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Raphaël Glucksmann falsifie Jean Jaurès pour son premier meeting

Cherchant à faire les yeux doux aux socialistes pour son premier meeting des Européennes, Raphaël Glucksmann a cité Jean Jaurès. Mais, évidemment, il a été obligé de falsifier la citation, qui parlait effectivement bien de réforme, mais de réforme pour abolir le salariat, supprimer tout le capitalisme ainsi que la propriété bourgeoise…

Ce samedi se tenait à Toulouse un petit meeting du Parti socialiste, de Place publique et de Nouvelle donne. C’est évidemment Raphaël Glucksmann qui était attendu au tournant, après sa prestation considérée comme très faible et sans orientation lors du premier débat télévisé des élections européennes de mai 2019.

Cherchant à convaincre, il s’est lancé notamment dans une longue citation de Jean Jaurès, qu’il a bien entendu dû totalement modifier pour que cela passe. Jean Jaurès était un effet un réformiste, mais un réformiste membre du Parti socialiste SFIO et donc visant tout de même le socialisme, c’est-à-dire la socialisation des moyens de production.

Voici la citation telle que Raphaël Glucksmann l’a lue lors du meeting de Toulouse :

« Parce que le Parti socialiste est un parti de révolution, précisément parce qu’il ne se borne pas à réformer et à pallier les pires abus du régime actuel, mais veut réformer en son principe et en son fond ce régime même, il est le parti le plus activement et le plus réellement réformateur.

Il est le seul parti qui puisse donner à toute tentative partielle d’affranchissement et d’amélioration, la plénitude d’une force que rien n’arrête et que rien n’effraie. »

Raphaël Glucksmann a ensuite parlé de radicalisme et de réformisme comme étant ce qui caractérise le Parti socialiste, à l’opposé des tentatives « autoritaires » comme celle des bolcheviks. En apparence, c’est de l’anticommunisme, en réalité c’est de l’antisocialisme.

Ce n’est pas pour rien qu’au meeting, il a par ailleurs souligné que les socialistes, c’était Jaurès et Blum, mais aussi Mendès-France et Rocard. Car ces deux dernières figures n’étaient que des figures de centre-gauche, n’ayant justement rien à voir avec le Jaurès et Blum, avec les valeurs du socialisme.

Et Jaurès donc, bien qu’il n’ait jamais agi dans l’esprit de la social-démocratie allemande – avec son marxisme orthodoxe porté par Karl Kautsky – appartenait bien à un parti voulant le socialisme. Pour cette raison, Raphaël Glucksmann a été obligé de falsifier la citation de Jean Jaurès.

Voici les propos réels de Jean Jaurès, au congrès de Toulouse du Parti socialiste SFIO, en 1908 :

« Nous vous disons, précisément parce que le Parti socialiste est un parti de révolution, précisément parce qu’il ne se borne pas à réformer et à pallier les pires abus du régime actuel, mais veut réformer en son principe et en son fond ce régime même, précisément parce qu’il veut abolir le salariat, résorber et supprimer tout le capitalisme, précisément parce qu’il est un parti essentiellement révolutionnaire, il est le parti le plus activement et le plus réellement réformateur.

Précisément parce qu’il n’est pas arrêté, dans sa revendication incessante, par le droit, périmé à ses yeux, de la propriété bourgeoise et capitaliste, il est le seul parti qui puisse pousser toutes les réformes jusqu’à la réforme totale et il est le seul parti qui puisse donner à chaque réforme, à chaque tentative partielle d’affranchissement et d’amélioration, la plénitude d’une force que rien n’arrête et que rien n’effraie. »

« Abolir le salariat, résorber et supprimer tout le capitalisme », « la propriété bourgeoise et capitaliste » comme un droit périmé… Cela est bien loin de Raphaël Glucksmann et de son style grand-bourgeois Paris-New-York. C’est à l’opposé les valeurs de la Gauche historique, dont nous avons besoin aujourd’hui.

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Le long débat télévisé des élections européennes

Le premier débat télévisé des élections européennes s’est tenu hier, avec douze têtes de liste ayant le droit de parler douze minutes. Un format ingérable, obligeant certains candidats à devoir s’abstenir de s’exprimer, ce qui est absolument contraire à toute recherche d’un débat politique et d’une compréhension rationnelle des choses. Rien que pour cela, ce débat est une preuve de la décadence du niveau politique et culturel dans notre pays.

Il y a également eu beaucoup de polémiques avant sa tenue, car France 2 ne voulait pas inviter certains candidats, qui ont alors fait appel à la justice (Benoît Hamon, Florian Philippot et François Asselineau avaient contesté la décision via un référé-liberté). Force est de constater en tout cas que les candidats de la Gauche n’ont pas été dérangés par la non-présence de la tête de liste de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud. Quoiqu’on pense de cette organisation, elle est active à Gauche depuis plus de cinquante ans et représente une certaine conception des choses, qu’on ne peut pas balayer d’un revers de la main.

Il y aurait eu l’occasion pourtant de mentionner cette absence lors d’une minute de présentation qui, par ailleurs, a acquis une dimension pratiquement surréaliste, puisque les candidats devaient amener un objet censé représenter leur vision du monde. Une séquence pittoresque, relevant du populisme télévisuel le plus infâme, et qui n’aurait jamais dû être accepté par quiconque a encore le sens des réalités.

Les nationalistes ont bien entendu pu surfer sur une telle indignité, car ce genre de démarche est tout à fait dans l’esprit de leur démagogie, de leur populisme, de leur simplification, de leur outrance.

Florian Philippot, des Patriotes, a amené une baguette de pain, François Asselineau de l’Union populaire républicaine, des menottes symbolisant « l’emprisonnement » de la France par l’Union européenne, Nicolas Dupont-Aignan de Debout la France, un petit avion Airbus, Jordan Bardella du Rassemblement national, une passoire symbole de l’incapacité de l’Union européenne à « protéger nos citoyens, de protéger notre environnement, de protéger notre civilisation, face à la menace terroriste ».

Rien de plus facile pour eux, comme on le voit, de profiter d’une mise en scène absolument scandaleuse, anti-intellectuelle au possible. Et les candidats de gauche ont malheureusement ici succombé au populisme, cherchant à jouer sur les émotions, tentant d’attendrir, de dénoncer sur un ton bravache. C’est un moment très grave et il faut être ici certain qu’aucune figure socialiste ou communiste de la Gauche historique n’aurait accepté une telle mascarade.

Voit-on un journaliste demander à François Mitterrand, Léon Blum, Georges Marchais, Maurice Thorez… d’apporter un objet explicatif de leur démarche ? C’est un peu comme si on disait : oh non ce que vous dites est trop compliqué, faites-nous un dessin ! Pour l’anecdote, en 2017, Jean-Luc Mélenchon a justifié la disparition de l’Internationale comme chant pour la même raison. Il a dit : les gens ne savent pas ce que c’est, cela exclut, donc on ne garde que la Marseillaise.

Il a fallu donc assister à des scènes pathétiques, avec comme thème fondamental l’argent, encore et toujours l’argent, cette obsession à la Proudhon qui n’a strictement aucun rapport avec les exigences de la Gauche historique. Là aussi, il y a une faillite intellectuelle, très profonde, une déconnexion complète avec la réalité du travail, de la production, de la transformation de la réalité, des ouvriers. Quand on sait que les choses se changent, on ne se focalise pas sur l’argent ; on veut au contraire changer en profondeur les choses.

On a donc pu voir Ian Brossat du PCF apportant un bracelet de naissance contre l’austérité et les fermetures de maternité que cela implique, Manon Aubry de La France Insoumise montrant un chèque (celui fait par Emmanuel Macron en supprimant l’ISF, ou bien « un chèque en blanc pour la transition écologique »), Benoît Hamon de Génération-s faisant d’un gilet de sauvetage le symbole de l’aide aux banques après 2007 et l’absence de celle-ci aux migrants traversant la Méditerranée.

Ces pauvres malheureux pensent qu’en tentant de faire pleurer Margot et en réclamant de l’argent, ils vont avoir un écho populaire. C’est un véritable suicide, un massacre de tout le patrimoine intellectuel, culturel, idéologique de la Gauche historique !

Quant à Raphaël Glucksmann, de la liste commune Place publique-Parti socialiste, celui-ci a amené des morceaux du mur de Berlin, tout comme le centriste Jean-Christophe Lagarde de l’Union des démocrates et indépendants, ce qui veut tout dire : ce n’est qu’un bobo de centre-gauche cherchant à mener un hold-up électoral.

Il va de soi qu’avec un tel positionnement, rien ne pouvait sortir de tout cela. On était condamné à avoir comme thèmes les frontières, les migrants, l’entrée de la Serbie dans l’Union Européenne, le budget européen, le glyphosate, le SMIC européen ou le protectionnisme européen.

Non pas que ces thèmes ne soient pas importants, mais ils répondent à des phénomènes bien plus vastes, bien plus importants, à savoir principalement le rapport de l’humanité à la nature, l’impact de la consommation décidée par le capitalisme, la pression gigantesque des entreprises sur les travailleurs pour leur arracher du profit, la condition animale dans ce quelle représente à l’échelle planétaire, la déforestation et le déréglementent climatique comme conséquence de la dévastation de la course au profit.

Il n’y a eu personne à Gauche pour porter lors du débat ces thèmes, pour affirmer leur actualité, et c’est une catastrophe : aussi l’actualité est-elle de reconstruire la Gauche historique !

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L’attaque fasciste du local de l’Union des étudiants juifs de France à Paris-Dauphine

Samedi 30 mars, le local de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) de l’Université Paris-Dauphine, a été vandalisé. C’est un acte antisémite de plus en France, qui s’ajoute à une liste déjà très longue.

Aller uriner un samedi, c’est à dire un jour de Shabbat, dans le local d’une organisation juive, c’est tout un symbole. Plusieurs personnes se sont en effet introduites dans ce local et ont uriné sur le matériel de l’association en filmant leur méfait.

Cela rappelle l’attaque antisémite du local de l’UEJF à la fac de Tolbiac, qui avait été tagué avec des inscriptions telles que « ANTISIONISTE », « Bonjour les fascistes », « A mort Israël », « Vive la Palestine », etc.

Il faut rappeler ici la grande responsabilité des organisation de gauche dans les universités, qui se sont pour la plupart totalement fourvoyées dans l’antisionisme, prenant en otage la résistance Palestinienne pour faire d’Israël un épouvantail.

L’UEJF est ainsi devenu une cible, présentée parfois comme fasciste, alors que cette organisation a toujours été de gauche, proche du Parti socialiste et de la sociale-démocratie israélienne. C’est que pour les antisémites, toute personne juive qui ne se renie pas serait forcément un fervent soutien de « Ligue de  Défense Juive » et du gouvernement réactionnaire de Benyamin Netanyahou. Ils confondent, sciemment, la culture juive des juifs de France, avec Israël. Pour eux : juifs = sionistes = Israël = fascisme, alors juifs = fascisme.

> Lire également : L’inévitable prochaine montée de l’antisémitisme

Cet antisémitisme est insupportable, et devrait être combattu avec acharnement par la Gauche, pour ne pas laisser les masses juives sous l’emprise néfastes des réactionnaires, qui prétendent êtres les seuls à les défendre.

Voici le communiqué de l’association :

« L’UEJF dénonce la vandalisation de son local à l’Université Paris Dauphine

Le 30 mars 2019, des individus se sont introduits dans le local de l’Union des Étudiants Juifs de Dauphine à l’Université Paris Dauphine (Paris 16ème). Ces individus qui ont uriné sur le matériel du local associatif, ont filmé leur délit puis l’ont partagé sur les réseaux sociaux.

C’est le local des étudiants juifs de Dauphine qui a été visé exclusivement et spécifiquement comme en atteste la vidéo diffusée sur le réseau social Snapchat par les auteurs de cet acte inadmissible.

