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Rassemblements en hommage à Samuel Paty partout en France dimanche 18 octobre 2020

Voici le communiqué initié par les syndicats de l’enseignement appelant à se mobiliser le dimanche 18 octobre 2020 pour rendre hommage à l’enseignant Samuel Paty, assassiné par un fanatique islamiste. Suit la carte des rassemblements partout en France.

« Ce vendredi à Conflans-Sainte-Honorine, Samuel Paty a été assassiné devant le collège où il enseignait l’histoire et la géographie.

Victime d’un attentat perpétré au nom d’une conception dévoyée de l’Islam, il était depuis plusieurs jours la cible d’une vindicte publique. Pourquoi cette vindicte ? Parce qu’il avait montré des caricatures de Mahomet dans l’une de ses classes où il étudiait avec ses élèves la liberté d’expression. Comme tout enseignant, il cherchait ainsi à préparer des jeunes à l’exercice de l’esprit critique, condition essentielle à une pleine citoyenneté.

Face à cette horreur, nous appelons les citoyennes et les citoyens, dans le respect des gestes barrières, à se rassembler ce dimanche 18 octobre à 15h sur la place de la République à Paris. Au-delà de ce rassemblement, nous appelons nos représentations locales à organiser des initiatives dans les jours qui viennent.

Nous nous rassemblerons pour dire des choses simples et importantes.

Que nous pensons à Samuel Paty ainsi qu’à ses proches endeuillés.

Que les enseignants doivent être soutenus dans l’exercice de leur métier.

Que nous sommes attachés à la liberté d’expression et que nous refusons les logiques extrémistes et obscurantistes.

Que nous sommes attachés à la laïcité, qui garantit la liberté de conscience.

Que ça n’est pas par la haine que nous répondrons à la haine qui a coûté la vie à Samuel Paty mais par la promotion de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

Appelé par SOS Racisme, la FSU, le Sgen-CFDT, l’Unsa-Education, la CGT Educ’, SUD éducation, le SNALC, la FCPE, l’UNEF, « La FIDL – le syndicat lycéen », l’UNL, la FAGE, l’UEJF, « Dessinez Créez Liberté », le centre Simon Wiesenthal France, le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F), l’Institut kurde de Paris, la LDH, Amnesty International France, le MRAP, le CIFORDOM, l’UNIOPSS, la Fédération Léo Lagrange, le Centre Simon Wiesenthal et la Ligue de l’Enseignement.

Avec le soutien de Charlie Hebdo. »

Voici la carte, réalisée par le syndicat enseignant SNES-FSU, qui liste les hommages partout en France :

Voici directement la liste des rassemblements, par ordre alphabétique :

Aix en Provence (13) Place de la mairie dimanche 18/10 15h
Albi : dimanche 15h Place du Vigan
Amiens samedi 17 octobre à 16h place Gambetta
Angers, place du ralliement dimanche 18 à 15h
Angoulême samedi 15h devant l hotel de ville
Annecy, devant la préfecture, ce samedi 16h
Apt (84) Cité scolaire dimanche 18 octobre 15 h
Arles (13) Place de la République samedi 17/10 15h
Auch : samedi 17 à 15h, place de la Liberation
Auch, Gers, ce samedi 17 octobre à 15 h
Auxerre (Mairie), Sens (marché couvert) et Tonnerre (mairie)  (89) : samedi soir à 18 h
Avranches, Saint-Lô et Coutances place de la mairie dimanche 18 à 15h
Bagnols sur Cèze : dimanche 18/10 à 15h, Monument aux morts
Bastia dimanche 18/10 à 15h devant l’Inspection Académique
Bayonne sous préfecture dimanche 18 à 15h
Belfort : dimanche 18 à 15h, Place de la République devant la Préfecture
Blois dimanche 18/10 à 15h00 , devant la préfecture
Bordeaux dimanche 18/10 15h Place de la Bourse
BOULOGNE  : dimanche à 15h, sous-préfecture
Bourg en Bresse devant la Préfecture dimanche 18/10 15h
Bourg-en-Bresse dimanche 18/10 15h devant la Préfecture
Bourges, Place du 8 mai 45, devant le monument de la résistance, le 18/10 à 15h
Brest : samedi 17/10 à 15h place de la Liberté
Brest, samedi 17 octobre à 15h place de la LIberté
Caen Place de la résistance dimanche 18/10 15h
Cahors : dimanche 15h devant la Préfecture
Cahors (46) : rassemblement dimanche 18 octobre à 15h devant la préfecture.
Cambrai : dimanche à 15h devant l’hôtel de ville.
Carcassonne, Portail des Jacobins, dimanche 18 à 17h
Castres : rassemblement dimanche 18 octobre à 15h place de l’Albinque
Chalon-sur-Saône dimanche 18/10 à 15h00, place de l’Hôtel de ville.
Chambéry, devant le lycée Vaugelas, ce samedi 15h
Charleville-Mézières sous la forme d’un cortège qui ira de la DSDEN à la préfecture à 15h dimanche 18 octobre
Chateauroux 15h République samedi 17/10
Cherbourg place de la République,
Clermont Place de Jaude à 15 h samedi 17 et dimanche 18
Dax devant le collège Dussarat 17h samedi 17/10
Dieppe Hôtel de ville samedi 17/10 15h
Draguignan samedi 17 à 17h30 devant la sous préfecture
Dunkerque : dimanche à 15h, parvis des droits de l’homme ( CUD)
Dunkerque Dimanche 18/10 15h parvis des droits de l’homme
Evreux Hôtel de ville samedi 17/10 15h
Foix :  rassemblement dimanche 18 octobre à 15h sous la halle de Villote à Foix
Gap (05) dimanche 18/10 à 15h devant la préfecture
Grenoble, place de Verdun, dimanche 18 octobre 15h
Guéret devant la Préfecture dimanche 18 15h
La Roche sur Yon, place Napoléon, dimanche 18 à 15h
La Rochelle lundi 19/10 à 18h place de Verdun
Le Havre Hôtel de ville  samedi 17/10 15h
Le Mans préfecture  samedi 17/10 17h
Le-Puy-en-Velay place des Droits de l’Homme samedi 17 octobre 17h
Lille : dimanche 15h parvis des droits de l’homme, place de la République
Limoges Place de la République dimanche 18 à 15h
Longwy (54) samedi 15h lycée Mézières
Lorient :dimanche 18/10 à 15h Esplanade de la mairie
Lyon Place Bellecour dimanche 18/10 15h
Mâcon dimanche 18/10 à 15h00, Esplanade Lamartine
Marseille (13) L’Ombrière dimanche 18/10 15h
Martigues (13) devant la Mairie dimanche 18 octobre 15 h
Martigues dimanche 18 octobre 15 h devant la Mairie
Mayenne : rassemblement devant le collège Jules Ferry à 18h samedi 17 octobre
Mende : dimanche 18/10 à 15h, Préfecture (place Urbain V)
Metz (57) dimanche 15h place d’Armes
Millau, dimanche 18 octobre à 15h devant sous préfecture
Mont De Marsan devant le collège Rostand 17h samedi 17/10
Montauban : rassemblement dimanche 18 à 15h Place des Fontaines
Montpellier : dimanche 18.10  15h00 préfecture (après le rassemblement en urgence de ce jour)
Montpellier Préfecture samedi 17/10 11h et dimanche 18 15h
Mulhouse,  dimanche, 15h, place de la Réunion
Nancy Place Maginot  samedi 17/10 17h
Nantes, préfecture, dimanche 18 à 15h
Narbonne, Place de la Mairie, dimanche 18 à 17h
Nice samedi 17/10 14h Place Garibaldi
Nîmes : dimanche 18/10 à 15h, Préfecture
Orléans 15h martroi samedi 17/10
Paris place de la république dimanche 18/10 15h
Pau Préfecture dimanche 18 à 15h
Perigueux : 15 h arbre de la liberté dimanche 18
Petit Bourg, Guadeloupe : lundi 18h lycée des Droits de l’Homme
Poitiers, lycée Victor Hugo, 18/10,15h
Pyrénées, rue George Magnoac
Quimper : Samedi 17/10 à 15h place de la Résistance
Quimper, samedi 17 octobre à 15h place de la Résistance
Reims, dimanche 18 octobre à 15h place d’Erlon, fontaine de la solidarité
Rennes Place de la République  samedi 17/10 15h
Rochefort dimanche 18/10 à 15h place J L Frot
Rouen rectorat  samedi 17/10 15h
Saint Brieuc Préfecture  samedi 17/10 15h
Saint-Étienne Place Jean Jaurès dimanche 18/10 17h
Saint-Girons :  rassemblement dimanche 18 octobre à 12h, à la colonne de la République
Strasbourg, dimanche, 18/10,15h, place Kléber
Tarbes : rassemblement unitaire dimanche 18 octobre à 11h devant la DSDEN des Hautes-
Tarbes, devant l’Inspection d’Académie, dimanche à 11h.
Toulon Place de la Liberté samedi 17/10 17h
Toulouse : dimanche 18/10 à 15h place du Capitole
Tours samedi 17/10 15h devant la mairie
Troyes : dimanche 18 octobre 15h devant la mairie
Valence, devant la Fontaine Monumentale, dimanche 15h
Vannes:dimanche 18/10 à 15h Préfecture
Villefranche de rouergue, dimanche 18 octobre à 15h devant sous préfecture

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Enseignant d’histoire-géo assassiné par un islamiste: l’obscurité d’une époque

Un crime odieux tétanise la France, mais l’obscurantisme est plus que religieux, il est lié à la fin d’une époque.

Un meurtre barbare d’un professeur d’histoire-géographie du collège du bois d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le 16 octobre 2020, et quelques mots sur Twitter comme revendication, avec la photo d’une tête coupée :

« De Abdullah, le serviteur d’Allah, à Macron, le dirigeant des infidèles, j’ai exécuté un de tes chiens de l’enfer qui a osé rabaisser Muhammad, calme ses semblables avant qu’on ne vous inflige un dur châtiment… »

C’est totalement glaçant. Le professeur avait montré une caricature de Mahomet lors d’un cours, en précisant auparavant que cela pouvait choquer et qu’il était possible de ne pas regarder si on était musulman et qu’on ne voulait pas. Son initiative prévoyante avait été prétexte d’une dénonciation par des parents d’élèves voyant à la fois une discrimination et une insulte à la religion.

En ayant une démarche laïque et non universaliste, le professeur a ouvert la boîte de Pandore. Ce fut l’engrenage d’une affaire donnant libre cours au communautarisme, puis aboutissant à un crime frappant l’opinion publique.

Les impressions sont troublées, l’émotion paralysée par la violence du crime, et dans la soirée, le président Emmanuel Macron publiait un message significatif sur Twitter, alors qu’il l’a aussi dit dans un intervention directement sur place :

« Ils ne passeront pas. »

C’est bien entendu une allusion au ¡No pasarán! des antifascistes durant la guerre d’Espagne, le mot d’ordre venant du côté communiste. Le rapprochement n’est à ce titre pas juste, car l’islamisme n’est pas un mouvement historique porté par la société, comme l’a été le fascisme, mais une aventure romantico-nihiliste à la fois cosmopolite et post-moderne.

L’Islam tel qu’on le connaît au 21e siècle est en effet, comme le judaïsme, le produit de perpétuelles reconstructions fictives d’intellectuels, de féodaux, de pétro-monarchies. Le moteur intellectuel de ces reconstructions pour l’Islam, c’est la question du califat, car sans califat, il n’y a pas de terre d’Islam, et sans terre d’Islam, pas d’Islam.

Il n’y a alors que trois options possibles. Soit on fait semblant que ce ne soit pas le cas, tout en se disant musulmans. Vient alors le risque que certains prennent au sérieux et veulent un califat. C’est le drame historique de l’Algérie, avec un FLN se voulant laïc étatiquement mais ouvertement musulman, qui a produit une société se reconnaissant dans le FIS. C’est également ce qui arrive avec la génération des islamistes français des années 1990, qui se détache d’un Islam « inconséquent ».

Soit on l’assume, mais on dit que c’est trop tôt : c’est le salafisme, le quiétisme, le repli sur une vie communautaire fermée. C’est le fameux « séparatisme » dénoncé début octobre 2020 par le gouvernement.

