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La journée du sympathisant d’AVA Bretagne dans le coma après plusieurs agressions

Le collectif AVA Bretagne a produit un document très précis relatant la journée de Frédéric, le sympathisant agressé par des veneurs, qui est dans le coma depuis 12 jours maintenant. Cela est très important, car en face le discours des défenseurs de la chasse à courre est très offensif et très organisé.

AVA Bretagne, déclinaison locale du collectif Abolissons la Vénerie Maintenant, avait annoncé la semaine dernière l’agression très violente de l’un des leurs, qui a finit sa journée à l’hôpital, plongé dans le coma après une ultime agression.

Cette information, très grave, a été complètement passée sous silence, car les partisans de la chasse à courre ont réussi à semer le trouble en diffusant massivement leur propre version des faits. Ils se présentent eux-mêmes comme des victimes et nient toute implication directe. Il y a pourtant un contexte, local et national, où les violences et les pressions contre les membres d’AVA sont régulières. Il faut se souvenir de la saison passée où, tout de même, un membre du collectif voyait sa tête placardée sur les présentoirs d’un journal local dans presque tous les commerces de l’Oise, avec des propos calomnieux et très hostiles à son égard. Les vidéos partout en France d’attitudes violentes de la part de veneurs sont récurrentes.

Mais ce n’est pas tout. Comment se fait-il, dans cette affaire bretonne, que la gendarmerie ait refusé d’enregistrer la plainte de Frédéric, avant son ultime agression, comme le racontent les membres d’AVA Bretagne ?

Cela est très grave d’un point de vue démocratique, et il est bien trop facile de la part de la gendarmerie de renvoyer les deux camps dos à dos, comme s’il s’agissait d’une simple dispute ayant mal tournée. Rappelons d’ailleurs ici, sans faire de parallèle direct mais pour rappeler le contexte sur le plan national qui n’est pas anodin, que des policiers se sont en début de saison offusqué du fait de devoir servir de protecteurs à « quelques aristocrates » pratiquant la chasse à courre.

Les membres d’AVA ont le droit d’aller en forêt pour regarder et documenter les chasses à courre, ils ont le droit de vouloir l’abolition de la vénerie maintenant, ils ont le droit de vouloir sauver les animaux du sort barbare qui leur est promis.

C’est un devoir maintenant pour toutes les personnes souhaitant défendre les valeurs démocratiques dans notre pays de suivre cette affaire AVA Bretagne de très près, de participer à ce que la lumière soit faite et que la vérité éclate rapidement. Parce que l’opposition à la chasse à courre est une cause démocratique et populaire primordiale, mais aussi parce qu’il s’agit de la possibilité même de l’existence d’une opposition aux pires conservatismes.

Voici donc le récit détaillé de la journée par le collectif AVA Bretagne.

FREDERIC: MILITANT DANS LE COMA, RECIT DU 16 FEVRIER
Voici le récit complet des évènements qui ont précédé l’hospitalisation de notre camarade Frédéric, ce samedi 16 février 2019, tel que raconté par des témoins directs. A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est toujours plongé dans le coma, cela depuis 11 jours. Pendant ce temps, une campagne écœurante orchestrée par la Société de Vénerie fait rage, et tous leurs relais dans la presse et les institutions semblent mobilisés pour protéger leurs intérêts. Le mensonge semble érigé en système de défense chez les veneurs, ce qui est la dernière arme d’une pratique indéfendable et rejetée par 84 % des Français.
11H00. Alors que deux voitures viennent déposer des citoyens du collectif AVA à l’entrée de la forêt du Gâvre, qui comptent comme d’habitude militer pacifiquement contre la chasse à courre, une voiture avec à son bord quatre membres de l’équipage de Monsieur Mickaël P. arrive elle aussi. Frédéric H. vient de sortir par la porte avant-droite de son véhicule, lorsque Mickaël P., très en colère, surgit du sien, fonce sur ledit véhicule AVA, en arrache l’essuie-glace arrière, puis se précipite sur la porte arrière-droite de la voiture pour l’ouvrir.

Mickaël P., responsable de la Société de vénerie et maître d’équipage
Frédéric H. met alors sa main sur son épaule pour tenter de le retenir. Monsieur P. se retourne et lui assène aussitôt plusieurs coups de poing au visage, cassant ses lunettes et occasionnant une hémorragie nasale importante.

Frédéric, quelques instants après les coups reçus au visage. Son hématome principal au front se colorera de violet tout au long de l’après-midi
Jimmy N. accourt pour porter secours à Frédéric H. et reçoit plusieurs coups, Mickaël P. essayant de lui arracher sa caméra.

L’agression de Jimmy N quelques secondes plus tard. On y voit Mickaël P., aidé de suiveurs qui filment l’agression, tenter de lui arracher sa caméra Go-Pro
Les militants d’AVA subissent ensuite des pressions pendant un long moment, entourés de suiveurs qui les provoquent et les insultent. Frédéric H. est particulièrement ciblé, les veneurs ne le lâchant pas et ne cessant de le provoquer, à tel point qu’une partie de ses camarades juge nécessaire de le mettre en sécurité dans un véhicule, puis de quitter la forêt.

Arthur M. ainsi que d’autres suiveurs, encerclant la voiture dans laquelle a été mis à l’abri Frédéric
Des veneurs les suivent en voiture jusque dans un centre commercial à des kilomètres de la forêt, contraignant les amis de Frédéric à solliciter la protection d’un vigile, qui met les poursuivants dehors.

Arthur M. et un acolyte sont reconduits à la sortie d’un centre commercial où ils avaient poursuivi le groupe de Frédéric
Vers 15H30, Frédéric H. se présente à la gendarmerie de Blain pour y déposer plainte. On lui demande de revenir le lendemain avec un certificat du médecin.
Ses camarades, qui l’accompagnent pendant l’après-midi, notent que le nez de Frédéric H. se remet à saigner plusieurs fois et que son hématome au front se colore peu à peu de violet.
Frédéric H. quitte ses camarades vers 16H30 pour aller chercher de l’essence. Il devait retrouver certains d’entre eux plus tard, mais n’est jamais arrivé à destination. Selon les informations portées à notre connaissance, il se serait écroulé vers 17H45 sur la voie publique, vomissant du sang.
Frédéric H., souffrant de graves lésions et d’un œdème cérébral, a été pris en charge par les pompiers et transporté aux Urgences de Redon, puis placé sous coma artificiel et transféré vers minuit au Service Réanimation Chirurgicale de Pontchaillou, à Rennes.
Vendredi 21 février 2019 au soir, soit quelques heures après l’annonce de l’état de santé de Frédéric, Jimmy N. est victime de ce qui ressemble fort à une expédition punitive, en pleine rue et devant témoins, à Rennes. Il a également été transporté par les pompiers aux Urgences Médico-Chirurgicales de Pontchaillou, qui ont constaté de multiples blessures. L’un des deux auteurs a été formellement identifié comme étant Arthur M., membre de l’équipage de Mickaël P. déjà impliqué dans les faits du 16.
Compte tenu des difficultés rencontrées par la famille de Frédéric H. et par Jimmy N. auprès des gendarmeries respectives de Blain et de Guémené Penfao, les plaintes ont été déposées par Me Angélique Chartrain, Avocate, directement entre les mains du Procureur de la République de Saint-Nazaire, notamment pour violences aggravées et harcèlement.
Ceci étant posé, nous déplorons, dans toute la France, une escalade dans la violence des veneurs à l’encontre des militants pacifistes d’AVA, qui ne font qu’exercer leurs libertés les plus strictes d’aller et venir, se rassembler, exprimer leur opinion et informer la population.
Rien qu’en Bretagne et en Loire-Atlantique, une trentaine de plaintes ont été déposées cette saison, sans compter celles qui ont été abusivement refusées par des gendarmes ou OPJ ainsi que celles qui n’ont pas été déposées par dépit ou lassitude.
Nous nous interrogeons aussi sur le rôle de certains gendarmes et la préservation du secret de l’enquête, la Société de vénerie évoquant sur les réseaux sociaux un « rapport de police », alors que nul n’est censé avoir accès à des éléments de l’enquête avant la clôture de celle-ci. De même, le Capitaine de gendarmerie de la compagnie de Châteaubriant, Bruno Perochaud, non chargé de l’enquête, a fait de multiples déclarations sur les circonstances supposées des faits, certaines allant à l’encontre de témoignages directs et d’éléments concrets en notre possession.
En tout état de cause, nous n’entendons pas nous laisser intimider et sommes plus que jamais déterminés à mettre tout en œuvre pour que les auteurs, qui semblent animés tant par le sentiment d’impunité que la vindicte, répondent de leurs actes devant les tribunaux.
Soyons tous unis face à la terreur, demandons justice pour Frédéric !
ABOLISSONS LA CHASSE A COURRE ET LA VIOLENCE QU’ELLE REPRESENTE !

Yves Marie, le frère de Frédéric, nous donne des nouvelles de son état de santé et s’exprime suite à la campagne de dénigrement organisée contre lui par les veneurs.
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Culture

Kitbull, de Rosana Sullivan

Un nouveau court-métrage du studio d’animation Pixar est sorti il y a une semaine et totalise déjà près de 15 millions de vues. Intitulé Kitbull on y suit l’histoire d’un chat errant dans le Mission District de San Francisco.


La réalisatrice Rosana Sullivan avoue avoir débuté ce court dans le but de faire une « vidéo de chat », comme elle aime en regarder sur internet, une vidéo agréable, qui déstresse.

Assez vite le projet prend une autre tournure, plus personnelle, plus profonde et plus dure aussi puisque le chat va se retrouver à être en relation avec un chien, un pitbull enchaîné à l’extérieur et victime de maltraitance.

En un peu moins de 8 minutes ce film aborde donc un nombre important de thème comme la solitude, la peur de l’autre, l’amitié, la maltraitance animale, l’empathie, l’adoption.

Cela fait beaucoup en peu de temps surtout pour des sujets qui ne sont pas à prendre à la légère.

Mais la fluidité du récit et la justesse avec laquelle il est compté ne pourra pas laisser indifférent les amis des animaux.

Les mouvements, les réactions, les mimiques du chat, pourtant d’une grande simplicité dans le dessin, parleront forcément à tout ceux vivant ou ayant vécu avec un chat. C’est aussi le cas pour le chien, dans une moindre mesure puisqu’il est moins présent, mais certains détails sont parlants.

Kitbull est sorti au sein de la nouvelle branche “SparkShorts program” de Pixar, visant à expérimenter de nouvelles techniques et laisser le champs libre à de nouveaux artistes.

Et en effet le résultat est bien différent de ce que l’on peut connaître du studio, y compris pour un court métrage, notamment car il est en 2D. Si les techniques de l’animation 3D ont été utilisé pour faciliter la mise en scène, l’ensemble a été dessiné à la main (sur palette graphique), les arrières plans étant peints.

Le tout donne quelque chose qui va à l’essentiel, dans la forme comme sur le fond, d’une grande expressivité, allant de le sens de la compassion et de l’universalisme.

Voici donc le film !

Voici également le making-of, disponible uniquement en anglais. On peut toutefois activer les sous-titres en cliquant sur le bouton correspondant, et éventuellement choisir la traduction automatique en Français (dans les paramètres). Bien qu’un peu aléatoire, elle aidera à comprendre pour les non-anglophones !

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Écologie

Chasse à courre : un sympathisant d’AVA Bretagne entre la vie et la mort

Un opposant à la chasse à courre, violemment agressé par des chasseurs en forêt du Gâvre (Loire-Atlantique), est dans le coma depuis samedi 16 février. Les veneurs se montrent en effet de plus en plus violents face à la grande mobilisation démocratique et populaire contre cette pratique barbare.

Le collectif AVA, « Abolissons la Vénerie Aujourd’hui », connaît maintenant 19 groupes locaux et les veneurs sont régulièrement suivis par de nombreuses personnes filmant et surveillant leurs agissements en forêt. La répression contre ce mouvement démocratique a été importante depuis plus d’un an, avec l’approbation d’Emmanuel Macron qui soutient directement la chasse à courre.

