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Refus de l’hégémonie

La convocation sur l’Ukraine à l’Elysée

Après avoir jeté un pavé dans la mare en assumant la possibilité de l’engagement militaire directe de la France contre la Russie, le Président Emmanuel Macron a reçu jeudi 7 mars 2024 les chefs de partis politiques représentés au Parlement.

Nonobstant le fait qu’il n’y a pas de réelle opposition parlementaire – l’alignement sur l’Otan – et la propagande anti-russe – est total en France-, le chef de l’État entend bien encadrer les choses. Le régime français a besoin d’une nouvelle Union sacrée pour faire la guerre à la Russie, alors il doit s’assurer d’un soutien sans faille des partis, et neutraliser toute possibilité d’opposition démocratique et populaire.

La convocation avait donc pour but de préparer les députés et sénateurs au débat et au vote du 12 mars à l’Assemblée nationale et du 13 mars au Sénat.

« Le Président de la République a demandé au gouvernement de faire devant le Parlement une déclaration en application de l’article 50-1 de la Constitution, relative à l’accord bilatéral de sécurité conclu avec l’Ukraine le 16 février 2024 et à la situation en Ukraine, suivie d’un débat et d’un vote ».

On ne saura rien précisément de cette réunion organisée par le président, qui aurait duré trois heures. Aucun article de fond, ni aucune présentation détaillée n’a été faite par qui que ce soit ; il n’y a absolument aucune transparence démocratique sur le sujet.

Les élus convoqués se sont contentés de descriptions vagues et générales sur le fait qu’il y aurait eu des cartes de montrées, un bilan de la situation militaire compliquée en Ukraine, avec l’idée que la France pourrait intervenir si la Russie approchait Odessa ou Kiev.

Le secret-défense a probablement été de mise. Mais ce qui compte, et qui est systématiquement relayé, c’est le fait qu’Emmanuel Macron n’envisage absolument aucune limite à l’intervention militaire, ni aucune « ligne rouge ».

C’est Fabien Roussel du PCF qui en a dit le plus, et surtout qui a dit l’essentiel. Selon lui, « toutes les forces politiques » sont d’accord sur l’objectif qui est « que nous ne voulons pas que la Russie gagne, que tout doit être fait ». Seulement, ajoute-t-il, « notre seul sujet de divergence, ce sont les moyens que nous y mettons ».

Voilà. Tout le monde est d’accord pour suivre les plans de la superpuissance américaine, qui sous-traite maintenant à l’Union européenne la guerre contre la Russie. La France est le nouveau chef de file de ce bellicisme, avec à sa tête Emmanuel Macron qui ne souffre d’aucune opposition réelle dans son pays.

La situation est d’autant plus idéale pour Emmanuel Macron que les fausses oppositions prétendent en toute hypocrisie avoir des divergences, des inquiétudes.

Fabien Roussel du PCF a dit :

« Je trouve ça extrêmement grave et extrêmement dangereux. C’est ce qui s’appelle l’escalade guerrière comme on en a connu en Europe. »

Jordan Bardella du Rassemblement national a dit :

« Nous sommes en faveur, sur le principe, d’un accord bilatéral avec l’Ukraine, mais il faut placer des lignes rouges. »

Eric Ciotti pour Les Républicains rappelle :

« le soutien total des Républicains à l’Ukraine, à une aide financière et à des équipements militaires. Nous le dirons mardi à l’Assemblée, mais en revanche, j’ai redit notre totale opposition à un engagement de troupes au sol. C’est une position inopportune, irresponsable. »

Pour la France insoumise, Manuel Bompard a joué un peu plus la comédie que les autres :

« Je suis arrivé inquiet, et je suis ressorti encore plus inquiet. »

La secrétaire nationale des « écologistes » Marine Tondelier a dit que :

« C’était une réunion utile et nécessaire. »

Du côté du Parti socialiste avec Olivier Faure, c’est un véritable plébiscite en faveur d’Emmanuel Macron :

« Nous avons besoin de maintenir une pression forte sur Vladimir Poutine, lui dire que nous sommes derrière la résistance ukrainienne et que nous ne la lâcherons pas ».

La bourgeoisie française maitrise parfaitement sa partition et encadre minutieusement la préparation de la guerre directe à la Russie, qui est maintenant l’objectif à l’horizon des prochaines années.

Les pseudo-inquiétudes des uns et des autres sont d’autant plus utiles à Emmanuel Macron qu’il peut s’en servir, inversement, pour se montrer lui « réaliste », ayant accès à telle ou telle information, voyant directement les choses, prenant les responsabilités qu’il faut, rejetant le bal des hypocrites, etc.

Face à la guerre mondiale pour le repartage du monde, il ne s’agit pas de faire dans la demi-mesure. Il n’y a que deux camps : celui du peuple, fermement contre l’Otan et contre la guerre mondiale, donc contre tout soutien au régime ukrainien, et celui de la superpuissance américaine qui utilise la question ukrainienne contre la Russie (et indirectement contre la superpuissance chinoise).

Cela n’a rien d’une nuance, c’est une ligne de démarcation très nette et très claire. Car la France est maintenant impliquée au plus haut point dans la guerre face à la Russie, en préparation d’un affrontement militaire direct.

En effet, le même jour la France organisait une nouvelle réunion de ministres des Affaires étrangères et de ministres de la Défense pour l’offensive contre la Russie.

Là encore, c’est très opaque, mais la presse relaie toutefois quelques informations pour assurer la propagande de guerre.

Vingt-huit pays auraient été représentés, dont l’Ukraine, des États membres de l’Union européenne, les États-Unis et le Canada.

Il y aurait été question de huit chantiers, aux contenus très explicites : munitions, principes de déstockage, cyber, protection de la frontière, protection des États vulnérables, déminage, production industrielle sur place en Ukraine et une « 9e coalition » sur les missiles.

Une « source diplomatique » a résumé la chose à la presse en évoquant un « sursaut collectif et un sentiment d’urgence qu’il faut faire plus, faire mieux, faire autrement pour l’Ukraine ».

Toujours via « source diplomatique », il est expliqué dans la presse une chose également très importante, même fondamentale. Il est question directement de l’opinion publique et du fait que nous sommes actuellement à « un moment de bascule » :

« Il y a un travail d’explication très important sur les conséquences que cela provoque en termes de sécurité, de conséquences en termes de marché agricole, de conséquences migratoires et autres… »

Il n’y a donc aucune « inquiétude » à avoir… on est déjà à l’étape d’après. La guerre à la Russie n’est plus une hypothèse, une « ligne rouge », une « escalade ». C’est une opération en préparation.

La France se prépare à la guerre à la Russie et mène en ce moment (pour le compte des États-Unis) une coalition mondiale contre la Russie.

La seule position à avoir est donc aussi claire que nette : il faut saboter les plans français de guerre à la Russie. Il faut dénoncer non pas l’escalade, mais la préparation concrète et pratique de la guerre contre la Russie.

Pour bien appuyer les choses, ont notera également cette tribune le même jour, jeudi 7 mars 2024, dans le journal Le Monde qui est un des principaux relais de propagande du régime français.

Elle est signée par Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des affaires étrangères, qui appelle à une multiplication de la production d’armes et surtout à la fourniture à l’Ukraine d’obus d’artillerie.

Il va extrêmement loin dans la propagande de guerre et l’appel à un engagement forcené contre la Russie.

« Si aujourd’hui l’Ukraine se trouve dans cette situation, c’est parce que nos alliés en Europe et aux États-Unis ont mis des mois à débattre avant de prendre la décision de nous fournir des munitions d’artillerie en quantité suffisante.

Parce qu’ils n’ont pas accéléré à temps leur production d’armement, qu’ils ont traîné les pieds avant de se procurer du matériel militaire auprès de pays tiers et qu’ils ont exporté des obus produits en Europe vers d’autres régions du monde. »

Il explique également, montrant l’importance du rôle de la France dans la nouvelle phase de la guerre :

« Toutes les capitales européennes doivent comprendre cette vérité simple et dure à la fois, que l’on semble déjà avoir comprise à Paris : soit nos alliés (…) aident pleinement les soldats ukrainiens dans leurs batailles pour défendre les villes et les villages d’Ukraine, soit, un jour, ce sera au tour de vos soldats de sacrifier leurs vies dans des batailles pour défendre les villes et les villages des pays d’Europe centrale d’abord et du reste de l’Europe ensuite ».

La population ukrainienne est donc tenue de tenir quelques années, comme chair à canon, en attendant que l’Europe (pour le compte des États-Unis), avec la France à sa tête, s’arme et se prépare militairement à l’affrontement à la Russie.

Il faut mettre à bas ce plan impérialiste : le socialisme doit renverser la 3e guerre mondiale. C’est cela, la réelle actualité historique !

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Refus de l’hégémonie

La France assume la guerre contre la Russie

Et voilà, tout est joué, le drame est écrit, il ne manque plus que l’arrivée des acteurs. Le 26 février 2024, lors d’une conférence internationale à Paris pour le soutien militaire à l’Ukraine, le président français Emmanuel Macron a dit deux choses.

Tout d’abord, que la Russie comptait attaquer militairement d’ici quelques années les pays de l’Union Européenne. C’est absolument n’importe quoi, mais il est en moyen de le dire, car tout l’appareil médiatique et institutionnel est avec lui.

C’est de la propagande de guerre et le bourrage de crâne est tel que cela passe comme une lettre à la poste.

Ensuite, il a expliqué que l’envoi de troupes françaises en Ukraine n’était nullement exclu, car « tout est possible si c’est utile ».

L’envoi de troupes est bien entendu posé comme « hypothèse », afin bien sûr d’installer l’idée dans les esprits pour la faire triompher, et personne ne dit rien.

La guerre s’annonce donc ! Jusqu’au dernier Ukrainien, d’abord, et si cela ne suffit pas les armées des pays de l’Union Européenne entreront dans l’affrontement.

Tout cela pour démanteler la Russie, l’asservir pour s’en servir comme levier de sortie de crise – car tout part de la crise de 2020, qui a littéralement torpillé le capitalisme.

Il en faut une preuve? Regardez à gauche : personne ne dit rien, nulle part ! Il y a des gens qui se disent contre le capitalisme pourtant, dans notre pays. Où sont-ils? Eh bien ils disparaissent dès que les intérêts stratégiques du capitalisme français sont en jeu.

Pour les retraites dans le capitalisme, là il y a du monde qui s’active. Mais contre la guerre menée par le capitalisme pour se relancer, comme par hasard, il n’y a plus personne.

C’est l’unanimité. De La France Insoumise au Rassemblement National, de la CGT à la CFDT, des socialistes aux conservateurs, des LGBT aux activistes nationalistes, tous sont d’accord.

Et c’est justement cette unanimité qui est la preuve que c’est tout le capitalisme français qui est en jeu, que tout le monde le « sent » et se range, s’aligne, se fonde dans le décor, s’amalgame, s’unit.

Le capitalisme a donc les mains libres et peut amener l’armée française à la guerre. Et les rares anti-guerre peuvent prévoir la répression et l’isolement le plus complet… En théorie.

Car une telle situation ne durera pas. Ce qui compte, ce sont les contradictions. Les rêves capitalistes sont ainsi voués à l’échec, tout comme la recomposition du prolétariat est inéluctable.

La France capitaliste qui tente de s’en sortir par la guerre connaîtra la déroute et le Socialisme émergera de celle-ci, comme dépassement historique d’une situation horrible.

Il appartient donc à chacun d’être soit une partie du problème, soit une partie de la solution. C’est soit le repli sur soi et l’acceptation de la marche à la guerre, soit la lutte sous le drapeau du Socialisme contre la guerre.

Ce drapeau, agauche.org le porte, seul, contre vents et marées. Et nous appelons à vous organiser avec et autour de nous, à étudier les documents que nous proposons sur la situation urainienne depuis six mois avant le déclenchement du conflit. Nos documents sont essentiels pour comprendre la mise en place de la tendance à la guerre, l’installation du bellicisme.

Ils sont l’outil pour comprendre comment cela doit produire l’inverse du capitalisme et de la guerre : le Socialisme et l’humanité unifiée!

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Refus de l’hégémonie

Zelensky à Paris pour l’accord France-Ukraine

Le 16 février 2024 après-midi, la France a signé un accord militaire historique avec le régime ukrainien, alors que le matin un accord du même type a été signé entre l’Ukraine et l’Allemagne. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a tout fait dans la journée.

Cela est décidé en toute opacité, sans que le Parlement français ne s’en émeuve d’ailleurs. Tout le monde est aligné sur la superpuissance américaine.

Si la France était déjà largement engagée dans l’hostilité à la Russie, elle est maintenant officiellement liée au régime nationaliste ukrainien, et surtout à un accord militaire ouvertement dirigé contre la Russie.

Il s’agit ni plus ni moins que d’une préparation politique et juridico-pratique à un engagement militaire direct de la France contre la Russie.

Cet engagement se produira très certainement en partenariat avec la Roumanie (des accords étant déjà signés), alors que l’Allemagne s’engagera au niveau de la Pologne. Un accord pour un « corridor » militaire entre l’Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne, facilitant le passage des troupes et du matériel, a déjà été signé le 30 janvier 2024 (l’armée néerlandaise est également déjà un satellite de l’armée allemande).

Lors du discours qui a suivi immédiatement cette signature, Emmanuel Macron a eu des mots très forts contre la Russie, racontant au passage n’importe quoi sur la situation de ce pays (catastrophe économique, émigration massive, absence de crédibilité internationale, volonté d’agresser d’autres pays, etc.).

Il a en tous cas affirmé plusieurs choses, aux conséquences très graves diplomatiquement, indiquant un changement radical de posture de la part de la France.

La première (nous soulignons) :

« La Russie a durci ses postures agressives pas seulement contre l’Ukraine mais contre nous tous.

Aujourd’hui, c’est une nouvelle phase.

