Le pari perdant d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale contre toute attente en juin 2024 se retourne contre lui. Il a tout cassé, mais rien construit. Déjà que la France était en crise, très instable politiquement et économiquement, voilà que les contradictions sont maintenant sur la table, exposées à la lumière, sans aucune ouverture.
Impossible de ne pas voir une crise de régime dans une telle situation. Emmanuel Macron le voit très bien, forcément, mais il tente de maintenir la fiction en surjouant son rôle de Président de la République pour « garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible ».
Au moyen d’une lettre aux Français, il s’imagine pouvoir rejeter la faute sur les autres en intimant à toutes les formations politiques hostiles au Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella de former une coalition de gouvernement. C’est en fait impossible, personne ne s’imaginant comment des gens allant du PCF aux Républicains en passant par le Modem pourraient se mettre d’accord pour voter le budget, le vote le plus important chaque année, qui détermine de fait tout le reste.
La lettre aux Français d’Emmanuel Macron est d’autant plus typique d’une situation de crise qu’elle renforce elle-même la crise qu’elle prétend surmonter. En effet, le cœur du propos du Président de la République est de prétendre que la dynamique politique française consisterait en le rejet du Rassemblement national.
C’est faux : seul le bricolage par en haut et anti-populaire des forces politiques en place a permis d’empêcher la réalité politique française de s’exprimer (le Rassemblement national est également en grande partie responsable de ses échecs, mais c’est un aspect secondaire). En racontant ce qu’il écrit dans sa lettre, il ne fait qu’ajouter de la rancœur à la rancœur et jeter de l’huile sur le feu.
Voici cette lettre, qui est sinon historique, en tous cas marquante de l’instabilité explosive de la France à l’été 2024.
« Lettre du Président Emmanuel Macron aux Français
Chères Françaises, chers Français,
Les 30 juin et 7 juillet derniers, vous vous êtes rendus aux urnes en nombre pour choisir vos députés. Je salue cette mobilisation, signe de la vitalité de notre République dont nous pouvons, me semble-t-il, tirer quelques conclusions.
D’abord, il existe dans le pays un besoin d’expression démocratique. Ensuite, si l’extrême-droite est arrivée en tête au premier tour avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au Gouvernement. Enfin, personne ne l’a emporté. Aucune force politique n’obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires. Divisées au premier tour, unies par les désistements réciproques au second, élues grâce aux voix des électeurs de leurs anciens adversaires, seules les forces républicaines représentent une majorité absolue. La nature de ces élections, marquées par une demande claire de changement et de partage du pouvoir, les oblige à bâtir un large rassemblement.
Président de la République, je suis à la fois protecteur de l’intérêt supérieur de la Nation et garant des institutions et du respect de votre choix.
C’est à ce titre que je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. Les idées et les programmes avant les postes et les personnalités : ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte les préoccupations que vous avez exprimées au moment des élections. Elle devra garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible. Elle rassemblera des femmes et des hommes qui, dans la tradition de la Vème République, placent leur pays au-dessus de leur parti, la Nation au-dessus de leur ambition. Ce que les Français ont choisi par les urnes – le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes.
C’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre. Cela suppose de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir ces compromis avec sérénité et respect de chacun. D’ici là, le Gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine.
Plaçons notre espérance dans la capacité de nos responsables politiques à faire preuve de sens de la concorde et de l’apaisement dans votre intérêt et dans celui du pays. Notre pays doit pouvoir faire vivre, comme le font tant de nos voisins européens, cet esprit de dépassement que j’ai toujours appelé de mes vœux.
Votre vote impose à tous d’être à la hauteur du moment. De travailler ensemble.
Dimanche dernier, vous avez appelé à l’invention d’une nouvelle culture politique française. Pour vous, j’y veillerai. En votre nom, j’en serai le garant.
Il y a deux ans pratiquement jour pour jour se formait la NUPES, une union de la Gauche gouvernementale qui a totalement échoué dans son entreprise. Et là on a une nouvelle unité PS, PCF, EELV et LFI.
Mais il est trop tard. Car ce qui ne s’était pas produit aux élections présidentielles et législatives précédentes a finalement eu lieu le 9 juin 2024. Le Rassemblement national mené par Jordan Bardella a raflé la mise aux élections européennes avec 31,37 % des suffrages (30 sièges).
C’est un courant de fond. Être de droite est porteur. D’ailleurs, le Rassemblement national a plus du double de la liste de la majorité présidentielle (14,6 % soit 13 sièges).
Pire encore, si on y ajoute les voix de la liste du parti d’Eric Zemmour conduite par Marion Maréchal (5,47 % soit 5 sièges), cela fait près de 37% pour le populisme à tendance nationaliste. Avec de surcroît un record de participation (51,49 %) depuis 1994.
La France est de droite, comme nous l’avons toujours souligné ici, à rebours des fictions et auto-intoxications, comme lors du mouvement contre la réforme des retraites.
La vérité, c’est que la France, moche et fanée, refuse fondamentalement de se tourner vers l’avenir. Elle s’arc-boute sur un passé fantasmé, celui des 30 glorieuses où la France était encore une puissance garantissant l’opulence capitaliste pour tous.
Le populisme à la fois national et social de Jordan Bardella est typique de cela, du « c’était mieux avant », du capitalisme en mode social mais mesuré. Même son « nationalisme » est très mesuré : il n’est pas vraiment contre l’immigration et l’islam, il n’est pas du tout contre l’Union européenne et il est même carrément pour les États-Unis et l’Otan. De surcroît, il est un farouche défenseur des institutions de la Ve République.
Toutefois, il représente quelque-chose qui tranche avec le libéralisme ultra-moderniste d’Emmanuel Macron, exactement comme le Républicain Donald Trump tranche avec le Démocrate Joe Biden aux États-Unis. Le résultat a donc été une claque pour Emmanuel Macron, surtout alors qu’il est censé avoir une légitimité gigantesque de part sa participation forcenée à la guerre américaine contre la Russie.
À situation de crise, réaction de crise : le Président français a donc décidé la dissolution immédiate de l’Assemblée nationale, ouvrant pour le pays une période de trois semaines (puis une semaine) de troubles et d’incertitudes politiques.
Les élections des députés auront lieu le 30 juin, puis le 7 juillet en cas de second tour. Dans les faits, le régime français vacille littéralement, car la France est une puissance en déclin devenue entièrement inféodé à la superpuissance américaine, mais qui ne l’assume pas encore suffisamment.
Emmanuel Macron, pour garantir la guerre qu’il compte mener à la Russie, a besoin d’une légitimité renforcée. Il joue donc carte sur table en imposant un retour aux urnes et en tentant si ce n’est de coincer le Rassemblement national, sinon de l’obliger à rentrer comme il faut dans l’orbite américaine. Il accusera le RN d’être pro-Russie, et celui-ci montrera en retour avec zèle sa loyauté à la superpuissance américaine, tout comme le fait la populiste Giorgia Meloni à la tête du gouvernement en Italie.
Beaucoup de choses vont être dites et entendues durant ces trois prochaines semaines, il faut s’attendre d’ailleurs à la plus grande hystérie de la part de la petite-bourgeoisie urbaine et des bobos. Il va y avoir dans toutes les bouches des raccourcis grotesques, des déformations, du mensonge, du hors-sujet.
Il n’y a qu’à voir l’édito grotesque de Libération qui invente littéralement une situation historique et politique :
« En route vers ces élections inattendues mais ô combien cruciales, la gauche française doit prendre conscience de son rôle historique : assurer aux Français, comme ses ancêtres républicains, que le fascisme ne passera pas. »
Les bourgeois gauche-caviar de « Libé » inventent, car non seulement il n’y a pas de menace fasciste avec le consensuel et républicain Jordan Bardella, mais surtout la Gauche ne ressemble plus à rien en France. Elle est plus que jamais coupée du peuple, prise en étau entre les populistes ultras de la France insoumises et les bourgeois atlantistes furieusement pour la guerre à la Russie comme Raphaël Glucksmann ; elle ne changera donc rien à rien en 2024.
C’est la même rengaine avec la CGT, le syndicat qui se mêle de politique et s’imagine le droit de faire référence au Front populaire « face à l’extrême-droite » dans un communiqué. Le syndicat, qui ne semble pas être au courant qu’il est totalement marginal chez les prolétaires, est « en colère » et s’imagine des grandes choses pour y remédier :
« Notre République et notre démocratie sont en danger. Pour empêcher la catastrophe organisée par Emmanuel Macron et Marine Le Pen d’advenir, l’unité de la gauche est indispensable. »
Bref, c’est le triomphe du populisme, y compris donc dans sa version « de gauche », qui sabote l’héritage historique et la puissance du Socialisme pour défendre une République bourgeoise qui n’est pas du tout en danger.
Pour y voir clair dans ce marasme, il va falloir garder bien en tête la boussole de notre époque : la guerre mondiale de repartage du monde, avec en arrière plan l’effondrement de l’occident sous les coups acerbes des capitalismes challenger menés par la Chine.
Ce qui compte en France, c’est de dénoncer l’Otan, c’est de refuser la guerre à la Russie. Là est l’aspect principal.
La situation de crise politique rend d’autant plus claire et évidente cette position pour qui veux réellement que le monde change de base. Il n’y a pas à tergiverser ni à ruer dans les brancards : la crise politique exprime l’effondrement du régime en France, alors il faut appuyer cet effondrement en sabotant son principal plan de survie : la guerre à la Russie!
Non aux populismes, qu’ils soient nationaux ou libéraux, ou prétendument de gauche, et surtout non à l’Otan et aux plans de la superpuissance américaine pour la France, guerre à la guerre!
Lorsque le président français Emmanuel Macron a parlé d’intervention militaire française en Ukraine le 26 février 2024, pratiquement personne ne l’a pris au sérieux dans le pays. Les Français sont ainsi, ils ne prennent rien au sérieux.
Néanmoins, tout l’appareil d’État s’est mis en branle dans cette perspective de conflit. L’économie de guerre a pris forme, la propagande a commencé à se généraliser.
Le 2 mai 2024, dans un entretien à l’hebdomadaire britannique The Economist, Emmanuel Macron a réaffirmé la perspective de l’intervention. Et là les Français ne se moquent plus de lui. Car en deux mois, le matraquage a opéré. En ce sens, notre chronologie de l’escalade depuis le 26 février 2024 est une arme politique centrale et il y a lieu de se fonder dessus en toutes occasions.
L’entretien avec The Economist s’inscrit dans cette militarisation et il va d’ailleurs avec un paquet. On a l’interview publié en anglais, l’original en français, un article de présentation de The Economist, puis un long article de commentaire.