> Lire également : L’ONF réclame 55 000 € à trois opposants à la chasse à courre

Il y a parallèlement à cela une violence exacerbée et récurrente depuis plusieurs semaines de la part des chasseurs, bien que les opposants respectent une stricte Charte prônant la non-violence et le respect des biens. Les différentes pages Facebook des groupes relatent souvent des faits graves, montrant qu’ils sont « fouettés, frappés, jetés dans des ravins, insultés, suivis jusque devant nos domiciles et menacés, [et que leurs] pneus de voitures sont régulièrement crevés, [leurs] caméras et téléphones [leur] sont volés… »

Voici le communiqué d’AVA Bretagne, suivis d’un second puisqu’une autre personne a été agressée dans la rue la nuit dernière :

« Samedi 16 février, en forêt du Gâvre, près de 300 veneurs nous attendaient. Avant même le début de la chasse, à l’arrivée de notre voiture, un veneur s’est précipité pour ouvrir notre portière et nous a invectivés avec rage puis a porté de violents coups de poings au visage de Frédéric, provoquant un saignement de nez important. Après cette agression, de nombreux veneurs l’ont provoqué malgré notre flegme et nos tentatives de les maintenir à distance.

En fin de journée, Frédéric fait un malaise et a été transporté aux urgences. Il est dans le coma depuis 6 jours. Il souffre de très graves lésions et d’un œdème cérébral. Son pronostic vital est engagé.

Il était venu ce jour là pour défendre pacifiquement ses idéaux. Il voulait simplement protéger la forêt et ses habitants en dénonçant une pratique qu’il juge barbare et faire entendre la voix des 84% de citoyens qui pensent, comme lui, qu’il faudrait l’abolir (sondage FBB/IFOP 2017).

L’auteur de l’agression est identifié, une enquête judiciaire est en cours et nous avons confié le dossier à un avocat pour nous assurer de son bon avancement.

Nous déplorons l’escalade sans limite constatée chaque semaine dans la violence manifestée par les veneurs à notre égard. Nous n’entendons pas nous laisser intimider et restons déterminés à faire valoir nos droits les plus stricts à manifester, au besoin par la voie judiciaire.

Nous vous tiendrons informé de son état de santé sur cette page.
Nos pensées vont à Frédéric, sa famille et ses amis.

AVA Bretagne »

« EDIT : Dans la nuit du jeudi 21 au 22 février, soit quelques heures après la publication du présent communiqué, un autre membre d’AVA Bretagne a été agressé dans la rue par des membres du même équipage de chasse à courre. Il est actuellement hospitalisé, cela à 24h d’une manifestations à Saint-Brieuc organisée par le collectif.

Malgré les violences et les menaces, notre détermination à continuer cette action pacifique pour dénoncer la chasse à courre se renforce chaque jour. Les méthodes mafieuses et anti-démocratiques employées par cette caste de notables se croyant au dessus des lois est toute représentative de l’univers que nous affrontons, et qui se dévoile chaque jour un peu plus.
Rejoignez un groupe AVA près de chez vous ! »

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Les chasseurs doivent comprendre le sens de la chasse à courre

Une partie significative des chasseurs trouve la chasse à courre abjecte. Pourtant, les fédérations de chasseurs la soutiennent unanimement et sans conditions. Cela reflète le sens même de la démarche de la chasse et les chasseurs sont prisonniers d’une profonde incohérence.

A Vielsalm (province de Luxembourg), chasse à courr, l'Hallali. Vers 1903.

La chasse à courre est une démarche en apparence et dans sa substance fondamentalement différente de la chasse en général. En effet, la chasse se pratique comme une sorte de communion individuelle ou entre amis, alors que la chasse à courre existe sous la forme d’un rituel à la fois conventionnel et profondément hiérarchisé.

La chasse se veut plus amicale, davantage conviviale ; le rapport à la nature se veut plus naturel que culturel, puisque la chasse à courre exige elle tout un code vestimentaire, d’attitudes, de comportements, etc. C’est pour cela que les chasseurs apprécient, d’une manière ou d’une autre sans forcément la cautionner, la figure romantique du braconnier.

Cependant, force est de constater et cela est indiscutable, que l’ensemble des représentants des chasseurs soutient de manière catégorique la chasse à courre. Les chasseurs doivent prendre conscience de la signification de cela. Il ne s’agit pas en effet simplement du fait que la « direction » des chasseurs soit composée de bourgeois conservateurs coupés de la base, etc.

Non, cela va bien plus loin. Il existe bien une passerelle tout à fait solide et logique entre la chasse et la chasse à courre. Les chasseurs ne peuvent souvent l’admettre, et pourtant les faits parlent d’eux-mêmes. La complexité du problème vient du fait que cette passerelle ne consiste justement pas en les chasseurs, mais en la chasse elle-même.

La manière dont les chasseurs voient leur démarche est une chose. La manière dont elle se pratique en est une autre. Il existe un gigantesque décalage entre comment les chasseurs s’imaginent être et comment ils sont en réalité. La chasse à courre est la révélation de ce décalage, elle montre que le principe de chasser consiste précisément en le fait de chasser, et que les motivations pour cela sont les mêmes dans leur fondement pour la chasse comme pour la chasse à courre.

Les chasseurs pensent se distinguer des pratiquants de la chasse à courre, car leur attitude psychologique n’est pas ce harcèlement, et pourtant dans sa base elle est similaire, elle est bien une terreur pratiquée dans un environnement naturel. Cette communion sympathique que le chasseur croit pratiquer, c’est en réalité une attitude de guerre.

Les chasseurs sont obligés d’admettre par ailleurs ici que tout le folklore de la guerre pullule dans la chasse. Que ce soit au niveau des vêtements, du principe du camouflage, des pièges et des appâts, il y a bien l’idée d’une militarisation, d’une stratégie militaire, d’un ennemi à vaincre. Si tous les chasseurs n’adoptent une telle démarche, il n’en reste pas moins que cette dimension est présente et partagée par beaucoup.

Les chasseurs doivent donc comprendre la différence qui existe entre comment eux se voient et voient les choses, et la réalité concrète. Sans nul doute que si l’on suit le vrai sens de beaucoup de chasseurs, alors le fusil serait traqué contre l’appareil photo. Car la chasse, dans son existence, est façonnée par le rapport perverti de l’humanité avec la nature. Elle exprime en soi également un profond malaise par rapport à un monde urbanisé, sans âme et anonyme, froid et stérile, rapide et vide.

Si les chasseurs prennent conscience de tout cela, ils peuvent faire un véritable apport à la société, en dépassant la chasse et en affirmant le besoin d’un rapport réel à la nature. Et si cette autocritique de leur part est forcément malaisée, la question de la chasse à courre est un véritable levier devant les aider.

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Les devises existentialistes de la chasse à courre

Les équipages de chasse à courre ont traditionnellement une devise, qui reflète leur vision du monde. Cette dernière est un mélange d’esprit retors propre à l’esprit de traque et de raffinement aristocratique hautain.

chasse à courre

La chasse à courre correspond tout à fait à l’esprit d’extrême-droite, car elle est un mélange du raffinement le plus ultra et de la vulgarité la plus laide. Cela se voit particulièrement dans les devises employées, où il y a un vrai effort pour combiner ces deux aspects. Il faut que cela se voie : on est dans le chic et le sale, dans l’ordre et le désordre.

Quand l’équipage La Plaine a comme devise « Respect, chasse et discipline », c’est un triptyque devant souligner le côté ordonné d’une chose désordonnée par définition comme la chasse. Le respect est tant du côté ordonné que du côté désordonné : c’est cela qui fournit la dynamique réelle de la chasse à courre dans les attitudes, les postures, les manières.

On est très précisément dans la révolte contre le monde moderne, avec un rejet du confort et un éloge du raffinement. La traque est censée porter avec elle un dépassement de soi, elle est censée amener la formation d’un être humain d’autant plus régulier qu’il s’est comporté en sauvage, mais en sauvage organisé de manière méthodique.

Il y a par conséquent un esprit volontariste particulièrement marqué, avec un mot qui revient de manière régulière, persévérance : « Chasse avec passion et persévérance », « Perçant persévérant », « Méthode et persévérance », etc. La devise « Rends toi, nenni ma foi » va dans le même sens, avec davantage de pittoresque.

Il faut être capable d’être présent de manière entière dans cet affrontement, jusqu’au bout et sans être interrompu. On comprend pourquoi la présence d’opposants est un affront terrible pour des gens qui ont comme devise des « Courre toujours », « Toujours et partout », « Toujours au trou », « Chasse tout le temps à tout vent », « Chasser, toujours chasser », « Vas-y donc », etc.

Et leurs réactions sont d’autant plus agressives, que la chasse à courre oblige l’esprit à avoir un esprit de traqueur, de harceleur. Il y a un côté terriblement malsain dans la démarche, qui est typique d’une attitude médiévale à la fois pragmatique et perverse. Ce qui est mis en avant, c’est une posture très élémentaire, et très calculatrice en même temps.

L’équipage du rallye des Ambarres a ainsi comme devise « Ténacité et mauvaise foi », ce qui est d’un tel mauvais esprit qu’on pourrait l’attendre de gens à l’esprit mafieux, comme tel ou tel groupe de rap de banlieue. C’est l’esprit du forçage, du maintien coûte que coûte sans se préoccuper ni de l’avis des autres, ni des faits, ce qui est inévitable, car une fois qu’on est lancé dans la traque, il n’y a plus qu’elle qui compte.

Si les films Predator n’avaient une grande dimension critique anti-mafia (les prédateurs extra-terrestres s’amusent à chasser, mais ne visent que des tueurs, des criminels, et seulement si ceux-ci ont des armes à la main), ces gens adoreraient, en raison de l’ambiance pesante du filet qui se referme lentement sur la victime. La devise « Le matin au bois, le soir aux abois » est ici fascinante de perversité, si l’on peut dire.

Deux choses fondamentales sont alors liées à cette perspective : d’un côté, le social-darwinisme, avec le fait de se battre, de combattre pour survivre, et de l’autre la dimension censée être transcendante d’un affrontement avec la vie comme thème, exactement comme pour la corrida.

Pour le premier aspect, on a des devises comme « Exister c’est lutter », « Mériter », pour le second cela passe souvent par les animaux, vecteur de la transcendance : « Les chiens d’abord », « Au cul des chiens », « Petits par la taille, mais grands par leur courage » (pour la chasse aux lapins), ou encore « Par amour du lièvre » de l’équipage La Fontaine Saint Michel.

Cette dernière devise ne doit pas étonner. De la même manière que les afficionados considèrent que le taureau est mort dans une ode à la vie (qui est un « combat »), les veneurs font de l’animal traqué un symbole mystique du sens de la vie. La chasse à courre n’est pas pour eux une aberration, mais une démarche en fait strictement parallèle à l’existence, d’où des devises comme « Vénerie, la vie » ou encore « Chasse d’abord ».

La chasse à courre est un existentialisme, et en cela elle est résolument moderne. Elle est un existentialisme qui plonge dans l’attitude aristocratique où il n’y avait pas de sens de la vie, car pas de travail, mais avec toute la posture moderne du choix de l’identité.

Voilà pourquoi, par ailleurs, la gauche post-moderne, post-industrielle, ne s’y intéresse pas du tout. Le fond de la méthode est le même : on choisit qui on veut être, on donne un sens à sa vie, etc.

Cela explique aussi l’incompréhension totale des veneurs par rapport aux critiques qui leur sont faites. Ils se voient comme des gens aimant la vie, puisqu’ils lui donnent un sens. Tel rallye s’intitule Bon plaisir, tel autre Rallye bonne humeur avec, comme devise pour l’équipage, « Toujours gai ». Tel autre équipage a choisi « Qui va doux va loin ».

Qui veut donc critiquer la chasse à courre doit saisir cette dimension existentialiste, et soi-même échapper à l’existentialisme, sans quoi il y a le risque d’être fasciné, ou au moins d’éprouver un respect pour une entreprise difficile exprimant des choix individuels pour donner du sens à la vie.

Il faut savoir aimer la nature pour ce qu’elle est, apprécier le respect de la vie comme sens de la vie elle-même, et non pas chercher ce qu’il n’y a pas par oisiveté et désœuvrement, par nihilisme et aliénation.

