’alliance du nationalisme ukrainien et de la superpuissance américaine veut supprimer. Encore de nouvelles lois sont passées en Ukraine cette semaine pour supprimer tout ce qui a un rapport avec l’Empire russe dans l’espace public : noms de rues, de places, etc.

Cela va avec la destruction par millions d’ouvrages en russe, l’effacement de Pouchkine, la négation des liens historiques avec l’empire russe comme avec Catherine II, la dénonciation de Dostoïevski, le projet ouvert de démantèlement de la Russie, appelée « Moscovie ».

L’un des principaux vecteurs de cette narration, c’est l’Holodomor. C’est un concept élaboré dans le milieu universitaire américain et britannique durant la guerre froide. L’URSS aurait organisé une famine pour provoquer un génocide en Ukraine, durant les années 1930.

Cela ne tient pas debout une seule seconde, puisque c’est l’URSS qui a reconnu l’Ukraine et a procédé à son « ukrainisation »: reconnaissance et systémisation de la langue, développement de la culture nationale, etc.

Nous avions déjà parlé de la statue de Taras Chevtchenko, la grande figure nationale ukrainienne, protégée par des sacs de sable à Kharkiv… et mise en place en 1935 par l’URSS. Cela contredit totalement la thèse de « l’effacement » de l’Ukraine.

D’ailleurs, le président russe Vladimir Poutine dénonce à chaque fois l’Ukraine comme une « invention » soviétique.

Les nationalistes ukrainiens cherchent à nier cette réalité historique, et l’Holodomor est un outil en ce sens. Il a été conceptualisé aux États-Unis afin de soutenir les nationalistes ukrainiens pour affaiblir l’URSS (et depuis son effondrement, la Russie).

C’est un bourrage de crâne pour justifier les plans de conquête.

Forcément, les satellites occidentaux de la superpuissance américaine s’alignent sur cette narration. Le 28 mars 2023, l’Assemblée nationale en France a reconnu l’Holodomor.

Il y a 577 députés, même pas la moitié était présent. Voici les positions des 170 députés présents.

Les 53 députés du regroupement pro-président de la République « Renaissance » ont voté pour. L’ensemble des députés pro-Emmanuel Macron est signataire du texte proposé.

Les 25 députés centristes du Modem ont voté pour, ainsi que les 9 députés centristes de Horizons.

Les 29 députés du Rassemblement national ont tous voté pour. Cela exprime tout à fait leur alignement sur l’Otan et la superpuissance américaine réalisé en février 2023.

La députée de Droite dure Emmanuelle Ménard a voté pour.

Les 20 députés de la Droite classique, avec Les Républicains, ont voté pour.

La France insoumise a expliqué qu’elle était totalement d’accord avec l’esprit de la résolution, qu’elle soutenait entièrement le régime ukrainien. Elle considère toutefois que la définition de génocide est ici insuffisamment élaborée et que ce serait nuire à cette définition sur le plan international.

Les 74 députés LFI se sont donc abstenus, mais se sont focalisés sur la dénonciation absolue de la Russie, uniquement de la Russie, et revendiquent leur soumission à la ligne de l’Otan et de la superpuissance américaine !

Les 12 députés socialistes ont voté pour.

Les 8 députés EELV ont voté pour.

Les 11 députés du Groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (centristes, régionalistes corses et réunionnais…) ont voté pour.

Les 2 députés PCF ont voté contre. Ils sont expliqué que l’Holodomor n’était pas un génocide, mais le fruit de la désorganisation du régime criminel de Staline. Ils pensent que c’est aux historiens d’analyser ça, que la mise en avant du vote obéit seulement à des impératifs politiques, et que c’est mal.

Mais ils ont participé à la dénonciation de la « folie furieuse » qui serait si typiquement russe, et qui relève du discours appelant à justifier la guerre contre la Russie pour la « décoloniser ».

Voilà où nous en sommes en France – ce vote exprime littéralement que nous sommes une province de l’empire américain.

Le but de la manœuvre : dénoncer la collectivisation d’une part, trouver des prétextes pour mobiliser dans la guerre « décoloniale » contre la Russie, d’autre part.

Sabotez la guerre américaine contre la Russie !

Voici le texte voté à l’Assemblée nationale.

– 1 –

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

Entre 1930 et 1933, plusieurs régions agricoles de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) – parmi lesquelles le Kazakhstan, le Caucase du Nord et l’Ukraine – ont connu une effroyable famine. Celle‑ci a été à l’origine de la mort d’entre 7 et 8 millions de personnes.

En Ukraine, cette famine, causée artificiellement, s’est distinguée par son ampleur. Systématisée par les autorités soviétiques, elle faucha la vie d’environ 4 millions d’Ukrainiens, principalement des paysans.

L’épisode a débuté en novembre 1929, avec l’annonce par la Pravda de l’avènement du « Grand tournant », à l’origine de la collectivisation forcée et de la « dékoulakisation », décidées par Joseph Staline.

Leurs objectifs ? L’industrialisation rapide de l’URSS et le contrôle des campagnes.

La répression s’est alors mise en place : expropriations, arrestations et déportations massives des propriétaires terriens, désormais désignés sous l’appellation « koulak ». Des entreprises agricoles collectives ont été instaurées, et ont pris la forme de fermes nationalisées (sovkhozes) et de coopératives (kolkhozes). Placées sous l’autorité de l’État, environ 30 % de leurs récoltes étaient prélevées.

En Ukraine, en réponse à ces réquisitions démesurées et à une répression croissante, la paysannerie s’est soulevée dès le début de l’année 1930.

Craignant la résurgence d’un nationalisme ukrainien, les autorités soviétiques ont accusé les paysans révoltés d’être des saboteurs et des ennemis du prolétariat.

Des brigades ont alors été envoyées pour mater les émeutes, fouiller les fermes, et confisquer récoltes, bétails et semis, ce qui eut des conséquences désastreuses sur la récolte suivante.

Alors que des foyers isolés de « difficultés alimentaires » ont commencé à être répertoriés dès cette période, les autorités soviétiques ont réquisitionné près de 43 % de la récolte ukrainienne l’année suivante.

En 1932, face à une situation alimentaire aggravée, un exode rural de masse a débuté. Par ailleurs, les collectes n’ont plus atteint les niveaux fixés.

Entre fin octobre 1932 et janvier 1933, les autorités ont intensifié la répression, fermé les frontières et instauré un blocus. Des patrouilles ont ainsi été mises en place, condamnant les personnes à rentrer chez elles, à être emprisonnées ou déportées en Sibérie et dans les camps du Goulag.

La vente des billets de chemin de fer a été suspendue et les paysans privés de leur passeport. En outre, de nouvelles mesures ont été instaurées pour les districts « mis au tableau noir » : retrait des produits manufacturés et alimentaires, remboursement immédiat des crédits, arrêt du commerce, imposition exceptionnelle.

A la fin du mois de janvier 1933, la moitié des kolkhozes et villages ukrainiens – 11 000 sur 23 000 – étaient ciblés.

« Grenier de blé » devenu « terre de sang », le paroxysme de ce crime de masse a été atteint dans les premiers mois de 1933 : chaque jour, des milliers de paysans ukrainiens sont morts, affamés.

La famine instaurée artificiellement a alors pris l’appellation d’Holodomor : « l’extermination par la faim ».

En parallèle de cette tragédie, entre 1930 et 1933, plusieurs millions de tonnes de céréales ukrainiennes confisquées ont continué à être exportées. Les réserves de l’État soviétique, plusieurs millions de tonnes également, n’ont quant à elles pas été touchées.

En février 1933, les autorités soviétiques ont débloqué une aide dérisoire et destinée en priorité aux villes, également touchées par les disettes, afin d’éviter des émeutes d’ouvriers.

Bien que de rares témoignages parvinrent à l’Ouest à l’époque, la chute de l’URSS et l’ouverture de l’accès à certaines archives ont permis de lever le voile et le silence sur cette période dramatique.

Le 24 mars 2005, le ministère des Affaires étrangères français, interrogé par le sénateur Jean‑Pierre Vial sur l’absence de reconnaissance de ce crime contre la population ukrainienne, avait répondu qu’il appartenait aux États concernés de donner une interprétation historique, politique et juridique de ces événements tragiques.

Or, en 2006, le parlement de l’Ukraine a reconnu la famine ukrainienne de 1932‑1933 comme génocide contre le peuple ukrainien. Cette reconnaissance incarne le consensus au sein de la population concernant la qualification de ce crime de masse.

Le 21 octobre 2022, dans le contexte de la guerre menée par la Fédération de Russie en Ukraine, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, M. Dmytro Kuleba, a appelé les parlements des nations qui soutiennent l’Ukraine à reconnaître le caractère génocidaire de l’Holodomor.

Cet appel a été repris par le Parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, le 16 novembre 2022.

Le 15 décembre 2022, le Parlement européen, dans sa résolution « 90 ans après l’Holodomor : reconnaître que le massacre par la famine constitue un génocide », a reconnu l’Holodomor comme un génocide du peuple ukrainien.

