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Effondrement de la France

Une France bloquée, vers la crise de régime

Les élections législatives anticipées de juin et juillet 2024 ont été la conséquence de la vague Rassemblement national aux élections européennes de juin 2024, mais plus encore elles sont le produit de la crise ouverte en 2022, lors de la réélection d’Emmanuel Macron.

Il n’avait alors qu’une faible majorité parlementaire et celle-ci s’est ébranlée au fil du temps, avec notamment l’utilisation très controversée de l’article 49.3 de la Constitution pour forcer la main aux députés. Tout cela est le reflet d’une France malade, prise dans le tourbillon de la crise du capitalisme à l’échelle mondiale commencée en 2020.

Ce qui s’est passé électoralement en juin et juillet 2024 est de ce point de vue très simple à voir. L’aspect principal est que la France est devenue entièrement soumise à la superpuissance américaine, elle n’est pour ainsi dire plus qu’un satellite américain en Europe, comme le montre son soutien acharné à la guerre contre la Russie.

Les forces politiques en présence sont donc toutes les mêmes dans leur fondement : les nuances ne suffisent pas à produire une vague politique et donc une majorité pour gouverner. Mais il y a en même temps de trop fortes traditions politiques, qui font qu’un consensus à l’américaine, bi-partidaire et par en haut, est devenu pratiquement impossible. C’est donc une période de grande instabilité qui s’ouvre maintenant.

Regardons les choses un peu en détail.

La première, c’est que le camp présidentiel a été largement défait lors de l’élection, avec à chaque fois au premier et au second tour, environ 6,5 millions de voix.

Cela n’a permis que d’obtenir 150 sièges, dont 2 dès le premier tour. Ce n’est pas négligeable, mais, même avec des alliances de proximité, il est impossible de gouverner le pays car c’est bien trop loin de la majorité absolue de 289 sièges.

Le produit commercial « Emmanuel Macron » est donc périmé, il ne suffit plus à maintenir le régime en France. Il lui reste trois ans de mandat, et il ne pourra pas dissoudre l’Assemblée nationale avant un an. C’est là un premier blocage.

Ensuite, la force juste au dessus (et qui prend la première place) est la coalition électorale faite entre la fausse Gauche et les populistes de la France insoumise, qui récolte 7 millions de voix au second tour, contre 9 millions au premier tour.

Le fait qu’il y ait moins de voix aux second tour s’explique par le fait que beaucoup de députés ont été élus dès le premier tour, les voix en leur faveur n’ont donc pas eu à s’exprimer à nouveau.

Cette engouement électoral permet d’envoyer 178 députés à l’Assemblée nationale. C’est, en apparence, une victoire, car il s’agit du plus grand nombre de députés. Toutefois, c’est très loin d’une majorité pour gouverner, et surtout c’est en réalité un assemblage très bancal, pour ne pas dire un bricolage.

Dans les faits, il n’y aura pas nécessairement un seul groupe de députés et il y a des divergences énormes de ligne politique, ainsi qu’en réalité aucune structuration décisionnaire. Toutefois, c’est là un épiphénomène propre à la décadence du pays.

La troisième chose qu’il faut voir est en fait la plus importante. C’est l’incapacité du Rassemblement national à arriver à la tête du pays, malgré son hégémonie politique. C’est là un facteur de blocage essentiel pour la France.

Le Rassemblement national (en alliance avec Eric Ciotti de la Droite classique) a récolté 10 millions de voix au second tour (et un peu plus au premier tour). Il obtient pratiquement 40 députés dès le premier tour et les autres candidats font en général des scores très élevés.

Au premier tour, cela donne un peu moins de 34 % des suffrages exprimés, et au second tour c’est 37 % des suffrages exprimés. C’est énorme, largement de quoi obtenir naturellement une majorité et un gouvernement. Cela d’autant plus qu’il y a une hégémonie sur les thèmes qui sont mis en avant dans le débat public français : refus de l’immigration, inquiétude quand à l’insécurité, apathie culturelle, volonté de figer le capitalisme tel qu’il était au 20e siècle.

Seulement, le Rassemblement national se heurte à une France faible et fragile, incapable d’avoir un Jordan Bardella comme Premier ministre. Celui-ci est pourtant très consensuel et particulièrement peu radical, si on le compare aux différents leaders populistes à travers le monde. Ni dans ses propos, ni dans son attitude, il ne sort du cadre et il paraîtrait comme un modéré si on le mettait à côté de n’importe quelle figure de la Droite française des années 1980.

Mais c’est encore de trop pour une France devenue insignifiante. La petite bourgeoisie hystérique des centre-villes et des cités de banlieue a pu largement s’exprimer et inventer une menace « fasciste » et « raciste » pour exister et empêcher le Rassemblement National. Cela a été suivi par la bourgeoisie moderniste française, elle aussi des grandes villes, qui a espéré profiter de la situation pour se maintenir.