Le mot d’ordre de The Economist : Emmanuel Macron a « une vision apocalyptique », et malgré les apparences où l’on peut penser qu’il va très loin, ou trop loin, il aurait raison. « Comme d’autres lugubres visionnaires, il court le risque que son message soit ignoré ».
On lit en conclusion de la présentation d’ailleurs la chose suivante.
« Monsieur Macron est plus clair sur les périls auxquels l’Europe est confrontée que le dirigeant de n’importe quel autre grand pays.
Lorsque le leadership fait défaut, il a le courage de regarder l’histoire dans les yeux. La tragédie pour l’Europe est que les paroles de la Cassandre française risquent de tomber dans l’oreille d’un sourd. »
Emmanuel Macron a donc ici le statut d’un prophète. Sa parole est présentée comme essentielle, car ce dont il s’agit, c’est de sauver la partie européenne de l’occident capitaliste. Pas moins.
Or, comme on le sait, le Royaume-Uni n’est plus membre de l’Union européenne. Il faut donc comprendre l’Europe au sens d’un continent. Emmanuel Macron parle d’ailleurs de menace « existentielle » pour l’Europe géographique et il est également question de la Norvège, un autre pays à l’écart de l’Union européenne.
Emmanuel Macron parle d’un « beau, grand et existentiel débat que les Européens doivent avoir et qui n’est pas réduit à l’Union européenne ».
Le long article de commentaire de l’interview est d’ailleurs titré « How to rescue Europe », « Comment sauver l’Europe ». Il cite les propos d’Emmanuel Macron lors de l’entretien, comme quoi « une civilisation peut mourir ».
Que dit justement Emmanuel Macron ? Voici les propos les plus significatifs. Mais avant tout, il faut remarquer qu’Emmanuel Macron est brillant dans la construction du propos. On sait comment en France, on aime se moquer des politiques, de manière populiste, disproportionnée. C’est un défaut, propre aux Français qui ne savent pas accorder de gravité suffisante aux choses essentielles.
Emmanuel Macron agit en effet en professionnel. Le moindre mot est soupesé, habilement choisi. Il maîtrise de manière parfaite tout le langage et la philosophie de « l’humanisme européen », dont la source est l’esprit bourgeois tchécoslovaque des années 1920.
La Tchécoslovaquie, qui venait de se libérer de l’oppression féodale autrichienne et hongroise, était la seule démocratie bourgeoise d’Europe centrale, au milieu des dictatures fascistes. Cela a produit un esprit bourgeois post-chrétien (ou démocrate-chrétien), « progressiste », « humaniste », anti-féodal et libéral, mais teinté d’inquiétude : l’humanité connaît une crise, il faut réfléchir au développement de la technique, le rôle de la technique et de l’organisation, etc.
Les propos d’Emmanuel Macron, dans leur forme et leur esprit, sont un écho très clair de ceux du président tchécoslovaque Tomáš Masaryk, d’Edmund Husserl, de Karel Čapek, repris ensuite par Karel Kosík, Jan Patočka, Václav Havel.
C’est l’idéologie de l’Union européenne, bien qu’il manque une inquiétude profonde, une angoisse, qu’on retrouve par contre de manière totale et absolue en France Antoine de Saint-Exupéry, Albert Camus, la CFDT, l’UNEF, etc.
Emmanuel Macron se situe dans cette perspective. Il est donc un cadre bourgeois brillant. En fait, il redevient le jeune libéral-démocrate « moderne » qui avait été choisi par la haute bourgeoisie moderniste, financière et technologique, pour gagner l’élection présidentielle de 2017.
Il faut, pour saisir son approche, de l’intelligence et de la culture, sans quoi on se fait piéger. C’est à cela que nous travaillons. Emmanuel Macron se propose comme Tomáš Masaryk, il le fait sciemment. S’imagine-t-on qu’on puisse le combattre sans être à son très haut niveau intellectuel et idéologique ?
Ce n’est pas avec la CGT qu’on combat au plus haut niveau, en fait celui de l’affrontement entre capitalisme et Socialisme. C’est avec l’esprit de Parti, avec le drapeau rouge. Avec un travail de fond, avec une presse intelligente et cultivée. C’est notre travail, central et essentiel.
La teneur des propos d’Emmanuel Macron n’en apparaissent, cela dit, que plus clairement.
« Nous sommes le continent qui a inventé la démocratie libérale. Nos systèmes de société reposent sur ces règles. Or nous sommes percutés par ce que les réseaux sociaux et la numérisation de la vie de nos sociétés et du fonctionnement démocratique créent de vulnérabilités. »
« Les choses peuvent se désagréger très vite. Elles créent en Europe et partout ailleurs, une montée des colères et du ressentiment. Nos compatriotes le sentent. Cela nourrit de la peur, de la colère et cela nourrit les extrêmes. Les choses peuvent se précipiter beaucoup plus vite qu’on ne le croit et peut conduire à une mort beaucoup plus brutale qu’on ne l’imagine.
Ce qui m’intéresse surtout, c’est de conjurer ce mouvement à l’œuvre et montrer qu’un sursaut est possible. Et d’ailleurs, toutes les décisions que nous avons prises ces dernières années, sont des décisions que nous n’avons pas prises dix ans plus tôt. On a réagi plus vite, mieux et dans la bonne direction.
Mais il y a une telle accélération des risques, des menaces, du mal-être de nos sociétés qu’il nous faut maintenant un sursaut beaucoup plus profond. Et au fond, il nous faut bâtir un nouveau paradigme. Un nouveau paradigme géopolitique, économique et de société pour l’Europe. »
« Il y a non seulement un retour de la guerre de haute intensité sur le sol européen, mais cette guerre est menée par une puissance dotée de l’arme nucléaire et qui a un discours belliqueux. Tout cela fait que l’Europe doit légitimement se poser la question de sa protection militaire. Et qu’en effet, elle doit se préparer à ne plus bénéficier de la même protection par les Etats-Unis d’Amérique, c’est ce que je disais déjà en 2019 dans vos colonnes. Nous devons nous préparer à nous protéger. »
« Le défi pour l’Europe est économique et technologique. Il n’y a pas de grandes puissances sans prospérité économique, ni sans souveraineté énergétique et technologique. »
« Nous devons être encore plus puissants, plus forts, plus radicaux. Et à cela s’ajoute le fait que l’Europe ne produit pas assez de richesse par habitant, en comparaison là aussi des autres grandes puissances, et notre grande ambition, alors que nous sommes dans un moment de réallocation des facteurs de production, qu’il s’agisse des cleantech ou de l’intelligence artificielle, c’est d’être un continent attractif pour ces grands investissements. »
Tout ce discours permet donc de faire de la Russie un ennemi absolu, une sorte d’entité anti-libérale et anti-moderne par excellence. Une construction habile, qui obtient sans souci l’aval des citoyens biberonnés à la société de consommation.
« La Russie, c’est une menace qu’on connaît, qu’on a toujours vu. Je parle pour l’ensemble des Européens et tout particulièrement pour l’Allemagne et la France, puisque nous étions en charge de sauver les accords de Minsk et du processus de Normandie. »
« Depuis 2022, Vladimir Poutine n’a plus mis les pieds lui-même dans un g20 et il a été exclu du g8 devenu g7 en 2014. Elle a décidé d’enfreindre le droit international en violant des frontières internationalement reconnues pour un membre permanent du Conseil de sécurité.
À ce point, avec une telle constance, c’est inédit. Elle a aussi commis des crimes de guerre, là aussi avec une puissance inédite. C’est elle qui a lancé cette guerre d’agression contre un pays souverain sur le sol européen.
Il ne faut pas sous-estimer non plus le glissement. Sur la question des oblasts, la Russie a essayé de construire une espèce de paravent de légalité, lequel a été ensuite abandonné. Beaucoup de gens ont sous-estimé le glissement qu’il y a eu entre février et avril 2022. En février, la Russie faisait encore l’effort de formuler un narratif qui serait compatible avec le droit international avec cette idée d’« opération spéciale ».
Maintenant, la Russie elle-même utilise le mot de « guerre » et l’assume. Elle est sortie de tous les cadres et au fond, elle est rentrée dans une logique de guerre totale.
Depuis 2022, de manière croissante, la Russie a ajouté la menace nucléaire explicite, parfois désinhibée, par la voix du président Poutine lui-même et ce, de manière systématique. Elle y a ajouté l’hybridité, en provoquant et en attisant des conflits qui étaient parfois larvés dans d’autres zones. Elle y a ajouté des agressions et des menaces dans l’espace et dans le champ maritime, et elle y a ajouté des menaces et des attaques cyber et informationnelles à un niveau inédit que nous avons décidé, avec nos partenaires européens, pour la première fois, de révéler.
La Russie aujourd’hui est devenue une puissance suréquipée qui continue d’investir de manière massive dans les armements de tout type et qui a une posture de non-respect du droit international, d’agressivité territoriale et d’agressivité dans tous les champs connus de la conflictualité.
C’est aujourd’hui aussi une puissance de déstabilisation régionale partout où elle le peut. Et donc oui, la Russie, ce faisant, par son comportement et ses choix, est devenue une menace pour la sécurité des Européens. En dépit de tous les efforts qui ont été faits par la France, mais aussi par l’Allemagne et les Etats-Unis. »
Après de tels propos, la guerre se justifie d’elle-même
The Economist: Maintenez-vous vos propos concernant un envoi éventuel des troupes au sol ?
Président Macron: Tout à fait. Comme je l’ai dit, je n’exclus rien, parce que nous avons face à nous quelqu’un qui n’exclut rien.
CQFD : puisque, en face, est apparu un ennemi sans légitimité, une puissance définie par le rejet du « droit », alors on a le droit de s’y confronter. Le raisonnement est implacable.
Et alors autant le faire le plus tôt possible :
« Si les Russes devaient aller percer les lignes de front, s’il y avait une demande ukrainienne – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui – on devrait légitimement se poser la question. »
C’est donc la décision de la guerre, qui sera prise mécaniquement (car de la « faute » des Russes), anonymement (car sous prétexte de la protection européenne en général).
Si l’on regarde avec intelligence le cours des choses, tout s’enchaîne avec méthode et cohérence. Cela ne veut pas dire qu’Emmanuel Macron sache ce qu’il fait, car la bourgeoisie ne pense pas. Il ne veut pas de la guerre, dira-t-il, si on lui demande personnellement, et il sera sincère dans sa réponse.
Mais l’Histoire est l’Histoire de la lutte des classes, et il n’est qu’un outil de la bataille pour le repartage du monde, de la bataille sino-américaine pour l’hégémonie.
