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Vie quotidienne

Michel Clouscard et la vie quotidienne

Existe-t-il une société de consommation ou pas? Le capitalisme façonne-t-il la vie quotidienne des gens ou pas? Ce thème étant à nos yeux essentiel, il y a lieu de se pencher sur l’avis de Michel Clouscard. Ce penseur (1928-2009) a vu son activité passer inaperçue durant sa vie, à peu de choses près, mais depuis une dizaine d’années à peu près, il y a un courant de pensée qui en fait la promotion.

Michel Clouscard aurait le premier tout compris : le capitalisme est libéral-libertaire et exige un mode de vie « libéré » dont la seule liberté est de fuir dans la consommation. Mai 1968 aurait été le détonateur de ce capitalisme nouveau, qu’il appelle le « capitalisme de la séduction ».

Les philosophes issus de ce capitalisme nouveau auraient été les pires, parce qu’ils se prétendaient de gauche alors qu’ils faisaient la promotion d’un style de vie hédoniste. On parle ici des philosophes Lyotard, Foucault, Deleuze, Derrida.

Voici les grandes lignes, en apparence, de la pensée de Michel Clouscard, dont on se dit que c’est très intéressant pour effectivement dénoncer la généralisation du style de vie allant avec la société de consommation. Le souci est qu’il ne dit pas ça.

En effet, Michel Clouscard ne dénonce pas ce que nous appelons sur agauche.org le turbocapitalisme. Il ne dénonce pas du tout le renouveau du capitalisme, la naissance de nouveaux marchés au moyen de la négation des rapports naturels.

Michel Clouscard dénonce le maintien artificiel du capitalisme au moyen de micro-consommations « amusantes » qui trompent les gens fascinés (mais qui ne consomment pas).

Cela n’a rien à voir !

Tout le monde consomme-t-il ou non?

Si on regarde ce que dit la gauche de la gauche en 2023 au sujet des masses, on croirait que les travailleurs français sont pauvres jusqu’à pratiquement ne plus savoir comment payer leur loyer ou leur alimentation.

C’est évidemment complètement faux. Le niveau de vie est très élevé. La France est l’une des plus grandes puissances mondiales, même si elle est en chute libre. Tous les Français consomment. Certains consomment plus que d’autres, mais tous le font et tous relèvent de la société de consommation, même si à des degrés différents.

Tout propos misérabiliste est donc trompeur. Et Michel Clouscard y participe. Il est présenté comme un critique de la société de consommation. En réalité, il ne le fait pas car il ne reconnaît pas la société de consommation. Il critique un capitalisme qui cherche à établir une société de consommation de manière forcée, sans y arriver, ce qui est bien différent.

Michel Clouscard reconnaît tout à fait que le niveau de vie s’est élevé. Pour autant, il ne pense pas que le capitalisme se soit réellement élevé au niveau d’une vaste consommation de masse. Donc il ne dénonce pas la société de consommation telle qu’elle existe (selon nous) aujourd’hui. Il dénonce le fait que le capitalisme aimerait parvenir à une telle société de consommation (mais pour lui elle n’y arrive pas).

Pas de capitalisme par en bas?

L’idée de Michel Clouscard, c’est qu’il y a des couches sociales petites-bourgeoises qui profitent d’une manne capitaliste afin de mener une consommation « libidinale, ludique, marginale ». Cela produirait une agitation faisant vivre l’idéologie libérale-libertaire.

Mais cette agitation est « idéologique » plus qu’autre chose. D’ailleurs, pour Michel Clouscard, les monopoles domineraient tout et donc il ne peut pas y avoir de renouveau du capitalisme, de relance par en bas.

Autrement dit, Michel Clouscard ne dénonce pas la société de consommation, le capitalisme par en bas – car il ne le reconnaît pas.

Ce qu’il attaque, c’est l’existence de marges intellectuelles universitaires et d’aventuriers consommateurs « d’un nouveau style ». Michel Clouscard dénonce pour cette raison… le rock et la disco!

Déjà que c’est absurde car rien n’a été pratiquement plus populaire à l’échelle de masse que le rock et la disco dans les pays occidentaux, c’est surtout totalement réactionnaire. Mais Michel Clouscard est un philosophe du PCF d’après 1968, et le PCF a été contre Mai 1968. Le PCF, avec la CGT, a tout fait pour casser la contestation de Mai 1968.

Michel Clouscard est totalement aligné sur le PCF et sa théorie du « capitalisme de la séduction » se fonde d’ailleurs sur la théorie du capitalisme monopoliste d’État du PCF.

Le capitalisme monopoliste d’État

Michel Clouscard est un penseur du PCF et à son époque, il est totalement dans l’ombre de deux penseurs concurrents : Louis Althusser et Nikos Poulantzas. Ces deux derniers accordent une grande place à la question de l’État. Pour cette raison, ils penchent sérieusement du côté des « gauchistes », puisque eux veulent détruire l’État.

Michel Clouscard, lui, est totalement anti-gauchiste et il l’est, car il est d’accord avec le PCF : l’État est une forme neutre. Prétendre le contraire, selon lui, c’est faire du « marxisme dogmatique ». Pour Michel Clouscard, il y aurait une « société civile ».

On l’a compris : il reprend directement Antonio Gramsci, avec la même interprétation électoraliste que le Parti communiste italien à l’époque. Dans cet esprit, l’État peut pencher d’un côté, il peut pencher de l’autre.

Lorsqu’il écrit son ouvrage « La Bête sauvage, Métamorphose de la société capitaliste et stratégie » (1983), Michel Clouscard le fait après le programme commun et en assumant totalement la thèse du PCF du « capitalisme monopoliste d’État ».

Cette conception veut que l’État est devenu neutre, car avec la seconde guerre mondiale, l’impérialisme a disparu. Le capitalisme n’existe plus que par les aides de l’État. Il suffit donc de conquérir les commandes de l’État, au moyen d’une union populaire pour « autogérer » l’État, et alors on pourra prendre des mesures pour se débarrasser du capitalisme.

Cette théorie du « capitalisme monopoliste d’Etat » a été conceptualisée par le Français Paul Boccara en s’inspirant du Hongrois Eugen Varga.

Par conséquent, pour Michel Clouscard, tous ceux qui veulent dénoncer l’État par la révolution… sont en fait au service des monopoles qui veulent empêcher le PCF de prendre le contrôle de l’État par les élections et de le donner au peuple !

« Avec le Capitalisme Monopoliste d’État, l’État est totalement investi par l’économique, par les monopoles qui se sont étatisés et sont gérés par l’appareil d’État. Alors cet appareil d’État se moque de l’État croquemitaine du dogmatisme, du gauchisme, des nouveaux philosophes, des contestataires ou des terroristes.

Bien au contraire : sa mission économique est de créer les conditions superstructurales nécessaires à l’expansion économique du Capitalisme Monopoliste d’État.

Il faut mettre en place les modèles culturels de la nouvelle consommation, du nouveau marché du désir. Il faut libéraliser, révolutionner les mœurs. Pour servir au mieux les intérêts des multinationales que l’appareil d’État a fonction de gérer.

Parce que répressif au niveau de la production – productivisme, taylorisation, fordisme, cadences infernales – l’État doit organiser la libéralisation des mœurs qui permettra la meilleure circulation de la nouvelle marchandise.

L’État a besoin d’une société civile qui dénonce… l’État. Aussi, le dogmatisme, le gauchisme, les nouveaux philosophes sont les fourriers de la société civile voulue par l’appareil d’État soumis aux multinationales. »

Comme on le voit, Michel Clouscard ne dénonce pas le capitalisme en mode turbo, il ne dénonce pas le capitalisme qui se renouvelle. Pour lui, il n’y a qu’un seul capitalisme, un très gros capitalisme, qui « pense » et qui façonne la société civile.

C’est la conception réformiste et fantasmatique d’un capitalisme qui « pense », qui fait des « choix », par en haut.

Michel Clouscard n’est pas un critique du capitalisme se relançant par en bas !

Que dénonce Michel Clouscard ?

Michel Clouscard ne critique pas le capitalisme par en bas, qui pour lui ne peut pas exister. Il dénonce le gros capitalisme qui, dans ses soucis de modernité, bouscule le pays, le violente.

Si l’on veut, il ne critique pas les bobos, les start up, les influenceurs, les kebabs, mais la généralisation de la fibre et des voies pour vélos.

C’est caricaturé et pourtant cela correspond au fond de sa pensée. Voici un exemple avec sa défense du paysage français « idyllique » que le capitalisme viendrait défigurer :

« Le capitalisme monopoliste d’État a totalement détruit l’harmonie spatio-temporelle inventée par l’histoire de France (celle de ses modes de production).

Si les écologistes étaient sérieux, ils ne diraient pas vouloir protéger la nature, mais le travail de l’homme objectivé, devenu nature, décor naturel : campagne humanisée, forêt jardinée, déserts ou marécages cultivés, montagnes recouvertes d’arbres, fleuves domestiqués, etc.

« Oui au cantonnier, non à l’écologisme mondain. »

Pour substituer au rythme rural le productivisme généralisé, le capitalisme monopoliste d’État a désintégré la cellule familiale.

C’est le lieu de l’emploi et non plus le lieu d’origine qui fixe la famille, maintenant. Une extraordinaire diaspora des régions recouvre l’hexagone. »

C’est littéralement l’idéologie de Pétain, du retour à la terre. Comme si la France d’avant les monopoles, c’était le paradis ! Mais Michel Clouscard ne fait que ça, insulter ce qui est nouveau. Il n’hésite pas à considérer comme odieux que des gens, dans les années 1980, connaissent le reggae, mais pas le twist.

Ce qu’il dénonce, c’est la modernité, forcément unilatéralement mauvaise. Le capitalisme ne fabrique plus que des « gadgets » pour lui, et encore même pas pour tout le monde.

Et les rares cas où il le fait, c’est vide de sens pour lui : mettre une pièce dans un flipper, dans un juke-box, pour acheter un poster… Même le blue jean ou avoir les cheveux longs pour un garçon n’échappe pas à la critique, réactionnaire, de Michel Clouscard.

Citons sa dénonciation de la danse, incroyablement réactionnaire et délirante dans son propos même : on sent le vieux, dépassé et prompt à l’outrance.

« L’autre animation : sonore. L’autre machination : boîte à rythme, cabine leslie, pédale wah-wah, synthétiseur, fender, guitare électrique, etc.

L’autre initiation à la mondanité : psychédélique. Après la mécanique de groupe, voici la mécanique « musicale ». Branchons la sono. Le disc-jockey ouvre les vannes.

La statue accède au rythme. L’automate au déhanchement. Le désir à sa forme : les sens s’électrisent. Le mannequin s’anime de pulsions : gestes saccadés, répétés, figés. Bruitages de ces élans machinaux. Projection et transferts.

Vie de machine, corps du désir, corps rythmé. Le désir s’est éveillé. La statue est vivante : le machinal est son instinct (le vitalisme n’est que le reflet actif du mécanisme. Il n’est qu’un signifiant de l’animation machinale). L’être est gestuel. Et celui-ci est le rythme. »

Ces lignes de son ouvrage « Le capitalisme de la séduction » auraient été crétines en 1970, mais elles datent de 1981… que dire ? Un peu après ces lignes, on a même la définition du rock comme « Boum-boum : c’est toujours pareil ». En 1981 ! Après les Doors, le Grateful dead, Pink Floyd, Yes…

Le capitalisme zombie

Ce que dénonce en fait Michel Clouscard, c’est la modernité dans le cadre capitaliste. Et pour lui, elle ne peut qu’être entièrement fausse.

Car pour lui tout ne peux qu’être faux. Michel Clouscard considère que le capitalisme a déjà « disparu », conformément à la thèse du capitalisme monopoliste d’État. C’est un capitalisme zombie qui n’existe que parce que l’État le maintient en perfusion. Il est donc « faux ». Et tout ce qu’il fait est faux.

C’est ce côté réactionnaire qui a amené Alain Soral a se rapprocher de Michel Clouscard, et a écrire la préface de son ouvrage Néo-fascisme et idéologie du désir : Genèse du libéralisme libertaire. Michel Clouscard a ensuite dénoncé Alain Soral, et pourtant ce dernier représente indéniablement la substance de sa critique de la modernité « monopolistique – libertaire ». Il a simplement ajouté l’antisémitisme et la dénonciation d’un « complot » de l’élite mondiale, afin de faire tenir un édifice sinon sans fondations aucune.

Alain Soral résume d’ailleurs le mieux la thèse de Michel Clouscard, en soulignant que le capitalisme ne propose pas une vraie consommation nouvelle, mais un simulacre de consommation :

« Je reprends la thèse du trop méconnu Michel Clouscard dont j’avais préfacé « Néo-fascisme et idéologie du désir »; la voici : après guerre, les capitalistes marchands, pour étendre le marché fatalement saturé de l’utilitaire, ont eu l’intelligence de lancer, en surfant sur le vent de liberté venu d’Amérique, le « marché du désir ».

Un marché de l’inutile dont le mécanisme fonctionne comme suit : un, réduire la liberté au désir, deux, réduire le désir à l’acte d’achat. »

La consommation simulacre

Pour parler en termes marxistes, on peut dire qu’agauche.org affirme qu’il y a des marchandises partout, partout. C’est une surproduction de marchandises.

La production de masse, c’est bien ! Mais consommer n’importe comment, n’importe quoi, c’est mal !

Life deluxe for all, c’est bien ! Mais les délires ultra-individualistes de type de l’idéologie LGBT, c’est mal !

Le capitalisme a élargi les forces productives, maintenant on récupère le tout et on change de direction. Et il ne faut pas laisser faire le capitalisme qui veut élargir les marchés en dénaturant l’humanité.

Il y a le bon nouveau et le mauvais nouveau !

