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Écologie

5 000 personnes manifestent à Rouen où la confusion et l’inquiétude règnent encore

Ce sont 4 000 à 5 000 personnes qui se sont rassemblées sous la pluie hier à Rouen, pour réclamer des comptes alors que l’État a largement faillit dans sa gestion de l’accident de l’usine Lubrizol et que les inquiétudes sanitaires et écologiques sont de plus en plus grandes.

5 000 personnes, c’est à la fois beaucoup et en même temps très peu, car la situation est vraiment terrible à Rouen. L’odeur est toujours très forte dans l’agglomération et aucune information n’est en mesure de rassurer la population. C’est qu’au fond, personne n’est dupe et croit qu’il puisse ne pas y avoir de conséquences après un tel incendie.

La communication est difficile à interpréter car les informations sont nombreuses et diffuses. Ce sont en tous cas 5 253 tonnes de produits chimiques qui ont brûlé ce 26 septembre selon le chiffre officiel, alors forcément que cela laisse des traces et pas seulement celles qui sont visibles. Il faudra peut-être du temps aux personnes ayant les connaissances pour interpréter la longue liste de données dévoilée par la Préfecture sous la pression de la population.

En attendant, cela ne suffit pas, car ce qui compte n’est pas seulement ce qui est analysé maintenant, mais aussi ce qui peut ne pas être analysé, volontairement ou non. Il faut, comme l’a réclamé Corinne Lepage, qu’un état des lieux d’urgence de la situation soit fait sous la supervision d’une expertise indépendante. Elle a déposé pour cela un référé pour le compte de l’association Respire, réclamant la nomination de cet expert par la justice.

L’enjeu est évident et sera déterminant pour l’avenir, comme elle l’a expliqué à Paris-Normandie :

« Pour moi l’urgence actuelle, c’est d’une part la question de l’environnement et d’autre part, la question des éléments de preuve que chacun peut accumuler pour le futur. D’où l’idée de cet état des lieux d’urgence par un expert, une procédure qui n’est pas faite pour chercher des responsabilités ou des causes, mais pour faire un constat à un moment donné.

De quels éléments dispose-t-on ? Quelles analyses sont faites où à faire ?, etc. Ce que l’on entend par preuves, ce sont aussi des photos authentifiées, des prélèvements que les uns et les autres peuvent faire. Que des choses factuelles et qui seront discutées de manière contradictoire.

C’est-à-dire que si le président du tribunal nomme cet expert, la procédure sera opposable à l’État et à Lubrizol. Nous serons donc trois parties. Cette nomination peut être décidée dans la semaine. En tout cas, si le président n’en veut pas, il faudra qu’il le dise rapidement et nous ferons autre chose. »

La démarche de Corinne Lepage est peut-être partielle, cantonnée à l’aspect judiciaire dont ont peut douter de la fiabilité démocratique. En attendant, c’est la moindre des choses, car sans ça il n’y a rien et la population pourrait se retrouver au dépourvu si les risques redoutés sont avérés.

Si l’on résume la situation à Rouen, voici les principaux points qui apparaissent, la liste n’étant bien sûr pas exhaustive :

– sur 1000 fûts encore présents sur le site, 160 présentent un grand risque et devront être évacués précautionneusement car pouvant dégager de l’hydrogène sulfuré ;

– les pompages dans la Seine, sur le site et aux alentour ne sont pas du tout terminés et il n’y a pas de communication précise sur l’impact écologique et l’estimation du temps que cela va prendre ;

– les odeurs persisteront tant que les pompages ne seront pas terminés ;

– aucune fibre d’amiante n’apparaîtrait sur les surfaces et dans l’air le niveau serait extrêmement faible, inférieur aux seuils d’alerte ;

– il y a une inquiétude sur la question des HAP (Hydrocarbures Aromatique polycyclique, qui proviennent de la manipulation de solvants ou de la combustion d’hydrocarbures), sans que des réponses soient apportées à ce propos ;

– le Plans de prévention Lubrizol des risques technologiques n’avait apparemment pas envisagé le risque d’un tel incendie de l’usine ;

– il n’y a pas eu d’alarme dans la ville pour prévenir la population au moment de l’incendie, alors qu’il existe pourtant un protocole de confinement qui aurait du être appliqué immédiatement ;

– les pompiers avaient un équipement apparemment non-satisfaisant et ont largement été victimes de maux après leur intervention ;

– il n’y a pas eu de communication cohérente et semblant fiable pour un protocole de nettoyage des habitations, des lieux publics et des espaces naturels, que ce soit pour les particuliers ou les collectivités ;

– il y a de nombreux témoignages dans la population concernant des maux de ventre et des vomissements, ainsi qu’un témoignage d’un syndicat de police évoquant plusieurs policiers malades suite à leur intervention sur l’incendie ;

– l’agriculture et les élevages dans la zone du nuage sont entièrement impactés, tout comme les jardins et potagers des particuliers et associations ;

– des oiseaux et poissons ont été retrouvés morts après l’incendie et son immense nuage ;

– il y a une l’inquiétude des apiculteurs amateurs alors que les abeilles butinent actuellement dans la zone du nuage et mangeront cet hiver leur miel qui sera potentiellement pollué et peut-être nocif pour elles ;

– il y a une absence de compétence collective et indépendante, populaire, pour estimer la situation et organiser une expression démocratique massive après cet incendie.

On constate ainsi à Rouen, mais ce serait presque partout la même chose en France malheureusement, une grande désorganisation de la société civile, complètement atomisée et à la merci de l’État qui ballade tout le monde avec ses informations et ses non-informations.

C’est là bien évidement une grande faillite de la Gauche, qui dans une grande agglomération industrielle comme Rouen devrait être à la pointe et extrêmement bien organisée, sous l’égide de la classe ouvrière.

C’est à la classe ouvrière justement de mener le mouvement démocratique et populaire contre l’État et les industriels incapables d’assurer la sécurité. La classe ouvrière, quand elle s’exprime, sait de quoi elle parle. Elle dispose de la raison et du sens de l’intérêt collectif indispensable pour changer les choses, comme l’illustre très bien cet interview par France 3 Normandie d’un ouvrier ayant travaillé pour Lubrisol :

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Politique

Reconstitution du Front de libération nationale Corse, «Per l’Indipendenza»

La reconstitution du Front de libération nationale Corse (FLNC) a été annoncée lors d’une conférence de presse clandestine et relayée par la presse mardi 1er octobre 2019. Le document diffusé liste les motivations et les revendications de l’organisation qui s’oppose à la disparition du peuple Corse et au pillage écologique, culturel et social de son île.

La réapparition du FLNC n’étonnera personne à Gauche, car on sait que ce groupe est né dans les années 1970 sur le terreau des revendications liées à la vie quotidienne et que c’est un substrat inépuisable dans une société toujours plus dérégulée.

Il est inévitable qu’en Corse, il y ait le refus de la transformation de l’île en une annexe pour nantis déversant le surplus d’argent pour s’approprier tout ce qu’ils peuvent, écrasant tout ce qu’ils peuvent : la culture, les gens, la nature. Ce refus est porté par des personnes assumant l’antifascisme et l’opposition tant à l’extrême-Droite françaises qu’à l’islamisme.

Voici le document diffusé :

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Politique

Jeunes écologistes : « faisons notre (r)Entrée en politique ! »

Voici le document de rentrée des Jeunes écologistes, qui appellent à investir le champs de la politique en portant une écologie de rupture et de transformation. Si le texte ne se revendique pas directement de la Gauche, il est dans sa forme et son contenu très proche d’une démarche de gauche et va forcément dans le même sens qu’un Front populaire porté par la Gauche, ici sur la question essentielle de l’écologie. Pas de « grand soir » donc, mais un ligne ferme et assumée pour investir les lieux de pouvoirs actuels contre «l’hyper-capitalisme» et sans céder aux « néo-ruraux ou bobos ».

« Jeunes Écologistes : faisons notre (r)Entrée en politique !

Quelques jours après une Marche Climat marquée par la confrontation de stratégies plurielles, une semaine avant le lancement de la Rebellion Internationale d’Octobre d’Extinction Rebellion, quelques mois avant l’échéance des municipales, les Jeunes Écologistes lancent leur campagne de rentrée avec le slogan « Jeunes Écologistes : faisons notre (r)Entrée en politique ! ».

Notre message est le suivant : il y a urgence à agir, il y a urgence à affirmer une ligne politique radicale porteuse d’une écologie de rupture et de transformation. Nous n’avons pas le temps d’espérer ou d’attendre un « grand soir » qui verrait l’écroulement de nos institutions suite à une insurrection révolutionnaire, il faut dès maintenant nous préparer partout où nous le pouvons, ménager partout où l’on peut des espaces de convivialité, retisser partout les liens et les attaches que l’hyper-capitalisme détruit en les marchandisant, réinventer et concrétiser des imaginaires et des utopies qui dépassent le carcan consumériste et individualiste…

Il nous faut, partout où nous le pouvons, réparer le monde, et combattre l’inaction et l’indifférence. Néanmoins nous ne pouvons nous permettre de nous contenter d’une restauration à la marge. Il faut affirmer que cette révolution a vocation à devenir la nouvelle norme, qu’elle est souhaitable, enviable, crédible, sérieuse, qu’elle n’est pas le doux rêve de quelques néo-ruraux ou bobos mais un projet de société qui inclut tout le monde et justement recrée les conditions (aujourd’hui perdues) d’un commun social : en bref, il faut revendiquer le fait que cette révolution est une politique.

Nos institutions, aussi critiquables soient-elles, peuvent et doivent aussi devenir des espaces de lutte, dans lesquels nous devons prendre place. S’y prennent aujourd’hui les décisions qui détermineront si oui ou non demain nous pourrons vivre dans un monde viable et enviable ; nous ne pouvons donc les rejeter en bloc en arguant de leurs dysfonctionnements. S’y prennent aujourd’hui, quotidiennement, les décisions qui déterminent déjà notre destin, nous ne pouvons regarder et laisser faire. Si nous, écologistes, humanistes n’y prenons pas place, d’autres le feront avec joie et perpétueront voire aggraveront la destruction du vivant et l’annihilation de la dimension collective et solidaire de l’humanité qui est en cours.

Nous affirmons la complémentarité des modes et des stratégies de luttes : nous avons besoin que la société civile maintienne une pression extrêmement forte sur les institutions car ces dernières par essence conservent et protègent une norme qui aujourd’hui nous mène au mur ; nous avons besoin que les actions de désobéissance civile se multiplient et se massifient pour démontrer l’inanité de ces normes et continuer à marteler l’urgence.

