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En Chine, l’usine de l’horreur

L’humanité persiste à basculer dans l’horreur.

Touchée par une épidémie de fièvre porcine africaine (FPA) depuis 2019, la Chine a investi des millions d’euros pour la construction de gratte-ciels d’élevage monstrueux pouvant contenir 650 000 cochons sur 26 étages, afin de reconstituer son cheptel de porcs et garder sa place de premier producteur de viande porcine.

Si celui-ci était auparavant en grande majorité réparti sur des exploitations paysannes, la filière chinoise prend un virage entièrement industriel sur le modèle européen. Un modèle porté à son paroxysme dans la négation de la vie des animaux et sans aucune garantie d’être épargné par l’épidémie qui continue à se répandre dans le monde.

L’immeuble-usine est ainsi climatisé à chaque étage pour aérer les salles, de la même manière que chaque porc verra sa température suivie à la trace numérique afin de détecter au plus vite tout cas de fièvre porcine. Avec ces immeubles-usines, on est dans le pire du capitalisme avec sa mentalité infâme qui veut qu’on pourrait « produire » de la matière vivante comme bon nous semble, sans se soucier d’aucune sensibilité.

Les épidémiologistes annonçaient en 2019 qu’un quart du cheptel mondial pourrait être menacé, la chine ayant sur son sol 400 millions de porcs destinés à la consommation et à l’exportation, c’est près de 100 millions d’individus en moins que la filière cherche à compenser dans ces élevages hyper-concentrés. L’idée est de garder les animaux confinés pour défier le virus et ainsi préserver le marché de la viande porcine.

Même si les cas se multiplient en Europe, la France a vu ses exportations vers la Chine augmenter de 55 %. À ce titre la coopérative agricole et agroalimentaire du Grand Ouest revendique être passée de 70 000 tonnes de porc exportée vers la Chine en 2020 à 85 000 en 2021. En 2021 également, un accord a été signé entre la Chine et la France pour pouvoir continuer ces exportations même si un élevage en France venait à être touché par la FPA.

Rien que cela montre à quel point mentent tous ceux qui parlent d’avancées pour les animaux puisque de grandes entreprises proposent des gammes de nourriture végétale… Au contraire, les animaux subissent une situation toujours plus infâme, toujours plus dégradante, toujours plus insoutenable.

Tout est fait pour que les choses continuent comme si de rien était, tant en France qu’en Chine alors que de nombreux rapports pointent la responsabilité de la concentration de l’élevage associé à la déforestation comme source des zoonoses.

Notons que dans le cas de ces « porcheries gratte-ciel » on se trouve à Ezhou non loin de Wuhan. Une ville à l’expansion galopante, mordant sur les forêts alentours et où la proximité entre animaux d’élevage et animaux sauvages a été pointée dans le cadre du covid-19. Bref, l’Humanité n’a décidément aucune envie d’apprendre de ses erreurs, pire elle persiste à basculer dans l’horreur.

Le seul moyen de sortir du cercle vicieux menant aux pandémies et aux ignobles abattages préventifs d’animaux d’élevage, c’est évidemment d’arrêter la consommation d’animaux et de produits d’origine animale. Non seulement parce que c’est ignoble moralement de considérer des animaux comme des objets-marchandises, mais aussi parce que les épidémies de zoonose en sont le revers tout comme les émissions de gaz à effets de serre.

Que de telles choses soient encore possibles en 2022 révèle bien que l’Humanité a besoin d’une grande vague morale qui soit en mesure de la purifier de toutes les horreurs qu’elle commet…

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Écologie

Canicule : double peine pour les animaux d’élevage

Au sens propre, c’est l’enfer pour les animaux.

Les chaleurs extrêmes et le renouvellement de plus en plus rapproché des canicules sollicitent énormément les organismes terrestres. Le cas du mois de juin dernier a été marquant car une alerte à été lancée en direction des éleveurs concernant les risques importants de stress thermiques. Si tous les animaux ont des systèmes de refroidissement efficace par température sèche, le niveau d’humidité dans l’air, lui, met à mal tous les organismes.

Pour évacuer le surplus de chaleur, le métabolisme de la plupart des mammifères régule la température corporelle grâce à plusieurs dispositifs. Les « habituels » et principaux sont essentiellement la transmission de chaleur dans l’environnement immédiat par radiation, conduction ou contact.

Lors de grosses chaleurs ou lors d’efforts physiques, c’est la sudation qui va compléter cela mais tous les mammifères n’ont pas le même nombre de glandes responsables de la transpiration qui va permettre de dépenser le surplus de chaleur en évaporant.

Les humains par exemple en ont beaucoup, ils évacuent par la sudation jusqu’à 25 % de chaleur au repos et 80 % pendant un effort. Les vaches, elles, n’ont pas d’aussi grandes capacité de sudation, elles n’ont que 10 % du taux de sudation humain et compensent par la respiration.

Quant aux cochons, ils ne transpirent pas du tout, c’est pour ça qu’ils aiment se rouler dans la boue et produisent une évaporation également avec la respiration.

Le métabolisme des oiseaux est complètement différent. L’évacuation de la chaleur ne se fait pas du tout par la peau, uniquement par la respiration, ainsi en cas de hautes températures, les poules peuvent évacuer jusqu’à 60 % de la chaleur par halètement, elles évacuent aussi en écartant les ailes et en provocant un changement dans l’irrigation sanguine.

Dans tous les cas c’est une bonne hydratation qui permet de maintenir le corps à une température normale. Or, quand l’air chaud se charge d’humidité, la sueur ou la respiration ne peuvent plus s’évaporer, c’est le même principe pour tous, avec des seuils plus ou moins élevés d’acceptabilité de chaleur sèche, le stress apparaît vite à mesure que l’humidité augmente.

Pour évaluer le stress thermique que peuvent subir les animaux d’élevage, on s’appuie sur le THI (Température Humidity Index) qui prends en compte la température corrélée au taux d’humidité dans l’air.

Pour une vache, l’inconfort apparaît entre 68 et 72 THI, « stress léger » ;

entre 72 et 80 c’est un « stress fort » ;

entre 80 et 90 un « stress majeur », et au-delà, un risque de mort subite.

Si on parle en terme de températures, à 32°c (une température courante en été désormais), avec 0 % d’humidité on est à 72 THI ;

avec 45 % d’humidité on passe le palier de stress suivant avec 80 THI.

Avec 40°c, on atteint 80 THI dès 5 % d’humidité dans l’air et avec 45 %, c’est le risque de mort subite.