Soit on l’assume et on part, afin de pouvoir devenir un « véritable » être humain, dans une perspective de retour aux sources totalement romantique et esthétisée, comme les images de la vidéo de propagande « Réputation » de fin septembre 2020 le montrent.

Ce « romantisme » est cependant carbonisé depuis l’effondrement de l’État islamique, qui a littéralement grillé cette proposition délirante de « retour » en terre « pure ». Ne restent d’ailleurs concrètement plus que « l’Émirat islamique d’Afghanistan », qui relève à l’arrière-plan du nationalisme pachtoune, ou encore le Hayat Tahrir al-Sham (Organisation de Libération du Levant) qui relève d’une problématique entièrement syrienne et se place dans l’orbite turque.

Les théologiens islamistes puristes sont d’ailleurs horrifiés par ce qu’ils qualifient de « fusionnisme », même si concrètement les reliquats des groupes de l’État islamique s’appuient également sur différentes questions locales, surtout en Afrique, avec par exemple justement une première action en Tanzanie à la mi-octobre 2020.

Tout cela pour dire que l’islamisme est dans un cul-de-sac et que l’Islam est coincé dans sa proposition universaliste. De toutes façons quand on voit les joueurs du Paris Saint-Germain faire des publicités pour les paris sportifs alors que le club appartient au Qatar, l’un des deux grands financiers de l’islamisme (l’autre étant l’Arabie Saoudite), on voit bien que plus rien ne tient.

Le meurtre d’un professeur de Conflans-Sainte-Honorine a d’ailleurs été revendiqué par un jeune né à Moscou et se définissant comme « Tchétchène ». On est ici dans une sorte de nationalisme mêlé d’islamisme, tout comme d’ailleurs l’Islam turc. L’horizon universel / universaliste (pseudo universel / pseudo universaliste) a clairement disparu à la suite de l’effondrement du califat, alors qu’Al-Qaïda avec sa ligne de guérilla islamique alter-mondialiste ne s’est par ailleurs jamais remis de cette concurrence pro-califat.

L’islamisme n’est qu’un débris de l’Islam qui n’est lui-même qu’un débris d’une époque dépassée et s’effondrant sur elle-même. L’humanité n’a plus besoin des religions, de la spiritualité et de tous ces déplacement dans un ciel imaginaire des réalités terrestres, naturelles. Ceux qui s’obstinent à vouloir parler de Dieu ne visent plus qu’à nier le besoin de collectivisme, la réalité naturelle et notamment celle des animaux, la compassion pour toute vie.

C’est la fin d’une civilisation, qui s’enfonce dans l’obscurité, tout simplement, alors que s’ouvre une nouvelle époque : universelle, athée, naturelle, collectiviste.

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Les réactions anti-couvre-feu de la «gauche» libérale-libertaire

Tout sauf les décisions à portée collective ! Tel est le credo d’une partie de la Gauche passée dans le camp d’un mélange de populisme, d’anarchisme, de vision plébéienne de l’Histoire.

En temps de crise, on ne peut plus faire semblant, car chaque point de vue compte, chaque opinion sur chaque sujet a forcément une grande importance et de grandes implications. On dévoile forcément sa vraie nature et les organisations et individus politiques expriment forcément leur nature.

La question du couvre-feu est ainsi très révélatrice, avec les petits-bourgeois hystériques et les bourgeois relativistes qui ne veulent pas en entendre parler. Les premiers sont en général « de gauche », les seconds étant de droite et l’assumant, en tous cas culturellement. Au contraire, la dynamique populaire est de penser que le couvre-feu est bien la moindre des choses, avec cette particularité propre aux grandes villes qu’une partie significative des gens ne se soucie absolument pas du virus et s’amasse dans les bars et soirées.

Il ne faut pas se leurrer, si Emmanuel Macron décrète un couvre-feu dans la plupart des grandes villes, c’est qu’il y a à la base une grande pression populaire en faveur de mesures sanitaires. Cela sous-entend non pas qu’il en fasse trop, mais bien au contraire qu’il n’en fasse pas assez. Le peuple veut un État ayant son ampleur, capable d’envergure.

La France de 2020 n’est plus la France arriérée du 20e siècle et il est hors de question pour la population de laisser filer un virus dévastateur, ni de laisser les services de santé se faire déborder à nouveau. L’État doit être à la hauteur du peuple, de la vie du peuple.

Les petits-bourgeois « de gauche » n’en ont rien à faire de cela et ils s’imaginent que le gouvernement agirait par « totalitarisme ». L’auteur de prédilection pour ces gens est George Orwell et nombreux sont ceux à avoir cité son roman 1984, à l’instar d’Olivier Besancenot :

Cependant, le meilleur représentant de cette France petite-bourgeoise, s’imaginant de gauche et très radicale, est Jean-Luc Mélenchon, qui associe le couvre-feu à un fait du Prince, en dehors de toute rationalité sur la crise sanitaire elle-même :

« 60 % des contaminations ont lieu au travail ou à l’école ou à l’université entre 8h et 19h. Mais Macron interdit les sorties au bar et au restau entre 20h et 6h. Bienvenue en Absurdie. »

Jean-Luc Mélenchon confond ainsi clusters connus et contamination, mais là n’est pas la question : rien que le ton le disqualifie. On est dans le populisme, dans l’appel à la révolte plébéienne contre les puissants qui mentiraient de manière totale, qui viseraient à la manipulation des consciences, à anéantir les libertés individuelles, etc.

On a évidemment la même rengaine du côté d’EELV, sur le mode de la critique du « totalitarisme » avec David Cormand, qui reprend tous les arguments de la Droite sans même le remarquer :

« Le « couvre-feux » a-t-il vocation à confiner aussi notre Démocratie? La légèreté avec laquelle le Gouvernement se joue des piliers sur lesquelles reposent un État de Droit: libertés individuelles, droits fondamentaux, élections,… est sidérante et effrayante. »

Notons cependant qu’EELV sait garder les pieds sur terre, de part sa quête électoraliste, et exprime dans un communiqué son soutien au couvre-feu, bien que de manière timorée.

François Ruffin s’est également parfaitement illustré dans l’hystérie anti-« Macron », qui serait maintenant un « maton » … :

« Le couvre-feu pour couvrir leur nullité. Plutôt que de prévoir et d’agir depuis le printemps, Macron, en maton, nous enferme. Combien de temps serons-nous victimes de leur incompétence ? »

On notera également le ton volontairement beauf et franchement irrationnel qu’il a utilisé à l’Assemblée nationale :

« Vous êtes capable de nous interdire d’aller pisser à plus d’un kilomètre de chez nous pendant le confinement, de nous interdire de mettre un pied dehors après 21h aujourd’hui. Face aux citoyens, vous êtes des lions. Mais face à Amazon et Bridgestone, vous êtes des paillassons. »

On est là dans la démagogie la plus complète, visant à opposer le « petit homme » aux puissants, comme le faisaient les démagogues d’extrême-Droite dans les années 1930.

On retrouve forcément le même discours et le même ton du côté de Médiapart, qui présente ainsi son article contre le couvre-feu :

« Macron préfère fliquer la population, la mettre en fiches, assassiner des secteurs entiers de notre économie (culture, restauration, etc.), plutôt que de rouvrir des lits d’hôpitaux et d’engager du personnel soignant. On interdit les sorties le soir au théâtre, au restau, chez des potes, mais on s’entasse dans le métro aux heures de pointe. Ferons-nous le deuil de tout ce qui nous fait vivre ? »

Cnews dit exactement la même chose. En fait, les remarques de ce genre sont légions dans la petite-bourgeoisie, avec souvent le prétexte d’autre chose qui est pris pour refuser le couvre-feu, par exemple avec Marguerite Stern :

« Imposer un #couvrefeu à tout le monde pour contrer le covid bof. Par contre imposer un couvre feu aux hommes et limiter leurs déplacements pour que les femmes puissent marcher dans la rue sans subir leurs agressions je dis oui. Mettons fin à la pandémie patriarcale. »

N’importe quoi ! Ou encore avec Nathalie Arthaud, pour un véritable cliché :

« Macron lance un nouveau contre-feu pour masquer la destruction de l’hôpital public. La seule liberté à laquelle Macron ne veut pas s’attaquer c’est le droit des patrons à exploiter les travailleurs. Pour les travailleurs tout sera interdit sauf le droit d’aller bosser ».

On remarquera d’ailleurs le caractère incohérent de l’argument. S’il est juste de vouloir plus de moyens pour l’hôpital public, cela n’est pas une raison pour ne rien faire et laisser des vagues importantes de malades être hospitalisées ; les séjours en réanimation ne sont pas une cure de jouvence et on sait très bien que le covid-19 touche durement y compris de nombreuses personnes n’ayant pas forcément besoin d’aller à l’hôpital.

On a la même chose du côté de Laurent Brun de la CGT cheminot, très proche politiquement de la ligne du PRCF, qui avec une blague potache appelant à manifester à l’heure du couvre-feu parle « d’enfumage » pour sous-entendre que le couvre-feu ne sert à rien :

« Bon ben prochaine manif à 21h ! Y’en a marre de ces conneries ! On veut une vraie stratégie de prévention sanitaire avec des tests efficaces, des moyens pour l’hôpital, des mesures pour l’école et les travailleurs. Pas de l’enfumage ! »

Tout cela est de l’hystérie petite-bourgeoise et ces personnes peuvent immédiatement arrêter de faire de la politique : jamais les gens ne leur confieront les clefs de l’État. Mais il est vrai que ces personnes ne veulent pas les clefs de l’État, ils veulent seulement protester, s’agiter.

Alors, à rebours de ces pérégrinations petites-bourgeoises, on a des figures politiques qui savent très bien où elles mettent les pieds. Ainsi, on a une Martine Aubry, qui n’est pas née de la dernière pluie et sait très bien que ce serait anti-populaire de critiquer le couvre-feu, alors elle assume franchement :

« Face à l’augmentation de la circulation du COVID 19 en France et à Lille, nous devons appliquer les mesures annoncées par le Président de la République, même si nous aurions préféré un couvre-feu plus tard le soir. Nous devons tous respecter ces règles. »

Eh oui, tout le monde aurait préféré autre chose, mais il faut ce qu’il faut. Cela ne plaît pas aux beaufs, cela ne plaît pas à ceux dont l’horizon politique est le libéralisme-libertaire, mais c’est ainsi !

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Covid-19: un hiver long et douloureux en perspective

Si certaines personnes en doutaient encore, maintenant c’est entendu : nous n’en avons pas fini avec la pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires vont s’amplifier. Le couvre-feu annoncé par Emmanuel Macron dans la capitale et huit métropoles n’est qu’un prélude ; la France entame une nouvelle phase de la crise sanitaire.

Emmanuel Macron a décrété à nouveau l’état d’urgence sanitaire, qui entrera en vigueur samedi 17 octobre 2020. La principale mesure pour l’instant est la mise en place d’un couvre-feu en région parisienne et dans huit métropoles : Lille, Rouen, Lyon, Saint-Étienne, Grenoble, Aix-Marseille, Montpellier et Toulouse. Les sorties, sauf motifs légitimes, y seront interdites entre 21h et 6h du matin avec l’idée évidente d’empêcher au maximum les interactions sociales, notamment dans la jeunesse.

Pour les 47 millions de Français qui ne sont pas encore concernés par le couvre-feu, il est également fait appel à la responsabilité collective. Il s’agit de faire des « bulles sociales », en se limitant systématiquement à des groupes de 6 personnes, dans la rue, à table, etc., pour limiter les contacts.

On pourra dire ce qu’on veut, en critiquer la forme ou les détails, tout cela est en tous cas nécessaire au regard de l’accélération de l’épidémie en France, qui relève clairement d’une seconde vague. Près de 23 000 nouveaux cas et 104 décès ont été recensés pour la journée du 14 octobre et les services hospitaliers sont à nouveau très chargés (1673 réanimations pour 9194 personnes hospitalisées en tout). Partout dans le pays, et pas seulement dans les villes en alerte maximum, les services hospitaliers déprogramment des opérations pour faire de la place à la vague de nouveaux malades attendus.