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L’ignoble retour de la fourrure

Passée de mode à la suite d’intenses protestations dans les années 1990, la fourrure est revenue en force ces dernières années. Elle fait partie des panoplies de la mode contemporaine, se déclinant de multiples manières, tel un indice de chic. C’est simplement révoltant.

fourrure

La fourrure est un symbole d’un certain standing social ; elle relève du chic. Fort logiquement, tant qu’il y a des classes sociales aisées, celles-ci feront de la fourrure un élément de leur style, cela fait partie de leur patrimoine. Et tant qu’il y aura des gens aliénés pour être fascinés par ce style, par ce chic, la fourrure se développera au-delà des milieux aisés, avec différentes déclinaisons : le manteau entier n’a pas besoin d’être en fourrure, cela peut consister en quelques détails ici ou là.

Partant de là, on ne peut pas être de Gauche et tolérer la fourrure. Nous ne vivons pas en Russie et la température ne descend pas largement en-dessous de zéro. Il n’y a aucune raison valable d’en porter, à part un esprit passivement consommateur, aliéné sur le plan des valeurs. Porter de la fourrure, à part quand on est d’un milieu aisé, c’est uniquement chercher à imiter les riches. Quant aux riches, il faut être bien naïf pour s’imaginer qu’on peut les éduquer par la morale.

Car la fourrure est ignoble ; l’idée de scalper un animal simplement pour obtenir sa peau relève d’un tel état primitif de l’humanité ! Il ne faut d’ailleurs pas croire que cela se passe différemment. Désormais 140 millions d’animaux sont tués chaque année pour la fourrure. En Europe, cela se passe surtout en Pologne et au Danemark, alors que la Chine produit 70 % de l’ensemble. Et cela dans des conditions monstrueuses, dans un mélange d’artisanat assassin et de rythme turbo-capitaliste le plus élevé.

Les photos des animaux transformés génétiquement pour produire davantage de fourrure, comme le renard, ont également beaucoup choqués. Enfermés dans des petites cages, ils ne peuvent rien faire, écrasés par leur situation mais également par leur propre corps. On a là plus qu’une allégorie de l’enfer, c’est juste que ce dernier a conquis déjà des territoires entiers sur notre planète. Qu’y a-t-il de pire qu’un mélange de boucherie primitive et d’efficacité ultra-moderne ? C’est comme si le « style de travail » des SS avait triomphé dans l’industrie de la fourrure.

Il est étonnant d’ailleurs qu’avec un tel arrière-plan, il y ait encore des gens pour s’imaginer que les choses progressent et citant telle ou telle entreprise ayant abandonné la fourrure. Non seulement les chiffres généraux, mondiaux, montrent que la fourrure est revenue en force par rapport aux années 1990 où elle s’était pratiquement totalement effacée, mais surtout elle est une valeur qui n’est jamais partie. Les classes dominantes ont leur histoire, leur patrimoine, leurs valeurs. La fourrure est indissociable d’un certain style de vie, ainsi que d’une capacité à aligner des sous, beaucoup de sous !

Il est intéressant de voir d’ailleurs ce qui a brisé le marché de la fourrure dans les années 1990. L’épicentre a été l’Angleterre, où les fameux activistes cagoulés de l’ALF y ont amené la fin de la fourrure dans les magasins, à coups d’actions clandestines et, on le devine, foncièrement illégales. Ce qui est marquant, c’est que les limites de telles actions étaient parfaitement comprises par les gens qui les menaient, qui envisageaient pour cette raison les choses politiquement, cherchant à faire boule de neige, et boule de neige à gauche d’ailleurs. La confrontation entre le New Labour, qui avait assumé une partie des revendications de la protection animale, et Barry Horne, décédé d’une grève de la faim, est un moment clef de l’échec de cette « boule de neige ».

C’est une preuve que la question de la fourrure n’est pas une fin en soi, elle relève de tout un état d’esprit. Et on aurait tort de ne pas en voir le côté pratique, c’est-à-dire de vérifier si, soi-même, on ne porte pas de fourrure sans même le savoir. La fourrure est une question de la vie quotidienne, désormais, avec les petits éléments de fourrure qui peuvent se glisser dans n’importe quel vêtement, n’importe où. Il y a ici une exigence à adopter et une certaine discipline, pour ne pas terminer dans le cynisme ou dans la mentalité : « on verra cela après la révolution / quand les choses bougeront / quand le problème sera plus clair pour les gens ».

Une Gauche qui ne prend pas en compte la question de la fourrure rate l’essentiel. Et pour satisfaire tout le monde, révolutionnaire comme « réformiste », partons du principe que toute présence de fourrure amène une taxe du produit fini de 50 %, avec l’obligation d’une étiquette comme quoi ce produit contient de la fourrure. Mais existe-t-il vraiment en France un État capable d’appliquer un telle mesure ? Sans même parler de l’adopter ?

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Un panorama de la chasse à courre

Combien sont les veneurs ? Où sont-ils présents ? A quel degré sont-ils structurés et quel sorte de vecteurs forment-ils ?

chasse à courre

La chasse à courre est une activité plus que minoritaire. De qui parle-t-on ? D’environ 10 000 personnes. Leurs sympathisants les plus proches ne sont pas bien plus nombreux : la « lettre des amis » touche environ 30 000 personnes. On peut dire que c’est le noyau dur de la chasse à courre.

De plus, en apparence, ces gens ne peuvent pas disposer d’une force locale très forte. En effet, la chasse à courre est ainsi possible dans 63 départements, et elle existe dans 63 départements, avec à peu près 400 équipages. Il n’y a donc pas un bastion particulier, qui serait une forteresse inexpugnable, mais des équipages dispersés, et en plus même pas sur tous les territoires.

Il y a quinze équipages en Charente-Maritime, mais un seul dan l’Aude ; il y en a dix dans l’Eure, dix-huit dans l’Indre, mais deux dans la Loire, quatre dans les Landes. Il y en a onze dans la Sarthe, mais un seul dans les Vosges, etc.

Ce n’est pas tout, les veneurs n’exercent pas tous la même activité. Il y a à peu de choses près 38 équipages visant les cerfs, 93 les chevreuils, 46 les renards, 121 les lièvres, 48 les lapins, 40 les sangliers. C’est autant de différenciation sur le plan de l’approche, des mentalités.

Il faut aussi compter les disparitions d’équipages, environ dix par an. Même si elles sont compensées par autant de création d’équipages, cela fait autant de traditions en moins.

Pourtant, malgré tout cela, la chasse à courre n’a jusqu’à présent jamais été ébranlée, à part depuis ces derniers mois grâce à l’impact dévastateur d’AVA en Picardie, qui s’est désormais donné une stature nationale, avec une présence dans une quinzaine de lieux.

Pourquoi cela ? Non pas parce que la chasse à courre est anecdotique, mais bien justement, à l’inverse, parce qu’elle est d’une puissance sans proportions avec sa faible base numérique.

Ce qui compte en effet avant tout, c’est que ces équipages soient des vecteurs de tout un système de valeur, allant des traditions des notables à la réduction des esprits à la dimension du « terroir ». La chasse à courre fait peser un poids énorme sur les mentalités, elle est un tel couvercle sur les esprits.

C’est là son intérêt pour le régime, qui cherche par instinct la conservation. Et c’est par là que la base numérique se démultiplie.

Étant portée par des gens appartenant socialement à la haute bourgeoisie, la chasse à courre dispose d’appui des plus solides dans l’appareil d’État. Cela est vrai tant au plus haut niveau, qu’au niveau local, où forcément les municipalités s’effacent devant les desiderata des puissants notables.

Pour donner un exemple, Gallica, le site officiel de la Bibliothèque Nationale, a fait un partenariat avec les veneurs, permettant de consulter les ouvrages sur la chasse à courre sur un site consacré à la mémoire des équipages. Joconde, le site du ministère de la culture, a fait de même pour les peintures.

Certaines sections du site en question sont également accessibles à partir de bornes spéciales dans certains musées, ainsi à Chambord, Gien, Montpoupon, Senlis, celui de la « Chasse et de la Nature » à Paris.

On est là dans l’esprit des grands propriétaires et il va de soi que tous les gens concernés de près ou de loin par les châteaux, manoirs, domaines… se retrouvent dans ce milieu, à quelque degré que ce soit.

Il faut également tenir compte de la gigantesque intendance exigée par la chasse à courre. Ici, il n’y a aucun amateurisme ; la société de vénerie a été fondée en 1907 et enseigne des approches bien définies, des techniques bien déterminées.

7 000 chevaux sont par exemple employés. Avoir de tels animaux coûte une fortune et implique de nombreuses personnes au service de leurs possesseurs. C’est autant d’impact en plus. Il y a également 30 000 chiens qui sont utilisés, ce qui demande pareillement toute une intendance, avec autant de gens participant. Les veneurs font d’ailleurs naître eux-mêmes 4 000 chiots par an.

Quelques rares entreprises sont spécialisées dans les habits très précis destinés à la chasse à courre, comme Saadetian ou Hourvari, tout comme une vingtaine d’artistes (Thierry D’., Yvan B., Marie-Joëlle C., Antoine de la B., Christian de la V., Arnaud de M., Didier de M., etc.), quelques photographes.

Ce n’est pas tout. Le nombre de chasses est énorme, il est de 16 000 par an. Cela renforce encore plus la base des suiveurs, sans parler de l’impact culturel sur les territoires concernées, de par la régularité de cette activité. Il faut tabler ici sur un total de 100 000 personnes qui, d’une manière ou d’une autre, se retrouvent liés à tout cela, depuis une simple participation aux messes spéciales à une participation active en tant que telle.

Ce panorama montre bien qu’on a ici affaire à une couche sociale bien déterminée, parfaitement insérée socialement dans la bourgeoisie et les territoires, capable de faire agir différents leviers.

Ce n’est pas une simple annexe de la bourgeoisie, mais une de ses composantes. C’est un des éléments du dispositif du maintien de l’ordre à l’échelle du territoire.

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La chasse à courre : une survivance féodale devenue une insupportable expression de la réaction

La chasse à courre du cerf s’est constituée dans notre pays à l’époque féodale, c’est-à-dire à partir du tournant du IXe siècle, comme un rituel propre à l’aristocratie militaire, et plus encore, à la royauté. Mais dès cette époque, sa constitution a été envisagée dans la perspective de son abolition nécessaire à venir, qu’il est temps de réaliser à notre époque.

chasse à courre

La base dont hérite le Moyen Âge fait d’abord de la chasse au cerf une activité indigne, l’animal étant présenté dans la tradition de l’Antiquité comme le symbole de la lâcheté, sa viande comme molle et malsaine. À l’époque romaine, on lui reproche dans la littérature latine sa faiblesse, le fait de fuir devant la meute de chiens qui le poursuit en refusant le combat. À son image, on qualifie d’ailleurs les soldats déserteurs de cervi.

Le poète romain Martial conseille donc aux citoyens nobles ou de bonne réputation de laisser l’animal aux chasseurs des populations rurales asservies, qui leur correspond en tout point : cervi relinques vilico (laisse le cerf aux vilains). Au contraire, on lui oppose, autant dans la tradition latine que dans les récits celtes ou germaniques, la chasse à l’ours ou au sanglier. Ces deux animaux, et en particulier le sanglier, sont affublés d’une image qui permet à l’aristocratie féodale en voie de constitution à la fin de la période antique, de s’affirmer sur le terrain des vertus et du symbole, comme classe combattante, servante de l’ordre public.

Affronter un sanglier devient donc un rituel exprimant le courage, la force et la puissance de cette classe sociale face à un animal que l’on décrit comme fulminant, enragé, ne cédant pas face à la menace, chargeant hors de sa bauge, les soies hérissées, l’oeil enflammé en répandant une odeur épouvantable. Sa chasse nécessite un équipage nombreux de cavaliers et de chiens, dont beaucoup meurent dans la traque, se terminant en un face à face sauvage opposant l’animal acculé et furieux à un homme seul qui se doit de l’empaler et de l’achever au couteau au péril de sa propre vie.

Il s’agit donc là d’un rituel particulièrement brutal et barbare dans sa forme, au point justement où les forces les plus avancées de la féodalité sont poussées à partir du XIIe siècle à entreprendre une progressive mais incomplète mise au pas de la pratique de la chasse sous tous ses aspects, mais en particulier concernant les rituels de la distinction de l’aristocratie.