La présente résolution vise à la reconnaissance par les autorités françaises de cette famine forcée de la population ukrainienne comme génocide, et à la condamnation des actes commis, caractérisés par une extermination et des violations massives des droits humains et des libertés.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

Article unique

L’Assemblée nationale,

Vu l’article 34‑1 de la Constitution

Vu l’article 136 du Règlement de l’Assemblée nationale,

Vu la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948,

Vu la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950,

Vu la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948,

Vu l’article 6 de la Convention portant statut de la Cour pénale internationale, adoptée à Rome le 17 juillet 1998,

Vu les déclarations communes sur les anniversaires de l’Holodomor adoptées lors des sessions plénières de l’Assemblée générale des Nations unies,

Vu la loi ukrainienne relative à l’Holodomor de 1932‑1933 en Ukraine, adoptée le 28 novembre 2006,

Vu la résolution 1481 (2006) de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) sur la nécessité d’une condamnation internationale des crimes des régimes communistes totalitaires,

Vu la déclaration du Président du Parlement européen, du 21 novembre 2007, à l’occasion du 75e anniversaire de la famine en Ukraine (Holodomor),

Vu la déclaration finale et les recommandations de la 10e réunion de la commission de coopération parlementaire UE‑Ukraine, adoptées le 27 février 2008,

Vu la résolution du Parlement européen du 23 octobre 2008 sur la commémoration de l’Holodomor, la famine artificiellement provoquée en Ukraine (1932‑1933) et la résolution du Parlement européen du 15 décembre 2022 « 90 ans après l’Holodomor : reconnaître que le massacre par la famine constitue un génocide » ;

Considérant que la collectivisation forcée imposée par le régime soviétique de Joseph Staline a entraîné la mort de millions de personnes, notamment parmi les minorités ethniques de l’ex‑Union soviétique ;

Considérant qu’en vertu de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide, sont considérés comme des crimes de génocide les actes ci‑après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial et religieux : le meurtre de membres du groupe, l’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe, la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, les mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe ;

Considérant la mise en place par les autorités soviétiques d’une famine forcée en Ukraine, à l’origine de la mort de près de plusieurs millions d’Ukrainiens, pour imposer par la force et par la terreur leur politique de collectivisation ;

Constatant le caractère intentionnel de détruire en tout ou partie l’identité nationale et le peuple ukrainien, et plus particulièrement la paysannerie ukrainienne, en confisquant les récoltes et les semences, en intensifiant la répression, en fermant les frontières et en instaurant un blocus des villages ;

Considérant que les autorités soviétiques ont occulté, déformé ou supprimé des éléments d’information sur la famine et les crimes de masse perpétrés à l’encontre des Ukrainiens en 1932 et 1933, et que les autorités russes actuelles continuent de limiter l’accès aux archives mentionnant ces événements ;

Considérant que l’emploi du terme de « grande famine » passe sous silence la responsabilité du régime soviétique dans cette famine intentionnellement provoquée ;

Considérant que cette « grande famine » a été reconnue par le Parlement européen, les parlements ou d’autres institutions nationales représentatives de plus de 20 pays, comme un génocide ou comme un crime contre le peuple ukrainien et contre l’humanité ;

Considérant que la reconnaissance des génocides perpétrés au cours de l’histoire de l’Europe devrait permettre d’éviter la répétition de crimes semblables à l’avenir ;

Considérant le devoir d’honorer la mémoire des victimes de crimes de masse commis par des régimes totalitaires en reconnaissant leurs souffrances et la nature des actes commis ;

Considérant que les années 2022‑2023 consacrent le 90e anniversaire de l’un des plus grands crimes de masse du début du XXe siècle ;

Reconnaît officiellement le caractère génocidaire de la famine forcée et planifiée par les autorités soviétiques à l’encontre de la population ukrainienne en 1932 et 1933 ;

Condamne le génocide commis par les autorités soviétiques, connu sous le nom de l’Holodomor ;

Affirme son soutien au peuple ukrainien dans son aspiration à faire reconnaître les crimes de masse commis à son encontre par le régime soviétique ;

Invite le Gouvernement français à reconnaître officiellement et à condamner publiquement le caractère génocidaire de ces crimes de masse commis à l’encontre du peuple ukrainien et connus sous le nom d’Holodomor ;

Invite le Gouvernement français à rendre hommage à toutes les victimes de l’Holodomor et à exprimer sa solidarité avec le peuple ukrainien qui a souffert de cette tragédie ;

Invite le Gouvernement français à poursuivre ses initiatives diplomatiques visant à la reconnaissance internationale de l’Holodomor ;

Invite le Gouvernement français à encourager sur la scène internationale un libre accès aux archives relatives à l’Holodomor, plus particulièrement en Fédération de Russie, afin de permettre aux historiens de poursuivre leurs recherches visant à établir et documenter les faits.

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La narration américaine sur l’Ukraine

Une propagande ciselée.

Le Département d’Etat américain est l’équivalent du Ministère des Affaires étrangères. Il vient de publier un document sur le conflit militaire en Ukraine, donnant évidemment le point de vue de la superpuissance américaine.

Il faut étudier ce document, riche d’enseignements.

Il indique déjà qu’il y a une narration américaine très précise, dont le régime ukrainien est par ailleurs la voix. Cela indique bien que la propagande marche à fond, que tous les médias occidentaux la reprennent. Cela montre l’ampleur de la question et du bourrage de crâne qu’on connaît depuis plus d’un an.

Ensuite, on voit très bien comment la superpuissance américaine a un mal fou à masquer les traits fascistes du régime ukrainien. Elle a également énormément de difficultés à faire passer le message (ridicule) comme quoi il ne s’agit pas de détruire la Russie (alors que l’objectif est avoué).

Enfin, la superpuissance américaine montre bien qu’elle est engagée à fond et qu’elle ira au bout. Il y a bien une guerre américaine contre la Russie.

Et nous, en France, soutenons objectivement cette guerre car notre pays est partie prenante dans le camp occidental. C’est ça qu’il faut saboter – il faut la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident !

Voici ce document de la superpuissance américaine.

« La roulette de la désinformation : un an de mensonges du Kremlin pour justifier une guerre injustifiable

 Il est évident que les missiles ou l’artillerie de la Russie ne parviendront ni à briser notre unité ni à nous faire vaciller. Et il devrait être tout aussi évident que l’unité ukrainienne ne peut pas être brisée par les mensonges ou l’intimidation, par les fausses informations ou les théories du complot. » – Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy , le 16 juillet 2022

Le 24 février 2022, des millions de personnes en Ukraine ont été réveillées par un concert de sirènes annonçant un raid aérien , du jamais vu depuis 80 ans .

La Russie venait de lancer une invasion massive. Jusqu’à cette matinée fatidique, et pendant toute l’année qui a suivi, l’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie a déployé tout un éventail de messages mensongers dans le but de duper le monde quant aux intentions néo-impérialistes du Kremlin, de dépeindre au peuple russe sa guerre choisie contre l’Ukraine comme une riposte nécessaire à de prétendues menaces émanant des États-Unis et de l’OTAN, et de tenter de justifier une guerre injustifiable.

Le Kremlin a régulièrement modifié ses affirmations mensongères pour faire oublier ses échecs sur le champ de bataille et son isolement politique. Ce rapport mettra en évidence cinq des narratifs les plus saillants diffusés par l’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie :

1) La Russie était encerclée  par l’OTAN  avant l’invasion de février 2022 ; 2) L’Ukraine est en train de commettre un génocide  au Donbass ; 3) Le gouvernement ukrainien doit être « dénazifié et démilitarisé »  ; 4) Le rétablissement des valeurs traditionnelles exige la « désatanisation » de l’Ukraine ; et 5) La Russie doit combattre en Ukraine pour défendre sa souveraineté contre l’Occident.

Narratif mensonger no 1 : « L’encerclement » par l’OTAN et la Russie « n’est pas l’agresseur »

L’une des premières justifications fabriquées par le Kremlin à propos de la guerre est l’affirmation fallacieuse selon laquelle l’OTAN et « l’Occident » seraient des agresseurs menaçant la sécurité de la Russie. Pendant les mois qui ont précédé le 24 février 2022, la Russie a exigé des garanties sécuritaires , notamment des restrictions sur l’adhésion de pays à l’OTAN, une position qui rejetait le droit souverain de l’Ukraine et d’autres pays de choisir eux-mêmes leur politique étrangère.

Tandis que Moscou massait jusqu’à 190 000 soldats  à la frontière de l’Ukraine, le ministère russe des Affaires étrangères diffusait de fausses informations pour brouiller les intentions du Kremlin, affirmant  que les troupes russes ne se trouvaient pas à la frontière avec l’Ukraine et reprochant simultanément aux États-Unis et à leurs alliés de semer l’hystérie .

Le président Poutine a accusé à tort l’OTAN d’être responsable de l’escalade des tensions ; il a prétendu qu’il ne planifiait pas d’invasion , et il a accusé les États-Unis de se servir de l’Ukraine comme d’« un outil pour contenir la Russie » .

Cherchant à rejeter la faute, des organes  de désinformation liés au Service fédéral de sécurité russe (FSB), à la Direction du renseignement militaire (GRU) et au Service du renseignement extérieur (SVR) ont amplifié ces allégations mensongères, qualifiant les avertissements émis par les États-Unis et l’OTAN quant à une possible offensive militaire de la Russie contre l’Ukraine d’« hystérie occidentale  » visant à « entraîner l’Ukraine dans la guerre » .

Au cours de cette année de guerre, le Kremlin a changé son narratif mensonger sur les Occidentaux qui pousseraient à la guerre, et adopté la thèse selon laquelle les États-Unis et l’OTAN, en aidant l’Ukraine à se défendre, prolongeraient ou intensifieraient la guerre. À la suite d’une réunion ministérielle de l’OTAN en novembre 2022, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé  que la « majorité du monde » comprenait les menaces posées par l’OTAN, accusant  l’Alliance d’avoir soi-disant poussé l’Ukraine à poursuivre la guerre.

Des organes de désinformation, tels que Newsfront  (mandaté par le FSB) et Sputnik  (géré par l’État) ont tous deux cité de prétendus « experts » selon lesquels l’OTAN « versait de l’huile sur le feu » en promettant de l’aide supplémentaire à l’Ukraine. La Strategic Culture Foundation  et l’Oriental Review , deux organisations dirigées par le SVR, ont prévenu que l’Ukraine allait tenter d’« entraîner l’OTAN dans une guerre à l’intérieur des frontières de l’Ukraine » et ont affirmé avoir démontré que le conflit en Ukraine avait été provoqué par l’OTAN.

Le Kremlin ressuscite ces messages fallacieux à chaque fois que les partenaires de l’Ukraine annoncent de l’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine. Le dernier en date accuse l’OTAN de russophobie après que les États-Unis et l’Allemagne ont accepté de fournir des chars modernes Abrams M1 et Leopard à l’Ukraine.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov a repris ce narratif  à son compte en janvier 2023, affirmant : « L’OTAN, avec une persévérance maniaque (…), a systématiquement rampé jusqu’aux frontières russes, tout en zombifiant nos pays voisins avec des histoires d’horreurs russophobes. »

La Russie diffuse de fausses informations dépeignant l’OTAN comme l’agresseur afin de jeter la confusion. La Russie est la seule à avoir déclenché cette guerre, pas l’Ukraine. La Russie est l’agresseur, pas l’OTAN. Comme l’a déclaré  le secrétaire d’État Antony Blinken au Conseil de sécurité des Nations unies le 22 septembre 2022, « si la Russie arrête de se battre, il n’y a plus de guerre. Si l’Ukraine arrête de se battre, il n’y a plus d’Ukraine. »

Narratif mensonger no 2 : « Les provocations ukrainiennes » et « le génocide contre le Donbass »

Pendant que la Russie entretenait le mythe de l’agression de l’OTAN, elle a simultanément tenté de dépeindre à tort l’Ukraine comme étant en train de planifier une action militaire contre les Russes de souche dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine.

