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Document de la CGT sur le droit de retrait lié à la crise du Covid-19

Voici un document de la CGT sur le droit de retrait lié à la crise du Covid-19 publié hier :

« Coronavirus, droit de retrait et action syndicale et du CSE

Vous avez des questions concernant le droit de retrait, l’action syndicale et le CSE ? Nous y répondons ici !
  • Exercice du droit de retrait du salarié

L’exercice du droit de retrait peut permettre de protéger la santé du salarié exposé au risque de contracter le coronavirus. De plus, la simple évocation d’un exercice collectif du droit de retrait lors de discussions avec l’employeur peut permettre de créer un rapport de force propre à contraindre celui-ci à prendre les précautions nécessaires pour protéger les salariés et limiter la propagation du virus (mesures barrières, diminution de l’activité, annulation de certains déplacements, etc.).

À l’heure où tout un chacun se demande comment il peut contribuer à lutter contre la propagation du virus, l’exercice du droit de retrait, peut constituer une mesure forte et efficace. Encore faut-il qu’il soit mis en œuvre de façon appropriée !

  • Danger grave et imminent pour la santé du salarié

En cas de danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé, le salarié est en droit de suspendre son activité après avoir avisé l’employeur de ce danger (art. L. 4131-1 du Code du travail). Il suffit que le salarié ait un motif raisonnable de craindre pour sa vie ou sa santé pour qu’il déclenche la procédure de retrait (Cass. soc. 23 avril 2003, n° 01-44806, BC V n° 136).

L’appréciation se fait au cas par cas. Le Questions/Réponses du gouvernement souligne que peut être considéré comme « grave » tout danger susceptible de produire un accident ou une maladie entraînant la mort ou paraissant devoir entraîner une incapacité permanente ou temporaire prolongée et comme « imminent », tout danger susceptible de se réaliser brutalement dans un délai rapproché (Q/R 29 du « Questions/Réponses » pour les entreprises et les salariés Covid-19 version du 17/03/2020).

L’employeur ne peut pas sanctionner le salarié qui exerce ce droit et ne peut pas cesser de lui verser sa rémunération (L. 4131-3 du Code du travail).

En cas de suspicion d’abus dans l’exercice du droit de retrait, le litige pourra être tranché a posteriori par un conseil de prud’hommes (qui sera le plus souvent saisi d’une demande de l’employeur ou du salarié relative au versement des salaires).

Le risque d’exposition au coronavirus permet-il au/à la salarié.e d’exercer son droit de retrait ?

Une position gouvernementale contestable

Pour le gouvernement les possibilités de recours au droit de retrait sont « fortement limitées » lorsque l’employeur prend les mesures de prévention et de protection recommandées par le gouvernement. Dès lors qu’un employeur suit les recommandations du gouvernement, le salarié ne pourrait a priori pas invoquer le droit de retrait au motif qu’un de ses collègues revient d’une zone à risque ou a été en contact avec une personne contaminée, en l’état des connaissances épidémiologiques à ce jour (Question/réponse du gouvernement n° 9).

Cette position du gouvernement est restrictive. D’abord, le droit de retrait est un droit garanti par de dispositions législatives et mis en œuvre sous le contrôle des conseils de prud’hommes, ce n’est pas au gouvernement de le définir. De plus, les recommandations du gouvernement paraissent parfois bien légères au vu des risques de contamination encourus.

Ce qui est certain, c’est que de l’avis même du gouvernement, le fait que l’employeur ne mette pas en œuvre les recommandations du gouvernement (voir Q/R n° 13 à 19) peut ouvrir la voie au droit de retrait : refus de télétravail alors qu’il est possible, pas de protection mise en place en cas d’accueil du public, absence d’affichage des gestes barrières, absence de nettoyage adéquat des locaux etc.

Ensuite, soulignons que le « danger » peut être caractérisé par une cause extérieure au salarié (ex. : locaux dangereux), mais peut aussi très bien être lié à son état de santé (ex. : allergie aux agents auxquels son poste l’expose ; Cass. Soc. 20 mars 1996, n° 93-40111, BC V n° 107). Ainsi, un salarié vulnérable au coronavirus (femmes enceinte, personnes âgées de plus de 60 ans, gros fumeurs, personnes asthmatiques ou connaissant des difficultés respiratoires) pourrait mettre en œuvre son droit de retrait beaucoup plusfacilement.

Notons que le droit de retrait concerne la situation du salarié. Le fait qu’il vive avec une personne particulièrement vulnérable au coronavirus ne permet malheureusement pas d’invoquer le droit de retrait. Cependant, si l’employeur a parfaitement connaissance du fait que le salarié vit avec des personnes vulnérables, et qu’il existe des solutions de télétravail, de changement de postes, de mesures de protection ou de remplacement par un autre salarié, et que l’employeur ne les a pas mises en œuvre, il commet alors certainement un abus dans l’exécution du contrat de travail.

Le rôle des syndicats et représentants du personnel est indispensable pour regarder au cas par cas la situation des salariés et peser pour que leur soit appliquées les mesures les plus protectrices.

Comment le salarié peut-il mettre en œuvre son droit de retrait ?

Il suffit que le salarié informe son employeur ou son responsable hiérarchique par tout moyen de l’existence d’un danger et de l’exercice du droit de retrait juste avant ou concomitamment au début du retrait. Un écrit (mail, lettre recommandé etc.) est cependant toujours préférable.

Le droit de retrait s’exerce individuellement par le salarié. Cependant, il est plus efficace et protecteur qu’un syndicat ou les représentants du personnel organisent le déclenchement du droit de retrait.

Rôle des représentants du personnel et des syndicats

Mise en œuvre syndicale du droit de retrait : un droit de retrait « collectif » est plus efficace et protecteur qu’un droit de retrait exercé individuellement

Le droit de retrait s’exerce individuellement par le salarié. Cependant, il est largement préférable qu’un syndicat organise le déclenchement du droit de retrait en ciblant les postes de travail exposés à un danger grave et imminent ou encore en ciblant les salariés particulièrement vulnérables.

Mais pour être sûr d’être dans les clous, il faut que chaque salarié individuellement prévienne l’employeur de l’exercice de son droit de retrait.

Les salariés du musée du Louvre, en lien avec la CGT Culture, ont exercé leur droit d’alerte et de retrait pendant plusieurs jours, avant que leur Direction ne prenne des mesures de limitation du nombre de visiteurs et de protection.

Mise en œuvre du droit d’alerte par les membres du CSE

Les représentants du personnel au CSE peuvent individuellement exercer un droit d’alerte en cas de danger grave et imminent pour les travailleurs.

Il doit consigner son alerte par écrit dans un registre spécial. Cet avis doit comporter les postes de travail concernés par le danger, la nature et les causes de ce danger, le nom des travailleurs exposés.

L’employeur est alors tenu de procéder à une enquête avec le représentant du personnel qui a lancé l’alerte et de prendre toute mesure qui s’impose. Avant que les salariés n’exercent leur droit de retrait chacun individuellement, il peut être utile que des membres du CSE lancent une alerte auprès de l’employeur. Cela rend le droit de retrait plus collectif. Cela peut permettre également de contraindre l’employeur à réfléchir à des solutions pour éviter les situations à risque.

A l’issue de l’enquête s’il y a désaccord entre le CSE et l’employeur sur les mesures à mettre en œuvre ou sur l’existence même d’une situation de danger l’inspecteur du travail doit être saisi par l’employeur.

Une communication indispensable

Dans le contexte actuel, il est indispensable d’expliquer de façon claire et convaincante les raisons du droit de retrait ou du droit d’alerte. La communication pourra se faire en fonction de l’ampleur du droit de retrait via un tract interne, un communiqué, un P-V de réunion de CSE, etc.

La communication pourra par exemple démontrer que l’employeur n’a pas mis en place les mesures nécessaires pour protéger les travailleurs et que c’est pour éviter la propagation du virus dans la population et l’engorgement des hôpitaux que ceux-ci exercent leurs droit de retrait ou que le syndicat les appelle à le faire.

Exiger la mise en place des mesures nécessaire à la santé et sécurité des salariés

Les représentants du personnel et les syndicats peuvent exiger des employeurs qu’ils diffusent les informations sur les règles d’hygiène et de sécurité, qu’ils mettent à disposition du matériel de prévention, qu’ils procèdent au nettoyage des locaux lorsque cela est nécessaire, qu’ils réaménagent les postes de travail, qu’ils mettent en place du télétravail, qu’ils ferment temporairement l’entreprise avec maintien de salaire… toutes mesures qui doivent être exigées en fonction de la situation spécifiques de chaque entreprise, chaque poste, chaque salarié.

Rappelons que l’employeur est tenu à une obligation de sécurité à l’égard des salariés. Il doit prendre les mesures nécessaires pour protéger leur santé. Il doit notamment les informer lorsque des risques se présentent et mettre en place les moyens adaptés pour les protéger au mieux (art. L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail).

Les représentants du personnel et syndicaux peuvent aussi revendiquer que les mesures prises par l’employeur soient négociées.

Surtout, toutes les mesures concernant le fonctionnement de l’entreprise nécessitent une consultation du CSE. Ces consultations doivent impérativement avoir lieu. Les élus doivent exiger d’être consulté dans les formes. Ils doivent également veiller à la bonne application des accords existants (ex. : accord de modulation du temps de travail, accord RTT, accord sur le télétravail).

Si les représentants du personnel ne souhaitent pas se rendre physiquement à des réunions ils peuvent toujours demander des réunions par visio-conférences, même si les conditions légales ne sont pas remplies, avec toutefois le risque que l’employeur refuse pour ce motif.

Les représentants du personnel sont un rouage essentiel du fonctionnement de l’entreprise, à plus forte raison lorsque celle-ci fait face à une crise. Il n’y a pas de bonne décision auxquelles ils n’ont pas été associés et, surtout, ce sont eux qui permettent d’informer réellement et en confiance le personnel.

Or, ces derniers jours ont montré que « l’effet panique » créé par les annonces des dirigeants peut avoir des conséquences sérieuses et créer des problèmes qui ne se seraient pas produits autrement (ex. : pénuries dans les supermarchés parisiens, embouteillages exceptionnels pour quitter Paris, etc.).

Le projet de loi qui va être débattu cette semaine prévoit de nombreux aménagements en matière de droit du travail, qui seront précisés par ordonnance. On sait dès à présent que le gouvernement envisage de prendre des mesures permettant de modifier les modalités d’information et de consultation des institutions représentatives du personnel, notamment le CSE, « pour leur permettre d’émettre les avis nécessaires dans les délais impartis ».