Tout d’abord, la chasse au sanglier subit une dépréciation, menée notamment par les forces de l’Église. Celle-ci reprend la culture latine et met en forme les récits celtes et germaniques en les annexant au dispositif culturel du christianisme. Le sanglier se voit ainsi doter d’une image peu à peu satanique. La simple reprise mot pour mot des descriptions antiques, latines ou non, permet dans le nouveau cadre, de dresser le portrait d’un animal sauvage, épuisant les meutes, les chevaux et les hommes, qui terminent leur chasse dans un état proche de la transe. Son aspect brutal et sauvage, pousse les clercs à assimiler l’animal, tout comme l’ours, au paganisme, à l’ignorance, à la barbarie.

L’animal en vient à être considéré au cours des XII-XIVe siècles à l’instar du loup comme un simple nuisible malfaisant, responsable de la destruction des vignes ou des cultures, et même on le tient responsable de la mort du roi Philippe le Bel en 1314. Il se range donc à partir de ce point au rang d’une bête qu’on doit désormais éliminer de manière utile et technique, non plus par une chasse à courre à cheval, mais à l’aide de simples rabatteurs piégeant l’animal dans les filets ou des trappes afin de l’éliminer prudemment et sans combat.

En parallèle, la culture chrétienne met progressivement en avant la chasse au cerf, qui se voit valoriser comme proie et doter d’une dimension civilisée, c’est-à-dire dans le cadre historique d’alors, chrétienne. Dès l’époque des Pères de l’Église, à la fin de l’Antiquité, le cerf est assimilé au Christ lui-même en jouant sur l’homophonie latine : cervus/Servus (le cerf/le Sauveur). Dans le même ordre d’idée, le cerf est assimilé à la conversion, au baptême, sur la base du Psaume 42, dans lequel le croyant est assimilé à un cerf assoiffé cherchant la source du Seigneur.

L’animal gagne donc une place dans les registres iconographique mobilisés pour décorer les églises et dans les textes à valeur symbolique ou religieuse. Sa viande enfin est elle-même mise en valeur sur la base du Deutéronome (le livre des commandement de l’Ancien Testament dans la tradition mise en forme par l’Église romaine) qui présente sa chair comme étant la plus pure de toute. Sur cette base culturelle, l’Église entend donc clairement pousser à policer la chasse, à lui donner une dimension chrétienne.

Les récits hagiographiques, présentant la vie de saints comme étant des modèles à suivre, intègrent aussi la présence du cerf comme animal christologique, présentant la conversion de chasseurs apercevant l’animal avec une croix lumineuse entre ses cors.

Ces derniers sont eux aussi progressivement assimilés par la symbolique chrétienne : on note la présence de dix cors, parallèle avec les dix commandements, on note la repousse de ceux-ci comme écho à la Résurrection, on rappelle aussi que Pline, (auteur latin tenu pour être une source des « sciences naturelles » au Moyen Âge), observe que le cerf utilise ses cors pour forcer les serpents à sortir de leur trou avant de les tuer, ce qui fait écho à la lutte du Christ contre Satan. La chasse au cerf devient donc un rituel rejouant la Passion, un sacrifice charitable qu’offre l’animal, dont la traque et l’exécution doivent donc être policées, ritualisées.

En un mot, ne pouvant abolir la chasse dans le contexte de la féodalité, l’Église, comme avant-garde culturelle de la classe aristocratique, a simplement été en mesure de la civiliser par une forme, un contenu, qui correspondait à ses valeurs. Exactement comme elle a cherché pour les mêmes raisons à encadrer la guerre par le mouvement de la Paix de Dieu et par les Croisades.

Finalement, le dispositif même de cette chasse, assimilé à la chasse noble par excellence, finit de facto par raréfier les grandes chasses aristocratiques. La chasse au cerf en effet suppose concrètement la maîtrise juridique de vastes espaces forestiers. En conséquence, la concentration des pouvoirs et le progressif monopole sur les forêts, finit par en faire l’apanage des seuls plus puissants parmi les aristocrates, et surtout du roi lui-même, appuyant ici toute la dynamique féodale à l’élaboration d’un État monarchique centralisé que soutien l’Église. Les traités de véneries qui se développent justement au XIVe siècle à destination de la haute noblesse illustrent le caractère distinctif de la chasse à courre visant le cerf, comme une affirmation sociale de la supériorité et de la domination des grandes dynasties aristocratiques sur la société féodale de France. Parmi eux, le plus célèbre est certainement le Livre de chasse du comte de Foix Gaston Phoebus, et il s’y exprime très précisément ce qu’est alors devenu la chasse à courre :

Toutes les personnes ne sont pas mues de la même volonté ou du même courage, mais elles sont de natures diverses, comme l’a voulu Dieu notre Seigneur, qui ordonna ainsi plusieurs formes de chasse, qui sont de diverses manières afin que chacun put trouver chasse à sa plaisance et selon son État, car les unes appartiennent aux puissants, les autres aux faibles, et je vais donc vous les présenter par ordre. Je commencerai donc par la vénerie des cerfs, comment on les prend à la force des chiens, chasse qui est la plus plaisante qui soit. C’est une bonne chasse que celle du cerf, car c’est belle chose que de bien traquer un cerf, belle chose de le poursuivre, de le courir longuement jusqu’à l’abattre, soit en eau soit sur terre, belle chose la curée, belle chose de bien l’embrocher, de le dépecer et de lever les chairs. C’est une belle bête et plaisante, et je tiens là que ce soit donc la plus noble des chasses.

Si l’action de l’Église dans le cadre de l’essor de la féodalité a eu une incontestable dimension progressiste en faveur de la culture, du soutien de la vie, on saisit immédiatement, et dans le cadre même de la féodalité toutes les limites cependant, toutes les contradictions de cette oeuvre. L’Église n’était pas en mesure de briser l’aristocratie et ses besoins de distinction, au vu de la faiblesse des connaissances scientifiques et de sa capacité d’action bornée par le cadre du féodalisme dont elle était elle-même partie prenante. Elle a donc dû au final abolir ces ambitions morales, elle n’était pas en mesure de pousser à l’abolition concrète et effective de la chasse.

Celle-ci, et en particulier la chasse à courre, est donc restée un rituel aristocratique, un espace permettant l’expression du caractère le plus archaïque de cette classe, dont les racines plongent précisément dans les formes les plus avancées du tribalisme barbare et toute sa brutalité ici prolongée. En dépit de tous les efforts pour faire avancer cette question dans le cadre féodal, cette barbarie suinte encore ouvertement de ce texte du XIVe siècle.

On peut donc mesurer depuis notre époque, en 2019, à quel point le maintien de la chasse à courre constitue un archaïsme réactionnaire exprimant toute la brutalité barbare des éléments les plus attardés du féodalisme. Le sentiment de rejet écoeuré exprimé par les masses face à la chasse à courre, face à la brutalité de son exercice, face à toute l’arrogance anachronique de ses pratiquants qui la prolongent à l’ère de l’exigence démocratique et populaire en faveur de la vie, en faveur d’un rapport harmonieux à la biosphère est donc un sentiment juste, qui va dans le sens du progrès, dans le sens même de l’Histoire.

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Chiens et chats : les protéger les 24 et 31

Pour Noël et le réveillon, il arrive qu’on ait beaucoup de visites : savoir prendre soin de son compagnon animalier demande une vraie réflexion et un certain sens de l’organisation, ceci afin de leur éviter tout stress.

chat chien réveillon

Le bruit, les choses surprenantes, une activité dans tous les sens aisément désagréable, des enfants trop entreprenants… les possibilités de dérangement, de désagrément, sont rapidement nombreuses pour les chiens, chats et les autres compagnons animaliers qui peuplent nos logements. Il va donc de soi qu’il est nécessaire de prévoir le coup.

La première chose à avoir, c’est le numéro de téléphone d’un vétérinaire ouvert la nuit et ouvert à ces dates là, en cas de pépin. Cela va avec le fait de bien vérifier qu’aucune installation à l’occasion des 24 et 31 ne créent un danger possible : le sapin, les guirlandes électriques, la vaisselle, la nourriture disposée, les meubles déplacés, la décoration, etc.

Toute l’organisation allant de paire avec Noël et le réveillon amènent d’ailleurs un chambardement qui n’est pas forcément apprécié, aussi est-il nécessaire de régulièrement rassurer son compagnon. Cela va de paire avec une très importante priorité : l’organisation d’un repli possible, lors de la soirée, pour celui-ci. Il faut l’animal ait aisément la possibilité de se mettre à l’écart, dans un endroit rassurant, où il sait qu’il ne sera pas dérangé.

Certains animaux sont très sociables et apprécient la visite d’amis ou de proches, voire même de parfaits inconnus. Certains chats par exemple se montreront très affectueux envers les invités et demanderont des caresses et de l’attention. Mais cette attitude ne doit pas faire oublier qu’un chat est un chat, pas un humain. Et de la même manière qu’un chien reste un chien.

Le bruit, les mouvements brusques, la musique, etc. d’une soirée sont des sources de stress pour les chiens et les chats. Un chat peut apprécier la visite et se retrouver au centre de l’attention, mais il n’appréciera certainement pas une musique forte, des bruits de vaisselles et un volume sonore trop élevé.

Il faut donc le rappeler aux les enfants, mais également aux adultes. Emporté par l’engouement de la fête, ou bien abasourdis par l’alcool, ces derniers peuvent en effet se montrer désagréables ou dérangeants. Il faut donc prévoir le repli possible, mais également savoir être ferme le cas échéant. Il faut toujours avoir un oeil sur les animaux du logement, ou au moins savoir où ils se trouvent et s’assurer qu’ils ne sont pas stressés.

Il va de soi que cette intendance est d’autant plus exigeante pour les animaux enfermés dans des cages, comme les cochons d’Inde ou les rats, pour qui la situation déjà désagréable risque d’être encore plus stressante en cas de bruit, d’actions interprétées comme des menaces ! Ici, idéalement, il faudrait déplacer les cages en question, cependant les animaux aiment rarement perdre leurs repères concernant leur entourage.

Le fait de mettre une couverture n’a également que peu de sens pour des animaux appréciant les activités nocturnes… Peut-être que la meilleure solution est de leur donner de bonnes friandises au bon moment pour les occuper à quelque chose de plaisant et de rassurant. Les rats aiment bien les bons petits plats et les cochons d’Inde raffolent des diverses herbes qui peuvent leur être proposés.

Une autre difficulté, ce sont les pétarades du 31 décembre, qui sont extrêmement agressifs pour nos compagnons, et contre lesquels on ne peut pas forcément grand-chose. On peut toutefois penser à fermer les volets, se rapprocher d’eux juste avant minuit, pour bien les rassurer. Il faut ici se souvenir que leur ouïe est souvent bien plus sensible que la nôtre.

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Qui décide du sort du vivant dans les forêts nationales ?

L’Office National des Forêts (ONF) assigne trois personnes prises au hasard parmi la foule des manifestants contre la chasse à courre. Il s’agit d’un procès civil par lequel l’institution chargée de gérer les forêts nationales entend faire payer à ces gens le fait que les chasseurs n’ont pas remplis leur objectif quantitatif d’animaux tués la saison dernière.

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En plus du problème moral évident que pose la chasse à courre comme pratique moyenâgeuse d’une brutalité ignoble, c’est la question du pouvoir politique dans les forêts nationales qui se trouve mis en évidence. Qui décide du sort du vivant dans les forêts nationales ?

> Lire également : L’ONF réclame 55 000 € à trois opposants à la chasse à courre

En matière civile, la pierre angulaire du système juridique est sans conteste la propriété privée. La bourgeoisie, en tant que classe sociale, devant son existence à la propriété privée des moyens de production, elle a logiquement mis en place un ensemble cohérent de règles régissant son maintien, par la transmission et le développement de la propriété privée.

Ce système juridique est un acquis de la bourgeoisie dans le cadre de la lutte des classes ; c’est une construction historique. Dans la dernière partie du Moyen Âge, plus la bourgeoisie française prenait de poids dans les échanges économiques au sein du royaume, plus les féodaux reculaient eux-mêmes. Avec le recul de ces derniers, c’est l’ordre juridique basé sur les privilèges de naissance qui perdait en pertinence.

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La féodalité réservait le travail aux membres des classes sociales inférieures : les paysans, les travailleurs des villes et les bourgeois. Cette configuration avait des conséquences sur la propriété, laquelle était largement collective (et non privée, donc). Les possessions royales et seigneuriales peuvent être considérées comme des propriétés, dans le sens où la chose a un maître qui décide de ce qui y est fait. Mais les nobles (donc évidemment le Roi) ne travaillent pas. Les droits sur le bien immobilier sont donc divisés entre la propriété éminente qui reste aux nobles et la propriété utile qui va à celui qui exploite la terre, le moulin, le bois, le four, etc. Le droit de chasser était réservé aux classes dominantes : le Roi, les nobles et les ecclésiastiques, chacun sur leur domaine respectif.