Pour Michel Clouscard, dans la lignée du capitalisme monopoliste d’État, il n’y a pas trop de marchandises, il y a trop de capital, il y a surproduction de capital, l’expression exacte correspondant à ce concept est la « suraccumulation de capital« .

Le capital « invente » donc des moyens pour investir, pour forcer à une consommation… Quitte à brûler cette consommation et ce capital. Pour Michael Clouscard, les nouvelles marchandises sont des simulacres : une chaîne hi-fi, une guitare électrique, un appareil photo ?

Tout cela ne sert à rien, c’est « ludique, libidinal, marginal », on a l’accordéon, ça suffit bien !

Autrement dit, pour Michel Clouscard, le capitalisme se résume à Kim Kardashian et à la téléréalité. Il accorde une valeur suprême à des consommations « stériles » totalement insignifiantes en comparaison avec l’avalanche de marchandises que produit toujours davantage le capitalisme.

En ce sens, il ne sert à rien pour critiquer la société de consommation. Il ne voit pas qu’en plus des monopoles, il y a à la base un petit capitalisme hyper actif se renouvelant. C’est la conséquence de son acceptation de la thèse du « capitalisme monopoliste d’État », qui prétend qu’il n’y aurait plus que des monopoles qui domineraient tout. Il « oublie » concrètement qui produit les contenus pour Amazon, Etsy, Netflix, Apple…

Non, la consommation dans la société de consommation n’est pas du simulacre. Elle est liée à une production réelle de marchandises. Et on s’y noie plus qu’autre chose !

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Nouvel ordre

L’humanité n’aura plus qu’un pays, qu’une seule langue

C’est le sujet le brûlant de l’humanité actuelle et, pour cette raison, il a totalement disparu des discussions. C’est un paradoxe dialectique qui montre que l’Histoire est prête!

Si vous demandez à quelqu’un si la France existera encore dans 500 ans, il vous répondra oui. S’il y aura encore des blancs et des noirs, il dira oui. Tout au plus y aura-t-il la reconnaissance que des choses puissent arriver, que certains pays peuvent donc disparaître.

Mais l’idée d’une humanité unifiée au niveau mondial a totalement disparu. Cet idéal des Lumières, de la Gauche historique s’est évaporé. Pour les gens, c’est même inconcevable.

Et en même temps, l’humanité n’a jamais été autant mélangée, métissée, « mondialisée » que ces trente dernières années. Rien que la pandémie, vécue consciemment par l’humanité (contrairement à la grippe dite espagnole par exemple), a montré la futilité des frontières.

Ces mêmes gens qui reçoivent des paquets du bout du monde, commandés sur internet qui est un réseau mondial, qui connaissent des personnes de toutes les couleurs de peau… pensent que l’unification mondiale n’est pas possible !

Drapeau de la République Soviétique de Chine durant les années 1930 : « Prolétaires et peuples opprimés du monde, unissez-vous! »

La mondialisation capitaliste a provoqué un mélange favorable à l’unification mondiale. Mais comme celle-ci est contraire au capitalisme, il y a deux poussées contraires. La première, c’est l’idéologie LGBT et les discours « inclusifs » qui nient les différences de culture, afin d’imposer un cosmopolitisme consommateur. La seconde, c’est le repli nationaliste, communautaire.

Les deux ne n’opposent pas du tout, malgré les apparences. Dans tous les pays occidentaux, ces deux camps s’opposent en effet pour l’opinion publique, y compris violemment. Cependant, leurs intérêts communs les font se rejoindre.

Par exemple, en France, tant les pro-LGBT les plus furieux que les nationalistes les plus agressifs se rejoignent pour mettre en valeur l’Ukraine, l’Otan et la guerre à la Russie. Le facho homophobe et l’anarchiste libéral dans les mœurs sont unis dans leur même détestation du tiers-monde et de tout principe collectif « autoritaire ».

C’est tellement vrai qu’ils ont le même rêve. Les fachos rêvent de communautés autonomes sur une base raciale. Et le modèle de la « gauche de la gauche »? Ce sont les ZAD comme à Notre-Dame-des-Landes, le Rojava en Syrie, les zapatistes au Mexique, éventuellement des Indigènes en Inde, etc. On parle ici dans tous les cas de repli communautaire, avec une organisation au niveau communautaire, dans un esprit communautaire assumé.

Pour les moins « radicaux » qui visent une participation au gouvernement, c’est mis au niveau de la France : il faudrait une France comme communauté indépendante. Mais ça reste communautaire.

C’est le refus de la grande fusion mondiale.

Les armoiries de l’URSS : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! »

Ce qui est intéressant, c’est qu’au début des années 1990, les Français pensaient plutôt que la France allait s’effacer dans une communauté européenne unifiée, qu’on aurait désormais un passeport européen. Tout cela semble si loin, alors que l’Union européenne s’est développée! Cela montre bien que le capitalisme ne peut plus unifier. Il unit quand ça l’arrange, mais il cherche toujours à surtout séparer.

Les partisans du socialisme ont inversement toujours souligné que l’humanité allait fusionner. Tous le pays allaient s’unir, se mélanger ; l’humanité parlerait une seule langue, produite de l’unification de l’humanité.

Il est évident du point de vue de la Gauche historique que, en l’an 3000, il n’y aura plus ni blancs, ni noirs, ni jaunes, ni de couleur de peau quelconque. Tout le monde sera tellement métissé que cela ne voudra plus rien dire. Quant à la France, évidemment qu’elle n’existera plus. Elle aura cédé la place à un autre pays, bien plus grand, et espérons le même, il n’y aura plus qu’un seul pays. Toutes les barrières nationales seront tombées.

Affiche soviétique des années 1920: « Bientôt l’univers entier sera à nous »

L’utilisation du mot « internationaliste » par la Gauche historique a précisément ce sens-là. Il a été déformé, sous l’effet du trotskisme et de l’anarchisme, sur un mode « la négation des pays », « au-delà des nations ». Mais ce n’est pas du tout le concept. L’internationalisme est prolétarien : le prolétariat mondial est ce qui compte réellement, et l’unification de l’humanité va avec la victoire de la révolution mondiale.

Et la victoire de la révolution mondiale indiquera le passage à la colonisation spatiale : telle était officiellement le point de vue de l’URSS, avec la figure majeure que fut théoricien de l’astronautique Constantin Tsiolkovsky. Le principe de la planète comme Biosphère, avec Vladimir Vernadsky, va en ce même sens.

Une seule planète, une seule humanité. La fin des barrières ethniques, nationales, tout comme les barrières tribales et claniques sont tombée de par le passé. Et une nouvelle aventure pour l’humanité : sa diffusion dans le Cosmos.

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Culture & esthétique

Classique ou avants-gardes dans l’art?

« Relativisme, mercantilisme, subjectivisme, individualisme, mépris du travail et nihilisme : telles sont les valeurs véhiculées par l’art contemporain. » Ces propos sont indéniablement justes et sont, mot pour mot, ce qu’on peut lire sur agauche.org depuis longtemps à ce sujet.

L’intérêt de la citation est toutefois qu’il vient du blog des « Jeunes pour la Renaissance Communiste en France », d’un article en trois parties intitulées Classiques ou avant-gardistes, quelles formes pour un art populaire et révolutionnaire au XXIe siècle? (ici, et ). C’est une très bonne chose qu’enfin, il n’y ait pas qu’agauche.org pour combattre l’art contemporain.

Si jusqu’à présent, c’est le cas, c’est pour une raison de classe. L’art contemporain, c’est une forme qui est tout à fait adaptée à la société de consommation. Partant de là, quiconque admet la société de consommation est obligé d’être ouvert à l’art contemporain. Du moment qu’on dit que tout le monde choisit ce qu’il veut comme il veut, alors forcément les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas.

Tout ce qui passe par la tête et on aurait une peinture.

Malheureusement, c’est ce qui pose problème dans l’article mentionné. S’il rejette l’art contemporain, il lui laisse la porte ouverte. Il fait ici une erreur traditionnelle. Se doutant que l’art contemporain va « trop loin », il lui ferme la porte. Pour autant, il accorde tous les droits à tous genres d’art délirant qui s’éloignent du réalisme. Or, tous ces arts mènent directement à l’art contemporain! L’image suivante, excellente, exprime très bien comment, une fois qu’on a rejeté le réel, on passe du côté du subjectivisme le plus fou.

L’article en question dit que tout ce qu’on trouve (ici sur l’image) entre le réalisme du début et le post-moderne à la fin, ce serait bien, ce serait de « l’avant-garde ». Sauf qu’à partir de l’impressionnisme, ce premier art bourgeois, tout mène à l’individualisme de plus en plus étalé. On ne peut pas dire : il existe une tradition artistique et il faut la préserver, même quand on la renouvelle il faut la préserver… et en même temps dire qu’il faut s’éloigner des codes, les rejeter.

Paradoxalement, c’est ce que fait l’article. Il pose une contradiction entre classique et avant-garde, et prétend qu’il serait marxiste d’unifier les deux contraires. L’avant-garde permettrait le renouvellement du classique.

C’est là le contraire du marxisme pourtant : une contradiction est un affrontement des contraires. Tout comme on ne peut pas faire un mix du capitalisme et du socialisme, on ne peut pas mélanger le réel (collectif et personnel) à la fantasmagorie (individuelle). Et d’ailleurs les « avant-gardes » artistiques ont toujours assumé d’entièrement rejeter le classique.

Impression, soleil levant, de Claude Monet, 1872 : le début de la négation du réel par la bourgeoisie

L’article dit qu’il a une preuve. Cette preuve, ce serait l’échec du réalisme socialiste en URSS. On lit ainsi :

« Si celui-ci [le réalisme socialiste] a permis une rationalisation salutaire de la production artistique soviétique, certaines orientations, impulsées notamment par Jdanov, ont pu conduire celui-ci dans les écueils du normativisme et de l’académisme, en fermant la porte à toute forme d’innovation et d’influence étrangère.

Ainsi, faute d’avoir su penser la relation dialectique qui unit le classique et l’avant-garde, le jdanovisme a en partie stérilisé, dans les quelques années qui suivent la Seconde guerre mondiale, la création artistique soviétique. »

Est-ce vrai ? Pas du tout. Voici quelques œuvres soviétiques de l’après-guerre. Car on peut facilement mentionner des œuvres dans différents domaines, comme l’architecture ou la sculpture, la musique ou la danse. Et c’est vrai dans les démocraties populaires de l’Est de l’Europe, par exemple avec le sculpteur hongrois Kisfaludi Strobl ou l’architecture est-allemande.

Tatiana Yablonskaya, Le grain, 1949
Alexander Lakionov, Déménagement dans un nouvel appartement, 1952
L’une des « sept sœurs » construites après la guerre

Mais il ne s’agit pas seulement d’un préjugé sur l’URSS de l’après-guerre. Il s’agit d’une incompréhension de la théorie du reflet, qui expose que l’art est une synthèse artistique de la réalité, et rien d’autre.

L’idée qu’il faudrait chercher quelque chose d’individuel en plus du réel… relève de la bourgeoisie. D’ailleurs, l’article sur les « classiques et les avant-gardistes » ne fait que reprendre la conception de Roger Garaudy. Celui-ci avait parlé d’un « réalisme sans rivage ».

Cela n’a abouti à rien, bien sûr. Mais Roger Garaudy était le grand philosophe français du PCF de l’après-guerre. Lui et l’écrivain Aragon, avec Picasso aussi, ont poussé le PCF à suivre cette voie improductive, qui fut d’ailleurs le premier prétexte à la révolte maoïste chez les étudiants communistes.

Déjà, à l’époque, la petite-bourgeoise artistique tentait de sauver les « avant-gardes ». Là, on a la même chose. Voici ce que dit l’article dans sa tentative d’unir classique et avant-garde:

« La forme classique, c’est celle qu’on emprunte à la tradition, celle qui est codifiée et régulée d’une telle manière qu’elle doit garantir la juste mesure indispensable à la cohérence de l’œuvre, autrement dit de son harmonie (qu’on assimile à la perfection). Elle a vocation à mettre en valeur l’héritage culturel des anciennes générations afin de le transmettre aux nouvelles.

[Faux. Une forme classique n’a pas vocation à mettre en valeur l’héritage culturel, elle est cet héritage culturel.]

A l’inverse, la forme avant-gardiste est précisément celle qui rompt avec la tradition, celle qui s’affranchit des codes et des règles héritées du passé. Elle cherche la beauté non pas dans ce qui est permanent et intemporel (harmonieux), mais au contraire dans ce qui est moderne, éphémère et inconstant, dans ce qui est sujet à la vitesse et au mouvement. Celle-ci se conçoit comme une expérimentation qui vise à dépasser les contradictions de notre héritage culturel face à l’évolution du monde.

[Faux. L’avant-gardisme n’a jamais prétendu rechercher la beauté, mais toujours une « vérité » individuelle. Pour l’avant-gardisme, le « beau » est toujours un obstacle à l’individu s’exprimant dans sa dimension « unique ».]

Maintenant que nous avons clarifié les termes de notre problématique, comment y répondre de la façon la plus juste ? Nous sommes ici face à une contradiction apparemment insoluble. Et lorsqu’on se retrouve confronté à une contradiction, il est un écueil dans lequel on peut très facilement se laisser prendre au piège : celui de l’attitude métaphysique.

En effet, face à une telle contradiction, il peut être tentant d’opérer une opposition dualiste du type « le classique c’est le classique et l’avant-garde c’est l’avant-garde ».

Alors certains jugeront qu’un art populaire et révolutionnaire doit être purement classique car il devrait être le digne représentant de l’héritage culturel de notre patrie et de toute l’humanité, ce qui exclurait d’avance toute fantaisie novatrice qui porterait atteinte à la pureté de cet héritage.

[Faux. L’art n’est pas « populaire et révolutionnaire ». Il est un produit historique.]