A nous de lever le drapeau rouge contre l’hégémonisme et la guerre !
Le 3 avril 2024, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu s’est entretenu au téléphone avec son homologue russe Sergueï Choïgu, pour la première fois depuis octobre 2022.
Deux propos russes on fait réagir la France, dans le compte-rendu russe de l’entretien. D’abord, la Russie a expliqué qu’il lui semblait que « la France était prête à reprendre le dialogue », avec peut-être à l’arrière-plan « le point de départ pourrait être l’Initiative d’Istanbul pour la paix ».
Réponse immédiate du côté français : « A aucun moment, nous n’avons dit qu’il y avait une volonté de reprendre le dialogue sur l’Ukraine ».
Ensuite, il y a eu des propos chocs de la part directement du ministre russe des Armées, Sergueï Choïgu. Il a dit la chose suivante au sujet de l’horrible attentat islamiste à Moscou
« Le régime de Kiev ne fait rien sans l’aval de ses superviseurs occidentaux. Nous espérons que, dans ce cas, les services secrets français ne sont pas derrière cela ».
C’est à la fois un avertissement, car il est possible que les services secrets magouillent (qui ne croit pas à cela est prisonnier de la « légitimité » capitaliste), et un style russe rentre-dedans sur le plan relationnel, en mode « même si vous n’avez rien à voir là-dedans, vous êtes avec ceux qui le permettent ».
Lors de l’inauguration du centre aquatique olympique à Saint-Denis, le président français Emmanuel Macron a répondu en continuant sur sa lancée belliciste du 26 février 2024, date fatidique.
« Les commentaires, pour partie, du côté russe, ont été en effet baroques et menaçants. »
« Dire que la France pourrait être derrière, les Ukrainiens sont derrière… tout ça n’a aucun sens, cela ne correspond pas à la réalité. C’est une manipulation de l’information, ce qui fait partie de l’arsenal, si je puis dire, de la guerre tel qu’il est utilisé aujourd’hui par la Russie. Il faut en être conscient. »
« C’est la démonstration de ce que je vous dis depuis le début. C’est d’un accroissement de la posture agressive de la Russie. Et ça ne se passe pas qu’avec la France, ce qui a été fait à l’égard de l’Allemagne, du Royaume-Uni et des États-Unis. Il y a une succession d’informations dont on sait qu’elles sont fausses, qui correspondent à des postures menaçantes. Voilà. »
Emmanuel Macron a également accusé la Russie de chercher à perturber la tenue des Jeux Olympiques à Paris, n’ayant « aucun doute » à ce sujet. La Russie « alimente tous les jours le fait que nous ne pourrions pas faire ceci ou cela, donc ce serait un risque ».
C’est affolant. Depuis le 26 février 2024, l’escalade est ininterrompue. Dans l’indifférence générale en France, tant dans la population qu’à Gauche en général, même si qui plus est toute la gauche gouvernementale est ouvertement belliciste ou du moins accepte le soutien militaire au régime ukrainien.
Pour qui a de la culture relevant de la Gauche historique, il est évident par contre qu’on est dans le même schéma qu’avant 1914. Cela monte crescendo, jusqu’à l’affrontement inévitable pour le repartage du monde… Et : soit la révolution empêche la guerre, soit la guerre provoque la révolution!
Après avoir jeté un pavé dans la mare en assumant la possibilité de l’engagement militaire directe de la France contre la Russie, le Président Emmanuel Macron a reçu jeudi 7 mars 2024 les chefs de partis politiques représentés au Parlement.
Nonobstant le fait qu’il n’y a pas de réelle opposition parlementaire – l’alignement sur l’Otan – et la propagande anti-russe – est total en France-, le chef de l’État entend bien encadrer les choses. Le régime français a besoin d’une nouvelle Union sacrée pour faire la guerre à la Russie, alors il doit s’assurer d’un soutien sans faille des partis, et neutraliser toute possibilité d’opposition démocratique et populaire.
La convocation avait donc pour but de préparer les députés et sénateurs au débat et au vote du 12 mars à l’Assemblée nationale et du 13 mars au Sénat.
« Le Président de la République a demandé au gouvernement de faire devant le Parlement une déclaration en application de l’article 50-1 de la Constitution, relative à l’accord bilatéral de sécurité conclu avec l’Ukraine le 16 février 2024 et à la situation en Ukraine, suivie d’un débat et d’un vote ».
On ne saura rien précisément de cette réunion organisée par le président, qui aurait duré trois heures. Aucun article de fond, ni aucune présentation détaillée n’a été faite par qui que ce soit ; il n’y a absolument aucune transparence démocratique sur le sujet.
Les élus convoqués se sont contentés de descriptions vagues et générales sur le fait qu’il y aurait eu des cartes de montrées, un bilan de la situation militaire compliquée en Ukraine, avec l’idée que la France pourrait intervenir si la Russie approchait Odessa ou Kiev.
Le secret-défense a probablement été de mise. Mais ce qui compte, et qui est systématiquement relayé, c’est le fait qu’Emmanuel Macron n’envisage absolument aucune limite à l’intervention militaire, ni aucune « ligne rouge ».
C’est Fabien Roussel du PCF qui en a dit le plus, et surtout qui a dit l’essentiel. Selon lui, « toutes les forces politiques » sont d’accord sur l’objectif qui est « que nous ne voulons pas que la Russie gagne, que tout doit être fait ». Seulement, ajoute-t-il, « notre seul sujet de divergence, ce sont les moyens que nous y mettons ».
Voilà. Tout le monde est d’accord pour suivre les plans de la superpuissance américaine, qui sous-traite maintenant à l’Union européenne la guerre contre la Russie. La France est le nouveau chef de file de ce bellicisme, avec à sa tête Emmanuel Macron qui ne souffre d’aucune opposition réelle dans son pays.
La situation est d’autant plus idéale pour Emmanuel Macron que les fausses oppositions prétendent en toute hypocrisie avoir des divergences, des inquiétudes.
Fabien Roussel du PCF a dit :
« Je trouve ça extrêmement grave et extrêmement dangereux. C’est ce qui s’appelle l’escalade guerrière comme on en a connu en Europe. »
Jordan Bardella du Rassemblement national a dit :
« Nous sommes en faveur, sur le principe, d’un accord bilatéral avec l’Ukraine, mais il faut placer des lignes rouges. »
Eric Ciotti pour Les Républicains rappelle :
« le soutien total des Républicains à l’Ukraine, à une aide financière et à des équipements militaires. Nous le dirons mardi à l’Assemblée, mais en revanche, j’ai redit notre totale opposition à un engagement de troupes au sol. C’est une position inopportune, irresponsable. »
Pour la France insoumise, Manuel Bompard a joué un peu plus la comédie que les autres :
« Je suis arrivé inquiet, et je suis ressorti encore plus inquiet. »
La secrétaire nationale des « écologistes » Marine Tondelier a dit que :
« C’était une réunion utile et nécessaire. »
Du côté du Parti socialiste avec Olivier Faure, c’est un véritable plébiscite en faveur d’Emmanuel Macron :
« Nous avons besoin de maintenir une pression forte sur Vladimir Poutine, lui dire que nous sommes derrière la résistance ukrainienne et que nous ne la lâcherons pas ».
La bourgeoisie française maitrise parfaitement sa partition et encadre minutieusement la préparation de la guerre directe à la Russie, qui est maintenant l’objectif à l’horizon des prochaines années.
Les pseudo-inquiétudes des uns et des autres sont d’autant plus utiles à Emmanuel Macron qu’il peut s’en servir, inversement, pour se montrer lui « réaliste », ayant accès à telle ou telle information, voyant directement les choses, prenant les responsabilités qu’il faut, rejetant le bal des hypocrites, etc.
Face à la guerre mondiale pour le repartage du monde, il ne s’agit pas de faire dans la demi-mesure. Il n’y a que deux camps : celui du peuple, fermement contre l’Otan et contre la guerre mondiale, donc contre tout soutien au régime ukrainien, et celui de la superpuissance américaine qui utilise la question ukrainienne contre la Russie (et indirectement contre la superpuissance chinoise).
Cela n’a rien d’une nuance, c’est une ligne de démarcation très nette et très claire. Car la France est maintenant impliquée au plus haut point dans la guerre face à la Russie, en préparation d’un affrontement militaire direct.
En effet, le même jour la France organisait une nouvelle réunion de ministres des Affaires étrangères et de ministres de la Défense pour l’offensive contre la Russie.
Là encore, c’est très opaque, mais la presse relaie toutefois quelques informations pour assurer la propagande de guerre.
Vingt-huit pays auraient été représentés, dont l’Ukraine, des États membres de l’Union européenne, les États-Unis et le Canada.
Il y aurait été question de huit chantiers, aux contenus très explicites : munitions, principes de déstockage, cyber, protection de la frontière, protection des États vulnérables, déminage, production industrielle sur place en Ukraine et une « 9e coalition » sur les missiles.
Une « source diplomatique » a résumé la chose à la presse en évoquant un « sursaut collectif et un sentiment d’urgence qu’il faut faire plus, faire mieux, faire autrement pour l’Ukraine ».
Toujours via « source diplomatique », il est expliqué dans la presse une chose également très importante, même fondamentale. Il est question directement de l’opinion publique et du fait que nous sommes actuellement à « un moment de bascule » :
« Il y a un travail d’explication très important sur les conséquences que cela provoque en termes de sécurité, de conséquences en termes de marché agricole, de conséquences migratoires et autres… »
Il n’y a donc aucune « inquiétude » à avoir… on est déjà à l’étape d’après. La guerre à la Russie n’est plus une hypothèse, une « ligne rouge », une « escalade ». C’est une opération en préparation.
La France se prépare à la guerre à la Russie et mène en ce moment (pour le compte des États-Unis) une coalition mondiale contre la Russie.
La seule position à avoir est donc aussi claire que nette : il faut saboter les plans français de guerre à la Russie. Il faut dénoncer non pas l’escalade, mais la préparation concrète et pratique de la guerre contre la Russie.
Pour bien appuyer les choses, ont notera également cette tribune le même jour, jeudi 7 mars 2024, dans le journal Le Monde qui est un des principaux relais de propagande du régime français.
Elle est signée par Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des affaires étrangères, qui appelle à une multiplication de la production d’armes et surtout à la fourniture à l’Ukraine d’obus d’artillerie.
Il va extrêmement loin dans la propagande de guerre et l’appel à un engagement forcené contre la Russie.
« Si aujourd’hui l’Ukraine se trouve dans cette situation, c’est parce que nos alliés en Europe et aux États-Unis ont mis des mois à débattre avant de prendre la décision de nous fournir des munitions d’artillerie en quantité suffisante.
