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« Que vaut la vie de Morgan puisque rien ne change ? »

« Tous complices. »

Voici le communiqué du collectif Un jour un chasseur suite au procès du chasseur ayant tué Morgan Keane. Ce collectif a été fondé par des amis à lui et relaie régulièrement des témoignages de comportements abusifs liés à la chasse.

« Que vaut la vie de Morgan puisque rien ne change ?

Aujourd’hui, quatre jours seulement après les annonces du gouvernement d’un “plan chasse” vide de mesures réellement efficaces, a été prononcé le verdict du procès de Julien Féral et Laurent Lapergue, les deux chasseurs jugés pour la mort de notre ami Morgan, le 2 décembre 2020.

Alors que l’opportunité avait été donnée au tribunal de prononcer des peines exemplaires et fortes, les réquisitions du procureur n’ont été suivies qu’en partie (six mois fermes et une interdiction de chasser à vie pour les deux chasseurs) :

Julien Féral, le tireur, a été condamné à 2 ans de prison avec sursis et une interdiction de chasser à vie.

Laurent Lapergue a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et un retrait de permis de chasser pendant 5 ans.

La fédération des chasseurs du Lot a été reconnue partie civile et touchera un euro à titre de dommages et intérêts.

Aucun des deux chasseurs ne mettra un pied en prison, et le directeur de la battue qualifiée de « désorganisée et loufoque » par l’avocat des parties civiles pourra reprendre les armes en toute légalité d’ici cinq ans.

Et pourtant, lors du procès qui s’est tenu le 17 novembre dernier, Laurent Lapergue a répété, avec aplomb et sans jamais se remettre en question, que la battue était « parfaitement maîtrisée » et qu’il n’avait commis aucune erreur, malgré les faits qui l’accablent.

Peut-on accepter qu’un homme qui a omis de faire respecter des règles de sécurité élémentaires alors qu’il en avait la responsabilité et qui estime avoir suivi la procédure habituelle, puisse, dans quelques années, tenir à nouveau une arme entre les mains ?

Nous prônons le retrait définitif du permis de chasser pour tout chasseur ayant commis une négligence, que celle-ci ait entraîné ou non la mort ou des blessures. Lorsqu’on a dans les mains une arme mortelle à plus de trois kilomètres, on n’a pas le droit à l’erreur.

Chasser n’est pas un droit, c’est un loisir non nécessaire qui ne justifie en aucun cas de mettre en danger la vie d’autrui.

Ce serait trop simple de laisser seul sur le banc des accusés l’auteur du tir qui a tué Morgan.

Comme l’a souligné le procureur de la République lors du procès, « si Julien Féral a appuyé sur la gâchette, Laurent Lapergue lui a tenu le canon. » Mais ce ne sont pas les seuls responsables.

Que dire en effet du ministère de l’Écologie qui avait autorisé la chasse par dérogation en plein confinement et qui continue de refuser de prendre de vraies mesures pour protéger les Français ?

De l’État, qui investit des amateurs d’une mission d’intérêt général au prétexte de devoir réguler les populations d’ongulés, tout en se pliant aux exigences du lobby des chasseurs, en méprisant la volonté de plus de 80% de la population ?

Du ministère de l’Intérieur, qui autorise la détention d’armes de chasse, sans contrôle de l’aptitude physique et psychologique ni des compétences de maniement de leur possesseur ?

Du laxisme du gouvernement et des juges, qui ne condamnent toujours pas les chasseurs à la hauteur des délits commis ?

Tous complices. »

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Société

Le chasseur qui a tué Morgan Keane n’ira pas en prison

L’impunité est totale.

Le 2 décembre 2020 en fin d’après-midi, un chasseur tuait Morgan Keane, Franco-Britannique de 25 ans. Le jeune homme était derrière chez lui, sur son terrain situé dans un hameau à Calvignac dans le Lot, à couper du bois. Le chasseur, venu de l’Aveyron pour participer à une battue, a volontairement tiré sur Morgan Keane, car il l’avait pris pour un sanglier.

C’est une faute grave, très grave, mais pas suffisamment grave du point de vue de la Justice française, qui considère que cela ne mérite pas de prison. Le tribunal correctionnel de Cahors a en effet rendu sa décision jeudi 12 janvier 2023 : deux ans de prisons avec sursis, autrement dit rien du tout ! La prison avec sursis, cela signifie pas de prison du tout.

Bien sûr, le chasseur est interdit de chasse à vie, mais c’est là la moindre des choses. En réalité, c’est une condamnation pour la forme, qui répond évidemment à une motivation politico-culturelle. En France, la chasse est sacrée, alors il est hors de question d’attaquer ses bases, ses fondements.

Si la Justice condamnait sévèrement, alors elle ébranlait tout l’édifice de la chasse en France, reconnaissant de fait qu’il s’agit d’une activité dangereuse pour la société, et pas seulement pour les animaux.

Alors, du point de vue du tribunal correctionnel de Cahors, il a été considéré qu’il s’agissait d’un accident, que le prévenu n’était coupable finalement que d’une négligence malheureuse et qu’une petite peine « pour la forme » était suffisante. Ainsi la chasse est préservée, sa nature n’est pas remise en cause.

D’ailleurs, il s’agissait d’un tribunal correctionnel, donc pour juger un délit. Pourtant, il aurait fallu une cours d’assise, pour juger un crime.

Faire usage de son arme ainsi, sans avoir « bien identifié la cible » comme l’a reconnu le prévenu à l’audience, est criminel. On ne peut pas considérer que la conséquence de cet acte soit simplement accidentelle… A moins de sanctuariser la chasse, de considérer qu’il faille absolument laisser des tas de gens à peine formés se balader avec des armes dans les campagnes pour tuer des animaux, quitte à ce qu’il y ait de rares accidents avec des humains.

Du côté du procureur, censé représenter les intérêts de la société, on retrouve la même mansuétude à l’égard du chasseur ayant tué Morgan Kean. Seulement 6 mois de prison ferme avaient été requis.

En ce qui concerne l’organisateur de la chasse ce jour-là, on retrouve exactement la même impunité. La Justice reconnaît la faute du directeur de chasse, soulevant de nombreuses irrégularités dont le fait d’avoir posté là où il était le chasseur ayant tué Morgan Kean. Elle considère que cela doit être condamné, mais pareillement, seulement à de la prison avec sursis (18 mois), donc pas de prison du tout.

