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Tribune de Jean-Christophe Cambadélis : « Il faut construire, bâtir et élaborer un cycle nouveau. »

Dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche, Jean-Christophe Cambadélis appelle la Gauche à se reconstruire dans un nouveau cycle.

S’il peut être considéré comme une figure usée représentant un certain passé ayant échoué, Jean-Christophe Cambadélis compte néanmoins parmi les figures importantes d’une Gauche ayant réussi à conquérir tous les pouvoirs en France et ce à plusieurs reprises.

D’ailleurs, il ne considère pas lui-même avoir échoué, car la mission de la Gauche consisterait simplement à « dompter » le capitalisme, pour y introduire « une part de justice, d’égalité et d’humanité ».

Pour lui, la Gauche est quelque-chose de très large, de très sociétale et il considère qu’elle représente encore beaucoup de choses et de gens en France. Cependant, il admet cette évidence que tous les compteurs doivent être maintenant remis à zéro entre les forces, entre les courants. « Tout est pardonné », dit-il avant de conclure qu’« il faut que l’on se parle ! »

Le Rassemblement national de Marine Le Pen représentant une menace très sérieuse, il s’agit donc selon lui de ne pas jouer avec le feu au risque de tout perdre.

Voici sa tribune :

« Il manque de tout à gauche : d’union, de stratégie d’ensemble et de nouveaux concepts. Surtout de bienveillance et d’humilité. La gauche est un « no man’s land » où les ambitions ne manquent pas, où l’inimitié est partout et la dynamique nulle part. La gauche n’est pas pour autant détruite. Cumulée électoralement, elle avoisine les 30%. Socialement, elle est sans équivalent. Au niveau local, la gauche municipale est un réseau solide et structurant.

Culturellement, même si elle a beaucoup perdu, elle produit, crée et agit partout sur le territoire. Intellectuellement, même si sa domination sans partage est entamée par le libéralisme, elle reste bien vivante. Et malgré le nomadisme électoral, un Français sur deux se dit de gauche.
La gauche est divisée, atomisée, percluse de querelles de chefs, ce qui la rend sans ressort pour la conquête du pouvoir. Alors que ceci serait ô combien nécessaire à la France d’aujourd’hui.

Évidemment, les écologistes peuvent critiquer l’absence de radicalité dans la transition écologique. Mais c’est par la gauche qu’ils ont pu peser, obtenir des ministres, une présidente de région, voire un groupe parlementaire. Ils ont participé à un gouvernement qui a imposé un accord mondial historique sur le climat. Et combien de collectivités locales où les écologistes travaillent au quotidien avec toute la gauche… Jamais ceci n’aurait été possible en incarnant un « ni droite ni gauche ».

Chacun le sait, l’écologie est avec le numérique la question de notre temps. Mais l’écologie ne règle pas la nouvelle question sociale, tellement prégnante dans le capitalisme immatériel. Et celle-ci ne règle pas la question écologique. Alors un courant écologiste durable ne peut être dans un seul parti. Et un parti de gauche sans l’écologie est un couteau sans lame. La gauche et les écologistes sont condamnés à s’entendre. Comme le dit avec raison son secrétaire national David Cormand : « Il faut faire 50% pour gagner une élection. Et même dans mes rêves les plus fous, je ne vois pas les écolos les faire seuls ».

A gauche les fractures sont nombreuses. Une partie reproche à l’autre de l’avoir entravée dans son action et cette dernière reproche à la première d’avoir dévoyé son projet. Chacune porte une part de l’échec. Car les leaders de l’une ont gouverné avec l’autre. Et celle qui ne gouvernait pas n’a pas réussi à proposer une alternative majoritaire. Elles ont été irréconciliables. L’une a fait perdre l’autre, qui lui a bien rendu. La gauche réformiste s’est effondrée dans la présidentielle. Et la gauche radicale est revenue à son étiage aux européennes.

Il est possible de faire de ces revers un bien. Personne ne peut dire : « la gauche, c’est moi ». Il y a une fenêtre pour l’union. Aux municipales d’abord. Il n’est pas compréhensible que, ayant gouverné, travaillé, espéré ensemble dans les collectivités locales, nous partions en ordre dispersé. La compétition est utile à condition qu’une unité soit au rendez-vous.

Si nous en restons là, les écologistes d’un côté, la gauche de gouvernement de l’autre, la gauche radicale, la gauche républicaine, la gauche européenne, la gauche mouvementiste, et pour finir, dans chaque famille, les divisions d’hier et les ambitions d’aujourd’hui, alors la gauche s’abîmera et trônera sur les étagères de l’Histoire.

L’enjeu, c’est la nouvelle France. Qui ne voit pas que seule la gauche est en capacité de construire une transition social-écologique au nouveau capitalisme numérique immatériel?

Les gauches ont forgé leur réflexion et déployé leur action dans le capitalisme industriel. Elles ont introduit une part de justice, d’égalité et d’humanité dans ce capitalisme. C’est tout l’enjeu du nouveau combat pour domestiquer écologiquement et socialement le capitalisme immatériel. C’est la nouvelle frontière de la gauche, les querelles de l’ancien monde n’ont plus leur place dans celui qui vient.

Ces nouveaux combats sont propres à fonder une nouvelle unité et un nouveau progressisme. L’un ne va pas sans l’autre.
Il y a une autre raison de surmonter nos querelles d’un autre temps. L’urgence de la situation politique. Qui ne voit pas qu’Emmanuel Macron est devenu un rempart de papier face à Marine Le Pen? Rejeté par près de 70% du pays, il est détesté à gauche et à droite. La dédiabolisation des frontistes du Rassemblement national, combinée à la détestation maximale d’Emmanuel Macron, crée les conditions d’un tournant obscur dans un pays agité par les amertumes de toutes sortes.

L’effondrement du clivage gauche droite a libéré les populismes et donné une nouvelle force au national-populisme, incarné par la famille Le Pen. Dans un pays où la crise du résultat produit un profond « du pareil au même », le maintien de Macron par le rejet des extrêmes n’est jouable que si le consensus est grand autour de ce dernier. Ce qui, à l’évidence, n’est pas le cas.

La droite n’est pas en état de faire barrage comme chacun peut le constater. Et si la gauche est divisée en chapelles hostiles, alors le terrain est dégagé pour le lepénisme et ses 11 millions d’électeurs au second tour de la présidentielle.  Face à une France politique en décomposition, la force relative mais compacte du lepénisme permet d’envisager le pire.

On se rassurera à bon compte aux municipales, régionales, départementales, mais la machine infernale est en place. Et ce n’est pas l’accélération libérale et la stratégie du débauchage, enrôlant les malgré nous du macronisme, qui va changer la donne.

Alors, chers amis, où que vous soyez, quels que furent vos engagements d’hier, tout est pardonné. Tout doit être surmonté, avec bienveillance, humilité et imagination. Il faut construire, bâtir et élaborer un cycle nouveau.
Cela ne passera pas par un seul parti, encore moins par une seule personnalité, mais par un nouveau « tous ensemble ».

Il faut que l’on se parle! Réconcilions-nous. »

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Tribune d’Audrey Pulvar : « N’ayons pas peur d’être de gauche »

Audrey Pulvar publie une tribune dans L’Obs dans laquelle elle parle d’écologie, de révolution et de la Gauche.

Beaucoup de gens seront forcément mal à l’aise avec l’association d’Audrey Pulvar et du mot Gauche, tellement elle représente un certain état d’esprit bobo détestable, voir caricatural. On sera d’ailleurs amusé de voir qu’elle évoque dans sa tribune plusieurs philosophes en les liant à la Gauche et à la révolution des esprits, mais qu’elle ne semble pas connaître l’existence de Karl Marx !

La tribune qu’elle publie dans l’Obs, l’hebdomadaire par excellence des bobos, est néanmoins intéressante. C’est intéressant non pas tant par ce qui y est dit, car c’est en fin de compte ce que pensent déjà beaucoup de gens, mais parce que cela illustre un tournant : de plus en plus de personnalités assument à nouveau la Gauche, le termes Gauche, l’identité de gauche.

C’est assurément une bonne chose, bien qu’il ne faille pas oublier en même temps l’impérieuse nécessité pour les masses populaires et en particulier la classe ouvrière de se réapproprier la Gauche, de ne pas se la faire confisquer à nouveau par une partie de la bourgeoisie.

Voici la tribune publiée ce mercredi 26 juin 2019 :

« La totalité. Rien de moins.

C’est dans la totalité de nos modes de vie, nos organisations, nos projections, que s’inscrit la pensée écologique. Totalité des conséquences effroyables du réchauffement climatique, déjà constatées pour des dizaines de millions d’individus ; totalité de la révolution – et non simple évolution – à opérer pour relever le défi de façon solidaire et responsable.

Mais surtout, totalité de la définition de nous-même à réécrire, créer, construire. Totalité de notre relation à l’autre humain, à l’autre à naître, à l’autre vivant, y compris non-humain ; de notre relation au temps, à l’Histoire, à ce qui compte vraiment.

Totalité des références à pulvériser.

L’écologie n’est pas qu’une affaire de climat, de source d’énergie, de disparition d’insectes ni d’ours blanc dérivant, hagard, sur son morceau de banquise détaché. L’écologie n’est pas qu’une affaire de quinoa, de robinets fermés, de « manger local », d’éoliennes ou de fenêtres bien isolées. Ce que sous-tend la pensée écologique, qui reste à élaborer – bien que de nombreux philosophes, sociologues ou anthropologues, de Dominique Bourg à Timothy Morton, en passant par Erik Olin Wright ou Abdourahmane Seck, pour ne citer que ceux-là, aient déjà beaucoup produit à ce sujet –, concerne avant tout des questions aussi vastes que la justice sociale, la solidarité internationale, le partage de ressources vitales raréfiées, la responsabilité individuelle et collective.

L’autre, encore et toujours. L’autre, l’espace, la transversalité ! Pas petit, mais grand. Pas mon nombril, ma communauté, mais le vaste, le total, l’Humanité. Pas seulement le « vivre ensemble » mais bien plus le « faire ensemble ». Or cet ensemble n’est pas que mon voisin et moi, ma nation et moi, mon continent et moi… cet ensemble est le nouveau cosmos. Et nous dans ce cosmos.

Qu’est-ce que la notion de progrès, quand il détruit l’être et/ou soumet son écosystème au point de le dégrader dangereusement et à jamais ?

Qu’est-ce que l’innovation, si elle remplace une prédation par une autre, l’actualise en quelque sorte, et n’améliore le sort que de quelques-uns au détriment du plus grand nombre ?

Qu’est-ce que le développement s’il ne concerne qu’un hémisphère du globe, au prix de l’exploitation sans cesse réinventée du second ? Notre hémisphère Nord prospère et, recroquevillé sur ce qu’il considère comme ses trésors d’achèvement, ne survit que parce qu’il est érigé depuis le socle d’un hémisphère Sud vidé de sa substance et vers lequel aujourd’hui nous renvoyons nos productions les plus inconvenantes : déchets sensibles, molécules interdites, chimie mortelle, véhicules de réforme, modèle économique mortifère, mirage nucléaire mais aussi émissions de gaz à effets de serre.

Qu’est-ce que la compétitivité, quand elle s’accompagne d’un sentiment de perte d’utilité pour celui ou celle qui travaille, de maladies professionnelles, d’une plus grande précarité et de baisse du pouvoir d’achat ? Quand elle a pour corollaire l’aggravation de la situation climatique, la combustion permanente de notre hyperconsumérisme, la rémunération toujours plus faible d’une valeur travail mondialisée pourtant toujours plus lucrative pour le tout petit groupe de celles et ceux sur l’argent desquels le soleil ne se couche jamais, présent qu’il est sur les 24 fuseaux horaires ?

Qu’est-ce que le bonheur s’il repose sur la possession toujours plus nombreuse d’écrans et de produits manufacturés, à condition que des enfants travaillent, esclaves, pour nous chausser, nous habiller de jeans ou rendre nos téléphones plus intelligents ? Douze heures de travail étouffant, nocif, pénible pour une ration alimentaire, pour un dollar ou une volée de coups de pieds, et qui pour t’en défendre ? D’où surgit le sens, dans une vie envahie d’objets, de clics, de pouces levés, de swaps, mais vide de relation sincère à l’autre, de responsabilité à l’égard du vivant, dans laquelle l’avoir a supplanté l’être, où le temps de cerveau disponible se monnaye à prix d’or ?

Qu’est-ce qu’un « homme augmenté », s’il ne s’agit pas d’améliorer ses conditions de vie, mais simplement de le rendre corvéable, infatigable, encore plus efficace ?

Qu’est-ce que le vote si les régimes totalitaires, leurs haines et leur passion pour le contrôle ne font plus peur, pourvu que des prises USB demeurent ?

Que veut dire le mot réussite, s’il repose sur la non-résorption des inégalités, dans des sociétés de plus en plus violentes, dépressives, malades, structurellement injustes où consommer plus est la seule réponse au mal de vivre qui « ensommeille au creux des reins », comme le chantait Barbara ?

Qu’est-ce qu’être raisonnable, réaliste… « adulte », dans un système capitaliste mondialisé emporté par sa propre déraison, dont le projet tient en deux mots, Enrichissez-vous !, pour la même petite minorité, tandis que la même majorité s’appauvrit sans protester, puisque pour elle, ce capitalisme contemporain a inventé un mantra, en trois mots celui-ci : Manger, wi-fi, dormir ?

À l’heure de l’urgence climatique et de l’effondrement du vivant, répondre à ces questions ne relève ni de la nostalgie pour un communisme productiviste, ni du renoncement face à un cataclysme annoncé comme inéluctable, ni d’un cynisme d’élites (ces principales responsables du problème, qui ont toujours les moyens de s’en protéger) promptes à tancer des masses supposées ignares. C’est tout le contraire. Sans angélisme, mais avec détermination, elles réclament, ces questions, l’élaboration d’une pensée écologique profonde, didactique, à la fois lucide et enthousiasmante. Le constat de la catastrophe et de ses répercussions est connu, documenté. Les conséquences de nos irresponsabilités dès aujourd’hui et pour demain identifiées. Les efforts à fournir et la profondeur de la remise en question également. Ce qu’il nous reste à bâtir ? La route.

Que l’ampleur de la tâche à concevoir échappe à notre entendement n’a rien d’anormal. Mais cette incapacité à saisir l’étendue des possibles restant à inventer n’est pas synonyme de sidération. Bien au contraire, elle nous place, nus et par grand vent, au pied d’une chaîne de montagnes hostiles à gravir, sans possibilité de rebrousser chemin, avec pour seules ressources notre condition humaine et son inaliénable intrinsèque : l’espoir.

Or, si, enfin honnêtes, nous voulons sortir de la cécité pour tenir réellement compte des alertes scientifiques, des affaissements déjà à l’œuvre, de l’injustice dans laquelle sont tenus, partout sur terre les moins lotis (y compris dans nos pays dits riches, elles et ils, les moins responsables de désordres climatiques, en sont pourtant les premières victimes), vers quelle autre grande idée humaine nous tourner que la politique ?

Ici de grands cris désabusés… Ah, les politiques ! Tous les mêmes… et puis que n’avons-nous déjà essayé (on ne le sait que trop bien) ? Comment les différencier ? Tous copains et coquins ! Assertions trompeuses. D’ailleurs on ne parle pas ici des politiques, mais bien de la politique. Celle qui se met au service de la cité, de l’être et de demain. Celle qui pense le long terme, plutôt que l’attrait du prochain mandat. Celle qui se reconnaît, se revendique et ne craint pas, par calculs mesquins et/ou à courte vue, de dire ce qu’elle défend.

Celle qui prend la mesure de ses responsabilités, au regard non seulement du temps présent mais de l’Histoire, et ne cède pas à la trépidation.