Parce qu’ils n’ont pas accéléré à temps leur production d’armement, qu’ils ont traîné les pieds avant de se procurer du matériel militaire auprès de pays tiers et qu’ils ont exporté des obus produits en Europe vers d’autres régions du monde. »
Il explique également, montrant l’importance du rôle de la France dans la nouvelle phase de la guerre :
« Toutes les capitales européennes doivent comprendre cette vérité simple et dure à la fois, que l’on semble déjà avoir comprise à Paris : soit nos alliés (…) aident pleinement les soldats ukrainiens dans leurs batailles pour défendre les villes et les villages d’Ukraine, soit, un jour, ce sera au tour de vos soldats de sacrifier leurs vies dans des batailles pour défendre les villes et les villages des pays d’Europe centrale d’abord et du reste de l’Europe ensuite ».
La population ukrainienne est donc tenue de tenir quelques années, comme chair à canon, en attendant que l’Europe (pour le compte des États-Unis), avec la France à sa tête, s’arme et se prépare militairement à l’affrontement à la Russie.
Il faut mettre à bas ce plan impérialiste : le socialisme doit renverser la 3e guerre mondiale. C’est cela, la réelle actualité historique !
La conférence de soutien au régime ukrainien à Paris, le 26 février 2024, a été un événement très marquant. Sa signification réelle doit être saisie avec précision, car on parle ici d’une pièce d’un puzzle dont les contours généraux ne seront visibles par tout le monde que tout à la fin.
Cela n’a pas été une vraie conférence. En pratique, cela a été une réunion de quelques heures avec des présidents et des premiers ministres. Et seul Emmanuel Macron a pris la parole au début, pour introduire la conférence, et à la fin, pour une conférence de presse.
C’est là pour le moins étrange, bien entendu. Et c’est la clef pour comprendre la signification de la conférence.
Regardons d’abord quels sont les pays concernés. L’Elysée a parlé de 27 pays représentés… sans en dresser la liste !
Par les médias, on sait que sont au moins concernés la superpuissance américaine (avec un adjoint du secrétaire d’État Antony Blinken), le Royaume-Uni (avec le secrétaire aux Affaires étrangères, David Cameron), le Canada, la Suède (qui vient de rentrer dans l’Otan), ainsi que les pays européens suivants : Allemagne, Belgique, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Grèce, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque et Roumanie.
Comment se fait-il que des représentants de tous ces pays n’aient pas pris la parole? C’est bien qu’Emmanuel Macron avait été envoyé en « mission » s’il était le seul à parler. Il devait parler au nom de tout le monde… Sans engager tout le monde.
Et c’est pourquoi il a pu balancer sa « bombe » de troupes occidentales au sol venant épauler l’armée ukrainienne.
Voici ce qu’Emmanuel Macron a dit lors de la conférence de presse.
« Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique rien ne doit être exclu.
Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre. Je le dis ici avec à la fois avec détermination mais aussi avec l’humilité collective que nous devons avoir quand on regarde les deux années qui viennent de s’écouler.
Beaucoup de gens qui disent ‘jamais, jamais aujourd’hui’ étaient les mêmes qui disaient ‘jamais jamais des tanks, jamais jamais des avions, jamais jamais des missiles de longue portée, jamais jamais ceci il y a deux ans’.
Je vous rappelle qu’il y a deux ans, beaucoup autour de cette table disaient ‘nous allons proposer des sacs de couchage et des casques’ et aujourd’hui disent ‘il faut faire plus vite et plus fort pour avoir des missiles et des tanks’.
Ayons l’humilité de constater qu’on a souvent eu six à douze mois de retard, c’était l’objectif de la discussion de ce soir.
Donc tout est possible si c’est utile pour atteindre notre objectif. »
Il s’agissait là une réponse à une question d’une journaliste. Voici la question posée.
« Sur les propos du Premier ministre slovaque qui avant cette conférence d’aujourd’hui évoquait la possibilité d’envoyer des troupes au sol occidental en Ukraine. Est-ce que cela a été discuté aujourd’hui? Qu’est-ce que vous en pensez et qu’en est-il? »
Emmanuel Macron n’est donc pas arrivé en expliquant de but en blanc qu’une intervention armée occidentale était possible. Ce n’est pas comme ça qu’il est possible de procéder dans le cadre d’une démocratie formelle, bourgeoise, qui fait tout pour maintenir les apparences « démocratiques ».
Emmanuel Macron a ainsi parlé de « cyberdéfensif », de coproduction d’armement en Ukraine, du soutien à la Moldavie (« menacée » par la Russie), de l’envoi de forces non militaires à la frontière entre la Biélorussie et l’Ukraine, du déminage.
Mais, « comme par hasard », un journaliste du Monde revient à la charge. Voici sa question.
« À propos de l’envoi éventuel de troupes au sol, vous dîtes que cela a a été évoqué, est-ce que vous pouvez préciser par quels pays cela a été évoqué. Quels sont les pays qui envisageraient de le faire à titre bilatéral? Et pourquoi la France n’y est pas favorable à ce stade? »
La réponse du président français est la suivante.
« Je n’ai absolument pas dit que la France n’y était pas favorable, je ne lèverai pas l’ambiguïté des débats de ce soir en donnant des noms. Je dis que ça a été évoqué parmi les options. Je vous ai dit les cinq points sur lesquels il y avait un consensus qui s’était établi.
Si ces points d’ailleurs étaient totalement mis en œuvre, et il ne faudrait pas exclure qu’ils nécessitent des sécurisations qui justifient ensuite quelques éléments de déploiement, mais je vous ai dit de manière très claire pourquoi la France maintiendra sa position, qui est une ambiguïté stratégique que j’assume.
Rien ne doit être exclu pour poursuivre l’objectif qui est le nôtre: la Russie ne peut ni ne doit gagner cette guerre ».
Un peu plus tard, Emmanuel Macron demande s’il y a une dernière question, il constate qu’il n’y en a pas et que c’est une première. Alors, « comme par hasard », le même journaliste du Monde veut poser une seconde question. Emmanuel Macron répète sa petite blague comme quoi c’est de nouveau une première, puisque normalement c’est une seule question par journaliste.
La question est naturellement parfaitement calibrée… La voici.
« Est-il possible d’envisager qu’un pays envoie des troupes en Ukraine sans l’accord des autres au niveau européen?
Par exemple la Pologne pourrait-elle envisager de le faire et est-il possible de la retenir dans ce cas-là et est-ce que ça a été l’un des objets de la discussion de ce soir? »
Il est évident que la question était prévue en amont, au plus haut niveau, car elle est d’une diplomatie parfaite, puisqu’il s’agirait de « retenir » la Pologne…
Et Emmanuel Macron de répondre à cette dernière question, en soulignant… Qu’il n’était pas possible de retenir qui que ce soit.
« Chaque pays est souverain, sa force armée est souveraine, il a par sa constitution les voies et moyens de son engagement. Personne ne peut engager un autre pays de faire ce qui lui revient.
Il faut définir un cadre d’intervention et dans ces cas-là des cadres de solidarité mais ma réponse est non : personne ne peut engager personne.
Je vous dis simplement que l’esprit qui régnait ce soir c’est qu’autour des cinq actions que j’ai évoquées, le consensus était là. Nous sommes prêts à faire aussi longtemps que ce qui est nécessaire, et tout ce qui est nécessaire, pour que la Russie ne puisse gagner cette guerre ».
Naturellement, le lendemain, tous les pays européens, l’Otan et la superpuissance militaire américaine ont dit que, oh que non, ils n’enverraient pas de soldats au sol en Ukraine.
Et on a pu voir les journalistes se précipiter dessus, ainsi que certains partis politiques français critiquant l’initiative d’Emmanuel Macron, considéré comme trop dangereuse. Alors qu’en même temps, ces mêmes partis (comme le RN, le PS ou LFI) ont soutenu l’Otan et la propagande de guerre contre la Russie…
Mais en réalité, Emmanuel Macron a agi en service commandé. Il a été utilisé sciemment pour ouvrir un nouvel espace au bellicisme. Car il est très difficile de commencer une guerre, il faut beaucoup de subtilités et de bourrage de crâne, de préparation de l’opinion…
Là, Emmanuel Macron a parlé pour tout le monde, tout en n’engageant personne. Cependant, l’idée est désormais bien installée.
Il suffit de lire nos articles sur l’Ukraine – depuis six mois avant le début du conflit que nous avions prévu – pour voir comment on est ici dans la mise en place d’une narration.
Bien entendu que personne n’allait dire qu’Emmanuel Macron avait raison et que tout le monde allait envoyer ses troupes! Il sera dit que les troupes seront envoyées « parce qu’on avait pas le choix »… Il sera explique que, malheureusement, Emmanuel Macron avait raison, « mais nous ne voulions pas car nous sommes pour la paix », etc. Tel sera le discours!
Le 26 février 2024 est un excellent exemple d’un très haut savoir-faire politique… et inversement du niveau totalement nul des masses, qui ne comprennent rien à rien. Elles voient une pseudo-opposition à l’initiative d’Emmanuel Macron, alors elles se disent qu’il y a débat… Alors que les dés sont pipés.
La Pologne interviendra militairement en Ukraine (ce que nous avons annoncé en février 2023) et ce sera par la force de la nécessité, soit disant « sans le vouloir », que les armées occidentales suivront dans la foulée…
Et voilà, tout est joué, le drame est écrit, il ne manque plus que l’arrivée des acteurs. Le 26 février 2024, lors d’une conférence internationale à Paris pour le soutien militaire à l’Ukraine, le président français Emmanuel Macron a dit deux choses.
Tout d’abord, que la Russie comptait attaquer militairement d’ici quelques années les pays de l’Union Européenne. C’est absolument n’importe quoi, mais il est en moyen de le dire, car tout l’appareil médiatique et institutionnel est avec lui.
C’est de la propagande de guerre et le bourrage de crâne est tel que cela passe comme une lettre à la poste.
Ensuite, il a expliqué que l’envoi de troupes françaises en Ukraine n’était nullement exclu, car « tout est possible si c’est utile ».
L’envoi de troupes est bien entendu posé comme « hypothèse », afin bien sûr d’installer l’idée dans les esprits pour la faire triompher, et personne ne dit rien.
La guerre s’annonce donc ! Jusqu’au dernier Ukrainien, d’abord, et si cela ne suffit pas les armées des pays de l’Union Européenne entreront dans l’affrontement.
Tout cela pour démanteler la Russie, l’asservir pour s’en servir comme levier de sortie de crise – car tout part de la crise de 2020, qui a littéralement torpillé le capitalisme.