D’autres encore jugeront que celui-ci doit être strictement avant-gardiste car il devrait se faire l’écho superstructurel des grands bouleversements de la révolution sociale, ce qui exclurait d’avance toute forme de rationalisation harmonieuse qui entraverait la spontanéité artistique de la révolution.

[Faux. L’avant-gardisme ne prétend pas que l’art doit se faire « l’écho superstructurel », mais que l’art est en soi la révolution.]

Il faut le dire : cette façon de poser le problème est étrangère au marxisme.

[Faux. Le marxisme n’unifie pas les deux aspects de la contradiction.]

Et comme en tout domaine, ce qui nous permettra de résoudre au mieux ce problème, c’est précisément d’adopter une attitude marxiste, c’est-à-dire de penser la contradiction de façon dialectique. En effet, nous verrons d’une part qu’une œuvre ne peut devenir classique sans rompre avec la tradition, et que d’autre part un art d’expérimentation ne peut jouer pleinement son rôle d’avant-garde s’il exclut toute régulation et toute référence à la tradition.

[Faux. Le classique ne rompt avec la tradition, sans quoi il y aurait plusieurs types de classique, ce qui n’a pas de sens. Quant à l’art d’expérimentation, c’est une fantasmagorie petite-bourgeoise.]

Par conséquent, un art populaire et révolutionnaire, dialectique aussi bien quant à la forme et au contenu, ne saurait considérer le classique et l’avant-garde comme deux ennemis irréconciliables.

A l’inverse il ne peut les concevoir autrement que comme deux forces complémentaires qui, combinées intelligemment, forment le moteur de la créativité artistique d’un peuple qui s’éveille à la souveraineté. »

Quelles horreurs on peut dire au moyen de ces concepts absurdes de « dialectique » de la forme et du contenu, du sujet et de l’objet ! Il suffit pourtant de lire les classiques de la gauche historique pour voir qu’il n’est jamais parlé de « forme et de contenu », « de sujet et d’objet ». C’est de l’idéalisme que tout cela.

Le même idéalisme qui a été celui des « avant-gardistes » mexicains, dont la peintre Frida Kahlo. Communistes, ces peintres ont offert de nombreuses œuvres à l’URSS après la guerre. Sauf qu’on était là dans le pseudo « art » avant-gardiste à l’opposé du réalisme socialiste ! L’URSS a dit merci, merci et s’est empressé de mettre les œuvres dans une cave : hors de question d’exposer ça.

Ne nous laissons pas piéger par les valorisations intellectuelles et journalistiques d’obscurs « avant-gardistes », furent-ils soviétiques. Les petits-bourgeois radicaux survendent des expérimentations « ultras » qui ne sont que des anecdotes historiques.

Ce qui compte c’est l’héritage culturel historique, c’est le vrai point de repère. Et en France, on parle ici de Molière, de Racine, de Balzac, de Bernanos, car la culture de notre pays c’est avant tout le fin portrait psychologique. Voilà ce qui est français et fusionnera avec la culture mondiale, dans le socialisme où il n’y aura plus nations, ni langues différentes, ni couleurs de peau différentes, mais une humanité unifiée !

Ahmed Kitaev, Nous allons à une nouvelle vie, 1953
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Refus de l’hégémonie

Otan Vilnius 2023: officialisation de la guerre contre la Russie

Le sommet de l’Otan des 11 et 12 juillet à Vilnius, en Lituanie, n’a quasiment pas été médiatisé en France. La raison est double : d’abord, le sommet n’a fait qu’officialiser ce qui était déjà en place. Ensuite, il faut continuer d’endormir l’opinion publique française. Tout fonctionne très bien pour l’Otan, donc il n’y a aucun besoin de trop remuer les choses, surtout dans un pays en perte de vitesse à tous les niveaux.

La France doit continuer de dormir en ce qui concerne la question ukrainienne. Il n’y a que dans la partie orientale de l’Europe où là, par contre, les opinions sont chauffées à blanc. La guerre à la Russie est mise en avant en faisant miroiter un niveau de vie et un style de vie à l’occidentale.

Un trolleybus typique de l’Est de l’Europe, ici à Vilnius en juillet 2023 avec le drapeau de l’Otan et l’appel à soutenir le régime ukrainien

Sans le matériel militaire occidental, sans les finances occidentales, le conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine serait évidemment fini depuis longtemps. Mais c’est la crise et la bataille pour le repartage du monde. Désormais, il n’y a plus de retour en arrière possible et le sommet de Vilnius l’a reconnu.

D’une part, parce que le régime ukrainien est fanatique et veut détruire la Russie comme nation, et même entièrement l’effacer culturellement. C’est son agenda nationaliste « bandériste ». Ce projet est entièrement avalisé ou « oublié » par les pays de l’Otan qui soutiennent le régime ukrainien.

Ensuite, parce que la Russie a déjà perdu 50 000 soldats et qu’elle réfute l’Otan en Ukraine. Or, le sommet de Vilnius a promis justement que l’Ukraine rejoindrait l’Otan en un seul « acte ». Le « plan d’action » a sauté, et il était particulièrement compliqué, car l’Otan exige des réformes politiques et économiques très poussées, afin d’encadrer les pays selon les exigences des grandes puissances dominantes. Le régime ukrainien sera désormais invité quand l’Otan l’aura décidé, soit à la première occasion, lorsque la Russie titubera… Si jamais elle titube.

Ce sera donc l’affrontement militaire jusqu’au bout, immanquablement. Trop de sang a coulé, trop de choses sont en jeu, l’engrenage est là.

Grand symbole de ce bellicisme jusqu’au boutiste impliquant le démantèlement de la Russie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est lui-même venu assister en partie au sommet de l’Otan. Le président français Emmanuel Macron lui a promis de fournir une aide militaire bien plus importante, avec notamment des missiles longue portée de type SCALP (Système de croisière conventionnel autonome à longue portée, soit un missile de 500 kilos envoyé à 250 km).

Autre chef d’Etat ou de gouvernement présent en plus des 31 de l’Otan : le premier ministre suédois Ulf Kristersson, puisque la Turquie ne pratique plus de veto à l’intégration de la Suède. Cette dernière rejoint donc la Finlande et les pays baltes sur le flanc nord, avec Saint-Pétersbourg non loin.

Il faut ajouter à cette intégration de l’Otan celle, indirecte, de l’Autriche et dans une moindre mesure de la Suisse. Ces deux pays sont neutres en théorie, cependant l’Union européenne assume ouvertement que sa défense passe par l’Otan. L’Autriche est donc de facto dans la stratégie de l’Otan, chose accentuée désormais par l’European Sky Shield Initiative, que rejoint la Suisse également.

Ce projet consiste en un bouclier anti-missile commun, sous l’égide de l’Otan. C’est l’Allemagne qui a lancé le projet et 19 pays en font partie, mais pas la France. Celle-ci est mécontente que le matériel prévu soit le Patriot américain, le système allemand IRIS-T et le système israélien Arrow-3.

Vilnius en juillet 2023

Le sommet de l’Otan à Vilnius a également été marqué par un fait d’importance. Les chefs d’État ou de gouvernement ont dû avaliser des centaines de pages de documents consistant en les réponses militaires possibles en cas ce conflits régionaux avec la Russie. L’information n’est pas cachée, mais elle est naturellement très difficilement trouvable. L’euphémisme employé par l’Otan tient à l’expression suivante :

« les plans de défense les plus complets et les plus ambitieux depuis la fin de la Guerre froide ».

Emmanuel Macron a donc signé ces plans, sans compte-rendu à rien ni personne, conformément à l’organisation de la Ve République, un régime accepté par tous les partis politiques institutionnels depuis 1958… et né d’un coup d’Etat militaire portant de Gaulle au pouvoir. Au sens strict, on peut facilement dire qu’il n’y a plus de vraie Gauche en France depuis cette date.

Cette situation reflète que, de toutes manières, l’opinion publique française n’a rien contre tout ça. La France est heureuse de faire partie de l’occident, occident qui dispose de l’hégémonie mondiale, superpuissance américaine en tête. Elle assume donc le militarisme. L’armée française vient par exemple également de décider d’acheter 1515 missiles antichars à Lockheed-Martin. Sachant qu’aucune armée aux frontières ne va envoyer de chars envahir la France, ces missiles serviront bien entendu sur le front de l’Est…

Ce sommet de Vilnius entérine un triste constat : depuis le début du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine, que nous annoncions plus de six mois avant son commencement, il n’y aucune opposition anti-guerre qui n’ait réussi à se constituer en France, ni même en Europe.

Pas même en Allemagne et en Italie, deux pays pourtant très marqués par la Gauche historique. Ni même en Angleterre ou en Espagne, deux pays où la tradition anti-guerre fut puissante par le passé.

Les capitalistes font ce qu’ils veulent, les grandes puissances mènent le bal : telle est la sinistre réalité. Le monde est précipité dans la barbarie. Mais les déchirures causées à l’ordre mondial font amener les peuples du monde sur le devant de la scène ! L’occident connaît son apogée finale, son hégémonie est pourtant condamnée !

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Événements significatifs Rapport entre les classes

Les cités de banlieue ont de nouveau craqué en 2023

Les émeutes ont de nouveau pris le dessus dans les banlieues françaises, les cités devenant l’épicentre d’affrontements avec la police. 553 communes ont été touchées, et contrairement à 2005, ce n’est pas la région parisienne qui a servi de fer de lance au mouvement. Ni Lyon ni Marseille non plus, d’ailleurs, car les émeutes ont vraiment essaimé de partout.

Il y a eu la quantité, c’est vraiment le reflet d’un craquage général. Il y a eu aussi la qualité, les émeutes se lançant avec une puissante hargne : on parle d’un milliard d’euros de dégâts.

Le paradoxe, c’est qu’autant d’émotions fortes et d’actions violentes ne produisent rien de bon. La quantité exprime juste que le désarroi dans les cités est général, la qualité que c’est une fuite en avant.

Résultat, les Français sont très choqués, ils sont même affolés. Cela ne s’arrête jamais et c’est toujours à la fois laid et violent. Gilets jaunes… Pandémie… Guerre en Ukraine… Mouvement contre la réforme des retraites… Émeutes dans les cités… Tout apparaît comme incompréhensible, passéiste, incompatible avec une vie épanouie.

Et c’est vrai ! La société française de décompose, ni plus ni moins. Les gens comprennent que le sol se dérobe sous leurs pieds.

Il ne faut pas se leurrer : le gilet jaune ne fait pas rêver, avec sa nostalgie de la France d’il y a trente ans et son style beauf. Le syndicaliste ? Pareil ! Le type est d’une ringardise absolue et n’a rien à dire. Le lumpen des cités ? C’est encore pire, lui on ne veut même pas le voir en photo. D’ailleurs les Français sont très choqués qu’on en fasse autant pour un jeune délinquant qui roule en grosse cylindrée : ce genre de comportement est vu comme très dangereux par le peuple. Personne n’a envie de voir son enfant écrasé par un tel énergumène.

Qu’il soit tué par la police, tout le monde admettra que c’est regrettable. Les Français ne sont pas des salauds. Et ils savent que pour certains la vie est très dure. Mais il y a des limites ! La grande majorité des Français pensera donc que c’est tragique, qu’on n’y peut rien, et que c’était à ses parents de s’en occuper.

Les Français se disent : ce n’est pas mon gamin qui roule à 17 ans dans une Mercedes de location pour aller à 7h du matin manger un McDo. Chacun ses responsabilités !

Le gosse est avant tout victime de ses errements et de ses parents, et c’est le policier qui l’a tué qui était lui au mauvais moment au mauvais endroit.

Le peuple voit juste. Malheureusement, politiquement, il est naïf. Les Français vont donc s’empresser de voter à Droite afin de rétablir un certain ordre social, et tant pis pour les discours sociaux de la gauche populiste, qu’il aurait bien aimé suivre. Mais il faut bien choisir ! Entre son gamin dans le libéralisme d’un côté et des acquis sociaux avec des lumpens potentiellement meurtriers de l’autre, les gens ont vite choisi.

Eh oui, c’est pour ça que les gens votent à Droite de par le monde, que ce soit au Salvador ou aux États-Unis, en Corée du Sud ou au Nigeria. Dans une société en panique, les gens préfèrent la sécurité au désordre fut-il potentiellement social. A moins d’une révolution, mais avec qui à l’heure actuelle ?

Naturellement, ce virage à Droite se fera au grand dam de ceux qui font leur fond de commerce d’un pseudo anti-racisme, masque de tentatives communautaires de s’installer dans le capitalisme ou bien de grappiller davantage de points sociaux, ou bien de moderniser le capitalisme en le bousculant un peu, comme le fait le style LGBT.

Quelle étrangeté de voir une idéologie néo-féodale comme l’Islam se conjuguer au capitalisme le plus ultra-libéral. Le turbocapitalisme est vraiment totalement furieux dans sa tentative de tout déconstruire pour élargir les marchés capitalistes au moyen des identités les plus multiples.

Enfin, là, les jeux sont faits. Les marches « progressistes » organisées le 8 juillet 2023 comme tentative unanime de récupération de la crise des cités n’ont rassemblé que 100, 500, 1000 personnes dans quelques villes de France. La déconnexion avec la réalité populaire est complète.

La droitisation de la société française s’annonce massive.

La dictature algérienne n’en rate pas une

Revenons sur un aspect marquant. Les émeutes de banlieue de 2023 ont été d’une violence puissante. Elles ont fait autant de dégâts qu’en 2005, sauf qu’en 2005 cela avait duré trois semaines. En 2023, cela n’a duré que huit jours.