Son permis de chasse ne lui est d’ailleurs pas définitivement retiré : dans 5 ans, il pourra retourner dans la nature avec son fusil pour tuer des animaux. De toutes façons, cette personne considère, comme expliqué devant le juge, que ce jour-là la battue qu’il dirigeait était tout à fait maîtrisée… Rien que pour avoir dit cela, il mériterait de la prison!

Ce jugement est clairement odieux, proprement scandaleux. Mais il est dans l’ordre des choses. La Justice française est à l’image de la société française. Molle, formaliste, tournée vers le passé, incapable d’envergure culturelle, ni de profondeur morale, en particulier lorsqu’il s’agit du rapport aux animaux, à la Nature.

Il faut le dire : la chasse est une arriération qu’il faut abolir, tant pour les animaux que pour le vivre-ensemble dans les campagnes. Morgan Keane ne fût pas une simple victime collatérale de cette activité, il est la victime d’un vieux monde ignoble qu’il faut dépasser le plus vite possible pour rentrer enfin dans le futur, celui du Socialisme, celui du dépassement de la contradiction entre les villes et les campagnes, entre l’humanité et la Nature !

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Débat public : soutien gouvernemental aux chasseurs

Le débat public lancé a eu comme conclusion le renforcement des chasseurs.

La Fédération nationale des chasseurs revendique 5 millions de porteurs du permis de chasse en France, dont 1,1 millions de pratiquants. D’autres chiffres parlent de 900 000 pratiquants, mais dans tous les cas la France est le pays européen où il y a le plus de chasseurs. Dans la région Centre-Val de Loire, c’est 5,18% de la population qui chasse et il y a sur le territoire national 70 000 associations de chasse organisées par 500 000 bénévoles et 1500 salariés.

La chasse est en France une activité solidement implantée, représentant une force culture et sociale très importante, dépassant largement ces 5 millions de personnes ayant le permis. Le régime en place n’entend certainement pas se confronter à ces gens, qui représentent pour lui l’assurance d’une arriération sociale et culturelle dans les campagnes, faisant que l’ordre établi ne risquera pas d’être bousculé.

Les randonneurs et les cyclistes peuvent vouloir changer le monde, éventuellement. Pas les chasseurs, qui sont l’expression même du vieux monde.

Alors, malgré quelques protestations, malgré quelques humains tués par accidents chaque année (8 la saison précédente, dont 6 chasseurs), malgré l’absurdité qu’il y a à laisser des types se balader avec des armes létales dans les champs et les forêts, au bord des routes, pour satisfaire un loisir consistant en le fait d’assassiner gratuitement des animaux, il n’y a aucune limitation de la chasse. Bien au contraire.

Récemment, diverses associations (surtout France nature environnement et la Ligue de Protection des Oiseaux) avaient posé dans le débat public la question de l’interdiction de la chasse un jour par semaine. Un jour par semaine… c’est dire le manque d’ambition et d’espoir.

Et la conclusion de ce débat est un échec total de la part de ces associations, avec maintenant des effets néfastes qui seront pires que les petites améliorations souhaitées pour les randonneurs et les cyclistes.

La chasse sort totalement renforcée de ce débat public, ou plutôt pseudo-débat public, car en réalité la France est léthargique, plus personne ne s’intéressant à rien et ne débattant sur rien. Toujours est-il que le gouvernement s’est prononcé sur le sujet lundi 9 janvier 2023 à l’occasion d’un déplacement de la secrétaire d’État chargée de l’Écologie à Dry, dans le Loiret, en région Centre-Val de Loire. « Chez » les chasseurs, donc.

Bérangère Couillard a expliqué… que rien ne changera pour les chasseurs, si ce n’est de leur garantir qu’ils pourront exercer durablement leur loisir macabre. Il avait été question, ou plutôt c’était souhaité par quelques associations, de l’instauration d’un jour sans chasse pendant la saison, le samedi ou le dimanche.

C’est hors de question dit le gouvernement, dont le patron, Emmanuel Macron, est ami avec le patron des chasseurs, Willy Schraen. Les chasseurs peuvent continuer à chasser quand ils veulent, quasiment à n’importe quelle heure, presque à la tombée de la nuit pour les jours les plus courts de l’hiver.

Sans ça, les chasseurs se seraient fâchés, avait prévenu Willy Schraen en disant à propos de l’interdiction de la chasse le dimanche :

« Je ne vous donne pas cinq ans et vous avez la ruralité à feu et à sang. »

L’emploi du terme de « ruralité » est ici une véritable escroquerie, pour désigner en fait des gens pratiquant leur « loisir » avec des fusils, donc du matériel très moderne, fabriqué dans des usines, se déplaçant systématiquement en voiture, donc dans du matériel fabriqué également dans des usines, faisant leur course dans des supermarchés, regardant tout un tas d’idioties très « urbaines » à la télévision, etc.

En tous cas, le voilà rassuré, si tant est qu’il eut peur… Les animaux des campagnes continueront à subir le feu et connaître le sang 7 jours sur 7. Le gouvernement français s’y engage.

Pour moderniser la chose toutefois, la secrétaire d’État a annoncé quatre mesures : l’amélioration de la formation sur la sécurité et le maniement des armes, la création d’une plateforme numérique pour visualiser les chasses, le retrait du permis de chasse en cas d’accident grave, la création d’une contravention pour alcoolémie.

Beaucoup de gens apprendront donc que, pour l’instant, il n’y a pas de retrait systématique du permis en cas d’accident grave et que la chasse sous l’emprise de l’alcool n’est pas interdite ! Vu de l’étranger, de quasiment n’importe où en Europe, cette situation paraîtra hallucinante. La France est un pays profondément arriéré sur le plan des mœurs et de l’organisation de la vie en collectivité.

Au milieu de tous cela, il y a les animaux, dont tout le monde se fiche, urbains comme ruraux. C’est là une véritable « clef » culturelle. Si on ne s’intéresse pas aux animaux, si on ne prend pas largement et du plus profond de soi, le parti des animaux, alors rien ne changera en France.

Il faut bousculer ce vieux monde et cela commencera inévitablement en France par le fait de se confronter ouvertement aux chasseurs, 7 jours sur 7 et 365 jours par an.

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Société

18 septembre 2021 : chasseurs, anti-pass… des dizaines de milliers de beaufs partout en France

C’est marginal, mais suffisamment puissant pour inquiéter.

