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Ukraine, Taiwan : la Chine entre en scène

C’est la superpuissance challenger des États-Unis.

L’actualité internationale de ces dernières semaines est indéniablement marquée par l’entrée en scène de la diplomatie chinoise dans le cadre de la guerre mondiale pour le repartage du monde. Cela a commencé véritablement le 24 février 2023 avec l’annonce d’un « plan » pour mettre fin à la guerre entre l’Ukraine et la Russie au moyen du dialogue.

C’était un contre-pied à la superpuissance américaine qui, au contraire, pousse absolument à la guerre et a fait en sorte qu’aucun dialogue ne soit possible. Non pas que la Chine soit pacifiste, mais les choses sont très simples pour elle puisqu’il lui suffit d’exister en disant autre chose. Et le tour est joué. Alors elle ne s’en prive pas et l’occurrence, il suffit de dire le mot « paix ». Pas besoin d’y croire, ni d’avancer concrètement en ce sens, il faut juste en parler.

Ainsi, quelques jours auparavant, lors de la conférence sur la sécurité internationale à Munich le 17 février 2023, le directeur du bureau central des affaires étrangères Wang Yi prononçait un discours dans lequel il ressassait le mot « paix ». Une trentaine de fois.

De fait, la superpuissance chinoise est portée par la remise en cause mondiale de l’hégémonie occidentale ; elle est même quasiment propulsée. Le conflit en Ukraine change en effet totalement la donne historiquement, en ouvrant la voie à une remise en cause généralisée de l’occident qui mène la guerre à la Russie. Alors il suffit pour la Chine, là encore, de s’engouffrer dans la brèche.

Ce qu’à fait cette semaine le président chinois Xi Jinping, qui est allé à fond dans cette direction lors d’une session parlementaire à Pékin, session largement commentée et relayée par la presse internationale.

« L’environnement externe du développement de la Chine a connu des changements rapides. Les facteurs incertains et imprévisibles ont considérablement augmenté.

Des pays occidentaux, menés par les États-Unis, ont mis en œuvre une politique d’endiguement, d’encerclement et de répression contre la Chine, ce qui a entraîné des défis sans précédent pour le développement de notre pays ».

C’est simple et efficace pour exister comme superpuissance anti-américaine sur la scène internationale.

Il ne faudrait pas croire pour autant que la Chine n’est pas elle-même très agressive. Il n’y a qu’à penser à la question de l’île de Taïwan, à propos de laquelle elle multiplie les provocations. Et puis surtout, il y a son développement militaire.

Un récent rapport très commenté de l’Australian Strategic Policy Institute, publiée parle journal britannique The Guardian, parlant de l’avance technologique généralisée de la Chine sur les États-Unis, évoque tout particulièrement la question militaire. Y sont évoqués les progrès fulgurants de la Chine en matière de missiles hypersoniques à capacité nucléaire.

Il est dit :

« Selon notre analyse des données, au cours des cinq dernières années, la Chine a généré 48,49% des articles de recherche à fort impact [à ce sujet]. »

Et sur les dix meilleurs instituts de recherche mondiaux dans ce domaine de l’armement, sept sont établis en Chine.

Dans ce contexte, le premier ministre chinois Li Keqiang a annoncé cette semaine une hausse du budget de défense de pas moins de 7,2 %, assumant le fait que :

« Les forces armées doivent intensifier leur entraînement dans tous les domaines ».

Et mardi 7 mars 2023, le ministre des Affaires étrangères chinois Qin Gang a ciblé directement la superpuissance américaine.

« Si les États-Unis continuent de s’engager sur la mauvaise voie et ne freinent pas, aucun garde-fou ne pourra empêcher le déraillement »

Selon lui, si les États-Unis persistent en soutenant le gouvernement rebelle de Taïwan, « il y aura inévitablement un conflit et une confrontation ».

Et il a parlé d’une « main invisible » utilisait la crise en Ukraine pour « servir un certain agenda géopolitique ».

La Chine est maintenant entrée pleinement sur le devant de la scène et elle compte bien se donner les moyens de s’y maintenir. Le monde a littéralement changé en quelques mois ! Et la transformation va continuer de s’accélérer ! Nous allons à la bataille pour le repartage du monde – aux dépens des masses mondiales, et il faut s’y confronter !

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Ukraine : appel hypocrite à la paix de l’UEC et du MJCF

Courageux, ou pas ?

L’Union des Etudiants Communistes et le Mouvement Jeunes Communistes de France ont signé une tribune commune par l’intermédiaire de leurs dirigeants. En tant qu’organes de mouvement de jeunesse, les deux structures appellent à la paix en Ukraine.

C’est très hypocrite. Les raisons, flagrantes, sont les suivantes. Tout d’abord, tous les torts reviendraient à Vladimir Poutine. C’est là une personnalisation de l’Histoire tout à fait ridicule.

C’est cependant bien pratique pour ces deux mouvements qui ainsi « oublient » de nommer les réelles raison de la guerre : le capitalisme, la crise, la bataille pour le repartage du monde.

Ensuite, il n’est pas appelé à saboter l’effort de guerre français. Il n’est pas considéré que la France est en guerre contre la Russie, seulement qu’elle contribue à une escalade et qu’elle peut mieux faire.

Non seulement ce n’est là pas correct, car il faut combattre le militarisme de son pays avant tout, mais en plus c’est « oublier » au passage que la France est devenue une marionette de la superpuissance américaine.

Si l’on veut aller encore plus loin, on peut voir également que ni l’UEC ni le MJCF n’ont compris quoique ce soit à la question de l’effondrement de l’occident – ou plutôt qu’ils expriment le souhait que surtout tout reste comme avant.

Sous l’aspect de pacifisme, sous la forme positive du refus de l’engrenage, l’UEC et la MJCF ne font en réalité que proposer de « faire autre chose » tout en accompagnant les initiatives militaires de l’Etat français qui contribue matériellement, idéologiquement, économiquement à la guerre américaine contre la Russie.

Un an de guerre en Ukraine : la jeunesse aspire à la paix !

LÉON DEFFONTAINES
Secrétaire général du MJCF
LÉNA RAUD
Secrétaire nationale de l’UEC

Voilà un an que la Russie a envahi l’Ukraine. Il y a un an, Vladimir Poutine a bafoué l’intégrité territoriale d’un pays et, depuis, il fait peser le risque d’un conflit mondial aux conséquences dramatiques pour l’avenir de la planète.

Grâce à sa possession de l’arme nucléaire, qu’aucune grande puissance ne remet en cause, il a pu commettre les pires exactions tout en menaçant plus ou moins explicitement d’en faire usage.

Derrière cette guerre, c’est autant de jeunes dont l’avenir est brisé : assassinats, enfermements, chômage, déscolarisation, enrôlement forcé dans les conflits… C’est alors l’avenir entier d’une nation qui est hypothéqué.

Aujourd’hui, plus personne ne semble avoir la paix comme boussole. Les deux belligérants comme les puissances occidentales disent vouloir la paix, mais n’envisagent qu’une seule et même logique : la guerre, toujours la guerre.

L’aide militaire apportée ces derniers mois n’a pas montré son efficacité. En toute logique, avec cette stratégie, nous assistons au concours du pays qui enverra le plus d’armes possible en Ukraine. Cette surenchère guerrière ne fait qu’ajouter de la guerre à la guerre.

Qu’allons-nous faire lorsque nous constaterons que les armes lourdes ne suffiront plus ? Faudra-t-il envoyer directement des militaires sur le sol ukrainien et plonger le monde dans une guerre contre la Russie ?

Nous le disons clairement, les armes n’ont jamais fait cesser le feu. La paix doit redevenir notre horizon.

Notre génération aspire à la paix et à faire taire les armes. La jeunesse refuse la banalisation de la guerre. Nous ne voulons pas de la militarisation des relations diplomatiques et aspirons à un monde basé sur la coopération entre les peuples.

La France doit devenir un promoteur de la paix. Pour ce faire, l’envoi d’armes de plus en plus lourdes doit prendre fin et l’ONU doit être réaffirmée comme l’organisation centrale pour obtenir un cessez-le-feu et engager des pourparlers pour la paix avec l’Ukraine et la Russie.

Seule une issue pouvant assurer à l’Ukraine sa souveraineté et le contrôle de ses frontières pourra aboutir à une paix juste et durable.

Enfin, nous savons qu’aucun horizon de paix sera possible tant que la menace nucléaire persistera. Nous demandons à la France de cesser toute modernisation de son arsenal nucléaire, de ratifier le traité pour l’interdiction des armes nucléaires (Tian) et d’en faire la promotion.

Nous refusons la guerre et appelons les dirigeants français à agir concrètement pour la paix.

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EELV, succursale de l’hégémonie occidentale

Avoir un masque « de gauche » ne change rien.

Comme si l’affreuse tribune de Raphaël Glucksmann ne suffisait pas, des élus « écologistes » français ont publié une tribune (en version abonnée) le 27 février dans Le Monde dont le titre est d’un bellicisme fou : « nous devons accélérer considérablement la livraison d’armes à l’Ukraine ».

A l’origine, on y trouve Aurélien Taché, un député « écologiste » sorti des rangs de la République en Marche mais qui n’est rien d’autre que le porte-voix de la version française des Démocrates américains. On notera d’ailleurs qu’il a fondé en 2020 Les Nouveaux Démocrates, qui ont ensuite fusionné au sein d’EELV en octobre 2022.

Au delà de l’appel à l’envoi de toujours plus d’armes en Ukraine, la portée de la tribune est davantage sur la question dite « internationale » où il s’agit de s’attaquer à la défiance des pays du Sud envers le soutien des occidentaux à l’Ukraine.

Si on lit entre les lignes, ce « non-alignement » est décrit comme une forme de désobéissance, à cause des occidentaux qui n’auraient pas donné assez de gages sur leur domination en opposition à celle de la russie.

Sûres de leur leadership, les chancelleries occidentales continuent de déconsidérer ce qu’on appelle aujourd’hui le « sud global », il s’agit d’une erreur stratégique majeure.

Une telle inquiétude au ton faussement progressiste mais en réalité typiquement néocolonial est exactement la même que la position énoncée par d’Emmanuel Macron lors de la conférence de Munich. En effet, à cette occasion Emmanuel Macron a notamment affirmé :

Nous devons en préparer les termes et le faire, c’est le faire en réengageant celles et ceux qui aujourd’hui en Asie, dans le Pacifique, au Proche et Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique latine, ne pensent pas tout à fait dans les termes que je viens d’expliquer, et qui malgré ce que je disais au début de mon propos, continuent de dire: « il y a des doubles standards, vous dépensez énormément pour l’Ukraine et vous continuez de ne pas dépenser pour nous. Vous vous battez avec beaucoup de force contre la guerre, là, pas suffisamment contre la pauvreté chez nous. On a une guerre chez nous depuis des décennies, vous n’en avez pas fait le 100ème ! » Sachons les entendre. Donc il nous faut réengager diplomatiquement toutes ces géographies pour les convaincre de rejoindre notre effort de pression sur la Russie et de préparation de la paix.

En suivant la feuille de route énoncée par Emmanuel Macron, en plus d’appeler à toujours plus de livraison d’armes à Kiev, les responsables d’EELV démontrent, s’il le fallait encore, combien la guerre américaine contre la Russie est un marqueur historique dans la bataille pour le repartage du monde.

En fait, du monde c’est surtout les pays du sud, soit l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie qui se retrouvent à devenir le butin à s’accaparer pour les grandes puissances en lutte, superpuissance américaine et chinoise en tête.

Et EELV montre son véritable visage, celui d’être en service commandé du capitalisme français au sein de la Gauche sous couvert du masque « moderniste ».

Cela fait écho à l’actuelle visite d’Emmanuel Macron en Afrique, notamment au Gabon, Angola, Congo-Brazzaville ainsi qu’en République démocratique du Congo (RDC). Lors de la conférence de Munich, Emmanuel Macron avait également déclaré que l’invasion russe en Ukraine prouvait l’échec

de la mentalité coloniale, très clairement. Il y a eu un discours qui a cherché à créer la confusion entre zone d’influence et zone de coercition et à expliquer qu’il y avait une légitimité à ce conflit.

La Russie serait une vielle puissance coloniale, « coercitive », quand la France aurait, avec toute son arrogance tant détestée dans le monde, compris la modernité : celle du « partenariat d’influence ».

Dans les anciens pays colonisés par la France, il s’agirait de dépasser la « Francafrique », comme lorsqu’Emmanuel Macron annonçait fin décembre 2019 la suppression du Franc CFA remplacé par l’Eco – ce qui ne modifie en rien la situation de dépendance économique des pays d’Afrique de l’Ouest puisque la parité Eco/Euro reste assurée par la Banque de France.

Emmanuel Macron est ici dans l’héritage direct du Général de Gaulle qui a transformé les liens coloniaux formels en de multiples liens de dépendances bien plus subtils dans les années 1960.

C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l’offensive que représente la tribune d’EELV qui ne se contente pas de dire qu’il faille sauver l’hégémonie occidentale au Sud, mais va plus loin….bien plus loin.

La réponse à la guerre en Ukraine n’est donc pas à trouver dans un élargissement infini de l’OTAN. Elle passe par des actes concrets et rapides de soutien militaire et dans une régénération idéologique éthique, qui doit nous conduire, en dépassant les discours et en respectant nos partenaires, à chercher, partout dans le monde, des alliés pour contrer le nationalisme « néovölkisch » [ethniciste] de Poutine, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à vivre en paix.

Une « régénération idéologique éthique » ? C’est là une ligne proposée à la bourgeoisie française pour assumer tout à la fois le turbocapitalisme et la transition verte comme moyen de relancer entièrement le capitalisme français sur une base nouvelle.