Avec le travail, la bourgeoisie est alors porteuse du plus haut niveau de culture. Elle est capable de puiser dans l’Antiquité pour faire naître ce dont l’époque a besoin. La propriété telle que la bourgeoisie la conçoit est refondée à partir du droit romain, comme le souligne Friedrich Engels dans La décadence de la féodalité et l’essor de la bourgeoisie :

« Avec la redécouverte du droit romain, la division du travail s’opéra entre les prêtres, consultants de l’époque féodale, et les juristes non ecclésiastiques. Ces nouveaux juristes appartenaient essentiellement, dès l’origine, à la classe bourgeoise ; mais, d’autre part, le droit qu’ils étudiaient, enseignaient, exerçaient, était aussi essentiellement anti-féodal par son caractère, et, à un certain point de vue, bourgeois. Le droit romain est à tel point l’expression juridique classique des conditions de vie et des conflits d’une société où règne la pure propriété privée, que toutes les législations postérieures n’ont pu y apporter aucune amélioration. »

Selon l’adage latin Cujus est solum ejus usque ad caelum usque ad inferos, Qui est propriétaire du sol est propriétaire jusqu’au ciel et jusqu’aux entrailles de la terre. Peu importe donc sa naissance, celui qui est propriétaire d’un terrain possède tout ce qui s’y trouve. S’agissant des arbres, il les possède des racines à la cime. S’agissant des animaux, il dispose des taupes qui peuplent le sous-sol comme des colonies de passereaux qui volent en surplomb et de toutes les vies qui s’ébattent entre ces deux extrémités. Sauf interdiction particulière de la loi ou du règlement, le propriétaire peut donc détruire les êtres vivants sur sa propriété. Il peut chasser lui-même, ou céder ses droits de chasse.

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Les « parties » de chasse à courre ont parfois lieu sur des propriétés privées individuelles. On pense alors au vastes étendues boisées qui jouxtent les demeures de la Renaissance ou les pavillons de chasse du 19e siècle. La vie de château quoi !

L’ONF traîne des gens devant la justice parce qu’il considère qu’ils ont gêné des veneurs dans leurs chasses. Or, si c’est l’ONF qui est concernée, c’est donc qu’il s’agit ne s’agit pas de biens individuels.

En effet, l’ONF est chargé de l’exploitation des forêts qui appartiennent à l’État.

Or, en République, ce qu’il advient des choses de l’État est par principe décidé par le peuple. Ce n’est de toute évidence pas le cas dans de nombreux domaines. Il n’y a ainsi pas de débat public concernant le sort du vivant dans les forêts nationales.

Pourtant, les forêts nationales appartiennent au domaine privé de l’État. Par opposition au domaine public de l’État qui est régi par des règles de droit public, donc du droit de l’administration, le domaine privé de l’État est régi par des règles de droit privé, donc du droit de la personne privée.

On peut donc considérer que l’adage latin cité ci-dessus, selon lequel le propriétaire du sol est propriétaire du sous-sol et de ce qui est en surplomb, doit s’appliquer aux forêts nationales. Il appartient donc théoriquement au peuple, propriétaire des forêts nationales au travers de l’État, de décider du sort du vivant dans celles-ci.

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Mais à gauche on le sait, le droit ne fait pas la réalité, c’est bien plutôt les tensions qui s’exercent dans la réalité quotidienne qui poussent le législateur à produire les règles juridiques. Ainsi, le développement des règles qui concernent la vie dans les forêts nationales, particulièrement celles qui concernent la chasse, a suivi les flux et reflux du pouvoir féodal.

Les grands massifs forestiers comme ceux D’Île de France, de Picardie et de l’Ouest de la France ont été un enjeu important de la lutte de pouvoir qui a opposé sur près de quatre siècles la féodalité et la bourgeoisie. Les grandes forêts constituent une source de profit important et constituaient un poste industriel stratégique (construction navale, industrie verrière, etc.). Asseoir son pouvoir politique passait nécessairement par le contrôle de ces forêts.

Un aspect culturel important se jouait également au travers de la possession des forêts. Les forêts domaniales étaient des propriétés éminentes du Roi. Classe victorieuse de la Révolution de 1789-1792, la bourgeoisie s’empare des forêts royales et en fait des possessions du domaine. Les arbres transformés en bois deviennent des marchandises qui intègrent les marchés. La chasse en forêt domaniale n’est plus un privilège mais devient un loisir de gentilhomme.

Paysans et roturiers sous l’ancien régime, puis aujourd’hui paysans et ouvriers sont exclus de la gestion de la forêt domaniale. La forêt royale est devenue domaine privé de l’État, l’ONF est chargée de son exploitation.

À aucun moment il n’existe de débat démocratique, localement ou au niveau national, pour décider la manière dont il faut traiter les êtres vivant en forêt.

Les associations de veneurs s’estiment lésés et se retournent contre l’ONF qui leur cède de manière unilatérale les droits de chasser dans les forêts nationales. L’ONF assigne en justice des personnes prises au hasard dans la foule des opposants à la chasse à courre. Cette histoire procède du déni de démocratie.

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« En défense du régime naturel »

Percy Shelley était un poète anglais de la première moitié du XIXe siècle : né le 4 août 1792, il mourut le 8 juillet 1822. Il est l’un des principaux poètes romantiques anglais avec  John Keats à qui il dédia une élégie célèbre (Adonaïs), et Lord Byron avec qui il se liera d’amitié.

Joseph Severn - Posthumous Portrait of Shelley Writing Prometheus Unbound 1845

Shelley est aussi connu pour son athéisme et une critique très forte de l’Angleterre de son époque. Ainsi, dans son premier grand poème intitulé La Reine Mab ; un poème philosophique; avec des notes, publié en 1813, la dix-septième note contient ce qui deviendra un pamphlet : A Vindication of Natural Diet (En défense du régime naturel). A ce moment Shelley est devenu végétarien depuis peu, sous l’influence de l’un de ses amis, Frank Newton.

Ce texte est remarquable par sa dimension totale et son esprit romantique. Shelley n’est pas dans une démarche purement individuelle de pureté morale. L’idée centrale est que l’humanité s’est éloignée de sa vie naturelle et que cet égarement est la cause de tous ses maux : « Je considère que la dépravation de la nature morale et physique de l’homme trouve son origine dans ses habitudes de vie contraires à la nature. »

L’auteur en appelle à retrouver un paradis perdu, dans un élan romantique. Ceci l’amène parfois à s’emporter à affirmer des choses que l’on sait aujourd’hui fausses (comme l’absence de maladies chez les animaux sauvages), mais ces quelques excès n’enlèvent rien à la force et l’intérêt historique du texte.

A Vindication of Natural Diet n’a rien à voir avec la manière dont la question du rapport aux animaux est posée aujourd’hui en France et dans d’autres pays. Loin de l’esprit individualiste et de petits commerçants qui s’opposent à une véritable prise de conscience démocratique sur cette question, A Vindication of Natural Diet permet de se rendre compte que celle-ci se posait déjà il y a deux siècles et sous une forme diamétralement opposée : pleine d’espoir et dans le cadre d’une remise en cause de toute la culture d’une époque.

Il est très intéressant de constater que la critique du meurtre d’animaux va de pair avec celle de l’alcool : ni meurtre, ni ivresse au jardin d’Eden de Shelley. Ceci fait sens si l’on suit sa logique : le meurtre d’un animal dérègle l’âme et est la source de la folie des hommes, de la même manière l’alcool dérègle les sens et éloigne l’homme de sa pureté originelle. Loin de faire l’apologie d’un retour en arrière, la démarche de Shelley est tournée vers l’avenir et n’appelle aucunement à rejeter la civilisation.

Le texte entier est accessible ici, en anglais uniquement.

« On ne saurait être plus clair ! Prométhée (qui représente l’espèce humaine) rendit possible des grands changements dans la condition de sa nature, et l’appliqua d’abord à des fins culinaires. Il inventa ainsi un expédient pour cacher à son dégoût le spectacle horrible de la tuerie. Dès lors, ses organes vitaux furent dévorés par le vautour de la maladie. Laquelle consuma l’être humain sous toutes les formes de son infinie et détestable variété, incluant les ravage terrifiants de la mort violente et prématurée. Tous les vices nacquirent sur les ruines de la saine innocence. La tyrannie, la superstition, le commerce et l’inégalité furent les premiers à apparaître, alors même que la raison tentait vainement de guider les errances de la passion exacerbée.

[…]

La science humaine toute entière se résume à cette question : comment les agréments de l’intellect et de la civilisation peuvent-ils être réconciliés avec la liberté et les plaisirs purs de la vie naturelle ? Comment pouvons-nous conserver les avantages et rejeter les inconvénients du système, qui imprègne à présent chacune des fibres de nos êtres ? Je pense que s’abstenir de nourriture animale et de boissons spiritueuses nous permettrait, dans une large mesure, de trouver une solution à cette importante question.

[…]

Le crime est folie. La folie est maladie. Lorsque la cause de la maladie est découverte, sa racine, de laquelle procèdent tout le vice et toute la souffrance qui assombrissent le globe, sera exposée dans toute sa nudité au tranchant de la hache. Tous les efforts de l’homme, dès lors, pourront être considérés comme tenant à l’avantage bien compris de l’espèce. Aucun esprit sain dans un corps sain n’a recours au crime. C’est l’homme aux passions violentes, aux yeux injectés de sang et aux veines gonflées qui seul peut brandir le poignard du meurtre. Le régime naturel ne promet aucun avantage utopique. Il ne peut venir d’une simple réforme législative, tant que les passions furieuses et la propension au mal du coeur humain demeureront inassouvies. Ce régime frappe à la racine de tous les maux, et c’est une expérience qui pourrait être tentée avec succès, non seulement par les États, mais avant tout par de plus petits groupes humains, par des familles, et par des individus. »

[…]

Le prosélyte d’un régime simple et naturel qui souhaite jouir d’une bonne santé doit, dès sa conversion, se plier à deux règles :

N’absorbez jamais dans l’estomac une substance qui a eu vie.

Ne buvez jamais d’autre liquide que de l’eau rendue à sa pureté originelle par la distillation.

Des personnes suivant un régime végétal ont eu une longévité remarquable. Les premiers chrétiens s’abstenaient, selon le principe de la modification de leur chair, de manger celle des animaux.

Le Vieux Parr, 152 ans

Marry Patten, 136 ans

Un berger en Hongrie, 126 ans

Patrick O’Neale, 113 ans

Joseph Elkins, 103 ans

Élisabeth de Val, 101 ans

Aurangzeb, 100 ans

Saint Antoine, 105 ans

Jacques l’Ermite, 104 ans

Arsène, 120 ans

Saint Épiphane, 115 ans

Siméon, 112 ans

Rombald, 120 ans

Les raisonnements de M. Newton sur la longévité sont ingénieux et concluants :

« Le Vieux Parr atteignit l’âge de 152 ans. Tout homme peut être en aussi bonne santé qu’un animal sauvage. Donc, tout homme peut atteindre l’âge de 152 ans. »

Cette conclusion est trop timide. On ne saurait, en effet, supposer que le Vieux Parr ait échappé à l’hérédité des maladies, forgée par les habitudes contre nature de ses ancêtres. On peut en déduire que le terme de la vie humaine dépasse peut-être infiniment cet âge, si l’on considère toutes les circonstances qui ont contribué à abréger même celles du Vieux Parr.

Je veux ici remarquer que l’auteur et son épouse se nourrissent de fruits et de légumes depuis huit mois. Les améliorations de la santé et de l’humeur qu’il décrit plus haut sont donc tirées de se propre expérience. »

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Alain Perea et l’interdiction de VTT pendant la chasse

Alain Perea, député de La République en marche de l’Aude, a réagi d’une manière particulièrement sordide à l’annonce qu’un cycliste, en VTT, s’est fait tué par des chasseurs en Haute-Savoie, à Montriond. L’arrogance est de mise chez les réactionnaires, qui s’appuient sur la France profonde.