Nous ne savons pas pour l’instant quelles formes prendront précisément ces mesures, si elles ne concerneront que les modalités de consultation du CSE en cas de mise en œuvre de l’activité partielle, ou si elles concerneront également d’autres consultations. Nous tenions toutefois à vous alerter dès à présent sur ces dispositions envisagées, et vous tiendrons informés dès que possible. »

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Covid-19: la terrible crise économique qui se profile en arrière-plan

Après la crise sanitaire, la crise économique ? Malgré les mesures d’ampleur annoncées par les gouvernements et l’Union européenne, il faut s’attendre à ce scénario catastrophe. Le ralentissement de la production porte un coup majeur à l’économie et l’endettement massif des États, plutôt que d’y remédier, risque fort d’aggraver la situation.

Depuis le début de l’année, d’abord en Asie puis maintenant en Europe et de plus en plus dans le reste du monde, de nombreux secteurs économiques sont à l’arrêt, ou bien tournent au ralenti.

Il y a bien sûr toute l’économie du tourisme et du transport qui est déjà gravement affectée comme chacun le sait. Le groupe Aéroports de Paris (ADP) vient par exemple d’annoncer la mise au chômage partiel de 80% de ses 6295 salariés, avec une demande d’autorisation pour… six mois.

Il y a tout un arrière-plan à cela, avec en particulier la production aéronautique qui sera impactée dans les prochaines semaines ou les prochains mois. Cela d’autant plus que le secteur est déjà en crise avec l’affaire du Boeing 737-Max et les prévisions de ralentissement de la croissance du trafic aérien préalables à la crise sanitaire en cours.

Il en est de même pour la production automobile, qui est déjà affectée par des prévisions de baisse de production à moyen et long terme pour des raisons environnementales. Depuis le début de la semaine, la production automobile (directe et sous-traitante) est à l’arrêt en France. Les constructeurs s’attendent par ailleurs pour les six semaines à venir, en raison du contexte, à une baisse de commandes de l’ordre de 75 %.

Donc, pas de production d’un côté (ce qui signifie pas de valeur créée) et pas de vente de l’autre (ce qui signifie pas liquidités pour valoriser la production réalisée) : cela mène tout droit à une crise majeure pour le secteur. Dans la presse économique, il est déjà parlé pour les mois à venir d’entrées d’argent amputées de 5 à 6 milliards d’euros par rapports à ce qui était prévu. C’est évidemment gigantesque.

Si les grands groupes seront éventuellement en mesure de surmonter cela, ce ne sera probablement pas le cas de nombreuses PME et TPE liées à cette production. Sans parler des nombreux ouvriers intérimaires du secteur, qui seront directement sans emplois pour une longue période.

Le schéma est le même pour tout un tas de secteurs industriels, sans compter l’économie des services, comme la restauration, qui de toutes manières est liée en amont à une production industrielle pour ses infrastructures et ses matières premières.

En une semaine, il est déjà observé qu’un nombre très important d’entreprises a mis de côté tous les projets de recrutement. Et plus les perspectives économiques vont s’avérer moroses suite à telles et telles annonces, plus la méfiance sera de mise, et donc le ralentissement de l’activité, et donc l’emballement dans une spirale négative.

C’est un mouvement de crise tout à fait classique et bien connu par le capitalisme, qui en connaît de manière récurrente, plus ou moins grave. Il faut néanmoins redouter que cette fois, les conséquences générales soient terribles.

Les gouvernements en ont conscience et, face à des cas concrets et immédiats (paiement des salaires, paiement des cotisations des entreprises), ils annoncent déjà des mesures de grande ampleur, voir d’une ampleur exceptionnelle, alors que la crise sanitaire ne fait que commencer.

Un plan de 200 milliards d’euros (16 % du PIB) a été annoncé en Espagne, 9,2 milliards d’euros (4,3 % du PIB) au Portugal, 47 milliards d’euros en Pologne, etc.

En France, l’Assemblée nationale a voté hier, à l’unanimité, le projet de loi de finances rectificative, permettant les mesures d’urgence. Anticipant que l’impact du Covid-19 sera très lourd, provoquant une récession (1 % du PIB), le texte assume un déficit public de 3,9% du PIB en 2020.

Autrement dit, l’État assume de s’endetter encore plus qu’il ne l’est pour supporter lui-même les défaillances de l’économie. Concrètement, cela signifie que l’État doit prendre en charge le paiement du chômage partiel des entreprises n’ayant plus d’argent et qu’il renonce, au moins temporairement, à des entrées d’argent dans les caisses.

En tout, 45 milliards d’euros d’aides ont déjà été annoncées par le gouvernement (essentiellement en report de charge), ainsi que 300 milliards d’euros de garanties publiques de prêts (cela signifie que l’État se portera garant à hauteur de 300 milliards en tout pour les entreprises qui emprunteront).

Ce mécanisme d’endettement, pour l’État et pour les entreprises par l’intermédiaire de l’État, est directement appuyé par l’Union européenne. La Banque centrale européenne (BCE) vient en effet d’annoncer 750 milliards d’euros qui seront déversés dans l’économie d’ici à la fin de l’année 2020. C’est gigantesque, cela représente 7,3 % du PIB de la zone euro.

Cette monnaie va servir ni plus ni moins qu’à racheter de la dette, notamment celle d’État en difficulté avant la crise sanitaire (comme l’Italie et l’Espagne) et qui vont l’être encore plus après celle-ci. On l’aura compris, la France sera aussi concernée.

Cela est très risqué, car la machine peut s’enrayer très vite, à cause d’une perte de confiance dans la monnaie notamment. Tout est, en effet, une question de confiance des investisseurs dans la capacité des États à rester solvable indéfiniment, et surtout dans la valeur de la monnaie.

Le problème, et on le comprend aisément si on raisonne de manière concrète et pas de manière abstraite, c’est que la valeur ne s’invente pas, elle ne se décrète pas. En injectant 750 milliards d’euros dans l’économie, la BCE prend un risque énorme, celui que ses 750 milliards d’euros ne correspondent à aucune valeur réelle, ou en tous cas pas suffisamment.

Comme l’économie est en grande partie à l’arrêt, cela peut provoquer une crise de la valeur. Autrement dit, une crise de la valeur de l’argent, exactement comme lors de la crise de 1929, puisqu’il est injecté de la valeur numéraire, sans que cela puisse correspondre suffisamment à de la valeur réelle, c’est-à-dire des marchandises produites.

Quand les gouvernements, et l’Union européenne qui est leur prolongement pour les pays membres, déclarent qu’ils vont dépenser tel ou tel milliard, ils ne vont en effet rien payer concrètement. Ils vont simplement contracter encore plus de dette.

C’est là littéralement jouer avec le feu et les marchés financiers, qui supportent cette dette, en s’enrichissant dessus, peuvent exploser du jour au lendemain, en renonçant de la financer. La panique était déjà très grande lors des crises de 2008 et de 2012, avec des mécanismes liés à la dette similaires ; elle le sera probablement d’autant plus que cette fois la production industrielle est grandement ralentie, et donc la production de valeur est réduite.

Il n’y a d’ailleurs aucune raison que les marchés financiers ne « paniquent » pas puisque même la présidente de la BCE Christine Lagarde, qui a débloqué ces 750 milliards d’euros, parle dans le même temps d’une récession considérable à venir.

Si la dégringolade s’est stabilisée hier sur les marchés boursiers, probablement suites aux annonces de la BCE censée rassurer, il faut bien voir que la situation est catastrophique depuis plusieurs jours et que « l’embellie » n’est que relative.

Rien que pour la France, le CAC 40, c’est-à dire la cotation des 40 plus grandes entreprises françaises, ou autrement dit la valeur de ces entreprises estimée par les marchés financiers, avait chuté de près de 40 % en un mois. Sur les différentes places boursières, les mécanismes d’urgence pour stopper les emballements négatifs (baisse drastiques des cours) ont été actionnés de nombreuses fois ces derniers jours, ce qui n’a rien d’anodin.

Et il ne faudrait pas croire ici, comme aiment à le faire croire les populistes de gauche, que la « finance » serait une abstraction ne représentant rien du tout. Au contraire, elle représente la façon principale dont la valeur est répartie (et donc accaparée par la bourgeoisie) dans l’économie. Quand la finance tangue, ce n’est pas la cause, mais simplement le symptôme de la crise économique, tout à fait concrète et immédiate pour tout un chacun.

Le capitalisme, qui est instable par nature, voit se profiler en arrière plan de la crise sanitaire du Covid-19, une crise économique d’une ampleur redoutable.

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«Appel au Président de la République pour le confinement total de la population»

Voici le communiqué l’InterSyndicale Nationale des Internes dont le propos est clair,  précis et ferme, face à l’urgence de la situation. Tout le contraire du gouvernement qui tergiverse sans cesse, incapable d’interdire ne serait-ce que les footing, alors même que la plupart des sportifs professionnels ont eux-mêmes cessé tout entraînement extérieur depuis le début de la semaine. Il faut un confinement massif et total de la population, un point c’est tout…

« Appel au Président de la République pour le confinement total de la population

« Vous devez cesser les demi-mesures et les discours équivoques. »

Votre responsabilité est d’être clair, précis et ferme. C’est un confinement total et absolu de l’ensemble de la population dont nous avons besoin, à l’instar des mesures déployées en Chine : aucune sortie, aucun contact interpersonnel extérieur au foyer, arrêt strict de toutes les entreprises non vitales, des transports en commun, ravitaillement des familles au domicile par des personnels protégés intégralement et avec des masques FFP2.

« Moins le confinement sera strictement appliqué, plus les réanimations seront saturées, plus nous devrons faire des choix. »

La situation à l’hôpital ne doit pas être cachée à la population :

Depuis novembre 2019, les internes se sont ralliés à tous les corps professionnels hospitaliers pour alerter sur le manque de moyens, le manque de personnel, le management délétère qui se sont instaurés à l’hôpital public depuis des années.

Tous ces problèmes sont exacerbés par la crise sanitaire actuelle. Les cadres de santé refusent que les personnels paramédicaux soient testés en masse par crainte de manquer de bras dans les services, les soignants sont contraints de travailler alors qu’ils ou elles présentes tous les signes objectifs d’une infection à coronavirus.

Les internes de médecine sont sur-mobilisés et ont accepté de faire des sacrifices importants sur leur vie et leur formation pour se mettre en ordre de marche face à l’épidémie.