Pas question de toucher à l’économie cependant, alors Emmanuel Macron a bien précisé qu’aucun confinement ni télétravail imposé n’était à l’ordre du jour. Il va donc falloir continuer à faire tourner la machine capitaliste à plein régime, mais plus question de s’amuser, de voir de la famille, des amis, de sortir, etc. Cela va être très lourd psychologiquement, car cela signifie que la crise sanitaire s’installe durablement et profondément dans la vie quotidienne et que celle-ci va être à nouveau complètement bouleversée, pour longtemps.

La première vague et le confinement n’avaient été considérés par la plupart des gens que comme un épisode passager et d’ailleurs le relâchement avait été terrible dès le printemps, puis pendant l’été. On paye actuellement le comportement de toute une partie du pays, notamment dans la jeunesse, qui n’a pas suffisamment joué le jeu, voire pas du tout pour certains.

On paye également l’incapacité de l’État à organiser le dépistage, avec des délais pour les tests et de campagnes de suivis des cas contacts qui sont désastreux, particulièrement en région parisienne.

Toujours est-il que les faits sont là et face à des chiffres indiscutables, le gouvernement est maintenant obligé de frapper fort, ou en tous cas relativement fort, pour tenter de limiter les dégâts. Emmanuel Macron espère pouvoir empêcher un nouveau confinement, qui mettrait définitivement par terre le capitalisme alors que la crise économique, si elle ne semble pas encore très visible, est déjà au cœur des préoccupations des personnes ayant un regard sérieux sur les choses.

Il est difficile de savoir comment les nouvelles mesures seront respectées, organisées, surveillées. Ce qui est certain par contre, c’est que cela va profondément chambouler la vie du pays et particulièrement la vie culturelle, qui est déjà affectée de manière dramatique depuis mars derniers. Après un printemps étrange et un été vécu qu’à moitié, la France se dirige maintenant vers un hiver long et douloureux. C’est une étape de plus dans un changement complet d’époque.

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«Les addictions en France au temps du confinement»

Psychologiquement, le confinement a été vécu très difficilement par beaucoup de monde. Ses effets restent également très importants. On se reportera ainsi avec d’autant plus d’intérêt vers l’évaluation des addictions pendant le confinement.

C’est l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies qui la fournit, venant de mettre en ligne le numéro de septembre, au format PDF, de Tendances, à retrouver ci-dessous :

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Le MMA en France, entre télé-réalité, jeu télévisé et show business

Relevant techniquement du sport, le MMA relève surtout du capitalisme excitant le malsain, le grotesque, le sanglant, pour fasciner et faire consommer.

Si on avait dit aux Français en 1990 que la télé-réalité serait particulièrement implantée en France et que le MMA serait officiellement reconnu par l’État, jamais ils ne l’auraient cru. Un pays comme la France se targue de culture et s’il y a une chose qui a toujours été claire, c’est le refus d’une américanisation de la culture.

On sait en effet qu’aux États-Unis, un pays d’immense culture, le capitalisme a largement contaminé la plupart des espaces d’expression. Un marché immense, des investissements lourds disponibles, une infantilisation significative… ont fait des États-Unis un exemple de l’abrutissement des masses.

Nombreux sont les films dénonçant cette tendance au spectacle vide de sens et corrupteur des esprits, jouant sur le malsain et le grotesque pour attirer l’attention, captiver. On peut citer Running man en 1987 avec Arnold Schwarzenegger, satire humoristique des jeux du cirque modernes, où un individu est traqué par des tueurs devant les caméras.

Ce film s’appuie d’ailleurs sur le bien plus sombre Le Prix du danger, film franco-yougoslave de 1983 avec Gérard Lanvin et Michel Piccoli. Il y a également Le jeu des millions, un film des années 1970 qui suit le même principe.

Le Prix du danger a énormément marqué les esprits alors en France, ou plus exactement il avait puissamment troublé de par la dimension de ce qu’il présentait. Il a été un véritable marqueur culturel, un véritable traumatisme à l’échelle de la société.

Mais les gens ont considéré alors que c’était une allégorie, que jamais les médias n’iraient vraiment dans cette direction, avec de la télé-réalité, des actions scénarisées par les producteurs, avec une obsession pour la violence, le sang. N’y avait-il pas une Gauche pour bloquer tout cela ? La France n’était-elle pas un pays où la culture est centrale, où le respect de la dignité humaine est une valeur sacrée ?

Et pourtant la direction a bien été prise. La reconnaissance du MMA en France témoigne du nivellement par le bas par rapport à cette époque ; ce qui semblait une exception est désormais la règle. Les Français ne valent pas mieux que les Américains : ils consomment ce qu’on leur propose. Des produits sucrés aux hamburgers, du MMA à la télé-réalité, même si c’est stupide cela plaît et cela permet de passer le temps.

Dans le capitalisme, tout ne sert plus qu’à cela d’ailleurs, passer le temps. Rien ne reste. Tout est jetable, jusque le partenaire dans les couples. Et, forcément, dans une telle logique de marché, il faut en rajouter toujours plus.

Tout comme la pornographie va toujours plus loin dans l’étrange et le violent, on a donc désormais le MMA, avec des combattants forgés pour la télévision, cognant pour la télévision, gladiateurs des temps modernes occupant les esprits, qui comme cela évitent les vraies questions et la culture.

Le MMA est un sport, disent ses partisans, mais le but est de passer à la télévision, d’accrocher les esprits par la violence, de provoquer des émotions malgré soi, de contribuer au show business avec tout une mise en scène avant et après les combats.

Le MMA en France, c’est un mélange de télé-réalité, jeu télévisé et show business, qui passe par le plaisir de cogner quelqu’un d’autre et de le montrer. C’est de la barbarie mais moderne, conforme aux valeurs et aux besoins du capitalisme.

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Vitry-sur-Seine: la honte d’avoir accueilli le premier combat officiel de MMA en France

Le premier combat officiel de MMA de l’histoire en France a eu lieu jeudi 8 octobre 2020 à Vitry-sur-Seine, une ville censée être de gauche, dans une salle portant le nom de Maurice Thorez, une figure incontournable de la Gauche française. La honte est totale.

Le MMA est un « sport » indéfendable. Ce sont les jeux du cirque romains, version spectacle à l’américaine ultra moderne, calibrés pour la télévision avec derrière des entreprises pesant une fortune. La démarche, c’est de placer deux brutes hautement formées aux techniques de combat dans une arène (un octogone), avec le droit à quasiment tous les coups (y compris les étranglements et les frappes d’un adversaire au sol) pour se défigurer l’un l’autre.

La ville de Vitry-sur-Seine en banlieue parisienne se couvre de honte en accueillant un tel spectacle dans sa salle municipale, pour une première en France. Il faut bien voir ici que cela ne tombe pas du ciel, car il y a toute une scène locale du MMA à Vitry-sur-Seine et aux alentours, et ce sont là des villes gérées par le PCF depuis des années (malgré les récentes péripéties).

Il y a eu du MMA à la Fête de l’Humanité en 2019 et la FSGT, une fédération sportive liée culturellement au PCF, défend depuis longtemps la légalisation du MMA. D’ailleurs, la FSGT s’était portée candidate pour être la fédération de tutelle du MMA, légalisée par Emmanuel Macron et ce n’est pas pour rien, puisqu’on retrouve l’idée du marché roi, de la sortie par le haut des pauvres au moyen d’un investissement dans et pour le marché, etc.

C’est une illustration de la terrible décomposition du PCF et de la Gauche en général, qui ne pèse plus rien dans le pays mais ne survit que par un populisme racoleur. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : le PCF, et tous les gens tournant autour, s’imaginent populaires en mettant en avant le MMA.

En fait, ils cèdent à toute une mentalité banlieusarde parisienne, quasi unilatéralement masculine, et extrêmement réactionnaire sur le plan culturel. Cela est d’autant plus terrible que la mouvance du PCF sert ici de fer de lance à une démarche ultra-capitaliste qui se lance et compte bien s’implanter par tous les moyens possibles.

Les combats de Vitry-sur-Seine du 8 octobre 2020 ne sont en effet qu’une mise en jambe, pour ensuite lancer véritablement tout le business du MMA en France. Il y a d’abord des petits combats, des petites organisations puis bientôt viendra le mastodonte commercial UFC qui raflera la mise de ce juteux business.

C’est d’ailleurs Cyril Gane qui l’explique le mieux, lui qui est l’un des seuls Français pratiquant le MMA en étant sous contrat avec l’UFC :

« L’UFC va arriver, elle laisse les organisations mineures faire connaître ce sport aux Français avant de débarquer. C’est une stratégie. Mais tout le monde attend l’UFC. »

Dès le samedi 10 octobre, un « gala » est d’ailleurs organisé à Paris Bercy et on a la ministre des sports elle-même qui s’investit directement dans ces organisations.

On a donc eu, en pleine crise sanitaire et alors que Paris dépasse le seuil d’alerte maximale, 600 personnes dans une salle « Maurice Thorez » qui viennent voir des gens s’écharper, sous les yeux de la ministre d’Emmanuel Macron acclamée.

Tout cela est terriblement décalé, hors sujet, en dehors du temps… ou plutôt totalement conforme à la décadence d’une époque, des mœurs, du capitalisme.

> Lire également : Du pain et des jeux: la Fédération de boxe organise la légalisation du MMA

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Le sondage IFOP «les Français et l’IVG»

Alors que le gouvernement compte allonger le délai pour la possibilité de réaliser un IVG, de 12 à 14 semaines de grossesse, un sondage rappelle ce qui est évident : personne ne considère l’IVG comme un acte banal.

C’est l’histoire d’un hold-up par les libéraux. On connaît l’escroquerie qu’est l’assimilation des migrants aux réfugiés, on a pareillement l’assimilation du droit à l’avortement à l’acceptation de l’avortement comme un acte totalement banal. Cette assimilation est un hold-up car elle s’appuie sur une situation socialement misérable pour imposer comme seule solution le « choix » relevant du marché.

Or, l’avortement n’est pas un acte banal et ce pour une raison très simple : le fœtus se développe très rapidement. À 6 semaines, l’embryon mesure 5 mm. Mais à sept semaines, ses bras commencent à se former ; à dix semaines il a des yeux, un nez, une bouche, ses doigts sont séparés, ses orteils commence à former, il bouge d’ailleurs ses membres. À 14 semaines, il fait 8,5 cm ; à 22 semaines, il fait 19 cm.


Un fœtus âgé à trois mois de grossesse

On comprend donc que, forcément, un médecin n’ait pas obligatoirement envie de prescrire des médicaments pour dissoudre le fœtus ou d’utiliser un aspirateur pour le désagréger et balancer le tout à la poubelle, car c’est ainsi que cela se passe. Ce n’est pas une question « religieuse » comme le prétendent les libéraux, mais une question de rapport à la vie et à la nature. Le fameux serment d’Hippocrate de la Grèce antique interdit de mener un avortement ; le fondateur du Front de Libération Animale (ALF), Ronnie Lee, se définit logiquement comme « pro life » puisqu’il se positionne en la défense de toute vie.

La Gauche historique n’a d’ailleurs somme toute jamais vu les choses autrement. C’est le libéralisme, transformant la vie en matière consommable, qui a changé les mœurs. Les Français sont ainsi travaillés au corps, mais ils restent heureusement au fond cohérents au sujet de l’avortement : malheureusement on ne peut pas faire autrement parfois, donc il faut accepter l’avortement, mais si on peut éviter tant qu’à faire, c’est mieux.

C’est là qu’intervient le sondage IFOP, dans un contexte de prolongation de la durée de la possibilité l’IVG de 12 à 14 semaines de grossesse, comme escroquerie religieuse. Ce sondage pose d’ailleurs les mêmes questions qu’un sondage IFOP de 2016 et relève pareillement d’une enquête demandée par l’Alliance Vita, le prolongement de la « manif pour tous ».

Les questions sont en effet biaisées de telle manière à ce que l’avortement ne soit pas considéré comme une question naturelle et sociale, pour faire croire que les Français seraient en partie en phase avec le mysticisme catholique.