Cela n’a rien d’anodin puisque lors de sa tournée africaine, Emmanuel Macron passait par le One Forest Summit au Gabon comme pour dire que la France serait le bon « partenaire » écologique pour les africains qui subissent durement le réchauffement climatique.

De fait, la tribune d’EELV est un moyen de se placer pour l’après guerre en Ukraine, dans l’objectif que l’Otan triomphe de la Russie. EELV a dorénavant besoin d’une victoire franche et nette de l’Occident pour pouvoir, pensent-ils, se poser en force dirigeante sur la base d’une idéologie alliant valeurs post-modernes, « transition écologique » et libéralisme dans un capitalisme relancé, régénéré.

C’est la version New Deal pour la guerre de repartage du XXIe siècle : relancer le capitalisme occidental sous des apparats écolo-humanistes.

D’où leur soutien politique envers le régime ukrainien, d’où leur soutien total au projet d’écrasement-démantèlement de la Russie. On ne s’étonnera guère d’ailleurs que le régime de Kiev soit le vecteur d’une idéologie tout à la fois nationaliste et turbocapitaliste à coups de LGBT, de promotion de la GPA…

Cela fait d’EELV une des principales forces bellicistes en France, une des succursales les plus acharnées de la défense du mode de vie occidental sur le reste du monde.

« Nous devons accélérer considérablement la livraison d’armes à l’Ukraine »

Un collectif d’élus écologistes, emmené par le député Aurélien Taché, dans une tribune au « Monde », demande à la France d’en faire davantage pour aider l’Ukraine : les livraisons d’armes doivent non seulement être plus importantes, mais elles doivent aussi être faites en coordination avec les pays de l’Union européenne.

Alors que nous célébrons le funeste premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, beaucoup redoutent une nouvelle attaque massive de cette dernière. Les services de renseignements des pays occidentaux comme les deux discours prononcés par le président russe, Vladimir Poutine, le premier le 21 février devant la Douma, puis le second le lendemain à l’occasion d’un gigantesque meeting, ne laissent que peu de doutes sur les intentions du maître du Kremlin.

Nous allons très probablement entrer dans une nouvelle phase du conflit et la paix, qui doit être notre seul objectif, semble encore bien loin. A cette occasion, nous souhaitons, nous, écologistes, réaffirmer notre soutien plein et entier au peuple ukrainien.

Alors que le chef de l’armée norvégienne estimait le 22 janvier que le conflit avait déjà fait plus de 300 000 morts, dont au moins 30 000 civils, nous estimons qu’il est aussi nécessaire de changer d’approche, pour en finir avec ce qui restera comme l’une des plus grandes tragédies de ce début de XXIe siècle. D’abord, en accélérant considérablement la livraison d’armes et en adoptant enfin une approche européenne de celle-ci. Depuis un an, l’armée française a, entre autres, fourni dix-huit canons Caesar, quelques dizaines de missiles antichars Milan et une quinzaine de canons tractés TRF1, ce qui ne la place qu’en dixième position sur la scène internationale derrière, par exemple, la Pologne.

Incompréhensible et inacceptable

Alors que de nouvelles annonces de livraisons ont été faites lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, confirmées par le président américain, Joe Biden, lors de sa visite surprise à Kiev le 20 février, la France refuse toujours de livrer des chars Leclerc aux Ukrainiens, à rebours des Anglais, des Allemands et bien sûr des Américains. C’est incompréhensible et inacceptable. Nous réclamons ces livraisons et souhaitons aussi, qu’à l’instar de Josep Borrell, la France apporte son soutien à la proposition estonienne d’achat commun de munitions par l’Union européenne (UE), qui font aujourd’hui cruellement défaut aux Ukrainiens.

Emmanuel Macron ne cesse de dire qu’il est favorable à une véritable Europe de la défense, que nous, écologistes, avons toujours soutenue. Il est temps de passer de la parole aux actes. Enfin et surtout, nous devons radicalement changer d’attitude sur la scène internationale. Lors de l’interview qu’il a donnée à plusieurs médias, publiée le 18 février, le président de la République a affirmé que l’unité des Européens et du camp occidental est l’un des plus grands échecs de Vladimir Poutine. Nous affirmons pour notre part que la défiance du reste du monde, et en particulier des pays du Sud, à l’égard du soutien militaire à l’Ukraine, si elle peut malheureusement s’expliquer, est notre plus grand échec.

Alors que la Chine pourrait livrer des armes à la Russie, l’Inde n’a jamais condamné clairement l’agression russe et la Turquie, avec un Erdogan qui s’est souvent affiché aux côtés de Vladimir Poutine ces dernières années, essaie au mieux de se placer en arbitre dans le conflit.

La situation n’est guère mieux en Afrique, notamment francophone, ou l’influence russe ne cesse de grandir. Il y a un an, près de la moitié des pays du continent s’étaient en effet abstenus sur la résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies pour condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les chancelleries occidentales, habituées au suivisme des Etats africains, s’étaient étonnées de ces positions et ne semblent toujours pas avoir compris la raison ni l’importance de l’enjeu.

« Les pays africains n’ont pas oublié les guerres menées par les Etats-Unis en Irak et par la France en Lybie, puis nos échecs à contenir l’insécurité qui s’est ensuivie au Sahel »

Sûres de leur leadership, elles continuent de déconsidérer ce qu’on l’appelle aujourd’hui le « Sud global », comme ce qu’on appelait le « tiers-monde » au temps de la guerre froide. Il s’agit pourtant d’une erreur stratégique majeure.

En sous-estimant la capacité de ces pays à avoir une grille de lecture autonome du conflit et de leurs intérêts et en continuant d’offrir à Poutine l’opportunité de se poser en hypothétique chef d’un axe non-aligné soudainement ressuscité, nous nous isolons toujours davantage et affaiblissons les valeurs démocratiques qui justifient pourtant notre soutien à l’Ukraine.

Il est donc impératif de poser des actes permettant de ressouder la communauté internationale, et pas uniquement son versant occidental. Les pays africains n’ont pas oublié les guerres menées par les Etats-Unis en Irak et par la France en Lybie, puis nos échecs à contenir l’insécurité qui s’est ensuivie au Sahel. Ils voient parfaitement la différence de traitement que nous faisons dans l’accueil des réfugiés venus d’Ukraine face à ceux venus d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Asie.

Ils voient aussi notre silence face aux crimes commis par l’armée israélienne en Palestine, ou encore, ainsi que nous l’a récemment rappelé Omar Sy, notre indifférence face aux conflits qui ravagent l’Afrique centrale et orientale, comme la guerre oubliée du Tigré, qui s’achève à peine et qui a fait 600 000 morts en Ethiopie.

La réponse à la guerre en Ukraine n’est donc pas à trouver dans un élargissement infini de l’OTAN. Elle passe par des actes concrets et rapides de soutien militaire et dans une régénération idéologique éthique, qui doit nous conduire, en dépassant les discours et en respectant nos partenaires, à chercher, partout dans le monde, des alliés pour contrer le nationalisme « néovölkisch » [ethniciste] de Poutine, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à vivre en paix.

Liste des signataires : Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Ecologiste-Nupes à l’Assemblée nationale, députée de l’Isère ; Guillaume Gontard, président du groupe Ecologiste-Solidarité et territoires du Sénat, sénateur de l’Isère ; Mounir Satouri, député européen, membre du groupe des Verts/Alliance libre européenne (ALE) ; François Alfonsi, député européen, membre du groupe des Verts/ALE ; Christine Arrighi, députée écologiste de la Haute-Garonne ; Lisa Belluco, députée écologiste de la Vienne ; Benoît Biteau, député européen, membre du groupe des Verts/ALE ; Damien Carême, député européen, membre du groupe des Verts/ALE ; Charles Fournier, député écologiste de l’Indre-et-Loire ; Claude Gruffat, député européen, membre du groupe des Verts/ALE ; Hubert Julien-Laferrière, député écologiste du Rhône ; Julie Laernoes, députée écologiste de Loire-Atlantique ; Benjamin Lucas, député écologiste des Yvelines ; Francesca Pasquini, députée écologiste des Hauts-de-Seine ; Sébastien Peytavie, député écologiste de Dordogne ; Marie Pochon, députée écologiste de la Drôme ; Jean-Claude Raux, député écologiste de Loire-Atlantique ; Michèle Rivasi, députée européenne, membre des groupe du Verts/ALE ; Eva Sas, députée écologiste de Paris ; Aurélien Taché, député écologiste du Val-d’Oise et membre de la commission des affaires étrangères ; Sophie Taillé-Polian, députée écologiste du Val-de-Marne.

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Plan de l’Union européenne pour les munitions de l’armée ukrainienne

L’Union européenne est cobélligérante.

Peu de gens le savent, mais l’Union européenne est dotée d’un budget pour la guerre. Personne ne le sait même, parce que l’idéologie de l’Union européenne, pour les gens, c’est le « marché commun ». Sauf qu’on en est plus là depuis longtemps, en admettant même que cela ait été simplement ça.

En pratique, l’Union européenne sert d’homogénéisation des Etats ouest-européens pour les utiliser comme vecteur au service de la puissance américaine. Le tout sans toucher au consensus passif de la société occidentale de consommation.

Pour cette raison, le mot « guerre » n’est évidemment pas employé et il est parlé de « Facilité européenne pour la paix [FEP] » dans le but de « prévenir les conflits, à consolider la paix et à renforcer la sécurité internationale ».

Ce sont ainsi près de 6 milliards d’euros qui sont budgétés pour la période 2021-2027, mais ouvertement avec « des implications militaires ou dans le domaine de la défense ».

Avec l’utilisation désormais de l’Ukraine comme chair à canon contre la Russie, ce FEP devient d’autant plus important. En l’occurrence, plus de la moitié du budget, soit 3,5 milliards d’euros, est déjà passé à la trappe pour financer l’armée ukrainienne, sous-traitante des États-Unis pour faire la guerre contre la Russie.

Et ce n’est pas terminé. Le budget va totalement exploser avant 2027 puisqu’il est déjà prévu, en mars 2023, de prélever encore un milliard d’euros de cette dotation pour servir en Ukraine.

C’est en tous cas ce que préconise Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, proposition qui devra être discutée par les ministres concernés des 27 États membres. On ne doute toutefois pas de l’issue, l’Union européenne étant inlassablement en première ligne du soutien à la guerre américaine.

Le tout naturellement sans aucune consultation des « citoyens » des pays de l’Union européenne. Tout se passe par en haut et passe comme une lettre à la poste. L’Union européenne est à ce niveau une superstructure efficace des pays ouest-européens aux masses torpillées par la consommation, l’aliénation, l’exploitation ultra-raffinée.

Et l’un des principaux acteurs de cette organisation industrielle européenne de ce plan de soutien militaire est Français : c’est Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur. Il ne cache même pas que l’objectif à moyen terme, c’est la « victoire », par l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan et dans l’Union européenne :

« Il faut se préparer à avoir une frontière de 4 000 kilomètres avec la Russie. »

Il faut se préparer, et donc faire en sorte que le régime ukrainien l’emporte à tout prix ! Il est donc question de renforcer le jeu de massacre en livrant, pour un milliard d’euros donc, pas moins de 250 000 obus de 155 mm. C’est le genre de munitions dévastatrices qui servent dans les fameux canons Caesar français.

C’est gigantesque, et cela signifie directement pour les États membres de devoir puiser dans leurs stocks stratégiques. Et d’ailleurs cela ne suffira pas ; c’est une industrie de guerre qui doit se mettre en branle pour assurer une telle cadence.

L’Union européenne n’est certainement pas dans une perspective de paix, et on ne peut même plus dire qu’elle prépare la guerre. Elle est activement et concrètement déjà en guerre, avec une économie de guerre qui se met en place, voire qui est déjà en place depuis quelques mois.

Sur le plan opérationnel, ces 250 000 obus signifient un renforcement de la puissance de frappe ukrainienne, qui appelle forcément directement un renforcement de la puissance de frappe russe. C’est un engrenage dévastateur, mais cela est pleinement assumé. En tous cas dans les coulisses, puisque tous ces gens ne s’en vantent pas, pas plus que les médias occidentaux qui ne relatent ce genre d’information qu’à la marge, de manière anecdotique, simplement pour informer les personnes devant savoir, et surtout pas les autres qui de toutes façons s’en moquent.

Pourtant, c’est là l’actualité, la brûlante et terrifiante actualité. Des milliards d’euros européens, ici pour un quart de million d’obus dévastateurs, comme cela peut-il ne pas faire la Une ? On dit souvent que le silence est complice. Il est ici directement coupable, comme sont coupables les gens qui se désintéressent volontairement de cette guerre et de ce que font les dirigeants, leurs propres dirigeants.

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Minable pamphlet pro-américain et pro-guerre du PS et d’EELV

En service commandé pour l’Otan et la CIA.

Raphaël Glucksmann est une figure typique de la fausse gauche française. Il n’est en rien de gauche, mais un libéral-démocrate à l’américaine, dont l’œuvre a essentiellement pour but de confisquer l’héritage et la culture de la Gauche historique, afin de la détruire.

Il est donc tout à fait logique que Raphaël Glucksmann soit un défenseur acharné de la guerre américaine contre la Russie. À l’occasion du premier anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, il a donc écrit une « tribune », forcément publiée dans « Le Monde » (l’organe favori des Français démocrates à l’américaine), forcément accessible uniquement à ceux qui paient pour la lire, forcément signée par une ribambelle d’universitaires.

L’essentiel des figures du Parti « socialiste » et d’Europe écologie-Les Verts l’ont également signée, naturellement. C’est la Gauche caviar, la Gauche bobo, celle du Monde, du Nouvel Observateur.