L’UEJF qui a déposé plainte et s’est entretenue avec les responsables de l’Université Paris Dauphine et salue leur réactivité et leur intention de signaler ces faits au Procureur de la République de Paris.

L’UEJF rappelle qu’en mars 2018, le local de l’UEJF avait été saccagé à Tolbiac avec des inscriptions antisémites, et que depuis le début de l’année universitaire des inscriptions antisémites se sont multipliées et banalisées à HEC, La Sorbonne, Assas, Grenoble ou Toulouse.

L’UEJF appelle à la plus grande sévérité à l’encontre des individus responsables du saccage du local des étudiants juifs de Dauphine et rappelle que la dégradation d’un bien en raison de l’appartenance réelle ou supposée du propriétaire du bien et de son utilisateur à une ethnie ou une religion est passible de trois ans de prison et de 45 000 € d’amende au sens du Code Pénal.

Pour Sacha Ghozlan, Président de l’UEJF : Cet acte de vandalisme s’inscrit dans un contexte de recrudescence des actes antisémites à l’Université. Alors que 89% des étudiants juifs de France ont déjà été confrontés à l’antisémitisme dans leur vie étudiante, selon notre Baromètre de l’antisémitisme à l’Université IFOP pour UEJF, l’antisémitisme se banalise dans l’Enseignement Supérieur. Il suffit d’une minorité active et virulente pour que ces actes s’inscrivent dans le quotidien des étudiants. Nous demandons des sanctions extrêmement fermes à l’encontre des auteurs et une mobilisation totale de la communauté universitaire pour que ce type d’agissement cesse. »

Attaque à Tolbiac en 2018
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Benoît Hamon ne serait pas un politicien professionnel ?

Le populisme n’en finit plus d’envahir la vie politique française. C’est ainsi que Benoît Hamon a cru bon de dire sur France Inter hier matin qu’il n’était pas un politicien professionnel, préférant se présenter comme un chef d’entreprise.

Être à Gauche, c’est aussi reconnaître la politique comme étant de grande importance, comme ayant une valeur démocratique indispensable. Les populistes refusent cela, et rejettent la politique parce qu’il y a de la corruption dans la classe politique. Que cette corruption soit réelle ou la manifestation d’autres choses, ne change ici pas grand-chose, car elle n’est qu’un prétexte au refus de la politique, du débat démocratique, de la bataille des idées.

Le rôle de la Gauche, c’est au contraire de donner de la valeur, de la noblesse si l’on veut oser ce terme, à la politique, qui est la bataille des idées. On peut penser que faire une carrière en politique n’est pas une bonne chose, et qu’il faut par exemple plus d’ouvriers sur les listes électorales. Ce n’est peut-être pas faux moralement, bien sûr, mais cela est partiel, car cela nie la profondeur et l’ampleur de l’engagement qui est indispensable en politique.

S’il est important pour la Gauche d’être liée organiquement à classe ouvrière et au peuple en général, d’avoir dans les instances dirigeantes de ses organisations et parmi ses élus des gens du peuple, cela ne veut pas dire que des individus ne puissent pas faire de la politique leur activité principale, de manière professionnelle.

Il y a ainsi forcément des gens qui prennent leur engagement politique très au sérieux depuis très tôt, qui font le choix dès leur jeunesse de consacrer leur vie à défendre et faire valoir des idées. Cela n’a rien avoir avec les techniciens qui font l’ENA, voir même Science politique, pour faire une carrière au service de l’État, qui naviguent de partis en partis au gré du vent ou sont des professionnels de la « synthèse », c’est-à-dire du vidage de contenus.

On peut penser que ce n’est pas le cas de Benoît Hamon, qui est sincèrement engagé depuis ses 19 ans au Parti socialiste et à Gauche en général. Cela, si c’est le cas, il devrait l’assumer, le défendre, pour justement s’opposer aux populistes et aux techniciens de la politique. C’est pourtant tout l’inverse qu’il a fait, en s’emportant lorsque un journaliste de France inter lui a posé la question de son professionnalisme en politique, en précisant d’ailleurs qu’il ne considérait pas cela comme insultant.

Le président du mouvement Génération-s a répondu :

.@benoithamon, candidat du mouvement Génération-s aux élections européennes : « Aujourd’hui je ne vis pas de la politique, je dirige une société que j’ai crée, je n’ai rien à voir avec un politicien professionnel » #le79inter pic.twitter.com/gUrbEtifVW

— France Inter (@franceinter) 3 avril 2019

« je suis engagé politiquement depuis très longtemps mais pas professionnel. Aujourd’hui je ne vis pas de la politique. Pas d’avantage qu’auparavant quand je n’avais pas de mandat. Moi je reviens dans le privé systématiquement, ce qu’on oublie de dire.

Donc aujourd’hui je dirige une société que j’ai créée, et je n’ai rien à voir avec un politicien professionnel, moi je ne vis pas, justement, de la possibilité de revenir dans l’administration, de faire un mandat, et de pantoufler tranquillement. »

Le problème est que cela est faux de bout en bout, bien sûr, et donne l’effet inverse. Benoît Hamon met littéralement les pieds dans le plat et donne du grain à moudre aux populistes.

Il est très facile et rapide de remarquer que Benoît Hamon est actuellement Conseiller régional d’Île-de-France, et qu’en tant que siégeant à la commission permanente, il touche 2 927 € par mois pour cela. Cela ne lui suffit peut-être pas pour vivre, mais c’est une rémunération, qui plus est importante.

Il touche également une partie de son indemnité d’ancien député, et ce pendant encore un an et demi environ.

Quant à sa carrière, il a dirigé le Mouvement des jeunes socialistes en 1994 et 1995, il a été assistant parlementaire très tôt, puis conseiller auprès de Lionel Jospin lors de l’élection présidentielle de 1995 avant d’entrer au cabinet de Martine Aubry, ministre de l’Emploi et de la Solidarité. En 2012, il est devenu ministre délégué chargé de l’économie sociale et solidaire, puis ministre de l’Éducation en 2014.

Il a occupé de nombreuses fonctions dans le PS et s’est présenté à beaucoup d’élections. Il a été conseillé municipal de Brétigny-sur-Orge, député européen membre de la commission des affaires économiques et monétaires, membre suppléant de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs, vice-président de la délégation pour les relations avec les États-Unis, et membre suppléant de la délégation pour les relations avec Israël.

Il a été élu conseiller régional d’Île-de-France en 2010, député français des Yvelines, à nouveau conseiller régional d’Île-de-France depuis 2015.

C’est le parcours d’un professionnel de la politique et il est ridicule de sa part de le nier. Surtout quand c’est pour se présenter comme un chef d’entreprise, comme si cela était dans les valeurs de la Gauche de fonder « sa boîte » et d’être patron.

Son parcours dans le « privé » est en fait entièrement lié à la politique. Il a ainsi été directeur au sein d’un institut de sondage puis a codirigé une société d’analyse de l’opinion. Il reste très flou à propos de la société qu’il dirige maintenant, certainement volontairement, mais on imagine très bien que son activité est toujours lié à l’étude de l’opinion ou au « conseil », donc à la politique. Cela ne vaudrait d’ailleurs pas mieux que les conférences rémunérées qu’ils dénonce chez d’autres personnalités politiques.

Si tel n’était pas le cas, et qu’il était vraiment investit dans la direction d’une entreprise en tant que telle, ce qui est un travail à plein temps incompatible avec la direction d’une liste électorale européenne en plus d’un mandat de conseiller régional, il serait intéressant qu’il en dise plus à ce sujet, afin que l’on sache qui il est ! Car la Gauche n’a certainement pas besoin de chefs d’entreprises, de patrons, comme dirigeants politiques.

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Marine Le Pen utilise l’écologie pour son nationalisme

Afin de satisfaire au besoin d’argumentation justifiant le nationalisme, Marine Le Pen développe désormais le thème du protectionnisme comme seul vecteur réel de l’écologie. Seule la nation saurait se confronter à « la logique marchande des mondialistes ».

La Gauche assumera-t-elle la reconnaissance de la nature ? Sera-t-elle en mesure de prendre en compte de manière authentique, complète, la question animale ? Il y a là deux défis, et si c’est l’échec, alors l’extrême-droite profitera d’un élan sans pareil, tout comme en Allemagne dans les années 1930.

Marine Le Pen est, en effet, malheureusement, parvenue à une synthèse tout à fait moderne de l’option fasciste sur le plan des idées. Elle n’a évidemment pas fait cela toute seule, mais cela doit être justement d’autant plus une source d’inquiétude.

Cette synthèse vient d’être formulée lors d’une réunion publique à Mormant, en Seine-et-Marne. Elle n’y a pas parlé que des Européennes, mais également des municipales, régionales et départementales ; elle considère que c’est une seule vaste séquence. Joviale, elle a souligné que le Rassemblement National se présentait comme la seule alternative à Emmanuel Macron.

Cependant, là n’est donc nullement l’essentiel : il y a désormais la nouvelle idéologie du Rassemblement National, le grand argumentaire pour aller jusqu’à la victoire. En voici les principaux éléments.

Il y aurait un lien entre la protection de l’environnement et le nationalisme : préserver son pays, dans un cadre « immémorial », c’est maintenir l’équilibre nécessaire à la nature.

Elle parle de « la logique marchande des mondialistes », d’ « orgie marchande », de « l’abondance factice qui anéantit la planète ». Elle dit qu’il faut en finir avec cette « société qui congédie les valeurs naturelles et détourne les individus-rois du sens de l’intérêt collectif ». En tant que « parti localiste », le Rassemblement National serait seul capable de protéger l’environnement.

C’est là l’affirmation d’un argument « biologique » pour justifier le nationalisme, qui serait le seul garant d’une protection face à la « société de « l’hyperconsommation » qui s’étend au niveau planétaire. Elle a lourdement insisté justement sur ce concept d’hyperconsommation, le consommateur étant un « hamster » devenu la proie des « multinationales ». « Le système a réinventé Descartes : je consomme donc je suis », dit-elle.

Cela veut dire que Marine Le Pen assume un discours anticapitaliste romantique très développé, digne des années 1930. On a passé un cap : à l’extrême-droite de Jean-Marie Le Pen, « facho réac » et provocateur, succède une ligne fasciste relevant entièrement de la tradition française, celle du « retour à la terre ».

C’est là le produit implacable du débat du second tour des présidentielles. On s’est beaucoup moqué, avec erreur, de la position « caricaturale » de Marine Le Pen. Car, dans les faits, elle a fait un rentre-dedans ouvert sur le plan des idées ; elle a fait une véritable proposition stratégique de rupture complète.

La France l’a alors refusée, espérant en la modernisation d’Emmanuel Macron. Mais la proposition ressort d’autant plus fortement maintenant qu’Emmanuel Macron a ouvertement échoué. Loin d’être carbonisée politiquement, Marine Le Pen est toujours présente et se profile toujours plus au centre de la vie politique.

Il y a toutefois pire encore. Marine Le Pen a longuement parlé de la souffrance animale, les animaux étant victimes des multinationales en quête de profit, mais aussi de l’abattage halal. Elle tape là sur un thème où la Gauche a gravement failli ; ici aussi, elle a un boulevard. Soit la Gauche se met à niveau, soit elle se fera broyée.

Évidemment, c’est de la démagogie. Marine Le Pen considère qu’il faut rejeter les « khmers verts », qu’il faut refuser toute taxe liée à l’écologie, affirmant que la France fait partie des pays les plus vertueux, etc. Les éoliennes seraient une escroquerie écologique, les panneaux solaires des produits chinois à refuser, le nucléaire quelque chose de très bien, etc.

Mais vu le niveau de conscience du peuple, toute cette démagogie peut porter, et on sait même déjà : elle va porter. Il appartient à la Gauche de se mettre à niveau et d’assumer l’Utopie nécessaire pour convaincre le peuple de partir dans la direction du grand changement nécessaire. Sans le Socialisme comme drapeau et objectif, ce sera la peste prune qui l’emportera !