« La crise de l’hôpital public n’a pas disparu avec l’arrivée du coronavirus.

En novembre, nous redoutions l’épidémie de grippe qui pourtant arrive tous les ans, imaginez ce que l’on redoute maintenant ! »

Ne soyons pas dupes, le matériel manque dans tous les services. Les masques sont manquants ou rationnés conduisant les soignants à utiliser parfois des masques en tissu cousu main, des masques chirurgicaux non protecteurs, de ne les changer qu’au plus 2 ou 3 fois par jour ce qui est propice à l’auto-contamination. Le matériel de dépistage (écouvillon, machine de test) n’est pas disponible pour tester tous les cas et les personnels afin de pouvoir mener des stratégies correctes de prise en charge. Les personnels soignants sont déterminés à sauver la population, mais la colère est à son apogée contre les politiques qui ont dégradé depuis 10 ans, d’année en année, les capacités de notre système de santé et installé, aux fonctions hiérarchiques sanitaires des technocrates incompétents et assidus à l’application des restrictions budgétaires.

« Le message actuel des pouvoirs publics est : apprenez à gérer la pénurie… »

Nous tenons à alerter la population du fait qu’il n’y aura pas de places en réanimation pour tous les patients graves quel que soit leur âge : les médecins devront faire des choix humainement très difficiles. Les jeunes en bonne santé présentent des formes mortelles. A l’heure où nous écrivons, plus de 900 personnes COVID+ occupent des lits de réanimation alors qu’il n’y en a que 5000 dans tout le pays.

« Au rythme actuel de progression de l’épidémie en France, les réanimations seront saturées dans moins de 15 jours, voire plus rapidement dans certaines régions. »

Nous exhortons enfin le gouvernement à appliquer les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé et donc à investir dans des moyens pour mener un dépistage massif de toute la population !

Nous terminons cet appel par une requête adressée aux Françaises et Français. Nous apprécions vivement les démonstrations de soutien que vous manifestez par des applaudissements à vos fenêtres. Si vous souhaitez réellement protéger les soignants, nous vous invitons à respecter un confinement total, et ce même malgré l’ambiguïté des messages diffusés par le gouvernement.

« Restez chez vous : c’est le modeste prix à payer pour enrayer l’épidémie.

Nous vous sauvons, sauvez nous. »

Justin BREYSSE – Président de l’ISNI

Contact presse :

Léonard CORTI – Secrétaire général de l’ISNI

06.71.02.62.05 – sg@isni.fr »

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Tribune: «Violences contre des survivantes de la prostitution»

Voici une tribune initialement publiée dans L’Humanité ce lundi 16 mars, pour dénoncer ces agressions révoltantes de féministes défendant l’abolition de la prostitution le 8 mars dernier.

Une vidéo de l’agression parisienne a d’ailleurs été publiée par un journaliste indépendant. Ce qu’on y voit est insupportable et indéfendable !

Voici la tribune :

« Violences contre des survivantes de la prostitution

Texte collectif

S’il est un système qui résume toutes les exploitations, toutes les oppressions, toutes les discriminations, c’est le système prostitutionnel.

S’il est des personnes, très majoritairement des femmes, qui ont tout vécu, tout subi sur l’échelle des violences sexistes et sexuelles, ce sont les victimes de la prostitution.

Et s’il est des femmes courageuses, ce sont bien les survivantes qui s’engagent dans le combat contre ce système. Un combat jalonné par la misère et la précarité, et par-dessus tout, marqué par les insultes et les menaces, y compris contre leur vie. Car ces femmes, elles, osent s’attaquer à des réseaux internationaux parmi les plus puissants et les plus cruels au monde.

Alors, s’il est un lieu où elles devraient être accueillies, protégées et célébrées comme les héroïnes qu’elles sont, ce sont bien les mobilisations féministes.

Et pourtant… Bruxelles, Paris, Toulouse, Marseille… Insultes, arrachages de banderoles et jusqu’aux agressions physiques contre des militantes et militants abolitionnistes se multiplient au rythme de l’extension du mouvement en faveur des droits des femmes. Des survivantes ont subi des coups, en France, dans le cadre des manifestations du 8 mars. Et alors qu’ensuite la plupart des manifestant·e·s célébraient dans la joie le grand succès des mobilisations, deux d’entre elles passaient cette même nuit entre commissariat et urgences médico-judiciaires.

Solidaires de toutes les associations abolitionnistes qui les soutiennent, on ne peut pas se taire face à cette réalité et face au lynchage, particulièrement ignoble, des survivantes de la prostitution !

Au-delà d’assurer les victimes de notre pleine solidarité et soutien, nous tenons à réaffirmer notre engagement dans la lutte contre cette violence extrême qu’est la prostitution. Il incombe au gouvernement de financer, renforcer et garantir le parcours de sortie de cet enfer.

Signataires

Jocelyn Adriant-Mebtoul, Présidente de la CLEF

Clémentine Autain, Députée FI

Zahra Agsous, Maison des Femmes de Paris

Ana Azaria, présidente de Femmes Égalité

Marie-Noelle Bas, Chiennes de garde 

Flor Beltran Las Rojas, collectif de femmes latino américaines, 

Hélène Bidard, Responsable nationale de la commission féministe / droits des femmes du PCF.

Oriane Bonnazi, Femmes Gilets Jaunes

Claire Charlès, Secrétaire générale des Effronté-es

Monique Dental, Réseau féministe “Ruptures

Claire Desaint, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir

Marie-Hélène Franjou, Amicale du Nid

Cécile Gondard Lalanne, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires

Cherifa Khiari, Comité de soutien aux Femmes du Palais

Le Planning Familial 94.

Le Planning familial Paris.

Mélanie Luce, présidente de l’UNEF

Myriam Martin, porte parole Ensemble!

Nelly Martin, Marche Mondiale des Femmes France

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT

Florence Montreynaud, « Encore féministes ! »

Catherine Morin Le Sech, co-présidente de CQFD Lesbiennes Feministes

Maud Olivier, ECVF

Céline Piques, porte-parole d’Osez le Féminisme !

Emmanuelle Piet, Collectif féministe contre le viol

Claire Quidet, Mouvement du Nid

Lorraine Questiaux, militante féministe et avocate.

Sabine Salmon, Femmes solidaires

Muriel Salmona, Mémoire Traumatique et Victimologie 

Roselyne Rollier, Maison des Femmes Thérèse Clerc de Montreuil

Suzy Rotjman, porte-parole du Collectif National pour les Droits des Femmes

Benoît Teste, secrétaire général de FSU

Aurélie Trouvé, porte parole d’ATTAC »

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Décès du fasciste russe Édouard Limonov

Le russe Édouard Limonov vient de décéder, ce qui est simplement une anecdote dans notre période actuelle si difficile. Mais comme il a été une grande figure du fascisme authentique – celui à prétention romantique – et qu’il est très connu en France, il y a lieu de rappeler sa nature trouble.

Si Édouard Limonov est connu, c’est en raison d’un roman d’Emmanuel Carrère, fils de la très connue et très réactionnaire Hélène Carrère d’Encausse, qui pendant la guerre froide était la principale soviétologue française. Ce roman, au titre sobre de Limonov, a gagné le prix Renaudot en 2011 et a connu un très grand succès dans les milieux littéraires du Paris raffiné, c’est-à-dire bourgeois et ennuyé.

Limonov y est présenté comme une sorte d’aventurier des temps modernes, « voyou à Kharkov, poète underground à Moscou, loser magnifique à New York, écrivain branché à Paris, soldat de fortune dans les Balkans et, à Moscou de nouveau, vieux chef d’un parti de « jeunes révolutionnaires ».

En réalité, Limonov fait partie de l’extrême-Droite russe, dont il a été une des principales figures. D’ailleurs, le roman à prétention biographique raconte avec détails la participation massive de Limonov et de ses partisans « nationaux bolcheviques » à l’opération russe de partition de l’Ukraine.

Initialement, Édouard Limonov est un écrivain mystique, à prétention avant-gardiste. De nombreuses œuvres de lui ont été publiées en français d’ailleurs.

Dès les années 1970, il part aux États-Unis dans les années 1970, en tant que jeune dissident d’une trentaine d’années. Rapidement sans le sou malgré une vraie médiatisation, il termine à Paris où il fréquente avec succès les milieux littéraires, avant de retourner en Russie fonder, dans les années 1990, le Parti national-bolchévique.

Ce mouvement, qui avait comme symbole le drapeau nazi où la croix gammée était remplacée par le marteau et la faucille, avait en réalité deux dirigeants. D’un côté, donc, Limonov, qui ramenait toute une scène alternative pour chercher à en faire des punks et des gothiques nazis. De l’autre, le véritable théoricien de l’entreprise, Alexandre Douguine, élabora toute une théorie où « l’Eurasie » a comme mission de rétablir l’ordre dans un monde en proie au chaos à cause des valeurs occidentales.

Légende : Limonov et Alexandre Douguine

Par la suite, le « douguinisme » deviendra pratiquement une composante de la stratégie de la Russie, alors que Limonov cherchera à faire vaciller le pouvoir. Mais le mouvement, qui regroupa environ 20 000 personnes et fut adoré par les médias occidentaux en quête de sensation forte, fut finalement interdit dans les années 2000.

Légende : Les « nationaux-bolcheviques » : aucun contenu mais beaucoup d’esthétisme

Limonov s’est alors cantonné en apparence dans des publications littéraires, tout en participant à l’opposition libérale à Poutine. Une opposition tout à fait fictive, malgré les arrestations et les ennuis judiciaires, car Limonov considère en fait que Poutine ne va pas assez loin, qu’il n’est pas assez « agressif », comme il le dit.

On a ici la posture classique de l’aventurier prêt à tout pour arriver à ses fins, à se dire de gauche, de droite, à soutenir Poutine, à être contre lui, à être pour les démocrates, à être contre, etc. Ce n’est pas pour rien que, lors de son séjour en France, il écrivait à la fois pour la presse du PCF et pour la revue d’extrême-Droite Le choc du mois, ainsi que pour le journal d’extrême-Droite se prétendant de Gauche L’idiot international.