Ce qu’on lit dans cette tribune est absolument caricatural, et c’est la même chose que ce que racontent la CIA et l’Otan. La Russie est méchante, très méchante, mais les Ukrainiens sont fantastiques et ils se battent pour notre liberté. Alors il faut les armer jusqu’aux dents pour qu’ils se massacrent avec les Russes, car il en va de la liberté du monde entier.

« Un peuple dont le seul crime est d’avoir voulu vivre libre », ose dire Raphaël Glucksmann, tel un scénariste à Hollywood.

Mais comme il s’agit, en France, pour Raphaël Glucksmann de détruire l’héritage et la culture de la Gauche historique, alors il ajoute une touche locale à sa propagande. Il reprend les termes et les définitions de la Gauche pour tout mélanger, pour saloper. La confusion est une arme fétiche des propagandistes à l’américaine.

Ainsi, il parle de fascisme, et renvoie à l’héritage antifasciste du 20e siècle.

« Nous faisons face à un État fasciste qui doit impérativement perdre la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine. »

Et il ose :

« La guerre en Ukraine permet de situer chacun d’entre nous dans et face à l’histoire.

Elle oblige la gauche à décider si elle continue ou si elle renie le combat antifasciste qui fut l’honneur de son histoire.

Une gauche fidèle aux leçons de son histoire se souvient de la guerre d’Espagne et de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie fasciste. Elle se souvient des leçons de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne nazie.

Le refus d’armer les Républicains espagnols ou les Ethiopiens envahis par Mussolini n’a pas amené la « paix », mais une guerre bien plus dévastatrice. L’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 a préparé la débâcle. »

Ce parallèle est très intéressant, car nous sommes justement en droit de le dénoncer, nous en avons la légitimité. C’est que ce parallèle a été juste, en effet… Mais il ne l’est plus. Voici l’image que nous avions réalisé et mis en avant avant l’invasion, dès avril 2021.

Et nous l’avions réactualisé au début de l’année 2022.

Qu’est-ce qui a changé, pour ne plus l’utiliser après ?

L’image avait son sens lorsqu’on pouvait encore parler de la nation ukrainienne en général. Ce n’est désormais plus possible : on est obligé de parler du régime ukrainien en particulier. Nous aimerions que les choses soient autrement, mais ce n’est pas le cas. Tout ce qui touche à l’Ukraine est 100% pro-guerre, pro-américain, fanatiquement anti-Russie, il n’y a rien à sauver.

Le régime ukrainien est désormais ouvertement sur une ligne nationaliste fanatique, affirmant vouloir aller jusqu’à Moscou avec ses chars et démanteler la « Moscovie ».

Il brûle des livres en masse, par millions, car « pro-Russie », il détruit méthodiquement tout ce qui est russe jusqu’aux monuments à Pouchkine, au point de vouloir interdire l’immense Tchaïkovski, de faire du peintre Ilya Répine un Ukrainien et non plus un Russe, jusqu’à considérer que la Russie est une entité maléfique possédée par le « dostoïevskisme ».

Nous l’avons répété plusieurs fois aussi, en précisant à chaque fois les étapes y menant : la nation ukrainienne s’est littéralement suicidée. Elle a fait comme Gribouille se jetant à l’eau pour ne pas se mouiller.

Il est impossible d’avoir un quelconque lien, même de très loin, avec le régime ukrainien qui assume l’idéologie nationaliste des bandéristes, qui interdit tout ce qui est de Gauche, qui est aux ordres de la superpuissance américaine.

On doit même dire que puisque l’Ukraine est au service de l’occident, qu’il représente aussi la France, alors il faut souhaiter sa défaite, car la défaite du régime ukrainien est aussi la défaite de l’armée française !

Une défaire que ne veulent ni le Rassemblement National, ni la CGT, ni La France Insoumise, ni Les Républicains, ni Emmanuel Macron, ni le NPA, ni la CFDT, ni FO, ni EELV, ni les socialistes.

Car l’ensemble du spectre politique est aligné sur l’Otan, sur la bourgeoisie française inféodée à la superpuissance américaine.

Être révolutionnaire, sur les valeurs de la Gauche historique, c’est se confronter à cet alignement ! Il ne faut pas aider le régime ukrainien, il ne faut pas la « paix », il faut la défaite de son propre camp impérialiste !

Voici la tribune, minable pamphlet pro-américain, pro-Otan, pro-3e guerre mondiale.

« Le 24 février 2022, Kiev devait tomber en quarante-huit heures. Un an plus tard, le drapeau ukrainien flotte sur Kherson. Depuis un an, les Ukrainiens nous donnent une extraordinaire leçon de courage. L’histoire s’écrit dans les tranchées de Bakhmout et les rues de Kherson, les caves de Kharkiv et les abris de Kiev.

L’Ukraine est aujourd’hui le cœur battant de l’Europe ; elle incarne la liberté des peuples face à une agression impérialiste ; elle défend la démocratie, non seulement pour elle-même mais pour nous tous, pour tout le continent européen. C’est pourquoi nous devons la soutenir de toutes nos forces et amplifier l’aide européenne.

Ceux qui agitent la peur de « l’escalade », alors qu’il ne s’agit que de repousser une agression, ne voient pas que tout recul devant Poutine ne ferait qu’enfoncer notre continent dans une spirale d’insécurité et de violence. Poutine n’a rien caché de ses idées et de son projet : il est en guerre contre la démocratie européenne, en laquelle il ne voit que décadence, et contre laquelle il veut affirmer, au mépris de tout droit, la puissance d’un empire russe.

La dynamique impérialiste enclenchée depuis 1999 par le régime de Poutine, appuyé sur un capitalisme mafieux et oligarchique, ne sera arrêtée que si la Russie perd en Ukraine. Alors que la guerre fait à nouveau rage à nos frontières, alors que la sécurité de l’ensemble de l’Europe est en jeu, la lâcheté et les ambiguïtés coupables ne sont pas permises.

La question est simple : doit-on donner aux Ukrainiens les moyens de se défendre ou récompenser l’agresseur russe en le laissant détruire le droit international et commettre en toute impunité ses crimes contre l’humanité ? Ceux qui appellent. à cesser de livrer des armes à l’Ukraine ne sont pas « pacifistes » : ils ne veulent pas la paix, mais consentent à la défaite.

Ils autorisent le sacrifice des Ukrainiens en les livrant à leurs agresseurs. Ils espèrent avoir la paix en cédant à ceux qui déclenchent les guerres. C’est une vieille illusion qui nous a maintes fois coûté cher à travers l’histoire. La victoire du fascisme n’est pas la « paix », mais la préparation d’autres guerres.

Cette guerre décide de la sécurité du continent européen

Le pseudo- « pacifisme » d’une part de la classe politique française et européenne – y compris à gauche – qui refuse les livraisons d’armes à l’Ukraine revient à consentir à l’oppression et à l’anéantissement d’un peuple dont le seul crime est d’avoir voulu vivre libre. Non seulement les pays européens ont raison de fournir des armes à l’Ukraine, mais ils doivent intensifier leur effort.

Si nous voulons réellement vivre en paix, alors nous devons être solidaires de la lutte des Ukrainiens contre un régime qui fait des civils des cibles prioritaires, comme il l’a déjà fait en Tchétchénie ou en Syrie. Il faut livrer aux Ukrainiens toutes les armes dont ils ont besoin pour renvoyer l’armée russe dans ses frontières. Chaque retard, chaque délai prolonge l’agression.

Cette guerre décide de la sécurité du continent européen pour les décennies à venir. Elle décide aussi du sens de la démocratie européenne et de sa capacité à préférer la solidarité aux politiques de profits à courte vue, qui sacrifient d’un même mouvement la justice sociale, l’urgence écologique et l’autonomie stratégique de nos cités.

La solidarité avec le peuple ukrainien en lutte

Une part de la gauche ne comprend pas qu’il peut y avoir une réponse de gauche à la guerre : fondée sur la solidarité avec le peuple ukrainien en lutte, mais aussi sur l’idée simple que les plus riches doivent le plus contribuer à l’effort commun, sur le fait que la taxation des profits de guerre a toujours été l’occasion à travers l’histoire de rétablir la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers et de la puissance publique sur les puissances privées. L’état de guerre exige que nous cessions de séparer le politique de l’économique.

Alors comblons les trous dans les sanctions visant la Fédération de Russie ; étendons les sanctions individuelles et confisquons les biens russes qui sont jusqu’ici simplement gelés ; créons d’urgence un cadastre de tous les avoirs financiers et non financiers détenus dans les paradis fiscaux, à commencer par les paradis fiscaux européens dont les oligarques russes sont particulièrement friands, et gelons les avoirs russes au-delà d’un niveau de fortune afin d’affaiblir les acteurs qui bénéficient le plus au régime de Poutine ; étendons les sanctions aux Etats ou entités qui aident le régime russe à annexer les territoires ukrainiens occupés et à circonvenir aux sanctions existantes.

Affichons clairement l’objectif stratégique de l’UE : la victoire de l’Ukraine dans ses frontières. Les discours ambigus, qui laissent croire à Moscou qu’une porte est à moitié ouverte et que l’Europe pourrait accepter l’annexion des territoires ukrainiens occupés par la Russie, ne font que prolonger la guerre en encourageant la Russie à étendre son occupation le plus loin possible.

L’UE devra aussi être à la hauteur de la solidarité matérielle qu’elle doit aux nombreux pays du monde qui subissent sans l’avoir voulu les conséquences de la guerre, en particulier sur l’approvisionnement alimentaire et énergétique.

Etre « réaliste », c’est fonder sa stratégie sur la réalité, et pas sur des illusions que le fait de la guerre a mises en pièces. Et la réalité, si longtemps fuie par nos dirigeants, est que nous faisons face à un Etat fasciste qui doit impérativement perdre la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine.

La guerre en Ukraine permet de situer chacun d’entre nous dans et face à l’histoire. Elle oblige la gauche à décider si elle continue ou si elle renie le combat antifasciste qui fut l’honneur de son histoire. Une gauche fidèle aux leçons de son histoire se souvient de la guerre d’Espagne et de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie fasciste. Elle se souvient des leçons de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne nazie. Le refus d’armer les Républicains espagnols ou les Ethiopiens envahis par Mussolini n’a pas amené la « paix », mais une guerre bien plus dévastatrice. L’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 a préparé la débâcle.

Toute renonciation prépare les catastrophes de demain. Hier, la démission des démocraties face à la barbarie de Bachar El-Assad a donné à Poutine, qui avait déjà expérimenté l’impunité de sa violence extrême en Tchétchénie et avait pu violer le droit international en Crimée, le signal d’une autorisation à commettre l’irréparable en Ukraine.

Les Ukrainiens ne lâchent rien, malgré les morts, les viols, les massacres. Nous n’avons pas droit à la lâcheté alors qu’ils combattent pour nous. La seule défense de la paix est de soutenir les Ukrainiens.

Liste des signataires de cette tribune à l’initiative de Raphaël Glucksmann et Jean-Yves Pranchère :