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Alexis Corbière assume de rejeter la Gauche

La France Insoumise assume une ligne « populiste », le terme étant assumé tel quel. La rupture avec la Gauche dans ce qu’elle représente historiquement est ouverte et régulièrement, il y a des remarques, des analyses qui se donnent comme tâche d’enfoncer le clou. On ne peut donc plus considérer La France Insoumise comme étant de gauche et si on assume l’opposition Gauche/Droite, alors cela veut dire que c’est un mouvement de Droite, une sorte de bonapartisme socialisant.

Alexis Corbière, le 1er avril sur LCI, a formulé la chose de la manière suivante :

« Je ne veux plus m’enfermer dans le mot « gauche ».

Ses échecs récents en ont fait un repoussoir. Rassembler la gauche n’a plus de sens : des millions de gens ne se positionnent pas d’un côté ou de l’autre ! Il faut trouver un vocabulaire nouveau, un message différent. »

C’est là tout à fait l’esprit du populisme. Sous prétexte qu’on ne parviendrait pas à faire en sorte que 51 % des gens deviennent de gauche, alors il faut utiliser d’autres moyens. En ce sens, d’ailleurs, ce populisme correspond tout à fait à l’esprit des premiers fascistes, qui viennent de la Gauche mais dénoncent son incapacité à être victorieuse, qui réfutent son marxisme, la primauté de la classe ouvrière.

Cela a donné les Déat, les Doriot, beaucoup de collabos pendant l’Occupation et le régime de Pétain. Nombre de ministres de ce dernier venaient également de la Gauche, malheureusement. Cela ne veut pas dire que La France Insoumise soit tombée à ce niveau, mais la direction prise va toujours plus dans ce sens là.

À Gauche, beaucoup de monde n’est plus dupe de toutes façons sur la nature de La France Insoumise. Interpellé sur twitter, Alexis Corbière a répondu avec une mauvaise foi qui en révèle justement la nature.

Une personne a dénoncé ses propos, considérés comme pouvant avoir été dit par Emmanuel Macron ou Manuel Valls. Effectivement, ces gens de centre-gauche ont fini par tourner le dos à la Gauche, de manière complète. Manuel Valls a même participé récemment à une manifestation de la Droite espagnole pour le maintien de « l’unité » du pays, ce qui relève de l’esprit franquiste.

Alexis Corbière a alors répondu à la critique de la manière suivante :

« Je dis que « GAUCHE » est utilisé surtout depuis les années 60, Jaurès ou Blum ne l’utilisaient quasi jamais par ex. Pour bcp de gens ce mot est devenu suspect alors qu’ils sont dispo pour des combats démocratiques sociaux et écologiques. Je veux être compris, pas gardien de musée. »

Ce fait de vouloir envoyer l’identité de Gauche au musée est assez typique du genre. Quant à croire que des gens vont être à Gauche sans être de gauche, comme monsieur Jourdain ferait de la prose sans le savoir, cela est risible. C’est là une remise en cause de la thèse fondamentale du mouvement ouvrier selon laquelle c’est le niveau de conscience qui détermine la valeur des actes du peuple. La thèse du spontanéisme des actions populaires, c’est la thèse des anarchistes dans le meilleur des cas, du Fascisme dans le pire.

Face à une nouvelle critique, faisant référence à un discours de Léon Blum, Alexis Corbière a encore répondu de la manière suivante :

« Ce discours de Blum me donne plutôt raison.. Il parlait alors de forces populaires, de socialisme, etc.. très trés peu de « gauche ». »

Sauf que justement Alexis Corbière ne parle pas de socialisme. Si effectivement, il utilisait les marqueurs de la Gauche (historique), il pourrait s’abstenir de se dire de gauche. Quand on utilise les termes de classe ouvrière, de socialisme, de classes, de capitalisme, d’exploitation, etc., on est de Gauche. Quand on ne le fait pas, on ne l’est pas.

Alexis Corbière dit lui : la Gauche a trahi ses idéaux, elle est dévalorisée, je la liquide pour faire autre chose. Il ne propose pas un retour aux fondamentaux, alors que c’est justement cela qu’il faut.

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François Hollande entend faire son retour en politique

À l’occasion de la publication d’un de ses livres en version poche demain mercredi 3 avril, François Hollande a ajouté trois chapitres, qui fournissent ni plus ni moins que les lignes programmatiques de son retour politique. La mesure-clef est une « nationalisation » entièrement redéfinie.

François Hollande entend bien faire son retour en politique. Il a une lecture machiavélique des événements et il considère que la Gauche ne pourra jamais être majoritaire, comme il l’a expliqué dans Un président ne devrait pas dire ça. C’est pourquoi il ne s’est pas représenté et c’est pourquoi il attend un moment opportun pour refaire surface en tant que figure du centre-gauche.

François Hollande cherche par ailleurs à être omniprésent, à coups de petites phrases ou de conférences rémunérées (il a affirmé auparavant qu’il n’en ferait pas). Le fait de placer trois chapitres de plus dans version poche de son livre Les leçons du pouvoir est un coup tactique de plus, avec cette fois donc une dimension programmatique.

Ce n’est pas exempt de remarques annonciatrices pour l’avenir, telle :

« Repenser l’État providence, humaniser la solidarité, inventer un socialisme des territoires, définir une politique claire d’immigration, assurer résolument la transition écologique: ce sont cinq exemples de ce qu’une gauche doit faire pour partir à la reconquête du peuple. Il y en a bien d’autres, qui méritent un développement plus long, sur lesquels je m’exprimerai en temps utile. »

Mais donc, la principale mesure proposée par François Hollande est une nouvelle forme de nationalisation. Rejetant les anciennes formes, il pense qu’elle doit trouver une voie pour assurer la gestion correcte (dans le cadre du capitalisme) de l’eau, de l’air, des mers, des sous-sols. Plus qu’une nationalisation, ce serait une sorte d’encadrement au nom des intérêts communs.

Voici la manière avec laquelle il voit la chose, dans son ouvrage :

« Ce mot, qui a fait fureur à gauche en son temps pour être ensuite remisé au magasin des vieilles lunes, en surprendra plus d’un.

Que l’on me comprenne bien. Je ne prêche pas ici pour le contrôle public des entreprises. L’expérience a montré que l’État n’avait pas vocation à produire lui-même des voitures ou de l’acier.

En revanche, il doit retrouver la maîtrise des biens communs que sont l’eau, l’air, les mers ou le sous-sol, dont l’activité privée, seulement guidée par la logique de rentabilité, ne saurait assurer l’exploitation rationnelle et respectueuse de l’environnement.

Par gestion directe ou par un dispositif de délégation, c’est à la collectivité de veiller au bon usage des biens collectifs, les communs, qui sont l’apanage de l’humanité tout entière et non la propriété des groupes industriels ou financiers qui les utilisent ou les dégradent. »

Ce que dit François Hollande ici n’a aucun sens, pour une multitude de raisons.

Tout d’abord, parce que si quelque chose est nationalisé, c’est-à-dire si la propriété relève de l’État, alors aucune entreprise privée ne peut être accusée juridiquement d’être responsable de quoi que ce soit si l’État lui a loué, prêté ou quelque chose de ce genre. La responsabilité juridique, in fine, relève du propriétaire. C’est donc par définition dédouaner les entreprises en cas de nationalisation.

On a l’exemple avec les médicaments, qui fonctionnent un peu comme François Hollande voudrait pour ses nationalisations à lui. En effet, l’État accorde une autorisation de mise sur le marché et alors, en pratique, les entreprises se voient dédouanées des responsabilités principales. Des recours sont possibles, mais sans dimension réelle.

Ensuite, si les entreprises gèrent ces choses vitales « nationalisées », comment la collectivité pourrait-elle en surveiller réellement la gestion, comment aurait-elle les capacités techniques d’en analyser la gestion ? Et si elle peut le faire, pourquoi le déléguer à des entreprises, au privé ?

Un autre point, essentiel, est qu’il n’existe pas de philosophie justifiant, dans le cadre du capitalisme, que l’eau, l’air, les mers, le sous-sol, soient des biens communs. Dans un système fondé sur la propriété, il n’y a pas de place pour des « biens communs » rompant avec le principe de propriété individuelle.

> Lire également : L’élection présidentielle française, plaie anti-démocratique

Un dernier point, fondamental, c’est qu’il est trop tard et que le capitalisme a déjà commencé le massacre de l’eau, de l’air, des mers, du sous-sol. Une « nationalisation » à la François Hollande voudrait simplement dire la socialisation des pertes ! Au lieu d’en arriver à une critique juste, dénonciatrice, du rôle des entreprises par rapport à la nature, à l’environnement, on aurait une voie de garage consistant à demander un simple « encadrement ».

François Hollande raconte donc n’importe quoi et, par ailleurs, il détourne intellectuellement le mot de nationalisation pour donner du crédit à son concept qui ne repose sur rien : ni juridiquement, ni économiquement, ni philosophiquement. Cela montre son décrochage : il est post-socialiste. Il est le produit décadent de décennies de parlementarisme et de gavage dans les ministères de la part de socialistes ayant trahi toute morale, toute cause, tout principe.

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Les Français confondent le droit et l’administration

La Gauche a assimilé la justice au droit, parce qu’en France on pense que si le droit est bien établi, alors l’administration suit. Or, cela n’a rien à voir : le droit est une chose, l’administration est autre chose.

ENA -Strasbourg

La France est pays marqué par le droit ; la réflexion à ce sujet naît très tôt, avec les exigences de François Ier d’établir un État moderne, et se prolonge avec Henri IV à la tête des « Politiques » contre les ultras catholiques mais aussi les protestants, avec Louis XIV et l’apogée de la monarchie absolue, puis bien sûr avec la Révolution française, le Consulat et l’Empire napoléonien, la Restauration monarchiste et ses nombreux aléas (1815 puis 1830), la République de nouveau…

Bref, la littérature sur le droit a accompagné tous ces aléas politiques, au point que les Français se sont dit : puisque le droit a accompagné le combat pour la justice, alors la justice est le droit et est, forcément, l’administration s’établissant une fois que le droit est instauré. Or, c’est là une erreur très importante, c’est une confusion fondamentale.

La Gauche s’est cassée les dents sur cette erreur : d’abord en 1936, aboutissant à la mise en échec très rapide du Front populaire. Ensuite, en 1945, lorsque il a été pareillement pensé que l’administration suivrait. Il faut se rappeler par exemple ici que cette monstruosité qu’est l’École Nationale d’Administration (ENA) a été mise sur pied par Maurice Thorez, dans l’ignorance complète de ce qu’est réellement une administration.

Évidemment, le dernier grand exemple est 1981. Les socialistes ont été happé par le style de vie des grands responsables de l’État ; la mentalité de l’administration les a contaminés, neutralisés. Au-delà du fait qu’on puisse éventuellement considérer qu’il y a opportunisme à la base, on se doute bien que si le PS et le PCF ont été entièrement intégrés, sans même personne pour se mettre à douter, c’est qu’ils ont été sincères dans leur élan, les amenant en pratique à revivifier l’administration, et non pas à devenir l’administration.

L’École Nationale d’Administration, Strasbourg

Il ne s’agit même pas ici de la question de l’État, même si évidemment elle est extrêmement importante. Le conflit historique entre les socialistes et les communistes tient à cette évaluation de l’État, les premiers pensant qu’il est neutre, le second qu’il a une base de classe. Naturellement, cela change toute la manière de voir. Mais c’est là une autre question.

Car si l’administration est une composante de l’État, il n’est pas l’État, il l’est sans l’être. Le PCF a produit une très importante littérature à ce sujet également, dans les années 1960-1970, en se présentant comme inspiré d’Antonio Gramsci. L’idée serait d’avoir une hégémonie culturelle pour justement remporter la victoire dans l’administration. C’est toutefois, si l’on y regarde bien, peu éloigné de ce que disent les socialistes historiquement.