Dans ces conditions, le Rassemblement national et ses alliés n’a pu obtenir que 143 sièges : ce n’est même pas la moitié de ce qu’il lui faudrait pour gouverner ! Le décalage avec la situation politique réelle est donc gigantesque.

Et il faut bien noter cet aspect. Formellement, la France est entrée au cœur de la crise politique ouverte en réalité dès 2022 avec la faible majorité obtenue par Emmanuel Macron : la crise s’exprimant effectivement avec deux ans de retard, ont peut donc s’attendre à une énergie cinétique immense, notamment en termes de rancœurs accumulées.

Car il ne faut pas s’y tromper : la défaite politique du Rassemblement national, pour ne pas dire son échec, est une défaite populaire, et par bien des aspects, prolétarienne. Non pas que le parti de Marine Le Pen soit celui du prolétariat, seule la Gauche authentique peut le représenter et le Rassemblement national n’a rien de Gauche, n’étant qu’une forme moderne de Droite sociale et populiste. Mais il est évident que le prolétariat en France, faible, isolé, marginalisé culturellement et politiquement pendant des décennies, n’a pas pour l’instant pu trouver mieux que Jordan Bardella pour s’exprimer.

Et quand il l’a fait, il s’est pris une gifle monumentale, avec une absence de gouvernement malgré la dynamique politique et le nombre très important de suffrages. Jordan Bardella n’a pas pu faire la différence, car il est coincé par la situation elle-même : d’un côté il ne sort pas du cadre du capitalisme et de la soumission à la superpuissance américaine, donc il ne peut pas soulever de réelle vague populaire, d’un autre il assume beaucoup trop de choses, notamment des exigences d’ordre et de sécurité, pour que la France molle et décadente de 2024 soit capable de le mettre à sa tête.

Et ce qu’il se passe, c’est que personne n’est maintenant capable de gouverner. La seule option possible est une coalition de gouvernement, comme cela existe dans de nombreux pays. Mais c’est impossible en France, où il n’y a ni la rigueur, ni la discipline politique pour que cela fonctionne.

D’autant plus dans une situation de crise (économique notamment, avec une crise de la dette qui ne demande qu’à exploser à la figure du pays) et avec l’engagement militaire du pays contre la Russie.

Voici une projection faite par le Figaro, qui reste le grand journal le plus sérieux en France (ou disons, le moins décadent), avec une connaissance fine de la politique nationale. Cinq scénarios de coalitions sont envisagés, avec seulement un scénario comportant une réelle majorité.

On comprend tout de suite que cela est intenable. La France est en crise, au-delà de l’instabilité, c’est carrément une crise de régime qui se profile.

L’Histoire avance malgré les Français. Préparons-nous pour qu’elle avance avec eux, par la lutte de classes, pour le Socialisme!

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Guerre

Parlement : où est la voix du pacifisme à gauche ?

Perdue entre les social-patriotes et les euro-libéraux.

Mardi 26 juillet avait lieu devant la commission de défense de l’Assemblée nationale la présentation du futur projet de loi pour la ratification du protocole d’accession de la Suède et de la Finlande à l’OTAN.

C’est la députée de la majorité présidentielle Natalia Pouzyreff qui en tant que rapporteuse du projet de loi a énoncé devant les différents membres de la commission les enjeux de ces adhésions, reprenant de bout en bout la litanie américaine à propos de la « menace russe » et de la nécessité d’apporter soutien à l’adhésion des deux pays nordiques à l’OTAN.

Après avoir présenté vaguement la « contribution » militaire de ces deux pays à l’alliance atlantique, elle a dévoilé le principal objectif qui est l’ « apport de profondeur stratégique sur le flanc oriental », consistant en fait à accentuer une logique de bloc contre bloc, et donc l’engrenage belliciste.

Les présidents de chaque groupe parlementaire devaient à la suite de cette présentation exposer leurs positions en vue du prochain vote à l’Assemblée nationale le 2 août. La Gauche était en droit d’attendre la défense de positions pacifistes et internationalistes. Or, comme l’ont déjà montré les votes au Sénat des différentes groupes parlementaires de « gauche », rien de tout cela n’est ressorti et la NUPES révèle d’ailleurs ces craquements sur ce sujet si fondamental.

Pour Aurélien Saintoul, président du groupe LFI, il n’a fait que simplement regretter un « mécanisme de polarisation des relations internationales » qui ne serait pas dans l’intérêt des pays nordiques, ni dans celui de la France alors que leur adhésion à l’Union européenne et leur participation aux exercices de l’OTAN suffiraient à les protéger.

