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Société Vie quotidienne

Caisse automatique, capitalisme et vie quotidienne

Avec les progrès technologiques de ces dernières décennies, tout particulièrement l’évolution des dernières années, le capitalisme fait participer de plus en plus chaque personne à sa marche générale. Caisses automatiques, communautés liées à des produits, etc. : le mode de production capitaliste s’introduit toujours plus dans la vie quotidienne en faisant activement participer chacun.

L’exemple le plus frappant est celui des caisses automatiques : non seulement l’entreprise détruit des emplois mais elle les remplace en partie par celui, non rémunéré, de ses clients. L’emploi de caissier ne disparaît pas parce qu’une machine perfectionnée est capable de réaliser le même travail avec une plus grande productivité, mais parce qu’une partie du travail a tout simplement été déportée sur le client. Ce dernier travaille gratuitement pour l’entreprise à chaque fois qu’il utilise une caisse automatique.

L’intrusion du capitalisme dans tous les aspects de la vie est toujours plus grande. Après avoir parcouru des rayons remplis de produits industriels nocifs vendus à des prix agressifs, d’animaux morts, et de rayons poisons (la taille des rayons d’alcool dans certains supermarché fait froid dans le dos), le client va aider l’entreprise à réaliser sa marge.

Tous les sens sont de plus en plus corrompus et attaqués par une vie quotidienne toujours plus aliénante. Il faudrait maintenant donner de son temps et de son énergie pour que la machine continue de fonctionner ?

Les avis en ligne prennent de plus en plus d’ampleur ces dernières années. Au-delà de grandes entreprises sur lesquelles ceux-ci sont déposés (Google, Tripadvisor, etc.), beaucoup d’acteurs de plus petite taille proposent des services pour mieux les gérer (vision d’ensemble, réponses sur les différentes plateformes, etc.)

Les sommes générées directement et indirectement par ces avis sont importantes : beaucoup de personnes en vivent professionnellement. Et tout ça grâce… à d’autres qui ont gratuitement déposés des avis sur ces plateformes.

Les grands groupes emploient des personnes à temps plein pour répondre aux avis déposés par des internautes. Ces mêmes personnes vont souvent utiliser une solution pour avoir des statistiques et une vue d’ensemble. Ces solutions, souvent bancales bien entendu, dépendent des géants qui acceptent de rendre ces données accessibles facilement.

Tout un système absurde fonctionne, fait vivre toujours plus de personnes et permet aux grosses plateformes d’asseoir leur position et d’éliminer les concurrents trop faibles. Tout cela au final, pour gérer des avis d’utilisateurs plus ou moins de mauvaise foi, sans parler de toute l’économie de la production de faux avis.

Ainsi, plus une plateforme devient incontournable, plus les gens vont y consulter les avis de telle ou telle enseigne et plus ils auront tendance à déposer des avis sur celle-ci. Et tout cela pour quoi ? Pour de simples avis, peut-être vrais, peut-être faux, peut-être déposés par la concurrence, peut-être créés par une personne à des milliers de kilomètres de là.

Le tout est vendu comme un progrès : les entreprises sont obligées d’être plus transparentes, les gens savent et se partagent l’information. Mais il n’en est rien. La réalité est que tout ce système ne fait qu’accroître la position d’entreprises toujours plus fortes. Tout cela formate et tend à faire en sorte que toujours plus d’aspects de la vie quotidienne prennent part à la marche forcée d’un mode de production en perdition.

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Politique

Communiqué : le Collectif Inter-Urgences maintient la grève et appelle l’ensemble des hospitaliers à se mobiliser

Voici le communiqué du Collectif inter-urgence de mercredi 11 septembre 2019, qui appelle à maintenir la grève et à continuer la mobilisation. La colère ne désemplie pas dans les établissement de santé et s’étend même à d’autres travailleurs.

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Rapport entre les classes Société

L’évolution de la figure du livreur «Deliveroo» dans les grandes métropoles

Le livreur « Deliveroo », du nom de la principale plateforme de livraison de plat à domicile, est devenu une figure incontournable du centre-ville des grandes métropoles. Elle a cependant très vite évoluée, passant en quelques années d’une image très moderne et branchée à ce qu’il y a de plus terrible en termes d’exploitation capitaliste.

Il y a quelques années, cinq ans peut-être, Deliveroo se payait des livreurs-ambassadeurs pour promouvoir sa plateforme. C’était des jeunes, forcément branchés, avec du style sur le vélo, de préférence en pignon-fixe, si possible brakeless (sans frein). Ceux-ci recrutaient dans leur entourage en promouvant des conditions de travail et de rémunération attrayantes pour de jeunes urbains au mode de vie libéral. Être payé à faire du vélo en ville en choisissant ses horaires à la carte, sans un chef sur le dos et en pouvant partir en vacances quand on veut : le rêve ! C’est en tous cas ce que se sont dit de nombreux jeunes dont beaucoup d’étudiants et il y a eu un afflux pour ce nouveau job.

Le petit-bourgeois urbain, trop content d’avoir une nouvelle application à utiliser sur son iphone, a lui aussi pleinement répondu à l’appel. Il s’est mis à commander des hamburgers végétariens ou un petit plat asiatique très sympa, sans bouger de chez lui.

Les livreurs étaient un peu des copains, ou s’ils ne l’étaient pas, ils auraient très bien pu l’être, car ils avaient toujours l’air cool et ils avaient du style. D’ailleurs, cela payait relativement bien à ce moment d’être livreur par rapport à d’autres jobs. Il y avait une rémunération fixe qui était majorée à chaque livraison et même une petite prime les jours de pluie.

Rapidement cependant, on a vu apparaître des livreurs d’un tout autre style. C’était ce trentenaire un peu perdu, lassé de l’intérim, qui a ressorti son vieux VTT pour essayer un job qui a l’air moins ennuyeux. Ou encore cette étudiante fraîchement arrivée de la campagne, un peu perdue dans la grande ville où elle n’a pas eu le temps de trouver mieux. Elle aussi avait un VTT et c’est là quelque-chose de très marquant : les urbains branchés portent en horreur ce VTT qui n’a rien à faire en ville, symbole du périurbain, de gens pas hype.

Forcément, le livreur n’est alors plus un pote, juste un prestataire lambda à qui ont fait appel par habitude. On a vite pris cette habitude. Le profil des clients a changé aussi puisqu’il s’est élargi, comme c’était prévu. Le livreur en VTT a de plus en plus livré des plats basiques, le plus souvent froids et renversés dans le sac, à monsieur et madame tout le monde.

Les livreurs-ambassadeurs sont en général passés à autre chose. Il faut dire que les conditions de rémunération des plateformes se sont dégradées, petit à petit. Il a fallu se connecter chaque semaine à une heure très précise sur le serveur pour avoir la chance d’obtenir les créneaux de livraison les plus intéressants, tellement il y a de monde. Il n’y a plus de rémunération fixe. Depuis quelques mois, les livraisons courtes sont même encore moins bien payées.

Une poignée d’« historiques » tentent de s’organiser contre cela, ou plutôt s’imaginent pouvoir peser en s’y opposant. On a entendu parler de quelques « grèves » cet été, bien relayées par la presse, probablement parce que les journalistes sont eux-mêmes des grands clients de ces plateformes.

Cela ne représente cependant rien du tout face à la grande machinerie que sont devenues ces plateformes. Déjà, parce qu’on ne peut pas vraiment faire grève quand on a soi-même accepté de devenir auto-entrepreneur à la base. Mais surtout, car il y a des dizaines et des dizaines d’autres livreurs qui acceptent ces nouvelles conditions.

Tout le monde l’a remarqué tellement c’est flagrant : le profil des livreurs a bien changé ces deux dernières années, d’abord à Paris puis maintenant dans toutes les villes. Ils sont de plus en plus des immigrés fraîchement arrivés, dans des situations très précaires.

Quelques jeunes prolétaires de banlieue ont également rejoint le cortège des livreurs, mais en scooter par contre, avec l’idée de pouvoir optimiser bien plus les livraisons par la vitesse. C’est complètement absurde, car l’amortissement d’un scooter (complètement à sa charge) rend vraiment ridicule la possibilité de rémunération avec ce travail dans ces conditions. Mais ce n’est qu’une absurdité de plus dans la folie des grandes métropoles.

En quelques années, la figure du livreur « Deliveroo » a complètement changé. C’était un jeune urbain branché, faisant quelque-chose ayant l’air moderne et sympa. C’est maintenant un africain sans-papier sur un vélo en piteux état, qui sous-loue le compte de quelqu’un d’autre s’octroyant une partie de sa rémunération. C’est quasiment de l’esclavage, c’est absolument ignoble et tout le monde le sait. Mais tout le monde s’en fiche, ou prétend ne pas le savoir.

Les restaurants eux aussi sont devenu complètement dépendant de ces plateformes, qui changent totalement la nature de leur travail le rendant de plus en plus industriel. Le comble de l’horreur en ce domaine consiste même, à Paris, en des entrepôts en banlieue pour des restaurants uniquement dédiés à la production de plats pour la livraison via ces plateformes.