C’est révélateur. En 2005, les émeutes étaient une prise de conscience d’un rapport de force politique. Il y avait toute une ambiance à l’arrière-plan qui confinait à la mentalité insurrectionnelle. La revue Crise au sujet des émeutes souligne avec raison l’importance du film Ma 6-T va crack-er. Non pas que dans les cités tout le monde écoutait du rap ou même avait vu le film, par ailleurs très mauvais. Mais la bande originale du film, sorti en 1995, avait été une énorme référence populaire.

Il y a quelque chose d’assez fou d’ailleurs. Si on prend le film Ma 6-T va crack-er (ou plus exactement sa bande-son) et les émeutes de 2005, on aurait pu se dire qu’une nouvelle génération contestataire allait débarquer. C’était un rêve de jeune homme : la casquette bien vissé sur la tête, le bandana rouge bien serré sur le bas du visage, l’AK 47 et la lutte contre l’État bourgeois. Sauf que ce rêve de jeune homme s’est réalisé, au niveau des masses… en soutien à Alain Soral et Dieudonné pour les uns, en soutien à l’État islamique pour les autres !

Si vous regardez tant les uns que les autres, qui ont eu un immense succès entre 2005 et 2023, vous verrez que le profil de leurs soutiens est celui de ceux qui auraient dû basculer à Gauche en 2005. On parle de jeunes hommes, de milieu populaire ou petit-bourgeois et faisant un effort intellectuel prononcé, soucieux de s’impliquer sur le plan des idées en ayant une énorme méfiance vis-à-vis de l’État et des systèmes de domination.

En raison du patriarcat et de l’antisémitisme, tous ces gens ont cependant basculé dans le romantisme fasciste ou l’islamisme. Ils en ont fait une véritable culture au niveau de la vie quotidienne, empêchant tout retour en arrière. Ils ont façonné leurs mentalités avec des fantasmagories, tel « Comprendre l’empire » d’Alain Soral, sorti en 2011, vendu à plus de 120 000 exemplaires. Quel incroyable gâchis !

En ce sens, les émeutes de 2023 dans les cités ferment une porte. Pour en ouvrir une autre?

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Vie quotidienne

L’affaire Nahel ou la France américaine

La France est devenue comme les États-Unis, un pays où la lutte des classes est niée. Il n’y aurait plus que des individus, disposant de droits plus ou moins importants, que la société accorderait (c’est le « droit positif », par opposition au droit naturel revendiqué par la Gauche historique). Interpréter quelque chose au sein de la société revient ainsi à nier l’Histoire, les classes, pour ne se tourner que vers l’individu.

Toutes les réactions concernant l’affaire Nahel ont reflété cette américanisation de la société française. L’arrière-plan social n’est plus pris en compte, pas plus que le contexte. Tout caractère social est « oublié » et c’est vrai tant pour la question du crime organisé que de la police. De la même manière que dans les livres d’Histoire, ce sont des individus qui feraient l’Histoire – Napoléon, Hitler, de Gaulle, Poutine… – dans la vie de tous les jours, tout ne serait affaire que d’individus.

Les Français, pour dire simple, raisonnent comme des Américains. Lessivés par le capitalisme, les gens en France ne voient les choses qu’individuellement – pourquoi en serait-il autrement ?

Emmanuel Macron, le premier président français au style américain assumé

Oubliant qu’il s’agissait d’un jeune de 17 ans en grosse cylindrée ayant fui la police pendant pratiquement une demi-heure, les tenants de la « bavure policière » sont scandalisés de l’atteinte à la vie d’une personne. Peu importe qu’il s’agisse d’un délinquant multirécidiviste, car les droits de l’individu sont sacrés ! La « gauche » américaine n’aurait pas dit les choses différemment. La « gauche » française est devenue l’équivalent du Parti démocrate américain.

Les tenants de « l’ordre public » ont de leur côté réagi exactement comme l’aurait fait le Parti républicain américain. Là aussi, on raisonne en termes d’individus et de droits. Sauf qu’on considère que les droits acquis sont ce qu’il y a de plus important : il faut les préserver. Il faudrait donc avant tout fermer la porte à tout changement institutionnel, car c’est risquer de remettre en cause les droits individuels. Partant de là, les institutions doivent être rigides, la police doit appliquer les règles frontalement, afin de bloquer la moindre remise en cause individuelle des règles.

Tout cela n’a rien à voir avec l’opposition Gauche/Droite. C’est en réalité une opposition entre le capitalisme « à l’ancienne » et le capitalisme « moderniste ». Ce sont les deux aspects de la même pièce capitaliste. Le capitalisme reste lui-même tout en se modernisant. Pour cela, on a les « conservateurs » qui privilégient ce que le capitalisme a déjà mis en place, et les « progressistes » qui font la promotion de l’élargissement du libéralisme.

Le rappeur Jul avec Nahel dans la vidéo de la chanson Ragnar

Il serait d’ailleurs plus facile de formuler directement les choses en disant que tous, conservateurs comme progressistes, sont des libéraux. Tous raisonnent en termes d’individus et de droits individuels. Le panorama politique français est entièrement devenu libéral.

Pas forcément économiquement, car on trouve encore des gens pour promouvoir une intervention étatique dans l’économie. D’ailleurs, l’État français joue un rôle très actif dans l’économie du pays. Mais sur le plan idéologique, des idées, le libéralisme prédomine totalement. C’est l’idéologie de l’Union européenne, dont l’idéologie LGBT est un aspect majeur.

C’est la négation de la lutte des classes et dans cette négation, il faut toujours trouver le moyen de nier les classes au profit d’une identité. Un tel est gay avant d’être ouvrier, et comme cela ne suffit pas on va faire sauter la définition même de gay afin d’encore plus diviser, et on va également ajouter la question de la couleur de peau, etc., à l’infini.

Le but du capitalisme est de faire en sorte qu’on se définisse par la consommation seulement, alors il faut d’autant plus d’identités, d’autant plus de prêt-à-porter pour des gens aliénés, notamment par les réseaux sociaux.

Notre but est inversement la recomposition du prolétariat à partir de la production, par l’affirmation du collectivisme, du caractère historiquement inévitable du Socialisme !

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Rapport entre les classes

La France libérale et décadente produit spontanément des horreurs

Le 21e siècle voit son premier quart déjà se terminer et la France n’a plus rien à voir avec celle des années 1970. De conservatrice et timorée, elle est devenue libérale et consumériste. Prolétariat, bourgeoisie? Ces classes sont toujours là et forment le cœur de la société. Mais désormais on est comme aux Etats-Unis, ce sont les petits-bourgeois et les déclassés qui donnent le ton. Outrance, mauvais goût, absence de valeurs (bonnes ou mauvaises d’ailleurs), immédiatisme prétentieux, égocentrisme à tout prix…

Sans conscience ni sensibilité, les gens en France s’imaginent qu’il suffit d’arriver et de dire quelque chose, et c’est censé avoir une valeur en soi. L’idée même d’un travail approfondi pour découvrir la substance des choses leur est fondamentalement étrangère. L’importance des réseaux sociaux dans cette décadence est naturellement centrale. N’importe qui peut y raconter n’importe quoi et s’imaginer être « réel ».

L’affaire du jeune Nahel, délinquant tué par un policier alors qu’il refusait d’obtempérer après 26 min de course poursuite dangereuse, est un excellent exemple de cette fuite en avant dans le show capitaliste. Surréactions, foire d’empoigne, ce fut la célébration de l’ego à tous les étages. Même les dénonciateurs conservateurs (comme Jean Messiha) ont fait partie de cette déchéance, puisqu’ils participent à cette foire aux réseaux sociaux sur un mode consommable.

Tout a consisté en de la réaction brute, en mode « moi je ». Avec comme point culminant une mère qui se met en scène en faisant hurler le moteur d’une moto, au milieu de jeunes hommes en plein délire patriarcal le plus primitif, alors qu’elle vient de perdre son enfant… Il faut vraiment que le capitalisme aliène pour qu’on atteigne un tel degré de manipulation, de négation des sentiment maternels.

Le pire est que les idiots autour de la mère de Nahel ont cru l’aider, alors qu’en fait c’est de l’esbroufe. On ne compense pas les difficultés de la vie par le bruit, fut-il égocentré, capitaliste !

https://www.youtube.com/watch?v=AqNtCSYWh_8&ab_channel=TRED

Les émeutes des cités banlieue de fin juin 2023 sont à ce titre exemplaires, tellement elles sont dans leur nature l’inverse de celles de 2005. Elles prennent prétexte de la mort d’un délinquant, mais ne reposent que sur des egos hypertrophiés se mettant en scène. Rien à voir avec les émeutes de 2005 où on savait depuis plusieurs années avant que cela allait craquer et où il y avait énormément de gravité dans les événements. D’ailleurs, à l’époque, tous les mouvements politiques (à part les maoïstes) étaient sous la table et dénonçaient la révolte, y compris les plus à gauche du spectre politique. Alors que désormais, dans le capitalisme, c’est par définition la surenchère populiste permanente.

Pourquoi ? Parce que tout est prétexte à une affirmation de soi et une affirmation de soi seulement. Les gens ne s’attachent à aucune valeur, à moins que ce ne soit « leurs » valeurs, leur propre aventure. On en a une preuve simple. Même ceux assumant une religion de manière rigoriste sont simplement dans la posture. Ils ne généralisent pas leur position censée être pourtant universelle, puisque Dieu est à tout le monde. Ils se focalisent toujours sur leur propre ego et si jamais ils font du prosélytisme, c’est toujours avant tout pour se rassurer eux-mêmes. C’est flagrant : même les gens religieux consomment leur religion.

La société française, capitaliste, est une société sans esprit, sans âme. Ses membres agissent tels des consuméristes errants, sans but ni vision du monde, au jour le jour, sans état d’âme ni profondeur d’esprit. Ils sont incapables de se déterminer, de s’orienter avec une perspective historique. Ils s’imaginent prendre les choses telles qu’elles sont, et donc ils en ratent tant le sens que la profondeur.

Que peut-il alors spontanément sortir d’une telle société? Absolument rien de bien. C’est pourquoi la Gauche historique a toujours dit : attention, le rôle de la conscience est primordial, les anarchistes ont tort de célébrer l’individu alors que c’est le propre du capitalisme de promouvoir l’égoïsme et l’égocentrisme. Les gens qui réagissent spontanément dans le capitalisme consomment, ils réagissent à des impulsions capitalistes, ils n’ont aucun aperçu ni sensibilité, ils sont dans le consumérisme et l’ego.

Le Socialisme, c’est justement l’affirmation de l’envergure des choses, le recalibrage de l’humanité dans la dialectique de la personnalité et de la société, à rebours de l’incohérence de l’individu avec une société capitaliste exploiteuse et aliénante.

Alexandre Samokhvalov, Kirov saluant un défilé de culture physique, URSS, 1935

Ce qui est en jeu, c’est en fait la question de la recomposition du prolétariat. Que la bourgeoisie soit décadente, il ne peut pas en être autrement. Surtout avec une bourgeoisie française qui a accepté de se soumettre à la superpuissance américaine. Mais où est le prolétariat? Là est la question réelle. Il est forcément là, il ne peut pas en être autrement. Seulement, le prolétariat est atomisé, individualisé, déboussolé. Il existe objectivement, mais subjectivement il faut le recomposer, car le capitalisme a tout fait pour l’empêcher de se saisir en tant que classe. La corruption au moyen de l’exploitation du tiers-monde a joué ici un rôle majeur.

Dans tout événement, c’est ça le fil conducteur : la recomposition de la classe. Pour cela, il faut prendre de la hauteur, s’orienter toujours par rapport à la question de la conscience. Et ne jamais courir derrière les petits-bourgeois et les déclassés, ces sous-produits d’un occident moribond !

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Vie quotidienne

On peut s’habiller comme on veut désormais, mais…

C’est un aspect très intéressant du capitalisme et qu’on peut tous remarquer. Avec le développement de forces productives dans les années 2000-2010, notamment l’intégration complète de la Chine dans le marché mondial, l’habillement a connu un changement de très grande ampleur.

Auparavant, les habits ne profitaient que peu de variété et on s’habillait avec relativement peu de marge de manœuvre. Les deux exceptions marquantes étaient les très riches consommant des produits de grande marque et les marginaux appartenant à des tribus aux looks bricolés bien délimités (punk, gothique, scène tag-rap, métalleux, etc.)

Désormais, plus rien ne veut rien dire, car n’importe qui peut acheter n’importe quoi et ne se prive pas de le porter. Aucune tribu ne peut profiter d’une réelle délimitation et, de toutes façons, personne n’en a plus rien à faire. On peut s’habiller comme on veut, mais il faut que cela corresponde, il faut que ce soit bien porté.

Le streetwear, avec ses marques produisant de manière créative et profitant du Portugal, du Mexique, du Vietnam, du Bangladesh, de la Chine, a révolutionné les codes de l’habillement. La première chose qu’on apprend dans une boutique dont les produits coûtent chers, c’est que l’habit ne fait pas le moine et que la personne qui a l’air très mal habillé selon tel ou tel critère peut en réalité être un vrai branché avec des habits coûtant une fortune.

Civilist (Berlin)

Quand on voit cela, on se dit : il y a un problème, c’est comme si d’un côté le socialisme avait gagné, et de l’autre qu’il avait été mangé par le capitalisme. Car c’est une des raisons de croire en le capitalisme, pour les gens. On peut s’habiller de mille manières, c’est donc bien que le capitalisme apporte quelque chose !

C’est en fait le socialisme qui aurait dû instaurer cela. En raison du retard de celui-ci à triompher, on doit donc supporter une mondialisation maintenue dans le cadre du capitalisme, porté par des petits-bourgeois dynamiques et entrepreneurs. Et cela ne fait justement pas non plus les affaires du capitalisme.

En effet, le capitalisme a besoin de maintenir une hiérarchie dans la production. Or, des styles à l’infini, c’est bien pour la consommation. C’est cependant bien dérangeant au niveau productif lorsqu’on a des gens qui croient vraiment qu’ils sont différents et qui n’en font qu’à leur tête, voire qu’à leur style.