Mais le pire est sûrement les propos du député LFI Frédéric Mathieu qui, tout en dénonçant les positions pro-OTAN de la présidente du groupe EELV Anne le Hénanff et plus indirectement celle d’Isabelle Santiago, présidente du groupe PS, également pro-OTAN, fustige ces adhésions car cela renforcerait l’industrie militaire américaine, au détriment du complexe militaro-industriel français (pompeusement dénommé par son nom institutionnel « base industrielle technologique de défense » – BITD).

La paix et la solidarité entre les peuples, dans tout cela ? Pas un mot. La Gauche est inexistante dans cette affaire, puisque l’on a droit à un alignement chauvin sur la France, ou bien une position pro-OTAN, pro-UE par le PS et EELV, ce dernier par la voix de sa présidente Anne le Hénanff reprenant tout l’argumentaire de la propagande anti-russe.

Et malheureusement, comme on en a que trop l’habitude, c’est la démagogie d’extrême-droite qui réussit à dénoncer les arguments pro-OTAN tenus par la majorité présidentielle, même si le groupe préconise une bien timide abstention puisqu’au fond l’idée est surtout de pouvoir tisser une alliance militaire « autonome » avec ces pays nordiques.

Toujours est-il que seul Laurent Jacobelli, président du groupe RN, a rappelé que les deux pays nordiques étaient liés militairement depuis longtemps aux États-Unis, rappelant le « renoncement du programme militaire suédois dans les années 1980 fait en contrepartie d’une garantie d’assistance militaire par les États-Unis » et interprétant ces adhésions comme un « signal belliqueux envoyé à la Russie ».

Pire, bien pire car cela devrait être le B-A-BA d’une position de Gauche en relation avec un rejet franc de ce projet de loi, Laurent Jacobelli a eu ces propos en fin de commission :

N’oublions pas quand même que notre objectif, en tout cas je l’espère mes chers collègues, n’est pas la guerre et madame la rapporteur j’ai été, je le crois, assez étonné, même un peu surpris de vos propos, toujours précis et toujours très clairs, mais vous nous avez expliqué que l’on avait essayé la diplomatie, vous nous avez expliqué que l’on avait essayé les représailles économiques, que tout ça n’avait pas marché et qu’on avait un ennemi qui est la Russie. J’ai très peur de la troisième étape. Donc faisons attention aux éléments qui pourraient laisser imaginer que nous sommes dans une attitude de vouloir la troisième guerre mondiale

Évidemment, il ne faudrait pas tomber dans le piège tendu par l’extrême-droite qui est d’apparaître comme pacifiste pour mieux être populaire. On sait combien le RN souhaite redessiner un axe nationaliste pour la France, en partenariat notamment avec la Russie.

Et c’est cela qui est inquiétant car sans une dénonciation ferme du bellicisme pro-OTAN sur une base internationaliste, c’est un mauvais substitut qui triomphera dans une partie de l’opinion publique, à savoir le fascisme… Espérons que les députés PCF, visiblement absents lors de cette présentation à la commission, assumeront cela lors des débats à l’assemblée nationale le 2 août.

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Société

L’Assemblée nationale « consulte » sur le cannabis récréatif

Afin de forcer à la légalisation du cannabis, le gouvernement fait procéder à une « enquête » sur l’avis des gens.

Du 13 janvier au 28 février 2021, l’Assemblée nationale met en place une consultation en ligne, avec un questionnaire au sujet du « cannabis récréatif ». Notons immédiatement que rien que par ce terme de récréatif, même mis entre guillemets, l’Assemblée nationale tombe sous le coup de la loi en raison d’une présentation d’une drogue sous un jour favorable.

Mais il est bien loin le temps où le policier zélé, souvent obtus mais finalement avec raison, alpaguait quelqu’un pour le moindre symbole lié au cannabis sur un de ses habits. Désormais, le libéralisme libertaire du capitalisme élargit toujours davantage le champ des consommations et le cannabis fait partie des prochains terrains d’accumulation. Il l’est déjà avec les mafias, mais là il s’agit de passer à grande échelle, de proposer un loisir abrutissant de plus à la société toute entière.

Voici ce que cela donne dit dans le langage à la fois complètement hypocrite et administratif-technique de l’Assemblée nationale :

« Il s’agit, pour la mission, de dresser le bilan des politiques publiques menées en matière de prévention et de répression des trafics et usages du cannabis, de proposer un panorama des expériences étrangères de légalisation ou de dépénalisation et de contribuer à une réflexion sur l’éventuelle évolution du cadre réglementaire français relatif à cette substance. »

Les dés sont d’ailleurs tellement pipés que, dans le questionnaire, si l’on est pour la légalisation, on doit répondre à sept questions particulières, dont deux avec du texte libre, alors que si on est contre, on a deux questions seulement, dont une avec texte libre.