Le processus est le suivant. D’abord on fait passer aux personnes sondées le message qu’il y a 230 000 avortements en France, au moyen d’une question bidon. Le nombre est immense et frappe forcément.

Puis la personne sondée est amenée indirectement à prendre partie au moyen d’une question à la réponse évidente :

« Pensez-vous qu’un avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes ? »

Une fois la personne sondée interpellée et mobilisée, on lui pose une question piège. Voici cette question :

« Pensez-vous que la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) ? »

La question est ordurière, littéralement, car on ne sait pas s’il s’agit d’éviter l’IVG en amont, par une meilleure contraception pour les femmes, une contraception masculine… ou s’il s’agit de nier la réalité sociale de l’IVG et de la réfuter unilatéralement, donc religieusement. Ici on a 72 % de oui car les gens ayant un problème avec l’avortement, mais ayant conscience des réalités sociales, sont happées dans une négation abstraite.

Vient alors le coup de massue catholique, avec l’appel à une intervention programmatique sur une base catholique forcément :

« A ce jour, le livret officiel d’information remis aux femmes enceintes qui consultent en vue d’une IVG, comporte uniquement des indications sur les démarches pour avorter. Une proposition a été faite pour modifier ce livret en y intégrant le détail des aides aux femmes enceintes et aux jeunes mères comme cela était fait jusqu’en 2001. Êtes-vous très favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou très opposé à cette proposition d’intégrer dans ce livret officiel le détail des aides aux femmes enceintes et aux jeunes mères ? »

On a alors 84 % de oui ce qui donne une « légitimité » à l’Alliance Vita pour demander, forcément, à avoir une influence sur un tel livre officiel. Puis le sondage termine par une question visant à asseoir sur une base pseudo-démocratique cette pseudo légitimité :

« La France détient un taux élevé d’avortement soit une IVG pour un peu plus de trois naissances. Pourtant la France est l’un des pays du monde où les femmes ont le plus recours à la contraception. Si les pouvoirs publics lançaient une véritable prévention de l’avortement et conduisaient une étude pour analyser les causes, les conditions et les conséquences de l’avortement, y seriez-vous personnellement… ? »

On a ici 88 % de réponse favorable, ce qui est tout à fait en phase avec le point de vue démocratique consistant à dire : l’avortement, oui, mais si on peut éviter…

L’avortement est d’ailleurs un thème exemplaire. Les gens ont une opinion, formant une opinion démocratique, mais les seuls à s’exprimer sont les religieux fanatiques et les libéraux (qu’ils soient de droite, bobos de gauche ou d’ultra-gauche) pour qui un fœtus est un objet dont on peut faire ce qu’on veut.

Ce qui donne des situations intolérables, avec des attentats contre les médecins pratiquant l’avortement aux États-Unis, ce qui est un terrorisme directement dirigé contre les femmes, ou bien un avortement jusqu’à 24 semaines de grossesse au Royaume-Uni, ce qui est totalement fou quand on sait à quoi ressemble un fœtus à 24 semaines.

Vivement que le peuple s’affirme, enfin, et ne laisse plus la parole seulement aux religieux et aux libéraux. Il en va de la condition féminine : le peuple doit appuyer matériellement les femmes, c’est à lui d’organiser une société où le meilleur ressort toujours.

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Société

Les 30 arguments du mouvement du Nid contre la prostitution

La prostitution est une véritable barbarie, une des pires expressions du patriarcat. Que des hommes puissent s’acheter le corps d’une femme (ou d’un jeune homme) est inacceptable pour la Gauche, la vraie gauche, celle du mouvement ouvrier, qui porte en elle le progrès social et culturel, et donc la morale populaire.

Tel n’est pas le point de vue de l’ultra-gauche et de toute une frange de la fausse Gauche, mais vraie libérale, qui défend la prostitution comme un soi-disant « travail du sexe ». Le mouvement du Nid, une organisation historique du féminisme, a produit une série de 30 questions/réponses qui ont pour but de synthétiser toute l’approche féministe opposée à la prostitution.

Cela mérite d’être connu, car la prostitution est très répandue dans notre société et elle dispose de nombreux défenseurs, parfois acharnés, parfois se prétendant « de gauche ».

Les 30 questions/réponses sont à consulter directement sur le site du mouvement du Nid en suivant ce lien :

https://mouvementdunid.org/prostitution-societe/dossiers/nos-30-arguments-en-faveur-de-labolition-de-la-prostitution/

Voici à titre d’exemple les deux premiers arguments, qui sont essentiels :

« — La prostitution, c’est une affaire privée qui regarde d’abord les personnes prostituées. Certaines aimeraient surtout qu’on les laisse tranquilles.

– — Reconnaître la « liberté » des personnes prostituées, leurs raisons personnelles, semble partir d’un bon sentiment. Faut-il pour autant valider un concept de «liberté de se prostituer» qui, sous couvert de vie privée sert d’abord les intérêts de ceux qui profitent de la prostitution : proxénètes et « clients ».

Devenus de respectables acteurs économiques dans certains pays, ils ne demandent pas mieux qu’on les laisse, en toute tranquillité et en privé, fournir et consommer des femmes.

Les défenseurs du système prostitueur, en nous qualifiant de putophobes, déplacent le curseur pour faire oublier que les abolitionnistes s’attaquent aux proxénètes et aux « clients » prostitueurs et non aux personnes prostituées !

Nous combattons toute forme de répression des personnes prostituées, et jamais nous n’intervenons sur la sexualité des personnes dans leur vie privée. Mais la prostitution ne relève pas de la vie privée : il s’agit d’un marché, d’une institution sociale qui affecte les rapports femmes/hommes et la société dans son ensemble. Et nous pensons que les personnes prostituées sont douées de compétences plus profitables pour la société comme pour elles-mêmes.

« — Il y a d’autres priorités. Il vaudrait mieux lutter contre la pauvreté et le chômage.

– — En période de crise, des personnes de plus en plus nombreuses et de plus en plus jeunes en sont réduites à devenir prostituées: c’est une véritable négation de leur droit à l’emploi, du droit à vivre libéré de la pauvreté et de la précarité. Ces situations de prostitution, résultantes des acci- dents de la vie, de problèmes économiques et sociaux dont on sait combien ils sont démultipliés par les inégalités sexistes, doivent être considérées au même titre que toutes les autres formes d’extrême pauvreté. Quelle politique globale en faveur de l’emploi, de la dignité et de l’égalité oserait les laisser dans l’ombre ? »

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Ragwear, un streetwear vegan normal et donc classe

La marque allemande Ragwear est à la fois ouverte et exigeante ; elle réussit à ouvrir un chemin pour le moins incontournable.

Ragwear est une marque allemande qui est assez proche de l’esprit d’iriedaily, mais sans la prétention alternative, ce qui amène paradoxalement un style beaucoup plus grand public et accessible, avec un esprit même peut-être plus authentique, parce que plus simple, plus neutre, sans agressivité.

Fondée en 1997 sur une base streetwear liée à la culture skate, la marque s’est aperçue des conditions terribles qu’implique la production de denim en Afrique en termes de conditions de travail et de pollution de l’eau. Elle a alors tout changé et en 2007 elle est devenue une marque strictement vegan accordant une place essentielle au refus de polluer.

Comme chez Iriedaily, on a pareillement sur Facebook les photos des travailleurs chinois produisant les habits ainsi que des lieux de travail, des employés, mais chez Ragwear on a également régulièrement des photos d’animaux, avec également des appels aux dons, la marque parrainant également une vache arrivée dans un refuge spécialisé pour vaches, etc. On est davantage dans une modernité vegan que dans un style branché urbain comme fin en soi.

Cela implique bien entendu un style moins tranché, moins cassant sur le plan graphique, mais de ce fait quelque chose de moins masculin urbain. La touche féminine est marquée et il est intéressant de savoir que les designers se trouvent à Prague, ce qui joue certainement sur le côté neutre et fleuri.

Cela interpellera forcément, parce qu’on sort clairement de la course au bizarre ou au grotesque qui est le pendant de la compétition au sein du streetwear, puisque le principe sous-jacent est de se faire remarquer en ville. C’est toute la difficulté de la question du style alors que le capitalisme corrompt les designers et les gens en général, imposant une fuit effrénée dans le remarquable. Ragwear se sort de cette problématique par un côté clairement tourné vers les gens normaux et par un souci fondamental : celui d’être sympathique et du bon côté.

Ragwear produit des t-shirts manches longues et courtes, des chemises, des sweatshirts, des blousons, des robes, des hauts et des pantalons ; on notera que son site dispose d’une version en français, ce qui est valable pour les sympathiques articles du magazine.

La marque mérite clairement d’être connue en France et il est évident qu’elle le sera, parce qu’elle propose ce qui est tout à fait dans l’air du temps. L’exigence posée par Ragwear correspond à quelque chose de tout à fait populaire : simple et vegan, urbain mais sans pousser à une distinction artificielle. Ce qui est classe, somme toute.

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La critique féministe de la GPA en Espagne (interview)

En Espagne, le mouvement féministe est à la pointe de la critique de la GPA, un exemple que la France doit suivre. Nous nous sommes entretenus avec Berta O. García (@Omnia_Somnia sur Twitter), une féministe radicale espagnole, membre de la RECAV (Red Estatal Contra el Alquiler de Vientres), un récent réseau de 50 organisations et groupes de femmes contre la légalisation de l’exploitation reproductive et le commerce de bébés en Espagne. Elle fait également partie du bureau de la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS).

1) L’Espagne est leader européen de la reproduction assistée, comment cela amène-t-il la question de la GPA ?

Il est vrai qu’en Espagne, on effectue des traitements qui n’existent pas dans d’autres pays ou qui sont réglementés d’une autre manière. Ici, par exemple, le don anonyme de gamètes est autorisé, « compensé » financièrement, ce qui est interdit en Italie, en Suisse, en Autriche et en Allemagne ; dans d’autres pays, comme la Suède et le Danemark, l’ovodonation (don d’ovule) est considérée comme une pratique dangereuse pour la santé et il est seulement permis d’utiliser ses propres ovocytes ou les restes d’autres femmes ayant subi une fécondation in vitro.

En Espagne, il est également possible de réaliser le test génétique préimplantatoire (PGT-A), qui n’existe pas dans d’autres pays, ou la méthode «Ropa» (réception d’ovules en couple), par laquelle deux femmes participent activement au processus de procréation, l’une fournissant à l’autre les ovules pour être inséminés avec le sperme du donneur, et l’embryon implanté par FIV. La législation espagnole permet également aux femmes seules ou non-mariées d’avoir accès aux traitements de fertilité.

Tout cela place l’Espagne à la tête de l’Europe dans ce type de traitement et en fait une destination de tourisme de reproduction.

Le revers de la médaille est que la mainmise d’entreprises privées sur l’ovo« donation », en réalité rétribuée à hauteur d’environ 1000€, pousse de nombreuses jeunes filles, notamment étudiantes à céder aux ambitions des cliniques privées et à subir des traitements hormonaux très agressifs pour stimuler leur production d’ovocytes. De plus, l’extraction par ponction chirurgicale du liquide folliculaire qui contient les ovules, sous sédatif, est non sans risque.

Il y a des filles qui sont soumises plusieurs fois à ces procédures agressives, ce qui suppose une véritable exploitation reproductive, bien que plus cachée et moins évidente que la mal nommée maternité de substitution.

Paradoxalement, les patientes qui viennent dans les cliniques pour résoudre leur infertilité sont dissuadées de subir ces traitements parce qu’il s’agit d’une véritable bombe hormonale.

Ensuite, il y a les femmes bénéficiaires, pour la plupart des femmes qui ont été contraintes de retarder la maternité pour des raisons professionnelles. Il existe d’ailleurs de grandes entreprises telles que Google, Facebook, Apple, Úber, Spotify qui encouragent leurs employés à retarder l’âge de la maternité et financent la cryoconservation des ovules. Cette pratique a déjà atteint les entreprises espagnoles.

La majorité des fécondations in vitro en Espagne ne sont plus réalisées pour des raisons de maladie, mais pour des raisons « sociales », c’est-à-dire l’âge de plus en plus avancé des femmes qui décident de devenir mères se soumettant à la pression exercée par les entreprises pour que la productivité des travailleuses ne soit pas interrompue par la maternité. Si l’on ajoute à cela la pression sociale que les femmes subissent pour devenir mères, le tableau est décourageant.