Voilà à quoi ressemble aujourd’hui la pseudo-modernité dans les grandes métropoles. C’est du capitalisme, toujours plus de capitalisme et encore plus de capitalisme, partout, tout le temps…

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Guerre

Colloque international sur la paix et le désarmement nucléaire le 26 septembre

Le PCF organise jeudi 26 septembre 2019 un colloque international sur la paix et le désarmement nucléaire à Paris.

Voici la présentation :

« COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LA PAIX ET LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE

organisé à l’Assemblée nationale par Jean-Paul LECOQ, député PCF de Seine-Maritime, membre de la commission des Affaires étrangères, et Fabien ROUSSEL, député du Nord et secrétaire national du PCF, à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires.

La journée s’articulera autour de 4 tables rondes permettant d’aborder la lutte pour la paix et le désarmement nucléaire – la course au surarmement, les enjeux écologiques comme la question des alliances stratégiques:

1. Désarmement nucléaire et éradication des armes de destruction massive: la perspective d’un monde sans arme est-elle crédible?

2. Lutte contre le surarmement et les ventes d’armes aux pays en conflit: le rôle du mouvement citoyen pour la paix.

3. L’impact écologique des conflits et droit humain à la paix : la déclaration de Santiago.

4. En finir avec l’OTAN et bâtir un cadre commun de coopération et de sécurité collective paneuropéen.

INSCRIPTION OBLIGATOIRE jusqu’au 18 septembre: formulaire en ligne https://framaforms.org/colloque-international-sur-la-paix-et-le-desarmement-nucleaire-jeudi-26-septembre-2019-1563356828 »

Le colloque aura lieu de de 9 heures à 18 heures au 101 Rue de l’Université, dans le 7e arrondissement de Paris.

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Société Vie quotidienne

«Le facteur ne passera jamais»

Depuis la privatisation de La Poste, un grand décalage se produit entre la figure historique du facteur servant le peuple et le rôle froid d’exécutant dans lequel il se retrouve enfermé par le capitalisme. C’est aussi un grand vide pour beaucoup de gens dans la vie quotidienne.

Le facteur tenait une place importante dans la vie sociale. C’était le personnage que l’on voyait tous les jours, avec qui on pouvait parler, il amenait les nouvelles, les bonnes et les mauvaises. C’était une personne de confiance, avec qui on pouvait s’arranger pour ne pas rater telle missive urgente. Il savait les habitudes des uns et des autres, pouvait s’inquiéter d’une absence et donner de sa présence.

C’était un petit travail tranquille, ou alors les difficultés étaient compensées par le plaisir d’être là pour les autres.

On imaginait le facteur comme une gentille personne, pas vraiment futée, mais avec un rôle central dans le quotidien.

Tout cela est fini, car ce genre de personnage ne peut exister dans le capitalisme broyant tout sur son passage. Mais les gens ne voient pas cela et la rancœur remplace le bon sentiment.

Le préjugé sur une supposée bêtise se renforce et on s’imagine que si le facteur n’est pas passé, c’est que c’est un fainéant et que décidément « les gens sont de plus en plus cons ».

C’est bien évidemment une manière de tout réduire aux seuls individus et c’est plutôt pratique puisque ça n’engage à rien.

Alors que si on regarde les choses dans leur ensemble, la colère des gens est autant compréhensible que la détresse du facteur, mais ce n’est la faute ni de l’un, ni de l’autre.

La facteur, qui voit sa tournée sans cesse se rallonger et les « clients » s’éloigner. La villageoise, qui n’a pas son journal pendant trois jours.

La Poste a fait repousser les boîtes aux lettres au bout des chemins ou les regrouper par quartier, afin de réduire le temps entre chaque point de distribution et pouvoir ainsi rallonger la tournée. Cela permet de distribuer aussi des colis et puis des publicités, puis faire des prestations diverses et variées.

En plus de distribuer du courrier, de la publicité, des colis et des lettres recommandées, les facteurs doivent parfois placer dans les halls des plaques fibres d’opérateurs téléphoniques, relever le papier à recycler dans les entreprises ou encore apporter des repas à domicile. La Poste, dans ce domaine, est un trésor d’inventivité.

Chaque geste est chronométré de manière à optimiser le temps au maximum. Cela paraît très rigoureux, mais toutes les procédures cachent en fait un système anarchique avec des flux de courrier et de colis qui ne rentrent pas dans les moyennes calculées. Pour faire simple, la majorité du temps, beaucoup de tournées sont impossibles à finir. Parler aux gens, n’en parlons pas.

Les facteurs, livrés à eux-mêmes, prennent alors sur leur temps de pause pour pouvoir finir le travail. Cela donne donc des gens qui travaillent pendant 7h sans s’arrêter, parfois sans manger.

C’est proprement une situation de moins en moins tenable, avec de nombreux burn out et même des suicides. Pour des postiers qui ont le métier dans la peau, en tant que rôle social, cela peut provoquer de grandes souffrances de ne pas être à la hauteur des attentes des gens.

Le capitalisme va vers toujours plus de barbarie et cela se voit dans les hôpitaux, les EHPAD, dans la brutalité de la voiture, la souffrance des animaux ou dans la course vers la guerre…

Et finalement, si tout se dégrade vers toujours pire, c’est la faute d’un peu tout le monde car, corrompu par le capitalisme, on s’accommode du pire.

> À voir ailleurs : l’émission « Envoyé spécial » sur France 2 diffusera demain jeudi 12 septembre 2019 un reportage « La Poste sous tension »

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Culture

Le très agréable pop-rap de Blry dans l’album «Rêves, pt. 1»

Il est convenu de dire que le rap français est devenu une forme de variété, mais cela ne date pas d’aujourd’hui car I am ou encore Mc Solarr relevaient déjà de cela en leur temps. Ce qui est nouveau par contre, c’est qu’il existe à côté des artistes les plus mainstream tout une scène de rappeurs indépendants assumant une sorte de pop-rap très positif, beaucoup plus confidentiel dans l’approche et la démarche, mais bien plus authentique.

C’est exactement là que se situe le dernier album de Blry (prononcez Blurry), « Rêves, pt. 1 » sorti ce 6 septembre 2019.

Avec sa voix lancinante, le jeune vendéen déroule à travers les huit titres de l’album un style très cohérent, absolument moderne dans sa forme. On y retrouve toute l’attitude détachée et (en apparence) nonchalante de la jeunesse d’aujourd’hui.

Le thème récurrent est celui de la recherche d’authenticité, tant dans les rapports aux autres que dans sa propre vie, avec un rejet vigoureux du pessimisme. La production est minimale, comme le chant qui est très basique, presque naïf. Le texte est au contraire très puissant, parfois saisissant comme sur « Hellboy » où il est question de dépendance aux anxiolytiques, ce terrible mal.

On reconnaît aisément les références assumées par Blry, de l’américain Juice WRLD à Columbine en passant par Lil Peep (qui avait enregistré Falling Down avec XXXTentacion avant leur décès), mais avec une touche bien spécifique, très identifiable. Ce jeune artiste d’à peine 20 ans nous propose avec « Rêves, pt. 1 » quelque-chose de très réjouissant, encore plus abouti que son album « Pensée » paru en début d’année, qui était déjà très intéressant.

https://www.youtube.com/watch?v=MCir6wA7bp0

> Écouter l’album : blry.fr/reves

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Société

Les mauvais chiffres de la sécurité routière en août et depuis le début de l’année 2019

Les chiffres de la sécurité routière pour le mois d’août et depuis le début de l’année sont mauvais, avec une augmentation du nombre des victimes par rapport à l’année dernière. Les comportements n’évoluent pas sur la route, car la France est largement prisonnière de mentalités rétrogrades et d’un libéralisme total sur le plan des mœurs.

Selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 290 personnes ont été tuées sur les routes en France au mois d’août 2019. C’est 44 personnes de plus qu’en août 2018, soit une hausse de 17,9 %.

En tout, ce sont 4 314 accidents corporels qui ont été dénombrés, contre 4 156 l’an passé, ce qui fait une augmentation de 158 accidents corporels (+3,8%). Le nombre de blessés s’élève à 5 652 personnes, soit 245 de plus qu’en août 2018 (+4,5%).

Ce sont surtout les automobilistes qui sont concernés par la hausse des cas mortels avec 31 tués de plus qu’en 2018, ainsi que les motocyclistes avec 12 tués de plus. La mortalité des cyclistes est en baisse et celle des piétons est considérée comme stable pour le mois d’août (un triste « record » avait cependant été atteint en février 2019 avec 18 cyclistes tués).

Cette hausse correspond à une tendance depuis le début de l’année : 2 133 morts sont dénombrés sur les huit premiers mois de l’année, ce qui fait 35 tués de plus que l’an passé à la même période. Si le début d’année avait connu une hausse des tués ( +9,3%, soit 63 tués de plus que l’an passé sur au premier trimestre 2019), les mois d’avril et de mai avaient pourtant connu une baisse, puis il y a eu une stabilité en juin et juillet.

Ce ne sont là que des statistiques bien sûr, des chiffres pouvant paraître abstraits et qui n’expriment que partiellement la réalité, c’est-à-dire des situations concrètes à des moments particuliers. Ils montrent néanmoins une tendance et ce n’est pas une bonne chose de constater que celle-ci est à la hausse. L’année 2018 avait pourtant connu une baisse historique du nombre de morts, mais cela n’a pas pu continuer.