Car le fond de la question, ce ne sont pas les idées, ni les mentalités, lorsqu’on parle de l’administration. Ce sont les méthodes qui comptent, ce sont elles qui sont déterminantes. Prenons les policiers et les sapeurs-pompiers, qui jouent un rôle essentiel dans la vie sociale des gens. Les premiers ont une méthode policière, les seconds militaires ; ils sont ultra-hiérarchisés, et quelle que soit leur mentalité ils doivent rendre des comptes, suivre un mode d’organisation très particulier. Cela déteint totalement sur eux et aboutit, d’une manière ou d’une autre, à les couper de la population.

Un autre exemple très parlant, ce sont les professeurs. On sait que sur le plan des idées, des valeurs, ils sont souvent de gauche. Mais ils ne sont justement pas de gauche, parce que leurs méthodes sont totalement anti-démocratiques, parce qu’ils ont une aversion pour le style « jeune ». Ils pensent que leur mission est de cadrer et on a tout le paradoxe de ces professeurs de français donnant des textes de Rabelais où Gargantua montre qu’on apprend qu’en jouant, alors qu’eux-mêmes imposent le par cœur, l’absence de discussions et d’échanges, ne présentant rien du contexte historique et culturel.

Le Conseil d’État, la plus haute des juridictions de l’ordre administratif

À l’arrière-plan, c’est toujours la question de la démocratie qu’on retrouve. Comment peut-on mobiliser les gens, et jusqu’à quel point ? La Gauche historique dit : on peut le faire de manière totale, si l’on s’appuie sur la classe ouvrière. Les autres cherchent des échappatoires. Et on notera bien qu’il ne s’agit même pas de savoir si c’est une question de révolution ou pas : même les socialistes qui refusaient la Révolution russe en 1920 en France avaient la même intention de mobiliser l’ensemble des travailleurs, de réaliser une société totalement démocratique.

C’est pourquoi la Gauche ne pourra pas réapparaître historiquement, tant qu’elle ne reprend pas son objectif de démocratie totale et qu’elle réfléchit à pourquoi elle a échoué. Sans cela, elle en restera à des revendications abstraites de « justice », et personne ne prendra cela au sérieux, car personne ne verra comment cela pourrait concrètement se réaliser. Et alors l’extrême-droite aura du succès avec des revendications administratives démagogiques, comme les référendums d’initiative populaire, les élus tirés au sort, etc.

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Acte XX des gilets jaunes : peur sur la ville

Il y a un côté Tour de France avec les gilets jaunes, car outre que le mouvement est disséminé en divers endroits, il y en a toujours un qui ressort plus que les autres, selon les aléas de la colère des classes moyennes. En l’occurrence, c’est Bordeaux qui a tenu le haut du pavé, avec 5 000 personnes présentes. 

Des figures historiques comme Eric Drouet et Jérôme Rodrigues étaient à Bordeaux. Naturellement, il y a aussi quelques casseurs qui ont vandalisé une banque, cherché à faire une barricade au moyen de ce qui a été trouvé dans un chantier, etc.

On est cependant bien loin du drame annoncé par le premier comédien de la ville, le maire Nicolas Florian, qui annonçait « une journée apocalyptique ». Et pourquoi pas les zombies ou Fantomas ? On joue à se faire peur, encore et encore.

L’État, après l’avoir joué aux abonnés absents, étouffe le mouvement pour bien prouver qu’il est ce qu’il est. Il tape fort, à l’arrière-plan, pour faire passer le message, pour donner la leçon. Il fonctionne froidement, mécaniquement, efficacement.

Les gilets jaunes passant en procès pour dégradations prennent ainsi très cher. Ils n’ont pas l’habitude des procès pour la plupart, ils ont mal ou pas préparé leur défense, psychologiquement ils ne comprennent pas ce qui leur arrive par faible conscience politique : les choses tournent mal, la prison ferme est récurrente. C’est qu’au-delà du contenu des gilets jaunes, l’État vise clairement à faire peur au peuple.

Il y a ainsi quelqu’un qui a participé aux dégradations contre la préfecture de Nancy. Il a participé à lancer des pavés et arraché la grille d’entrée du bâtiment, mais il était le seul non masqué. Résultat : il paie seul les pots cassés, avec quinze mois ferme en comparution immédiate. C’est là totalement anti-démocratique et réduit la justice à une farce répressive. La dimension sociale est effacée, le côté politique est nié, les droits de construire une défense sérieuse passés à la trappe !

L’État a décidé de cogner, voilà tout ; quant à l’indépendance de la justice, on voit bien qu’il n’en est rien. Qui condamne une telle personne pour un tel acte, sans se dire : il faut laisser au prévenu le temps d’avoir le droit à de bons conseils de son avocat, dans un contexte peut-être apaisé, se place en-dehors de tout véritable esprit de justice.

Pareillement, ce samedi, il y a eu seulement autour de 2 000 personnes à Paris, où certaines zones étaient interdites, comme les Champs-Élysées. Cela s’est accompagné de 32 interpellations, 21 verbalisations sur le périmètre interdit, et surtout de 11 945 contrôles préventifs. Un chiffre énorme, qui montre que la police mène une grande opération d’intimidation et de pression.

Dans le même registre, d’autres farceurs, à la tête de la préfecture du Vaucluse, avait annoncé l’irruption de « groupes activistes violents » à Avignon et donc interdit tout rassemblement intra-muros de 9h à minuit. On joue au convoi de cow-boys qui regroupe ses chariots pour faire face aux « Indiens ». Il y a eu tout de même des manifestants dans la zone interdite, et dispersion par la police à l’arrivée de 80 motards sympathisants.

Le même scénario de la peur sur la ville devenue zone interdite s’est déroulé à Saint-Étienne, Toulouse, Épinal, Rouen, ainsi que Lille en partie. L’effet est dévastateur : n’en doutons pas. Après le rôle néfaste des gilets jaunes sur le plan des idées et de la culture, voici qu’on a un contre-coup également négatif, avec le climat de peur exercé contre la société civile. On perd sur tous les points.

Surtout que les gilets jaunes continuent leur initiative, avec les principaux rassemblements s’étant tenus à Toulouse, Marseille, Rennes, Caen, Rouen, Montbéliard, Strasbourg… Pour un total d’environ 34 000 personnes seulement.

Non seulement les gilets jaunes ne servent à rien, mais en plus ils éduquent l’État pour savoir comment faire lorsqu’il y aura une véritable contestation populaire ! Heureusement que lorsque celle-ci s’affirmera, les choses n’auront rien à voir avec cette comédie. Lorsque les ouvriers, qui ont refusé dès le départ de s’embarquer dans cette histoire (et ils ont eu raison), les choses auront une autre substance !

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L’insignifiante « attaque » de l’École de Marion Maréchal par les anarchistes

La devanture de l’ISSEP, l’École de science politique de Droite de Marion Maréchal à Lyon, a été abîmée et recouverte de peinture noire. L’action a été revendiquée par un communiqué au style « antifa » anarchiste.

C’est un excellent exemple de la différence de substance entre la Gauche et les anarchistes. Ces derniers contournent les exigences démocratiques, ils en restent à des actions directes symboliques, qui n’interfèrent pas réellement avec le sens des choses.

De quoi s’agit-il en l’occurrence ? Comme on le sait, Marion Maréchal a ouvert une École supérieure privée, l’ISSEP, dont l’importance est très grande. Elle-même se profile comme la future grande dirigeante de la Droite, son école va servir de formation à de nouveaux cadres. On a vu également comment la première lettre interne a été un prétexte pour elle à faire un véritable manifeste stratégique pour le triomphe de la Droite.

> Lire également : Les mots de Marion Maréchal contre l’« hanounacratie »

Il est donc tout à fait juste de parler de cette École, de mener une intense propagande contre elle, de s’y opposer par un nombre très important de moyens. Mais cela doit toujours être politique, et jamais sombrer dans une sorte de gratuité dont le seul sens est de jouer aux chevaliers blancs qui se substituent au peuple.

Telle est précisément la démarche des anarchistes « antifa »,  qui revendiquent une « attaque » contre l’ISSEP dans la nuit du 26 au 27 mars 2019. Cela consiste surtout en une tentative d’effraction, une vitrine fissurée, une serrure forcée et la devanture recouverte de peinture noire, c’est à dire en fait pas grand-chose.

Cela a été jugé suffisant important par les protagonistes pour qu’il en fasse un communiqué, relayé par le « Groupe antifasciste Lyon et Environ », de culture anarchiste.

Cette « attaque » est présentée comme une « réponse à tous les actes racistes, sexistes, homophobes, transphobes, ainsi qu’aux politiques meurtrières anti-migratoires et à l’attentat de ChristChurch perpétré dernièrement.»

La presse de Droite, dont le Figaro, s’est bien sûr empressée de relayer l’information à son tour, en donnant la parole à Marion Maréchal qui « ne cache pas son exaspération » :

«Nous userons de toutes les voix légales pour faire respecter la liberté d’enseignement en France, manifestement bafouée par des milices d’extrême gauche violentes et dont les membres sont connus des services de police. Ceux-ci se croient suffisamment libres pour revendiquer leurs actes sur leur page Facebook. C’est dire leur sentiment d’impunité. En plus de porter plainte, je vais demander un rendez-vous au préfet, au rectorat comme au maire de Lyon pour que des dispositions soient prises contre ce genre de menaces pour la sécurité de mon établissement.»

Vu comment on va dans le mur, il est évident que ce genre d’actions est de la poudre aux yeux. Il s’agit même d’une banalisation de la très grande force de l’extrême-droite. Et ce n’est pas pour rien que le communiqué utilise l’écriture inclusive et reprend toutes les valeurs de la gauche post-moderne, post-historique, parlant notamment des trans.

> Lire également : Marion Maréchal, la réaffirmation politico-culturelle du conservatisme de Droite

On est là dans la négation de la bataille démocratique, la négation de la lutte pour la mobilisation populaire. On est dans une démarche individuelle, qui revendique haut et fort que tout est une question d’individus. C’est la négation de la lutte de classes, alors qu’il y a malheureusement d’énormes tâches à effecteur dans le peuple pour l’éduquer, lui faire passer des valeurs, pour transmettre des messages importants.

Malheureusement, Marion Maréchal a ici une très grande longueur d’avance sur le plan de la compréhension de la bataille pour conquérir les esprits du peuple. Il est vrai que pour la Droite, le travail est plus facile, car se fondant sur la démagogie, appuyant les conservatismes.

Cela n’empêche, il faut être à la hauteur et savoir véhiculer dans la population les valeurs de la Gauche, en considérant que le peuple lui-même doit les assumer, les porter. On ne peut pas contourner cela avec des « recettes » traditionnellement « substitutistes ». L’idée qu’on démolirait l’extrême-droite avec un petit groupe de gens ayant rassemblé leurs volontés est pour cette raison tout à fait étrangère à la Gauche historique.

> Lire également : Que représente l’ISSEP, l’école inauguré par Marion Maréchal ?

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de travail d’avant-garde à mener – un concept de la Gauche historique par excellence – c’est-à-dire un travail de conscientisation, d’ouverture des espaces où le peuple peut s’engouffrer pour agir. Mais si ce travail est déconnecté du peuple, si son orientation n’est pas en dynamique avec lui, cela ne sert à rien et c’est même contre productif, car cela donne l’impression qu’il y a quelque chose, alors qu’il n’y a rien.

De la même manière que la valorisation idéalisée de l’Union Européenne ne sauvera pas la Gauche, l’action directe ne le fera pas non plus. Ce dont la Gauche a besoin, c’est de reprendre ses valeurs historiques et d’assumer le travail politique dans la population.

Voici le communiqué :

« Dans la nuit du 26 au 27 Mars 2019, nous avons attaqué l’ISSEP, Institut des sciences sociales, économiques et politiques.

