Catégories
Refus de l’hégémonie

Appel médical international à bannir l’arme nucléaire

Depuis l’émergence de la crise en 2020, l’humanité est dans un état de sidération. Les esprits conscients s’atterrent, par contre, et cet appel de début août 2023 en est un exemple. Il est signé par les principales revues médicales mondiales et exige l’abandon des armes nucléaires.

Les signataires sont :

Acta Obstetricia et Gynecologica Scandinavica
Acta Paediatrica
African Health Sciences
African Journal for Physical Activity and Health Sciences
African Journal of Clinical and Experimental Microbiology
African Journal of Current Medical Research
African Journal of Gastroenterology and Hepatology
African Journal of Primary Health Care & Family Medicine
African Journal of Reproductive Health
Afro-Egyptian Journal of Infectious and Endemic diseases
Allergy
AlQalam Journal of Medical and Applied Sciences
American Journal of Psychiatry
Anatomy Journal of Africa
Annales Africaines de Medecine
Arabian Journal of Scientific Research
Bayero Journal of Medical Laboratory Science
Biomolecules & Biomedicine
BJU International
BMC Pregnancy and Childbirth
BMJ
Complementary Therapies in Medicine
Croatian Medical Journal
Current Medical Research & Opinion
Cytopathology
Diseases of the Colon & Rectum
Dutch Journal of Medicine
East African Medical Journal
ESC Heart Failure
Ethiopian Journal of Health Sciences
European Journal of Heart Failure
Farm Animal Health and Nutrition
Ghana Medical Journal
Haematological Oncology
Indian Journal of Medical Ethics
International Journal of Gynecology & Obstetrics
International Journal of Health Policy and Management
International Journal of Medical Students
International Nursing Review
JAMA
JAMA Cardiology
JAMA Dermatology
JAMA Health Forum
JAMA Internal Medicine
JAMA Network Open
JAMA Neurology
JAMA Oncology
JAMA Ophthalmology
JAMA Pediatrics
JAMA Psychiatry
JAMA Surgery
Jos Journal of Medicine
Journal de la Faculté de Médecine d’Oran
Journal of Applied Pharmaceutical Science
Journal of Contemporary Language Research
Journal of Exploratory Research in Pharmacology
Journal of Internal Medicine
Journal of Lab Animal Research
Journal of Medical Imaging and Radiation Sciences
Journal of Neurosciences in Rural Practice
Journal of Pathology
Journal of Pathology: Clinical Research
Journal of Pediatric Endocrinology and Diabetes
Journal of Phytomedicine and Therapeutics
Journal of Postgraduate Medical Institute
Journal of Public Health Policy
Journal of Radiography and Radiation Sciences
Journal of Surgical Sciences
Journal of the Norwegian Medical Association
Journal of the Royal Society of Medicine (JRSM)
Journal of Veterinary Physiology and Pathology
Journal of World’s Poultry Science
Journal of World’s Poultry Research (JWPR)
Khyber Medical University Journal
Malawi Medical Joural
Maternal and Child Nutrition
Medical Journal of Australia
Medical Journal of Indonesia
Medscape
Medwave
Microbes and Infectious Diseases
National Medical Journal of India
New England Journal of Medicine
Nigerian Hospital Practice
Nigerian Journal of Medical and Dental Education
Online Journal of Animal and Feed Research
Open Access Macedonian Journal of Medical Sciences
Orapuh Journal
Paediatric and Perinatal Epidemiology
Pakistan Journal of Medical Sciences
Philippine Journal of Otolaryngology Head and Neck Surgery
Reproductive, Female and Child Health
Research in Biotechnology and Environmental Science
Revista Cirujano General
Revista de Saúde Pública
Revista Medica Hondureña
Romanian Journal of Clinical Research
RUHS Journal of Health Sciences
Small Animal Advances
Sokoto Journal of Medical Laboratory Science
Sokoto Journal of Veterinary Sciences
The Cerebellum
The Lancet
Tunisie Medicale
VOICE
West African Journal of Medicine
World’s Veterinary Journal (WVJ) 

Encore une fois, la France brille par son absence dans l’engagement. Il n’y a pourtant pas de différences entre les médecins dans les pays occidentaux (dans les pays du tiers-monde, la situation est différente). Pourquoi des médecins, forcément aisés, des États-Unis s’engagent en ce domaine, et pas des médecins français, au même mode de vie ?

On sent tout le poids idéologique de la dissuasion nucléaire française, le nationalisme sous-jacent : la France devrait être une « puissance à part ».

Voici le texte de l’appel. Pour une compréhension de ce que représente l’horreur de la guerre nucléaire et ses conséquences, les films suivants sont incontournables : Le jour d’après, Threads, Le dernier rivage, Gen d’Hiroshima. Les deux premiers ont marqué l’Histoire et il faut les voir avec prudence de par leur immense charge émotionnelle.

Réduire les risques de guerre nucléaire

Le rôle des professionnels de santé

En janvier 2023, le comité scientifique et de sécurité du Bulletin of the Atomic Scientists a avancé les aiguilles de l’horloge apocalyptique à 90 secondes avant minuit, reflétant le risque croissant de guerre nucléaire (1).

En août 2022, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres , a averti que le monde se trouvait désormais dans « une période de danger nucléaire sans précédent depuis le plus fort de la guerre froide » (2).

Le danger a été souligné par les tensions croissantes entre de nombreux États dotés d’armes nucléaires (1) (3).

En tant que rédacteurs en chef de revues médicales et de santé du monde entier, nous appelons les professionnels de la santé à alerter le public et nos dirigeants sur ce danger majeur pour la santé publique et les systèmes vitaux essentiels de la planète et exhortons à agir pour l’empêcher.

Les efforts actuels de contrôle des armements nucléaires et de non-prolifération sont insuffisants pour protéger la population mondiale contre la menace d’une guerre nucléaire par choix, erreur ou erreur de calcul.

Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) engage chacune des 190 nations participantes « à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur une traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace. » (4).

Les progrès ont été d’une lenteur décevante et la dernière conférence d’examen des traités en 2022 s’est terminée sans déclaration commune (5).

Il existe de nombreux exemples de quasi-catastrophes qui ont montré les risques de dépendre de la dissuasion nucléaire pour un avenir indéfini (6).

La modernisation des arsenaux nucléaires pourrait augmenter les risques – par exemple, les missiles hypersoniques réduisent le temps disponible pour faire la distinction entre une attaque et une fausse alerte, augmentant ainsi la probabilité d’une escalade rapide.

Toute utilisation d’armes nucléaires serait catastrophique pour l’humanité. Même une guerre nucléaire « limitée » impliquant seulement 250 des 13 000 armes nucléaires dans le monde pourrait tuer 120 millions de personnes sur le coup et provoquer une perturbation climatique mondiale conduisant à une famine nucléaire, mettant en danger deux milliards de personnes (7) (8).

Une guerre nucléaire à grande échelle entre les États-Unis et la Russie pourrait tuer 200 millions de personnes ou plus à court terme et potentiellement provoquer un « hiver nucléaire » mondial qui pourrait tuer 5 à 6 milliards de personnes, menaçant la survie de l’humanité (7) (8).

Une fois une arme nucléaire déclenchée, l’escalade vers une guerre nucléaire totale pourrait se produire rapidement. La prévention de toute utilisation d’armes nucléaires est donc une priorité urgente de santé publique et des mesures fondamentales doivent également être prises pour s’attaquer à la cause profonde du problème, en abolissant les armes nucléaires.

La communauté de la santé a joué un rôle crucial dans les efforts visant à réduire le risque de guerre nucléaire et doit continuer à le faire à l’avenir (9).

Dans les années 1980, les efforts des professionnels de la santé, dirigés par l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire – International Physicians for the Prevention of Nuclear War (IPPNW), a contribué à mettre fin à la course aux armements de la guerre froide en éduquant les décideurs politiques et le public des deux côtés du rideau de fer sur les conséquences médicales de la guerre nucléaire.

Cela a été reconnu lorsque le prix Nobel de la paix de 1985 a été décerné à l’IPPNW (10).

En 2007, l’IPPNW a lancé la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires, qui est devenue une campagne mondiale de la société civile avec des centaines d’organisations partenaires.

Une voie vers l’abolition nucléaire a été ouverte avec l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en 2017, pour lequel la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires a reçu le prix Nobel de la paix 2017.

Les organisations médicales internationales, dont le Comité international de la Croix-Rouge, l’IPPNW, l’Association médicale mondiale, la Fédération mondiale des associations de santé publique et le Conseil international des infirmières ont joué un rôle clé dans le processus qui a conduit aux négociations et dans les négociations elles-mêmes, présentant les preuves scientifiques des conséquences sanitaires et environnementales catastrophiques des armes nucléaires et de la guerre nucléaire.

Ils ont poursuivi cette importante collaboration lors de la première réunion des parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui compte actuellement 92 signataires, dont 68 États membres (11).

Nous appelons maintenant les associations professionnelles de la santé à informer leurs membres dans le monde entier de la menace pour la survie humaine et à se joindre à l’IPPNW pour soutenir les efforts visant à réduire les risques à court terme de guerre nucléaire, y compris trois mesures immédiates de la part des États dotés d’armes nucléaires et de leurs alliés :

premièrement, adopter une politique de non-utilisation en premier (12) ;

deuxièmement, retirer leurs armes nucléaires de l’alerte de lancement rapide ;

et, troisièmement, exhorter tous les États impliqués dans les conflits actuels à s’engager publiquement et sans équivoque à ne pas utiliser d’armes nucléaires dans ces conflits.

Nous leur demandons en outre d’œuvrer à la fin définitive de la menace nucléaire en soutenant l’ouverture urgente de négociations entre les États dotés d’armes nucléaires en vue d’un accord vérifiable et assorti de délais pour éliminer leurs armes nucléaires conformément aux engagements pris dans le traité de non-prolifération, en ouvrant la moyen pour toutes les nations d’adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Le danger est grand et croissant. Les États dotés d’armes nucléaires doivent éliminer leurs arsenaux nucléaires avant de nous éliminer.

La communauté de la santé a joué un rôle décisif pendant la guerre froide et plus récemment dans l’élaboration du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Nous devons relever ce défi de nouveau comme une priorité urgente, en travaillant avec une énergie renouvelée pour réduire les risques de guerre nucléaire et pour éliminer les armes nucléaires.

Références

1. 
   Science and Security Board. A time of unprecedented danger: it is 90 seconds to midnight. 2023 Doomsday Clock Statement. Bull Atomic Scientists 2023 Jan 24. https://thebulletin.org/doomsday-clock/current-time/
2. 
   UN. Future generations counting on our commitment to step back from abyss, lift cloud of nuclear annihilation for good, secretary-general tells review conference. Press release, 1 Aug 2022. https://press.un.org/en/2022/sgsm21394.doc.htm
3. 
    1. Tollefson J
   . Is nuclear war more likely after Russia’s suspension of the New START treaty?2023;615:386. doi:10.1038/d41586-023-00679-w pmid:36882544
   CrossRefPubMedGoogle Scholar
4. 
   UN. 2005 Review conference of the parties to the Treaty on the Non-Proliferation of Nuclear Weapons (NPT), 2–27 May, 2005. https://www.un.org/en/conf/npt/2005/npttreaty.html
5. 
   Mukhatzhanova G. 10th NPT review conference: why it was doomed and how it almost succeeded. Arms Control Association, 2022. https://www.armscontrol.org/act/2022-10/features/10th-npt-review-conference-why-doomed-almost-succeeded
6. ↵
   Lewis P, Williams H, Pelopidas B. Too close for comfort, cases of near nuclear use and options for policy. Chatham House Report, 2014. https://www.chathamhouse.org/2014/04/too-close-comfort-cases-near-nuclear-use-and-options-policy
7. 
   Bivens M. Nuclear famine. IPPNW, 2022. https://www.ippnw.org/wp-content/uploads/2022/09/ENGLISH-Nuclear-Famine-Report-Final-bleed-marks.pdf
8. 
    1. Xia L, 
    2. Robock A, 
    3. Scherrer K, 
    4. et al
   . Global food insecurity and famine from reduced crop, marine fishery and livestock production due to climate disruption from nuclear war soot injection. 2022;3:586-96. doi:10.1038/s43016-022-00573-0 pmid:37118594
   CrossRefPubMedGoogle Scholar
9. 
    1. Helfand I, 
    2. Lewis P, 
    3. Haines A
   . Reducing the risks of nuclear war to humanity. 2022;399:1097-8. doi:10.1016/S0140-6736(22)00422-6 pmid:35255264
   CrossRefPubMedGoogle Scholar
10. 
   Nobel Prize. International Physicians for the Prevention of Nuclear War—facts. 1985. https://www.nobelprize.org/prizes/peace/1985/physicians/facts/
11. 
   UN Office for Disarmament Affairs. Treaties database. Treaty on the Prohibition of Nuclear Weapons, status of the Treaty. 2023. https://treaties.unoda.org/t/tpnw
12. 
   Center for Arms Control and Non-Proliferation. No first use: frequently asked questions. 2023. https://armscontrolcenter.org/issues/no-first-use/no-first-use-frequently-asked-questions/
Catégories
Guerre

Mise à jour par l’OMS de la liste des médicaments en cas d’urgence radiologique et nucléaire

Hasard du calendrier ou pas.