C’est d’ailleurs ce qui s’est produit aux États-Unis dans le Kansas avec des températures de 42°c atteintes alors qu’il faisait humide, des conditions qui ont coûté la vie à 2 000 bovins lors de la vague de chaleur précoce du mois de juin dernier.

Exposés à ces chaleurs, les animaux luttent pour réduire leur activité physique au minimum afin de ne pas créer de chaleur supplémentaire, cela entraîne fatigue et perte d’appétit. Il existe d’autres risques comme les fausses couches, l’inflammation des glandes mammaires et du déséquilibre hormonal.

Ces situations de stress thermique sont de plus en plus souvent présentes. À ce titre, en 2020 c’est durant 5 mois que les animaux d’élevage ont été exposés à des températures et taux d’humidité supérieurs à ce que tolère leur constitution physiologique.

95 % des cochons sont élevés dans des bâtiments fermés, de manière intensive, avec une promiscuité morbide, et c’est également le cas de 83 % des poules. Les vaches ont elles-mêmes un accès limité à l’extérieur, et quand c’est le cas, de nombreux pâturages ne présentent pas d’ombre rafraîchissante.

Les espaces clos ne sont naturellement pas des endroits isolés de la chaleur, au contraire et la seule solution pour rafraîchir l’atmosphère revient à humidifier l’air via des brumisateurs couplés à un système de ventilation. Mais cela est risqué car ça revient à renforcer un des facteurs aggravant de la chaleur si tout n’est pas bien dosé.

La question première pour le monde de l’élevage c’est avant tout le rendement de lait et de viande qui se trouve impacté, on trouve très peu d’information sur l’impact sur les animaux en terme de bien-être.

On peut ainsi se questionner sur la capacité de ces animaux, sélectionnés génétiquement pour leur rendement laitier ou de viande, à s’adapter aux nouvelles conditions climatiques. L’exploitation est déjà un calvaire qui dépasse l’entendement, c’est une vie qui n’en est pas vraiment une, multipliée par des milliards d’êtres mutilés, dès leur génétique, dès la fécondation et puis à la naissance et le restant de leur courte vie.

La question du stress thermique vient donc s’ajouter au mal-être structurel des animaux enfermés sur cette planète.

De toute manière, continuer comme cela c’est s’exposer à un cercle vicieux puisque pour atténuer le stress thermique, il faut mettre à disposition plus d’eau pour des animaux qui en consomment déjà beaucoup. Alors même que les canicules s’accompagnent de sécheresses majeures qui mettent en danger la production agricole végétale. Cette dernière étant elle-même en grande partie dédiée au nourrissage des animaux d’élevage.

L’humanité va donc devoir remettre en question le fait de continuer à utiliser les animaux comme ressource. C’est un choix civilisationnel et moral qui s’impose dans sa profondeur.

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Écologie

Grippe aviaire: massacre industriel de 16 millions d’oiseaux en France

Comment avec une telle horreur ne pas comprendre que la société française est périmée dans ses valeurs ?

L’image est saisissante, elle a été prise au moyen d’un drone par l’association L214, qui bien entendu est incapable d’avoir une critique suffisamment profonde d’un tel phénomène par définition fondé sur le capitalisme. On voit des montagnes de cadavres étalés à la pelleteuse, recouverts de chaux dispersée au moyen d’engins dédié à cet effet, dans un fossé le long d’une autoroute en chantier en Vendée. C’est une image de l’enfer.

C’est que depuis novembre 2021, ce sont officiellement, au 2 mai 2022, 16 millions d’oiseaux élevés dans les élevages qui ont été massacrés, afin de tenter de stopper la grippe aviaire. Au lieu de se dire que de telles grippes n’ont rien de naturel, qu’enfermer des êtres vivants relève de la torture, que rien de cela n’est ni nécessaire ni souhaitable, l’humanité façonnée par le capitalisme continue de vouloir forcer les choses, et ce même alors qu’une pandémie l’a frappé durement.

Et la seule réaction médiatique, ou même chez les gens, est de s’inquiéter qu’on va « manquer » de poulet, comme ici avec TF1 :

« Dans toute la filière, on subit deux crises à la fois. « Pour les éleveurs, actuellement, c’est une double peine parce qu’il y a la grippe aviaire qui oblige à abattre les volailles et il y a l’augmentation du coût de l’aliment du fait de la crise ukrainienne », confie Jean-Jacques Costiou, volailler et gérant de l’usine « Au Faisan Doré » à Plabennec (Finistère). »

Pauvres capitalistes, dont les profits sont touchés, non pas par des catastrophes naturelles d’ailleurs, mais par des phénomènes causés par l’humanité elle-même. Tant la grippe aviaire que la guerre en Ukraine pourraient, devraient, ne pas avoir lieu. Il suffirait de ne pas avoir de tels élevages et pareillement de ne pas avoir de grandes puissances cherchant à se repartager le monde.

Mais un tel horizon semble inatteignable, insaisissable même intellectuellement par des gens pétrifiés dans la concurrence capitaliste et son idéologie de la compétition à tous les niveaux. Ici, pas de place pour la compassion, l’empathie, et encore moins une vision du monde fondée sur celles-ci.

Il est tout à fait exemplaire qu’au moment des élections présidentielle et parlementaire un tel massacre immense se produise, dans l’indifférence. On est en train de rater l’essentiel en France. Il faudrait une profonde remise en cause, un alignement sur des valeurs exigeantes de collectivisme, de respect de la Nature, de planification, bref le Socialisme ! Et au lieu de cela on a des pleurnicheries sur les retraites et un refus catégorique de prendre en compte ce que signifie, ce qu’implique la guerre en Ukraine.

Les Français veulent vivre comme avant dans leur bulle capitaliste. Quitte à cautionner le massacre par asphyxie de 16 millions d’oiseaux, dans l’indifférence, le silence, les tourments et l’horreur la plus complète.

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Politique

Les pérégrinations beaufs du candidat PCF Fabien Roussel

La candidature de Fabien Roussel à la présidentielle 2022 sera très probablement anecdotique, tellement ce genre de personnage ringard et hors-sol n’intéresse pas grand monde. Il y a cependant que Fabien Roussel se présente avec l’étiquette « PCF » et que ce parti représente historiquement quelque chose d’immense en France, surtout pour le patrimoine de la Gauche et des classes populaires.

Alors, il est vraiment pénible de constater la décrépitude du PCF avec quelqu’un d’aussi lamentable que Fabien Roussel. Lors d’une conférence de presse, il a fait une pique anti-écolo d’une beauferie assumée qui en dit long sur sa perspective politique et sur ce qu’il représente politiquement.

