Le socialisme doit se comprendre comme un retour à la Nature et si on regarde le passé, on peut constater que les solstices étaient célébrés dans de nombreuses peuplades primitives, puis à travers l’animisme cosmique jusqu’à l’arrivée des grands monothéismes.
Même si c’était idéaliste comme démarche, il n’en reste pas moins qu’il y avait la tentative de comprendre l’univers, de se considérer comme lié à lui, d’en faire partie.
La Nature c’est le cosmos, et pour la vie sur terre sa manifestation la plus importante est le soleil dont on à l’impression, si l’on n’a pas la science, qu’il va et qu’il vient chaque jour avec une inclinaison qui varie lentement tout au long de ce qui forme une année.
Durant l’antiquité, cela correspondait à un ordre cosmique dont on ne savait pas s’il était permanent, il y avait la peur que le soleil ne se lève plus par exemple. On comprend ainsi pourquoi on peut retrouver des traces très anciennes d’observation d’éclipses ou comment des nuits prolongées à cause des fumées de volcans pouvaient créer la panique et l’incompréhension.
Quoiqu’il en soit, il était compris et traduit sous forme de divinité que du soleil dépendait le sort des êtres humains.
Et plus la science progresse plus on est obligé de voir que nous sommes et nous resteront des enfants du soleil. Et comme la plupart des espèces vivantes, notre organisme se rythme en fonction de lui. Notre santé est meilleure si nous nous réveillons avec lui et nous couchons en même temps que lui (même si techniquement nous devrions dire que nous vivons avec la rotation de la terre).
Et pour les espèces nocturnes ce sera l’inverse, mais toujours avec le soleil comme référent. Il faut ici d’ailleurs souligner que de par son mode de vie empiétant sur la vie des animaux sauvages, l’être humain a poussé de nombreuses espèces à changer leur rythme de vie, à préférer vivre la nuit pour éviter notamment les risques lié au trafic routier, mais aussi de la chasse, ou les nuisances liées à la randonnée, l’agriculture, etc.
Le soleil est donc un des grands dénominateurs commun de la planète Terre comme biosphère et il faut le fêter justement pour rapprocher les humains des autres êtres vivants et les réconcilier avec leur nature profonde, puis fêter cette réconciliation.
Lors de la rotation de la terre autour du soleil et sur elle-même, il y a donc deux moments clefs symboliques concernant la présence du soleil en une journée. Le jour le plus long, le 21 juin après quoi les journées raccourcissent et le jour le plus court, correspondant au 21 décembre après quoi elles se rallongent.
Ce n’est pas un hasard si le choix pour placer la fête de la musique, initiée en France, en 1982 sous François Mitterrand, est allé sur la date du solstice d’été (même si dans l’idée d’origine elle devait avoir lieu le jour de chaque solstice). Un jour où l’on peut profiter du jour longtemps, d’une température agréable pour rester dehors, fêter, dans une espèce de célébration collective, l’art musical qui transcende l’humanité. Si l’idée est belle et universelle, notons que le capitalisme en décadence a rendu cette fête moche et consommatrice.
Inversement, le jour le plus court se caractérise par une célébration familiale, autour de la figure de la nature, à travers l’arbre qui se met au repos, qui donna le sapin de Noël, symbole resté dans la fête chrétienne fêtée à peu près au même moment.
La célébration de l’arbre comme symbole de la constance de la Vie se retrouve dans de nombreuses cultures, que ce soit nordique, égyptienne, hébraïque, ou encore romaine où le solstice d’hiver donnait lieu aux grandes fêtes dites saturnales sur plusieurs jours. On fête à la fois la Nature au repos et la renaissance, puisqu’à partir de ce jour, les journées se rallongent et l’on se rapproche du printemps.
Le symbole de l’arbre doit rester mais il doit sortir des maisons et du cercle familial. Déjà parce que son utilisation intensive va dans le sens d’une destruction de la Nature, c’est non conforme à l’esprit de sa célébration. Ensuite parce qu’en renfermant sur la famille, on rate la dimension collective de la fête et souvent dans ce cadre on ne peut pas être soi-même.
Il faudrait au contraire que les éléments centraux de cette fête de nuit soient l’arbre puisant la vie de ses racines et les astres brillants dans le ciel d’hiver. L’arbre serait dans un grand parc, il pourrait être vieux ou jeune ou planté avec ravissement lors de l’avènement de la nouvelle société et on y viendrait en famille, retrouver d’autres familles pour le décorer et y déguster des spécialités à base d’orange, ou des Bredele, ces petits biscuits sucrés d’Alsace.
Imaginer le déroulement de ces fêtes, voilà qui devrait stimuler l’âme d’artiste qui sommeille en chacun. La révolution n’est pas un dîner de gala, et un des grands chamboulement, c’est de réveiller cette possibilité de création festive, universelle et collective et se battre pour la réaliser.