L’Organisation mondiale de la Santé a mis à jour la liste des médicaments essentiels pour faire face aux situations d’urgence radiologique et nucléaire. Hasard ou pas, cela se produit dans un contexte terrible…

« L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis à jour aujourd’hui sa liste des médicaments qu’il convient de stocker pour faire face aux situations d’urgence radiologique et nucléaire, ainsi que les conseils stratégiques pour leur gestion appropriée. Ces stocks comprennent des médicaments qui préviennent ou réduisent l’exposition aux rayonnements, ou qui traitent les blessures une fois que l’exposition s’est produite.

En cas de situation d’urgence radiologique, les gens peuvent être exposés aux rayonnements à des doses allant de négligeables à potentiellement mortelles. Les gouvernements doivent rapidement mettre les traitements à la disposition de ceux qui en ont besoin », a déclaré la Dre Maria Neira, Sous-Directrice générale par intérim de l’OMS, Division Amélioration de la santé des populations.

Il est essentiel que les gouvernements soient prêts à protéger la santé des populations et à réagir immédiatement en cas de situation d’urgence. Cela nécessite de disposer de stocks prêts à l’emploi de médicaments vitaux qui réduiront les risques et permettront de traiter les blessures causées par les rayonnements. »

Points essentiels :

Cette publication remplace le rapport publié en 2007 par l’OMS sur la constitution de stocks nationaux pour faire face aux situations d’urgence radiologique. Elle comprend des informations actualisées sur les médicaments à stocker en s’appuyant sur les progrès faits par la médecine d’urgence radiologique au cours des dix dernières années.

Elle donne des conseils stratégiques pour l’acquisition de médicaments susceptibles de prévenir ou de réduire l’absorption des radionucléides ou d’accroître leur élimination dans le corps humain.

Elle examine les principaux éléments nécessaires à la constitution, au maintien et à la gestion de stocks nationaux de fournitures médicales spécifiques qui seront nécessaires en cas d’urgence radiologique et nucléaire. 

Le rapport examine le rôle joué par les autorités sanitaires nationales dans la constitution de stocks, de même que le rôle joué par l’OMS.

En tant que principale organisation internationale de santé publique dont la responsabilité est d’apporter son aide en cas d’urgence sanitaire et qui dispose de l’autorité pour le faire, l’OMS fournit des conseils et des orientations aux pays en matière de préparation et de riposte de santé publique aux situations d’urgence radiologique, y compris en ce qui concerne la constitution de stocks.

Dans les situations d’urgence sanitaire, l’OMS peut aider à l’achat de fournitures médicales ou à leur partage entre différents pays.

Ce rapport comprend un bref examen de certaines technologies et formulations de médicaments émergentes, et aborde également la réorientation potentielle de produits précédemment approuvés pour d’autres indications.

Enfin, la publication donne des exemples de pratiques pour la constitution et la gestion d’un stock national dans certains pays, à savoir l’Allemagne, l’Argentine, le Brésil, les États-Unis, la Fédération de Russie, la France, le Japon et la République de Corée.

Cette liste actualisée de médicaments essentiels sera un outil incontournable pour la préparation et la capacité de réaction de nos partenaires, qui leur permettra de déterminer les contre-mesures efficaces et de les mettre en œuvre en temps opportun, ainsi que de procéder à l’achat des produits nécessaires et de les stocker afin de protéger les personnes à risque ou exposées à ce type d’événements », a déclaré le Dr Mike Ryan, Directeur exécutif du Programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire.

En règle générale, un stock national constitué en prévision de situations d’urgences sanitaires dues à tout type de risques doit comprendre des fournitures et du matériel génériques utilisés pour tout type d’urgence, comme de l’équipement de protection individuelle (EPI), des trousses de traumatologie, des liquides, des antibiotiques et des analgésiques.

Cette publication n’évoque que des médicaments spécifiques qui sont connus et homologués à l’heure actuelle pour prévenir ou traiter la surexposition humaine aux rayonnements.Les situations d’urgence radiologique et nucléaire peuvent entraîner une exposition à des doses de rayonnement suffisamment élevées pour entraîner de graves conséquences sur la santé, voire la mort.

Il est donc extrêmement important que les gouvernements réagissent rapidement à de telles menaces. Cependant, de nombreux pays ne disposent toujours pas des éléments essentiels à la préparation aux situations d’urgence radiologique, selon les rapports annuels transmis au Secrétariat de l’OMS.

Les scénarios possibles envisagés dans cette publication comprennent les urgences radiologiques ou nucléaires dans les centrales nucléaires et les installations médicales ou de recherche, les accidents pendant le transport de matières radioactives, ainsi que les utilisations intentionnelles de matières radioactives avec une intention malveillante.

Produits pharmaceutiques devant être stockés en prévision de situations d’urgence radiologique

Cette publication se concentre sur les produits pharmaceutiques permettant de traiter l’exposition aux rayonnements et évoque la gouvernance et la gestion d’une telle réserve. En général, un stock de secours d’urgence radiologique doit comprendre les médicaments suivants :

– iode stable, administré pour prévenir ou réduire l’exposition de la thyroïde à l’iode radioactif ;

– chélateurs et décorporants (bleu de Prusse, appliqué pour éliminer le césium radioactif de l’organisme, et Ca-/Zn-DTPA, utilisé pour traiter la contamination interne par des radionucléides transuraniens) ;

– cytokines utilisées pour atténuer les atteintes de la moelle osseuse, en cas de syndrome aigu d’irradiation ; et

– autres médicaments utilisés pour traiter les vomissements, la diarrhée et les infections.

Les nouveaux traitements et contre-mesures dont il est également question dans le rapport donnent un aperçu des futures contre-mesures médicales qui pourraient être utilisées pour prendre en charge les patients surexposés aux rayonnements.

Ce sont en particulier les études identifiant de nouvelles voies cellulaires et moléculaires et de nouveaux moyens d’administration de médicaments qui peuvent être exploitées afin de développer de nouveaux traitements et de nouveaux produits à utiliser en cas de situation d’urgence radiologique.

Préparation, riposte et relèvement en cas de situation d’urgence

La coordination des interventions locales, nationales et internationales est essentielle pour une riposte harmonisée aux situations d’urgence radiologique.

En tant qu’organisme chargé d’orienter les interventions en matière de soins de santé à l’échelle mondiale, l’OMS fournit des conseils aux pays qui développent leurs capacités nationales de préparation et de riposte aux situations d’urgence radiologique et garantit l’accès aux médicaments et aux services de santé. »

Catégories
Guerre

Pétition de Nobel et de scientifiques sur l’Ukraine et la guerre nucléaire

Il faut que les bouches s’ouvrent.

14 prix Nobel et toute une série de scientifiques ont signé un appel visant à dénoncer l’emploi de la guerre nucléaire et l’escalade en ce sens à l’occasion du conflit militaire en Ukraine.

De manière notable, on ne trouve aucun Français. Ce qui n’est pas étonnant : en France, la possession de l’arme atomique est une cause sacrée de la bourgeoisie. Exiger l’abolition de cette arme exige d’assumer un haut niveau de conflictualité politique…

Et il va falloir que les scientifiques en France cessent de se prétendre neutre, qu’ils arrêtent de se mettre à l’écart de toute responsabilité. Leur pseudo « objectivité » n’est que le masque de la soumission aux valeurs dominantes.

Dans la guerre contre l’Ukraine, que nous condamnons fortement, de nombreuses personnes ont été tuées, de nombreux crimes de guerres ont été commis, et la haine et la peur ont été créées et amplifiées. Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat et à une aide humanitaire pour ceux qui souffrent de la guerre.

L’escalade verbale et militaire a rapproché l’Europe du danger des armes nucléaires.

Devant le potentiel pour des destructions vastes et difficilement imaginables ou une catastrophe régionale avec des conséquences planétaires, nous, comme scientifiques, ne pouvons rester silencieux : toute attaque nucléaire par n’importe quel faction entraînera des réponses et rétorsions des autres puissances nucléaires, et en peu de temps de grandes surfaces de terre et de mer pourraient être détruites et contaminées.

L’atmosphère porterait des éléments radioactifs et de la suie, qui pourrait entraîner un hiver nucléaire et une famine globale. Des études scientifiques démontrent clairement que, une fois les armes nucléaires employées, il reste très peu de temps pour la réflexion et qu’il n’y a pas de retour pour les décisions hâtives.

En plus de notre préoccupation pour la guerre en Europe et la menace nucléaire, nous faisons toujours face à d’autre crises qui doivent être résolues – en particulier la crise climatique – avec des tempêtes, des inondations ou des sécheresses dans de nombreux pays, menaçant des millions de personnes.

Les crises globales de l’alimentation, des écosystèmes, de société et de l’énergie affectent déjà gravement les pays à bas revenus. Plutôt que s’engager dans des guerres, nous devons employer tous nos efforts et toutes nos ressources pour résoudre ces problèmes.

Comme scientifiques, nous dédions notre recherche au bien de l’humanité et tentons de construire un monde pacifique où chaque être vivant aura un futur.

Nous demandons de tous les politiciens et dirigeants politiques :

– De cesser l’escalade verbale, de cesser de faire des déclarations et prendre des décisions qui pourraient détruire notre futur à tous ;

– D’utiliser les preuves scientifiques comme guide pour vos décisions, et de prendre des décisions qui permettent un futur pour tous ;

– De se rappeler de l’enfer d’Hiroshima et Nagasaki, d’en écouter les survivants, et de prendre en compte l’histoire et leurs témoignages personnels.

Nous demandons de tous les gouvernements, en particulier ceux avec des armes nucléaires et ceux en alliance militaire avec eux:

– De déclarer d’urgence, publiquement, que vous souscrivez à une politique de non utilisation première des armes nucléaires, ou d’autres armes de destruction massive, et vous vous abstiendrez de toute utilisation de ces armes ;

– De joindre le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires lancé par les Nations unies.