Il y a environ 400 cliniques de fertilité en Espagne, nous sommes le deuxième pays au monde, après les États-Unis, en nombre de cliniques. Elles ne nécessitent pas beaucoup d’investissements et les bénéfices sont très juteux. La sécurité sociale couvre également ces traitements, mais avec des restrictions, et le temps d’attente est généralement compris entre 1 et 4 ans, de sorte que la plupart des patients optent pour les cliniques privées.

Il est évident que les cliniques seraient les premières intéressées à proposer la maternité de substitution, mais la loi espagnole sur les techniques de procréation assistée n’inclut que les techniques qui remplissent les conditions d’accréditation scientifique et clinique, et le fait d’utiliser une femme pour porter et accoucher un bébé sur commande et par contrat afin de le donner à un tiers n’est pas une technique.

Cela doit être très clair, car dans la plupart des règlements existants et dans la plupart des propositions législatives, cette erreur est commise. Aucune société scientifique-médicale n’approuve cette pratique en tant que technique de procréation assistée. La loi espagnole déclare « nul le contrat par lequel la gestation est convenue, avec ou sans prix, à la charge de la femme qui renonce à sa filiation maternelle en faveur du contrat.

2) Y-a-t-il une actualité politique pour la légalisation de la GPA? Si oui, peux-tu développer par qui c’est porté ?

Il y a quelques années, le sujet de la maternité de substitution n’apparaissait que dans les magazines de type people quand une célébrité avait acheté un, deux ou quatre bébés.

Il existe plusieurs associations très actives en faveur de la maternité de substitution et des acheteurs de bébés à l’étranger. Ces associations ont inspiré les propositions législatives du parti politique Ciudadanos (Citoyens) en 2017 et 2019, mais aucune d’entre elles n’a été soumise au débat du Congrès des députés. De plus, il n’a obtenu que 10 représentants au Congrès lors des dernières élections générales, il est donc en nette minorité pour faire avancer une éventuelle nouvelle proposition législative.

En revanche, du fait de la reconnaissance des bébé nés par GPA à l’étranger depuis 2010, il y a un terreau à la formation d’associations de défense de la maternité de substitution. Une initiative législative populaire a ainsi été lancée par l’Association pour la Légalisation et la Régulation de la GPA en Espagne mais les 500 000 signatures nécessaires n’ont jamais pues être obtenues.

3) Quelle opposition à la GPA en Espagne ?

Les deux partis qui gouvernent actuellement en coalition, PSOE et Podemos, se sont récemment déclarés contre la légalisation de la maternité de substitution et cela se reflète dans leur engagement au gouvernement.

Cependant, l’enregistrement d’un enfant né à l’étranger « grâce à des techniques de substitution » est possible à condition qu’il y ait une résolution judiciaire déterminant la filiation du nouveau-né comme fils ou fille des mandants, sans aucune référence à la mère qui l’a mis au monde. Ce type de décision de justice est rendu aux États-Unis et au Canada, effaçant la mère et accordant légalement la paternité/maternité aux « parents intentionnels », un concept très curieux et fictif, puisque ces personnes sont reconnues par une décision de justice comme parents avant même la naissance du bébé.

Ainsi, sans volonté politique de renverser cette simple instruction, nous ne pouvons pas dire qu’il y a vraiment un engagement du gouvernement contre l’exploitation reproductive et le commerce de bébés en général.

4) Comment se positionne le mouvement féministe au sujet de la « maternité de substitution » ?

Le féminisme est abolitionniste de toutes les pratiques qui impliquent l’exploitation des femmes, qu’elle soit sexuelle ou reproductive. Il y a donc toujours eu des voix contre la GPA et en 2014 un arrêt de la Cour suprême souligne cela en rendant inefficace l’instruction de 2010.

Mais celle-ci étant toujours appliquée dans les faits, des agences d’intermédiaires entre les cliniques pratiquant la GPA à l’étranger et les parents/clients, se sont multipliées sous couvert d’agences de voyages, agences immobilières etc.

C’est en 2015, que le manifeste No Somos Vasijas (« Nous ne sommes pas des réceptacles »), rédigé par un groupe d’académiciennes et des juristes a vu le jour. Le nom fait référence à la conception de la reproduction selon Aristote, pour qui la femme était un être incomplet qui ne servait qu’à « cuire » la matière fertile de l’homme.

Ce manifeste a été un véritable phare sur ce marasme d’un point de vue féministe, alors que les principales forces politiques de l’État de l’époque avaient soutenu la demande de régulation des associations. Les médias ont aussi consacré des pages et des pages et des heures de programmation pour parler de cette pratique et de ses protagonistes les plus connus et les plus populaires, afin que l’opinion publique soit touchée par tant « d’amour ».

Envers et contre tout, mais avec la force de la raison féministe, des conférences, des séminaires (…) ont commencé à être programmés, des articles, des études, des analyses et des essais féministes ont commencé à proliférer, analysant toutes les facettes et les contours de cette nouvelle forme d’exploitation des femmes et de vente d’êtres humains.

Le travail de sensibilisation a été énorme, grâce aux médias numériques, aux sites web et aux blogs féministes, mais aussi grâce à un activisme féministe très combatif dans les réseaux sociaux.

La première foire Surrofair organisée à Madrid en 2016 avait été dénoncée au ministère public par le Parti féministe pour avoir encouragé la traite des êtres humains. En 2017, la deuxième édition de Surrofair a été le déclencheur qui a appelé des dizaines d’organisations féministes faisant partie du RECAV à la première protestation en face à face contre la marchandisation des femmes et des bébés et contre la réglementation de cette pratique en Espagne.

La même année, le comité de bioéthique a publié un rapport sur les aspects éthiques et juridiques de la maternité de substitution et a proposé de promouvoir au niveau international un cadre réglementaire commun qui interdirait la conclusion de contrats de maternité de substitution.

En 2018, la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS) a été créée en France, avec une présence dans 12 pays, les organisations regroupées au sein de RECAV et du collectif We Are Not Receptacles (Nous ne sommes pas des réceptacles) ont rejoint cette coalition.

De nombreuses actions ont été entreprises par des groupes féministes ces dernières années et le message a été transmis à la société : la pratique connue par euphémisme sous le nom de « maternité de substitution » est l’exploitation reproductive des femmes et la vente de personnes, une attaque contre les droits humains et les droits des enfants, et est incompatible avec les droits fondamentaux contenus dans notre Constitution.

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Deuxième vague covid-19: on s’enfonce dans la catastrophe

La seconde vague de covid-19  est bien là dans le pays, avec un taux de positivité, principal indicateur de la reprise épidémique, qui ne cesse de grimper. Dans certaines zones, les services hospitaliers commencent à être sous pression, alors que l’État s’enfonce dans sa propre décomposition dans un pays en pleine pagaille organisationnelle…

Au premier jour de confinement, le mardi 17 mars 2020, la France comptait 1 097 nouveaux cas pour 699 personnes en réanimation et 27 décès. Alors qu’on recense un peu plus de 5 000 lits de réanimation dans le pays, on comptait au soir du dimanche 27 septembre 11 123 nouveaux cas (14 412 samedi) avec 6 235 hospitalisations, dont 1 112 en réanimation. Sur les sept derniers jours, on compte 376 décès.

Avec un taux de positivité de 7,2 %, soit le nombre de tests positifs sur l’ensemble de ceux effectués, la France s’enfonce dans ce qu’on doit considérer, d’une manière ou d’une autre, comme une seconde vague. En tenant compte de la pression sur le système hospitalier, on estime qu’un taux de positivité de 10 % nécessite un nouveau confinement de la population. Par exemple à Aix-Marseille, ce sont 40 % des lits de réanimation qui sont occupés par des malades du covid-19 (113 personnes pour 281 lits).

La crise sanitaire s’abat sur le pays, sans que rien ne s’active réellement dans l’organisation et la préparation de celle-ci. Cela est d’autant plus inquiétant qu’une étude publiée dans « Physics of fluids » montre que la transmission du coronavirus est facilitée par l’humidité, l’automne étant précisément marquée par de telles conditions météorologiques.

Il n’y a pourtant aucune fermeté dans l’action de l’État, et cette absence de fermeté n’est que le reflet de la pagaille d’un régime coupé de la société. Car, si les uns disent que les mesures visant à limiter voir à fermer bars, restaurants, salles de sports, sont de « trop », d’autres comme Patrick Bouet, président de l’Ordre des médecins, pensent l’inverse. Voici ce que ce médecin a dit au Journal du Dimanche :

« Mercredi, (le ministre de la Santé) Olivier Véran a choisi un langage de vérité mais il n’est pas encore allé assez loin. Il n’a pas dit que, si rien ne change, dans trois à quatre semaines, la France va devoir affronter, pendant plusieurs longs mois d’automne et d’hiver, une épidémie généralisée sur tout son territoire »

Il a ajouté très justement que l’été aurait du être le moment de « mettre en œuvre un processus de retour d’expérience », avec « des réunions au ministère de la Santé avec tous les acteurs de la crise ». Par ces propos, Patrick Bouet confirme bien que l’État est dépassé, qu’il représente quelque chose de complètement déliquescent.

Mais est-ce vraiment étonnant si l’on se souvient qu’au mois de juin, Jean-François Delfraissy, président du Conseil Scientifique affirmait qu’il fallait laisser « les choses s’ouvrir, les gens vivre, mais en respectant les mesures barrière » ? N’appelait-il pas à dissoudre ce même Conseil scientifique ? Comment faire confiance au ministre de la santé, Olivier Véran, qui dit en réponse à un éventuel re-confinement « anticipé » pour assurer les fêtes de fin d’année :

« Je ne suis pas fana de la prédiction, mais de l’anticipation (…) Je ne me projette pas dans deux mois, mais au jour le jour ».

Cela dit, le pays est incapable de se saisir pour prendre en main les questions d’organisation et attend passivement les consignes d’en haut qui sont naturellement prises avec distance, voire méfiance, du fait même de la désorganisation qui règne.

Ainsi, les restaurateurs en colère invoquent le flux de touristes de ce été dans la seconde vague de coronavirus, mais n’en ont-ils pas été les premiers bénéficiaires ? Où étaient-ils lorsqu’il eu fallu critiquer ce état d’esprit frivole et libéral cet été ? Le président du « Groupement national des indépendants l’hôtellerie, restauration et traiteurs » n’a t-il pas osé dire de manière scandaleuse que « la profession ne veut pas être sacrifiée sur l’autel du principe de précaution » ? Quelle mentalité anti-populaire, anti-collectiviste !

On a là toute l’irrationalité de la petite-bourgeoisie prise de panique. Mais le problème c’est qu’une partie de cet état d’esprit est répandu en France. Quiconque connaît l’histoire politique de ce pays, sait combien la mentalité du petit propriétaire est forte, formant le terreau à une contestation libérale-libertaire anti-État.

Les français sont d’une paresse politique sidérante et agissent sur fond de « L’Etat doit ceci, l’État doit cela », « l’État ne fait pas, je ne fais pas »… Alors oui, la gestion de la situation par l’État nous mène à la catastrophe. Mais toujours est-il que lorsque l’État nous entraîne dans le gouffre, il faut justement savoir se prendre en main, assumer la continuité de la collectivité, à la fois pour soi, pour les plus fragiles, mais aussi par solidarité avec le personnel soignant.

Le tableau de la gestion sanitaire fait froid dans le dos. D’un côté un État en profonde décomposition, ne reposant que sur quelques experts et hauts fonctionnaires coupés des gens, et de l’autre côté un pays qui n’en fait qu’à sa tête, pétri d’une mentalité petite-bourgeoise renforçant un déni collectif. C’est la pagaille générale et on court droit à la catastrophe.

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GRS: «Non à la privatisation des routes nationales!»

Communiqué de la Gauche Républicaine & Socialiste :

« Un décret lié à la LOM ouvre la possibilité de privatiser les Routes nationales : pour nous c’est non !