Alain Perea Twitter chasse

Le député de La République en marche de l’Aude Alain Perea n’y est pas allé par quatre chemins, avec un message censé être humoristique et provocateur, mais en même temps tout à fait concret.

D’ailleurs, à côté de Dijon, la mairie d’Is-sur-Tille, n’y est pas allé par quatre chemins non plus pour interdire une forêt aux non chasseurs pour une longue période.

Is-sur-Tille chasse

Alain Perea a parlé ensuite de « tweet maladroit,et dans tous les cas mal interprété », mais c’est seulement pour la forme. Il savait très bien ce qu’il faisait. Le territoire appartient aux réactionnaires : tel est le message. Alain Perea est d’ailleurs vice-président de la commission parlementaire de l’Aménagement du Territoire et du Développement Durable. Une belle preuve de la savante organisation des chasseurs dans les institutions, et inversement : toute la France réactionnaire sait vivre à l’unisson.

Emmanuel Macron vient d’ailleurs également de faire en sorte que lors du remaniement il y a quelques jours, le chasseur Marc Fesneau, député Modem, soit nommé ministre auprès du premier ministre, chargé des relations avec le Parlement.

Ce n’est pas qu’on en finit plus avec cela : c’est en fait ainsi depuis le départ dans un pays réactionnaire culturellement, où la Gauche est happée par les mœurs réactionnaires et le libéralisme des grandes villes. La France reste profondément de droite, même quand elle est de gauche, et l’exemple de François Mitterrand, la grande figure de la gauche des années 1980 qui vient de la droite bien réactionnaire, est tout à fait exemplaire.

Charb chasseur

Il est pourtant flagrant que cette domination des chasseurs est, en plus de sa pesanteur culturelle, très dangereuse dans les faits. On ne compte plus les « faits divers », qui d’ailleurs évidemment ne remontent pas tous, loin de là. La pression des chasseurs est immense.

Twitter chasse

On peut dire avec certitude que tant que la Gauche ne combattra pas la chasse, elle ne débloquera pas la situation, alors que dans notre pays le rapport entre les villes et les campagnes est si terrible. C’est le capitalisme qui a façonné le pays, selon ses besoins, qui a fondé les rapports à la nature, ainsi qu’entre les gens, qui a décidé de l’architecture. Il faut tout remettre à plat, et la conscience de cela est le premier pas nécessaire pour arriver à une conscience de Gauche authentique.

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Chasse à courre : les policiers de l’Oise ont raison !

Certains policiers de l’Oise se plaignent de devoir protéger les véneries de « quelques aristocrates ». Ils posent avec justesse la question du fonctionnement de la police, censé servir le droit et donc le peuple, et non pas servir de milice armée privée au service de quelques uns.

La prolétarisation des policiers est flagrante depuis quelques décennies ; loin de l’image d’Épinal du flic facho d’antan, brutal et coupé du reste de la population, même s’il en reste, le policier est aujourd’hui un type normal vivant comme tous les autres, et même parfois un fonctionnaire qui n’hésite pas à revendiquer de manière bruyante.

Le fait que des policiers de l’Oise critiquent de manière véhémente la décision du préfet de les envoyer protéger une chasse à courre est exemplaire de cela. Tout le monde sait dans l’Oise que le préfet soutient totalement la chasse à courre, pratiquée par la haute bourgeoisie locale. Dénoncer la protection du préfet à la chasse à courre, en la qualifiant de « sécurité privée », c’est assumer un positionnement démocratique tout à fait clair.

« Alors qu’ils réclament « à cors et à cris » des effectifs supplémentaires,
Alors que l’administration s’est engagée à supprimer les taches indues,
A l’heure où les parlementaires étudient la coproduction de sécurité,
les policiers sont détournés des missions de sécurité publique afin d’assurer les privilèges de la noblesse.
ALLIANCE est sur ce sujet, comme sur d’autres, à cheval sur les principes. La Police n’est pas et ne deviendra pas une force de sécurité privée ! »

A l’opposé de tous les discours anarchistes, il faut bien pour la Gauche saisir que ce n’est qu’un début. Car le socialisme, c’est la défense du principe du Droit, dans une perspective universelle. Or, l’État tombe toujours plus les masques, révélant sa nature d’outil pour le maintien de l’ordre au service de la conservation du capitalisme. Et comme beaucoup de policiers entendent servir toute la société, ils ne comptent pas servir seulement quelques uns.

Il s’apercevront donc qu’ils l’ont fait en partie jusqu’à présent, dans la mesure où l’ordre social est à la base inique, injuste, inégalitaire.En fait, les policiers vont commencer à faire du droit, cessant de le déléguer à la magistrature. Et alors ils pourront devenir une vraie police populaire.

En assumant le droit universel, ils fusionneront entièrement avec le peuple. Ce processus, inévitable pour une partie de la police, se déroulera de manière contraire dans l’armée, qui elle va se couper de plus en plus de la société, devenant de manière toujours plus flagrante un service de mercenaires.

Car tout est une question d’État. Veut-on un État au service du peuple, porté par le peuple ? Ou bien un État comme organisme de maintien de l’ordre, comme force de conservation, de l’extérieur du peuple, et contre lui ?

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Rassemblement anti-chasse à Paris le 13 octobre 2018

Le 13 Octobre se tiendra à Paris un rassemblement contre la chasse. L’objectif de cet évènement revendicatif « stop-chasse » est d’obtenir des pouvoirs publics une réforme de la chasse constituant un pas vers son interdiction. Il s’agit d’une avancée qui pourrait s’avérer décisive, même si ce mouvement est comme entravé de l’intérieur.

One voice Marche unitaire contre la chasse

L’association animaliste et non-violente One Voice a pris l’initiative d’un évènement à portée nationale qui se tiendra autour de la place de la République. Il consiste dans sa forme en une marche (dont le parcours n’est pas encore connu à ce jour) et d’un village associatif. De nombreuses associations ont déjà confirmé leur présence (voir la liste ici). Les participants réclament une réforme de la chasse qui se veut radicale.

Cette revendication est appuyée, en plus de la manifestation parisienne, par une pétition (que l’on peut signer ici) et relayée par un site internet dédié.

La réforme souhaitée tient en 10 propositions :

  1. indépendance de la police de la chasse ;
  2. interdiction de chasser les espèces en mauvais état de conservation ;
  3. interdiction de chasser en périodes de reproduction ;
  4. interdiction des pièges tuants ;
  5. fin des chasses dites « traditionnelles » (glu, lèques, lacs, pentes, tendelles)
  6. abolition de la vénerie sous terre pour toutes les espèces ;
  7. abolition de la chasse à courre pour toutes les espèces ;
  8. abolition de la chasse dans les espaces protégés (Parcs Nationaux, Réserves naturelles, réserves biologiques) ;
  9. deux jours par semaine sans chasse ni piégeage (dont le dimanche) et l’intégralité des vacances scolaires ;
  10. la visite médicale annuelle obligatoire pour le permis de chasse avec contrôle de la vue.

Cela intervient six semaines après la dernière rencontre au sommet de l’État ayant précédé la réforme de la chasse. « Stop-chasse » propose donc une stratégie de réforme contre réforme, en opposant un projet de réforme venant de l’extérieur du milieu de la chasse (et même clairement donc du camp anti-chasse) à la réforme voulue par les chasseurs eux-mêmes. C’est la première fois en France qu’un aussi grand nombre d’associations se regroupent pour lancer ce qui pourrait devenir un authentique débat démocratique sur la chasse.

Voilà une opportunité de rompre avec les critiques superficielles d’un Emmanuel Macron faisant des « cadeaux » au milieu de la chasse ou subissant l’influence quasi-surnaturelle des lobyistes de la chasse. Car les chasseurs ont su s’imposer en faisant de la politique. Alors, enfin, voici que le sujet de la chasse pourrait s’ouvrir à une critique radicale par un débat public.

L’enjeu est bel et bien démocratique, car, comme l’appel « stop-chasse » le relève justement, les chasseurs ne représentent que 3% de la population. Mais, bien évidemment, leur influence politique est nettement supérieure. Ceci, le mouvement « stop-chasse » ne se l’explique pas. L’appel se cantonne à une définition négative de la chasse qui n’est (justement) « ni un art de vivre, ni un loisir ».

Alors on voit la principale limite du mouvement. On envisage l’entrave à un véritable bond en avant dans l’offensive contre la chasse. C’est que d’un côté la volonté des organisateurs est de peser sur les institutions, et que, d’un autre côté, il s’agit d’un mouvement unitaire. Or, unitaire ne veut pas dire populaire. Le rassemblement est en fait un conglomérat de militants de différentes associations.

Le mérite d’une telle proposition est sa capacité d’organisation. Les associations enrôlent leurs adhérents et affrètent des autocars, impriment des t-shirt et des banderoles, entrent facilement en contact avec les services de police pour définir le tracé de la manif, etc. Mais les associations ne dépassent que rarement la somme de leurs adhérents les plus engagés.

On retrouve précisément ici le principal argument de défense des chasseurs face à leurs contradicteurs. Les chasseurs disqualifient toute critique en caricaturant les « écolo-bobo-urbains » dont les associations vivent de subventions pour défendre la nature sans jamais mettre les pieds à la campagne.

Le fait est que pour pouvoir imposer aux pouvoirs publics une réforme radicale de la chasse, il faut peser lourd et avec une grande légitimité. Pour être légitime, il est nécessaire de connaître avec précision la chasse qui, n’étant « ni un art de vivre, ni un loisir », constitue une activité qui structure de nombreuses branches de l’économie soit-disant « rurale ».

Hors des villes, les masses rurbaines, sont témoins de l’emprise qu’exercent les chasseurs sur la vie quotidienne en même temps que de nombreux autres aspects des problèmes écologiques. Aucun débat démocratique authentique sur la chasse ne prendra corps sans que le plus grand nombre de ceux qui y sont confrontés ne donne du poids aux arguments en faveur de l’abolition.

Alors, sans conteste, l’initiative « stop-chasse » est d’une grande valeur. Pour que le mouvement s’amplifie et qu’un débat de société favorable à l’abolition de la chasse s’initie, la manifestation en ville et par représentation des gens de territoires rurbains au travers d’associations ne suffira pas.

L’appel de One voice :

Le 13 octobre, One Voice appelle à une manifestation unitaire pour dire non à la chasse.

Soyons nombreux, le 13 octobre à Paris, pour dire que la très grande majorité de nos concitoyens reprouve cette pratique archaïque, son cortège de morts, de violence et de mutilations pour des millions d’animaux. Notre Président de la République couvre la chasse de cadeaux. Nicolas Hulot, son ministre démissionnaire de l’écologie a fini par comprendre que le respect de la faune sauvage ou la préservation des espèces protégées étaient les derniers de ses soucis. Rappelons à Emmanuel Macron que les chasseurs ne sont que 2% de la population et que nos voix sont bien plus nombreuses que celles de ces électeurs à gibecière. L’éthique de la chasse est la mort, ce n’est ni un art de vivre ni un loisir.

La chasse, sous toutes ses formes, est destructrice. Ces spadassins de la gâchette doivent comprendre que nous les combattrons, que nous ne sommes pas dupes de leur logorrhée d’écologistes autoproclamés qui prétendent sauvegarder la nature à coups de fusil. Les claquements des pièges tuants, les détonations des cartouches ou le raffut des cors de chasse à particules n’étoufferont pas les cris de terreur et de douleur de 45 millions de trépassés de la faune sauvage.

Le 13 octobre, affirmons votre volonté d’en finir avec la chasse et ses mascarades, ses fusils, ses pièges, ses traditions sanglantes et ses apparats prétentieux. Pour que chacun puisse aller à la rencontre de la faune et la flore de nos territoires sans risquer d’être victimes d’un piège ou d’une cartouche comme cette fillette de 10 ans, en promenade avec ses parents, grièvement blessée à Limoges par un chasseur qui visait un faisan, ce dimanche 16 septembre 2018.

A lire intégralement ici

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L’association Handi’Cats fête ses sept ans

Ce week-end l’association Handi’Cats a fêté ses sept ans. Comme son nom l’indique, l’association prend en charge les chats handicapés et plus généralement ceux dont personne ne veut mais aussi d’autres animaux comme des lapins ou des chiens… Cet anniversaire a été l’occasion de faire un point sur ces sept années et malheureusement sur sa situation très difficile aujourd’hui : depuis plusieurs mois, les demandes de prises sont refusées faute de moyens matériels, humains mais surtout financiers.