Signatures de prix Nobel :

– Prof Dr Gerardus ’t Hooft (Nobel Laureate in Physics 1999), Physicist, Utrecht University, The Netherlands – Prof Dr Barry C. Barish (Nobel Laureate in Physics 2017), Physicist, California Institute of Technology (Caltech), Pasadena and U.C. Riverside, USA – Prof Dr Jacques Dubochet (Nobel Laureate in Chemistry 2017), Biophysicist, University of Lausanne, Suisse – Prof Dr Joachim Frank (Nobel Laureate in Chemistry 2017), Biophysicist, Columbia University Irving Medical Center, NY, USA – Prof Dr Sir Andre K. Geim (Nobel Laureate in Physics 2010), Physicist, University of Manchester, Royaume-Uni – Prof Dr Takaaki Kajita (Nobel Laureate in Physics 2015), Physicist, University of Tokyo, Kashiwa, Japon – Prof Dr Michel Mayor (Nobel Laureate in Physics 2019), Physicist, University of Geneva, Suisse – Prof Dr Giorgio Parisi (Nobel Laureate in Physics 2021), Physicist, Rome University La Sapienza, Italie – Prof Sir Christopher A. Pissarides (Nobel Laureate in Economics 2010), Economist, London School of Economics and Political Science, Royaume-Uni/Cyprus – Prof Dr Sir Peter Ratcliffe (Nobel Laureate in Physiology or Medicine 2019), Medicine, Ludwig Institute for Cancer Research and The Francis Crick Institute, London, Royaume-Uni – Prof Dr Sir Richard J. Roberts (Nobel Laureate in Physiology or Medicine 1993), Molecular biologist, New England Biolabs, MA, USA – Prof Dr George P. Smith (Nobel Laureate in Chemistry 2018), Molecular biologist, University of Missouri, Columbia, USA – Prof Dr Sir Fraser Stoddart (Nobel Laureate in Chemistry 2016), Chemist, Northwestern University, USA – Prof Dr Joseph H. Taylor Jr (Nobel Laureate in Physics 1993), Physicist, Princeton University, USA

Premières signatures de scientifiques :

Malte Albrecht, Political Scientist, University of Marburg, Allemagne – Prof Dr Ahmed Ali, Physicist, DESY Hamburg, Allemagne – Prof Dr Roberto Antonelli, Physicist, University of Rome, La Sapienza, Italie – Prof Dr Ugo Amaldi, Physicist, TERA foundation, CERN, Suisse – Prof Dr Academician Slobodan Backovic, Physicist, Montenegrin Academy of Sciences and Arts, Montenegro – Dr Sergey Baranov, Physicist, P.N.Lebedev Institute, Moscow, Russie – Prof Dr Peter Barker, Historian of science, The University of Oklahoma, USA – Prof Dr Michele Barone Physicist, NPP ‘NCSR-Demokritos’ and CERN, Greece/Suisse – Dipl. Pol. Claus-Ivar Bolbrinker, Political Scientist, Lüchow, Allemagne – Prof Dr Sonja Brentjes, Historian, Max Planck Institute – History of Science, Berlin, Allemagne – Dr Domencio Campi, Engineer, CERN, MAIN international, Suisse – Dr Filippo Colomo, Physicist, INFN Florence, Italie – Prof Dr Serafina Cuomo, Historian, Durham University, Royaume-Uni – Antje Daum, Librarian, DESY Hamburg, Allemagne – Prof Dr Klaus Desch, Physicist, University of Bonn, Allemagne – Prof Dr Stefan Dittmaier, Physicist, Albert Ludwigs University of Freiburg, Allemagne – Dr Michael Dittmar, Physicist, ETH Zurich (retired), Suisse – Prof Dr Michael Dueren, Physicist, University of Giessen, Allemagne – Prof Dr John Ellis, Physicist, King’s College London, Royaume-Uni – Dr Dieter Engels, Astrophysicist, Hamburg, Allemagne – Prof Dr Alexander Fidora, Historian, ICREA – Universitat Autònoma de Barcelona, Spain – Prof Dr Maribel Fierro, Arabic and Islamic Studies, Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC), Madrid, Spain – Prof Dr Jeff Forshaw, Physicist, Manchester University, Royaume-Uni – Dr habil, Alexander Glazov, Physicist, DESY Hamburg, Allemagne – Prof Dr Rohini Godbole, Physicist, Inden institute of Science, Bangalore, Inde – Prof Dr Carlos Gonçalves, Historian, University of São Paulo, Brésil – Prof Dr Ingrid Maria Gregor, Physicist, DESY and University of Bonn, Allemagne – Dr Günter Grindhammer, Physicist, Hamburg, Allemagne – Prof Dr Beate Heinemann, Physicist, DESY and Albert-Ludwigs-University Freiburg, Allemagne – Dr habil Hannes Jung, Physicist, DESY, Hamburg University, Allemagne – Prof Dr Ursula Klein, Historian, Max Planck Institute for the History of Science, Allemagne – Prof Dr Max Klein, Physicist, Liverpool University, Royaume-Uni – Prof Dr Panos Kokkas, Physicist, Ioannina University, Greece – Dr Peter Kostka, Physicist, Liverpool University, Royaume-Uni – Dr Dirk Krücker, Physicist, DESY Hamburg, Allemagne – Dr Axel Lindner, Physicist, DESY Hamburg, Allemagne – Dr Vladimir Lipp, Physicist, Institute of Nuclear Physics, Polish Academy of Sciences, Poland – Dr Jenny List, Physicist, DESY/CERN, Allemagne/Suisse – Dr Carlos Lourenço, Physicist, CERN, Suisse – Dr Helmut Mais, Physicist, Hambourg, Allemagne – Prof Dr Antoni Malet, Historian of Science, Universidad Autónoma de Barcelona and Instituto d’Historia de la Ciencia, Spain – Dr Michelangelo Mangano, Physicist, CERN, Suisse – Dr Isabell Melzer-Pellmann, Physicist, DESY Hambourg, Allemagne – Dr Jelena Mijuskovic, Physicist, Sapienza University of Rome, Italie – Prof Dr Predrag Miranovic, Physicist, University of Montenegro, Montenegro – Prof Dr Asa Mittman, Historian of Art, California Stat University, USA – Prof Dr Götz Neuneck, Physicist, Council Member Pugwash Conferences on Science and World Affairs, Allemagne – Prof Dr Pietro Daniel Omodeo, Historian and Philosopher of Science, Ca’ Foscari University of Venice, Italie – Prof Dr Jürgen Ossenbrügge, Geographer, Hamburg University, Allemagne – Prof Dr Walter Purkert, Mathematician, University of Bonn, Allemagne – Prof Dr Natasa Raicevic, Physicist, University of Montenegro, Montenegro – Prof Dr Dhruv Raina, Historian and Philosopher of Science, Jawarharlal Nehru University, Inde – Prof Dr Ulrich Rebstock, Islamic Studies, University of Freiburg, Allemagne – Prof Dr Francesca Rochberg, Historian, University of California Berkeley, USA – Prof Dr Luigi Rolandi, Physicist, Scuola Normale Pisa, Italie – Prof Dr Agustin Sabio-Vera, Physicist, Universidad Autónoma de Madrid and Instituto de Física Teórica UAM/CSIC, Spain – Prof Dr Jürgen Scheffran, Physicist, Geographer, Hamburg University, Allemagne – Dr Yurii Sheliazhenko, Law, European Bureau for Conscientious Objection, Ukraine – Prof Dr Nathan Sidoli, Historian and Philosopher of Science, School of International Liberal Studies, Waseda University, Tokyo, Japon – Prof Dr Hartwig Spitzer, Physicist, Hamburg, Allemagne – Prof Dr Guido Tonelli, Physicist, Pisa University, Italie – Prof Dr Pierre van Mechelen, Physicist, Antwerp University, Belgique – Prof Dr Ronny Vollandt, Judaic Studies, Ludwig Maximilian University Munich, Allemagne – Prof Dr Perko VRoyaume-Uniotic, Physicist, Montenegrin Academy of Sciences and Arts, Montenegro – Prof Dr Chirstian Zeitniz, Physicist, University of Wuppertal, Allemagne

Catégories
Guerre

Ukraine : avertissement russe quant à une bombe sale

L’utilisation de l’arme nucléaire tactique se profile.

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a appelé ses homologues français (Sébastien Lecornu), turc (Hulusi Akar), américain (Lloyd Austin) et britannique (Ben Wallace), afin de les avertir que le régime ukrainien travaillait à utiliser une bombe dite sale. On parle ici d’une bombe traditionnelle, mais à qui on associe du matériel radioactif afin de provoquer une contamination nucléaire. Sergueï Choïgou a présenté la situation en Ukraine comme ayant « une tendance à une escalade incontrôlable ».

Naturellement, le régime ukrainien a démenti la chose, tout comme la superpuissance américaine et le Royaume-Uni. La France a cherché à se la jouer comme une future interlocutrice pour un accord de paix, il faut dire qu’elle perd tout en ce moment, en tant que grande puissance, en s’étant mise à la remorque de la superpuissance américaine et en étant mise ouvertement de côté par l’Allemagne.

De toutes façons, le fond de la question n’est pas là. Ce qui est en jeu, c’est ce qu’explique fort justement l’article Les stratégies impérialistes de contournement de l’équilibre de la terreur à l’époque de la seconde crise générale du capitalisme : l’asphyxie comme approche de la superpuissance américaine, le délitement comme approche sino-russe (Crise, février 2022).

C’est-à-dire qu’on va vers l’emploi de l’arme nucléaire tactique, en cherchant à trouver un moyen de contourner le principe de la destruction mutuelle assurée en cas d’utilisation d’une arme atomique. Si l’on suit les événements depuis le début de la guerre (ce que fait seulement Agauche.org et d’ailleurs depuis six mois avant le début du conflit), on voit très bien comment les choses s’agencent en effet en cette direction. On est ici dans un drame littéralement prévu.

La bombe sale n’est, il faut bien le saisir, pas une bombe atomique, c’est une bombe puissante qui irradie en raison de la présence de matériaux radioactifs se dispersant. Mais cette irradiation est en fait de très faible portée, la portée n’est concrètement quasiment que psychologique. C’est cependant cela qui en fait l’utilité dans une démarche visant à aller dans le sens de l’emploi d’une arme nucléaire tactique.

Il faut dire les choses telles quelles : le régime ukrainien est tout à fait capable d’utiliser une bombe sale, effectivement. Le fanatisme nationaliste qui l’oriente est nihiliste et correspond à ce genre d’approches, de plus en plus. Le régime russe n’a lui rien à gagner alors qu’il va doubler la taille de son armée dans les prochaines semaines, et au pire des cas pour lui d’ailleurs il utilisera le cas échéant une bombe nucléaire tactique.

Il est aussi nécessaire de présenter le contexte, pour saisir la tension immense actuelle. Tout tourne actuellement autour de la ville de Kherson, que la Russie fait évacuer, soulignant notamment les menaces ukrainiennes sur le barrage hydroélectrique de Kakhovka, qui retient 18 180 millions de m3 d’eau. Kherson se trouve ici sous le (2) de la carte proposée au 23 octobre 2022 par le ministère français de la Défense.

L’armée ukrainienne se précipite et cherche une victoire rapide à petite échelle, même symbolique. Elle a compris qu’elle ne vaincrait pas si le conflit se prolonge, que le régime ne tiendrait pas le choc et que la Russie ira jusqu’au bout. Il faut donc précipiter les choses.

Catégories
Société

Si vous ne craignez pas une guerre nucléaire…

C’est que vous n’êtes pas réalistes !

L’utilisation des armes nucléaires apparaît comme très lointaine pour les gens, pour deux raisons. La première, c’est qu’elle n’a pas été utilisée depuis longtemps, depuis la deuxième guerre mondiale avec la superpuissance américaine au Japon. On se dit donc que cela ne sera plus jamais utilisé. La seconde, c’est que les gens pensent qu’on en reste à « l’équilibre de la terreur » et que personne n’utiliserait une bombe nucléaire car les répliques seraient telles que ce serait la fin du monde.

Cette conception est dépassée. Prenons un exemple parlant. Vladimir Poutine a dit le 25 juin 2022 que :

« En Europe, les Américains ont 200 armes nucléaires tactiques, dans six pays européens. Pour leur utilisation éventuelle, 257 avions ont été préparés, non seulement américains mais aussi appartenant aux pays que j’ai mentionnés. »

C’est quelque chose de vrai et que personne ne sait pratiquement. En plus de la France qui a la bombe nucléaire et en contrôle l’utilisation, il existe des bombes nucléaires dans des pays de l’Union Européenne, sous contrôle américain. On en trouve ainsi en Allemagne, en Belgique, en Italie et aux Pays-Bas (ainsi qu’en Turquie et au Royaume-Uni).