Légende : Limonov en couverture du magazine Rolling Stone, version russe, avec sa compagne bien plus jeune que lui, nue : un cliché patriarcal pour l’opposant pop star apprécié des médias russes

Limonov avait déjà, dans les années 1990, participé à la guerre en Yougoslavie du côté des ultra-nationalistes serbes. Cela a servi de modèle, pour une tentative de coup d’État pro-russe au Kazakhstan du Nord, ainsi que lors de l’intervention russe dans l’Est de l’Ukraine. 2000 personnes des restes de la mouvance « national-bolchevique » ont en effet intégré les formations militaires anti-ukrainiennes, en espérant conquérir une autonomie politique du territoire sous leur contrôle.

Évidemment, la Russie en a bien profité pour son opération de partition de l’Ukraine, pour mettre ensuite au pas ces « nationaux-bolcheviques » qui ont servi d’idiots utiles. Des idiots utiles depuis longtemps d’ailleurs, car les « nationaux-bolcheviques » étaient en fait déjà impliqués dans un esprit de division pro-russe dans l’Est de l’Ukraine dès le début des années 1990. Limonov a lui-même grandi dans l’Est de l’Ukraine, à Kharkiv.

légende : Roman « Et ses démons » de Limonov avec en couverture une radio de sa tête

Édouard Limonov est le prototype même du type sordide, du poète mystique basculant dans des romans délirants et une posture politique fasciste. Il a été un ignoble produit d’un URSS des années 1970 en totale perdition alors que le complexe militaro-industriel asphyxiait toute vie démocratique.

Et son idéologie « national-bolchevique », prototype même de l’idéologie fourre-tout, justifiant tout et n’importe quoi, sans aucune valeur morale ni culturelle, est aussi exemplaire d’une société russe déboussolée dans les années 1990-2000, avant d’être devenue totalement atone aujourd’hui.

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Politique

Coronavirus: le scandale Agnès Buzyn en dit long sur l’État

L’ancienne ministre de la Santé, qui a connu un échec cinglant aux municipales parisiennes, a décidé de balancer toute sa rancœur. Elle a montré qu’à la tête de l’État, la position adoptée sur la crise sanitaire en cours a connu de très profonds déséquilibres. Cela révèles les immenses faiblesses des classes dominantes.

Faut-il espérer que les choses se tassent en maintenant la continuité, ou faut-il privilégier la sécurité complète ? La tête de l’État n’a, selon Agnès Buzyn, pas su gérer. Elle dit ainsi, provoquant le scandale :

« Quand j’ai quitté le ministère, assure-t-elle, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu. »

« Depuis le début je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée. »

Faut-il la croire ? Elle a après tout démissionné de son poste de ministre de la santé au début de la tourmente, tout cela pour espérer devenir maire de Paris. Arrivée en 3e position, c’est un échec complet. Alors que restée à son poste, elle serait une figure célèbre en France, célèbre et soutenue !

Tout cela est anecdotique sur le plan individuel, Agnès Buzyn est sans intérêt aucun. Ce qui est marquant par contre, c’est de voir que l’appareil d’État n’a pas su gouverner. Comme le dit l’adage, gouverner, c’est prévoir. Là, rien n’a été prévu, tout a simplement été évalué, de manière libérale et pragmatique.

C’est d’ailleurs encore le cas et Emmanuel Macron ne convainc pas. Jean-Luc Mélenchon, qui connaît très bien toute cette problématique étatique puisqu’il vise à prendre l’appareil d’État par une vague populiste de gauche, a parfaitement résumé la problématique qui en découle :

« Les aveux d’Agnès Buzyn dans le journal «Le Monde» (https://bit.ly/2Uh2MmL) sont consternants. Il est impossible de laisser passer sans rien relever. Il faut d’abord pouvoir vérifier si ce qu’elle dit est vrai. A-t-elle su et prévenu trois mois avant ? Et dans ce cas pourquoi rien n’a-t-il été fait ? Pourquoi raconte-t-elle cette histoire maintenant, quand il est trop tard ? Se rend-elle compte qu’elle engage sa responsabilité pénale et celle des autres personnes qu’elle dit avoir prévenues ? La mission d’information décidée ce matin en conférence des Présidents à l’Assemblée nationale doit se saisir de ces aveux. »

Là où Jean-Luc Mélenchon a tort, c’est quand il pense qu’il suffit de changer le personnel et que tout ira bien. En réalité, le capitalisme a corrompu toutes les « élites » et seul le peuple peut gouverner en tant que tel. Le souci, c’est qu’il ne le veut pas, du moins pas encore. On est donc condamné à avoir des Agnès Buzyn, ce qui fait évidemment les affaires de l’extrême-Droite qui aura beau jeu d’en appeler à un pouvoir fort.

Les deux messages de Marine Le Pen sont ainsi beaucoup plus simplistes que ceux de Jean-Luc Mélenchon, mais plus directifs :

« A PARTAGER MASSIVEMENT !

Les propos d’Agnès Buzyn, ancienne Ministre de la Santé, sont effarants.

Y a-t-il eu dissimulation de la véritable gravité de la situation aux Français ? Les mesures qui s’imposaient ont-elles été retardées en connaissance de cause ?

Nous sommes peut-être à l’aube d’un SCANDALE SANITAIRE majeur. »

« Si les propos de Agnès Buzyn reflètent la vérité, il s’agit d’un très grave scandale d’Etat. Mme Buzyn sera probablement amenée à donner des explications à la Cour de Justice, peut-être que la Haute Cour devra être saisie. »

C’est avec un exemple pareil qu’on voit bien que le populisme de Droite est toujours plus direct, plus efficace dans sa démagogie que le populisme de Gauche qui, d’ailleurs, au sens strict est une monstruosité. On a pratiquement un petit résumé de l’avenir qui nous tend les bras : des libéraux à bout de souffle, des populistes de gauche déconnectés, une extrême-Droite apparaissant de manière trompeuse comme les seuls à pouvoir gérer sans que tout s’effondre.

C’est la crise dans la crise dans le crise, et ce n’est qu’un début.

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Écologie

La situation compliquée des SPA avec la crise du Covid-19

Voici le communiqué de la SPA alertant sur la situation très compliquée dans les refuges et contre les fausses rumeurs concernant les animaux de compagnie, qui pourraient amener à une recrudescence des abandons.

« BREAKING NEWS À DIFFUSER MASSIVEMENT

En conformité avec le plan d’action COVID-19 du gouvernement, la SPA, comme toutes les associations de protection animale, ferme au public tous ses refuges, Maisons SPA et dispensaires à partir de ce dimanche 15 mars, et ce jusqu’à nouvel ordre.

Au-delà de la question sanitaire humaine mise en place par l’État, la SPA alerte les Français sur une situation catastrophique concernant nos animaux de compagnie.

Nous rappelons, qu’à ce jour, le message est clair : aucun élément ne permet de penser que les animaux de compagnie sont impliqués dans la circulation du virus. Toutes les sources scientifiques, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en tête, concordent : le COVID-19 n’atteint pas les animaux de compagnie comme les chiens et les chats, et ils ne sont pas impliqués dans la propagation de cette épidémie.

En conséquence, la SPA en appelle à la responsabilité des propriétaires d’animaux de compagnie à ne pas croire les rumeurs à ce sujet qui pourraient avoir des conséquences catastrophiques en termes d’abandon. Très concrètement, les fourrières publiques, ainsi que les refuges des associations de protection animale qui récupèrent les animaux auprès de ces fourrières pour les faire réadopter, sont déjà pratiquement tous saturés en termes de capacité d’accueil. Or, la fermeture au public des refuges va freiner drastiquement les adoptions. La conclusion de cette situation exceptionnelle est très simple :

Si une vague massive d’abandons d’animaux de compagnie intervient, cela entraînera une vague d’euthanasie massive dans les fourrières, comme le prévoit la loi française. Les associations ne seront plus en capacité d’absorber le flux d’abandons venu des fourrières.

« Nous appelons tous les propriétaires d’animaux de compagnie, tous les Français sensibles à la cause animale à relayer massivement qu’il serait dénué de bon sens et d’humanité d’abandonner son animal pour des fausses rumeurs. Merci à tous de diffuser un maximum cette information cruciale pour éviter que nos animaux de compagnie ne payent un lourd tribut. Soyons juste, tous ensemble, humains ! » Jacques-Charles Fombonne, Président de la SPA.

La SPA communiquera dans les jours à venir sur son site Internet et ses réseaux sociaux, la stratégie d’adoption responsable qui sera mise en place pour tenter de limiter la saturation de nos refuges : prise de rendez-vous individuel, animal déjà repéré au préalable sur notre site Internet, premier entretien par téléphone au préalable d’une potentielle venue. »

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Politique

Emmanuel Macron déclare une guerre libérale au Covid-19

Comment préserver les mentalités françaises libérales-démocrates avec un défi exigeant un sens de l’organisation et de la discipline sans failles ? Le discours d’Emmanuel Macron du 16 mars 2020 laisse sur sa faim, la rhétorique guerrière restant sans esprit de décision et sans valeur populaire.

Emmanuel Macron a largement profité du caractère présidentiel du régime ; il en paie le prix avec deux erreurs magistrales. La première, c’est d’avoir maintenu le premier tour des municipales, ce qui a été considéré comme incompréhensible. Surtout que, maintenant, le second tour est repoussé, ce qui est anti-constitutionnel, puisqu’un second tour doit nécessairement se dérouler la semaine qui suit le premier.

La seconde erreur, c’est d’avoir considéré que la crise serait gérable comme un bon père de famille français. Le 7 mars, il appelait ainsi encore les gens à ne pas modifier leurs habitudes et à sortir comme si rien n’avait changé. Le 16 mars, il en est à parler de guerre.

Or, tout le monde le comprend tout de suite, la guerre c’est la guerre. Soit on y va, soit on y va pas. Une guerre est une mobilisation générale. Emmanuel Macron est un libéral, donc il a cherché à contourner la question au maximum.

Ainsi, si on ne se confine pas sauf exception, on risque une amende de… 38 euros. En Italie, c’est la prison, en Autriche des milliers d’euros d’amendes. Et depuis 48 heures, plusieurs médias distillent déjà l’annonce de confinement au moyen d’articles indirects, faisant passer le message de l’Élysée.

Les dénégations sont d’ailleurs assez ridicules. On a ainsi hier des colonnes de véhicules militaires de l’Armée de Terre qui sont arrivées à Paris, ainsi qu’un décret « relatif aux organismes susceptibles d’accueillir des militaires en affectation temporaire » émis dimanche par le gouvernement, après avoir été pris vendredi.