Le samedi 18 septembre 2021 a été, comme les samedi précédents, l’occasion de défilés nombreux partout dans le pays. Certes, les anti pass-sanitaire et leurs soutient populistes ou d’ultra-gauche ont raté leur « rentrée ». Ils n’ont pas produit cette grande vague contestatrice attendue et sont de moins en moins nombreux. 80 000 personnes pour cette fois, avec 199 cortèges dans tous le pays.

Ils restent toutefois nombreux et surtout très constants dans leur acharnement anti-social à refuser les mesures sanitaires. On notera d’ailleurs l’incroyable nombre annoncé de 3000 personnels de santé ayant préféré la suspension (donc pas de salaire) à la vaccination. C’est énorme.

Mais ce n’est pas tout puisqu’il y avait également, le même jour, 42 000 chasseurs ou pro-chasse défilant, au nom soit-disant de la ruralité. En fait de ruralité, ces gens assument une mentalité arriéré et barbare, avec en l’espèce la défense de l’horrible chasse à la glu (interdite récemment en France).

16 000 personnes à Mont-de-Marsan, 12 000 à Amiens, 10 000 à Redon, 5000 à Forcalquier ou Caen sont descendus dans la rue en gilet orange fluo pour revendiquer une posture anti-culture et ouvertement beauf. C’est littéralement un grondement de droite qui souffle à l’arrière-plan en France, avec des figures notoires tels le candidats à la présidentiel Xavier Bertrand (qui est aussi président de la région Hauts-de-France) pour soutenir les chasseurs.

Amiens est à ce titre vraiment exemplaire, car cela devrait être un puissant bastion de la Gauche historique en raison de son caractère essentiellement populaire, et c’est en pratique une base pour une posture réactionnaire pesante, arriérée, passive.

De manière générale, de toutes façons, avec les anti-sociaux contre les mesures sanitaires et les chasseurs contre la culture, le fond de l’air ne sent vraiment pas bon en France. Faut-il s’attendre à un « mai 1968 » de droite, d’autant plus avec la vague nationaliste qui se profile avec l’hostilité anti-américaine suite au revers à propos des sous-marins australien ?

C’est en tous cas un sujet que la Gauche doit prendre très au sérieux. Et il faut rappeler ici deux clefs essentiels, qui permettent de distinguer efficacement ce qui est positif et négatif: la question des alliances militaristes pour le repartage du monde, la question animale.

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30 millions d’amis: sauvetage de chiens de chasse

Lundi 9 novembre, la fondation 30 millions d’amis a publié une vidéo émouvante au sujet de sept chiens de chasse qu’elle a recueilli dans l’un de ses refuges. Ces chiens sont arrivés dans un état misérable, témoin du mépris que leur portaient leurs anciens maîtres.

Les images du premier chien descendant du camion montrent à quel point ces animaux n’étaient considérés que comme de vulgaires outils pour les chasseurs : perte de poil massive (vermine), rougeurs, pus autour des yeux, maigreur, puces, inflammations aux oreilles… Ils ont littéralement la peau sur les os ! Un des chiens ne pèsent que 27 kilogrammes alors qu’il devrait en peser entre 35 et 40.

chien, peau abîmée

Ces chiens vivaient dans des conditions déplorables : pas d’abris pour les protéger du vent, de la pluie et du soleil, sur de tout petit terrains… Malheureusement, de telles conditions de vie réduisent sensiblement leur espérance de vie : aucun ne peut vivre longtemps sans d’abris, sans soins vétérinaires, et sans nourriture suffisante. Mais l’enfer c’est arrêté à temps pour ceux-là.

« Il n’y a aucun entretien de chien. On leur donne juste de quoi survivre et c’est tout »

Et pourtant, les personnes de 30 millions d’amis constatent tout de suite :

« Ce sont des chiens qui n’ont aucune rancune envers l’Homme, c’est ça qui est terrible. C’est l’Homme qui les fait devenir comme ça, mais ils n’ont aucune rancune. »

Terrible et en même temps cette attitude montre encore une fois à quel point l’humanité est corrompue moralement. L’humanité est capable de se déchiqueter à coups de sabre, de fusils et de bombes parce que l’Autre a le malheur d’être né du mauvais côté d’une frontière, tandis que ces chiens ne cherchent qu’à vivre une vie heureuse et donner leur confiance.

Malgré la peur qu’ils doivent ressentir face à ce changement de décor, l’arrivée de nouvelles personnes, ils se laissent caresser et emmener vers l’infirmerie puis leur nouveau box sans aucun problème. L’équipe arrive à leur faire un shampoing afin de traiter une peau abîmée et leur offrir l’amour qu’ils n’ont probablement pas ou très peu connu.

chien jouant

L’un des chiens avait la peau tellement fragile que lui passer un shampoing l’a fait saigner, très légèrement certes mais il faut essayer de s’imaginer l’état de sa peau pour en arriver là. Dans le même ordre d’idée, le personnel du refuge ne leur donne pas des doses de nourriture complète d’un coup pour éviter qu’ils ne mangent trop d’un coup et que cela leur cause des soucis de santé… Une première ration à leur arrivée, une autre plus tard dans la journée, ceci afin que leur corps s’habitue au changement à recevoir suffisamment de nourriture. Ils peuvent commencer à vivre une vie de chien épanouie, et plus seulement essayer de survivre entre deux périodes de chasse.

Bien entendu, les chasseurs ont vite réagi dans les commentaire de la vidéo pour expliquer que tous les chasseurs ne sont pas comme ça, qu’il s’agit d’une minorité, qu’eux aiment leurs chiens, etc. Ils les aiment tellement que les histoires de chiens maltraités sont loin d’être exceptionnelles. Et ils les aiment tellement qu’ils préfèrent prendre la défense de la chasse plutôt que de se montrer ferme envers ceux qui les maltraitent.

Mais qu’attendre de ces gens pratiquant un loisir barbare ? Il est grand temps que l’ancien monde disparaisse. Que les chasseurs qui ne sont pas capables d’une prise de conscience disparaissent avec. À la Gauche d’être à la hauteur en ce XXIe siècle !

chien en train de manger

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Politique

Oui, Willy Schraen, la «guerre civile»!

Dans son interview au Journal du Dimanche, le président des chasseurs Willy Schraen menace : on va vers la « guerre civile » s’il continue à y avoir les graines de la « grande révolution animaliste ». Ce qu’il exprime ici, c’est sa terreur devant la lutte de classes, qui ne peut que renverser le régime.