Il est nécessaire ici d’être un peu plus concret pour aborder cette question de la sécurité routière et des victimes de la route. Intéressons-nous à la situation dans le département du Lot, en région Occitanie.

Le préfet du département a communiqué sur le sujet hier en expliquant que la situation était catastrophique. 10 personnes sont mortes sur les routes du département depuis le début de l’année, dont 3 au mois d’août. Ce sont dix vies, dix individus qui avaient des proches, des connaissances, des projets et qui ne vivent plus. C’est très concret et à l’échelle d’un petit département comme le Lot (173 000 habitant, environ la population de la commune de Saint Étienne), ce n’est vraiment pas rien dix personnes en huit mois.

À ces personnes tuées, il faut ajouter toutes celles qui sont blessées, parfois gravement. Il y a depuis le début de l’année 8 % de blessés de plus qu’en 2018, alors que le nombre d’accidents a lui augmenté de 16,7 % dans le département.

Voici comment le journal La Dépêche rapporte les propos du préfet dénonçant la dégradation des comportements engendrant ces accidents :

« Le préfet pointe la multiplication des conduites à risques (alcool ou stupéfiants) et pour l’illustrer rappelle le cas d’une conductrice qui roulait à 19 heures, avec un taux d’alcool de 3,11 g/l tout en étant positive au cannabis ou l’exemple de ce jeune conducteur intercepté 11 jours après avoir eu son permis à 211 km/h sur l’autoroute.

Le chiffre des suspensions de permis est éloquent: depuis le 1er janvier, il y a eu 190 suspensions pour alcoolémie, 390 en raison des stupéfiants et 145 à cause de la vitesse. Autre statistique tragique: dans 5 des dix accidents mortels, il y avait de l’alcool ou du cannabis. »

Ces chiffres sont vraiment incroyables et en disent long sur les mentalités en France, où le libéralisme dans les mœurs semble être triomphant, tout puissant. Dans ce petit département de 173 000 habitants, en seulement huit mois, ce sont en tout 725 personnes qui se sont faite attraper parce qu’elles n’en avaient rien à faire de respecter les règles les plus élémentaires de sécurité routière.

Quand on connaît les difficultés que connaissent les effectifs de police et de gendarmerie pour assurer leurs missions, cela laisse imaginer le nombre de gens avec le même comportement qui ne se sont pas fait prendre. C’est effarant.

Il règne en France sur les routes, et pas seulement dans Lot qui n’est ici qu’un exemple, un sentiment d’impunité général. Les contrôles se font de plus en plus rares du fait de la faiblesse des effectifs et n’importe qui ayant pris la route cet été a pu constater à quel point les chauffards roulant à toute allure sont nombreux, alors qu’on en voyait de moins en moins ces dernières années, notamment du fait d’une multiplication des radars automatiques.

Il faut pointer du doigt ici avec une extrême sévérité le comportement des gilets jaunes, dont un des faits d’arme a été et est encore de s’en prendre aux radars automatiques, considérés de manière populiste comme de simples « machines à fric ». Il faut rappeler que ce mouvement s’est constitué sur les braises d’une offuscation généralisée contre la baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire, de loin le plus accidentogène.

Si l’on reprend le cas du département du Lot, ce sont selon la préfecture 60 % des radars automatiques qui ont été neutralisés dans les derniers mois (ce qui correspondrait à la situation sur le plan national, alors que 75 % des radars avaient connu des dégradations cet hiver). Quand on voit la grande catastrophe que représente encore à notre époque les accidents de la route, on ne peut qu’être révolté contre ces comportements irresponsables, relevant d’une fuite en avant criminelle.

> Lire également : Conséquence fasciste des gilets jaunes : 130 radars détruits

C’est le marqueur terrible d’une grande arriération des mentalités dans notre pays ; il n’y aura jamais aucun grand changement social sans un grand changement culturel sur ce plan. La Gauche doit assumer le combat culturel et politique contre le libéralisme et ces mentalités rétrogrades qui ont des conséquences désastreuses sur la route.

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Écologie

AVA Chantilly : «La chasse à courre se donne en spectacle !» 

Communiqué d’AVA Chantilly :

« GRANDES ÉCURIES DE CHANTILLY : LA CHASSE À COURRE SE DONNE EN SPECTACLE ! 🤡

📣 Nous apprenons que le spectacle organisé aux Grandes Écuries le 20 et 21 septembre à l’occasion des Journées du Patrimoine fera intervenir le Rallye Trois Forêts. Cachée dans un coin de l’affiche, avouée à demi-mot dans le flyer de l’évènement : la présence de l’équipage local n’est pas annoncée…

🏰 Que la chasse à courre relève du témoignage historique, héritage du Prince de Condé il y a 300 ans et du Duc d’Aumale, nous n’y voyons pas à redire car c’est là sa place : dans les archives et les musées. Qu’elle soit remise au goût du jour et incarnée par les acteurs qui la font perdurer en 2019, à l’heure où la population locale et nationale rejette massivement cette pratique, nous y verrions un pied de nez grossier aux habitants de Chantilly, de Lamorlaye, d’Avilly-Saint-Léonard, de Coye-la-Forêt… Et plus récemment de Pont-Sainte-Maxence et de Thiers-sur-Thève, qui ont vécu les horreurs de la chasse à courre jusque sous leurs fenêtres !

🐴 Dans une ville où l’on considère pourtant le cheval roi, on semble également soudainement oublier le triste sort des chevaux de vénerie.
Saison 2018/2019, 6 mois d’incidents de chasse à courre :
http://ava-france.org/…/saison-20182019-6-mois-dincidents-…/

Mais voilà, la vénerie se glisse partout où ses derniers partisans subsistent.
Peut-être que du haut de l’Institut de France (pour qui le Général Millet, membre d’honneur du Rallye Pic’Hardi Chantilly, gère le Domaine de Chantilly), des Grandes Écuries et du Musée Vivant du Cheval (fondé par M. Yves Bienaimé, qui chasse le cerf et le chevreuil à courre dans nos forêts, et qui participera au spectacle), du Rotary ou encore du Polo Club, les incidents, les agressions et les nuisances dus à la vénerie ne sont qu’un détail.

Ce 20 et 21 septembre, elle sera ainsi célébrée par et pour ses partisans dans les vestiges de sa propre histoire, dans l’un des derniers endroits où elle peut encore se mettre en scène sous ce jour épuré qu’elle aime tant présenter aux profanes.

👴 Les tenants de ce vieux monde qui estiment que tout leur est dû – nos chemins, nos forêts, nos carrefours, notre patrimoine – s’offriraient le plaisir de parader sous prétexte que la vénerie fût d’actualité il y a plusieurs siècles.

🙅‍♀ Nous en appelons donc au bon sens des habitants, de ceux qui assistent déjà, au premier rang, à ce spectacle tragique chaque année pendant six mois.

LA BARBARIE NE FAIT PAS PARTIE DE NOTRE CULTURE ! TANT QUE LA VÉNERIE NE SERA PAS ABOLIE, REJETONS TOUTE CÉLÉBRATION DE CETTE PRATIQUE ! 🌍 »

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Guerre

Vers la guerre : la Turquie veut la bombe atomique

Recep Tayyip Erdoğan, le président turc, a affirmé que son pays devait rentrer en possession de l’arme atomique. C’est une contribution de plus au bal dramatique des fous furieux allant à la guerre, de Donald Trump à Vladimir Poutine, de Rodrigo Duterte à Boris Johnson, de Jair Bolsonaro à Xi Jinping.

« On ne veut pas être prisonnier de 780 000m². »

Tels avaient été les propos du président turc Recep Tayyip Erdoğan il y a trois ans. Cela a le mérite d’être clair quant aux ambitions expansionnistes de ce dirigeant visant ni plus ni moins qu’à rétablir l’Empire ottoman. Il remet d’ailleurs ouvertement en cause les traités de paix issus de la Première Guerre mondiale.

Lors d’un forum économique à Sivas, il vient d’en rajouter dans la logique militariste, en expliquant la chose suivante :

« Il y a plusieurs pays qui ont des missiles avec des têtes nucléaires, pas seulement un ou deux. Mais ils nous disent, qu’on ne peut pas en avoir. Cela, je ne l’accepte pas. »

Comme en plus l’entreprise russe Rosatom construit, au sud-ouest de la ville de Mersin, la première centrale atomique turque, on comprend rapidement que ce ne sont pas des menaces en l’air, mais une véritable perspective, très concrète.

La Turquie s’est en effet rapprochée de la Russie ces derniers temps, au point que les États-Unis ont retiré la Turquie du programme d’emploi des avions de chasse F-35. La Turquie a en effet acheté à la Russie un système de défense anti-aérienne dénommé S-400, qui fournira aussi des informations techniques à la Russie.

À l’arrière-plan, il y a le dépeçage de la Syrie, que la Turquie et la Russie gèrent de manière pratiquement principale, de manière concurrente mais parallèle.