Pierre Albertini, historien, professeur de khâgne ; Hadrien Alvarez, artiste plasticien ; Eric Andrieu, député européen (PS) ; Nathalie Appere, maire de Rennes (PS) ; Jérôme Auslender, adjoint au maire de Clermont-Ferrand (Generation. s) ; Fabien Aviet, éditeur ; Gilles Bataillon, directeur d’études à l’EHESS ; Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand (PS) ; Thomas Boccon-Gibod, Institut de philosophie de l’université Grenoble Alpes ; Isabelle Bourdier, professeure d’histoire-géographie ; Dominique Bourg, professeur honoraire à l’Université de Lausanne ; Frédéric Brahami, directeur d’études à l’EHESS ; Anne-Lorraine Bujon, directrice de la rédaction de la revue Esprit ; Julia Cagé, professeure d’économie au département d’Economie de Sciences Po Paris ; Eduardo Castillo, écrivain ; Pierre Charbonnier, philosophe, chargé de recherche CNRS à Sciences Po ; Fabien Chevalier, président d’honneur de « Sauvons l’Europe » ; Antoine Chollet, politiste, université de Lausanne ; Catherine Coquio, cofondatrice du Comité Syrie-Europe ; David Cormand, député européen (EELV) ; Laurent Coumel, enseignant-chercheur à l’Inalco ; Martin Deleixhe, Université libre de Bruxelles ; Carole Delga, présidente de la région Occitanie (PS) ; Karima Delli, députée européenne (EELV) ; Tremeur Denigot, expert européen ; Philippe Descola, professeur au Collège de France ; Frédérik Detue, maître de conférences en littérature comparée, université Côte d’Azur ; Françoise Diehlmann, germaniste ; Stéphane Dorin, professeur de sociologie à l’université de Limoges ; Gregory Doucet, maire de Lyon (EELV) ; Anne Dujin, rédactrice en chef de la revue Esprit ; Alexeï G. Evstratov, enseignant-chercheur, université Grenoble Alpes ; Jean-Louis Fabiani, professeur à CEU, Vienne ; Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS) ; Jean-Marc Forax, artiste plasticien ; Sylvain Frécon, auteur de bande dessinée ; Antoine Germa, scénariste du film Moissons sanglantes ; Raphaël Glucksmann, député européen (Place publique) ; Martine de Gaudemar, professeure émérite de philosophie (université de Paris-Nanterre) et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France ; Sylvie Guillaume, députée européenne (PS) ; Francois Heran, professeur au Collège de France ; Jean-François Husson, chargé de cours invité à l’université de Louvain ; Yannick Jadot, député européen (EELV) ; Céline Jouin, maître de conférences en philosophie à l’université de Caen Normandie ; Isabelle Kersimon, présidente d’honneur de l’Inrer ; Mathieu Klein, maire de Nancy (PS) ; Sarah Kilani, membre du Comité Syrie Europe après Alep, médecin anesthésiste réanimateur ; Firas Kontar, juriste, opposant au régime syrien ; Justine Lacroix, politiste, université libre de Bruxelles ; Aurore Lalucq, députée européenne (Place publique) ; Perrine Ledan, échevine de la culture (Ecolo), Uccle (Bruxelles) ; Carole Lemee, anthropologue, maîtresse de conférences à l’université de Bordeaux ; Nicolas Leron, essayiste, chercheur associé à Sciences Po ; Antoine Lilti, professeur au Collège de France ; Paul Magnette, président du Parti socialiste belge et bourgmestre de Charleroi ; Virginie Maneval, assistante sociale ; André Markowicz, écrivain et traducteur ; Guillaume Massart, cinéaste et producteur ; Fréderique Matonti, professeure de science politique à Paris-I ; Nora Mebarek, députée européenne (PS) ; Frédéric Ménager, chercheur associé EHESS ; Marie Mendras, professeure à Sciences Po Paris ; Aude Merlin, chargée de cours en sciences politiques et sociales, Université libre de Bruxelles ; Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue ; Boris Najman, enseignant-chercheur, UPEC ; Claire Nouvian, militante écologiste ; Florence Ostier, sociologue et coopératrice ; Benoit Payan, maire de Marseille ; Marie Peltier, historienne, spécialiste de la propagande ; Jean-Yves Pranchere, politiste, Université libre de Bruxelles ; Nicolas Poirier, enseignant et chercheur en philosophie, Sophiapol/Paris Nanterre ; Alain Policar, chercheur associé au Cevipof (Sciences Po) ; Christophe Prochasson, historien, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales ; Valérie Rabault, député (PS); Bastien Recher, conseiller régional de Normandie (EELV) Hélène Flautre, ancienne députée européenne (EELV) ; Dilnur Reyhan, chercheuse et présidente de l’Institut ouïghour d’Europe ; Johanna Rolland, maire de Nantes (PS) ; Sylvie Rollet, présidente de l’association « Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre » ; Valérie de Saint-Do, journaliste et autrice ; Denis Saillard, chercheur associé à l’UVSQ (Paris-Saclay) ; Elisabeth Salomon, retraitée de la fonction publique ; Guillaume Sauzedde, service public de l’emploi ; Laura Ségard, psychologue ; Frédéric Sawicki, professeur de science politique, Paris-I ; Réjane Senac, directrice de recherche CNRS au Cevipof ; Guillaume de Stexhe, professeur émérite Université Saint-Louis-Bruxelles ; Claude Taleb, ex-vice-président (EELV) de la région Haute-Normandie ; Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV ; Boris Vallaud, député (PS) ; Cécile Vaissié, professeure à l’université Rennes-II ; Mélanie Vogel, sénatrice (EELV) ; Ilias Yocaris, professeur en sémiotique du texte et de l’image à l’université Côte d’Azur ; Anna C. Zielinska, maîtresse de conférences en philosophie à l’université de Lorraine ; Laurent Zimmerman, maître de conférences, université Paris Cité ; Gabriel Zucman, professeur d’économie à Berkeley et directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité. »

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Politique

Manifestations pour le régime ukrainien avec LFI, le NPA…

Ils se rangent derrière les bandéristes.

Les manifestations en faveur du régime ukrainien en France le samedi 25 février 2023 n’ont pas donné grand-chose. Plusieurs centaines à Paris, quelques centaines ailleurs : à Montpellier, Rennes, Nantes, Bordeaux, Lyon, Nice, ou encore Brest. Ce n’était pas manque d’information : beaucoup de médias en ont parlé en ne disant que du bien.

Cela a été une vraie tentative de mobiliser, et France inter, première radio de France, a même fait une carte listant la vingtaine de rassemblements. Il y a également eu l’affiche réalisée par l’artiste parisien tendance du moment, « C215 ».

Donc, même en comptant le plus largement possible, en surestimant les chiffres à fond, il y a eu… 13 000 personnes qui se sont mobilisées.

Alors qu’il y a en France, rappelons-le, plus de 100 000 personnes, surtout des femmes et des enfants, qui sont venues d’Ukraine à la suite déclenchement du conflit.

C’est donc un échec complet pour la mobilisation en faveur du régime ukrainien, un total fiasco. Il n’y a pas, malgré la propagande médiatico-politique acharnée contre la Russie et pour l’Otan, de mobilisation générale en ce sens en France. Même pas chez les Ukrainiens réfugiés.

On a uniquement affaire à des excités plus ou moins directement liés aux institutions et à ses initiatives, comme le fait de mettre la Tour Eiffel aux couleurs ukrainiennes.

Il n’en reste pas moins – et c’est là terrible – que quasiment tout ce qui est lié de prêt ou de loin à la Gauche ou au syndicalisme en France, soutenait ces rassemblements, y étant partie prenante au premier rang.

Ces gens, par soumission à l’occident et à ses intérêts, soutiennent dans les faits sans scrupule et unilatéralement le régime ukrainien, qui est ultra-nationaliste et interdit violemment la Gauche et tout ce qui se rapproche de la Gauche en Ukraine.

Tous ces gens, en Ukraine, seraient interdits, visés par une extrême-Droite armée omniprésente. Un sacré paradoxe. Car soutenir les nationalistes ukrainiens, les « bandéristes », que cela ne dérange pas les Etats-Unis et l’Union européenne en même temps pro-LGBT et plein d’idéologie « inclusive », c’est dans l’ordre des choses.

Mais que des gens se disant de Gauche manifestent à l’appel des bandéristes et en présence de l’ambassadeur d’Ukraine… là, tout de même….

Qui trouvait-on notamment pour soutenir le régime ukrainien, l’OTAN, la guerre américaine à la Russie?

La France Insoumise, le Parti Socialiste, le Nouveau Parti Anticapitaliste…

La Ligue des Droits de l’Homme, Mémorial 98 (association « contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme »), L’Alliance des femmes pour la démocratie…

ATTAC, Europe Écologie-Les Verts, Ensemble, La Gauche éco-socialiste, Génération écologie…

Les syndicats CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et FSU.

Tout ce petit monde appelait à marcher « pour l’Ukraine », en réalité pour les plans américains en Ukraine contre la Russie. Voilà la vérité !

Ces gens se sont condamnés historiquement. Leur ligne est celle de l’alignement sur les intérêts du capitalisme américain. Ils parlent beaucoup, revendiquent du social, mais rentrent dans le rang dès que la bourgeoisie le leur demande.

Et cela alors que le même jour, en Allemagne, 50 000 personnes manifestaient contre les fournitures d’armes au régime ukrainien. Quelle différence !

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Guerre

Allemagne : 50 000 personnes contre la guerre en Ukraine

Avec Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht.

Nous avions déjà parlé en mai 2022 de la Lettre ouverte au chancelier Olaf Scholz, lancée par la revue féministe historique EMMA avec Alice Schwarzer. Depuis, un vrai travail de fond a été mené, avec notamment également et bien entendu Sahra Wagenknecht, la principale figure de la Gauche historique en Allemagne.

Sahra Wagenknecht et Alice Schwarzer

Leur manifeste pour la paix mis en ligne le 10 février 2023 a ainsi obtenu plus de 650 000 signatures. Il demande l’arrêt de l’escalade militaire de la part des pays occidentaux et la mise en place d’une véritable diplomatie pour la paix. Il met en avant un appel à manifester comme « soulèvement pour la paix ».

50 000 personnes se sont rendus à Berlin à la suite de cet appel, le 25 février 2023, manifestant sous la neige, exigeant la cessation de l’envoi d’armes au régime ukrainien.

Quel contraste avec la France où toutes les forces politiques, de La France Insoumise au Rassemblement national sont sur la ligne du gouvernement et de l’Otan, même si parfois avec certaines « réserves »!

Le drapeau du mouvement pacifiste (et non pas celui LGBT)

Là on voit la différence, avec une vraie position sur celle de la Gauche historique. Disons le, c’est exemplaire. Cela fait chaud au cœur !

C’est d’autant plus brillant qu’en Allemagne, contrairement à en France et à en Italie, l’extrême-Droite est opposée aux États-Unis. Les médias ont ainsi essayé de dénoncer le mouvement anti-guerre en l’assimilant à l’extrême-Droite, dans un matraquage ininterrompu dans tous les médias.

Mais l’entreprise a échoué ! L’intelligence politique et la légitimité d’Alice Schwarzer et de Sahra Wagenknecht ont permis l’émergence d’une vraie opposition, sur une ligne relevant de la Gauche historique.

« Bas les armes ! La guerre en Ukraine peut et doit être terminé au moyen de la diplomatie »
Bas les armes ! est une allusion au titre d’un ouvrage éponyme majeur dans les pays de langue allemande au début du 20e siècle, écrit par l’activiste Bertha von Suttner

Sahra Wagenknecht a avec justesse souligné d’ailleurs que ceux qui dénoncent l’extrême-Droite feraient bien de voir l’Ukraine et ses représentants, alignés sur le bandérisme !

Quel contraste avec la France où, le même jour, à Paris, le Parti socialiste, La France Insoumise, Ensemble et bien d’autres manifestaient avec les bandéristes !

En Allemagne, il y en a qui assument de se confronter avec leur propre militarisme !

1812 Napoléon 1914 L’empereur Guillaume 1941
Hitler 2023 Scholz / Baerbock?

Et il ne faut pas croire qu’en Allemagne, il n’y ait pas d’ailleurs en général le même matraquage qu’en France, bien au contraire ! L’Allemagne a même placé un… tank russe détruit il y a quelques mois devant l’ambassade de Russie à Berlin ! Les couleurs ukrainiennes ont été hissées sur les bâtiments officiels, etc.

C’est le même bourrage de crâne, la même guerre psychologique, la mobilisation pour l’Otan, pour la guerre américaine contre la Russie.

Les camarades allemands montrent l’exemple : c’est un mouvement démocratique et populaire qu’il faut générer contre la guerre !

Pas d’armes pour le régime ukrainien, et pression maximale sur les gouvernements pour forcer à aller dans le sens de la diplomatie !

Dans la compréhension, pour les éléments les plus conscients, qu’on est là dans la bataille pour le repartage du monde, et que c’est le Socialisme qui est à proposer comme horizon véritable pour empêcher ou stopper la nouvelle guerre mondiale qui se met en place !

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Politique

Le Rassemblement national s’aligne sur l’OTAN

C’est la soumission à la superpuissance américaine.

Le Rassemblement national de Marine Le Pen est en train de réaliser le même alignement sur l’OTAN que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Historiquement, ces deux formations insistent particulièrement sur la notion d’indépendance, comprise au sens nationaliste. La France serait une grande puissance et elle devrait elle-même décider de ses orientations.

Le déclenchement du conflit militaire en Ukraine en février 2022 a tout changé. Il a immédiatement mis KO debout Marine Le Pen et Eric Zemmour. La première voyait clairement la Russie comme un allié essentiel à une France nationaliste (et inversement), Eric Zemmour aurait profité du conservatisme russe tout en étant pro-américain.

La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon se sont de leur côté rapidement effacé, prônant encore une « solution » pacifique, mais votant à l’instar des députés européens en faveur du soutien militaire au régime ukrainien. Le refus de l’OTAN est passé à la trappe également.

Le Rassemblement national devait soit faire de même, soit assumer de représenter la fraction la plus agressive, la plus nationaliste de la haute bourgeoisie française. Cependant, cette dernière s’est faite marginalisée par le reste de la bourgeoisie, qui s’est alignée sur la superpuissance américaine.

Alors, c’est le changement de ligne. Il a été officialisé par Jordan Bardella, 27 ans, président du Rassemblement national depuis novembre 2022. Le vecteur de ce changement a été L’Opinion. C’est un quotidien de droite libérale confidentiel, mais jouant un rôle auprès des « décideurs ». L’interview de Jordan Bardella publié le 23 février 2023 par ce quotidien correspond ainsi à une reconnaissance, une intronisation par la bourgeoisie.

Jordan Bardella reconnaît ainsi avoir été là le 9 février 2023 lorsque, au parlement européen, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reçu une standing ovation (voire notre article – Zelensky à Bruxelles devant une assemblée hystérique).

Ses propos expriment la soumission à la ligne générale de la bourgeoisie :

« Nous avons dès le début du conflit émis une condamnation très claire, franche, et sans aucune retenue de cette agression. Je crois qu’être patriote et souverainiste, c’est être, en réalité, attaché à la défense de l’intégralité territoriale de l’Ukraine. On ne peut pas être patriote et souverainiste et être insensible à la violation de la souveraineté d’un État européen. »

« Il n’y aura pas d’issue à ce conflit sans le retrait des troupes russes et sans le retour à une souveraineté pleine et entière de l’Ukraine dans les territoires aujourd’hui occupés par la Russie. »

« Le réel est revenu frapper à nos portes et il est clair que le Vladimir Poutine d’il y a cinq ans n’est pas celui qui, cinq ans plus tard, décide d’envahir l’Ukraine et de commettre des crimes de guerre à Odessa ou à Marioupol. »

« Je suis favorable à l’envoi de tout ce qui peut permettre à l’Ukraine de défendre sa souveraineté et de protéger ses frontières. »

« Le soutien moral, politique et matériel à l’Ukraine relève pour moi de l’évidence. La cause ukrainienne a ému l’ensemble des opinions européennes. Et c’est peut-être là aussi ce qu’a sous-estimé Vladimir Poutine. Nous avons une proximité culturelle avec l’Ukraine. »

« Oui il y a entre la France et la Russie une guerre d’intérêt et une guerre d’influence qui s’étend jusqu’à l’Afrique (…). La Russie est un concurrent et un adversaire dangereux. »

On ne trouve naturellement pas un mot sur l’OTAN. Et, dans la foulée, Marine Le Pen a publié le 24 février 2023 un texte sur le conflit militaire en Ukraine qui a désormais un an. Le quotidien Libération a voulu voir un rappel à l’ordre fait à Jordan Bardella. Mais bien au contraire, Marine Le Pen conforte cette ligne.