Sa beauferie est d’autant plus assumée qu’il a ensuite appuyer dessus en relayant cela sur Twitter, cette poubelle du débat public (et par ailleurs d’un « militantisme » fictif ultra-gauchiste).

Voici la capture de son message :

On notera d’ailleurs que son message est mensonger, puisqu’il ne compte pas « libérer » les animaux d’élevage, mais simplement leur donner accès au « plein-air ». Peut-être s’imagine-t-il que la misère vécue par les animaux parqués dans les élevages est moins pénible avec quelques rayons de soleil ? En tous cas, pour ceux qui avaient des doutes, le slogan du PCF « l’humain d’abord » est maintenant très clair : il signifie « la nature et les animaux éventuellement après ». Le capitalisme appréciera.

En bon opportuniste, Fabien Roussel s’est ensuite imaginé pouvoir gagner un peu d’audience en répondant à Hugo Clément, figure médiatique du moment sur le thème des animaux. Cependant, soit il le fait exprès (et c’est grave), soit il ne comprend vraiment rien à rien (et c’est encore plus grave), car il met les pieds dans le plat et s’enfonce encore plus dans la beauferie :

On notera au passage, populisme beauf oblige, que Fabien Roussel a salué la mémoire du businessman mégalomane Bernard Tapie :

C’est vraiment lamentable, tant on sait à quel point Bernard Tapie représente le football moderne anti-populaire, le foot business faisant du spectacle anti-sportif, la tricherie, etc.

C’est lamentable et que dire de ce que ressent la base du PCF qui s’attendait à un Fabien Roussel assumant des fondamentaux et un certain retour aux sources. Là on a un beauf qui montre juste que le 21e siècle est trop compliqué pour lui…

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Écologie

55 000 cochons meurent dans l’incendie de l’élevage allemand d’Alt Tellin

C’est un drame à l’échelle de la catastrophe en cours à notre époque.

Le capitalisme modernisé a systématisé l’emploi d’animaux, dont les conditions de vie ont toujours été rendus plus horribles afin d’élargir la consommation. L’existence de McDonald’s et des kebabs, ces paradis du consommateur pressé, dépend de ces lieux infernaux où les cadences assassines et les emplois aliénés sont la règle.

L’incendie de l’élevage d’Alt Tellin, un village de 400 habitants tout au nord-est de l’Allemagne, apparaît ainsi comme une « anecdote » sanglante dans un océan de sang et de misère. Il y avait 7 000 cochonnes et 50 000 porcelets lorsque l’incendie s’est déclaré ; seulement 1300 animaux ont pu être sauvés. Mais sauvés de quoi ?

Les éleveurs assument ouvertement de mettre en place l’enfer sur Terre, de déclarer la guerre aux besoins naturels, à la sensibilité, à l’empathie. Les cochonnes subissent un cauchemar éveillé, c’est l’Horreur.

Une véritable résistance à la construction de cet élevage gigantesque – 250 000 porcelets chaque année – s’était développé en 2009-2010. Manifestations, conférences, sabotages par l’ALF, campagnes régionales… La bataille avait continué même après les débuts de l’usine-élevage, avec des tentatives de blocage juridiques, des campagnes de protestation.

Et l’usine-élevage cumulait, forcément, nombre de problèmes techniques, étant même obligé de changer la terre en raison d’une fuite d’acide sulfurique. De la construction en 2010 à 2015, il y a eu 207 inspections montrant pas moins de 213 manquements. L’usine-élevage est alors passé dans les mains d’un monopole, la Landwirtschaftliche Ferkelzucht Deutschland, car dans le capitalisme il faut toujours aller de l’avant.

L’incendie est ainsi le point culminant d’une crise traversant la réalité à tous les niveaux, de par le caractère infâme et intenable d’une telle usine-élevage, de par la tentative du capitalisme de toujours abaisser les coûts et de toujours vendre davantage. Quitte à aller en conflit avec la vie elle-même. Des êtres vivants brûlés vifs par milliers, dans la panique, la souffrance, c’est l’enfer de Dante. Le responsable départemental Achim Froitzheim a expliqué en parlant des pompiers que :

« Les gens ont des images dans la tête, c’est indescriptible. »

L’usine-élevage est détruite pour de bon. Les animaux ayant échappé au feu, eux, vont par contre rejoindre d’autres usines-élevages. Car le capitalisme continue et il continuera inlassablement à produire des usines-élevages toujours plus vastes, pour une consommation absurde pour des consommateurs façonnés par le capitalisme.

Mais cet dramatique événement donne aussi, tristement, raison à la résistance, qui ne manquera pas de prendre l’initiative. 200 personnes ont immédiatement manifesté aux abords de l’incendie pour protester d’ailleurs. L’honneur de l’humanité n’est pas sauvée, mais la bataille est en cours !

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La lettre désespérée à Emmanuel Macron sur l’élevage industriel par L214 et des scientifiques

L’association L214, connue pour son opportunisme, cherche à poser la question de l’élevage. Mais la question la dépasse entièrement.

L214 est une structure très particulière, avec des gens qui ne sont pas nécessairement vegans à la direction mais qui pousse à un monde vegan, par l’intermédiaire de réformes proposées à tous les niveaux.

Il y a beaucoup de structures de ce type, tel le Parti animaliste, avec au départ de bons sentiments mais à l’arrivée la volonté de s’installer dans le capitalisme en s’appuyant sur des réformes imaginaires.

L214 est l’association qui a eu le plus grand succès dans ces tentatives, avec un esprit d’ouverture consistant à ne pas poser les questions qui fâchent et en obtenant par son réformisme une reconnaissance médiatique, notamment au moyen de petites enquêtes vidéos dans des élevages.

Naturellement, quand on croit en le capitalisme on en paie le prix et avec la crise sanitaire, L214 s’est faite mettre hors-jeu.

La question à l’arrière-plan est en effet celle de la civilisation elle-même et L214 n’a strictement rien à proposer sur ce plan. L’association comptait accompagner le capitalisme éternel depuis l’intérieur… C’est raté.

D’où la tentative désespérée d’élever le niveau, avec une lettre à Emmanuel Macron appuyée par des scientifiques, au sujet de l’élevage industriel.

Le contenu de la lettre, c’est du L214, mais non plus à destination des « consommateurs ». La lettre s’adresse directement à Emmanuel Macron comme si c’était le roi du pays voire un tyran, que c’est lui qui décidait de tout, que tout dépendait de son bon vouloir. Déjà, à la base, L214 a une approche capitaliste à l’américaine, une logique de lobby. Mais là, le caractère anti-démocratique de la démarche est totalement flagrant.

