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Culture & esthétique

Les origines guerrières du sport

Le sport est une forme développée des jeux populaires traditionnels et des affrontements aristocratiques codifiés à l’époque féodale. Il existe de nombreuses continuités entre les sports d’aujourd’hui et ces activités, rien n’étant jamais créé ex nihilo

Une grande partie des sports actuels étaient d’abord des arts martiaux. Ils étaient liés à l’activité militaire, mais ont développé petit-à-petit une existence autonome avec une finalité propre, devenant des activités de délassement physique et morale raffinées, strictement codifiées et censées ne plus être dangereuses. 

L’escrime, sport français par excellence, a d’abord été enseigné pour la guerre. Il est devenu ensuite un art martial à mesure que son utilité militaire disparaissait avec le développement de la poudre pour les armes. Il était alors enseigné par des maîtres d’arme et pratiqué en duels.

À la fin du 16e siècle, le Roi Charles IX autorisa les « Maistres Joueurs et Escrimeurs d’Épée de Paris » à former l’Académie des Maistres en faits d’armes de l’Académie du Roy, ce qui va permettre à l’escrime de se structurer en France. Il deviendra un sport au 19e siècle avec la fin des duels et l’utilisation de protections dont le masque à grille ou encore l’utilisation du fleuret en combat (alors qu’il était réservé à l’entraînement). 

Les duels étaient des affrontements à l’épée devant témoin, convoqués par une personne s’estimant offensée. Les motifs pouvaient-être parfois futiles, parfois plus importants, mais les combats étaient normalement très codifiés. Ils pouvaient avoir lieu jusqu’au « premier sang » (le premier qui saigne perd) ou même jusqu’à la mort. Cette pratique était très courante au 16e siècle et a perduré en France jusqu’au 19e siècle, avec encore des centaines de morts par an en duel à cette époque. 

La pratique des duels était déjà une forme plus moderne et plus raffinés des joutes ou pas d’armes de la fin du Moyen-Âge. Ces derniers étaient eux-mêmes des combats issus des tournois de chevaliers.

Les tournois de chevaliers au Moyen-Âge donnaient lieu à de véritables épreuves physiques, se déroulant parfois sur plusieurs jours devant de nombreux spectateurs et avec des acteurs appréciés et ovationnés de manière assez proche des sportifs d’aujourd’hui.  

La savate, ou boxe française, se développe au 19e siècle également sur la base des duels, mais dans une forme plus raffinée et plus codifiée. C’est en quelque sorte l’escrime des pieds et des poings et cela permet des duels sans armes (donc plus discrets et moins risqués). L’intérêt est aussi de se défendre à tout moment, alors que l’usage du port de l’épée a disparu.

La boxe française est également devenue au fur et à mesure un sport, tout en continuant d’être un moyen de défense utile. Elle s’est cependant beaucoup effacée en France du fait de l’arrivée massive d’arts martiaux en provenance d’autres pays, notamment asiatiques. 

La savate, ou boxe française, développe pourtant un caractère national dans sa forme et ses usages. Elle se distingue par exemple fortement de la boxe anglaise, plus rude, moins fine. 

En France, l’armée a joué un rôle important pour le développement et la diffusion des techniques de combat et de la gymnastique, ce qui servira ensuite le développement et la diffusion du sport. 

L’intérêt des techniques de combat et de la gymnastique pour la préparation physique des soldats était évident pour le régime de Louis-Napoléon Bonaparte qui en 1852 ouvra l’École Normale Militaire de Gymnastique de Joinville, dans le bois de Vincennes à Paris.

Y furent mises au point des techniques d’assaut particulières, notamment de canne ou de bâton dont certaines sont toujours enseignées aujourd’hui dans les clubs de savate, ou boxe française, ainsi que dans les écoles de police. 

Après la défaite de 1870 face à l’armée prussienne, l’école se restructura et devint l’École Normale de Gymnastique et d’Escrime. En 1925 elle devint École Supérieure d’Éducation Physique puis s’émancipa des autorités militaires à partir des années 1930.

Elle changea plusieurs fois de nom avant devenir en 1975 l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance), toujours en activité, mais coupée de ses origines militaires. 

Parallèlement, pour garder une affiliation militaire au sport, fût formé dès 1956 le Bataillon de Joinville, célèbre pour avoir accueilli jusqu’à la fin du 20e siècle des milliers de sportifs de haut niveau pendant leur service militaire. Y sont passé des figures du sport français telles que Michel Platini, Alain Prost, Laurent Fignon, Henri Leconte, etc. 

Le bataillon de Joinville a été dissous avec la suspension du service militaire en 2003. L’armée française continue néanmoins d’accueillir des sportifs de haut niveau sous le statut de Sportifs de Haut Niveau de la Défense (SHND) sous l’égide du Centre national des sports de la Défense (CNSD) (qui est maintenant appelé « bataillon de Joinville » en référence à l’ancien bataillon, bien qu’il n’en soit plus un au sens strict). 

Il est parlé de « l’armée des champions ». Ces engagés doivent participer à quelques stages militaires mais disposent de l’essentiel de leur temps pour leur sport et sont rémunérés pour cela.

Ces sportifs ont surtout un rôle de représentation pour l’Armée, ils n’ont plus vocation à être des militaires au sens strict. Ils sont environs 200 sous contrat chaque année.

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Nouvel ordre

Un nouvel ordre pour une nouvelle armée !

Avec la crise du capitalisme, les rivalités entre grandes puissances ont refait surface. On ne compte plus les points de tensions dans le monde et, de la guerre en Ukraine à l’opposition entre la Chine et les États-Unis en rapport à Taïwan, la guerre est devenue une actualité permanente.

Cela terrifie les gens d’autant plus qu’ils ont cru en la fable des années 1990 du « village planétaire » d’où la guerre entre États serait exclue. Cette époque est révolue.

Le problème est que la conscience de cette fin de séquence historique oblige les opinions à réfléchir à la guerre et son corolaire, l’armée, alors même qu’ils s’en sont éloignés. En France, la fin du service militaire obligatoire en 1996 a renforcé cet éloignement, qui se traduit aujourd’hui par une sorte de paralysie générale.

Pourtant, on ne peut vraiment s’intéresser à la politique sans passer par un programme militaire, car comme le dit la formule célèbre de Clausewitz, la guerre est « la continuation de la politique par d’autres moyens ».

La question est alors de savoir quelle position la Gauche historique développe à propos des questions militaires en général et de la défense en particulier ?

On sait que Jean Jaurès était partisan de l’abolition de l’armée de métier, séparée du corps civil. En bon héritier de la Révolution française commencée en 1789, notamment avec la défense nationale de 1792-1793 contre les armées royalistes, il plaidait pour la formation de milices civiles territorialisées.

En réalité, poser la question ainsi est erroné.

Du point de vue de la Gauche historique, de la même manière qu’elle a su dénoncer la prétention de l’Etat à apparaitre neutre et arbitre des lutte de classe, l’aspect militaire n’a jamais été détaché de la question de la nature du pouvoir.

L’armée, fusse-t-elle « populaire » à l’instar d’une milice territoriale, n’en sera pas moins au service d’un ordre déliquescent à tous les points de vue. C’est ce que rappelait Lénine.

« A propos de la milice, nous devrions dire, pour donner une réponse concrète et pratiquement indispensable : nous ne sommes pas pour la milice bourgeoise, mais seulement pour une milice prolétarienne. Par conséquent, « pas un sou et pas un homme », non seulement pour l’armée permanente, mais aussi pour la milice bourgeoise, même dans des pays tels que les États‑Unis ou la Suisse, la Norvège, etc. » 

Aujourd’hui en France, une milice à la mode helvétique s’inscrirait en continuité d’initiatives telles que les « voisins vigilants » et leur mentalité de petit propriétaires replié sur leur pavillon et leur jardin. Alors même qu’il n’y a à côté de cela, aucun engagement d’envergure collective sur le délitement social…

La question militaire est donc conditionnée à la question de l’Ordre et de son Pouvoir qui s’inscrivent nécessairement dans un certain sens de l’Histoire. C’est la raison pour laquelle Mao Zedong a pu dire que « le parti commande aux fusils et il ne faut jamais permettre que les fusils commandent au parti ».

Il est toujours question de savoir ce que l’on défend et pourquoi : ainsi était-il juste d’assumer la guerre pour l’Ordre républicain porté par la Gauche contre la réaction fasciste en 1936 en Espagne. Ou pour prendre un autre exemple : la France ne s’est-elle pas effondrée à l’été 1940 parce qu’elle était, entre autres choses, à bout de souffle malgré tout son matériel militaire ?

Par conséquent, la seule perspective est de participer à la formation d’un Nouveau Pouvoir au service d’un Nouvel Ordre qui vaille la peine d’être défendu. Et la réalité actuelle, c’est que les français sont au bord du craquage psychique.

Une « guerre de haute intensité » exige pourtant une grande discipline collective et de l’abnégation déterminée par une morale au service d’une Cause. Une chose dont la France, mais également les États-Unis, sont bien incapables, minés par des décennies de lessivage par la société de consommation.

Nouvel Ordre, Nouveau Pouvoir, Nouvelle Morale : c’est à partir de là que peut commencer un débat sur les questions militaires, y compris par rapport à la question de la « défense nationale » contre les autres puissances.

Car il est évident qu’une France nouvelle sur tous les plans aurait à se confronter à des pays encore marqués par l’ancien ordre des choses. La défense militaire devient alors une nécessité d’époque car portant une nouvelle dynamique.

Les guerres se remportent lorsqu’elles sont justes et elles sont justes lorsqu’elles sont justifiées par la tendance de l’Histoire. Les armées républicaines françaises ont gagné sur les monarchies, c’était là le sens de l’Histoire, tout comme le peuple soviétique a remporté sur le IIIe Reich, représentant l’ultime sursaut de défense d’un ordre décadent.

C’est d’ailleurs ce qui s’est passé du côté ukrainien dans les premiers mois de l’invasion avant de se retourner en son contraire : de la défense nationale, on est passé principalement à une guerre par procuration pour le compte de l’Occident contre la Russie. Et la justesse de la Cause est devenue secondaire par rapport aux rivalités de grande puissance, marquant de son empreinte toute la stratégie militaire.

L’attente d’une « contre-offensive ukrainienne » au printemps 2023, entièrement déterminée par les moyens militaires occidentaux, en est la dernière preuve éclatante.

Ainsi donc, la question militaire est d’abord et toujours avant tout une question politique liée à l’Ordre que l’on défend.

Aujourd’hui, l’Ordre en France se délite socialement de tous les côtés, la morale ne sait plus porter rien de sérieux au plan culturel, l’architecture dans les villes françaises vire à l’immonde, il y a une absence de considération pour la nature et les animaux, les comportements anti-sociaux sont monnaie courante, sans même parler de ces travailleurs exploités dans des tâches abrutissantes et ces poches de pauvreté, etc.

Sérieusement, qu’y a t-il à défendre au juste actuellement en France, ce pays où les gens délaissent la politique, ne s’engagent nullement ? Il n’y a que les esprits fascistes pour penser que le fait militaire soit à même de relancer la société : c’est l’inverse qui est vrai ! D’ailleurs, les pays qui avaient construit un Nouvel Ordre, socialiste, à l’instar de la Russie ou de la Chine, ont justement liquidé la Cause dans les années 1960-1970 en laissant penser que la direction des choses en revenait à l’État seul, lui-même orienté par l’armée.

La seule chose qu’il faille défendre est la formation d’un nouvel État pour être en mesure de défendre une nouvelle société à même d’accompagner un nouvel élan de civilisation. Alors la défense militaire devient un horizon valable.

Une armée qui de fait sera nouvelle et sera marquée par de nouveaux rapports : la fin de la séparation d’avec la société civile, la féminisation des cadres dirigeants, la suppression de la culture de l’héroïsme patriarcal, l’élection des officiers et généraux, la soumission absolue de la technique à l’art humain de l’organisation, l’élévation du degré de conscience générale de chaque soldat pour une prise de décision démocratique, etc.

Toute réflexion militaire qui ne pose pas la question de la nature de l’Ordre défendu est étrangère au programme militaire à gauche. La défense d’un Ordre vacillant ne peut être que porté par une armée vacillante : c’est peut-être la clef pour construire un nouvel Ordre socialiste qui vaille la peine d’être défendu, coûte que coûte, vaille que vaille.

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Guerre

Loi de programmation militaire : la NUPES veut plus d’armement

La NUPES, force de proposition du militarisme français.

L’examen de la loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2024-2030 avance à grand pas. Avec un budget prévu de 413 milliards d’euros, soit le double par rapport à la LPM de 2019-2025, elle traduit l’accélération de la militarisation de la France.

Actuellement, c’est la commission de défense nationale et des forces armées qui se penche sur l’écriture de la loi. Les députés y font des propositions à travers des amendements qui sont ensuite adoptés ou non et formeront l’ossature générale de la LPM qui devrait normalement être soumis aux débats et au vote du parlement dans le courant de l’été.

Remarquons, hélas encore une fois, qu’on ne trouve que sur agauche.org un suivi sérieux de l’évolution de cette loi, pourtant capitale dans la période actuelle marquée par la tendance à la guerre mondiale de repartage et dont le projet de LPM est l’illustration.

Et s’il faut la suivre, c’est également parce qu’elle en dit long sur la situation politique du pays où n’existe aucune contestation de cette tendance à la militarisation.

On ne sera nullement étonné du soutien des députés de la majorité, ni que les députés RN jouent la surenchère quant à l’augmentation des matériels interarmées (les dites « cibles d’acquisition »), à leur goût sous-évalués dans l’actuelle projet de LPM.