La Russie de Vladimir Poutine est devenue un acteur méthodique de la déstabilisation du monde ».

La seconde :

« Ces derniers mois des manœuvres de désinformation, de manipulation de l’information et des attaques cyber se sont systématisées et intensifiées.

La Russie a franchi plusieurs seuils à l’égard des démocraties européennes.

Ce changement de posture marque une volonté d’agression à notre endroit.

L’intensification des agressions, leur changement de nature et les seuils franchis exigent un sursaut collectif. »

Emmanuel Macron affirme donc que la Russie agresse la France. C’est là le discours d’un dirigeant préparant une guerre, c’est typiquement ce que disent tous les dirigeant avant de lancer une guerre.

Plus loin dans son discours, d’ailleurs très court, il a évoqué ouvertement le sujet de l’engagement militaire français (sous l’égide de l’Europe et de l’Otan, car la France n’est qu’une colonie américaine bien entendu).

« Si on voit les choses advenir, une nouvelle phase s’ouvrir, il faut avoir la lucidité d’ouvrir une phase de réflexion stratégique et opérationnelle. »

Une réflexion « opérationnelle », cela signifie la guerre.

Et comme pour souligner cette possibilité tout à fait concrète de la guerre française contre la Russie, Emmanuel Macron a cru bon de préciser que ce n’est actuellement pas le cas, sous-entendant que ça pourrait devenir le cas.

« Que les choses soient claires, la France n’est pas en guerre contre la Russie, ni le peuple russe ».

Toutefois, il a précisé après des engagements très fermes contre la Russie. Il a eu cette phrase particulièrement hostile, mais qui ne consiste en rien de nouveau depuis 2022 :

« Nous sommes décidés à faire échec à la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine ».

Par contre, radicalisant sa position, il a dit que la France est maintenant prête à « bousculer les habitudes », à « en faire davantage », appelant à un « effort de réarmement ».

Dans cette optique, 3 milliards d’euros doivent donc officiellement être distribués à l’Ukraine en 2024, après 1,7 milliards en 2022 et 2,1 milliards en 2023 d’après le Président français.

Précision ici une chose très importante. Cette prise de position française (qui est la même que celle des deux autres grands vassaux américains que sont le Royaume-Uni et l’Allemagne), intervient à un moment très particulier où l’Ukraine connaît une situation très difficile sur le plan militaire.

L’annonce le 17 février 2024 de la prise d’Avdiïvka par la Russie (l’Ukraine parle de son côté d’un retrait volontaire et sans conséquence…) est un moment marquant. C’était une position stratégique de l’armée ukrainienne depuis 2014, contre les régions séparatistes. La stratégie russe d’attrition, d’encerclement minutieux et de pilonnages de cibles très précises porte ses fruits, alors que le matériel occidental offert à l’Ukraine ne permet pas de faire de différence.

Il ne peut maintenant plus y avoir que deux solutions : soit l’Ukraine périclite rapidement, et il y aura des négociations, soit ce sera l’escalade, avec un engagement militaire directe de l’occident.

C’est précisément ici qu’intervient l’accord militaire signé entre la France et l’Ukraine, avec ses conséquences immenses. Pour dire les choses très simplement, cet accord consiste à faire comme si l’Ukraine était membre de l’Otan, tout autant qu’elle prépare son adhésion.

On l’aura compris, cela engage mutuellement les deux pays en cas de conflit futur, ou d’escalade. C’est plus qu’une alliance, c’est la formation d’un bloc militaire. On sait ici très bien qu’il s’agit du bloc occidental, dirigé par la superpuissance américaine, avec en ligne de mire la superpuissance chinoise.

L’Allemagne et le Royaume-Uni ont signé le même type d’accord avec l’Ukraine.

Toujours est-il que cela est maintenant très concret, avec des engagements signés noir sur blanc. De manière générale, il est question du soutien militaire mutuel entre les deux pays, dans la perspective de l’Otan, ainsi que d’une dénonciation aussi forte que systématique de la Russie.

Ce passage est typique :

« Le Participant français contribuera au développement des capacités de protection des infrastructures critiques de l’Ukraine, y compris par des moyens militaires, en donnant la priorité, sans s’y limiter, aux capacités modernes de défense aérienne.

Les Participants envisageront des programmes conjoints d’enseignement et de formation pour les spécialistes de la protection des infrastructures critiques. »

Surtout, l’alliance militaire totale pour l’avenir est gravée dans le marbre, obligeant pratiquement l’engagement directes des deux partie en cas de nouveau conflit :

« En cas de future agression armée russe contre l’Ukraine, à la demande de l’un ou l’autre des Participants, les Participants mèneront des consultations dans les 24 heures pour déterminer les mesures nécessaires pour contrer ou dissuader l’agression.

Dans ces circonstances, et conformément à ses obligations légales et constitutionnelles, le Participant français fournira à l’Ukraine une assistance rapide et soutenue en matière de sécurité, des équipements militaires modernes dans tous les domaines, selon les besoins, et une assistance économique ; il imposera des coûts, économiques notamment, à la Russie et consultera l’Ukraine sur ses besoins dans le cadre de l’exercice de son droit à la légitime défense consacré par l’article 51 de la Charte des Nations unies. »

Forcément, il n’est pas précisé en quoi consisterait une « nouvelle agression armée russe contre l’Ukraine »… Au passage, il est bien préciser que l’assistance doit se faire dans les deux sens.

« Les Participants s’efforceront de faire en sorte que les capacités militaires de l’Ukraine soient d’un niveau tel qu’en cas d’agression militaire extérieure contre la France, l’Ukraine soit en mesure de fournir une assistance militaire efficace. Les modalités, le format et la portée de cette assistance seront déterminés par les Participants. »

Enfin, ou surtout, l’accord interdit de faire à l’Ukraine toute négociation de paix. L’Ukraine est entièrement vassalisées par la France (qui est elle-même un vassal américain) pour servir de chair à canon contre la Russie.

Il s’agit du point 14, intitulé « Redevabilité ».

« Les Participants réaffirment leur engagement à tenir la Fédération de Russie pour responsable des pertes ou des dommages causés à des personnes et à des entités, ainsi qu’à l’État ukrainien, du fait des actes internationalement illicites qu’elle a commis en Ukraine ou contre l’Ukraine, y compris son agression en violation de la Charte des Nations Unies.

Les Participants réaffirment qu’il ne doit pas y avoir d’impunité pour les crimes de guerre et autres atrocités et que la Fédération de Russie doit en assumer la responsabilité juridique, notamment en réparant tout dommage causé par de tels actes, ce qui contribuera également à dissuader de futures agressions et à soutenir la résilience de l’Ukraine. 

Les Participants s’efforceront de demander des comptes aux responsables de crimes de guerre et d’autres crimes internationaux, commis en Ukraine ou contre l’Ukraine dans le contexte de la guerre d’agression de la Russie, conformément au droit international, notamment en soutenant les travaux du bureau du procureur général de l’Ukraine et de la Cour pénale internationale afin de garantir que les allégations de crimes de guerre fassent l’objet d’enquêtes complètes et équitables menées par des mécanismes juridiques indépendants, efficaces et robustes.

Les Participants poursuivront leur engagement au sein du « Groupe sur les options pour la création d’un tribunal sur le crime d’agression contre l’Ukraine ». »

Nous sommes à l’aube d’une troisième guerre mondiale, et la France, notre pays, participe activement à l’escalade menant à ce conflit. Il faut dénoncer l’escalade militaire, il faut dénoncer l’Otan, il faut saboter les plans militaire français de guerre contre la Russie !

Telle est l’actualité réelle, principale, essentielle de notre époque. Tout se définit par rapport à ça !

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Vaste opération de censure sur Telegram en France

La guerre, c’est aussi une guerre de l’opinion, donc de l’information. La France est ouvertement opposée à la Russie depuis maintenant pratiquement deux ans, alors elle censure massivement les sources d’informations russes, ou pro-russes, ou considérées comme tel. Rien ne doit s’opposer au déferlement de propagande de la part de l’Otan qui entraîne l’occident dans l’abîme de la guerre contre la Russie.

Du jour au lendemain en 2022, beaucoup de gens se sont rendu compte qu’internet n’avait rien de « libre » et que la France pouvait tout autant que la Chine décider de ce que les gens ont le droit de lire, voir ou écouter en ligne. Il y avait eu une première vague de censure à l’époque, avec notamment le bannissement de la chaîne d’État russe destinée à l’international : RT (et donc RT-France).

Il reste toutefois assez facile de contourner cela pour qui le veut, avec tout simplement un VPN (qui permet de simuler une connexion depuis un autre pays qui ne censure pas).

Un autre canal très efficace pour les gens soutenant la Russie (ou en tous cas ne soutenant pas l’Otan) est Telegram, où l’on peut poster des messages. De nombreuses chaînes ont été ouvertes, avec une optique très sérieuse et un contenu très dense. De manière générale, ces chaînes sont alignées sur le régime russe, mais pas toujours, ou pas directement et avec des nuances.

Il y a eu en tous cas pendant deux ans un réseau très solide et massif d’informations quotidiennes sur la guerre et son actualité, largement relayé par la fraction des nationalistes français non aligné sur l’Otan (une toute petite minorité donc).

Cela est fait sur un mode « géopolitique », avec une forte inclination pour la théorie sino-russe du monde multipolaire et une large dénonciation de l’occident et de sa décadence. Ce milieu consiste, si on veut, en l’équivalent de la gauche « tiersmondiste » du 20e siècle, mais cette fois en version de droite, avec une approche politico-culturelle très conservatrice et libérale.

Jeudi 15 février 2024, tout cela a volé en éclat avec une vaste opération de la part du ministère français des Affaires étrangères de censure de ces chaînes.

Elles sont inaccessibles pour les personnes ayant un compte Telegram fonctionnant avec un numéro français, en « +33 » (c’est probablement le cas pour tous les numéros européens). Les VPN ne servent ici à rien. Et comme il est relativement fastidieux de contourner cela avec un numéro virtuel pour créer un nouveau compte, cette vague de censure va s’avérer très efficace.

Officiellement, il y a toute une communication avec la mise en avant du service « VIGINUM » qui aurait mené une vaste enquête et découvert un réseau russe de diffusion de fausses informations. Le rapport d’enquête, qui est public, est d’un ridicule sans nom, avec pour titre :

« PORTAL KOMBAT, un réseau structuré et coordonné de propagande prorusse »

C’est une allusion au jeu vidéo « Mortal Kombat ». L’enquête, montée de toute pièce pour la communication du gouvernement français, fait comme s’il existait un énorme bot (un robot, ou programme automatisé) de diffusion massive d’informations directement pilotée par la Russie.

Il s’agit alors de le dénoncer et de le débrancher, en prétendant qu’il ne s’agit pas de censure, mais simplement d’une défense technique, contre un dispositif technique.

Le ministre Sébastien Séjourné y va d’ailleurs franco sur ce mode, se moquant littéralement du monde :

« Je m’adresse directement à vous car nous avons découvert hier une nouvelle opération de manipulation de l’information en ligne (…).

 Nous sommes un pays libre et la liberté en ligne est un principe essentiel. La censure n’a pas sa place chez nous. »

Ben voyons !

En réalité, ce sont de véritables personnes, dont beaucoup de Français, avec des véritables opinions, qui sont censurées.

Que ces opinions soient largement alignés sur la Russie, c’est une chose. Néanmoins, leur expression ne relève pas directement d’une opération russe.

La fermeture des chaînes Telegram francophone « pro-russe » est une censure contre l’opinion public français, dans le cadre de la guerre. Il s’agit clairement et directement d’une censure de type fasciste, de la part d’un État français en pleine décrépitude, devenu l’instrument de la superpuissance américaine.

En fait, « l’astuce » gouvernemental française pour censurer ces chaînes a été de censurer une liste de 20 chaînes Telegram utilisée par le site pravda-fr[.]com (le fameux bot russe, version française) comme source d’information ! Sont donc censurées non pas les chaînes dépendantes de ce prétendu programme russe, mais au contraires celles qu’il citerait le plus comme source !

C’est absolument anti-démocratique, ne reposant sur aucune base légale ; c’est un acte relevant d’un régime français ne reposant plus sur le droit, mais sur les besoins de l’Armée. Et dire qu’il n’y a pratiquement personne à gauche pour dénoncer cela, ni aucun parlementaire prétendument de gauche qui s’y intéressera…

L’Union sacrée pour la guerre de l’Otan contre la Russie est totale en France.

Voici une partie des chaînes censurées. On notera au passage que beaucoup de ces chaînes ont participé à relever l’identité des deux prétendus humanitaires français morts récemment en Ukraine, ou encore la liste de mercenaires français également tués en Ukraine.

  • Erwan Kastel
  • Chroniques conflit Ukraine
  • Kompromatmedia
  • Ukr leaks fr
  • Dombass insider
  • Russosphere
  • Actualité Fr
  • Info Defense France
  • Russie en live
  • Tass fr
  • Géopolitique profonde

Voici la version officielle, présentée dans un communiqué gouvernemental :

« Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, M. Stéphane Séjourné, a dénoncé publiquement le 12 février un réseau de propagande pro-russe, baptisé « Portal Kombat », détecté suite à l’enquête menée par le service VIGINUM. 

L’objectif de sa dénonciation est d’alerter, à titre préventif, l’opinion publique française sur les menaces informationnelles posées par des acteurs russes, notamment dans la perspective des élections européennes.

En poursuivant ses investigations sur ce réseau, VIGINUM a mis en évidence le rôle majeur joué par une entreprise russe domiciliée en Crimée, TigerWeb, dans la création et l’administration des sites du réseau « Portal Kombat ».