Mais nous avons aussi besoin d’une force politique structurée et forte qui puisse traduire et décliner l’exigence d’action en mesures politiques concrètes, et qui puisse faire barrage dans les institutions au statu quo libéral « raisonnable » dont voudraient se satisfaire certain.e.s, et aux idées nauséabondes qui voudraient .

A l’heure où nous faisons face à de telles menaces, il nous faut nous emparer du levier institutionnel, ne serait-ce que pour résister, contredire, au moins empêcher, « limiter la casse », « sauver les meubles ». Lorsque ces meubles et cette casse concernent des vies et les bases de notre vie en commun, l’objectif n’est pas si dérisoire.

Néanmoins il se peut que nous puissions espérer mieux : de multiples exemples nous montrent qu’accompagnée d’une mobilisation sociale forte et lucide, des forces politiques ont pu non seulement résister et faire barrage, mais aussi construire. De multiples exemples de communes où des politiques imaginatives et surtout guidées par la sensation de l’urgence ont été mises en œuvre font la démonstration qu’il est possible dès aujourd’hui de commencer à élaborer le monde de demain, ou du moins de préparer le monde qui vient -ce monde qui risque d’être considérablement moins clément et face auquel des politiques de résilience doivent être construites.

Les municipales nous offrent donc une occasion à la fois de faire barrage à la lame de fond destructrice et de proposer concrètement d’autres manières de faire monde collectivement, ou du moins d’autres mots et d’autres langages à apposer sur une réalité en crise. Il est possible de faire de la résistance et de la désobéissance depuis l’intérieur des institutions également : les maires ayant publié un arrêté anti-pesticides n’ont pas fait autre chose. Il faut porter partout cette radicalité et cette intransigeance, et elle est le plus pertinente et la plus efficace là où elle peut de manière très directe être en prise et en confrontation avec la norme, et espérer ainsi la transformer.

Nous continuerons à alerter, à dénoncer, à manifester, à désobéir, et de manière synchrone et complémentaire, nous contribuerons donc à une vague verte en mars 2020. Nous n’avons pas le luxe ni le temps de rejeter ou nier la dimension profondément politique du combat écologiste, ni de rejeter ou nier le volet institutionnel de la politique.

« Là où croit le péril croît aussi ce qui sauve », Holderlin. »

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Politique

Candace Owens à la convention de la Droite: le miroir inversé du «progressisme»

La jeune conservatrice américaine Candace Owens a été une invitée très appréciée lors de la Convention de la Droite. Elle est venue y prôner sa haine farouche du Socialisme et le nationalisme agressif de Donald Trump. Son populisme n’est qu’une réaction mécanique au « progressisme », comme un miroir inversé.

Candace Owens a été accueilli à la convention de la Droite sous un tonnerre d’applaudissements, présentée comme une « star américaine ». Elle est en effet une figure montante chez les conservateurs américains, de plus en plus mise en avant par Donald Trump lui-même.

Elle est surtout connue pour ses prises de position au sujet des afro-américains, qu’elle a évoquées lors de sa prise de parole à Paris. Son credo est le « Blexit », un jeu de mot en référence au Brexit signifiant « Black exit », pour « Black exit from the Democrat party » (sortie des noirs du Parti démocrate). C’est en fait, et surtout, un appel au nationalisme pour les afro-américains.

Son explication est toute simple, tout à fait populiste :

1/ le « progressisme » est une « prison mentale » pour les personnes noires, qui a pour but de « faire abandonner les droits individuels en faveurs du gouvernement » ;

2/ les oppressions sont « imaginaires » et fabriquées de toutes pièces, alors que le capitalisme est formidable pour tous les Américains, du moment qu’ils se replient sur eux-mêmes plutôt que de s’ouvrir au monde.

On ne rappellera jamais assez ici les dégâts immenses qu’ont causé les postmodernes, notamment aux États-Unis, en torpillant les questions démocratiques et les mouvements démocratiques de l’intérieur, avec des catalogues d’oppressions à la carte, extensibles à l’infinie de manière toujours plus irrationnelle.

Cela est insupportable et a favorisé l’expression populiste des conservateurs, qui n’ont plus qu’à dire l’inverse du « progressisme », afin de prétendre aller à l’encontre du « système ».

Voici le genre de propos qu’a tenu Candace Owens à la réunion de la Droite et de l’extrême-Droite française :

« « xénophobe » est maintenant le terme utilisé pour décrire les citoyens qui veulent savoir pourquoi nous priorisons les besoins des peuples étrangers à ceux des innombrables citoyens qui souffrent dans notre propre pays. »

« Et bien sûr, « raciste », (aujourd’hui l’injure préférée des journalistes), utilisée pour ceux qui, à juste titre, sont en colère contre le concept de frontières ouvertes, un concept qui aggraverait encore davantage le sort de nos minorités, déjà en difficulté, tout en punissant le contribuable américain.

Un concept que l’on développe au détriment des différences culturelles, au profit d’une idée imaginaire, utopique, relevant de la bien-pensance, selon laquelle nous serions tous les mêmes et pourrions parvenir à un accord planétaire magique sur la manière dont nous devrions être gouvernés. »

Elle a dit la même chose à propos du « sexisme » et on peut imaginer qu’elle a le même raisonnement pour toutes les questions démocratiques et sociales, conformément à ses idées de droite.

Quand elle critique un « accord planétaire magique », elle exprime exactement la même chose qu’Eric Zemmour à la même tribune, c’est-à-dire le refus de l’universalisme. Il ne faut pas être étonné d’ailleurs de voir que la campagne des conservateurs américains alignés derrière Donald Trump pour 2020, focalise déjà sur le spectre du Socialisme. C’est un thème historique pour la Droite américaine, tétanisée depuis toujours par l’idée même du Socialisme, ce totalitarisme universaliste.

C’est en fait une véritable obsession, à laquelle n’échappe pas Candace Owens. Elle a par exemple expliqué au sujet de la procédure de destitution contre Donald Trump :

« ils tentent de contester notre processus démocratique parce qu’ils sont des élitistes pourris qui se croient aptes à gouverner l’Amérique comme une oligarchie. Le rêve américain avait été compromis. Les états-unis étaient vendus, pièce par pièce, en faveur d’une vaste initiative mondialiste ».

La figure Candace Owens n’a donc rien de nouveau. Cela ne date pas d’aujourd’hui qu’il y a des afro-américains conservateurs, faisant partie de la bourgeoisie américaine ou aspirant à en faire partie. La série Le Prince de Bel-Air avec Will Smith traitait avec humour dans les années 1990 de cette question des bourgeois noirs niant la situation des noirs appartenant aux classes populaires.

Ce qui a changé par rapport aux années 1990 par contre, c’est que le capitalisme exige maintenant un repris national fort, pour tirer son épingle du jeu dans un contexte de crise mondiale menant tout droit à la guerre. La jeune conservatrice américaine, tout comme Marion Maréchal, ne représente que la nouvelle génération de ces gens pour qui le repli nationaliste est une bonne chose et qui demain assumeront ouvertement la guerre.

Elle est venue à Paris pour « favoriser la synergie » entre le « Make america great again » de Donald Trump et son équivalent français, exactement de la même manière que Marion Maréchal l’avait fait l’an dernier à la conférence des conservateurs américains (dont on a compris que la Conférence de la Droite devait être un équivalent français).

Ces jeunes femmes se considèrent fortes et portées par l’avenir, car elles ont en face d’elles des « leaders faibles », comme Justin Trudeau ou Emmanuel Macron, qui sont des « mondialistes ». Elles ne sont fortes que parce qu’en face le « progressisme » n’est qu’une pâle caricature bourgeoise des questions démocratiques initialement portées par la Gauche, dont elles n’ont qu’à dire l’inverse pour avoir un discours.

Elles ne feront par contre jamais le poids face à une véritable Gauche, emmenée par les classes populaires arborant de drapeau rouge de l’universalisme socialiste.

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Société

SUD éducation : «Minute de silence lundi en hommage à Chirac : l’indécence»

« Minute de silence lundi en hommage à Chirac : l’indécence

Compte tenu de l’actualité, les personnels auraient pu légitimement s’attendre à ce qu’une minute de silence soit observée à la mémoire de Christine Renon, directrice d’école à Pantin qui s’est suicidée sur son lieu de travail samedi 21 septembre. Il n’en sera rien.
En revanche, le Premier ministre n’a pas perdu de temps pour publier une circulaire dans laquelle il invite les personnels à observer une minute de silence en hommage à Jacques Chirac lundi à 15 heures.

La circulaire ne prévoit aucun caractère obligatoire à cette minute de silence : elle “permet” aux agent-e-s d’y participer.

Ne cédons pas à l’angélisme du moment : Jacques Chirac n’est pas le personnage sympathique que l’on veut nous présenter. C’est un homme politique aux nombreuses sorties publiques sexistes et racistes dont la carrière s’est bâtie notamment :

– sur d’innombrables malversations financières et de détournements d’argent public, qu’il s’agisse de logement social ou du système de corruption communément appelé la “Françafrique”. Il a d’ailleurs été condamné en justice pour prise illégale d’intérêt ;

– sur le sang des Kanaks : alors Premier Ministre, il porte la responsabilité directe de l’exécution par les forces armées françaises des militants Kanaks qui luttaient pour leur indépendance ;

– sur des essais nucléaires dans le Pacifique, dont les retombées sur la santé des peuples riverains ne sont toujours pas admises par le gouvernement.

Jacques Chirac était un homme dont la politique a toujours servi le capitalisme et les intérêts particuliers. Les salarié-e-s et la jeunesse lui ont opposé les deux plus grandes grèves de ces dernières années : en 2006, contre la « loi sur l’égalité des chances » (dont le contrat première embauche qui aurait précarisé encore un peu plus les jeunes), et en 1995 contre la casse du système de retraites que le gouvernement actuel ressort du placard.