En vogue est l’idée faible selon laquelle, dans notre pays encore régi par les institutions à la fois sûres et figées de la Ve République, droite et gauche n’existeraient plus. Le nouveau monde ne s’en accommoderait pas. Ne subsisteraient que des extrêmes, et au milieu une social-démocratie libérale de bon aloi, elle au moins adaptée aux temps modernes. De cette disparition des grandes familles politiques, cependant, la pensée écologique n’aurait cure, car c’est bien connu, l’écologie ne serait « ni de droite, ni de gauche ». Assertions trompeuses, bis.

Certes, ni l’air que nous respirons, ni la température au sol ne sont de droite ou de gauche. Il y a bien, pourtant, une réponse de droite ou de gauche au défi climatique. Il y a bien une transition écologique solidaire de gauche réclamant une réinvention de nos références et une transition écologique technologique de droite se contentant d’une adaptation, sans renoncement au vieux monde, sans abandon du moteur surconsumériste capitaliste. Il y a bien un avenir de Terriens, dans lequel le plus grand nombre possible d’êtres, engagés de longue date dans une transformation responsable de leurs modes de vie, auront redéfini leurs aspirations et déterminé le nouvel étalon de leur sentiment de plénitude, et un avenir de Martiens dans lequel se projettent ceux qui continuent de prêter à la technologie la capacité à nous dispenser d’un puissant effort de sobriété.

Quel est notre projet ? Quelle grande alternative solidaire, ayant pour pilier la justice sociale, le goût de l’autre, la Respublica et ses fondements démocratiques, pour modèle la sobriété responsable, sommes-nous prêts à élaborer ? Nous sommes entrés dans une ère de ressources vitales rares, dans un monde fini, nous rappellent Alain Grandjean et Hélène Le Teno, « où le sens de l’action et le plaisir d’exister compenseront progressivement l’éventuel sentiment de sevrage ou de limitation matérielle ressenti […] (où) le droit de faire et de s’accomplir ensemble (générera) autant sinon plus de plaisir que le seul droit de travailler pour consommer ». Or à cette raréfaction, selon que l’on se reconnaisse dans une proposition politique de gauche ou de droite – car oui, ces familles idéologiques existent encore –, on ne réagit pas de la même façon.

Ce que supposent, à l’aune de la justice sociale, les défis de nos nouvelles mobilités, d’un aménagement du territoire soutenable, d’une efficacité énergétique optimale, d’une meilleure alimentation et une agriculture à la fois plus juste pour l’agriculteur et plus respectueuse du vivant, d’une lutte contre les nouveaux ravageurs de cultures, contre les nouveaux virus mondiaux, les nouvelles affections de masse, d’une ville harmonieuse et ouverte sur ses périphéries ; ce que réclame en inventivité la réconciliation du citoyen avec l’action politique et la gestion du commun ; ce qu’il nous reste à construire pour rééquilibrer les rapports entre pays, pour protéger les plus fragiles et écrire la partition dont la jeunesse nous estime comptable, tout cela est bien de gauche ou de droite et réclame un positionnement clair.

La gauche française, désorientée, divisée et que l’on dit en mal d’espace politique, vient pourtant de rassembler, avec les écologistes, 32 % des suffrages exprimés aux européennes. Et maintenant ? Devant cette totalité de la pensée écologique à construire, défendre, porter haut, peut-elle se permettre le luxe d’avancer encore désunie ? Sans préconiser ni fusion des partis ni parole unique, ne pourrait-on au moins imaginer s’adresser au peuple de gauche, lequel subsiste, et au-delà aux Terriens, tenants d’une écologie solidaire, en leur promettant un travail commun, une route – on y revient ?

Timothy Morton démontre :

« La pensée écologique doit imaginer le changement économique ; sinon elle n’est qu’une pièce de plus sur l’échiquier de l’idéologie capitaliste. La réalité monotone et cupide que nous avons construite, avec son tourbillon familier, furieux, mais statique au bout du compte, n’est pas la fin de l’histoire. La société écologique à venir sera beaucoup plus agréable, beaucoup plus sociable et même bien plus raisonnable que nous ne l’imaginons. »Qu’attendons-nous pour y travailler, ensemble ?

Nos contempteurs habituels moqueront le grand retour d’une gauche soi-disant naïve et romantique ? Qu’importe ! Au moins pourraient-ils tomber d’accord sur un constat :

Le cynisme, le chacun pour soi, le soi-disant ruissellement, on a essayé. Si cela marchait, nous n’en serions pas à ce point d’intégral désarroi. Essayons donc autre chose. Car n’en déplaise aux adeptes du « There is no alternative » (TINA), une autre humanité est possible. Songeons aux mots de Pierre Fournier, poète, dessinateur et grand penseur de l’écologie dans un temps où le mot existait à peine…

« Je sais maintenant que la peur de passer pour un con est le plus infranchissable et le plus commun des obstacles. »N’ayons donc pas peur de passer pour des cons ou des rêveurs. N’ayons pas peur d’être de gauche.

Audrey Pulvar (Directrice générale d’African Pattern) »

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Marion Maréchal à l’université d’été du Medef

Le Medef, le syndicat patronal, a décidé d’organiser une première université d’été en tant que telle. C’est une volonté de son dirigeant Geoffroy Roux de Bézieux, un représentant de la Droite dure. Nulle surprise donc à ce qu’il y invite Marion Maréchal, ni à ce que cela se déroule à l’hippodrome de Paris-Longchamp.

La Droite décide de plus en plus de faire la sainte-alliance des forces conservatrices et des forces populistes, exactement comme ce fut le cas en Allemagne, en Italie, en Espagne, durant les années 1930.

Ce qui est véritablement marquant dans la présence annoncée par L’Express de Marion Maréchal à l’université d’été du Medef, c’est le titre de la table ronde à laquelle elle participera. Celle-ci s’intitule en effet :

« La grande peur des mal pensants, pourquoi les populistes sont populaires. »

Il s’agit là en effet d’une allusion très précise, que bien entendu les journalistes n’ont pas remarqué, de par leur inculture. Le titre de la table ronde fait en effet allusion à un essai de Georges Bernanos, publié en 1931, La Grande Peur des bien-pensants. La thèse qui y est défendue est la même que celle du polémiste Eric Zemmour en ce moment : par intérêt matériel, les forces conservatrices sabordent la tradition, abandonnent le pays et les responsabilités, etc.

Le second grand essai de Georges Bernanos marque au contraire une rupture avec son approche précédente. Dans Les Grands Cimetières sous la lune, publié en 1938, Georges Bernanos exprime son dégoût pour la barbarie du franquisme qui, pourtant, sur le plan des valeurs, lui correspondait totalement. Dans la foulée, Georges Bernanos soutiendra la France libre, abandonnera son antisémitisme forcené, tout en restant un idéaliste.

L’idéalisme n’est pas ce qui intéresse le Medef, ni la Droite, ni l’extrême-Droite. C’est l’esprit de l’essai de 1931 qui l’intéresse, avec cette volonté d’unifier toutes les forces totalement opposées à la Gauche et de promouvoir une dénonciation nationale-catholique de « l’argent ».

C’est qu’on devine qu’avec Emmanuel Macron, son ultra-individualisme économique et sa dialectique culturelle de la légalisation (la PMA pour toutes, le MMA, le cannabis à moyen terme, etc.), il y a un boulevard pour une lecture disant qu’avant, c’était mieux. Le chaos du capitalisme se voit ici opposé, dans le principe, à son propre fantôme. Le passé est censé rattraper et corriger l’avenir.

Normalement, le Front populaire s’oppose tant aux libéraux qu’aux conservateurs. Mais en France, la Gauche a été totalement contaminée par le libéralisme. Google promeut autant que possible la démarche LGBTQ+, cinquante gares de la SNCF pavoisent aux couleurs arc-en-ciel tout comme de nombreuses ambassades américaines dans le monde… et il faudrait leur faire confiance ? Allons, qui peut avoir autant de naïveté ?

Nous sommes coincés entre le marteau libéral et l’enclume conservatrice ; on a déjà Emmanuel Macron, on a désormais Marion Maréchal qui se profile. Et tout risque d’être emporté par une telle opposition ignoble qui vise à dévier le peuple vers le chauvinisme agressif, le protectionnisme au service du capitalisme national, l’esprit corporatiste comme seul horizon.

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Démission de Laurianne Deniaud à Saint-Nazaire : « la loyauté ne suffit plus à justifier l’injustifiable »

Le conseil municipal de Saint-Nazaire est dans la tourmente depuis plusieurs semaines après une plainte en diffamation déposée contre la première adjointe Laurianne Deniaud qui avait exposé des faits de violence sexuelle. Elle a présenté hier sa démission dans une lettre très politique, assumant un parcours et un engagement important à Gauche ainsi que cette question démocratique des valeurs, de l’attitude à avoir.

Ce que reproche Laurianne Deniaud, du Parti socialiste, au maire de Saint-Nazaire David Samzun, également du Parti socialiste, c’est son attitude sur la question des violences sexuelles.

Plutôt que de soutenir les femmes dénonçant un viol ainsi que des attitudes nauséabondes envers les femmes au sein de l’équipe municipale, il a selon elle pris le parti des personnes incriminées. Martin Arnout, également du PS, qui est mis en cause pour le viol présumé de Gaëlle Betlamini Da Silva a ensuite porté plainte pour diffamation, ce qui a lancé l’affaire publiquement.

On retrouvera une description plus détaillée de la situation dans ce résumé de la conférence de presse des femmes du conseil municipal par le site Saint-Nazaire News.

Gaëlle Betlamini Da Silva a depuis démissionné de son mandat d’élue, car « la situation devient humainement intenable ». Laurianne Deniaud a annoncé hier sa démission de l’exécutif municipal, tout en gardant légitimement son mandat de conseillère municipale.

Elle expose ses motifs dans une longue lettre publique en rappelant son action publique en tant que première adjointe dans cette ville populaire de Saint-Nazaire. Elle y parle aussi de valeurs qui ne sont plus les siennes, d’éthique qui n’est plus respecté, considérant que la situation est injustifiable.

On peut regretter le manque d’engagement socialiste de sa lettre de démission qui ne reproche pas à David Samzun d’avoir failli en tant que camarade, mais seulement en tant que « chef d’équipe ». Elle ne parle pas de la Gauche ni du Socialisme, mais simplement d’humanisme, alors qu’il y a dans cette affaire un sujet fondamental pour la Gauche.

Comment des hommes peuvent-ils en effet se prétendre de gauche, bénéficier de l’héritage démocratique du mouvement ouvrier et avoir des attitudes telles que celles dénoncées par Laurianne Deniaud et ses camarades ?

Cette question avait déjà été évoquée ici à propos des affaires de viol au sein du MJC, dans l’article « Les hommes démocratiques ne commettent pas d’agressions sexuelles ».

Les violences sexuelles ne naissent pas d’idées, mais d’un style de vie qui est mauvais. Les hommes moraux ne violent pas et les hommes véritablement à Gauche, non seulement ne violent pas car ils ont une morale, mais refusent toute attitude beauf et sexiste au nom de cette morale. Cela inclus de soutenir fermement les femmes dénonçant cela, évidemment.

Quoi qu’on pense de l’attitude du maire de Saint-Nazaire David Samzun et quelque soit les précautions qu’il est d’usage et de devoir de prendre quant à la présomption d’innocence, c’est évident qu’il a tord de prétendre que cette histoire ne concerne pas les affaires communales :

« La justice étant saisie, il appartient aux parties de s’expliquer devant elle. Je ne ferai donc aucun commentaire sur un contentieux qui ne concerne pas les affaires communales ».

Au contraire justement, quand on est à Gauche, quand on est membre d’un parti qui se revendique du Socialisme, de surcroît dans une ville importante pour la classe ouvrière, on assume haut et fort toutes les questions démocratiques. L’attitude des hommes envers les femmes, qui aboutit trop souvent au viol, est une éminente question démocratique.

Voici la lettre de Laurianne Deniaud :

« Monsieur le Maire,

Depuis 5 ans j’ai eu l’honneur d’être première adjointe à Saint-Nazaire.

C’est mon attachement à ma ville et mon engagement politique pour un monde plus juste qui m’ont guidés chaque jour. Saint-Nazaire, c’est ma ville. C’est ici que je suis née, que j’ai grandi et où j’ai choisi de construire ma vie. C’est cette ville, son histoire, ses habitants, ses associations, ses militants qui m’ont donné le goût de l’engagement, de la solidarité, de la lutte contre les injustices. C’est ici que la rencontre de l’associatif, de l’éducation populaire m’a conduit à l’engagement politique.

Depuis 5 ans, servir les Nazairiennes et les Nazairiens a été pour moi un privilège immense.  Avec la majorité municipale des écologistes et de la gauche unie, les projets que nous avons réalisés et que j’ai eu la responsabilité de conduire ou de lancer resteront pour moi une grande fierté.

Je pense à la réalisation de la dernière phase du front de mer et à la Place du Commando, qui ont changé le visage de notre ville.

Je pense à toutes les actions mises en place au service des habitants de nos quartiers prioritaires, au plan de rénovation des quartiers populaires, de la rénovation du quartier de la Tréballe, au futur centre de santé du Petit Caporal.

Je pense au futur éco-quartier de Sautron, aux premières formes d’habitats participatifs qui y naîtront, aux premiers bâtiments à énergie passive de la ville, outils indispensables face au bouleversement climatique qui approche.

Je pense aux projets d’aménagement que nous avons construits en équipe et partagés avec les Nazairiens du réaménagement des digues du Brivet au nouveau visage du bourg de Saint-Marc.

Je pense au projet de rénovation des Halles, qui seront plus dynamiques, plus conviviales, à l’appel à manifestation d’intérêt pour redonner vie aux halles de Penhoët.

Je pense au travail considérable qu’il a fallu mener pour la “grenellisation” de notre plan local d’urbanisme et au plan local d’urbanisme intercommunal, au travail engagé pour la protection de notre patrimoine architectural, paysager mais aussi végétal.

Je pense enfin à la charte de la concertation citoyenne et aux conseils citoyens de quartiers nouvelle génération, à l’introduction de nouvelles formes de participations citoyennes, du tirage au sort aux projets collaboratifs.

Je remercie très sincèrement les équipes formidables de la ville, ses agents sont des serviteurs dévoués du service public qui m’ont beaucoup appris et accompagné dans ces missions. Une politique publique n’est jamais le résultat de la décision d’un seul, c’est un travail éminemment collectif.

J’ai servi avec conviction, humilité et bonheur les Nazairiens, pour accompagner leurs projets, pour échanger, pour dialoguer. Publiquement, j’ai toujours assumé et porté les choix de notre exécutif, quels qu’aient pu être parfois les nuances, les désaccords, les regrets sur certains projets ou sur certaines façons de faire. Et, dans le dialogue avec les citoyens, c’est toujours la position collective que j’ai assumée quoi qu’il ait dû m’en coûter.

Je regrette profondément la situation actuelle. L’humain, l’attention aux autres et l’égalité sont le socle de mon engagement. Depuis plus de quatorze mois, votre gestion de cette situation n’a pas été la hauteur de ce que qu’aurait dû être celle d’un employeur, d’un chef d’équipe,  d’un responsable politique humaniste.

Vous m’avez indiqué explicitement à deux reprises que c’est à la rentrée 2018, et plus précisément le jour où j’avais posé par écrit des éléments sur les confidences dont nous vous avions déjà fait part oralement (relatives à des faits pouvant, s’ils étaient avérés être qualifiés de viol) et sur le climat oppressif et sexiste (que nous étions déjà quelques-unes à ressentir et dénoncer), que j’avais “perdu [votre] confiance”.

Votre absence de soutien revendiquée, alors qu’une plainte en diffamation a été déposée à mon encontre pour avoir simplement précisé la nature des faits que vous avez vous-même évoqué dans une réunion que vous avez convoqué ne peut pas être acceptée, pas plus que la campagne de dénigrement conduite contre moi et les membres du collectif.