Malgré la mise en place du décret un dimanche, l’armée a démenti tout rapport avec la crise actuelle, ce décret étant selon elle prévu depuis 2019 :

« Ce décret n’a strictement rien à voir avec le Covid-19 et l’implication des forces armées. Il précise la situation administrative des militaires qui servent temporairement en dehors du ministère des Armées, pour les besoins du ministère des Armées. »

L’armée a toujours pris les gens pour des idiots. Cela tient d’autant moins qu’en plus, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’un hôpital de campagne du service de santé des armées en Alsace, ainsi que l’emploi de l’armée pour transporter des malades vers d’autres hôpitaux.

Le choix est de toutes façons évident. Plus rien ne fonctionne réellement en France à part l’armée. Tout le reste est travaillé par le libéralisme économique et culturel. Notons que l’armée elle subit des coupes budgétaires massives en certains domaines, notamment la médecine. Mais niveau encadrement, elle est fonctionnelle.

En situation de crise, on a donc vite fait de passé de Bonaparte à Napoléon, du président au général, et inversement, tout se ressemblant tellement qu’on ne sait plus trop. Est-ce l’homme providentiel qui en appelle à l’armée ou l’inverse ?

Les Français, indisciplinés car pourris par le libéralisme, se soumettent historiquement aisément au patriarche et à l’armée. L’armée changeant le patriarche s’il le faut et ici Emmanuel Macron joue avec le feu. Contournant le pouvoir populaire – il est en effet pour le capitalisme – il est obligé de se soumettre à une logique d’État totalement en-dehors de son périmètre libéral.

L’armée va sortir renforcé de cette situation et un appel à une remise en ordre général va de plus en plus se faire entendre. Cela ne changera rien au libéralisme quotidien et cela ne dérangera pas les Français, qui ne font plus de politique depuis longtemps. Mais cela implique la mise en place d’un régime anti-démocratique, anti-populaire.

Toute personne de Gauche sait qu’Emmanuel Macron ne peut pas, en raison de son libéralisme, assumer des mesures collectives. La Gauche est faible, désorientée, incapable d’assumer quoi que ce soit. L’ombre de l’armée se profile alors…

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Société

Covid-19: il y a beaucoup plus que 6633 personnes infectées en France

Officiellement, les personnes touchées par le Covid-19 en France étaient 6633 hier, lundi 16 mars 2020. En réalité, le nombre de personne contaminées est bien plus élevé et les autorités devraient donner l’estimation de ce nombre, pas simplement les cas connus officiellement. Cela aurait permis une meilleure prise de conscience collective et peut être l’établissement de mesures plus précoces, pour éviter la situation catastrophique actuelle.

Lors de sa seconde allocution, Emmanuel Macron a déploré l’attitude de nombreux français n’ayant pas respecté les consignes de distanciation sociale. Il a eu raison de faire ce reproche, mais il est aussi responsable du fait que la population n’avait pas forcément les moyens de prendre la mesure de l’ampleur de la crise sanitaire en n’expliquant pas suffisamment la réalité.

On peut très bien être porteur du Covid-19 et n’avoir aucun symptôme, en tous cas pas tout de suite. Par définition, les personnes dans ce cas ne sont pas comptabilisées. Il y a même maintenant dans certaines régions françaises de nombreuses personnes ayant des symptômes, mais ne pouvant être testées, faute de moyens.

Il y a donc bien plus que 6633 porteurs du virus en France.

Le gouvernement et les institutions sont habituées à fonctionner avec des statistiques pour tout un tas de cas, sondages, audiences médiatiques, prévisions économiques, etc. Il n’y a donc pas de raisons qu’elles ne le fassent pas dans le cas de la crise sanitaire en cours, d’autant plus que les épidémiologistes savent faire ce genre de projections, et qu’ils le font probablement déjà.

On peut en effet tout à fait envisager les choses en comparant avec la situation chinoise. Ce graphique publié par le Journal of the American Medical Association le 24 février dans un article analysant la situation est très instructif :

 

On y voit en jaune les cas diagnostiqués chaque jour dans la région du Hubei. Il faut ainsi lire par exemple : le 10 février, près de 3000 cas sont diagnostiqués.

On y voit également en gris, la date déclarée (donc après coup) par les malades du jour de survenance des symptômes. Il faut ainsi lire par exemple : le 23 janvier, les symptômes se sont déclarés chez 2500 personnes (dont le diagnostique a ensuite été confirmé).

Ce jour correspond à la date du confinement dans la région.

En regardant la barre jaune, on voit que ce même jour environ 400 personnes ont été officiellement diagnostiquées.

Cela donne une première indication et permet une première possibilité d’estimation.

Il y a 1210 cas qui ont été diagnostiqués sur la journée d’hier en France, soit quatre fois plus que la journée du 23 janvier dans le Hubei, où les nouveaux cas réels (de personnes ayant des symptômes, donc pas seulement des personnes contaminées) étaient de 2500.

Un simple rapport de proportionnalité permet de penser qu’il peut y avoir eu hier 10 000 personnes contractant des symptômes, soit une avancée de l’épidémie quatre fois plus importante que dans le Hubei à une date équivalente (décision de confinement). Cela cependant n’est qu’une extrapolation statistique et n’est pas satisfaisante, bien que la taille du bassin soit équivalente (59 millions d’habitants pour le Hubei).

Une autre différence est que les mesures sanitaires ont été rapidement efficaces, alors que les Chinois avaient déjà à la base des comportements sanitaires beaucoup plus responsables qu’en France, puisqu’ils portent systématiquement un masque en cas de rhume ou d’état grippal.

En France, où les comportements ne sont pas appropriés, on peut donc largement supposer que la situation est pire.

Un autre exercice statistique est possible avec le graphique du Hubei. En s’intéressant à la période d’avant le confinement et en choisissant la date du 22 janvier comme limite :

– en additionnant les barres orange, on a environ 450 cas ;

– en additionnant les barres grises, on a environs 12 000 cas.

Le nombre de cas officiels en France le 15 mars (le « orange » sur le graphique), veille des mesures de confinement, était de 5 423 cas, soit plus de dix fois plus. Un simple rapport de proportionnalité permet d’estimer le nombre de cas réels actuellement à environs 150 000 personnes. C’est énorme, d’autant plus que beaucoup de choses permettent de supposer que c’est plus.

Les autorités françaises ont beaucoup trop tardé à prendre des mesures, ont même refusé d’en prendre au début et le pays va en payer très cher le prix. Le système de santé, déjà saturé dans l’Est, et engorgé en Île-de-France et dans le Nord, ne pourra pas supporter le nombre de malades qui va encore exploser.

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Politique

Un bien étrange premier tour des municipales de mars 2020

Le maintien du premier tour des municipales par le gouvernement contraste totalement avec le confinement toujours plus nécessaire. Les résultats apparaissent ainsi comme en décalage avec la gravité de la situation.

Légalement, le second tour est censé se dérouler une semaine après le premier, mais l’incertitude prédomine dans l’ensemble de la société française, qui a regardé dubitative la tenue des élections. L’abstention a ainsi été de 56 %, contre 35,5 % en 2014.

Il va de soi que si le gouvernement a forcé les choses, c’est par souci de maintenir le légitimisme en situation de crise. Le régime se doit de montrer qu’il sait passer les crises. Car le plus dur reste à venir et de par le caractère volcanique de la situation sociale française, il faut maintenir la pression.

Comment les Français vont-ils en effet réagir quand le gouvernement ne donnera pas seulement des consignes, mais obligera par la police et l’armée, à l’instar des Tchèques et des Autrichiens, à appliquer le principe de quarantaine ? Sans parler de l’Italie, où il est formellement interdit de sortir de chez soi ne serait-ce que pour se promener seul.

Comment dire aux Français que tout rassemblement de plus de cinq personnes est interdit, alors que samedi les rues commerçantes étaient aussi pleines que les parcs le dimanche ?

Les Français ne supportent pas le changement, sauf quand il va dans le sens du non-changement. L’extrême-Droite conserve ainsi ses bastions à Béziers et Hénin-Beaumont dès le premier tour (respectivement 66 % et 78 % des suffrages), ainsi qu’à Fréjus, Beaucaire, Hayange, Villers-Cotterêts.

Et à Perpignan, seule ville de plus de 100 000 habitants gagnable pour l’extrême-Droite, Louis Alliot est arrivé en tête des scrutins avec 36,5 % des voix.

C’est le même conservatisme faisant qu’EELV engrange des succès, moins grand qu’espéré par cette structure de centre-gauche. EELV arrive en tête à Bordeaux, Lyon, Strasbourg ou encore Grenoble, pesant dans de nombreuses autre situations, remplaçant de facto la Gauche.

On constate un repli, une contraction des mentalités, et d’ailleurs la Droite se maintient tant bien que mal à de nombreux endroit en ayant misé sur les enjeux locaux, alors que LREM ne sort pas du tout gagnante, contrairement à ses espoirs.

La seule perdante, c’est finalement la Gauche. Quand il y a eu des listes d’union, les succès ont été là, mais pour le reste, elle a disparu comme proposition politique. En fait, elle perd à tous les niveaux, tant sur le plan local que sur le plan national, puisqu’elle est sans voix dans cette situation de crise.

Elle paie ici le prix de s’être mis pendant des mois à la remorque de la CGT, qui est totalement dans les cordes. Sur son site on ne trouve toujours rien quant à la situation actuelle très difficile pour les salariés, et même encore un appel irréaliste pour se mobiliser le 31 mars !

La France paie ici son décalage total, son libéralisme, son relativisme, son attitude de girouette. La France est à l’image de ce petit groupe d’ultra-gauche dénonçant ce lundi le relativisme ambiant et les attitudes individualistes, alors que deux jours auparavant il participait à un rassemblement pour le climat dans une grande ville, acte le plus relativiste et le plus individualiste qui soit.

La France est une gigantesque comédie et tant de vanité ne peut conduire qu’au désastre.

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Politique

Marseille: une attaque armée dans un bureau de vote et des irrégularités démocratiques

La dynamique populaire d’unité de la Gauche a fonctionné à Marseille, permettant de se placer devant l’extrême-Droite. Le score est toutefois très serré avec celui de la Droite et un bureau de vote a connu une agression de type mafieuse très grave avec des armes de type Paintball, pour saisir les urnes. La candidate de la Gauche déplore également de nombreuses irrégularités dans les bureaux de vote de la deuxième plus grande commune de France.