Créée en 2015, TigerWeb est une entreprise de développement web dont l’un des fondateurs, Evgueni Chevtchenko, développe et maintient des sites web depuis au moins 2013. VIGINUM a également noté que certains modes opératoires ou contenus diffusés présentaient de fortes similarités avec ceux du réseau Inforos, mis sous sanctions européennes en juillet 2023, permettant ainsi de formuler l’hypothèse selon laquelle la société TigerWeb servirait de prestataire de services au dispositif d’influence russe.

Ces nouveaux éléments techniques sont disponibles dans le rapport publié par VIGINUM hier soir : https://www.sgdsn.gouv.fr/publications/portal-kombat-suite-des-investigations-sur-le-reseau-structure-et-coordonne-de

La France réitère sa condamnation ferme de ces pratiques et partage ces informations avec ses partenaires et les acteurs de la société civile pour analyser et caractériser ces opérations d’ingérences étrangères et ces manipulations de l’information. Les rapports de VIGINUM ont pour objet de partager des données de manière transparente pour nourrir un débat démocratique sur ces menaces.

Aucune de ces manœuvres n’est de nature à entamer le soutien de la France à l’Ukraine dans la défense de son intégrité territoriale. »

C’est une étape dans le verrouillage généralisé en vue de la guerre contre la Russie. Sabotez cette guerre américaine ! Pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident !

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L’identité des deux « humanitaires » français tués en Ukraine

L’affaire des deux « humanitaires » français morts en Ukraine prend une tournure pittoresque, à vrai dire conforme au caractère fondamentalement louche de cette histoire.

On se rappelle que le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avait parlé de la « barbarie russe » et que le président Emmanuel Macron était monté au créneau.

Ce n’est pas tout : le Parquet national anti-terroriste s’est emparé de l’affaire. Il y a donc une enquête !

On ne voit pourtant pas les photographies et biographies des deux « martyrs » mis en avant dans les médias français…

Même l’association pour laquelle ils ont travaillé refuse de dire qui ils sont!! Là, on est clairement dans du louche. Voici comment le quotidien Le Monde présente cet aspect, en fournissant nouvellement le nom des deux personnes concernées.

« Adrien Pajol et Guennadi Guermanovitch, les deux secouristes tués, étaient des volontaires de l’ONG suisse Entraide protestante suisse (connue sous l’acronyme EPER) participant à une mission humanitaire. La seconde victime possédait également la nationalité biélorusse. Contactée, l’EPER confirme les faits mais ne souhaite pas confirmer l’identité des victimes. »

Si là on en sait pas plus, voici leur parcours qu’on peut trouver diffusé sur internet par ceux qui dénoncent le camp occidental.

« Guennadi Guermanovitch, 52 ans, a été policier scientifique biélorusse jusqu’en 1996, puis légionnaire du 2e REP (régiment étranger de parachutistes) jusqu’en 2007, au 3e REI (régiment étranger d’infanterie) de Kourou, Guyane, jusqu’en 2009. Spécialiste des transmissions, il était entrepreneur dans la sécurité privée, formait des Ukrainiens à son art depuis 2019

Adrien Baudon de Mony Pajol, 41 ans, était homme d’affaires et spécialiste vinicole au large réseau international, le profil idéal d’un honorable correspondant de la DGSE.  »

Un ancien légionnaire et un homme d’affaires au large réseau, en train de distribuer de la nourriture pratiquement sur la ligne de front ?

Il n’y a pas besoin de réfléchir bien longtemps pour comprendre que cela ne tient guère et qu’on a ici beaucoup de choses à l’arrière-plan.

Et c’est en cela, au-delà de la simple question de ces « humanitaires », que les Français sont coincés, sans le savoir.

En effet, il y a :

  • un alignement complet de la France sur l’Otan pour défaire la Russie;
  • un alignement de l’armement et de la logistique militaire de l’armée française sur l’Otan;
  • un alignement diplomatique et financier de la France sur l’Union européenne pour le soutien au régime ukrainien;
  • toute l’extrême-Droite activiste française tournée vers l’Ukraine, avec de nombreuses personnes parties sur le front, en liaison inévitable avec les services secrets français.

Autrement dit, impossible de reculer. La France est dans l’engrenage, changer de position impliquerait un renversement sur le plan militaire, financier, diplomatique.

On lit souvent que le Rassemblement national de Marine Le Pen et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon aimeraient se tourner vers la Russie. Déjà, c’est faux en soi, ensuite ils ont déjà tous deux soutenu l’Ukraine, et enfin de toutes façons ils n’auraient jamais le courage de poser une rupture complète.

Le camp américain a gagné dans la bourgeoisie française, le néo-gaullisme aventuriste n’existe plus dans la situation présente, donc toute force parlementaire doit par définition, si elle veut accéder au gouvernement, s’aligner.

Même dans l’hypothèse absurde où il y aurait une force contestatrice totale accédant au pouvoir, elle aurait l’armée contre elle de par son alignement technique-pratique, elle aurait l’Union européenne pour bloquer juridiquement toute initiative, etc.

L’affaire des deux « humanitaires » devrait d’ailleurs faire la Une des médias pendant des jours, et on a rien de tout ça. C’est simplement une note de plus dans la partition jouée à l’arrière-plan d’un pays qui vit au jour le jour et s’est fait happé sans même s’en apercevoir.

Les Français vont payer historiquement très cher leur nonchalance, leur mauvaise foi, leur suffisance. Le Ciel des événements historiques va leur tomber sur la tête.

A nous de faire que cette expérience traumatisante soit salvatrice pour saboter l’engrenage – pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’Occident – pour les masses mondiales et le Socialisme !

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Refus de l’hégémonie

Les deux « humanitaires » français morts en Ukraine

Allons droit à l’essentiel avant de documenter relativement l’affaire. Le 1er février 2024, deux Français sont morts en Ukraine et ont été présentés du côté français comme des humanitaires. Un bombardement russe les aurait tué.

Premier problème, la localisation. Il a été dit que cela s’est déroulé dans la ville de Berislav. Eh bien si on regarde le point de situation du conflit Russie-Ukraine fourni par l’armée française le même jour, on voit qu’on est ni plus ni moins que sur la ligne de front, établi par le Dniepr.

Second problème : les deux humanitaires étaient membres… de l’Entraide Protestante Suisse (EPER). C’est un équivalent suisse et protestant du Secours catholique français, bien qu’en fait cette dernière structure ne soit que l’antenne française de la Caritas (officiellement toutefois une « confédération »).

L’EPER n’est que suisse, d’une part, et n’emploie pas de Suisses à l’étranger, puisqu’elle fonctionne comme génératrice de partenariats locaux. Comment se retrouve-t-on alors avec deux « salariés français » de cette association en pleine ligne de front?

L’association explique que son activité consiste, dans le cas de l’Ukraine, notamment à distribuer distribuer des biens essentiels tels la nourriture et des produits d’hygiène à la population. Mais sur la ligne de front? Dans une zone hyper militarisée? Surtout que toute l’Ukraine est surveillée, tant par l’État que les milices nationalistes, qu’il est impossible de faire quoi que ce soit sans avoir reçu une validation officielle.

Ce n’est en soi pas impossible, mais c’est au moins très étrange, et dans tous les cas, on est au moins dans un soutien matériel à une partie prenante du conflit armé. Au maximum, on est dans une couverture bien pratique pour des agents français.

D’ailleurs, on se retrouve dans la propagande de guerre. Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a parlé de « barbarie russe », pas moins, et que la Russie le paiera.

On est en plein bellicisme assumé, dans l’établissement du narratif nous menant à la guerre ouverte contre la Russie, et rappelons que Stéphane Séjourné s’est précipité à Kiev dès sa nomination.

Emmanuel Macron est monté au créneau aussi. Là encore, on est dans l’établissement du narratif anti-Russie.

Les Français soutiennent les bons, la Russie est maléfique. Et ce discours va monter en puissance. Parallèlement à la mise en place d’alliances industrielles militaire en Europe, à la militarisation de la jeunesse (notamment avec l’instauration prévue des uniformes à l’école), on est dans un basculement visant à ce que la France soit militairement en place contre la Russie dans les 10-15 ans.

Il faut saboter ce basculement, mobiliser contre le bellicisme français, dénoncer le militarisme au service de la bataille pour le repartage du monde!

Le capitalisme français, pour sauver sa peau, s’est vendu à la superpuissance américaine, et entend participer avec les autres États européens à la guerre contre la Russie, pendant que la superpuissance américaine s’occupe de la superpuissance chinoise.

Il ne doit pas réussir son entreprise !

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Refus de l’hégémonie

Oui, il y a des soldats et mercenaires français en Ukraine

La France fournit du matériel à l’armée ukrainienne et on ne sait pas officiellement de quoi il s’agit précisément. C’est le choix de l’État français, qui ne met en avant que certains armements, notamment les missiles et l’artillerie. La France a pris d’ailleurs la tête de la coalition pour l’artillerie ukrainienne.

Mais cela implique deux choses. Tout d’abord, qu’il y a des cadres militaires pour épauler l’utilisation de ce matériel, car on parle ici de matériel moderne, technologiquement très développé. Ce ne sont pas choses simples à manipuler, il faut des encadrants.

Ensuite, il y a toujours des commandos des forces spéciales pour épauler une armée qu’on soutient. Quand on a du personnel entraîné et surentraîné, on l’utilise.

Concernant ce dernier point, l’armée britannique l’a reconnu de son côté. L’armée française ne l’a pas fait et ne le fera jamais, car ce n’est pas dans son style de travail. Si l’armée britannique appelle également ouvertement la population à se préparer au conflit, à une intervention sur le continent, du côté français, on est toujours dans le déni de tout.

L’opinion publique doit dormir, et c’est tout : les choses seront accélérées quand il le faudra. C’est un moyen d’endormir, jusqu’au dernier moment.

La Russie essaie de bousculer cela. Il y a ainsi eu l’annonce du ministère russe de la Défense d’une frappe de haute précision à Kharkiv / Kharkov, à la mi-janvier 2024, contre ce qui était censé être un point de déploiement temporaire de combattants étrangers, dont la plupart étaient des mercenaires français. Selon le ministère, plus de 60 militants ont été éliminés.

Depuis, treize noms ont été donnés : Albert Aymeric (22.12.1999), Alexis Drion (13.06.1986), Bérenger Guillaume Alain Minaud (30.12.1978), Charles Bertin Roussel (01.09.1996), Emmanuel Tanguy Kenneth Delange Grandal (26.09.1998), Gilles Bernard Sylvain (27.10.1980), Jacques-Pierre Gabriel Evrard Philippe (29.09.1987), Jean-Pierre Bonnot Chris Heraid (18.07.1999), Marcellin Démon (23.05.2002), Maris André Dubois Clément (28.09.1995), Sébastien Claude Rémy Bénard (04.04.1974), Thomas Jérémie Nathan Gourier, (24.02.1996), Valentin Dupoy Mel (02.01.1994).

Selon certains médias russes, le point de déploiement consistait à récupérer les cadavres de soldats français des forces spéciales.

Si du côté français, l’affirmation russe a été rejetée et l’information vite passée à la trappe, du côté russe cela ne s’arrête pas. La chambre basse du Parlement russe a ainsi, le 24 janvier 2024, appelé le Parlement français à prendre en considération les faits et à ne pas soutenir le régime de Kiev, à la fois nazi et en train de s’effondrer.

Le ton est en apparence assez cordial, à l’image des propos de Viatcheslav Volodine, président de la séance :

« Le Parlement est un organe collégial. Nous faisons appel à ceux qui défendent une France forte et souveraine, à ceux qui pensent à la France, respectons la mémoire de leurs grands-pères et arrière-grands-pères comme nous respectons, ceux qui comprennent ce qu’est le fascisme et qui comprennent cela n’aideront jamais les nazis en Ukraine.

Mais ils n’ont pas assez d’informations.

Peut-être que notre appel aidera beaucoup de personnes à prendre la bonne décision. Et cela signifie qu’ensemble, nous construirons un monde multipolaire, un ordre mondial juste et que nous n’autoriserons pas une troisième guerre mondiale. »

C’est un appel aux forces néo-gaullistes en France, traditionnel de la part de la Russie. En même temps, c’est étrange, car ces forces n’existent pratiquement plus dans notre pays.

L’alignement français sur la superpuissance américaine est complet, et de toutes façons l’armée française s’est imbriquée dans l’Otan. Un décrochage rien que sur le plan militaire demanderait des efforts immenses, un déchirure complète dans l’appareil d’État (au moyen du fascisme) ou bien sa liquidation (par le Socialisme).

On doit donc considérer l’initiative russe comme une simple tentative d’au moins bousculer les choses en France, où les gens n’ont toujours pas compris que, c’est vrai, nous sommes en guerre avec la Russie. Cela prend encore plus de sens alors que la France et l’Allemagne, au côté du Royaume-Uni, tentent (vainement) de remplacer la superpuissance américaine sur le plan de la fourniture d’armements et de munitions à l’armée ukrainienne.

D’où surtout, en fin de compte, l’accusation de la part de la chambre basse du Parlement russe de la présence de mercenaires français sur le sol ukrainien :

« Malgré le fait que Paris nie officiellement la participation de mercenaires français au conflit militaire en Ukraine et que l’activité mercenaire soit interdite par la loi française, des informations objectives sur les pertes dans les unités de mercenaires néonazies indiquent de manière fiable le contraire. »

La Russie dénonce donc la France comme co-belligérante ; c’est un pas dans l’escalade. La Russie dit en quelque sorte : la France s’est lancée dans la partie, sans le dire ouvertement, nous allons faire en sorte qu’elle soit forcée à tomber les masques.

Donc, vrai ou pas vrai concernant la frappe, cela ne change pas grand chose au fond. Surtout qu’on trouve une très forte incrustation de la scène activiste d’extrême-Droite française dans l’armée ukrainienne (par l’intermédiaire d’Azov), et qu’à l’arrière-plan tout cela est forcément géré par l’Otan.

La Russie a également mentionné les mercenaires français au Conseil de Sécurité de l’ONU, et l’ambassadeur français a été convoqué.