Pour SUD éducation, il n’y a donc aucune bonne raison de rendre hommage à Jacques Chirac. SUD éducation appelle les personnels à ne pas respecter cette minute de silence, et rien ne peut les y contraindre. »

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Guerre

L’objectif de Marion Maréchal : une «révolution conservatrice» sur les décombres du «progressisme»

Marion Maréchal est une figure politique dans la lignée des Trump, Bolsonaro, Duterte, Poutine, Boris Johnson, Erdogan, etc. Elle sait que son heure viendra, car le repli du capitalisme sur sa base nationale est inéluctable pour la France également. La question est de savoir comment poser les éléments pour surgir de l’inévitable crise du « progressisme » d’Emmanuel Macron et de la Gauche post-moderne. C’est ce qu’elle a cherché à expliquer à la première convention de la Droite.

Si l’on regarde bien, Marion Maréchal a formulé trois axes fondamentaux pour la « révolution conservatrice » lors de la convention de la Droite. Il s’agit d’une véritable rupture avec le schéma traditionnellement conservateur-républicain, dont Jacques Chirac était par exemple un représentant.

Normalement, en effet, la Droite n’appelle pas à purger l’appareil d’État. Les seuls appelant à le faire est le PCF, qui appelle depuis les années 1960 à modifier le régime de l’intérieur. L’extrême-Droite authentique (donc pas vraiment Jean-Marie Le Pen) et les révolutionnaires de Gauche appellent directement à un changement de régime.

Or, Marion Maréchal appelle à la purge de l’appareil d’État :

« N’attendons pas que l’État nous sauve, actuellement il est phagocyté par une idéologie et des intérêts contraires à l’intérêt national. »

C’est l’équivalent de la ligne du PCF, mais inversé. Le PCF appelait à un Programme commun pour arracher l’appareil d’État aux monopoles, par l’unité populaire pour s’approprier par l’autogestion l’économie elle-même. Marion Maréchal appelle à une restructuration par en haut, par une Droite sur une ligne idéologique bien déterminée.

Le modèle n’est pas du tout le fascisme italien, ni le national-socialisme allemand, mais clairement la révolution conservatrice telle que théorisée en Allemagne, éventuellement l’austro-fascisme (mais il est trop directement sous dépendance cléricale), surtout le franquisme, historiquement une alliance des ultras-conservateurs avec une petite extrême-Droite mouvementiste et terroriste.

Le but de Marion Maréchal est ainsi de construire une Droite directement appuyée par tout un milieu, un véritable bastion implanté dans l’économie elle-même. Il ne s’agit pas de construire un mouvement populaire de l’extérieur des milieux capitalistes, puis de se vendre le plus tôt possible (et non pas, comme certains interprètent le fascisme italien ou le nationalisme-socialisme allemand, seulement à la fin).

Il s’agit de former un camp militant, offensif à tous les niveaux :

« Nous devons bâtir sur le roc, pas sur des coups médiatiques ! Par les idées, par les loyautés, les réseaux, des élus locaux, des soutiens financiers, culturels, intellectuels, par la confiance des entreprises. »

C’est extrêmement ambitieux, car seule une petite partie du capitalisme est favorable à une telle ligne dure. Seulement, les grandes entreprises sont ambitieuses à l’internationale et donc ouvertes à un tel projet. Et il suffit d’une crise approfondie se produisant pour que tout vacille et que le capitalisme se meuve vers une ligne dure.

> Lire également : «Convention de la Droite» le 28 septembre : l’affirmation d’un néogaullisme conquérant avec Marion Maréchal comme figure de proue

On l’aura compris : la clef, à l’arrière-plan, c’est l’armée. C’est elle qui traditionnellement impose les changements de régime. La Ve République est elle-même née d’un coup d’État militaire.

À la convention de la Droite, Marion Maréchal a souligné cette dimension essentielle de l’armée, combinée aux ambitions de la France :

« Il nous faut une armée de qualité, c’est la garantie de nos capacités diplomatiques. Nous sommes présents sur les cinq continents. »

Encore une fois, dans les conditions actuelles, tout cela semble bien vain. Le Monde et Libération sont contre, Le Figaro n’est pas pour, et le « progressisme » a le vent en poupe avec son libéralisme culturel se généralisant dans tous les domaines.

Mais ce qui est attendu, c’est le retour de bâton, qui ne peut être que virulent de la part d’une société qui va être écœurée d’elle-même. La victoire du « progressisme » sera son inéluctable défaite. Le miroir social sera tellement déformé que plus rien ne tiendra. En attendant ce moment, Marion Maréchal compte gagner en crédibilité et établir ses réseaux, pour agir très vite le cas échéant.

La Gauche sera-t-elle en mesure de faire face à un tel défi ?

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Politique

Rentrée de Génération-s : pourquoi s’étonner du manque de médiatisation?

Le mouvement Génération-s organisait sa rentrée ce week-end qui finissait par un débat avec quelques personnalités. Un bref communiqué a été produit dénonçant le fait que la télévision ne se soit pas intéressée à l’initiative, alors qu’elle a diffusé des directs de la convention de la Droite. C’est très révélateur de toute une attitude fonctionnant par en haut, avec des gens s’imaginant que la presse devrait forcément s’intéresser à eux, alors qu’ils ne représentent plus grand-chose.

Que les dirigeants des groupes de presse soient plus intéressés par le rassemblement de la Droite et de l’extrême-Droite que par le rassemblement d’une partie de la Gauche, c’est dans l’ordre des choses. La Gauche, par définition, doit se confronter à la bourgeoisie et à ses réseaux, en mettant en place ses propres réseaux, en opposant à la bourgeoisie l’expression démocratique des classes populaires.

Le communiqué du mouvement Génération-s pour résumer son week-end ne va pas vraiment dans ce sens. Il est même exemplaire d’une démarche inverse :

« Comment ne pas être frappés par le contraste absolu entre l’absence de caméras pour couvrir ce grand moment d’unité de la gauche, qui pour la première fois depuis des mois se retrouve dans toutes ses composantes, et la diffusion en continu sur certaines chaînes d’info des discours xénopobes et sexistes tenus par Zemmour, Lepen et tous leurs amis indentitaires lors de la « Convention de la Droite » qui n’était autre que la rentrée de l’extrême droite française. »

Le contraste justement, c’est que de leur côté la Droite et l’extrême-Droite ont une démarche politico-culturelle très identifiable, permise par une dynamique idéologique puissante depuis plusieurs années. C’est, pour résumer, le travail de fond des mouvements identitaires qui porte maintenant ses fruits.

Rien de tout cela à Gauche, bien au contraire. Pourquoi la presse s’intéresserait à des gens qui parlent d’unité à longueurs de temps, mais qui n’ont pas été capable de faire une liste commune aux Européennes il y a quelques mois, alors qu’ils disaient quasiment tous la même chose ? Il faut en dire autant des municipales, où seules les initiatives locales permettront éventuellement des démarches unitaires, alors que les organisations espèrent chacune tirer leur épingle du jeu ici et là, en formant des alliances de circonstance.

Le fait est que chacune de ces forces ne représente plus grand-chose électoralement et que leur addition est pour l’instant très peu palpable. Cela n’intéresse donc pas les médias, qui sont des entreprises et doivent vendre leurs informations, aussi orientées idéologiquement soient-elles.

La Droite et l’extrême-Droite ont travaillé leurs fondamentaux, étudiés leurs classiques, façonné un discours précis et tranchant en assumant un héritage. La Gauche présente au débat organisé par Génération-s fait de son côté tout l’inverse, en édulcorant toujours plus son discours, en s’éparpillant dans de multiples thèmes toujours plus éloignés des classes populaires comme la PMA pour toutes ou le soutien forcené à l’immigration, en n’assumant plus le Socialisme et la classe ouvrière.

Une vidéo de ce débat a été diffusée par Génération-s. On y voit à la fin Clémentine Autain s’offusquant de ne pas avoir la télévision venue l’écouter parler :

« Si j’ai bien regardé, il n’y a pas une seule caméra, il y a Mediapart et Politis, et pourtant il y a un plateau. Franchement, il y a un plateau ici, il se passe quelque-chose et il y a zéro. »

Mais quelle prétention ! Il faut vraiment être imbue de sa propre personnes pour tenir de tels propos. Elle ne s’est pas dit que peut-être, entendre Olivier Besancenot haranguer la salle en disant qu’il faut faire du syndicalisme ultra avec des « bourses du travail remastérisées », cela ne fait rêver personne. Peut-être que les médias se disent tout simplement que cela n’intéressera pas leur audience, qui ne vote déjà pas pour ce genre de discours usé et forcé.

La Gauche a surtout besoin d’une démarche non pas par en-haut, avec un « plateau » de personnalités mises en avant pour bricoler un contenu, mais par en-bas, avec un contenu depuis la base issue des classes populaires et ensuite porté par des personnalités se l’appropriant. Tout l’inverse de ce débat, en somme.

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Politique

Convention de la Droite : identitaires et Gauche post-moderne contre l’universalisme

Eric Zemmour, le polémiste aussi précis à l’oral qu’extrêmement mauvais à l’écrit, a assumé la position identitaire lors de la convention de la Droite hier. L’ennemi, c’est l’universalisme : « l’universalisme marchand » et « l’universalisme islamique ».

Maintenant, si on est à Gauche et qu’on a de la culture, alors on comprend une chose très simple : « l’universalisme marchand » + « l’universalisme islamique » = le Socialisme. Car le Socialisme, c’est d’un côté une économie si riche qu’elle a universalisé les rapports entre les gens et de l’autre un régime politique hyper normé et réglé.

L’Islam n’est ainsi qu’une caricature communautaire et spiritualiste du Socialisme. Son succès n’est qu’une déviation temporaire, un accident historique de l’affirmation du seul universalisme possible : le Socialisme à l’échelle planétaire.

C’est de cela dont a peur Eric Zemmour, qui prône par conséquent les identités contre l’universalisme. La Gauche post-moderne fait de même, en prônant non pas les identités, mais les individus. Les deux discours se nourrissent l’un de l’autre, en cherchant à mettre le Socialisme sur la touche. Et ils y sont parvenus. Mais plus pour longtemps.

En effet, le capitalisme se mange lui-même et les tendances militaristes se renforcent comme jamais. Les gens vont être de plus en plus mécontents de toutes façons d’une société toujours plus dérégulée et aux salaires toujours plus bas pour la grande majorité. Il va donc y avoir un basculement.

Un tel basculement ne se fera jamais dans le camp du libéralisme, tant économique que culturel. Les gens ne comptent nullement « déconstruire » la civilisation, seule une infime minorité, avant-garde de l’ultra-capitalisme, est favorable à cela. Il se fera donc vers la Droite, d’où d’ailleurs la Convention de la Droite, qui vise à préparer les modalités de ce basculement.