Le RN joue d’ailleurs son rôle de fervent nationaliste en appelant à la fin des programmes européens, tel que le SCAF (système de combat aérien du futur) ou le MGCS (« main ground combat system ») qui sont deux systèmes d’armement qui se veulent ultra-connectés et développés en coopération européenne. Mais c’est là une position de principe qui n’a aucun sens dans la réalité par le simple fait que ces armements exigent des investissements colossaux ainsi qu’une très haute technologie, donc des techniques et savoir-faire qui n’existent plus dans un capitalisme français largué par la crise générale.

Mais lorsqu’on regarde les amendements des différentes députés « de gauche » qui siègent à la commission de défense, c’est la catastrophe. On a des gens qui assument clairement de vivre dans une grande puissance capitaliste et appellent à plus d’armements pour la défendre au détriment de la solidarité internationale entre les peuples.

Le groupe LFI, mené par Bastien Lachaud, propose ainsi de remplacer le terme « puissance d’équilibres » par le singulier « équilibre », actant en soi le mythe, très chauvin d’ailleurs, d’une France au-dessus des rivalités mondiales, jouant en faveur des « lumières » et de la « civilisation ». Une mentalité qui est pourtant détesté dans les restes de la Françafrique…

Mais au-delà de ce terme, il y a des faits bien plus concrets. Les députés LFI demandent ainsi, tout comme le RN, trois satellites de surveillance au lieu des 2 actuels prévus par la LPM. De même, il est proposé de se doter de 50 avions de ravitaillement A400 M au lieu des 35 prévus. Enfin, le budget de la LPM doit se déployer selon une élévation par marche annuelle de 3 milliards d’euros entre 2024 et 2027. La France insoumise demande quant à elle une accélération plus rapide dès 2024, avec 4,3 milliards jusqu’en 2026, puis 3 milliards par an jusqu’en 2030.

On a également le groupe PS qui demande de faire passer les frégates de défense et d’intervention (FDI) de 3 actuellement à 5, tout comme les frégates de premier rang qu’il exige de faire passer de 15 à 18. Enfin, si la LPM prévoit de rénover 160 chars Leclerc, le Parti Socialiste en propose 200.

Bref, les forces parlementaires représentatives de la « Gauche » acceptent d’accompagner le capitalisme français dans sa marche au militarisme. Au lieu d’un accompagnement, c’est en fait bien pire. Plus qu’une union sacrée, on a une force de proposition interne pour renforcer la puissance militaire française.

Une perspective qui en dit long sur l’opportunisme des ces gens, notamment lorsqu’on la met en rapport avec toute l’agitation dernière autour de la réforme des retraites : il faut sauver la bourgeoisie française pour continuer à « partager les richesses » spoliées sur le reste du (tiers)monde. Et la France doit rester une grande puissance pour conserver son influence sur les zones dominées du globe, pour rester dans le jeu de la compétition économique mondiale, pour endiguer son déclassement…

Mais évidemment, la réalité n’est pas à la mégalomanie française et ses vaines prétentions de puissance, toute minée qu’elle est par la période historique de déclin de l’Occident.

A ce tire, les propos de Jean-Louis Thiériot, député LR et vice-président de la commission défense, sont révélateurs :

On aimerait tous avoir des dizaines de Rafale, de frégates ou de blindés supplémentaires, mais on ne peut pas faire grimper les cibles d’acquisitions sans remettre en question l’ensemble de l’édifice, et l’endettement de la France nous prive de marges de manœuvre.

La France capitaliste sombre dans le déclin de l’Occident, et les forces de proposition « de gauche » pour en freiner le processus sont de fait ringardisées par la marche de l’Histoire.

En phase avec cette réalité, le rôle de la Gauche doit être d’accompagner, non pas le sursaut de défense de la puissance française, mais son affaiblissement pour bâtir dans cet interstice historique une rupture révolutionnaire et faire triompher de nouvelles valeurs pacifistes, internationalistes ; pour une France socialiste !

Non à la restructuration du capitalisme français par la guerre ! Entravez les plans du militarisme français !

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Restructurations économiques

Loi de programmation militaire et restructuration

Le militarisme, c’est la restructuration capitaliste.

En mars 2012, les États membres de l’Union européenne adoptaient le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG). Il prévoyait la mise en place d’un pacte budgétaire européen visant à un contrôle strict des dépenses de l’État dans le but de maîtriser les déficits publics, et donc le niveau d’endettement des États.

Cela faisait suite à la crise de la dette souveraine, notamment avec la Grèce qui avait été placée en défaut de paiement, menaçant d’explosion la zone monétaire européenne.

Cela a eu pour conséquence en France la création d’un Haut conseil aux finances publiques qui a pour but d’évaluer la cohérence et la soutenabilité des dépenses publiques au regard de la croissance intérieure (PIB). Il s’agit de mettre en relation les dépenses de chaque loi dite sectorielle avec la loi de de programmation des finances publiques (LPFP) et la trajectoire de la croissance française pour les prochaines années.

Car lorsque les comptes sont déficitaires, cela a pour conséquence soit de baisser le niveau des dépenses et donc d’assumer l’austérité, soit de trouver de nouvelles recettes fiscales, soit de lever des emprunts de dette.

Le 5 avril 2023, Pierre Moscovici, président du Haut conseil aux finances publiques a donc été auditionné pour fournir l’avis de l’institution pour le budget prévu pour la loi de programmation militaire 2024-2030 (LPM). Cela fait suite à la dépose par le gouvernement du projet de LPM à l’Assemblée nationale le 4 avril, devant donc être débattu au parlement en juin.

Pour le HCFP, tout est pris d’incertitude car la LPFP, présentée en septembre 2022, est pour l’heure rejetée par les députés de l’Assemblée nationale et les prévisions de croissance sont incertaines. Pour autant, le président du HCFP a d’ores et déjà été très clair sur la situation.

Il a rappelé ainsi que le niveau d’engagement budgétaire de la LPM pour la période 2023-2030 était très important. On parle ici de 413 milliards d’euros, en fait de 400 milliards prévus directement par la LPM et de 13 milliards extrabudgétaires, faisant passer le niveau de dépense militaire de 47 milliards en 2024 à 69 milliards en 2030.

Cela aura pour conséquence une « contrainte très forte sur les autres dépenses du budgets de l’État« . Alors que le niveau de dépenses publiques a diminué de 0,3 % entre 2012 et 2019, l’orientation budgétaire de la LPM impliquerait une diminution de 1,4 % entre 2023 et 2027. Comme il l’a déjà été affirmé ici, la nouvelle mouture de la réforme des retraites 2023 est d’ailleurs issue de ces conditions financières.

A cela s’ajoute le fait que la France a « connu une érosion progressive des ses finances publiques » avec une explosion de sa dette, passée de 58 % de son PIB en 2000-2001 à plus de 111 % en 2022.

C’est l’une des plus importantes augmentations de la dette souveraine dans la zone euro, puisque sur la même période, l’Allemagne a augmenté le niveau de sa dette de 10 points, l’Italie de 40 points… Et pourtant la France vise à dépenser encore et encore pour la santé, l’éducation, l’écologie, etc., ce qui pousse Pierre Moscovici a résumer la chose de la manière suivante :

« Face à la montagne d’investissements, nous avons un mur de dettes très élevé. »

On notera la réaction d’Eric Coquerel, député LFI-NUPES de la 1ère circonscription de Seine-Saint-Denis et élu président de la Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire en juin 2022 :

« Je suis d’accord avec lui, le président de la commission défense a expliqué que l’effort en termes de réarmement, l’effort militaire, ne devait pas rentrer en concurrence avec les autres efforts, par exemple en matière de santé, d’éducation, en matière de préservation du climat »

Et d’ajouter que cela pose donc la question des recettes et de la fiscalité. On comprend alors toute la stratégie politique qui vise à légitimer la taxe sur les « superprofits », ce qui révèle parfaitement la nature sociale-impérialiste de La France Insoumise.

Car pour l’auteur de « Lâchez-nous la dette » publié en 2021, l’explosion de la dette est un faux problème puisque l’on peut « partager les richesses » et imposer plus fortement le capital.

Ce qui revient à dire que puisque la bourgeoisie française est grasse, très grasse, on peut lui en prendre un peu plus pour faire se continuer tout comme avant dans un niveau de vie occidental. La chose est donc entendue : oui, l’élévation faramineuse de la dépense militaire est acceptée, mais attention à ce que ne cela ne brise pas le « consensus social » sur le niveau vie dans la grande puissance française.

La taxation des riches est toutefois une perspective réformiste qui pouvait faire illusion avant 2020, mais qui n’est plus qu’une fable tant la France se ratatine et prétend à un niveau de vie qu’elle ne peut plus assumer dans les conditions de la nouvelle situation générale post-Covid-19. Il faut maintenant pressuriser les travailleurs, faire accepter une chute de haut niveau de vie des français pour relancer le capitalisme français.

Il est donc évidement que cette augmentation du budget militaire français relève de la restructuration du capitalisme dans le cadre de l’aiguisement de la compétition économique internationale suite aux dérèglements consécutifs à la pandémie de Covid-19.

A ce niveau, on voit combien la Gauche française s’est liquidée elle-même à l’instar de ce qui s’était passé en 1914. Sa revendication de plus de dépenses sociales en omettant de critiquer le militarisme et la tendance à la guerre ne peut que la faire évoluer vers une position social-impérialiste.

Il faut même dire que cette position est même déjà établie depuis le positionnement officiel de toute la Gauche française lors du premier anniversaire de la guerre en Ukraine. Mais cela va être toujours plus visible, toujours plus officiel à mesure que le vote de la LPM va être sur le devant de la scène.

Sans critique du social-impérialisme, la Gauche ne peut que servir de tremplin au nationalisme comme proposition réaliste de sauvegarde de la « France puissance » par la remise au travail à marche forcée du plus grand nombre.

Servons la Gauche historique, ses valeurs, sa vision du monde, pour la recomposition du prolétariat !

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Guerre

Deux ministres pour le complexe militaro-industriel

La réindustrialisation au nom de la guerre.

L’interview parue le 27 mars 2023 ne passera pas inaperçu pour qui suit l’actualité de la guerre. C’est au Figaro (en abonné) qu’elle a été donnée par le ministre de l’Économie, Bruno Le maire, et celui des Armées, Sébastien Lecornu. Ils justifient l’augmentation du budget militaire – 413 milliards pour 2024-2030 – prévue pour la prochaine loi de programmation militaire.

L’interview n’intervient pas au hasard puisqu’au même moment se tenait une réunion dirigée par le Président de la République sur les modalités de mise en place de l’ « économie de guerre » qu’il a annoncé au salon de l’armement Eurosatory en juin 2022.

Ainsi, Bruno le Maire affirme avoir demandé à ce que chaque banque ait dorénavant un conseiller défense pour mieux « flécher » les investissements vers les usines d’armements françaises. Cela signifie que le complexe militaro-industriel va toujours plus être au devant de la scène économique française.

Que l’interview soit réalisée conjointement par le ministre de l’Économie et celui des Armées est révélateur. Comme ils l’énoncent eux-mêmes :

L’industrie de l’armement signe entre 10 et 15 milliards par an de contrats à l’international. C’est une industrie qui contribue au redressement de notre balance commerciale. Et c’est une industrie qui occupe 200 000 emplois, bien répartis sur tout le territoire, ainsi que des centaines de PME installées dans toutes les régions.

Or, en France, l’industrie est justement en chute libre et sur les milliers d’entreprises composant la « base industrielle et technologique de défense », plusieurs centaines sont incapables de suivre le rythme exigé par l’ « économie de guerre ».

Alors il faut viser la « réindustrialisation » et c’est le complexe militaro-industriel qui en devient le moteur central, rappelant toute la justesse de la Gauche historique faisant de la guerre tout à la fois la cause et l’effet de la relance du capitalisme.

Déjà il y a peu, Sébastien Lecornu annonçait la « relocalisation » à Bergerac de la production de poudre propulsive pour les obus tirés par les canons Caesar livrés à l’Ukraine et produit par l’usine Eurenco. Une usine qui a déjà payé le prix fort de l’ « économie de guerre » cet été en étant touchée une violente explosion.

Cela s’inscrit en réalité dans une commande à l’échelle européenne de près d’1 million d’obus dans le but d’alimenter la guerre occidentale contre la Russie, alors qu’aux 5 000 obus tirés par jour par l’armée ukrainienne répondent les près de 15 000 russes… On apprend d’ailleurs dans l’interview que le budget d’aide à l’Ukraine a été « sorti » du budget de la prochaine Loi de programmation militaire avec l’accord du Premier ministre, donc du Président de la République sans qu’il n’y ait, encore une fois, aucun débat public à ce sujet.

Plus généralement, il faut comprendre que la France tente de conserver les acquis de son industrie de défense en Europe car on l’aura compris cela signifie un marché juteux pour l’industrie d’armement qui est en mesure de satisfaire cette giga commande !

Mais cela n’est pas tout puisqu’il avait été diffusé par France Info, seul média au passage ayant parlé de cela, que l’État s’apprêtait à « relocaliser » une vingtaine de productions industrielles militaires stratégiques. Cela concerne notamment des pièces essentielles pour certains moteurs d’hélicoptères à l’usine Aubert et Duval dans le Puy-de-Dôme mais aussi certaines coques de bateau produites actuellement en Europe de l’est.

La France a beau participer aux prétentions occidentales comme quoi la Russie aurait une économie faible, il n’en reste pas moins vrai que cette dernière a une base industrielle fondée sur une production lourde, contrairement à la France, totalement larguée à ce niveau.

Alors elle tente de rattraper son retard pour mieux conserver sa place au soleil… Mais à lire les propos du ministre des Armées, on comprend à quel point les dirigeants français sont largués par l’Histoire :

La trajectoire – à la hausse depuis 2017 – de cette future LPM [ Loi de programmation militaire, NDLR] doit être sincère et fiable, donc soutenable, afin de poursuivre son exécution à l’euro près. Cela restera notre marque de fabrique et c’est d’autant plus indispensable que cet effort est aussi important que celui que les gaullistes ont décidé dans les années 1960.