L’inversion des responsabilités, pratiquée depuis la plainte en diffamation déposée à mon encontre, est un procédé de musèlement classique dans les affaires de violences sexuelles. C’est inacceptable.

Nos grands-mères se sont battues pour voter, nos mères pour obtenir le droit de maîtriser leur corps. Nous nous souvenons trop peu de la violences de ses batailles, nous avons oublié les héroïnes de ces débats, de ce qu’elles subirent à l’époque.

Les femmes de ma génération se battent aujourd’hui pour que nous ne subissions plus les violences sexuelles, les violences physiques, le sexisme au quotidien, les inégalités dans le monde du travail. C’est un devoir pour que nous ne soyons plus demain une sur deux à subir une violence sexuelle au cours de nos vie ou 30% à subir du harcèlement dans notre vie professionnelle tout en étant payées 25% de moins que les hommes.

Cet engagement je le dois à ma grand-mère, à ma mère, à ma sœur, à mes amies, à mes collègues, à ma fille. Chaque matin depuis plus d’un an, c’est en la regardant, que j’ai trouvé la force de parler et de tenir, de faire tout ce que je pouvais faire d’où j’étais pour que le monde dans lequel elle grandit soit plus juste pour les femmes.

Le message qui est renvoyée aujourd’hui à Saint-Nazaire, où l’inversion des responsabilités expose d’abord les victimes et les femmes qui se taisent encore, est à rebours de l’histoire. Il ne fait pas honneur à notre ville.

Je n’ai jamais pensé faire de la politique une carrière. Être élu n’est pas un métier que l’on pratiquerait des décennies durant. J’avais d’ailleurs décidé au lendemain des élections législatives de me remettre en mouvement professionnel, ce que, comme vous le saviez parfaitement, j’ai commencé à faire.

Lire et entendre ces derniers mois que c’est une prétendue ambition politicienne qui m’aurait animée est intolérable.

La décision que je prends est un déchirement. Mais il y a un moment où la loyauté ne suffit plus à justifier l’injustifiable. Pour moi les valeurs, le combat pour l’égalité femmes hommes, la lutte contre les violences, les pratiques et l’éthique primeront toujours sur les calculs politiciens.

Je choisis aujourd’hui de quitter l’exécutif municipal qui s’est trop éloigné des valeurs humaines et politiques qui m’animent et je vous remets ma démission.

 

Veuillez agréer, monsieur le maire, mes salutations,

Laurianne Deniaud »

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Mobilisation nationale du personnel des Urgences mardi 2 juillet 2019

La mobilisation ne faiblit pas dans les Services d’accueil et de traitement des urgences dont les personnels aide-soignants et infirmiers réclament des moyens. Le Collectif Inter-Urgences et l’intersyndicale CGT, FO, SUD appellent à la mobilisation nationale le mardi 2 juillet 2019 à Paris.

Le rassemblement est fixé à Bercy pour une manifestation en direction du Ministère des Solidarités et de la Santé. La grève concerne à la date du 25 juin 2019 pas moins de 141 services d’urgence partout en France, à la veille d’un épisode de canicule de grande ampleur.

Un cagnotte de soutien au personne en grève est disponible ici.

Voici le communiqué appelant à la mobilisation du mardi 2 juillet :

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La responsable de l’école de formation de La France insoumise Manon Le Bretton annonce son départ

Le mouvement populiste de Jean-Luc Mélenchon n’en finit plus de s’éroder dans la foulée de la déception produite par le score aux Européennes. C’est maintenant la responsable de l’école de formation de La France insoumise Manon Le Bretton qui annonce son départ.

Manon Le Bretton était déjà signataire la semaine dernière de la tribune « Face à la crise démocratique, c’est au peuple de tracer un chemin » aux côtés d’anciens « insoumis », ce qui annonçait la couleur. Voilà qu’elle saisit l’opportunité de la première prise de parole depuis les élections de Jean-Luc Mélenchon lors d’une assemblée à Vincennes ce week-end pour annoncer son départ.

Ce qu’on y lit montre à quel point le populisme est un poison, tellement il a poussé des gens à accepter pendant si longtemps un tel fonctionnement anti-démocratique au nom du pragmatisme. Le rejet de la Gauche ne mène décidément à rien de bon.

Dans le même registre, si on peut tout à fait trouver insupportable la partition de Clémentine Autain qui ne vient pas à l’assemblée de son mouvement pour le critiquer depuis les médias, on comprend tout à fait le sens de son propos quand elle explique qu’elle ne sait pas par quel procédé Adrien Quatennens a été nommé coordinateur du mouvement. La France insoumise est quelque-chose d’inacceptable, constituée uniquement autour de la figure de Jean-Luc Mélenchon et de sa perspective populiste.

À force de tirer à boulet rouge sur tous ceux qui émettent des doutes à son encontre et de tout décider par en haut, Jean-Luc Mélenchon se retrouve maintenant de plus en plus isolé et loin de la Gauche. Il n’a d’ailleurs pas hésité ce week-end à fustiger la « vieille gauche », assumant toujours plus son refus d’un nouveau Front populaire.

À la Gauche d’être à la hauteur face à ce populisme, en assumant au contraire les traditions démocratiques du mouvement ouvrier, en assumant l’unité populaire autour d’un projet socialiste clair et assumé contre le nationalisme et son corollaire le libéralisme.

Voici le message de départ publié sur Facebook  par Manon Le Bretton :

« Conclusion

Je me rendais à cette assemblée avec appréhension. Je ne doutais pas qu’elle serait à bien des égards un moment de vérité, à l’issue d’une séquence qui fut à la fois la plus épuisante et la plus éprouvante de mon expérience militante. Celle des bannissements infamants, celle des incompréhensions, celle des murs de silence et du doute qui ronge. Peut être la découverte de l’absurde camusien au cœur de mon engagement politique. Au bout, le désaveu des électeurs. Et, ultime alerte, le départ de Charlotte Girard, figure tutélaire de l’Avenir en Commun.

J’ai pensé pourtant que tout cela n’avait pas été vain, en constatant samedi que des réponses étaient proposées. Bon gré mal gré, la question de la structuration du mouvement était sur la table, et quelque chose comme des débats contradictoires commençait à poindre dans cette assemblée.
Certes, il y avait bien des choses à en dire. Nous, candidats aux européennes, avions appris la veille qu’en réalité nous n’étions pas « participants » mais « invités » à cette assemblée qui allait faire un bilan des européennes : nous n’avions donc pas le droit de participer aux débats en plénière. D’autre part je ne savais toujours pas si l’Ecole de Formation Insoumise était encore nichée dans les cases de cet organigramme, toute activité ayant été suspendue depuis le départ précipité de Thomas Guénolé sans que l’on ait jugé utile de me dire ce que cela impliquait pour la co-responsable de l’eFI que j’étais. Mais les demandes insistantes de construire des cadres collectifs autour du tribun de notre mouvement semblaient avoir été entendues.

Force est de constater que la conclusion de cette assemblée par Jean-Luc Mélenchon contredit frontalement ce qui pouvait se dessiner. Après ses attaques ouvertes sur les réseaux sociaux, la virulence avec laquelle celles et ceux qui ont formulé des critiques ont été taxés dans ce discours de nombrilisme – terme qu’il ne rechigne pas à employer bien qu’il l’ait si souvent subi – en a glacé plus d’un. Nous voilà sommés d’aller voir ailleurs. Etonnante façon de conclure les travaux d’une assemblée qui planchait en particulier sur la nécessité d’intégrer la contradiction aux processus de décision. Et le plus stupéfiant sans doute : dans tout ça, pas un mot pour saluer le travail titanesque de Charlotte Girard, dont le départ n’aura été évoqué à la tribune par aucun de ses camarades de lutte tout au long de ce week-end. Je ne sais pas avancer ainsi sans me retourner sur ceux qui nous quittent.

Bref. Je prends acte de ce qui s’impose à moi et je l’endosse. Quel que soit mon attachement à l’Avenir en Commun, il m’est devenu impossible de le défendre au sein de la France Insoumise dans de telles conditions. Cela ne m’empêchera pas de le porter de mille autres manières, et de continuer à retrouver les insoumis.es qui le souhaitent dans les rudes combats que nous avons à mener. Contrairement à Sisyphe, je n’abandonne pas l’espoir que notre chemin escarpé soit autre chose qu’un éternel recommencement. Nous trouverons un Avenir en commun.

NB : Peut-on quitter la France Insoumise ? Il est vrai que c’est un acte dont on ne sait pas bien quelle forme il doit prendre. Mais je me suis trop battue contre les bannissements pour feindre de croire qu’il n’y aurait pas un dedans et un dehors. »

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Lettre ouverte de Rachid Temal au Premier secrétaire du Parti socialiste

Le sénateur socialiste Rachid Temal a adressé une lettre ouverte au Premier secrétaire du PS Olivier Faure dans laquelle il regrette son éviction de l’instance dirigeante du parti.

En tant que numéro 2 du PS, Rachid Temal avait assuré l’intérim à la tête de l’organisation après la démission de Jean-Christophe Cambadélis et avant l’élection d’Olivier Faure. Il avait récemment critiqué la stratégie de soutien à Raphaël Glucksmann aux élections européennes, considérant que c’était un effacement non-opportun pour le PS.

> Lire également : Place publique fait un hold up sur le Parti socialiste

Il prône au contraire une affirmation de l’identité du parti et de ses fondamentaux historiques, comme c’est expliqué dans sa lettre ouverte :

Lettre ouverte au Premier secrétaire du Parti socialiste

Monsieur le Premier secrétaire, Cher Olivier,

C’est de retour de Belfort que j’ai appris par une indiscrétion journalistique avoir été gommé de la photo de l’exécutif du Parti socialiste.

J’étais, ce vendredi et samedi à Belfort, à la demande de la fédération apporter mon soutien aux salariés, à l’intersyndicale de Général Electric et aux élus locaux en participant à la mobilisation nationale.

J’y étais également pour représenter le groupe Socialiste et Républicains du Sénat.

Nous avons d’ailleurs proposé à l’intersyndicale de venir au Sénat pour y être reçu par tous les sénateurs volontaires pour porter les enjeux de la bataille menée par les GE : maintenir un outil industriel au nom de la préservation des emplois, d’un savoir-faire unique et de la transition énergétique. Sans oublier bien évidemment le respect des engagements pris dans un protocole d’accord par le groupe General Electric.

Nous étions nombreux et la gauche unie !

Effacé donc de l’exécutif du Parti socialiste lors d’un Conseil national, instance qui n’intéresse malheureusement plus ou si peu l’opinion publique.

Un de plus. La liste est désormais longue comme l’a d’ailleurs montré l’opération «évictions aux européennes» où ce

,

La reconstruction de la Gauche est processus difficile, et on voit bien avec cet épisode important de la vie d’un des plus importants parti politique français que la tendance n’est encore pas à l’unité, mais

rtaines et certains camarades en ont fait les frais. Et combien de départs des instances ou du parti de militants ou d’élus, combien de mise en retrait depuis le dernier congrès.

Profitant de mon absence pour cause de mobilisation à Belfort, sans débat, ni entretien, tu organises une nouvelle éviction.

Alors que nous avons tous les deux porté sur la même estrade la parole des socialistes lors du meeting transpartisan ce mercredi contre la privatisation d’ADP, pas un mot de sur ton opération d’éviction.

Voilà pour la forme.

Pour le fond. Je me doute bien que ma prise de position concernant ta stratégie d’effacement pour les élections européennes t’a fortement déplu.

Pour mémoire, j’ai indiqué au Conseil national les raisons de mon refus de cette stratégie, j’ai proposé une alternative, et indiqué que je me rangerai au vote de cette instance et que je ferai campagne pour la liste. C’est ce que j’ai fait. Tout autre Premier secrétaire aurait provoqué une explication. Pas toi.

Cher Olivier, je te redis :

Oui, je pense toujours que le dépassement n’est pas l’effacement,

Oui, je persiste à penser que tu aurais dû être candidat parce que tu es Premier secrétaire et ce sur une orientation éco-socialiste et avec une liste ouverte,

Oui l’électorat de gauche qui se détachait de l’actuel pouvoir et de LFI y aurait vu l’espoir d’une gauche qui se reconstruit,

Oui, 6,1% c’est un échec et en aucun cas un « contrat rempli ».

Oui. Il faut redonner la parole aux militants. Ils ne l’ont pas eu pour choisir la stratégie aux européennes, ils doivent l’avoir à nouveau pour la stratégie pour les élections territoriales et plus largement sur notre avenir. C’est une nécessité. Nous ne pouvons pas demander que la parole soit donnée aux Français via le RIP et ne pas l’appliquer à notre famille politique.

Oui, nous devons engager un double processus : préparer les élections et en même temps comprendre les raisons de notre échec aux européennes et engager une « révolution idéologique » sous peine de sortir de l’Histoire.

Je pense qu’il faut bâtir une stratégie pérenne et travailler notre nouvelle doctrine.

Je pense que c’est une erreur de s’éloigner des groupes parlementaires et de notre fédération d’élus qu’est la FNSER.

Je pense que nous devons réfléchir à notre mutisme médiatique et notre absence de campagne de mobilisation sur nos fondamentaux.

Je pense que notre Parti doit retrouver le goût du débat interne et même du vote. C’est la force des socialistes. C’est notre ADN. C’est une des conditions de notre renouveau idéologique.

Je pense que nous devons sortir de la politique de l’addition de logos pour entrer dans une « politique du frigo », bref partir de nos concitoyens, classe moyenne, employé, ouvrier, fonctionnaire, chômeurs et précaires, salariés « ubérisés », indépendants et commerçants au moment où notre société bascule dans l’ère du capitalisme numérique afin de leur proposer un nouveau projet de société. Nous devons devenir, à nouveau, le parti de l’espoir et de l’espérance.

Pour ma part, j’ai toujours défendu l’intérêt général de notre famille politique. Je crois que mes états de service à la direction du Parti l’attestent que cela soit comme Secrétaire national ou quand j’ai dû assurer les fonctions de Premier secrétaire et que j’ai dû, avec d’autres, sauver politiquement et économiquement le Parti de Jaurès, Blum et Mitterrand.

Aussi, je continuerai à être au service des militants, des élus et des fédérations de ma famille politique. Notre histoire est trop grande pour la brader.

Nous devons reparler, débattre et reconstruire avec les socialistes « dans et hors les murs ». Et ils sont si nombreux.

Je compte bien utiliser ma liberté pour mener le combat pour le renouveau de notre famille politique qui en a décidément bien besoin.

Avec mes salutations socialistes maintenues

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Les organisations de la Gauche contre la réforme de l’assurance chômage

Voici les communiqués de plusieurs organisations de la Gauche à propos de la réforme de l’assurance chômage, qui est une attaque frontale du gouvernement contre le prolétariat.

Gauche démocratique et sociale :

S’opposer à la guerre sociale menée par Macron

Assurance-chômage, retraite : Macron poursuit sans relâche son offensive contre les droits des salariés, une véritable guerre sociale. Macron profite des divisions à gauche  pour imposer le néo-libéralisme aux travailleurs de notre pays qui pourtant très majoritairement le refusent.

Les mesures présentées mardi par le gouvernement Philippe pour soi-disant « améliorer le marché de l’emploi » consistent surtout à durcir les conditions d’accès à l’indemnisation. Objectifs avoués : diminuer le nombre de chômeurs dans une fourchette de 150 000 à 250 000 (de façon administrative pas par des créations d’emploi) et baisser de 3,4 milliards d’euros les indemnités versées par l’assurance-chômage.).