> Lire également : «Convention de la Droite» le 28 septembre : l’affirmation d’un néogaullisme conquérant avec Marion Maréchal comme figure de proue

La Gauche, pour faire face à ce défi, doit écraser les variantes post-modernes, post-industrielles, post-nationales, pour qui le capitalisme n’existe pas et pour qui la conquête des « droits individuels » est l’alpha et l’oméga de l’intervention sociale. Tant qu’il y aura les bobos et des gens niant l’existence des hommes et des femmes pour pourrir la Gauche aux yeux du peuple, tout sera plombé.

Ce vaste ménage à faire n’est pas gagné du tout : le libéralisme culturel, depuis la promotion de l’art contemporain totalement méprisé par le peuple jusqu’à la PMA pour toutes, voire la GPA, a corrompu à un tel point qu’il est pratiquement entièrement hégémonique. Il faudrait les ouvriers pour balayer cela. Seulement voilà, les ouvriers, quand ils s’expriment, sont souvent happés par la démagogie nationaliste.

Tout cela demande donc du temps, sauf que le temps on ne l’a pas. Dans tous les pays, le curseur est à la bataille pour le repartage du monde et sur le ring on a déjà les Trump, Xi Ping, Bolsonaro, Duterte, Poutine, etc. Tout va donc se jouer dans les prochaines années, en comptant qui plus est qu’une fois les délires post-industriels écrasés, il faudra faire face à un ennemi historique d’une autre envergure : le nationalisme, le militarisme, le Fascisme, dont la convention de la Droite hier était une étape importante de la structuration en France.

C’est un sacré défi propre à paralyser les esprits lâches, les âmes endormies par leur confort matériel. Mais il a de quoi galvaniser ceux qui savent que l’Histoire a un sens.

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Le discours ouvertement post-moderne de Raphaël Enthoven à la convention de la Droite

Le « philosophe » Raphaël Enthoven a été invité à la convention de la Droite pour faire le spectacle. Cela n’a pas raté. Son discours a été un manifeste post-moderne où il a expliqué que la conquête des « droits individuels » tel la GPA sont inéluctables et qu’aucun retour en arrière ne sera jamais possible. Évidemment, il a appuyé son raisonnement en expliquant que l’opposition Gauche/Droite était également caduque.

Voici les principaux extraits du discours de Raphaël Enthoven à la convention de la Droite. Il est frappant qu’il ne s’est pas dit de gauche, qu’il n’a pas levé le drapeau de l’antifascisme. Il s’est contenté de dire que le libéralisme triomphera sur tous les plans. On comprend qu’il ait été invité !

« Ce qu’il est essentiel de comprendre, c’est que le clivage libéral / souverainiste, apparu en 1992, s’est affermi en 2005, et s’est définitivement installé dans le pays en 2017, avec la victoire d’Emmanuel Macron – qui n’est pas une victoire de la gauche, mais une victoire du libéralisme.

Pour le dire simplement: la question aujourd’hui – l’alternative – n’est plus «suis-je de gauche ou suis-je de droite?» mais «ai-je intérêt à m’ouvrir au monde ou bien à me replier sur mon pré carré?» (et dans cette nouvelle répartition, on trouve des deux côtés de l’alternative autant de gens de gauche, que de gens de droite) (…).

En vous agrippant à la droite comme le PS s’agrippe à la gauche, vous vous condamnez au parasitisme politique (et à l’indécision sur la question européenne) (…).

Le retour en arrière ne fait pas un avenir.

La restauration n’est pas un plat de résistance.

Le sentiment que tout s’est perdu, l’exhumation idéale de valeurs égarées dans le tourbillon de nos mœurs décadentes… Tout cela ne rassemble que des craintifs. Qui sont nombreux. Mais qui le sont de moins en moins. Et qui vieillissent.

La «défense de la vie» ou de «l’ordre naturel» dans un univers d’IVG, de PMA pour toutes, de GPA possible, de mariage gay, de légalisation du cannabis voire de la prostitution (on peut toujours rêver) ne sert qu’à consoler les gens qui ont le sentiment de s’y noyer.

Il ne faut pas s’y tromper: ce que vous êtes en train de construire n’est pas un paquebot. Du tout. C’est le radeau de la méduse! Ou l’arche de Noé si vous voulez, peu importe. Ce que je veux dire, c’est que c’est un bateau sans moteur (…).

Mais je parle de l’efficacité de vos valeurs dans un pays qui, majoritairement, leur tourne le dos. Car (et c’est la troisième raison pour laquelle, à mon avis, ce que vous faites ne marchera pas) la société elle-même est incurablement libérale.

On ne revient pas sur une liberté supplémentaire.

Comme elle est majoritairement attachée au droit de disposer de son corps.

Je n’entre pas ici dans le débat sur ces questions. Si vous me réinvitez un jour, on parlera ensemble de la PMA, de la GPA, de la peine de mort, du mariage pour tous, de l’IVG, de l’euthanasie, du porno, du cannabis… De ce que vous voulez.

Mais ça n’est pas mon sujet aujourd’hui.

Ce que je veux vous dire, c’est que ces mouvements-là sont irréversibles (…).

C’est la raison pour laquelle on peut parfaitement appliquer la seconde loi de la thermodynamique au cas des libertés supplémentaires: aucun retour en arrière n’est possible!

Vous pouvez le souhaiter tant que vous voulez. Et même vous satisfaire de le souhaiter. Faites-vous plaisir! Mais revenir sur l’IVG? La PMA? La GPA (si elle entre dans la loi)? La peine de mort? C’est aussi improbable que de retrouver un œuf intact en détournant une mayonnaise.

Et pour cette raison, paradoxalement, votre conservatisme est, à mes yeux, une bénédiction… Ne commencez pas à devenir progressistes, s’il vous plaît!

Continuez de croire qu’on peut prendre le pouvoir en France au XXI siècle en estimant que les enfants sans père ne devraient pas exister ou (pour certains d’entre vous) que l’IVG est un assassinat (…).

En vérité, je vous le dis (et je ne vous le dis que parce que je ne crains pas de vous faire changer d’avis en vous le disant): vous êtes beaucoup trop réacs pour gagner quoi que ce soit! Vous préférez le Bien (c’est-à-dire l’idée que vous en avez) à la liberté collective (…).

La nature n’est pas une norme. Son fonctionnement n’est pas une intention.

J’en veux pour preuve qu’on trouve la même proportion de crapules, d’incestes et de toxicomanes chez les enfants issus de familles dites «traditionnelles» que chez les enfants de couples homosexuels…

Si la famille traditionnelle protégeait de quoi que ce soit, ce serait parfait. Mais vous n’en faites un rempart que parce que vous en faites une valeur absolue, et qu’à ce titre vous déniez aux autres un mode de vie qui, en lui-même, ne produit pas plus de vices que le vôtre (pas moins non plus) (…).

Parce que vos credo sont désuets, parce que votre projet n’est qu’un rejet, parce que votre patriotisme est un communautarisme, que vos principes sont des fictions et parce que vous auriez l’impression de vous perdre si vous changiez d’avis, ce que vous espérez ne marchera pas… Et je suis bien obligé de reconnaître que, contrairement à ce que j’ai dit d’abord pour justifier ma participation à cette convention, votre projet politique ne m’inquiète pas du tout, car il se prive lui-même, tout seul, de l’ensemble des moyens d’action nécessaires à la conquête du pouvoir. »

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Politique

PMA pour toutes : la Gauche post-moderne en rêvait, la Droite l’a fait

La négation de la réalité matérielle est de rigueur pour une société de consommation pour qui tout doit relever d’un choix individuel. L’existence nécessaire d’un homme pour la reproduction se transforme donc en un choix de consommation épaulé par les nouvelles technologies. La Gauche post-moderne, post-industrielle est ravie de cet élargissement des droits individuels, montrant qu’elle n’a été que l’avant-garde de l’ultra-libéralisme.

La procréation médicalement assistée (PMA) accessible à toutes les femmes a désormais le soutien de l’Assemblée nationale, avec peu de présents : 55 députés ont voté pour, 17 contre et 3 se sont abstenus. C’est qu’il vaut mieux ne pas être forcément là pour une thématique littéralement explosive, dont la société française n’a pas encore compris les enjeux.

D’ailleurs, sa validation juridique définitive devrait avoir lieu juste avant l’été, histoire de faire passer la pilule à une société française censée découvrir au fur et à mesure les « vertus » de l’ultra-libéralisme.

La France ne fait d’ailleurs que rejoindre la tendance libérale générale, puisque la PMA pour toutes est déjà légale en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-uni, en Irlande, au Portugal, en Espagne, au Luxembourg, au Danemark, en Suède et en Finlande. De nombreux autres pays le permettent aux couples de femmes mais pas aux femmes seules, ou inversement.

Les deux prochaines étapes sont à ce titre évidentes. Il y aura d’abord la GPA (les « mères porteuses »), qui s’imposera d’elle-même une fois la digue de la PMA rompue. Cela sera considéré comme un droit de plus pour les couples d’hommes homosexuels, même si on l’a compris cela servira également à des femmes aisées.

Dans tous les cas, il y aura déjà – il y a déjà en partie – la reconnaissance des GPA effectuées à l’étranger. Une fois que la pratique sera bien établie, il y aura une reconnaissance générale.

Ensuite, il y aura la PMA pour les femmes devenues des « hommes » – dans le libéralisme généralisé il n’y a en effet plus de normes. Les députés LRM Raphaël Gérard et Laurence Vanceunebrock-Mialon ainsi que le député La France Insoumise Bastien Lachaud ont pour cette raison prôné la PMA non pas pour toutes les femmes, mais pour toutes les personnes ayant un « appareil reproducteur féminin ».

Mattel vient de sortir, conformément à cette idéologie, des Barbies « neutres sur le plan du genre ». L’ultra-libéralisme est la négation de l’universel : il n’y a plus ni humanité, ni classe, ni nation, ni rien de général. Il n’y a plus que des individus, tous irréductiblement différents. La réforme du Bac commençant cette année va en ce sens : chaque lycéen « choisit » ses matières, il passe son propre bac.

C’est, si l’on veut, une américanisation de la société, au sens d’une atomisation générale de la société. Et même en politique ! L’alliance future entre la Droite et l’extrême-Droite va ressembler à l’assemblage que sont les Républicains aux États-Unis, tandis qu’Emmanuel Macron et la Gauche post-moderne vont ressembler aux Démocrates.