On aura compris qu’il s’agit de pousser à l’expression les tenants d’une légalisation et de faire passer ceux du maintien de l’interdiction pour des conservateurs bornés, dépassés, etc. Et il sera dit finalement, pour l’emporter : vous voyez, même des gens contre le cannabis considère que légaliser est la moins pire des solutions, etc.

Naturellement, il sera également expliqué que tous les partis sont d’accord là-dessus, que cela dépasse les orientations politiques, que c’est une question sociétale. Il sera ajouté comme cerise sur le gâteau les ressources fiscales et le tour sera joué.

Cependant, il y a heureusement une société qui n’a pas encore été délavée à ce point quant à la question du cannabis. Si la jeunesse des grandes villes est très favorable au cannabis, qu’elle voit comme relevant d’un mode de vie distancé et branché en même temps, le reste de la jeunesse n’y est nullement favorable. Et l’opposition au cannabis dans la société reste puissante dans un pays où les bonnes manières relèvent d’une tradition historique depuis le 17e siècle.

De plus, les Français ont assez de conscience sociale pour saisir la problématique. Tout le monde sait très bien que le cannabis est une fuite – une fuite contre l’anxiété, contre un malaise personnel et social. Il y a donc une compréhension de cette question et un refus de chercher à ostraciser. Mais accepter la légalisation en tant que telle, accepter le cannabis dans le panorama… là c’est carrément autre chose.

Reste qu’il faut une voix pour exprimer ce refus du cannabis. Et les digues sont toutes tombées à Gauche. Même Lutte Ouvrière est favorable à la dépénalisation, c’est dire ! Il faut dire que le cannabis fait partie du pack post-moderne aux côtés des LGBT, des migrants, des thèses « décoloniales », de la fascination identitaire pour la couleur de peau et les religions, etc.

Ce pack consiste en des thèses sociétales à l’anglo-saxonne pour empêcher celles de la Gauche historique de s’affirmer… mais on est en France, un pays où la lutte des classes a un grand patrimoine. Cela ne sera certainement pas aussi simple que cela pour le capitalisme qui veut faire passer dans la société son marché du cannabis. Et ce d’autant moins dans un contexte de crise où l’opération d’abrutissement des gens apparaîtra comme d’autant plus claire.

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Écologie

Cédric Villani et le «bien-être animal»: mensonge sur mensonge

En prétendant proposer une loi sur le « bien-être animal », Cédric Villani témoigne de tout un opportunisme sur cette question s’étant développé ces dernières années.

Le problème d’une société où les petits-bourgeois sont nombreux, c’est qu’ils se la ramènent particulièrement. Et plus ils ont des moyens, plus ils donnent des leçons. Ces dernières années auront mis les nerfs à rude épreuve en ce qui concerne les animaux.

On avait déjà eu Aymeric Caron comme chroniqueur parlant de manière ininterrompue de la question animale, se faisant valoir auprès des gens à ce sujet. Bon, au moins il est devenu vegan par la suite. Oui, par la suite, car on l’aura compris c’est Aymeric Caron d’abord, la réalité ensuite. La réalité lui a depuis appris que cela ne se passait pas ainsi et son egotrip l’a amené à une insignifiance complète. De figure nationale, il est passé au statut d’objet médiatique du passé. Vanitas vanitatum, omnia vanitas ! Vanité des vanités, tout est vanité !

On a aussi Aurélien Barreau, un astrophysicien prônant la décroissance et dénonçant la viande, immorale et polluante. Avec ses cheveux longs et ses bracelets indiens, cela change du style beau gosse d’Aymeric Caron. Enfin de la sincérité ! Enfin quelqu’un qui vit ses idées ! Si ce n’était qu’au milieu des bracelets, on trouve une Rolex, Aurélien Barreau les collectionnant. Il ne doit pas y voir une quelconque incohérence, car il se refuse pareillement à dénoncer l’expérimentation animale. De toutes façons maintenant ce qui compte c’est sa philosophie, sa poésie, ses discours sur des univers parallèles. La réalité ? Allons donc, elle ne vaut pas le coup !

On n’est pas gâté, tout de même. Alors, passons. Passons sur telle association de défense des animaux, millionnaire et médiatique, pour qui le véganisme n’est même pas un critère dans son organigramme de direction. Passons sur ces trois milliardaires ayant lancé le référendum sur les animaux, qui n’auront finalement amené ni argent, ni relais, ni réseaux, ni rien.