Les dirigeants français s’imaginent pouvoir lancer un « plan » industriel alors qu’ils sont à la tête d’un pays en faillite complète, avec une croissance d’à peine 0,2 % qui ne tient que parce qu’il s’est soumis à la superpuissance américaine. D’ailleurs, la réforme des retraites prend ici tout son sens historique, étant une nécessité à ce que Bruno le Maire nomme « les marges de manœuvres nécessaires pour les investissements ».

Dans ce mécanisme tristement connu par les héritiers de la Gauche historique, le complexe militaro-industriel tente de s’imposer à tous les échelons de direction de l’État, renforçant ainsi la tendance vers la guerre de repartage mondial. Heureusement, la France est une puissance à bout de souffle qui tente de faire ce qu’elle peut mais apparait de plus en plus comme le maillon faible d’un Occident en déroute. Une déroute qui sonne comme une brèche historique pour celles et ceux qui veulent enfin s’émanciper du capitalisme et de ses horreurs !

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Guerre

La France veut fournir des Mirage 2000 au régime ukrainien

Une cobélligérance qui ne dit pas son nom.

Le régime ukrainien a démenti l’information, mais on se doute pourquoi. La France est en train de former une trentaine de pilotes de l’armée ukrainienne à l’utilisation de Mirage 2000. Cela se déroule sur les bases aériennes de Mont-de-Marsan et de Nancy.

Il s’agit d’avions de chasse mis en service en 1984, mais encore en service suite à des modernisations. La mise en place d’avions de chasse totalement nouveaux prend en effet beaucoup de temps. Si les Mirage 2000 ont été utilisés pendant la guerre du golfe, ce qui remonte à loin désormais, ils sont encore employés par les armées de France, du Brésil, de Grèce, d’Inde, du Qatar, etc.

Prudemment, l’armée française a laissé entendre qu’il ne s’agissait que de la formation de « personnels militaires aériens » s’occupant de l’avion. Mais c’est impossible. Apprendre le maniement d’un avion de chasse est extrêmement compliqué et chaque système est différent.

Cela signifie que si une décision est prise, et elle a été prise, alors c’est le paquet qui est mis, et ce à tous les niveaux de la chaîne de décision. Si l’on forme de pilotes de l’armée ukrainienne à des Mirage 2000, c’est pour leur en fournir. La Slovaquie et la Pologne viennent de fournir d’ailleurs respectivement 17 et 4 Mig à l’armée ukrainienne.

Le principe est toujours le même : un pays ouvre la brèche et les autres suivent. Comme ça, l’escalade passe tranquillement. La France avait joué ce rôle avec les canons Caesar et les véhicules blindés Amx. Et le régime ukrainien vient également tout juste de poster sur un réseau social l’emploi par son armée du système français de défense aérienne à courte portée Crotale NG.

Le Conseil européen, avec les chefs d’État et chefs de gouvernement, va également valider les 23 et 24 mars 2023 la décision du Conseil de l’Europe d’un plan de deux milliards d’euros pour rembourser les États ayant déjà fourni des obus au régime ukrainien et pour lui en fournir un million de plus.

Et l’armée américaine a annoncé être « confiant » de pouvoir livrer les Patriots dans un délai « accéléré » en raison de la formation accélérée de soldats ukrainiens à ce système de défense aérienne. La superpuissance américaine a annoncé aussi 350 millions de dollars de matériel militaire pour l’armée ukrainienne, dont des munitions pour les fameux Himars. Et le premier ministre japonais Fumio Kishida s’est rendu à Kiev le 20 mars 2023.

Tout cela indique clairement que la France est en guerre avec la Russie, les soldats ukrainiens servant de chair à canon. Tout le bloc occidental s’évertue à utiliser le régime ukrainien pour mener la guerre… sans officiellement la mener.

Un régime ukrainien très content de faire la guerre par ailleurs, puisque dans les mains de fanatiques voulant détruire la Russie.

Les Français peuvent fantasmer comme ils veulent sur l’accession à la petite propriété, à la consommation occidentale. Ils peuvent bien rêver que la lutte actuelle contre la réforme des retraites a une incidence historique. Ce n’est pas le cas. C’est un événement intérieur au mode de vie occidental.

On est déjà dans le cadre d’une bataille pour le repartage du monde, alors que toutes les crises possibles se généralisent : économique, financière, culturel, morale, écologique, dans le rapport aux animaux…

Nous assistons à la fin du monde et la seule impression que donnent les Français, c’est de vouloir protéger leurs acquis individuels. C’est insensé.

Il n’y a de dignité qu’en se plaçant en première ligne pour faire tomber l’occident. La défaite de l’Otan et la déroute de l’occident, voilà la réelle actualité historique !

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Une guerre juste est dirigée par des femmes

La place des femmes dans l’armée est l’indicateur de la nature d’une guerre.

Femmes combattantes durant la guerre d’Espagne

Depuis plusieurs années, les armées occidentales tentent de féminiser leurs effectifs.

Il a fallu attendre par exemple 1982 pour que l’école de formation des dirigeants militaires de l’armée française soit ouverte aux femmes. Et ce n’est qu’en 2016 que fut nommée pour la première fois au poste de vice-amiral une femme.

Mais cela se base sur l’approche typiquement bourgeoise des quotas et de la parité, renvoyant les femmes à des faire-valoir pour dresser une belle vitrine auprès des populations. Avoir une armée féminiser, c’est se donner une légitimité démocratique pour ses guerres…

En réalité, ces efforts ne peuvent surmonter le fait qu’on ne peut parvenir à l’implication active des femmes dans l’armée sur la base d’une société civile marquée tout à la fois par des restes culturels de patriarcat et surtout et principalement, par une société de consommation qui fait des femmes des cibles de la sexualisation marchande.

Dans le monde, il n’y a pas une seule armée qui réussit à impliquer les femmes à la hauteur de ce qu’elles représentent, soit la moitié des populations. En haut du classement, il y a Israël avec 33 % de femmes dans ses effectifs, puis la Hongrie avec 20 %, les États-Unis avec 18 %, la France avec à peine 16 %… Plus loin encore, il y a la Pologne avec seulement 3 %.

Mais même ces chiffres ne veulent rien dire. Car l’armée c’est une micro-société, avec son administration, ses cuisines, son service des santés, etc. Si l’on regarde plus près l’armée française, sa féminisation concerne avant tout son administration et son service de santé.

En Ukraine, les femmes étaient même jusqu’à 2018 carrément interdites de devenir conductrice de chars ou tireur, les réduisant à n’être que des cuisinières, des comptables, ménagères, etc. Malgré une réforme leur ouvrant ces postes militaires, la prégnance de l’état d’esprit traditionaliste est si fort dans la société ukrainienne, avec notamment leur sexualisation agressive, que les femmes restent bien à l’écart. A tel point qu’il n’était même pas prévu de sous-vêtements et de chaussures pour femmes !

Dans l’armée française, l’histoire du commandement est si fortement liée à l’aristocratie et à la grande bourgeoise qu’il est bien illusoire de s’imaginer que les femmes puissent devenir des protagonistes à part entière. On peut regarder quelques témoignages du Tumblr « Paye ton treillis » pour s’en rendre compte !

Il y a un fait historique implacable : lorsque la lutte est juste, les femmes s’y impliquent de manière active et tout naturellement. Ce sont les femmes de Paris qui ont réquisitionné les canons de la butte de Montmartre en mars 1871, formant le premier acte du soulèvement populaire de la Commune.

Plus avant encore, les femmes ont toujours été aux avant-postes des insurrections paysannes, tout comme lors de la Révolution françaises elles formèrent de nombreux clubs et détachements armés. Une tradition qui se prolongea ensuite, les femmes étant aux premières lignes des manifestations ouvrières menacées par la répression de l’armée tirant à balles réelles.

Par conséquent, après Charles Fourrier, Friedrich Engels sanctuarisa la position du féminisme du mouvement ouvrier :

« dans une société donnée, le degré d’émancipation de la femme est la mesure naturelle de l’émancipation générale ».

Dès 1925, l’URSS ouvrait l’enseignement militaire aux femmes, aboutissant à ce que près d’un million de femmes s’engagent lors de la grande guerre patriotique, y compris des postes déterminants comme l’aviation et le tir d’élite – contre à peine 14 000 en 1945 dans l’armée française. Pendant la guerre d’Espagne, nombreuses furent les femmes impliquées dans les combats du côté des milices socialistes et anarchistes.

C’est pourquoi la grande féministe socialiste Clara Zetkine remarquait que la révolution allemande de 1848/1849 était à la traine du processus historique du fait que les femmes les plus avancées n’avait lutté qu’avec leurs plumes et non pas avec des armes :

En outre, l’amazone allemande de 1848/1849 était plus en costume qu’en action. Dans la littérature social-démocrate d’aujourd’hui, on note avec satisfaction que les femmes révolutionnaires de 1848 ont probablement fait peu d’usage des poignards et des pistolets qu’elles portaient à la ceinture.

La reconnaissance devient une critique involontaire de gestes vides et théâtraux, qui n’auraient pas été nécessaires pour exprimer une ferme détermination à se battre. Amalie von Struwe a tenu bon, fièrement, alors qu’elle était enlevée par un soldatesque ivre et fou furieux. On attribue à Emma Herwegh un plus grand sang-froid et une plus grande bravoure dans les situations dangereuses que son mari.

Il ne faut pas confondre pacifisme et pacifique : engagées dans un processus de libération, les femmes sont d’ardentes combattantes. À la suite de quoi on peut dire qu’une guerre juste se mesure à l’aune de l’implication des femmes dans le fait militaire.

Cela ne veut pas dire être engagée dans des rôles subalternes tels que les services administratifs, sanitaires, etc., ni même seulement combattre au front bien que cela soit important. A ce titre, dans l’armée française, les femmes ne sont pratiquement jamais des soldats de première ligne, ce qui en dit long…

Plus fondamentalement, une guerre juste se mesure dans le degré d’implication des femmes dans la direction politique, dans la chaine de commandement, avec pour priorité la féminisation totale du corps dirigeant intermédiaire de part son rôle charnière dans l’application des décisions.

Car en réalité, l’art militaire ne réside pas seulement dans la force physique, ni même dans le maniement des armes, ce qui sont des éléments tout à fait secondaires – à moins de relever d’un état d’esprit foncièrement machiste et anti-collectiviste.

L’art militaire, c’est l’art de la conduite des opérations dans ses aspects tactiques en lien avec une stratégie d’ensemble, en tenant évidemment compte des armes et des armées à disposition mais surtout et essentiellement d’une vue d’ensemble du processus d’affrontement. Cela exige de raisonner non pas en additionnant des capacités militaires individuelles, mais en développant un point de vue total et collectif, voir collectiviste, c’est-à-dire organique.

Du fait de leur position naturelle, les femmes portent en elles un sens aigu de l’organisation collective et de la planification des choses, ce qui doit faire d’elles le protagoniste majeur pour la conduite d’opérations réussies.

Elles sont moins susceptibles de basculer dans l’héroïsme viril typique des armées bourgeoises portées par des dirigeants masculins. D’ailleurs les engagés militaires ont tout à gagner d’une direction féminine, car ils sont certains de ne pas être sacrifiés pour rien.

Lorsque l’on est issu de la tradition du mouvement ouvrier, on a donc un critère essentiel pour mesurer très concrètement si une guerre est juste ou pas. Et il ne fait nulle doute que la guerre qui se prépare sous nos yeux n’en est pas une : les femmes ne seront de grandes dirigeantes que lorsqu’elles prendront la tête de la guerre pour la paix et pour l’émancipation de l’oppression.

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Obligation du service national universel : la France prépare la guerre

Le militarisme, c’est la préparation de la guerre de repartage.

Instauré en 2019, le Service national universel (SNU) est une forme de service militaire soft. Au départ basé sur le volontariat, Emmanuel Macron a toujours promis sa généralisation et son caractère obligatoire.

Avec 32 000 jeunes en 2022, le projet est loin de ses buts et pourtant c’est à grand pas que se rapproche la mise en place de sa généralisation obligatoire, d’abord dans 6 départements puis, à terme, sur tout le territoire. Tout cela sera très vraisemblablement intégré à la prochaine loi de programmation militaire (LPM) qui doit être votée au printemps, et dont la hausse déjà connue du budget illustre la militarisation accrue de la France.

Un article de presse révélait ainsi que cette obligation pourrait prendre la forme de 2 semaines pour tous les élèves de seconde sur leur temps scolaire sur la base d’une journée de 6h30-22h30, le tout dans un département différent du leur.

On y retrouve toute la panoplie de la discipline militaire, tel le port de l’uniforme et l’interdiction du téléphone portable, la levée du drapeau à 8h sur fond de Marseillaise, etc. L’obligation passerait par le fait de pouvoir passer certains examens et cela fournirait des points bonus pour Parcoursup.

De fait, le SNU, ce n’est ni plus ni moins qu’un préparatif de guerre intégré à la question générale de la mobilisation nationale, et en particulier à celle des réservistes puisque la suite du SNU consiste en la possibilité d’intégrer la réserve opérationnelle appelée à être augmentée avec la LPM 2024-2030.

A l’instar des envois d’armes en Ukraine, à l’instar de l’exercice Hemex-Orion 2023, à l’instar de son rôle de « Nation-cadre » en Roumanie pour le compte de l’Otan, la France cherche à se donner les moyens d’assumer demain la guerre mondiale.

Le SNU, c’est si l’on veut la même chose que la loi des 3 ans qui fit passer la service militaire obligatoire de 2 à 3 ans en 1913 en vue de la guerre avec l’Allemagne. Cela l’est d’autant plus que depuis le 4 juillet 2022 le secrétariat d’État chargé de la jeunesse et du Service national universel est sous la tutelle du Ministère des armées.