Tant les Républicains que les Démocrates sont un rassemblement de multiples courants, tendances, factions, chacune cédant la prééminence à celle plus forte dans toute une série d’étapes. Emmanuel Macron se dit qu’à ce jeu, il sera forcément gagnant vu qu’il prend la Gauche en général en otage et que sur le plan des valeurs, il a la Gauche post-moderne avec lui.

Il procédera ainsi à une ouverture prononcée vers le cannabis, pour la même raison. Il y a un marché, il le soutient. Il appuie les chasseurs pour la même raison : il y a un marché, un lobby, il y a donc alliance. C’est tout à fait à l’américaine : on est plus dans la politique, mais dans la communauté d’intérêts.

Seule une Gauche éminemment politique peut contrecarrer cette tendance. Seule une Gauche s’assumant telle quelle, levant ouvertement son drapeau – rouge par définition, et uniquement rouge – peut mettre en branle les ouvriers, seule force vierge d’un degré de corruption gigantesque dans le domaine des mœurs.

On assiste très clairement à la fin de la civilisation – à la Gauche de faire en sorte que ce soit uniquement la civilisation capitaliste qui s’effondre et que les acquis de la civilisation soient préservés et amenés à un niveau de développement supérieur.

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Écologie

Rouen : appel au rassemblement de la population mardi 1er octobre

L’ambiance a été particulièrement étrange à Rouen hier, malgré la communication gouvernementale visant à rassurer la population. L’odeur est insupportable dans l’agglomération qui est largement polluée par les retombées de l’incendie et les questionnements se font de plus en plus précis et nombreux. L’inquiétude est généralisée, alors que la confiance dans les autorités est très faible.

Un appel au rassemblement de la population mardi 1er octobre a été communiqué par Youth for climate – Rouen et signé par quelques organisations :

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Écologie

Incendie industriel à Rouen : les habitants n’ont pas confiance dans les autorités

Un gigantesque incendie industriel s’est déclaré dans la nuit de mercredi à jeudi à Rouen, déversant des pluies d’hydrocarbure et une forte odeur dans toute l’agglomération. La Préfecture a annoncé qu’il n’y a pas de « toxicité aiguë », mais les habitants n’ont pas confiance.

L’incendie s’est déclaré au milieu de la nuit du 25 au 26 septembre 2019 sur le site de l’usine Lubrizol dans une zone industrielle de Rouen. L’usine qui produit des additifs pour lubrifiants et carburants est classée SEVESO seuil haut. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un bâtiment considéré comme à haut risque, soumis à de nombreuses autorisations et vérifications, au point qu’on se demande comment un incendie y est possible. Malgré un précédant accident grave en janvier 2013, l’entreprise était d’après le préfet aux normes réglementaires.

Les pompiers, qui étaient plus de 200, n’ont pu maîtriser les flammes qu’en milieu de journée, plusieurs heures après le début du sinistre. Au plus fort, le panache de fumée a été long de 22km, pour 6km de large, ce qui est absolument gigantesque. Le nuage visible à des kilomètres à la ronde était terrifiant, très noir et très dense.

La première alarme dans la ville n’a pourtant retentit que vers 7h45 le matin, alors que l’incendie avait cours depuis plusieurs heures et que d’imposantes explosions s’étaient produites. Aucune information de confinement n’a pu être diffusée massivement dans la matinée, au point que certains établissements scolaires étaient dans le flou en attendant les consignes jusqu’à relativement tard dans le début de matinée.

Même les ouvriers venus prendre leur service à 5h du matin n’étaient pas au courant de l’incendie qui avait court depuis 2h40 du matin.

Il y a vraiment de quoi s’inquiéter de l’irresponsabilité des autorités quand on voit qu’un tel incendie sur un site classé à haut-risque ne produit quasiment aucune réaction immédiate, qu’il n’y a aucun plan d’information et de confinement massif et rapide qui est prévu. Il y a pourtant plusieurs autre usines du genre à Rouen, en pleine agglomération.

Les écoles ont finalement été fermées et les quelques élèves accueillis ont été confinés. Elles ne rouvriront que la semaine prochaine. Tel n’est pas le cas pour les autres établissements scolaires, collèges, lycées et les sites de l’université, qui rouvrent dès aujourd’hui (vendredi). La préfecture a fait savoir qu’il n’y a aucun danger, conseillant aux habitants de « reprendre une vie normale », excepté pour les personnes fragiles. Il est expliqué qu’après des premières analyses, il n’y a pas d’hydrogène sulfuré et de traces d’oxyde de soufre et d’azote, ce qui signifierait qu’il n’y a « aucune toxicité aigüe », sous-entendu rien de grave.

C’est difficile à croire. On se demande d’ailleurs pourquoi un tel établissement est classé SEVESO, avec toutes les difficultés que cela engendre, si finalement un gigantesque incendie en son sein est insignifiant. Ce n’est pas comme s’il y avait eu des dizaines de pompiers présents sur place, qui aurait pu contenir l’incendie dès les premières minutes.

On voit bien sur les images filmées sur place dans la nuit que les pompiers étaient au début peu nombreux et semblaient débordés par la situation, alors que des explosions retentissaient, comme par exemple sur cette vidéo diffusée par le site régional de France 3 :

Tout au long de la journée, les habitants de l’agglomération et des campagnes situées dans la direction de l’immense nuage ont subit une odeur très forte, ainsi que des traces d’hydrocarbures se répandant un peu partout.

Les images largement partagées sur les réseaux sociaux sont très impressionnantes et très inquiétantes, cela laisse imaginer ce qui a pu et peut être encore respiré dans l’air :

Malgré l’absence d’une consigne générale de confinement, la vie de l’agglomération a tournée au ralenti hier, avec quasiment personne dans les transports et les lieux habituellement fréquentés. Les habitants n’ont aucune confiance dans les autorités et leur prétention à les rassurer. Les réactions de défiance sont largement partagées par la population qui exige et va exiger de nombreuses réponses.

Cet accident montre à quel point le déficit démocratique est important en France, où tout est fait pour servir le capitalisme qui impose son rythme et ses risques à tout le monde, qui n’a pas de considérations pour la collectivité et l’environnement.

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Politique

Jacques Chirac : un horrible bonhomme

Jacques Chirac est décédé ce jeudi 26 septembre 2019. Il a été la grande figure de la Droite populaire : beauf et ultra-moderne dans son soutien au complexe militaro-industriel, hyper machiavélique dans son parcours politique et simpliste jusqu’à être affable. Ce Président de la République a été l’homme de la « bonne bouffe » à la vulgarité sexiste proverbiale au chevet d’une France nombriliste s’imaginant donner des leçons au monde, tout en pourrissant sur pied.

Il est des transmissions qui sont des mystères qui nous dépassent : Emmanuel Macron a été lyrique quant à la figure de Jacques Chirac, annonçant suite à son décès un jour de deuil national. Jacques Chirac aurait aimé les Français comme les Français l’auraient aimé, il aurait été une figure politique mondiale, un fin connaisseur des arts et des artistes, capable de parler aux hommes du peuple comme aux capitaines d’industrie.

Il aurait aimé la France plus que tout, fait une haute carrière politique sans jamais oublier ses « racines ». Même le Parti socialiste a salué l’homme du terroir qu’a été Chirac !

Une belle légende nationale autour d’un homme véritablement méprisé par la Gauche pendant des décennies, jusqu’à ce que les Guignols de l’info le caricaturent de manière sympathique et lui confère l’image apolitique d’un homme rond sur tous les plans, mais capable de coups de gueule à la française, voire même de panache.

Souvent reviennent d’ailleurs les références au fait qu’il a refusé de soutenir le plan américain d’invasion de l’Irak sans l’ONU en 2003, ou lorsqu’il bouscule la sécurité israélienne lors d’un bain de foule à Jérusalem, les menaçant de reprendre l’avion s’ils continuaient à le coller de trop près. Cela plaît évidemment à ceux qui aiment les rodomontades et l’arrogance à la française, ainsi que le « jeu » impérialiste très particulier de la France à l’internationale.

Mais le fait est que la Gauche ne doit avoir qu’un seul regret : que la principale figure de la Droite n’ait pas terminé en prison. Non pas tant pour ses multiples affaires – il a même été condamné, c’est dire – que pour avoir été l’un des ennemis majeurs de la cause populaire, l’un des grands obstacles à l’affirmation du Socialisme.

Car Jacques Chirac, c’est avant tout la Droite populaire, c’est-à-dire une droite portée par la bourgeoisie traditionnelle mais capable de profiter d’un véritable soutien dans le peuple, jusqu’aux ouvriers. Jacques Chirac, c’est la tête de veau comme repas, c’est l’idéologie beauf avec une telle proportion, un tel élargissement, que même le prolo de base parvient à voter à Droite en trouvant cela très bien.

Il est d’ailleurs tout à fait évident que Jacques Chirac ne rentrera nullement dans l’Histoire, mais restera une figure insignifiante de la politique française du XXe siècle. On a déjà oublié Valéry Giscard d’Estaing, autrement plus brillant et moderniste, on en oubliera que d’autant plus un carriériste dont la principale qualité aura été de savoir serrer les mains et de faire le guignol au salon de l’agriculture.

Il est vrai que les Français aiment caresser dans leur esprit l’idée que les arrivistes au pouvoir sont tout de même brillants malgré leur dimension caricaturale, qu’ils portent le pays malgré tout à des horizons de succès illuminant le monde entier. Allons donc ! C’est toute la conception de la Ve République fondée sur le Président, ce « roi élu » pour sauver le peuple tous les sept et désormais cinq ans, qui se montre ici une fable, une fantasmagorie même.

Rien que pour son propos « À nos chevaux, à nos femmes, à ceux qui les montent », Jacques Chirac méritait le plus grand mépris. Il ne restera pas dans les mémoires et le respect, le vrai respect, se mérite bien autrement !

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Société

Extension de la PMA : l’absence d’une opposition de gauche à l’Assemblée nationale

Le débat parlementaire sur le projet de loi bioéthique est très intense, avec pas moins de 587 amendements déposés sur l’article premier concernant l’extension de la PMA. Au lieu d’être à l’avant-garde de l’opposition, la « Gauche » représentée à l’hémicycle se fait l’accompagnatrice forcenée du libéralisme – ce sont d’autres forces qui, malheureusement, s’accaparent et détournent les valeurs qu’elle devrait porter.