En janvier 2022, des responsables de la Fédération de Russie ont affirmé que Kyiv avait envoyé « la moitié de son personnel militaire » dans les zones du Donbass occupées par la Russie, et que l’Ukraine avait intensifié ses attaques  contre les pseudo-Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk  (RPD/RPL).

Le Kremlin a affirmé  que l’incursion de Kyiv dans le Donbass contrôlé par la Russie était imminente, tandis que les autorités alliées de la Russie ont prétendu  que l’Ukraine avait l’intention d’utiliser des armes chimiques le long de la ligne de contact entre les forces de défense de l’Ukraine et celles déployées en Ukraine par la Russie et ses alliés.

La fréquence avec laquelle cette fausse affirmation a été répétée s’est intensifiée après que les États-Unis ont révélé  le projet du Kremlin de mener une opération sous faux drapeau dans le Donbass contrôlé par la Russie, qui servirait de prétexte à une nouvelle invasion.

Le 3 février, les États-Unis ont discrédité ce narratif en levant le voile  sur le projet secret du Kremlin d’employer une vidéo fabriquée de toutes pièces par les services de renseignement russes et remplie de scènes choquantes d’explosions, de cadavres, de bâtiments et d’équipements militaires détruits, ainsi que d’acteurs se faisant passer pour des personnes en deuil.

L’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie a également accusé à tort l’Ukraine de terrorisme, prétendant que le pays préparait une « catastrophe chimique »  et suggérant que l’Ukraine allait mener une « frappe écrasante »  contre la centrale nucléaire de Zaporijia.

Le président Poutine a transformé ce narratif mensonger en prétexte à la guerre. Dans une déclaration  du 15 février, il a affirmé à tort qu’« un génocide avait lieu au Donbass ». À la suite de cette déclaration de Poutine, le Comité d’enquête russe a ouvert  une procédure pénale liée aux allégations de « fosses communes de civils »  au Donbass.

L’appareil de désinformation et de propagande du Kremlin a continué à promouvoir des messages fallacieux accusant l’Ukraine de « génocide », notamment par le biais du site Web « Tragedy of Donbas »  (La tragédie du Donbass), qui selon le Washington Post , est géré par les services du renseignement militaire russes. Les agents d’influence financés par le gouvernement russe utilisent un réseau de sites Web  et de blogs  ciblant l’Ukraine, l’OTAN, l’Union européenne et les États-Unis pour amplifier la désinformation, y compris pour diffuser ce narratif .

Le discours  télévisé de Poutine, le 21 février 2022, a cimenté cette thèse infondée pour justifier la guerre. Prétendant reconnaître comme des États indépendants les pseudo-Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk sous contrôle russe, la Russie a ordonné  le déploiement de troupes de « maintien de la paix » au Donbass.

Pour diaboliser l’Ukraine aux yeux de l’opinion russe, Poutine a accusé à tort l’Ukraine d’avoir commis « un génocide » et d’avoir fait preuve de discrimination à l’égard de la population russophone du Donbass depuis 2014. Il a ainsi créé un prétexte à la prétendue nécessité de « protéger les nôtres », faisant passer de manière peu convaincante son agression pour une opération visant à arrêter « un génocide » inexistant.

Des médias indépendants, des experts de la lutte contre la désinformation et des organisations internationales multilatérales de défense des droits humains ont rigoureusement réfuté ce narratif. L’équipe de fact-checking de la BBC  a souligné : « Il n’y a aucune preuve de génocide ». Polygraph.info  a discrédité cette affirmation en signalant que Poutine et d’autres responsables de la Fédération de Russie avaient « employé librement le terme de génocide » contre la Géorgie lors de l’invasion du pays par la Russie en 2008.

Polygraph.info a également fait remarquer : « L’incident le plus proche [d’un génocide] a peut-être été commis en 2014 par les forces russes à Sloviansk, où les forces ukrainiennes qui ont repris la ville ont trouvé une fosse commune contenant 20 corps. » Le Conseil de l’Europe , le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme  et la Mission d’experts établie dans le cadre du Mécanisme de Moscou de l’OSCE  ont conclu de manière indépendante qu’il n’y avait aucune preuve que des personnes d’origine russe ou russophone aient été persécutées par les autorités ukrainiennes.

Ces messages mensongers resurgissent à chaque fois que la guerre d’agression du Kremlin subit des revers stratégiques. L’analyse des narratifs à partir des données de médias sociaux sur Telegram, menée par le GEC, montre des pics de conversations en russe à propos du « génocide au Donbass » lors de ces revers.

Par exemple, le Kremlin a ressorti du placard ces fausses informations en juin 2022, un mois marqué par plusieurs échecs stratégiques pour Moscou. Quand le premier système de roquettes d’artillerie à haute mobilité (HIMARS) est arrivé en Ukraine , et quand l’Ukraine s’est vu accorder le statut de candidate à l’UE , le département de la Justice des États-Unis a annoncé  des mesures de responsabilisation visant à « aider à identifier, appréhender et poursuivre en justice les personnes impliquées dans des crimes de guerre et des atrocités » en Ukraine.

L’ambassade de Russie à Washington a riposté en répétant les allégations fallacieuses du Kremlin  selon lesquelles des Ukrainiens auraient commis un génocide contre la population russophone.

Le début de la contre-offensive de Kherson en Ukraine en septembre, la libération rapide de la région de Kharkiv et les annonces de mobilisation faites par la Russie qui ont suivi ont donné une impulsion supplémentaire au Kremlin pour relancer ce narratif. Le président Poutine a démarré le mois de septembre par des déclarations  truffées de fausses informations, affirmant que la Russie essayait seulement d’arrêter « le génocide »  qui aurait été perpétré par Kyiv depuis 2014.

Dans son discours du 30 septembre  annonçant la soi-disant annexion des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia après les pseudo-référendums, Poutine a répété à tort que « pendant huit longues années, les habitants du Donbass ont été soumis à un génocide, à des bombardements et des blocus, et qu’ils ont fait l’objet d’une politique criminelle visant à cultiver la haine envers la Russie et tout ce qui est russe », et il a accusé l’Ukraine de « réserver aux russophones à l’intérieur de ses frontières le même sort que celui que l’Occident ‟colonialiste” cherche à infliger au monde entier ».

Le Kremlin prétend défendre le peuple russophone d’Ukraine contre « un génocide » inexistant. Pourtant, depuis huit ans, les forces d’invasion russes et leurs alliés ont semé la mort et la destruction dans des régions majoritairement russophones de l’Ukraine.

Des millions de personnes ont fui les zones occupées par la Russie dans l’est et le sud du pays. La destruction de Marioupol , ville russophone, est catastrophique. Au mois mars 2022, le gouvernement américain a estimé que des membres des forces russes avaient commis des crimes de guerre  en procédant à des opérations de filtration  et en expulsant illégalement des milliers de civils ukrainiens.

Au mois de février 2023, s’appuyant sur des preuves de plus en plus nombreuses provenant des régions russophones de l’Ukraine libérées de l’occupation russe, le gouvernement américain a déterminé que des membres des forces russes et des responsables russes avaient commis des crimes contre l’humanité  en Ukraine, notamment en torturant des civils en détention au moyen de passages à tabac, d’électrocutions et de simulacres d’exécution, ainsi que par le viol et le meurtre relevant de l’exécution d’hommes, de femmes et d’enfants ukrainiens.

La Russie cherche à priver l’Ukraine de sa souveraineté et de son indépendance, et à supprimer son histoire et sa culture. Pendant que la Russie occupait Kherson, les autorités de la ville ont vidé les bibliothèques de la littérature ukrainienne et pillé des objets culturels  dans les musées.

Le gouvernement russe a déporté systématiquement  et illégalement  au moins 6 000 enfants d’Ukraine vers un réseau d’établissements en Crimée occupée par la Russie et dans toute la Russie, où ils sont « rééduqués »  ou mis en adoption  aux quatre coins du pays. Ces enfants ne sauront peut-être jamais qu’ils viennent d’Ukraine . Le Kremlin semble déterminé à rejeter l’existence de l’Ukraine en tant qu’État, en tentant de faire table rase de son passé — et de son avenir .

Narratif mensonger no 3 : « La dénazification et la démilitarisation »

Le président Poutine a invoqué le récit de désinformation le plus persistant du Kremlin dans son discours, avant l’aube, annonçant le lancement de l’invasion massive du 24 février . Il a déclaré : « L’objectif de cette opération est de protéger des personnes qui, depuis huit ans, sont confrontées à l’humiliation et au génocide perpétrés par le régime de Kiev. À cette fin, nous chercherons à démilitariser et à « dénazifier » l’Ukraine. »

Il a porté des accusations sans queue ni tête  contre le gouvernement démocratiquement élu de l’Ukraine, le comparant à « un gang de toxicomanes et de néonazis qui se sont installés à Kiev et ont pris en otage le peuple ukrainien tout entier ».

Il est absurde d’accuser de néonazisme le président de l’Ukraine, Zelensky, qui est juif. Mais les allégations de la Russie sont aussi calculées qu’elles sont abracadabrantes. Depuis des années, le Kremlin assimile méthodiquement la soi-disant « russophobie » au néonazisme.

Le gouvernement russe a eu recours à l’antisémitisme  à plusieurs reprises pour diffuser de fausses informations sur la guerre de Moscou en Ukraine. Cela fait longtemps que le Kremlin instrumentalise l’histoire de la Seconde Guerre mondiale pour encourager un sentiment nationaliste en Russie lorsqu’il promeut ses ambitions géopolitiques.