Et ce sont des bombes nucléaires tactiques, de petite échelle. On parle ici de destruction relativement circonscrite, permettant par exemple de détruire toute une armée sur une petite zone (voir l’article La menace nucléaire (tactique) française sur la Russie de mars 2022 expliquant ce principe).

De telles armes sont la base d’une escalade militaire sans pareil. Et la Russie, dont l’utilisation d’armes tactiques n’est pas au programme à part comme dernier recours, s’aligne sur cette escalade, parce qu’elle compte « maintenir son rang ».

En fait, l’existence même de bombes nucléaires tactiques est la base d’une escalade d’un côté, et un contournement de « l’équilibre de la terreur » de l’autre. Il n’y aura pas de guerre nucléaire mondiale immédiate si une bombe nucléaire détruisant 4 km2 est lancée d’un côté et de l’autre. Mais c’est un puissant moyen d’aller dans le sens de cette guerre nucléaire mondiale à moyen terme, alors qu’auparavant le risque était bien trop grand.

On commence par lancer une telle bombe, puis une seconde, puis une troisième… puis c’est l’engrenage et la catastrophe complète.

Dans une telle situation, les gens qui pensent en France à leur retraite tranquille sont sur la planète Mars. Les enjeux sont immenses et qui s’imagine s’en sortir à l’écart du reste du monde est hors sol. Car on parle de la possibilité même de vivre un avenir qui ne soit pas terrifiant. Il suffit de voir les films extrêmement difficiles Threads, Le jour d’après et Le dernier rivage pour comprendre que les survivants d’une guerre nucléaire vivraient d’incroyables souffrances pendant plusieurs générations.

La question est désormais collective. Elle concerne l’humanité toute entière. Les questions du réchauffement climatique, du rapport aux animaux, de la pollution… également d’ailleurs. Tout cela devient de plus en plus incontournable. Le repli individuel est une illusion qui conduit à un cul-de-sac complet, à la dépression et au nihilisme.

Si vous ne craignez pas une guerre nucléaire, c’est que vous n’êtes pas réalistes. Pour l’instant, on s’y précipite, parce que cela fera partie de la guerre mondiale qui a déjà commencé, en février 2022. Le désastre est prévu : il faut maintenant l’empêcher !

Catégories
Culture

La magnifique film « Le dernier rivage » (1959)

La vie, jusqu’au bout.

Réalisateur américain à l’origine de films à messages selon la terminologie hollywoodienne – lui parlait de « drames lourds » – Stanley Krame a réussi avec Le dernier rivage sorti en 1959 à proposer un film éminemment humain. C’est là une performance particulièrement notable et la profondeur humaine est si palpable que le film n’a eu aucun succès à l’époque, ni même de réelle reconnaissance, et que le public d’aujourd’hui serait incapable de le regarder, par manque de capacité d’attention.

Le film se fonde sur le roman éponyme du romancier britannique Nevil Shute, publié en 1957. La guerre nucléaire a dévasté le monde et l’Australie, dernier pays à l’écart des dégâts et des radiations, attend de savoir si elle sera épargnée ou pas. Commençant de manière naïve, le film plonge rapidement dans la psyché humaine horriblement tourmentée, admirablement bien représenté par Grégory Peck, Fred Astaire, Anthony Perkins, Donna Anderson et une magistrale Ava Gardner, avec à la photographie le très renommé Giuseppe Rotunno.

On n’a donc pas ici la même approche que pour Le jour d’après (1983) et Threads (1984), qui se focalisent de leur côté sur les effets, présentés méthodiquement, de la guerre nucléaire. Le dernier rivage  est un drame qui contourne très largement cela, voire totalement, car il se veut un drame humain en tant que tel, ainsi qu’un avertissement : on est en 1959 seulement.

Et c’est ce côté humain qui a été, à juste titre, considéré comme une menace par la société américaine alors élancé dans l’hégémonie mondiale. Malgré le réalisateur et les acteurs, de grande importance alors, le département de la défense a refusé d’apporter son aide matérielle, contrairement à l’usage. Le sous-marin employé dans le film fut pour cette raison le HMS Andrew, un sous-marin britannique diesel-électrique.

C’est que le film, sans prendre partie formellement, prend partie pour l’humanité et la vie elle-même, en ce sens il fallait clairement qu’il disparaisse des radars alors que l’arme atomique se généralisait.

Le dernier rivage est ainsi un très bon film, dont la mise à l’écart est particulièrement révélatrice de l’époque. Il s’est inséré dans les interstices du cinéma capitaliste alors, une chose encore possible à ce moment-là. Mais il ne pouvait pas être digéré pour autant – sa redécouverte n’en est que plus nécessaire.

Catégories
Guerre

«La France doit participer à la première réunion du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires»

Voici une pétition lancée le 21 janvier 2022 par l’ICAN France, le relais national de la Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires (ICAN). C’est une requête de grande importance, surtout en raison de la crise et de la tendance à la guerre. Il n’est pas normal que cette pétition atteigne à peine les 2000 signatures, malgré l’importance du sujet, malgré la reconnaissance internationale de l’organisme la portant, malgré le soutien affiché de nombreuses structures (Greenpeace, EELV, PCF, Réseau sortir du nucléaire, etc.) Un tel déni en dis long sur la situation en France, sur le fait que personne ne croit concrètement en la guerre, ni en la dangerosité du fait que l’armée française (ainsi que n’importe quelle autre armée) ait la bombe atomique…

« La France doit participer à la première réunion du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires

Monsieur le Président de la République,

Le 7 février 2020, vous avez déclaré que la France « prendra ses responsabilités, en particulier en matière de désarmement nucléaire, comme elle l’a toujours fait ». Or, le 22 janvier 2021 est entré en vigueur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Cette nouvelle norme juridique internationale a été adoptée le 7 juillet 2017 par une majorité des États, à l’Assemblée générale des Nations Unies, mais sans la participation de notre pays. Pourtant ce traité est une avancée pour assurer notre sécurité collective, pour protéger notre environnement des conséquences humanitaires catastrophiques de toute utilisation d’armes nucléaires et pour faire progresser le désarmement nucléaire.

Du 22 au 24 mars 2022, l’ONU va accueillir à Vienne la première réunion des États Parties au traité avec notamment des partenaires européens comme l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, l’Irlande, Malte, la Norvège, la Suisse, la Suède… ; certains prenant part à ce processus en qualité d’observateur. L’avis positif des Françaises et des Français pour ce traité s’est manifesté à différentes reprises entre une majorité (67 %, en 2018) qui souhaite que la France s’engage dans la ratification de ce traité ou encore par la multiplication du nombre de parlementaires et de villes (Paris, Lyon, Saint-Étienne, Grigny, etc.) qui soutiennent le TIAN.

La Campagne ICAN France, conduite par de très nombreuses organisations, vous demande, Monsieur le Président, de ne pas isoler notre pays d’un processus multilatéral porté par l’ONU, en acceptant de faire participer notre État, en qualité d’observateur, à la première réunion des États Parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Aidez-nous à atteindre les 3000 premières signatures« 

Pour signer la pétition, il faut > se rendre à cette page <

On y trouvera également un argumentaire avec 7 raisons principales justifiant cette demande.

Catégories
Guerre

Déclaration sur la « prévention » de la guerre nucléaire par la Chine, les États-Unis d’Amérique, le Royaume-Uni, la Russie et la France

Et pourtant ces pays modernisent et renforcent leur arsenal.

Tout suinte l’hypocrisie de bout en bout dans une déclaration qui ne vise qu’à essayer de calmer le jeu sur ce plan dans un contexte grandissant de bellicisme. Rien que le « déciblage » est mensonger : aucune arme nucléaire n’est censée cibler un autre pays. Or, c’est techniquement impossible, car il faut une longue programmation pour cibler correctement. Concrètement, les Etats disent ainsi tant que le missile n’est pas enclenché au sens strict, il ne « cible » pas, ce qui est un pieux mensonge vu que tout est programmé quand même.

De toutes façons, voir ces Etats prétendent qu’ils veulent aller dans le sens de la paix et du désarmement ne tient pas debout une seule seconde. Leur objectif est le succès dans la bataille pour le repartage du monde, et ce à tout prix.

Déclaration conjointe des chefs d’État et de Gouvernement de la République populaire de Chine, des Etats-Unis d’Amérique, de la République française, du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et de la Fédération de Russie pour prévenir la guerre nucléaire et éviter les courses aux armements. 

La République populaire de Chine, les Etats-Unis d’Amérique, la République française, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et la Fédération de Russie considèrent qu’il est de leur responsabilité première d’éviter une guerre entre États dotés d’armes nucléaires et de réduire les risques stratégiques.

Nous affirmons qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée.

Compte tenu des conséquences de grande ampleur qu’aurait l’emploi des armes nucléaires, nous affirmons également que celles-ci, tant qu’elles existent, doivent servir à des fins défensives, de dissuasion et de prévention de la guerre. Nous sommes fermement convaincus de la nécessité de prévenir la poursuite de la dissémination de ces armes. 

Nous réaffirmons l’importance de traiter les menaces nucléaires et soulignons la nécessité de préserver et de respecter nos accords et engagements bilatéraux et multilatéraux en matière de non-prolifération, de désarmement et de maîtrise des armements.

Nous demeurons déterminés à respecter nos obligations en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), notamment celle qui figure à l’article VI de « poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace ».

Chacun d’entre nous entend maintenir et renforcer encore ses mesures nationales destinées à empêcher l’utilisation non autorisée ou non intentionnelle d’armes nucléaires.

Nos déclarations passées sur le déciblage, qui ont rappelé qu’aucune de nos armes nucléaires ne prenait pour cible l’un d’entre nous ou un quelconque autre État, demeurent valides. 

Nous soulignons notre volonté de travailler avec tous les États pour mettre en place un environnement de sécurité permettant d’accomplir davantage de progrès en matière de désarmement, avec pour objectif ultime un monde exempt d’armes nucléaires avec une sécurité non diminuée pour tous.

Nous entendons continuer à rechercher des approches diplomatiques bilatérales et multilatérales pour éviter les affrontements militaires, renforcer la stabilité et la prévisibilité, accroître la compréhension et la confiance mutuelles, et prévenir une course aux armements qui ne profiterait à personne et nous mettrait tous en danger.

Nous sommes déterminés à poursuivre un dialogue constructif dans le respect et la reconnaissance mutuels de nos intérêts et préoccupations en matière de sécurité.

Catégories
Culture Refus de l’hégémonie

Le terrifiant et obligatoire téléfilm « Threads » (1984)

Un classique de la véracité sur la guerre nucléaire.

« Threads » (les fils) est un téléfilm de 1984 qui est le pendant britannique du téléfilm américain Le Jour d’après. Dans ce dernier, on accompagne une famille de la campagne américaine dans la pénombre de la guerre nucléaire ; dans Threads, on accompagne une famille de la ville industrielle de Sheffield. Le Jour d’après était passé à la télévision sur ABC, Threads à la BBC.

Les deux téléfilms sont incontournables. Cependant, Le Jour d’après a une approche américaine ; son réalisme reste si ce n’est consensuel, du moins dans le cadre classique d’un téléfilm, même si forcément en raison du thème, cela reste émotionnellement très difficile. Threads s’appuie par contre sur une lecture anglaise du réalisme et c’est très cru. Ce n’est pas un film d’horreur, mais c’est l’horreur.