Ce sont surtout la Droite et l’extrême-Droite qui mènent l’opposition à l’extension de la PMA. C’est là quelque-chose de terrible car cela renforce leur hégémonie culturelle sur la société française et leur apparente crédibilité aux yeux des classes populaires.

Il ne faut pas être dupe ici : si beaucoup de Français n’étaient jusque-là pas opposés à l’extension de la PMA, car ils sont très perméables au libéralisme, ce n’était pas pour autant un soutien engagé. Mais quand on rentre au cœur du sujet, quand les vraies questions sont posées, alors les arguments contre la PMA touchent largement la population et tout le monde le sait.

Marine Le Pen s’en donne donc ici à cœur joie pour apparaître démocratique, s’accaparant la morale populaire, rappelant des choses fondamentales : « on ne peut pas naître de deux mères » et le projet de loi revient à « mettre en place un mensonge légal » en faisant croire qu’il n’y a plus de père.

La députée RN se paye même le luxe de préciser qu’elle pense que deux femmes peuvent très bien élever un enfant, ainsi que deux hommes – il faudrait effectivement être très réactionnaire et pétris de certitudes conservatrices pour penser l’inverse.

On a dans le même genre les propos du député Joachim Son-Forget, une personnalité très complexe, brillante mais tourmentée, qui penche vers la Droite. Rappelant avoir apprécié le discours de Marine Le Pen soutenant « l’intérêt premier de l’enfant », il explique alors :

« Les faits sont tenaces. Je ne peux pas entendre que la biologie n’existe pas et que seul l’environnement compte. Je sais que j’ai les yeux bridés, que j’ai une couleur de peau qui fait que quand je croise des Coréens, ils me reconnaissent, étant d’origine coréenne.

Je sais qu’au fond de moi, je suis probablement un bon Haut-marnais, bien de ma campagne haut-marnaise. C’est tout cela qui cohabite en moi. Donc, on ne saurait nier l’un, pour accepter l’autre. Les faits sont vraiment tenaces. »

C’est la même rengaine anti-PMA du côté de la Droite traditionnelle, qui explique en long, en large et en travers en quoi tout cela mène évidemment à l’autorisation de la GPA. Le député LR Arnaud Viala a par exemple reproché au gouvernement et à la majorité de « mentir aux Français », tellement le projet de loi porte en lui « une ouverture presque immédiate » de la GPA.

Rien de tout cela chez les députés liés à la fausse Gauche, celle qui est post-industrielle et post-moderne, qui a pour seul horizon d’accompagner le libéralisme prenant le masque du « progrès » et des « droits ». Des socialistes ont même déposé des amendements réclamant l’autorisation de la PMA post-mortem, alors que le PS a de son côté produit un communiqué pour dénoncer les opposants :

« Celles et ceux qui s’opposent à ce texte continuent malheureusement d’ignorer les familles homoparentales qui vivent dans notre pays et de s’opposer aux droits des femmes. »

Il y a même des fous furieux qui veulent pousser encore plus loin le projet en prônant l’ouverture de la PMA à des soi-disant « hommes transgenres ». Cela aboutirait donc à ce que des personnes ayant voulu être identifiée comme « homme » à l’état civil deviennent… mère !

On nage en plein délire, mais c’est pourtant très sérieusement que cela a été discuté en commission, sous la présidence de l’ancien socialiste Jean-Louis Touraine. Il y a également des propositions de fécondation in vitro dite ROPA, c’est-à-dire le fait de féconder l’ovocyte d’une des femmes d’un couple lesbien puis de faire porter l’enfant à l’autre femme, histoire de faire comme s’il y avait vraiment « deux mamans »…

Ironie du sort, c’est du côté de La République en marche qu’il faut se tourner pour trouver un propos sérieux ayant un minimum de dimension. Ou plutôt, ex-LREM, car la députée Agnès Thill a été exclue du mouvement en juin suite à ses prises de positions allant «  à l’encontre de la Charte et des valeurs inclusives du Mouvement ».

On notera ici qu’avant d’atterrir chez Emmanuel Macron, elle a été membre du Parti socialiste dans les années 1980 et qu’elle est fille d’ouvrier. Ce qu’elle dit dans l’extrait ci-dessous, c’est exactement le genre de propos que devraient avoir des députés vraiment à Gauche, pour s’opposer à l’extension de la PMA :

« Votre loi, Madame la Ministre, est criminelle. C’est souffrance contre souffrance. Il ne faudra pas dire « cette France-là a été humiliée ». Votre loi, c’est s’offrir un être humain. On ne s’offre pas un être humain, Madame la Ministre. Un être humain n’est ni un objet, ni un projet, ni une promesse de campagne.

Loin d’abolir les inégalités, votre loi les aggrave. Votre loi soulève des questions de marchandisation du vivant, d’eugénisme, de sélection, le dévoiement du sens de la médecine et la voie du design de l’enfant parfait « comme nous le voulons » que vous déverrouillez. Au delà des bornes, il n’y a plus de bornes.

Ce n’est pas le droit qui refuse un enfant à ces femmes, c’est la biologie. Il n’y a ni discrimination, ni inégalité et vous le savez très bien. L’affirmer à longueur de média c’est mentir et manipuler l’opinion. La liberté si fièrement revendiquée n’est qu’une liberté de consommateurs. Des Français accèdent au hard-discount reproductif, qu’il faudra reconnaître en France.

Si la PMA, la congélation ovocytaire, le DPI, la recherche sur embryon, si tout cela existe, c’est aussi parce qu’elle enrichit médecins, généticiens, biologistes, patrons de start-up, juristes, avocats, banquiers en sperme et en ovule. Et vous faites semblant de ne pas le voir !

Aidez l’autre, voyez-vous, et vous le savez, c’est l’aider à accompagner ses limites. C’est l’aider à accepter ses limites et vivre avec. Ce n’est pas dépasser le possible humain. On ne peut décemment pas destituer la figure paternelle au motif que des nouvelles familles apparaissent. »

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Écologie

Enfin, il pleut ! (Mais pas assez)

Il pleut depuis quelques jours sur une grande partie de la France. C’est une bonne nouvelle et on espère que les pluies vont persister, car le pays connaît une situation de sécheresse extrêmement préoccupante pour les nappes phréatiques.

Enfin, il pleut ! Mais cela n’est pas encore suffisant. Un département comme l’Indre-et-Loire a connu avant cette semaine près de 80 jours sans précipitations significatives (plus de 1 mm par jour). Il n’avait pas plu à Paris depuis le 18 août 2018, ce qui fait une longue période de plus d’un mois, faisant suite à une autre longue période sans précipitation entre le 21 juin et le 17 juillet 2019.

Le pays connaît une situation de sécheresse météorologique, aggravée par un pic de chaleur début septembre, alors que le mois de juillet a été le plus chaud jamais mesuré. La plupart des départements ont mis en place des restrictions d’eau. Sur le site gouvernemental Propluvia, qui recense les arrêtés de restrictions d’eau, on dénombre une quarantaine de départements connaissant une situation de crise pour les nappes phréatiques.

Voici ce que signifie une situation de crise :

« Arrêt des prélèvements non prioritaires y compris des prélèvements à des fins agricoles. Seuls les prélèvements permettant d’assurer l’exercice des usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité) »

Voici la carte, pour le moins impressionnante (26 septembre 2019) :

(Le rouge signifie crise, le orange signifie alerte renforcée, le jaune signifie alerte et le gris signifie vigilance)

Les habitants de ces départements ne connaissent en général pas ces restrictions en cours et continuent leurs prélèvements habituels. Il y a là une terrible défaillance de la part des autorités, qui négligent dangereusement le problème alors que l’eau potable représente 25 % de la consommation (même si cette consommation ne vient pas forcément des nappes phréatiques). Seuls les entreprises et les agriculteurs sont au fait de ces restrictions, car ils sont les plus directement concernés.

La situation devrait néanmoins intéresser tout le monde, car c’est de la biosphère qu’il s’agit et pas seulement du business agro-industriel très gourmand en eau. Cela d’autant plus que le réchauffement climatique produit par les activités humaines est en cause.

La sécheresse actuelle est d’autant plus prononcée que l’automne et l’hiver derniers avaient connu un déficit pluviométrique, que les pluies du printemps 2019 n’ont pas permis de compenser. D’après les données communiquées par la presse récemment, 73% des nappes phréatiques ont actuellement un niveau inférieur à la normale.

La situation des nappes phréatiques est particulièrement préoccupante dans les régions du nord-est et du centre-est, avec parfois des niveaux « peu satisfaisants, bas à très bas » dans le sud de l’Alsace, la Bourgogne, l’Auvergne-Rhône-Alpes ou le sud de Centre-Val-de-Loire. Seules les nappes phréatiques de la Corse, du sud de la Vendée et du bassin de l’Adour ont des niveaux qui ne sont pas bas ou modérément bas.

S’il faut donc se réjouir du fait qu’il pleuve actuellement sur une grande partie du pays, cela est loin d’être suffisant. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a expliqué à la presse que ces pluies seront certainement captées par la végétation, car très fines. À moins qu’elles ne proviennent d’orages, donc localisées et intenses, ce qui est favorable au ruissellement plutôt qu’à l’infiltration jusqu’aux nappes.

Les prévisions sont donc mauvaises, il est considéré que la baisse du niveau des nappes devrait se poursuivre. Celles-ci sont pourtant primordiales, non-seulement comme réserves d’eau, mais aussi parce qu’elles ne sont pas isolées du cycle de l’eau et qu’elles communiquent avec les milieux aquatiques de surface, formant des interactions indispensables à la biosphère dans son ensemble.

Voici une petite vidéo montrant le fonctionnement des nappes phréatiques :

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Écologie

Greta Thunberg ne fait pas le poids

On touche aux limites d’une mise en scène infantile avec Greta Thunberg, où la cause climatique a été transformée en molles protestations adolescentes contre « la fin du monde ». Des limites qui tiennent à une écologie qui prétend qu’il faut moins produire, alors qu’en réalité il faut davantage produire.

Nous vivons dans un monde « fini » où la croissance infinie est impossible : tel est le leitmotiv larmoyant de couches sociales aisées profitant du système capitaliste et craignant que les grandes entreprises amènent le tout à s’effondrer.

C’est un discours régressif, prônant le retour en arrière. Il va du discours anti-science des religions au discours anti-productiviste des zadistes, anarchistes et fascistes se faisant concurrence pour se présenter comme les meilleurs représentants d’une petite production censée être à la fois saine, raisonnable et équilibrée, adaptée aux besoins du monde.