La presse a relevé le 18 septembre dernier qu’un décret relatif à la Loi d’organisation des mobilités (LOM) avait été publié le 15 août, en plein été pour échapper à l’attention, qui ouvre la possibilité de privatiser les routes nationales.

Le gouvernement poursuit l’extension du marché et cède à la rente privée un investissement public payé par les Français. Il répond ainsi à l’appétit des grands groupes privés qui profitent déjà de la privatisation des concessions autoroutières.

Ainsi l’État macroniste n’a pas la volonté de s’embarrasser de l’entretien correct de nombreuses portions de routes nationales et pour parvenir à ses fins explique qu’il n’en a pas les moyens. Cette stratégie est poursuivi depuis plus de 15 ans par tous les gouvernements qui se sont succédés : lorsqu’il ne transfère pas tout simplement aux départements certaines routes nationales (qui n’ont pas les moyens suffisants pour un entretien convenable), l’État choisit de négliger dramatiquement les milliers de kilomètres qui restent de sa responsabilité, qui souffrent ainsi d’un sous-investissement chronique et finissent par se dégrader.

L’État macroniste veut ainsi nous faire croire aux sirènes des sociétés concessionnaires privées d’autoroutes qui susurrent : « si vous nous confiez certaines portions, les derniers kilomètres avant l’autoroute, par exemple, nous les entretenons, nous investissons, et, en échange, vous prorogez nos contrats autoroutiers ».

Aucune leçon tirée du scandale des autoroutes“Or, l’allongement des durées de concession, c’est justement ce qu’il faut éviter, comme le démontrent le rapport de la commission d’enquête du Sénat rendu public également ce vendredi 18 septembre après 8 mois de travail intensifs. Selon les estimations de ce rapport, au moins deux des trois sociétés concessionnaires auront rentabilisé leurs investissements dès la fin de l’année 2022, alors que les contrats courent pour encore au moins dix ans. Prolonger la durée des concessions reviendrait à priver l’État de nouvelles recettes, car plus une concession est vieille, plus elle est rentable. Les dividendes versés aux actionnaires de ces sociétés privés sont d’ores-et-déjà conséquents, nourris par une gestion opaque des tarifs et des péages au détriment des usagers, qui n’ont aucun moyen de pression – pas plus que l’État qui s’en est volontairement privé. En effet, les contrats de concession accordés à ces grands groupes (Eiffage, Vinci, Abertis, pour les plus importantes) ont été négociées de dans un sens qui leur était particulièrement favorables et toute tentative pour remettre de l’ordre a été ajournée sine die, comme le démontre le scandale du fiasco de la mission d’information de 2014 dont le rapporteur socialiste Jean-Paul Chanteguet fut mis sur la touche pour avoir trop vertement critiqué les conditions dans lesquelles le gouvernement Hollande avait renouvelé en 2013 les concessions. La commission d’enquête sénatoriale a ainsi auditionné plusieurs ministres qui ont reconnu l’opacité de la gestion de ces contrats de concession, indiquant avoir été même écartés de certaines négociations.

Tout le monde s’accorde aujourd’hui à reconnaître que la privatisation des concessions autoroutières en 2005, décidée par le gouvernement de Dominique de Villepin, a été une gigantesque erreur. Pourtant la droite sénatoriale comme le gouvernement Macron et sa majorité refusent aujourd’hui de réparer cette erreur, invoquant le même argument (et le seul) qui avait justifié la privatisation en 2005 et le renouvellement des concessions en 2013 : « la dette » ! Ainsi Bruno Le Maire annonce sans examen au fond du coût réel des concessions un prix de 45-50 Mds €, ce qui serait selon lui trop cher pour la puissance publique. Ce prix doit être interrogé, au regard de l’opacité du dispositif et des pratiques des sociétés privées. Or nous l’avons tous constaté, l’argent n’est pas cher aujourd’hui pour la puissance publique : l’État vient d’emprunter plusieurs centaines de milliards d’euros sur les marchés et parfois à des taux négatifs. Ainsi investir pour racheter les concessions autoroutières, ce serait à la fois mettre fin à une rente indue pour des sociétés privées qui n’apporte aucun avantage pour les usagers et créer demain des recettes importantes pour la puissance publique ! Même la commission d’enquête sénatoriale pourtant largement orientée à droite estime qu’il est temps de “partager équitablement les profits futurs avec l’État et les usagers” et pour ce fait suggère de ne pas renouveler certaines concessions autoroutières.

Les péages ne doivent plus servir à nourrir les dividendes des actionnaires mais à financer le retour à la gestion publique des autoroutes et à améliorer le réseau et le service, avec trois axes prioritaires : l’aménagement du territoire, la transition écologique et la maîtrise réelle des tarifs et péages (donc la défense du pouvoir d’achat).

Cadeaux et idéologie

On ne peut qu’être consterné par ce refus obstiné de tirer les enseignements du scandale des concessions autoroutières. Pire, le gouvernement Macron est en train aujourd’hui d’engager une aggravation de la situation en étendant à tout ou partie de plusieurs routes nationales le modèle néo-libéral qui s’applique aux autoroutes.

Il s’agit évidemment pour le futur candidat à l’élection présidentielle de favoriser un peu plus quelques sociétés privées et parmi elles leurs principaux actionnaires, dont il pourra récolter le soutien en temps opportun, étant bien entendu qu’Emmanuel Macron sert depuis 2017 les intérêts d’une caste stato-financière et qu’il a vocation à poursuivre dans cette voie.

La rente de situation des sociétés concessionnaires et la récolte de dividendes seront donc dopées par ce nouvel abandon de la puissance publique au détriment des usagers et des citoyens : la mobilisation des gilets jaunes avait ainsi illustré combien l’augmentation coût des transports est insupportable pour les ménages des catégories populaires et même des « professions intermédiaires ». Après l’échec de la privatisation d’ADP (plus du fait de la crise sanitaire que de la mobilisation somme toute remarquable des citoyens contre celle-ci), les routes nationales sont l’un des actifs les plus facilement aliénables pour satisfaire les grands appétits privés.

Au-delà de ces seules considérations vénales, la logique devant nous revient à mettre au clou notre patrimoine pour répondre à une injonction idéologique dangereuse.

La privatisation des routes nationales, après celles des autoroutes, vise à réduire encore un peu l’emprise de l’État – donc notre mandataire collectif – sur la circulation dans notre pays. C’est ni plus ni moins qu’une forme nouvelle de régression sociale : nous revenons aux institutions de l’Ancien Régime, aux logiques d’aménagement de l’espace et aux régimes de circulation qui dominaient notre pays avant la Révolution de 1789 avec les « Fermiers Généraux » et les octrois. Cela implique une forme de transfert de la liberté de circulation des usagers – les citoyens – vers les entreprises – le marché. L’espace politique de notre pays se trouve ainsi un peu plus placé sous l’emprise et le pouvoir des acteurs du marché (oui contrairement à ce que d’aucuns ont pu laisser entendre le marché n’est pas désincarné) et un peu moins sous l’autorité du peuple, fondement de la souveraineté populaire, donc de la démocratie.

Par ailleurs, une fois de plus, le néolibéralisme, présenté comme une forme de modernisation de la vie économique, engage une régression de l’économie d’un pays pour deux raisons :

  • Premièrement, en restreignant l’accès à la circulation dans l’espace public, la privatisation de ces routes réduit l’activité économique en diminuant les échanges. Ce que le néolibéralisme présente comme une forme de modernité est, en réalité, une régression économique qui tend à réduire le volume des échanges soutenant l’activité économique du pays. Même le marché, finalement, se trouve restreint par ce qui nous est « vendu » comme un outil de son développement.
  • La seconde raison est son incidence sur la circulation elle-même et, au-delà, sur l’emprise de la circulation sur l’activité industrielle. En conduisant à une limitation du volume des échanges et donc, de l’intensité de la circulation, la privatisation des routes conduit, à terme, à une diminution de l’usage des moyens de transport. Dans le temps long, cette privatisation pourrait conduire à une réduction de la demande des acteurs des échanges et ainsi, au-delà, à une réduction de l’offre en moyens de transport des acteurs de l’industrie.

En conséquence, la Gauche Républicaine et Socialiste demande le retrait du décret « relatif aux conditions de classement de certaines sections de routes dans la catégorie des autoroutes ». Elle s’oppose radicalement à la privatisation des routes nationales, et réclame le retour de toutes les infrastructures de transport dans le giron public .

la puissance publique doit s’engager dans une logique de non renouvellement des concessions des sociétés autoroutières et préparer une renationalisation de l’ensemble des autoroutes qui permettra le retour à une gestion publique, sous une forme à inventer pour qu’elle puisse associer les usagers. »

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Une fin septembre marquée par une épidémie en expansion

La France n’a pas su gérer l’organisation des tests de détection du covid-19, les résultats arrivant trop tard, alors que l’État ne sait plus comment encadrer.

Les fonctionnaires des institutions sont à l’image de celles-ci : ils sont dépassés. Voici le message de Santé publique, l’agence nationale de santé publique, au 22 septembre 2020, avec une partie mise en gras pour bien comprendre ce caractère perdu, dépassé, déboussolé.

« Au 22 septembre 2020, 90 départements sont en situation de vulnérabilité :

– modérée : Aisne, Allier, Ardèche, Ardennes, Ariège, Alpes de Haute Provence, Aube, Aude, Calvados, Cantal, Charente, Corrèze, Deux-Sèvres, Dordogne, Drôme, Eure, Eure-et-Loir, Haut-Rhin, Hautes Alpes, Hautes Pyrénées Haute-Savoie, Haute Vienne, Loir et Cher, Lot, Lot et Garonne, Lozère, Mayenne, Mayotte, Meuse, Moselle, Morbihan, Nièvre, Oise, Réunion, Savoie, Seine Maritime, Somme, Territoire de Belfort, Vosges, Yonne

– élevée : Martinique, Guadeloupe (dont Saint Martin et Saint Barthélémy), Ain, Alpes-Maritimes, Aveyron, Bas-Rhin, Bouches-du-Rhône, Côte d’Or, Corse du Sud, Doubs, Essonne, Gard, Gers, Gironde, Guyane, Haute Corse, Haute-Garonne, Haute Loire,  Haute-Marne, Hauts-de Seine, Hérault, Indre et Loire, Loiret, Ille-et-Vilaine, Isère, Landes, Loire, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Marne, Meurthe et Moselle, Nord, Paris, Pas de Calais, Puy de Dôme, Pyrénées Atlantiques, Pyrénées Orientales, Rhône, Sarthe, Seine et Marne, Seine-Saint-Denis, Saône et Loire, Tarn, Tarn-et-Garonne, Val-de-Marne, Val d’Oise, Var, Vaucluse, Vienne, Yvelines

Afin de freiner la progression du virus SARS-COV-2, il est important de maintenir la stratégie « Tester-Tracer-Isoler » : chaque personne présentant des symptômes évocateurs de COVID-19 doit réaliser dans les plus brefs délais un test de diagnostic.

Dans l’attente des résultats, les personnes doivent s’isoler et réduire leurs contacts au strict minimum.

Cependant, l’allongement des délais de diagnostic pourrait se traduire par des mesures de contact tracing moins performantes du fait du retard à l’identification des cas et de leurs contacts et à la mise en place des mesures d’isolement et de quarantaine.

En l’absence de traitement curatif et de vaccin, il parait indispensable de renforcer les actions de prévention comprenant les mesures d’hygiène, de distance physique, la réduction des contacts (sans embrassade, sans serrer les mains) ainsi que le port approprié du masque. Ces mesures doivent être respectées par tous, y compris les plus jeunes.

Effectivement, si le risque de complication est faible chez l’enfant et le jeune adulte, ils contribuent à la diffusion du virus vers les tranches d’âge et les populations à risque de formes graves ainsi que le montre l’évolution de la situation épidémiologique de ces dernières semaines. »

Ce qui est fou, c’est que les fonctionnaires disent les choses telles qu’elles sont, avec un langage technocratique. Car leur propos, c’est de dire : en l’absence de tests (ou plus exactement de résultats de tests), il faut la distanciation sociale et l’hygiène. Ce qui nous ramène, grosso modo, à la situation juste avant le confinement.