Cela fait désordre, tout de même. Et c’est pour cela qu’une ville comme Paris voit la bourgeoisie, y compris bobo, faire un retour aux sources niveau habillement. Le streetwear s’efface pour laisser la place à une apparence qui ne dénoterait pas dans le Auteuil – Neuilly – Passy des années 1980.

Le contraste avec la possibilité, pour les prolétaires, de disposer de choses de qualité à bas prix, se transforme ici directement en contradiction.

Collaboration (ici pour enfant) à bas prix d’Adidas avec la marque finlandaise chic et de qualité Marimekko

Ce qui est en jeu ici, c’est de comprendre que le capitalisme a pour l’instant battu le socialisme, mais que les choses se retournent en leur contraire. Les gens prennent au pied de la lettre le style. Le prolétaire ne se laisse plus mettre de côté sur le plan vestimentaire. Et surtout, il n’y a plus une dimension réactionnaire comme par le passé à ce niveau.

Il a existé en effet, surtout parti d’Italie avec les « paninaro » des années 1980, mais aussi le mouvement « ultra » au football, tout une tentative de jeunes prolétaires de suivre la mode, avec une mentalité d’élite, de carriérisme vestimentaire, de consumérisme. C’était très réfléchi, très esthétisant.

Désormais, le rapport au style est de masse et s’il existe encore des courants marginaux dans la quête d’un look « décisif », tout cela est bien fini. On remarquera ici d’ailleurs que ces courants marginaux se trouvent surtout chez les petits-bourgeois « à gauche de la gauche », qui vivent dans les fétiches et l’entre-soi. Leur ghetto a des codes vestimentaires très marqués.

Les prolétaires n’en ont rien à faire. Pour eux, un style a un rapport avec la personne. Si c’est bien porté, alors c’est bien. Si c’est mal porté, alors c’est critiquable.

Iriedaily (Berlin)

Il est évident que le problème fondamental, c’est que les gens vivant dans le capitalisme, cette question du style bascule dans la mise en scène. Pourtant, du point de vue socialiste, on doit également bien voir qu’il s’agit d’un approfondissement de leur personnalité. Tant que le capitalisme parvient à neutraliser cette question de la personnalité, la contradiction n’est pas explosive. C’est d’ailleurs là le rôle pernicieux et neutralisateur des idéologies ultra-individualistes, idéologie LGBT en tête.

Si le capitalisme commence par contre à brimer les développement de la personnalité, là les choses peuvent très mal tourner pour lui, car les gens considéreraient qu’un acquis leur est enlevé. C’est pour cela par exemple que la Russie n’a pas mené de mobilisation générale lors du début de « l’opération spéciale » contre l’Ukraine : il ne fallait surtout pas que la jeunesse de Moscou se sente brimée dans sa « personnalité »… et son individualisme.

En France, le thème de l’uniforme à l’école est récurrent et il est un vrai dilemme pour le capitalisme : il faut bien de l’ordre, mais sans toucher à l’individualisme… et le souci de l’ordre, c’est que les jeunes ont des acquis « personnels ». En un sens ils n’ont d’ailleurs que ça : les moments présents qui se succèdent, le style, une musique répétitive comme « son » servant d’arrière-plan. Si le capitalisme commence à toucher à ça…

Maillot extérieur de l’équipe colombienne féminine de football

L’habillement est également une preuve de la mondialisation tellement avancée qu’on ne peut plus reculer. Si d’un côté tout le monde se ressemble dans les mêmes centre-villes des grandes villes du monde, d’un autre il n’y a jamais eu autant de variété. Les goûts et les couleurs du monde entier se rencontrent, pas forcément pour le meilleur, mais le brassage et le métissage en ressortent triomphalement, d’une manière ou d’une autre.

Le socialisme l’emporte ainsi dans l’habillement capitaliste, malgré le capitalisme, car le capitalisme porte dialectiquement le socialisme, de manière contradictoire. Si on rate cet aspect, on veut retourner dans le passé, et ça les gens ne le veulent pas. Ils veulent plus de complexité, plus de possibilités de s’épanouir. Ce sont les masses et elles ont raison ! En même temps elles ont tort de ne pas comprendre qu’elles s’aliènent en acceptant que le cadre capitaliste se maintienne.

Et leur vie privée, réelle, concrète, épuisée par l’exploitation capitaliste, ne correspond pas à leur vie rêvée.

Stüssy

On comprend que le socialisme, c’est bien la bataille pour préserver les acquis que sont les forces productives… tout en renversant, en révolutionnant le cadre capitaliste. Ici, c’est la course à la consommation qu’il s’agit de supprimer, car avoir un style est suffisant et il ne s’agit pas d’accumuler des tonnes d’habits qu’on va jeter ou ne pas porter.

Ici, les achats – ventes de seconde main, surtout avec Vinted, expriment une tendance chez les gens à réorganiser leur consommation particulière. En soi, cela ne veut rien dire, car c’est aussi une expression de surconsommation et de volonté de petit commerce. On achète d’autant plus facilement qu’on pense qu’on peut le revendre.

Néanmoins, historiquement, c’est tout l’édifice capitaliste de l’habillement qui révèle sa fragilité. Les achats sur internet tuent d’ailleurs les magasins qui s’avèrent incapables par définition de présenter une immense variété. Si on y réfléchit bien, on voit bien que la société est bien mûre pour le socialisme…

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Nouvel ordre

Défendre l’intégrité psychique face au capitalisme

L’intégrité de son propre psychisme est l’une des plus grandes avancées de la civilisation. Pour être soi-même, pour assumer entièrement sa personnalité, il faut ne pas être manipulé au point de voir son propre esprit déformé. Or, il est évident que le capitalisme a totalement changé sa nature sur ce plan. Le protestantisme, la religion capitaliste par excellence, a été le grand vecteur de l’affirmation de la personnalité, à rebours des influences féodales nocives. Le consumérisme généralisé, dont l’idéologie LGBT est un aspect, se présente comme l’aspect contraire du protestantisme, puisqu’on est censé en permanence remettre en cause son identité, la re-consommer perpétuellement.

Il n’est pas bien difficile de comprendre que le monde post-covid, ce sont des métropoles occidentales où c’est la grande foire aux identités, avec de la fuite en avant d’autant plus puissante qu’il y a la grande liquidation de tout ce qui est héritage historique, passé de l’humanité, transmission de valeurs. Il n’y a en soi rien de nouveau, mais avec la crise commencée en 2021, tout s’est précipité. Et les gens, en France, témoignent d’une immense fatigue à l’été 2023. C’est la flemme généralisée, l’incapacité à percuter dans son esprit, à prendre des responsabilités autres que celles exigées par la consommation et son corollaire, le travail dans le capitalisme.

Ce qui est très intéressant, c’est qu’au final, l’attitude des gens, leur humeur, leur positionnement, est très exactement le contraire de ce qu’on voit représenté dans les affiches et peintures soviétiques de la première partie du 20e siècle. Dans ces affiches et peintures, on voit des gens décidés, certains d’être à leur place, plein d’entrain. Leur position humaine est l’exact opposé de ce qu’on vit actuellement.

Maria Bri-Bein, Opératrices du télégraphe, URSS, 1933

Autrement dit, le capitalisme actuel nie la possibilité de l’ordre, tout autant que l’URSS de la première moitié du 20e siècle proposait un nouvel ordre. Le contraste est saisissant. Les affiches et peintures et soviétiques reflétant ce nouvel ordre étaient déjà incompréhensibles pour les gens subissant le capitalisme dans les années 1980. Mais alors en 2023, c’est tout simplement inconcevable. Le caractère décidé qu’on y voit ne peut être compris que comme rigides, bornés, passés, par des gens désormais libéraux à tous les niveaux. Dans le capitalisme, on doit être en mesure de changer d’avis à n’importe quel moment, sans raison. C’est la démesure de l’ego, la toute puissance de la consommation. Alors célébrer l’affirmation de quelque chose de prolongé ayant du sens en soi : quelle horreur pour les gens à l’image du capitalisme !

Affiche de 1934 de Maria Bri-Bein à destination de la population sibérienne khakasse, promouvant le dépassement du patriarcat, de l’illettrisme, des formes moyenageuses.

Ce qui est marquant, c’est de voir que l’individu capitaliste est incapable de protéger son intégrité psychologique, psychique, et qu’il va d’autant plus dénoncer le « totalitarisme » socialiste que justement le socialisme permet de fournir une base réelle à la personne en tant que telle. L’individu capitaliste verra d’autant plus la personne socialiste comme un « robot » qu’elle-même est entièrement façonnée par les mass medias, les grandes entreprises, les réseaux sociaux, la terreur de la consommation.

C’est que l’individu capitaliste est corrompu, toutes ses valeurs cèdent inéluctablement devant l’élargissement du marché capitaliste, à moins d’un positionnement idéologique, culturel, qui soit d’un niveau suffisant, et d’une rupture subjective assez marquée. On sait bien comment le jeune rebelle adolescent se vend aisément au capitalisme une fois adulte, en raison d’une incapacité à faire face à tous les aspects fondamentaux du capitalisme. Le monde du travail et la famille se posent comme des défis immenses ! Ils peuvent être relevés, encore faut-il être en mesure de batailler. Qui ne le fait pas se fait corrompre.

La personne socialiste, à l’inverse de l’individu capitaliste, est incorruptible. L’interaction réciproque avec la société organisée est trop forte. La dialectique entre le peuple et la société – la démocratie – l’emporte. Il n’y a alors plus de passivité, de nihilisme, de relativisme.

Affiche de Maria Bri-Bein de 1941, avec une citation de l’écrivain Demian Bedny : « Nous jurons à nos maris, les hommes héroïques, que nous forgerons les armes jour et nuit, et remplirons la tâche d’aider le front »

La clef, c’est bien entendu le travail, la production. C’est là qu’on voit le rôle pernicieux de l’idéologie LGBT, véritable sous-produit du capitalisme financier s’infiltrant à tous les niveaux. Le capitaliste rentier ne sait pas quoi faire, alors il joue avec lui-même. Il nie la transformation, la production, et s’imagine changer les choses en investissant. Le « transexuel » s’imagine alors investir de la pensée sur son corps et le « changer ». C’est l’illusion digne de l’opération visant à acheter une marchandise avec une carte bleue en s’imaginant que l’argent n’existe pas dans le processus. On peut appeler ça de la pensée magique.

Car l’intégrité psychique ne va pas sans l’intégrité physique. C’est un tout. Et le capitalisme agresse tout, il veut tout s’approprier. Tout doit relever du marché, sans limites ni limitations. Aucune intégrité ne peut donc exister, il faut que tout le monde soit à disposition. Et il faut vite changer d’avis, vite choisir, vite consommer, toujours plus vite. La lecture d’un livre un peu long se voit toujours plus banni dans le capitalisme, alors que la vision de vidéos ultra-rapides triomphe forcément.

Le capitalisme nie le prolongement, la production ; il sacralise l’éphémère, le consommable. Le capitalisme est né comme développement de la coopération dans la production, comme affirmation de l’intégrité personnelle. Il se meurt comme effondrement et dispersion dans la consommation, dans le fétichisme de l’ego, dans le culte sordide de l’individu. La décadence dans le capitalisme est la preuve du besoin historique du Socialisme.

Affiche de Maria Bri-Bein de 1933 à destination des travailleurs de choc : étudier la technologie, maîtriser la science

L’intégrité psychique doit être défendue, le capitalisme doit être combattu. Si on veut s’assumer comme être humain complet, il faut développer ses facultés et cela ne peut se faire que par le socialisme, donc pour le socialisme. Laisser son psychisme se contaminer par le capitalisme, c’est tomber dans le pessimisme, le relativisme, le nihilisme. C’est pourquoi il faut agencer sa vie en fonction de la perspective historique du socialisme, pourquoi il faut calibrer ses actions en fonction des nécessités culturelles, politiques pour le socialisme.

L’être humain entier, complet, affronte la corruption permanente du capitalisme : il ne refuse pas le combat, il le pose historiquement, il assume l’inéluctable victoire de la nouvelle humanité !

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Culture & esthétique

Le classicisme contre le capitalisme

Le capitalisme transforme tout selon ses besoins et, pour cette raison, il n’est pas conservateur. En même temps, le capitalisme profite de ce qu’il a mis en place et en ce sens, il est conservateur. Si l’on reste prisonnier de cette opposition, alors on s’imagine qu’être de droite c’est être conservateur, être de gauche progressiste, ou inversement qu’être de droite c’est être libéral, et être de gauche pour le « maintien des acquis ».

Si on dépasse cette opposition, on est alors amené à valoriser le classicisme. Le classicisme, c’est en effet le maintien de certaines valeurs à travers les changements. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’évolution, mais celle-ci se déroule dans un cadre de valeurs bien déterminées. C’est la civilisation, au contraire du capitalisme qui lui est hyper corrosif et abîme tout.

La civilisation humaine exige la hauteur d’esprit, l’harmonie de la construction, l’envergure mentale et psychologique, la profondeur des émotions, la beauté du goût. Les 16 fondements de l’urbanisme établis en République Démocratique Allemande au début des années 1950 forment un excellent exemple d’une telle exigence.

Maison de la culture à Magdebourg 
en République Démocratique Allemande en 1951

Le classicisme, c’est ce qui se maintient malgré tout. Il y a des classiques en littérature comme en musique, en sculpture comme en peinture. Dans tous les domaines, il y a des classiques, qui ne sont pas des modèles, mais les meilleures productions du passé. On ne peut qu’être en continuité avec elle.