Il faut bien saisir également qu’une telle affirmation est parfaite pour satisfaire le nationalisme turc, qui est aisément panturc et dont l’esprit expansionniste est particulièrement ambitieux, voire totalement démesuré.

Rien de tel qu’une bonne guerre ! La Turquie le sait, elle qui dispose d’une forte puissance avec ses plus de 600 000 soldats, ses 358 généraux et amiraux ( il y a 200 000 soldats en France, avec 376 généraux), mais aussi ses 200 000 gendarmes et une capacité d’intégration de plusieurs de centaines de milliers de soldats dans ses troupes par la mobilisation générale.

Il faut bien ça pour effacer la question kurde, tout comme celle des multiples minorités nationales dans le pays, sans parler de la question arménienne, celle du rapport à l’Irak dont une partie est déjà vassalisée, etc.

La tendance de fond est irrépressible et pour la Turquie, c’est une fuite en avant du même type que pour la Russie. En plus de l’instabilité culturelle et politique, l’économie, dont la base est relativement faible et instable, ne peut s’appuyer que sur une dynamique extrêmement agressive à l’extérieur et brutale à l’intérieur. Il en va de même pour le Brésil évidemment, mais aussi pour la Chine, dont le développement si rapide a provoqué des inégalités de développement dans tous les domaines.

D’où le fanatisme nationalise et le militarisme intérieur forcené, tout comme le renforcement des projets d’expansion.

Des pays comme la France et les États-Unis auront beau jeu ainsi d’accuser de tels pays, alors qu’eux-mêmes sont intéressés par la guerre, pour renforcer leur situation hégémonique. En fait, tout le monde a intérêt à un repartage du monde, soit pour s’affirmer, soit pour renforcer son affirmation.

La guerre se nourrit elle-même, comme expression du besoin d’hégémonie, de conquête, de renforcement des capitalismes !

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Écologie

«Comment peut-on promouvoir un pareil urbanisme dans le contexte de crise climatique actuel ?»

Voici une tribune initialement publiée par Le Monde d’Albert Levy, chercheur associé au laboratoire Laboratoire Architecture, Ville, Urbanisme, Environnement du CNRS (Université Paris Nanterre). Il y explique avec des arguments très précis pourquoi il faut absolument stopper le projet pharaonique Europocity à Gonesse (95) et dénonce la folie que constitue la bétonisation et bitumisation forcenée de la région parisienne, ainsi que les pratiques agricoles intensives dans la région.

« La canicule du début de cet été avait une triple origine : la météo, le réchauffement climatique et l’îlot de chaleur urbain causé par la forte bétonisation et bitumisation de la région parisienne, caractérisée par un faible ratio d’espace vert par habitant, fruit d’un urbanisme inconséquent. Le thermomètre est monté jusqu’à 43 °C à Paris le 25 juillet. Il est urgent de stopper l’hyperdensification et de repenser les grands projets parisiens et franciliens poursuivis malgré les positions et plans sur le climat, la pollution, les mesures prises pour la transition énergétique.

Le projet Europacity, au nord de Paris, dans le Triangle de Gonesse (Val-d’Oise), est emblématique de cette contradiction : est prévu sur 80 hectares un projet d’un autre temps, avec un centre commercial de 230 000 m2 (500 boutiques), un parc de loisirs de 150 000 m2 (piste de ski artificiel, centre aquatique climatisé, salles de spectacle), des hôtels (2 700 lits), une zone de bureaux, etc., le tout desservi par une gare du Grand Paris Express (GPE) construite sur fonds publics. Un centre commercial de plus ruinerait ce qui reste de petits commerces des villes environnantes.

Ce projet pharaonique, anachronique, résulte de la coalition d’un promoteur mégalo, le groupe Auchan et son partenaire chinois Wanda, d’un architecte star danois à l’ego démesuré, Bjarke Ingels, de l’Etat, de la région et du maire PS de Gonesse médusés par un investissement de… 3,1 milliards d’euros. Comment peut-on promouvoir un pareil urbanisme dans le contexte de crise climatique et écologique actuel ?

Pourtant, la commission départementale de préservation des espaces naturels (Copenaf) est contre, l’ex-ministre Nicolas Hulot y était opposé, le plan local d’urbanisme (PLU) de Gonesse a été rejeté, la ZAC Triangle de Gonesse annulée. Mais malgré cela, l’Etat veut passer en force et a démarré cet été les travaux de la gare en plein champ, à 1,7 km de toute habitation, face à des militants sur place résolus à les freiner.

Nous voulons rappeler les incohérences des responsables politiques qui déclarent ce projet d’« utilité publique » et qui ont fait appel contre l’annulation de la ZAC, revalidée le 11 juillet, tout en parlant de transition écologique et de lutte contre le réchauffement climatique.

On constate, en Ile-de-France, un appauvrissement, voire un déclin de la biodiversité ces treize dernières années (Natureparif, 2016). Les plantes ont diminué de 20 % et les papillons de 18 % entre 2009 et 2015, la richesse des espèces a chuté de 45 % dans les grandes cultures dépourvues de bordures végétales (biotopes) contre 15 % dans celles qui en sont pourvues.

Les effectifs d’oiseaux ont baissé de 30 % en onze ans en Ile-de-France, contre 17 % au niveau national, et cela s’accélère avec l’usage croissant d’insecticides neurotoxiques (néonicotinoïdes) persistants, responsables du déclin des abeilles et des insectes. Les pratiques agricoles intensives et l’étalement urbain dû à l’urbanisation galopante sont à l’origine de cette extinction des espèces dans la région.

Cela a précipité la disparition des oiseaux avec la suppression des haies, des bandes enherbées, des arbres, des fossés, des talus, des niches écologiques favorables à la diversité des espèces. Les causes se trouvent dans l’intensification des pratiques (drainage, fertilisation azotée, sélection variétale, extension des surfaces irriguées) et, surtout, dans l’usage de pesticides qui ont fortement dégradé la qualité des habitats et réduit de plus de 10 %, en moyenne, la population des oiseaux (la moitié des bruants et des pinsons, par exemple, a disparu). Ce déclin des oiseaux, des plantes, des insectes est néfaste à l’agriculture qui dépend aussi de cette biodiversité (pollinisateurs).

L’étalement urbain et l’artificialisation des sols en Ile-de-France, par la construction de routes, d’infrastructures, et le mitage pavillonnaire périurbain, responsables chaque année de la disparition de 200 hectares de terre agricole (en cinquante ans, plus de 100 000 hectares ont été engloutis), réduisent les territoires de la faune et fragmentent leurs biotopes. Par sa taille, le projet Europacity va renforcer ce processus qu’il faut inverser par deux actions.

D’une part, en faisant évoluer les pratiques agricoles vers des solutions alternatives conformément aux objectifs du plan Ecophyto du Grenelle de l’environnement qui veut limiter l’usage des pesticides de 50 % pour 2025, en développant l’agroécologie, la diversification des cultures, l’agriculture bio, l’agroforesterie, la permaculture ; utiliser la biodiversité en restaurant les habitats semi-naturels favorables à l’installation des « auxiliaires » de culture, alternative aux pesticides, pour rendre les agroécosystèmes plus résilients, rétablir des habitats refuges, des continuités/corridors écologiques à grande échelle pour faciliter leurs déplacements, selon les objectifs même du schéma régional de cohérence écologique (SRCE).

D’autre part, il faut limiter la bétonisation, la densification et l’artificialisation des sols en Ile-de-France pour lutter contre le dérèglement climatique et préserver les terres arables, surtout quand elles sont excellentes, comme ici, à Gonesse, et en conséquence stopper Europacity.

Ces objectifs de protection des terres arables, de la biodiversité, de transformation de l’agriculture en Ile-de-France, sont au centre même du projet alternatif Carma (Coopération pour une ambition agricole, rurale et métropolitaine d’avenir) et du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG).

Le changement climatique causé par les activités humaines émettrices de gaz à effet de serre (GES), avec pour conséquences canicules, sécheresses, inondations, diffusion d’agents pathogènes nouveaux, est aujourd’hui largement prouvé. Les effets sanitaires du stress thermique sont aussi bien connus (près de 20 000 morts en France en 2003). Les villes, par leur forme, leur densité, leur fonctionnement, leur activité, leur métabolisme, sont les principales sources d’émission de GES (80 %), 20 % des émissions restantes venant, en France, de l’agriculture (fertilisation des sols et élevage).

Le changement climatique n’est qu’une facette du changement global caractérisé par l’érosion de la biodiversité qu’une hausse de plus de 1,5 °C finirait de dévaster. On sait que les écosystèmes en bon état de conservation contribuent à la lutte climatique (captage et stockage du CO2 atmosphérique par les sols et la biomasse). Une double politique s’avère nécessaire d’atténuation par transition énergétique vers l’objectif zéro carbone et d’adaptation aux conséquences du dérèglement climatique par un alterurbanisme fondé sur/avec la nature (végétalisation).