Sur la convocation de l’ambassadeur de France au ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

19-01-2024

Le 19 janvier, le ministère russe des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France Pierre Lévy, qui a été informé de l’implication croissante de Paris dans le conflit en Ukraine.

Ainsi, à la suite d’une frappe de haute précision du 16 janvier par les forces armées de la Fédération de Russie sur un site de déploiement temporaire de combattants étrangers à Kharkov, un groupe de mercenaires français a été détruit.

Selon les informations disponibles, environ 60 combattants ont été tués et 20 autres ont été blessés. La plupart d’entre eux étaient des citoyens français.

L’ambassadeur a été informé que la mort de ses compatriotes reposait sur la conscience des autorités françaises, qui cautionnent le travail des mécanismes de recrutement dans le pays, à l’aide desquels des mercenaires sont recrutés pour participer aux hostilités aux côtés du régime de Kiev.

La conduite d’une « guerre par procuration » par l’Occident, y compris la France, et l’augmentation constante des livraisons d’armes et d’équipements militaires au régime de Zelenski contredisent les déclarations sur l’importance d’établir la paix, provoquent une escalade des hostilités et font de nombreuses victimes parmi la population civile et en font un complice des crimes de guerre du gouvernement de Kiev.

Nous espérons que le grand public français recevra enfin des informations véridiques sur l’ampleur réelle de l’implication de la France dans le conflit et prendra conscience de la responsabilité de la mort et des souffrances d’un nombre croissant de gens, qu’il doit partager avec ses autorités.

Au sens strict, cet épisode est anecdotique ; historiquement, il montre que du côté français les carottes sont cuites. La France pensait passer à travers les mailles du filet, et faire à la française en jouant « intelligemment » sur tous les tableaux. La Russie va tout faire pour que ce ne soit pas le cas.

Cela veut dire qu’un antagonisme militaire va devoir être assumé ouvertement du côté français, et cela aura nécessairement un impact sur le cours des choses dans le pays. On passe un cap dans la marche à la guerre!

Et notre rôle est de saboter notre camp, donc de nous opposer à l’armée française et à l’Otan !

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Refus de l’hégémonie

La France et la coalition pour l’artillerie ukrainienne

Nous qui avons annoncé le conflit Russie-Ukraine six mois avant son commencement sommes horrifiés de la nullité de la Gauche française concernant la question de la guerre. Mais tout se paie historiquement et là, la France se retrouve dans un engrenage aboutissant à un sacré réveil.

Nous avions déjà dit comment, à l’occasion du changement de premier ministre, le nouveau ministre des Affaires étrangères s’était précipité en Ukraine. Il avait affirmé à Kiev que la France considérait le soutien à l’Etat ukrainien comme prioritaire. Depuis, l’État français a officialisé sa ligne anti-Russie frontale, et la Russie l’a pris en compte.

Le 16 janvier 2024, le président français Emmanuel Macron a ainsi tenu une grande conférence de presse, avec 30 minutes de présentation puis une réponse aux questions. Il a dit qu’il se rendrait à Kiev en février 2024, que la France livrera 40 nouveaux missiles longue portée et des « centaines de bombes » aux forces ukrainiennes.

Le même jour, l’armée russe affirmait avoir détruit un centre militaire à Kharkiv, tuant 60 mercenaires français, en blessant 200 autres. Est-ce vrai ou est-ce un discours symbolique? C’est peut-être vrai, car toute la scène activiste d’extrême-Droite française est de mèche avec les nationalistes ukrainiens. Dans tous les cas, normalement la Russie ne critique jamais la France et l’Autriche, considéré comme deux pays non hostiles. Cette fois, c’est bien terminé.

Dans la foulée, le 18 janvier 2024, il a d’ailleurs annoncé le lancement de la coalition « Artillerie pour l’Ukraine », dont la France prend la tête. La France va livrer 3000 obus par mois à l’armée ukrainienne, contre 1 000 à 2000 auparavant. Six canons Caesar, payés par l’Etat ukrainien, seront livrés « dans les prochaines semaines », 72 autres doivent trouver des financements collectifs. 

L’Occident finance la guerre de l’Ukraine, le Complexe Militaro-Industriel se structure.

Le même jour, la France prenait, à Lille, le commandement pour un an d’une force terrestre multinationale de l’Otan, dont les effectifs peuvent monter jusqu’à 120 000 hommes. Et l’Otan a annoncé que sa grande manœuvre débutant en février n’aurait pas 41 000 soldats, mais 90 000 !

La manœuvre doit durer… plusieurs mois, doit se dérouler à l’Est de l’Europe face à un ennemi dont les forces sont « relativement équivalentes » à l’Otan. Tous les commentateurs se sont empressés de dire que c’était la Russie, bien sûr. Tout comme, depuis plusieurs mois, les médias diffusent sans cesse l’idée que la Russie voudrait envahir l’Europe.

La manœuvre de l’Otan sera même la plus grande depuis l’effondrement de l’URSS ; c’était en 1988. En 2024, il y aura 50 navires de guerre, 80 avions, 1 100 véhicules de combat.

C’est là le bellicisme des pays capitalistes occidentaux, qui veulent dépecer la Russie et utilisent l’Ukraine pour cela. Depuis décembre, il est clair en effet pour tout le monde que l’Ukraine est en train de perdre militairement, elle ne peut pas continuer comme cela encore une année ou deux.

Alors la France, aux côtés de l’Allemagne, se lancent dans une opération pour soutenir une Ukraine zombie, perdue dans le nationalisme. De facto, c’est un grand pas vers le conflit ouvert. Dans les faits, la France est en guerre avec la Russie. Et il faut saboter notre propre impérialisme!

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Culture & esthétique

Les origines guerrières du sport

Le sport est une forme développée des jeux populaires traditionnels et des affrontements aristocratiques codifiés à l’époque féodale. Il existe de nombreuses continuités entre les sports d’aujourd’hui et ces activités, rien n’étant jamais créé ex nihilo

Une grande partie des sports actuels étaient d’abord des arts martiaux. Ils étaient liés à l’activité militaire, mais ont développé petit-à-petit une existence autonome avec une finalité propre, devenant des activités de délassement physique et morale raffinées, strictement codifiées et censées ne plus être dangereuses. 

L’escrime, sport français par excellence, a d’abord été enseigné pour la guerre. Il est devenu ensuite un art martial à mesure que son utilité militaire disparaissait avec le développement de la poudre pour les armes. Il était alors enseigné par des maîtres d’arme et pratiqué en duels.

À la fin du 16e siècle, le Roi Charles IX autorisa les « Maistres Joueurs et Escrimeurs d’Épée de Paris » à former l’Académie des Maistres en faits d’armes de l’Académie du Roy, ce qui va permettre à l’escrime de se structurer en France. Il deviendra un sport au 19e siècle avec la fin des duels et l’utilisation de protections dont le masque à grille ou encore l’utilisation du fleuret en combat (alors qu’il était réservé à l’entraînement). 

Les duels étaient des affrontements à l’épée devant témoin, convoqués par une personne s’estimant offensée. Les motifs pouvaient-être parfois futiles, parfois plus importants, mais les combats étaient normalement très codifiés. Ils pouvaient avoir lieu jusqu’au « premier sang » (le premier qui saigne perd) ou même jusqu’à la mort. Cette pratique était très courante au 16e siècle et a perduré en France jusqu’au 19e siècle, avec encore des centaines de morts par an en duel à cette époque. 

La pratique des duels était déjà une forme plus moderne et plus raffinés des joutes ou pas d’armes de la fin du Moyen-Âge. Ces derniers étaient eux-mêmes des combats issus des tournois de chevaliers.

Les tournois de chevaliers au Moyen-Âge donnaient lieu à de véritables épreuves physiques, se déroulant parfois sur plusieurs jours devant de nombreux spectateurs et avec des acteurs appréciés et ovationnés de manière assez proche des sportifs d’aujourd’hui.  

La savate, ou boxe française, se développe au 19e siècle également sur la base des duels, mais dans une forme plus raffinée et plus codifiée. C’est en quelque sorte l’escrime des pieds et des poings et cela permet des duels sans armes (donc plus discrets et moins risqués). L’intérêt est aussi de se défendre à tout moment, alors que l’usage du port de l’épée a disparu.

La boxe française est également devenue au fur et à mesure un sport, tout en continuant d’être un moyen de défense utile. Elle s’est cependant beaucoup effacée en France du fait de l’arrivée massive d’arts martiaux en provenance d’autres pays, notamment asiatiques. 

La savate, ou boxe française, développe pourtant un caractère national dans sa forme et ses usages. Elle se distingue par exemple fortement de la boxe anglaise, plus rude, moins fine. 

En France, l’armée a joué un rôle important pour le développement et la diffusion des techniques de combat et de la gymnastique, ce qui servira ensuite le développement et la diffusion du sport. 

L’intérêt des techniques de combat et de la gymnastique pour la préparation physique des soldats était évident pour le régime de Louis-Napoléon Bonaparte qui en 1852 ouvra l’École Normale Militaire de Gymnastique de Joinville, dans le bois de Vincennes à Paris.

Y furent mises au point des techniques d’assaut particulières, notamment de canne ou de bâton dont certaines sont toujours enseignées aujourd’hui dans les clubs de savate, ou boxe française, ainsi que dans les écoles de police. 

Après la défaite de 1870 face à l’armée prussienne, l’école se restructura et devint l’École Normale de Gymnastique et d’Escrime. En 1925 elle devint École Supérieure d’Éducation Physique puis s’émancipa des autorités militaires à partir des années 1930.

Elle changea plusieurs fois de nom avant devenir en 1975 l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance), toujours en activité, mais coupée de ses origines militaires. 

Parallèlement, pour garder une affiliation militaire au sport, fût formé dès 1956 le Bataillon de Joinville, célèbre pour avoir accueilli jusqu’à la fin du 20e siècle des milliers de sportifs de haut niveau pendant leur service militaire. Y sont passé des figures du sport français telles que Michel Platini, Alain Prost, Laurent Fignon, Henri Leconte, etc. 

Le bataillon de Joinville a été dissous avec la suspension du service militaire en 2003. L’armée française continue néanmoins d’accueillir des sportifs de haut niveau sous le statut de Sportifs de Haut Niveau de la Défense (SHND) sous l’égide du Centre national des sports de la Défense (CNSD) (qui est maintenant appelé « bataillon de Joinville » en référence à l’ancien bataillon, bien qu’il n’en soit plus un au sens strict). 

Il est parlé de « l’armée des champions ». Ces engagés doivent participer à quelques stages militaires mais disposent de l’essentiel de leur temps pour leur sport et sont rémunérés pour cela.

Ces sportifs ont surtout un rôle de représentation pour l’Armée, ils n’ont plus vocation à être des militaires au sens strict. Ils sont environs 200 sous contrat chaque année.

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Nouvel ordre

Un nouvel ordre pour une nouvelle armée !

Avec la crise du capitalisme, les rivalités entre grandes puissances ont refait surface. On ne compte plus les points de tensions dans le monde et, de la guerre en Ukraine à l’opposition entre la Chine et les États-Unis en rapport à Taïwan, la guerre est devenue une actualité permanente.

Cela terrifie les gens d’autant plus qu’ils ont cru en la fable des années 1990 du « village planétaire » d’où la guerre entre États serait exclue. Cette époque est révolue.

Le problème est que la conscience de cette fin de séquence historique oblige les opinions à réfléchir à la guerre et son corolaire, l’armée, alors même qu’ils s’en sont éloignés. En France, la fin du service militaire obligatoire en 1996 a renforcé cet éloignement, qui se traduit aujourd’hui par une sorte de paralysie générale.

Pourtant, on ne peut vraiment s’intéresser à la politique sans passer par un programme militaire, car comme le dit la formule célèbre de Clausewitz, la guerre est « la continuation de la politique par d’autres moyens ».

La question est alors de savoir quelle position la Gauche historique développe à propos des questions militaires en général et de la défense en particulier ?

On sait que Jean Jaurès était partisan de l’abolition de l’armée de métier, séparée du corps civil. En bon héritier de la Révolution française commencée en 1789, notamment avec la défense nationale de 1792-1793 contre les armées royalistes, il plaidait pour la formation de milices civiles territorialisées.

En réalité, poser la question ainsi est erroné.

Du point de vue de la Gauche historique, de la même manière qu’elle a su dénoncer la prétention de l’Etat à apparaitre neutre et arbitre des lutte de classe, l’aspect militaire n’a jamais été détaché de la question de la nature du pouvoir.

L’armée, fusse-t-elle « populaire » à l’instar d’une milice territoriale, n’en sera pas moins au service d’un ordre déliquescent à tous les points de vue. C’est ce que rappelait Lénine.

« A propos de la milice, nous devrions dire, pour donner une réponse concrète et pratiquement indispensable : nous ne sommes pas pour la milice bourgeoise, mais seulement pour une milice prolétarienne. Par conséquent, « pas un sou et pas un homme », non seulement pour l’armée permanente, mais aussi pour la milice bourgeoise, même dans des pays tels que les États‑Unis ou la Suisse, la Norvège, etc. » 

Aujourd’hui en France, une milice à la mode helvétique s’inscrirait en continuité d’initiatives telles que les « voisins vigilants » et leur mentalité de petit propriétaires replié sur leur pavillon et leur jardin. Alors même qu’il n’y a à côté de cela, aucun engagement d’envergure collective sur le délitement social…

La question militaire est donc conditionnée à la question de l’Ordre et de son Pouvoir qui s’inscrivent nécessairement dans un certain sens de l’Histoire. C’est la raison pour laquelle Mao Zedong a pu dire que « le parti commande aux fusils et il ne faut jamais permettre que les fusils commandent au parti ».