Le capitalisme implique inversement le renouvellement absolu des marchandises, il ne laisse donc aucun espace possible au classicisme. Il fait la promotion du subjectivisme. La fantasmagorie de « changer de sexe » est le paroxysme du culte absolu de l’ego consumériste qui « façonne » sa réalité au moyen de choix consommateurs.

Le capitalisme désormais tout à fait développé supprime donc l’idée même de classicisme. Il n’y a plus aucun domaine où le capitalisme fait semblant d’assumer une continuité culturelle. Tout est renouvelable, tout est renouvelé, de manière ininterrompue. Même les Beatles ou Mozart apparaissent comme des fantômes du passé, des reliquats d’une époque de toute façon lointaine et obscure.

Ce qui compte, pour le capitalisme, c’est le présent de la consommation. Pour les plus souffrants de cela, il y a la religion pour apporter de la transcendance. La consommation se maintient cependant, toujours victorieuse, toujours hyperactive. Il ne saurait y avoir de classiques à l’époque de Facebook, Instagram, Tiktok et Twitter.

Il n’y a pas de place pour la peinture de Léon Lhermitte, admirable peintre réaliste du 20e siècle, à une époque où ce qui compte c’est la nature consommée d’un produit. Rien ne doit pouvoir se maintenir et devenir culture, rien ne doit dépasser le cadre du marché.

Léon Lhermitte, Le repas de Midi

Dans les années 1960, il y a eu en France des révolutionnaires. Ils n’avaient aucune chance de réussir : quelle crédibilité avaient-ils face à des bourgeois maîtrisant un haut niveau de culture, d’intellect, de mœurs ? Désormais totalement décadente, la bourgeoisie ne fait même plus semblant. Elle a jeté toute prétention de continuité culturelle par-dessus bord.

La bourgeoisie française se conçoit comme un simple appendice de la bourgeoisie américaine, au point que tous les enfants des classes supérieures vont faire des études aux États-Unis, ou bien en Angleterre ou dans un autre pays, suivant les moyens. La bourgeoisie française est devenue cosmopolite ; que ce soit le bobo de l’Est parisien ou le bourgeois « old money » de l’ouest parisien, tous ont presque la même mentalité, pratiquement les mêmes approches, au fond la même sensibilité.

Libéralisme et relativisme ont des poids différents chez les uns et chez les autres, mais tous sont d’accord pour procéder à la grande liquidation. Tout se vend, tout s’achète, on peut discuter à quel prix et dans quelle mesure, mais c’est la tendance de fond.

Il n’est plus de place pour l’harmonie, pour le sens classique. C’est tellement vrai que le réalisme socialiste est absolument incompréhensible pour les bourgeois. Ils n’ont jamais su ne serait-ce que comprendre le concept. Quiconque a compris le classicisme saisit inversement tout de suite le réalisme socialiste soviétique dans l’architecture par exemple : rien qu’à voir, on comprend directement.

Pont Bolchoï Krasnokholmski, Moscou

Le capitalisme a supprimé en pratique les catégories de beau, de laid, d’harmonieux, de constructif… car ce qui l’intéresse, c’est une mentalité maladive de consommation sans cesse renouvelée. C’est la tentative de supprimer l’Histoire, la continuité de la culture, tout ce qui aboutit à des sauts dans le domaine de la civilisation. Le capitalisme enserre tous les domaines de la vie, afin d’empêcher qu’on le remettre en cause.

Le classicisme est à ce titre révolutionnaire. Il représente la possibilité d’une continuité de l’Histoire, d’une transformation de l’Histoire vers le meilleur. Qui se place en-dehors du classicisme se place en-dehors de l’Histoire, en-dehors de la vie elle-même… et se retrouve condamné à errer dans une consommation permanente, sans signification ni sens.

Le drapeau rouge porte en ce sens le classicisme, comme vecteur de la civilisation harmonieuse !

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Vie quotidienne

Le « player » et le « user »

Savez-vous pourquoi les gens se comportent de manière ignoble, mais pensent bien faire ? Tout simplement, parce qu’ils pensent qu’il y a pire. Il y a deux expressions en anglais qui aident à très bien comprendre la question.

En anglais, le mot « user » désigne un utilisateur. Mais il peut désigner celui qui utilise, au sens de quelqu’un qui manipule, qui profite. Le « user » utilise les gens dans son entourage afin d’en abuser.

Le mot « player » désigne un joueur. On peut cependant employer le terme pour désigner quelqu’un qui se divertit en profitant de son entourage, mais sans autre perspective que passer le temps. Il ne cherche pas à abuser : c’est juste qu’il refuse tout esprit de conséquence.

Les gens, dans le 24 heures sur 24 du capitalisme, sont tous des joueurs. Chacun agit en player, s’imaginant libre dans ses choix et menant sa vie comme « bon lui semble ». En réalité, le capitalisme les a totalement façonnés et ils sont comme des figures de baby-foot. On les manipule comme on veut et chaque joueur du baby-foot s’imagine : oh c’est moi qui ait décidé d’agir, et j’agis !

Et si jamais on lui reproche d’être un individualiste, de ne s’engager en rien, il répondra : mais je ne fais rien de mal, moi ! Car il a en tête la figure du « user ». Ne se considérant pas comme un « user », ne cherchant pas ouvertement, subjectivement à manipuler, le « player » considère que, par conséquent, ce qui suit son action ne le regarde pas, sauf s’il en a envie.

Les gens qui balancent leurs mégots par terre, qui abandonnent du plastique dans une forêt, qui achètent du foie gras, qui commandent des choses inutiles sur Amazon… diront tous la même chose. A leurs yeux, ils ne font rien de mal ! La preuve, ils ne veulent pas faire le mal. S’ils ne veulent pas faire le mal, ils ne sont pas responsables. Le « player » est innocent. C’est le « user » qui est coupable. CQFD.

Ce qu’on a là, ce n’est pas simplement de la mauvaise foi. C’est toute une vision du monde sur la base de la consommation de marchandises. La consommation est passive dans sa forme, et elle apparaît comme allant de soi. Comment quelque chose allant de soi et qu’on fait passivement pourrait être quelque chose de mal ?

Fort de cet état d’esprit, le « user » agit dans la vie, il se précipite, il profite des vanités de la vie quotidienne dans le capitalisme. Et, faible de cet état d’esprit, il s’effondre psychologiquement lorsque ce qui se passe ne correspond plus à son style de vie.

C’est particulièrement vrai pour la question de la romance. Seul le socialisme peut rétablir la romance, ou plus exactement l’établir historiquement au niveau mondial, au niveau des masses mondiales. Car le « player » est incapable d’aimer. Le « user » ne veut pas aimer : il veut tromper. Le « player », lui, ne se pose pas la question. Il vit en suivant des impulsions qui lui semblent les siennes. Sauf qu’elles sont en réalité celles qui lui sont fournies par la société de consommation.

C’est là où on retombe sur l’image des joueurs d’un baby-foot. Ils sont bornés. Ils ne peuvent pas gérer un changement qualitatif dans les événements.

Si on ne comprend pas cette nature de « player » des gens vivant dans le capitalisme, façonnés par le capitalisme, on ne peut pas les comprendre du tout. On ne peut pas comprendre comment ils sont dépassés, humainement dépassés. Une humanité façonnée par les réseaux sociaux n’est pas à même d’affronter sa vie intérieure.

Encore est-il qu’il serait unilatéral d’attribuer tous les malheurs du monde aux réseaux sociaux. Facebook, Instagram, TikTok, Twitter… poussent les gens dans une certaine direction. La réciproque est toutefois également vraie. Si ces réseaux ont eu du succès, c’est qu’ils répondaient aux attentes des gens. Si Tinder a eu du succès, ce n’est pas en forçant les gens à nier le romantisme. C’est tout simplement parce que les gens niaient le romantisme à la base. Tinder n’a fait que refléter une société où on choisit, où on « sélectionne ».

Dans un tel panorama, une personne qui agit comme « user » a toute sa place. Un « user », c’est simplement un « player » qui a franchi le pas. D’où la fascination permanente pour les figures criminelles, fictives ou réelles, les Pablo Escobar, les Tony Montana de Scarface, etc.

Car, au fond, le « player » sait qu’il n’est qu’une figure de baby-foot, et il envie le « user » de tenter de modifier les règles du jeu, de vivre « pleinement ». L’utopie capitaliste du « player », c’est le monde criminel du « user ».

Que faire avec des gens pareils ? Eh bien le socialisme n’a jamais prévu que deux options. Un « user » doit être éliminé de la société, un « player » doit être rééduqué. Il n’y a pas d’autres options. Il n’est pas possible de céder à des gens qui se considèrent dans leur « bon droit ».

Et comme le droit c’est celui de consommer autant qu’on le pourra dans un occident repu… la corruption est totale et il n’y a rien à faire, à part se fonder sur l’hypothèse d’un décrochage généralisé. Ce décrochage a d’ailleurs déjà commencé. La crise commencée avec le covid-19 ne s’arrête pas et ne s’arrêtera plus. C’est la fin d’un mode de vie.

Et dans cette fin, les gens vont devoir apprendre à découvrir et à rejeter les valeurs propres à la figure du « player », et à combattre celles du « user ». Ce qu’on appelle révolution est obligatoirement une formidable autocritique. C’est une autocritique libératrice, car on se libère d’un carcan. C’est la cessation de l’esprit borné, des sensations limitées, de l’emprisonnement dans les apparences exigées par le capitalisme.

Mais c’est une autocritique tout de même.

Quelle forme prendra cette autocritique ? Ce sera par la reconnaissance de la réciprocité, de l’interaction, de la dialectique. Tout est en interaction. La conception d’un individu isolé, coupé du monde, séparé de tout le reste par une muraille infranchissable, doit être brisée, en soi. Il faut tuer l’ego.

Le 24 heures sur 24 du capitalisme célèbre l’ego. Le 24 heures sur 24 sans le capitalisme s’en débarrassera. Et entre les deux, ce qui va jouer, c’est la capacité à avancer en ce sens. Il faut supprimer le capitalisme dans la réalité matérielle, ainsi que dans les esprits, et la combinaison de ces deux aspects est la substance même de ce qu’on appelle la révolution.

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Culture & esthétique

Pas de personnalité sans classiques littéraires

Pourquoi lire un roman ? Certains disent : pour se divertir. D’autres pensent que c’est pour découvrir un jeu de l’esprit. Ce sont là des points de vue qui nient la réciprocité qui existe entre un lecteur et le roman. Il n’y a pas d’un côté un lecteur tout puissant, qui déciderait de ce qu’il veut prendre, ou pas. Il n’y pas d’un autre côté un auteur qui jetterait à la tête du lecteur ce qu’il veut, comme bon lui semble.

Il y a, lorsque les romans sont de vrais romans, une interaction entre l’œuvre et le lecteur. Lorsque le lecteur lit un roman, il découvre la réalité, il est saisi par l’esprit de cette réalité. Il intègre dans son cerveau la nature de cette réalité. Voilà pourquoi la littérature focalisée sur les crimes, les délires, les perversions… sont des poisons. Ils habituent les pensées à de telles choses.

Le véritable rôle des romans est d’éveiller les personnalités, de leur permettre de s’approfondir, de connaître les gammes de sentiments, d’émotions, de sensations. Sans cet éveil, les êtres humains ne saisissent que de manière brute, brutale, ce qui se déroule en eux.

Les grands auteurs sont ceux qui proposent la réalité, du moins une partie de celle-ci, dans toute sa complexité, ou du moins avec une très grande complexité. On voit le réel, on saisit les nuances (infinies), on découvre comment découvrir la vie. C’est ce qu’on retrouve chez les grands auteurs, les seuls vrais auteurs d’ailleurs, car la culture doit être la plus exigeante.

On ne peut pas dire qu’on est un être humain accompli si l’on ne se tourne pas vers Balzac et Tolstoï, Kafka et Lu Xun, Tchekhov et Cervantès, Hamsun et Dante, Goethe et Gorki. Et il ne s’agit pas ici de faire un catalogue d’auteurs, car tel n’est pas le sens de la littérature romanesque.

Il ne s’agit pas de dresser une liste, avec chaque ouvrage ayant un numéro de 1 à 100, en se disant qu’il s’agit de les lire un par un. La littérature, ce n’est pas la science. La littérature, c’est un appui à l’âme. Et comme l’âme affronte des situations différentes, on se tourne vers certaines oeuvres aux dépens d’autres, par affinités, besoins, exigences.

En raison justement de cela, on peut considérer qu’il est possible de jeter directement à la poubelle la quasi totalité des romans du 20e siècle, alors qu’on trouvera dans ceux du 19e, même les moins valables, toujours quelque chose. Car le 20e siècle a été marqué par le triomphe du subjectivisme, de l’égocentrisme, du culte du moi. L’élan fasciste et le nombrilisme capitaliste ont assassiné la littérature romanesque.

Il s’agirait soit de célébrer un ego soit de manière boursouflée, soit de manière désincarnée, dans tous les cas avec un « existentialisme » résumant la vie à des existences pessimistes ou nihilistes, quand ce n’est pas les deux. Comment s’étonner que la France soit ce qu’elle est au début du 21e siècle quand on a célébré par exemple Albert Camus ?

Il n’y a pas de style littéraire à part un langage parlé, les personnages se baladent dans l’existence sans s’attacher à rien ni être personne, le monde n’est qu’une vaste abstraction. Le personnage de L’étranger, c’est désormais absolument tout le monde à l’heure des réseaux sociaux. On se balade partout sans trop y croire, jusqu’à quelque chose se passe, et là alors on est débordé !

Mais qu’est-ce que la littérature romanesque, en définitive ? C’est celle qui expose une vie dans une vie, en exposant les différents aspects, en indiquant les tendances de fond, en présentant les sensibilités, les émotions. C’est celle qui empêche au lecteur de devenir un dégénéré.