Cette école créée par Marion Marechal Le Pen a ouvert en cette rentrée 2018, au sein du quartier de la confluence, dans le but de former la future élite de l’extrême droite identitaire.

Considérez cette attaque comme une réponse à tous les actes racistes, sexistes, homophobes, transphobes, ainsi qu’aux politiques meurtrières anti-migratoires et à l’attentat de ChristChurch perpétré dernièrement.

Nous attaquons la montée en puissance dans le monde entier de l’extrême droite et du populisme.
Nous attaquons les laboratoires institutionnels des théories qui influencent ce climat nauséabond et mortifère.
Nous attaquons le renforcement sécuritaire dans nos villes, nos quartiers, nos mouvement sociaux, aux frontières de leur monde.
Nous attaquons tout ce qui sert et alimente le maintien du capitalisme par des moyens totalitaires et répressifs.
Nous attaquons cette pensée bourgeoise qui maintient et alimente les oppressions tout en développant leurs privilèges.
Nous attaquons ce qui neutralise toute perspective d’une émancipation commune, nous retranche dans nos individualités, nous pousse à la concurrence entre peuples et au sein de nos classes.

Nous ne cesserons jamais d’attaquer toutes les faces du fascisme que ce soit dans le centre historique du vieux Lyon ou dans la smart city de Confluence, nous continuerons de combattre les groupuscules violents qui usent de traditionalisme à des fins communautaires et identitaires ainsi que cette élite pensante qui se fait une place dans un quartier aseptisé, ultra sécurisé, ultra libéral, réel prototype d’un monde Orwellien.
Des gen.te.s dynamiques et motivé.e.s »

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La ligne « François Mitterrand » du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD)

Le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) vient de terminer sa grande convention pour établir sa plate-forme en vue des élections européennes. La différence est marquante par rapport au Parti socialiste en France, puisqu’on a quelque chose de très ouvert sur le plan des décisions, avec des compte-rendus et les documents proposés par les sections à la base, etc.

Sur le plan du contenu, cela reste dans les normes de la social-démocratie allemande, avec donc toujours une insistance sur la modernisation de l’économie et des sécurités pour les travailleurs, le refus des démantèlements sociaux et de la logique du militarisme.

On peut bien entendu critiquer cela comme hypocrite, vide de sens ou bien vain ; il n’en est pas moins vrai que le SPD assume une posture très François Mitterrand des années 1980, ce que le Parti socialiste ne parvient même pas à faire dans notre pays, ni même d’ailleurs Benoît Hamon ou Jean-Luc Mélenchon.

Voici également des extraits des différentes propositions qui ont pu y être faites, qui n’ont pas été choisi au hasard. De par leur contenu, ils font passer le PCF pour une sorte de mouvement de centre-gauche. Cela montre bien l’incroyable glissement à Droite de la politique française depuis une vingtaine d’années au minimum.

Voici ce que dit notamment le SPD de Berlin :

« Nous avons conscience que la prétendue « eurocrise », tant eu égard aux discussions sur le sens et la valeur d’un moyen de paiement européen unitaire, qu’à l’état et les possibilités de développement d’un niveau de structuration démocratique bourgeois, n’est en réalité qu’une crise des banques.

La discussion quant à une « crise de l’Union Européenne » est une manœuvre de diversion par rapport à la crise d’accumulation du capitalisme dans sa phase mondialisé, néo-libérale. La crise, en tant que telle, est immanente au système économique capitaliste.

Cette fois, les capitaux sont parvenus de manière quasi parfaite à socialiser les coûts de la crise. Les réflexes de défense de groupes inquiets dans la population, qui se sentent menacés par des pratiques néo-libérales comme la monétarisation dans tous les domaines de la vie, aboutissent au renforcement des forces nationalistes, dont le summum est le Brexit.

Le renforcement du nationalisme dans certains États et certaines régions de l’Union européenne ne se produit ainsi pas seulement au sens de stratégies d’entreprises pour s’assurer des structures de type monopolistes. Il s’agit également, en plus de cela, de détruire la base pour la solidarité et en même temps de masquer les véritables causes de la crise.

Les mouvements nationalistes actuels sont unis dans l’objectif de former un État sans droits pour la majorité de la population dépendante d’un salaire. C’est pour cette raison un devoir de la social-démocratie internationale, comme mouvement internationaliste, d’opposer une union sociale européenne au néo-libéralisme mondialisé. »

Voici un extrait de la proposition du SPD de Braunschweig :

« Le nationalisme, c’est la guerre ! Cette phrase connue de l’ancien président français François Mitterrand est toujours valable.

Les pères et mères fondateurs de l’Europe avaient directement sous les yeux ce qu’amènent le nationalisme et le fascisme : la mort, la souffrance, la haine et la destruction étaient encore présentes dans toutes les têtes des années après la guerre.

Il y avait besoin de courage et de vue à long terme pour aborder ensemble les problèmes urgents comme la faim, la reconstruction des infrastructures, ou le contrôle des biens importantes pour la guerre, et pour ainsi poser les fondements pour une Europe avec une paix durable. »

Voici un extrait de la proposition du SPD Unterbezirk Ennepe-Ruhr (Nordrhein-Westfalen) :

« Un capitalisme de plus en plus autoritaire, une démocratie vidée de son contenu et les peurs sociales existentielles, tout comme la perte de contrôle social et individuel, sont le terrain sur lequel fleurit la mentalité nationaliste.

Le processus de renationalisation et le renforcement de partis autoritaires ethno-patriotiques et nationalistes n’ont pas du tout encore été bloqués et fait reculer, bien que les partis de droite comme récemment en France ou aux Pays-Bas sont restés en-deçà des croissances de voix attendues (…).

La retombée dans le nationalisme – en particulier allemand – correspond à une pensée et une politique qui a aboutit à deux catastrophes désastreuses lors du dernier siècle.

Le SPD est dans son histoire tourné programmatiquement international et pro-européen, comme politiquement pour la paix et la solidarité. La voie va de la revendication « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » du Manifeste communiste, à celle des « États-Unis d’Europe » du programme de Heidelberg, jusqu’à la politique de désescalade et de paix de Willy Brandt ou son rapport Nord-Sud sur la situation catastrophique dans le pays du Sud. »

 

https://www.youtube.com/watch?v=yUYaZmFJd3A

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(Communiqué) Benoît Hamon n’est pas invité au débat sur les européennes par France 2

Deux semaines après Ian Brossat du PCF, qui a finalement été invité, c’est au tour de Benoît Hamon de déplorer son éviction du débat pour les européennes sur France 2 le 4 avril prochain.

Voici le communiqué de Génération-s, qui dénonce un déni démocratique évident, mais paie en fait surtout le prix de la division et de l’éparpillement de la Gauche.

Génération.s exclu du débat sur les Européennes du 4 avril, une décision arbitraire et partiale qui fausse la loyauté du scrutin

La direction de France Télévisions vient de nous confirmer, par la voix de M. Letranchant, directeur exécutif en charge de l’information à France Televisions, que Benoît Hamon ne sera pas invité pour représenter Génération.s au débat du 4 avril.

La direction de l’information de France 2 a indiqué que cette décision avait été prise sur la base du croisement de plusieurs critères :

la représentation des partis politiques aux parlements nationaux et au Parlement européen : sur ce sujet, des députés et parlementaires européens sont affiliés à Génération.s. Nous notons que Messieurs Dupont Aignan ou Glucksmann, têtes de liste n’en ont aucune ;

les sondages : Ian Brossat ou Jean-Christophe Lagarde sont crédités dans toutes les enquêtes d’intention de vote, de résultats inférieurs à ceux de Génération.s ; c’est sans évoquer la côte de popularité de Benoît Hamon qui depuis des mois, fait partie des cinq personnalités politiques préférées des Français et des trois premières à gauche.

Aucun critère ne s’applique à Génération.s. C’est donc une décision arbitraire et partiale d’exclusion qui fausse la loyauté du scrutin. Génération.s est d’ailleurs invité aux débats organisés dans le cadre des élections européennes par le groupe TF1, BFM TV ou encore France Info.

Une fois encore, nous ne comprenons pas et contestons le choix de la direction de France Televisions.

Une injonction a été envoyée au CSA afin que celle-ci garantisse le respect du caractère pluraliste de l’expression des courants de pensée et d’opinion.

Génération.s organise ce mardi 26 mars à 12h30 une première mobilisation devant les locaux de France Télévisions.

Génération.s mettra en œuvre tous les moyens à sa disposition pour que sa voix soit représentée le 4 avril prochain sur France 2.

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L’élection présidentielle française, plaie anti-démocratique

C’est le coup d’État de De Gaulle qui a instauré la Cinquième République. L’élection présidentielle correspond à sa lecture bonapartiste de la politique et relève en France d’un dispositif totalement anti-démocratique.

de Gaulle

Le coup d’État de De Gaulle en 1958 a radicalement modifié le système politique français. Auparavant, c’était « le régime des partis » et forcément un tel débat démocratique, avec qui plus est le Parti Communiste qui était le plus puissant des partis, cela ne passait pas auprès des classes dominantes. Aussi y a-t-il eu la mise en place d’un véritable vote bonapartiste, où la population vote non pas pour des idées, pour un parti, mais pour un individu, le Président.

Bien évidemment, celui-ci se présente comme une sorte de sauveur. Dans tous les cas, ce sont ses qualités individuelles qui priment dans la balance et l’interprétation qu’on en a. C’est anti-démocratique et on voit bien où cela mène : à l’hystérie anti-Macron des gilets jaunes, au refus du débat politique, à la conception étrange qu’une personne au poste de Président décide de tout.

La Gauche s’est terriblement faite piégée par l’hystérie anti-Sarkozy et cela a été une des principales causes de son effondrement. Tout le débat quant au contenu a été évacué au nom du mot d’ordre Tout Sauf Sarkozy. C’est ainsi que François Hollande a pu se faufiler et gagner, sans aucun contenu, mais en se donnant l’image d’un homme « normal ».

Il était par ailleurs tout à fait conscient de la nature de son poste de Président et du fait qu’il ne pourrait, même s’il le voulait, pas assumer de valeurs de gauche. Voici ses propos, retranscrits dans l’ouvrage Un président ne devrait pas dire ça… où deux journalistes l’ont longuement accompagné :

« Je pense que l’élection présidentielle – qui est vraiment essentielle, qu’on ne va heureusement pas supprimer – suscite, pas tellement pendant la campagne, mais dans l’exercice du pouvoir, une attente encore plus forte que celle qu’on met dans le chancelier d’Allemagne ou dans un Premier ministre britannique.

Et, deuxièmement, le président de la République est élu au suffrage universel, il peut avoir une majorité parlementaire, mais sa base électorale est très étroite. Au premier tour de l’élection présidentielle, je fais 27 % [en fait 28,63 %], la gauche fait 41-42 % [en réalité 43,76 %] toutes sensibilités confondues, y compris l’extrême gauche : ce n’est pas majoritaire.

Donc le président de la République de gauche, apparemment doté – ce qui est vrai – de beaucoup de pouvoirs, est minoritaire en France, dès son élection. Tout de suite. »

François Hollande exprime ici une vérité, mais une vérité inacceptable. Le principe des élections présidentielles provoque une personnalisation empêchant de faire émerger des alliances larges dans le peuple. La politique disparaît en effet au profit de la « sensibilité » politique, et alors tout se joue au centre, puisque les personnes de sensibilité centriste peuvent basculer indifféremment à gauche comme à droite. L’union populaire est impossible car tout se réduit à une sorte de choix personnel, en restant à ses préjugés.

Cela n’a pas dérangé François Hollande, puisqu’il se plaçait justement comme candidat de centre-gauche. Le caractère anti-démocratique de la présidentielle, qui par définition bloque la Gauche, il l’accepte très bien comme on le voit. François Mitterrand s’en était pareillement accommodé auparavant. Rappelons que François Mitterrand avait même empêché la réédition de son ouvrage sur la Cinquième République comme coup d’État permanent… Alors qu’il a triomphé à gauche justement en se profilant comme le meilleur opposant au gaullisme. Il y a chez lui, comme chez François Hollande, une capitulation devant le poste de Président de la République, qui « personnalise », anéantit les débats réellement politiques.