En janvier 2023, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a lancé la formule  « Soutien à l’Ukraine = russophobie = néonazisme » en comparant à tort l’aide fournie par l’Occident à l’Ukraine pour se défendre contre la Russie à l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie. Lavrov a invoqué le génocide intenté par Hitler contre les Juifs pour résoudre ce qu’il appelait « la question juive », accusant l’Occident de comploter « pour enfin résoudre la question russe » .

Ce narratif a émergé au premier plan lorsque la Russie a essuyé de lourdes pertes sur le champ de bataille au début de la guerre. Dans son discours du 9 mai marquant la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale, Poutine a amplifié ce narratif, déformant l’histoire pour justifier sa guerre brutale contre l’Ukraine. Poutine a affirmé à tort que sa guerre de choix était un acte « sacré » et « patriotique », semblable à la lutte des Soviétiques contre l’Allemagne nazie (appelée en Russie la Grande Guerre Patriotique) ou à toute guerre dans laquelle la Russie « s’est défendue ».

En répétant ses arguments habituels de propagande, Poutine a accusé l’Occident de « mettre fin » aux valeurs traditionnelles, de falsifier l’histoire et de promouvoir la russophobie. Le Kremlin manipule et déforme sans arrêt l’histoire afin d’exploiter le sentiment de fierté animant le peuple russe qui a consenti des sacrifices pour vaincre le nazisme.

En outre, le Kremlin qualifie régulièrement de « coup d’État fasciste »  la Révolution de la dignité qui a eu lieu en Ukraine de 2013 à 2014. Ces distorsions de l’histoire ont un objectif stratégique, à savoir susciter le patriotisme et rallier le soutien de la Russie à la guerre de Poutine contre l’Ukraine.

Si la thèse de « la dénazification »  a servi à Poutine de justification principale dans son discours du 24 février 2022, il semble qu’elle n’ait pas fait écho longtemps au sein du public russe. L’analyse par le GEC des conversations en russe sur Internet montre une légère hausse du volume des conversations en ligne impliquant ce narratif à la fin février, immédiatement après le discours.

Dès mars 2022, les responsables russes ont progressivement réduit  l’utilisation de cette version du narratif. Tout au long du mois de mars, les délégations russe et ukrainienne ont entamé plusieurs séries de négociations  pour établir des couloirs humanitaires afin d’aider à évacuer les civils et de parvenir à un cessez-le-feu.

La diminution du nombre de fois où est mentionné le narratif de « la dénazification » est peut-être un signe que, même pour le Kremlin, la dissonance cognitive était trop forte pour faire avaler au public le fait qu’il négocie avec les responsables ukrainiens tout en essayant de les « dénazifier ».

Cependant, le sursis de la « dénazification » a été de courte durée. Ce narratif a atteint son point culminant dans les messages en russe sur Telegram fin mars et début avril. Lorsque des preuves de crimes de guerre et de charniers ont commencé à émerger à Boutcha  après le retrait des troupes russes, l’écosystème de désinformation et de propagande du Kremlin a répondu au tollé mondial suscité par ces sinistres révélations en niant, dans un premier temps, l’implication de ses forces, puis en contestant la véracité des informations et en renouvelant la thèse de la « dénazification ».

Accusant à tort l’Ukraine d’employer des tactiques que la Russie elle-même utilise, le ministère russe de la Défense a affirmé  à tort : « Les photos et les vidéos de Boutcha sont une autre imposture, une mise en scène et une provocation par le régime de Kiev à l’intention des médias occidentaux. » Le ministère russe des Affaires étrangères a prétendu  à tort qu’il y avait « des signes de vidéos contrefaites et d’autres falsifications ».

Les ambassades et les médias russes dans le monde entier ont amplifié ces conspirations pourtant facilement discréditées , notamment les affirmations selon lesquelles l’Ukraine aurait utilisé de faux cadavres  qui se sont « réanimés » une fois les caméras éteintes. En dépit des preuves abondantes fournies par le New York Times Bellingcat  et la BBC  contredisant les affirmations de la Russie et démontrant son implication, la machine à désinformer du Kremlin a continué d’essayer  de cacher la vérité.

Le média d’État russe RIA Novosti a tenté de détourner l’attention en publiant un article qui plaidait pour « la dénazification de la majorité de la population ukrainienne »  par « la rééducation, la répression idéologique (…) et une censure stricte : non seulement dans la sphère politique, mais obligatoirement aussi dans la sphère de la culture et de l’éducation ». En outre, l’article préconisait le gommage de l’Ukraine en tant qu’État, notamment par la « désukrainisation », affirmant qu’« un pays dénazifié ne peut pas être souverain ».

Malgré la nature grotesque de ce narratif, il reste utile à l’écosystème russe de désinformation. Par rapport aux quatre autres narratifs du Kremlin abordés dans ce rapport, celui de la « dénazification » a été le plus souvent utilisé si l’on regarde le volume quotidien de publications, et il continue de provoquer le plus haut niveau d’engagements si l’on mesure le nombre de réactions et de partages.

L’écosystème russe de désinformation et de propagande renoue avec la thèse de « la dénazification », destinée à rejeter la faute, à chaque fois que Moscou subit des revers stratégiques.

Un narratif que le président Poutine a une fois de plus brandi sans vergogne dans son message du 27 janvier 2023  à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. « Oublier les leçons de l’Histoire, a-t-il dit, conduit à la répétition de terribles tragédies. Les crimes contre les civils, le nettoyage ethnique et les actions punitives organisées par les néonazis en Ukraine en sont la preuve. »

Il a persisté dans la même veine lors de son discours du 1er février marquant le 80e anniversaire de la bataille de Stalingrad, pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’il a accusé l’Occident de nazisme  : « Nous constatons aujourd’hui que, malheureusement, l’idéologie du nazisme – cette fois sous sa forme moderne – crée à nouveau des menaces directes pour notre sécurité nationale, et nous sommes, encore et toujours, contraints de résister à l’agression de l’Occident collectif. »

L’escalade de ses joutes oratoires faisait suite à l’annonce, quelques jours plus tôt, que l’Allemagne et les États-Unis allaient livrer des chars  Leopard et Abrams M1 à l’Ukraine pour l’aider à se défendre contre l’attaque brutale de la Russie.

Les éléments de preuve des crimes du Kremlin contre les civils ukrainiens dans les zones occupées par la Russie s’accumulent aussi rapidement que les mensonges flagrants du Kremlin. À la fin du mois de janvier 2023, l’Ukraine enquêtait sur près de 67 000 crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés  – tels que des exécutions sommaires, des viols, des tortures, des enlèvements et des déportations forcées, des bombardements aveugles ainsi que des attaques ciblées contre des civils et des biens civils.

Des enquêtes indépendantes, des organisations médiatiques , la Commission d’enquête indépendante des Nations unies sur l’Ukraine  et des missions d’experts dans le cadre du Mécanisme de Moscou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe  ont toutes démontré que des membres des forces russes ont documenté une série de crimes de guerre et d’autres atrocités commis par des membres des forces russes en Ukraine.

Ces crimes contre l’humanité  ne sont pas un phénomène isolé. Ils s’inscrivent dans le droit fil de l’attaque généralisée et systématique du Kremlin  contre la population civile de l’Ukraine. Le narratif de la « dénazification » colporté par le Kremlin et la déshumanisation méthodique  du peuple ukrainien dans les propos tenus jouent un rôle dans ces abus inadmissibles.

Les survivants de l’occupation russe de Boutcha ont rapporté que les forces russes faisaient du porte-à-porte et fouillaient les immeubles résidentiels « à la recherche de nazis  ». Lorsque la ville de Kherson a été libérée par l’Ukraine, des témoins ont évoqué  la vie sous l’occupation russe : « Si les Russes vous entendent parler ukrainien, ils vous prennent pour un nazi. Ils vérifient les réseaux sociaux, les tatouages ; si vous avez des symboles ukrainiens sur votre corps, ça va vous attirer des ennuis. »

Narratif mensonger no 4 : Redéfinir la guerre comme non plus une « dénazification » mais une « désatanisation »

Maintenant que la guerre franchit le cap de la première année, le Kremlin tente de justifier ses actions injustifiables en affirmant désormais qu’il combat « le satanisme occidental ». Certes, les propagandistes du Kremlin diabolisaient  déjà les Ukrainiens au moins depuis avril 2022, mais l’assimilation par le président Poutine de ce qu’il appelle les valeurs occidentales à du « satanisme pur et simple », dans son discours du 30 septembre 2022 , a propulsé cette accusation au rang de narratif officiel.

Le Kremlin de Poutine s’est autoproclamé le gardien des « valeurs traditionnelles » contre les valeurs étrangères dépravées que, selon lui, l’Occident avance en Ukraine et tenterait d’imposer à la Russie. Ce narratif est apparu pour la première fois en avril 2022, après la découverte des atrocités commises par la Russie à Boutcha.

L’un des plus ardents défenseurs du concept de « Russkiy mir » (monde russe), le chef de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Kirill, a prêché que la Russie se battait en Ukraine pour la « véritable indépendance » du « monde russe », qu’il considère comme le dernier bastion contre l’Occident immoral et dépravé. Cette action, dit-il, reflète « la vérité de Dieu  » et repousse « l’Antéchrist  » contre l’épouvantail de la puissance mondiale , adversaire de la Russie.

Le patriarche considère  que l’Ukraine fait partie du « territoire canonique » de l’Église orthodoxe russe, bien que la majorité des croyants orthodoxes ukrainiens se réclament  de l’Église orthodoxe autocéphale indépendante d’Ukraine  ou se disent « simplement orthodoxes ». Kirill dépeint les actions du Kremlin comme une guerre sainte « fratricide »  que la Russie doit livrer à ceux qui veulent faire des Ukrainiens, « partie intégrante de la sainte Rus’ unie », un État « hostile à la Russie ».

L’écosystème de désinformation et de propagande du Kremlin a amplifié le message du patriarche Kirill par le biais de ses nombreux piliers . Les personnalités publiques des organes de propagande d’État  ont commencé à dépeindre la Russie comme « l’incarnation des forces du bien », évoquant un « affrontement métaphysique entre les forces du bien et du mal » et une « guerre sainte » dont la Russie doit sortir vainqueur.