Voici le témoignage à la presse d’un proche du Printemps marseillais, la liste de la Gauche, qui était présent au moment de l’attaque armée (avec des armes de loisir, à air comprimée) :

« Ils ont déboulé à cinq dans le bureau armés de Kalachnikov, on a entendu des tirs. Tout le monde s’est caché sous les tables, ou est parti dans la cuisine. Le président a tenté de garder l’urne, mais il fait partie du clan Vassal et personne n’est en mesure de dire si l’urne a été échangée ou pas. La sécurité n’est pas du tout assurée. »

Voici le communiqué du Printemps marseillais dénonçant le contexte anti-démocratique marseillais et intitulé « La santé démocratique de Marseille mise en péril » :

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Politique

Le nihilisme des gilets jaunes et de l’ultra-gauche manifestants malgré les mesures de confinement

En manifestant hier malgré les mesures de confinements liées à la crise sanitaire du Covid-19, les gilets jaunes et l’ultra-gauche ont montré à nouveau à quel point ils sont une forme sociale rétrograde, nihiliste, consistant en un populisme puant et incapable de la moindre responsabilité sociale.

Quelle honte, quelle stupidité. Alors que le pays traverse une crise sanitaire majeure exposant les plus fragiles, risquant d’engorger le système sanitaire, les gilets jaunes et l’ultra-gauche ont choisi de n’en avoir rien à faire.

Ils n’étaient pas très nombreux certes à manifester hier à Paris, mais suffisamment pour constituer une foule dense et compacte tout à fait propice à la propagation du coronavirus Covid-19, comme on le voit sur ces images :

Il ne s’agit pas ici seulement d’une question sanitaire, mais d’état d’esprit. En faisant cela, ces personnes montrent qu’elles n’ont aucunement envie de changer le monde, de faire avancer la société. Leur démarche est fondamentalement nihiliste et leur habituel casse de vitrine et caillassage de policier ne consiste qu’en l’expression de ce nihilisme, aucunement en de la révolte sociale.

Cette affiche appelant à la manifestation ayant circulé sur internet en dit très long sur la mentalité des gens ayant manifesté hier, s’imaginant représenter quelques-chose d’important alors qu’ils ne sont que la lie de la société :

Dans le même genre, voilà que la foule crie « suicidez-vous » à l’approche d’une compagnie de police :

Ou encore qu’une personne d’une stupidité innommable crache sur des CRS :

Ces gens bien sûr ne se priveront pas ensuite de déplorer des « violences policières », alors que ce sont eux les provocateurs.

Que dire également de ces « antifas » se croyant malin en chantant un slogan antifasciste italien… tout en ne respectant pas le confinement alors justement qu’en Italie le pays est à l’arrêt à cause de la pandémie dont l’avancée est très forte ?

Que dire de ces étudiants de la tendance « Tacle » de l’Unef, une tendance censée être très à Gauche, expliquant sur Twitter qu’ils sont venus à la manifestation pour « réclamer des mesures d’urgence face au #coronavirus »… alors qu’ils ne respectent pas cette mesure pourtant élémentaire du confinement ?

Quelle décrépitude ! C’est du même niveau que ces supporters ultras du PSG s’étant rendus aux abords du Parc des Princes cette semaine malgré le huis-clos, et dont l’un d’entre eux à eu cette idée incroyablement sotte d’arborer un drapeau « Le virus, c’est nous »…

Ce nihilisme représente exactement l’inverse de la Gauche, qui incarne le développement culturel et social le plus développé de la société, et donc le sens des responsabilités collectives et sociales le plus abouti.

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Culture Culture & esthétique

Playlist «pop intelligente»

La disco a été un mouvement populaire, avec une forte participation à la base. Le punk a critiqué la dimension passive des gens et le tournant post-punk a consisté en une approche esthétisante, relativement élitiste, mais parfois orienté pop au sens strict. Cette contradiction a, au début des années 1980, pu être très productive.

Au sens strict, on est chez les hipsters à l’origine même du phénomène, avant que cela ne devienne un snobisme. On a en effet des petits-bourgeois cultivés chez les prolétaires, la rencontre entre la culture et le punk. L’idée est simple : conserver la rage populaire, sa dureté, voire ses utopies politiques. Et y ajouter un certain raffinement, une qualité musicale d’un vrai niveau.

La chanson Making Plans For Nigel de XTC est emblématique de cette démarche, fragile mais pas précieuse, mélodique mais s’appuyant sur un fond post-punk.

C’est une aventure personnelle de la part d’artistes se baladant dans le punk, qui va produire une culture de haute qualité. Une aventure, car il faut avoir ici en tête qu’au début des années 1980, les instruments de musique coûtaient plus chers qu’aujourd’hui, l’accès à la musique plus compliqué. Et l’idée de partir du dissonant pour aller à la pop était une exigence très difficile à mettre en œuvre. L’une des grandes références, ce fut les Talking Head, passé de la scène pré-punk à la scène post-punk.

On a pareillement les Stranglers, passé d’un punk hargneux à une sorte de pop somptueusement sculptée, l’album Feline étant un bijou. Voici une chanson de 1977 liée à l’esprit punk, et une autre de 1982, très connue, Golden Brown.

Les groupes les plus fameux – des références absolues pour les esthètes de la musique en quête de pop intelligente – ce sont XTC et Wire d’un côté, Talk Talk de l’autre. Les premiers sont issus du punk au sens strict, Talk Talk étant passé par l’intermédiaire de la new wave. L’album Spirit of Eden de Talk Talk, sorti en 1988, est désormais considéré comme un classique.

Et les premiers albums de XTC et de Wire sont considérés comme incontournables, Wire étant d’autant plus apprécié pour son côté assez cryptique.

La dimension expérimentale est également parfois très présente, notamment chez Public Image Limited, avec au chant l’ancien chanteur des Sex Pistols. On oscille ici entre pop et une orientation intellectuelle et expérimentale.

Il va de soi que les groupes les plus connus ayant pris cette orientation sont U2 et The Police, ou bien, dans une certaine mesure, Téléphone en France. Mais leurs perspectives sont très différentes, car ils n’ont pas voulu conserver une ligne de rupture culturelle, U2 surfant justement sur une fausse ligne de rupture, malgré ses qualités indéniables.

Il y a beaucoup à réfléchir sur la rencontre d’une énergie prolétaire et de petits-bourgeois cultivés se reconnaissant – la rencontre étant capable du meilleur en renforçant l’authenticité comme du pire par l’esthétisation outrancière jusqu’au commercial.

Comme d’habitude, la playlist est disponible pendant plusieurs semaines dans la colonne de droite (version web) ou en bas de page (version mobile) ainsi que sur la page des playlists.

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Société

La pandémie de Covid-19 et le retour de la puissance publique

Un argument massue du libéralisme est qu’on ne peut plus empêcher les gens de passer les frontières, ni d’ailleurs en fin de compte de faire ce qu’ils veulent en général. L’épidémie de Covid-19 remet les choses à plat : il y a bien une administration, un appareil d’État, des organes d’État. Tout est décision politique, y compris celle de ne rien faire.

C’est un phénomène de grande importance pour notre pays qui vit dans une sorte de bulle libérale libertaire où l’on considère qu’on ne pourrait rien faire : ni interdire le cannabis, ni arrêter l’urbanisation anarchique, ni empêcher les délocalisations. Le retour de la puissance publique à l’occasion de la pandémie de Covid-19 remet tout à plat.

D’un coup, on s’aperçoit qu’on peut du jour au lendemain contrôler les frontières. Que des milliards d’euros sont à la disposition de la vie des entreprises. Que l’administration est capable de décisions et que ces décisions sont suivies. Que le service public hospitalier est un gigantesque poids lourd, étatique mais transversal avec les grands laboratoires.

L’image d’une France comme paradis du grand bourgeois, du bobo, de l’anarchiste, et finalement du Français qui n’en fait qu’à sa tête, disparaît pour céder la place à un État qui décide et une société qui obéit. On ne saurait sous-estimer ce retour à la réalité dans un pays où les gilets jaunes ont toujours considéré qu’ils pouvaient se comporter en vandales et que c’était légal.

Il suffit de rappeler un événement récent tout à fait exemplaire. Le 7 mars avait eu lieu une marche féministe « de nuit ». Commencée en toute fin d’après-midi, elle s’est terminée vers 22h, ayant rassemblé plusieurs milliers de femmes.

Puis, quelques centaines de femmes restées sur place se sont cependant fait violemment dégagées par la police. Cela s’est déroulé.. à minuit. Pensaient-elles réellement que la police allait les attendre toute la nuit, que l’occupation de la place de la République allait se dérouler sans accrocs ? En tout cas, elles ont fait semblant.

La police a été très violente, sans faire semblant, pour les dégager, puis le gouvernement a lui fait semblant d’être étonné, promettant d’enquêter. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a demandé « un rapport sur ce qui s’est passé en marge de la marche féministe » et Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes, a joué les offusqués au moyen d’un message disant « Toutes les femmes doivent pouvoir manifester pacifiquement pour faire respecter leurs droits ! ».

C’est de la comédie. Les Français sont des individualistes s’imaginant avoir tous les droits dans une société où il n’y a plus d’État de droit. Dieudonné a perdu, heureusement, pour le contenu : l’antisémitisme n’est pas passé. Mais sur le plan de la forme, il a gagné : n’importe qui peut dire n’importe quoi n’importe comment. À condition de tout accepter, depuis la drogue jusqu’à la prostitution en passant par la télé-réalité et la PMA pour toutes.

La société française est tellement corrompue par la consommation de masse, l’égoïsme, l’égocentrisme même, que le moindre événement lui semble avoir des proportions gigantesques. On se passionne pour le dernier Iphone, on adule Bilal Hassani comme le paragon du progrès, avant de s’en débarrasser. On en est au point où des étudiants révolutionnaires s’imaginent que faire un tag et en mettre une photographie sur Facebook est un acte subversif. C’est l’idéologie du jetable.

Mais ce n’est pas la civilisation, cela, seulement du capitalisme total. Le retour de la puissance publique avec le Covid-19 le rappelle en bousculant le capitalisme et en rappelant qu’on ne vit pas de réseaux sociaux et de consommation.

La Gauche doit profiter de cet espace pour rappeler ce qu’elle veut, historiquement : une société organisée de manière complète, systématique, sans place pour l’individualisme, seulement pour l’épanouissement de la personne, mais dans la reconnaissance pleine de la collectivité comme aspect principal.

Les libéraux et les anarchistes pleureront que l’État intervient dans leur vie – la Gauche affirmera qu’au contraire il n’est pas assez d’État, que la société elle-même doit devenir l’État.