Quant aux animaux, ils disparaissent entièrement derrière un discours qui se veut résolument hors-compassion, avec comme seule considération la santé des humains. L214 se veut ici pragmatique, en réalité ce sont des gens capitulant devant la nécessaire transformation morale de la société, la nécessaire transformation culturelle de la société.

L214 manie une pseudo-objectivité – d’où la recherche de scientifiques pour valider le propos – qui a comme principe de s’opposer à la lutte des classes, à la subjectivité tournée vers les animaux, bref au 21e siècle tel qu’il va inévitablement apparaître.

Voici la lettre. Elle est signée, en plus de L214, par Serge Morand (Écologue de la santé, CNRS), Gilles Escarguel (maître de conférences en paléontologie et macro-écologie, Lyon I), Franck Courchamp, directeur de recherche, CNRS), Frédéric Keck (directeur de recherche, CNRS), Hervé Dréau, (médecin de santé publique), Nicolas Treich (économiste), Simon Jolivet (juriste), Cédric Sueur (maître de conférences en éthologie et éthique animale), Florence Burgat (philosophe, directeur de recherche), Michel Bourban (chercheur en éthique et philosophie politique), Marie Pelé (chargée de recherche en éthologie), Émilie Dardenne (maîtresse de conférences, études animales), Matthieu Romagny (enseignant-chercheur), Margot Pâris (assistante de recherche en biologie de l’évolution).

« Monsieur le Président,

Alors que la France était confinée pour se protéger de l’épidémie de Covid-19, vous vous adressiez aux Françaises et aux Français le 13 avril 2020 en rappelant notre « vulnérabilité » en ces termes : « Sachons, dans ce moment, sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer – et moi le premier. Il y a dans cette crise une chance : nous ressouder et prouver notre humanité, bâtir un autre projet dans la concorde. Un projet français, une raison de vivre ensemble profonde. » Un leitmotiv repris par votre mouvement, La République en marche, lors du Campus des territoires l’été dernier.

Votre réponse depuis lors est loin de s’inscrire dans cet état d’esprit. Elle est restée focalisée sur le traitement des conséquences de la crise que nous traversons (approvisionnement en masques, relance économique…) avec une recherche scientifique d’urgence, sans réel soutien à une recherche à même de contribuer aux défis écologiques, climatiques, sanitaires et sociaux. Une politique qui vise à gérer le court terme, illustrée par votre allocution 28 octobre 2020 : « Notre stratégie a été définie dès cet été, c’était de vivre avec le virus. ».

Dans le même temps, la réflexion autour des causes a été écartée. Elle est pourtant essentielle. Les zoonoses sont une des principales sources de maladies émergentes : 75 % des nouveaux agents pathogènes proviennent des animaux ou des produits animaux. Les conditions d’élevage et la déforestation, elle-même fortement liée à la production de viande, en sont aujourd’hui deux causes parfaitement identifiées. 

Prévenir une prochaine épidémie implique inévitablement de repenser l’action publique en élaborant un plan de sortie de l’élevage intensif. Une telle initiative viserait à suspendre immédiatement la construction ou l’extension des élevages intensifs et industriels qui confinent les animaux dans des bâtiments fermés, dans des cages, les forçant à vivre dans des conditions de promiscuité extrêmes. Ce plan de sortie de l’élevage intensif impliquerait la réduction de la consommation des produits carnés : le développement d’une végétalisation d’ampleur de l’alimentation en restauration collective publique ou privée à travers l’augmentation progressive de la part de protéines végétales dans les repas est indispensable. Réduire la production amènerait l’autonomie protéique – notamment la fin des importations de soja – que la France ne peut atteindre aujourd’hui au vu du nombre très élevé d’animaux qu’elle élève et abat. Ces demandes sont soutenues par la Convention citoyenne pour le climat.

Ce plan de sortie devra associer l’ensemble des acteurs concernés en veillant notamment à accompagner les personnes qui dépendent de l’élevage intensif vers des productions alternatives, vers une reconversion dans le domaine de leur choix et en redirigeant les aides pour enfin soutenir des systèmes moins intensifs.

Enfin, la réduction du risque de pandémie ne s’arrête pas à nos frontières. La France doit être à la pointe de la défense des animaux et de la protection de l’environnement dans les instances internationales. Vous en avez le pouvoir, et la responsabilité.Le temps est venu de « bâtir un autre projet dans la concorde », pour les humains et les animaux. N’attendons pas la prochaine crise pour agir ! »

Il y a également une vidéo. Entre le 6 et le 15 janvier, elle n’a eu que 90 vues… Tout un symbole de l’échec anti-populaire de L214.

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L’épidémie de grippe aviaire, une énième crise dans la crise

Alors que les industriels du foie gras diffusaient massivement des spots publicitaires lors des dernières fêtes de fin d’année, les premiers cas de grippe aviaire ont été détectés au début du mois de décembre dans un élevage de canards des Landes. On assiste depuis à l’abattage massif de tous les animaux de l’élevage.

L’influenza aviaire est une maladie qui touche principalement les oiseaux, qu’ils soient d’élevage ou sauvages bien qu’elle soit plus mortelle chez les oiseaux d’élevage. Le virus peut se propager par les sécrétions respiratoires ou les déjections, et peut survivre longtemps à des températures basses.

La souche H5N8 qui circule actuellement en France et en Europe est une souche extrêmement contagieuse et elle est classée comme hautement pathogène, avec les 32 millions de canards élevés en France, la situation est plus que tendue.

Dans ces conditions, il était inévitable que la situation vire au drame pour les oiseaux d’élevage. Depuis début décembre, des foyers d’infections ont été détectés dans plus d’une centaine d’élevages de canards et d’oies en France. La maladie se développe d’ailleurs de manière exponentielle, le nombre de foyers ayant doublé en une semaine malgré les mesures mises en place.

Lorsqu’on sait que la « production » de « foie gras » consiste en un gavage forcée en à peine deux semaines, on ne peut malheureusement pas être étonné de l’horrible gestion de la situation par les principaux acteurs de ce secteur.

En effet, la solution proposée par Hervé Dupouy, président de la section palmipède de la FNSEA des landes, est de faire un « vide sanitaire » dans les élevages, c’est-à-dire qu’il propose d’abattre tous les animaux des élevages contaminés, puis de laisser les lieux sans animaux durant 2 mois.