Dans les deux cas, on se rappellera toute sa vie de ces films et on est immanquablement horrifié par l’existence même de l’arme nucléaire. Mais Le Jour d’après est cauchemardesque, Threads est infernal. Peter Bradshaw du journal The Guardian résume ainsi ses impressions tout à fait compréhensibles :

« Ce n’est que lorsque j’ai vu Threads que j’ai découvert que quelque chose à l’écran pouvait me faire donner des sueurs froide et frissonnantes et me maintenir dans cet état pendant 20 minutes, suivi de semaines de dépression et d’anxiété. »

Threads s’appuie en effet sur toutes les analyses possibles des effets à court et moyen terme d’un holocauste nucléaire sur la Grande-Bretagne. Son exposition est scientifique et il est très bien réalisé. Ce qu’on voit est vraisemblable, voire on le considère comme vrai et comme pour Le Jour d’après, c’est totalement envahissant.

Cela parlait alors d’autant plus aux Britanniques que le Royaume-Uni avait tout un programme – Protect and Survive – passant à la télévision, à la radio, diffusé en brochures, etc. expliquant comment se « protéger » et « survivre » à une attaque nucléaire.

Threads est pratiquement une réponse point par point à l’absurdité de ce programme expliquant aux gens quoi faire, comme si cela serait suffisant. Le bourrage de crâne de Protect and Survive ne passerait plus aujourd’hui tellement c’est infantilisant, niais et absurde.

Threads est ainsi incontournable, mais il faut être prêt mentalement. Le Jour d’après est regardable en famille, même s’il est dur. Impossible pour Threads. En fait, il faut à la fois l’éviter au possible et en même temps absolument le regarder. Telle est sa nature.

Le film est visible en ligne ici, de manière légale et sûre (même si c’est un peu long à démarrer). C’est la version originale et l’anglais qu’on y trouve, celui de Sheffield, est indéniablement difficile d’accès. On comprend l’ensemble cependant sans soucis… malheureusement.

Catégories
Écologie

Déchets nucléaires militaires : ICAN France et l’Observatoire des armements publient une étude

La bombe nucléaire produit des déchets nucléaires en permanence.

C’est un aspect très peu connu, voir pas connu du tout, de l’arme atomique. Même si elle n’est pas utilisée directement, elle est active. Les missiles sont là concrètement et produisent des tonnes de déchets nucléaires.

L’ICAN France et l’Observatoire des armements ont publié une étude très fournie à ce sujet, appelant à un indispensable débat démocratique sur cette question opaque.

Il est expliqué que, « officiellement », « déjà 150 000 m3 déchets radioactifs ont été produits lors du développement, de la fabrication, des essais, du déploiement, du démantèlement d’armes nucléaires, comme des bâtiments à propulsion nucléaire et des installations afférentes à la construction de cet arsenal atomique. »

Cette étude est une contribution très importante, tant écologiquement que démocratiquement. De plus, elle souligne très bien le fait que la France n’est absolument pas engagée dans un quelconque processus de recul quant à cette arme inhumaine et barbare qu’est la bombe atomique.

Voici ce rapport :

Déchets nucléaires militaires : la face cachée de la bombe atomique française

Catégories
Culture

« Gen d’Hiroshima » de Mori Masaki (1983)

Gen d’Hiroshima est initialement un manga de Keiji Nakazawa publié entre 1973 et 1985, où il raconte la vie de la famille ​​Nakaoka de 1945 à 1953, des semaines précédent le bombardement atomique d’Hiroshima, à ses conséquences sur plus long terme. 

Keiji Nakazawa est lui-même un survivant d’Hiroshima où il a perdu son père, sa sœur et un de ses frères.

C’est un manga extrêmement célèbre au Japon, très radical dans son pacifisme, sa dénonciation de l’impérialisme, du militarisme, qu’il soit américain, ou japonais, et ses espoirs pour une humanité nouvelle qui saurait dépasser la barbarie. 

Il est d’ailleurs assez symbolique que l’édition américaine du premier volume ait été préfacée par l’auteur d’une autre bande dessinée à la portée historique elle aussi très importante, Maus écrit et dessiné par Art Spiegelman qui y fait le témoignage de la Shoah, de la persécution et de l’extermination des juifs en Pologne dans les années 1930 à 40, et dont le père est un rescapé des camps d’exterminations.

Voici un extrait de sa préface sur l’oeuvre de Keiji Nakazawa :

«En fin de compte, Gen est une œuvre très optimiste. Nakazawa pense que son histoire peut avoir un effet d’avertissement, que l’humanité peut être améliorée au point d’agir dans son propre intérêt.

En effet, Gen est un petit héros courageux, incarnant des vertus telles que la loyauté, la bravoure et l’assiduité. La foi de Nakazawa en la bonté humaine peut faire considérer l’oeuvre aux yeux cyniques comme étant faite pour les enfants, mais le fait sous-jacent est que l’artiste rend compte de sa propre survie – pas simplement sur les événements qu’il a vécus, mais sur la philosophie / base psychologique de cette survie.

Son travail est humaniste et humain, démontrant et soulignant la nécessité de l’empathie entre les humains si nous voulons survivre dans un autre siècle.»

Art Spiegelman

Gen d’Hiroshima a connu plusieurs adaptations, dont trois films en prise de vue réelle et deux films d’animation, dont le plus célèbre est le film de Mori Masaki sorti en 1983. 

Celui-ci se concentre sur la famille Nakaoka, qui est réduite par rapport au manga. On retrouve principalement les deux frères Gen et Shinji, dans une l’ambiance insouciante de la jeunesse, qui continue à vivre au milieu des militaires, des alertes aux bombardements et de la misère dans ce Japon du printemps 1945. 

Le choc n’en est que plus terrible lorsque survient la terrible journée du 6 août 1945 et le bombardement d’Hiroshima. 

https://www.youtube.com/watch?v=P2g9QZvHTuk&ab_channel=mapcoxog

La mise en scène, jusqu’alors assez classique, change brutalement pour passer à une mise en image apocalyptique qui laisse sans voix. La violence est frontale, brutale devant le souffle de la bombe décomposant les corps de dizaine de milliers de personnes, hommes, femmes, enfants, sans distinction. L’horreur est d’abord collective avant de se resserrer sur nos protagonistes. 

Et la barbarie ne s’arrête pas là, puisque suit directement les incendies dévastateurs puis les conséquences de l’irradiation, et les privations, la faim. 

Rien n’est épargné et la réalisation comme le dessin empruntent beaucoup au genre horrifique pour représenter l’horreur des corps mutilés, semblable parfois à des hordes de zombies. 

Si le propos ouvertement politique se fait plus discret que dans le manga il n’est pas non plus absent, notamment par le personnage du père, très lucide sur les velléités guerrières du Japon, assumant un pacifisme qui ne plaît pas forcément à tous. 

Mais c’est de toute façon par la force de ses images que le film porte un propos à la portée intemporelle, un cri froid et sourd contre la barbarie, contre la guerre, sans pour autant tomber dans le nihilisme qui a pu toucher tout un pan du cinéma japonais, Mori Masaki restant fidèle au manga et à l’espoir résumé dans cette maxime qui revient à plusieurs reprise dans le manga et dans le film « Soyez comme ce blé, fort, même si vous vous faites piétiner… »

https://www.youtube.com/watch?v=fpAgmvjJCtI&ab_channel=TheSayAnime
Catégories
Société

L’association 193 dénonce un nouveau mensonge d’État à propos des essais nucléaires en Polynésie

193 est une association chrétienne visant à « mener des actions pour la préservation de la mémoire historique des 193 essais nucléaires réalisés en Polynésie française », avec le 2 juillet 1966 comme date de référence.

Suite à la publication d’un nouveau rapport de l’Inserm, elle dénonce un « mensonge d’État » et son président qualifie les conclusions du rapport de « négationnisme ». Le mot est très fort, mais il a toute sa pertinence, tellement en effet ce qui y est prétendu est choquant.

D’après l’AFP, les dix experts à l’origine du document y estiment que :

«  les résultats des études menées en Polynésie française « sont insuffisants pour conclure de façon solide sur les liens entre l’exposition aux rayonnements ionisants issus des retombées des essais nucléaires atmosphériques en Polynésie française et l’occurrence» de pathologies comme le cancer de la thyroïde ou les hémopathies malignes. »

De tels propos niant la réalité sont odieux, comme l’explique très simplement le père Auguste Uebe-Carlson, président de l’association 193 :

« Ce rapport n’apporte rien de nouveau, c’est la continuité d’une négation de la réalité. 193 essais nucléaires, c’est l’équivalent de 800 bombes d’Hiroshima : dire qu’il n’y a pas eu d’effets, c’est du négationnisme ».

Cette question des essais nucléaires en Polynésie est brûlante encore à notre époque, car l’État français, toujours aussi anti-démocratique dans sa nature profonde, continue à maintenir une chape de plomb sur la vérité. Il faut bien voir ici que la plupart des archives sur cette question relèvent de l’Armée, et donc du plus grand secret.

La population polynésienne et l’Océan Pacifique, avec des milliers de cancers humains et une catastrophe environnementale jamais prise en compte, ont payé le prix de la folie militaire française, venu faire des essais immondes à l’autre bout du monde. De tels essais relève d’un crime, à la fois contre l’Humanité et contre l’Océan ; l’État français doit en être tenu pour responsable, ainsi que ses cadres et institutions qui contribuent à cacher à la vérité encore aujoud’hui.

En attendant, l’État français continue de nier l’évidence, et empêche la population polynésienne d’accéder à de justes indemnisations, comme le réclame l’association 193.

Catégories
Politique

« La France doit adhérer au traité sur l’interdiction des armes nucléaires »

Voici une tribune initialement publiée dans La Croix mercredi 20 janvier 2021 par 19 associations et organisations françaises s’opposant aux armes nucléaires.

« Le 22 janvier 2021 restera une date historique : un traité multilatéral, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), adopté par les deux tiers des pays membres de l’ONU en 2017, entre en vigueur et rend les armes nucléaires illégales, que ce soit leur possession, leur fabrication, ou la menace de leur utilisation, c’est-à-dire la stratégie de dissuasion nucléaire. Le TIAN comble un vide juridique et complète l’interdiction des autres armes de destruction massive, biologiques et chimiques, ainsi que de certaines armes classiques condamnées pour leur impact sur les civils.

Il aura des effets même sur les pays qui le rejettent. La France, qui s’est toujours voulue le pays porteur des valeurs de respect du droit international, ne doit pas tourner le dos à ce processus de démocratie internationale et doit adhérer au TIAN.

Cet accord est le résultat de dizaines d’années d’efforts persévérants de la société civile, à travers des organisations dont de nombreuses ont été regroupées au sein de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN), lauréate du prix Nobel de la paix 2017, et le Comité international de la Croix-Rouge, en convergence avec plusieurs États, dont le Saint-Siège, l’Afrique du Sud (ancienne puissance nucléaire) et la Nouvelle-Zélande.

Les organisations, gouvernements, Églises, syndicats qui soutiennent l’interdiction des armes nucléaires n’ont pas agi seulement par frustration à l’égard des détenteurs d’arsenaux qui n’ont pas tenu leurs engagements, pris notamment dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

Le TIAN concrétise le rejet d’un système verrouillé par le veto de ces quelques pays et d’un système de sécurité fondé sur la capacité de perpétrer des massacres de masse de civils.

Les puissances nucléaires, dont la France, ont beau déclarer que le TIAN ne leur imposera aucune obligation, elles ne pourront plus désormais affirmer que leurs armes nucléaires sont légitimes. Elles se comportent comme si le TNP leur accordait indéfiniment un droit de possession et de recours à l’arme nucléaire, en contradiction avec l’esprit et le texte de ce traité. Ainsi tentent-elles de justifier l’injustifiable, à savoir les programmes de modernisation et de renouvellement de leurs arsenaux nucléaires, étalés encore sur plusieurs décennies à coups de centaines de milliards d’euros.

Pourtant, l’article VI du TNP leur fait bien – depuis un demi-siècle – obligation de négocier en vue de « la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée » et d’un « traité de désarmement général et complet » !