Passons tout cela, pour voir que tout cela est en définitive politique, et que la politique ne s’improvise pas. Surtout, on est dedans ou dehors, on en fait ou pas. C’est pour cela que les gens détestent la politique, ils pensent que c’est de la poudre aux yeux. Ils ont tort : une politique d’une Gauche authentique, historique, c’est une expression réelle de la base. Mais pour cela il faut se bouger, il faut prendre la parole, et la garder. Cela demande une implication, des responsabilités, sur le long terme.

Sinon, on laisse faire des gens comme Cédric Villani. Il a proposé une loi sur le bien-être animal, qui a été prétexte à deux heures de théâtre de boulevard à l’Assemblée jeudi 8 octobre 2020. Cela chahute, cela hue, cela raconte n’importe quoi, un socialiste cite la nouvelle encyclique du pape, le responsable du PCF s’agite comme un fou s’imaginant avoir un poids… C’est une caricature, c’est à la fois ridicule et sinistre, pathétique et surprenant.

Cédric Villani, bien entendu, s’en moque que sa proposition de loi n’a pas été votée. Il est là pour faire carrière. Député de l’Essonne, il a essayé de devenir maire de Paris et a totalement échoué. Alors il fait comme les actrices américaines : pour se faire bien voir, il parle des animaux.

Et il appartient au groupe Écologie, démocratie et solidarité, une fausse scission de LREM qui sert à faire passer en contre-bande les réformes tout en prétendant qu’elles ne sont pas du gouvernement. Comme cela par la suite le groupe bidon peut appeler à voter Emmanuel Macron, malgré son « opposition ». Les figures importantes de LREM ont d’ailleurs souligné qu’il serait rediscuté de la proposition de loi.

Et Cédric Villani avait prévenu déjà que sa proposition de loi était du Emmanuel Macron au carré :

« Cette proposition ne vise ni à interdire la chasse, ni à interdire l’élevage. Elle souhaite mettre fin aux pratiques les plus cruelles et conforter la France dans son statut de grande nation d’élevage et d’agriculture, mettant en valeur sa qualité, son respect de l’environnement et la compétitivité de ses éleveurs. »

Tout cela est vain, ridicule, et on se passerait même de le constater s’il n’était la réalité des animaux. La situation empire chaque jour, mais il est prétendu qu’il y a des améliorations, qu’il y en aura. C’est aussi vain que celui qui ramasse une bouteille en plastique dans un parc et s’imagine un rebelle changeant le monde. Car il ne change rien du tout et le monde garde ses fondements, entraînant inexorablement… la nécessité de tout renverser.

Pour cela il ne faut toutefois pas être un petit-bourgeois, il faut de l’envergure. C’est peut-être à cela qu’on voit qui est réellement de Gauche et qui soutient vraiment les animaux : à l’envergure des sentiments, des exigences, du sens de l’urgence.

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Société

L’Assemblée nationale fait de l’enfant une marchandise en adoptant (de nouveau) la «PMA pour toutes»

La « PMA pour toutes », c’est le capitalisme triomphant tellement qu’il en arrive à faire de l’enfant une marchandise. Pire, le capitalisme fera payer cela à la collectivité, en faisant rembourser cet acte de consommation par la sécurité sociale.

La Procréation médicalement assistée (PMA) est une technique permettant aux couples ayant un problème de santé d’y remédier. On peut être contre éventuellement, mais il s’agit en tout cas de médecine et c’est pour cela que la sécurité sociale est concernée.

Tel n’est pas le cas avec l’élargissement le la PMA, votée pour la seconde fois par l’Assemblée nationale mercredi 29 juillet 2020. Il s’agit cette fois de consommation d’enfant.

Une femme ne peut pas avoir d’enfant seule, non pas en raison d’une maladie ou d’un problème de santé, mais pour des raisons biologiques, que l’on apprend aux enfants au collège. La PMA n’y change rien puisque dans tous les cas, il y a la fécondation de l’ovule d’une femme par un spermatozoïde produit par un homme.

L’article 1 de la loi de bioéthique élargissant l’accès à la PMA ne change rien à la réalité des femmes, car elles ne peuvent toujours pas avoir un enfant sans hommes. Cependant, il détourne une technique de sa finalité médicale en la mettant à disposition d’une consommatrice à qui l’on vend le sperme d’un homme ainsi que la technique pour la féconder.

L’article du projet de loi voté en seconde lecture par l’Assemblée nationale est très vicieux dans sa formulation. Il est parlé de « couple » et de « projet parental », avec l’idée de mettre les femmes seules ou en couple de deux femmes sur le même plan qu’un couple formé d’un homme et d’une femme ayant un problème sanitaire empêchant la fécondation.