Willy Schraen est un bourgeois comme on en fait plus, un bourgeois capable de flairer la menace subversive, à l’ancienne, comme les gaullistes savaient le faire. C’est que les gaullistes étaient cultivés, très cultivés même, alors que la bourgeoisie d’aujourd’hui est simplement utilitariste ; sa culture s’est ratatinée, ses connaissances sont factices et il n’y a plus que l’idéologie de la consommation débridée, dont l’art contemporain avec toute sa vacuité est le plus grand symbole.

Willy Schraen, lui, a compris que hors du gaullisme point de salut : il faut une Droite populaire, solidement appuyée sur le conformisme de la France profonde, pour que le régime capitaliste puisse avoir en France de solides fondements. Alors, il est en grand stress, car il est en train de s’apercevoir que ce que Mai 1968 avait échoué à faire, notre époque le réalise. C’est tout le mode de vie français « à l’ancienne » qui se voit ébranlé, voire remis en cause.

De par son sens de l’Histoire, Willy Schraen a compris que tout est alors une question de vision du monde. Et pour lui il est encore temps, urgemment temps même, d’assécher l’émergence d’une vision du monde raisonnant en termes de planète et ne considérant pas les animaux comme des ressources. Si on ne le fait pas… le conflit est inévitable.

En ce sens, il a tout à fait raison, et la Gauche, s’appuyant sur ses fondamentaux historiques, doit simplement reprendre à l’inverse, ses propos au Journal du Dimanche du 16 août 2020 :

« Aujourd’hui, ses tentatives malsaines [à Nicolas Hulot] de rattrapage en essayant de faire passer le Covid pour un cri d’alerte de la biodiversité, c’est du racolage idéologique.

C’est semer les graines d’une tempête qui emportera tout. A ce rythme, on aura une guerre civile (…).

Elle [= l’écologie] va s’essouffler car à un moment on ne pourra pas toucher au pré carré vital des Français. Le bon sens et la raison vont revenir.

Cette grande révolution animaliste n’aura pas lieu.

Quand ils iront mieux, on pourra se poser autour d’une table. Je serai heureux d’y participer car j’ai une vraie vision écologique. »

Il est évident que le Covid-19 est le produit d’une crise de la biodiversité, que les chasseurs sont des figures du passé, que le rapport aux animaux doit être changé, que le « pré carré vital des Français » n’est que le masque d’un mode de vie individualiste consommateur toujours plus vide dans son contenu culturel et toujours plus empli d’exploitation, d’aliénation, de souffrances morales, psychologiques et physiques.

Alors, oui, Willy Schraen, la « guerre civile », ou plus exactement la révolution est inévitable. Car le monde ne restera pas tel qu’il est, car le changement complet des mentalités est nécessaire, car la planète est malade d’une humanité qui a totalement perdu toute orientation intellectuelle, culturelle, morale.

Et pour cette guerre civile, il y a deux camps qui s’appellent simplement : la Gauche et la Droite.

> Lire également : Le ministre de la justice Eric Dupond-Moretti en duo avec le chef des chasseurs Willy Schraen

 

 

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Le ministre de la justice Eric Dupond-Moretti en duo avec le chef des chasseurs Willy Schraen

La nomination de l’avocat Eric Dupond-Moretti avait surpris, mais en dénonçant agressivement les anti-chasse, on a compris le sens du coup tactique par Emmanuel Macron.

Le Journal du Dimanche a depuis longtemps une orientation pro-Macron, comme quoi le groupe Lagardère l’apprécie particulièrement. Ce dimanche, le « JDD » a lancé une double offensive :

– une interview de Willy Schraen, le président des chasseurs, où celui-ci souligne sa proximité avec le régime ;

– la « révélation » que le ministre de la justice a écrit la préface d’un ouvrage de Willy Schraen prochainement publié, en prenant entièrement partie pour les chasseurs.

Le « JDD » n’a pas oublié deux choses, signe qu’il agit de manière commandée. Tout d’abord, il parle de l’affaire Elisa Pilarski, tuée en novembre 2019, en disant que les résultat des tests ADN sur les chiens seront disponibles fin août, en insistant bien que la famille d’Elisa Pilarski ne veut pas qu’on incrimine la chasse à courre en général.

Ensuite, il donne la parole aux organisateurs du « référendum pour les animaux » pour une petite tribune appelant à ne pas voir la démocratie se voir confisquée. C’est que la récolte des signatures pour la possibilité de ce référendum patine grave, la tribune constatant avec amertume qu’en fait le personnel politique est structurée à l’arrière-plan sans qu’on le sache :

« Nous nous étonnons que le président du Sénat assure, dans une lettre au président de la Fédération des associations de chasseurs aux chiens courants, que nous nous sommes procurée, son « attention quant à l’avenir que pourrait connaître » ce référendum. »

La naïveté des milliardaires ayant lancé cette idée de référendum – Xavier Niel (Free), Marc Simoncini (Meetic) et Jacques-Antoine Granjon (Veepee, ex-Vente-privee.com) – est ici assez surprenante. Elle tient sans doute à ce qu’il s’agisse de nouveaux bourgeois, né sur le terrain de la modernité technologique et coupé de la bourgeoisie traditionnelle.

Surtout que l’on sait désormais que le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, est ouvertement pro-chasse, lui-même pratiquant la « fauconnerie ». Dans sa préface à l’ouvrage de Willy Schraen, il y va fort, comme on l’apprend par le Journal du Dimanche : les tenants de défense des animaux seraient des « illuminés », des « intégristes », il s’agit d’un « extrémisme », les chasseurs doivent « relever la tête ».

En allusion aux autodafés nazisme et au barbecue de viande en même temps, Eric Dupond-Moretti dit même avec provocation que :

« Ce livre, les ayatollahs de l’écologie s’en serviront pour allumer le barbecue où ils cuiront leurs steaks de soja. »

Le « JDD » nous dit que ces propos datent d’avant sa nomination. Cependant, il aurait alors fallu bloquer la préface après que la nomination ait eu lieu. En réalité, il s’agit d’une annonce politique : les chasseurs peuvent y aller, les partisans de la défense des animaux vont se faire isoler et punir. On comprend qu’Eric Dupond-Moretti soit pour briser tout le système juridique : ce qu’il veut, c’est d’une « justice » aux ordres du régime, qui annonce où cogner.

Quant à Willy Schraen, qui publie donc « Un chasseur en campagne », ses propos dans l’interview au « JDD » sont assez typiques, c’est-à-dire subtilement politique, très doué tactiquement, et totalement réactionnaire, avec une propension à l’outrance et à la volonté de détruire. Bref, c’est du Willy Schraen.