Une solution que Marie-Pierre Pé, la directrice du comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (CIFOG), ainsi que le ministre de l’agriculture Julien Denormandie approuvent, ce dernier parlant même de « dépeuplement massif inéluctable ». C’est dire comment l’État est dépassé par une situation qui a pourrie…

Et comment ne pas le voir alors que depuis le 20 décembre ce sont déjà 400 000 animaux qui on été tués, et plusieurs centaine de milliers d’autre qui vont l’être dans les jours à venir avec d’ores et déjà la réquisition d’abattoirs par le gouvernement.

Quand on constate que les oiseaux sauvages ont peu de chance de développer une forme grave de la maladie, contrairement aux oiseaux d’élevage, on ne peut que se rendre à l’évidence de l’enfer que nous faisons vivre à ces animaux uniquement pour alimenter ce si puissant secteur du capitalisme français dont l’humanité pourrait largement se passer au XXIe siècle.

Rappelons ici simplement que la France est tout à la fois premier producteur et premier consommateur mondial de foie gras, avec trois groupes qui monopolisent le secteur, soit Euralis Gastronomie et ses 700 éleveurs, Maïsadour avec sa marque Delpeyrat, Luc Berri avec Labeyrie, pour une production qui se fait généralement dans le sud-ouest.

Avec entre 10 à 20 000 tonnes de foie gras produits par an, représentant plus de 20 millions d’oiseaux gavés, principalement des canards mais aussi des oies, la France est loin devant la Hongrie, la Bulgarie, les États-Unis, le Canada, et même la Chine…

Cette situation ne peut que nous faire penser ici aux visons qui ont été abattu par millions à l’automne 2020, considérés comme le vecteur de propagation du coronavirus. Finalement, le secteur du foie gras est à la France ce qu’est le secteur de la fourrure de visons au Danemark, et ici comme là-bas c’est toujours la même brutalité comptable infâme qui s’abat.

À chaque fois le choix est fait d’abattre les animaux sans aucune considération de leur existence, sans que le mode d’organisation de l’humanité ne soit remis en question, alors même qu’il est à la base de ce drame écologique. Pour cela, il faut se heurter à toute l’idéologie française du terroir et des paysages, et savamment entretenue par l’agrobusiness.

Alors que l’humanité est empêtrée dans l’épidémie de COVID-19 engendrée par un rapport dénaturé à l’ensemble de la biosphère, la crise de la grippe aviaire dans le sud-ouest est une énième crise dans la crise…. Tout cela doit changer. Inéluctablement, un mouvement populaire sensiblement tourner vers l’avenir va, et doit émerger pour en finir avec ces atrocités envers la vie.

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Lancement du projet «référendum pour les animaux»

Un référendum pour faire progresser la condition animale : tel est le projet lancé par en haut, mais avec le soutien logique d’associations disposant de peu de moyens et de peu de leviers pour faire avancer les choses.

Quand il n’y a pas d’initiative par en bas, il y en a par en haut, car un espace démocratique inoccupé se voit forcément utiliser. En l’occurrence, on a une proposition de référendum qui a été lancée à l’initiative de Hugo Clément, Marc Simoncini, Jennifer Bierna, Marie Tabarly, Xavier Niel et Jacques-Antoine Granjon.

Hugo Clément est un journaliste végétarien totalement extérieur à la tradition de la lutte vegan, mais ayant un énorme succès médiatique ces derniers mois autour du thème de la condition animale ; Marie Tabarly est une navigatrice et comportementaliste équin.

À leurs côtés on a donc des capitalistes chevronnés formant des poids lourds financiers : Xavier Niel (Free), Marc Simoncini (Meetic), Jacques-Antoine Granjon (vente-privee.com).

En ce qui concerne Jennifer Bierna, c’est une juriste, qui s’occupe de la communication du groupe Illiad auquel appartient Free (et accessoirement ou pas, elle est une cadre de la Droite, conseillère au plus haut niveau possible, y compris gouvernemental).

Ce sont eux qui sont à l’initiative du projet « référendum pour les animaux », présenté comme une « initiative citoyenne, engagée et politique en faveur de la cause animale ». Ce sont eux d’ailleurs qui ont pris la parole pour présenter pendant 1h30 le projet, à la Station F, un campus de startups ouvert par Xavier Niel à Paris.

Comme quoi, la politique c’est quand des citoyens multimillionnaires prennent la parole ? Et pourquoi le font-ils ? Par philanthropie à l’américaine ? Par calcul ? Par intérêt ?

En tout cas, de nombreuses associations se sont insérées dans l’initiative, n’ayant, de facto, pas le choix. En effet, la situation est dramatique : il n’y a ni relais, ni financement, ni investissement humain suffisant dans la défense des animaux. Pour faire du bruit, il y a toujours des gens. Pour remplir son Facebook ou son compte Instagram, les gens sont prêts à agir de manière véhémente. Mais dès qu’il y a toutefois un travail de fond à mener, silencieux et ingrat, invisible et difficile, il n’y a plus personne.

L’idée de pousser à un référendum apparaît donc comme soit une utopie formidable, soit au moins un levier de plus. Mobiliser en faveur de la signature de 185 parlementaires et de 10% des personnes inscrites sur les listes électorales (ce qui fait presque 5 millions de signatures à recueillir) va faire du bruit et c’est déjà bon à prendre. Et si cela marche, un référendum d’initiative partagée imposerait encore plus le thème de la condition animale.

Participent donc à la proposition d’un référendum pour les animaux les associations ASPAS, AVA, CIWF, Code Animal, CRAC, Fondation Brigitte Bardot, Fondation GoodPlanet, L214, L’alliance anti-corrida, LPO, On est prêt, One Voice, PAZ, PeTA, Pro Anima, Rewild, Sea Shepherd, la SPA, Welfarm.

On note évidemment tout de suite l’absence de la principale structure de refuges en France qu’est la Confédération Nationale Défense de l’Animal. C’est fort dommageable. En même temps c’est tout autant de galères en moins pour elle. Car les associations signataires se retrouvent dans une situation compliquée.

D’un côté, elles avaient, au moins pour beaucoup d’entre elles, intérêt à signer car le référendum consiste en des points les concernant directement :

1 : Interdiction de l’élevage en cage

2 : Interdiction des élevages à fourrure

3 : En finir avec l’élevage intensif

4 : Interdiction de la chasse à courre, du déterrage et des chasses dites traditionnelles

5 : Interdiction des spectacles avec animaux sauvages

6 : Fin de l’expérimentation animale

Cela va faire du bruit en leur faveur ; il y a déjà des soutiens people, artistiques, etc. comme avec Alessandra Sublet, Nicolas Hulot, Juliette Binoche, Tryo, Stéphane Bern, Nagui, Nicolas Sirkis, Julien Courbet, Sheila, Pascal Obispo, Bruno Solo, etc.