Car une vie où on ne cultive pas sa sensibilité devient une démarche de mort-vivant, et on sait à quel point la vie dans le capitalisme est rempli d’insensibilités, jusque dans les détails. C’est très exactement ça, l’enfer du 24 heures sur 24 de la vie quotidienne dans le capitalisme.

Les classiques littéraires sont des supports inévitables, tant dans la vie en général, que dans la vie particulière qu’est celle dans le capitalisme. Ce ne sont pas des « outils », mais des prolongements de soi, car ils montrent comment nous sommes, tout comme nous sommes produits par eux.

Car, oui, il faut être produit par les classiques littéraires ! Il faut s’aligner sur le meilleur de l’humanité, sur le meilleur de la sensibilité, la plus grande profondeur de l’âme, l’immense gamme des émotions.

C’est ça, le sens réel du principe de civilisation.

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Vie quotidienne

Sans loyauté, il n’y a rien qui tient

Pourquoi les choses tiennent-elles ? D’une certaine manière, par la force de l’habitude et l’autorité, c’est vrai. Mais au fond, elles tiennent surtout par loyauté.

Il n’y a pas de sensibilité sans attachement. Partant de là, on s’attache forcément avec qui on est, à là où on est, aux endroits où on vit, où on fait quelque chose. C’est un processus qui se déroule de manière autonome, indépendamment de la volonté des gens. Cela se rattache à l’existence, sa possibilité sociale. On se sent dépendant et redevable de certaines choses pour exister, et on est alors loyal.

Le symbole le plus fameux de cette loyauté, dans sa substance même, c’est bien entendu le chien. Le chien est le « meilleur ami » de l’homme, car il est loyal. Il ne trahira pas, il est marqué par sa loyauté, alors que les êtres humains, justement, peuvent dérailler.

L’humanité ne tiendrait pas sans loyauté et c’est à ça qu’on voit que les humains n’ont pas été « créés » par Dieu, mais sont bien des animaux produits par la Nature. S’ils sortent de la loyauté, ils sont perdus.

Toutes les loyautés ne se valent pourtant pas. Certaines sont fictives, d’autres symboliques. Toute loyauté dépend de la culture, c’est-à-dire de la réalité historique de l’humanité comme animal social développé.

Par exemple, on ne peut pas comprendre la guerre en Ukraine sans comprendre que ce qui joue beaucoup, c’est qu’un camp veut célébrer la victoire sur les nazis et l’autre ne le veut pas. Les Russes reprochent aux Ukrainiens leur déloyauté par rapport à leur passé commun. Le régime ukrainien propose de son côté une nouvelle loyauté, artificielle, « occidentale ».

La guerre Russie-Ukraine est, psychologiquement si on veut, avant tout une guerre pour la loyauté. Bien entendu, à l’arrière-plan, il y a l’affrontement entre les blocs. Mais les gens ne vont pas à la guerre sans motivation, ne serait-ce que minime et de portée historique.

Si on rate cet aspect essentiel de la vie humaine, on ne comprend d’ailleurs pas le maintien des religions, des nationalismes, des superstitions, bref d’un nombre immense de petits actes au quotidien servant de témoignage de loyauté.

Le folklore humain est même ici sans limites. On est loyal, on célèbre la loyauté… et ce d’autant plus qu’elle est absente, trahie, dévoyée, etc.

On ne soulignera jamais assez comment cet aspect est fondamental dans l’étude des mentalités, des actions et réactions au niveau personnel, individuel. Et tout cela est de nature historique, dépendant du mode de production dominant. Ce sont les attachements qui permettent que, demain, les gens iront au travail, il y aura des hôpitaux, et pareil après-demain.

S’il n’y avait pas ces attachements, d’ailleurs réciproques, rien ne tiendrait. On ne pourrait avoir confiance en rien, ni personne. Le propre du 24h du 24 du capitalisme est justement de ne permettre les loyautés que par l’intermédiaire de contrats et de marchandises.

C’est à ce niveau que tente d’opérer le « romantisme » d’extrême-Droite, qui prétend réactiver d’anciennes loyautés, en fait fictives le plus souvent. C’est le fameux « avant, c’était différent ». Il a sa part de vérité, car le capitalisme s’est renforcé et il a procédé à la dissolution de plus en plus de liens sociaux et culturels. Cependant, la tendance était déjà là.

Car le capitalisme ne permet aucune loyauté… à part à soi-même, et encore, à sa fonction dans le capitalisme. Voilà pourquoi, à l’inverse, être de Gauche, c’est montrer l’importance de la loyauté. On est là, parce qu’on protège ce à quoi on tient, et que ce à quoi on tient a du sens.

On peut avoir raison autant qu’on le voudra – si on donne l’impression de trahir, tout est foutu. Qui n’a pas connu ce moment amoureux où on se sent embarqué malgré soi dans quelque chose de nouveau, d’inquiétant, mais où on dit : je reste là, je suis loyal ?

Car on a confiance en le mouvement de la vie : telle est la vraie loyauté, la première, celle que toute loyauté rejoint.

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Nouvel ordre

« Il y a pire que la mort »

Savez-vous pouquoi il y a des révolutions ? Parce qu’il y a des moments dans l’Histoire où on sait qu’il faut mettre sa vie en jeu. Et si on le fait, c’est qu’on a compris qu’il y a pire que la mort.

Bien entendu, tout le monde le sait en général. Pour certains, c’est d’ailleurs une cruelle réalité, et il faut affronter le monde avec tellement de douleurs !

L’aliénation, l’indifférence, l’isolement, l’humiliation, l’incapacité à trouver comment développer ses facultés… La vie dans le capitalisme est brutale, agressive, monstrueuse.

Pour autant, tant qu’on peut vivre, on le fait. Pourquoi risquer la prison, la torture, la désocialisation, lorsqu’on peut vivre sa vie avec ses petites joies, ses petites peines ? Après tout, ça vaut le coup, personnellement, d’avoir une existence où l’on profite.

Et, de toutes façons, tout le monde fait pareil. Pourquoi alors entrer en rupture et se singulariser ? En plus, le capitalisme habitue à ne pas avoir ni engagements, ni responsabilités. Rompre avec tout cela, c’est bien difficile !

Les êtres humains sont des animaux comme les autres : ils dépendent d’une situation pour être poussée dans telle ou telle direction. Tant qu’un mode de production le permet, les gens acceptent donc ce qu’il y a.

Quand par contre c’est intenable, que vraiment c’est invivable, alors on assume qu’il y a pire que la mort. Et quoi, on va tous se suicider ? Bien sûr que non. Alors, c’est la révolution.

Ce n’est pas faire de l’existentialisme que dire cela. C’est simplement voir que la vie, ce n’est pas que l’économie, c’est aussi la psychologie, la situation nationale, la culture, la famille, les amis, bref tout ce qui fait que l’humanité, génération après génération, continue d’exister.

C’est pour cette raison que Karl Marx, lorsqu’il a écrit Le capital, n’a jamais dit que le capitalisme allait s’effondrer de telle ou telle manière. Il a dit que le capitalisme allait être enrayé dans sa course aux profits, parce qu’il veut toujours plus de profits et que le taux de profit est toujours moins satisfaisant. Cela conduit aux guerres, pour prendre les profits du voisin.

Mais il n’a jamais établi de plan détaillé, en disant : à tel moment tout s’effondre. Car un mode de production est renversé lorsqu’il ne tient plus, ce qui dépend de beaucoup de facteurs.

On peut prendre la révolution française en exemple. Elle a eu lieu pour des motifs qui sont peu clairs, finalement. Au fond, pourtant, c’est le mode de vie dominant qui était considéré comme intenable. Il y a alors, « pire que la mort » et la vie devant l’emporter, c’est la bataille pour la grande transformation du mode de vie.

En attendant, les gens qui disent qu’il y a pire que la mort… font peur. On comprend qu’ils ont vécu des choses si dures qu’ils tiennent on ne sait trop comment. Si on regarde bien, dans le capitalisme, de toutes manières, la plupart sont à la limite de s’effondrer psychologiquement, mentalement. Ils tiennent par la force de l’habitude.

Ce qui compte, c’est de faire comprendre que la dépression a une raison historique. C’est le mode de vie qui est erroné dans ses fondements. Si on le devine, sans le comprendre avec les bons outils, on se perd, on est désorienté, on n’a plus de repères. Les sectes et différentes religions jouent là-dessus en proposant un au-delà fabuleux et rassurant.

Karl Marx parlait avec justesse de la religion comme « opium du peuple », et il le faisait en soulignant qu’il y a un besoin de cet opium, pour « tenir » dans un monde horrible.

« La misère religieuse est à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre cette misère réelle.

La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme sensible d’un monde insensible comme elle est l’esprit de situations sans esprit. Elle est l’opium du peuple.

Le dépassement de la religion comme bonheur illusoire du peuple est l’exigence de son bonheur réel. L’exigence de renoncer aux illusions sur son état, c’est l’exigence de renoncer à un état de choses qui a besoin de ces illusions.

La critique de la religion est donc en germe la critique de la vallée de larmes, dont la religion est l’auréole glorieuse. »

A la situation historique où il y a pire que la mort, la religion donne comme réponse : il y a mieux que la vie. C’est un mensonge. Tout comme sont des mensonges les fuites dans le consumérisme forcené, l’alcool, les drogues, le style décadent « hédoniste » LGBT, etc.

La vraie réponse, c’est de se tourner vers l’Histoire, et donc la culture. Il y a tellement des choses à découvrir, à apprendre ! C’est là ce qui donne du sens à l’existence, qui fait progresser des facultés, sa sensibilité.

Le monde pourrait, devrait être totalement différent. Il faut le transformer, et non pas se mutiler soi-même sous une forme ou une autre. La vie doit l’emporter ! Voilà ce qui compte réellement, ce qu’il ne faut jamais perdre de vue.

Et lorsque les masses s’emparent de ce principe, elles sont invincibles et changent le cours des choses, afin qu’il soit en adéquation avec le bonheur possible historiquement, à tous les niveaux de la vie quotidienne.

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Politique

Les choses sont mesurées

On peut poser les réponses !

Agauche.org passe à l’assemblage : chaque article essaiera désormais de se poser comme une brique. Et brique par brique, brique sur brique, c’est une nouvelle mentalité qui se forgera, à partir de toute l’expérience accumulée.

Expérience politique, culturelle, sociale, idéologique, personnelle… On parle ici de tous les domaines de la vie.

C’est ça – ou être entraîné vers le fond par une société française totalement pourrie tellement elle est occidentalisée. La société de consommation a anéanti tous les tissus sociaux, ou presque. Le niveau culturel est effroyable et les choses empirent, les traditions de la Gauche, au sens le plus large, ont été liquidées.

La France est un asile de corrompus par le capitalisme, qui n’espèrent qu’une chose : que rien ne change, et même si on peut, revenir en arrière. Le spectacle est pathétique. Les Français ne savent rien faire d’autre qu’exprimer une nostalgie pour les années 2000 où l’on profitait de la croissance du capitalisme aux dépens du tiers-monde, et au moyen surtout des ouvriers chinois.

Il faut reconstruire, en assumant qu’on part de zéro. Sauver le positif, le préparer pour l’avenir, car là c’est littéralement la civilisation qui va disparaître comme principe en France.

Notre pays, s’il continue, ne sera qu’une annexe du capitalisme américain, rempli de gens consommant comme des zombies, incapables de liens sociaux convenables, pour ne pas dire socialistes.

Concrètement, les articles se poseront comme contribuant à participer à la vision du monde qu’on a au quotidien. La dimension positive, affirmative, primera de manière résolue sur le reste.

Le principe est le suivant : quelqu’un qui, en 2030, pense comme nous, pourra lire les articles en éprouvant de l’intérêt, sans que cela soit parasité par des considérations secondaires, des constats éprouvants sur la réalité décadente.

Cela ne veut pas dire que la décadence ne sera pas critiquée, surtout la marche à la guerre mondiale en raison de la bataille sino-américaine pour l’hégémonie.

Mais ce qui compte, désormais, c’est le sujet révolutionnaire, et seulement lui. C’est à lui qu’appartient l’avenir, car il porte les valeurs humaines à travers la décadence, la barbarie, l’effondrement de l’occident.

La publication quotidienne n’est ainsi plus à l’ordre du jour, cette démarche ayant été dénaturée par le 24h sur 24 de la consommation capitaliste. Cependant, le rythme aura la même intensité, au fond. C’est simplement une réadéquation au réel.

Ou bien une révolte contre le réel, plutôt. Car la réalité est insuffisante. Elle n’est pas à la hauteur de l’époque.

Que nous réserve l’avenir ? La rupture avec le mode de vie occidental, ou l’effondrement en raison de la soumission passive, de l’alignement sur la superpuissance américaine?

Dans tous les cas, soyons une partie de la solution, pas du problème !

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Politique

La presse selon la Gauche historique

La conscience prime sur le reste.

Qu’est-ce que la presse selon la Gauche historique? Ce n’est pas une presse pragmatique, qui sous couvert de populisme cherche à racoler pour attirer des gens. Ce n’est pas non plus une presse « amicale » qui, prétendant aborder les choses de manière « directe », cherche à faire passer des idées en contrebande.

Ce n’est pas non plus une presse qui se contente d’accompagner la réalité, tout en donnant tel ou tel point de vue. Ce n’est pas une presse qui nivelle vers le bas en cherchant à toucher n’importe qui, n’importe comment, à tout prix.

La presse selon la Gauche historique est une expression élevée d’une vision du monde. Elle vise la conscience, tout d’abord. Elle appelle à l’organisation, ensuite. Elle fonctionne dialectiquement avec l’Histoire, elle dit ce qui se passe, elle dit ce qu’il y a à dire, elle expose les faits et les moyens de les révolutionner.