Une attaque contre tous les chômeurs

Les grands perdants seront les travailleurs précaires, catégorie en constante augmentation. Il faudra travailler plus longtemps sur une période plus courte pour devenir éligible (six mois sur vingt-quatre, contre quatre sur vingt-huit précédemment). De même on ne pourra «recharger» ses droits qu’au terme d’une période six fois plus longue que dans l’ancien système. Les cadres, enfin, seront soumis à une allocation dégressive (elle était fixe auparavant). On commence par les cadres, mais n’en doutons pas la dégressivité sera ensuite étendue aux autres salariés. Pour la CGT, le gouvernement « annonce donc des mesures très dures car des travailleurs déjà très précaires vont perdre toute indemnité, d’autres vont voir baisser leurs droits » Même la CFDT trouve que c’est une réforme « profondément injuste qui va toucher 100% des chômeurs ». FO parle de « punition » pour les chômeurs. Alors, une riposte unitaire est possible ?

Un système de retraites par point pour les baisser

Ce n’est plus comme sous Balladur, Raffarin, Sarkozy, Fillon, Hollande, cette fois ce sont les principes mêmes qui ont fondé nos retraites depuis 1945 qui vont être liquidés par Macron. En finissant avec le système par répartition basé sur le travail et les annuités cotisées, en finissant avec le système de cotisations payées par les patrons sur nos bulletins de paie, en le remplaçant par un système par points, Macron va pouvoir ensuite baisser les retraites comme il le voudra car c’est lui qui fixera le taux des points acquis par chacun de nous. De la même façon que de 2017 à 2020 il nous a pris des milliards en jouant sur la hausse de la CSG et la désindexation sur les prix, il pourra faire varier le niveau des retraites, Il annonce aussi qu’il faudra atteindre 64 ans, « âge pivot » pour bénéficier d’un taux sans décote alors même que l’espérance de vie en bonne santé a baissé, entre 2014 et 2016, de 63,4 ans à 62,6 ans et que le chômage frappe 6 562 100 personnes. Les femmes et les précaires seront touchés davantage.

Un besoin urgent de rassembler et reconstruire la gauche

La « contre-révolution Macron » annoncée dès le premier jour se confirme dans tous les domaines : code du travail mis à mal, SNCF cassé pour faire place à la concurrence, hôpitaux asphyxiés, école étouffée, services publics défaits, salaires bloqués, impôt sur la fortune supprimé…Depuis des décennies la classe dominante, le patronat (1), mène une guerre larvée contre le système social issu de l’après-guerre. Pour « Emmanuel Macron, la guerre sociale, déclarée voici quarante ans, doit désormais aboutir à la victoire de l’État néolibéral. C’est oublier que la France rejette profondément cette évolution » (2). Pour se reconstruire, la gauche doit s’appuyer sur cette majorité sociale qui existe dans le pays et qui rejette le macronisme.

Des millions de citoyen.ne.s cherchent une issue politique pour mettre en échec le macronisme. Ils sont prêts à se mobiliser pour peu que les différentes formations de la gauche donnent un signe de rassemblement et dépassent leurs intérêts d’appareils. C’est tout le sens des propositions des militant.e.s du réseau de la Gauche démocratique et sociale (GDS) à mettre sur pied un comité de liaison, une coordination permanente des forces de gauche sans exclusive, ni hégémonie. C’est la seule voie possible pour que les partis se dépassent, et que militants associatifs et syndicaux prennent toute leur place dans une unité populaire à construire.

(1) Pour désigner la classe dominante, « bourgeoisie » ou « patronat » sont des mots qui nous semblent plus précis en termes de contenu de classe que celui « d’oligarchie ».

(2) La guerre sociale en France Romaric Godin Editions La Découverte

Gauche républicaine et socialiste :

Assurance chômage : une austérité brutale et injuste du gouvernement

La réforme de l’assurance chômage présentée le mardi 18 juin par le Premier ministre Édouard Philippe, et par la ministre du travail Muriel Pénicaud, sous la forme d’un décret, contient une batterie de mesures injustes qui vont réduire brutalement les droits des demandeurs d’emploi. C’est une véritable casse brutale de notre modèle social qui est une fois encore, une fois de trop, à l’œuvre.

Le montant de l’allocation versée et les conditions d’accès au régime sont directement attaqués. Ainsi il faudra travailler 6 mois sur une période de 24 mois pour percevoir une indemnité quand il fallait 4 mois de travail sur une période de 28 mois précédemment. Ce sont 3,4 milliards d’euros de budget en moins pour les demandeurs d’emploi d’ici 2021, voire pire ensuite. Les syndicats de salariés n’ont une fois de plus pas été entendus par l’Exécutif. Les maigres pénalités, avec un taux de malus ridiculement faible, visant les entreprises ayant recours abusivement aux contrats courts ou les annonce sur la formation ne sauraient rendre ce projet gouvernemental équilibré ou juste. Pour s’en convaincre il suffit de constater par exemple que le dispositif des droits rechargeables qui permet à un allocataire de reconstituer des droits chaque fois qu’il retrouve un poste est tout simplement rendu inopérant et désincitatif pour les salariés en multipliant par 6 le nombre d’heures travaillées exigées.

Les chômeurs cadres sont eux aussi attaqués : la dégressivité des prestations est mise en œuvre. Pour les cadres rémunérés plus de 4 500 euros brut par mois en poste cela correspond à une baisse de 30 % à la fin du septième mois. Quant à l’objectif très idéologique et rétrograde qui consiste à éviter que la personne « gagne davantage au chômage qu’en travaillant » il est utilisé par la Ministre du travail pour faire des économies sur le dos des chômeurs et notamment des plus fragiles.

Pour toutes ces raisons, la Gauche Républicaine et Socialiste condamne cette contre-réforme qui n’est qu’un nouvel ajustement budgétaire brutal et injuste fait sur le dos des chômeurs par un gouvernement qui se met depuis le début du quinquennat au seul service des plus riches et du MEDEF. Nous demandons qu’une nouvelle concertation s’ouvre au plus vite avec les syndicats de salariés afin de revenir à la plus élémentaire justice sociale dont se targuait pourtant il y a seulement quelques jours le Premier Ministre lors de son discours de politique générale.

Génération-s :

ASSURANCE CHOMAGE : Le Gouvernement déconstruit la protection sociale française

Le Gouvernement continue de mener la vie dure aux femmes et hommes de ce pays à la recherche d’un emploi. Génération.s plaide pour le développement d’une protection sociale universelle de très haut niveau, afin de permettre l’émancipation des individus au sein d’une société où le partage et l’entraide sont valorisés afin que chacune et chacun d’entre nous puisse vivre mieux.

Pas à pas, le Gouvernement En Marche avance dans son entreprise méthodique de démolition de la protection sociale des habitant.e.s de notre pays.

Dernier épisode en date, et avant le choc de la future retraite à points, le Gouvernement continue de mener la vie dure aux femmes et hommes de ce pays à la recherche d’un emploi.

Par sa réforme brutale, il durcit considérablement les conditions pour pouvoir bénéficier de la protection collective solidaire ainsi que le niveau des allocations versées aux personnes qui veulent trouver un emploi.

Demain il faudra travailler plus longtemps (6 mois au lieu de 4) pour avoir droit à l’assurance collective, et qui plus est sur une période de temps raccourcie (24 mois au lieu de 28 mois). De même, les personnes qui enchaînent les contrats courts rechargeront plus difficilement leurs droits à l’assurance avec l’allongement de la durée minimale de travail (6 mois minimum au lieu d’1). Pis, le calcul du salaire de référence tel que modifié conduira à des baisses drastiques d’allocations pour tous les travailleurs précaires qui enchainent les CDD et l’intérim. Les salarié.e.s qui gagnaient plus de 3375 euros nets seront eux aussi pénalisés par la dégressivité de leurs allocations de 30% au bout de 7 mois d’indemnisation, risquant ainsi de ne plus pouvoir payer leurs emprunts ou loyers.

Avec ces mesures, le Gouvernement portera la responsabilité pleine et entière de l’appauvrissement et de la précarisation de centaines de milliers de nos compatriotes qui seront laissés sans revenus, ou avec des allocations trop faibles pour couvrir leurs dépenses courantes et leurs besoins essentiels.

Ce ne sont pas les quelques timides mesures en faveur de l’accompagnement des personnes qui pourront compenser la dégradation collective des droits sociaux des travailleurs et demandeurs d’emplois.

A rebours de cette vision archaïque et brutale, c’est une toute autre conception de la solidarité que porte Génération.s. Nous plaidons pour le développement d’une protection sociale universelle de très haut niveau, afin de permettre l’émancipation des individus au sein d’une société où le partage et l’entraide sont valorisés afin que chacune et chacun d’entre nous puisse vivre mieux.

Nous appelons la gauche et les écologistes à unir leurs forces pour mener une bataille résolue contre ce projet gouvernemental.

Lutte Ouvrière :

Assurance chômage : de nouvelles attaques

La réforme des allocations chômage a d’abord un objectif, fixé par le gouvernement : économiser au minimum 3,4 milliards d’euros entre novembre 2019 et la fin de l’année 2021.

La réforme a été préparée par une série d’arguments contre les gens privés d’emploi. En particulier, la prétendue baisse du chômage permet de justifier un durcissement des conditions d’accès à son indemnisation. Le gouvernement ne cesse de répéter que les demandeurs d’emploi refusent des emplois parce que les allocations qu’on leur verse seraient trop importantes.

Sur la base de ces fables, le gouvernement vient de trancher en imposant de nouvelles conditions pour être indemnisé. Il faudra avoir travaillé six mois sur les 24 mois écoulés, au lieu de quatre mois sur les 28 écoulés, soit une proportion plus importante. Voilà de quoi écarter des dizaines de milliers de travailleurs de la possibilité d’avoir une allocation chômage.

Le projet est aussi d’imposer des conditions beaucoup plus dures pour recharger ses droits au chômage. Alors qu’il fallait 150 heures de travail, il en faudra six fois plus.

C’est aussi le montant de l’allocation qui est revu à la baisse par le biais d’un changement du calcul qui concernera en particulier tous ceux qui travaillent quelques jours par mois. Les indemnités chômage seront calculées sur le revenu mensuel moyen, et non sur les jours travaillés dans le mois. Cette seule mesure rapportera 590 millions d’euros sur trois ans, selon la ministre.

Un tiers des ruptures de contrat proviennent de contrats de moins d’un jour, preuve que ce ne sont pas les travailleurs qui courent après les contrats dits courts. Les pénaliser en plus sur ce qu’ils toucheront chaque mois, c’est leur faire subir une double peine.

Pour faire bonne mesure, quelques sanctions contre une partie des patrons usant de ces contrats courts sont en discussion. Dans sept secteurs uniquement, et dans les entreprises de plus de 10 salariés, la cotisation chômage patronale augmentera de 0,95 % au maximum sur les contrats de moins d’un mois. En sens inverse, ceux qui usent de contrats de plus d’un mois bénéficieront d’une baisse de leur cotisation de 1,05 % maximum. Cependant la ministre Muriel Pénicaud a annoncé que les discussions avec le patronat vont continuer et il est probable que de nouveaux secteurs obtiendront des aménagements supplémentaires.

Le gouvernement introduit aussi la dégressivité des allocations pour les cadres ayant touché mensuellement plus de 4 500 euros brut. Au bout de sept mois de chômage, leur allocation baisserait de 30 %. Outre qu’elle est purement démagogique, cette mesure prépare la dégressivité de toutes les allocations, y compris les plus misérables.

Une des rares mesures positives annoncées concernera une toute petite partie des démissionnaires, qui malgré tout avoir travaillé cinq ans dans la même entreprise pour prétendre à une allocation. Les indépendants, eux, se verront accorder 800 euros pendant six mois.

Alors que chaque semaine des suppressions d’emplois sont annoncées, cette réforme est une attaque en règle contre les chômeurs et en réalité, contre tous les travailleurs. Il ne faut pas la laisser passer.

PCF :

Assurance chômage : une attaque de grande ampleur contre les bases mêmes de notre modèle social

Une fois de plus, les tenants du « nouveau monde » reprennent les recettes de l’ancien : culpabilisation des chômeurs et déresponsabilisation sociale des entreprises comme seules perspectives.

Avec sa réforme de l’Unedic, le gouvernement veut faire payer 3 milliards d’euros d’indemnisation du chômage par les chômeurs. Au nom de l’idéologie ultra-libérale selon laquelle l’indemnisation du chômage serait un facteur de désincitation au travail, il veut une fois encore changer les règles de l’indemnisation des chômeurs en rognant sur le droit à indemnisation.
Mais cette fois, l’ambition est bien d’ajouter une pierre à la mise à bas de notre système solidaire de protection sociale, en introduisant le principe que l’indemnisation calculée ne pourra pas dépasser la moyenne des salaires perçus.

Cette décision prolonge en effet la réforme précédente de l’Unedic et la réforme des cotisations salariales engagées toutes les deux au début du quinquennat. La suppression des cotisations salariales chômage par l’intégration dans le salaire net de leur montant monétaire a modifié les modalités de la gouvernance de l’Unedic où le poids de l’État a remplacé le paritarisme syndicats-patronat. Le refus du patronat d’accepter une solution viable à la dette de l’Unedic (35 Mds d’euros) par une augmentation des cotisations patronales a laissé le champ libre au gouvernement pour cette nouvelle régression des droits des chômeurs.

En vérité, à l’instar de sa future réforme systémique des retraites qui veut plafonner ad vitam æternam la richesse produite par le pays consacrée aux pensions de retraite, le gouvernement déroule sans le dire sa réforme systémique de l’indemnisation du chômage qui imposera de limiter la contribution sociale du pays en faveur des chômeurs et donc la part de richesses que le pays voudrait leur consacrer. C’est ni plus ni moins qu’une nouvelle « règle d’or d’austérité sur la dépense publique et sociale » qui est ainsi imposée aux salariés, et en premier lieu aux chômeurs, dont le but est de remettre en cause les bases mêmes de notre modèle social.

Les dispositions relatives à un bonus-malus pour les entreprises utilisatrices des contrats courts n’étant là que pour servir d’appât pour de futurs signataires de l’accord.

Le Premier ministre prétend qu’il faut « que le travail paie plus que l’inactivité ». Il aspire à un « plein emploi » … à 7% de chômeurs ! De qui se moque-t-on ?!

Si le gouvernement veut vraiment réduire le nombre de chômeurs et relancer l’emploi, eh bien qu’il crée les conditions d’une éradication réelle du chômage. Et pour cela, le PCF a des suggestions à lui faire. A commencer par empêcher les fermetures de site industriels et par créer en urgence les centaines de milliers d’emplois qui manquent cruellement dans les services publics.

Et il pourrait inscrire cette ambition dans la mise en place d’une véritable sécurité d’emploi ou de formation qui, en assurant une rotation emploi-formation-nouvel emploi sans perte de rémunération, permettrait d’assurer une véritable mobilité professionnelle choisie des salariés sans passer par la case chômage, ni par l’inactivité. Et pour financer cela, qu’il mette à contribution ceux qui sont les premiers responsables de la hausse du chômage : le Medef, qui privilégie la rémunération des actionnaires au développement de l’investissement productif, des compétences et de l’emploi !

Parti socialiste :

Assurance-chômage : quand les actes contredisent le discours

Une semaine après avoir annoncé un acte 2 du quinquennat, plus social, la réforme de l’assurance-chômage contredit scandaleusement le discours.

Pour la première fois, une réforme de l’assurance-chômage est proposée par un gouvernement sans négociations avec les partenaires sociaux, sans passage par le Parlement pour la validation. La méthode du gouvernement change, mais en pire !

L’objectif de cette réforme de l’assurance-chômage est purement comptable : faire de 3 à 3,9 milliards d’euros d’économies d’ici 2022. Sur le dos des plus précaires.
Ces économies vont être faites au détriment des demandeurs d’emploi, notamment les jeunes et les plus fragiles.

230 000 personnes concernées vont perdre leurs droits à l’indemnisation. Aucun nouveau droit dans cette réforme, la doctrine du « en même temps » ne s’applique pas.