Il est ainsi dit :

« L’assistance médicale à la procréation est destinée à répondre à un projet parental. Tout couple formé d’un homme et d’une femme ou de deux femmes ou toute femme non mariée ont accès à l’assistance médicale à la procréation […]. »

Cela est une énorme escroquerie sur le plan intellectuel, car il s’agit de deux choses tout à fait différentes ; les députés se couvrent de honte en inscrivant une telle aberration dans la loi française (ils n’étaient d’ailleurs que 66 à voter pour cette loi, 27 contre et 3 abstentions). Dans le premier cas, on a un acte naturel d’accouplement qui est aidé par la médecine. Dans le second cas, il y a un mensonge légal consistant à prétendre qu’il puisse y avoir un enfant sans père.

Parler de « projet parental » pour une femme seule ou un couple de deux femmes, c’est effectivement le mensonge d’un enfant sans père. C’est dénaturer un mot, en lui ôtant tout rapport avec la réalité biologique.

La parentalité, en ce qui concerne la procréation, c’est le fait pour un enfant d’avoir un père et une mère, et inversement c’est le fait pour un homme et une femme d’être parents d’un enfant. Point. Un « projet parental » pour une femme seule ou pour un couple de femme, cela n’existe pas, c’est impossible, c’est un non-sens.

Ce qui existe par contre, c’est la consommation d’enfant et c’est uniquement de cela qu’il s’agit avec « l’extension » de la PMA aux femmes seules et aux couples de deux femmes. Il est reconnu à celles-ci le « droit » de se voir payer par la collectivité (avec la sécurité sociale) l’achat du sperme d’un homme et de tout le processus d’insémination, en vue d’avoir un enfant. L’enfant n’est plus qu’une marchandise auquel on aurait droit.

Cette marchandisation des enfants va aller de plus en plus loin, car les gens défendant de telles choses sont de véritables barbares. Déjà, il a été voté (et refusé heureusement) la possibilité pour une femme d’être fécondé par le sperme de son compagnon… décédé. Certains ont même proposé l’élargissement la PMA aux transgenres (des femmes se prétendant « homme »).

Il y a également eu la tentative d’autoriser la « Ropa », c’est-à-dire le fait pour une femme de se voir implanter l’embryon conçu avec les ovocytes de sa compagne, grâce au spermatozoïde d’un homme.

C’est là une porte ouverte, très grande ouverte même, à la GPA, la gestation pour autrui. La « Ropa » fut rejetée heureusement, à 78 voix contre 31. Mais le sujet est sur la table et le capitalisme va maintenant pousser très fort en ce sens, au nom du droit à la consommation.

Tout le monde sait d’ailleurs très bien comment cela va se passer. L’article 1 du projet de loi de bioéthique a tout prévu, car il est précisé :

« Cet accès ne peut faire l’objet d’aucune différence de traitement, notamment au regard du statut matrimonial ou de l’orientation sexuelle des demandeurs. »

Il sera donc parlé de discrimination pour les couples d’hommes homosexuels dans leur « projet parental », et cela mènera inévitablement à la GPA. De toutes façons, la GPA existe déjà en France, car le Droit est torpillé par des grands bourgeois y ayant recours à l’étranger puis l’imposant dans le pays.

Les rapports marchands sont plus importants que les lois dans un pays capitaliste comme la France. En fait, les lois sont façonnés en fonction de ces rapports capitalistes eux-mêmes. C’est contre cela qu’est la Gauche, qui veut un ordre nouveau pour que le Droit triomphe vraiment, et donc sur une base populaire.

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Société

Extension de la PMA : l’absence d’une opposition de gauche à l’Assemblée nationale

Le débat parlementaire sur le projet de loi bioéthique est très intense, avec pas moins de 587 amendements déposés sur l’article premier concernant l’extension de la PMA. Au lieu d’être à l’avant-garde de l’opposition, la « Gauche » représentée à l’hémicycle se fait l’accompagnatrice forcenée du libéralisme – ce sont d’autres forces qui, malheureusement, s’accaparent et détournent les valeurs qu’elle devrait porter.

Ce sont surtout la Droite et l’extrême-Droite qui mènent l’opposition à l’extension de la PMA. C’est là quelque-chose de terrible car cela renforce leur hégémonie culturelle sur la société française et leur apparente crédibilité aux yeux des classes populaires.

Il ne faut pas être dupe ici : si beaucoup de Français n’étaient jusque-là pas opposés à l’extension de la PMA, car ils sont très perméables au libéralisme, ce n’était pas pour autant un soutien engagé. Mais quand on rentre au cœur du sujet, quand les vraies questions sont posées, alors les arguments contre la PMA touchent largement la population et tout le monde le sait.