Greta Thunberg se rapproche de plus en plus de ce discours, car il faut bien qu’elle dise quelque chose. Elle était à New York au sommet de l’ONU durant lequel elle a parlé à Angela Merkel et regardé méchamment Donald Trump, tout en tenant un discours comme quoi elle devrait être à l’école de l’autre côté de l’océan au lieu d’avoir à exiger que les adultes se bougent.

Elle a protesté contre la croissance économique, qui serait la grande folie des adultes et qui priverait les jeunes d’un avenir plein de certitudes agréables.

C’est là à la fois vain et contradictoire. Vain, car ce n’est pas le théâtre qui change le monde. Greta Thunberg risque ici de payer humainement le pétrin dans lequel l’ont mis des adultes irresponsables, ses parents en premier. Si elle croit vraiment qu’elle joue un véritable rôle historique, la désillusion ne va en être que plus grande. C’est inhumain.

Contradictoire, car la situation actuelle, dans ses aspects positifs et négatifs, est issu de la production, de son élargissement, d’une croissance économique impliquant davantage de moyens, davantage de culture, davantage d’envergure. Critiquer le capitalisme alors qu’on en est le produit, cela n’a pas de sens.

Ce qu’il faut dire, en réalité, c’est qu’il faut aller de l’avant, et non pas ralentir l’économie ou aller dans le passé. Il faut davantage de centralisation, de monopoles, de grandes entreprises, avec encore plus de moyens. Et tout cela doit appartenir au peuple, qui doit également gérer l’ensemble, en dirigeant le tout dans une bonne direction.

Nous avons besoin de bien plus de production, par exemple de Canadair pour éteindre les feux de forêt en Amazonie, de drones avec des missiles pour anéantir les braconniers en Afrique, de robots pour aller coloniser l’espace et permettre la diffusion de la vie, de plus de mécanisation, de robotisation pour que le travail devienne plus aisé, plus productif, qu’on se débarrasse de tous ses éléments aliénants et oppressants.

Tout cela, c’est la Gauche qui l’a historiquement affirmé, c’est le drapeau rouge de l’utopie. Greta Thunberg s’imagine bien au-delà de tout cela. Venant d’un milieu aisé et étant autiste, elle n’a pas de mise en perspective concrète de la réalité, elle vit dans l’idéalisme.

Cela en fait quelqu’un de sympathique. Mais pourquoi sympathiser avec telle suédoise végane et pas une autre ? Cela fait trente ans que la Suède produit de telles adolescentes, conscientes et engagées, il est vrai dans un cadre alternatif, à l’opposé de Greta Thunberg. C’est pour cela qu’elle passe très bien dans les médias : avec elle on sait à quoi s’attendre. Le cadre est posé, on en sortira pas.

Elle ne fait donc pas le poids. À moins de croire en les « grands Hommes » et en les génies – ce qui est antidémocratique, antipopulaire, il n’y a aucune raison de dire que l’activité de Greta Thunberg est juste, elle qui n’a ni idées, ni solution, ni théorie, ni vision du monde.

Elle n’empêche pas les choses de tourner en rond, car derrière le battage médiatique, tout continue comme avant. C’est en ce sens que cela risque d’être dramatique pour cette adolescente : lorsqu’elle s’apercevra que tout ce qu’elle a fait est vanité, le choc n’en saura que plus dur.

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Société

Quelques questions à Martine Segalen, ethnologue opposée à la GPA

L’examen du projet de loi bioéthique, qui inclut l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, a commencé ce mardi 24 septembre à l’Assemblée nationale. Nous avons posé quelques questions à Martine Segalen, spécialiste de la sociologie de la famille, connue pour son engagement féministe contre la GPA et s’interrogeant sur l’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de lesbiennes.

Martine Segalen est professeure émérite à l’université de Paris Nanterre et membre du LASCO (Laboratoire d’analyses socio-anthropologiques du contemporain). Elle a dirigé la revue Ethnologie française et a publié plusieurs ouvrages parmi lesquels A qui appartiennent les enfants ?, Eloge du mariage ou Sociologie de la famille (9e edition avec Agnès Martial)

– Pour quelles raisons avez-vous émis des réserves à l’extension de la PMA ?

« Il y a 50 000 raisons, mais ce que j’avais mis en avant et qui me frappait, c’est que l’État fabrique un enfant sans père, ce qui est assez fort du point de vue du droit. Par ailleurs, le grand problème est celui de la dérive vers la technicisation du corps humain, sujet que Sylvianne Agacinski (auteur de L’Homme désincarné [2019], NDLR) a bien traité. Mais, j’ai le sentiment que lutter contre la PMA n’a pas de sens, car on voit bien que c’est un projet politique qui va se faire. Là où vraiment on essaiera de retrousser ses manches, c’est pour l’étape d’après, la GPA. »

– Vous avez affirmé récemment que la procréation est devenue un marché et que cet élargissement de la PMA pourrait être utilisé pour demander l’accès à la GPA au nom de l’égalité. Vous voyez un lien direct entre PMA et GPA ?

« En effet, il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas s’en rendre compte avec les matraquages médiatiques récents, qui nous expliquent toujours que la GPA c’est merveilleux et qu’on fait ça dans les meilleures conditions et que les enfants sont très heureux. D’ailleurs le bonheur des enfants n’est pas en question, c’est quand-même leur mode de production qui pose question. »

– Pensez-vous que l’extension de la PMA va bouleverser les modèles familiaux ?

« Je ne dis pas que c’est un bouleversement du modèle familial, je reconnais que maintenant il y a énormément de formes familiales. Un modèle familial unique d’ailleurs, il n’y en a jamais eu. Au cours du temps, les modèles familiaux comme vous dites sont extrêmement divers et depuis que la famille change, avec le divorce, les recompositions familiales, le non-mariage, etc., il y a longtemps que tous les sociologues sont d’accord pour dire qu’il n’y a pas de définition unique de la famille et que le modèle dit bourgeois a disparu.

On pouvait tenir le discours du bouleversement dans les années 1980 ou 1970 en se référant aux années précédentes, mais depuis il y a eu suffisamment de changements familiaux pour dire qu’il n’y en a pas.
Par ailleurs, le fait de faire élever des enfants par deux personnes du même sexe, ce n’est pas du tout non plus un bouleversement familial. J’ai déjà écrit cela depuis longtemps, quand on travaillait sur les grand-parents. Jean-Paul Sartre et tant d’autres gens ont été élevés par une grand-mère et une mère, une mère et une tante, etc. Je récuse donc les mots de bouleversement familial. Pas plus que le mariage pour tous, je ne pense pas que cela va bouleverser la société. »

– L’opposition à la PMA est surtout le fait de mouvements liés à la Droite et aux catholiques. Selon vous, pourquoi la Gauche a-t-elle abandonné ces thèmes ?

« J’ai lu cela quelque part : ce sont des procréations médiatiquement assistées ! C’est-à-dire que les médias n’arrêtent pas depuis des années de travailler l’opinion, les mouvements LGBT nous montrent que c’est normal, que c’est un progrès, qu’il y a eu l’évolution depuis la famille patriarcale jusqu’à l’homoparentalité, tout ça c’est des progrès. Discours donc soutenus par la gauche qui réfute toute critique ou repousse toute contestation.

C’est vrai que c’est plus de liberté, ce sont des libertés nouvelles, des occasions, des opportunités ouvertes bien entendu aux couples homosexuels femmes pour l’instant. Donc, s’il y a plus de libertés, c’est un progrès ; c’est vrai que c’est un progrès pour ces couples-là mais est-ce que ça veut dire qu’on est « progressiste » ? Quand on est de gauche, on est forcément progressiste, donc les autres sont forcément réactionnaires. Ainsi la gauche a du mal à se placer à contre-courant, même s’il existe quelques paroles courageuses.

Cependant, il y a des murmures, qu’on n’entend guère mais par exemple, j’ai surtout travaillé dans le cadre d’actions contre la GPA et il y a des gens qui sont écolos qui pensent que PMA, puis GPA, sont tout à fait contraires aux valeurs du mouvement écologiste. Mais pour l’instant, si on est de gauche et qu’on dit qu’on est contre la PMA, on va être mis au banc de la société de gauche et de la société des médias.

J’ai fait tout un travail, qui n’est pas publié, sur Le Monde et les articles du Monde dans les années 1980. C’était au moment de la naissance de la petite Louise Brown, d’Amandine et de toutes les avancées technologiques en matière de reproduction. Il y avait une prise de parole dans le Monde qui était très forte de la part de médecins, de philosophes qui en tout cas posaient des questions en termes philosophiques et éthiques, qu’on n’entend absolument plus aujourd’hui. C’est très curieux et maintenant il n’est plus question que de répondre aux désirs puisqu’on peut les satisfaire. »

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Écologie

Littoral : un projet de port de plaisance contesté à Bretignolles-sur-Mer en Vendée

Un projet de port de plaisance sur la commune de Bretignolles-sur-Mer en Vendée fait face à une mobilisation écologiste depuis de nombreuses années. Une manifestation est prévue dimanche 6 octobre 2019 pour s’opposer au début des travaux.

Dans les grands projets d’urbanisation, les dossiers traînent souvent dans les tiroirs des tribunaux jusqu’à leur dénouement final. À Bretignolles-sur-Mer, une petite ville d’un peu plus 4 000 habitants, le projet de construction d’un port de plaisance existe depuis 1990. Il doit bientôt être lancée, malgré une opposition populaire locale qui dénonce l’atteinte écologique à un site remarquable.

À la tête de la mairie depuis 2001, Christophe Chabot, ancien chef d’entreprise « divers droite », est le principal défenseur et artisan de ce port de plaisance. Il est censé voir le jour sur une zone de plus de 80 hectares autour de la place de la Normandelière.

Pour une somme de 43 millions d’euros avec 915 places de port prévues, ce projet d’aménagement portuaire s’attaque frontalement aux politiques nationales et européennes de protection littorale qui sont de préserver de manière absolue le caractère naturel des côtes dunaires.

En effet, le port doit déchirer le cordon dunaire en deux pour enfoncer un chenal à plus de 600 mètres dans les terres. Les dunes de sables sont pourtant des écosystèmes extrêmement fragiles qui sont déjà, bien malheureusement, dégradées par la fréquentation touristique et des tempêtes d’hivers toujours plus intenses (notamment avec la hausse du niveau des océans). À ce titre, remarquons également que l’entrée du port serait prisonnière de deux barres rocheuses avec de puissantes déferlantes, rendant périlleuse l’arrivée jusqu’au chenal.