Elle fait juste de la politique, avec la même ligne que Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise d’ailleurs : le gouvernement a raison dans le fond, mais il fait les choses mal, on les ferait mieux en veillant mieux aux intérêts de la France, etc.

Il n’est pas de hasard qu’il y a, strictement parallèle à cela, la déclaration d’une même soumission à l’OTAN, à la guerre américaine contre la Russie, de la part de l’intersyndicale menant la lutte contre la réforme des retraites.

C’est l’Union sacrée et tout le monde doit se soumettre. Et à Gauche, peu bien résistent et maintiennent leur opposition !

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Politique

Un an de conflit en Ukraine : la Gauche surtout silencieuse et complice

Le bilan est très mauvais.

Elle est belle la « Gauche » française, ou plutôt cette variété française de « Démocrates » à l’américaine. Un an de conflit en Ukraine et même là, elle ne trouve rien à dire, ou alors… surtout pour soutenir l’OTAN. On en est là..

Et encore parle-t-on là de ceux qui font de la politique. Pour d’autres, c’est déjà trop. Les manifestations de la CGT et une vague agitation étudiante leur suffit. Ils ne sont même pas en mesure de comprendre que le premier anniversaire d’un tel conflit interpelle nécessairement les gens. Que c’est faire de la politique, la plus élémentaire même, que de donner sa vision du monde, de montrer qu’elle permet d’éclairer les faits, de dégager des tendances, de tracer des perspectives.

Faisons un petit bilan de ces « politiques » et « antipolitiques » au sujet du triste anniversaire de la première année de conflit militaire en Ukraine.

Les politiques

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord, a régulièrement soutenu le régime ukrainien, tout en dénonçant le risque d’engrenage. C’est une position intenable, mais qui permettait de sauver la chèvre et le chou. D’un côté le PCF est aligné sur le régime pro-Ukraine au niveau de ses élus, de l’autre il prône la paix pour satisfaire sa base.

Le document « Ukraine : Agir pour la Paix, en priorité » est en ce sens. Fabien Roussel dénonce la Russie, appelle le gouvernement français à devenir l’organisateur de la paix et égratigne l’OTAN. Ce n’est pas cohérent, mais c’est bien amené, ça passe politiquement.

Le Nouveau Parti Anticapitaliste appelle à soutenir la « résistance ukrainienne », sans prendre en compte la nature du gouvernement ukrainien. Tout est de la faute de la Russie et il faut soutenir les opposants là-bas (Assez de la guerre de Poutine ! Troupes russes hors d’Ukraine ! Solidarité avec la résistance ukrainienne !). Cela revient à être un appendice de l’OTAN, mais ça tient debout, c’est cohérent politiquement (si l’on adopte la ligne du NPA).

Lutte Ouvrière a pris position dans son éditorial des bulletins d’entreprise. Son mot d’ordre est Aucun soutien à leur sale guerre ! et l’opposition à la guerre. Lutte Ouvrière est montée en gamme depuis quelques semaines dans sa dénonciation de la guerre, reflétant le fait que pour les travailleurs, la menace d’une 3e guerre mondiale interpelle. Citons le bulletin :

« Les travailleurs n’ont à se ranger ni dans un camp, ni dans un autre. La seule porte de sortie qui puisse garantir que le conflit prenne fin et ne recommence pas demain, c’est que les travailleurs refusent de servir de chair à canon et se retournent contre leurs propres dirigeants.

Sans les travailleurs, rien ne peut se produire. Rien ne peut s’échanger, rien ne peut fonctionner. Même pour faire la guerre, produire les armes et les acheminer, les gouvernements ont besoin de nous. Sans notre consentement, il n’y a pas de guerre possible.

Alors, préparons-nous à refuser l’union sacrée derrière Biden et Macron. Reprenons le mot d’ordre de Marx : prolétaires de tous les pays, unissons-nous contre la classe capitaliste qui nous exploite. Unissons-nous contre ses politiciens qui dressent les peuples les uns contre les autres et nous mènent à la guerre ! »

Le PCF(mlm) considère quant à lui qu’on est déjà dans le processus de 3e guerre mondiale. Celle-ci est le fruit pourri de la crise générale du capitalisme commencé en 2020 et les choses vont empirer en raison de la contradiction américano-chinoise. On est dans le repartage du monde et l’ennemi est avant tout dans son propre pays (Un an de conflit armé en Ukraine: faire face à la guerre de repartage du monde, à l’exemple de Rosa Luxembourg).

Citons le document :

« Quel est le point de vue à l’arrière-plan de toutes les initiatives concernant l’Ukraine ?

Ce pays devrait devenir une base industrielle pour le capital financier occidental, en profitant des ressources d’une Russie démantelée en de multiples petits États et payant des sommes colossales de « réparations ».

Une Ukraine vassalisée, une Russie colonisée, tel est le plan des impérialistes occidentaux, superpuissance impérialiste américaine en tête !

Tel est leur souhait, afin de relancer le capitalisme ! »

Révolution permanente a également pris position, ne ratant pas une telle occasion politique, bien que normalement il n’est jamais parlé du conflit militaire en Ukraine. Comme traditionnellement dans ce courant politique, l’article est prétexte à une analyse « géopolitique » où les tendances sont évaluées. Ce qui donne par exemple :

« Les scénarios sont multiples et nous ne pouvons pas tous les évoquer ici. Cependant, tout semble indiquer qu’une ouverture rapide de négociations et la fin des combats n’est pas la perspective la plus probable.

Les pronostics les plus optimistes estiment que ces négociations ne pourraient commencer que d’ici quelques mois, c’est-à-dire après une éventuelle offensive russe et une probable contre-offensive ukrainienne. Autrement dit, les populations locales vont encore endurer beaucoup de souffrances avant que la guerre s’arrête, même selon les plus optimistes. »

Cette position concerne de toutes façons seulement l’Ukraine et la Russie et il n’est pas considéré dans le document que tout cela ait une incidence politique en France (Ukraine. A un an du début d’une guerre réactionnaire).

On a enfin le Parti socialiste, dont la ligne est ouvertement favorable au régime ukrainien et à l’OTAN. Il faudrait d’ailleurs un soutien total, indéfectible comme le dit la déclaration.

Les anti-politiques

Il y a, à rebours des « politiques », les anti-politiques. Eux veulent de l’agitation et rien d’autre. Les positionnements ne les intéressent pas : ils sont une variété pseudo-politique du syndicalisme. Ils ne parlent strictement jamais du conflit militaire en Ukraine et ils ne voient même pas pourquoi il faudrait en parler.

La France insoumise s’est ainsi contentée d’un communiqué de presse de quelques lignes signé par ses parlementaires, pour demander le soutien au régime ukrainien mais également d’aller dans le sens d’une solution négociée. Pas un mot sur l’OTAN, naturellement. Jean-Luc Mélenchon ne dit quant à lui rien du tout sur son blog, lui pourtant si bavard au sujet de tout.

Les anarchistes conservent pareillement le silence. Rien chez l’Union Communiste Libertaire, rien chez la Fédération anarchiste, rien chez Contre-attaque (ex-Nantes révoltée), rien chez la CNT, rien chez la CNT-SO, rien chez la CNT-AIT, rien chez l’OCL.

C’est tout de même notable, car il existe en France une tradition anti-militariste. Il faut croire qu’elle s’est évaporée et que l’armée française peut soutenir le régime ukrainien autant qu’il l’entend.

Du côté « marxiste-léniniste » ou pseudo-maoïste version étudiant, on ne trouve rien non plus. Ils ne parlent jamais de la guerre, ils ne vont pas s’y mettre même à l’occasion d’une année de conflit d’une telle importance. C’est « politique » et ça ne les intéresse pas.

Le Parti Communiste des Ouvriers de France, le Parti Communiste Révolutionnaire de France, Unité Communiste, La Cause du peuple, Nouvelle époque, l’UPML, l’OCML-VP… tous ces gens, qui normalement sont censés dénoncer « l’impérialisme », continuent de ne rien dire.

Initiative Communiste, le site du PRCF, ne dit rien non plus à cette occasion, mais au moins parle-t-il de manière assez régulière du conflit en Ukraine, dénonçant l’OTAN et appelant à la paix.

Le panorama des « politiques » n’est guère brillant, mais celui des « anti-politiques » révèle encore plus le fond du problème, qui est que la Gauche française est surtout sans fondamentaux et sans envergure.

Comment être pris au sérieux sans économie politique développée ? Comment prétendre changer le monde, transformer les choses, sans valeurs développées, sans vision du monde ?

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Ukraine un an après: pour la défaite de l’OTAN

Nous avons annoncé cette guerre, nous l’analysons correctement.

Le 24 février 2022, très tôt le matin, nous étions quelques uns à surveiller les informations afin de vérifier ce qui avait été compris la veille : la Russie allait intervenir militairement en Ukraine. Cela afin de ne pas rater un moment historique, et de publier dans la foulée une série d’articles.

Nous étions parfaitement prévenus. Nous avions compris que 2020 avait une césure avec la pandémie et, dès avril 2021, nous avons commencé à publier régulièrement des articles sur l’Ukraine, parce qu’il était évident qu’on allait à la guerre.

Nous l’avons expliqué et répété de manière ininterrompue depuis cette période, en analysant tout ce qui se passait, strictement pour « rien » : cela n’a intéressé personne. La triste blague, c’est que même lorsque le conflit militaire a commencé… nous n’avons pas eu de lecteurs en plus, ni aucune reconnaissance.

Car nous touchions là un immense tabou en France. Dans notre pays, chacun peut dire ce qu’il veut, pour plus ou moins de social, plus ou moins de conservatisme ou de libéralisme… mais personne ne doit toucher, ni même oser parler du capitalisme qui tourne tranquillement à l’arrière-plan, de la marche à la guerre qu’il exige. Il y a deux tabous : le régime et ses institutions (dont les syndicats font partie), son armée.

C’est pourquoi même les plus contestataires en France convergent entièrement avec l’OTAN. Tant l’ensemble des syndicats français, la CGT y compris bien sûr, que le Rassemblement national, soutiennent le régime français dans sa participation à l’OTAN et à la transformation de l’Ukraine en chair à canon.

La réforme des retraites ? Cela se passe dans le cadre du capitalisme : on peut être pour ou contre. L’armée française, la guerre pour le repartage du monde ? Cela sort du cadre, c’est tabou, et résultat il n’y a plus personne. Il faut soutenir, ou ne rien dire.

Cela n’a rien d’étonnant. Dès avril 2021, la situation était claire, on allait à la guerre ouverte, pourtant le silence régnait à ce sujet. Il était révélateur. Le 5 avril 2021, nous condamnions L’incroyable silence sur le conflit Russie-Ukraine, et nous disions :

« Comment peut-on alors garder le silence ? Comment la menace réelle de la guerre, avec des troupes armés jusqu’aux dents se faisant face, peut-elle être autant passée sous silence ?

Comment la participation de la France peut-elle passer comme une lettre à la poste ? C’est là qu’on voit qu’il y a en France un énorme problème : le soutien général à l’armée française, l’acceptation du militarisme. »

Ces mots, plus d’un an et demi après, sont toujours aussi forts. Rien n’a changé depuis le début du conflit militaire en Ukraine, à part en empirant. L’ensemble du spectre politique français soutient la marche à la guerre contre la Russie, tout en ne disant rien à ce sujet, ou en relayant la propagande du régime ukrainien et de l’OTAN.

Le youtubeur très connu HugoDécrypte fait tranquillement la promotion du régime ukrainien et d’un « sympathique » skater dont le sac comporte un patch d’un symbole nazi, le « soleil noir »

Et nous le disons d’autant plus avec clarté que, pendant six mois avant le conflit, nous avons appelé à soutenir la nation ukrainienne. Nous avons été les premiers à appelé à sa protection. La nation ukrainienne est une victime.

Pour autant, nous ne nous alignons pas sur le régime ukrainien, ultra-nationaliste et rempli de nazis, entièrement au service de l’OTAN, qui valorise l’Union européenne et est fanatiquement contre tout ce qui a un rapport au Socialisme.

Les intérêts des masses mondiales priment et il n’y a pas à servir la soupe pour les pays riches qui pillent le tiers-monde et cherchent à maintenir leur ordre mondial !

Nous sommes fiers de ne pas nous aligner comme « tout le monde » sur notre propre impérialisme. Nous savons que l’ennemi est dans notre propre pays. Comme le dit la chanson l’Internationale, « nos balles sont pour nos propres généraux ».

Nous sommes pour la défaite de l’OTAN, parce que quand on a les valeurs de la Gauche historique, telle est la règle. Nous sommes pour la victoire du tiers-monde sur le mode de vie occidental.

Pour la défaite de l’OTAN, pour la déroute de l’occident, tel est le juste mot d’ordre, telle est la ligne véritablement démocratique et populaire au niveau mondial, révolutionnaire en France.

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Déclaration intersyndicale de soutien au régime ukrainien

C’est l’union sacrée !

À l’occasion des « un an » de la guerre en Ukraine, l’intersyndicale issue du mouvement contre la réforme des retraites publie un communiqué qui révèle leur convergence complète avec le camp occidental contre la Russie.