Elle est ainsi portée par des gens réels. Ces gens ont un vécu, des activités. Ils véhiculent la vision du monde appelant à transformer les choses, ils la vivent. Partant de là, la presse ne doit pas qu’être portée par de tels gens : elle doit les refléter, et en même temps les modifier selon les besoins de l’époque.

On ne soulignera jamais assez l’importance dialectique de la presse. La presse, ce n’est jamais quelque chose qui fonctionne dans une seule direction. La presse reflète le monde, mais le monde reflété agit également sur ceux qui le reflètent.

C’est pourquoi la Gauche historique a toujours assimilé une organisation politique à sa presse. Il ne s’agit pas pour la Gauche historique d’avoir une presse, mais d’être cette presse. Si on lit Lénine, dans Que faire? il expose très bien ce point de vue, qui est celui de la social-démocratie historique.

La presse n’est pas un outil. La presse, c’est la vie politique elle-même de la Gauche historique, car la Gauche historique raisonne en termes de vision du monde, et uniquement en termes de vision du monde.

Une vision du monde s’expose, elle vit, elle est une intelligence en fonctionnement. Son fonctionnement dépend naturellement de la pratique, car elle reflète le réel, elle devient le réel qu’elle transforme.

La presse selon la Gauche historique, est ainsi vivante. Elle ne saurait prendre une forme statique, déterminée. Elle répond aux exigences des temps.

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Politique

La question de la parution quotidienne

Le temps dans le 24h sur 24 du capitalisme.

Depuis ses débuts, agauche.org assume une parution quotidienne, sans faille. C’est tout à fait unique à gauche et c’est l’une des catastrophes de la Gauche française que d’être incapable de mettre en place un média quotidien d’envergure. Comment prétendre changer le monde en laissant toute la place au Figaro, au Monde, à Libération?

Mais le problème réel, c’est en fait Instagram, Youtube, Facebook, Tik Tok, Twitter, etc. Car si les gens ont bien une journée de travail, leur vie est dispersée dans le 24 heures sur 24 du capitalisme. L’actualité est « nouvelle » de manière incessante. Ce n’est pas comme si existait encore la notion de journal du matin ou du soir.

Pour cette raison, avec le développement continu des réseaux sociaux, le principe de parution quotidienne, qui aurait dû être marquant, n’a pas eu la portée escomptée. Les gens qui lisent agauche.org, de manière régulière ou en passant, ont pris une tendance à prendre l’article comme un « apport » dont on pourrait faire ce qu’on veut, sans voir l’unité de fond, la cohérence de la démarche générale.

Finalement, qu’il soit publié le matin ou l’après-midi, quotidiennement ou pas, n’est pas ce qui est considéré comme important par les gens qui lisent agauche.org. Ce qu’ils veulent, c’est de la substance. Et il va de soi qu’en suivant l’actualité, cette substance se voit forcément diluée parmi des articles parfois secondaires.

Agauche.org doit donc, en se concentrant sur des thèmes positifs, programmatiques, constructifs, casser une forme potentiellement prétexte à la consommation. Il faut, pour paraphraser Lénine, moins mais mieux.

Surtout que la parution quotidienne a permis d’observer des phénomènes de fond dont, désormais, on a bien compris le sens. La guerre en Ukraine, le populisme régnant à « gauche » par exemple avec le mouvement contre la réforme des retraites… on a compris ce qui se passe. Le travail d’assimilation du réel a été réalisé : on peut maintenant passer à l’expression avancée des positions réelles qui doivent être celles de la civilisation, de la lutte des classes pour une société dépassant l’horrible situation actuelle.

Cela permettra également de pouvoir se tourner davantage vers les animaux. La parution quotidienne, forçant à donner le ton à l’actualité, a puissamment nui à l’orientation pourtant fondamentale en direction des animaux. C’est que les animaux ne sont, pour ainsi dire, jamais une actualité, alors qu’ils devraient l’être tout le temps.

Il faut naturellement voir dans la pratique ce que cela donnera. Il est évident que des ajustements, des réadéquations, des rectifications, des corrections, des transformations… se produiront. C’est là toutefois l’avantage justement d’un média en ligne par rapport à une presse papier. Le caractère vivant de l’entreprise est bien plus aisée à mettre en avant… si on mène le travail à l’arrière-plan afin de bien calibrer l’initiative.

Agauche.org ne se « réinvente » pas : c’est un processus de dépassement, un processus synthétique.

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Écologie

Nine live Paris : Que faire quand vous trouvez des chatons à l’extérieur

L’enfer est pavé de bonnes intentions et les animaux en font malheureusement beaucoup les frais. Nous tenons ici à partager une publication d’une association de protection animale basée à Paris, Nine lives Paris. Elle permet de rappeler clairement le comportement à adopter face à des chatons qui pourraient être orphelins ou abandonnés. Et éviter ainsi de leur nuire ainsi qu’aux chats qu’ils pourraient rencontrer.

La question des animaux blessés et plus généralement de ceux ayant besoin d’aide montre bien que rien ne va. Les structures sont quasi inexistantes, les bénévoles et salariés débordés et les moyens financiers et matériels très limités. Pourtant des animaux ont besoin d’aide partout.

Des personnes bien intentionnées pensent alors bien faire avec des chatons, des pigeons, etc. Malheureusement, cet élan de compassion peut se retourner en son contraire : c’est un mouvement inévitable dans une société où la Nature est niée frontalement, dans les moindres recoins. Tout le monde se retrouve perdu à un moment. Le travail d’éducation porté à bout de bras par des associations à la fois coupées et au coeur de la société, et de ses horreurs, est donc à partager autant qu’il le faudra afin que le message passe.

Il est ainsi vital de rappeler qu’un chaton a le plus de chances de survie auprès de sa mère. Et qu’en plus de cela, il risque de transmettre des maladies et des parasites à d’autres chats. Il n’y pas de recette miracle, il faut alors répéter, reformuler, représenter toujours les mêmes messages. Et soutenir l’action des associations : les animaux n’ont pas besoin de vaines déclamations ou de postures sur les réseaux sociaux, ils ont besoin d’aide concrète là où ils se trouvent.

Ils ont besoin que l’humanité s’efface et leur vienne en aide sans rien demander : la compassion doit triompher.

Alors n’hésitez pas à partager les belles images réalisées par Nine live Paris. N’hésitez pas à soutenir leurs actions et plus généralement à vous tourner vers les associations près de chez vous : les animaux dans le besoin sont partout.

Pour plus de détails et d’informations, voici le lien vers la publication Facebook.

Vous pouvez faire un don ponctuel ou régulier à Nine live Paris sur leur page HelloAsso. Vous pouvez aussi devenir famille d’accueil ou encore adopter un chat, comme :

* les frères Candy et Caramel, dix ans environ chacun, qui sont à l’association depuis huit mois suite au décès de leur humain. Ils ne doivent pas être séparés ce qui rend leur situation compliquée ;

* ou encore la belle Toscane qui est positive au FIV ce qui rend aussi son adoption complexe.

Pour plus d’informations : visitez le site de l’association, et leur la page Facebook régulièrement mise à jour avec des albums photos des chats actuellement à l’adoption.

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Réflexions

De quels thèmes avons-nous besoin?

Changer le monde exige l’aspect positif.

Il y a des gens qui pensent que les choses changent positivement en France. Ils voient le mouvement contre la réforme des retraites comme le prolongement des gilets jaunes, et donc comme la naissance d’une contestation généralisée.

On parle ici, bien sûr, de cette post-gauche, aux valeurs populistes, qui n’accorde aucune importance aux idées, à la conscience, à la culture, à la nature. Ce sont des gens qui vivent à l’ombre de l’effondrement de l’occident : ce n’est pas pour rien qu’ils ne parlent jamais de la guerre occidentale contre la Russie.

Puisqu’il faut faire l’inverse, on peut penser que c’est ainsi que se dessinent les thèmes qu’il faut aborder. En se souvenant que chaque article, chaque thème, doit faire écho aux autres, et jouer comme une marche posée sur un escalier lui-même posé au préalable. Il s’agit d’une accumulation, d’une suraccumulation pour élever le niveau, forger les esprits.

Le premier thème, c’est celui qui relève de l’ordre. Il faut un nouvel ordre à tous les niveaux et donc une manière consciente de saisir les choses de manière ordonnée. Le nouvel ordre s’imposera comme classicisme : le thème doit poser ce qu’est un ordre classique.

Autrement dit, là où le capitalisme valorise la décadence, l’instable, le grotesque, le dissolu, il faut valoriser les expériences historiques où les sociétés humaines sont allés de l’avant en posant un nouvel ordre.

Le second thème, c’est l’art, les arts, l’esthétique. Cela découle du point précédent. Le capitalisme met en avant l’art contemporain, justement en raison de sa décadence. Il nie également le caractère séparé des arts, pour tout mélanger, réfuter tout cadre.

Souligner les classiques dans les arts, parler des différents arts, saluer le beau esthétique, tout ce qui forme la culture, est une tâche de la plus haute importance.

Comme il n’est pas de culture sans rapport avec l’évolution historique du monde, on arrive au troisième thème. C’est celui du rapport entre les classes dans le capitalisme.

Faut-il réduire ce rapport à une photographie d’un graffiti gauchiste, d’une manifestation, ou même d’une grève ? Absolument pas. Tous les aspects concrets des luttes ne forment qu’un aspect particulier qui n’est nullement le général. Le général, c’est la dimension programmatique.

Ce dont il s’agit, c’est de constater une réalité sociale et d’en expliquer la substance – et il découle de cette substance la solution, la résolution positive de la contradiction. Exposer la réalité et comment il se produit un programme socialiste de cette réalité, voilà ce qu’il faut mettre en place.

Le quatrième thème tombe de lui-même. Il est impossible de parler de la réalité sociale sans parler du 24 heures sur 24 du capitalisme. Il est tout de même aberrant qu’on puisse trouver en France de nombreuses structures à prétention « révolutionnaires »… mais aucune analyse d’Instagram ou de Tik Tok.

La vérité, c’est qu’en « oubliant » la vie quotidienne, il y a une soumission au mode de vie capitaliste. Il ne faut donc surtout pas oublier la vie de tous les jours !

Quels sont les autres thèmes dont on a encore besoin, pour l’affirmation ?

Il faut bien entendu abordé régulièrement, concrètement avec passion les questions concernant les animaux et la planète Terre. C’est une question d’identité, car il s’agit d’être tourné vers le futur.


Enfin, il faudra entendu traiter de la Grande actualité, nationale et internationale. Pas des épiphénomènes, mais de ces grands événements et déroulements marquants, qui changent et façonnent le monde. Il faut rester connecté au réel, au présent, mais avec un recul suffisant pour ne pas être aspiré par l’immédiat.

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Politique

Faire le contraire de « Révolution permanente »

Tel un miroir.

« Révolution permanente » est un média qui a réussi à s’implanter dans le paysage politique français, d’une manière très concrète. Or, quand on regarde, on ne peut qu’être atterré. Les propos tenus sont démagogiques, le niveau intellectuel est minable, culturellement c’est un désastre.

C’est la contestation de gens dont l’horizon ne dépasse pas Instagram, Twitter, Tik Tok et les youtubeurs. Et c’est justement pour ça que ça marche.

Au lieu de former les gens, d’élever leur niveau, « Révolution permanente » fait comme toute la « gauche de la gauche ». Il est dit aux gens qu’ils ont raison, qu’il faut s’unir, et tout le monde fait plus ou moins n’importe quoi, avec auto-satisfaction.

C’est là où c’est intéressant pour savoir quoi ne pas faire, et ainsi quoi faire. Si on regarde « Révolution permanente » désormais, on voit que ce média a littéralement la forme d’agauche.org, mais en ayant « réussi ». Réussi évidemment à travers la démagogie et le populisme.

Mais donc si agauche.org avait réussi, cela ressemblerait à Révolution permanente… L’horreur !

Si l’on voit cette image de « Révolution permanente », on se dit qu’agauche.org aurait dû être pareil avec des compte-rendus de l’opposition pratique à la guerre, d’actions en défense des animaux, d’initiatives de groupes organisés sur la base de la Gauche historique.

Or, c’était impossible. L’époque était trop vide pour ça. Le fait le plus flagrant est que la guerre en Ukraine a été annoncée plus de six mois à l’avance, et que personne n’en a rien eu à faire. L’époque est ce qu’elle est…

Il faut donc changer le fusil d’épaule, et qu’agauche.org s’adapte à la nouvelle séquence, car nouvelle séquence il y a. La défaite du mouvement de lutte contre la réforme des retraites marque la mort de toute cette vieille « gauche » devenue désormais populiste, post-moderne, ou restant syndicaliste à l’ancienne dans une époque ayant totalement changée.

Par mort, il ne faut pas comprendre que cette « post-gauche » va disparaître. Bien au contraire : c’est un phénomène de décomposition.

Et si agauche.org reste tel quel, on va nous prendre pour des « rageux » vivant à l’ombre de ces gens !

Alors qu’en réalité, la critique était nécessaire pour bien s’en distinguer. Maintenant, tout cette séquence est terminée, et elle a été longue, si longue !

On peut désormais passer à la proposition positive. C’est cela que notre média va mettre en place. Nous ne suivrons plus à la trace les événements pour expliquer les tendances et les erreurs. Nous exprimerons désormais dans chaque article quelque chose d’intéressant et qui pourra être directement utile à la conscience, à la pratique.

Il y a déjà eu des éléments en ce sens. Mais ils ne seront plus noyés dans la masse du « suivi » du quotidien. Nous allons essayer, désormais, d’exprimer la face positive, constructive, du projet socialiste de civilisation. Brique par brique, chacune s’associant aux autres pour construire des escaliers sur des escaliers, faisant franchir des paliers à la conscience.

L’avenir nous appelle, il faut lui répondre, et l’annoncer au présent, sans se laisser happer par le vieux monde !