Ce qui est très grave, c’est également cette mode des « primaires » à Gauche, alors que cela relève de la même démarche. Normalement, à Gauche, on vote pour une ligne politique, représentée par un parti, éventuellement une tendance dans un parti, ou bien une fraction, mais dans tous les cas on choisit en fonction du contenu. D’abord on regarde les principes, le contenu, ensuite on prend en considération ce qui est fait, et enfin seulement on regarde les gens portant ce contenu et agissant concrètement.

Avec le poste de Président de la République, on a au contraire une démarche bonapartiste où le pays se cherche un sauveur, et cela contamine la politique – ce qui est normal à Droite, mais inacceptable à Gauche. Il faut en revenir aux débats, aux contenus ; même si le niveau politique s’est effondré, il faut reprendre à zéro s’il le faut. La Gauche ne peut exister que comme mouvement conscient, jamais comme simple expression d’une « sensibilité », sinon on laisse la place à tous les carriéristes, tous les opportunistes, et on va de déception en déception.

La Gauche doit donc revenir à la défaite terrible de 1958 qu’elle a connu et assumer celle-ci. Elle doit cesser de contourner le problème : tant qu’il y aura les présidentielles, elle ne pourra pas l’emporter en termes de valeurs en raison de la polarisation personnelle provoquée. La remise en cause du poste du Président typique de la Ve République est, aux côtés du refus de la charte d’Amiens qui fait des syndicats des regroupements populaires anti-politiques, une des valeurs fortes que la Gauche historique doit assumer !

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Acte XIX des gilets jaunes : paraître ou disparaître

Sans violence contrairement au samedi précédent, le 19e samedi a témoigné d’une énième modification dans la substance des gilets jaunes. Le mouvement est en effet cette fois devenu un abcès de fixation.

Le 19e samedi des gilets jaunes était très attendu, après la dévastation des boutiques des Champs-Élysées la semaine précédente. L’État a d’ailleurs voulu électriser l’ambiance justement en fermant l’avenue parisienne aux manifestants et en en appelant à l’Armée pour « sécuriser » des bâtiments. Une militarisation apparente visant à jouer des épaules pour montrer que l’État était bien en place.

Le préfet de Paris Michel Delpuech a également été éjecté, celui de Bordeaux, Didier Lallement, un « dur », prenant sa place, alors que la police exerçait en général de nombreux contrôles dans le pays autour des manifestations (8 545 contrôles préventifs rien qu’à Paris) et que de nombreuses zones avec interdiction de manifester avaient été mises en place, parfois de taille significative comme à Nice.

C’est dans ce climat donc relativement tendu qu’un peu plus de 41 000 personnes se sont mobilisés, dont plusieurs milliers à Paris, Toulouse, Lille ou Montpellier. C’est plus que le samedi précédent et c’est surtout cela qui compte. Ce qui reste des gilets jaunes, c’est désormais une sorte de « nuit debout » tous les samedis. Un mouvement de protestation où n’importe qui dit n’importe quoi, du moment que cela reste dans un esprit anti-Macron et que cela possède une dimension sociale.

C’est une sorte de variante néo-syndicaliste qui s’est affirmé avec ce 19e acte et on peut dire qu’il y en a trois qui ont du nez : Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot et Philippe Poutou ont en effet été présents dans le cortège parisien, ce qui est la démonstration d’un grand changement de mentalité. À la ligne revendicative anti-politique initiale s’est substitué un esprit réformiste radical.

C’est que la politique a horreur du vide et après avoir été une très violente charge d’extrême-droite, les gilets jaunes s’enlisent et ne peuvent donc que s’amalgamer à une pseudo-protestation sociale avec une forte résonance chauvine. On en revient à des revendications para-syndicales, même s’il faut noter qu’il y avait trois fois moins de monde qu’à l’initiative de la CGT quelques jours auparavant.

La Droite l’a également bien compris et se déchaîne désormais à l’encontre des gilets jaunes. Le soutien initial a disparu, car il a été bien vu que ce qui reste des gilets jaunes est d’une substance nouvelle, irrécupérable par la Droite. Le fait qu’au congrès des chasseurs, le président de leur fédération nationale dénonce ouvertement les gilets jaunes montre également qu’un cap était passé. Même s’il les avait toujours rejetés, le fait de se permettre de l’affirmer au congrès reflète le changement de situation.

Certains diront que c’était ce qu’il fallait attendre depuis le début et que c’est pour cela que la Gauche devait participer aux gilets jaunes. Il aurait été juste de participer pour ne pas rater le train, de virer l’extrême-droite puis d’être présents jusqu’au bout, en sachant que personne d’autre ne pourrait suivre. Mais c’est là prendre ses rêves pour la réalité.

En réalité, les gilets jaunes ont connu des changements importants lors de plusieurs tournants, comme une étude de chaque samedi le montre bien. Parler des gilets jaunes « en général » et croire qu’il s’agit du peuple est une abstraction. Leur nombre a également toujours été restreint. Et, et c’est là le principal, la matrice des gilets jaunes était nationaliste, anti-politique, anti-parlementaire, et c’est cela qui a traversé les samedis, de manière plus ou moins forte.

En ce sens, les gilets jaunes n’ont jamais été qu’un mouvement réactionnaire. Cela ne veut pas dire qu’il ne fallait pas travailler sa base populaire, mais certainement pas en faisant des gilets jaunes un nouveau mode d’expression adéquat, en appelant à les soutenir, en leur donnant une aura de gauche ou révolutionnaire. Les gilets jaunes sont un mouvement contre le drapeau rouge, contre la Gauche en général et on peut se douter à quoi ressemblerait une « gauche » qui se reconnaît dans les restes des gilets jaunes.

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La fin de l’État islamique et les islamistes

L’État islamique a perdu le dernier territoire contrôlé. Quelle va être la conséquence sur la mouvance islamiste ? C’est une seconde vague terroriste qui se profile, tout à fait différente.

L’État islamique a perdu hier son dernier territoire, en Syrie, à la frontière avec l’Irak. Ce sont les forces kurdes, dans le cadre d’un front « démocratique » avec le soutien américain, qui ont mis fin à ce régime de terreur et exportateur de terrorisme. De par son importance en tant que phénomène monstrueux et de par son impact en France, il y a lieu de porter un regard approfondi sur les islamistes dans leur rapport à cette perte de territoire.

Les islamistes ont, en effet, des réactions très diverses par rapport à tout cela et cela va juger de manière très forte sur leurs dynamiques. Il va de soi que pour des raisons d’ordre pratique – à la fois par souci de clarté et pour éviter d’aider intellectuellement les islamistes en question – l’article ne rentrera pas dans les détails sur les plans des références.

Il faut bien ici avoir en tête que la mouvance islamiste est évaluée à 20 – 25 000 personnes en France (comme par ailleurs en Allemagne ou en Grande-Bretagne). Cela amène à évaluer la base sympathisante au sens très large au double ou au triple ; la part de gens prêts à basculer dans le terrorisme est estimée à 4000 personnes (qui sont censés à ce titre être surveillés de près par les services secrets français). C’est énorme.

Quand on parle des islamistes, on peut voir qu’il existe trois blocs. Il y a les salafis de type piétiste, qui veulent vivre à l’écart du monde moderne ; il y a Al-Qaïda ; il y a l’État islamique. Leurs perspectives sont très différentes, leurs sensibilités et leurs théologies sont en apparence les mêmes, mais les démarches n’ont rien à voir.

Ainsi, les piétistes ne considèrent pas qu’il soit possible de faire de la politique, il faut organiser une vie à l’écart. La fin de l’État islamique va indubitablement les renforcer, au sens où cela signifie que la politique islamiste n’a aucune chance de réussir et qu’il faut donc passer par un sectarisme culturel, un communautarisme virulent et strict, un refus catégorique du monde moderne sur lequel il faudrait grignoter des espaces. Ce n’est pas une bonne nouvelle.

Al-Qaïda, en toute logique, devrait profiter de la fin de son principal concurrent. Depuis le départ, Al-Qaïda dit que la conquête d’un territoire centralisé est voué à l’échec. Il devrait donc en découler un certain prestige pour cette « clairvoyance » et cette organisation criminelle devrait en profiter. Cela ne sera pas le cas.

Al-Qaïda a d’énormes problèmes internes sur le plan de la direction. L’un de fils de Ben Laden est en train d’être stylisé comme chef à venir, mais rien n’est fait. À cela s’ajoute un gros problème de structures et Al-Qaïda a choisi de rester, coûte que coûte, sous la coupe des talibans afghans, afin de disposer d’une base géographique protectrice. Cependant, les talibans ont un agenda islamo-nationaliste, ce qui est différent d’Al-Qaïda.

Il en va de même avec les forces syriennes « révolutionnaires », qui soutiennent Al-Qaïda dans leur majorité, mais ont rompu leur allégeance par souci pratique dans le cadre syrien. Seul un tout petit groupe a maintenu une allégeance formelle. Ce n’est pas bon pour le prestige. Et c’est d’autant plus problématique que l’État islamique a siphonné la plupart de ses propres réseaux historiques. Al-Qaïda est donc en perte de vitesse générale, notamment dans sa production médiatique, et n’est pas en mesure d’assumer le « jihad mondial » qu’il propose. Il ne reste que l’attente ou une tentative de fuite en avant particulièrement sanglante.

Reste l’État islamique. Peu de gens le savent, mais de très graves dissensions le caractérisent depuis environ deux ans. À la base, l’État islamique est une théocratie et son justificatif idéologique est très simple : sans califat, on ne peut pas être musulman, car il faut un calife pour gouverner les croyants. Tant qu’il y avait l’empire ottoman, cette nécessité religieuse de l’Islam pouvait passer au second plan, mais depuis 1918, cette question est un serpent de mer qui a fini par parvenir sur le devant de la scène.

Face à la pression extérieure, les religieux ont cependant vécu de manière surtout cachée et ce sont les forces militaires – organisées en clans, avec des chefs de guerre – qui ont pris le dessus. À l’arrière-plan, il y a également les chefs d’origine irakienne qui ont pris le dessus. De par l’absence de hiérarchie claire et par les espaces laissés aux chefs de guerre, à quoi s’ajoute une idéologie fanatique, tout cela a provoqué une vaste corruption et des liquidations en série, de torture généralisée dans une atmosphère de paranoïa, notamment chez les lettrés se préoccupant de théologie et chez les militants venant des pays occidentaux.

Depuis deux ans, un vaste mouvement de critique interne est donc apparu dans l’État islamique. Pour cette raison, la fin de l’État islamique est évaluée de manière très différente par les deux fractions. Celle qui est légitimiste considère que l’échec actuel est une épreuve : Dieu est là pour vérifier l’authenticité de l’engagement de l’élite musulmane. Selon ces islamistes du « canal habituel », la situation est simplement là pour les éprouver. Il n’y a rien à changer, même si en pratique la seule légitimité de l’État islamique était sa territorialisation.

En revanche, pour les autres, ce qui se déroule est une « punition divine ». L’État islamique n’a pas été à la hauteur et c’est pour cela qu’il a été puni. Il a beaucoup été parlé d’une jeune femme britannique désireuse de retourner dans son pays, car elle avait un enfant, et qui a tenu des discours très favorables à l’État islamique, regrettant juste une fin chaotique et sa défaite finale. Eh bien c’est exactement représentatif de la ligne néo-romantique de ce qui est en quelque sorte un « canal historique ».