L’agriculture de la région Ile-de-France, responsable de 7 % des émissions de GES, se distingue par une forte mécanisation sur de grandes exploitations peu favorables à la biodiversité, et l’élevage y est faible (7 % des exploitations), l’atténuation des émissions de GES dans l’agriculture passe surtout par la diminution des intrants chimiques fertilisants et la production d’énergie renouvelable (méthanisation, éolien…)

Au total, plusieurs pistes sont possibles : encourager la diversification des cultures (légumineuses), protéger et développer les habitats favorables à la biodiversité (fossés, haies, arbres, bosquets, mares, lisières…), renforcer le stockage du carbone dans les sols et la biomasse par des prairies, introduire des arbres dans les cultures pour favoriser la fertilité biologique des sols et réguler leur humidité.

La région a signé le 20 mars, la charte du RES (Réseau environnement santé), « Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens », devenant ainsi la première région française à s’engager contre l’usage des substances chimiques toxiques, en respectant ses cinq points, dont les deux premiers qui exigent de « restreindre et éliminer à terme l’usage des produits phytosanitaires et biocides qui contiennent des perturbateurs endocriniens et accompagner les habitants dans cette démarche », et de « réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens en développant la consommation d’aliments biologiques ».

Plus de deux cents villes et territoires ont signé cette charte, dont Paris. Les effets sanitaires des perturbateurs endocriniens (PE) sont connus : baisse de la fécondité masculine et des naissances masculines, anomalies dans les organes reproducteurs mâles, problèmes de fertilité des femmes, puberté précoce, cancers du sein et de la prostate, maladies immunitaires et auto-immunes, maladies neurodégénératives, obésité, diabète… Ils sont responsables d’une crise sanitaire d’ampleur épidémique selon l’OMS.

La région veut s’engager dans la production d’une alimentation saine, sans PE, et le Plan régional santé environnement 3e génération (PRSE3) a fait de la santé environnementale un enjeu majeur de santé publique, de la lutte contre les PE une grande cause régionale, avec la suppression totale des pesticides utilisés par l’agriculture intensive et néfastes pour la biodiversité, la santé des agriculteurs et plus largement des consommateurs.

De plus, une étude menée en 2015 par le commissariat général au développement durable (CGDD) a révélé que 92 % des cours d’eau et nappes phréatiques sont contaminés par ces pesticides. Avec son pacte agricole, la région voudrait bannir ces intrants chimiques à l’horizon 2030 en déployant une agroécologie à grande échelle dénuée de tout produit phytosanitaire, une agriculture bio, sans PE. La stratégie régionale pour la biodiversité voudrait également diminuer les effets des PE sur les écosystèmes.

Là encore, le projet Carma, qui se pose à la fois comme une alternative dans la région à l’artificialisation des sols et à l’agriculture intensive, pour la production d’une alimentation saine, s’intègre totalement dans ces objectifs qui lient santé des écosystèmes et santé humaine.

Ces arguments, en faveur du projet agricole Carma, démontrent les incohérences des pouvoirs publics et de la planification régionale qui soutiennent le projet Europacity, à l’heure de la crise écologique et du débat sur le climat. »

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Société

Des familles face aux dealers devant une école de Saint-Denis

Les télévisions ont relayé ces derniers jours l’initiative de parents contre les trafiquants de drogue à Saint-Denis, au nord de Paris. Ce sont surtout des mères de famille qui ont repris avec la rentrée la chaîne humaine qu’elles constituent chaque jour devant l’école de leurs enfants, pour la protéger symboliquement. Le trafic de drogue y est en effet un véritable fléau, qui pourrit littéralement la vie des habitants.

L’intrusion de dealers dans le groupe scolaire l’Ermitage-Balzac-Hugo le 13 mai dernier a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’école est en effet située entre deux « fours », c’est-à-dire des points de vente très fréquentés, pour ainsi dire quasiment des supermarchés de la drogue, ou plutôt des drives où les clients ne font que passer rapidement.

Cela fait déjà des années que la ville de Saint-Denis en Seine-Saint-Denis, le fameux département 93, est ravagée par les trafics de drogue ainsi que tout un tas de comportements anti-sociaux. Le trafic y est tentaculaire, il s’insinue partout comme le rapporte une habitante. La ville est aux portes de Paris, relativement accessible, alors les clients parisiens viennent s’y approvisionner en masse.

Le trafic se fait à ciel ouvert, au vu et su de tout le monde. Les plus jeunes, qui officient en tant que simples guetteurs dont le rôle est de crier « ça passe », disent gagner 80 euros par jour. Ce commerce est complètement ancré dans la vie locale et son tissu économique et social.

Pour autant, il n’y a rien de véritablement organisé et c’est un véritable chaos qui règne dans ces quartiers gangrenés par le trafic et les comportements mafieux, soumis à une concurrence sauvage entre les différents « fours ».

On comprend alors que les familles en ont ras-le-bol, surtout quand le trafic s’insinue dans l’école du quartier, en pleine journée. Les propos du collectif « Coup de balai à Saint-Denis – Bien vivre à Saint-Denis 93 » sont ainsi très dures, mais aussi très justes :

« Nous sommes des parents, enseignants, habitants du quartier Delaunay-Belleville-Sémard à Saint-Denis (93) bien décidés à récupérer notre espace public envahi par la drogue et les dealers et à lutter pour plus d’égalité dans tous les domaines. »

Il faut s’imaginer ici que les gens sont venus chercher leurs enfants à l’école et ont vu la police armée dans l’établissement. Les élèves avaient été confinés dans les classes le 13 mai dernier (selon le même protocole qu’en cas d’alerte attentat), alors que des individus liés au trafic s’étaient introduits dans l’établissement parce que poursuivit par la police.

Trente grammes de résine de cannabis (l’équivalent de 100 euros de marchandise) ont été découverts quelques jours plus tard, alors que ce n’était pas la première fois que de la drogue était retrouvée dans le groupe scolaire.

Il est très intéressant d’écouter ici ce reportage diffusé mardi sur France culture, qui prend le temps de donner la parole aux habitants, y compris aux jeunes liés au trafic :

Le portrait de la ville qui y est dressé est vraiment saisissant. Une telle situation est absolument inacceptable et on se dit que, si cette chaîne humaine est un geste évident de dignité populaire, c’est bien la moindre des choses. Comment ne pas vouloir prendre la fuite, plutôt ? À moins de ne pas pouvoir partir, d’être coincé là…

On ne peut qu’être saisi d’effrois en entendant cette personne rapporter les propos du commissaire, disant que ce n’est pas son problème et que de toutes façons les gens sont complices, eux-mêmes étant consommateurs et peu enclins à aider la police. Quel triste panorama.

Il faut dire ici la faillite terrible du PCF, qui gère cette ville de 111 000 habitants depuis plus de cent ans (hormis quelques années où les maires PCF Jacques Doriot puis Marcel Marschall sont passés sous l’égide fasciste du PPF). Le premier maire SFIO, Gaston Philippe, y a été élu en 1912. C’était un bastion ouvrier, c’est devenu une zone de non-droit.

Il serait trop facile cependant d’incriminer simplement le « 93 ». Si le trafic de drogue existe ainsi dans cette excroissance sombre de la grande métropole capitaliste parisienne qu’est Saint-Denis, c’est parce que la drogue est aussi présente partout ailleurs. Il n’y a pas de trafic à Saint-Denis sans des centaines de milliers de consommateurs à Paris et dans toute l’Île-de-France, comme partout ailleurs dans le pays.

Ce devrait être le rôle de la Gauche, l’un de ses grands combats, que de rejeter fermement la drogue en la combattant culturellement et socialement. Seulement, il faut pour cela accepter d’en finir avec le libéralisme, cette idéologie bourgeoise qui fait qu’on considère que chacun a le droit de faire ce qu’il souhaite, qu’il doit se voir respecté en tant qu’individu, en fait en tant que consommateur.

La véritable Gauche, celle de la classe ouvrière, du mouvement ouvrier, n’accepte pas ce libéralisme. Le combat culturel et social contre la drogue est alors une évidence. C’est une condition indispensable pour reconquérir des endroits comme Saint-Denis, en refaire des bastions populaires, des places fortes de la Gauche en région parisienne.

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Politique

Le 5e numéro de la Revue des Jeunes Génération-s

Le groupe de jeunesse liée à l’organisation de gauche Génération-s publie une revue, dont voici le 5e numéro.

Au sommaire :

– Un édito sur le Tour de France des Communes en Transition
– Menace sur la forêt
– La loi d’Orientation des Mobilités
– Un Entretien avec Sophie Taillé Polian, sénatrice Génération-s du Val de Marne
– L’école privé doit renouer avec l’idéal Républicain
– La lettre de Jan Kasnik, candidat aux elections européennes, à Jean-Michel Blanquer
– La sédentarité et l’inactivité physique, fléau du XXIème siècle
– Les municipales à Instanbul
– Le socialisme aux Etats-Unis

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Culture

Quand Niska fait un «freestyle» sur France inter

Le rappeur Niska a produit un « freestyle » sur France inter qui a été mis en avant sur le site et les réseaux de la radio. Cet artiste porte pourtant un style et des valeurs aux antipodes de ceux que prétendent incarner les gens de France inter.