La maîtrise est complète et le populisme total. Il dit ainsi plusieurs fois « nous les ruraux ». Le reste est à l’avenant : « la France rurale a l’impression d’être fortement humiliée », « on va maintenir la chasse à la glu » (quel que soit l’avis du gouvernement), « il ne faut pas donner [le ministère de] l’écologie aux écologistes », « Hulot a failli mettre le pays à feu et à sang », le référendum pour les animaux est un « totalitarisme de la rue », etc.

Son lyrisme est parfaitement rodé et soit l’interview a été retravaillée à de nombreuses reprises, soit c’est un fin orateur, d’esprit assez baroque il faut le dire :

« On est en train de créer un nouvel ordre moral, une sorte de tribunal populaire écologiste animaliste. Cette écologie ressemble à l’Inquisition. On veut nous crucifier.

Ces gens nous expliquent que l’animal et l’homme ne font qu’un. Je suis désolé mais le poisson rouge dans le bocal de mon fils, ce n’est pas mon frère. Dire qu’il faut un ministère de la Condition animale, c’est de la folie furieuse. »

Dénoncer l’Inquisition tout en faisant une allusion à la crucifixion du Christ juste après, cela demande un certain style. Et, donc, tout en niant un quelconque « pacte », Willy Schraen avoue avoir soutenu Emmanuel Macron aux élections européennes et avoir cherché à contrer les gilets jaunes.

Emmanuel Macron qui a nommé ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, Eric Dupond-Moretti qui a écrit la préface de l’ouvrage de Willy Schraen avant d’être nommé. Willy Schraen qui connaît bien Emmanuel Macron. Tel est le nom de la nouvelle trinité : le Père Emmanuel Macron, le Fils Eric Dupond-Moretti et celui qui se veut Saint-Esprit : Willy Schraen.

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AVA: «La chasse à courre contre la démocratie»

Voici le communiqué d’AVA France, qui mène depuis plusieurs années un combat démocratique et populaire contre la chasse à courre. AVA est impliqué dans l’initiative du Référendum pour les animaux et dénonce ici l’attitude particulièrement agressive et anti-démocratique des chasseurs à courre voulant étouffer toutes voix n’allant pas dans leurs sens.

« ⚔️ LA CHASSE A COURRE CONTRE LA DÉMOCRATIE ⚜️

Depuis l’annonce du Référendum pour les Animaux, les tenants de la chasse à courre déploient tout l’arsenal qu’on leur connaît pour faire barrage à l’expression du peuple.

Sur les réseaux sociaux, les personnalités qui se sont prononcées pour cette initiative sont prises pour cible : Julien Courbet, Cauet, Pierre Niney, Nicola Sirkis, Nagui sont harcelés de messages injurieux sous leurs publications.
Les parlementaires qui ont choisi publiquement de soutenir le projet référendaire reçoivent quant à eux des SMS et des e-mails mensongers pour qu’ils retirent leur nom des listes. Quelques-uns hésitent désormais à se montrer. Mais malgré cette atmosphère, le nombre de soutiens dans la société civile et parmi les élus continue de grimper de jour en jour. Il ne manque plus qu’une cinquantaine de parlementaires pour déclencher le processus du Référendum d’Initiative Partagée ! 👍

La chasse à courre, pratique portée par une des franges les plus réactionnaires des classes dominantes actuelles, ne peut être abolie que grâce à une mobilisation massive de la population, d' »en bas », tellement les rouages de l’Etat sont pris dans la rouille des lobbies et le clientélisme des notables locaux. 🗣👥

C’est en tous cas l’option qu’a choisi AVA, plaçant une confiance totale dans la volonté de la population, accélérant son organisation. 📣

La route est peut-être encore longue, et les forces qui tiennent cette pratique détestée de tous encore vives. En Angleterre, dans les mois qui ont précédé l’abolition de la chasse à courre, des députés avaient du être placés sous protection policière suite à des menaces venant du monde de la vénerie. Soyons certains qu’ils nous réservent encore des choses ici aussi.

Cet épisode raconte un peu plus ce qu’est, et ce qu’aura été, la chasse à courre, ses valeurs et ce qu’elle aura représenté comme force sociale néfaste dans notre société.

Vivement l’abolition ! 🌳🏡👨‍👩‍👧‍👦

➡️ La situation vue par la presse : https://www.ladepeche.fr/…/les-defenseurs-de-la-chasse-a-co…
➡️ Pour suivre l’avancée du projet : https://twitter.com/RIPanimaux »

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Aspas : « URGENT : L’état s’apprête à autoriser le massacre de 2 millions d’animaux ! »

L’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) lance un message d’alerte contre le projet d’arrêté du gouvernement fixant les listes et les modalités de massacre des animaux considérés comme nuisibles. Il y a la possibilité de donner son avis sur la consultation publique officielle jusqu’à ce jeudi 27 juin 2019 à minuit.

L’association dénonce des mesures autant cruelles qu’inutiles, qui sont en fait directement réclamée par les chasseurs pour justifier leur « loisir » morbide.

Voici le communiqué de l’Aspas qui contient le lien pour participer à la consultation :

« URGENT : L’Etat s’apprête à autoriser le massacre de 2 millions d’animaux !

Le ministre de la Transition écologique et solidaire consulte le public sur le nouveau projet d’arrêté fixant pour les 3 prochaines années les listes et les modalités de « destruction des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (anciennement dits « nuisibles ») dans chaque département de France.

Envoyez votre avis avant le 27 juin minuit via le formulaire situé en bas de la page qui présente le projet d’arrêté.

JE PARTICIPE

Les nouveaux condamnés à mort

Renards, fouines, martres, putois, belettes, corneilles, corbeaux freux, étourneaux, pies, geais : tous ont le malheureux point commun de figurer malgré eux sur la nouvelle « liste de la mort » du Ministère, établie tous les 3 ans. Si l’on se fie aux bilans de piégeage réalisés de 2015 à 2018, ce seraient plus de 2 millions d’animaux sauvages qui pourraient être à nouveau tués, piégés, déterrés d’ici le 30 juin 2022 !

Selon la loi, une espèce peut être classée « susceptible d’occasionner des dégâts » dans un département pour protéger la santé et la sécurité publiques, la faune et la flore sauvages, les activités agricoles, forestières et aquacoles et la propriété en général.