Marine Le Pen s’en donne donc ici à cœur joie pour apparaître démocratique, s’accaparant la morale populaire, rappelant des choses fondamentales : « on ne peut pas naître de deux mères » et le projet de loi revient à « mettre en place un mensonge légal » en faisant croire qu’il n’y a plus de père.

La députée RN se paye même le luxe de préciser qu’elle pense que deux femmes peuvent très bien élever un enfant, ainsi que deux hommes – il faudrait effectivement être très réactionnaire et pétris de certitudes conservatrices pour penser l’inverse.

On a dans le même genre les propos du député Joachim Son-Forget, une personnalité très complexe, brillante mais tourmentée, qui penche vers la Droite. Rappelant avoir apprécié le discours de Marine Le Pen soutenant « l’intérêt premier de l’enfant », il explique alors :

« Les faits sont tenaces. Je ne peux pas entendre que la biologie n’existe pas et que seul l’environnement compte. Je sais que j’ai les yeux bridés, que j’ai une couleur de peau qui fait que quand je croise des Coréens, ils me reconnaissent, étant d’origine coréenne.

Je sais qu’au fond de moi, je suis probablement un bon Haut-marnais, bien de ma campagne haut-marnaise. C’est tout cela qui cohabite en moi. Donc, on ne saurait nier l’un, pour accepter l’autre. Les faits sont vraiment tenaces. »

C’est la même rengaine anti-PMA du côté de la Droite traditionnelle, qui explique en long, en large et en travers en quoi tout cela mène évidemment à l’autorisation de la GPA. Le député LR Arnaud Viala a par exemple reproché au gouvernement et à la majorité de « mentir aux Français », tellement le projet de loi porte en lui « une ouverture presque immédiate » de la GPA.

Rien de tout cela chez les députés liés à la fausse Gauche, celle qui est post-industrielle et post-moderne, qui a pour seul horizon d’accompagner le libéralisme prenant le masque du « progrès » et des « droits ». Des socialistes ont même déposé des amendements réclamant l’autorisation de la PMA post-mortem, alors que le PS a de son côté produit un communiqué pour dénoncer les opposants :

« Celles et ceux qui s’opposent à ce texte continuent malheureusement d’ignorer les familles homoparentales qui vivent dans notre pays et de s’opposer aux droits des femmes. »

Il y a même des fous furieux qui veulent pousser encore plus loin le projet en prônant l’ouverture de la PMA à des soi-disant « hommes transgenres ». Cela aboutirait donc à ce que des personnes ayant voulu être identifiée comme « homme » à l’état civil deviennent… mère !

On nage en plein délire, mais c’est pourtant très sérieusement que cela a été discuté en commission, sous la présidence de l’ancien socialiste Jean-Louis Touraine. Il y a également des propositions de fécondation in vitro dite ROPA, c’est-à-dire le fait de féconder l’ovocyte d’une des femmes d’un couple lesbien puis de faire porter l’enfant à l’autre femme, histoire de faire comme s’il y avait vraiment « deux mamans »…

Ironie du sort, c’est du côté de La République en marche qu’il faut se tourner pour trouver un propos sérieux ayant un minimum de dimension. Ou plutôt, ex-LREM, car la députée Agnès Thill a été exclue du mouvement en juin suite à ses prises de positions allant «  à l’encontre de la Charte et des valeurs inclusives du Mouvement ».

On notera ici qu’avant d’atterrir chez Emmanuel Macron, elle a été membre du Parti socialiste dans les années 1980 et qu’elle est fille d’ouvrier. Ce qu’elle dit dans l’extrait ci-dessous, c’est exactement le genre de propos que devraient avoir des députés vraiment à Gauche, pour s’opposer à l’extension de la PMA :

« Votre loi, Madame la Ministre, est criminelle. C’est souffrance contre souffrance. Il ne faudra pas dire « cette France-là a été humiliée ». Votre loi, c’est s’offrir un être humain. On ne s’offre pas un être humain, Madame la Ministre. Un être humain n’est ni un objet, ni un projet, ni une promesse de campagne.

Loin d’abolir les inégalités, votre loi les aggrave. Votre loi soulève des questions de marchandisation du vivant, d’eugénisme, de sélection, le dévoiement du sens de la médecine et la voie du design de l’enfant parfait « comme nous le voulons » que vous déverrouillez. Au delà des bornes, il n’y a plus de bornes.

Ce n’est pas le droit qui refuse un enfant à ces femmes, c’est la biologie. Il n’y a ni discrimination, ni inégalité et vous le savez très bien. L’affirmer à longueur de média c’est mentir et manipuler l’opinion. La liberté si fièrement revendiquée n’est qu’une liberté de consommateurs. Des Français accèdent au hard-discount reproductif, qu’il faudra reconnaître en France.