« Niska en freestyle » sur France inter, quoi de plus baroque ? Son style ne correspond pas du tout à « l’esprit » de cette radio. France inter, c’est un esprit intello-bobo « de gauche », très lisse, offusqué par la Droite, bien que ne rejetant pas pour autant le confort bourgeois. Elle vise un public de gens s’imaginant cultivés, surtout des « profs » dit-on, qui n’aiment pas les fachos et les bourgeois roulant des mécaniques à la Sarkozy, mais qui aiment quand-même le confort de beaux quartiers urbains ou des grandes maisons à la campagne. Cela n’a en tout cas absolument rien à voir avec le genre d’attitude et de préoccupations d’un artiste comme Niska.

Voici son « freestyle » :

Ce genre de propos, chantés sur France inter, sont vraiment mémorables :

– ne me demande pas combien d’oseille (d’argent) j’ai mangé cette année, je veski (j’esquive) les impôts ;

– demande-moi combien de bitch (« salope ») j’ai vu se faire tourner dans les escaliers ;

– oh my god (oh mon dieu), sa sœur elle fait la timp’ (la putain), mais comment je vais le dire à mon pote ? Mais comment je vais le dire à mon pote que sa feumeu (femme) veut que je la fuck (« baise ») ?

– des 10 sur 10 en cours, c’est ce que maman m’avait dit, le million à 25 ans, mon prof de math ne l’a pas prédit.

Voici qui est très patriarcal, grossier, complètement fasciné par l’argent. C’est, pour tout dire, un état d’esprit littéralement de droite. C’est du Nicolas Sarkoy, mais à la manière prolétaire immigré aliéné de banlieue plutôt qu’Auteuil-Neuilly-Passy !

La vidéo qui accompagne l’article, le clip de « Du lundi au lundi », est encore plus poussée dans cet état d’esprit de droite anti-ouvrier. Il y est chanté que c’est mieux « d’augmenter les délits » plutôt que d’« aller à l’intérim », car ce qui compte c’est l’argent facile, le tout après avoir montré une panthère noire tenue en laisse. Rien que cette scène d’ailleurs est inacceptable pour qui a un minimum de valeurs morales.

Seulement voilà, les intello-bobo « de gauche » de France inter ne sont aucunement à Gauche. Ils ne connaissent rien à la culture populaire et aux classes populaires, dont ils ne partagent pas les valeurs, ni la culture.

Leurs offuscations récurrentes contre les fachos, la Droite, les « réacs », ne sont que du cinéma qui ne correspond à rien d’authentique. Et ils s’imaginent que Niska est acceptable seulement parce qu’il est d’origine immigré et qu’il vient de banlieue. Jamais de tels propos ne seraient ainsi mis en avant sinon.

Un artiste comme Niska, dont le dernier album ne parle quasiment que de trafic de drogue et d’argent sans travail, correspond tout à fait aux clichés qu’ont ces gens à propos de la banlieue et qui parfois effectivement sont un portrait caractéristique de toute une décadence.

France Inter ne propose rien d’autre que d’accompagner une telle décadence. C’est une faillite intellectuelle et culturelle. C’est là encore un signe de l’appauvrissement moral généralisé de la bourgeoisie, qui sombre corps et âmes avec le capitalisme triomphant, allant donc droit dans le mur et aboutissant à une époque où il faudra tout changer en long, en large et en travers.

Le Socialisme ne récupérera que le meilleur et se débarrassera de tout ce vide culturel, de toute cette décadence individualiste opportuniste.

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Société

L’enquête annuelle de l’Unef sur le coût de la vie étudiante

Comme chaque année, l’Unef publie un étude portant sur le coût de la vie pour les étudiants. D’après leur enquête, la hausse du coût de la vie étudiante est deux fois supérieure à l’inflation, soit une augmentation de 2,83%. Les difficultés concernent surtout le logement, car les prix se sont envolés dans les grandes villes ces dernières années et continuent d’augmenter.

Voici l’étude, qui est très détaillée et accompagnée des revendications de l’organisation étudiante :

Dossier-panier-social-3

L’Unef propose également un étude comparative du coût de la vie pour les étudiants dans les différentes villes :

classement-des-villes-universitaires-2019

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Rapport entre les classes Société

La bonhomie, la rondeur, ce qui définit le «prolétaire»

Le prolétaire, c’est celui qui n’a rien, à part ses enfants. L’appel de Karl Marx, « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », s’adresse à cette catégorie de gens qui portent véritablement toute la société sur leurs épaules par leur travail. Comment pourtant choisir un terme pour désigner leur nature propre, leur caractère ? On peut prendre celui de bonhomie. Le prolétaire est rond, le bourgeois est carré.

Si l’on prend l’image habituelle, celle du XIXe siècle, alors on a le prolétaire maigre, décidé, décisif, qui fait face au bourgeois ventripotent et incapable de savoir ce qu’est réellement le travail. C’est là un cliché erroné, qui est plus « syndicaliste » qu’autre chose.

En réalité, c’est le bourgeois qui est décisif, au sens de borné, étriqué, totalement bloqué dans son esprit, agissant mécaniquement. Le prolétaire est au contraire affable, d’esprit rond, il accepte. Et s’il accepte, c’est parce qu’il a le goût du réel.

Sa vie étant une succession d’expériences concrètes, de transformation de la matière, il sait que la vie a beaucoup d’aspects, que chacun fait son expérience. Le prolétaire a ainsi bon esprit, il est pratiquement bon enfant.

C’est bien pour cela d’ailleurs qu’il se fait tout le temps avoir : il ne lève pas le bout de son nez et ne sort pas de son expérience. La social-démocratie historique l’a toujours souligné, il faut que les prolétaires aient une vision d’ensemble, sans quoi ils se contentent d’être, somme toute, simplement ronds.

Lénine, dans son fameux ouvrage Que faire ?, ne fait que reprendre ouvertement cette conception social-démocrate, qui est le pendant de l’interprétation syndicaliste-révolutionnaire, pour qui le prolétaire est naturellement et forcément incisif, rude, batailleur, rebelle, etc.

Les faits montrent bien que ce sont les sociaux-démocrates qui avaient raison, et pas les syndicalistes-révolutionnaires, pas les anarchistes. La bonhomie, la rondeur, voilà ce qui définit le prolétaire, celui qui n’a rien. On a l’allégorie de cette forme de gentillesse avec l’homme sur le banc.

Cet homme, on l’a tous vu. Il a un certain âge, en tout cas son visage est au moins marqué. Ses habits, si ce ne sont des guenilles, ne ressemblent pas à grand-chose. On dirait qu’il vient de loin et souvent il a un sac, presque une sacoche ou en tout cas quelque chose d’un peu solide, pour ses affaires, peu nombreuses. On voit tout de suite qu’il n’a rien, strictement rien. Il est pourtant éveillé sur son banc, et il a une activité ronde : il donne à manger aux pigeons, avec bienveillance et un regard ému.

Il est impossible de ne pas avoir vu cette image si classique des villes. Elle est une parfaite allégorie du sens du partage, de la rondeur de celui qui veut le partage. Le bourgeois, lui, est vil. Il sait ce qu’il veut et il n’y a de place pour rien d’autre. Il n’a ni compassion, ni empathie. Sa passion est vivace, mais lui fournit un esprit sordide, bassement utilitariste. Il n’y a de place pour rien à part son élan dans son activité ciblée et réduite à sa substance même, lui-même se confondant avec ses propres objectifs, sans aucune distance.

Et face à de tels carrés, il faudra que les ronds sachent être aussi carrés, afin de les mettre de côté. C’est là toute une question de vision du monde et des moyens de faire en sorte qu’elle triomphe.

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Politique

Journées de rentrée du mouvement Génération-s à Villejuif les 28 et 29 septembre

Le mouvement Génération-s organise ses journées de rentrée samedi 28 et dimanche 29 septembre 2019 à Villejuif dans le Val-de-Marne. Elles sont intitulées « inventer le monde qui vient ».

On retrouvera toutes les informations sur le site internet rentree-generation-s.fr avec un lien pour s’inscrire.

Voici le programme :

Samedi

Plénières

– Désobéir ?
Comment la société peut-elle se faire entendre à l’heure des autoritarismes ?

– Communes : le changement, c’est comment ?
Inventer les territoires du monde qui vient.

Ateliers

– Technologies, sécurité et démocratie : demain le monde de Black Mirror ?

– Trump-Bolsonaro-Poutine : Macron le sauveur ?

– Pas de quartiers pour les inégalités

– Fin de la démocratie représentative ?

– Climat : Avoir 20 ans quand il n’en reste que dix

– Soignants et soignés, même combat

– Vive l’impôt ?
Répartir les richesses pour assurer les transitions

Dimanche

Plénières

– Mutations, transitions : quelles protections ?
Transition écologique, mutations du travail : quelle protection sociale ?

– 2022 : si on gagnait ?
Préférer l’union à la division : les gauches et les écologistes relèvent le défi de leur génération.

Ateliers

– Effondrement et démocratie, mission impossible ?

Refugees welcome, du slogan aux solutions

Les journées auront lieu à l’espace événementiel Les Esselières, 3 Boulevard Chastenet de Géry à Villejuif (94).