Les sites  de désinformation agissant pour le compte  du Kremlin, tels que News Front , qui relève du FSB, et Tsargrad , sur la liste de désignation des États-Unis, un maillon du réseau d’influence malveillante de l’oligarque russe Konstantin Malofeyev inculpé par les États-Unis , sont allés encore plus loin en qualifiant  les Ukrainiens de « satanistes ». Le Kremlin a ainsi ajouté une « croisade » à sa liste de prétextes pour mener une guerre brutale et commettre des atrocités contre le peuple ukrainien.

Ce narratif a refait surface lorsque la Russie a essuyé des revers cuisants sur le champ de bataille tout au long de l’été et de l’automne.

En juillet 2022, lorsque le gouvernement russe proposait d’étendre l’interdiction de la « propagande » sur les « relations sexuelles non traditionnelles  » – une proposition qui est devenue loi après la signature de Poutine en décembre 2022 – des personnalités  du Kremlin ont présenté l’exclusion  de la Russie du Conseil de l’Europe en mars 2022 comme l’échec des « efforts visant à imposer des valeurs étrangères et le mariage homosexuel » à la Russie, alors que la décision du Conseil de l’Europe était motivée par l’agression de la Russie contre l’Ukraine.

Les commandants militaires de la République de Tchétchénie, dirigée par l’homme fort Ramzan Kadyrov, sous le coup de sanctions des États-Unis, ont proclamé  à maintes reprises que la Russie menait une guerre sainte en Ukraine  contre « l’armée de l’Antéchrist » et « les valeurs sataniques LGBT ».

Dans un discours en septembre , le président Poutine a attaqué l’Occident et sa « dictature des élites occidentales » pour leur « déni radical des normes morales, de la religion et de la famille », qu’il a qualifié de « satanisme pur et simple ». Poutine a laissé entendre que les pays occidentaux menaient des « expériences monstrueuses  » sur des enfants. Les lois  de la Russie et la rhétorique du Kremlin amalgament à tort  personnes LGBTQI+ et pédophilie.

Poutine n’est pas le seul à tenir des propos extrêmes. Emboîtant le pas au Kremlin, Ivan Okhlobystine, acteur excentrique, prêtre défroqué et fervent partisan de Poutine, a appelé  à pleins poumons à la « guerre sainte » lors d’un rassemblement organisé le 1er octobre sur la Place Rouge en soutien à la tentative d’annexion de quatre régions d’Ukraine par la Russie.

Apparemment à la stupéfaction  d’une partie de l’assistance, Okhlobystine a crié  Goyda ! (Гойда), un vieux cri de guerre russe que poussait Ivan le Terrible pour appeler sa police secrète . Okhlobystine continue sur un ton théâtral : « Aie peur, vieux monde ! Dénué de la vraie beauté ! De la vraie foi ! De la vraie sagesse ! Gouverné par des fous, des pervers, des satanistes ! Aie peur, on arrive ! »

Fin octobre, d’autres responsables du Kremlin ont amplifié les appels  à la « désatanisation » de l’Ukraine, affirmant que l’Occident s’employait, par la promotion de cultes sataniques, à « reformater » l’esprit des Ukrainiens pour les dresser contre les valeurs traditionnelles incarnées par la Russie.

L’homme fort de Tchétchénie, Kadyrov, a exhorté  les hommes russes à prendre les armes et à partir en « djihad  » contre les satanistes ukrainiens, appelant à « rayer de la carte  » les villes de l’Ukraine. Selon des sources  dignes de foi, les combattants tchétchènes de Kadyrov en Ukraine ont commis des atrocités .

Face à la vigueur des contre-offensives des forces ukrainiennes dans la région de Kharkiv et de Kherson, le narratif de la « désatanisation » a refait surface et s’est intensifié.

À mesure que la Russie continue de subir des pertes sur le champ de bataille et dans l’opinion publique mondiale, le Kremlin cherche un argument qui va tenir, en avançant des idées chacune plus absurde que la précédente.

Les efforts du Kremlin pour diaboliser les Ukrainiens en les qualifiant de « satanistes » ne sont qu’une tentative à peine voilée destinée à expliquer ses pertes au peuple russe et à justifier celles qui suivront. A priori dénué de pertinence, le narratif de la « désatanisation » déshumanise le peuple ukrainien et tente de justifier la dépravation et les atrocités cruelles à son encontre.

Narratif mensonger no 5 : « Défendre la souveraineté de la Russie » contre l’Occident

Les plans de Poutine relatifs à des simulacres de référendum et à une mobilisation militaire ayant été mis à mal par la contre-offensive de l’Ukraine en septembre 2022, le Kremlin a changé de discours : sa guerre de choix est devenue une guerre de nécessité « pour défendre la souveraineté de la Russie  ».

Un an seulement après avoir présenté ses « exigences sécuritaires » soi-disant pour éviter un conflit, le Kremlin a bouclé la boucle, revenant à son narratif de désinformation initial selon lequel l’Occident serait le véritable agresseur et voudrait détruire la Russie au moyen d’une guerre par acteurs interposés en Ukraine. Perdre du terrain face à l’Ukraine, un État membre de l’ONU que Poutine a rejeté  comme n’étant « pas un vrai pays », serait inconcevable.

Confronté à la libération de la région de Kharkiv par l’armée ukrainienne, le Kremlin a opté pour un nouveau narratif selon lequel la Russie se bat pour défendre sa souveraineté contre l’Occident. Le 21 septembre 2022, Poutine a allégué que la mobilisation partielle  et les simulacres de référendum  étaient nécessaires pour « protéger la souveraineté, la sécurité et l’intégrité territoriale de la Russie ».

Le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou , et le le président de la Douma, Viatcheslav Volodine , se sont fait l’écho de cette interprétation en arguant que la mobilisation était nécessaire parce que la Russie combattait l’Ukraine ainsi que l’OTAN et « l’Occident collectif ».

Lorsque l’Ukraine a libéré la ville de Kherson de l’occupation brutale de la Russie et que des milliers d’hommes ont fui la Russie pour éviter la mobilisation , Poutine a de nouveau rejeté la responsabilité de la guerre sur l’Ukraine et l’Occident. Dans son discours du 15 novembre, Poutine a soutenu , à tort, que la guerre résultait des efforts  déployés par l’Occident en vue de déstabiliser l’Ukraine, accusant l’Occident de vouloir affaiblir la Russie et présentant la guerre comme une mesure défensive contre le sabotage.

Dans son discours à la nation  à la Saint-Sylvestre 2022, le président Poutine a dépeint « l’opération militaire spéciale » de la Russie sous le jour d’une lutte existentielle visant à garantir la « souveraineté » et « l’indépendance véritable » de la Russie. Flanqué de membres présumés des forces armées russes, dont certains étaient peut-être des acteurs , dans un décor qui rompait avec la toile de fond traditionnelle du Kremlin, il a recyclé des narratifs de désinformation sur l’hypocrisie de l’Occident.

Poutine a affirmé que les « élites occidentales » faisaient seulement semblant d’aider à résoudre « le conflit dans le Donbass » et « encourageaient les néonazis » à poursuivre « les actions terroristes contre des civils pacifiques ». Il a ensuite accusé l’Occident de « mentir en parlant de paix tout en se préparant à l’agression » et d’« utiliser cyniquement l’Ukraine comme moyen d’affaiblir et de diviser la Russie ». Il a ajouté que l’Occident avait déchaîné « une vaste guerre de sanctions », mais que la Russie avait prévalu.

Enfin, il a affirmé que cette « lutte » servait d’exemple aux autres pays « en quête d’un ordre mondial multipolaire juste ». Au-delà des prétextes habituels, Poutine a fait appel au patriotisme, déclarant que la défense de la patrie était un « devoir sacré » et que la « vérité morale et historique » se trouvait du côté de la Russie.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a renforcé  ce narratif le 18 janvier 2023  en dressant le bilan de la diplomatie russe pour l’année 2022.

Il a déclaré : « Comme Napoléon, qui a mobilisé presque toute l’Europe contre l’Empire russe, et Hitler, qui a occupé la majorité des pays européens et les a déchaînés contre l’Union soviétique, les États-Unis ont créé une coalition rassemblant presque tous les États européens membres de l’OTAN et de l’Union européenne, et utilisent l’Ukraine pour mener une guerre par acteurs interposés contre la Russie dans le but d’en finir une fois pour toutes avec la « question russe », comme Hitler, qui cherchait une solution finale à la « question juive ».

À la fin du mois de janvier 2023, donnant suite aux demandes des médias après la conférence de presse susmentionnée, Lavrov persiste et signe  : « Il est clair depuis longtemps pour nous que l’existence même de la Russie en tant que l’un des éléments constitutifs du vaste espace eurasiatique pose problème à nos adversaires. »

Dans une version de ce narratif particulièrement tirée par les cheveux, le Kremlin présente le partenariat et la coopération  à l’échelle internationale sur la réduction des menaces biologiques en Ukraine comme une menace pour la souveraineté de la Russie et l’ethnicité russe. La machine à désinformer du Kremlin a organisé une attaque généralisée  contre la vérité dans les organisations multilatérales , cherchant à dépeindre des travaux de recherche pacifiques  en Ukraine comme des expériences sur des armes biologiques qui consisteraient à dresser des oiseaux migrateurs  et des chauves-souris  malades destinés à menacer la Russie.

En juillet 2022, les médias d’État  et ceux agissant au nom de la Russie  ont fait passer la désinformation sur les « laboratoires biologiques gérés par les États-Unis » dans le domaine de la science-fiction lorsqu’ils ont donné la parole à des responsables russes selon lesquels  les soldats ukrainiens étaient soumis à des expériences  capables « de neutraliser les dernières traces de conscience humaine et de faire d’eux les monstres les plus vicieux et les plus mortels possible » ainsi que des « machines cruelles sous le contrôle des États-Unis ».

Ces déclarations font suite aux accusations portées en mars 2022 par le ministère russe de la Défense selon lesquelles les États-Unis développaient en Ukraine des « armes bioethniques  » destinées à cibler les Slaves de souche, comme les Russes. Ces affirmations farfelues servent à alimenter les théories du complot et à dépeindre la guerre de la Russie contre l’Ukraine comme une « lutte pour la souveraineté » existentielle face à l’Occident, ainsi qu’à détourner l’attention pour dissimuler la performance médiocre des forces russes.