Évidemment, on ne passe pas de la fin du service militaire en 1997 à son rétablissement en un claquement de doigt, surtout dans un pays aseptisé par la société de consommation. Il faut des sas et le SNU en est un.

Image du SNU en Guyane en 2021

Par conséquent, pour porter une critique conséquente du SNU, il s’agit de relier la question de la militarisation de la société civile d’avec son soubassement historique qui n’est rien d’autre que la tendance à la guerre de repartage. Car voilà ce qui heurte la sensibilité populaire dans la prochaine mise en œuvre obligatoire du SNU : la prise en charge par l’armée de tâches civiles en dehors même du temps scolaire en vue de préparer les esprits à l’effort national de guerre.

Sans une telle dimension critique, on loupe le coche historique et on s’expose aux mêmes errements que la gauche d’avant 1914 avec son ralliement général à la « défense de la patrie ».

Il faut même préciser ici, par responsabilité envers le peuple qui a un grand sens de la réalité, qu’il faut surtout refuser le militarisme bourgeois, refuser l’engagement militaire au service de l’ordre occidental soumis aux États-Unis.

Mais, une fois que l’on a dit cela, il faut bien, hélas, penser la réalité du monde marquée par la tendance à la guerre. Non pas qu’il faille choisir un camp impérialiste contre un autre, non pas qu’il faille accepter la guerre au service des puissants, mais que la bataille pour la paix impose irrémédiablement de penser l’opposition aux armées bourgeoises qui s’opposeront à toute émancipation du capitalisme qui, lorsqu’il est en crise, nous emmène à chaque fois vers la guerre générale.

Par conséquent, le refus du SNU, en tant qu’expression du militarisme bourgeois exige une alternative, celle de l’enseignement militaire pour tous. Ou pour le dire dans une formule simple : la démocratie populaire + le fusil, l’auto-discipline du peuple pour son émancipation totale, du capitalisme et de ses guerres.

Il n’y a donc pas 36 000 possibilités face à cette lame de fond qui rythme et va rythmer les prochaines années : ou bien l’on choisit un camp impérialiste, États-Unis ou Chine, ou bien on refuse d’être embarqué dans une 3e guerre mondiale sous le mot d’ordre « guerre à la guerre des grandes puissances ».

Sans cette perspective, la critique du SNU et du militarisme en général est vouée à l’échec ou plutôt elle laisse le champ libre à l’extrême-droite nationaliste qui, elle, prend acte de la réalité et assume le fusil…sans la démocratie.

La critique conséquente du SNU ne peut être qu’une critique de la militarisation de la France dans le cadre de la guerre de repartage du monde. Elle doit être le prétexte à une mobilisation populaire pacifiste d’ampleur, contre la puissance française au service de l’Otan.

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Exercice Hemex-Orion 2023: la France assume la guerre de repartage

La France prépare la guerre.

Prévu depuis 2017, l’exercice Hemex-Orion marque l’entrée pour les armées françaises dans la nouvelle ère dite de la « haute intensité ». Une préparation qui implique de s’entrainer sur un très vaste espace pour appréhender les grandes manœuvres opératives : un type d’exercice qui n’était plus réalisé depuis 30 ans.

Cela signifie que la guerre pour le repartage de l’ordre mondial issu de la deuxième guerre mondiale est entièrement assumé par la France, comme le décrit le service communication des armées dans sa petite vidéo de présentation de l’exercice :

« Orion consitute le premier jalon d’un nouveau cycle d’exercice triennal des armées. Le contexte international est marqué par la durcissement de la compétition entre grandes puissances, le réarmement et la déshinibition de certaines puissances régionales, la multiplication des foyers de crises et l’expansion de la menace terroriste. »

Avec Hemex-Orion 2023 – Hemex pour « Exercice d’hypothèse d’engagement majeur », Orion pour « Opération d’envergure des armées Résilientes Interopérables Orientées vers la haute intensité Novatrices, il est visé une gigantesque manœuvre, avec 7 000 soldats engagés au départ et 12 000 en fin d’opération, le tout sur une vingtaine de départements entre février et mai 2023.

Intégré dans la « stratégie de défense collective de l’Otan », l’exercice se fonde sur un scénario imaginé par le ministère des armées lui-même. Une fédération aurait éclaté en plusieurs entités. L’une dentre elles, Mercure, soutiendrait des milices qui revendiquent l’indépendance d’une des régions de l’Arnland, autre entité née de l’explosion de la fédération mais soutenue par la France.

On a ici une allusion directe à la situation ukrainienne de 2014 à aujourd’hui. Mais on pourrait y voir également la perspective du démantèlement de la Russie… Plus généralement, comme lors de l’exercice SERRAT 2022 en Ardèche, on retrouve tout l’imaginaire propagandiste anticommuniste dans les symboles utilisés pour qualifier l’ennemi… sans parler de la milice indépendantiste.

Si la manœuvre militaire est détaillée sur derniers temps dans la presse générale, la première phase de l’exercice a débuté en mai 2022 par le fait de planifier les opérations.

Avec la seconde phase en Occitanie, c’est un camp de SDF qui a été déplacé, le massif de la Gardiole qui a été interdit d’accès entre février et mars.

En tout sont déployés de 1 à 3 brigades, 2 300 véhicules, dont 100 drones et 40 hélicoptères, 30 bâtiments navals, dont le porte-avion Charles de Gaulle, 20 captures spatiaux, 80 aéronefs (plus 50 de la marine nationale), 6 système de défense sol/air, 2 drones Male (reconnaissance).

Dès le 9 février a débuté la montée en puissance du déploiement militaire dans le sud de la France et samedi 18 mars, un avion C-130 a largué en mer de Toulon une dizaine de commandos marines. Puis, ce samedi 25 février, ce sont 600 paras » ainsi que 12 tonnes de matériel qui ont été largués dans le ciel de Castres dans le but de percer les premières lignes ennemies.

Le gros de cette phase 2 consiste en un vaste débarquement amphibie dans le bassin de Thau à Sète menant combat jusqu’à la mi-mars, en rejoignant les troupes aéroportées à Castres. L’exercice doit se clôturer entre le 5 et le 11 mars à Cahors avec exercice de combat en ville, ce qui a valu aux établissements scolaires d’informer via le logiciel Pronote les parents d’élèves.

La délégation militaire du Lot qui souhaite conserver le plus grand réalisme de l’exercice a présenté la chose publiquement :

« la coordination avec les acteurs locaux, les interactions avec la population, la préservation des infrastructures et des activités économiques. Orion représente l’occasion de voir les militaires en action et de leur témoigner leur soutien. Ce contact avec les territoires manifeste la vitalité de lien armées-nation contribuant à la cohésion nationale »

Cette phase de l’exercice vise à tester le déploiement de l’échelon national d’urgence (ENU) composé de 5000 soldats capables d’être déployés en 48h. Ici, on parle d’un déploiement à la fois aéroportée à l’intérieur des lignes ennemies et d’un débarquement amphibie de troupes marines après des actions de neutralisation physique et cyber. L’armée cherche à s’entrainer à la guerre dite « multimilieu/multichamp », embrassant la terre, la mer, les airs mais aussi le cyber et l’informationnel.

La seconde phase relève en fait d’un pré-engagement, dans l’ombre, de l’armée française, alors dirigeantes d’autres forces issues de l’Otan, contre les milices indépendantistes imaginaires.

La phase 3, dénommée « civilo-militaire », relève de l’implication de plusieurs ministères dans la prise de décision et l’explication à l’opinion publique de l’engagement. Soit après coup. Cela doit permettre à justifier publiquement que la France est la « nation-cadre » d’un vaste dispositif d’intervention militaire au moment où, dans le scénario, les forces de Mercure entrent en confrontation directe. Ce sera la phase 4 entre avril et mai, dite d’envergure ou guerre de haute intensité entre deux armées conventionnelles.

Pour traduire : on déploie l’armée…on explique après, ou comment démasquer le fondement d’une guerre de grande puissance n’ayant aucune valeur démocratique et populaire. Cela en dit long sur la sophistication de la prochaine guerre de haute intensité, nécessitant tout un dispositif politico-militaire dans l’espoir de conserver toute la situation sous contrôle. A moyen terme, cela est vain bien évidemment.

Ce qui est clair, c’est que la France prépare activement la guerre et cela fait écho à une citation des Comités de la paix des Usines Schneider de 1952 reprise par la gazette anti-guerre Rosa dans son numéro 11 :

Les ouvriers pensent et disent que ce n’est pas tellement sûr que la guerre soit une fatalité, car une fatalité qui a un plan et qui a des crédits, n’en est pas une.

A l’instar de la France « nation-cadre » en Roumanie, c’est-à-dire puissance dirigeante et coordonnatrice de plusieurs armées pour le compte de l’Otan, l’exercice Hemex-Orion n’est là que pour préparer la France à manier un déploiement militaire sophistiqué par et pour l’Otan.

Car derrière cet exercice où prennent part des soldats allemands, belges, italiens, grecs, américains, anglais, etc., la France ne vise pas directement à assurer la défense nationale, mais bien plutôt à montrer sa crédibilité envers l’Otan.

C’est un signal envoyé aux États-Unis comme quoi la France reste dans la course pour la guerre de repartage qui s’annonce, ou plutôt qui a déjà commencé avec la guerre contre la Russie.

C’est une preuve une fois de plus que la France n’est qu’une puissance de second ordre qui tente, tant bien que mal, de conserver sa place au soleil en tirant profit du mieux qu’elle peut de l’ordre international garanti par l’Otan depuis les années 1950. Car il faut bien comprendre que mobiliser 12 000 hommes, c’est tout à la fois rien au regard de ce qui se passe justement en Ukraine et déterminant si l’on se place sur le plan de la coalition Otan.

Il faut donc prendre cet exercice pour ce qu’il signifie historiquement : la France est un protagoniste majeur du militarisme occidental qui se prépare à maintenir le statu quo mondial qui lui est favorable.

Quiconque ne le conteste pas est de facto dans le camp du militarisme français.

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La France a livré secrètement des Akeron à l’Ukraine

La France fait la guerre à la Russie.

Jean-Louis Thiériot est le vice-président de la commission de Défense Nationale. Il a accordé une interview à une Newsletter (payante) consacrée à la Défense, Opexnews. Il y explique que la France a livré à l’armée ukrainienne des systèmes de missiles anti-chars AKERON MP (Moyenne Portée).

C’est la première fois qu’une telle information est rendue publique. Ce sont naturellement des médias étrangers qui s’en sont fait l’écho, les médias français, inféodés à la superpuissance américaine, ne diffusant que ce qui sert directement le storytelling anti-Russie.

Les systèmes AKERON MP fonctionnent grosso modo comme les systèmes anti-chars portatifs. On dispose d’une sorte de tube muni d’un groupe informatique avec caméra, de 15 kilos au total, on verrouille la cible sur une distance allant jusqu’à 4 kilomètres, et on tire.

Un missile de 2 kilos rejoint alors la cible, en étant capable de percer 2 mètres de béton armé ou plus d’un mètre de blindage homogène laminé.

GuillaumeFrantz, wikipedia

Ce matériel n’a que quelques années ; l’armée française en dispose d’une quantité assez réduite : 414 postes de tir et 1200 missiles. Naturellement, il n’existe aucun chiffre concernant ce qui a été offert à l’armée ukrainienne. Mais le chiffre est certainement conséquent, car ce « produit » de MBDA est « valorisé » pour l’exportation en étant employé, et cet emploi est également directement analysé « en pratique » par l’armée française.

Et de toutes façons l’Ukraine sert de chair à canon dans la guerre à la Russie. C’est l’aspect principal. La livraison d’un tel matériel le montre d’ailleurs parfaitement, et le caractère secret de ce « don » montre qui dirige vraiment en France.

La révélation de ce don ne doit évidemment rien au hasard non plus. En fournissant l’information à des gens spécialisés dans la Défense, on s’adresse avant tout à eux. Et, dans un jeu typiquement français où on procède par la bande, comme au billard français, on travaille l’opinion publique, lentement mais sûrement.

Il s’agit également d’en arriver au point de non-retour. Jusqu’au moment où on sera tellement engagé avec l’Ukraine… qu’il faudra bien y aller.

Ce piège belliciste n’a rien de subtil, mais il fonctionne très bien dans une société de consommation où les gens n’ont aucun horizon à part leur propre ego.

C’est à la Gauche, sur ses valeurs historiques, de s’y confronter. Sabotons la guerre américaine contre la Russie !

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Une tribune militariste dans l’Express

La fraction libérale-atlantiste de la bourgeoisie mène la danse.

La tribune intitulée « Budget de la Défense : encore un effort nécessaire » publiée le 6 février par l’Express et rédigée par Nicolas Bouzou, un économiste atlantiste et vice -président du cercle Turgot, est ainsi très révélatrice de la situation en cours.

L’hebdomadaire l’Express est un journal qui est organiquement lié, au sens idéologique et culturel, à la fraction libérale-atlantiste de la bourgeoisie. Ses prises de positions sont l’expression condensée de la pensée de toute la fraction moderniste de la bourgeoisie, celle actuellement au pouvoir par la voie d’Emmanuel Macron, celle qui « réforme ».

La réforme des retraites est à ce titre une expression de la restructuration du capitalisme français. Il faut la voir avec les lunettes du monde de 2023 et non pas de celui d’avant la pandémie de Covid-19, qui a engendré un grand dérèglement social et économique, culturel et politique.

Il y a ainsi deux camps réels, si on omet ceux qui veulent que rien ne change, par nostalgie. Il y a ceux qui veulent sauver le mode de vie capitaliste et ceux qui veulent s’en débarrasser.