Il y a là quelque chose de terriblement dangereux. On a ici affaire à une démarche non plus simplement apocalyptique, comme avec l’État islamique qui s’imaginait mener la bataille quasi finale, mais post-apocalyptique. Le seul parallèle possible, pour saisir l’esprit de tels gens, est avec la posture du dernier carré d’islamistes lors de la guerre civile algérienne. Après avoir attendu le caractère de mouvement de masse avec le FIS et son bras armé, les défaites ont abouti à des groupes islamiques armés basculant dans un terrorisme criminel tout azimut, tout à fait en écho d’ailleurs avec les tendances régulières du FLN pendant la guerre d’Algérie à frapper indistinctement, y compris dans ses propres rangs.

Ce qui amène à un autre problème : les durs des durs de la première génération du jihad viennent d’Algérie, mais ce pays est un territoire perdu. En 2018, il n’y a pas eu un seul attentat à la bombe islamiste en Algérie, pour la première fois depuis vingt ans, alors qu’en même temps il y a eu de très nombreuses arrestations, mille armes (pistolet, mitraillette, grenades, etc.) confisquées. La frénésie criminelle des islamistes pendant la guerre civile des années 1990 a « vacciné » une large partie de la population et les manifestations contre le président algérien Bouteflika ne prennent pas du tout un virage pro-religieux, malgré la force énorme du piétisme-quiétisme islamiste en Algérie.

Or, les « néo-romantiques » auraient largement espéré un prestigieux « retour aux sources », afin de combler leurs besoins en termes d’images symboliques. Ils ne peuvent pas l’avoir : ils seront par conséquent obligés de se tourner vers la France – si l’on considère que l’idéologie islamiste est aussi, voire largement dans sa genèse historique, le produit de l’absence d’identité nationale bien définie au moment de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, aboutissant pour combler ce manque à l’utilisation massive et mystique d’un Islam identitaire et néo-féodal.

Dans tous les cas, l’émergence d’un islamisme « néo-romantique » des décombres de l’État islamique semble inévitable ; dans les faits, la scission est déjà faite et l’affrontement idéologique existe depuis deux ans déjà. La guerre d’interprétation entre la thèse de « l’épreuve » et celle de la « punition divine » ne peut qu’aboutir à une scission déjà réalisée dans les faits.

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Djordje Kuzmanovic lance « République souveraine »

Ancienne figure de La France Insoumise, Djordje Kuzmanovic lance un nouveau mouvement, que l’on doit qualifier de nationaliste : République souveraine. La polarisation Droite / Gauche serait dépassée, il s’agirait de défendre désormais la nation française pour qu’elle retrouve sa « puissance ».

Djordje Kuzmanovic avait fait parler de lui récemment, notamment au sujet de la question de la migration. Cela lui avait valu les foudres de nombreux responsables de La France Insoumise et il avait finalement démissionné de son poste d’orateur national de ce mouvement. Il justifiait alors sa position en faisant référence à l’Allemande Sahra Wagenknecht et au mouvement ouvrier historique.

En cela, il avait indubitablement raison ; jamais le mouvement ouvrier n’a fait des migrations un phénomène positif, tout en soulignant évidemment à côté les droits des travailleurs immigrés. Sahra Wagenknecht n’a fait que rappeler des fondamentaux, et son discours est ouvertement anti-militariste, anti-guerre, anti-nationaliste, opposant les riches et les pauvres.

> Lire également : Immigration : Jean-Luc Mélenchon désavoue Djordje Kuzmanovic

Impossible par contre de faire confiance à Djordje Kuzmanovic, qui n’utilisait cet argument de la Gauche historique que par démagogie. Et, finalement, cet ancien militaire, fier d’aller à la séance religieuse du dimanche de l’ultra-réactionnaire Église orthodoxe russe, lance aujourd’hui son propre mouvement, République souveraine.

La rhétorique est classiquement d’extrême-droite. Dans le cadre d’une « situation de crise profonde : sociale, économique, politique, morale et existentielle », il faut que toutes les forces s’unissent comme cela avait été le cas pour le Conseil National de la Résistance.

La France serait-elle occupée ou sous tutelle, comme à l’époque par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste ? Selon lui, oui, par la Commission européenne et les traités de libre-échange. D’où l’appel « à une union sacrée, à un sursaut patriotique pour mener la reconquête de notre souveraineté perdue ».

Est-ce là du souverainisme, comme le propose par exemple Dupont-Aignan ? En fait, non. Car Dupont-Aignan est sincère dans sa démarche et, s’il est de Droite, il cherche d’une manière ou d’une autre à combiner des forces. Concrètement n’importe qui peut apporter son grain de sel.

À l’époque du Conseil National de la Résistance, il n’y avait pas l’effacement de la Droite et de la Gauche, mais leur combinaison temporaire face à un ennemi commun. Dupont-Aignan relève de cette même démarche, toutes choses étant égales par ailleurs.

Les souverainistes veulent ainsi l’unité de la Droite et de la Gauche en posant le cadre national comme prioritaire ; les nationalistes par contre, disent qu’il faut le dépassement de la Droite et de la Gauche. C’est donc tout à fait différent.

Voici ce que dit Djordje Kuzmanovic :

« Face à l’unification du bloc élitaire, incarné par l’actuel pouvoir, il faut dépasser les vieilles identités partisanes. Ce bloc est minoritaire, mais il peut continuer son œuvre de déprédation si les forces d’opposition restent prisonnières des stéréotypes de gauche et de droite qui les empêchent de s’entendre sur un socle commun.

Nous proposons à tous les républicains qui veulent lutter contre le bloc ultralibéral, européiste et atlantiste de se fédérer au sein d’un mouvement politique ouvert et structuré de façon à concilier efficacité de l’action et démocratie du fonctionnement (RIC interne) pour ensemble bâtir de nouveaux « jours heureux ». »

C’est là ni plus ni moins que du nationalisme. Il faudrait protéger la nation d’une agression extérieure insidieuse, réactiver la communauté nationale unifiée, au-delà des divergences politiques. C’est tout à fait dans l’air du temps : tout un pan des gilets jaunes dit la même chose. C’est bien pour cela qu’ils sont d’extrême-droite.

Djordje Kuzmanovic a-t-il pour autant changé de camp ? Sans doute pas, car il n’a jamais été de Gauche. Ce n’est pas pour rien qu’il a fait partie de La France Insoumise, qui a toujours eu des positions très strictes en ce qui concerne les ambitions militaires françaises et l’utilisation systématique de la rhétorique patriotique.

Il suffit de remarquer ici avec quel lyrisme Jean-Luc Mélenchon s’est adressé hier « aux militaires eux-mêmes », leur demandant de ne pas tirer « quand bien même ils en recevraient l’ordre », expliquant qu’il avait « compris que leur avis n’a pas été sollicité », prenant même le parti du chef d’état major des armées, dont « il n’est même pas certain [qu’il] ait été informé ».

D’où l’importance pour la Gauche de réactiver ses fondamentaux à ce sujet. Il y a un terrible recul dans la conscience de Gauche à ce propos. Car quoiqu’on pense du rôle au gouvernement du PCF et du PS, on est obligé d’admettre qu’ils ont aidé au renforcement et à la modernisation du militarisme, qu’ils n’ont jamais remis en cause ces institutions totalement réactionnaires que sont l’Armée, son administration, sa direction. On en paie le prix aujourd’hui.

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Communiqué du Groupe communiste au Sénat contre la mobilisation des militaires de Sentinelle

Le Groupe communiste républicain citoyen écologiste (CRCE) au Sénat a produit un communiqué dénonçant la mobilisation des forces de l’opération Sentinelle pour le prochain samedi des gilets jaunes.

Il est rappelé par ces sénateurs, comme par la plupart des intervenants à Gauche, que ce recours à l’Armée n’est pas conforme à la pratique républicaine qui distingue la Police, qui relève du civil, c’est-à-dire d’un cadre démocratique particulier, de l’Armée, qui relève de la guerre.

La déclaration du gouvernement quant à la mobilisation de ces forces relève en grande partie de l’effet d’annonce, d’un pas de plus dans le grotesque, dans l’ambiance grotesque du pays en ce moment. Il est en effet expliqué par le Ministre de l’intérieur que le préfet de police pourra s’appuyer sur ces militaires, mais qu’ils « ne doivent en AUCUN CAS participer au maintien de l’ordre », et donc qu’ils devront en cas de besoin… appeler la Police.

Cela est absurde, et on aura bien compris que cela vise surtout à renforcer une posture, de manière politicienne, afin d’apparaître comme le parti de l’Ordre, alors qu’en réalité presque rien n’avait été décidé pour empêcher la casse samedi dernier, comme l’ont largement expliqué, franchement ou à demi-mots, les représentants policiers.

Il n’en reste pas moins que cette annonce du recours à l’Armée dans le cadre d’une manifestation sociale est inacceptable sur le plan politique, de part ce que cela sous-tend en arrière plan comme remise en cause du cadre démocratique.

Ainsi, une personnalité comme Ségolène Royale, qui n’avait déjà pas grand-chose de gauche, s’écarte définitivement de la Gauche en déclarant à ce propos :

« Je me suis demandée pourquoi ça n’avait pas été fait plus tôt », ajoutant que « les black blocs ne sont pas des terroristes mais ils sèment la terreur. Et donc c’est la même chose. »

Le recours à l’Armée dans le cadre d’une manifestation raisonne à Gauche comme un danger fascisant, et réveille la mémoire de la grande répression de 1948 faisant intervenir l’Armée. Plusieurs mineurs avaient été tués par les militaires dans le nord de la France après de grandes grèves.

Voici le communiqué du Groupe communiste républicain citoyen écologiste au Sénat :

« Emmanuel Macron doit renoncer au recours à l’armée à l’occasion de l’Acte 19 des Gilets jaunes

Emmanuel Macron a annoncé sa décision de recourir aux militaires de Sentinelle pour, dans le cadre de l’Acte 19 des Gilets jaunes, « sécuriser les points fixes et statiques conformément à leur mission ».

Contrairement à ce qui a été affirmé par Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres, ces militaires aucunement formés au maintien de l’ordre et équipés d’un matériel de guerre seront de fait associés à l’action de la police.

C’est une décision grave qui marque une étape inquiétante dans la surenchère sécuritaire en cours.
L’interdiction de manifester, la compétition malsaine entre le pouvoir et la droite la plus dure pour bomber le torse face au mouvement des Gilets jaunes, menacent de porter atteinte aux libertés fondamentales et en premier lieu au droit de manifester.

Les sénatrices et les sénateurs du groupe CRCE l’ont dit et répété, ils condamnent les destructions et les violences qui surviennent lors de certaines manifestations. Cette casse dessert le mouvement.
Mais ils ont également souligné l’attitude du pouvoir qui pousse à une escalade potentiellement dévastatrice pour notre pays.

Les sénatrices et les sénateurs du groupe CRCE estiment que le Parlement doit être informé et consulté pour une si grave décision.

En tout état de cause, Emmanuel Macron doit respecter la pratique républicaine en matière de maintien de l’ordre qui en réserve l’exercice à la police et à la gendarmerie.

Ils rappellent à cet égard que depuis 1921, le maintien de l’ordre dans le cadre des manifestations est confié à la gendarmerie et à la police.

Ce pouvoir a en effet été transféré, par un vote à l’Assemblée nationale, de l’armée aux effectifs de gendarmerie mobile.

Groupe CRCE au Sénat, le 21 mars 2019 »

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Aurore Lalucq, symbole des ennemis intérieurs de la Gauche

Aurore Lalucq était la porte-parole de Génération-s, mais n’ayant pas la seconde place de la liste aux Européennes, elle a rejoint la liste de Place publique et du Parti socialiste. C’est un exemple tout à fait représentatif de comment les opportunistes pourrissent la Gauche.

Il ne faut pas s’étonner que les anarchistes soient si nombreux dans notre pays quand on voit quelle image donne la Gauche avec des gens comme Aurore Lalucq. Alors qu’elle était la porte-parole de Génération-s, elle a tout plaqué du jour au lendemain, pour rejoindre une autre liste électorale. Tout en prétendant continuer à faire partie de Génération-s ! C’est pitoyable, mais malheureusement tout à fait représentatif de l’état d’esprit de ces gens surdiplômés avides de carrière et coupés de tout lien avec la Gauche historique.