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Joeystarr et Avicii, deux chats à l’adoption (lien)

La prise en charge d’animaux avec des histoires toutes différentes et parfois très dures, demande beaucoup de temps, beaucoup d’argent et énormément d’abnégation. Le reportage réalisé par 30 millions d’amis en 2015 permet d’avoir un bref aperçu du travail requis pour faire vivre le refuge de Handi’Cats : visites chez le vétérinaire, accueil de nouveaux animaux, soins quotidiens, nettoyage de cages, etc.

Handi’Cats met tout en œuvre pour offrir la plus belle vie possible à chacun de ses protégés. Ceci continue jusqu’à l’étape de l’adoption dont le but est de s’assurer que l’animal rejoindra une famille aimante et capable de lui offrir un cadre de vie adapté à ses besoins psychologiques et physique :

« Après avoir rempli le questionnaire qui nous aide à connaître un petit peu des futurs adoptants, de leur environnement et de leur famille de poilus, s’en suit un premier contact téléphonique qui débouche ensuite sur une pré-visite organisée par l’association au domicile du potentiel adoptant. Ensuite, nous faisons un point en équipe et, si tout va bien, nous organisons un covoiturage pour que l’animal puisse rejoindre sa famille.

[…]

Notre équipe de bénévoles répondra à toutes les questions et inquiétudes, nous ne sommes pas là pour placer à tout prix mais pour trouver la famille qui correspondra à notre protégé et vice-versa »

L’association dispose d’un terrain et de bâtiments dédiés à l’accueil et la prise en charge des animaux en fonction des besoins : quarantaine pour les nouveaux arrivants, infirmerie pour les soins, bâtiments adaptés pour les différents handicaps de certains pensionnaires… Ainsi que de familles d’accueil.

Comme de très nombreuses associations qui viennent en aide aux animaux, l’alimentation, les médicaments et les (très importantes) factures vétérinaires représentent des coûts difficiles à gérer. L’association ne vit que grâce aux dons et à l’heure actuelle, elle n’est plus en mesure de prendre en charge qui que ce soit :

« Malheureusement par manque de place, de main d’oeuvre et surtout de financements, nous avons dû prendre la décision cette année de stopper les prises en charge depuis quelques mois maintenant »

Il faut du courage et de la volonté pour traverser toutes ces difficultés ; l’association et ses protégés ont besoin de toute l’aide possible. Les handicapés, ceux qui ont des besoins spécifiques et tous les animaux qui cherchent un toit en général ont besoin de Handi’Cats et de toutes les associations qui leur apportent l’amour dont ils ont tant besoin.

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Flash, FIV+ et né avec une patte arrière malformée. A l’adoption (lien).

Adoptions, stérilisation et information

Le but de l’association est aussi d’informer et d’éduquer afin de changer le regard sur les animaux handicapés. A cela s’ajoute un travail sur la nécessité de la stérilisation et l’importance de l’adoption.

La stérilisation des chats est une nécessité, il ne s’agit pas d’un choix individuel que chaque personne devrait prendre ou non pour son ou ses chats. Pour chaque chaton qu’une chatte a eu parce que ses « propriétaires » n’ont pas voulu la stériliser, il y a un chat de refuge qui attend une famille pour la vie.

Entre la famille, les amis et les collègues cette portée ne sera pas trop difficile à faire adopter, mais chacune de ses adoptions est une place qu’un autre chat de refuge aurait pu prendre. Les associations n’ont plus de place et plus de moyens mais trop de gens laissent faire et ne font qu’empirer une situation déjà alarmante.

Handicap et euthanasie

Dans le reportage réalisé il y a quelques années par l’émission « 30 millions d’amis », la présidente de Handi’Cats rappelle une triste vérité : les animaux handicapés ont tendance à être considérés comme des cas perdus et il n’est pas rare que des structures aient un recours assez régulier à l’euthanasie. Elle prend ainsi l’exemple d’un des chats de l’association, « Gainsbourg », qui a été brûlé vif et qui aurait été euthanasié sans l’intervention de l’association qui refuse cette fatalité (après plusieurs semaines passées au refuge, l’association a réussi à le « remettre sur pattes »).

Aider l’association

Bénévolat, famille d’accueil

L’association peut avoir des besoins de bras ponctuellement pour des travaux, ou d’une manière régulière (besoin de personnes fiables) pour les soins et l’entretien du refuge. Devenir famille d’accueil est une autre manière d’aider : il ne suffit pas d’avoir une envie passagère, devenir famille d’accueil est un engagement sérieux.

Financièrement

L’association Handi’Cats est sur la plateforme teaming qui permet à chacun de lui verser un euro par mois. L’idée est simple : un euro par moi pour une personne ce n’est rien, mais lorsque des centaines de personnes s’y mettent, cela change beaucoup pour l’association.

Il est également possible d’adresser un chèque à l’association :

Association Handi’cats
12 rue Hervieu Deschênes
27170 Beaumont le Roger

Ou encore d’effectuer un virement Paypal.

Enfin, il est possible d’acheter des produits de la boutique, comme un calendrier pour l’année 2019. Pour plus d’informations, voir le message Facebook de l’association.

Covoiturage

L’association publie des demandes de covoiturage sur sa page Facebook pour qu’un de ses protégés rejoigne sa famille définitive.

Relayer une information

Relayer des demandes de covoiturages ou un évènement de l’association est aussi une manière d’aider. Tous les gestes comptent.

Handi'Cats calendrier

Il existe plein de manières d’aider les refuges et de venir en aide aux animaux qui en ont cruellement besoin. Chaque petit geste peut aider : partager une demande, une information, un évènement permettra peut-être de toucher une personne qui répondra à la demande de covoiturage, une personne qui songe à adopter un animal, etc.

Le travail d’associations comme Handi’Cats est un exemple de travail démocratique de longue haleine : informer, sensibiliser et surtout montrer qu’il est possible et qu’il faut rejeter la barbarie ambiante dont les animaux sont les victimes quotidiennes.

Les animaux ont besoin de cette type de démarche tournée vers le plus grand nombre. Loin de celles qui permettent à certains de se mettre en avant pour leur carrière ou leur chiffre d’affaire, sur le dos des animaux. Loin de celles qui ne proposent qu’une radicalité de façade, s’imaginant avoir tout inventé et refusant tout travail démocratique de fond. Loin de ces impasses, Handi’Cats est un de ces nombreux exemples dont on entend trop peu parler et qui montrent la voie à suivre : celle de la compassion la plus sincère.handi'cats

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AVA : une force démocratique contre la chasse à courre

Le collectif AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui) et ses actions contre la chasse à courre est vraiment quelque chose qui a marqué ce début d’année, avec une manifestation de 1000 personnes et une présence deux fois par semaine en forêt avec les veneurs.

AVA Bonneuil

Une mobilisation des zones péri-urbaines et des campagnes

Ce qui est particulièrement intéressant dans cette initiative, c’est la mobilisation d’une frange de la société littéralement abandonnée par la Gauche : les habitants des zones péri-urbaines et des campagnes. Ces zones, trop éloignées des grandes villes pour avoir un accès satisfaisant à la Culture et où la Nature recule petit à petit sous le béton, sont en première ligne dans ce combat. Il s’agit là littéralement de la France profonde, et l’isolement vécu par ces habitants est vecteur d’un fatalisme qu’il est important d’affronter. De ce point de vue, AVA est une initiative résolument positive et démocratique, assez pour que nous nous penchions sur son mode d’action caractéristique.

A la base, se trouve la volonté de faire remonter le vécu des habitants qui font directement face à la chasse à courre, de briser le silence à ce sujet, de libérer la parole. Cela passe par la récolte de témoignages, d’anecdotes vécues par les habitants, et ce directement dans les rues des lotissements ou lors des brocantes, véritable cœur de la vie sociale dans les campagnes. La discussion est lancée et les gens interrogés se livrent facilement à des voisins : une personne sommée par un veneur de « dégager » lors d’une promenade, une autre renversée de son vélo au passage de la meute, une autre qui a défendu un animal réfugié chez elle…

C’est là qu’on peut prendre la mesure d’un problème concret, avec ses enjeux concrets, loin du discours d’experts théoriques. Chacune de ces histoires est une bribe du problème, qu’il convient ensuite de relier les unes aux autres, ce que sûrement beaucoup d’habitants n’osent pas faire d’eux même. Un chien écrasé, un quartier envahi, un embouteillage, un accident de voiture peuvent être vécus comme autant d’exceptions fâcheuses. La mise bout à bout de toutes ces portions de réalité permet d’effectuer une synthèse, une prise de recul nécessaire pour identifier des solutions. C’est un exemple typique de la pratique qui nourrit la théorie. Tout le contraire donc d’un tractage de type L214 par exemple, où la population serait « sensibilisée » de l’extérieur, comme un évangile.

AVA

Une initiative démocratique

AVA utilise parfois dans sa communication les notions « populaire » et « démocratique ». On pourrait passer facilement à côté du sens profond qu’a ce dernier terme en n’y voyant là qu’un fonctionnement, avec des votes, des réunions etc. Mais quand on y regarde de plus près, cette notion, pas anodine, est plutôt liée à la fonction d’AVA au sein de la société, au rôle que le collectif semble se donner : celle d’une force démocratique.

Les sorties en forêt d’AVA sont en ce sens aussi un outil démocratique car elles offrent aux gens une autonomie d’action pour prendre le problème à bras le corps eux même. Aller chercher les équipages de chasse à courre jusque dans les forêts pour leur signifier son opposition, filmer, sauver des animaux, tout cela plusieurs fois par semaine, c’est quelque chose de très fort pour des gens qui viennent de tout sauf d’environnements militants !

Surtout dans un pays comme la France, où le sens de la mesure est de mise culturellement et où la radicalité effraie. Car cela signifie aussi affronter les intimidations des autorités, les menaces des chasseurs, c’est se mettre même parfois en danger physiquement ou professionnellement. Et tout cela n’est possible qu’avec une prise de confiance en soi de la population, en sa capacité à prendre les choses en main, sans compter sur des « experts » ou sur l’aval des institutions.

Toutes les initiatives spontanées, comme les pétitions de quartier ou les actes de résistance sporadiques qui existaient avant AVA, se retrouvent structurées, organisées, et c’est en quelque sorte un pouvoir populaire qui se met en place. Et plus celui-ci se développe, plus il permet de révéler des blocages en amont dans la société, plus il permet d’entrevoir des enjeux profonds : poids des notables, clientélisme, rapports de classe, rapport à la Nature…

Pour toutes ces raisons, c’est un devoir pour tous les progressistes et les personnes de Gauche de s’engager et de soutenir ces initiatives, de rejoindre AVA et de reproduire cette méthode partout ailleurs, dans toutes les franges de la société.

AVA Compiègne Groupe 15 septembre

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Alain Drach expose le noyau dur de l’idéologie de la vénerie

Alain Drach, figure de la chasse à courre à Compiègne, a un indéniable sens de la formule. Lors d’une interview au Courrier Picard en cette rentrée, il tente d’exposer avec un certain talent rhétorique son « sens » des valeurs.

Courrier Picard, Alain Drach

Comment s’est passée samedi cette reprise de la chasse à courre ?

On a fait une jolie chasse d’entraînement. Les jeunes chiens étaient assez excités. Depuis un mois, je suis au chenil avec eux. J’étais très impatient de retrouver la forêt, les chiens sont ma véritable passion (…).

Pourquoi démarrer la saison en pleine période du brame ? Ce n’est pas un peu déloyal comme façon de procéder ?

Personnellement, j’ai passé des nuits d’amour et je n’étais pas pour autant épuisé dans la journée… (…)

Le député Bastien Lachaud (FI) assistait hier à votre chasse à courre. Il a déposé une proposition de loi pour l’interdire. Pensez-vous qu’un jour cette pratique disparaîtra ?

Il a été invité par les membres d’Abolissons la vénerie aujourd’hui (AVA) à assister à cette chasse mais il est arrivé bien tard sur place… À croire qu’il ne dort pas suffisamment dans l’assemblée. À mon avis, cette proposition de loi a peu de chances de passer en commission. Si la chasse devait être abolie un jour, ce serait plus par manque d’espace, quand la forêt ne sera plus qu’un bois de Boulogne.