Mis à part une légère amélioration du sort de la fouine, dont le piégeage serait autorisé dans 68 départements (contre 79 précédemment), de l’étourneau (36 départements contre 44) et dans une moindre mesure du corbeau freux (56 contre 58) et de la corneille noire (82 contre 84), le projet d’arrêté est un quasi copier-coller de l’arrêté en vigueur depuis le 1er juillet 2015… Les choses sont même pires pour le renard, puisqu’il redeviendrait « destructible » en Savoie, ainsi que dans… 90 autres départements de France !

Le Ministère de la Transition (de l’Immobilisme) écologique, n’a décidément d’yeux et d’oreilles que pour le lobby chasse, et continue à tourner le dos aux associations de protection animale qui ne cessent de dénoncer l’absurdité de tels classements, qui vont à l’encontre de toutes les études scientifiques sérieuses.

Seule bonne nouvelle : le nombre de piégeurs et de chasseurs diminue d’année en année, et les Français sont de plus en plus sensibilisés à la cause animale et au respect de la biodiversité en général, une pression citoyenne qui finira bien par faire éclater la petite bulle de destructeurs qui lutte pour la survie de ses intérêts macabres.

Les positions de l’ASPAS

L’ASPAS s’oppose de manière générale à la destruction illimitée d’espèces animales autochtones. En plus d’être inutiles, ces abattages portent atteinte aux équilibres écosystémiques et sont à l’origine de souffrances eu égard aux modes d’abattage et aux périodes d’abattage autorisées (pièges non sélectifs et mutilants, déterrage pour le renard, abattage en période d’élevage des jeunes, etc.).

Concernant ce projet en particulier, l’ASPAS demande :

  • l’interdiction du déterrage du renard,
  • l’arrêt total du piégeage et du tir de la belette et du putois dans les rares départements qui l’autorisent encore,
  • la reconnaissance du rôle bénéfique de toutes ces espèces dans les écosystèmes et vis-à-vis des activités humaines,
  • une refonte de la procédure de classement qui est une instruction à charge menée par les chasseurs et dont les données sont invérifiables,
  • l’impossibilité de tuer ces espèces pour satisfaire les intérêts liés à la chasse,
  • la mise en œuvre de méthodes alternatives à la destruction pour toutes les espèces,
  • un zonage beaucoup plus précis de l’interdiction de tuer ces espèces en dehors des activités sensibles à leur présence.

Une refonte de notre rapport à la faune commune

Si la notion de « nuisible » a enfin définitivement disparu de nos textes en 2018, ce projet démontre que dans les faits, rien n’a changé. Ce projet reprend mot pour mot les termes de l’arrêté de 2015 qu’il est censé remplacer. Les abattages pourront continuer avec les mêmes méthodes dans quasiment les mêmes départements. Naturellement présentes dans le milieu naturel, ces espèces participent aux équilibres des écosystèmes, et sont bénéfiques aux activités humaines en prédatant d’autres espèces animales ou en disséminant des végétaux. Pour la plupart, elles jouent un rôle de police sanitaire en débarrassant la nature de cadavres d’animaux, évitant ainsi la propagation de maladies.

Des modes de destruction barbares, non sélectifs, aux conséquences non contrôlées

Ce projet d’arrêté continue à autoriser le piégeage de l’ensemble des espèces toute l’année ainsi que le déterrage du renard. Or les pièges tuants, qui provoquent la mort de l’animal dès sa capture ou après de longues minutes de souffrance, sont toujours autorisés en France malgré les risques que cela fait courir aux espèces non ciblées, potentiellement protégées, et aux animaux domestiques.
Le déterrage, quant à lui, engendre des heures de souffrances pour le renard traqué, et pour sa portée lorsque le déterrage a lieu en pleine période d’élevage des jeunes. Ces pratiques barbares et non sélectives devraient être interdites.

En outre, les destructions induisent nécessairement une réponse comportementale des animaux visés : ceux-ci peuvent se déplacer, adapter leur fécondité ou encore laisser une place libre que d’autres animaux vont rapidement occuper. Ces réponses rendent les destructions inutiles, voire contre-productives (propagation de maladies du fait du déplacement d’animaux porteurs d’un germe fuyant les destructions, élevage des jeunes rendu plus facile du fait de l’élimination d’animaux parasites augmentant ainsi les populations, etc.). Les pouvoirs publics, conseillés par le monde cynégétique, continuent d’appliquer des méthodes d’apprenti-sorcier, sources de grande souffrance, sans en étudier les conséquences sur le comportement des animaux.

Des prédateurs naturels tués pour satisfaire le plaisir des chasseurs

L’ASPAS l’a longtemps dénoncé, et certains tribunaux l’ont même sanctionné. Pourtant, aujourd’hui, le ministère l’assume et l’écrit noir sur blanc : les prédateurs naturels peuvent être tués pour protéger le gibier des chasseurs. Cet arrêté prévoit en effet que renard, pie bavarde, belette et autres mustélidés peuvent être tués à proximité des enclos destinés aux lâchers de gibier et dans les territoires où les chasseurs mènent des actions pour favoriser leur gibier préféré. Autant de zones dans lesquelles nos prédateurs naturels sont inévitablement attirés par une nourriture abondante et facilement accessible car peu habituée à la vie sauvage. Un simple loisir, qui plus est aussi funeste que la chasse, ne devrait pas primer sur la préservation de notre patrimoine naturel.

Protéger les activités plutôt que détruire une espèce animale

Les mustélidés peuvent être piégés uniquement à proximité de certaines activités, mais tirés en tout lieu. Le renard peut être tiré partout, mais uniquement près des élevages avicoles à partir du 31 mars. L’étourneau sansonnet peut être tiré uniquement près de certaines cultures, mais être piégé partout. Le geai des chênes peut être piégé dans les vergers et vignobles mais tiré partout, etc. Exceptée la pie bavarde qui ne peut être tuée qu’à proximité de certaines activités quel que soit le mode de destruction choisi, les espèces peuvent être détruites indépendamment des activités à protéger, même dans des lieux où aucun dégât n’a été causé, et même dans des lieux où aucun dégât n’est susceptible d’être causé. L’objectif est donc de détruire un spécimen de l’espèce parce qu’il appartient à cette espèce, et non de trouver une solution à un problème posé par la présence de cet individu. Il est temps de recentrer les réflexions sur les moyens techniques à développer pour protéger efficacement et dans la durée certaines activités, plutôt que de privilégier le recours au fusil, facile mais inutile et dénué de toute éthique.