Ce que dit la tribune est justement l’inverse de ce qui est dit sur agauche.org. Il est dit sensiblement la même chose dans la forme, mais totalement l’inverse dans le contenu. Pour résumé, le monde aurait radicalement changé depuis 2020 et la guerre en Ukraine ouvre la voie à une déstabilisation générale du monde. Il s’agit donc d’inscrire le capitalisme français dans l’optique de l’affrontement à tous les niveaux.

Un pays incapable de faire une réforme des retraites bénigne pour équilibrer son système et augmenter l’emploi des 55-65 ans alors que la guerre menace de s’étendre sur notre sol est voué à devenir insignifiant. Car les lois de l’économie (qui ne sont rien d’autre que des lois de l’organisation des humains en société) sont implacables : pour investir davantage dans l’énergie décarbonée, dans la santé, dans l’éducation, dans notre sécurité, nous n’avons pas d’autre choix que de produire davantage de richesses : travailler plus et mieux, être plus intelligents, investir davantage. Voilà la feuille de route cohérente avec notre environnement hostile. Si nous ne le faisons pas, par défaitisme, lâcheté ou pacifisme, c’est notre pays que ne nous mettons en danger.

Voilà, pour les capitalistes français, la nouvelle donne qu’il s’agit d’avoir en tête pour pouvoir continuer à faire progresser le capitalisme français. S’il est salué l’augmentation du budget de la Défense, passant de 295 milliards d’euros sur la dernière loi de programmation militaire à plus de 400 milliards pour l’exercice 2024-2030, il faudrait « encore un effort nécessaire ».

La réforme des retraites s’inscrit alors dans ce panorama, celui qui doit permettre de dégager plus de recettes financières dans le but de renforcer le capitalisme français, et principalement son complexe militaro-industriel. De fait, l’un et l’autre sont les deux faces d’une même pièce.

Au vu de la situation de 2023, ne pas faire la réforme des retraites n’aurait rien à voir avec les précédentes réformes en 1995, 2003, 2010 : cela signifierait l’incapacité du capitalisme français à se restructurer pour mieux se relancer dans le grande bataille du repartage du monde sous égide de l’Otan, donc des États-Unis.

On voit ici à quel point la réforme des retraites n’est qu’un élément secondaire dans la véritable tendance de fond, celle de la mise en place des conditions d’une nouvelle guerre mondiale.

A ce titre, il est une fois de plus confirmé le fait que la perspective de se confronter à l’Otan sur des bases socialistes-pacifistes mène directement à se confronter au régime en place. Logiquement, si une mobilisation d’ampleur avait lieu sur cette base, cela déboucherait sur une crise de régime. C’est bien pour cela que l’extrême-Droite dans sa variante parlementaire a refusé un tel positionnement dès l’invasion russe en Ukraine au mois de février 2022.

De ce point de vue, on ne peut que constater combien les contestataires actuels de la réforme des retraites sont à côté de la plaque. Pour eux, la question se limite à de vilains financiers qui veulent épuiser les gens au travail, tels des vampires maléfiques qui seraient des parasites détachés de la vie réelle.

Leur contestation est vaine. Pire : de part son orientation, du fait de sa négation de l’arrière-plan historique, il ne s’agit que de faire tourner la roue de l’Histoire en arrière.

Si on a compris qu’il y a en fait la mise en place d’un rouleau compresseur militariste au service de la restructuration capitaliste, il ne peut y avoir d’autre option que celle énoncée sur agauche.org. Car face à cette perspective, il s’agit d’être ancré dans le sens de l’Histoire mais du point de vue démocratique et populaire.

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Le ministre ukrainien de la Défense à Paris pour de nouvelles livraisons militaires

Bientôt des avions de chasse livrés à l’Ukraine ?

Pendant que des centaines de milliers de gens défilaient en France derrière les syndicats contre une énième réforme des retraites mardi 31 janvier 2023, le ministre des Armées Sébastien Lecornu recevait tranquillement à Paris son homologue ukrainien Oleksiï Reznikov.

Cela passe littéralement inaperçu, alors que c’est la plus brûlante des actualités. La France, qui pour l’instant ne participe pas à l’élan occidental de fourniture de chars lourds, entends malgré tout figurer au premier rang des belliqueux.

Le résultat de cette entrevue est donc une nouvelle série de matériel militaire fournie au régime ukrainien, qui a procuration pour faire la guerre à la Russie.

Oleksiï Reznikov se rendra d’ailleurs à Limours dans l’Essonne ce mercredi 1 février pour signer le contrat d’achat d’un radar sol-air GM200 de Thales, après avoir visité l’usine en compagnie du ministre français. Et en fait de contrat, il s’agira d’un cadeau, puisque l’achat est réglé par l’État français et son fonds de soutien français à l’Ukraine de 200 millions d’euros.

Il s’agit d’un radar de moyenne portée transportable sur camion, devant détecter un aéronef à 250 kilomètres et capable de l’engager à 100 kilomètres, qu’il s’agisse d’un drone à faible vitesse et basse altitude ou d’un avion de combat rapide et à haute altitude.

Il y a urgence, alors la livraison est prévue très prochainement et donc le matériel sera pris sur une commande devant arriver à l’Armée de l’Air et de l’Espace, voire directement sur son stock s’il le faut.

Voici une nouvelle preuve, s’il en fallait, que la France est en guerre contre la Russie, puisqu’elle dirige en priorité une partie stratégique de son arsenal militaire contre la Russie.

Dans le même registre, « dans les semaines qui viennent », sera livré un nouveau lot de 12 canons automoteurs Caesar, en plus des 18 déjà fournis. On se souvient comment les premières livraisons de ces engins avaient fait l’actualité, tellement cela signifiait l’escalade militaire. Maintenant, cela passe comme une lettre à la poste et quasiment plus personne n’en parle.

Le régime français ne souffre d’aucune opposition en ce qui concerne la guerre. Le ministre peut bien expliquer que les canons seront probablement puisés directement dans les stocks de l’armée française : aucun problème !

L’entreprise Nexter, qui les fabrique ainsi que les obus de 155mm devant être également fournis à l’Ukraine, tourne pour cette raison à plein régime. Il a même été expliqué que de la poudre explosive est fournie par l’Australie pour fabriquer cela au plus vite.

Tout l’occident est en branle et coordonné pour faire la guerre à la Russie, par l’intermédiaire de l’Ukraine.

Et la France ne fait pas que livrer des armes. Le ministre français des Armées a précisé à cette occasion que pas moins de 2000 soldats ukrainiens seront formés en France d’ici à l’été prochain et que 600 autres le seront, chaque par mois, par 150 militaires français déployés directement en Pologne dans les prochaines semaines.

Rien que cela vaut pratiquement déclaration de guerre à la Russie, tellement l’engagement est immense.

Le ministre ukrainien a donc profité de l’occasion pour remercier la France de son engagement et vanter l’efficacité de ses missiles sol-air à courte portée Crotale, dont les tirs seraient réussis à 100 % a-t-il précisé. De nouvelles livraisons sont là aussi prévues.

Il a également été évoqué le « progrès » en ce qui concerne la livraison par la France d’un système sol-air de moyenne portée (SAMP). Enfin, et peu être surtout, il a été discuté ouvertement de la possibilité de livraison d’avions de chasse.

Encore une fois, la France est ici à l’avant-garde. Elle avait ouvert le bal avec des livraisons de « chars » légers (en fait des véhicules militaires blindés) annonçant directement les livraisons de chars lourds par d’autres pays. Elle recommence ici avec le sujet des avions de chasses.

Ainsi, le 30 janvier 2023, Emmanuel Macron en voyage aux Pays-Bas a répondu de la manière suivante à la question de savoir si la France allait fournir des avions de chasse:

« Par définition, rien n’est exclu »

C’est là le rôle de la France au service de la superpuissance américaine : ouvrir des brèches pour que l’escalade continue.

Le ministre ukrainien a ainsi précisé le lendemain :

« Nous n’avons pas parlé de type d’avion, nous avons juste souligné que l’aviation tactique est une composante de la défense antiaérienne. Nous avons besoin de renforcer nos capacités de défense de notre espace aérien ».

Pour continuer dans sa lancée :

« Je suis optimiste [à propos de l’obtention d’avions de combat occidentaux] et j’espère que ce sera plus tôt possible ».

Les choses vont-ici à une vitesse extraordinaire. Extraordinairement terrifiante. L’Otan a les coudées franches et profitera sans relâche du chèque en blanc que lui signent les opinions publiques occidentales pour continuer son escalade militaire.

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L’Italie parle de 3e guerre mondiale et achète 700 missiles avec la France

Une incroyable provocation.

Le 24 janvier 2023 au Conseil de l’Europe à Strasbourg, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a exprimé sa volonté d’unir tous les partenaires européens en affirmant que :

« Nous menons une guerre contre la Russie, pas les uns contre les autres. »

Le 27 janvier 2023, le ministre français des armées Sébastien Lecornu était à Rome pour rencontrer son homologue italien Gudio Crossetto.

Ce dernier a profité de cette occasion, lors de la conférence « Perspectives européennes pour une défense commune », pour se mettre à parler de la « troisième guerre mondiale », expliquant que :

« Cela commencerait au moment où les chars russes arriveraient à Kiev et aux frontières de l’Europe. Ne pas les laisser venir est le seul moyen de l’arrêter. »

On voit très bien comment le curseur a changé. On est passé de l’Ukraine ne doit pas perdre à la Russie doit être défaite. C’est un fait très clair : la France est un pays en guerre. Nous faisons la guerre à la Russie et l’aspect principal est de s’y opposer !

Rappelons que le gouvernement italien est dirigé par Giorgia Meloni du parti Frères d’Italie, un mouvement d’extrême-Droite auquel appartient le ministre italien de la Défense. Et un tel gouvernement conservateur n’a aucun problème à prôner l’unité dans l’Otan de la même manière que le gouvernement français pourtant lui franchement libéral-social.

Sébastien Lecornu a de son côté totalement convergé avec son homologue et parlé de la « poursuite du soutien militaire à l’Ukraine » avec un « nouvel agenda d’aide » et des « actions pour renforcer l’économie de guerre ».

Les ministres français et italien ont également conclu, semble-t-il car évidemment rien n’est jamais franchement public pour ce genre de choses, l’achat de 700 missiles Aster-30 pour deux milliards d’euros.

On parle de missiles sol-air pour le Système sol-air moyenne portée/terrestre (SAMP/T) – Mamba, employé par les deux pays qui ont justement décidé d’envoyer un tel système en Ukraine.

On le comprend : les missiles sont en quelque sorte prévus pour l’Ukraine, soit directement, soit en remplacement de ceux que fourniraient les deux pays.

Cette image de mauvaise résolution est le seul document officiel au soir de la rencontre

Chaque jour qui passe, l’escalade se renforce. L’opinion publique est travaillée au corps, tout est fait pour que lorsque le drame militariste va franchement s’enclencher, les gens se disent que c’est dans l’ordre des choses.

Le camp anti-guerre est inexistant, même les jeunes contestataires préfèrent parler de retraites que de se concentrer sur le sort du monde.

Il n’y a plus aucun sens de l’Histoire. La France, corrompue par le capitalisme, heureuse de son statut de grande puissance et de son niveau de vie, est simplement devenue un simple appendice de la superpuissance américaine.

L’état de sidération va être d’autant plus catastrophique en 2023, car dans tous les cas on va monter en gamme, la superpuissance américaine comptant empêcher la superpuissance chinoise de lui arracher son hégémonie.

Organisez-vous pour faire face à la guerre !

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Guerre

L’armée française augmente son budget d’un tiers

La France s’accroche tant bien que mal à sa puissance.

« Le monde ne nous attend pas, car les rivalités aiguisent les appétits et les stratégies, car nous devons tenir notre rang », voilà les propos on ne peut plus clairs d’Emmanuel Macron pour ses vœux aux armées à la base aérienne de Mont-de-Marsan lors desquels il a présenté les contours de la future loi de programmation militaire 2024-2030 (LPM).

La LPM 2024-2030 vise un budget visant à répondre à hauteur de 413 milliards d’euros de besoins militaires, soit environ 57 milliards par an, contre 44 milliards pour l’année 2023 qui est déjà marquée par une rallonge substantielle dans le cadre de la dernière LPM.

Entre les deux LPM, on a une hausse de près de 36 % du budget militaire !

Après avoir remis à niveau l’armée française, la puissance capitaliste française vise dorénavant à la mettre à niveau des conditions de la grande bataille pour le repartage du monde.

Les choses sont claires et actées devant la société française : le monde va vers la guerre et il s’agit de la préparer pour défendre la puissance française, le capitalisme français.

Comme la France est devenue une puissance de second ordre, elle ne peut compter uniquement sur la masse, passant ici par l’annonce du doublement de la réserve opérationnelle et un nouvel horizon pour la SNU : elle vise surtout le renforcement de « l’épaisseur » de sa cuirasse militaire.

Ce sont les « quatre pivots » énoncés par Emmanuel Macron, à savoir la souveraineté, passant tout à la fois par le renforcement des moyens du renseignement militaire et la réforme de la Direction générale de l’armement en vu de fluidifier le fonctionnement du complexe militaro-industriel et de le faire entrer dans l’ « économie de guerre » annoncée en juin 2022 au salon de l’armement Eurosatory.

A ce titre, il a été opté par la mise à niveau complète de l’armée de l’air avec un passage au « tout Rafale », ce qui exige une certain niveau de production.

Il y a également l’augmentation des moyens pour la cyberdéfense, la haute intensité, c’est-à-dire la hausse de la production de munitions mais aussi le maintien en condition opérationnelle des équipement avec l’augmentation des exercices de grande envergure – comme le sera l’exercice Orion cette année dans l’est du pays.