Pour beaucoup, la chasse à courre reste une pratique cruelle, réservée à une élite…

On nous reproche cette sempiternelle lutte des classes alors que la vénerie, c’est le grand creuset des rencontres sociales. À nos côtés, on a un ancien salarié de Goodyear, un plombier… On se retrouve tous autour d’un pique-nique. Tout le monde m’appelle Alain…

Au-delà du côté kitsch, quiconque étudie de près la chasse à courre reconnaît en filigrane l’ensemble des valeurs de la chasse à courre. Alain Drach témoigne ici d’un très haut degré de culture – à ceci près que cette culture est en fait une idéologie, le fruit d’une aliénation réactionnaire.

Le premier point, fondamental, ce sont les chiens. Les chiens sont, du point de vue démocratique ou socialiste ou communiste ou vegan ou ce que l’on voudra, de simples outils pour les veneurs. Cependant, pour ces derniers, ils forment une meute à laquelle ils vouent un culte. Les devises des « équipages » sont très souvent un éloge des chiens. L’idée de « meute » est essentielle à l’esprit de chasse à courre, les chiens sont dépersonnalisés, mais se voient attribuer une valeur tout à fait particulière.

Le second point, c’est le côté patriarcal de l’homme mesurant sa force, comme pour la corrida, donnant « sa chance » à son adversaire, retournant aux forces primitives de la nature, etc. Le film japonais « Princesse Mononoké » est par ailleurs davantage proche de cet esprit que d’une logique écologiste.

Le troisième point, c’est le discours sur le manque d’espace, la disparition des forêts, etc. Il s’agit là de tout le fond romantique français, par essence agraire et monarchiste, focalisé sur les paysages, la « vérité » de la terre, etc. Les veneurs sont des zadistes lettrés et de luxe.

Le quatrième point est justement le retour aux valeurs féodales : oui, la vénerie est un creuset social… Mais les veneurs s’appuient sur un vivier aristocratique, de réseaux de la haute bourgeoisie, avec le petit peuple leur servant de piétaille. C’est bien une rencontre sociale… mais dans le sens de la servitude volontaire !

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L’ouverture 2018 de la chasse à courre

La chasse à courre a rouverte hier et il y a au moins une personnalité de gauche à avoir assumé quelque chose : le député La France Insoumise Bastien Lachaud était présent à Compiègne pour soutenir les opposants. Le silence de François Ruffin, qui lui assume une implantation picarde, n’en est que d’autant plus troublant.

Bastien Lachaud Twitter

La lutte contre la chasse à courre, commencée ces derniers temps à Compiègne, a largement essaimé, au point de disposer désormais d’une quinzaine de groupes dans tout le pays. Les réactionnaires sont fous de rage qu’on ose aller bousculer leur hégémonie complète dans des zones qu’ils voyaient comme leur bastion inexpugnable.

A ce titre, tout soutien aux revendications populaires s’exprimant à travers le refus de la chasse à courre est une bonne chose. Le passage de Bastien Lachaud, député La France Insoumise de Seine-Saint-Denis, est un appui utile et honorable à une juste cause.

On ne peut que regretter inversement l’absence de François Ruffin silencieux depuis le début quant à la chasse à courre. Député de la Somme élu par l’union de nombreux mouvements de Gauche (LFI, PCF, EELV…) et figure amiénoise avec son journal contestataire Fakir, il devrait être aux premières loges.

Cependant, on devine qu’il refuse de remettre en cause la chasse, celle-ci étant largement valorisée dans des secteurs populaires picards, ainsi que le PCF, au nom d’une tradition « datant de la révolution », alors qu’en réalité on est là dans une position entièrement rétrograde. Quand on se dit de gauche, mais qu’on tire sur les oiseaux, c’est qu’il y a un problème !

Beaucoup de gens de Gauche du coin évitent d’ailleurs cet écueil en méprisant la chasse, tout en valorisant… la pêche, y compris dans sa variante « no kill », qui pourtant aboutit à un crochet enfoncé dans la bouche du poisson.

La reprise de la chasse à courre à Compiègne a été, en tout cas, très feutré. En raison certainement de la présence d’un député, mais également de nombreux médias locaux : Oise Hebdo, le Courrier Picard, Le Parisien, France 3… qui ont dû faire face à la véhémence des pro-chasse à courre.

Les suiveurs de la chasse à courre avaient également des chasubles orange fluo « Hauts de France – Forêts propres », sans avoir de sacs-poubelles pour autant : on était là dans une opération de communication, mais aussi d’intense flicage de la trentaine d’activistes présents qui parfois ont été suivis sur de longs trajets, jusqu’en ville.

La police était là en force, contrôlant les identités avec ferveur, le commissaire divisionnaire se vantant en même temps d’avoir maté des rassemblements illégaux et fait condamner des gens à des mois de prison. C’est que l’État est avec les réactionnaires, mais s’inquiète en même temps des grandes déchirures que toutes ces histoires peuvent provoquer dans le pays.

Le rapport de la société à ses campagnes est en effet explosif et il suffit d’une faille pour que surgisse une gigantesque dénonciation de la vie quotidienne dans une France soit pétrie d’ennui hors des villes, soit totalement aliénée dans les villes.

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« Stop spécisme » : multiples arrestations à Lille

La police avait la pression : la frange la plus réactionnaire de notre pays comptait bien faire un exemple. Il fallait à tout prix alpaguer les gens ayant dégradé et peinturluré le slogan « stop au spécisme » sur neuf commerces à Lille et dans ses environs.

Canard street, « stop spécisme »

Le but de la course-poursuite pour procéder à des arrestations : empêcher que cela ne se fasse contagion. Il est vrai d’ailleurs que ces actions ont possédé une certaine émulation. Aux cibles lilloises initiales – la boucherie L’Esquermoise le 13 mai, la poissonnerie Au Petit Mousse le 18 mai, le restaurant Canard Street le 2 juin, puis toujours en juin la rôtisserie 3 Coqs – se sont ajoutées la Boucherie Pitel dans les Yvelines, la Fromagerie Madame à Wambrechies dans les Hauts-de-France, une boucherie à Thionville et une autre à Cattenom (toutes deux en Moselle), puis quatre à Fontenay-sous-Bois dans le Val-de-Marne, et enfin la Boucherie Du Parc à Epinay-sur-Orge en Essonne.

Au-delà de cela, il y a surtout la compréhension par la France la plus réactionnaire que tout cela allait abîmer le vernis faussement démocratique d’une France totalement agro-industrielle engloutissant les campagnes après les avoir déjà profondément défigurées.

Il faut d’ailleurs qu’on soit dans une situation bien catastrophique pour que quelques dégradations engendrent un tel remue-ménage chez les bouchers, les éleveurs et les médias. On est extrêmement loin des actions quotidiennes par dizaines et portées par un mouvement de masse comme cela fut le cas en Grande-Bretagne dans les années 1980 avec l’ALF.

Ce qui ne peut pas ne pas laisser penser que toute cette hystérie des bouchers, éleveurs et chasseurs est clairement surjouée, que c’est un cinéma visant à conquérir ou reconquérir l’opinion publique. Les réactionnaires sont agressifs et en veulent toujours plus. C’est la Droite à l’offensive, tout simplement. Il est grave d’ailleurs que la Gauche ne le voit pas, voire change de camp.

lille

Le PCF soutient ainsi ouvertement les chasseurs et Martine Aubry, maire de Lille, devant une boucherie dégradée en mai, a fait en sorte que la mairie se porte partie civile. C’est totalement aberrant d’un point de vue de Gauche.

Car quand même, hystérie réactionnaire ou jeu guignolesque, il reste que l’équilibre des idées concernant les campagnes, la nature, est tellement précaire que tout est prêt à s’effondrer du jour au lendemain, et qu’ainsi même quelques dégradations tapent là où cela fait mal. Le système est intenable, détruisant la planète et asservissant les animaux de manière abjecte. Cela ne peut tout simplement pas continuer ainsi.

Il y a donc lieu d’avoir un regard non pas critique, mais certainement plein de sympathie pour les personnes arrêtées, cinq femmes et un homme, une jeune femme de 21 ans se retrouvant inculpée et passant en procès le 14 décembre. Car il faut établir l’arrière-plan : la domination d’une agro-industrie capitaliste totalement destructrice et moralement infâme.

La Gauche, c’est la révolte contre l’ordre établi, pas son aménagement. C’est le mode de production lui-même qui est problématique. Inévitablement, la question animale s’avère explosive lorsque ce mode de production engloutit le monde lui-même. C’est aussi simple que cela, ou en tout cas cela devrait l’être pour toute personne de Gauche.

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La chasse à courre et la chasse, un dispositif pour l’hégémonie de la Droite

Le capitalisme consiste en le capital qui se reproduit à chaque cycle, en s’agrandissant grâce à l’exploitation des ouvriers : c’est ce que dit Karl Marx dans son fameux ouvrage intitulé Le capital. Ce long ouvrage n’aborde malheureusement pas l’une de ses conséquences : que les mentalités restent prisonnières de ce qu’on peut appeler des sortes de séquence de cette production capitaliste.

Chasse à courre

C’est une question d’habitude : lorsqu’on travaille d’une certaine manière, qu’on vit au quotidien d’une certaine manière, qu’on recommence, on ne se dit pas que les choses pourraient être différemment et de toutes façons on n’a aucun recul sur ce qu’on fait, ni sur ce qu’on est !

Des valeurs comme la chasse sont ici fondamentales, car elles traversent ces séquences de reproduction du capitalisme, donnant aux traditions de la société l’apparence d’une chose éternelle…

« Cela a toujours été ainsi… cela sera toujours ainsi »

Il va de soi que de telles valeurs peuvent être très variées. Cela peut être la possibilité d’avoir du grand spectacle au cinéma… jusqu’au fait que le syndicat négocie avec le patronat, ou bien encore un tournoi qui revient régulièrement comme Roland-Garros ou la coupe du monde de football.

Cela a toujours été ainsi… cela sera toujours ainsi. On pourrait penser pourtant que la chasse est quelque chose de dépassé, a fortiori la chasse à cour, et que partant de là le capitalisme pourrait s’en passer : après tout il y a bien d’autres choses qui donnent l’impression d’éternité aux traditions.

Seulement, cela se passe dans les campagnes et on sait comment le capitalisme a anéanti la culture dans les campagnes, la culture… mais aussi la nature. Il y a peu à faire culturellement dans les campagnes et il faut bien maintenir l’illusion qu’il y aurait un lien avec la nature, pour dire que les campagnes sont encore intéressantes.

La chasse est donc proposée comme lien, comme vécu en rapport avec la nature. En fait, les chasseurs sincères ne pourront être réellement convaincus que lorsqu’on les amènera à remplacer leur fusil par un appareil photo. Sur le plan de la fascination de la nature, ils n’auront pas l’impression d’avoir changé pour autant !

Chasse à courre

Le discours des chasseurs est incohérent

Il ne faut pas oublier non plus que la chasse, ce sont des armes et une hiérarchie très stricte, avec les notables à la tête de cette hiérarchie. Cela fait donc que s’il y a une révolution ou une rébellion sociale de la Gauche, les notables pourront rameuter les chasseurs avec leurs armes pour faire comme en 1871 et en 1968 : par la peur, mobiliser la France profonde.

Mais la France profonde n’est plus celle de 1871 ni de 1968, c’est une France qui refuse la grande ville et a souvent choisi la petite propriété pour chercher à profiter de la vie, tout en étant consciente au moins un peu des limites de sa vie quotidienne.

L’absence d’infrastructures – de la santé à la culture en passant par l’éducation – est un problème essentiel, sans parler du rapport aliéné avec la nature. C’est cela qui fait que le refus de la chasse à courre a pu se cristalliser dans une ville conservatrice comme Compiègne. L’hégémonie de la Droite est tombée là-bas sur ce plan, car le rapport dévoyé par la nature a été considéré comme insupportable.

Ce qui ne passe plus vraiment pour les gens, au moins en partie, c’est cette idéologie de guerre de chacun contre chacun du capitalisme plaqué sur la nature pour justifier la chasse. La chasse serait naturel et nécessaire, apprécier la nature et aimer les animaux aboutiraient à chasser… le discours des chasseurs est incohérent, il n’a comme fonction que de maintenir l’hégémonie des valeurs de Droite.

Avec succès jusqu’ici ! A la Gauche de s’assumer pour être capable de renverser cette hégémonie.