Les autorités françaises, comme celles des autres puissances nucléaires, affirment de manière contradictoire que la dissuasion nucléaire exclut tout recours à l’arme nucléaire, alors même qu’elles incluent dans leur doctrine des scénarios d’emploi de l’arme atomique (le « dernier avertissement ») et investissent dans de nouveaux types d’armes nucléaires plus « utilisables », qui abaissent dangereusement le seuil de la guerre nucléaire.

Les puissances nucléaires affirment que la seule solution réaliste vers le désarmement consiste à cheminer « étape par étape », et fixent comme objectif prioritaire la non-prolifération. En fait, toutes les mesures en discussion (interdiction des essais nucléaires ou de la production de matières fissiles militaires, réduction des arsenaux, non-emploi en premier, etc.) sont actuellement bloquées par ces mêmes puissances. De plus, en continuant d’affirmer que l’arme nucléaire est la garantie ultime de leur sécurité, elles la rendent encore plus attrayante et elles favorisent la prolifération qu’elles prétendent combattre.

Le Président de la République doit sortir de trois contradictions dans lesquelles il s’est enfermé : il a fustigé le « désarmement unilatéral », tout en s’enorgueillissant des mesures de réduction que la France avait prises unilatéralement depuis la fin de la Guerre froide ; il prône le multilatéralisme, tout en rejetant les aspirations d’une majorité d’États, dont des membres de l‘Union européenne ; il entend inscrire la protection de l’environnement dans la Constitution alors qu’une guerre nucléaire, même limitée, serait un crime d’écocide compte tenu de ses conséquences catastrophiques sur la planète, ses habitants et les générations futures, ainsi que l’ont démontré plus de 2000 essais nucléaires dont les effets sanitaires et environnementaux se font aujourd’hui encore ressentir sur les populations concernées.

Il est donc grand temps, trois quarts de siècle après l’horreur d’Hiroshima et de Nagasaki, que la France se joigne au mouvement mondial pour l’élimination progressive et multilatérale des armes nucléaires en adhérant au TIAN. La France contribuera ainsi, comme elle l’a déjà fait pour les autres armes de destruction massive, à l’élimination de l’arme la plus destructrice inventée par l’être humain.

Déclaration du 22 janvier 2021- Liste des signataires

Abolition des armes nucléaires – Maison de Vigilance, ADN (Collectif Arrêt du nucléaire)

AFCDRP (Association française des communes, départements et régions pour la paix) – Maires pour la Paix, AMFPGN (Association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire, affiliée à IPPNW, Prix Nobel de la paix 1987), Amnesty International France (affilié à Amnesty International, Prix Nobel de la Paix 1977), Artistes pour la paix EPP (Enseignants pour la paix, membre de l’Association internationale des éducateurs à la paix – AIEP), ICAN France (affiliée à ICAN, Prix Nobel de la paix 2017), IDN (Initiatives pour le désarmement nucléaire), IPSE (Institut Prospective et Sécurité en Europe), LIFPL France (Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté), Ligue des droits de l’Homme (affiliée à ICAN France), Mouvement de la paix (affilié à ICAN et au Bureau international de la paix, Prix Nobel de la paix 1910), MIR-France (Mouvement international de la réconciliation, affilié à ICAN France), Mouvement national de lutte pour l’environnement

Observatoire des armements, PAX Christi France, PNND France (Parlementaires pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire), Pugwash-France (affilié au Mouvement Pugwash, Prix Nobel de la paix 1995). »

Catégories
Culture Guerre

Sept jours en mai, de John Frankenheimer

Sept jours en mai est un film américain du réalisateur John Frankenheimer sorti en 1964 et qui s’inscrit dans ce qui sera plus tard nommé sa « trilogie de la paranoïa”, au côté d’Un crime dans la tête (1962) et L’Opération diabolique (1966).

Alors que la tension de la guerre froide atteint son paroxysme en 1962 avec la crise des missiles de Cuba, la crainte d’une guerre nucléaire se propage largement dans le monde et aux États-Unis tout particulièrement. 

Ainsi dans les années qui suivent un certain nombre de films vont s’emparer de ce thème. Rien que sur l’année 1964 on peut notamment citer Docteur Folamour de Stanley Kubrick, Point Limite de Sidney Lumet et Sept jours en mai

Probablement le moins connu des trois, adapté du roman du même nom écrit par Fletcher Knebel et Charles W. Bailey II, il n’en demeure pas moins captivant à la fois en tant qu’objet cinématographique et témoignage de son époque. 

Plusieurs thématiques cher à John Frankenheimer se trouvent ainsi mêlés dans ce thriller politico-militaire qui imagine un futur proche où un général américain va tenter de monter un coup d’état afin d’empêcher la fin de la guerre froide et le démantèlement de l’arsenal nucléaire entériné par les présidents américain et soviétique.

On y retrouve, comme dans le film de Sidney Lumet, le même discours sur l’inéluctabilité d’une guerre atomique tant que ces armes existent et sur le danger que celles-ci représentent pour le monde entier. Comme le dit une des pancartes d’un des manifestants au tout début du film Peace on Earth, or No Earth at all (Paix sur Terre, ou pas de Terre du tout). 

John Frankenheimer y ajoute une critique de la paranoïa de l’époque, et des années qui ont précédé, le sénateur McCarthy (instigateur de la “chasse aux sorcières” dans les années 1950) étant d’ailleurs ouvertement nommé.

Cette hystérie anti-rouge fut d’ailleurs le thème central de son précédent film Un crime dans la tête.

L’aspect paranoïaque et ici plus diffus mais non moins présent tout du long par l’excellente mise en scène de John Frankenheimer, tantôt oppressante, tantôt à nous faire douter de la réalité du complot.

Deux célèbres acteurs se partage l’écran : Burt Lancaster dans le rôle du général complotiste, et Kirk Douglas, un colonel sous les ordre du premier qui va tenter de mettre à jour le coup d’État.

Opposition de deux stars, qui partage pourtant dans le film la même opinion sur la fin de la guerre, mais dont la dissension nait de leur vision contradictoire de la république états-unienne et de sa démocratie. 

Alors qu’on pourrait le qualifier de film d’anticipation, John Frankenheimer donne une représentation très réaliste des évènements, agrémenté de séquences à la mise en scène troublantes, déstabilisantes, instaurant une ambiance de doute et de peur servant son propos.

Il ne faut pas non plus oublier qu’un an avant la sortie du film a lieu un autre immense choc dans l’histoire des États-Unis avec l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy.

Avec son propos pacifiste, aspirant à sortir au plus vite de l’ère nucléaire où les hommes n’ont plus de prise sur leur survie, et son rappel des valeurs démocratique, John Frankenheimer livre une œuvre intense, profondément ancré dans les tourments de son pays et de son époque, mais qui dépasse largement les frontières géographiques comme temporels.

Catégories
Culture

Point Limite de Sidney Lumet et La Bombe de Peter Watkins

En 1962 a lieu la crise des missiles de Cuba, un des points d’orgue des tensions entre les deux blocs de la guerre froide. Cela a profondément marqué le monde, et en particulier la population des États-Unis, leur faisant pleinement prendre conscience du risque d’une nouvelle guerre mondiale, celle-ci devant prendre la forme d’une guerre thermonucléaire.

Ce n’est donc pas un hasard si deux ans plus tard sortent coup sur coup deux films qui s’emparent du sujet de l’arme nuclaire : Docteur Folamour (Dr. Strangelove) de Stanley Kubrick et Point Limite (Fail Safe), de Sidney Lumet. Le premier ayant d’ailleurs intenté un procès au second afin de pouvoir sortir son film en premier.

En 1964 Sidney Lumet a déjà quelques réalisations de long métrage à son actif, et de beaux succès avec des films comme Douze Hommes en colère (1957) ou L’homme à la peau de serpent (1960). 

Point Limite est une adaptation du roman Fail Safe écrit par Eugene Burdick et Harvey Wheeler. Le scénario adapté est signé Walter Bernstein, auteur engagé qui figura sur la liste noire du cinéma durant le Maccarthysme des années 50, époque où il fit sa première collaboration avec Sidney Lumet pour la télévision sur la série Danger (où il n’est donc pas crédité). C’est également lui qui sera à l’écriture quelques années plus tard de Traître sur commande, réalisé par Martin Ritt.

Si Douze Hommes en colère est encore aujourd’hui le film le plus connu de son réalisateur il partage un certain nombre de points communs avec Point Limite

Sans aller aussi loin dans le huis clos, après une présentation de quelques-uns des principaux protagonistes, Point Limite ne se passe plus que dans quelques lieux clos : le cockpit d’un avion de guerre, la salle de réunion des hauts gradés militaires, la salle du téléphone rouge du Président… 

Ainsi si le thème du film est l’arme nucléaire et toute la mécanique et machinerie qui peut mener à une guerre thermonucléaire, la caméra de Sidney Lumet est centré sur des humains. Mais des humains sans cesse divisés, séparés, qui communiquent davantage par téléphone et radio qu’en contact direct. 

Tout le talent de mise en scène Sidney Lumet permet alors, à partir de rien (deux acteurs et un téléphone par exemple), d’exprimer un universalisme teinté de mélancolie d’une rare puissance, par l’écriture, par la direction d’acteur ainsi que par le cadrage et le jeu sur les ombres, séparant les acteurs pour mieux les réunir et les laisser s’exprimer leur plus profonde humanité.

Un autre point commun entre les deux films est qu’on retrouve ici, dans le rôle de président des États-Unis, l’acteur Henry Fonda, déjà présent dans Douze hommes en colère avec un personnage similaire, épris de moral, de justice et de valeurs démocratiques. 

Certaines scènes sont d’ailleurs d’un tel niveau d’humanité, de fraternité qu’on peut être étonné de les voir se tenir au plus haut sommet de l’État et de l’armée. Cela n’enlève néanmoins rien à la portée du film, qui présente également son lot de personnages cyniques et guerriers. 

La séquence d’ouverture qui nous présente quatre des protagonistes a d’ailleurs une grande importance dans la tension dramatique du film. On découvre alors des individus à la rupture, en prise avec les maux et la violence de la société. Avant de découvrir qu’il s’agit de personnes très haut placées qui vont devoir gérer une des plus graves crises de l’humanité. C’est une brève incursion dans le réalisme de la société de l’époque, avant de pénétrer dans un environnement bureaucratique cloisonné et policé.

Il est d’ailleurs à noter que pour ce qui est des décors l’armée américaine a refusé d’apporter tout aide au film, Sidney Lumet et son équipe ont ainsi du se débrouiller pour imaginer et mettre en scène les différentes pièces, les écrans de surveillance, les avions, pour un résultat qui fonctionne parfaitement.

On peut ainsi voir Point Limite comme une prolongation de Douze hommes en colère, le vertueux personnage d’Henry Fonda est devenu président des États-Unis, et il ne s’agit plus de débattre et décider d’un parricide et de la vie et mort d’un accusé, mais de celle de l’humanité tout entière. 

Film intemporel, ce film à suspens fait encore écho aujourd’hui, de par son humanisme et son universalisme, et car la menace d’une apocalypse nucléaire continue de peser sur tous les êtres vivants de la planète soixante.

Un an plus tard, en 1965, sort le film La Bombe (The War Game) de Peter Watkins. Il s’agit d’un documentaire-fiction commandé par la chaîne anglaise BBC imaginant ce qui se passerait en cas d’attaque nucléaire sur l’Angleterre. 

Devant la teneur du film, très documenté (basé entre autre sur l’étude des bombardements de Dresde, Londres, Tokyo, Hiroshima, Nagasaki…), réaliste et donc terrifiant, la chaîne voulu annuler sa diffusion, mais en raison d’un flou dans le contrat de production il put malgré tout sortir en salle où il rencontra un franc succès aussi bien public que critique.

On y suit  le déroulement d’une attaque nucléaire, des instants qui précèdent, comment s’y préparer (ou plutôt comment on ne peut pas s’y préparer), à l’attaque en elle-même et ses terribles conséquences.