Il est même appelé à participer à la manifestation organisée à Paris le 25 février 2023 par les nationalistes ukrainiens ! Manifestation qui aura notamment comme participant l’ambassadeur ukrainien, avec le soutien du Parti socialiste, d’EELV, de Renaissance (le parti d’Emmanuel Macron), du NPA, d’ATTAC…

Un premier communiqué le 24 février 2022 avait déjà été réalisé par une intersyndicale (moins Sud-Solidaires), mais là, un an après le lancement de la guerre, on est dans l’accompagnement total dans la soumission du capitalisme français à la superpuissance américaine.

Cela n’a rien d’étonnant et c’était déjà le cas par leur silence au sujet de la guerre avec la lutte contre la réforme des retraites comme prétexte pour rester dans le train-train syndical malgré la situation historique.

Tout est bon pour pour ne pas briser l’union. Et on voit ici à quel point nous avions raison de dire que ce mouvement dit des retraites participe au rouleau compresseur militariste en France.

En assumant ouvertement la position de l’Otan, le mouvement syndical dans sa totalité à choisi de servir sur un plateau d’argent le peuple français à la guerre des Etats-Unis contre la Russie.

Bref, 1914 bis repetita. La CGT n’ayant d’ailleurs jamais fait le bilan de l’union sacrée, quoi qu’elle puisse prétendre. Elle n’est qu’une force économique qui accompagne le capitalisme. Cela était vrai hier, cela l’est toujours aujourd’hui.

Le syndicalisme doit exister, mais de manière subordonnée à la Gauche politique établie sur ses valeurs historiques.

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Joe Biden à Varsovie

Un discours très martial depuis la Pologne.

Pratiquement un an après le début de l’offensive russe en Ukraine, la situation est plus que jamais tendue sur la scène mondiale. Le président américain Joe Biden, après s’être rendu personnellement à Kiev, a prononcé un discours très offensif face à la Russie le lendemain mardi 21 février 2023 en Pologne.

Le discours n’a duré qu’une vingtaine de minutes, mais il y avait une mise en scène spectaculaire, typiquement à l’américaine, faite de jeux de lumière, d’une foule en liesse, d’enfants défilants avec des drapeaux et un sourire niais, le tout devant le château royal de Varsovie pour accentuer le côté marquant de l’affaire.

Le discours était directement une réponse à celui de Vladimir Poutine le matin même et on remarquera forcément l’opposition de style. Si Vladimir Poutine a parlé relativement longuement, exposant en détail et de manière minutieuse la situation russe, Joe Biden a été au contraire expéditif, jouant à fond sur l’image d’une Amérique surpuissante, faisant rouleau-compresseur contre toute opposition.

Le président américain a ainsi prétendu que les États-Unis sont là généreusement pour sauver le monde, sur les bases du fameux « monde libre ».

« Nous avons été questionnés sur nos principes fondamentaux : la liberté, la démocratie, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Et maintenant nous avons apporté la réponse : nous avons défendu ces principes, quoi qu’il en coûte ! »

« Tout ce que nous faisons aujourd’hui, c’est pour que nos enfants connaissent un monde libre : l’ennemie des tyrans, c’est la liberté ! »

Bien entendu, à part en occident où les populations baignent dans la consommation capitaliste 24 heures sur 24, la grande majorité de la population mondiale ne croit pas en ces prétentions américaines.

Nous sommes néanmoins à un tournant historique et il va être question maintenant de savoir si les États-Unis ont les moyens de continuer ce discours et cette posture de superpuissance mondiale, ou bien si au contraire l’occident est touché et va vaciller.

La Russie assume totalement de vouloir faire vaciller l’occident et la Chine, à son tour, va s’y mettre prochainement. Les États-Unis le savent, alors ils gonflent les muscles, assumant de mener le monde à la 3e guerre mondiale s’il le faut, afin de maintenir leur hégémonie.

Ce n’est pas autrement qu’il faut comprendre ces propos hallucinants de Joe Biden, qui sont un appel ouvert à ce que la situation dégénère en une guerre mondiale.

« L’article 5 est solide : tous les pays de l’Otan le savent et Poutine le sait aussi. Chaque attaque contre un pays membre de l’Otan est une attaque contre l’Otan. C’est un serment sacré. »

C’est grotesque, car il n’a jamais été question pour la Russie de s’en prendre à un pays de l’Otan. Mais Joe Biden souhaite justement que la situation dégénère, car les États-Unis ont besoin d’aller à l’affrontement pour prendre les devant dans la guerre mondiale de repartage du monde.

Son discours était un discours martial, comme rarement dans l’Histoire moderne, celui d’un faiseur de guerre, impliquant ouvertement l’Otan dans le conflit en Ukraine pour que la situation dégénère.

Et donc, c’est directement et ouvertement Vladimir Poutine qui a été désigné et pris pour cible par le président américain, faisant de l’Ukraine une question personnelle.

Joe Biden est littéralement obnubilé par Vladimir Poutine, et ce de manière caricaturale, tel qu’on peut le voir dans les pires films hollywoodiens. Le mot hollywoodien est tout à fait juste, car c’est là tout un narratif visant à mobiliser les opinions publiques.

Cela correspond à une simple vérité : les États-Unis (et la France avec) sont en guerre contre la Russie, bien que ce ne soit pour l’instant que l’Ukraine qui serve de terrain de guerre (et le peuple ukrainien de chair à canon).

« Poutine a été pris au dépourvu : il voulait obtenir une finlandisation de l’Otan, il a eu une otanisation de la Finlande ».

« Un an après le début de cette guerre, Poutine ne doute plus de notre mobilisation. Mais il doute de nos convictions, de notre capacité à rester unis : nous allons lui montrer que l’Otan ne faiblira pas ! »

« l’Ukraine ne sera jamais une victoire pour la Russie, car les peuples refusent de vivre dans un monde d’obscurité et de désespoir. Les autocrates doivent entendre le mot : non ! »

Il est tout sauf anodin que ce discours anti-Poutine ait été prononcé depuis la Pologne, tant ce pays est devenu la place forte de l’hystérie occidentale anti-Russe. Il y a en Pologne un régime fanatique, tout comme en Ukraine, qui n’attend que l’autorisation du maître américain pour se jeter corps et âme dans une guerre acharnée contre la Russie.

La Pologne peut d’ailleurs prendre l’initiative sans l’Otan au départ, pour contribuer à ce que les choses débordent.

La guerre mondiale est l’actualité ; il faut saboter les plans américains, il faut faire tomber l’occident avant qu’il ne fasse sombrer le monde !

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Ukraine : rassemblements pour la paix les 24 et 25 février 2023

La liste des dates et des lieux.

Voici la liste des appels aux rassemblements impulsés par le Mouvement pour la paix, avec grosso modo la CGT et le PCF pas trop loin.

Il va de soi que l’esprit est plutôt sympathique, mais il est hors sol. Déjà parce que l’engrenage est déjà là et que la France est partie prenante de la guerre contre la Russie. Ensuite, parce qu’être de Gauche c’est vouloir la défaite de son propre impérialisme.

Il est bien trop tard pour s’inquiéter des conséquences du conflit armé en Ukraine. Tout est déjà là et les choses empireront immanquablement, parce que le capitalisme en crise implique la bataille pour le repartage du monde. Aucun retour en arrière n’est possible.

Et puis bon, à un moment, il faut tout de même avoir le courage de critiquer la superpuissance américaine ! Apparemment ce n’est même plus possible et ça, c’est une vraie convergence avec le capitalisme français entièrement aligné sur Washington.

Moulins (03) : Rassemblement vendredi 24 Février à 18h devant la préfecture

Cannes (06) : Rassemblement vendredi 24 Février à 18h30 devant la Gare SNCF

Nice (06) : Rassemblement samedi 25 Février à 14h Place Garibaldi

Marseille (13) : Rassemblement “Ensemble pour la paix”, RDV sur le Vieux Port au pied de la Canebière, samedi 25 février à 10h30 – prise de parole avant une marche jusqu’à la préfecture

La Rochelle (17) : Rassemblement le 25 février à 10h30 devant la préfecture avec la CGT, la Libre Pensée, l’AFPS et le Mouvement de la paix

Bourges, Vierzon (18) : Samedi 25 février 2023 à Vierzon de 10h à 12h, marché du samedi au centre-ville
Cercle de silence et de paix : Samedi 25 février 2023 de 15h à 16h, place Gordène à Bourges

Brive (19) : Rassemblement samedi 25 février à 10h30 dans les jardins de la Guierle, devant l’arbre de la paix

Ajaccio (20) : Rassemblement le 24 février Place Abbatucci à 18h

Dijon (21) : Rassemblement devant la préfecture vendredi 24 février à 18h, avec RDV avec le préfet. Et dimanche 26, à Marsannay la cote près de Dijon à 18h devant le monument aux morts en hommage à Lucien Dupont, résistant fusillé le 26 février 1942, et à la demande de sa fille, Christiane Dupont-Lauthelier, adhérente du Mouvement de la Paix, pour redire là aussi, notre refus de toute guerre

Guéret (23) : Rassemblement le 24 février à 18h devant la mairie de Guéret

Besançon (25) : Rassemblement le 25 février 2023 à 14h sur la place du 8 Septembre. http://mvtpaix25.free.fr

Pont Saint Esprit (30) : Rassemblement samedi 25 février dès 9h30 sur le marché hebdomadaire (près du bar de l’Univers) – Comité Pax Rhona

Toulouse (31) : Rassemblement  vendredi 24 février à 17h30, square du Capitole, devant la stèle Jean Jaurès à l’appel de la CGT, de Solidaires, du Mouvement de la Paix, du MRAP, de France Cuba, de la Libre Pensée, de “Stop Fuelling War”, du Parti de Gauche, du PCF et du Centre de la Communauté Démocratique Kurde de Toulouse

Libourne (33) : Rassemblement le 24 février à partir de 18h place centrale

Biganos (33) : Rassemblement du comité de Gironde le 24 Février à 18h Halle du Marché

Béziers (34) : Rassemblement samedi 25 février à 11h sur la place Jean Jaurès

Rennes (35) : Rassemblement et marche unitaire samedi 25 février à 17h RDV Bd du Mail François Mitterrand.
Et vendredi 24 février RDV Place de la République à 17h avec Bretagne solidarité Ukraine.
Distribution des appels Mouvement de la paix et BIP à l’Université Rennes 2 mercredi midi 22/01. Universite Rennes 1 jeudi midi 23/02. Marché des lices samedi 25 au matin 10h à 13h. 

Saint Malo (35) : Rassemblement sur le Parvis de la gare à 17h30 le vendredi 24 février

Tours (37) : Rassemblement le 24 février à partir de 16h devant l’Hôtel de Ville, Place Jean Jaurès

Grenoble (38) : Rassemblement rue Félix Poulat (face à l’Eglise St Louis) le samedi 25 février à 14h30

Saint-Etienne (42) : « Piquet de Paix » symbolique aux torches autour de la statue de Jean Jaurès vendredi 24 février de 18h à 19h – Comité-Loire du Mouvement de la paix

Nantes (44) : Rassemblement le samedi 25 février 2023 à 16h, rue de la paix sur la place devant Decré

Angers (49) : Rassemblement vendredi 24 fevrier à 18h devant la préfecture Place Michel Debré, pour dépôt d’une motion

Cherbourg (50) : Rassemblement vendredi 24 février 2023 Place du théâtre à 18h à l’appel de la CGT, FSU, CNT, Mouvement de la Paix, PCF, GENERATION.S, France Insoumise

Lorient (56) : Vendredi 24 février à 17h30, place Aristide Briand, Rassemblement suivi d’une Marche de la Paix à l’appel de : Mouvement de la Paix, Association France Palestine Solidarité, ATTAC, UD CGT 56, FSU 56, CFDT 56, PCF 56, PS Lorient

Nevers (58) : Rassemblement vendredi 24 février à 17h30 devant la Préfecture. A l’initiative du Comité de la Nièvre

Vaulx-en-velin (69) : Rassemblement vendredi 24 à 18h30 au jardin de la Paix et des Libertés, rue Condorcet

Paris (75) : Rassemblement samedi 25 février à 15h Place Edmond Michelet (juste à côté du Centre Pompidou et non loin du Forum des Halles)

Le Havre (76) : Rassemblement samedi 25 février à 14h30 devant le Volcan – Rue de Paris, à l’initiative du collectif Urgence Ukraine Le Havre auquel participe la section havraise du Mouvement de la Paix

Avignon (84) : Rassemblement devant la mairie le 24 février à 18h00 et débat “Osons la Paix” le 2 mars 2023 à 18h30 au Centre culturel des cheminots. Comité Vaucluse du Mouvement de la paix

Epinal (88) : Manifestation à l’appel du Mouvement de la Paix et des organisations membres du collectif “En marche pour la Paix”, vendredi 24 février, 18h devant la préfecture des Vosges

Nanterre (92) : Rassemblement vendredi 24 février à 16h en bas des escaliers de la Grande Arche de la Défense et à 17h, rassemblement devant la Préfecture des Hauts de Seine pour remise d’un courrier au Préfet

Saint-Denis (93) : Rassemblement vendredi 24 février à partir de 18h devant la mairie

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Discours de Vladimir Poutine le 21 février 2023

Pour que rien ne change, tout doit changer.

Le discours du président russe Vladimir Poutine au matin du 21 février 2023 était particulièrement attendu en Russie. Il était annoncé 24 heures avant, par un décompte, sur la chaîne Rossia 24 ; y allait-il avoir une décision majeure, alors que « l’opération spéciale » est en passe d’atteindre sa première année ?

Vladimir Poutine a en fait tenu devant l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie des propos en accord avec l’esprit et le caractère social de cette institution. C’est une sorte de mélange du parlement et du sénat, en mode virtuel toutefois car il ne se réunit vraiment que pour l’allocution du président.