Il est toujours question de savoir ce que l’on défend et pourquoi : ainsi était-il juste d’assumer la guerre pour l’Ordre républicain porté par la Gauche contre la réaction fasciste en 1936 en Espagne. Ou pour prendre un autre exemple : la France ne s’est-elle pas effondrée à l’été 1940 parce qu’elle était, entre autres choses, à bout de souffle malgré tout son matériel militaire ?

Par conséquent, la seule perspective est de participer à la formation d’un Nouveau Pouvoir au service d’un Nouvel Ordre qui vaille la peine d’être défendu. Et la réalité actuelle, c’est que les français sont au bord du craquage psychique.

Une « guerre de haute intensité » exige pourtant une grande discipline collective et de l’abnégation déterminée par une morale au service d’une Cause. Une chose dont la France, mais également les États-Unis, sont bien incapables, minés par des décennies de lessivage par la société de consommation.

Nouvel Ordre, Nouveau Pouvoir, Nouvelle Morale : c’est à partir de là que peut commencer un débat sur les questions militaires, y compris par rapport à la question de la « défense nationale » contre les autres puissances.

Car il est évident qu’une France nouvelle sur tous les plans aurait à se confronter à des pays encore marqués par l’ancien ordre des choses. La défense militaire devient alors une nécessité d’époque car portant une nouvelle dynamique.

Les guerres se remportent lorsqu’elles sont justes et elles sont justes lorsqu’elles sont justifiées par la tendance de l’Histoire. Les armées républicaines françaises ont gagné sur les monarchies, c’était là le sens de l’Histoire, tout comme le peuple soviétique a remporté sur le IIIe Reich, représentant l’ultime sursaut de défense d’un ordre décadent.

C’est d’ailleurs ce qui s’est passé du côté ukrainien dans les premiers mois de l’invasion avant de se retourner en son contraire : de la défense nationale, on est passé principalement à une guerre par procuration pour le compte de l’Occident contre la Russie. Et la justesse de la Cause est devenue secondaire par rapport aux rivalités de grande puissance, marquant de son empreinte toute la stratégie militaire.

L’attente d’une « contre-offensive ukrainienne » au printemps 2023, entièrement déterminée par les moyens militaires occidentaux, en est la dernière preuve éclatante.

Ainsi donc, la question militaire est d’abord et toujours avant tout une question politique liée à l’Ordre que l’on défend.

Aujourd’hui, l’Ordre en France se délite socialement de tous les côtés, la morale ne sait plus porter rien de sérieux au plan culturel, l’architecture dans les villes françaises vire à l’immonde, il y a une absence de considération pour la nature et les animaux, les comportements anti-sociaux sont monnaie courante, sans même parler de ces travailleurs exploités dans des tâches abrutissantes et ces poches de pauvreté, etc.

Sérieusement, qu’y a t-il à défendre au juste actuellement en France, ce pays où les gens délaissent la politique, ne s’engagent nullement ? Il n’y a que les esprits fascistes pour penser que le fait militaire soit à même de relancer la société : c’est l’inverse qui est vrai ! D’ailleurs, les pays qui avaient construit un Nouvel Ordre, socialiste, à l’instar de la Russie ou de la Chine, ont justement liquidé la Cause dans les années 1960-1970 en laissant penser que la direction des choses en revenait à l’État seul, lui-même orienté par l’armée.

La seule chose qu’il faille défendre est la formation d’un nouvel État pour être en mesure de défendre une nouvelle société à même d’accompagner un nouvel élan de civilisation. Alors la défense militaire devient un horizon valable.

Une armée qui de fait sera nouvelle et sera marquée par de nouveaux rapports : la fin de la séparation d’avec la société civile, la féminisation des cadres dirigeants, la suppression de la culture de l’héroïsme patriarcal, l’élection des officiers et généraux, la soumission absolue de la technique à l’art humain de l’organisation, l’élévation du degré de conscience générale de chaque soldat pour une prise de décision démocratique, etc.

Toute réflexion militaire qui ne pose pas la question de la nature de l’Ordre défendu est étrangère au programme militaire à gauche. La défense d’un Ordre vacillant ne peut être que porté par une armée vacillante : c’est peut-être la clef pour construire un nouvel Ordre socialiste qui vaille la peine d’être défendu, coûte que coûte, vaille que vaille.

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Guerre

Loi de programmation militaire : la NUPES veut plus d’armement

La NUPES, force de proposition du militarisme français.

L’examen de la loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2024-2030 avance à grand pas. Avec un budget prévu de 413 milliards d’euros, soit le double par rapport à la LPM de 2019-2025, elle traduit l’accélération de la militarisation de la France.

Actuellement, c’est la commission de défense nationale et des forces armées qui se penche sur l’écriture de la loi. Les députés y font des propositions à travers des amendements qui sont ensuite adoptés ou non et formeront l’ossature générale de la LPM qui devrait normalement être soumis aux débats et au vote du parlement dans le courant de l’été.

Remarquons, hélas encore une fois, qu’on ne trouve que sur agauche.org un suivi sérieux de l’évolution de cette loi, pourtant capitale dans la période actuelle marquée par la tendance à la guerre mondiale de repartage et dont le projet de LPM est l’illustration.

Et s’il faut la suivre, c’est également parce qu’elle en dit long sur la situation politique du pays où n’existe aucune contestation de cette tendance à la militarisation.

On ne sera nullement étonné du soutien des députés de la majorité, ni que les députés RN jouent la surenchère quant à l’augmentation des matériels interarmées (les dites « cibles d’acquisition »), à leur goût sous-évalués dans l’actuelle projet de LPM.

Le RN joue d’ailleurs son rôle de fervent nationaliste en appelant à la fin des programmes européens, tel que le SCAF (système de combat aérien du futur) ou le MGCS (« main ground combat system ») qui sont deux systèmes d’armement qui se veulent ultra-connectés et développés en coopération européenne. Mais c’est là une position de principe qui n’a aucun sens dans la réalité par le simple fait que ces armements exigent des investissements colossaux ainsi qu’une très haute technologie, donc des techniques et savoir-faire qui n’existent plus dans un capitalisme français largué par la crise générale.

Mais lorsqu’on regarde les amendements des différentes députés « de gauche » qui siègent à la commission de défense, c’est la catastrophe. On a des gens qui assument clairement de vivre dans une grande puissance capitaliste et appellent à plus d’armements pour la défendre au détriment de la solidarité internationale entre les peuples.

Le groupe LFI, mené par Bastien Lachaud, propose ainsi de remplacer le terme « puissance d’équilibres » par le singulier « équilibre », actant en soi le mythe, très chauvin d’ailleurs, d’une France au-dessus des rivalités mondiales, jouant en faveur des « lumières » et de la « civilisation ». Une mentalité qui est pourtant détesté dans les restes de la Françafrique…

Mais au-delà de ce terme, il y a des faits bien plus concrets. Les députés LFI demandent ainsi, tout comme le RN, trois satellites de surveillance au lieu des 2 actuels prévus par la LPM. De même, il est proposé de se doter de 50 avions de ravitaillement A400 M au lieu des 35 prévus. Enfin, le budget de la LPM doit se déployer selon une élévation par marche annuelle de 3 milliards d’euros entre 2024 et 2027. La France insoumise demande quant à elle une accélération plus rapide dès 2024, avec 4,3 milliards jusqu’en 2026, puis 3 milliards par an jusqu’en 2030.

On a également le groupe PS qui demande de faire passer les frégates de défense et d’intervention (FDI) de 3 actuellement à 5, tout comme les frégates de premier rang qu’il exige de faire passer de 15 à 18. Enfin, si la LPM prévoit de rénover 160 chars Leclerc, le Parti Socialiste en propose 200.

Bref, les forces parlementaires représentatives de la « Gauche » acceptent d’accompagner le capitalisme français dans sa marche au militarisme. Au lieu d’un accompagnement, c’est en fait bien pire. Plus qu’une union sacrée, on a une force de proposition interne pour renforcer la puissance militaire française.

Une perspective qui en dit long sur l’opportunisme des ces gens, notamment lorsqu’on la met en rapport avec toute l’agitation dernière autour de la réforme des retraites : il faut sauver la bourgeoisie française pour continuer à « partager les richesses » spoliées sur le reste du (tiers)monde. Et la France doit rester une grande puissance pour conserver son influence sur les zones dominées du globe, pour rester dans le jeu de la compétition économique mondiale, pour endiguer son déclassement…

Mais évidemment, la réalité n’est pas à la mégalomanie française et ses vaines prétentions de puissance, toute minée qu’elle est par la période historique de déclin de l’Occident.

A ce tire, les propos de Jean-Louis Thiériot, député LR et vice-président de la commission défense, sont révélateurs :

On aimerait tous avoir des dizaines de Rafale, de frégates ou de blindés supplémentaires, mais on ne peut pas faire grimper les cibles d’acquisitions sans remettre en question l’ensemble de l’édifice, et l’endettement de la France nous prive de marges de manœuvre.

La France capitaliste sombre dans le déclin de l’Occident, et les forces de proposition « de gauche » pour en freiner le processus sont de fait ringardisées par la marche de l’Histoire.

En phase avec cette réalité, le rôle de la Gauche doit être d’accompagner, non pas le sursaut de défense de la puissance française, mais son affaiblissement pour bâtir dans cet interstice historique une rupture révolutionnaire et faire triompher de nouvelles valeurs pacifistes, internationalistes ; pour une France socialiste !

Non à la restructuration du capitalisme français par la guerre ! Entravez les plans du militarisme français !

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Restructurations économiques

Loi de programmation militaire et restructuration

Le militarisme, c’est la restructuration capitaliste.

En mars 2012, les États membres de l’Union européenne adoptaient le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG). Il prévoyait la mise en place d’un pacte budgétaire européen visant à un contrôle strict des dépenses de l’État dans le but de maîtriser les déficits publics, et donc le niveau d’endettement des États.

Cela faisait suite à la crise de la dette souveraine, notamment avec la Grèce qui avait été placée en défaut de paiement, menaçant d’explosion la zone monétaire européenne.

Cela a eu pour conséquence en France la création d’un Haut conseil aux finances publiques qui a pour but d’évaluer la cohérence et la soutenabilité des dépenses publiques au regard de la croissance intérieure (PIB). Il s’agit de mettre en relation les dépenses de chaque loi dite sectorielle avec la loi de de programmation des finances publiques (LPFP) et la trajectoire de la croissance française pour les prochaines années.

Car lorsque les comptes sont déficitaires, cela a pour conséquence soit de baisser le niveau des dépenses et donc d’assumer l’austérité, soit de trouver de nouvelles recettes fiscales, soit de lever des emprunts de dette.

Le 5 avril 2023, Pierre Moscovici, président du Haut conseil aux finances publiques a donc été auditionné pour fournir l’avis de l’institution pour le budget prévu pour la loi de programmation militaire 2024-2030 (LPM). Cela fait suite à la dépose par le gouvernement du projet de LPM à l’Assemblée nationale le 4 avril, devant donc être débattu au parlement en juin.

Pour le HCFP, tout est pris d’incertitude car la LPFP, présentée en septembre 2022, est pour l’heure rejetée par les députés de l’Assemblée nationale et les prévisions de croissance sont incertaines. Pour autant, le président du HCFP a d’ores et déjà été très clair sur la situation.

Il a rappelé ainsi que le niveau d’engagement budgétaire de la LPM pour la période 2023-2030 était très important. On parle ici de 413 milliards d’euros, en fait de 400 milliards prévus directement par la LPM et de 13 milliards extrabudgétaires, faisant passer le niveau de dépense militaire de 47 milliards en 2024 à 69 milliards en 2030.

Cela aura pour conséquence une « contrainte très forte sur les autres dépenses du budgets de l’État« . Alors que le niveau de dépenses publiques a diminué de 0,3 % entre 2012 et 2019, l’orientation budgétaire de la LPM impliquerait une diminution de 1,4 % entre 2023 et 2027. Comme il l’a déjà été affirmé ici, la nouvelle mouture de la réforme des retraites 2023 est d’ailleurs issue de ces conditions financières.

A cela s’ajoute le fait que la France a « connu une érosion progressive des ses finances publiques » avec une explosion de sa dette, passée de 58 % de son PIB en 2000-2001 à plus de 111 % en 2022.

C’est l’une des plus importantes augmentations de la dette souveraine dans la zone euro, puisque sur la même période, l’Allemagne a augmenté le niveau de sa dette de 10 points, l’Italie de 40 points… Et pourtant la France vise à dépenser encore et encore pour la santé, l’éducation, l’écologie, etc., ce qui pousse Pierre Moscovici a résumer la chose de la manière suivante :

« Face à la montagne d’investissements, nous avons un mur de dettes très élevé. »

On notera la réaction d’Eric Coquerel, député LFI-NUPES de la 1ère circonscription de Seine-Saint-Denis et élu président de la Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire en juin 2022 :

« Je suis d’accord avec lui, le président de la commission défense a expliqué que l’effort en termes de réarmement, l’effort militaire, ne devait pas rentrer en concurrence avec les autres efforts, par exemple en matière de santé, d’éducation, en matière de préservation du climat »

Et d’ajouter que cela pose donc la question des recettes et de la fiscalité. On comprend alors toute la stratégie politique qui vise à légitimer la taxe sur les « superprofits », ce qui révèle parfaitement la nature sociale-impérialiste de La France Insoumise.

Car pour l’auteur de « Lâchez-nous la dette » publié en 2021, l’explosion de la dette est un faux problème puisque l’on peut « partager les richesses » et imposer plus fortement le capital.

Ce qui revient à dire que puisque la bourgeoisie française est grasse, très grasse, on peut lui en prendre un peu plus pour faire se continuer tout comme avant dans un niveau de vie occidental. La chose est donc entendue : oui, l’élévation faramineuse de la dépense militaire est acceptée, mais attention à ce que ne cela ne brise pas le « consensus social » sur le niveau vie dans la grande puissance française.