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Politique

«Convention de la Droite»: l’affirmation d’un néogaullisme conquérant avec Marion Maréchal comme figure de proue

Une partie de la Droite française se reconstitue autour d’un néogaullisme conquérant et farouchement opposé à la Gauche, en visant l’hégémonie dans son propre camp. C’est précisément dans ce cadre que s’inscrira la « Convention de la Droite », prévue le 28 septembre à Paris en présence de Marion Maréchal et d’Eric Zemmour, ainsi que d’un certain nombre de personnalités importantes de la Droite conservatrice et de l’extrême-Droite.

C’est le magazine L’incorrect qui organise cette convention avec les associations « Racines d’Avenir » (un mouvement issu des Républicains et destiné à la jeunesse) et « Cercle Audace » (un réseau issu du Front national et tourné vers l’union « des Droites »).

Doivent y participer tout autant des personnalités de LR comme Xavier Breton, député de l’Ain, que des personnalités du Rassemblement national comme Gilbert Collard, Robert et Emmanuel Ménard, ainsi que bien sûr que le prétendu électron libre Marion Maréchal. On y trouvera même un dirigeant de l’UDI / Nouveau Centre, Fabrice Haccoun, ainsi qu’un certain nombre de personnes liées au quotidien traditionnel de la Droite, Le Figaro.

Il y a depuis ces dernières années un grand bouillonnement au sein de la Droite française, qui voit converger avec la Droite traditionnelle des nationalistes liés d’une manière ou d’une autre à l’ancien FN et au mouvement identitaire. Cette « Convention de la Droite » doit être une étape importante dans la constitution de ce nouveau front néogaulliste, dont Marion Maréchal et son entourage immédiat apparaissent de plus en plus comme la force centrifuge.

Qui sont les organisateurs ?

Les trois organisateurs, Erik Tegnér, François de Voyer et Jacques de Guillebon, sont tous très proches de l’ancienne députée du Vaucluse et ont comme objectif commun le rassemblement de la Droite dans une perspective nationaliste.

Erik Tegnér, membre de LR, se présente comme « démineur d’une alliance populistes & conservateurs ». Il avait organisé l’année dernière lors de sa campagne pour la direction des Jeunes Républicains une réunion avec des figures très diverses allant de Romain Espino de Génération Identitaire à Nicolas Dupond-Aignan de Debout la France, en passant par le néogaulliste Paul-Marie Coûteaux, ancien proche et conseiller de Marine Le Pen, dont on disait qu’il serait le ministre de la Culture.

C’est la même rengaine pour François de Voyer, dirigeant du cercle Audace, qui a été candidat du RN aux dernières législatives et qui reçoit des figures aussi diverses que le très conservateur Jean-Frédéric Poisson ou le néogaulliste Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. François de Voyer avait accompagné Marion Maréchal aux États-Unis lors de son discours devant les conservateurs américains.

Jacques de Guillebon, un catholique traditionaliste, est lui aussi un fervent partisan d’une union allant de LR aux identitaires. Il est le président du conseil scientifique de l’ISSEP, l’École de Marion Maréchal, ainsi que le directeur de L’incorrect. Cette revue avait organisé l’an dernier un débat contre « mai 68 », dont la convention de cette fin septembre sera une sorte de prolongement.

> Lire également : Marion Maréchal contre « mai 68 »

Une grande ambition est ouvertement affichée puisqu’il est ni plus ni moins question de « victoire face à Emmanuel Macron en 2022 ». Alors que la Droite traditionnelle est éparpillée, sans chef de file, travaillée au corps par le centrisme et le libéralisme, les tenants d’une Droite conservatrice et farouchement antilibérale entendent s’affirmer et disposer de l’hégémonie en rassemblant jusqu’à l’extrême-Droite.

« L’alternative au progressisme »

Eric Zemmour, qui inaugurera les débats, est ici une figure de choix puisqu’il représente cette Droite que l’on dit décomplexée, assumant de s’en prendre ouvertement à la Gauche et de prôner un discours réactionnaire. « L’alternative au progressisme » sera d’ailleurs le thème principal de cette convention, au sens où bien entendu il s’agit de briser la Gauche en l’assimilant au « progressisme » d’Emmanuel Macron.

Il s’agit de réduire la Gauche à la prétendue Gauche devenue post-moderne, post-national, entièrement libérale culturellement, etc.

« L’heure est au réveil et à la reconquête » dit ainsi le texte de présentation qui parle directement de « stratégie conquérante ». Il s’agit pour ces gens de prendre le pouvoir, selon la considération que Marine Le Pen a échoué dans sa tentative, que la Droite traditionnelle est trop perméable au libéralisme et que rien ne vaut un grand élan nationaliste, pétri d’anticapitalisme version catholico-romantique, mais en même temps libéral économiquement, pour réussir.

La critique du libéralisme dans les mœurs, dans le prolongement des grandes mobilisations national-catholiques contre le mariage homosexuel (et aujourd’hui contre la PMA et la GPA) est le dénominateur commun de toute cette Droite, qui voit bien qu’elle a un boulevard de par la faiblesse extrême de la Gauche historique (celle qui n’est pas passée sur le terrain de ce libéralisme ultra-individualiste pour qui chacun doit consommer comme il veut). Il s’agit pour eux de s’appuyer sur ces questions pour mobiliser la société française afin de servir un néogaullisme dans le cadre de la tendance à un repartage du monde, jusqu’à la guerre.

C’est la version française des populismes mondiaux, en concurrence avec les autres options françaises du populisme que représentent principalement Marine Le Pen avec le Rassemblement national et Jean-Luc Mélenchon avec la France insoumise. C’est très proche de la stratégie du FPÖ autrichien, qui a pareillement les identitaires comme sas idéologique de formation et d’incubation des idées de « révolte » par la Droite.

Un populisme « gilets jaunes »

La question des gilets jaunes est donc ici très importante, afin de se présenter comme populaire, en fait populiste. La vidéo de présentation à la manière hollywoodienne de cette « Convention de la Droite » fait très fort dans ce « lyrisme » gilet jaune anti-Macron, affirmant que « le Peuple gronde » et que « la France se réveille ».

Marion Maréchal avait fait de même dans sa tribune publiée suite à l’annulation de son invitation à la réunion de rentrée du Medef, elle qui a soutenu les gilets jaunes depuis le début et jusqu’au bout. Elle y évoquait « le chef d’entreprise, l’artisan, le commerçant, les ménages usent leurs forces à financer le puits sans fond d’un chômage structurel, d’une immigration délirante et extrêmement coûteuse qui vient profiter des largesses de notre système social, ou de privilèges bien installés dont l’existence ne se justifie plus ».

Sa perspective est clairement un néogaullisme agressif ; elle cite d’ailleurs ouvertement De Gaulle dans sa tribune, ce qui est relativement nouveau de sa part :

« [De Gaulle] ne se soumettait pas à je ne sais quel diktat capitaliste, il n’était pas non plus obsédé par une vision comptable du remboursement de la dette : il agissait en patriote soucieux de l’indépendance française. »

Le ton est ouvertement nationaliste et va-t-en-guerre, pavant la voie à la militarisation totale :

« Notre pays ne peut malheureusement pas se contenter de vivre sur ses acquis en regardant désabusé la disparition progressive de la classe moyenne et la relégation croissante des classes populaires.

L’avenir appartient aux nations indépendantes qui déploient une véritable stratégie industrielle, qui refusent la colonisation économique de puissances étrangères dans des secteurs stratégiques comme l’industrie de défense ou l’agriculture, qui défendent leur souveraineté notamment numérique, qui favorisent les produits fabriqués sur leur territoire, qui protègent leurs ressources par une écologie concrète et non idéologue, qui orientent l’investissement vers l’innovation et l’éducation. »

Une convention très importante

La « Convention de la Droite » servira à discuter de cette orientation néogaulliste, afin de déterminer stratégiquement le chemin de la marche au pouvoir, qui passe inévitablement par l’union des forces de la Droite.

Il y a donc un moment très important dans l’actualité politique de notre pays, avec des forces réactionnaires synthétisant au moins deux décennies de divergences et de propositions issues de différents courants. L’heure est pour eux maintenant à l’unité, pour la conquête du pouvoir.

La Gauche doit considérer cela avec le plus grand sérieux et la plus grande attention, puisqu’il s’agit de la principale menace politique à moyen et long terme. Elle doit s’organiser dans cette perspective et mobiliser les classes populaires contre ce nationalisme et la tendance à la guerre dont il profite et à laquelle il participe de plein pied.

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Politique

Le plan Marshall et Fabien Roussel, secrétaire national du PCF

Fabien Roussel n’est pas très connu, mais depuis la fin de l’année 2018, c’est le dirigeant du PCF, c’est-à-dire son secrétaire national. À l’occasion de la campagne actuelle contre les violences mortelles contre des femmes par leurs conjoints, il a employé de manière favorable l’expression « plan Marshall ». Cela en dit très long, parce que toute l’identité du PCF est pourtant issue de l’opposition totale au plan Marshall après 1945…

Le plan Marshall fût un outil américain d’une utilité énorme pour ce pays. Les États-Unis étaient en surproduction dès avant la seconde Guerre mondiale. Le Plan Marshall consiste alors à dire : on vous prête de l’argent, car vous n’avez plus rien à cause des destructions, mais il faut acheter américain. Vous rembourserez plus tard.