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Politique

Le document de la CFDT à propos du Covid-19

La CFDT a produit un document très complet et utile dans le cadre de la crise sanitaire du Covid-19. C’est actuellement le seul véritable document syndical de valeur quant à la situation.

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La crise du coronavirus COVID-19 précipite le capitalisme

Le capitalisme a des limites : celles de sa propre volonté de croissance exponentielle. La crise du coronavirus COVID-19 qu’il subit, et qu’il a lui-même provoqué, va lui porter un terrible coup. C’est le début d’un vaste effondrement et les Bourses l’ont compris, autant qu’elles sont en mesure de le comprendre.

La Bourse de Paris a chuté le 12 mars de 12,28 %, sa pire chute historique. Et la Bourse ce n’est plus une salle avec des gens qui crient et qui réagissent à l’emporte-pièce. Aujourd’hui, cela passe par des algorithmes, de larges prévisions, des décisions à haut niveau par des cadres financiers éprouvés, etc.

Pareillement, les autres bourses ont décroché : Londres de 9,81 %, Francfort de 12,81 %, Madrid de 14,06 %, Milan de 16,62 %, New York de 9,99 %. C’est donc une panique, mais une panique rationnelle, choisie. Car la raison de fond, c’est que l’accumulation du capital est bloquée. Or, le capitalisme ce n’est pas que la croissance des revenus du capital, c’est toujours plus de revenu du capital.

Les secteurs du tourisme et du voyage sont déjà très affectés, la production industrielle est ralentie dans de nombreux secteurs alors que dans le même temps une crise de surproduction de pétrole provoque un effondrement des cours.

Il est absurde de penser que le capitalisme est infini, qu’il ne connaîtrait aucune limite, qu’il pourrait toujours se régénérer, qu’il suffirait d’un peu de petite production et tout serait relancé, etc. Ce n’est pas le petit commerce de kebab qui peut sauver le capitalisme une fois qu’il a atteint une situation monopolistique. Seule la guerre le peut… et encore, à court terme, puisque de nouveau la limite sera atteinte.

Cette compréhension est celle de la Gauche historique et s’est largement perdue car, en raison de la longue croissance du capitalisme, il y a eu capitulation et la croyance que le capitalisme serait toujours stable. Cette idée s’est d’autant plus renforcée que tout un confort s’est installé – et beaucoup de gens de gauche dans ce confort.

Maintenant, tout cela est fini. D’où la suspension par Donald Trump de toutes les liaisons transatlantiques avec l’Europe. D’où d’ailleurs le repli national de chacun des principaux États, un phénomène qui date d’ailleurs de bien avant, comme on l’a vu avec le Brexit. C’est là tout simplement la tendance à la guerre, une répétition de ce qui a eu lieu pour les première et seconde guerres mondiales.

La crise qu’implique le coronavirus COVID-19 ne fait dont que renforcer une tendance déjà présente. C’est une crise dans la crise – et une crise d’ailleurs directement conséquence de la mondialisation, avec la destruction de la vie sauvage sur la planète. On connaît en fait une période d’accélération de la crise, qui s’affirme à tous les niveaux : militaire par les conflits, climatique en raison du CO2 produit, sanitaire en raison des conséquences des dérèglements produits, etc.

On comprend que la plupart des gens ne veulent pas voir tout cela. Qu’il y ait l’espoir que tout va se calmer, ou que tout va être loin. Cependant, la crise du coronavirus COVID-19 montre qu’il n’existe pas de frontières. Toute la planète est embarquée dans un processus de conflagration générale. Les tâches qui attendent ceux qui n’ont rien à perdre dans le capitalisme sont donc absolument immenses.

Et pour l’instant, on est très mal parti avec des ouvriers français qui préfèrent voter Marine Le Pen en espérant qu’un retour en arrière de type protectionniste – nationaliste va les sauver. La société française va connaître un désenchantement immense, un décrochage général. C’est le début de l’Histoire et de ses tourments.

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L’État français réagit à la crise du virus COVID-19

Évoquant la plus grande crise sanitaire en France depuis un siècle, Emmanuel Macron assumait hier soir la posture de l’homme d’État. Il a annoncé des mesures d’ampleur et prononcé un discours d’une grande portée adressée à la population pour « faire bloc » contre le virus COVID-19. La bourgeoisie, en tant que classe dominante, sait administrer un État et assumer la gestion d’une situation de crise, malgré ses faiblesses, malgré ses limites historiques.

La crise engendrée par le virus COVID-19 a déjà une portée historique tant les choses ont été bouleversées, notamment en Italie (827 morts) et en Chine (3172 morts). La France, avec déjà 61 morts, de nombreuses personnes en réanimation et 2876 cas confirmés, sait que l’épidémie est amenée à se développer dans le pays. Le personnel scientifique médical n’a aucun doute là-dessus.

Le président Emmanuel Macron a donc annoncé hier un saut dans la mobilisation contre la propagation de l’épidémie, avec des mesures d’une ampleur inédite :

  • les établissements scolaires et les crèches seront fermées dès lundi et ce jusqu’à nouvel ordre ;
  • un service minimum pour la garde des enfants des personnels soignants sera assuré ;
  • il est expressément demandé à la population d’éviter les transports en commun dans la mesure du possible ;
  • les personnes de plus de 70 ans et les plus fragiles sont incitées à rester confinées ;
  • les entreprises peuvent sans justification suspendre le paiement de leurs charges sociales du mois de mars ;
  • des mesures de prise en charge du chômage techniques sont annoncées ;
  • la trêve hivernale (pour le logement) est repoussée de deux mois.

Rappelons d’ailleurs ici les mesures sanitaires, essentielles, qui ont été redites hier, et qui ne sont encore pas suffisamment respectées, voir pas du tout :

  • ne pas se serrer la main ni se faire la bise ;
  • se tenir le plus possible à un mètre les uns des autres dans le cadre public ;
  • se laver soigneusement les mains plusieurs fois par jour.

Le discours du président de la république va cependant provoquer un électrochoc et, dès demain, un nouveau cap sera franchi dans la prise de conscience collective de la crise en cours. C’est que l’État, n’étant pas une entité abstraite, « totalitaire », mais un mode d’administration de la société, a un rôle réel et d’autant plus concret dans une telle situation de crise. Sa voix porte, ses décisions ont une portée.

Les préfectures assument déjà depuis plusieurs semaines dans certains départements des mesures d’exception, notamment en ce qui concerne le sport. La tenue à huis-clos du match de Ligue des champions du Paris Saint-Germain avant-hier a particulièrement marqué les esprits, mais il y a également tout un tas de compétition sportives amateurs annulées partout en France depuis plus de deux semaines.

Cela va continuer et les fédérations de basketball et de football ont d’ores et déjà annoncées hier que toutes les compétitions étaient suspendues, ainsi que les entraînements, ce qui a un impact énorme dans le quotidien de la jeunesse, notamment populaire, et des parents.

Emmanuel Macron, pourtant grand défenseur du libéralisme, a même évoqué hier la possibilité d’une fermeture des frontières, ce qui d’ailleurs aurait pu ou dû être assumé bien plus tôt. Parlant d’« union sacrée », il a également fait appel à « la discipline individuelle et collective », pourtant tant honnie en France, pays du je-m’en-foutisme érigé en art-de-vivre.

C’est que la crise est profonde et il faut pour cela une force sociale solide et profondément établie pour y remédier, ou en tous cas tenter de le faire. La Gauche doit assumer ce niveau d’exigence.

Une crise comme celle du virus COVID-19 montre bien à quel point tout est une question de direction, de capacité à gouverner, d’affirmation d’un appareil d’État dans un sens démocratique, populaire. Ce qui exige une Gauche de haut niveau, sur la base de ses acquis historiques, avec un peuple mobilisé, sur une base démocratique.

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COVID-19, une crise de la civilisation capitaliste

La Maladie à coronavirus (COVID-19), provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2, est le produit direct du capitalisme : de ses villes, de sa consommation industrielle et artisanale d’animaux, de ses mœurs individualistes, de son rapport au corps. Le scepticisme français ne peut tout simplement pas le concevoir, prisonnier de son positivisme capitaliste.

La situation provoquée par le coronavirus COVID-19 est, peut-être, le plus grand symbole de la rentrée dans le 21e siècle. En effet, le capitalisme part à l’assaut de la biologie, de la nature elle-même. Désormais, tout doit être consommable, jusqu’aux animaux sauvages, dont le trafic mondial rapporte une véritable fortune, malgré son illégalité.

L’émergence de la figure de Greta Thunberg n’est que le pendant d’une systématisation du capitalisme dans des domaines nouveaux et ce à l’échelle planétaire. Son discours est creux, une fabrication médiatique, car il prétend que quelques problèmes vont arriver, alors le capitalisme triomphant et destructeur est déjà entièrement là.

Il n’y aurait en effet pas de passage d’un virus d’une espèce à une autre s’il n’y avait pas des conditions contre-nature à Wuhan, avec un marché local où des animaux sauvages sont consommés dans des conditions atroces.

C’est là une vérité facile à comprendre, mais qui est justement, par là-même, évitée autant que possible. En effet, cette vérité implique la nécessité d’un changement complet du rapport de l’humanité aux animaux sauvages… et, de fait, aux animaux en général, puisque parfois les virus ont sauté la barrière des espèces depuis des animaux relevant d’une production industrielle.

Pour dire les choses simplement, si le monde était vegan, il n’y aurait pas eu de possibilité que se produise la maladie COVID-19, car il n’y avait pas le terrain viable pour l’arrivée dans le domaine humain du coronavirus SARS-CoV-2. D’où justement la preuve de l’intérêt que présente le véganisme comme philosophie de la vie concernant le rapport à la vie naturelle.

Seulement, on se doute, le capitalisme a réussi à aliéner tout le monde. On cherchera en vain une vie naturelle dans la consommation à outrance, la chirurgie esthétique (ou relevant de la démarche « trans »), l’idéologie du selfie, l’art contemporain, le transhumanisme, la prostitution, des villes tentaculaires, etc. etc.

Une véritable Gauche ne peut partir qu’à l’assaut de tout cela, mais cela demande une exigence énorme, d’où justement l’apparition d’une « gauche » postmoderne qui a choisi de se « rebeller » en… accompagnant l’ultra-libéralisme capitaliste. Et cela en phase, d’ailleurs, avec tout un existentialisme libéral français.