La taxation des riches est toutefois une perspective réformiste qui pouvait faire illusion avant 2020, mais qui n’est plus qu’une fable tant la France se ratatine et prétend à un niveau de vie qu’elle ne peut plus assumer dans les conditions de la nouvelle situation générale post-Covid-19. Il faut maintenant pressuriser les travailleurs, faire accepter une chute de haut niveau de vie des français pour relancer le capitalisme français.

Il est donc évidement que cette augmentation du budget militaire français relève de la restructuration du capitalisme dans le cadre de l’aiguisement de la compétition économique internationale suite aux dérèglements consécutifs à la pandémie de Covid-19.

A ce niveau, on voit combien la Gauche française s’est liquidée elle-même à l’instar de ce qui s’était passé en 1914. Sa revendication de plus de dépenses sociales en omettant de critiquer le militarisme et la tendance à la guerre ne peut que la faire évoluer vers une position social-impérialiste.

Il faut même dire que cette position est même déjà établie depuis le positionnement officiel de toute la Gauche française lors du premier anniversaire de la guerre en Ukraine. Mais cela va être toujours plus visible, toujours plus officiel à mesure que le vote de la LPM va être sur le devant de la scène.

Sans critique du social-impérialisme, la Gauche ne peut que servir de tremplin au nationalisme comme proposition réaliste de sauvegarde de la « France puissance » par la remise au travail à marche forcée du plus grand nombre.

Servons la Gauche historique, ses valeurs, sa vision du monde, pour la recomposition du prolétariat !

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Guerre

Deux ministres pour le complexe militaro-industriel

La réindustrialisation au nom de la guerre.

L’interview parue le 27 mars 2023 ne passera pas inaperçu pour qui suit l’actualité de la guerre. C’est au Figaro (en abonné) qu’elle a été donnée par le ministre de l’Économie, Bruno Le maire, et celui des Armées, Sébastien Lecornu. Ils justifient l’augmentation du budget militaire – 413 milliards pour 2024-2030 – prévue pour la prochaine loi de programmation militaire.

L’interview n’intervient pas au hasard puisqu’au même moment se tenait une réunion dirigée par le Président de la République sur les modalités de mise en place de l’ « économie de guerre » qu’il a annoncé au salon de l’armement Eurosatory en juin 2022.

Ainsi, Bruno le Maire affirme avoir demandé à ce que chaque banque ait dorénavant un conseiller défense pour mieux « flécher » les investissements vers les usines d’armements françaises. Cela signifie que le complexe militaro-industriel va toujours plus être au devant de la scène économique française.

Que l’interview soit réalisée conjointement par le ministre de l’Économie et celui des Armées est révélateur. Comme ils l’énoncent eux-mêmes :

L’industrie de l’armement signe entre 10 et 15 milliards par an de contrats à l’international. C’est une industrie qui contribue au redressement de notre balance commerciale. Et c’est une industrie qui occupe 200 000 emplois, bien répartis sur tout le territoire, ainsi que des centaines de PME installées dans toutes les régions.

Or, en France, l’industrie est justement en chute libre et sur les milliers d’entreprises composant la « base industrielle et technologique de défense », plusieurs centaines sont incapables de suivre le rythme exigé par l’ « économie de guerre ».

Alors il faut viser la « réindustrialisation » et c’est le complexe militaro-industriel qui en devient le moteur central, rappelant toute la justesse de la Gauche historique faisant de la guerre tout à la fois la cause et l’effet de la relance du capitalisme.

Déjà il y a peu, Sébastien Lecornu annonçait la « relocalisation » à Bergerac de la production de poudre propulsive pour les obus tirés par les canons Caesar livrés à l’Ukraine et produit par l’usine Eurenco. Une usine qui a déjà payé le prix fort de l’ « économie de guerre » cet été en étant touchée une violente explosion.

Cela s’inscrit en réalité dans une commande à l’échelle européenne de près d’1 million d’obus dans le but d’alimenter la guerre occidentale contre la Russie, alors qu’aux 5 000 obus tirés par jour par l’armée ukrainienne répondent les près de 15 000 russes… On apprend d’ailleurs dans l’interview que le budget d’aide à l’Ukraine a été « sorti » du budget de la prochaine Loi de programmation militaire avec l’accord du Premier ministre, donc du Président de la République sans qu’il n’y ait, encore une fois, aucun débat public à ce sujet.

Plus généralement, il faut comprendre que la France tente de conserver les acquis de son industrie de défense en Europe car on l’aura compris cela signifie un marché juteux pour l’industrie d’armement qui est en mesure de satisfaire cette giga commande !

Mais cela n’est pas tout puisqu’il avait été diffusé par France Info, seul média au passage ayant parlé de cela, que l’État s’apprêtait à « relocaliser » une vingtaine de productions industrielles militaires stratégiques. Cela concerne notamment des pièces essentielles pour certains moteurs d’hélicoptères à l’usine Aubert et Duval dans le Puy-de-Dôme mais aussi certaines coques de bateau produites actuellement en Europe de l’est.

La France a beau participer aux prétentions occidentales comme quoi la Russie aurait une économie faible, il n’en reste pas moins vrai que cette dernière a une base industrielle fondée sur une production lourde, contrairement à la France, totalement larguée à ce niveau.

Alors elle tente de rattraper son retard pour mieux conserver sa place au soleil… Mais à lire les propos du ministre des Armées, on comprend à quel point les dirigeants français sont largués par l’Histoire :

La trajectoire – à la hausse depuis 2017 – de cette future LPM [ Loi de programmation militaire, NDLR] doit être sincère et fiable, donc soutenable, afin de poursuivre son exécution à l’euro près. Cela restera notre marque de fabrique et c’est d’autant plus indispensable que cet effort est aussi important que celui que les gaullistes ont décidé dans les années 1960.

Les dirigeants français s’imaginent pouvoir lancer un « plan » industriel alors qu’ils sont à la tête d’un pays en faillite complète, avec une croissance d’à peine 0,2 % qui ne tient que parce qu’il s’est soumis à la superpuissance américaine. D’ailleurs, la réforme des retraites prend ici tout son sens historique, étant une nécessité à ce que Bruno le Maire nomme « les marges de manœuvres nécessaires pour les investissements ».

Dans ce mécanisme tristement connu par les héritiers de la Gauche historique, le complexe militaro-industriel tente de s’imposer à tous les échelons de direction de l’État, renforçant ainsi la tendance vers la guerre de repartage mondial. Heureusement, la France est une puissance à bout de souffle qui tente de faire ce qu’elle peut mais apparait de plus en plus comme le maillon faible d’un Occident en déroute. Une déroute qui sonne comme une brèche historique pour celles et ceux qui veulent enfin s’émanciper du capitalisme et de ses horreurs !

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Guerre

La France veut fournir des Mirage 2000 au régime ukrainien

Une cobélligérance qui ne dit pas son nom.

Le régime ukrainien a démenti l’information, mais on se doute pourquoi. La France est en train de former une trentaine de pilotes de l’armée ukrainienne à l’utilisation de Mirage 2000. Cela se déroule sur les bases aériennes de Mont-de-Marsan et de Nancy.

Il s’agit d’avions de chasse mis en service en 1984, mais encore en service suite à des modernisations. La mise en place d’avions de chasse totalement nouveaux prend en effet beaucoup de temps. Si les Mirage 2000 ont été utilisés pendant la guerre du golfe, ce qui remonte à loin désormais, ils sont encore employés par les armées de France, du Brésil, de Grèce, d’Inde, du Qatar, etc.

Prudemment, l’armée française a laissé entendre qu’il ne s’agissait que de la formation de « personnels militaires aériens » s’occupant de l’avion. Mais c’est impossible. Apprendre le maniement d’un avion de chasse est extrêmement compliqué et chaque système est différent.

Cela signifie que si une décision est prise, et elle a été prise, alors c’est le paquet qui est mis, et ce à tous les niveaux de la chaîne de décision. Si l’on forme de pilotes de l’armée ukrainienne à des Mirage 2000, c’est pour leur en fournir. La Slovaquie et la Pologne viennent de fournir d’ailleurs respectivement 17 et 4 Mig à l’armée ukrainienne.

Le principe est toujours le même : un pays ouvre la brèche et les autres suivent. Comme ça, l’escalade passe tranquillement. La France avait joué ce rôle avec les canons Caesar et les véhicules blindés Amx. Et le régime ukrainien vient également tout juste de poster sur un réseau social l’emploi par son armée du système français de défense aérienne à courte portée Crotale NG.

Le Conseil européen, avec les chefs d’État et chefs de gouvernement, va également valider les 23 et 24 mars 2023 la décision du Conseil de l’Europe d’un plan de deux milliards d’euros pour rembourser les États ayant déjà fourni des obus au régime ukrainien et pour lui en fournir un million de plus.

Et l’armée américaine a annoncé être « confiant » de pouvoir livrer les Patriots dans un délai « accéléré » en raison de la formation accélérée de soldats ukrainiens à ce système de défense aérienne. La superpuissance américaine a annoncé aussi 350 millions de dollars de matériel militaire pour l’armée ukrainienne, dont des munitions pour les fameux Himars. Et le premier ministre japonais Fumio Kishida s’est rendu à Kiev le 20 mars 2023.

Tout cela indique clairement que la France est en guerre avec la Russie, les soldats ukrainiens servant de chair à canon. Tout le bloc occidental s’évertue à utiliser le régime ukrainien pour mener la guerre… sans officiellement la mener.

Un régime ukrainien très content de faire la guerre par ailleurs, puisque dans les mains de fanatiques voulant détruire la Russie.

Les Français peuvent fantasmer comme ils veulent sur l’accession à la petite propriété, à la consommation occidentale. Ils peuvent bien rêver que la lutte actuelle contre la réforme des retraites a une incidence historique. Ce n’est pas le cas. C’est un événement intérieur au mode de vie occidental.

On est déjà dans le cadre d’une bataille pour le repartage du monde, alors que toutes les crises possibles se généralisent : économique, financière, culturel, morale, écologique, dans le rapport aux animaux…

Nous assistons à la fin du monde et la seule impression que donnent les Français, c’est de vouloir protéger leurs acquis individuels. C’est insensé.

Il n’y a de dignité qu’en se plaçant en première ligne pour faire tomber l’occident. La défaite de l’Otan et la déroute de l’occident, voilà la réelle actualité historique !

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Guerre

Une guerre juste est dirigée par des femmes

La place des femmes dans l’armée est l’indicateur de la nature d’une guerre.

Femmes combattantes durant la guerre d’Espagne

Depuis plusieurs années, les armées occidentales tentent de féminiser leurs effectifs.

Il a fallu attendre par exemple 1982 pour que l’école de formation des dirigeants militaires de l’armée française soit ouverte aux femmes. Et ce n’est qu’en 2016 que fut nommée pour la première fois au poste de vice-amiral une femme.

Mais cela se base sur l’approche typiquement bourgeoise des quotas et de la parité, renvoyant les femmes à des faire-valoir pour dresser une belle vitrine auprès des populations. Avoir une armée féminiser, c’est se donner une légitimité démocratique pour ses guerres…

En réalité, ces efforts ne peuvent surmonter le fait qu’on ne peut parvenir à l’implication active des femmes dans l’armée sur la base d’une société civile marquée tout à la fois par des restes culturels de patriarcat et surtout et principalement, par une société de consommation qui fait des femmes des cibles de la sexualisation marchande.

Dans le monde, il n’y a pas une seule armée qui réussit à impliquer les femmes à la hauteur de ce qu’elles représentent, soit la moitié des populations. En haut du classement, il y a Israël avec 33 % de femmes dans ses effectifs, puis la Hongrie avec 20 %, les États-Unis avec 18 %, la France avec à peine 16 %… Plus loin encore, il y a la Pologne avec seulement 3 %.

Mais même ces chiffres ne veulent rien dire. Car l’armée c’est une micro-société, avec son administration, ses cuisines, son service des santés, etc. Si l’on regarde plus près l’armée française, sa féminisation concerne avant tout son administration et son service de santé.

En Ukraine, les femmes étaient même jusqu’à 2018 carrément interdites de devenir conductrice de chars ou tireur, les réduisant à n’être que des cuisinières, des comptables, ménagères, etc. Malgré une réforme leur ouvrant ces postes militaires, la prégnance de l’état d’esprit traditionaliste est si fort dans la société ukrainienne, avec notamment leur sexualisation agressive, que les femmes restent bien à l’écart. A tel point qu’il n’était même pas prévu de sous-vêtements et de chaussures pour femmes !

Dans l’armée française, l’histoire du commandement est si fortement liée à l’aristocratie et à la grande bourgeoise qu’il est bien illusoire de s’imaginer que les femmes puissent devenir des protagonistes à part entière. On peut regarder quelques témoignages du Tumblr « Paye ton treillis » pour s’en rendre compte !

Il y a un fait historique implacable : lorsque la lutte est juste, les femmes s’y impliquent de manière active et tout naturellement. Ce sont les femmes de Paris qui ont réquisitionné les canons de la butte de Montmartre en mars 1871, formant le premier acte du soulèvement populaire de la Commune.

Plus avant encore, les femmes ont toujours été aux avant-postes des insurrections paysannes, tout comme lors de la Révolution françaises elles formèrent de nombreux clubs et détachements armés. Une tradition qui se prolongea ensuite, les femmes étant aux premières lignes des manifestations ouvrières menacées par la répression de l’armée tirant à balles réelles.

Par conséquent, après Charles Fourrier, Friedrich Engels sanctuarisa la position du féminisme du mouvement ouvrier :

« dans une société donnée, le degré d’émancipation de la femme est la mesure naturelle de l’émancipation générale ».

Dès 1925, l’URSS ouvrait l’enseignement militaire aux femmes, aboutissant à ce que près d’un million de femmes s’engagent lors de la grande guerre patriotique, y compris des postes déterminants comme l’aviation et le tir d’élite – contre à peine 14 000 en 1945 dans l’armée française. Pendant la guerre d’Espagne, nombreuses furent les femmes impliquées dans les combats du côté des milices socialistes et anarchistes.