De l’autre, il y a trois obstacles, insurmontables.

Le premier, c’est l’arrière-plan. Les multimillionnaires à la barre, c’est quelque chose qui fait qu’on ne sait pas où on va. Le 30 juin 2020, Xavier Niel a racheté Paris Turf, le quotidien des courses hippiques. Et le 2 juillet 2020, il prend la défense des animaux ? C’est un bon exemple du fait que pour les grands capitalistes, tout sert de pion.

Le second, c’est que pour rassembler les signatures pour que le référendum se tienne, il faut d’abord avoir les 185 parlementaires. Cela signifie composer et se soumettre à ces parlementaires. Or, cela converge parfaitement avec l’apparition toute récente d’un nouveau mouvement « écologiste » et de « gauche » lancé par d’ex-macronistes.

Emmanuel Macron a besoin d’un mouvement écologiste en sa faveur aux prochaines présidentielles et là tout tombe très bien. Les lanceurs multimillionnaires de l’idée de référendum sont d’ailleurs eux-mêmes exactement des macronistes.

Le troisième, c’est l’obstacle culturel. Si on ne change pas les mentalités on ne change rien. Prenons par exemple le thème de la fin de l’expérimentation animale. C’est un combat tellement impossible que les vegans français ne l’ont absolument jamais assumé, à part le mouvement International Campaigns et bien entendu les tenants (très minoritaires) de la libération animale sans compromis.

C’est pourtant un combat juste. Cependant, c’est un combat culturel et il faut une base pour l’assumer. Et elle est de haut niveau. Même des végétariens ne peuvent ainsi pas l’assumer : on ne peut pas dire qu’on s’oppose à l’expérimentation animale tout en consommant du fromage qui contient par définition des morceaux d’estomac de jeunes ruminants.

Pour que ce référendum ait ainsi un sens, il faut un changement des mentalités, un changement culturel. Sinon, c’est de la rhétorique.

Et c’est là justement qu’on tombe sur l’Histoire. Car, finalement, la question animale est une problématique relevant du Socialisme. Soit on fait le Socialisme et on dit qu’on fait en sorte de l’élargir aux animaux, soit on parle des animaux mais cela tourne à l’abstraction, au fantasme bobo d’un capitalisme pacifié avec des élevages bio, qui est anti-historique par définition.

Ce référendum est donc voué à l’échec… Ou à une réussite, mais alors cela ne sera pas un référendum, mais un soulèvement en faveur des animaux. Et ce ne seront pas les multimillionnaires qui décideront de comment cela se passera, puisqu’ils sont une partie du problème, pas une partie de la solution.

> Le site de l’initiative : referendumpourlesanimaux.fr/

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Écologie

Tribune: «Pour une relance économique intégrant la protection des animaux et de l’environnement»

Voici une tribune publiée initialement par le JDD et signée par de nombreuses associations de la protection animale, ainsi que des personnalités très diverses depuis la députée macroniste Aurore Bergé jusqu’au nationaliste Nicolas Dupont-Aignan, en passant par le populiste Jean-Luc Mélenchon.

Si la tribune pose de manière très claire et tout à fait juste la question du soutien aux refuges animaliers, celle des méthodes substitutives à l’expérimentation animale et de la fin de la captivité des animaux sauvages dans les cirques, il n’en est pas de même en ce qui concerne l’élevage. On a là un bricolage absolument intenable, consistant à lier le « bien être animal » à de petits élevages, avec des accès extérieurs pour les animaux et des prix élevés pour empêcher les consommateurs d’acheter trop de viande ! Cela relève typiquement d’un point de vue que l’on doit qualifier de « bobo », c’est-à-dire de bourgeois voulant un capitalisme à visage humain, sans trop de vague, et donc ici une exploitation animale « acceptable ». De la viande et du lait, oui disent ces gens, mais il faut faire ça bien. Sauf que cela est impossible, de part la nature même du capitalisme, et seul un changement du modèle économique permettra une réelle amélioration de la condition animale.

Rien que l’introduction de la tribune faisant allégeance aux élucubrations du Président Emmanuel Macron pour sortir de la crise montre ici une absence totale de perspective, avec simplement l’espoir fondé dans l’accompagnement de ce monde en perdition…

On notera également que la tribune évite soigneusement les questions de la chasse, en particulier de la chasse à courre, ainsi que des zoos, en particulier des delphinariums. Ce sont pourtant des questions fondamentales, absolument incontournables en 2020.

Voici la tribune :

 

« Pour une relance économique intégrant la protection des animaux et de l’environnement

Lors de son adresse aux Français du 13 avril dernier, Emmanuel Macron décrivait un moment de refondation, imposant plus d’ambition et d’audace pour faire face aux crises à venir, en retrouvant « le temps long, la possibilité de planifier, la sobriété carbone ». Nous, organisations de protection de la nature et des animaux, parlementaires, scientifiques et personnalités publiques, souhaitons nous inscrire dans cette démarche de refondation, en apportant des solutions pour une reprise économique allant dans le sens des progrès éthiques, écologiques et sanitaires. Nous faisons le choix de voir cette situation non pas comme une fatalité, mais comme l’occasion pour notre société de devenir meilleure et plus juste.

Concrètement, nous demandons que le plan de relance économique qui sera bientôt élaboré intègre pleinement la demande sociétale en faveur d’une plus grande prise en compte des animaux et de l’environnement, en conditionnant les aides, dans tous les domaines économiques concernés, au respect du bien-être des animaux, à la préservation de la biodiversité et à la limitation des effets négatifs sur l’environnement.

Repenser notre modèle agricole et alimentaire Le Président de la République le disait, un des défis que nous devrons relever concerne l’indépendance agricole. En matière de bien-être animal et de durabilité, la compétition entre pays producteurs, notamment non européens, bloque depuis des années toute réelle avancée. Il est temps de repenser l’organisation de ce secteur en favorisant les produits européens et a fortiori français, notamment via la restauration publique et la mise en place d’une taxe sur les produits non européens moins vertueux, en échange d’un rehaussement significatif des normes d’élevage – interdiction des cages et des mutilations (caudectomie, castration à vif, limage des dents, écornage, etc.) – et d’un plan visant, à terme, la fin de tout élevage sans accès à l’extérieur.