Par ailleurs, les moyens de Pôle emploi ne seront en réalité pas renforcés. Des embauches en CDD vont remplacer les départs à la retraite non remplacés et les suppressions de poste des deux dernières années.

Cette réforme va à l’encontre de notre système d’indemnisation chômage. Notre système repose sur les cotisations des salariés. Il ne s’agit donc pas d’une allocation versée par l’État dont le gouvernement peut décider de baisser le montant, mais d’une assurance du salarié qu’il a lui-même financé par ses cotisations.

Actuellement, un chômeur sur deux n’est pas indemnisé, la moitié des 2,6 millions de chômeurs indemnisés touche en moyenne moins de 860 euros par mois. Il faut cesser de feindre que l’on règlera le problème en baissant toujours plus les indemnisations. Il faut au contraire rechercher des solutions pour créer de nouveaux droits, des nouveaux emplois dans un contexte de mutations du travail.

Ce qui coûte aujourd’hui à l’assurance-chômage, ce sont les contrats courts et pourtant seul un tiers d’entre eux sera visé par un malus.

Le Parti socialiste se joindra aux mobilisations des salariés et de leurs organisations pour dénoncer cette nouvelle régression qui porte atteinte au modèle social français.

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8 000 personnes contre les suppressions d’emplois par General Electric à Belfort

Huit mille personnes manifestaient hier à Belfort contre les destructions d’emploi par le groupe General Electric dans un groupement d’usine qui est un bastion de la classe ouvrière. Des centaines d’emplois doivent être détruits alors que le groupe General Electric avait promis d’en créer lors du rachat de la branche énergie d’Alstom.

Cette situation provoque de la colère et de l’écœurement forcément, avec un sentiment de « gâchis industriel », alors que la classe ouvrière est piétinée tant dans ses traditions que socialement, en étant tout simplement laissé sur le carreau par le capitalisme.

Voici la pétition lancée par l’intersyndicale (CFE-CGC, Sud et CGT) qui exprime ce point de vue :

[ Pour signer la pétition, suivre ce lien ]

« Stop au massacre de notre industrie par General Electric : 1000 emplois délocalisés hors de Belfort

Contrairement aux promesses de GENERAL ELECTRIC en 2015 de création de 1000 emplois en France, lors du rachat de la branche énergie d’ALSTOM, GENERAL ELECTRIC n’a fait que de détruire l’emploi industriel en France :

  • Fermeture de l’activité solaire à Belfort
  • Fermeture de l’activité chaudière à Massy
  • Plan de licenciement dans l’activité hydroélectrique à Grenoble
  • Depuis début 2019 : Plus de 700 emplois sont concernés par des plans de rupture conventionnelle collective, plan senior et licenciement économiques dans les activités charbon, nucléaire, éolien, réseaux électriques, conversion de puissance et fonctions supports dans toute la France, dont plus de 200 personnes à Belfort

Le 28 mai 2019, 2 jours après les élections européennes, General Electric annonce un nouveau plan de plus de 1000 suppressions d’emplois supplémentaires à Belfort :

  • Près 50% des effectifs de l’entité « Turbine à gaz » qui compte près 1900 salariés
    Ingénierie délocalisée en Inde, Mexique et Pologne
    Production délocalisée aux Etats-Unis et en Hongrie
  • La fermeture du centre partagé qui compte plus de 200 salariés, créé depuis 2015
    Délocalisation en Hongrie

Le projet est présenté comme une adaptation au marché qui s’apprête pourtant à rebondir. En réalité il s’agira de la dernière étape avant la fermeture complète de l’entité « Turbine à gaz » à Belfort.

L’Etat français a donné son accord en 2015 pour le rachat de la branche Energie d’ALSTOM par GENERAL ELECTRIC pour un développement de l’emploi industriel en France.

Aujourd’hui, devant le désastre industriel engendré par ce rachat , nous demandons à l’état français de stopper ce plan massif de délocalisation d’activités hors de France et de travailler avec les organisations syndicales sur leurs propositions de développement de filières industrielles d’avenir sur notre territoire.

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1/ Nous avons déjà atteint la taille critique :

Le marché de la Turbine à gaz se segmente en 2 Marchés distincts, avec des turbines différentes, des clients différents et des dynamiques de marché différentes :

  • Le marché 60 Hz dont les turbines sont réalisées aux Etats-Unis représente 25% du marché mondial (US, Brésil, Arabie saoudite, Taiwan et une partie du Japon)
    Ce marché s’est effondré de 50% en 2018 comparé à la moyenne des 5 années précédentes
  • Le marché 50 Hz dont les turbines sont réalisées à Belfort représente 75% du marché mondial (Europe, Afrique, Asie, Moyen-Orient, Amérique du Sud)
    Ce marché a baissé de 20% en 2018 comparé à la moyenne des 5 dernières années
  • Or nos effectifs ont déjà baisser de près de 30% :
    250 salariés ont quitté l’entreprise depuis le 1er janvier 2018
    plusieurs centaines de sous-traitants travaillant dans nos murs ou sur des plateformes dans le territoire de Belfort ont été remerciés

2/ Le marché de la turbine à gaz a de l’avenir :

  • la filière « turbine à gaz » a représenté 90% des profits, pour 75% des CA et 50% des effectifs de la branche Energie de GE dans le monde
  • rebond du marché d’après l’agence internationale de l’Energie et repris par GE : un doublement des capacités d’ici 2040
    pour remplacer le nucléaire
    pour remplacer le charbon qui produit 3 fois plus de CO2
    pour la stabilité et la flexibilité des réseaux électriques avec la montée en puissance des énergies renouvelables, intermittentes par nature (130 MM€ de fonds débloqués par l’Europe), en attendant de moyens de stockage massif d’énergie techniquement et économiquement viables, car une turbine à gaz peut s’allumer et s’éteindre en moins 5 minutes pour absorber le demande d’électricité
    des turbines à l’hydrogène qui ne produise pas de CO2, pourrait être adossé à des champs éolien ou photovoltaïque

3/ La situation financière de l’entité « Turbine à gaz » de General Electric de Belfort est artificiellement en déficit :

  • 1999-2014 Belfort centre mondial 50 Hz : plus de 3 MM€ dividendes remontées au groupe
  • depuis le rachat d’ALSTOM : l’ex-entité suisse ALSTOM devient centre de décision à la place de Belfort
    les responsables mondiaux de Belfort sont virés
    les bénéfices sont logés en Suisse et remplissent les caisses publiques suisses alors que la valeur ajoutée est créé en France
    En 2017, année record de production, la situation financière de l’entité française passe de plusieurs centaines de millions de bénéfices à une situation déficitaire
    Belfort, plus important site au monde de GE, n’héberge aucun membre des équipes mondiales de direction et devient un sous-traitant des US et de la Suisse
  • Pour chaque turbine 9HA fabriquée à Belfort, la marge affectée à l’entité légale est inférieure aux droits à la technologies payés à GE => plus on fabrique, plus on est en déficit
  • Belfort doit redevenir centre mondial 50 Hz dans l’intérêt de GE et de Belfort

4/ Le gouvernement doit faire respecter l’accord signé avec GE le 4 novembre 2014 dont voici des extraits :

3.4. Les quartiers généraux européens actuels de GE pour les activités turbines à gaz de grande taille à usage industriel de 50 Hz demeureront à Belfort.

3.5. Les équipes de la direction mondiale des activités mentionnées aux Articles 3.1 à 3.4, de même que celles en charge de la direction opérationnelle des quartiers généraux correspondants, seront situées en France, et, dans le cadre de l’organisation matricielle mondiale de GE, seront

respectivement responsables de ces activités et des opérations de quartiers généraux y afférentes, qui incluront notamment :

– les fonctions corporate de chaque activité ;

– la stratégie de fabrication ;

– le marketing et le développement produits ;

– la supervision des activités commerciales, y compris les offres ;

– la stratégie en matière de chaîne d’approvisionnement (supply chain) ; ainsi que

– les activités R&D et recherche et développement appliquée spécifique à chaque activité.

3.6. Les engagements énoncés dans le présent Article 3 resteront en vigueur pendant une durée de dix (10) ans à compter de la date de réalisation l’Opération. »

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Politique

Le projet de loi visant à interdire le communisme en Pologne

Les réactionnaires polonais au pouvoir ont modifié le code pénal le 13 juin 2019 pour rendre illégal le communisme, au même titre que le fascisme et le nazisme. 

À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la Pologne est une Démocratie populaire, c’est-à-dire qu’une coalition composée majoritairement de partis de gauche gouverne le pays.

En 1946 est organisé un référendum pour une réforme du pays ; c’est le vote du « 3x Tak » c’est-à-dire « 3 fois oui » : oui à la Suppression du Sénat, oui à la réforme économique et agraire et oui au report des frontières polonaise à l’Ouest sur la Baltique, sur l’Oder et la Neisse. La Gauche fait la campagne pour le « 3 fois oui », c’est une victoire populaire sans précédent: 68% des votes sont pour le « 3 fois oui » !

Deux ans après, le Parti Socialiste Polonais et le Parti Ouvrier Polonais (le parti communiste) fusionnent pour créer le Parti Ouvrier Unifié Polonais, c’est une nouvelle victoire !

En 1952, le 22 juillet, est adoptée la constitution de la République Populaire de Pologne dont le premier article est :

« Article 1.

1. La République Populaire de Pologne est un État de Démocratie populaire.

2. Le pouvoir dans la République Populaire de Pologne appartient au peuple travailleur des villes et des campagnes. »

Les réactionnaires ont subi trois coups durs entre 1944 et 1952 : la victoire du « 3 fois oui », la possibilité de l’union de la gauche par une volonté de servir le peuple polonais et la proclamation de la République Populaire par le Président Bierut le 22 juillet 1952.

Si après la mort de ce dernier la situation se dégrade dans le pays, passant d’une Démocratie populaire à une tyrannie antisémite bureaucratique – avec notamment les purges d’esprit pogrommiste de mars 1968, la prise de pouvoir par les nationalistes puis les militaires polonais, malgré des accords avec l’Église, les réactionnaires et la Droite en général ne s’est jamais remise de la victoire de la Gauche polonaise à l’époque.

Si aujourd’hui celle-ci ne représente pas grand chose en Pologne, le gouvernement réactionnaire du PiS (droit et justice) a peur du résurgence de la Gauche et s’attaque donc à l’une de ses deux composantes majeures historique : les communistes.

Les réactionnaires polonais ont donc modifié modifié l’article 256 du code pénal rendant désormais illégal le communisme, au même titre que le fascisme ou le nazisme (la loi polonaise fait une différence entre fascisme et nazisme).

« Article 256 :

§ 1. Toute personne faisant la promotion d’un régime nazi, communiste, fasciste ou d’un tout autre régime totalitaire ou incite à la haine sur fond racial […] s’expose à une peine de privation de liberté qui peut aller jusqu’à 3 ans.

§ 1a. À la même peine sont soumises les personnes qui propagent publiquement une idéologie nazi, communiste, fasciste ou une idéologie appelant à la violence ayant comme but d’influencer la vie politique ou la vie sociale.

§ 2. La même peine est appliquée à quiconque, dans le but de diffuser, produit, enregistre ou importe, acquiert, vend, offre, stocke, conserve, présente, transporte ou transmet un objet imprimé, enregistrant ou autre contenant le contenu. spécifié au § 1 ou 1a ou qui est porteur du symbolisme totalitaire nazi, communiste, fasciste ou autre, utilisé de manière à propager le contenu spécifié au § 1 ou 1a. »

On notera aussi que le mot communiste est mis entre nazisme et fascisme, comme pour les séparer, pour dire que finalement le communisme est la même chose que le fascisme et le nazisme. C’est évidemment fait exprès, l’influence de l’Église catholique romaine a aidé à propager une vision de la « théorie du fer à cheval » qui voudrait que les « extrêmes se rejoignent ».

Or, rien qu’au niveau historique c’est bien évidemment faux. Pour ne rester qu’en Pologne, les premiers résistants étaient communistes et ce sont eux qui ont participé en grand nombre à la libération du pays du fascisme. Par ailleurs, les juifs étaient persécutés à la fois par les nazis, les groupes résistants proto-fascistes comme les Narodowe Sily Zbrojne et les nationalistes (même si il y avait une partie non négligeable de sociaux-démocrates, le groupe était sur une ligne nationaliste) qui voyaient en eux des traîtres ayant collaborés avec les « komuch » (appellation péjorative pour dire communiste) avant et au début de la guerre.

Les seuls à avoir eu une attitude irréprochable pendant la guerre antifasciste était donc les communistes.

La Gauche polonaise à l’heure actuelle n’assume pas de réel projet…

Ensemble (Razem) se réfère uniquement par folklore à Marx, mais sont sur une ligne sociale-libérale.

Le Parti socialiste polonais (Polska Partia Socjalistyczna) a deux lignes antagonistes en son sein : l’une à Gauche et l’une sur une ligne anticommuniste voyant l’Armia Krajowa comme des héros. Mais la ligne à Gauche est sur une ligne post-1989, alors elle voit la fin de la Pologne Populaire comme une chose positive (hors dans la réalité ce n’était plus le cas).

Il y a aussi le site lancé récemment par « Camarade Michal » odrodzenie (renaissance), qui se veut de la Gauche historique, mais est en réalité dans une logique non claire et donne la parole à la fois à des nationaux-bolchéviques sur son site et sa page YouTube, ainsi qu’à des personnes comme Bruno Drweski, qui est un chargé de cours à l’INALCO franco-polonais apparaissant sur Russia Today et présent à l’université d’été de l’Union populaire républicaine de François Asselineau à Annecy il y a quelques années.

Enfin, il y a les différents groupes communistes polonais, qui n’assument pas un réel discours communiste…

Alors bien sûr il y a de temps en temps des positions qui sont intéressantes, mais peu de choses sérieuses sont amenées par la Gauche polonaise. Elle n’est pas écoutée et tournée en ridicule.

À noter qu’il y a tout de même des projets qui veulent ramener une Gauche historique comme la page Facebook gérée par l’historien polonais Piotr Ciszewski « Historia Czerwona » (Histoire Rouge) et le site Naprzod (En avant ! ), qui publie des documents de la Gauche historique et qui s’affiche pour un Front populaire.

Avec une gauche polonaise qui s’affirmerait plus et n’étant ni dans un délire passéiste, ni dans le libéralisme, le gouvernement polonais ne pourrait faire passer ce genre de loi.

Alors la Gauche polonaise connaît des problématiques semblables à celles  d’en France…

Il faut aussi noter que cette loi visant à interdire le communisme s’inscrit dans toute la logique antisémite du judéo-bolchévisme.

Il faut bien sûr soutenir les campagnes de solidarité lancée par les différents partis de Gauche pour que le communisme ne soit pas interdit en Pologne.

En France, il y a le groupe PRCF (une scission du PCF) qui est à l’origine d’un appel à une mobilisation contre la criminalisation du communisme en Pologne.

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Politique

Tribune : « Face à la crise démocratique, c’est au peuple de tracer un chemin »

Cette tribune a été publiée ce mardi 18 juin sur le site du JDD et est signée par des personnes membres et anciennement membres ou proches de la France insoumise.

On y retrouve une position populiste très différente de celle que nous soutenons ici, c’est-à-dire la reconstruction de la Gauche sur ses bases historiques liées au mouvement ouvrier. Cette tribune rejette au contraire ouvertement le rassemblement de la Gauche en faisant des gilets jaunes le centre des préoccupations démocratiques et politico-culturelles.

Il y a parmi les signataires Manon Le Bretton qui est co-responsable de l’école de formation insoumise ou encore Djordje Kuzmanovic, qui a fondé l’organisation nationaliste République souveraine après avoir quitté l’organisation de Jean-Luc Mélenchon.