Enfin, on retrouve ce qui est appelé l’engagement dans les « espaces communs », comme l’Espace ou les espaces marins mais aussi l’Europe et les alliances en vue de conserver une autonomie d’action, et surtout de commandement.

L’insistance sur les « espaces communs » est cruciale. Les océans et les mers, notamment et surtout les grands fonds marins sont devenus un nouvel espace pour l’accumulation capitaliste pour la décennie à venir et il s’agit de les défendre coûte que coûte pour une puissance française qui a la seconde zone économique exclusive du monde.

C’est le sens de la construction d’un nouveau porte-avion nouvelle génération qui devra succéder à l’actuel Charles de Gaulle. Cela doit permettre à la France de se positionner « correctement » dans la très chaude région indo-pacifique et ainsi défendre ses pré-carrés en relative autonomie d’avec la superpuissance américaine.

Tout comme d’ailleurs Emmanuel Macron a bien fait mention, à propos des zones de tensions maritime, de « la Méditerranée orientale » du fait de la forte implication de la France auprès de la Grèce contre la Turquie.

Dans ce panorama marquée par la crise, on peut et doit comprendre la réforme des retraites comme le côté pile de la pièce de la restructuration capitaliste, la hausse du budget militaire en étant le côté face.

Non pas de manière réformiste-populiste comme quoi il y aurait de l’argent pour l’armée et pas pour les retraites, mais en ce que ces choses sont l’expression d’un capitalisme français pourrissant qui tente de se maintenir coûte que coûte…et qu’il s’agit donc de renverser et non pas d’aménager par d’autres « orientations budgétaires ».

Car cette hausse du budget militaire vise non plus qu’à conserver les positions de la France capitaliste dans un monde toujours plus en proie aux antagonismes économiques, politiques, militaires. Ni plus, ni moins.

Quant à la réforme des retraites, elle n’est là que pour assurer la capacité de l’État à continuer à emprunter sur les marchés financiers à des taux qu’il juge soutenables alors que l’endettement du pays a flambé pendant la pandémie de Covid-19. Donc à lui assurer son train de vie, sa puissance économique, sa capacité à conserver sa place dans le monde là aussi.

Dans tous les cas, ce sont les masses qui en paient le prix fort par la dégradation progressive de leurs conditions de vie sur fond de militarisation de la société au dépends de la démocratie elle-même.

Mais entend-on une telle analyse chez les forces qui dirigent le mouvement ? Nullement. Au contraire, on a le niveau zéro de la conscience, le pur populisme comme avec la leader d’EELV Marine Tondelier qui voudrait une « France sans milliardaire ». Mais pas sans capitalisme ! Pas sans le militarisme français et l’OTAN !

Les députés d’une NUPES ont choisi de suivre la tendance, celle d’une France capitaliste forte pour mieux grappiller quelques concessions sociales, ou plutôt conserver quelques miettes sociales. Jamais il n’est question de crise, donc de capitalisme et de militarisme car tout tomberait du ciel, ou plutôt de la tête d’une « oligarchie » qui voudrait le mal des gens…

Mais le problème, c’est bien que les masses veulent elles-aussi conserver leur mode de vie dans une France stable, prospère, à l’écart des troubles du monde… sans aucune implication réelle pour renverser le vieux ordre.

De fait, on aura encore malheureusement bien de la peine à voir se former une opposition politique aux orientations de cette LPM qui sera bientôt débattue au parlement. Pour cela, il faut raisonner en termes de crise…et de révolution.

Et malheureusement, il semble bien que c’est la troisième guerre mondiale qui va précipiter les choses.

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Guerre

Escalade guerrière : la France livre des VMB à l’Ukraine

Non aux livraisons militaires françaises contre la Russie.

C’est Emmanuel Macron qui l’a annoncé à Zelensky : la France va fournir des véhicules militaires blindés AMX-10 RC à l’Ukraine. Ce sera la première fois que ce type de véhicules de fabrication occidentale, selon les standards de l’Otan, seront envoyés en Ukraine. Un nouveau cap est franchi dans la cobelligérance.

La France se fait ici première de la classe en matière de guerre à la Russie pour le compte de l’Otan. Alors que le chancelier allemand Olaf Scholz refusait depuis plusieurs semaines, malgré la pression des Verts et des libéraux dans son gouvernement, l’injonction américaine de livrer des chars à la Russie, Emmanuel Macron a donc été en première ligne…

Et ouvert la voie. Dans la foulée, l’Allemagne a annoncé elle-même l’envoi de VMB de type Marder, alors que la superpuissance américaine enverra ceux de type Bradley.

Les États-Unis jouent ici une partition bien rodée : ils se servent des Ukrainiens pour faire la guerre sur le terrain à la Russie, ils se servent des Européens pour faire la guerre économique à la Russie, ils exigent maintenant des Européens d’aller encore plus loin dans l’implication militaire.

Bonne élève, la France commence donc l’année 2023 en intensifiant son implication dans la guerre à la Russie, une semaine après la visite du ministre des Armées à Kiev. Les chars, s’ils sont de facture assez ancienne, datant des années 1980, et devant être renouvelés dans l’armée française qui en possède 247, sont néanmoins tout à fait fonctionnels.

Dotés d’un canon de 105 mm d’une portée de 2km, d’une capacité de 38 obus à bord, pesant 25 tonnes, ce qui est à considérer comme étant léger, ils sont censés servir de matériel de reconnaissance et d’appui des troupes d’infanterie ukrainiennes, malgré leur difficulté à évoluer en tout terrain du fait de l’absence de chenilles.

La France va livrer également des engins de transport de troupe Bastion, fabriqués par ACMAT. Et cela sans compter les obus d’artillerie antichar français de 155 mm, dotés de sous-munitions EFP d’attaque par le haut guidé par capteurs IR multibandes et LIDAR, qui ont été livrés secrètement à l’Ukraine.

Sans compter qui plus est les postes antichar MILAN-2, que l’on sait maintenant avoir été déployés pour le régiment ukrainien « Kastus-Kalinowski », composé de néonazis biélorusses.

Tout cela fait beaucoup et ne relève plus du soutien. La France est objectivement impliquée corps et âme dans la guerre à la Russie. Elle contribue à la guerre contre la Russie, en faisant appel d’air, comme le montre le fait que l’Allemagne l’a suivie.

Reste à savoir maintenant quand la Russie décidera qu’il en est trop, et assumera que la guerre est déclenchée avec la France, ou alors l’Otan, ce qui reviendra au même. Il n’y a qu’un pas, il ne suffit plus de grand-chose pour en arriver là et déclencher officiellement la 3e guerre mondiale.

Preuve de l’ambiance en Russie, il y a le message de Dmitri Rogozine à l’ambassadeur français. Dmitri Rogozine est une personnalité importante, étant l’ancien chef de l’Agence spatiale russe Roscosmos, qui envoie notamment du personnel dans la Station spatiale internationale.

Ce dernier dirige maintenant un groupe de conseillers militaires en soutien aux séparatistes du Donbass et explique avoir été atteint par une frappe ukrainienne sur un hôtel de Donetsk. Un hôtel au milieu de la ville évidemment, avec une frappe qui a fait plusieurs morts et blessés dont des civils, dont dans l’entourage de Dmitri Rogozine. Et celui-ci a reçu morceau d’obus français au-dessus de son omoplate droite.

Donc, dans une mise en scène qui peut paraître grotesque, mais qui reflète par contre très bien un état d’esprit d’amertume vis-à-vis de la France : il envoie ce morceau d’obus avec son message à l’ambassadeur français.

«Dans cette enveloppe, avec ma lettre, vous verrez un fragment d’obus d’une pièce d’artillerie française de 155 mm Caesar. Il a perforé mon épaule droite et s’est logé dans la cinquième vertèbre cervicale, à un millimètre seulement de différence et il aurait pu me tuer ou de me rendre invalide.

Toutes nos victimes sont sur votre conscience».

Il ajoute alors :

« Je vous demande de remettre le fragment retiré de ma colonne vertébrale par les chirurgiens au président français Emmanuel Macron. Et dites-lui que personne n’échappera à la responsabilité des crimes de guerre ».

Il faut dénoncer, en France, la France et son implication militaire contre la Russie, sinon c’est inéluctablement l’escalade. Tel est le seul et obligatoire mot d’ordre véritablement de gauche.

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Le ministre français des Armées à Kiev pour continuer la guerre contre la Russie

La France est en guerre.

La visite du ministre français des Armées Sébastien Lecornu à Kiev mercredi 28 décembre 2022 ne consistait pas simplement en du symbole et des prises de photo. Il était là pour préparer la guerre, ou plutôt la continuation de la guerre contre la Russie en 2023.

C’est un fait, l’Otan, et donc la France, s’oppose directement à la Russie, en se servant de l’Ukraine et surtout des Ukrainiens. C’est un mensonge de dire que la France ou l’Otan aident l’Ukraine. C’est plutôt l’inverse, le peuple ukrainien sert de chair à canon pour les occidentaux, et la nation ukrainienne, dont ils se moquent éperdument, n’est qu’un prétexte.

Le régime corrompu et nationaliste en Ukraine raconte littéralement n’importe quoi sur l’Histoire, les faits, les gens, mais peu importe, ou plutôt : tant mieux. C’est très utile pour la guerre, et c’est exactement ce que vient chercher la France en Ukraine.

Alors la France a déjà fourni à l’armée ukrainienne 18 canons Caesar de 155 mm d’une portée de 40 km montés sur camion, des missiles antichar et anti-aérien, des véhicules de l’avant-blindé (VAB), des lance-roquettes et des batteries de missiles Crotale. Cela sans compter le renseignement militaire (crucial pour la guerre) et la formation militaire, dont on ne sait pas grand chose.

Mais cela ne suffit pas et le ministre est venu s’enquérir personnellement des nécessités ukrainiennes pour 2023.

« Il y a des sujets techniques à aborder et j’ai souhaité être présent pour comprendre leurs besoins. »

En l’occurrence, il s’agit surtout des moyens de défense anti-aérienne à laquelle entend participer la France.

« La défense sol-air, c’est un radar, un dispositif de tir et un poste de commandement. Chacun peut apporter un morceau. »

L’Ukraine, qui considère la France comme un père Noël à qui il faut faire sa liste de cadeaux, fait de son côté des demandes très précises. Elle voudrait le radar de détection GM200 de Thales, qui en détient un exemplaire en stock. Elle demande également des radars de détection acoustique français.

Surtout, l’Ukraine voudrait des systèmes Mamba, ceux-là même qui protègent les bases nucléaires en France. L’Italie, qui co-produit les Mamba, a déjà affirmé sa volonté d’apporter des pièces en ce sens.

Le père Noël français n’apporte pas que des cadeaux, il y a aussi les chèques cadeaux pour faire directement les courses. Le Parlement français, mobilisé pour la guerre, a décidé d’un fonds de soutien de 200 millions d’euros pour l’Ukraine permettant de passer commande directement avec des industriels français.

Si les Français sont si généreux pour aider les Ukrainiens à se massacrer avec leurs frères russes, c’est évidemment parce qu’ils veulent des résultats. L’administration ukrainienne est jugée trop lourde et trop lente par la France, d’après le Figaro, alors ce fond de soutien est destiné à aller plus vite, pour encore plus faire la guerre.

L’autre sujet de la visite du ministre français était la question de la maintenance. Notamment, les canons Caesar qui s’usent beaucoup.

Certains dégâts deviennent sérieux sur les Caesar.

Il y a déjà un canon hors d’usage, d’autres en maintenance pour les tourelles ou les tubes.

Le ministre ukrainien Oleksiy Reznikov a pour cela demandé à son homologue français davantage de coopération avec les entreprises françaises pour faciliter les réparations directement en Ukraine, sans passer par la Pologne.

La France est donc en guerre, concrètement et indiscutablement en guerre contre la Russie, dans l’indifférence totale de la population française. C’est une véritable catastrophe, qui ne peut avoir pour autre résultat que la troisième guerre mondiale, qui est à la fois à venir, et en même temps a déjà commencé.

D’ailleurs, le même jour, les ministres turc et syrien de la Défense se sont entretenus avec leur homologue russe à Moscou. Il était officiellement question de la Syrie et de la crise concernant les réfugiés. En arrière plan, il y a surtout la constitution nette de blocs, de deux blocs bien définis, amenés à s’affronter. Comme lors des précédentes guerres mondiales.

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Guerre

L’État relance la fabrication d’armes légères Saint-Etienne

Le complexe militaro-industriel se restructure.

Dans les années 1990, avec la fin de la guerre froide, l’industrie de l’armement de petit calibre a subit un net coup de frein à son développement.

Dès 1989, le ministre de la Défense Jean-Pierre Chevènement privatisait en quelque sorte le Groupement industriel de l’armement terrestre (GIAT) car l’objectif était à la spécialisation et à l’allègement industriel dans un contexte de baisse générale de l’armement. Le GIAT devenait ainsi Nexter Group en 2005, et entre temps des entreprises emblématiques fermaient leurs portes, telle la Manufacture d’armes de Saint-Étienne.

Fondée en 1864 et héritière des manufactures royales du XVIIe siècles, la « Manu » était connue pour avoir équipé équiper l’infanterie française de son fameux FAMAS, acronyme désignant le « Fusil d’Assaut de la Manufacture d’armes de Saint-Étienne ». Et depuis cette fermeture, l’infanterie française se fournissait en armes légères à l’étranger, comme avec les pistolets GLOCK autrichiens ou bien les fusils d’assaut HK 416 F allemands.

Mais à l’heure de la crise générale du capitalisme et de sa tendance à la guerre de repartage, la puissance française cherche à « sécuriser » ses équipements pour son modèle d’armée complète, et cela d’autant plus qu’avec la guerre en Ukraine, l’Allemagne se retourne vers son allié historique que sont les États-Unis.