Selon un autre élément grotesque de ce type de désinformation, les Ukrainiens subiraient un lavage de cerveau de la part de l’Occident. Dans une interview  du 30 janvier 2023, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a accusé l’OTAN de « zombifier » délibérément les pays voisins de la Russie en leur racontant « des histoires d’horreur russophobes » et en montant des actions « dont le but est de détruire notre code historique et culturel ».

La propagandiste du Kremlin Margarita Simonyan  a amplifié ce narratif : si l’idée de combattre leurs « frères » ukrainiens est une pilule difficile à avaler pour les Russes, a-t-elle déclaré, l’Occident « lui a enlevé son goût amer pour ce qui est de se battre avec les Ukrainiens ou même pour eux. Il apparaît clairement maintenant que la lutte contre l’Occident était peut-être inévitable. »

Pour tenter de justifier l’invasion de la Russie en 2022, le Kremlin a prétendu que l’Occident refusait de négocier, alors même que c’était Moscou qui s’était retiré des négociations . Cherchant à justifier la poursuite de la guerre, le Kremlin accuse à tort l’Occident de vouloir démembrer la Russie et détruire la culture russe.

Pour faire accepter à la population russe le mensonge selon lequel Moscou a attaqué à juste titre ses voisins, un peuple « frère » aux yeux de nombreux Russes, le Kremlin affirme que l’Occident a zombifié les Ukrainiens.

Dans cette version pervertie de la réalité, la Russie peut faire valoir qu’elle combat non pas des « frères » ukrainiens, mais des Ukrainiens « zombifiés », « néonazis » et « satanistes ». Pour rendre les pertes de la Russie acceptables, le Kremlin prétend qu’il n’est pas en guerre contre l’Ukraine mais qu’il se bat noblement en Ukraine pour « défendre sa souveraineté » contre l’incursion de l’Occident.

Conclusion : « Nos terres historiques »

Le courage et la résilience du peuple ukrainien, sa détermination absolue à défendre l’indépendance et la démocratie de son pays, l’unité des États-Unis et de leurs alliés et partenaires pour soutenir la légitime défense de l’Ukraine, et la condamnation mondiale de l’agression par la Russie, forcent le Kremlin à changer constamment de narratifs pour tenter de justifier sa guerre auprès de la population russe et de la communauté internationale.

Les mensonges de la Russie ne changent rien à la vérité. Le Kremlin a choisi de commencer cette guerre, et le Kremlin peut choisir d’y mettre fin.

L’Ukraine est un État indépendant et membre des Nations unies. Elle a le droit souverain de défendre son territoire et de choisir sa politique étrangère. La guerre de la Russie contre l’Ukraine a commencé en 2014, lorsque les forces russes se sont emparées de la péninsule ukrainienne de Crimée et ont dirigé, financé et entraîné des agents pour fomenter des troubles dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine. L’Ukraine démocratique n’est pas infestée de nazis ni de satanistes – le Kremlin a créé ces mythes pour attiser la ferveur de sa propre population. Les citoyens ukrainiens de toutes les ethnies ont élu démocratiquement un président juif, Volodymyr Zelensky, et la communauté internationale a reconnu la légitimité de son gouvernement.

Dans les mois qui ont précédé le lancement de l’invasion massive par la Russie, les États-Unis et d’autres pays se sont joints à l’Ukraine dans le cadre d’une diplomatie de bonne foi afin d’explorer les moyens de répondre aux prétendus problèmes de sécurité de la Russie sans compromettre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. La Russie a préféré la guerre.

La Russie a lancé son invasion massive en février 2022, en violation flagrante des principes de la Charte des Nations unies concernant le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États et le non-recours à la force. La Russie a brutalement saisi et occupé des parties des oblasts de Louhansk, de Donetsk, de Zaporijia et de Kherson, puis a organisé des simulacres de référendum et décrété leur annexion, tout comme elle l’a fait en Crimée, dans le but de réaliser les ambitions territoriales prédatrices du Kremlin.

Toutes les contorsions rhétoriques de la Russie ne servent qu’un seul objectif : dissimuler les tentatives manifestes faites par la Russie pour rayer de la carte l’État souverain et indépendant d’Ukraine, et subjuguer son peuple . Ses mensonges cachent des signes révélateurs des véritables ambitions néo-impériales  du Kremlin. La missive de Poutine en juillet 2021 dans laquelle il déclare que les Russes et les Ukrainiens ne forment qu’« un seul peuple  », et ses discours pro-guerre  de février 2022 empreints de révisionnisme historique et de désinformation niant le statut d’État  et la souveraineté de l’Ukraine, ont donné au monde un aperçu de ses objectifs.

Les mêmes arguments sont fréquemment repris par les figures de la propagande du Kremlin, comme Margarita Simonyan , qui a récemment réitéré la contre-vérité selon laquelle l’Ukraine aurait été construite par la Russie et devrait sa puissance aux dons de la Russie . La vision de Poutine, qui est de réaliser les ambitions  expansionnistes impériales de Pierre Ier et de « récupérer les territoires perdus  », et les commentaires  sans fard  des responsables du Kremlin, trahissent leur véritable intention.

Des représentants du Kremlin  ont indiqué que Moscou pourrait exercer des représailles contre la prétendue « russophobie » et le « génocide contre les Russes », inexistant, dans des endroits  autres que l’Ukraine qu’elle considère comme ses terres historiques. Des observateurs du Kremlin ont déjà avancé l’idée que la Russie pourrait devoir « dénazifier » le Kazakhstan , la Moldavie  et tout autre pays présumé être un foyer de « russophobie ».

Dans un discours en janvier 2023 , Poutine n’a guère laissé planer le doute quant à sa vision de l’avenir : « L’objectif, comme je l’ai dit à de nombreuses reprises, est avant tout de protéger les populations et de protéger la Russie elle-même des menaces qu’ils essaient de créer sur nos propres terres historiques voisines. Nous ne pouvons pas le permettre. »

Quel que soit le narratif que déploie le Kremlin à un moment ou à un autre dans son jeu perdant de la roulette de la désinformation, l’Ukraine reste un État souverain et indépendant reconnu par la communauté internationale. Son peuple courageux restera inébranlable dans la défense de son pays et de sa démocratie, et les États-Unis resteront aux côtés de l’Ukraine  aussi longtemps qu’il le faudra. »

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La nouvelle alliance sino-russe contre les États-Unis

La Russie intègre officiellement le bloc formé par la superpuissance chinoise.

Du lundi 20 au mercredi 22 mars 2023, le président chinois Xi Jinping effectuait une visite d’État en Russie, sa première visite à l’étranger depuis sa réélection à la tête du pays. C’est une visite historique, car elle vient sanctionner une perspective entièrement nouvelle sur la scène internationale. La Chine parle même de « l’ère nouvelle ».

C’est la question de la guerre en Ukraine qui est ici la clef pour changer la donne. Jusqu’à présent, ce sont les États-Unis qui avaient la main, menant une campagne mondiale ultra-agressive contre la Russie pour l’isoler et l’acculer militairement, au prétexte de défendre la souveraineté territoriale de l’Ukraine.

La Chine regardait cela avec distance et hauteur, n’intervenant que très peu sur le sujet, restant officiellement neutre, se contentant de ne pas faire le jeu de la superpuissance américaine en ne participant pas aux sanctions et à l’isolement ciblant la Russie.

Toutefois, le 24 février 2023, la Chine est officiellement entrée dans la danse en proposant une feuille de route en 12 points dans la perspective de mettre fin au conflit. La Chine n’utilise pas le terme de « guerre », par ailleurs.

C’était une première manœuvre diplomatique, afin de se placer comme grande puissance capable d’être une alternative à l’hégémonie occidentale, surtout contre la superpuissance américaine poussant à l’escalade.

La Chine utilise la question ukrainienne pour développer sa propre hégémonie alternative. La Russie accepte de s’y plier et intégrè donc officiellement le bloc formé par la superpuissance chinoise.

Voici le communiqué du ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine (dans sa version française officielle) évoquant la Déclaration conjointe historique entre les deux pays.

« Dans l’après-midi du 21 mars, heure locale, le Président Xi Jinping et le Président russe Vladimir Poutine ont signé et publié, au Kremlin, à Moscou, la Déclaration conjointe entre la République populaire de Chine et la Fédération de Russie sur l’approfondissement du partenariat de coordination stratégique global à l’ère nouvelle.

Sur la question ukrainienne, les deux parties estiment que les buts et principes de la Charte des Nations Unies doivent être observés et le droit international, respecté.

La Russie salue la position objective et impartiale de la Chine sur la question ukrainienne.

Les deux parties s’opposent à la recherche, par quelque pays ou groupe de pays que ce soit, des avantages militaires, politiques et autres au détriment des intérêts sécuritaires légitimes d’autres pays.

La Russie réaffirme son engagement à relancer rapidement des pourparlers de paix.

La Chine y exprime son appréciation. La Russie salue la volonté de la Chine de jouer un rôle actif pour régler la crise ukrainienne par des moyens politiques et diplomatiques, ainsi que les propositions constructives présentées dans le document Position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne.

Les deux parties indiquent que pour régler la crise ukrainienne, il faut respecter les préoccupations sécuritaires légitimes de tous les pays, éviter la confrontation des blocs et se garder de mettre de l’huile sur le feu.

Elles soulignent qu’un dialogue responsable est le meilleur moyen pour régler solidement la question, et que la communauté internationale doit soutenir les efforts constructifs dans ce sens.

Les deux parties appellent à cesser tout acte susceptible d’engendrer la tension et de prolonger les conflits, de sorte à prévenir la dégradation voire le dérapage de la crise.

Elles s’opposent à toute sanction unilatérale non autorisée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. »

La visite d’État a été de fait l’occasion d’une affirmation anti-américaine très forte, en assumant à la face du monde une coopération alternative, tant militairement qu’économiquement et culturellement.

Le Président de la République populaire de Chine et le Président de la Fédération de Russie ont publié également une Déclaration conjointe sur le plan de développement des priorités de la coopération économique sino-russe d’ici 2030.