Peter Watkins, réalisateur résolument pacifiste et engagé (il tournera plus tard Punishment Park), en fait un documentaire acerbe, où il n’épargne rien au spectateur, lui rappelant que cette fiction pourrait bien tourner en réalité et toute l’horreur l’accompagnant.

Car il ne s’agit pas ici d’un soldat qui va mourir à la guerre pour des intérêts impérialistes, tout aussi barbare que cela soit, mais de l’anéantissement de famille entière, de toute une population. 

Au-delà du thème nucléaire qui réunit ces deux films, ce qui ressort de ces deux visionnages c’est l’impression d’inéluctabilité d’une telle guerre tant que ces armes existent. 

Point Limite suit ainsi une trame scénaristique très déterministe. Aussi important soit les protagonistes il n’est plus question de choix, de libre arbitre. C’est d’ailleurs pour cela que la crédibilité des vertus morales du Président et de ses conseillers importe peu. Le mal est déjà fait, c’est tout un système qui est à l’œuvre, et le grade ne vaut alors plus grand chose face à la marche de l’histoire.

On retrouve ce sentiment devant La bombe, si une telle guerre venait à être déclenchée, il serait déjà trop tard pour espérer quoi que ce soit.

Ce sont ainsi deux films très importants, qui portent en eux une urgence pacifiste et universaliste qui résonne encore aujourd’hui.

Catégories
Culture Guerre

L’incontournable téléfilm Le Jour d’après (1983), manifeste de gauche

C’est un téléfilm – largement de la qualité d’un film d’ailleurs – qui sera vu une fois dans sa vie et il y aura alors un avant et un après. Impossible de rester pareil après un tel film et d’ailleurs il est à proscrire chez les moins de 18 ans, même si l’atmosphère générale n’est pas celle des années 1980, même si on y revient. C’est qu’entièrement réaliste dans sa dimension portraitiste, Le jour d’après expose une chose simple : le jour d’après, c’est-à-dire le jour d’avant et le jour d’après le déclenchement de la troisième guerre mondiale entre les monstres américain et soviétique.

Le film est très clairement sur une base de Gauche, de la manière la plus claire au sens de la manière la plus vraie. Ce sont les faits qui sont montrés, avec un passage du portrait de la vie réelle et quotidienne d’Américains loin des grands centres comme New York à la présentation de leur condition le jour d’après. On voit le peuple avec les yeux du peuple dans la réalité du peuple.

La chaîne ABC – où le film fut diffusé le 20 novembre 1983 devant cent millions d’Américains absolument emportés – mit un maximum de bâtons dans les roues à la production,ayant même à un moment éjecté le réalisateur, Nicholas Meyer, tout en réussissant à procéder à de multiples coupes. Pourtant la chaîne fit en même temps la promotion du film, assumant par là-même d’être en conflit avec le Pentagone qui évidemment exigeait non pas une dénonciation de la guerre, mais de l’URSS.

On se doute, en effet, que le film met dos à dos États-Unis et URSS, soulignant bien leur rôle moteur dans l’élan à la guerre. Le réalisateur fut naturellement dénoncé comme un « traître » par les propagandistes acharnés du militarisme et du nationalisme impérialiste.

Il est vrai qu’ABC produisit dans la foulée, pour se rattraper, la série Amerika, qui se déroule dix ans après la prise du contrôle des États-Unis par l’URSS et la perte générale des « libertés », afin de relancer la machine de propagande en faveur de la guerre. Mais que Le jour d’après ait pu être diffusé en dit long sur la contradiction principale aux États-Unis alors, avec un complexe militaro-industriel qui, tout comme celui d’URSS, poussait à la militarisation et au conflit, et une société voyant bien qu’elle se faisait embarquer dans un projet criminel et fou.

Le film est littéralement admirable dans la mesure où il montre que pour les Américains, le patriotisme américain est lié à la réalité quotidienne et ne consiste pas en une abstraction : l’opposition entre le peuple et un État entièrement séparé de lui est limpide, le rapport au drapeau américain dans tout le film est d’un symbolisme très fort. Dommage que le niveau technique, notamment pour le cadrage, n’ait pas été de meilleure qualité, car on aurait eu alors quelque chose d’époustouflant.

C’est cependant secondaire au sens strict, ce qu’on voit est vrai et c’est cela qui compte. Pour cette raison, l’impact de ce film fut, de fait, immense sur l’ensemble de la société américaine ; il fut également vu au cinéma par 3,5 millions de personnes en Allemagne de l’Ouest et ne laissa personne indifférent à travers le monde quant à ceux qui furent en mesure de le voir.

De manière plus spécifique, il fut également vu au plus haut niveau américain, y provoquant un traumatisme d’autant plus étonnant qu’on a là les premiers criminels en chef avec leurs équivalent soviétiques. Le président américain Ronald Reagan, un militariste forcené pourtant, affirma par la suite que le film avait joué un rôle d’importance pour aller dans le sens de la signature du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire en 1987. Cette même année, le film fut d’ailleurs diffusé à la télévision soviétique.

Le film est disponible sur YouTube, ainsi que sur des plate-formes de streaming avec les sous-titres en anglais. Même si on maîtrise mal cette langue, la dignité de ce qui est présenté est si simple et vraie qu’on saisit cependant tout tout de suite, inévitablement.

Catégories
Politique

ICAN: «Le traité sur l’interdiction des armes nucléaires entre en vigueur!»

Voici le dernier communiqué de l’ICAN – France (Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires) :

 « LE TRAITÉ SUR L’INTERDICTION DES ARMES NUCLÉAIRES ENTRE EN VIGUEUR !

Ce 24 octobre 2020, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) vient de franchir une nouvelle étape permettant son entrée en vigueur en 2021. Désormais, selon le droit international, les armes nucléaires sont illégales.

Enfin les armes les plus inhumaines et destructrices — soixante quinze années après leur première utilisation sur des populations civiles et après plus de deux milles détonations dans le cadre d’expériences (dont 210 par la France) — sont totalement interdites par un traité créé à l’initiative d’une vaste majorité d’États dans l’enceinte des Nations unies ; preuve que le multilatéralisme fonctionne.

Les dernières ratifications (Nauru, Jamaïque) hier 23 octobre et ce jour  24 octobre (Honduras) déposées ce jour aux Nations unies ont permis au TIAN d’obtenir le minimum de 50 États membres pour assurer son entrée en vigueur, comme le stipule son article XV dans « 90 jours ». À noter que 37 États signataires préparent également leur procédure de ratification du traité.

Ainsi, en 2021, nous débuterons une nouvelle décennie ou les armes nucléaires seront illégales au regard du droit international. Il était anormal que les armes nucléaires soient les seules armes de destruction massive non-interdites, alors que c’est le cas pour les armes chimiques et biologiques. Ce traité corrige cette anomalie et va montrer le véritable visage de cette arme.

Malgré les dernières tentatives de pression des Etats nucléaires, de la France notamment, ce traité va fonctionner pour engager le désarmement nucléaire, renforcer la lutte contre la prolifération nucléaire, prendre en compte l’environnement pollué par les essais nucléaires et assurer aux populations victimes de ces essais une assistance sanitaire.

Des centaines de villes, à travers le monde, soutiennent cette interdiction, les armes nucléaires étant par leur nature destinées à frapper des centres urbains. En France une trentaine de villes, dont Paris, Grenoble ou Lyon ont aussi signé l’Appel des Villes initié par notre Campagne.

Ainsi pour Gregory Doucet, Maire de Lyon « La ratification par 50 États-membres de l’ONU du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) va permettre son entrée en vigueur. Ces armes, conçues pour cibler prioritairement les zones fortement peuplées que sont les villes, sont enfin interdites : c’est un progrès à la fois humanitaire et écologique, ainsi qu’une étape majeure vers un monde plus sûr. Et je tiens à féliciter l’association ICAN dont l’inlassable travail d’information a permis d’obtenir cette belle victoire ».

RÉACTIONS

Jean-Marie Collin, expert sur le désarmement nucléaire et co-porte-parole de ICAN France :

  • « La France est à contre courant de l’histoire. Non seulement elle a pratiqué la politique de la chaise vide durant toute ces années de négociations à l’ONU, mais en plus elle a exercé une pression sur des États contre l’instauration d’une norme qui soutient le droit humanitaire et va renforcer la sécurité internationale ».
  • « Nous sommes devant un vide terrible de prise de conscience des parlementaires sur les enjeux liés au désarmement nucléaire. C’est extrêmement regrettable de voir, que le budget atomique passe la barre des 5 milliards d’euros sans aucun débat de fond. Rien sur l’impact de l’arrivée du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires sur les années à venir, aucune interrogation sur cette politique de dissuasion nucléaire et une absence de réflexion sur la nécessité, à l’heure du « Jour d’après », d’engager une politique de sécurité humaine ou les enjeux sécuritaires, sanitaires et environnementaux sont croisées et non pas opposés. Nous les appelons dès lundi à constituer une délégation permanente à la dissuasion nucléaire, à la non-prolifération, à la maitrise de l’armement et au désarmement sur ce sujet comme il s’y était engagé le 11 juillet 2018

Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements, co-porte-parole de ICAN France :

  • « Le président Macron a parlé de réalisme dans son discours sur la dissuasion (7 février 2020) assurant qu’il fallait avec les Européens développer une culture stratégique et pratiquer des exercices de frappes nucléaires. Le réalisme imposerait de voir que cette politique va diviser les États européens, empêcher la création d’une politique de sécurité commune et faire le lit de la prolifération nucléaire ».
  • « Ceux qui pensent que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires n’aura aucun impact sur la France ne tiennent aucun compte de la réalité du monde de ce XXIe siècle et de ses interdépendances. Les effets de l’entrée en vigueur du TIAN vont être politiques, diplomatiques, juridiques, stratégiques, éthique et financier. Déjà d’importantes institutions financières se refusent à investir dans le secteur de l’armement nucléaire suite à l’adoption du traité par l’ONU… Le déni d’ouvrir le débat sur la dissuasion nucléaire ne peut que renforcer l’instabilité et l’insécurité. » »
Catégories
Guerre

Tribune: «Nous devons refuser les armes nucléaires»

Voici une tribune de la branche française de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires. À l’occasion des 75 ans des « horreurs des bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki », elle rappelle à quel point cette question est plus que jamais d’actualité, particulièrement en France. Le démantèlement immédiat de l’arsenal nucléaire de notre pays doit être point fondamental et indiscutable du programme de la Gauche. Rien ne peut justifier un tel pouvoir de destruction, aucun gouvernement véritablement démocratique et populaire, pacifique et internationaliste, n’est possible sans se débarrasser immédiatement de telles armes.

« Nous devons refuser les armes nucléaires

Soixante-quinze ans après les horreurs des bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki, les Etats disposant d’armes nucléaires investissent toujours des dizaines de milliards d’euros, en vue de leur modernisation et de leur renouvellement. Devant la complexité de la tâche de parvenir à l’élimination de ces armes de destruction massive, il serait tentant de rester dans le déni, comme le font trop de personnes à l’égard du changement climatique. Mais nos organisations, regroupées dans la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (Ican en France), pour paraphraser les mots de Camus au lendemain du 6 août 1945, se refusent à tirer d’une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider encore plus énergiquement pour la mise en œuvre de l’interdiction et de l’abolition des armes nucléaires. (Tribune publiée, le 5 août 2020 sur Libération par les organisations membres de ICAN France)

Nous revenons de loin. Si l’on se retourne sur le temps écoulé depuis les 6 et 9 août 1945, nous avons eu beaucoup de chance : entre course aux armements – avec un arsenal nucléaire mondial qui a atteint le chiffre astronomique de 69 368 ogives en 1986 –, accidents nucléaires militaires qui ont avorté par chance (Goldsboro en 1961, Palomares en 1966, Thulé en 1968…) ou par courage (26 septembre 1983, colonel Petrov) et des tensions extrêmes (Cuba en 1962, confrontation indo-pakistanaise du Kargil en 2001). Par ailleurs, face au risque d’utilisation de ces armes, l’importante mobilisation d’un grand nombre d’organisations et d’individus a permis d’obtenir la mise en place d’un droit international de plus en plus contraignant en faveur de la non-prolifération et du désarmement nucléaire, notamment le Traité de non-prolifération (1968) et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (1996).