Il en faut une preuve? Regardez à gauche : personne ne dit rien, nulle part ! Il y a des gens qui se disent contre le capitalisme pourtant, dans notre pays. Où sont-ils? Eh bien ils disparaissent dès que les intérêts stratégiques du capitalisme français sont en jeu.
Pour les retraites dans le capitalisme, là il y a du monde qui s’active. Mais contre la guerre menée par le capitalisme pour se relancer, comme par hasard, il n’y a plus personne.
C’est l’unanimité. De La France Insoumise au Rassemblement National, de la CGT à la CFDT, des socialistes aux conservateurs, des LGBT aux activistes nationalistes, tous sont d’accord.
Et c’est justement cette unanimité qui est la preuve que c’est tout le capitalisme français qui est en jeu, que tout le monde le « sent » et se range, s’aligne, se fonde dans le décor, s’amalgame, s’unit.
Le capitalisme a donc les mains libres et peut amener l’armée française à la guerre. Et les rares anti-guerre peuvent prévoir la répression et l’isolement le plus complet… En théorie.
Car une telle situation ne durera pas. Ce qui compte, ce sont les contradictions. Les rêves capitalistes sont ainsi voués à l’échec, tout comme la recomposition du prolétariat est inéluctable.
La France capitaliste qui tente de s’en sortir par la guerre connaîtra la déroute et le Socialisme émergera de celle-ci, comme dépassement historique d’une situation horrible.
Il appartient donc à chacun d’être soit une partie du problème, soit une partie de la solution. C’est soit le repli sur soi et l’acceptation de la marche à la guerre, soit la lutte sous le drapeau du Socialisme contre la guerre.
Ce drapeau, agauche.org le porte, seul, contre vents et marées. Et nous appelons à vous organiser avec et autour de nous, à étudier les documents que nous proposons sur la situation urainienne depuis six mois avant le déclenchement du conflit. Nos documents sont essentiels pour comprendre la mise en place de la tendance à la guerre, l’installation du bellicisme.
Ils sont l’outil pour comprendre comment cela doit produire l’inverse du capitalisme et de la guerre : le Socialisme et l’humanité unifiée!
Le 16 février 2024 après-midi, la France a signé un accord militaire historique avec le régime ukrainien, alors que le matin un accord du même type a été signé entre l’Ukraine et l’Allemagne. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a tout fait dans la journée.
Cela est décidé en toute opacité, sans que le Parlement français ne s’en émeuve d’ailleurs. Tout le monde est aligné sur la superpuissance américaine.
Si la France était déjà largement engagée dans l’hostilité à la Russie, elle est maintenant officiellement liée au régime nationaliste ukrainien, et surtout à un accord militaire ouvertement dirigé contre la Russie.
Il s’agit ni plus ni moins que d’une préparation politique et juridico-pratique à un engagement militaire direct de la France contre la Russie.
Cet engagement se produira très certainement en partenariat avec la Roumanie (des accords étant déjà signés), alors que l’Allemagne s’engagera au niveau de la Pologne. Un accord pour un « corridor » militaire entre l’Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne, facilitant le passage des troupes et du matériel, a déjà été signé le 30 janvier 2024 (l’armée néerlandaise est également déjà un satellite de l’armée allemande).
Lors du discours qui a suivi immédiatement cette signature, Emmanuel Macron a eu des mots très forts contre la Russie, racontant au passage n’importe quoi sur la situation de ce pays (catastrophe économique, émigration massive, absence de crédibilité internationale, volonté d’agresser d’autres pays, etc.).
Il a en tous cas affirmé plusieurs choses, aux conséquences très graves diplomatiquement, indiquant un changement radical de posture de la part de la France.
La première (nous soulignons) :
« La Russie a durci ses postures agressives pas seulement contre l’Ukraine mais contre nous tous.
Aujourd’hui, c’est une nouvelle phase.
La Russie de Vladimir Poutine est devenue un acteur méthodique de la déstabilisation du monde ».
La seconde :
« Ces derniers mois des manœuvres de désinformation, de manipulation de l’information et des attaques cyber se sont systématisées et intensifiées.
La Russie a franchi plusieurs seuils à l’égard des démocraties européennes.
Ce changement de posture marque une volonté d’agression à notre endroit.
L’intensification des agressions, leur changement de nature et les seuils franchis exigent un sursaut collectif. »
Emmanuel Macron affirme donc que la Russie agresse la France. C’est là le discours d’un dirigeant préparant une guerre, c’est typiquement ce que disent tous les dirigeant avant de lancer une guerre.
Plus loin dans son discours, d’ailleurs très court, il a évoqué ouvertement le sujet de l’engagement militaire français (sous l’égide de l’Europe et de l’Otan, car la France n’est qu’une colonie américaine bien entendu).
« Si on voit les choses advenir, une nouvelle phase s’ouvrir, il faut avoir la lucidité d’ouvrir une phase de réflexion stratégique et opérationnelle. »
Une réflexion « opérationnelle », cela signifie la guerre.
Et comme pour souligner cette possibilité tout à fait concrète de la guerre française contre la Russie, Emmanuel Macron a cru bon de préciser que ce n’est actuellement pas le cas, sous-entendant que ça pourrait devenir le cas.
« Que les choses soient claires, la France n’est pas en guerre contre la Russie, ni le peuple russe ».
Toutefois, il a précisé après des engagements très fermes contre la Russie. Il a eu cette phrase particulièrement hostile, mais qui ne consiste en rien de nouveau depuis 2022 :
« Nous sommes décidés à faire échec à la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine ».
Par contre, radicalisant sa position, il a dit que la France est maintenant prête à « bousculer les habitudes », à « en faire davantage », appelant à un « effort de réarmement ».
Dans cette optique, 3 milliards d’euros doivent donc officiellement être distribués à l’Ukraine en 2024, après 1,7 milliards en 2022 et 2,1 milliards en 2023 d’après le Président français.
Précision ici une chose très importante. Cette prise de position française (qui est la même que celle des deux autres grands vassaux américains que sont le Royaume-Uni et l’Allemagne), intervient à un moment très particulier où l’Ukraine connaît une situation très difficile sur le plan militaire.
L’annonce le 17 février 2024 de la prise d’Avdiïvka par la Russie (l’Ukraine parle de son côté d’un retrait volontaire et sans conséquence…) est un moment marquant. C’était une position stratégique de l’armée ukrainienne depuis 2014, contre les régions séparatistes. La stratégie russe d’attrition, d’encerclement minutieux et de pilonnages de cibles très précises porte ses fruits, alors que le matériel occidental offert à l’Ukraine ne permet pas de faire de différence.
Il ne peut maintenant plus y avoir que deux solutions : soit l’Ukraine périclite rapidement, et il y aura des négociations, soit ce sera l’escalade, avec un engagement militaire directe de l’occident.
C’est précisément ici qu’intervient l’accord militaire signé entre la France et l’Ukraine, avec ses conséquences immenses. Pour dire les choses très simplement, cet accord consiste à faire comme si l’Ukraine était membre de l’Otan, tout autant qu’elle prépare son adhésion.
On l’aura compris, cela engage mutuellement les deux pays en cas de conflit futur, ou d’escalade. C’est plus qu’une alliance, c’est la formation d’un bloc militaire. On sait ici très bien qu’il s’agit du bloc occidental, dirigé par la superpuissance américaine, avec en ligne de mire la superpuissance chinoise.
L’Allemagne et le Royaume-Uni ont signé le même type d’accord avec l’Ukraine.
Toujours est-il que cela est maintenant très concret, avec des engagements signés noir sur blanc. De manière générale, il est question du soutien militaire mutuel entre les deux pays, dans la perspective de l’Otan, ainsi que d’une dénonciation aussi forte que systématique de la Russie.
Ce passage est typique :
« Le Participant français contribuera au développement des capacités de protection des infrastructures critiques de l’Ukraine, y compris par des moyens militaires, en donnant la priorité, sans s’y limiter, aux capacités modernes de défense aérienne.
Les Participants envisageront des programmes conjoints d’enseignement et de formation pour les spécialistes de la protection des infrastructures critiques. »
Surtout, l’alliance militaire totale pour l’avenir est gravée dans le marbre, obligeant pratiquement l’engagement directes des deux partie en cas de nouveau conflit :
« En cas de future agression armée russe contre l’Ukraine, à la demande de l’un ou l’autre des Participants, les Participants mèneront des consultations dans les 24 heures pour déterminer les mesures nécessaires pour contrer ou dissuader l’agression.
Dans ces circonstances, et conformément à ses obligations légales et constitutionnelles, le Participant français fournira à l’Ukraine une assistance rapide et soutenue en matière de sécurité, des équipements militaires modernes dans tous les domaines, selon les besoins, et une assistance économique ; il imposera des coûts, économiques notamment, à la Russie et consultera l’Ukraine sur ses besoins dans le cadre de l’exercice de son droit à la légitime défense consacré par l’article 51 de la Charte des Nations unies. »
Forcément, il n’est pas précisé en quoi consisterait une « nouvelle agression armée russe contre l’Ukraine »… Au passage, il est bien préciser que l’assistance doit se faire dans les deux sens.
« Les Participants s’efforceront de faire en sorte que les capacités militaires de l’Ukraine soient d’un niveau tel qu’en cas d’agression militaire extérieure contre la France, l’Ukraine soit en mesure de fournir une assistance militaire efficace. Les modalités, le format et la portée de cette assistance seront déterminés par les Participants. »
Enfin, ou surtout, l’accord interdit de faire à l’Ukraine toute négociation de paix. L’Ukraine est entièrement vassalisées par la France (qui est elle-même un vassal américain) pour servir de chair à canon contre la Russie.
Il s’agit du point 14, intitulé « Redevabilité ».
« Les Participants réaffirment leur engagement à tenir la Fédération de Russie pour responsable des pertes ou des dommages causés à des personnes et à des entités, ainsi qu’à l’État ukrainien, du fait des actes internationalement illicites qu’elle a commis en Ukraine ou contre l’Ukraine, y compris son agression en violation de la Charte des Nations Unies.
Les Participants réaffirment qu’il ne doit pas y avoir d’impunité pour les crimes de guerre et autres atrocités et que la Fédération de Russie doit en assumer la responsabilité juridique, notamment en réparant tout dommage causé par de tels actes, ce qui contribuera également à dissuader de futures agressions et à soutenir la résilience de l’Ukraine.