Benoît Hamon paie ici cher le prix de son laxisme libéral sur le plan des idées. En intégrant Aurore Lalucq à son équipe lors des primaires socialistes en 2016, il a eu la faiblesse d’intégrer une intellectuelle hors de tout parcours militant : voilà ce que cela donne. On ne se coupe pas impunément de la vision du monde de la Gauche historique. Et quand on récupère des gens « qui tombent du ciel », il faut bien se douter qu’il s’agit là d’opportunisme, pas de convergence de valeurs, il ne faut pas être naïf tout de même !

> Lire également : Place publique fait un hold up sur le Parti socialiste

Naturellement, Aurore Lalucq justifie son revirement en disant qu’elle veut… l’unité. C’est le discours traditionnel des opportunistes, ceux-ci prétendent toujours se mettre au service de l’urgence, ils affirment toujours que les différences sont gommées par une situation exceptionnelle, etc. Dans Libération, elle explique qu’il n’y a sur le fond aucune différence entre Place publique et Générations, et que si elle fait ce qu’elle fait, c’est par états d’âme :

« La désunion me pèse, m’empêche de dormir. »

Tant d’hypocrisie n’est pas seulement sidérant, c’est surtout criminel et de telles personnes sont des machines à faire gagner l’extrême-droite. Ces gens sans morale, allant dans le sens du vent, sans aucune valeur, sont la plaie de la Gauche. Benoît Hamon a fait une faute morale en accordant de la place à une telle personne, il n’a pas ici fait mieux que le Parti socialiste avec ses mauvaises manières.

Et le pire dans tout cela, c’est qu’Aurore Lelucq vit de son parasitisme, car toute son aura d’intellectuelle pille largement les réseaux et l’image de la Gauche. C’est ainsi une économiste « spécialiste de la monétarisation et de la financiarisation de la nature, de la transition sociale-écologique et de la régulation bancaire », comme le dit Wikipédia. Ce qui signifie qu’elle se présente comme un experte indispensable et se permet ainsi de donner des leçons à la Gauche dans les domaines des banques et de l’écologie, notamment par l’intermédiaire de son think tank, l’Institut Veblen.

Aurore Lalucq avait déjà préparé son départ, en étant présente, sans avertir personne de Génération-s, au meeting de Place publique le 29 janvier 2019 à Paris. Elle y a dit, entre autres :

« Je nous trouve collectivement minables, je nous trouve collectivement irresponsables face à l’histoire. »

Si collectivement il y a encore débat, Aurore Lalucq aurait pu mettre la phrase au singulier et employer le terme d’individuellement, cela aurait été parfait. Elle est minable, et pire qu’irresponsable, responsable, car elle sait très bien ce qu’elle fait : elle soigne sa carrière, la possibilité de devenir député européenne bientôt, ministre plus tard, renforçant encore davantage son statut d’économiste « de son époque ».

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Les 10 propositions du PCF pour la France

Les 10 propositions du PCF pour la France :

« Face au mouvement des Gilets jaunes, aux mobilisations populaires, le président de la République a du ouvrir un grand débat national. Celles et ceux qui se sont exprimés y ont porté un message clair. Ils disent vouloir vivre dignement et être respectés. Ils disent que le travail doit payer. Ils disent que les injustices sociales et fiscales sont une honte. Ils disent, à l’échelle de leurs quartiers, de leurs lieux de travail, qu’ils veulent pouvoir décider. Ils disent que la fin du mois ne doit pas être opposé à la fin du monde. Ils attendent des réponses fortes et ambitieuses.

Avec cet objectif, le Parti communiste français présente 10 grandes propositions pour l’avenir de la France.

POUR UNE VIE DIGNE ET ÉPANOUIE

1 Hausser le Smic (20%), augmenter les salaires et les minima sociaux. Contraindre les entreprises à l’égalité professionnelle femmes-hommes. Porter les retraites à 1400 euros minimum

La France est devenue un pays de bas salaires et de contrats précaires. Les femmes en sont les premières victimes. Et trop de jeunes se débattent avec des petits boulots sous-payés. Il est temps que l’État réunisse une conférence nationale pour les salaires, la reconnaissance des qualifications, l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, le pouvoir d’achat des retraités.

2 Organiser un plan de lutte contre l’exclusion et la grande pauvreté. Rembourser les soins à 100%, indexer les retraites sur le salaire moyen

A la Libération, dans un pays dévasté, les Français ont conquis la Sécurité sociale et cela a contribué au redressement national. Aujourd’hui, quand quelques actionnaires et banquiers confisquent les richesses, la Sécu peut être consolidée et étendue. Et le système solidaire de retraites, fondé sur la répartition, doit être pérennisé et garanti.

POUR LA RELANCE ET POUR L’ÉGALITÉ

3 Lancer un grand plan d’urgence pour la reconstruction des services publics

Éducation nationale, hôpitaux, transports, petite enfance, énergie… : les services publics ne sont pas une « charge » mais un investissement pour l’avenir. Il faut en finir avec le dogme de la libre concurrence qui les détruit et fait de beaucoup de nos territoires des déserts. Il est urgent de les reconstruire au plus près des citoyens, et de recruter massivement des agents pour les faire fonctionner.

4 Nationaliser une grande banque privée, au service de l’emploi, de la renaissance industrielle, de la transition écologique

Les banques financent massivement la spéculation, les délocalisations, l’évasion fiscale, les investissements polluants. Les crédits doivent au contraire aller, avec des taux très bas, aux investissements qui créent des richesses et des emplois, qui développent les biens communs. La nationalisation d’une grande banque privée serait un levier important en ce sens.

POUR LA PLANÈTE ET LE CLIMAT

5 Prioriser les transports collectifs publics, avec extension de la gratuité pour les transports locaux. Doubler la part du fret ferroviaire, contre le tout-route

L’humanité est en péril. La production et les services doivent donc être réorientés vers un développement social et écologique. Cela passe par une effective priorité aux transports collectifs publics, décarbonés et accessibles à toutes et tous. Il faut en finir avec les politiques qui encouragent le transport routier au détriment de l’exigence écologique.

6 Rénover énergétiquement un million de logements et les bâtiments publics

Pour lutter contre le dérèglement climatique, il ne suffit pas de signer les accords de Paris puis de passer à autre chose. Il faut s’en donner les moyens. Une grande politique publique en faveur de la rénovation énergétique des logements et établissements publics serait une première avancée. Ce serait aussi un levier pour l’emploi et la relance de l’économie.

POUR LA JUSTICE FISCALE

7 Supprimer la TVA sur les produits de première nécessité, rendre l’impôt plus juste et progressif

Les impôts non progressifs (TVA, TICPE, CSG) représentent 67% des recettes fiscales. Les petits paient plus que les gros. Il faut les supprimer (TVA sur les produits de première nécessité) ou les abaisser fortement. L’impôt sur le revenu doit être calculé sur 9 tranches (contre 5 actuellement). L’impôt sur les sociétés doit devenir plus progressif, et être modulé selon les politiques d’emploi et d’investissement des entreprises.

8 Rétablir l’ISF, taxer les dividendes. Atteindre le zéro fraude fiscale. Supprimer le CICE et réorienter cet argent vers les PME et TPE

Une redistribution juste et efficace des richesses, c’est possible. En rétablissant l’ISF (4 milliards d’euros), en taxant les revenus purement financiers des entreprises et des banques (47 milliards), en agissant enfin contre l’évasion fiscale (80 milliards). Le CICE, qui ne crée pas d’emplois et est accaparé par les actionnaires, doit être supprimé et son montant (40 milliards en 2019) affecté à des prêts aux PME et entreprises qui investissent et créent des emplois.

POUR UNE RÉPUBLIQUE D’INTERVENTION CITOYENNE

9 Rendre le pouvoir au Parlement contre la monarchie présidentielle. Instaurer un référendum d’initiative populaire. Mettre en place des pouvoirs décisionnels des salariés à l’entreprise

Les citoyens veulent pouvoir décider. Diminuer les pouvoirs présidentiels, c’est doter le Parlement de nouveaux pouvoirs pour représenter mieux le peuple, et c’est aussi restituer aux collectivités locales les moyens d’agir. 500 000 électeurs doivent pouvoir faire soumettre à référendum des lois sur l’organisation des pouvoirs publics ou la politique économique et sociale. Les salariés ont besoin de nouveaux moyens d’intervention sur les choix des entreprises, à commencer par un droit de veto et de contre-propositions face aux plans de licenciements.

POUR EN FINIR AVEC L’AUSTÉRITÉ EUROPÉENNE

10 Sortir du pacte budgétaire européen : priorité aux dépenses sociales et écologiques

Les besoins vitaux des peuples et les impératifs écologiques ne peuvent plus être corsetés par un pacte antidémocratique, obsédé par l’équilibre budgétaire à n’importe quel prix et la réduction des dépenses publiques. C’est de coopération pour des dépenses d’avenir, socialement et écologiquement utiles, dont nous avons besoin, avec une Banque centrale européenne finançant à 0% un fonds européen de développement solidaire. »

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Communiqué des organisations syndicales et de jeunesse CGT, FO, Solidaires, UNEF, UNL, UNL SD

Le communiqué de la journée d’action, de mobilisations et de grève de ce 19 mars par la CGT, FO, Solidaires, l’UNEF, l’UNL et l’UNL SD :

« La situation sociale en France est marquée par l’expression diverse et multiple d’un mécontentement social grandissant, par l’aspiration à une véritable justice sociale et fiscale, par la dénonciation des reculs sur les libertés publiques comme individuelles.

Le mouvement des gilets jaunes est l’expression récente de cette profonde crise sociale.

Alors que les annonces faites par le président de la République ou son gouvernement n’ont pas répondu aux attentes, alors que des lois portant atteinte aux libertés syndicales et de manifester sont votées, que les prix des produits de consommation courante continuent à la hausse, que la suppression de l’ISF n’est pas remise en cause, que le chômage progresse… Le « grand débat national » ne peut ni se substituer, ni contourner, encore moins être opposé aux revendications sociales et syndicales.
Pour les jeunes, les difficultés ne cessent de croitre : sélection, réforme du lycée et de la voie professionnelle, hausse des frais d’inscription des étudiant-es étranger-ères hors UE, progression de la précarité étudiante et gel des prestations sociales, ne font qu’attaquer le droit d’étudier.

En parallèle, le patronat, particulièrement celui des grands groupes, porte lui aussi une grande responsabilité dans l’exaspération sociale. C’est dans les entreprises et dans les services publics que les salarié-es sont considéré-es comme un coût et non pour ce qu’ils/elles sont : une richesse. C’est là que les conditions de travail se dégradent.

C’est partout que la précarité s’aggrave…

Dans ce contexte, il s’agit de gagner l’augmentation des salaires, des pensions et des minima sociaux, l’égalité femmes-hommes et un véritable droit à l’éducation et à la formation. Il s’agit aussi de renforcer notre protection sociale et notre système solidaire de retraite par répartition. Il s’agit enfin de répondre aux enjeux climatiques et environnementaux, tout en développant des emplois de qualité… C’est dans ce but que nos organisations appellent à l’élargissement et l’amplification de la mobilisation sociale.

Partout sur le territoire, nos organisations engagent un travail en ce sens via des initiatives diverses dans les entreprises, dans les services publics et en prise directe avec les salarié-es, les retraité-es, les privé-es d’emploi et la jeunesse. Ainsi, nous placerons le débat là où il doit être.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la construction d’une nouvelle journée d’action, de mobilisation et de grève le 19 mars prochain. Nos organisations -CGT, FO, Solidaires, UNEF, UNL- s’engagent à poursuivre un travail commun donnant des perspectives à la mobilisation sociale. Nos organisations appellent à une puissante journée d’action, de mobilisations et de grève le 19 mars ! »