C’est pourquoi la grande féministe socialiste Clara Zetkine remarquait que la révolution allemande de 1848/1849 était à la traine du processus historique du fait que les femmes les plus avancées n’avait lutté qu’avec leurs plumes et non pas avec des armes :

En outre, l’amazone allemande de 1848/1849 était plus en costume qu’en action. Dans la littérature social-démocrate d’aujourd’hui, on note avec satisfaction que les femmes révolutionnaires de 1848 ont probablement fait peu d’usage des poignards et des pistolets qu’elles portaient à la ceinture.

La reconnaissance devient une critique involontaire de gestes vides et théâtraux, qui n’auraient pas été nécessaires pour exprimer une ferme détermination à se battre. Amalie von Struwe a tenu bon, fièrement, alors qu’elle était enlevée par un soldatesque ivre et fou furieux. On attribue à Emma Herwegh un plus grand sang-froid et une plus grande bravoure dans les situations dangereuses que son mari.

Il ne faut pas confondre pacifisme et pacifique : engagées dans un processus de libération, les femmes sont d’ardentes combattantes. À la suite de quoi on peut dire qu’une guerre juste se mesure à l’aune de l’implication des femmes dans le fait militaire.

Cela ne veut pas dire être engagée dans des rôles subalternes tels que les services administratifs, sanitaires, etc., ni même seulement combattre au front bien que cela soit important. A ce titre, dans l’armée française, les femmes ne sont pratiquement jamais des soldats de première ligne, ce qui en dit long…

Plus fondamentalement, une guerre juste se mesure dans le degré d’implication des femmes dans la direction politique, dans la chaine de commandement, avec pour priorité la féminisation totale du corps dirigeant intermédiaire de part son rôle charnière dans l’application des décisions.

Car en réalité, l’art militaire ne réside pas seulement dans la force physique, ni même dans le maniement des armes, ce qui sont des éléments tout à fait secondaires – à moins de relever d’un état d’esprit foncièrement machiste et anti-collectiviste.

L’art militaire, c’est l’art de la conduite des opérations dans ses aspects tactiques en lien avec une stratégie d’ensemble, en tenant évidemment compte des armes et des armées à disposition mais surtout et essentiellement d’une vue d’ensemble du processus d’affrontement. Cela exige de raisonner non pas en additionnant des capacités militaires individuelles, mais en développant un point de vue total et collectif, voir collectiviste, c’est-à-dire organique.

Du fait de leur position naturelle, les femmes portent en elles un sens aigu de l’organisation collective et de la planification des choses, ce qui doit faire d’elles le protagoniste majeur pour la conduite d’opérations réussies.

Elles sont moins susceptibles de basculer dans l’héroïsme viril typique des armées bourgeoises portées par des dirigeants masculins. D’ailleurs les engagés militaires ont tout à gagner d’une direction féminine, car ils sont certains de ne pas être sacrifiés pour rien.

Lorsque l’on est issu de la tradition du mouvement ouvrier, on a donc un critère essentiel pour mesurer très concrètement si une guerre est juste ou pas. Et il ne fait nulle doute que la guerre qui se prépare sous nos yeux n’en est pas une : les femmes ne seront de grandes dirigeantes que lorsqu’elles prendront la tête de la guerre pour la paix et pour l’émancipation de l’oppression.

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Guerre

Obligation du service national universel : la France prépare la guerre

Le militarisme, c’est la préparation de la guerre de repartage.

Instauré en 2019, le Service national universel (SNU) est une forme de service militaire soft. Au départ basé sur le volontariat, Emmanuel Macron a toujours promis sa généralisation et son caractère obligatoire.

Avec 32 000 jeunes en 2022, le projet est loin de ses buts et pourtant c’est à grand pas que se rapproche la mise en place de sa généralisation obligatoire, d’abord dans 6 départements puis, à terme, sur tout le territoire. Tout cela sera très vraisemblablement intégré à la prochaine loi de programmation militaire (LPM) qui doit être votée au printemps, et dont la hausse déjà connue du budget illustre la militarisation accrue de la France.

Un article de presse révélait ainsi que cette obligation pourrait prendre la forme de 2 semaines pour tous les élèves de seconde sur leur temps scolaire sur la base d’une journée de 6h30-22h30, le tout dans un département différent du leur.

On y retrouve toute la panoplie de la discipline militaire, tel le port de l’uniforme et l’interdiction du téléphone portable, la levée du drapeau à 8h sur fond de Marseillaise, etc. L’obligation passerait par le fait de pouvoir passer certains examens et cela fournirait des points bonus pour Parcoursup.

De fait, le SNU, ce n’est ni plus ni moins qu’un préparatif de guerre intégré à la question générale de la mobilisation nationale, et en particulier à celle des réservistes puisque la suite du SNU consiste en la possibilité d’intégrer la réserve opérationnelle appelée à être augmentée avec la LPM 2024-2030.

A l’instar des envois d’armes en Ukraine, à l’instar de l’exercice Hemex-Orion 2023, à l’instar de son rôle de « Nation-cadre » en Roumanie pour le compte de l’Otan, la France cherche à se donner les moyens d’assumer demain la guerre mondiale.

Le SNU, c’est si l’on veut la même chose que la loi des 3 ans qui fit passer la service militaire obligatoire de 2 à 3 ans en 1913 en vue de la guerre avec l’Allemagne. Cela l’est d’autant plus que depuis le 4 juillet 2022 le secrétariat d’État chargé de la jeunesse et du Service national universel est sous la tutelle du Ministère des armées.

Évidemment, on ne passe pas de la fin du service militaire en 1997 à son rétablissement en un claquement de doigt, surtout dans un pays aseptisé par la société de consommation. Il faut des sas et le SNU en est un.

Image du SNU en Guyane en 2021

Par conséquent, pour porter une critique conséquente du SNU, il s’agit de relier la question de la militarisation de la société civile d’avec son soubassement historique qui n’est rien d’autre que la tendance à la guerre de repartage. Car voilà ce qui heurte la sensibilité populaire dans la prochaine mise en œuvre obligatoire du SNU : la prise en charge par l’armée de tâches civiles en dehors même du temps scolaire en vue de préparer les esprits à l’effort national de guerre.

Sans une telle dimension critique, on loupe le coche historique et on s’expose aux mêmes errements que la gauche d’avant 1914 avec son ralliement général à la « défense de la patrie ».

Il faut même préciser ici, par responsabilité envers le peuple qui a un grand sens de la réalité, qu’il faut surtout refuser le militarisme bourgeois, refuser l’engagement militaire au service de l’ordre occidental soumis aux États-Unis.

Mais, une fois que l’on a dit cela, il faut bien, hélas, penser la réalité du monde marquée par la tendance à la guerre. Non pas qu’il faille choisir un camp impérialiste contre un autre, non pas qu’il faille accepter la guerre au service des puissants, mais que la bataille pour la paix impose irrémédiablement de penser l’opposition aux armées bourgeoises qui s’opposeront à toute émancipation du capitalisme qui, lorsqu’il est en crise, nous emmène à chaque fois vers la guerre générale.

Par conséquent, le refus du SNU, en tant qu’expression du militarisme bourgeois exige une alternative, celle de l’enseignement militaire pour tous. Ou pour le dire dans une formule simple : la démocratie populaire + le fusil, l’auto-discipline du peuple pour son émancipation totale, du capitalisme et de ses guerres.

Il n’y a donc pas 36 000 possibilités face à cette lame de fond qui rythme et va rythmer les prochaines années : ou bien l’on choisit un camp impérialiste, États-Unis ou Chine, ou bien on refuse d’être embarqué dans une 3e guerre mondiale sous le mot d’ordre « guerre à la guerre des grandes puissances ».

Sans cette perspective, la critique du SNU et du militarisme en général est vouée à l’échec ou plutôt elle laisse le champ libre à l’extrême-droite nationaliste qui, elle, prend acte de la réalité et assume le fusil…sans la démocratie.

La critique conséquente du SNU ne peut être qu’une critique de la militarisation de la France dans le cadre de la guerre de repartage du monde. Elle doit être le prétexte à une mobilisation populaire pacifiste d’ampleur, contre la puissance française au service de l’Otan.

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Guerre Refus de l’hégémonie

Exercice Hemex-Orion 2023: la France assume la guerre de repartage

La France prépare la guerre.

Prévu depuis 2017, l’exercice Hemex-Orion marque l’entrée pour les armées françaises dans la nouvelle ère dite de la « haute intensité ». Une préparation qui implique de s’entrainer sur un très vaste espace pour appréhender les grandes manœuvres opératives : un type d’exercice qui n’était plus réalisé depuis 30 ans.

Cela signifie que la guerre pour le repartage de l’ordre mondial issu de la deuxième guerre mondiale est entièrement assumé par la France, comme le décrit le service communication des armées dans sa petite vidéo de présentation de l’exercice :

« Orion consitute le premier jalon d’un nouveau cycle d’exercice triennal des armées. Le contexte international est marqué par la durcissement de la compétition entre grandes puissances, le réarmement et la déshinibition de certaines puissances régionales, la multiplication des foyers de crises et l’expansion de la menace terroriste. »

Avec Hemex-Orion 2023 – Hemex pour « Exercice d’hypothèse d’engagement majeur », Orion pour « Opération d’envergure des armées Résilientes Interopérables Orientées vers la haute intensité Novatrices, il est visé une gigantesque manœuvre, avec 7 000 soldats engagés au départ et 12 000 en fin d’opération, le tout sur une vingtaine de départements entre février et mai 2023.

Intégré dans la « stratégie de défense collective de l’Otan », l’exercice se fonde sur un scénario imaginé par le ministère des armées lui-même. Une fédération aurait éclaté en plusieurs entités. L’une dentre elles, Mercure, soutiendrait des milices qui revendiquent l’indépendance d’une des régions de l’Arnland, autre entité née de l’explosion de la fédération mais soutenue par la France.

On a ici une allusion directe à la situation ukrainienne de 2014 à aujourd’hui. Mais on pourrait y voir également la perspective du démantèlement de la Russie… Plus généralement, comme lors de l’exercice SERRAT 2022 en Ardèche, on retrouve tout l’imaginaire propagandiste anticommuniste dans les symboles utilisés pour qualifier l’ennemi… sans parler de la milice indépendantiste.

Si la manœuvre militaire est détaillée sur derniers temps dans la presse générale, la première phase de l’exercice a débuté en mai 2022 par le fait de planifier les opérations.

Avec la seconde phase en Occitanie, c’est un camp de SDF qui a été déplacé, le massif de la Gardiole qui a été interdit d’accès entre février et mars.

En tout sont déployés de 1 à 3 brigades, 2 300 véhicules, dont 100 drones et 40 hélicoptères, 30 bâtiments navals, dont le porte-avion Charles de Gaulle, 20 captures spatiaux, 80 aéronefs (plus 50 de la marine nationale), 6 système de défense sol/air, 2 drones Male (reconnaissance).

Dès le 9 février a débuté la montée en puissance du déploiement militaire dans le sud de la France et samedi 18 mars, un avion C-130 a largué en mer de Toulon une dizaine de commandos marines. Puis, ce samedi 25 février, ce sont 600 paras » ainsi que 12 tonnes de matériel qui ont été largués dans le ciel de Castres dans le but de percer les premières lignes ennemies.

Le gros de cette phase 2 consiste en un vaste débarquement amphibie dans le bassin de Thau à Sète menant combat jusqu’à la mi-mars, en rejoignant les troupes aéroportées à Castres. L’exercice doit se clôturer entre le 5 et le 11 mars à Cahors avec exercice de combat en ville, ce qui a valu aux établissements scolaires d’informer via le logiciel Pronote les parents d’élèves.

La délégation militaire du Lot qui souhaite conserver le plus grand réalisme de l’exercice a présenté la chose publiquement :

« la coordination avec les acteurs locaux, les interactions avec la population, la préservation des infrastructures et des activités économiques. Orion représente l’occasion de voir les militaires en action et de leur témoigner leur soutien. Ce contact avec les territoires manifeste la vitalité de lien armées-nation contribuant à la cohésion nationale »

Cette phase de l’exercice vise à tester le déploiement de l’échelon national d’urgence (ENU) composé de 5000 soldats capables d’être déployés en 48h. Ici, on parle d’un déploiement à la fois aéroportée à l’intérieur des lignes ennemies et d’un débarquement amphibie de troupes marines après des actions de neutralisation physique et cyber. L’armée cherche à s’entrainer à la guerre dite « multimilieu/multichamp », embrassant la terre, la mer, les airs mais aussi le cyber et l’informationnel.

La seconde phase relève en fait d’un pré-engagement, dans l’ombre, de l’armée française, alors dirigeantes d’autres forces issues de l’Otan, contre les milices indépendantistes imaginaires.

La phase 3, dénommée « civilo-militaire », relève de l’implication de plusieurs ministères dans la prise de décision et l’explication à l’opinion publique de l’engagement. Soit après coup. Cela doit permettre à justifier publiquement que la France est la « nation-cadre » d’un vaste dispositif d’intervention militaire au moment où, dans le scénario, les forces de Mercure entrent en confrontation directe. Ce sera la phase 4 entre avril et mai, dite d’envergure ou guerre de haute intensité entre deux armées conventionnelles.

Pour traduire : on déploie l’armée…on explique après, ou comment démasquer le fondement d’une guerre de grande puissance n’ayant aucune valeur démocratique et populaire. Cela en dit long sur la sophistication de la prochaine guerre de haute intensité, nécessitant tout un dispositif politico-militaire dans l’espoir de conserver toute la situation sous contrôle. A moyen terme, cela est vain bien évidemment.