Les Participants s’efforceront de demander des comptes aux responsables de crimes de guerre et d’autres crimes internationaux, commis en Ukraine ou contre l’Ukraine dans le contexte de la guerre d’agression de la Russie, conformément au droit international, notamment en soutenant les travaux du bureau du procureur général de l’Ukraine et de la Cour pénale internationale afin de garantir que les allégations de crimes de guerre fassent l’objet d’enquêtes complètes et équitables menées par des mécanismes juridiques indépendants, efficaces et robustes.
Les Participants poursuivront leur engagement au sein du « Groupe sur les options pour la création d’un tribunal sur le crime d’agression contre l’Ukraine ». »
Nous sommes à l’aube d’une troisième guerre mondiale, et la France, notre pays, participe activement à l’escalade menant à ce conflit. Il faut dénoncer l’escalade militaire, il faut dénoncer l’Otan, il faut saboter les plans militaire français de guerre contre la Russie !
Telle est l’actualité réelle, principale, essentielle de notre époque. Tout se définit par rapport à ça !
Théoriquement, c’est simplement une « tribune », cosignée par Emmanuel Macron, le président français, et Ulf Kristersson, le premier ministre suédois, publiée en France dans Les Echos et en Suède dans le Dagens Nyheter.
En réalité, c’est un accord franco-suédois qui scelle l’alliance à leur niveau, alliance des pays de l’Union européenne pour faire la guerre à la Russie.
Les pays de l’Union européenne ont fourni jusqu’à présent 28 milliards d’euros de matériel de guerre au régime ukrainien, et ce sera 21,2 milliards rien que pour cette année. L’Union européenne prend le relais de la superpuissance américaine, celle-ci pouvant se reconcentrer sur la superpuissance chinoise.
Le réveil va être très dur pour les Français, qui n’ont jamais compris l’envergure de la question, y compris à Gauche où personne ne s’est soucié de rien. Nous allons à la guerre, nous ne sommes déjà plus dans la paix.
Les bourgeoisies européennes sentent le désastre venir. Elles n’ont plus le choix. Le seul moyen de sauver l’occident, c’est de démanteler la Russie, alors on y va de manière mécanique. Voilà pourquoi même l’extrême-Droite française s’est alignée sur l’Otan, comme l’a fait l’extrême-Droite italienne.
Dans les 10-15 ans, la France mettra en place une armée de masse, ce que le Royaume-Uni et l’Allemagne annoncent déjà de leur côté. Cela sera un mélange de libéralisme moderniste à la Emmanuel Macron et de conservatisme militariste, le second quinquennat d’Emmanuel Macron s’alignant déjà là-dessus.
Le « partenariat stratégique » franco-suédois relève de cette dynamique. La Suède, qui va rentrer dans l’Otan, est d’ailleurs emblématique de la combinaison d’un libéralisme culturel généralisé et d’un nationalisme militariste très dur fonctionnant à l’arrière-plan, sous des dehors « démocratiques ».
Telle est la réalité, la vraie actualité – et c’est là-dessus que doit se fonder la conscience de l’Histoire, celle qui a compris le caractère inéluctable du Socialisme, de son impérieuse nécessité pour briser la barbarie.
« L’année 2024 sera une année décisive pour l’Europe, à un moment où notre liberté et notre souveraineté sont en jeu.
Face aux multiples menaces actuelles, telles que la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, les perturbations en matière d’approvisionnement énergétique, le terrorisme et la criminalité organisée, ainsi que face à la problématique de la transition vers une économie numérique et bas carbone, la France et la Suède collaboreront plus étroitement pour renforcer la capacité de l’Europe à agir.
Cette semaine, lors d’une visite d’Etat organisée à l’invitation de Sa Majesté le roi Carl XVI Gustaf, la France et la Suède réaffirmeront les liens étroits qui les unissent en concluant des accords relatifs à l’innovation, l’énergie nucléaire et la sécurité. A cette occasion, les deux pays signeront un partenariat bilatéral stratégique pour l’innovation dans des sociétés durables, numériques et résilientes.
La France et la Suède sont toutes deux de grandes puissances industrielles et des moteurs de l’innovation, à la pointe dans plusieurs secteurs, tels que la technologie et l’industrie spatiale.
Ces capacités exceptionnelles doivent être exploitées pour renforcer encore la position géostratégique de l’Europe, réduire ses dépendances stratégiques et bâtir une assise économique plus résiliente et plus solide.
Alors que nous entrons dans une année incertaine, porteuse de multiples menaces pour notre sécurité et notre prospérité, et que l’Europe se doit de jouer un rôle de premier plan dans les transitions écologique et numérique, les contributions de nos deux pays seront essentielles pour rendre l’Europe plus sûre et plus forte.
La France et la Suède collaboreront plus étroitement encore en s’appuyant sur trois constats.
Premièrement, la guerre en Ukraine fait peser un risque existentiel sur la sécurité de notre voisinage. Défendre l’Ukraine, c’est avant tout défendre les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale et l’idée selon laquelle la force ne fait pas loi.
C’est la raison pour laquelle la France et la Suède apportent un soutien politique, économique, humanitaire et militaire à l’Ukraine, tant sur le plan bilatéral que par l’intermédiaire de l’Union européenne (UE). C’est également la raison pour laquelle l’UE doit veiller à ce que l’avenir de l’Ukraine soit au sein de l’Europe, tout en renforçant en parallèle la sécurité et la défense européennes.
Lors du Conseil européen de décembre dernier, nous avons pris la décision historique d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine, ce qui souligne notre engagement commun en faveur d’une trajectoire européenne pour ce pays.
L’UE doit également prendre des décisions fortes en ce qui concerne le soutien financier à l’Ukraine et parvenir à un accord lors du prochain Conseil européen extraordinaire, qui se tiendra le 1er février. Ce soutien pourrait en effet aujourd’hui revêtir une importance capitale, plus qu’à tout autre moment depuis le début de l’invasion illégale et à grande échelle de l’Ukraine par la Russie il y a presque deux ans.
Si nous voulons que l’Europe se présente comme une puissance géopolitique incontournable, nous devons démontrer que la phrase selon laquelle nous soutiendrons l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra » n’est pas vide de sens. Le projet de défense, de réforme et de reconstruction de l’Ukraine sera de longue haleine.
Confrontées à de nouvelles menaces sur le sol européen, la France et la Suède prendront des mesures concrètes pour renforcer leurs relations en matière de défense, notamment dans le secteur de l’industrie, et en faisant en sorte de devenir des alliées au sein de l’Otan dès que possible.
Deuxièmement, la guerre en Ukraine et ses conséquences ont également mis en évidence un autre défi à long terme que l’Union européenne doit relever de toute urgence : accélérer la transition énergétique. Cela sera essentiel à la fois pour atteindre nos objectifs climatiques et pour renforcer la résilience et la souveraineté de l’Europe.
Pour ce faire, nous devons exploiter toutes les sources d’énergie non fossiles dont nous disposons, notamment l’énergie nucléaire, l’énergie éolienne en mer et la bioénergie. C’est le seul moyen d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. La France et la Suède approfondiront ainsi leur coopération tant au niveau bilatéral qu’européen, afin de mettre en place des systèmes énergétiques indépendants des combustibles fossiles, et elles en feront l’élément principal de leur partenariat stratégique actualisé pour l’innovation.
À l’échelle mondiale, il sera indispensable que la capacité de production d’énergie nucléaire triple d’ici à 2050. En tant que membres de l’alliance européenne sur l’énergie nucléaire, la France et la Suède souligneront le rôle essentiel que joue l’énergie nucléaire pour parvenir à la neutralité carbone, et elles s’efforceront de créer des conditions réglementaires, industrielles et financières favorables pour les projets nucléaires.
Conformément à leur déclaration d’intention signée en décembre dernier, la France et la Suède favoriseront également les échanges d’expériences entre les acteurs français et suédois sur des aspects clés, tels que la construction de centrales nucléaires, la sûreté et la recherche. Les deux pays étant parmi les plus grands exportateurs nets d’énergie en Europe, ces échanges profiteront à l’ensemble du continent dans sa transition écologique.
Troisièmement, la résilience de l’Europe va de pair avec sa compétitivité ainsi que sa capacité à bâtir une assise économique solide et à définir un nouveau modèle d’investissement et de croissance pour la décennie à venir.
La coopération économique et industrielle entre la France et la Suède peut jouer un rôle moteur pour la compétitivité de l’Europe, notamment grâce aux projets concrets portés par les entreprises françaises et suédoises dans les domaines stratégiques dans lesquels l’Europe doit réduire sa dépendance, tels que l’espace, l’industrie de la défense, la sécurité des approvisionnements en matières premières critiques ou encore le renforcement du secteur pharmaceutique.
La France et la Suède partagent une même culture de l’innovation et de la technologie au service d’un développement juste et durable, fondée sur une coopération scientifique de qualité. Leur partenariat renouvelé contribuera à la réussite des ambitions européennes en matière de lutte contre les changements climatiques et la pollution et de préservation de la biodiversité. Il leur permettra également de faire face aux progrès rapides de la technologie dans le domaine du numérique.
Il sera également nécessaire d’accélérer les investissements pour rester en tête de la course mondiale et conserver la maîtrise des technologies décisives pour notre avenir. À cet effet, la France et la Suède s’efforceront d’approfondir l’union des marchés des capitaux pour accroître les financements privés en faveur de l’innovation et des transitions en Europe.
Les liens unissant aujourd’hui la France et la Suède, si étroits soient-ils, devront se resserrer encore à l’avenir. Face aux bouleversements géopolitiques actuels, les relations entre les deux pays doivent être développées et approfondies. La coopération franco-suédoise pourra aussi être renforcée dans d’autres domaines, notamment en matière policière et de sécurité, afin de lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée. Au niveau de l’UE, nous devons renforcer la coopération opérationnelle et judiciaire, les échanges d’information et la protection de nos frontières extérieures.
En unissant leurs forces pour traiter ces questions déterminantes, la France et la Suède parviendront non seulement à se renforcer elles-mêmes, mais aussi à renforcer l’Europe tout entière.
Le président français Emmanuel Macron a décidé de modifier la personne tenant le poste de Premier ministre. C’est désormais Gabriel Attal qui est chargé du rôle essentiel de gouverner. Et si en apparence, on a un gouvernement marqué à droite pour ceux qui raisonnent à l’ancienne, en réalité, dans le contexte politique français, on a un gouvernement bourgeois moderne, taillé pour faire face à la crise de manière offensive.
Regardons par exemple le symbole qui est celui du Facebook officiel de gouvernement.fr. Il représente parfaitement l’approche bourgeoise moderne dominante. Les bourgeois « réacs », c’est du passé, désormais tout se vend, tout s’achète et il faut être dans les combines internationales du capitalisme occidental. C’est comme ça que ça se passe et pas autrement.