Alors que le risque de détonation nucléaire avec son flot de potentielles conséquences humanitaires, environnementales et sanitaires, n’a jamais été aussi imminent en ce début de siècle, l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (Tian) par 122 Etats le 7 juillet 2017 à l’ONU montre que la résistance d’une large majorité d’Etats non-possesseurs et de nombreuses ONG (dont la campagne Ican) s’est amplifiée. Ce n’est pas une vue de l’esprit ou une croyance, mais une réalité avec l’entrée en vigueur d’ici quelques mois du Tian. Cette nouvelle norme de droit est d’ores et déjà efficace, si l’on en juge par les pressions diplomatiques exercées par la France et les autres puissances nucléaires pour dissuader Etats, villes et même des opérateurs privés de rejoindre ou de soutenir un traité dont l’ambition est de renforcer la sécurité internationale…

Résistons aux côtés des Hibakushas

«Nous avons vécu le feu des bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki, il y a soixante-quinze ans. Nous avons consacré notre vie à nous assurer que notre génération serait celle du dernier hibakusha – les survivants des bombes atomiques. Nous avons appris à être courageux, pleins d’espoir et audacieux. Nous avons appris que c’est à des gens comme vous et moi de se dresser contre les armes nucléaires et les dirigeants qui menacent le monde avec elles. Le dernier grand défi auquel nous sommes confrontés est d’interdire et d’éliminer ces armes. Affrontez-le avec nous, nous y sommes presque.» (Engagement à soutenir les Hibakusha, Ican, juillet)

Résister, c’est s’engager avec détermination devant ce qui apparaît «intouchable». Comme citoyen français, nous sommes confrontés à chaque instant à cette bombe. Le budget dissuasion, issu de nos impôts, nous coûte 9 000 euros par minute en 2020, à l’heure où des acteurs du service de santé crient devant l’urgence sanitaire. Des banques, en contradiction avec leur politique de responsabilité sociétale de l’environnement (RSE), investissent notre épargne dans les entreprises fabriquant des systèmes d’armes nucléaires. Notre génération et les futures vont devoir gérer et payer pour le stockage d’un minimum de 15 000 m3 de déchets nucléaires militaires. Quant à la protection de l’environnement et de la biodiversité, cause essentielle, les efforts et luttes seront réduits à néant si le «bouton» nucléaire est poussé. La liste serait longue de tous les effets dangereux auxquels notre Etat nous expose en conservant une politique de dissuasion, qui consiste à être prêt en permanence à utiliser des moyens de destruction sur des populations civiles et en engageant les Etats de l’Union européenne à la soutenir.

Les campagnes (par exemple, via le Mouvement de la paix, Pugwash, Abolition 2000…) pour le désarmement nucléaire sont nées au lendemain de Hiroshima et Nagasaki. Mais la résistance est devenue plus organisée, plus active, non seulement à travers ces organisations, mais aussi avec de nouveaux acteurs (voir les signataires de cette tribune), comme le sont des villes françaises (dont Paris, Grenoble, Cordes-sur-Ciel et une vingtaine d’autres) et à travers le monde (plus de 300) qui sont convaincues que leurs habitants ont le droit de vivre dans un monde libéré de cette menace nucléaire et qui, pour cela, soutiennent l’interdiction des armes nucléaires.

Notre pays a une position et un rôle singulier. Certes, son arsenal est moindre (300) par rapport aux Etats-Unis (5 800) ou à la Russie (6 375), mais la France a le quatrième plus grand arsenal au monde. Cette France dont un sous-marin transporte en permanence un millier de Hiroshima, alors que dans le même temps son ministre des Affaires étrangères affirme que «le respect du droit international humanitaire n’est pas une option [mais] c’est une obligation» (Conférence nationale humanitaire, 22 mars 2018) et que son Président s’interroge sur la prise en compte d’un crime d’écocide… alors qu’il pourrait lui-même en être l’auteur !

Nous engageons les associations et les individus à nous rejoindre pour agir et faire résonner cet appel des Hibakushas. Nous pouvons tous résister et agir à notre niveau en interrogeant l’action des élu·e·s (parlementaires et maires), en s’informant, en sollicitant sa banque de respecter ses engagements d’acteur responsable, dans l’objectif de contraindre le Parlement et le pouvoir exécutif d’engager le processus de signature et de ratification du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Signataires :

Catégories
Guerre

Vers la guerre: le M51 nucléaire français testé le même jour que le lancement du Prince Vladimir par la Russie

La France a testé son missile nucléaire mer-sol M51 le même jour qu’était lancé le sous-marin lanceur de missiles nucléaires Prince Vladimir. Qui croit au hasard ne comprend pas la tendance à la guerre.

Pour comprendre ce qui se trame en France à l’arrière-plan, il suffit de porter son attention sur l’ignoble film de 2019 avec Omar Sy et Matthieu Kassowitz, Le chant du loup. Cette production française, acclamée par la critique locale, qui met sur un piédestal la force de frappe française. C’est littéralement criminel et cela correspond à toute une mise en place d’un certain état d’esprit.

Dans les années 1970, l’extrême-Gauche aurait attaqué les salles de cinéma. Dans les années 1980, le PCF aurait protesté contre l’esprit d’intervention militaire. Dans les années 1990, la Gauche aurait dit en général que ce film, tout de même, va trop loin. Depuis les années 2000 la thématique n’existe plus. Or, là, on est comme dans les années 1980, avec une course aux armements et deux superpuissances prêts à se taper dessus pour décider du sort du monde en leur faveur.

Et la France vaut bien la Russie niveau militarisme. On sait que la Russie est économiquement de la taille de l’Italie, mais qu’elle est aux mains d’une oligarchie prolongeant les grands monopoles de l’URSS organisés autour du complexe militaro-industriel. Il y a ainsi des technologies de pointe qui sont utilisées pour renforcer artificiellement la dimension militaire meurtrière du pays. Cela coûte une fortune, bien entendu aux dépens de la population, tout cela pour des projets comme l’expansion aux dépens de l’Ukraine.

Mais si l’on regarde bien, la France fait pareil niveau course aux armements. Et le choix français d’un test le même jour que le lancement du sous-marin russe – ou inversement – est une contribution à la tension mondiale.

Le sous-marin nucléaire de 4e génération Prince Vladimir est ainsi un véritable monstre au service de la guerre dans tout ce qu’elle a de plus terrifiante. C’est un sous-marin nucléaire lanceur d’engins, avec 16 missiles Bulavas. Chaque missile Bulava – masse d’armes en russe – transporte dix ogives nucléaires. Chaque missile, c’est donc… entre sept-cents et mille fois Hiroshima.

C’est monstrueux. Mais c’est exactement pareil pour la France : chaque sous-marin nucléaire lanceur d’engins a 16 missiles M51, l’équivalent direct des Bulavas. La folie criminelle des uns vaut bien celle des autres. Surtout que ces missiles, il y en a beaucoup, car il y a beaucoup de têtes nucléaires… La France en a 300. La Russie et les États-Unis en ont 2000 chacun.

Que faut-il alors penser de militaires assez cinglés pour faire un test militaire le même jour que le lancement officiel d’un tel sous-marin, et inversement ? C’est un choix que de choisir le même jour, sur les 365 de l’année, alors que les tests de missiles sont très rares d’ailleurs (cent millions d’euros l’unité). Il y a eu neuf tests de M51 depuis 2006… et il a fallu choisir ce jour-là ?

Qu’importe d’ailleurs de savoir si l’armée française est responsable de la date ou l’armée russe. Les deux sont dirigés par des généraux qui devraient tous être révoqués et emprisonnés pour leurs activités bellicistes. Et il ne faut pas croire que cela s’arrête. La France travaille sur une troisième version du M51, afin d’ajouter encore plus de kilomètres, encore plus de résistance aux anti-missiles…

Et chaque pays capitaliste d’envergure pousse en ce sens. Il y a une course à l’armement, à la suprématie technologique, chaque pays cherchant à trouver un moyen de déborder les autres. L’Allemagne, par exemple, est ouvertement orientée vers les drones militaires et espère avoir trouvé une véritable clef pour la domination dans les batailles futures. Tous les partis politiques allemands pratiquement sont tout à fait d’accord avec ce programme.

Tout comme d’ailleurs tous les partis politiques français sont d’accord avec le développement du programme nucléaire français. Jamais on ne verra le PS, le PCF ou La France Insoumise exiger l’abandon de l’arme atomique. Et pourtant, c’est là une revendication évidente. Quelle personne de Gauche peut accepter l’anéantissement de millions d’êtres vivants ? Quelle personne de Gauche peut accepter qu’une personne décide de l’ordre de tir pour cet anéantissement ?

> Lire également : Le film Le chant du loup et l’angoissante question de la bombe nucléaire

Rien que pour cela la Ve République est un régime ultra-autoritaire, comme d’ailleurs toute la Gauche le pensait en 1958 à la suite du coup d’État militaire de de Gaulle. Cela montre que pour combattre la course aux armements, il faut une réelle démocratie fondée sur le peuple : un régime organisé par en haut ne peut que resservir les intérêts de la compétition internationale, de la bataille pour se repartager le monde pour plus de profits.

Catégories
Guerre

Missile M51: communiqué de l’ICAN France en réaction à l’essai nucléaire français d’hier

Voici le communiqué de l’ICAN – France, le relais national de la Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires (ICAN), en réaction à l’abominable tir d’essais du missile nucléaire M51 par la France, hier.

« Alerte presse – Essai missile nucléaire M51

En réaction au tir de missile M51, parle SNLE-NG Le Téméraire, ce 12 Juin 2020

Patrice Bouveret – directeur de l’Observatoire des armements, co-porte-parole de ICAN France

  • « L’absence volontaire d’actions concrètes de la France en faveur du désarment nucléaire est dangereuse car elle est une incitation à la prolifération. Il est urgent que la France s’ancre dans la nouvelle réalité du monde en respectant la démocratie, et s’engage au côté de la majorité des États de la communauté internationale qui soutient le Traité d’interdiction des armes nucléaires. »
  •  « Cet exercice nucléaire est contraire à l’esprit du traité de non-prolifération nucléaire qui prévoit que les États dotés de l’arme atomique doivent, de bonne foi, tendre vers la suppression de toutes les armes nucléaires de la planète. »
  • « Croire que la politique de dissuasion nucléaire nous mettrait à l’abri de menaces étatiques repose sur des mythes et ne tient absolument pas compte  de la réalité des angles morts qui existent et des risques d’utilisation par erreur ou par accident. »

Jean-Marie Collin – expert sur le désarmement nucléaire et co-porte-parole de ICAN France

  • « En réalisant ce test, la France montre ses muscles sur sa capacité de créer des conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques. Ce test est une nouvelle fois la démonstration que la politique de dissuasion se traduit par une acceptation de renoncer à l’ensemble des règles de droit international, dont le droit international humanitaire. »
  • « Le coût de développement des forces de dissuasion ne cesse de progresser au détriment  d’une véritable sécurité humaine. En 2020 c’est 8 999 € par minute dépensée par l’ensemble des contribuables Français, en 2025 ce sera 11 415 € ! »
  • « Il est urgent que la commission des Affaires étrangères mette en place la délégation permanente à la dissuasion nucléaire, à la non-prolifération, à la maîtrise de l’armement et au désarmement adoptée en juillet 2018. Ce format permettrait d’engager une plus grande transparence sur ce domaine qui reste bien opaque. Les parlementaires qui ont multiplié les tribunes pour « changer de monde » doivent agir au plus vite. Sinon, nous allons rester dans ce « monde d’avant » ; toujours sous la menace des armes nucléaires ». »