Voici la tribune :

« Face à la crise démocratique, c’est au peuple de tracer un chemin

De samedi en samedi, le mouvement des Gilets jaunes se donne à voir. Mais faute d’arriver à se renouveler, il perd, au moins en apparence, sa capacité à bousculer l’ordre établi. Car entre-temps, les élections européennes ont joué le rôle d’anesthésiant démocratique. Elles ont démontré l’incapacité institutionnelle à proposer un débouché politique à l’aspiration populaire exprimée depuis le 17 novembre dernier. L’impératif démocratique reste sans réponse.

Les européennes ont en revanche confirmé que se prolonge le temps destituant qui jette à terre les intermédiations et formes représentatives perçues comme la captation du pouvoir souverain. Les principales forces peuvent se prévaloir du vote de tout au mieux 11 % du corps électoral, la moitié des électeurs s’étant abstenus. Le président, qui s’est engagé personnellement dans la bataille, voit 90% des françaises et des français se détourner de sa politique. Avec l’absorption de la moitié de l’électorat LR par LREM, l’affaissement du PS au minimum irréductible, l’effondrement de l’espoir porté par LFI en 2017 et la transformation d’EELV en une valeur refuge de circonstance, le reste du champ politique est parcellisé, sans capacité d’agrégation. L’émiettement du vote est devenu la règle, ultime pied de nez citoyen à toute forme de délégation de souveraineté.

Après six mois où, en famille, entre amis, sur les ronds-points, le débat public était pourtant redevenu un objet du quotidien, le temps électoral s’est imposé comme une bulle de l’entre-soi

Les lendemains d’élection déjà déchantent. L’incapacité à penser un débouché politique par-delà le piège du cadre institutionnel et politique actuel de la Ve République prépare une séquence binaire entre LREM et le RN pour 2022 qui vise à permettre à une minorité d’imposer ses vues. Face à cette fausse et mortifère alternative, tout ce qui s’apparente de près ou de loin à la gauche va être sommé de se rassembler pour s’enfermer dans une impasse électorale qui, si tant est que cette addition ait un sens, totalise désormais de scrutin en scrutin moins de 30% des voix. Chercher de manière artificielle une majorité électorale impossible, c’est renoncer à l’ambition de constituer une majorité populaire.

Les européennes auront aussi eu pour effet, si nous n’y prenons garde, de stériliser le champ politique. Après six mois où, en famille, entre amis, sur les ronds-points, le débat public était pourtant redevenu un objet du quotidien, le temps électoral s’est imposé comme une bulle de l’entre-soi, incapable à ce stade d’offrir un débouché au souffle citoyen. L’impasse apparaît à tous les niveaux.

Ce trou noir politique doit être laissé derrière nous. Il est grand temps de nourrir durablement l’appétit démocratique qui s’est manifesté avec le mouvement des Gilets jaunes. Sans doute celui-ci sera-t-il amené à s’exprimer à terme dans le champ électoral ; mais il doit aujourd’hui puiser sa force dans le substrat populaire non institutionnel où il est le plus vivace. Ce qu’il faut rechercher, c’est l’élévation du niveau de conscience populaire acquise non seulement à l’identification claire d’une oligarchie qui est dangereuse pour soi socialement et écologiquement ; mais aussi à l’idée qu’un rôle politique légitime incombe souverainement à soi en tant que peuple.

L’instrument et la perspective capables de produire ce niveau de conscience menant à la révolution citoyenne doivent être interrogés. Face à la crise écologique déjà enclenchée, face à la crise démocratique qui frappe, face à la crise financière qui vient, nous considérons que, comme à chaque fois que la République a été appelée à la barre par les affres de l’Histoire, seul un processus populaire et constituant permettra de répondre à la crise systémique qui s’avance. Cela en fait aussi l’idée centrale et structurante pour qui veut renverser la table en 2022.

Le processus constituant ne saurait être un mouvement en soi et pour soi. Passerelle citoyenne, il vise à créer les conditions pour répondre ensemble au projet originel de creuset républicain du retour à l’ordre des droits. La multiplication des initiatives doit servir à remettre la société en mouvement, à rediscuter les règles du jeu, à redéfinir les communs, à repenser le contrat social, à approfondir l’universalisme émancipateur pour refonder le corps politique, afin de reconstruire une légitimité et un consentement collectifs.

Partout, nous invitons dans leur diversité les cadres collectifs déjà organisés à mettre à l’ordre du jour ces questions sous la forme qu’ils jugent la plus adaptée. La mobilisation citoyenne pour préserver l’outil d’intérêt général qu’est Aéroport de Paris et obtenir un référendum populaire est ainsi un axe concret et nécessaire d’action. Ailleurs, vous préfèrerez saisir d’autres opportunités qui, partant du quotidien ou de réalités locales, amènent à penser collectivement le bien commun. Les premiers cercles populaires et constituants qui déjà se réunissent dans de nombreux départements pourront servir de réceptacles à cette infusion citoyenne.

Refusant la concurrence entre différentes initiatives existantes, nous en appelons à établir un ample mouvement citoyen mû par une même idée fédératrice : rendre au peuple et à la Nation la souveraineté de sa décision pour retrouver sa liberté républicaine, celle qui fait du bonheur commun l’essence de toute association politique.

Les signataires :

Robin ALBERT, syndicaliste
Paul ALLIES, professeur en sciences politiques à l’université de Montpellier
Damian BASTIAN, rédacteur à Le vent se lève
Farid BENLAGHA, producteur et animateur du collectif national pour un référendum contre la privatisation d’ADP
François BOULO, avocat et Gilet jaune
Céline BOUSSIE, lanceuse d’alerte
François COCQ, auteur de L’impératif démocratique
Flavien CHAILLEUX, Gilet jaune
Catherine DAVID, confédération paysanne
Enguerrand DELLION, politiste
Romain DUREAU, agroéconomiste
Hélène FRANCO, magistrate, syndicaliste
Christophe GACHE, secrétaire départemental du Mouvement des citoyens
Jean GATEL, ancien secrétaire d’Etat à l’économie sociale et solidaire
Charlotte GIRARD, universitaire
Nicolas GUILLET, juriste
Mickaël IDRAC, doctorant en sociologie des migrations à l’université Paris-Descartes
Eric JAMET, éditeur
Djordje KUZMANOVIC, président de République souveraine
Manon LE BRETTON, responsable de l’école de formation insoumise (eFI)
Jeannick LE LAGADEC, conseillère départementale
Walter MANCEBON, militant pour une 6e République
Michel PHILIPPO, lanceur d’alerte
Alphée ROCHE-NOËL, auteur de Géographie de l’histoire de France
Jean-François SAUVAGET, Association Pour une constituante et Anticor
Frédéric VIALE, coauteur de La gauche à l’épreuve de l’Union européenne »

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Politique

Appel : « Ensemble sur nos territoires »

Les appel à l’unité électorales en vue des municipales se multiplient en ce moment, sous différentes formes. Celui-ci intitulé « Ensemble sur nos territoires » est initié par Ronan Dantec, anciennement d’Europe écologie-Les Verts avec un positionnement plutôt de centre-gauche.

Le texte ne se revendique d’ailleurs pas de gauche, bien que les signataires soient souvent issus de la Gauche ou liés à la Gauche, avec gens issus du PS, de Génération-s, de Place publique ou d’EELV.  Sa particularité est de focaliser sur les alliances locales, ce qui est la nature du mouvement « Territoires » à l’origine de la démarche.

Les rendez-vous locaux ou nationaux sont ou seront disponibles sur ce lien.

La liste des signataire est disponible ici.

Voici l’appel :

« Ensemble sur nos territoires

L’analyse des résultats des dernières élections européennes ne peut et ne doit se résumer à décrire le face à face entre la liste d’En Marche (22,4%) et celle du Rassemblement National (23,3%), entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, dont l’affrontement serait ainsi amené à se répéter d’élection en élection, la légitimité politique d’En Marche n’étant alors que d’être l’obstacle à l’extrême-droite.

À l’échelle européenne, les scores élevés et préoccupants des listes populistes ont été remarqués, nous devons lutter résolument contre les fractures territoriales et les injustices sociales qui les nourrissent. Nous soulignons aussi la force de la poussée du vote pour les listes écologistes, marquant une prise de conscience accrue, notamment chez les jeunes, de la gravité des crises environnementales. En France, le résultat de la liste Europe-Ecologie (13,5%), le total cumulé pratiquement équivalent de plusieurs autres listes se réclamant de la gauche et de l’écologie, ayant mis la construction européenne et la question climatique au cœur de leurs campagnes, démontrent l’émergence d’une autre proposition politique. Elle se dessine autour d’axes forts comme le renforcement d’une Europe engagée dans la nécessaire régulation du monde, l’encadrement du libre-échange, la lutte résolue contre le dérèglement climatique et la perte de biodiversité, la transformation de nos modèles agricoles et alimentaires, l’exigence de justice sociale et de protection des plus vulnérables, des valeurs humanistes réaffirmées notamment dans l’accueil des migrants.

L’adhésion significative des électeurs à cette proposition politique a été masquée par l’émiettement des offres politiques qui la portent, conséquence des histoires et des évolutions des uns et des autres, qu’il faut comprendre et respecter. Il ne sert ainsi à rien de se lamenter sur la multiplicité des offres lors de ces élections, c’était probablement inévitable, mais nous devons désormais nous projeter dans l’avenir. Nous insistons en particulier sur la mobilisation, dans ces élections, des jeunes, qui apportent un nouveau souffle dans le débat public.

Ce qui compte à présent, c’est de construire une parole politique puissante, ancrée dans des actes et des pratiques cohérentes, de constituer une force politique capable d’assumer la conduite des affaires publiques, portant l’ambition de cette transformation écologique et sociale qui anime les travaux des pactes et plateformes que présentent certains syndicats et associations, mais dont les propositions ambitieuses et créatives ne trouvent pas aujourd’hui l’incarnation politique nécessaire. Ainsi, il est intéressant de constater qu’un contrat de justice sociale, écologique et solidaire pour l’Europe a été proposé par 19 signataires du « Pacte du Pouvoir de Vivre ». De toutes les listes qui pouvaient porter ces exigences, la moitié n’aura pas d’élu·e·s… Dépasser cette situation ne peut se faire dans le cadre des organisations politiques traditionnelles, trop épuisées par les jeux de motions et d’équilibre interne, les petits rapports de force entre amis…Il nous faut faire différemment, et les élections municipales prochaines en sont l’occasion.

En dehors des jeux d’appareils nationaux, nous appelons donc tou·te·s les élu·e·s et citoyen·ne·s prêts à s’engager localement, à se retrouver, à des échelles locales, départementales ou régionales, pour discuter concrètement ensemble sur des projets communs adaptés à leurs territoires, à travers un socle de valeurs communes d’humanisme et de solidarité qui se traduisent par :

·   Une priorité donnée à la lutte contre toutes les fractures territoriales, urbaines et rurales

·  L’urgence de la transition écologique, créatrice d’emplois, la lutte contre le dérèglement climatique et les pollutions, la mutation de l’économie agricole

·  Des régulations économiques au service de l’accès à l’emploi pour tous, de la lutte contre les précarisations, d’une meilleure redistribution des richesses

·   Une véritable politique d’accueil des migrants

·  La régionalisation et le renforcement de l’autonomie des collectivités dans une logique de solidarité entre les territoires

·  L’égalité des chances, l’égalité entre les femmes et les hommes, la priorité donnée à l’éducation et à la formation tout au long de la vie

·   Le renforcement de la démocratie participative

·   Le choix de la construction européenne comme espace nécessaire de régulation

L’espace politique que dessine ces exigences correspond à la feuille de route commune de la gauche et de l’écologie politique, dans une construction d’alternative crédible au néo-libéralisme, fondées sur l’application, en premier lieu dans les territoires dont nous avons ou aurons la gestion, de propositions ambitieuses et concrètes. Mais cet appel se veut aussi très large. A partir de ce socle de valeurs communes, certains refusent de se situer sur l’axe droite-gauche, d’autres se considèrent plutôt au centre… ou dans la gauche radicale, peu importe, c’est le désir d’agir à la hauteur des enjeux et des urgences qui émergent et qui doit nous animer, en bienveillance par rapport aux convictions et histoires militantes des un·es et des autres.

Les initiatives déjà engagées dans plusieurs départements français montrent qu’une telle demande de rassemblement fonctionne et correspond à une attente, autour d’élu·e·s locaux pour la plupart non encartés, mais en prise avec la réalité de leurs territoires. Ces dynamiques, qui doivent se traduire dans les prochaines semaines par des rencontres des signataires de cet appel par territoires, devront aussi être attentives et en lien avec les différentes initiatives associatives et citoyennes qui émergent et portent le même socle de valeur. Les prochaines élections devront notamment être l’occasion d’intégrer dans les conseils municipaux une nouvelle génération de jeunes élu·e·s.

Retrouvons-nous ensemble sur nos territoires.

MODE D’EMPLOI

Nous proposons à tou·te·s celles et ceux qui se retrouvent dans cette démarche de s’inscrire ici

Des réunions des signataires à l’échelle des territoires permettront de se retrouver et d’élargir les dynamiques locales. »

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Appel du PCF : « Construisons une union populaire qui porte un nouvel espoir pour la France »

Le PCF tenait le week-end dernier un Conseil national et il a été émis un appel au rassemblement, avec l’idée que tant les Verts que La France insoumise se réunissent à leur tour le week-end prochain et qu’il est temps d’organiser l’unité en vue des prochaines municipales.

On trouvera cependant très étrange que cet appel n’a pas été diffusé publiquement et soit pour ainsi dire presque impossible à trouver, y compris en le demandant directement. Le voici cependant :

« Construisons une union populaire qui porte un nouvel espoir pour la France

Les élections européennes achevées, le président de la République prétend aggraver sa politique au service des ultrariches. Le droit à la retraite et celui des privés d’emplois à être correctement indemnisés sont dans son collimateur. La santé, le transport ferroviaire public, l’Éducation nationale font les frais de sa volonté de déréguler et privatiser. Il laisse s’opérer des plans de licenciements et autres opérations financières menaçant ce qu’il demeure de notre industrie, et il ne se préoccupe d’écologie que le temps des discours.

La colère est toujours aussi forte, l’espoir que cela change aussi. Il n’en est que plus grave que ce pouvoir arrogant veuille réorganiser la vie politique française autour de son face-à-face avec l’extrême droite. Ce jeu cynique installe le parti de la haine en alternative aux choix gouvernementaux, il fait courir un terrible danger à la République.

Jamais le pays n’a eu autant besoin d’une gauche de combat, qui reprenne l’initiative à M. Macron et empêche l’extrême droite de réaliser un hold-up sur l’exaspération populaire. Jamais notre peuple n’a été à ce point orphelin d’une perspective de transformation sociale, d’égalité et
de fraternité, de démocratie et de restauration des équilibres écologiques détruits par un capitalisme avide.

Le Parti communiste français s’adresse donc aux hommes et aux femmes soucieux d’ouvrir un débouché à la hauteur de leurs aspirations et de leurs engagements, mais aussi à l’ensemble des forces de gauche et écologistes, aux organisations syndicales et au monde associatif, aux
collectifs de citoyen·ne·s.

Ensemble, il nous appartient de nous rassembler, sans exclusives ni volonté hégémonique de quiconque, sur des contenus qui portent une volonté d’alternative s’attaquant pouvoir du capital. De ne pas nous contenter de discussions de sommet, mais de mener des combats communs
qui permettent de faire reculer les puissances d’argent et d’arracher des victoires. D’en appeler à l’implication de toutes et tous.

Nous pouvons ainsi, nous devons nous unir pour une autre réforme des retraites assurant justice et progrès pour chacun et chacune, gagner le référendum contre la privatisation d’Aéroports de Paris, mobiliser contre la vie chère et la hausse des tarifs de l’électricité, obtenir un vrai plan d’urgence pour nos services publics, faire de la reconquête industrielle une grande priorité nationale, agir pour l’augmentation des salaires et des pensions, faire avancer des mesures ambitieuses pour le climat, lutter pour la justice fiscale.