C’est pourquoi il a été envisagé depuis quelques années de reconstruire l’élément de production d’armes de petits calibres dans le cadre du complexe militaro-industriel français. Et c’est l’entreprise Cybergun qui doit se charger de cette besogne… Au départ spécialisée dans les armes de loisirs tels que le airsoft, l’entreprise s’est progressivement tournée vers les armes d’entraînement pour l’armée et la police, puis directement les armes réelles. Ainsi fournit-elle la police des fameux flashball.

C’est cela qui, entre autres, lui a permis de devenir actionnaire majoritaire (65%) dans l’une des dernières manufactures d’armes de Saint-Étienne, Verney-Carron fondée en 1820 et spécialisée dans les fusils de chasse.

Pour freiner son érosion, cette entreprise lançait en 2021 la fameuse marque Lebel avec notamment le fusil d’assaut (VCD15) dont les régimes marocains et malgaches se sont montrés intéressés, le flash-ball Superpro 2, le lance-grenade Le Matru, s’ajoutant aux fusils de précision (VCD10) et mitrailleuses de calibre de 9 mm (VCD9). Ce qui ne l’empêchait pas pour autant d’être sous le coup d’une procédure de sauvegarde depuis septembre 2021…

Il a fallu l’intervention de Cybergun et de sa prise de participation pour sauver cette fabrique d’armes. Dans son communiqué de prise de participation majoritaire de Verney-Carron officialisée en juin 2022, Cybergun déclare viser :

une montée en puissance de l’activité « DÉFENSE & SÉCURITÉ » et notamment de la marque « LEBEL », permettant ainsi de recréer une véritable filière française de l’équipement des forces armées.

Ce qui se passe derrière ce rachat est en réalité une commande de l’État lui-même.

Car Cybergun était depuis 2011 en mauvaise santé financière (sa valeur boursière a fondu de 99 % en quelques années) , à tel point que l’entreprise fut rachetée en 2014 par un fonds d’investissement belge Restarted Investment, lui ayant apporté 20 millions d’euros.

Pour continuer à être soutenu par les marchés financiers, le groupe s’est toujours plus tourné vers le marché militaire, si bien qu’il constitue aujourd’hui l’immense majorité de la rentabilité du groupe. En 2016, il lance une division spécialisée dans le marché des répliques d’armes pour l’entraînement de la police et des armées, division alors dirigée par le général de l’armée de terre (2s), Emmanuel Maurin.

En 2018, il obtient l’accord par le ministère de l’Intérieur pour produire des armées réelles et annonce envisager un partenariat avec un fabricant pour produire des armes de petits calibres.

La pandémie de Covid-19 a été pour l’entreprise une « aubaine » pour concurrencer les autres fabricants d’armes légères, attestant de la restructuration en cours. Comme le dit son PDG Hugo Brugière en décembre 2021 :

Grâce à nos efforts pour augmenter massivement nos stocks à l’été 2019 (les OCABSA [types de titres financiers] n’ont pas servi qu’à éponger la dette), Cybergun a pu considérablement accroître ses parts de marché pendant la pandémie, alors que nos concurrents plus petits (titulaires des rares licences que nous ne possédons pas, comme Beretta et H&K) n’ont pas pu s’approvisionner suffisamment. 

En 2020, Cybergun obtient ainsi en partenariat avec l’autrichien Glock le marché du remplacement des plus de 74 000 pistolets de l’armée de terre.

Puis intervient l’annonce du rachat de Verney-Carron qui ne se réalise officiellement qu’en juin 2022. Entre temps, Cybergun absorbe Vallantur, un équipement de haute technologie tourné vers l’aéronautique et dont sa branche Huard est reconnue dans la fabrication d’emballages haute sécurité pour l’armée. Grâce à cette absorption, Cybergun lance sa filiale Arkania entièrement tournée vers le secteur militaire, disposant de bureaux d’études pour des « armes innovantes ».

Ainsi, le rachat de Verny-Carron par Cybergun permet à celle-ci d’augmenter son capital, et ainsi de passer la barrière des 50 millions d’euros de chiffre d’affaire annuel, condition nécessaire pour répondre aux appels d’offres de l’État lui-même.

Il est donc fort à parier que derrière toute l’opacité de ces rachats et redressements financiers se loge en fait une consigne de l’État lui-même, prise en charge concrètement par la Direction générale de l’armement qui, par le truchement de l’entre-soi mêlant chefs d’entreprises, cadres militaires et dirigeants politiques, vise à remettre sur pied une filière d’armes françaises destinées à l’infanterie.

Nul hasard donc si le député Renaissance Thomas Gassilloud, et président de la commission défense de l’Assemblée nationale, était en visite à l’usine Verney-Carron vendredi 9 décembre. Une conférence de presse a même eu lieu dans les ateliers en sa présence, ainsi qu’avec les patrons de Verney-Carron, de Cybergun et du député Renaissance local, Quentin Bataillon.

Lors de cette conférence de presse, Thomas Gassilloud a notamment déclaré la chose suivante :

On a cru être à l’abri des conflits avec la mondialisation et les intérêts commerciaux (…)

La réalité est apparue brusquement : un conflit de masse, avec de nombreux mobilisés, à forte létalité où la technologie joue son rôle décisif mais pas plus que les hommes et les armes de petits calibre [la guerre en Ukraine]. Or, nous achetons les fusils d’assaut (forces spéciales exceptées) à l’Allemagne, nos munitions à la Belgique, nos pistolets à l’Autriche… »

Verney-Carron passé sous contrôle de Cybergun prévoit ainsi la construction d’une nouvelle usine, avec à la clef la fabrication de 100 000 fusils d’assauts par an à l’horizon 2025. Les débouchés futurs ? Remplacer tous les stocks d’anciens FAMAS en même temps que l’exportation au quatre coins du globe, mais aussi et surtout anticiper l’armement des soldats de la guerre de « haute intensité » à venir. Thomas Gassilloud n’y allant sur ce point pas par quatre chemins :

Rappelons aussi que nous allons augmenter considérablement le nombre de nos réservistes et qu’au-delà, nous devons être en mesure d’équiper une mobilisation plus large encore… 

Voilà qui est donc tout à fait clair et confirme ce qui est dit depuis quelques temps ici : le complexe militaro-industriel français se renforce et par ce renforcement il prend toujours plus d’importance dans l’appareil d’État lui-même.

Ce n’est là ni plus ni moins qu’une expression de la marche à la guerre générale. Et la France s’y jette à corps perdu.

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Le complexe militaro-industriel français dans la course aux armements avec la Turquie en ligne de mire

La course aux armements s’accélère dans la zone euro-méditerranéenne.

Alors que la Turquie multiplie les coups de menton sur ses frontières, face à l’Arménie, face à la Syrie, à l’Irak et face à la Grèce et Chypre, la France a annoncé ce mois-ci le début de la livraison des premières frégates dites de défense et d’intervention (FDI) à la marine française, qui doit en être équipée de manière opérationnelle pour 2024, avant la marine grecque, qui sera livrée en 2025.

La Grèce a annoncé l’achat de quatre FDI (trois plus une en option), et le ministre grec des armées, Nikolaos Panagiotopoulos, était d’ailleurs présent à Lorient, en Bretagne, dans le département du Morbihan, qui abrite la principale base des sous-marins de la Marine de guerre française, et où se trouve aussi le site de production d’un des principaux monopoles du complexe militaro-industriel français, Naval Group, chargé de l’assemblage de ces frégates.

On parle là d’un véhicule considéré comme étant à la pointe de la technologie actuelle, avec une capacité de longue autonomie technique et numérique, bénéficiant d’une installation de haut niveau en mesure de contrer théoriquement toute attaque de type informatique, tout en embarquant un équipement complet et quasiment autonome de traitement de données complexes.

Le bateau en lui-même est conçu pour être à la fois rapide, discret et en mesure d’embarquer un lourd armement de frappe : drone, hélicoptère d’assaut, dont le modèle à venir Guépard Marine, en commande chez Airbus et surtout tout un arsenal (antiaérien, antinavire, antisous-marin et mer-sol) de missiles de frappe produit par MBMA , sans compter la capacité à projeter des groupes armés des forces spéciales.

Les FDI sont donc des armes polyvalentes, conçues autant pour appuyer le renseignement, l’attaque et la défense, avec un système de radar conçu par Thalès en mesure de constituer un bouclier anti-missile.

Le discours prononcé à l’occasion de ce lancement par le PDG de Naval Group, Pierre Éric Pommellet, lui-même polytechnicien passé par le MIT américain, s’est donc voulu extrêmement clair sur l’engagement central du complexe militaro-industriel au service de l’État français, en parlant frontalement d’économie de guerre :

« Nous sommes fiers d’être présents ici à Lorient aujourd’hui pour célébrer ce jalon important pour l’Amiral Ronarc’h, première de la série FDI, la nouvelle génération de frégates de premier rang de la Marine nationale. La mise à l’eau d’un navire de guerre est aussi l’occasion de rappeler que l’outil industriel français est au service de nos forces armées, engagé dans l’économie de guerre.

Dès 2025, le site Naval Group de Lorient réalisera ainsi jusqu’à deux bateaux par an. Aujourd’hui, nous célébrons également l’avenir du programme FDI avec la présence du ministre Nikolaos Panagiotopoulos, l’occasion de rappeler l’importance de la coopération militaire et industrielle en Europe, la FDI associant déjà de nombreux industriels grecs dans la réalisation du programme pour la Grèce ».

Il faut voir ici que Naval Group a annoncé la création de près de 2000 emplois pour satisfaire cette commande, et que donc la pression sur les masses en terme de propagande et de bourrage de crâne pro-militariste ne peut que s’accroître, d’abord de manière sectorielle sur la région, mais cette tendance ne peut que se renforcer de plus en plus de manière générale au plan national.

Le nom choisi pour ce premier navire est d’ailleurs aussi une sorte de symbole, l’Amiral Ronarc’h ayant été un officier très engagé dans le cadre de la Première Guerre mondiale, et s’étant formé face à la Chine dans le cadre de la guerre des Boxers (1899-1901).

Mort en avril 1940, après avoir été chef d’état-major de la Marine, il a aussi l’avantage de ne pas avoir eu à se postionner face à la capitulation décidée par le Maréchal Pétain en juin 1940.Pierre Éric Pommellet n’a bien sûr pas manqué d’appuyer l’alliance militaire qui se constitue de manière toujours plus nette avec la Grèce, avec bien entendu la Turquie en ligne de mire.

Il faut voir que la Grèce dispose ainsi d’une perspective redoutable de consolidation de son arsenal, avec une alliance militaire renforcée, désignée comme la QUAD (EUNOMIA), liant Chypre, la Grèce, l’Italie et la France, explicitement formée pour affirmer l’hégémonie de ces pays en Méditerranée orientale.

L’horizon 2024-2025 est d’autant plus significatif du côté turc, que la République de Turquie célébrera alors son centenaire, et que Recep Tayyip Erdogan annonce depuis des années vouloir faire de cette date une sorte de refondation de la puissance turque.

La course aux armements qui s’élance pour le repartage de la Méditerranée, mettant face à face la Turquie et la France, au-delà de la Grèce, a de très bonnes chances de faire exploser toute cette situation bien avant cela… On est à la limite de l’ouverture du conflit – ce qui implique en réalité que la limite a déjà été dépassée : les conflits dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde se mettent toujours en place avant même de commencer formellement.

Le désastre n’est pas devant nous : il est parmi nous.

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Politique

Face à l’OTAN, Marine Le Pen s’enfonce

On assiste au crash de l’extrême droite française.

On le sait : depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, jamais l’extrême-droite française dans ses composantes représentatives, pas plus Marine Le Pen qu’Eric Zemmour, n’a osé s’opposer réellement à l’Otan.

Encore lors de la rentrée parlementaire du 3 octobre, pas un député du Rassemblement national n’a eu le courage de refuser l’adoubement général et belliciste de l’Assemblée nationale, alors ornée de drapeaux ukrainiens, à l’ambassadeur de Kiev en France.

Lors d’une interview sur l’émission « Punchlines » animée par Cnews-Europe 1, chaînes connues pour leur populisme outrancier, Marine Le Pen a de nouveau tenté un exercice d’équilibriste, qui se résume en fait très concrètement à un suivisme vis-à-vis de l’Otan.

Elle s’est ainsi déclarée opposée à nouvelles livraisons de canons Ceasar à l’Ukraine, au motif que cela diminuerait la « sécurité nationale ». Elle a critiqué les va-t-en-guerre et appelé à des « pourparlers », et on sent que c’est là une perspective bricolée. Puis, sans aucun esprit de conséquence avec le reste, elle s’écrase :

« Je pense que transmettre du savoir-faire, des formations à l’armée ukrainienne, du matériel de protection, des gilets pare-balles, etc., aller livrer du matériel lourd dont, encore une fois, nos armées ont besoin, est affaiblir et prendre un risque pour notre sécurité intérieure. »

Marine Le Pen adopte ainsi une posture bien timide tout en se parant des vertus de grande opposante car elle aurait été la seule qui depuis le début aurait critiqué ces livraisons d’armes lourdes.

Pourtant, on notera qu’aucun extrait de ses propos ne sont publiés sur son compte Twitter, à l’inverse de déclarations sans grande surprise sur l’immigration, l’insécurité, les difficultés sociales, etc.

Car Marine Le Pen est comme tous les autres représentants politiques : elle cherche à éviter au maximum le sujet brûlant de la guerre car elle sent que le cours de l’Histoire a dorénavant basculé en sa défaveur et qu’il lui faudrait bien expliquer, par une sacrée contorsion, qu’elle reste la voix du nationalisme français…tout en ayant abandonné la France à l’Otan, donc aux États-Unis. Alors aux contorsions, est préférée au mieux l’esquive, au pire la tiédeur centriste.