La France doit défendre une réforme de la politique agricole commune en ce sens. Ce rapprochement géographique des producteurs et des consommateurs doit également passer par la réduction des temps de transport des animaux vivants et la fin de ces transports en dehors des frontières de l’Union, souvent vers des pays qui ne respectent pas les normes d’abattage européennes. Afin de valoriser les efforts auxquels consentiraient les éleveurs français et de répondre à la forte demande des citoyens consommateurs pour plus de transparence, un étiquetage obligatoire du mode d’élevage et d’abattage doit être mis en œuvre pour les produits laitiers et carnés, comme cela existe déjà pour les œufs.

Ces mesures permettraient aux éleveurs de mieux vivre de leur travail et de recréer de l’emploi dans des élevages extensifs. Un coût plus élevé pour des produits de meilleure qualité engendrerait une consommation moindre qui serait bénéfique en termes de santé publique. La disparition de l’élevage intensif permettrait de réduire les risques épidémiques et liés à l’antibiorésistance. Rappelons ici qu’en France, l’écrasante majorité des animaux sont élevés en système intensif, à l’exception des filières bovines. Par ailleurs, une réduction de la consommation de produits animaux aurait un effet positif majeur sur l’environnement. L’élevage induit aujourd’hui au moins 14,5% des émissions de gaz à effet de serre mondiales et il est la première cause de déforestation dans le monde.

Faisons de cette crise une occasion de faire mieux, collectivement, pour la protection de l’environnement et des animaux. Dans chaque domaine de l’économie ayant des effets sur ces derniers, le plan de relance peut permettre des avancées. Dans la recherche par exemple, dont la crise sanitaire actuelle nous rappelle l’importance ; la France est en retard sur le développement des technologies innovantes telles que les organoïdes ou les organes sur puce . Pour donner un avantage à la recherche française et afin d’épargner des millions 2 d’animaux, une part importante des fonds alloués à ce secteur doit être expressément fléchée pour la recherche et le développement de méthodes substitutives à l’expérimentation animale.

Dans un autre domaine, les cirques sont particulièrement touchés par la crise actuelle et le resteront probablement pour de nombreux mois. Consultées depuis un an par le ministère de la Transition écologique et solidaire, les ONG ont unanimement demandé, comme 72% des citoyens , la fin de la captivité des animaux sauvages dans ces structures. Ce principe doit être la condition des aides octroyées. Les ONG et structures d’accueil feront tout leur possible pour répondre aux situations d’urgence et assurer la prise en charge des animaux, mais elles doivent avoir la garantie qu’ils leur soient cédés définitivement et qu’ils ne soient pas remplacés ensuite.

Enfin, citons les nombreuses organisations et refuges qui recueillent des animaux domestiques ou sauvages. Ils représentent des milliers d’emplois et évitent à la collectivité des problèmes environnementaux et sanitaires liés notamment à l’errance. Frappés de plein fouet par la crise actuelle, ils doivent bénéficier d’un soutien financier dans le cadre du plan de relance et être soulagés par un certain nombre de mesures, peu coûteuses et ayant déjà fait leurs preuves chez nos voisins européens : mise en place d’un permis de détention, stérilisation obligatoire des chats des particuliers, etc.

Ces quelques exemples n’ont pas vocation à être exhaustifs et nous nous tenons prêts à faire des propositions, dans un esprit de construction et de relance de l’économie, afin que le « monde d’après » soit meilleur que le « monde d’avant », tant pour les citoyens que pour les animaux. »

Liste des signataires :

56 organisations de protection des animaux et de la nature

Alliance Anticorrida
Alliance des Opposants à la Chasse
Animal Cross
Animal Justice et Droit
Animal Testing
Animalise
Animalter
Antidote Europe
ASPAS
Association en faveur de l’abattage des animaux dans la dignité (AFAAD)
Association Justice Animaux Savoie
Association pour le Droit à l’Objection de Conscience en Milieu Universitaire (ADOCMU)
Association TERRE Lawrence Anthony
Association Végétarienne de France
AVES France
C’est Assez !
Campaign Against Canned Hunting
CAP Loup
CIWF France
Code Animal
Collectif Chat 100% Stérilisation Obligatoire
Commission Condition animale EELV
Confédération Nationale Défense de l’Animal
Convention Vie et Nature
Convergence Animaux Politique
CRAC Europe
Droits Des Animaux
Éducation Éthique Animale
Ensemble pour les animaux
Ethics For Animals
Fédération des Luttes pour l’Abolition des Corridas (FLAC)
Fédération européenne CREL
Fondation 30 Millions d’Amis
Fondation Brigitte Bardot
France Nature Environnement
Groupe thématique « Condition animale » de la France Insoumise
Humanisma
L214 Éthique et animaux
La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences (LFDA)
Les Climat’Optimistes
Ligue Française pour la Protection du Cheval
Loup.org
One Voice
Parti animaliste
PAZ
PETA France
Pôle Grands Prédateurs
Pro Anima
Rassemblement pour une France sans Chasse
Réseau Sentience
S’PECE
Société européenne d’éthologie vétérinaire des animaux domestiques (SEEVAD)
Société Nationale pour la Défense des Animaux (SNDA)
Société Protectrice des Animaux (SPA)
Sur les Traces du loup
Welfarm