Nous pouvons, dans les communes et les quartiers, sur les lieux de travail et d’études, favoriser l’initiative populaire, permettre à chacune et chacun de prendre la parole et de peser, sur les choix de batailles à mener autant que sur les propositions à mettre en avant, afin que leurs exigences se trouvent prises en compte.

Les élections municipales seront également l’occasion de mettre en échec le pouvoir macronien, la droite et l’extrême droite dans le plus grand nombre de villes. Elles doivent assurer de larges majorités à des politiques de gauche novatrices.

Pour ce qui le concerne, le Parti communiste français met en débat ses dix propositions pour la France. C’est sa contribution à la libre discussion et à l’action qu’il nous faut désormais organiser partout. Pour faire émerger un projet partagé, il portera ses propositions dans les initiatives allant dans ce sens et engagera lui-même les démarches nationales pouvant favoriser le rassemblement.

Travaillons à l’union populaire qui pourra demain changer le destin de
la France.

Conseil national du PCF,

Paris, le 16 juin 2019. »

> Lire également : Les 10 propositions du PCF pour la France

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Le Saint-Hubert Club de France et ses conservateurs révolutionnaires

Le Saint-Hubert club de France, fondé en 1902, défraie la chronique chez les dirigeants des chasseurs par son positionnement élitiste et conservateur révolutionnaire digne des années 1920-1930. Le légitimisme pro-terroir et pro-notables trouve ici un concurrent vigoureux et très ambitieux, tourné vers la Russie et l’idéologie conquérante paneuropéenne.

L’Opinion est un quotidien de droite à la fois conservatrice et libérale, un peu comme le RPR de par le passé. Il a publié un article très intéressant : « Flirt d’extrême droite au plus vieux club de chasse de France ». Toute personne s’intéressant à la chasse doit le lire.

L’affaire concerne le Saint-Hubert club de France, la plus ancienne association de chasse en France, installée carrément dans la Maison de la chasse et de la nature à Paris où elle fait même des dîners. Pour le résumer sommairement, l’idée est la suivante : cette association assume entièrement la substance ultra-conservatrice et ultra-élitiste de la démarche de la chasse.

Or, cela va totalement à l’encontre de la démarche populiste-conservatrice de la direction des chasseurs. Et donc, le 10 avril 2019, le dîner caritatif de l’association au restaurant Chez Françoise, à côté de l’Assemblée nationale », a tourné à l’affrontement idéologique. On remarquera au passage que L’Opinion, en passant, nomme certaines personnes présentes :

« Parmi les convives qui lèvent leur verre, on aperçoit Jean-Frédéric Poisson, patron du Parti Chrétien-Démocrate ex-allié de Nicolas Dupont-Aignan ; le préfet Henri-Michel Comet, remercié dans le Rhône par Gérard Collomb, ou encore Patrick Gentil, industriel de la Sarthe passionné de chasse à l’ours dans l’Extrême-Orient russe. »

Willi Schraen, président de la Fédération Nationale des Chasseurs, est membre de l’association. Y était-il ? En tout cas, donc, Thierry Coste, conseiller chasse et ruralité d’Emmanuel Macron, et grand lobbyiste de la chasse, « venu à titre exceptionnel », a exigé que soit mis un terme au positionnement non directement populaire et légitimiste par rapport à l’État.

Cela s’est mal passé et le dîner a été fui par certains, alors que parmi les chants des convives restants, on a pu entendre, selon des témoins s’exprimant au quotidien L’Opinion:

« La Royale, hymne de l’Action française, ou le chant allemand des Fallschirmjäger, les parachutistes de la Wehrmacht »

L’article précise également que le dirigeant de l’association, Henri de Grossouvre, est un homme des réseaux russes et serbes, partisan d’une affirmation paneuropéenne par un axe Paris-Berlin-Moscou. On apprend également que le numéro deux de l’association a un profil correspondant à tout cela :

« Guillaume Beaumont organise des chasses au domaine du Naon, à Souesmes (Loir-et-Cher). Thierry Légier, ancien de l’Action française et proche de Jean-Marie Le Pen, en est un habitué. En décembre 2017, une battue a réuni Marion Maréchal, Jean-Frédéric Poisson et Louis-Alphonse de Bourbon, l’arrière-petit-fils de Franco. »

On a compris l’ambiance. La chasse, vecteur idéologique ultra-réactionnaire, a donc catalysé la formation d’un noyau dur idéologique rassemblant des gens de la haute société. On a le même schéma que dans l’Allemagne des années 1920 ou la France des années 1930, avec des milieux grands bourgeois qu’on peut désigner comme « conservateurs révolutionnaires ».

Ce noyau dur a pris la direction du Saint-Hubert club de France et va, on l’a compris, servir de levier pour interpeller la grande bourgeoisie dans son ensemble et la pousser dans la « solution » qu’est l’alliance de la droite conservatrice à la Marion Maréchal avec la droite populiste-démagogique de Marine Le Pen, pour « remettre de l’ordre ».

Ce n’est évidemment pas du goût des grands bourgeois légitimistes, préférant asseoir l’ancrage dans les institutions et n’ayant pas besoin d’une révolution conservatrice. C’est cela l’arrière-plan du conflit et la publication de l’article à ce sujet par L’Opinion est une torpille des seconds envoyés à destination des premiers.

Même si, du point de vue de la Gauche, les uns ne valent pas mieux que les autres, il serait totalement erroné de ne pas saisir leur contradiction relative et de ne pas saisir ce que cela signifie pour combattre tant l’un que l’autre, en cernant bien leur différence et surtout leur importance dans le processus de lutte contre la chasse.

L’opposition entre Willi Schraen le légitimiste et Henri de Grossouvre le conservateur révolutionnaire a un sens historique et on peut d’ailleurs être certain que les ultras-réactionnaires se renforceront toujours plus. Il faut bien saisir comment le terrain est mouvant et combien est importante la lutte pour gagner le plus de masses possibles contre les réactionnaires !

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« Transformer », « émanciper », des concepts-clefs à Gauche

Qu’est-ce-que la vie ? C’est un enchevêtrement d’éléments matériels différents qui s’agrègent puis fusionnent pour aller vers des organismes toujours plus complexes. Au cœur de cette dynamique, il y a modification, changement, dépassement d’anciennes conditions vers une nouvelle condition générale.

C’est l’illustration bien connu du papillon : d’abord larve, la chrysalide se transforme pour s’émanciper progressivement vers un être vivant complexe.

En tant que produit de la rationalité, la Gauche est l’agent de cette dynamique. Alors que la Droite veut bloquer le processus à un point donné, et que l’extrême-droite souhaite revenir à l’ancien état des choses, la Gauche est porteuse de la dynamique de la vie.

Elle en est même l’accélérateur et c’est pour cela qu’il a été parlé, parfois, de « progressisme » : il faut aller de l’avant, car l’avenir est forcément radieux. Cela ne veut pas dire que le processus se fait de manière lisse, sans difficultés et sans détours houleux. Comme l’on dit « la vie est ainsi faite » : on avance, on subit des échecs, on recule puis on rebondit avec une meilleure compréhension des choses…

Or, qu’est-ce-que le Socialisme si ce n’est l’expression de la transformation du capitalisme lui-même en autre chose ? Qu’est-ce-que le Socialisme si ce n’est le reflet de l’émancipation de la classe ouvrière de son aliénation ? Mais pour voir les choses ainsi il faut avoir un rapport au travail, justement à la transformation sociale.

Karl Marx n’a t-il pas écrit :

« Les animaux et les plantes que d’habitude on considère comme des produits naturels sont, dans leurs formes actuelles, les produits non seulement du travail de l’année dernière, mais encore, d’une transformation continuée pendant des siècles sous la surveillance et par l’entremise du travail humain. »

La base c’est la transformation des choses et cela passe par le travail. On ne peut pas sortir de cela, c’est la nature de la vie humaine. On ne peut pas stopper ce phénomène, qui est une dynamique objective de la société.

Et la grande leçon de Marx c’est d’analyser comment le capitalisme est lui-même en train de se transformer en une société nouvelle, supérieure, qui est le Socialisme. C’est la fameuse formule du Manifeste du Parti communiste comme quoi « la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs ». Il n’est pas question d’une dégradation absolue des conditions de vie mais bien d’une transformation de la société bourgeoisie en une nouvelle et supérieure organisation sociale.

Cette transformation se réalise évidemment à l’intérieur d’une contradiction, la lutte des classes. À la transformation correspond donc forcément l’émancipation, celle de la classe ouvrière qui, au cœur de la transformation de la matière, se libère du capitalisme et établit une nouvelle société.

« Transformer » et « émanciper » sont les concepts clefs de la Gauche et il est assez révélateur que ces manières de voir les choses ne sont pratiquement plus mises en avant dans la Gauche actuelle. Il y a pourtant toute une tradition de la gauche dite de « transformation » ! Malheureusement, tout a été réduit une vision basée sur l’ « opposition » : on serait ainsi « antilibérale », « anticapitaliste », « antiraciste », etc. La nature de l’engagement ne serait pas un élan vers l’avant dans le Socialisme, le Communisme, le métissage, la collectivité.

La Gauche historique c’est justement cela, celle de correspondre à l’accouchement de la nouvelle société en comprenant la transformation en cours, en travaillant à l’émancipation culturelle de la classe ouvrière.

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La Gauche contre la privatisation de la société Aéroports de Paris

Plusieurs forces de gauche ont fait du rejet de la privatisation des aéroports de Paris un thème important. Il y a depuis hier la possibilité via un site internet officiel de participer à une initiative permettant de réclamer un référendum sur la question. Il faut pour cela aboutisse que près de 5 millions d’électeurs (4 717 396 précisément) se signalent sur le site : referendum.interieur.gouv.fr

Voici une sélection de réactions contre la privatisation d’Aéroports de Paris par des organisations ou personnalités à Gauche :

Voici également un sélection d’articles sur le sujet :

  • « ADP : IL FAUT UN RÉFÉRENDUM POUR QUE LES FRANÇAIS PUISSENT DÉCIDER ! », Entretien avec Fabien Gay sénateur communiste de Seine-Saint-Denis >> lavantgarde.fr
  • « Pourquoi le site du référendum contre la privatisation d’ADP est-il si critiqué ? » >> liberation.fr
  • « Stopper la privatisation d’ADP c’est possible… et ça commence ce 13 juin ! », par Coralie Delaume >> marianne.net
  • « Les privatisations sont au profit d’intérêts privés, financiers, des multinationales et au détriment des salariés et des usagers » >> france.attac.org
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Le débat « gauches : « maintenant, parlez-vous ! sur Médiapart live

Le site Médiapart organisait hier soir un débat entre différentes forces liées à la Gauche suite aux élections européennes. La première moitié de l’émission était consacrée à la question de l’unité politique à Gauche et sa reconstruction ; en voici un long résumé, dans le but d’aider à analyser les choses.

Étaient invités Manon Aubry pour la France insoumise, Guillaume Balas pour Génération-s, Ian Brossat pour le PCF, David Cormand pour Europe écologie-Les verts et Raphaël Glucksmann pour Place publique (et indirectement, le Parti socialiste). Il y a eu environs un millier de personnes (Facebook + Youtube) suivant le débat en direct, qui est maintenant disponible ici.

Pour Manon Aubry, les débats sur la Gauche seraient trop « théoriques » et ne concernent pas les gens, ni elle-même, quoi qu’elle s’est contre-dite plus tard en expliquant qu’elle se sentait de gauche et que c’est important pour elle.

À l’inverse, David Cormand a tout de suite assumé la nécessité d’analyser les choses et de se poser la question du rassemblement des forces issues de la Gauche. Il pense cependant, lui aussi, que la Gauche est dépassée et qu’il faut redéfinir les choses. Le clivage se fait selon lui sur la question de l’écologie, parce qu’il ne faudrait plus des « imaginaires politiques héritiers du 20e siècle » mais un nouveau champ de bataille.

Pour les trois autres, Raphaël Glucksmann, Ian Brossat et Guillaume Balas, il faut au contraire assumer le terme de « Gauche » et aller à l’unité, contre le libéralisme et l’extrême-droite.

Il y a par contre une différence entre Raphaël Glucksmann qui considère que la Gauche a un vivier en France, qu’il faut ranimer, et Ian Brossat qui pense qu’il y a un risque imminent de disparition de la Gauche. Guillaume Balas dit pour sa part que la question est plus large que celle de la Gauche elle-même, avec un risque de disparition non pas simplement de la Gauche, mais de l’esprit même des Lumières et de la « société démocratique ».

Beaucoup de temps a été passé à reprocher à Jean-Luc Mélenchon d’avoir rejeté la Gauche après le premier tour à l’élection présidentielle de 2017. Le thème de l’hégémonie d’une force politique sur les autres a alors été longuement abordé.

Il a été introduit par David Cormand qui explique que Jean-Luc Mélenchon a voulu être hégémonique en exhortant les autres forces à le rejoindre unilatéralement, alors que ce n’est jamais ce qu’a fait le Parti socialiste historiquement. Il a fait la différence entre l’hégémonie politique et le leadership politique, qui sert à inculquer une dynamique de rassemblement sans écraser les autres forces.

C’est précisément ce qu’il propose de faire avec les Verts, avec une nouvelle organisation qui devrait être proposée bientôt. Il se tourne pour cela vers la Gauche, tout en expliquant qu’il ne suffit pas d’être la Gauche « amendée de l’écologie ».

C’est au contraire ce que dit Raphaël Glucksmann, qui pense justement qu’il faut réécrire le clivage Gauche / Droite par le prisme de l’écologie, mais en assumant ce clivage, cela d’autant plus que la Droite assume d’être de droite.

Guillaume Balas semblait plutôt d’accord avec David Cormand et cette idée qu’EELV avait en ce moment « la main » pour non-pas être hégémonique mais insuffler un leadership autour d’une nouvelle définition des choses, unitaire, autour de l’écologie.

Sur la question de l’unité elle-même entre les différentes forces liées à la Gauche, tous n’étaient pas d’accord. Si Raphaël Glucksmann semble être le plus « pragmatique » et a un discours tendant à dire qu’il faudrait rassembler depuis les Verts jusqu’à la France insoumise, tant Manon Aubry que les trois autres semblaient d’accord pour dire que ce n’est pas vraiment possible.

Ian Brossat reproche une certaine trahison de la part de Jean-Luc Mélenchon, Guillaume Balas a dit en quelque sorte qu’il avait très peu de points commun avec la France insoumise et David Cormand a expliqué dans le détail en quoi il pensait que Jean-Luc Mélenchon représentait un populisme.

Sur le plan idéologique, il a expliqué que pour lui ce populisme revient à céder à l’urgence en simplifiant les débats et que les raccourcis ne mènent jamais à rien de bon. Il faut au contraire assumer une sorte de romantisme politique, autrement dit de grandes idées, en remobilisant par l’imaginaire, en l’occurrence via l’écologie.

Sur le plan plus politique, et donc la question précise de l’unité, il a pointé du doigt le risque lié au fait que les stratégies hégémoniques fonctionnent dans un premier temps et permettent un gros score. Seulement, cela n’est pas suffisant pour prendre le pouvoir d’État et Guillaume Balas a rappelé que seul ce pouvoir est à même de changer les choses. Il sont d’accord tous les deux pour dire qu’il faut pour cela nécessairement des alliances.

David Cormand est très lucide sur la portée relative du « gros » score de Yannick Jadot et sur le fait que cela a été permis avec le même genre de stratégie « hégémonique » et presque populiste, rejetant la Gauche et la Droite, alors qu’il faudra pour prendre le pouvoir, faire des alliances et éviter le populisme.