Ce n’est pas tout puisque ces mêmes terres abritent le « marais girard », reconnu comme abritant une vaste zone humide de plus de 14 hectares , de la même manière qu’une ancienne carrière s’est reconverti avec le temps en un bassin de 340 000 m³ d’eau douce, lui-aussi menacé de destruction.

Classée Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type II, la plage de la Normandelière est, comme le souligne l’association de « veille citoyenne et écologique » La Vigie, un site des plus remarquables. On comprend qu’il y a là tout un écosystème en inter-action entre terre, mer et espaces humides, dont la fragilité et la nécessité de le protéger n’est plus à prouver.

Alors, que rétorque le maire Christophe Chabot pour défendre son projet ? Avec cynisme et pragmatisme, il affirme :

« cette dune n’a aucun statuts, pas de valeurs, alors, oui, on va la couper » (Le Canard enchaîné).

Parlant du bassin d’eau douce, des plus précieux dans le contexte de sécheresse durable qui touche les Pays-de-la-Loire, il affirme :

« elle en sert à rien. On va la vidanger, la boucher, avec des terres de déblaiement et en faire un endroit extraordinaire » (Le Canard enchaîné). 

Malgré le soutien populaire de l’association de défense de la Normandelière, le projet a été signé par le préfet au mois de juillet après qu’une enquête publique 2 608 avis favorables contre 2 589 défavorables. Le relevé de l’enquête publique laisse apparaître que 88 % des avis favorable sont « peu argumentés » alors que 70 % des avis défavorables sont relevés comme argumentés, voir très argumentés.

La Vigie dénonce ainsi, à juste titre, un tour de force anti-démocratique, anti-populaire, alors que plusieurs mobilisations se sont succédé depuis plusieurs années, avec plus d’une centaine de personnes début mai et encore 300 personnes début août.

Ainsi, l’association appelle, en lien avec d’autres associations écologistes, à un grand rassemblement le dimanche 6 octobre 2019. Cette mobilisation s’annonce comme un moment clef d’une lutte, alors que « le passage en force des prédateurs sera un défi qui engage le combat politique sur le terrain ».

> Retrouvez plus d’infos et un dossier complet sur : la-vigie.org

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Écologie

One voice : « Fourrure : le cauchemar français »

Alors que s’ouvre la Fashion Week de Paris, One voice lance une grande campagne pour la fermeture des élevages de visons destinés à la fourrure. L’association décrit dans le détail et avec une très grande dignité ce qui relève de l’horreur la plus insoutenable.

Voici le document publié par One voice, qu’il faut absolument lire et diffuser. L’interdiction de la fourrure doit devenir un point fondamental et indiscutable du programme de la Gauche.

« Fourrure : le cauchemar français

Après nos dernières révélations sur l’enfer vécu par les visons dans une ferme d’Eure-et-Loir, et alors que s’ouvre la Fashion Week de Paris, nous dévoilons des images en provenance de trois autres élevages français. Partout des scènes d’horreur, partout des êtres en immense souffrance. Il resterait encore cinq établissements en activité dans notre pays. Mobilisons-nous pour exiger leur fermeture. La France ne peut se rendre plus longtemps complice de tant de cruauté!

En juillet dernier, nous dénoncions les effroyables conditions de détention des visons dans une ferme d’Eure-et Loir. Or, les images particulièrement insoutenables et révoltantes que nous avons diffusées ne donnent qu’une idée partielle du calvaire infligé à ces victimes du commerce de la fourrure… Cette semaine, nous dévoilons des images filmées dans les différents élevages de visons de notre pays, qui témoignent d’un drame généralisé, reflet en creux d’une Fashion Week parisienne qui fait ses premiers pas écoresponsables mais continue de nier, année après année, le calvaire des animaux élevés pour leur pelage. En 2016, nous avions révélé les conditions de détention et de mise à mort des visons dans les élevages français. Nous espérions une amélioration, il n’en est rien.

Une horreur omniprésente

Quel que soit leur lieu de séquestration à Spincourt (Meuse), Montarlot-lès-Rioz (Haute-Saône), La Chapelle-d’Andaine (Orne) et Champrond-en-Gâtine (Eure-et-Loir), ces visons – par nature solitaires, avides d’espace et d’exercice – sont condamnés à la promiscuité et l’enfermement. Entassés dans des cages souvent crasseuses, ils suffoquent au sein d’atmosphères sordides où la puanteur et le désespoir règnent en maîtres.

Tandis que les repas en bouillie sont distribués au-dessus des têtes, à même les grillages en enfilade, les déjections dégoulinent sous les corps et s’épandent sur le sol. Fous de détresse et hagards, les pauvres détenus passent leur existence à se heurter, à se cisailler les pattes et s’arracher les dents contre les barreaux. Leurs blessures, souvent extrêmement graves, restent non traitées. Elles saignent, s’infectent.

La souffrance décuplée des malades abandonnés renforce leurs mouvements stéréotypés… jusqu’à l’épuisement. Dans celle que nous avons appelée « la ferme de l’horreur » et pour laquelle notre plainte pour (entre autres) actes de cruauté suit son cours, les cadavres s’amoncelaient et menaient même à du cannibalisme, inexistant à l’état sauvage. Dans les élevages, ces morts « prématurées » sont considérées comme du « rebut » par ceux qui exploitent les visons. Parmi les milliers d’individus voués de toute façon à une mort certaine, ces quelques pertes n’affectent pas les profits.

À la suite de la réception de la lettre de la préfecture, attendue mais décevante, nous avons déposé un recours hiérarchique contre son refus du 25 juillet 2019 de suspension d’activité ou fermeture de l’élevage d’Eure-et-Loir.

Cruauté labellisée

Nous ne pouvons tolérer que de telles monstruosités continuent ! Elles provoquent de surcroît un désastre écologique majeur, notamment en raison des tonnes d’excréments des animaux qui finissent dans les cours d’eau et les polluent ! Obtenir la fermeture de cinq fermes est loin de représenter un défi économique insurmontable : d’autres pays, comme la Norvège et les Pays-Bas, se sont déjà engagés dans cette démarche alors que leur production de fourrure est bien plus importante. La Fashion Week de Paris, qui ouvre ses portes ce lundi 23 septembre, tente de se rendre plus verte mais refuse encore toute avancée sur l’usage de fourrure dans les créations présentées.

Certains acteurs majeurs de l’industrie de la mode se sont pourtant engagés au dernier G7 à Biarritz en août 2019 autour d’un « Fashion Pact » : des engagements en faveur du climat, de la biodiversité et des océans. Notre gouvernement doit avoir le courage d’imiter ses voisins et interdire définitivement cette activité sur notre territoire.

Ironie cruelle, les cinq élevages nationaux ont tous hérité du label « bien-être animal » agrée par l’Union européenne. Nous allons lui demander des comptes… De qui se moque-t-on ?! Avec nous, exprimez votre opposition à cette violence organisée, autorisée, légitimée par les pouvoirs publics et les politiques.

En 2019, mettons fin au sacrifice des animaux à fourrure sur l’autel d’une « mode » sanguinaire et archaïque. Continuez à signer et partager notre pétition ! »

> Pour signer la pétition : Interdisons les élevages des animaux pour l’industrie de la fourrure

 

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Politique

«L’Importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe», un texte contre la Gauche

Le 19 septembre 2019, le Parlement européen a adopté un texte dénommé l’«Importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe». Il y est expliqué que l’origine de la Seconde Guerre mondiale serait… le pacte germano-soviétique.

Le texte adopté par le Parlement européen avec peu de votants a néanmoins été porté par de grands groupes : le Groupe du Parti populaire européen (PPE), Renew Europe (RE) auquel appartient La République En Marche, l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D) qui regroupe les socialistes, le groupe Conservateurs et réformistes européens (CRE).

Il :

« souligne que la Seconde Guerre mondiale, conflit le plus dévastateur de l’histoire de l’Europe, a été déclenchée comme conséquence immédiate du tristement célèbre pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août 1939, également connu sous le nom de pacte Molotov-Ribbentrop, et de ses protocoles secrets, dans le cadre desquels deux régimes totalitaires ayant tous deux l’objectif de conquérir le monde se partageaient l’Europe en deux sphères d’influence »

Il va de soi que c’est tout simplement ridicule. Aucun historien ne niera que toute la dynamique de la Seconde Guerre mondiale repose sur les expansionnismes allemand et japonais. L’URSS a d’ailleurs beaucoup souffert lors de l’invasion allemande, après avoir tenté désespérément de former un glacis pour établir une grande distance à la suite du refus de la France et de la Grande-Bretagne de former un bloc anti-nazi.

Cependant, ce qui compte ce n’est pas tant ici la mémoire que l’avenir. Adopté sans attirer l’attention, ce texte est d’une très grande importance à la fois culturelle et légale pour les années à venir. Déjà, il reflète les courants les plus fanatiques de la Droite des pays de l’Est européen, qui vouent une haine la plus complète pour tout ce qui est socialiste, communiste ou lié en général à l’histoire du mouvement ouvrier.

> Lire également : Le projet de loi visant à interdire le communisme en Pologne

Des pays comme la République tchèque, la Pologne, la Lettonie, la Hongrie… sont des bases fanatiques des courants conservateurs, pour qui la Gauche ne doit tout simplement pas exister. Pour cette raison le texte :

« se dit préoccupé par le fait que des symboles de régimes totalitaires continuent à être utilisés dans les espaces publics et à des fins commerciales, tout en rappelant qu’un certain nombre de pays européens ont interdit l’utilisation de symboles nazis et communistes ».

Il va de soi ici que ce sont les symboles communistes qui sont visés : l’objectif est de faire en sorte que le moindre « marteau et faucille » soient purement et simplement interdits. Pour la forme, il est demandé que la symbolique nazie soit interdite, mais il va de soi que les croix gammées ne courent pas les rues en Europe, étant bien souvent déjà interdites par ailleurs.

Ce à quoi il faut s’attendre, c’est à une interdiction du « stalinisme » dans les pays de l’Union européenne, ce que le texte réclame et ce qu’il obtiendra, car l’objectif à l’arrière-plan est d’empêcher toute révolte ouvrière et l’émergence de la Gauche, alors que « progressistes » et nationalistes se disputent le pouvoir.