La perspective, principalement sur le plan énergétique, est un approvisionnements en gaz russe vers la Chine d’ici 2030 qui sera d’au moins 98 milliards de mètres cubes, avec en plus de 100 millions de tonnes de GNL.

Presque tous les paramètres du grand projet de gazoduc sino-russe Power of Siberia – 2 ont été convenus lors de la visite d’État, entérinant le fait que la Russie devienne l’énergéticien de la superpuissance chinoise.

La Russie se place quasiment pour devenir une semi-colonie chinoise, acceptant les règlements en Yuan, renforçant la formation des étudiants russes dans les université chinoises, se disant même prête à aider les entreprises chinoises pour remplacer les entreprises occidentales qui ont quitté la Russie.

Ce qui se passe est très facile à voir : la Russie est utilisée par la Chine comme faire-valoir alternatif à l’occident sur le plan international. Voici comme la Chine raconte elle-même (en version française) le soutien de Vladimir Poutine à sa propre hégémonie alternative.

« Il a affirmé que la Russie soutenait fermement la Chine dans ses efforts pour préserver ses intérêts légitimes sur les questions liées à Taiwan, à Hong Kong, au Xinjiang et autres. Il a félicité la Chine d’avoir fait aboutir à des résultats historiques le dialogue entre l’Arabie saoudite et l’Iran à Beijing, estimant que cela illustre pleinement la place importante et l’influence positive de la Chine en tant que grand pays dans le monde.

La partie russe, a-t-il dit, salue la position objective et impartiale que la Chine poursuit depuis toujours dans les affaires internationales, soutient l’Initiative pour la sécurité mondiale, l’Initiative pour le développement mondial et l’Initiative pour la civilisation mondiale lancées par la Chine et entend intensifier encore davantage sa coordination avec la partie chinoise sur la scène internationale. »

De son côté, le président chinois Xi Jinping a été extrêmement clair pour présenter et affirmer l’intégration de la Russie au bloc chinois contre le bloc américain.

Il a expliquée que les deux pays doivent dorénavant :

  • se soutenir mutuellement sur les questions touchant aux intérêts vitaux de part et d’autre et combattre ensemble les ingérences des forces extérieures dans leurs affaires intérieures ;
  • renforcer la communication et la coordination dans les affaires internationales, notamment au sein des Nations Unies, de l’Organisation de Coopération de Shanghai, des BRICS et dans d’autres cadres multilatéraux ;
  • porter le véritable multilatéralisme, combattre l’hégémonisme et la politique du plus fort, contribuer à la reprise mondiale dans l’après-COVID-19, promouvoir la tendance à un monde multipolaire et à favoriser la réforme et l’amélioration du système de gouvernance mondiale.

La superpuisance américaine est très clairement désignée, la bataille pour le repartage du monde est entièrement assumée. Et celle-ci a déjà commencé. Et notre ennemi est notre propre camp.

Pour la défaite de l’OTAN et la déroute de l’occident !

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Guerre

La France veut fournir des Mirage 2000 au régime ukrainien

Une cobélligérance qui ne dit pas son nom.

Le régime ukrainien a démenti l’information, mais on se doute pourquoi. La France est en train de former une trentaine de pilotes de l’armée ukrainienne à l’utilisation de Mirage 2000. Cela se déroule sur les bases aériennes de Mont-de-Marsan et de Nancy.

Il s’agit d’avions de chasse mis en service en 1984, mais encore en service suite à des modernisations. La mise en place d’avions de chasse totalement nouveaux prend en effet beaucoup de temps. Si les Mirage 2000 ont été utilisés pendant la guerre du golfe, ce qui remonte à loin désormais, ils sont encore employés par les armées de France, du Brésil, de Grèce, d’Inde, du Qatar, etc.

Prudemment, l’armée française a laissé entendre qu’il ne s’agissait que de la formation de « personnels militaires aériens » s’occupant de l’avion. Mais c’est impossible. Apprendre le maniement d’un avion de chasse est extrêmement compliqué et chaque système est différent.

Cela signifie que si une décision est prise, et elle a été prise, alors c’est le paquet qui est mis, et ce à tous les niveaux de la chaîne de décision. Si l’on forme de pilotes de l’armée ukrainienne à des Mirage 2000, c’est pour leur en fournir. La Slovaquie et la Pologne viennent de fournir d’ailleurs respectivement 17 et 4 Mig à l’armée ukrainienne.

Le principe est toujours le même : un pays ouvre la brèche et les autres suivent. Comme ça, l’escalade passe tranquillement. La France avait joué ce rôle avec les canons Caesar et les véhicules blindés Amx. Et le régime ukrainien vient également tout juste de poster sur un réseau social l’emploi par son armée du système français de défense aérienne à courte portée Crotale NG.

Le Conseil européen, avec les chefs d’État et chefs de gouvernement, va également valider les 23 et 24 mars 2023 la décision du Conseil de l’Europe d’un plan de deux milliards d’euros pour rembourser les États ayant déjà fourni des obus au régime ukrainien et pour lui en fournir un million de plus.

Et l’armée américaine a annoncé être « confiant » de pouvoir livrer les Patriots dans un délai « accéléré » en raison de la formation accélérée de soldats ukrainiens à ce système de défense aérienne. La superpuissance américaine a annoncé aussi 350 millions de dollars de matériel militaire pour l’armée ukrainienne, dont des munitions pour les fameux Himars. Et le premier ministre japonais Fumio Kishida s’est rendu à Kiev le 20 mars 2023.

Tout cela indique clairement que la France est en guerre avec la Russie, les soldats ukrainiens servant de chair à canon. Tout le bloc occidental s’évertue à utiliser le régime ukrainien pour mener la guerre… sans officiellement la mener.

Un régime ukrainien très content de faire la guerre par ailleurs, puisque dans les mains de fanatiques voulant détruire la Russie.

Les Français peuvent fantasmer comme ils veulent sur l’accession à la petite propriété, à la consommation occidentale. Ils peuvent bien rêver que la lutte actuelle contre la réforme des retraites a une incidence historique. Ce n’est pas le cas. C’est un événement intérieur au mode de vie occidental.

On est déjà dans le cadre d’une bataille pour le repartage du monde, alors que toutes les crises possibles se généralisent : économique, financière, culturel, morale, écologique, dans le rapport aux animaux…

Nous assistons à la fin du monde et la seule impression que donnent les Français, c’est de vouloir protéger leurs acquis individuels. C’est insensé.

Il n’y a de dignité qu’en se plaçant en première ligne pour faire tomber l’occident. La défaite de l’Otan et la déroute de l’occident, voilà la réelle actualité historique !

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Mer Noire : la Russie intercepte un reaper américain

L’escalade est patente.

Nous vivons une époque de bouleversement en raison de la crise ouverte en 2020 avec la pandémie ; plus rien ne peut rester pareil. Résultat, alors que la société française est en décomposition et que cela produit une crise gouvernementale, la guerre mondiale s’installe toujours davantage.

Le dernier épisode en Mer Noire est ici très clair. Il concerne un drone américain de type « reaper ». Les drones ont désormais acquis une signification majeure dans la guerre moderne. On notera d’ailleurs que l’Ukraine a utilisé pour la première fois un drone dans le Donbass en octobre 2021, soit avant « l’opération spéciale » russe.

Le « reaper » américain est ici un MQ-9 Reaper, soit un drone d’une vingtaine de mètres de long, coûtant 20 millions de dollars et bourré de technologie pour intercepter les communications électroniques et surveiller une large zone.

Il a d’ailleurs été intercepté par des chasseurs russes Su-27 à une soixantaine de kilomètres de Sébastopol en Crimée. Cela s’est passé le 15 mars 2023.

Le reaper volait sans avoir allumer son transpondeur, donnant un prétexte à l’armée russe pour « aller voir ». Les avions russes sont alors passés 19 fois très près du drone, en lâchant même du carburant. « Manque de chance », à cause de ce carburant lâché ou d’une petite collision, le « reaper » est tombé à l’eau.

Il va de soi que l’armée russe s’est précipitée sur place avec ses navires pour tenter de le récupérer, mais c’est une opération très difficile à 1000 ou 1500 mètres de profondeur.

La superpuissance américaine a tout à fait relativisé l’incident. L’armée américaine s’est contentée de dire que les aviateurs russes, pour résumer, étaient nuls et avaient réalisé une manoeuvre dangereuse (ce qui donne « volé devant le MQ-9 d’une manière imprudente, peu respectueuse de l’environnement et non professionnelle »). Le pentagone a même sorti une petite vidéo censée montrer l’incident.

Du côté français, il est bien entendu repris l’antienne des pilotes russes jouant au fou. Tout cela ne serait pas sérieux, c’est exemplaire de la nullité russe, etc.

La vidéo de Pierre-Henri « Até » Chuet est ici à conserver dans les annales pour sa pseudo-rationalité française, sa prétention occidentale gigantesque et digne de Top gun, une de ses références d’ailleurs bien évidemment. On est ici dans le modèle de pensée français fat et replet, qui considère que « ce qui est excessif est insignifiant ».

De manière sérieuse, il est à l’inverse évident que la Russie a mené une action dans le sens de l’escalade, en la formulant de manière tout à fait « subtile » en ce sens que cela ne met pas immédiatement en soi le feu aux poudres. L’avertissement est cependant tout à fait clair.

Depuis le début du conflit militaire en Ukraine, les drones occidentaux parcourent le plus de territoires possibles pour fournir des informations à l’armée ukrainienne. Tout l’occident utilise son matériel pour épauler le régime ukrainien. L’occident est objectivement en guerre avec la Russie.

Et en faisant se crasher un « reaper » américain juste devant la Crimée, la Russie lance un avertissement comme quoi elle ne cédera pas, et surtout pas la Crimée.

Tout cela a sa rationalité, mais surtout cela rentre dans le cadre de la guerre pour le repartage du monde. On est très mal ! Il n’y a pas une journée qui ne passe sans que l’escalade soit plus ou moins prononcée. La Pologne vient d’ailleurs de décider de fournir quatre avions de type mig à l’armée ukrainienne.