Gabriel Attal a d’ailleurs appartenu au Parti socialiste de 2006 à 2016. On est ici dans la bourgeoisie urbaine, financière, libérale, cosmopolite, pour qui tout est un terrain de jeu capitaliste.
Et le nouveau ministre des Affaires étrangères s’appelle Stéphane Séjourné. Ce n’est pas un secret qu’il a été plusieurs années en couple avec Gabriel Attal. Ce fils d’expat. – son père a fait carrière à l’international – ne vient pas de la droite non plus : il a été au Mouvement des jeunes socialistes et à l’Unef.
On est dans la bourgeoisie moderne, libérale, LGBT, alignée sur l’Otan, celle pour qui libéral rythme avec social, afin de préserver le paradis occidental, base consumériste pour la bourgeoisie vivant entre elle. On parle de gens vivant dans la richesse, dans des appartements somptueux dans les quartiers chics de Paris (ou des très grandes villes), voyageant sans cesse, disposant de résidences secondaires et de comptes en banque bien garnis, etc.
Le premier voyage de Stéphane Séjourné est évidement en Ukraine, où il s’est précipité dès sa nomination pour une visite présentée comme un « message adressé aux Ukrainiens ». Il a expliqué que:
« C’est en Ukraine que se joue la défense des principes fondamentaux du droit international, des valeurs de l’Europe, mais aussi des intérêts de la sécurité des Français. »
Par conséquent, « en dépit de la multiplication des crises », il faut savoir que « l’Ukraine est et restera la priorité de la France ».
C’est là tout à fait en phase avec l’idéologie dominante du monde occidental, libéral et consommateur, et bien sûr décadent. L’occident n’est plus qu’un parasite mondial, il n’a plus de dynamique, il ne vit que de la vente des rêves arc-en-ciel et du rêve américain de faire carrière dans la finance.
C’est tellement vrai que le gouvernement contient deux aberrations. La ministre des Sports est également ministre de l’Éducation nationale. Vu le travail à mener, c’est impossible. Il est dit que le Premier ministre, qui a été quelques mois ministre de l’Éducation nationale, va s’en occuper. Cela ne tient pas debout pour autant. On est dans le doux-rêve d’une bourgeoisie déconnectée.
On a également la ministre du Travail qui a la double casquette de ministre de la Santé. C’est totalement aberrant de par l’immense ampleur du travail à mener. C’est là une centralisation incohérente, où le subjectivisme est total. On confine au délire, la bourgeoisie perd les pédales pour croire qu’une telle démarche puisse tenir.
Dans un même ordre d’idées décadentes, on a Rachida Dati, ministre de la Culture, alors qu’elle est totalement extérieure à la question de la culture. Elle est nommée pour son passé de membre de la Droite et car elle est d’origine immigrée et populaire. C’est fictif, artificiel, comme tout ce qu’entreprend la bourgeoisie.
Et il faut arrêter le populisme et le misérabilisme délirant des gens de Gauche se croyant en 1983. Non seulement c’est faux, mais en plus cela désarme face à l’ennemi.
On a, si on regarde les choses vraiment, affaire ici à la bourgeoisie moderne, qui n’est plus raciste, pour qui tout est échange international, pour qui la superpuissance américaine est la gardienne du temple capitaliste avec l’Otan, pour qui l’Union européenne est l’organe supra-étatique chargé à l’arrière-plan d’assurer la modernisation.
La France est dans les faits pratiquement un protectorat américain, avec les institutions européennes chargées de la surveiller, notamment avec Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (depuis 2019), après avoir dirigé le FMI (de 2011 à 2019) et avoir été ministre de l’Économie (de 2007 à 2011).
Alors, si ce n’est pas un gouvernement « de droite », c’est quoi ? C’est un gouvernement de choc de la bourgeoisie moderne, libérale, cosmopolite, décadente, pour passer l’année 2024 qui va être celle de la crise.
C’est la tentative de passer en force, dans la logique Occident – Otan – LGBT.
C’est la tentative de ré-impulser le capitalisme occidental en prenant le dessus sur les concurrents nouveaux, surtout la superpuissance chinoise, mais également la Russie qui doit être démantelée.
Plus de 15 millions de téléspectateurs ont écouté l’allocution présidentielle d’Emmanuel Macron le 17 avril 2023. Naturellement, quelques centaines de personnes se sont regroupées dans la foulée, dans quelques villes (Paris, Rennes, Grenoble…), notamment pour chercher à jouer les casseurs, surtout à Lyon.
Mais surtout, ce sont les réactions du 18 avril qui sont exemplaires. Exemplaires de quoi ? Exemplaires de ce qu’il ne se passe rien en France. Il n’y a aucune mobilisation morale, intellectuelle, culturelle. Les gens sont asséchés par le 24 heures sur 24 du capitalisme. Ils n’ont aucune force.
On le voit, dans la vie quotidienne. On le voit, dans le travail politique. Et on le voit dans l’implication intellectuelle et culturelle. Agauche.org existe depuis décembre 2017, avec pratiquement 3000 articles. C’est un média qui est lu, naturellement pas assez et à la marge, mais suffisamment pour avoir un aperçu des tendances.
Et il n’y a pas de tendance, il n’y a rien. C’est exactement pareil lorsque nous avions annoncé six mois avant son déclenchement le conflit armé en Ukraine. Nous avions six mois, en fait même un peu plus, de documents à ce sujet, et personne n’est allé voir.
Il faut assumer : les gens se moquent de tout, ils ne percutent rien. Il est bien sûr toujours possible d’aller jouer au militant, au casseur, lors des manifestations et des mobilisations. Il en a toujours été ainsi. Mais ça ne rime à rien.
D’ailleurs, que propose désormais Emmanuel Macron ? Un « pacte de la vie au travail ». Il a rencontré le 18 avril les représentants des organisations patronales : le Medef, la Confédération des PME (CPME) et l’Union des entreprises de proximité (U2P) .
Les syndicats des travailleurs ne sont pas venus, mais ils y viendront. Car leur fond de commerce, c’est de « réformer » la vie salariale – autrement dit, de moderniser le capitalisme.
Et les Français sont satisfaits, même si critiques, d’une telle vie dans un capitalisme moderne. Objectivement, ils attendent tous que la Russie perde face à l’Otan, qu’elle rejoigne le tiers-monde, comme ça on pourra l’exploiter comme il faut pour maintenir le niveau de vie dans la société de la consommation.
Les réactions à l’allocution présidentielle relèvent donc de la mythomanie. Emmanuel Macron serait « complètement hors la réalité » selon Jean-Luc Mélenchon. La dirigeante de la CGT Sophie Binet a annoncé que « il n’y aura pas de retour à la normale tant qu’il n’y aura pas de retrait de la réforme des retraites ».
Ben voyons. Sauf que tout est normal, que les mobilisations n’ont en rien modifié une réalité qu’elles ne font qu’accompagner. Tout ça, ce sont des pleurnicheries. Et qui cela va-t-il aider ? L’extrême-Droite avec Marine Le Pen.
Car c’est indéniable : la fascination pour Marine Le Pen de la part des couches populaires n’a pas du tout faibli ces derniers mois, voire même elle s’est renforcée. C’est là une preuve indéniable de l’échec formel du mouvement de lutte contre la réforme des retraites.
Aucune estime pour la Gauche, aucun intérêt pour les idées de la Gauche, aucune assemblée générale réelle, soumission à l’intersyndicale, maintien des démarches corporatistes… Le bilan est désastreux.
Et toute l’ultra-gauche, tous les syndicalistes qui ont contribué à masquer ce bilan désastreux en sont les complices. Tous les gens qui ont prétendu que quelque chose pouvait en sortir de bon n’auront été que les ennemis politiques de la Gauche historique, les valets du réformisme et de l’anarchisme, ces deux aspects de la même pièce.
Seul le travail de fond a un sens, une valeur historique. Certainement pas le misérabilisme dans un des pays les plus riches du monde qui relève du dispositif américain pour faire la guerre à la Russie aujourd’hui, à la Chine demain.
La vérité est simple : qui ne veut pas rompre avec l’hégémonie de l’occident est obligé de converger avec lui ! Et de s’aligner sur le 24 heures sur 24 du capitalisme.
Macron gère tant bien que mal la restructuration du capitalisme français.
Le discours d’Emmanuel Macron mercredi 22 mars a été l’illustration même de la crise. Non pas qu’il y ait un tournant historique qui se joue comme le prétendent certains, mais tout au contraire parce que le pays continue à s’enfoncer dans la décomposition sans que ni « en haut », ni « en bas », il n’y ait une quelconque perspective.
On notera ainsi le format de l’intervention qui n’a pas été un discours, comme cela avait pu être le cas lors de la pandémie de Covid-19, départ à la crise historique. L’heure ne fut pas non plus celle de grand écoute du 20h, mais à 13h.
De fait, son discours n’a ni servi à temporiser, ni servi à réprimer une quelconque protestation de masse, mais simplement à assumer la gestion d’une restructuration du capitalisme. Et quoi de mieux que de s’adresser à 13h, soit directement aux retraités en pantoufles, pour endosser le dossard du champion du conservatisme ?
Son discours n’a été rien d’autre qu’une répétition de ses grandes orientations, sans aucune grande annonce, car de grande annonce il n’y a en réalité nul besoin. La vérité c’est que les gens sont contre la réforme des retraites tout en ayant compris qu’ils s’étaient eux-mêmes piégés dans le mode de vie capitaliste fait de crédits en tout genre.
C’est pour cela d’ailleurs qu’Emmanuel Macron a rappelé que les choses avaient changé depuis 2019, avec la pandémie de Covid-19 qui a obligé l’État à s’endetter plus fortement. Le président de la République avait déjà déclaré il y a quelques jours que la réforme était une « nécessité absolue » et le Premier ministre Élisabeth Borne en avait préciser la raison au 20h de TF1 le jeudi 16 mars, celle de la protection du niveau de vie dans le capitalisme français :
« Quand on voit les sommes que l’on a mobilisé pour accompagner les français dans la crise covid, quand on voit ce qu’on mobilise pour les accompagner face à la flambée des prix de l’énergie, on ne peut pas faire croire aux français qu’on peut financer notre système de retraite par la dette […] Peut-être que certains veulent laisser croire que l’on peut tout financer par la dette, je pense que les français qui veulent acheter une maison, ils voient que les taux d’intérêts augmentent. C’est pareil pour l’État »
Et justement les gens se sont eux mêmes bloqués, veulent du capitalisme sans en vouloir. A ce titre, les contestataires ne représentent que l’apogée de la figure du petit-bourgeois pris de rage née en 2018 dans la crise des gilets jaunes. Macron le sait et peut se permettre d’enfoncer le clou en se déclarant prêt à « endosser l’impopularité » car il n’y a précisément aucune « majorité alternative ». Tout cela est vrai…et c’est très inquiétant car cela ne peut que servir cette vieille solution du sauveur suprême sorti des rangs de l’extrême-Droite capable d’assumer franchement le « tout changer pour ne rien changer ».