Des méthodes alternatives obligatoires mais incontrôlables

Les oiseaux sont protégés par la directive « Oiseaux », la martre et le putois par la directive « Habitats ». À ce titre, leur destruction ne peut être autorisée qu’après recherche, étude et mise en œuvre infructueuse de méthodes alternatives qui permettraient de protéger les activités humaines au moins aussi efficacement que leur destruction. Pourtant, ce projet n’impose pas que la réalité de cette mise en œuvre soit constatée par une personne indépendante, laissant à chacun la responsabilité de respecter les dispositions européennes. Or la difficulté à initier ces alternatives et la facilité de recourir aux armes n’incitent pas les acteurs à préférer la méthode douce, pourtant plus efficace que la destruction.

Campagnols : une lutte naturelle reconnue mais non exploitée

Ce projet entérine l’interdiction de tuer des renards et des mustélidés dans les zones où sont mises en œuvre des luttes chimiques contre les campagnols, reconnaissant ainsi le rôle d’auxiliaires que peuvent jouer ces petits prédateurs. Cependant, la lutte chimique est toujours de rigueur, ce qui présente le problème de l’utilisation de substances nocives en pleine nature et favorise l’ingestion de poisons par les prédateurs de campagnols. En outre, lutte naturelle et lutte chimique coexistent alors que la lutte naturelle est bien plus efficace en amont des pics de pulluation, soit avant que la lutte chimique ne soit engagée.

Interdire l’utilisation des armes en pleine ville

La destruction à tir des mustélidés est interdite dans les zones urbanisées. Pour des questions de sécurité évidentes, cette interdiction devrait être étendue à toutes les espèces.

Le renard, une espèce classée partout en France

Le renard est classé dans 91 départements (contre 90 la saison précédente, contrairement à ce qu’écrit le ministère). Cette espèce autochtone peut donc être détruite par piégeage et déterrage sur la quasi-totalité du territoire français. Pourtant, cette espèce joue un rôle utile sur les populations de certains micro-mammifères et contre la propagation de maladies en éliminant cadavres et animaux malades.

Les dégâts causés aux poulaillers interviennent en général sur des installations vétustes qui ne sont pas correctement protégées, et ne justifient pas le classement du renard partout en France.

Le tort réel de cette espèce prédatrice et opportuniste est de s’attaquer un peu trop souvent au « gibier » des chasseurs, qui voient en elle une concurrente insupportable.

Vous pouvez exprimer votre opinion en vous inspirant de ces éléments, mais un point de vue personnalisé aura plus de poids que plusieurs avis reprenant le même modèle, au mot près. 

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Politique

Le Saint-Hubert Club de France et ses conservateurs révolutionnaires

Le Saint-Hubert club de France, fondé en 1902, défraie la chronique chez les dirigeants des chasseurs par son positionnement élitiste et conservateur révolutionnaire digne des années 1920-1930. Le légitimisme pro-terroir et pro-notables trouve ici un concurrent vigoureux et très ambitieux, tourné vers la Russie et l’idéologie conquérante paneuropéenne.

L’Opinion est un quotidien de droite à la fois conservatrice et libérale, un peu comme le RPR de par le passé. Il a publié un article très intéressant : « Flirt d’extrême droite au plus vieux club de chasse de France ». Toute personne s’intéressant à la chasse doit le lire.

L’affaire concerne le Saint-Hubert club de France, la plus ancienne association de chasse en France, installée carrément dans la Maison de la chasse et de la nature à Paris où elle fait même des dîners. Pour le résumer sommairement, l’idée est la suivante : cette association assume entièrement la substance ultra-conservatrice et ultra-élitiste de la démarche de la chasse.

Or, cela va totalement à l’encontre de la démarche populiste-conservatrice de la direction des chasseurs. Et donc, le 10 avril 2019, le dîner caritatif de l’association au restaurant Chez Françoise, à côté de l’Assemblée nationale », a tourné à l’affrontement idéologique. On remarquera au passage que L’Opinion, en passant, nomme certaines personnes présentes :

« Parmi les convives qui lèvent leur verre, on aperçoit Jean-Frédéric Poisson, patron du Parti Chrétien-Démocrate ex-allié de Nicolas Dupont-Aignan ; le préfet Henri-Michel Comet, remercié dans le Rhône par Gérard Collomb, ou encore Patrick Gentil, industriel de la Sarthe passionné de chasse à l’ours dans l’Extrême-Orient russe. »

Willi Schraen, président de la Fédération Nationale des Chasseurs, est membre de l’association. Y était-il ? En tout cas, donc, Thierry Coste, conseiller chasse et ruralité d’Emmanuel Macron, et grand lobbyiste de la chasse, « venu à titre exceptionnel », a exigé que soit mis un terme au positionnement non directement populaire et légitimiste par rapport à l’État.

Cela s’est mal passé et le dîner a été fui par certains, alors que parmi les chants des convives restants, on a pu entendre, selon des témoins s’exprimant au quotidien L’Opinion:

« La Royale, hymne de l’Action française, ou le chant allemand des Fallschirmjäger, les parachutistes de la Wehrmacht »

L’article précise également que le dirigeant de l’association, Henri de Grossouvre, est un homme des réseaux russes et serbes, partisan d’une affirmation paneuropéenne par un axe Paris-Berlin-Moscou. On apprend également que le numéro deux de l’association a un profil correspondant à tout cela :

« Guillaume Beaumont organise des chasses au domaine du Naon, à Souesmes (Loir-et-Cher). Thierry Légier, ancien de l’Action française et proche de Jean-Marie Le Pen, en est un habitué. En décembre 2017, une battue a réuni Marion Maréchal, Jean-Frédéric Poisson et Louis-Alphonse de Bourbon, l’arrière-petit-fils de Franco. »

On a compris l’ambiance. La chasse, vecteur idéologique ultra-réactionnaire, a donc catalysé la formation d’un noyau dur idéologique rassemblant des gens de la haute société. On a le même schéma que dans l’Allemagne des années 1920 ou la France des années 1930, avec des milieux grands bourgeois qu’on peut désigner comme « conservateurs révolutionnaires ».

Ce noyau dur a pris la direction du Saint-Hubert club de France et va, on l’a compris, servir de levier pour interpeller la grande bourgeoisie dans son ensemble et la pousser dans la « solution » qu’est l’alliance de la droite conservatrice à la Marion Maréchal avec la droite populiste-démagogique de Marine Le Pen, pour « remettre de l’ordre ».

Ce n’est évidemment pas du goût des grands bourgeois légitimistes, préférant asseoir l’ancrage dans les institutions et n’ayant pas besoin d’une révolution conservatrice. C’est cela l’arrière-plan du conflit et la publication de l’article à ce sujet par L’Opinion est une torpille des seconds envoyés à destination des premiers.