Le Français, façonné par le capitalisme, considère qu’il a le droit de n’en faire qu’à sa tête. Les règles et les devoirs s’appliquent aux autres, et aux autres seulement. L’égocentrisme va si loin que l’hygiène elle-même s’efface devant un sentiment de toute-puissance : le Français distingue en effet soigneusement entre la saleté et sa saleté. Cette dernière est tout fait acceptable.

Quant à considérer qu’une maladie puisse être « nouvelle », qu’elle ne puisse pas être « maîtrisée » par l’Homme qui serait « comme maître et possesseur de la nature »… Ce n’est même pas concevable ! Le Français reste fidèle au positivisme d’Auguste Comte. On ne fait qu’aller de l’avant, de manière unilatérale.

Impossible n’est pas français! Surtout pas le déni, le relativisme, le scepticisme, cette confiance irrationnelle en la principale qualité française qu’est l’ingéniosité. Mais la France ne vit pas dans la conscience, fut-elle cartésienne, elle vit dans la réalité. Et celle-ci convainc tout le monde, par définition.

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Politique

[Municipales 2020, les positions de gauche] NPA: La gauche institutionnelle à la peine

Dans le cadre des élections municipales 2020, nous publions les appels électoraux des différents partis de gauche. Voici une position publiée par le NPA :

« Depuis les années 2000, l’affaiblissement des différents partis de la gauche institutionnelle leur impose de trouver des cadres d’alliance qui fluctuent en fonction des rapports de forces locaux. Les échéances de 2014, sous le gouvernement de Hollande, avaient poussé le PCF et le Parti de gauche, regroupés dans le Front de Gauche (avec la présidentielle de 2017 en ligne de mire), à se positionner, au premier tour, en indépendance du PS. Cette stratégie de premier tour préparait le ralliement ou l’alliance de second tour pour préserver un maximum d’éluEs au PCF.

Depuis la présidentielle, on a vu l’éclatement du Front de gauche, hégémonisé par la dynamique de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Mais l’échéance des européennes 2019 a été un coup de massue pour la perspective de « révolution par les urnes » de La France insoumise, qui n’a récolté que 6,3 %, tandis que le PCF rassemblait 2,5 % sur sa candidature propre. Dans le même temps la galaxie issue du PS, incapable d’aller aux élections sous ses couleurs (Place publique, Génération.s, Nouvelle Donne…) continuait d’être sanctionnée pour sa politique d’austérité. Enfin EÉLV se gargarisait de ses 13 % sur une ligne ni de droite ni de gauche, pour un capitalisme vert.

Du côté du PCF

Autant dire qu’aucune stratégie d’alliance ne s’imposait pour des partis dont la visée est de gagner et/ou préserver un maximum d’éluEs, gage de leur crédibilité de gestionnaires.

Pour le PCF, ce qui se joue dans les semaines à venir, c’est sa capacité à maintenir un appareil qui existe grâce au travail de dizaines de milliers de militantEs, mais qui vit (financièrement parlant) grâce à ses milliers d’éluEs. C’est aussi sa capacité politique à peser dans l’échéance centrale de la présidentielle : avec plus de 600 maires, le PCF peut, encore, adouber une candidature à la présidentielle. Enfin, sauver le maximum de conseillers municipaux, c’est également préparer les élections indirectes (et opaques pour la population) qui détermineront l’existence d’un groupe communiste au Sénat. Le problème du bilan et des perspectives sur lequel bute le PCF est partiellement résumé par Pierre Lacaze et Yann Le Pollotec, membres de la direction du parti, qui écrivaient en septembre dernier « Nous sommes devant un effet ciseaux : d’un côté l’aggravation de la situation économique des gens, des transitions démographiques et écologiques qui appellent plus de dépenses sociales et plus de services publics et, dans le même temps, des recettes fiscales communales en fort recul, des pertes de compétences et le désengagement de l’État. » Du coup, les maires PCF sont attaqués sur leur bilan, et les marges de manœuvre de promesses électorales sont extrêmement réduites.

Il ne reste donc qu’à trouver des alliés, tous les alliés possible, ce que les mêmes dirigeants du PCF formulaient pudiquement : « Nous appelons au rassemblement de toutes et tous pour battre la droite et l’extrême droite et à l’engagement de millions d’hommes et de femmes que nous voulons mobiliser sur les enjeux locaux liés aux grandes questions politiques qui traversent le pays. ». La géographie des alliances aboutit donc à un kaléidoscope : alliance avec le PS et Génération.s, Place publique comme à Paris, Toulouse ou Marseille, ralliement à EÉLV dans des villes importantes (Bordeaux, Strasbourg, Caen) ou alliance avec EÉLV pour sauver sa prépondérance comme à Saint-Denis (93), ou Vitry (94), tandis qu’à Montreuil (93) et Ivry (94), PCF et EÉLV s’affrontent.

Défendre une orientation claire et cohérente

Les enjeux sont moindres pour LFI, qui n’avait aucune mairie à sauver et qui adapte sa stratégie d’une part à sa structuration interne et d’autre part à la priorisation de l’échéance présidentielle. Ce qui l’amène à se dissoudre de préférence dans des listes « citoyennes », les plus emblématiques étant celles de Paris ou de Toulouse. Mais aussi à achever de consommer l’explosion de ce qui a été le Front de gauche, en se présentant contre le candidat PCF alors qu’ils faisaient partie de la même majorité (comme à Saint-Denis ou Ivry…).

Les orientations du PCF et de LFI, avec chaque parti sur sa logique et obéissant à des préoccupations d’auto-conservation dans un contexte ultra-défensif, peuvent ainsi générer des dynamiques démoralisatrices pour leurs militantEs.

Certes, de par leur nature d’élections locales, les élections municipales présentent des configurations spécifiques suivant les histoires militantes locales. C’est pour cela que le NPA se présente dans des configurations diverses. Mais nous le faisons autour d’une orientation claire et cohérente : pas question de se poser en gestionnaire institutionnel, combat contre les contraintes budgétaires imposées aux municipalités et soutien aux mobilisations, à commencer par celles des agentEs territoriaux qui seront indispensables contre la mise en œuvre de la Loi de transformation de la fonction publique. Ce qui a pu amener le NPA à se retrouver avec des groupes de militantEs de LFI ou du PCF dans quelques villes, le plus souvent avec des équipes militantes associatives, syndicales ou Gilets jaunes, qui ont construit ensemble les mobilisations de ces derniers mois.

Cathy Billard »

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Nouvel ordre Société

«La prostitution, plaie et honte de notre civilisation»

Voici un petit article très intéressant, issu d’une rubrique du journal Le Populaire (organe du Parti Socialiste SFIO) daté du 5 juin 1934 et évoquant le sujet de la prostitution.

1934. Une militante socialiste s’adresse à une militante contre la prostitution, qu’elle veut convaincre de rejoindre la lutte politique, générale, contre le capitalisme. Quand elle évoque la prostitution, son point de vue est simple, clair, net et précis : la prostitution est la plaie et la honte de notre civilisation.

Voilà le point de vue de la Gauche historique, affirmant la morale prolétarienne contre la décadence bourgeoise et la corruption des corps et des esprits par le grand marché capitaliste. Voilà qui est littéralement opposé à l’ultra-gauche libérale libertaire et décadente, défendant la prostitution et agressant même des féministes opposées à la prostitution.

Cet article est issu de la rubrique « La militante – tribune des femmes socialistes » du journal Le Populaire daté du 5 juin 1934 :

Le « redressement moral »

J’ai rencontré une protagoniste du droit de vote pour les femmes dans un préau d’école un soir de scrutin. Le lieu n’était pas très propice aux conversations et encore moins aux discussions, car c’était au moment du dépouillement des bulletins de vote. Nous étions dans une atmosphère de grande surexcitation, de sorte qu’entrecoupé par des cris d’une foule houleuse et énervée, notre entretien ne fut pas long.

J’eus juste le temps d’apprendre que mon interlocutrice appartenait également à la Ligue du « Redressement moral ». Cette ligue tient, paraît-il, à rester en dehors de la politique, et ne désire que s’occuper des questions concernant la prostitution. Sa tâche principale est le relèvement de la moralité.

Je regrette la brièveté de notre entretien. Mais dans l’espoir que notre page retient parfois l’attention de mon interlocutrice, j’essayerai de le continuer ici tout en tirant les conclusions logiques. Si j’en avais eu le temps, j’aurais demandé : « Comment cette ligue prétend-elle, dans les cadres du régime actuel, faire un véritable redressement ? Quels remèdes préconise-t-elle pour le relèvement de ces « créatures immorales » que vous dites en marge de la société, de cette société pourtant si coupable envers ces malheureuses ? »

Vous savez sûrement, madame, que l’on ne peut apporter des remèdes efficaces aux maux de toute sorte sans en rechercher les causes. Vous connaissez, bien entendu, les faits principaux amenant ces femmes à la prostitution, plaie et honte de notre civilisation.

Ces pauvres filles sont tantôt des bonnes séduites par le patron ou le fils de la maison et abandonnées à leur sort, tantôt c’est la grande misère de leur famille qui pousse les jeunes filles à faire commerce de leur corps, souvent les travailleuses des magasins ne gagnent qu’un salaire dérisoire, alors qu’elles sont obligées d’être mises plus que correctement.

Nous, femmes socialistes, nous les connaissons tous ces phénomènes aboutissant à l’immoralité forcée ; mais ce que nous savons aussi, c’est que la véritable cause de toutes les misères de l’humanité, y compris la prostitution, réside dans le régime même que nous subissons. C’est seulement en changeant la structure sociale et économique de la société que l’on arrivera à un réel « redressement de la moralité » et non en prêchant simplement une moralité que les circonstances rendent si difficile d’observer.

J’étais d’accord avec mon interlocutrice pour revendiquer le droit de vote.

Mais, contrairement à ce que pensent les féministes, le vote n’est pas pour nous un but, mais un moyen devant servir à l’affranchissement total de la femme. En amenant les femmes sur l’arène politique, surtout celles qui appartiennent à la classe travailleuse, celles qui fournissent le plus grand contingent de ces parias – objet des préoccupations des dames patronnesses – on arrivera à mieux leur faire comprendre leur propre intérêt, et elles verront qu’il est nécessaire pour elles de travailler à l’émancipation des classes opprimées et de préparer l’établissement du régime socialiste, qui, seul, fera disparaître le chômage et la misère, facteurs essentiels de la prostitution.

Ainsi la femme contribuera à l’instauration d’une vie saine et morale, que les conditions actuelles de vie rendent impossible.

Hélène EPSTEIN.