Avant, on avait pas de tests. Maintenant, on en a, mais les résultats arrivent trop tard, avec le scandale en région parisienne de résultats parvenant une semaine après pour des gens ayant fait la queue pendant des heures ensemble qui plus est.

L’État est dépassé. Il y a officiellement plus de 30 000 morts (donc il faut ajouter un petit pourcentage « mis de côté »), mais l’État ne sait pas comment faire, malgré la nomination d’un premier ministre focalisé sur la question. C’est qu’il est porté par des couches sociales déconnectées du réel, dépassées, tout comme pour l’État américain, alors qu’il y a déjà 200 000 morts aux États-Unis.

Seule une mobilisation populaire peut réellement amener des décisions de fond qui soient tenables, applicables… et appliquées. Or, l’État ne le veut surtout pas, il veut des masses infantiles. Et il ne veut pas de décisions fortes, car il est pétri de libéralisme. Ce qui fait que non seulement la situation sanitaire est mauvaise, mais qu’en plus on a la démagogie de ceux vantant le régime chinois qui agit de manière terroriste sur la population pour résoudre le problème de la pandémie.

Il faut vraiment que la Gauche assume une analyse approfondie de la question sanitaire, afin de faire des contre-propositions réelles, propose un autre modèle étatique, fondé sur le peuple. C’est une proposition qui manque terriblement dans cette époque cruelle.

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Don du sang: les réserves sont faibles

 

La société connaît un grand décalage entre ce qui est possible matériellement et ce qui existe concrètement. La situation de l’Établissement français du sang en est un très bon exemple. Matériellement, il est normalement impossible de manquer de sang en France, tellement c’est facile de le récolter, tellement les capacités d’organisation des récoltes et de transfert de celles-ci sont grandes.

Pourtant, en pratique, l’EFS peine régulièrement à avoir suffisamment de réserves de sang pour les personnes hospitalisées. Sa seule stratégie est celle de la responsabilité individuelle, ne tablant que sur le bon vouloir de quelques milliers d’individus donnant régulièrement leur sang. Cela donne souvent des crises ou les réserves atteignent un niveau alarmant… Et quand la situation générale est une crise, particulièrement une crise sanitaire comme c’est le cas actuellement, cela joue forcément sur les réserves de sang.

Ainsi, elles sont au plus bas en France et lors d’une conférence de presse le 21 septembre 2020, le président de l’établissement a expliqué que la situation est « extrêmement inquiétante », avec seulement 82 000 poches de sang contre près de 100 000 habituellement.

La crise du covid-19 est en cause évidemment, ayant « profondément désorganisé la collecte de sang», du fait de l’impossibilité de réaliser de nombreuses collectes habituelles (en entreprise, dans les universités, etc.) Mais cela ne peut être qu’un aspect, reflétant un problème plus général concernant l’organisation de la société elle-même.

En attentant, seule la responsabilité individuelle permet de faire face au manque de sang et il est donc fait appel aux donneurs, avec l’idée que :

« Donner une heure de son temps pour donner du sang peut sauver deux ou trois vies. »

Pour trouver un lieu de collecte, il faut se rendre à cette adresse sur le site de l’EFS :

dondesang.efs.sante.fr/trouver-une-collecte

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GPA: des milliers de bébés coincés en Russie

La situation est grave en Russie, comme en Ukraine, pour des centaines de nourrissons mis au monde pendant la fermeture des frontières. Ceux-ci sont abandonnés à leur triste sort par l’impossibilité de leur « parents d’intention » de venir les chercher.

La Russie avait fermé sa frontière le 30 mars… Et, jusqu’à maintenant, elle est restée fermée sauf exceptions qui ne comprennent apparemment pas le commerce d’enfants. Le nombre d’enfants nés pendant cette période est estimé à un peu moins de 1000, ce qui correspond à 6 mois d’accouchements.

La maternité de substitution révèle ici son vrai visage, un commerce, auquel s’adonnent des femmes ayant clairement un besoin pécuniaire. Pour une mère porteuse russe, cela rapporte l’équivalent en rouble entre 12 000 et 20 000 euros environ.

Les femmes seulement employées pour la grossesse, entrent accoucher dans les établissements de santé et confient à ce moment là l’enfant aux « parents d’intention » avant de reprendre le cours de leur vie.

Ne pouvant pas prendre le relais, les agences de mères porteuses doivent trouver des solutions et à partir de là c’est assez flou. C’est ainsi que des nourrissons sont pris en charge dans des orphelinats ou alors retrouvés dans des appartements, des hôtels, sous la surveillances de femmes dont on ne sait pas grand chose. Ainsi à Moscou, deux probables ressortissantes chinoises ont été trouvées avec cinq nourrissons de six jours.

En effet, parmi les couples clients de GPA en Russie, une majorité est chinoise. La crise démographique en Russie et en Chine, est un prétexte à l’ouverture de la traite d’enfant comme économie à part entière. En effet, en Russie, c’est depuis la chute de l’URSS que la population baisse. En Chine, les problèmes de fertilité chez les couples sont passés de 5 % à 12 % en 20 ans, à la fois pour des raisons médicales et à la fois de part le recul de l’âge de la première grossesse.

Il y aurait pourtant matière à s’interroger sur cette baisse démographique et baisse de fertilité, notamment avec une remise en question de la pollution de l’air, de la présence de perturbateurs endocriniens, de la foi en la société des gens ou de la pression capitaliste sur les vies personnelles.

Ces questions ne peuvent être soulevées que par des forces politiques voulant changer la vie, par les masses à la recherche un nouveau modèle de société. Elles ne peuvent pas être soulevée par la bourgeoisie qui ne fait qu’accompagner l’élargissement du capitalisme.

Les opposants à la GPA, à la traite des êtres humains, les défenseurs de la dignités humaines, doivent oser poser la question du socialisme, oser chercher à tout changer et pour cela aller à la rencontre des larges masses portant les valeurs d’émancipation.

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La Bellevilloise: de la classe ouvrière à goût pour le crime

Haut lieu de la socialisation ouvrière, la Bellevilloise est un bastion bobo et au contenu positif a succédé le vide bourgeois.

La Bellevilloise, dans le vingtième arrondissement de Paris, est désormais un « centre artistique et culturel avec café lumineux, expositions, projections de films, concerts et événements », c’est-à-dire un lieu de socialisation bobo, chic et cher, avec une prétention culturelle, de 2000 m2.

Initialement, le lieu est ouvert comme coopérative ouvrière en 1877, avant de devenir un très important lieu de socialisation ouvrière, avec un théâtre, un cinéma, des cours de musique, d’éducation physique, une bibliothèque, une université populaire, etc. C’est d’ailleurs officiellement une « Maison du peuple » à partir de 1910, le PCF y ayant l’hégémonie à partir de 1924 et y tenant son septième congrès en 1932. On a d’ailleurs la faucille et du marteau sur le fronton.

Et dans ce lieu relevant du mouvement ouvrier historiquement, voici ce qui s’y déroule, comme nous le raconte Le Parisien : pour 10-15 euros, on a des pervers écoutant des pervers, pour se délecter, comme dans dans les années 1920-1930, dans le goût et la fascination pour le crime.

« Un murmure d’effroi parcourt la salle parisienne de La Bellevilloise (20e), où quelque 250 personnes se sont entassées, masque sur le nez, pour écouter Marjorie Sueur énumérer, d’un ton détaché, des actes glaçants : « A la demande de son futur mari Paul Bernardo, Karla Homolka organise, le 23 décembre 1990, le viol de sa petite sœur Tammy, alors âgée de 15 ans. »

Ce mardi 1er septembre, la criminologue se penche sur les cas de deux couples de meurtriers dans une conférence intitulée « Les Secrets des serial killers ». Une fois éteints les murmures dans l’auditoire, Marjorie Sueur reprend de sa voix neutre :

« Durant la nuit, Paul viole et sodomise Tammy, droguée à son insu par sa sœur. La jeune fille est retrouvée morte le lendemain, étouffée dans son vomi. » Nouveau frisson d’horreur dans l’assemblée. »

Quelle honte pour la Bellevilloise. Quelle infamie même, que ces gens venant, à l’instar de la série Games of thrones, étaler leur intérêt pour le crime, l’horreur… par incapacité à promouvoir la beauté, l’harmonie, la nature. Les bourgeois sont vides, creux, humainement dépassés et se morfondent dans la tristesse, le glauque, le morbide.

Et cet étalage ignoble relève de toute une entreprise, puisqu’il s’agit de « Fever Talks » au contenu évocateur de l’idéalisme le plus délirant, de l’irrationalisme le plus marqué : « Quand l’esprit libère le corps », « Accéder à l’immortalité », « Connecte toi à ton potentiel », « Existence de mondes parallèles », etc.

C’est, au sens strict, l’exact contraire de ce que proposait la Bellevilloise depuis sa fondation jusqu’à la seconde guerre mondiale. La Bellevilloise, issu du mouvement ouvrier, proposait la joie de vivre, le goût pour le bonheur, l’optimisme du travail, la primauté de la vision collective, l’élan ouvrier.

Dire que dans un tel lieu, on a eu des bourgeois endimanchés s’imaginant ouvert sur le monde alors qu’ils ne trimballent que leur incapacité à vivre autrement que dans la superficialité ou le raccrochage à tout ce qui est morbide…

Cette incapacité à affirmer quelque chose de positif est par définition quelque chose qui relève de la classe. Les classes dominantes sont incapables de proposer quelque chose de positif. Elles n’ont que l’irrationnel, depuis les super-héros jusqu’aux assassins les plus pervers, le tout pour une pseudo complexité censée exprimer les profondeurs de « l’être humain » en fait totalement réduit à un consommateur isolé et aliéné.

Qu’attendent les couches populaires pour se révolter contre une telle décadence ?

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PS: «La 5G: progrès ou fuite en avant?»

La technologie 5G génère beaucoup d’interrogations, voire d’inquiétudes en France. Voici un positionnement intéressant de la part du Parti socialiste à ce sujet, exprimé sur un mode très rationnel typique de la Gauche française :

« La 5G : progrès ou fuite en avant ?

Depuis plusieurs années, des alertes sont lancées concernant la 5G. Certaines sont suspectes, relayées par les complotistes en tous genres. Mais ces derniers mois, les rapports scientifiques s’accumulent et les problèmes soulevés se multiplient.

Nombreux sont ceux qui réclament un moratoire sur le déploiement de la 5G en France, le temps d’étudier sérieusement toutes les conséquences de l’installation et de l’utilisation massive de cette technologie de communication. Des candidats et maires socialistes ont notamment pris position pendant la campagne municipale ou plus récemment dans une tribune.

Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure s’est exprimé à plusieurs reprises ces derniers mois en faveur d’un principe de précaution.

Car contrairement à ce que prétend Emmanuel Macron à travers des propos dédaigneux et tristement caricaturaux, réfléchir et débattre avant de déployer la 5G, ce n’est pas prôner la régression des civilisations humaines vers un nouvel âge de pierre, c’est au contraire exiger de comprendre si une évolution technologique est un véritable progrès humain.

C’est dans cet esprit que le secrétariat national du Parti socialiste lance un travail d’auditions d’experts et de concertations avec nos élus dans les territoires, pour :

  • démêler le vrai du faux sur les questions d’impact du déploiement de la 5G sur la santé, notamment dans les fréquences hautes (26GHz) pour lesquelles l’ANSES demande d’approfondir la recherche sur les effets sanitaires potentiels ;
  • examiner les aspects de consommation d’énergie et d’impact environnemental d’une utilisation nationale massive de la 5G ;
  • évaluer les expertises concernant les problèmes d’interférences avec des équipements importants, comme les installations météorologiques ;
  • comprendre les risques liés à la cyber-sécurité, en particulier pour les objets connectés, et assurer la protection des libertés individuelles et de la vie privée mais aussi les enjeux internationaux de sécurité liés aux technologies de la 5G ;
  • alors que certains territoires ne sont pas encore couverts par la 3G et la 4G, il est paradoxal de se focaliser sur la 5G. Il semble donc nécessaire d’engager une réflexion sur la fracture numérique territoriale, de s’assurer aussi des moyens mis en œuvre pour réduire la fracture sociale, et d’enfin envisager ces technologies de réseaux mobiles comme des outils d’aménagement du territoire ;
  • enfin, il convient d’engager un débat public avec la mise en place de consultations citoyennes sur les enjeux de la 5G dans les métropoles concernées.