Même si, du point de vue de la Gauche, les uns ne valent pas mieux que les autres, il serait totalement erroné de ne pas saisir leur contradiction relative et de ne pas saisir ce que cela signifie pour combattre tant l’un que l’autre, en cernant bien leur différence et surtout leur importance dans le processus de lutte contre la chasse.

L’opposition entre Willi Schraen le légitimiste et Henri de Grossouvre le conservateur révolutionnaire a un sens historique et on peut d’ailleurs être certain que les ultras-réactionnaires se renforceront toujours plus. Il faut bien saisir comment le terrain est mouvant et combien est importante la lutte pour gagner le plus de masses possibles contre les réactionnaires !

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Écologie

« Pendons les écolos tant qu’il reste des arbres »

Les chasseurs n’hésitent pas à employer la manière forte, car ils se considèrent comme porteurs des vraies valeurs, celles du terroir. Inextricablement liés au pétainisme comme idéologie de la territorialisation du conservatisme le plus poussé, ils assument ouvertement qu’ils sont prêts à détruire leurs opposants.

« Pendons les écolos »

Que cette photographie ait été prise à un rassemblement organisé par des partisans de la chasse à courre, le 30 mars 2019, n’étonnera nullement. La chasse à courre a été le prétexte pour les chasseurs à un branle-bas de combat à la fois général et agressif. Les troupes sont motivées et le slogan « Pendons les écolos tant qu’il reste des arbres » témoigne bien de leur agressivité.

On a donc de l’humour noir. Résumant l’écologie à une panique parce que les arbres disparaîtraient en France (ce qui est une réduction sciemment stupide), il y a l’idée de pendre les écologistes, de les supprimer physiquement. L’image du pendu est très clair et l’ensemble est indubitablement un appel à la violence.

Ce n’est pas une simple « provocation ». Dans les forêts, contre les activistes anti-chasse à courre, la violence est déjà de mise. Voitures aux pneus crevés, personnes menacées (y compris de violences sexuelles), tabassées… les forces réactionnaires de notre pays sont très vivaces. Elles savent frapper, elles le font. Et leur public, arriéré dans tous les domaines de l’épanouissement personnel en termes culturels, suit.

Cela ne surprendra personne ayant une compréhension de ce qu’est une civilisation. La grossièreté, la brutalité, le refus complet de l’intelligence, le rejet total de la culture, le mépris pour la civilisation, la dénonciation de la compassion, l’hostilité à l’empathie… Voilà ce qui caractérisent les chasseurs, à différents degrés. Cela affleure dès qu’ils s’expriment, dès qu’ils ont quelque chose à dire.

Si on laisse ces personnes prendre le contrôle total du pays, on ferme les musées, on ferme les opéras, on fume où on veut quand on veut dans un pays où la limitation de vitesse sur les routes est supprimé. On supprime les impôts et toutes les taxes sur l’essence. Les chasseurs, ce sont nos Donald Trump à nous, et les gilets jaunes correspondent directement à cet état d’arriération de la société française.

Une arriération déjà moquée par les Inconnus il y a de cela quelques décennies déjà…

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Écologie

Le « Calais Vegan Festival » annulé sous la pression réactionnaire

Le festival devait rassembler plusieurs centaines de visiteurs autour du mode de vie vegan (c’est-à-dire exempt de toute exploitation animale). Les visiteurs devaient, d’après le site internet de l’association, « découvrir des stands de nourriture, boissons, mode, décoration, hygiène, beauté, associations, etc. »

Les organisateurs ont dû annuler l’événement pour des raisons matérielles. Ils se sont purement trouvés privés de lieu. La mairie, propriétaire de la salle, a décidé d’en annuler la location.

La Mairie de Calais s’explique au travers d’un communiqué lapidaire. Elle dit avoir reçu des informations laissant penser que des troubles à l’ordre public étaient à craindre. C’est donc pour des raisons de sécurité qu’elle a décidé d’annuler l’évènement.

Elle précise, de manière assez maladroite, que la décision n’a rien à voir avec la nature du salon, c’est-à-dire avec le veganisme. Or, si la Mairie a reçu des menaces, c’est bien par rapport au thème du salon, c’est évidemment en raison du veganisme, sinon pourquoi ?

L’arrière-plan est d’ailleurs donné, sans filtre, par les perturbateurs eux-mêmes. Ainsi, le président du syndicat patronal des bouchers-charcutiers traiteurs du Nord endosse publiquement (ses propos sont repris par le journal Libération) la responsabilité des menaces en réaffirmant l’intention de « l’ensemble des acteurs autour de l’alimentation » d’aller « au contact » des vegans.

Les organisateurs comme les participants annoncés à l’événement (qui s’apparente plus à un salon professionnel qu’à un rassemblement d’activistes) rejettent quant à eux toute intention violente.

L’éditorialiste du journal local Nord Littoral avait, début juillet, annoncé la tenue du salon. Il rappelait le contexte tendu quelques jours après que les bouchers aient demandé la protection du Ministère de l’Intérieur suite à des dégradations volontaires de boutiques à Lille. Le journaliste en appelait naïvement au vivre-ensemble et concluait par une pirouette se voulant humoristique : « si vous n’êtes pas vegan, n’en faites pas un steak! »

A la lecture de ces lignes, le président de la fédération nationale des chasseurs avait réagi le jour-même avec virulence sur les réseaux sociaux. Il se positionnait sur le terrain politique de l’opposition au véganisme, lançant un appel du pied aux commerçants liés à la question animale.

La décision municipale ayant entraîné l’annulation du festival vegan est d’une portée bien supérieure à la simple gestion locale et la Maire de Calais est une élue habituée aux situations de violences ouvertes en pleine rue.

Face à cette menace de trouble à l’ordre public, l’État dispose des moyens nécessaires. La Ville de Calais pourrait s’en saisir. Or, tel n’est pas le cas. La Ville a donc fait un choix délibéré, celui de ne pas résister aux menaces et de ne pas assurer la sécurité du salon.

La Maire de Calais a cédé à la pression politique exercée par l’alliance des commerçants du secteur industriel utilisant des animaux et des chasseurs, qui esquisse un front de la réaction opposé à toute réflexion et intervention sur la question des animaux et de l’écologie.

Ils veulent par là maintenir un certain rapport aliénant aux campagnes et à la nature, afin de maintenir la chape de plomb de la France profonde sur les mentalités.