Son discours, d’un peu moins de deux heures, était divisé en deux parties. Dans la première, qui a duré à peu près pour un petit tiers, Vladimir Poutine a tenu un discours particulièrement volontaire et exigeant. Profitant des discours occidentaux désormais ultra-agressifs, il a mis en avant que depuis 2014, la Russie a été trompée afin d’être mieux poignardée :

« Les accords de Minsk étaient un vaste bluff de l’Occident. »

Il a souligné que le régime ukrainien était entièrement aux mains des pays occidentaux et que l’objectif assumé était de détruire la Russie.

« Les élites de l’Occident ne cachent pas leur objectif: infliger une défaite stratégique à la Russie, c’est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toute. »

Partant de là, plus les pays occidentaux fournissent des armes au régime ukrainien, plus la Russie sera obligée de repousser la menace.

Vladimir Poutine n’a pas parlé d’une nouvelle mobilisation ou d’un changement de statut de « l’opération spéciale ». C’est une manière de souligner qu’il a encore cette carte en main.

Il a d’ailleurs évidemment dénoncé les pays occidentaux comme ayant des intérêts opposés à ceux de la majorité des gens dans le monde. Il a rappelé que les Etats-Unis ont des bases partout sur la planète, qu’ils n’ont cessé de mener des guerres, etc.

Forcément, il est donc nécessaire de prolonger l’opération spéciale afin de briser le régime ukrainien et sa base idéologique nazie :

« Pour assurer la sécurité de notre pays, pour éliminer les menaces venues d’un régime néonazi existant en Ukraine depuis le coup d’Etat de 2014, il a été décidé de mener une opération militaire spéciale. Et nous allons régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous. »

Il s’agit également de soutenir par une fondation tant les familles des soldats tués que les vétérans. Personne ne doit être mis de côté. Il a bien entendu, à la fin de cette partie, salué les régions désormais russes de Louhansk, Donetzk, Zaporijjia, Kherson, sous les longs applaudissements du public (consistant, rappelons-le, en les élus).

En soi, il n’y a rien de nouveau, mais cela brise totalement la position de ceux qui, en Europe occidentale, espéraient qu’on passe dans le processus où les deux combattants étaient épuisés, sans pouvoir vaincre l’autre, et passent aux négociations. On parle ici notamment d’une partie de la bourgeoisie française, très minoritaire politiquement mais existant tout de même socialement.

L’heure n’est pas à la négociation et le conflit durera encore de longs mois. Pour la Russie, seule la victoire compte, de manière existentielle.

La superpuissance américaine a immédiatement réagi, avant même la fin du discours. Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a expliqué (sans rire malgré le caractère ridicule du propos) :

« Personne n’attaque la Russie. Il y a une sorte d’absurdité dans l’idée que la Russie était sous une forme de menace militaire de la part de l’Ukraine ou de quiconque d’autre. »

La seconde partie n’avait rien à voir. Le ton de Vladimir Poutine était particulièrement posé, sérieux, sans affect, et que certains désigneraient comme ennuyeux. C’était le traditionnel discours gestionnaire d’un chef d’État d’un Etat traditionnel.

Vladimir Poutine a parlé de l’économie, qui était stable. Le PIB n’a reculé que de 2,5 %, l’inflation est à 4 %, le chômage à 3,7 %. Il y avait même un développement notable dans le bâtiment et l’agriculture. Il a dressé le portrait des aspects macro-économiques, des développements des infrastructures, abordant même succinctement la situation des autoroutes, des chemins de fer, etc.

La principale mesure présentée par Vladimir Poutine a consisté en le soutien aux investissements financiers dans le pays, qui devaient disposer de solides assurances afin de les permettre. La liberté d’entreprendre est fondamentale, il faut une croissance propre au pays, afin d’affronter idéalement les sanctions occidentales.

Cela veut simplement dire que Vladimir Poutine table sur la réimpulsion du capitalisme russe, particulièrement bureaucratique et oligarchique, en considérant que la situation davantage autarcique laisse un espace pour un développement du capitalisme local, à petite échelle mais se généralisant. Cette sorte de révolution capitaliste qu’il espère de ses vœux, peut d’autant plus réussir si elle ne se tourne pas vers l’occident.

Comme il fallait toutefois donner un caractère « populaire » au propos, Vladimir Poutine a dénoncé les nouveaux riches issus des années 1990, ceux qui ont investi à l’Ouest en oubliant la Russie. Cela ne sert à rien de chercher à récupérer ce qui a été confisqué, cela irait bien plus vite d’investir en Russie et de profiter du développement.

Il faut également développer l’éducation, afin de permettre aux étudiants d’avoir des carrières adaptées. C’est un aspect essentiel, car la Russie perd beaucoup de ses diplômés appâtés par les salaires occidentaux.

C’est un appel à une unité capital-travail, de manière volontariste. Tout cela correspond parfaitement à ce qui été dit ici déjà concernant cet aspect : l’opération spéciale, c’est un Brexit à la russe.

C’est la même démarche conservatrice révolutionnaire : pour que rien ne change, tout doit changer.

La Russie a considéré qu’un orage allait arriver, elle se met à l’écart. Et le discours de Vladimir Poutine, c’est le rappel de cette considération – autrement dit, de bien souligner qu’il n’y a pas de dimension « nationale-révolutionnaire », que la Russie n’est pas un facteur de chaos, qu’elle s’aligne juste sur une nouvel ordre mondial en train de s’installer.

En ce sens, le caractère tout à fait calme des propos de la seconde partie, majoritaire dans le discours tranchait, naturellement, avec les premiers propos, bien plus dramatiques.

Ce que cela implique, concrètement :

– il n’y aura pas de sortie de crise à court terme, le conflit armé continue ;

– il n’y aura pas à court terme de modification des institutions russes, de mobilisation générale, d’industrie de guerre systématique ;

– ne voulant pas apparaître facteur d’instabilité, il n’y aura pas à court de terme de fuite en avant de la part de la Russie, et donc pas de soutien massif aux « contestataires » occidentaux (cela va décevoir toute une petite scène d’extrême-Droite) ;

– la Russie considère que le temps joue en sa faveur et assume le « temps long ».

Ce qu’on en déduit forcément, c’est que pour la Russie assume cette ligne « stable » dans une situation aussi instable, c’est qu’elle s’attend à un orage à relativement court terme. On le comprend : la superpuissance chinoise va entrer en scène.

C’est l’engrenage inévitable de la bataille pour le repartage du monde.

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Joe Biden en visite à Kiev le 20 février 2023

Le président américain s’est rendu dans la colonie ukrainienne.

C’est la première fois qu’un président américain se rend dans un pays en guerre sans qu’il n’y ait de troupes américaines dans le pays. Cela en dit long sur le statut de l’Ukraine du point de vue américain. L’Ukraine est pratiquement une annexe américaine, une colonie, et pas seulement un pays vassal, aligné.

Les États-Unis y sont chez eux, donnent le la, et viennent en terrain conquis, quoique de manière rocambolesque avec un train présidentiel partie de la Pologne dix heures plus tôt, ainsi que bien sûr un coup de fil à la Russie pour assurer le coup sur le plan de la sécurité.

Ce qui est marquant surtout, c’est de voire à quel point le régime ukrainien s’écrase totalement avec la visite du maître américain. Le propos de Zelensky pour qualifier la visite du chef de la superpuissance américaine est une honte absolue pour l’Ukraine.

Il s’agirait de la visite :

« la plus importante de toute l’Histoire de l’Ukraine ».

Rien que cela ! Comme si la visite d’un banal président américain, pour appuyer une guerre dévastatrice face à la nation sœur qu’est la Russie, avait une quelconques valeur historique pour la nation ukrainienne.

La seule explication rationnelle, c’est de considérer que l’Ukraine n’est rien d’autre qu’un jouet de l’occident, et qu’elle devrait être honorée au plus haut point de recevoir cette visite du dirigeant de la puissance cheffe de l’occident.

Il aurait été discuté lors de cette visite de comment gagner la guerre cette année, alors que le président américain a annoncé un nouveau soutien d’un demi-milliards de dollars d’aide. Un communiqué de la Maison Blanche parle également de la livraison d’autres équipements essentiels, notamment de munitions d’artillerie, de systèmes antiblindage et de radars de surveillance aérienne.

Il a été redit le soutien « indéfectible » à l’Ukraine par les États-Unis, qui dirige l’occident. Le ton martial de Joe Biden en dit très long sur ce qui attend le monde dans les mois, voire les semaines à venir.

« Poutine a cru que l’Ukraine était faible, et l’Occident divisé, il a juste tout faux. »

La superpuissance américaine va se battre contre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien !

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Guerre

Emmanuel Macron à Munich: contre la Russie

En service commandé pour l’Otan.

Le président Emmanuel Macron s’est rendu vendredi 17 février 2023 à la Conférence de Munich sur la sécurité avec un discours guerrier assumé, mais tout le monde s’en fiche. L’engagement militaire de la France vers la guerre mondiale est en fait inversement proportionnel au déni des Français à ce sujet.

Emmanuel Macron n’y est pourtant pas allé de main morte. Il a fait l’inventaire, dont il s’est vanté, de toute l’aide militaire fournie à l’Ukraine. Une aide à « forte valeur ajoutée » a-t-il précisé, évoquant « l’artillerie, la défense anti-aérienne en particulier, avec aussi un programme de formation pour des milliers de soldats ». Il n’a toutefois pas abordé les livraisons secrètes d’AKERON à l’Ukraine.

Et il a clairement réaffirmé que :

« Nous sommes prêts à intensifier notre soutien à l’Ukraine et nous sommes prêts à un conflit prolongé. »

L’engagement militaire de la France contre la Russie est de facto pleinement assumé, malgré les propos mensongers du Président à la presse dans l’avion au retour de Munich :

« Je veux la défaite de la Russie en Ukraine et je veux que l’Ukraine puisse défendre sa position, mais je suis convaincu qu’à la fin ça ne se conclura pas militairement.

Je ne pense pas, comme certains, qu’il faut défaire la Russie totalement, l’attaquer sur son sol. Ces observateurs veulent avant tout écraser la Russie. Cela n’a jamais été la position de la France et cela ne le sera jamais. »

C’est mensonger, comme si la France pouvait soutenir militairement le régime ukrainien, et en même temps ne pas être braquée contre la Russie. Ce genre de propos est uniquement destiné à une opinion publique s’assumant stupide, qui ne veut pas croire en la guerre, qui s’accommode très bien des prétentions pacifistes de l’Otan, car au fond il est surtout espéré que le mode de vie consommateur soit préservé.

Et si c’est la Russie qui doit payer pour cela, alors tant mieux, pensent-ils ! Les gens assumeront d’ailleurs bientôt la guerre. La présence d’Emmanuel Macron à la Conférence de Munich sur la sécurité allait directement dans ce sens d’une avancée inexorable à la guerre assumée et soutenue par la population occidentale.

Il faut donc, a souligné Emmanuel Macron, « réinvestir massivement » dans la défense européenne. Cela passerait évidemment par le nucléaire français. Il a été en ce sens question à Munich d’organiser prochainement à Paris une « conférence sur la défense aérienne de l’Europe ». Il doit ouvertement y être question de la dissuasion nucléaire.

Près d’un après le début de la guerre, la France s’aligne ainsi parfaitement sur les intérêts américains en soutenant la colonie américaine qu’est devenue l’Ukraine, contre la Russie.

En apparence, la diplomatie française est présentée comme constructive. C’est cependant uniquement fait pour sauver les apparences. La France est un simple rouage dans la mécanique militaire américaine.

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Guerre

La France a livré secrètement des Akeron à l’Ukraine

La France fait la guerre à la Russie.

Jean-Louis Thiériot est le vice-président de la commission de Défense Nationale. Il a accordé une interview à une Newsletter (payante) consacrée à la Défense, Opexnews. Il y explique que la France a livré à l’armée ukrainienne des systèmes de missiles anti-chars AKERON MP (Moyenne Portée).

C’est la première fois qu’une telle information est rendue publique. Ce sont naturellement des médias étrangers qui s’en sont fait l’écho, les médias français, inféodés à la superpuissance américaine, ne diffusant que ce qui sert directement le storytelling anti-Russie.

Les systèmes AKERON MP fonctionnent grosso modo comme les systèmes anti-chars portatifs. On dispose d’une sorte de tube muni d’un groupe informatique avec caméra, de 15 kilos au total, on verrouille la cible sur une distance allant jusqu’à 4 kilomètres, et on tire.

Un missile de 2 kilos rejoint alors la cible, en étant capable de percer 2 mètres de béton armé ou plus d’un mètre de blindage homogène laminé.

GuillaumeFrantz, wikipedia

Ce matériel n’a que quelques années ; l’armée française en dispose d’une quantité assez réduite : 414 postes de tir et 1200 missiles. Naturellement, il n’existe aucun chiffre concernant ce qui a été offert à l’armée ukrainienne. Mais le chiffre est certainement conséquent, car ce « produit » de MBDA est « valorisé » pour l’exportation en étant employé, et cet emploi est également directement analysé « en pratique » par l’armée française.

Et de toutes façons l’Ukraine sert de chair à canon dans la guerre à la Russie. C’est l’aspect principal. La livraison d’un tel matériel le montre d’ailleurs parfaitement, et le caractère secret de ce « don » montre qui dirige vraiment en France.

La révélation de ce don ne doit évidemment rien au hasard non plus. En fournissant l’information à des gens spécialisés dans la Défense, on s’adresse avant tout à eux. Et, dans un jeu typiquement français où on procède par la bande, comme au billard français, on travaille l’opinion publique, lentement mais sûrement.