Tant Ian Brossat que Guillaume Balas et Raphaël Glucksmann semblaient d’accord sur ces points, contrairement à Manon Aubry. Selon elle, la France insoumise serait déjà une stratégie d’alliance en elle-même, qu’il faudrait rejoindre et ne pas faire de politique « politicienne » entre les « appareils ».

Selon elle, quoi qu’on veuille, l’électorat est dépolitisé et il faudrait alors se faire une raison en assumant un discours dépolitisé – le populisme donc. Elle a également justifié son rejet des alliances par le fait que François Hollande avait trahi, et qu’il était impossible de se lier au Parti socialiste.

Raphaël Glucksmann a expliqué que ce n’était pas la question, et que d’ailleurs tous étaient d’accord pour dire que François Hollande avait en quelque sorte trahi la Gauche : il faudrait justement s’allier pour éviter cela, mais sur des bases claires et solides. Ils pointent tous les cinq du doigt le régime antidémocratique de la Ve République qui permet ce genre de revirement.

Raphaël Glucksmann pense également que la faiblesse de toutes les organisations est en fait une sorte de chance, qui permettrait de se mettre d’accord humblement pour aller à l’unité. Guillaume Balas a expliqué pour sa part que, s’il faut assumer les divergences, celles-ci sont relativement minimes et sans commune mesure avec les divergences qu’avaient le PCF et le PS à l’époque du programme commun.

On finira pour conclure sur ce qui n’a pas été dit : si tout le monde était d’accord, sauf Manon Aubry, sur la nécessité des alliances pour la Gauche, personne n’a parlé de la base, des bases militantes et culturelles de la Gauche, qui devraient selon nous être au cœur de la reconstruction de la Gauche.

Aucune de ces cinq personnes n’a assumé par contre la notion de Socialisme, ni même la lutte des classes ou la centralité de la classe ouvrière, pourtant essentielles dans la définition de la Gauche historiquement. Tous ces gens relèvent d’une manière ou d’une autre du post-modernisme et d’une Gauche post-industrielle, voir d’une post-Gauche dans les cas de Manon Aubry et de David Cormand. Si le libéralisme est rejeté économiquement par tous, il est assumé par tous sur le plan des valeurs et les questions sociétales, avec le thème de la défense de l’immigration comme totem commun, qui a fait l’objet d’une longue discussion par la suite.

Seul Raphaël Glucksmann a fait un rappel historique en disant que la Gauche, d’abord issue du républicanisme contre la monarchie, puis des radicaux contre les réactionnaires, a un héritage lié au Socialisme par l’apport de Karl Marx, mais sans assumer lui-même cet héritage lié au marxisme.

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La fusion entre Alternative Libertaire et la Coordination des Groupes Anarchistes

Alternative Libertaire et la Coordination des Groupes Anarchistes ont fusionné pour donner naissance à l’Union Communiste Libertaire. Leurs traditions historiques sont pourtant totalement opposées, mais l’anarchisme français est de toutes façons le simple reflet d’un révolutionnarisme à la sans-culotte et d’une grande importance de la petite propriété.

Le fait que l’anarchisme n’ait pas disparu en France est un très grave symptôme, témoignant de la faiblesse de la Gauche historique, qui n’a pas su écraser les courants « ultras » faisant du rejet de la politique l’alpha et l’oméga d’une critique du capitalisme. C’est l’esprit des sans-culottes qui, si utile pendant la Révolution française, est totalement négatif depuis, s’exprimant notamment pendant la Commune de Paris, puis avec le syndicalisme révolutionnaire, l’anarchisme estudiantin.

Ces courants végètent, parasitent la Gauche, pour toujours la poignarder dans le dos dès qu’il y a un mouvement de luttes ou d’affirmation politique. Ils sont particulièrement néfastes. Surfant sur le populisme anti-politique, ils profitent de la moindre avancée pour la faire dévier en vaine agitation de surface, sans aucun fond. Il ne faut pas interpréter différemment la fusion d’Alternative Libertaire et de la Coordination des Groupes Anarchistes qui, on peut aisément le deviner, ne produira pas une organisation solide de toutes façons.

La raison en est simple : la fusion est un saut pour encore davantage abandonner les principes de la Gauche dans son parcours historique. Alternative Libertaire vient en effet du courant « organisé » des anarchistes, les « communistes libertaires » qui assument une plate-forme. Le représentant historique de ce courant est l’Ukrainien Nestor Makhno, mort en France dans le dédain total des anarchistes, qui rejetaient une telle lecture « bolchevique ».

La Coordination des Groupes Anarchistes, comme son nom l’indique, vient quant à lui du courant anarchiste individualiste portée par la Fédération anarchiste. Elle s’est cependant tournée vers ce qui est appelée « Especifismo » au Brésil et consiste en l’affirmation du besoin d’une organisation anarchiste davantage structurée que dans une simple fédération. C’est en quelque sorte le même esprit que la FAI dans l’Espagne des années 1930 agissant au sein de la CNT.

Il ne faut toutefois pas se leurrer et y voir une structuration de l’anarchisme, impossible par nature. C’est en réalité une simple mutation de plus, dans le sens de l’esprit post-industriel, post-moderne. Alternative Libertaire a toujours été historiquement, y compris dans ses formes passées, proche des trotskistes de la LCR. Le changement fait est un simple accompagnement, avec beaucoup de retard, du changement de cette dernière en le NPA.

Quant à la Coordination des Groupes Anarchistes, en grande perte de vitesse, elle n’a cessé ces dernières années d’adopter les thèmes « modernistes » (LGBTIQ+,  « système de domination raciste en France ». Une récente scission, donnant naissance à l’Organisation anarchiste, a encore plus compliqué les choses.

L’Union Communiste Libertaire, qui vient de naître ce 11 juin, est ainsi une fuite en avant, qui ne peut être soutenue que par ceux qui sont trop heureux de liquider les expériences passées sans tirer un quelconque bilan. Il n’y a aucun esprit critique qui est fait, c’est encore et toujours le principe de « s’unir » dans quelque chose de « nouveau » et de prétendre que cela serait une solution à tous les problèmes.

C’est le refus catégorique d’assumer quoi que ce soit politiquement, d’établir des bilans, des analyses de fond quant à l’histoire et à la culture de la France, d’évaluer les succès (ou non) des luttes, des méthodes employées, etc. C’est le refus de ce qui a été la social-démocratie historiquement.

La naissance d’un groupe ultra « nouveau » ne changera rien, car il existe déjà bien d’autres groupes du même genre. Mais cela contribuera à la confusion et des esprits se feront piéger, par incapacité de voir que c’est de la camelote anarchiste d’avant le siècle dernier, une attitude anti-socialiste, anti-communiste, anti-rationalité.

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La réponse de la présidente de l’Unef Mélanie Luce à la scission

Dans un article publié sur un blog Médiapart, la présidente de l’Unef Mélanie Luce répond à l’importante minorité qui a quitté la structure récemment pour en former une nouvelle. Elle leur reproche de « jeter l’éponge », alors que le congrès se profile pour le mois de décembre et qu’elle propose de reconstruire le syndicat de manière unitaire.

Ce qu’elle dit va cependant dans le même sens apolitique que ces derniers, qui disaient refuser « d’être la “maison commune de la gauche” sur les établissements d’enseignement supérieur. »

> Lire également : La scission au sein de l’UNEF

Elle propose pour sa part d’assumer un syndicalisme apolitique, quasiment corporatiste.

On retrouve le même état d’esprit dans les deux longs documents bilan et projet publiés hier en vu des élections au Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, où l’Unef assument totalement sa participation institutionnelle et entends accroître son rôle au sein des institutions universitaires .

Voici l’article de Mélanie Luce :

« De l’urgence de renouveler le syndicalisme étudiant

L’éducation, et ainsi l’enseignement supérieur, constitue un pilier central de notre société. Pourtant celui-ci est dans un état déplorable. Nos universités censées permettre à chaque jeune, quelle que soit son origine sociale son genre ou identité de genre, sa couleur de peau ou encore son orientation sexuelle, de se former et de s’émanciper continuent de reproduire les inégalités. Seul∙e∙s 7% des étudiant·e·s en master sont enfant d’ouvrier·e·s. Si nos universités se sont un temps massifiées, nous constatons depuis de trop nombreuses années que l’ascenseur social est en panne. Pire, la politique mise en œuvre par le gouvernement actuel ne fait qu’alimenter cette crise de l’élévation sociale. En rupture avec l’objectif même de notre enseignement supérieur, Emmanuel Macron ne cesse de fermer progressivement les portes de nos établissements sans jamais répondre aux véritables enjeux auxquels nos universités sont confrontées (manque de budget, refonte nécessaire de nos pédagogies, concurrence entre des établissements censés avoir un seul et même objectif : former les générations de demain). A l’inverse, il fait des étudiant·e·s la variable d’ajustement d’une politique néfaste pour nos universités et notre société.

A l’heure où beaucoup remettent en cause le rôle des organisations syndicales, je suis convaincue qu’elles restent le meilleur outil pour organiser les populations qu’elles représentent. En effet, à l’heure où les jeunes sont taxés d’individualisme exacerbé, ne s’engageraient pas assez d’après certain·e·s, de manière trop extrême d’après d’autres, seul un syndicat à leur image peut capter ces nouvelles formes d’engagement. A l’heure où les étudiant·e·s voient leurs droits s’amenuiser et la précarité étudiante progresser et face à un gouvernement qui a tourné le dos à la démocratisation de l’enseignement supérieur sans l’assumer et qui refuse d’écouter toute contestation, le meilleur outil pour faire avancer et défendre nos droits, c’est un syndicat étudiant fort qui rassemble autour d’un projet.,

Le syndicalisme étudiant est en pleine évolution. Nous devons nous demander : quel type de syndicalisme pour agir au mieux ? Quelles instances démocratiques ? Quelle place à chacun·e en son sein ? L’UNEF a traversé de nombreuses périodes difficiles, elle est affaiblie par sa place de deuxième organisation étudiante et ses crises internes. Dans ce contexte certain·e·s font le choix d’abandonner et de morceler le mouvement étudiant en imaginant qu’un nouvel organe résoudra tout. Pourtant le morcellement est la pire des solutions. Une nouvelle organisation ne change rien si nous ne faisons pas évoluer nos pratiques. Si certain·e·s préfère jeter l’éponge et se rassurer derrière l’artefact de la nouveauté, je me refuse à accepter la prétendue fatalité d’une fuite en avant, à accepter qu’il faille être toujours plus radical pour se faire entendre, à accepter la résignation et l’action individuelle comme seules issues face au gouvernement. Je refuse de renier la bannière syndicale, outil historique de lutte pour nos droits. Je suis à l’inverse convaincue que nous devons le reconstruire, le faire avancer.

Pour reconstruire le syndicalisme étudiant, nous devons nous appuyer sur un syndicat qui a des bases solides. La première : celle de n’avoir qu’une boussole, l’intérêt des étudiant∙e∙s, qu’un seul propriétaire, ses adhérent·e·s. L’UNEF doit s’appuyer sur ses fondations, ce qui fait sa force, c’est-à-dire, un projet : garantir l’accès et la réussite de tou·te·s dans les études supérieures quel que soit les déterminismes sociaux qui nous touchent et permettre l’émancipation de chacun·e, une volonté : rassembler les étudiant·e·s derrière ce projet, et une démarche : utiliser tous les outils pour nous faire entendre (aussi bien la mobilisation que notre place dans les instances).

D’après certain·e·s, nous devrions renier ces mêmes fondations. Nous ne devrions plus être la « maison commune de tou·te·s les étudiant·e·s » et ainsi nous adresser qu’à certain∙e∙s d’entre nous. Au contraire, je dis que c’est la seule issue. Notre condition sociale, nos aspirations nous unissent, ne laissons pas les divisions s’installer ! Acceptons les débats internes tant que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise ! Ce qui fait la force de l’UNEF, c’est aussi notre capacité à nous saisir de tous les cadres pour nous faire entendre (aussi bien de la mobilisation que de notre place dans les instances et ainsi des élections) et notre indépendance vis-à-vis des partis politiques, des syndicats professionnels, de l’administration. Ces éléments sont la clef de voute d’un syndicat qui n’appartient qu’à ses adhérent·e·s.

Au-delà de nos fondations, reconstruire le syndicalisme étudiant passe également par regarder vers l’avenir. Nous devons nous poser les bonnes questions pour trouver les bonnes réponses. Notre défi est celui de redonner envie aux étudiant·e·s de s’engager dans le syndicalisme et de donner leur avis sur ce qui se passe dans leurs universités, nous devons redonner confiance dans l’efficacité et la force que nous avons quand nous agissons tou·te·s ensemble. Il devient essentiel de démontrer l’utilité concrète de l’action syndicale, de permettre à tou·te·s les étudiant·e·s de se saisir du syndicat pour défendre leurs droits, d’adapter nos modes d’actions aux enjeux actuels et de répondre à l’envie croissante de démocratie dans l’ensemble des pans de notre société. Voilà les défis que nous avons à relever !

Faire avancer les droits des étudiant·e·s, lutter contre la précarité et pour l’accès de tou·te·s aux études supérieur, lutter pour une société et un enseignement supérieur qui s’engage pour la transition écologique, lutter contre les discriminations doit passer par ces réflexions si nous voulons être efficace. Ces questions transcendent l’ensemble du mouvement social et nous n’avons pas la prétention d’y répondre seul·e·s. C’est un processus long et un travail que nous avons engagé depuis longtemps et auquel chacun·e doit pouvoir participer. Le congrès de l’UNEF qui aura lieu en décembre doit nous permettre d’apporter certaines réponses, de repenser nos pratiques syndicales et de permettre à tou·te·s les étudiant·e·s qui le souhaitent d’avoir voix au c

«

hapitre. Dans cet objectif nous permettrons à chaque militant·e·s, adhérent·e·s, étudiant·e·s membres de l’UNEF ou non de s’exprimer sur la feuille de route que doit avoir l’UNEF pendant les deux prochaines années dans le cadre de notre congrès.

Les enjeux sont nombreux. Nous sommes dans une période charnières, nous ne pouvons laisser le gouvernement détricoter nos droits, nos universités se dégrader, leurs portes se refermer et continuer à regarder celles-ci passer à côté de l’enjeux essentiel qu’est la transition écologique. C’est notre quotidien et notre droit à l’avenir qui sont en jeu : ce combat est celui de tou·te·s les étudiant·e·s !

Mélanie Luce, Présidente de l’UNEF »

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Les tags antisémites menaçant Madame Ibn Ziaten

Le domicile de Madame Ibn Ziaten, mère d’une des victimes de l’attentat de Toulouse de 2012 – visant une école juive et des militaires postés devant, qui était un soldat de l’armée française, a été vandalisé à l’extérieur avec des inscriptions tels que « Juif bientôt mort », « on va t’avoir », « vive Merah » (le nom du terroriste islamiste), « salle juif ».

Latifa Ibn Ziaten, n’est pas juive, mais il paraît impossible pour des fascistes islamistes qu’une personne pratiquant l’Islam puisse défendre la vie des Juifs et Juives. Il serait donc nécessaire -d’après ces islamistes- que celle-ci soit reliée à des Juifs, ou qu’elle soit elle-même Juive cachée. On est en plein dans un discours anticapitaliste romantique, où le juif contrôle tout. Il est guère étonnant d’apprendre également qu’il y a une partie des revenants de Syrie, qui ayant constaté l’échec de Daesh, se tourne vers le nazisme, partageant la même base économique.

Madame Ibn Ziaten a aussi été attaquée car elle est à l’origine de l’association Imad qui lutte pour la paix et contre la radicalisation.

Elle a tweeté ceci le matin du 10 juin:


Cet acte illustre bien la triste période vers laquelle on se dirige et sans un nouveau Front populaire, les masses juives sont véritablement en danger de mort imminent…