Cela pose un problème, et non des moindres, pour le nationalisme français. La France, ce n’est pas l’Italie avec une Droite et une extrême-Droite qui a toujours été pro-États-Unis et pro-Otan, du fait du partage nucléaire et des multiples bases américaines, expliquant d’ailleurs la position pro-Otan de Giorgia Meloni.

En France, pour se poser en champion du nationalisme, difficile de ne pas assumer la tradition gaulliste, dont le point d’orgue a été les années 1960 avec la mise en place de la dite « autonomie stratégique » construite autour d’une armée complète et surtout d’une « dissuasion » nucléaire déployée sur les trois champs de la conflictualité (terre, air, mer).

C’est d’ailleurs toute la subtilité des propos de Marine Le Pen : refuser l’abandon de canons Caesar pour s’attirer la sympathie de certains officiers inquiets de la situation des armées, tout en rassurant l’Otan, en fait les États-Unis, sur le soutien avec les formations militaires.

La France est en effet connue et reconnue par les pays du capitalisme occidental comme ayant une grande tradition militaire dans les modalités de formation des armées, expérience des répressions des mouvements anticoloniaux oblige.

Mais quand l’Histoire roule à grande vitesse comme aujourd’hui, la subtilité ne compte plus. Ce qui compte c’est la capacité à assumer une position fidèle à sa conception justement historique.

La vérité c’est que Marine Le Pen essaye de composer bien maladroitement entre le nationalisme et la réalité d’une France moribonde bien incapable de se maintenir sans la force de frappe économique et militaire des États-Unis.

Si la France comme nation reléguée a été la situation qui a apporté de l’eau au moulin du nationalisme-social de Marine Le Pen, cela s’est retourné en son contraire depuis le 24 février 2022, voire même depuis l’irruption de la pandémie de Covid-19.

La France est tellement rabougrie que son sort est scellé : au sein du monde capitaliste qui marche vers la guerre entre les deux superpuissances américaine et chinoise, l’avenir de la France se fera en soumission à l’Otan. Il n’y a pas d’alternative possible pour la bourgeoisie, en tous cas pour l’instant.

La fraction de la bourgeoisie représentée par Marine Le Pen n’a plus les leviers politiques, culturels, idéologiques pour s’assumer telle qu’elle est. Elle est K-O et à la dérive totale. En réalité, c’est toute la bourgeoisie française qui est dans cet état et laisse donc les États-Unis piloter tant bien que mal la marche du capitalisme occidental, en espérant pouvoir mettre quelques limites de ci, de là…

Même s’imaginer taper très dur sur les travailleurs, car il faudrait vraiment taper très, très fort, pour ramener une croissance telle que le capitalisme français pourrait s’assumer indépendant, est devenu un rêve nationaliste inatteignable. Ainsi, même un nationaliste qui chercherait à le rester jusqu’au bout, risque de basculer en fait dans le camp du socialisme.

Ce qui laisse l’espace à qui voudra assumer la Gauche historique. Car la relance générale d’une France indépendante, sur les plans économique et social mais aussi moral et culturel, ne peut se faire qu’avec la classe ouvrière au poste de commandes, avec le Socialisme.

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Guerre

Le CEMA Thierry Burkhard assume la guerre au Sénat

L’armée française est subordonnée à la superpuissance américaine et relève de la tendance à la guerre.

L’anglais est assumé jusqu’au symbole du Groupe aéronaval français, constitué autour du porte-avions Charles De Gaulle

Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2023, le Sénat a interrogé le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, ainsi que le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre. Cela s’est déroulé le 19 octobre 2022, mais cela vient d’être rendu public.

Voici les passages les plus importants de ce que dit le « CEMA », Thierry Burkhard, ce que disant Pierre Schill concernant surtout la modernisation de l’armée de terre.

Le soutien à l’armée ukrainienne est assumé, tout comme la ligne de mise à niveau de l’armée française pour un conflit de haute intensité. La subordination à la superpuissance américaine est complète.

On notera particulièrement les propos suivants : « En Afrique, nous faisons face à un adversaire installé, puissant et qui donne l’apparence de jouer dans le sens de l’histoire. » Cela implique que le CEMA est tout à fait conscient de la ligne russe – russo-chinoise en fait – de prétendre représenter le tiers-monde contre l’ordre mondial imposé par les pays développés.

C’est à cela qu’on voit qu’il y a ce qui est dit publiquement, comme narration pour militariser… Et comment derrière, de manière masquée, il y a la logique des blocs, dans le cadre de l’affrontement sino-américain au coeur de la troisième guerre mondiale ayant pratiquement commencé avec la guerre en Ukraine.

Sur la guerre en Ukraine et le soutien au régime ukrainien de l’armée française.

« Le 24 février dernier constitue un point de bascule et l’expression « changement de monde » n’a jamais été si vraie. Depuis, le monde ne s’est pas stabilisé et il est très difficile de cerner l’ampleur et la diversité des défis qui nous attendent dans les années à venir. Les incertitudes restent nombreuses. Par conséquent, il nous faut réinterroger nos choix, nos modes d’action, nos organisations pour s’assurer qu’ils demeurent pertinents, avec une nouvelle grille de lecture « post-24 février ».

Cette situation n’est pourtant pas une surprise : les Armées avaient anticipé la possibilité d’un retour de guerre entre États. Pour autant, une forte accélération est en train de se produire, qui dépasse d’ailleurs le strict cadre européen, et qu’il nous faut prendre en compte pour ne pas rester sur le bord du chemin (…).

En Ukraine, la Russie développe une stratégie de long terme. Certes, elle est en difficulté, mais cela ne suffit pas à la détourner de ses objectifs. C’est pourquoi nous ne devons pas nous démobiliser. Le rappel des réservistes, qui a été engagé par la Russie, ne correspond pas à une mobilisation générale : pour autant, les effectifs, même s’ils sont très importants – de l’ordre de plusieurs centaines de milliers d’hommes -, ne changeront pas immédiatement le cours des opérations mais cela montre que les Russes réfléchissent à la suite des opérations au-delà de l’hiver.

L’hiver, en ralentissant les opérations militaires, sera, d’une part, une période critique dans le champ des perceptions et, d’autre part, une période difficile pour la cohésion du camp occidental, car les leviers énergétiques seront utilisés à plein par la Russie.

Les Russes ont aussi effectué des bombardements sur des cibles à usage dual – installations électriques, centres de distribution d’eau -, qui ne visaient pas à affaiblir l’armée ukrainienne mais à atteindre d’abord la résilience de la nation ukrainienne à l’approche de l’hiver.

L’enjeu pour la France est d’affirmer sa crédibilité militaire sur le haut du segment.

Notre engagement s’est traduit, dès le premier jour de la guerre en Ukraine, par le déploiement de nos avions Rafale au-dessus de la Pologne pour défendre le flanc Est de l’Otan, par le redéploiement du groupe aéronaval, deux jours après, au-dessus de la Croatie, pour effectuer des patrouilles de défense aérienne, et par le déploiement du bataillon Aigle en Roumanie, sept jours après le début des opérations russes en Ukraine, dans le cadre de l’échelon d’intervention d’urgence de l’Otan.

La France, conformément à la volonté du Président de la République, est désormais « Nation-cadre » du dispositif de réassurance de nos alliés de l’Otan en Roumanie.

Dans une logique d’adaptation dynamique de notre dispositif, nous avons décidé de mobiliser des capacités dites de « haut du spectre » – chars Leclerc, véhicules blindés de combat de l’infanterie (VBCI), systèmes d’artillerie – lors de la relève à l’automne prochain.

Nous déploierons en Lituanie des Rafale, pour la première fois, dans le cadre de la mission de police du ciel des pays baltes, à partir du mois de décembre prochain pour une durée de quatre mois. Nous mettons des navires français à disposition des task groups de l’OTAN. Nous maintenons notre présence militaire en Estonie, au titre de la réassurance et de la solidarité stratégique.

Les enjeux sur le flanc Est de l’OTAN doivent s’inscrire dans le cadre d’une stratégie de sécurité européenne pour les dix prochaines années, car, quelle que soit l’issue du conflit en Ukraine, nous devrons « cohabiter » – avec la Russie.

Nous devons aussi poursuivre notre appui à l’Ukraine. En plus des cessions de matériels, la formation est un besoin important, auquel la mission d’assistance militaire de l’Union européenne (EUMAM) permettra de répondre. La France y contribuera (…).

Les armées fournissent du matériel répondant d’abord au besoin des forces armées ukrainiennes : des équipements individuels du combattant, des armements pour assurer leur défense et les munitions associées.

Mais surtout, la France offre des capacités opérationnelles, et pas seulement du matériel. Nous aidons le partenaire à mettre en place un maintien en condition opérationnelle (MCO) durable, en lien avec les industriels. Nous avons également mis en place des hotlines pour permettre aux Ukrainiens de s’approprier rapidement et durablement les équipements cédés. Nous nous impliquons aussi dans la mission européenne d’assistance militaire, avec un important volet « formation et entraînement». »

Sur la militarisation de l’Etat français dans la perspective de la guerre pour le repartage du monde

« Le terme d’« économie de guerre » ne suffit pas à dire tout ce qu’il recouvre. C’est non seulement la manière dont l’industrie se donne les capacités de soutenir une guerre, notamment en matière de production, mais aussi ce que les Armées et la Direction générale de l’armement (DGA) envisagent en matière de simplification, de la spécification des besoins et des normes aux processus de qualification et de recette. Il faut donc une action conjointe. Les industriels sont confrontés à une situation nouvelle, car le monde a changé.

Les industriels doivent donc s’interroger, par exemple sur la capacité à faire des stocks ou à produire rapidement. Quant aux Armées, elles doivent rester à l’écoute des industriels pour faciliter l’établissement d’une réponse crédible techniquement et militairement, dans un délai adapté, à nos besoins. L’état-major des armées et la DGA mènent un travail collectif sur la question, non pas contre les industriels mais avec eux. Il s’agit bien d’une responsabilité collective et partagée.

S’agissant de la Défense Sol-Air, pendant vingt ans, nous avons opéré sur des théâtres où il n’y avait pas de menace aérienne, de sorte que nous avons favorisé d’autres domaines ; ces choix étaient cohérents avec le contexte des engagements. Nous ne sommes pas pour autant démunis en la matière, puisque nous disposons de différents systèmes – Mamba, Crotale et Mistral.

Mais le contexte a changé, et il n’est pas exclu pour l’armée de Terre ou pour la Marine de devoir intervenir dans un environnement où la supériorité aérienne n’est plus durablement acquise.

La menace des drones est également prise en compte dans la défense sol-air multicouches. Les appareils sont très divers, allant de plusieurs tonnes jusqu’aux nanodrones, dont les modèles évoluent très rapidement de sorte que nous devons nous montrer agiles. Il est prévu que nous améliorions notamment le système Mamba et nous envisageons de remplacer le Crotale par le missile d’interception, de combat et d’auto-défense (MICA VL). Tout cela est pris en compte dans la LPM en cours et dans les travaux préparatoires de celle à venir.

En matière de transition énergétique, un certain nombre de véhicules de servitude et de service sont déjà passés à l’électrique. D’un point de vue opérationnel, si la capacité à transporter et à stocker l’énergie électrique fait encore défaut, une réflexion est néanmoins en cours, car l’électrique présente des avantages, notamment en matière de signature thermique ou acoustique (…).

A propos de Djibouti : c’est un point d’appui stratégique pour la France, plus important encore avec le retour de la compétition entre puissances, Pour ses dirigeants, la relation avec la France est considérée comme stabilisatrice. Nous devons donc discuter avec eux, en prenant en compte à la fois nos besoins et leur stabilité.

L’innovation reste un axe de très grande importance et l’attention portée aux crédits d’étude sera maintenue. Parmi nos grandes priorités je citerai la lutte anti-drones, l’hypervélocité et les fonds marins, ainsi que le développement d’armes à énergie dirigée.

Comment gagner la guerre des coeurs et des esprits en Afrique ? Nous la menons depuis longtemps, mais l’on voit bien que la guerre dans le champ des perceptions prend encore plus d’importance avec les réseaux sociaux et les nouvelles technologies, notamment au sein de la jeunesse africaine. La France doit donc repenser sa présence, mais cela ne relève pas seulement des Armées.: Il y a encore quelques dizaines d’années, des centaines de coopérants civils étaient présents en Afrique aux côtés des militaires, dans des domaines divers, sport, éducation, culture, développement, etc. Ce nombre a considérablement diminué, alors que les forces armées n’ont pas réduit leur présence dans les mêmes proportions ; cela explique peut-être en partie l’évolution de l’image de la France. La « reconquête des coeurs et des esprits » passe par un effort interministériel coordonné, mais aussi sans doute par une moindre visibilité des armées. Après Barkhane, l’objectif est bien de renouveler notre mode de présence en Afrique, et cela nécessite l’accord et l’engagement de tous.

Pour ce qui concerne les Armées, nous devons consacrer des moyens aux stratégies d’influence. Un exemple est la formation en France des militaires étrangers. Dans le passé, nous avons beaucoup fait venir des stagiaires, mais, depuis quinze ou vingt ans, nous privilégions les formations sur place (…).

En Afrique, nous faisons face à un adversaire installé, puissant et qui donne l’apparence de jouer dans le sens de l’histoire.

Le combat n’est pas perdu pour autant, nous devons être présents dans la guerre des narratifs et dans le champ des perceptions. De l’autre côté, toute une galaxie d’acteurs est conduite par des proxys russes disposant de moyens que nous n’atteindrons jamais : des dizaines de milliers d’individus, dont au moins un millier d’opérateurs entièrement consacrés à l’Afrique. Nous sommes cependant en train de compenser notre retard, pour faire en sorte que nos adversaires ne soient pas seuls présents sur ce champ de bataille (…). »