Si la PMA, la congélation ovocytaire, le DPI, la recherche sur embryon, si tout cela existe, c’est aussi parce qu’elle enrichit médecins, généticiens, biologistes, patrons de start-up, juristes, avocats, banquiers en sperme et en ovule. Et vous faites semblant de ne pas le voir !

Aidez l’autre, voyez-vous, et vous le savez, c’est l’aider à accompagner ses limites. C’est l’aider à accepter ses limites et vivre avec. Ce n’est pas dépasser le possible humain. On ne peut décemment pas destituer la figure paternelle au motif que des nouvelles familles apparaissent. »

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Acte XIII des gilets jaunes : un 9 février 2019 au goût de 6 février 1934

Presque en phase avec le 85e anniversaire de la tentative de coup d’État fasciste du 6 février 1934, les gilets jaunes ont essayé pareillement de forcer l’entrée de l’Assemblée nationale. Est-il vraiment encore possible de dire que les gilets jaunes ne sont pas un mouvement de type pré-fasciste ou fasciste ?

L’acte XIII des gilets jaunes était un défi pour eux, puisque c’était la première mobilisation après que la CGT se soit lancé elle aussi dans un mouvement parallèle. Ce dernier n’a pas eu d’ampleur autre qu’habituelle ; quant aux gilets jaunes, ils restent fidèles à eux-mêmes, avec encore et toujours ces drames propres à un mouvement chaotique et velléitaire, jouant avec le feu de la révolte de manière désordonnée.

Un manifestant a ainsi eu la main arrachée devant l’Assemblée nationale : ce photographe « gilet jaune » prenait les photos des manifestants cherchant à forcer les palissades empêchant l’accès à l’Assemblée et a commis l’étonnante et très lourde erreur de repousser de la main une grenade de désencerclement tombé à ses pieds.

Forcer l’accès à l’Assemblée nationale ! Est-ce qu’on sait ce que cela signifie ? Que contrairement aux mensonges des populistes et de l’ultra-gauche, les gilets jaunes ne dépassent pas l’horizon pré-fasciste ou fasciste. Il ne se tournent pas vers la question sociale. Ils n’adoptent pas les traits relevant de la lutte des classes. Ils ne s’ouvrent pas aux questions d’idéologie, de politique, de culture, de projet social. Ils sont résolument extérieurs à la Gauche et ils comptent bien le rester. Ils sont un mouvement contestataire, mais de Droite.

Car il est des symboles en politique et peu importe même que les gilets jaunes sachent ou non que le 6 février 1934, l’extrême-droite ait cherché le coup de force en essayant de prendre l’assaut de l’Assemblée nationale. Ce moment critique a été suivi, comme on le sait, de l’unité immédiate des ouvriers communistes et socialistes afin de mobiliser sur une base antifasciste ; il en découlera le Front populaire, né de l’unité de toute la Gauche, à la base.

L’antiparlementarisme est une valeur étrangère à la Gauche et celle-ci a toujours su à quoi s’en tenir avec ceux qui dénonçaient les « voleurs », le « parlement », la « république », le « complot » des « élites », etc. Le mot d’ordre des gilets jaunes « On lâchera rien tant que Macron et la 5e république ne seront pas destitués ! » ne peut avoir aucun rapport avec la Gauche. On peut penser ce qu’on veut de l’Assemblée nationale et vouloir, si on le souhaite, un pays de Soviets. Mais jamais la Gauche n’a fait de l’antiparlementarisme le vecteur de son message. Qu’on soit pour le parlement ou qu’on pense que ce n’est qu’une marionnette du capitalisme, dans tous les cas l’antiparlementarisme est l’expression de forces anti-démocratiques.

L’attaque du Parlement ne peut avoir été menée que par des gens objectivement au service du populisme, de la Droite « révolutionnaire ». On notera également, non pas l’incendie d’une Porsche car cela n’est guère critiquable pour le fond symbolique de la chose, mais celui d’un véhicule de la mission Vigipirate sous la Tour Eiffel, ce qui pour le coup relève de la stupidité politique la plus totale.

Tout cela montre par ailleurs de la fuite en avant de la part de ceux qui cherchent à contourner la politique, la Gauche, le peuple. Plus le mouvement régresse numériquement, plus sa charge « ultra » est forte pour compenser. Les faits sont là : le nombre de manifestants s’estompe, contrairement aux prévisions fantasmagorique des populistes, de l’ultra-gauche et même de la CGT, qui s’imaginaient que le mouvement ayant « continué », il allait connaître un saut qualitatif.

Il y a eu 6 000 personnes à Toulouse, 4 000 personnes à Paris, Bordeaux et Lyon, 1 500 à Lille, Marseille et Montpellier ou encore 1 000 à Clermont-Ferrand.