On l’aura compris, c’est une vente à crédit et, forcément, les pays voulant garder leur indépendance on dit non. Les autres ont dit oui, considérant que la perte de l’indépendance, au moins relativement du moins, valait mieux que le risque communiste.

Ainsi, à part le PCF, farouchement opposé au plan Marshall, tout le monde a dit oui, socialistes y compris. Cela a même servi de détonateur à la sortie de toute une fraction de la CGT, qui donna la CGT – Force Ouvrière, qui existe encore comme on le sait et clame toujours qu’il est né comme syndicat dans le rejet du communisme et la poursuite du syndicat anti-politique, dans la tradition de la charte d’Amiens.

En rejetant le plan Marshall, le PCF et la CGT se sont isolés politiquement, ils ont assumé un haut niveau de conflit, d’ailleurs l’opposition aux Américains allait amener des batailles dures, voire très violentes en France. Fabien Roussel ne peut pas ne pas le savoir.

Son tweet réclament un plan Marshall est donc lunaire. C’est une insulte à tout ce qu’a été le PCF :

« 100 femmes assassinées par leur conjoint dps le debut de l’année. Le #PCF est avec les assos féministes pour un vrai plan Marshall de lutte ctre les violences et la création d’unités spéciales (police, justice, medecins) d’accueil des femmes ds ts les départements! #Grenelle »

Pourquoi emploie-t-il une telle expression ? Déjà, par décadence totale au sein du PCF, qui ne cesse donc de perdre ses valeurs, au point d’être totalement délavé. Mais ensuite, aussi par cynisme. Car l’emploi à tort et à travers par les médias et certains politiques des expressions « Grenelle » et « plan Marshall » n’est rien d’autre qu’une opération de communication sur le dos de la cause des femmes.

On sait que Twitter force à résumer, conceptualiser au maximum, mais là c’est l’absence de respect sans commune mesure… On prétend vouloir des « plans d’urgence », ce qui ne veut strictement rien dire, car c’est le contenu qui compte. Les accords de Grenelle issus de mai 1968 ne sont pas un plan d’urgence, mais des acquis arrachés. Quant au plan Marshall, c’est une manœuvre américaine. Quel rapport avec la mise en place réelle d’un soutien aux femmes ?

On voit que le problème, ce sont ici les réseaux sociaux, mais surtout la consommation politique. Car le mouvement « #metoo » ou « youth for climate » avec Greta Thunberg, ainsi que toutes ces choses qui ne sont que des bulles montées de toutes pièces, sont aux antipodes de l’organisation démocratique du peuple sur des valeurs. Ce qu’a pourtant été capable de réaliser la Gauche historique à une autre époque. Et ce dont nous avons besoin aujourd’hui.

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Le Parti animaliste et Michel Sardou le romantique

« On n’a plus aucune liberté » : c’est la vieille rengaine des anarchistes de droite depuis les années 1960. Michel Sardou se situe sur cette ligne, même s’il porte une critique romantique de la société dans une veine nostalgique, l’amenant à Droite. Son soutien au parti animaliste dit bien des choses sur l’utilisation de la juste défense des animaux pour une posture apolitique, anti-politique.

Au début des années 1970, Michel Sardou racontait comment il entendait dénoncer les choses :

« Je ne suis pas foncièrement un homme de révolte. Je chante les choses de la vie, faites de violence, d’amour, de soucis. Nous vivons dans une période d’agressions. »

Il était alors le barde de la Droite, au point qu’il y avait des Comités Anti-Sardou. Cependant, il faut faire attention, car il porte une dénonciation réelle de la société, qu’il croit de droite, car malheureusement c’est le romantisme qui a pris en charge une dénonciation de la folie moderne.

Pour preuve, sa chanson « Les Villes de Grandes Solitudes », cherchant à dresser le portrait de quelqu’un brisé par l’anonymat propre au capitalisme de son époque. Il y a eu un gigantesque malentendu à l’époque, où des féministes n’ayant rien compris à sa dénonciation ont cru qu’il fallait prendre cela au premier degré.

C’est ici la preuve d’un échec complet de la Gauche dans la critique du capitalisme, qui a prolongé la domination du romantisme basculant dans la nostalgie réactionnaire.

« Dans les villes de grande solitude
Moi le passant bien protégé
Par deux mille ans de servitude
Et quelques clous sur la chaussée

Dans les villes de grande solitude
De nouvel-an en nouveaux nés
Quand j’ai bu plus que d’habitude
Me vient la faim d’un carnassier

L’envie d’éclater une banque
De me crucifier le caissier
D’emporter tout l’or qui me manque
Et de disparaître en fumée

Mais dans les villes de grande solitude
Tous les héros se sont pollués
Aux cheminées du crépuscule
Et leurs torrents se sont calmés

Alors je fonce comme une bête
Sur le premier sens interdit
Aucun feu rouge ne m’arrête
Je me sens bien dans ma folie

J’ai envie de violer des femmes
De les forcer à m’admirer
Envie de boire toutes leurs larmes
Et de disparaître en fumée

Mais dans les villes de grande solitude
Quand l’alcool s’est évaporé
Je replonge dans la multitude
Qui défile au pas cadencé

J’ai peur d’avoir brisé des vitres
D’avoir réveillé les voisins
Mais je suis rassuré très vite
C’est vrai que je ne casse rien »

Quel gâchis pour la Gauche de ne pas avoir vu le besoin de changer la vie sous-jacent à de telles critiques. Cela a malheureusement formidablement aidé la formation d’une Droite populaire durant les années 1980.

Michel Sardou s’est bien entendu enferré dans sa démarche. Il idéalise donc la période qu’il dénonçait hier… Comme avec ses derniers propos sur RTL.

« On fumait, on faisait l’amour, on roulait vite, on pouvait boire, le théâtre marchait, les affaires marchaient… La vie est moins souple, moins détendue que dans les années 80. Le téléphone portable, je hais ça et les réseaux sociaux, n’en parlons pas. Et les gilets jaunes et les gilets rouges et les gilets bleus et les gilets verts… Et merde, ça va ! La seule politique que je pratique, c’est que je fais partie du Parti animaliste. Je défends les petites bêtes. »

Il rejoint donc la ligne, bien connue, de Brigitte Bardot. Et c’est une raison d’avoir critiqué ici le Parti animaliste pour son apolitisme. La défense des animaux, leur protection, même la révolution de leur condition… tout cela concerne la Gauche et doit être dans le programme de la Gauche.

> Lire également : Le parti animaliste aux élections européennes

Cela ne doit pas être prétexte à une posture pour voir tout en noir et se cantonner à caresser un chien ou un chat en disant : le monde est pourri ! C’est là une critique ayant sa part de valeur, mais conduisant dans un cul-de-sac, qui dessert la cause qu’on prétend servir.

Combien il reste de travail en France pour arracher la critique de la société aux postures romantiques-nostalgiques !

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Communiqué du PCF sur le «Grenelle Violences Conjugales»

Communiqué publié mardi 3 septembre 2019 par le PCF :

« Annonces d’Edouard Philippe au grenelle des violences conjuguales : Fake news budgétaire !

Le « Grenelle Violences Conjugales » a  commencé aujourd’hui. Depuis l’annonce de sa tenue, 27 femmes sont décédées, assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint. Ces assassinats auraient pu être évités. Il auraient du l’être.
Ce grenelle doit avoir pour priorité l’engagement de l’État dans un plan ambitieux d’éradication des violences dites conjugales. Il ne doit pas se limiter à des effets d’annonces et à des plans de communication.

Alors qu’il manque 1 milliard d’euros pour accompagner et mettre à l’abri les femmes victimes, le Premier ministre annonce un plan de 5 millions d’euros pour la création de 1000 place d’hébergement d’urgence. Fake news budgétaire ! Avec 5 millions, une centaine de places seulement pourrait voir le jour.

Des mesures existent, il faut les mettre en place. Le PCF, mobilisé contre les violences faites aux femmes, exige l’application et la mise à l’ordre du jour du Parlement de la loi-cadre contre les violences faites aux femmes.

Le PCF demande la mise en place de lieux uniques. Pour en finir avec les parcours semés d’embuches, nous proposons la création d’unités spéciales d’accueil des femmes victimes de violences dans tous les départements. Lieux dans lesquels les victimes pourraient accéder à la police, la justice, l’aide juridictionnelle, l’unité médico-judiciaire pour faire les constats et les prélèvements et au moins une association spécialisée.

Ces unités devraient pouvoir s’appuyer sur un quota d’hébergements et de logements dédiés, dispositif clé pour la sortie des violences ; et d’un accompagnement par des consultations en psycho-trauma.

Aujourd’hui les services publics de prises en charges des femmes victimes de violences sont indigents ! Avec seulement 46 Unités Médico-Judiciaires en France soit environ un pour deux départements. Il est très compliqué pour les femmes victimes de faire constater les violences, de faire des prélèvements en cas de viols, d’amasser des preuves pouvant servir devant la justice.

Les communistes seront aux côtés des associations et des proches des femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, pour continuer la mobilisation. »