Et les Français ne suivent rien à tout ça, ils ne se sentent pas du tout concernés. Ils s’imaginent que la question des retraites est l’alpha et l’oméga du cours de l’Histoire : quelle folie !

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Guerre

Le plan de partition de la Russie « décolonisée »

Le régime ukrainien en est le vecteur.

La photographie qu’on peut voir ici présente Kyrylo Boudanov, le directeur du renseignement militaire ukrainien, dans ses bureaux. C’est une figure majeure du régime ukrainien. Derrière lui, il y a une carte de la Russie. Il a fait exprès de l’avoir en accueillant des journalistes occidentaux, tout en refusant de répondre à des questions à ce sujet.

On peut voir que la Russie a connu une partition. C’est la « fameuse » décolonisation de la Russie prônée par désormais tous les pays occidentaux.

Seule la France considère qu’il serait grosso modo malencontreux d’aller si loin, mais elle n’a pas vraiment voix au chapitre et de toutes façons elle suit le mouvement général. De plus, idéologiquement, l’idéologie « inclusive », « décoloniale », « post-moderne », « woke »… est totalement installée en France et pousse dans le sens de la soumission aux perspectives de la superpuissance américaine.

La carte divise la Russie en plusieurs États. L’idée n’est pas nouvelle, au XXe siècle c’est le Royaume-Uni qui a été l’un des plus fervents partisans d’une telle partition.

Regardons la carte en détail, car elle représente l’objectif stratégique de la superpuissance américaine. Notons que cette version n’est pas forcément aisée à appréhender, car elle est du type mappemonde.

Regardons en extrême-Orient d’abord, car comme la superpuissance chinoise est liée à la Russie, il faut donner des gages à celle-ci.

C’est pourquoi il y a un État, ici dénommé « K », peut-être pour « Kray », territoire, mais en réalité bien plus vraisemblablement pour… Kitaï, la Chine. Cet État « K » n’a d’ailleurs pas de frontière marquée avec la Chine.

Il s’agit surtout de la Yakoutie actuelle, la lettre K étant d’ailleurs placée à son niveau.

On retrouve également le mot « Japon » tout à droite, au niveau des îles Kouriles.

Il faut savoir qu’il n’y a jamais eu de traité de paix entre l’URSS et le Japon à la fin de la seconde guerre mondiale. Le Japon, soutenu par la superpuissance américaine, revendique ces îles, alors qu’il a signé un accord impliquant le contraire. Son argument est toutefois qu’il n’a pas signé d’accord comme quoi les îles reviennent à la Russie !

A l’occasion du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine, le Japon s’est précipité pour désigner comme « illégal » la présence russe sur ces îles.

A l’ouest de cet État fantôme ou de ce territoire devenu chinois « K », on trouve l’État désigné comme « Tsar » (en ukrainien, en russe il manquerait une lettre d’accentuation). On parle ici d’un vaste territoire tenant surtout au district fédéral sibérien actuel, avec notamment Novossibirsk.

Quand on dit « surtout », c’est en fait un peu plus de la moitié. Et rien que ce district, faisant donc un peu plus de la moitié de l’État « Tsar », c’est pratiquement neuf fois la France (avec 20 millions d’habitants)…

Cet État avec un immense territoire serait évidemment la principale cible de la superpuissance américaine. Il permettrait de relancer le capitalisme occidental sans commune mesure.

Regardons maintenant la partie occidentale. Tout en haut à gauche, il y a les lettres RFA, indiquant que la région Kaliningrad est censée revenir à la République Fédérale d’Allemagne.

Tout en haut à droite, c’est le « F » de Finlande. Cette dernière obtiendrait un vaste territoire, la Karélie, la péninsule de Kola, et sa frontière serait directement avec Saint-Pétersbourg. Comme la Finlande rejoint l’Otan, celle-ci serait à quelques kilomètres de la ville…

Voyons maintenant où est l’Ukraine. La carte est accolée à une autre, afin de parvenir à saisir ce qu’il en est. Sur la partie gauche, on a « RFA » (pour Kaliningrad). Comme il n’y a pas de marquage de frontière ni avec Pologne, ni avec la Biélorussie, on en déduit que cette dernière a été intégrée par la première.

En-dessous on a « Ukraine ». Celle-ci… s’agrandit : elle prend à la Russie les régions de Rostov, de Krasnodar, de Belgorod et de Koursk.

Rien que cet aspect de la carte révèle la nature fondamentale du régime ukrainien. Il est nationaliste et expansionniste.

Le mot tout en bas, c’est Ichkeria, en français Itchkérie, terme employé pour désigner leur pays par les nationalistes islamistes tchétchènes.

Au centre, on a « RF », pour « Fédération de Russie », avec une taille forcément devenue restreinte à la suite des découpages.

Que dire ! Ce plan, plutôt ce fantasme ukrainien, directement au service de l’empire américain, a une substance totalement impérialiste.

L’Ukraine est utilisée comme vecteur pour la désagrégation de la Russie. Et ce qui est très clair ici, c’est que si la nation ukrainienne est bien opprimée, le régime ukrainien ne le représente nullement et est entièrement au service de la superpuissance américaine. Et tant que les Ukrainiens soutiennent ce régime, c’est la catastrophe assurée pour eux.

Quant à nous, en France, nous devons constater qu’il y a une guerre américaine contre la Russie, par l’intermédiaire du régime ukrainien porté à bout de bras par l’Otan et l’Union européenne.

Et nous sommes une composante de cette guerre, car notre régime fait partie de l’Union européenne, de l’Otan, de ce bloc servant la superpuissance américaine sur les plans économique, financier, politique, militaire, social, idéologique, culturel.

Pas de convergence avec notre capitalisme ! Sabotez la guerre américaine contre la Russie !

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Politique

L’opportunisme du NPA sur l’Ukraine

Les perpétuelles contorsions de l’opportunisme.

Il existe deux « Nouveau Parti Anticapitaliste ». Celui représentant le canal historique, avec Philippe Poutou et Olivier Besancenot, est totalement favorable au régime ukrainien, et a été par exemple partie prenante de la récente « mobilisation » parisienne, aux côtés de LFI, d’EELV et des nationalistes ukrainiens actifs en France. La raison en est que ce NPA se veut « compatible » avec le populisme de « gauche » à prétention gouvernementale.

Le NPA représentant le canal habituel se veut un retour aux sources, aussi sa position sur l’Ukraine pouvait-elle être attendue. Il l’a exposé dans un article du 9 mars 2023 intitulé « Les révolutionnaires et la guerre en Ukraine : quelle voie pour les travailleurs et les peuples ?« .

Ce qu’on lit un monument d’opportunisme. Il tente tout d’abord de se la jouer à la française en mettant dos à dos les pro-régime ukrainien et ceux qui veulent la « paix » à tout prix. C’est le principe franco-français du « juste milieu ».

Puis, comprenant qu’agauche.org fait très mal à tout cet opportunisme en disant que l’ennemi est dans notre propre pays – ce que nous sommes les seuls à dire -, l’article du NPA cherche à imiter cette position. Voici ce que cela donne :

« La question qui se pose pour les révolutionnaires internationalistes en France, une métropole impérialiste occidentale, est celle de pouvoir faire émerger un mouvement qui, dans la rue, s’opposerait à la spirale militaire et guerrière dans laquelle les impérialistes entraînent l’humanité.

Un mouvement qui ne se contenterait pas de dénoncer l’invasion de l’Ukraine par la Russie, d’affirmer sa solidarité avec les peuples d’Ukraine, et également de Russie, de Biélorussie, mais qui s’opposerait également, ici et maintenant, aux plans militaires de notre propre bourgeoisie, à la course aux armements à laquelle se livrent marchands d’armes et gouvernements occidentaux qui en profitent, dont celui de Macron. »

Est-ce à dire que le NPA considère que la France est en guerre contre la Russie ? Que le NPA fait de l’Otan et de la superpuissance américaine l’ennemi principal? Que le NPA va se positionner contre le soutien militaire occidental au régime ukrainien ?

Pas du tout ! Ce qui est reproché aux Etats occidentaux, c’est de livrer des armes… avec des arrière-pensées.

« C’est bien l’État russe qui est à l’œuvre directement militairement sur le sol ukrainien, et c’est pourquoi notre premier mot d’ordre, en tant que révolutionnaires internationalistes, doit être celui du retrait inconditionnel des troupes russes d’Ukraine.

Ce qui en découle, c’est la reconnaissance du droit à la population ukrainienne de se défendre, y compris avec les armes livrées par les impérialistes.

Tout autre chose est d’appeler à la livraison d’armes, et de ne rien dire sur la politique des impérialistes occidentaux.

Révolutionnaires des pays occidentaux, nous devons rappeler que « l’ennemi principal est dans notre pays », c’est pourquoi nous devons dénoncer la partition jouée par les impérialistes sur le dos du peuple ukrainien, le renforcement de la militarisation. 

Donc selon le NPA il faut soutenir les livraisons occidentales d’armes à l’Ukraine, mais être contre parce que cela renforce la militarisation, tout en soutenant le régime ukrainien sans le soutenir. L’article dit explicitement d’ailleurs qu’il n’y a rien de nazi dans le gouvernement ukrainien, c’est qui est tout de même un comble.

Et la raison de toute cette incohérence, c’est que de toutes façons il faut que tous les travailleurs du monde se donnent la main.

Voilà bien l’opportunisme, la manipulation ! On prétend être contre la guerre en général avec une grande rhétorique, pour ensuite justifier au nom de la réalité qu’il faut converger avec son propre capitalisme, tout en prétendant le critiquer.

Tout cela est faux, contre-productif. L’État ukrainien est un État fasciste servant de marionnette occidentale : combattre son propre capitalisme, c’est vouloir la défaite de son propre capitalisme, donc de l’État ukrainien bandériste.

Quant à la Russie, que l’article présente somme toute comme l’ennemi principal, ce n’est pas notre affaire. Nous sommes en occident, nous combattons de manière principale l’occident. Nous voulons la défaite de notre camp, pas la paix en général, pas le pacifisme en général.

Du point de vue occidental, quand on est réellement de gauche, on souhaite la défaite de toutes les entreprises de la superpuissance américaine, ainsi que de ses jouets que sont l’Otan et l’Union européenne !