Ce qui est clair, c’est que la France prépare activement la guerre et cela fait écho à une citation des Comités de la paix des Usines Schneider de 1952 reprise par la gazette anti-guerre Rosa dans son numéro 11 :

Les ouvriers pensent et disent que ce n’est pas tellement sûr que la guerre soit une fatalité, car une fatalité qui a un plan et qui a des crédits, n’en est pas une.

A l’instar de la France « nation-cadre » en Roumanie, c’est-à-dire puissance dirigeante et coordonnatrice de plusieurs armées pour le compte de l’Otan, l’exercice Hemex-Orion n’est là que pour préparer la France à manier un déploiement militaire sophistiqué par et pour l’Otan.

Car derrière cet exercice où prennent part des soldats allemands, belges, italiens, grecs, américains, anglais, etc., la France ne vise pas directement à assurer la défense nationale, mais bien plutôt à montrer sa crédibilité envers l’Otan.

C’est un signal envoyé aux États-Unis comme quoi la France reste dans la course pour la guerre de repartage qui s’annonce, ou plutôt qui a déjà commencé avec la guerre contre la Russie.

C’est une preuve une fois de plus que la France n’est qu’une puissance de second ordre qui tente, tant bien que mal, de conserver sa place au soleil en tirant profit du mieux qu’elle peut de l’ordre international garanti par l’Otan depuis les années 1950. Car il faut bien comprendre que mobiliser 12 000 hommes, c’est tout à la fois rien au regard de ce qui se passe justement en Ukraine et déterminant si l’on se place sur le plan de la coalition Otan.

Il faut donc prendre cet exercice pour ce qu’il signifie historiquement : la France est un protagoniste majeur du militarisme occidental qui se prépare à maintenir le statu quo mondial qui lui est favorable.

Quiconque ne le conteste pas est de facto dans le camp du militarisme français.

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La France a livré secrètement des Akeron à l’Ukraine

La France fait la guerre à la Russie.

Jean-Louis Thiériot est le vice-président de la commission de Défense Nationale. Il a accordé une interview à une Newsletter (payante) consacrée à la Défense, Opexnews. Il y explique que la France a livré à l’armée ukrainienne des systèmes de missiles anti-chars AKERON MP (Moyenne Portée).

C’est la première fois qu’une telle information est rendue publique. Ce sont naturellement des médias étrangers qui s’en sont fait l’écho, les médias français, inféodés à la superpuissance américaine, ne diffusant que ce qui sert directement le storytelling anti-Russie.

Les systèmes AKERON MP fonctionnent grosso modo comme les systèmes anti-chars portatifs. On dispose d’une sorte de tube muni d’un groupe informatique avec caméra, de 15 kilos au total, on verrouille la cible sur une distance allant jusqu’à 4 kilomètres, et on tire.

Un missile de 2 kilos rejoint alors la cible, en étant capable de percer 2 mètres de béton armé ou plus d’un mètre de blindage homogène laminé.

GuillaumeFrantz, wikipedia

Ce matériel n’a que quelques années ; l’armée française en dispose d’une quantité assez réduite : 414 postes de tir et 1200 missiles. Naturellement, il n’existe aucun chiffre concernant ce qui a été offert à l’armée ukrainienne. Mais le chiffre est certainement conséquent, car ce « produit » de MBDA est « valorisé » pour l’exportation en étant employé, et cet emploi est également directement analysé « en pratique » par l’armée française.

Et de toutes façons l’Ukraine sert de chair à canon dans la guerre à la Russie. C’est l’aspect principal. La livraison d’un tel matériel le montre d’ailleurs parfaitement, et le caractère secret de ce « don » montre qui dirige vraiment en France.

La révélation de ce don ne doit évidemment rien au hasard non plus. En fournissant l’information à des gens spécialisés dans la Défense, on s’adresse avant tout à eux. Et, dans un jeu typiquement français où on procède par la bande, comme au billard français, on travaille l’opinion publique, lentement mais sûrement.

Il s’agit également d’en arriver au point de non-retour. Jusqu’au moment où on sera tellement engagé avec l’Ukraine… qu’il faudra bien y aller.

Ce piège belliciste n’a rien de subtil, mais il fonctionne très bien dans une société de consommation où les gens n’ont aucun horizon à part leur propre ego.

C’est à la Gauche, sur ses valeurs historiques, de s’y confronter. Sabotons la guerre américaine contre la Russie !

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Une tribune militariste dans l’Express

La fraction libérale-atlantiste de la bourgeoisie mène la danse.

La tribune intitulée « Budget de la Défense : encore un effort nécessaire » publiée le 6 février par l’Express et rédigée par Nicolas Bouzou, un économiste atlantiste et vice -président du cercle Turgot, est ainsi très révélatrice de la situation en cours.

L’hebdomadaire l’Express est un journal qui est organiquement lié, au sens idéologique et culturel, à la fraction libérale-atlantiste de la bourgeoisie. Ses prises de positions sont l’expression condensée de la pensée de toute la fraction moderniste de la bourgeoisie, celle actuellement au pouvoir par la voie d’Emmanuel Macron, celle qui « réforme ».

La réforme des retraites est à ce titre une expression de la restructuration du capitalisme français. Il faut la voir avec les lunettes du monde de 2023 et non pas de celui d’avant la pandémie de Covid-19, qui a engendré un grand dérèglement social et économique, culturel et politique.

Il y a ainsi deux camps réels, si on omet ceux qui veulent que rien ne change, par nostalgie. Il y a ceux qui veulent sauver le mode de vie capitaliste et ceux qui veulent s’en débarrasser.

Ce que dit la tribune est justement l’inverse de ce qui est dit sur agauche.org. Il est dit sensiblement la même chose dans la forme, mais totalement l’inverse dans le contenu. Pour résumé, le monde aurait radicalement changé depuis 2020 et la guerre en Ukraine ouvre la voie à une déstabilisation générale du monde. Il s’agit donc d’inscrire le capitalisme français dans l’optique de l’affrontement à tous les niveaux.

Un pays incapable de faire une réforme des retraites bénigne pour équilibrer son système et augmenter l’emploi des 55-65 ans alors que la guerre menace de s’étendre sur notre sol est voué à devenir insignifiant. Car les lois de l’économie (qui ne sont rien d’autre que des lois de l’organisation des humains en société) sont implacables : pour investir davantage dans l’énergie décarbonée, dans la santé, dans l’éducation, dans notre sécurité, nous n’avons pas d’autre choix que de produire davantage de richesses : travailler plus et mieux, être plus intelligents, investir davantage. Voilà la feuille de route cohérente avec notre environnement hostile. Si nous ne le faisons pas, par défaitisme, lâcheté ou pacifisme, c’est notre pays que ne nous mettons en danger.

Voilà, pour les capitalistes français, la nouvelle donne qu’il s’agit d’avoir en tête pour pouvoir continuer à faire progresser le capitalisme français. S’il est salué l’augmentation du budget de la Défense, passant de 295 milliards d’euros sur la dernière loi de programmation militaire à plus de 400 milliards pour l’exercice 2024-2030, il faudrait « encore un effort nécessaire ».

La réforme des retraites s’inscrit alors dans ce panorama, celui qui doit permettre de dégager plus de recettes financières dans le but de renforcer le capitalisme français, et principalement son complexe militaro-industriel. De fait, l’un et l’autre sont les deux faces d’une même pièce.

Au vu de la situation de 2023, ne pas faire la réforme des retraites n’aurait rien à voir avec les précédentes réformes en 1995, 2003, 2010 : cela signifierait l’incapacité du capitalisme français à se restructurer pour mieux se relancer dans le grande bataille du repartage du monde sous égide de l’Otan, donc des États-Unis.

On voit ici à quel point la réforme des retraites n’est qu’un élément secondaire dans la véritable tendance de fond, celle de la mise en place des conditions d’une nouvelle guerre mondiale.

A ce titre, il est une fois de plus confirmé le fait que la perspective de se confronter à l’Otan sur des bases socialistes-pacifistes mène directement à se confronter au régime en place. Logiquement, si une mobilisation d’ampleur avait lieu sur cette base, cela déboucherait sur une crise de régime. C’est bien pour cela que l’extrême-Droite dans sa variante parlementaire a refusé un tel positionnement dès l’invasion russe en Ukraine au mois de février 2022.

De ce point de vue, on ne peut que constater combien les contestataires actuels de la réforme des retraites sont à côté de la plaque. Pour eux, la question se limite à de vilains financiers qui veulent épuiser les gens au travail, tels des vampires maléfiques qui seraient des parasites détachés de la vie réelle.

Leur contestation est vaine. Pire : de part son orientation, du fait de sa négation de l’arrière-plan historique, il ne s’agit que de faire tourner la roue de l’Histoire en arrière.

Si on a compris qu’il y a en fait la mise en place d’un rouleau compresseur militariste au service de la restructuration capitaliste, il ne peut y avoir d’autre option que celle énoncée sur agauche.org. Car face à cette perspective, il s’agit d’être ancré dans le sens de l’Histoire mais du point de vue démocratique et populaire.

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Le ministre ukrainien de la Défense à Paris pour de nouvelles livraisons militaires

Bientôt des avions de chasse livrés à l’Ukraine ?

Pendant que des centaines de milliers de gens défilaient en France derrière les syndicats contre une énième réforme des retraites mardi 31 janvier 2023, le ministre des Armées Sébastien Lecornu recevait tranquillement à Paris son homologue ukrainien Oleksiï Reznikov.

Cela passe littéralement inaperçu, alors que c’est la plus brûlante des actualités. La France, qui pour l’instant ne participe pas à l’élan occidental de fourniture de chars lourds, entends malgré tout figurer au premier rang des belliqueux.

Le résultat de cette entrevue est donc une nouvelle série de matériel militaire fournie au régime ukrainien, qui a procuration pour faire la guerre à la Russie.

Oleksiï Reznikov se rendra d’ailleurs à Limours dans l’Essonne ce mercredi 1 février pour signer le contrat d’achat d’un radar sol-air GM200 de Thales, après avoir visité l’usine en compagnie du ministre français. Et en fait de contrat, il s’agira d’un cadeau, puisque l’achat est réglé par l’État français et son fonds de soutien français à l’Ukraine de 200 millions d’euros.

Il s’agit d’un radar de moyenne portée transportable sur camion, devant détecter un aéronef à 250 kilomètres et capable de l’engager à 100 kilomètres, qu’il s’agisse d’un drone à faible vitesse et basse altitude ou d’un avion de combat rapide et à haute altitude.

Il y a urgence, alors la livraison est prévue très prochainement et donc le matériel sera pris sur une commande devant arriver à l’Armée de l’Air et de l’Espace, voire directement sur son stock s’il le faut.

Voici une nouvelle preuve, s’il en fallait, que la France est en guerre contre la Russie, puisqu’elle dirige en priorité une partie stratégique de son arsenal militaire contre la Russie.

Dans le même registre, « dans les semaines qui viennent », sera livré un nouveau lot de 12 canons automoteurs Caesar, en plus des 18 déjà fournis. On se souvient comment les premières livraisons de ces engins avaient fait l’actualité, tellement cela signifiait l’escalade militaire. Maintenant, cela passe comme une lettre à la poste et quasiment plus personne n’en parle.

Le régime français ne souffre d’aucune opposition en ce qui concerne la guerre. Le ministre peut bien expliquer que les canons seront probablement puisés directement dans les stocks de l’armée française : aucun problème !

L’entreprise Nexter, qui les fabrique ainsi que les obus de 155mm devant être également fournis à l’Ukraine, tourne pour cette raison à plein régime. Il a même été expliqué que de la poudre explosive est fournie par l’Australie pour fabriquer cela au plus vite.

Tout l’occident est en branle et coordonné pour faire la guerre à la Russie, par l’intermédiaire de l’Ukraine.

Et la France ne fait pas que livrer des armes. Le ministre français des Armées a précisé à cette occasion que pas moins de 2000 soldats ukrainiens seront formés en France d’ici à l’été prochain et que 600 autres le seront, chaque par mois, par 150 militaires français déployés directement en Pologne dans les prochaines semaines.

Rien que cela vaut pratiquement déclaration de guerre à la Russie, tellement l’engagement est immense.

Le ministre ukrainien a donc profité de l’occasion pour remercier la France de son engagement et vanter l’efficacité de ses missiles sol-air à courte portée Crotale, dont les tirs seraient réussis à 100 % a-t-il précisé. De nouvelles livraisons sont là aussi prévues.

Il a également été évoqué le « progrès » en ce qui concerne la livraison par la France d’un système sol-air de moyenne portée (SAMP). Enfin, et peu être surtout, il a été discuté ouvertement de la possibilité de livraison d’avions de chasse.

Encore une fois, la France est ici à l’avant-garde. Elle avait ouvert le bal avec des livraisons de « chars » légers (en fait des véhicules militaires blindés) annonçant directement les livraisons de chars lourds par d’autres pays. Elle recommence ici avec le sujet des avions de chasses.

Ainsi, le 30 janvier 2023, Emmanuel Macron en voyage aux Pays-Bas a répondu de la manière suivante à la question de savoir si la France allait fournir des avions de chasse:

« Par définition, rien n’est exclu »

C’est là le rôle de la France au service de la superpuissance américaine : ouvrir des brèches pour que l’escalade continue.

Le ministre ukrainien a ainsi précisé le lendemain :

« Nous n’avons pas parlé de type d’avion, nous avons juste souligné que l’aviation tactique est une composante de la défense antiaérienne. Nous avons besoin de renforcer nos capacités de défense de notre espace aérien ».

Pour continuer dans sa lancée :

« Je suis optimiste [à propos de l’obtention d’avions de combat occidentaux] et j’espère que ce sera plus tôt possible ».

Les choses vont-ici à une vitesse extraordinaire. Extraordinairement terrifiante. L’Otan a les coudées franches et profitera sans relâche du chèque en blanc que lui signent les opinions publiques occidentales pour continuer son escalade militaire.