39 Parlementaires

Aurore Bergé, Députée LREM des Yvelines
Manuel Bompard, Eurodéputé LFI Français
Céline Boulay-Espéronnier, Sénatrice LR de Paris
Pierre-Yves Bournazel, Député MODEM de Paris
Anne-France Brunet, Députée LREM de Loire-Atlantique
Samantha Cazebonne, Députée LREM des Français établis hors de France
Fabienne Colboc, Députée LREM d’Indre-et-Loire
Éric Coquerel, Député LFI de Seine-Saint-Denis
Éric Diard, Député LR des Bouches-du-Rhône
Loïc Dombreval, Député LREM des Alpes-Maritimes, docteur vétérinaire, Président du
Groupe d’études Condition animale
Nicolas Dupont-Aignan, Député DLF de l’Essonne
Pascal Durand, Eurodéputé LREM Français
Caroline Fiat, Députée LFI de Meurthe-et-Moselle
Guillaume Gontard, Sénateur CRCE de l’Isère
Dimitri Houbron, Député LREM du Nord
Claudine Kauffmann, Sénatrice DLF du Var
Stéphanie Kerbarh, Députée LREM de Seine-Maritime
Joël Labbé, Sénateur EELV du Morbihan
Bastien Lachaud, Député LFI de Seine-Saint-Denis
Jean-Luc Lagleize, Député MODEM de Haute-Garonne
Jacques Marilossian, Député LREM des Hauts-de-Seine
Jean-Luc Mélenchon, Député LFI des Bouches-du-Rhône, Président du groupe LFI
Jean-Michel Mis, Député LREM de Loire
Claire O’Petit, Députée LREM de l’Eure
Matthieu Orphelin, Député LT du Maine-et-Loire
Anne-Sophie Pelletier, Eurodéputée LFI Française
Valérie Petit, Députée LREM du Nord
Florence Provendier, Députée LREM des Hauts-de-Seine
Loïc Prud’homme, Député LFI de Gironde
Hugues Renson, Député LREM de Paris, Vice-président de l’Assemblée nationale
Laëtitia Romeiro Dias, Députée LREM de l’Essonne
Laurianne Rossi, Députée LREM des Hauts-de-Seine, Questeuse à l’Assemblée nationale
Laurence Rossignol, Sénatrice PS de l’Oise, ancienne ministre
Frédérique Tuffnell, Députée LREM de Charente-Maritime
André Vallini, Sénateur PS de l’Isère, ancien ministre
Cédric Villani, Député LREM de l’Essonne
Corinne Vignon, Députée LREM de Haute-Garonne
Hélène Zannier, Députée LREM de Moselle
Michel Zumkeller, Député UDI du Territoire de Belfort

22 Personnalités publiques

Laurent Baheux, Photographe animalier
Christine Berrou, Humoriste
Allain Bougrain Dubourg, Président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO)
Camille Brunel, Ecrivain
Gérard Charollois, Ancien juge
Hugo Clément, Journaliste
Hélène de Fougerolles, Actrice
Jean-Baptiste Del Amo, Auteur
Mylène Demongeot, Actrice
Armand Farrachi, Écrivain
Hélène Gateau, Journaliste
Marc Giraud, Chroniqueur animalier et écrivain
Grégory Guillotin, Comédien, youtubeur
Robert Hossein, Réalisateur, acteur
Arno Klarsfeld, Avocat
Vincent Message, Écrivain
Guillaume Meurice, Chroniqueur
Candice Patou, Actrice
Philippe Radault, Réalisateur
Louis Schweitzer, Président de La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences
Henry-Jean Servat, Écrivain, journaliste
Laurent Testot, Journaliste et essayiste

31 Scientifiques et chercheurs

Françoise Armengaud, Philosophe
Laurent Bègue, Professeur de psychologie sociale, Université Grenoble Alpes
Yves Bonnardel, Essayiste, chercheur indépendant
Pierre Brunet, Professeur de Droit public, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Béatrice Canel-Depitre, Maître de conférences, HDR en sciences de gestion
Georges Chapouthier, Directeur de recherche émérite, CNRS
Marie Charpentier, Directrice de recherches, CNRS en biologie évolutive
David Chauvet, Docteur en droit privé et sciences criminelles
Émilie Dardenne, Maîtresse de conférences en Anglais et études animales, Université
Rennes 2
Philippe Devienne, Vétérinaire et docteur en philosophie
Samuel Ducourant, Doctorant en histoire et philosophie des sciences, ENS
Julien Dugnoille, Senior Lecturer in Anthropology, University of Exeter
Romain Espinosa, Chercheur en économie, CNRS, CREM, Université Rennes 1
Cécile Huchard, Enseignante-chercheuse en littérature
Élise Huchard, Chercheuse en éthologie
Pierre Jouventin, Directeur de laboratoire, CNRS, écologie animale
Renan Larue, Chercheur en lettres modernes
Arthur Keller, Ingénieur, systémicien
Frédéric Lenoir, Philosophe et sociologue
Joël Lequesne, Psychologue clinicien
Marine Lercier, Doctorante en droit global et sécurité humaine, Université autonome de
Barcelone
Jean-Pierre Marguénaud, Agrégé de droit privé et sciences criminelles, Directeur de la
Revue semestrielle de droit animalier
Marie-Claude Marsolier-Kergoat, Chercheure CEA/MNHN
André Ménache, Chirurgien vétérinaire et zoologiste
Jean-Marc Neumann, Chargé d’enseignement en droit de l’animal à l’Université de
Strasbourg
Corine Pelluchon, Philosophe
Emmanuel Picavet, Professeur de philosophie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Estiva Reus, Économiste
Jean-Paul Richier, Psychiatre, Fondateur du collectif PROTEC
Pablo Servigne, Ecologue, chercheur indépendant
Cédric Sueur, Maître de conférences à l’université de Strasbourg

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Écologie

Élevage de faisans et perdrix destinés à la chasse: des images insoutenables

Le naturaliste Pierre Rigaux s’est rendu dans un élevage industriel de perdrix et de faisans, destinés à la chasse. Il a filmé des images absolument insoutenables, relevant ni plus ni moins que de la barbarie. On ne peut pas rester indifférent face à l’existence de tels lieux qui sont une honte pour l’humanité.

Le naturaliste Pierre Rigaux a effectué un travail démocratique d’une grande importance. Il s’est rendu dans l’un des nombreux élevages industriels destinés à la chasse et a filmé, pour montrer au grand public cette sordide pratique.

Le visionnage et la diffusion de sa vidéo est très important. Le monde de la chasse est un milieu marginal, qui cultive sa discrétion vis-à-vis du reste de la société afin de faire ce qu’il veut dans son coin. Cela n’est pas acceptable et cela le sera de moins en moins, à mesure que la société évolue et soit en mesure d’écraser ces pratiques arriérées.

Notons que France 3 Occitanie a relayé cette vidéo et fait un travail d’enquête l’amenant à contacter la fédération de chasse de l’Aveyron, dont la réaction de son président Jean-Pierre Authier est effarante :

« ce gibier d’élevage, on en a besoin pour repeupler les milieux. Certaines espèces comme les faisans et les perdrix ont presque disparu. L’élevage reste le seul moyen de les réintroduire. »

On a ainsi des gens qui assassinent des animaux par loisir, puis font des élevages pour continuer à les assassiner, et prétendent ensuite avoir un rôle utile. Une telle réponse, dédaigneuse, méprisante, en dit long sur le caractère anti-démocratique et profondément réactionnaire du monde de la chasse.

France 3 Occitanie a également interrogé l’ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages) qui explique qu’en France, 19 millions de faisans et perdrix sont élevés pour la chasse. C’est un chiffre immense, relevant donc d’une pratique massive, mais cachée au reste de la société.