Il s’agit également d’en arriver au point de non-retour. Jusqu’au moment où on sera tellement engagé avec l’Ukraine… qu’il faudra bien y aller.

Ce piège belliciste n’a rien de subtil, mais il fonctionne très bien dans une société de consommation où les gens n’ont aucun horizon à part leur propre ego.

C’est à la Gauche, sur ses valeurs historiques, de s’y confronter. Sabotons la guerre américaine contre la Russie !

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Guerre

Ukraine : la guerre des drones

Les drones forment un élément déterminant.

Ce drone aux contours inquiétants transporte deux roquettes anti-chars PG-7VL, de 2,6 kilos chacun qui percent 1,2 mètres de béton armé, 0,5 mètre de blindage homogène. Ces roquettes sont surtout connues pour être utilisés avec le RPG-7, un lance-grenade produit en URSS au début des années 1960.

Il est évident que l’emploi d’un tel drone transforme le champ de bataille. La guerre de la première moitié du 21e siècle ne se conçoit tout simplement plus sans drone. Voici une tentative de présentation de cette nouvelle réalité, avec un numéro hors-série de la revue PDF Crise qui lui est consacrée.

crise-h-s-fevrier-2023

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Culture

Ilya Répine serait maintenant ukrainien!

C’est « l’effacement » de la Russie.

Le régime ukrainien ne fait pas que détruire les monuments à Pouchkine et dénoncer Dostoïevski comme l’expression d’une âme russe damnée, monstrueuse, criminelle. Il ne cesse également de réécrire l’Histoire pour s’approprier certains artistes.

Le peintre Kazimir Malévitch est ainsi par exemple considéré comme ukrainien, ce qui est bien ridicule, et on a désormais droit au comble de l’absurde : le peintre Ilya Répine serait ukrainien.

Ilya Répine, Procession religieuse dans la province de Koursk, 1883

Rien qu’avec cette information, l’opinion publique russe serait directement favorable à une intervention militaire. Parce que là, on touche tout de même au cœur même de la culture russe.

Pour preuve, du 5 octobre 2021 au 23 janvier 2022, il y a eu à Paris une rétrospective sur ce peintre. Cette exposition au Petit Palais avait été dénommée… « Ilya Répine ( 1844-1930), Peindre l’âme russe ».

Il est bien parlé de l’âme russe, pas de l’âme ukrainienne. L’exposition a été un grand succès d’ailleurs, avec 100 000 visiteurs, qui ont sans doute été étonnés de découvrir ce peintre de la plus haute qualité.

C’est que les « ambulants », ces fabuleux peintres réalistes russes de la fin du 19e siècle, sont malheureusement inconnus chez nous. Ils forment par ailleurs le noyau historique, avec la littérature russe de la même époque, du style artistique « réaliste socialiste » de l’URSS.

On parle ici d’artistes d’orientation démocratique, d’où le fameux tableau d’Ilya Répine sur les Cosaques, présentés de manière romantique comme épris de liberté. Les nationalistes ukrainiens aimeraient bien récupérer le peintre et donc ce tableau pour en faire un outil de leur idéologie mortifère, ethnique-patriarcale.

Ilya Répine, Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie, 1891

Comme il se doit, c’est la superpuissance américaine qui est en première ligne pour épauler la réécriture du régime ukrainien. C’est ainsi le Metropolitan Museum of Art de New York qui a, à la mi-février 2023, décidé de faire d’Ilya Répine un « Ukrainien ».

La raison est qu’il serait né dans ce qui est l’Ukraine actuelle et que son père était cosaque. Ce qui est un raccourci complet et on pourrait très bien inverser la proposition et dire que par conséquent, la zone concernée est russe.

Si on commence en effet comme ça, on nie les mélanges, les synthèses et on bascule dans le nihilisme nationaliste. Qu’on pense au drame yougoslave !

Sur sa lancée, le « Met » a transformé le peintre russe d’origine arménienne Ivan Aïvazovski en Ukrainien. On parle ici d’un peintre, par ailleurs d’une très grande renommée, qui est enterré dans le jardin d’une église arménienne et a été peintre de l’état-major de la Marine russe !

Mais comme il est né en Crimée, et que la Crimée est censée être ukrainienne, alors il est ukrainien ! Sidérant !

Ivan Aïvazovski, La neuvième vague, 1850
Ivan Aïvazovski, La Création ou Le Chaos, 1841

Il a été fait pareil avec Arkhip Kouïndji. Comme il est né à Marioupol, et que Marioupol est censé être l’Ukraine, alors il est ukrainien, même si sa famille relève des Grecs de la région !

Tout cela est un raccourci ignoble, qui fait fi des mélanges, des synthèses propres à cette partie du monde. Parce que justement, si l’on prend les peintures d’Arkhip Kouïndji, lui-même dans la perspective des Ambulants… on retrouve l’Ukraine.

Les peintures de ce non-ukrainien sont indéniablement, résolument, absolument d’esprit national ukrainien…

Arkhip Kouïndji, Nuit ukrainienne, 1876

On y retrouve ce côté lancinant, cette profondeur de champ s’étalant dans une candeur qui se permet de traîner son regard comme un vague à l’âme. C’est russe, et en même temps pas du tout, car cela se répand bien trop dans la complaisance sentimentale pour le moment, il n’y a pas cette inquiétude russe qui recherche des « pointes »…

Arkhip Kouïndji, Le Dniepr le matin, 1881

Si l’on veut, les Finlandais ont trop regardé les lacs, les Ukrainiens ont trop regardé les steppes et les champs, les Russes ont trop regardé les forêts.

Arkhip Kouïndji, Soir en Ukraine, 1878

Faisons une comparaison pour cerner la différence. Voici un tableau d’Ilya Répine, Tolstoï dans un champ de labour, de 1887. Il faut regarder le côté incisif, l’intensité, la pointe.

Maintenant regardons Arkhip Kouïndji, Le chemin des tchoumaks à Marioupol, de 1875. Il n’y a pas ce côté incisif russe. C’est ukrainien. C’est très proche, mais il y a une nuance, une différence.

Les Russes et les Ukrainiens expriment l’âme, mais les Russes font ressortir une pointe, que les Ukrainiens préfèrent gommer. Ou, si l’on veut, les Russes parlent beaucoup mais ne disent rien (qui relève de l’âme, intime), les Ukrainiens ne disent rien mais parlent beaucoup (ils disent indirectement).

Mais il va de soi qu’il ne faut pas attendre des nationalistes ukrainiens, ces barbares, la moindre réflexion esthétique sur la peinture ukrainienne. Ces monstres sont dans la destruction.

Car Arkhip Kouïndji peut ne pas être ukrainien et contribuer ou relever de la peinture ukrainienne. Les choses sont compliquées… l’humanité se mélange… et c’est très bien ainsi.

Le nationalisme est unilatéral et simplificateur, il empêche de saisir les synthèses historiques. Ce n’est tout de même pas pour rien que les Russes et les Ukrainiens soient si proches, tout comme les Allemands et les Autrichiens, les Indiens et les Pakistanais, etc.

Dans mille ans, il n’y aura plus de nations, plus de « couleurs de peau », on sera tous mélangé, dans une grande synthèse mondiale qui d’ailleurs continuera de manière ininterrompue.

La réécriture de l’Histoire procédant à des séparations, à l’individualisation, est une expression à la fois de la décadence de la bourgeoisie, de la décomposition des valeurs, du redécoupage du monde entre puissances.

Il faut la combattre.

Il est évident que toutes ces redéfinitions de peintres obéissent à l’objectif impérialiste de destruction de la Russie, de son futur découpage en mini-États vassalisés. C’est un processus à la fois insidieux et ouvert. La National Gallery de Londres avait déjà en avril 2022 renommé un tableau du peintre Edgar Degas, les « danseuses russes » devenant ukrainiennes.

On notera par ailleurs que la Tate Gallery de Londres considère Ilya Répine comme un peintre russe né ukrainien.

Tout cela est de la fiction. Et c’était la force de l’URSS jusqu’aux années 1950 de réfuter ce type de fiction, permettant l’unité populaire, que ce soit pour l’Ukraine et la Russie ou dans le Caucase.

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Culture

Protégeons Dostoïevski et l’âme russe des bandéristes!

Sauvons les des barbares !

Illustration du conte Vassilissa-la-très-belle par Ivan Bilibine au début du 20e siècle

Le régime ukrainien est totalement fanatique et son obsession nationaliste, qui suit l’idéologie de Stepan Bandera, sert directement les intérêts occidentaux, dans la mesure où la Russie est dévalorisée, dénoncée, condamnée.

Le grand symbole de cette condamnation, c’est Fiodor Dostoïevski (1821-1881). Car si le régime ukrainien démolit la statue de Catherine de Russie à Odessa, s’il détruit tous les monuments à Alexandre Pouchkine, s’il détruit par millions des ouvrages en russe ou considérés comme pro-russe, il a surtout fait de cet auteur le symbole du mal absolu.

Pourquoi cet immense auteur de la seconde moitié du 19e siècle est-il la cible principale ? Fiodor Dostoïevski est très connu en France ; il est l’auteur de romans marquants : Les frères Karamazov, L’idiot, Le joueur, les démons et bien entendu Crime et châtiment.

Et c’est pour cet ouvrage, considéré en France comme un immense classique, que Dostoïevski est dénoncé, condamné.

On y trouverait de manière exemplaire ce qui fait l’âme russe : un esprit tourmenté par l’absolu, à la fois idiot et obsessionnel, tourné naturellement vers le crime.

Cette âme russe serait non européenne et devrait pour cette raison être anéantie. Les Russes seraient des monstres. C’est le discours officiel du régime ukrainien.

Ces considérations fascistes sont parfaitement résumées dans un ignoble article du site ultra anti-russe desk-russie.eu.

« En ce qui concerne la réaction du peuple russe face à la guerre, une composante de la mentalité russe que les non-Russes peuvent avoir du mal à saisir est la valeur remarquablement faible accordée à la vie humaine, et ce de manière stable au cours de l’histoire, bien que cette histoire ait été violente et traumatisante depuis plusieurs siècles.

Cela va à l’encontre de la célèbre image de la « larme d’enfant » de Dostoïevski, souvent invoquée mais jamais appliquée dans la vie réelle, par laquelle Ivan Karamazov médite sur l’essence de la compassion [comme quoi si Dieu existait il ne tolérerait pas la souffrance des enfants].

On constate dans la société russe l’absence fondamentale d’un niveau normal de solidarité entre les hommes et d’instinct de survie, deux choses que les Occidentaux éclairés considèrent si facilement comme allant de soi. »

Ces propos sont fascistes et totalement typiques. Ils appellent à la destruction de la Russie, qui fabriquerait des Russes inhumains. Et on remarque comment Dostoïevski est visé, systématiquement, comme grand symbole de cette « âme russe » satanique.

L’important site américain Big Think fait de Dostoïevski le grand inspirateur du conflit armé Russie-Ukraine. Le site Ukrainer.net présente pareillement Dostoïesvki comme « la raison de la guerre ».

L’important site britannique Times Literary Supplement a publié un appel qui a obtenu un certain écho : écrit par la romancière ukrainienne Oksana Zabuzhko, elle dénonce la Russie et évidemment surtout Dostoïevsky.

Elle affirme que l’écrivain Milan Kundera avait eu raison de rejeter la littérature russe de la littérature européenne ainsi que de rejeter Dostoïevski pour son « culte des émotions et son dédain complet de la rationalité ». Elle explique que l’intervention de la Russie contre l’Ukraine doit beaucoup au « Dostoïevskisme » (qui serait « l’explosion d’un mal pur, condensé »).

Le philosophe très à la mode Slavoj Zizek voit les choses de la même manière : Dostoïevski est surestimé comme écrivain, la menace qu’il présente est sous-estimée et il faudrait dénazifier la Russie.

L’important magazine américain Foreign Policy, qui traite des affaires étrangères et a été fondé par Samuel Huntingdon, auteur du livre « Le choc des civilisations », parle d’une logique impériale dans l’ensemble de la littérature russe, avec évidemment Dostoïevski.

Lorsque le pape, en août 2022, a valorisé Dostoïevski, en raison de la dimension existentielle soulignée dans ses romans, l’ambassadeur ukrainien au Vatican Andrii Yurash l’a immédiatement dénoncé. Car selon lui, la Russie est criminelle avec ses bombes, non pas malgré Dostoïevski, mais en raison de Dostoïevski !

Tetyana Ogarkova et Volodymyr Yermolenko, deux figures de la propagande intellectualo-médiatique ukrainienne, expliquent tranquillement au très important site littéraire Lit Hub que Crime et châtiment, ce serait l’apologie du crime et l’absence de sentiment, ce qui serait totalement russe!

Le site officiel de l’Ukraine présente Dostoïevski comme un inspirateur du « rashisme » (le « racisme russe exterminateur », un concept fantasmagorique du nationalisme ukrainien).

La rue Dostoïevski à Kiev a été renommé rue… Andy Warhol.

La professeur de littérature russe à l’université du Kansas aux États-Unis, Ani Kokobobo, appelle à lire Dostoïevski de manière « critique », reflétant les exigences d’une « lecture post-coloniale » de la Russie qu’elle appelle de tous ses voeux.

La société nord-américaine Dostoïevski, regroupant les chercheurs s’intéressant à cet auteur, le dénonce directement :

« Ce regroupement de nationalisme et d’impérialisme théorisé par Dostoïevski, en particulier dans son journalisme, est profondément impliqué dans l’invasion actuelle et sa base idéologique. »

Quel bourrage de crâne ! Quelle volonté d’effacer la Russie pour satisfaire le repartage du monde du point de vue occidental ! Quelle haine propagandiste contre l’âme russe !

Quel autre réponse possible que d’aller lire et relire Crime et châtiment ?