L’évolution technologique n’est pas un but en soi. Voilà maintenant 30 ans que la révolution numérique a commencé, avec les prémices de l’Internet et de la téléphonie mobile. L’évolution exponentielle de ces technologies a bouleversé nos sociétés, nos vies, pour le meilleur et pour le pire.

Dès qu’une évolution technologique apparaît, elle est déployée, parce qu’il y a toujours des intérêts économiques et financiers qui rencontrent opportunément une aspiration légitime des êtres humains à un progrès technologique qui améliore ou facilite leur vie quotidienne. C’est seulement dans un deuxième temps qu’on mesure les conséquences négatives d’un déploiement précipité.

Voilà 20 ans qu’on court après la fracture numérique sociale et territoriale. On commence à peine à repenser le droit du travail dans le monde des plateformes numériques et du télétravail. On s’interroge sur la manière de traiter les addictions aux écrans chez les plus jeunes. On cherche depuis des années la ligne d’équilibre entre l’utilité du traitement massif des données et la protection de la vie privée. Les GAFAM font des profits considérables et atteignent des valorisations en bourse leur permettant de peser sur l’économie mondiale et d’investir massivement sans s’acquitter d’un impôt sur les sociétés à un niveau acceptable dans les pays où ces entreprises génèrent leurs profits. À titre d’exemple, la société AMAZON a investi près de 36 milliards de dollars en R&D en 2019, ce qui représente pour une seule entreprise l’équivalent du budget total du programme européen de financement de la recherche et de l’innovation Horizon 2020 de 2018 à 2020. Nous avons toujours et encore des problèmes de gouvernance de l’Internet et de neutralité du net notamment en dehors de l’Europe, pour garantir l’égalité de traitement de tous les flux de données sur Internet. Ce principe exclut par exemple toute discrimination positive ou négative à l’égard de la source, de la destination ou du contenu de l’information transmise sur le réseau.

Doit-on continuer cette fuite en avant, ou peut-on prendre le temps à l’occasion de ce débat sur la 5G, de respirer, poser les bonnes questions, trouver les solutions adéquates, avant de continuer à avancer ?

Oui, l’évolution technologique est intimement liée à la construction des civilisations humaines.

Mais la responsabilité politique est de s’assurer que le déploiement d’une technologie va dans le sens du progrès humain accessible à tous, dans le respect de l’écosystème dans lequel nos civilisations peuvent prospérer.

Mercredi 16 septembre 2020

 

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Société

Dans quelle mesure le confinement a-t-il changé les mentalités?

C’est une question d’une importance extrême pour saisir notre pays et son évolution. Dans quelle mesure le confinement a-t-il déboussolé, cassé le rythme du capitalisme, produit l’envie d’une autre vie ?

Emmanuel Macron a affirmé son mouvement politique comme étant celui des gagnants contre celui des perdants. Toute sa vision du monde est résumée dans ce propos donné à des entrepreneurs réunis dans la Halle Freyssinet à Paris en 2017 :

« Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. Parce que c’est un lieu où on passe. Parce que c’est un lieu qu’on partage. »

Mais qui sont les gagnants et les perdants du confinement ? Le peuple a très bien vu que la partie privilégiée de la société a profité de ses maisons de campagne et du télétravail, alors que les travailleurs manuels, prisonniers de l’appareil productif, ont eux été clairement enserrés encore plus dans le capitalisme dans une situation sanitaire critique.

Pourtant, quelle que soit la situation, les gens se sont tous aperçus que, finalement, les règles du jeu social pouvaient réellement changer du jour au lendemain. Le confinement a été une mesure qui a révolutionné la vie quotidienne, tout comme le masque obligatoire, la distanciation sociale, etc. Ce n’est pas révolutionnaire au sens d’un progrès historique, aussi serait-il plus juste de parler de bouleversement.

Cela n’enlève toutefois rien au fait que tout le monde a compris que les choses pouvaient changer. Et beaucoup de monde ayant profité du confinement, d’une manière ou d’une autre, pour faire autre chose, pour vivre autrement, a changé son point de vue.

Certains seront irrattrapables pour le capitalisme, d’autres chercheront à vivre encore plus comme des capitalistes, au sens où certains voudront quitter le système de la course au profit à tout prix, cesser le rythme effréné du capitalisme avec sa compétition, sa concurrence… Alors que d’autres voudront beaucoup de richesses pour être en mesure de s’isoler.

Pour d’autres encore, et ils sont évidemment nombreux, vouloir ceci ou cela ne change rien puisque tout est bloqué. Un loyer ou un crédit, une situation non modifiable en raison de telle ou telle responsabilité familiale ou sociale, et on peut rêver ce qu’on veut, on ne l’aura pas. Cela frustre d’autant plus, cela provoque du ressentiment, cela peut également amener à une conscience sociale que le capitalisme impose une division sociale inacceptable.

Reste que tout cela est flou encore. Dans quelle mesure le confinement a-t-il changé les mentalités ? On ne peut pas le dire, encore. Cependant, c’est bien le cas et c’est d’autant plus vrai que tout le monde fait semblant que tout a repris comme avant. L’aspiration est niée, réprimée, intériorisée, tant parce que les gens n’osent pas que parce que le capitalisme ôte toute perspective concrète en ce sens.

Il y a alors deux possibilités. Soit il y a un exil intérieur, avec une sécession culturelle, sous la forme d’une contre-culture, d’une affirmation d’un mode de vie alternatif. Soit cela s’extériorise sous la formes d’incendies sociaux sur la base d’une révolte contre les cadences, la pression au travail, les exigences patronales, etc.

Il y a deux contre-arguments qu’on trouvera ici : culturellement, les Français sont des fainéants sur le plan des alternatives. Ils veulent tous le changement, mais aucun ne veut changer. Le véganisme a mis trente ans à arriver en France, l’idéologie des beaufs est omniprésente, il n’y a jamais eu de mouvement hippie de masse, ni une Gauche alternative à gauche du PCF (et non à sa droite comme le PSU). Socialement, les incendies sociaux ont disparu depuis belle lurette, remplacée par le substitutisme cégétiste.

Seulement voilà, le confinement a changé les mentalités. Donc, plus rien n’est pareil. Mais dans quelle mesure plus rien n’est-il pareil ?

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Tour de France: le maire EELV de Lyon méprise les classes populaires

Le nouveau maire EELV de Lyon, à l’image de son parti, n’a rien à voir avec la Gauche. Il fait partie d’une frange de la bourgeoisie violemment hostile aux classes populaires et sa critique méprisante du Tour de France en est un bel exemple.

Dans un pays, il y a des monuments. Cela peut être un bâtiment, une sculpture, un tableau, de la musique, une façon de faire certaines choses, ou bien encore un événement sportif. Le Tour de France fait partie des monuments français, du patrimoine de la France.

Cela ne veut pas dire que cela est figé et qu’il est interdit de le faire évoluer. Mais cela nécessite de connaître les choses de l’intérieur, en étant lié de manière organique au peuple, car le patrimoine par définition est porté par le peuple.

C’est tout le contraire d’EELV, qui représente la bourgeoisie cosmopolite vivant dans de riches appartements de centre-villes et s’imaginant écologiste en allant chercher son pain à bicyclette le dimanche matin.

Ainsi, quand Grégory Doucet le nouveau maire EELV de Lyon critique le Tour de France de manière méprisante, cela ne passe pas, car on ne peut pas s’en prendre au patrimoine populaire sans susciter de la réprobation.

Alors que la 14e étape de l’édition 2020 de l’épreuve arrive à Lyon samedi 12 septembre, il a en effet qualifié le Tour de « machiste et polluant ». Sa critique est ici typique du bourgeois de grande métropole, vivant dans sa petite bulle, raisonnant avec des concepts universitaires hors-sol et méprisant la vie quotidienne du peuple.

Cela est particulièrement flagrant quand il interroge de manière hautaine :

« Combien de véhicules à moteur thermique circulent pour faire courir ces coureurs à vélo ? »

En France, ainsi que dans de nombreux pays, des millions de gens adorent le Tour de France. Et comme à chaque fois qu’il y a quelque chose de populaire et massif, cela est fait avec beaucoup de sérieux.

Les coureurs sont donc des professionnels et ils ont logiquement avec eux tout un staff, lui aussi professionnel, engagé de manière très aboutie sur la course, qui est préparée pendant de longs mois.

Comme celle-ci a lieu sur la route, en parcourant une très grande distance quotidienne, cela nécessite des voitures pour suivre les coureurs, afin de leur porter assistance, les ravitailler, changer de roue en cas de crevaison, etc. C’est aussi simple que cela et il faut vraiment tout le mépris du bobo de centre-ville pour ne pas comprendre la raison de la présence de ces « véhicules à moteur thermique » pour suivre « ces coureurs ».

C’est la même chose pour les autres voitures et motos, que ce soit de l’organisation, des médias, des médecins, de la publicité, etc. Tout cela s’explique pour une raison simple : le professionnalisme de l’événement, d’autant plus important en raison de son caractère massif, extrêmement populaire.

Mais le peuple, les gens d’EELV n’en ont rien à faire. Tout ce qui compte pour eux est de calquer des concepts sur la réalité, pour se donner un genre moderne. Là encore, c’est particulièrement flagrant quand Grégory Doucet affirme de manière délirante :

« D’abord, le Tour de France continue à véhiculer une image machiste du sport. Quand on défend les valeurs du sport, on défend l’égalité femmes-hommes. Il devrait y avoir un Tour de France féminin depuis longtemps. C’est la dernière épreuve d’envergure à ne pas avoir franchi le pas. »

Qu’est-ce que cela peut bien lui faire qu’il n’y ait pas de Tour de France féminin ? Et d’ailleurs, pourquoi n’y a t-il pas d’équivalent féminin du Tour de France ? Tout simplement car il n’y a pas beaucoup de femmes cyclistes pratiquant ce sport avec le même niveau de professionnalisme que les hommes cyclistes. Point. Ce n’est ni bien, ni mal, c’est une simple réalité historique, un simple cheminement de l’évolution de la vie du peuple.

Depuis quand d’ailleurs l’horizon des femmes serait de faire forcément la même choses que les hommes ?

De toutes façons, cela ne signifie pas que les femmes sont en dehors du cyclisme masculin. Mais pour savoir cela, il faut faire partie du peuple et s’être déjà rendue sur une course cycliste amateur… où les femmes sont extrêmement nombreuses. Ce sont par exemple presque toujours des femmes qui prennent les photos sur les courses amateurs, de manière très sérieuse. Les mères des coureurs sont très présentes et impliquées, tout comme les femmes qui sont bénévoles dans l’organisation, pour distribuer les dossards par exemple ou servir à la buvette, ou encore dans l’arbitrage où il y a très souvent des femmes, etc. Il y a également les podiums où la tradition veut que ce soient des jeunes femmes qui donnent un bouquet au vainqueur de la course et lui fassent la bise, même sur la plus petite course de village.

On peut trouver cela ringard éventuellement, ou bien déplacé, caricatural, etc. mais cela ne donne pas pour autant le droit de critiquer avec mépris, et encore moins celui de prétendre pouvoir parler à la place des femmes participant à cela.

Mais nous ne vivons pas dans une société démocratique, et donc le peuple n’a jamais la parole. À la place, ce sont des bourgeois comme Grégory Doucet qui s’arrogent la prétention de savoir ce qui est bon ou mauvais. Les bourgeois comme Grégory Doucet d’EELV représente ici tout l’inverse de la Gauche historique, qui au contraire est liée organiquement au peuple en incarnant le meilleur de la tradition populaire dans tous les domaines.

Et on voit que le masque d’EELV tombe de plus en plus, alors que son espoir est de démolir définitivement la Gauche, de la cannibaliser pour devenir un parti politique majeur. Outre que son écologie est toujours plus au service d’un renouveau du capitalisme, son opposition à ce qui est le noyau de la Gauche populaire est toujours plus agressive.