Macron endosse alors tout à la fois le parti de l’ordre et celui de la modernisation. Tout en appelant à l’augmentation de casernes de gendarmerie dans le pays et au personnel de justice, il vise à la « réindustrialisation » en profitant des réformes précédentes, comme la baisse des impôts de production ou bien encore la loi travail 2016, pour relancer le capitalisme français.
Macron navigue à vue : il est à un moment de l’Histoire où il se doit de sauvegarder le capitalisme français, ou plus exactement de le relancer sur une nouvelle base, tout en s’assurant de la paix sociale et civile. Une relance-restructuration qui se heurte non pas à une contestation intérieure mais à l’aiguisement de la compétition politico-militaire internationale le précipitant sous le parapluie des États-Unis.
Dans ces conditions, Macron se contente de gérer les choses en faisant passer une réforme qui rassure les investisseurs internationaux, condition seule à même de garantir la capacité de la France à lever sa dette et donc à conserver son niveau de vie actuel, donc à garantir la paix sociale.
Cela fonctionne pour l’instant car il n’y a précisément pas de contestation de masse du régime puisqu’il n’y a pas de Gauche historique travaillant à l’émergence d’une telle proposition. La bourgeoisie reste malgré tout bien inquiète de la situation car elle recèle objectivement toutes les conditions pour la renaissance d’une telle proposition…
Et l’on voit ici combien les opposants actuels sont de faux contestataires mais de vrais saboteurs de la seule prise de conscience nécessaire, celle du renversement d’un capitalisme français qui ne peut plus, dans cette époque de crise générale, payer l’addition sans se cracher lui-même…
Certains ont voulu croire que l’argent était réellement magique et que les richesses peuvent se créer ex-nihilo sans aucune conséquences. Nous avons dis dès l’origine que cela allait coûter aux français, et qu’il fallait la socialisation.
Emmanuel Macron s’est exprimé hier lors d’une interview visant à justifier le passage en force de la réforme des retraites et continuer à maintenir l’argument de la nécessité. Il n’a rien dit, rien annoncé qui aille dans le sens d’une modification d’approche compte tenu de la contestation actuelle.
Il n’a fait que rappeler que sa fonction était d’assurer une certaine continuité du capitalisme français, en limitant la casse de la crise déclenchée par le COVID19 et du quoiqu’il en coûte.
Il évoque cela ainsi lorsque les journalistes lui font remarquer sont changement de position sur les retraites :
« Journaliste : Vous disiez vous-même en 2019 « on ne peut pas demander aux gens de travailler jusqu’à 64 ans si à 55 ans ils ont déjà du mal à trouver du boulot. »
Emmanuel Macron : On a beaucoup repris ce passage. Je vais être clair avec vous car justement j’ai le sens de la démocratie et du mandat. Quand je m’exprime et que je dis cela en 2019 – on a lancé les ordonnances travail que depuis 18 mois, ça fait 6 ans maintenant qu’elles sont en œuvre avec les résultats que vous connaissez – je m’exprime dans une société qui est à plus de 8 % de taux de chômage. Le mandat que j’ai en 2017 c’est de créer un système universel des retraites, en aucun cas de bouger l’âge de départ parce que le rapport de concertation des retraites et tous les experts disaient « y’a pas de problème ».
Après cette expression que tout le monde nous ressert, qu’est-ce qui s’est passé dans notre pays ? Les gens vivaient dans quel monde ?
On a eu le Covid. On a eu la guerre. On a eu l’inflation. La Nation a dépensé des dizaines de milliards d’euros pour protéger, elle a donc construit une dette qu’on a amorti dans le temps et nos comptes se sont dégradés.
Au moment de la campagnes de 2022, la situation est drastiquement différente. »
Il parle de la guerre au passé, mais il serait plus juste de dire « on a la guerre en Ukraine ». Et la guerre n’est pas un sujet pour les français qui acceptent passivement que le complexe militaro-industriel français marche à plein régime pour envoyer des armes à crédit au régime ukrainien.
Il a été dit ici que le capitalisme avait provoqué sa propre crise de part la destruction généralisée de la planète qui a engendré la pandémie de COVID19 et que le confinement a été un moment de collectivisme forcé au sein du capitalisme. Une anomalie majeure dans le flux-tendu exigé par l’accumulation moderne.
La guerre est une conséquence de la crise, les conflits inter-impérialistes restent ce qu’ils étaient au XXè siècle et tels qu’ils étaient décrit par les intellectuels du mouvement ouvrier de l’époque : une nécessité pour les capitalismes nationaux pour maintenir leur rang dans le monde. Non pas de manière consciente mais de manière tout à fait inéluctable.
Alors Macron patauge, parce que son idéal turbo-capitaliste personne n’y croit plus et là où les français sont en mauvaise posture, c’est qu’ils veulent quand même le capitalisme. Ils ne veulent pas que leur niveau de vie baisse, ils ne veulent pas de la crise et tant que cela reste ainsi, cela nécessite la guerre.
C’est très concrètement le sens de « socialisme ou barbarie ».
Or, ils ne veulent pas du socialisme, ils ne veulent pas d’un ordre nouveau, ils veulent le rétablissement d’un ordre ancien fantasmé. Sans une remise en question générale dirigée par le mouvement ouvrier, il n’y aura ni ordre, ni paix, ni justice.
Le président Emmanuel Macron s’est rendu vendredi 17 février 2023 à la Conférence de Munich sur la sécurité avec un discours guerrier assumé, mais tout le monde s’en fiche. L’engagement militaire de la France vers la guerre mondiale est en fait inversement proportionnel au déni des Français à ce sujet.
Emmanuel Macron n’y est pourtant pas allé de main morte. Il a fait l’inventaire, dont il s’est vanté, de toute l’aide militaire fournie à l’Ukraine. Une aide à « forte valeur ajoutée » a-t-il précisé, évoquant « l’artillerie, la défense anti-aérienne en particulier, avec aussi un programme de formation pour des milliers de soldats ». Il n’a toutefois pas abordé les livraisons secrètes d’AKERON à l’Ukraine.
Et il a clairement réaffirmé que :
« Nous sommes prêts à intensifier notre soutien à l’Ukraine et nous sommes prêts à un conflit prolongé. »
L’engagement militaire de la France contre la Russie est de facto pleinement assumé, malgré les propos mensongers du Président à la presse dans l’avion au retour de Munich :
« Je veux la défaite de la Russie en Ukraine et je veux que l’Ukraine puisse défendre sa position, mais je suis convaincu qu’à la fin ça ne se conclura pas militairement.
Je ne pense pas, comme certains, qu’il faut défaire la Russie totalement, l’attaquer sur son sol. Ces observateurs veulent avant tout écraser la Russie. Cela n’a jamais été la position de la France et cela ne le sera jamais. »
C’est mensonger, comme si la France pouvait soutenir militairement le régime ukrainien, et en même temps ne pas être braquée contre la Russie. Ce genre de propos est uniquement destiné à une opinion publique s’assumant stupide, qui ne veut pas croire en la guerre, qui s’accommode très bien des prétentions pacifistes de l’Otan, car au fond il est surtout espéré que le mode de vie consommateur soit préservé.
Et si c’est la Russie qui doit payer pour cela, alors tant mieux, pensent-ils ! Les gens assumeront d’ailleurs bientôt la guerre. La présence d’Emmanuel Macron à la Conférence de Munich sur la sécurité allait directement dans ce sens d’une avancée inexorable à la guerre assumée et soutenue par la population occidentale.
Il faut donc, a souligné Emmanuel Macron, « réinvestir massivement » dans la défense européenne. Cela passerait évidemment par le nucléaire français. Il a été en ce sens question à Munich d’organiser prochainement à Paris une « conférence sur la défense aérienne de l’Europe ». Il doit ouvertement y être question de la dissuasion nucléaire.
Près d’un après le début de la guerre, la France s’aligne ainsi parfaitement sur les intérêts américains en soutenant la colonie américaine qu’est devenue l’Ukraine, contre la Russie.
En apparence, la diplomatie française est présentée comme constructive. C’est cependant uniquement fait pour sauver les apparences. La France est un simple rouage dans la mécanique militaire américaine.
Ce dernier est également passé au Sénat le 1er février 2023, dont le président Gérard Larcher le connaît puisqu’il l’a déjà rencontré par deux fois : déjà au Sénat en juin 2022, puis le mois d’après à Kiev. Le Sénat votera un soutien de plus à l’Ukraine le 7 février 2023.
Ruslan Stefanchuk a également pris la parole lui-même à l’Assemblée nationale, ainsi que devant la Commission économique ; il a rencontré le Premier ministre Élisabeth Borne, ainsi que les représentants des groupes politiques de l’Assemblée nationale.
Et il a bien entendu accordé une interview au quotidien Le Monde, qui représente le courant idéologique dominant, celui d’Emmanuel Macron, du libéralisme vaguement social plutôt libertaire, soumis à la superpuissance américaine.
Ce que raconte le président du parlement ukrainien au Monde relève de l’escalade en cours. Ruslan Stefanchuk explique que les pays occidentaux sont déjà en guerre et que l’Ukraine est là pour les servir :
« Chers amis, n’ayez pas peur d’un affrontement direct avec la Russie. Il est déjà là. Et c’est l’Ukraine qui est en première ligne pour vous. »
Cette rhétorique est ouverte, car maintenant il s’agit de faire en sorte que les pays occidentaux fassent tourner à fond leurs productions d’armement pour inonder le régime ukrainien de matériel.
Ruslan Stefanchuk y va d’ailleurs franco dans sa demande de matériel militaire :
« C’est la France qui, la première, a appelé à fournir des chars, en faisant la promesse de mettre à disposition des blindés légers AMX-10 RC.
Je suis venu pour la remercier de ce soutien, mais aussi pour lui demander de poursuivre son aide, en particulier militaire. J’espère qu’elle sera cohérente et fournira elle aussi des chars.
Comme la Russie utilise des méthodes terroristes contre l’Ukraine en attaquant les sites civils, nous avons également besoin de systèmes de défense antiaérienne.
Enfin, Emmanuel Macron a dit, lundi, qu’il n’excluait pas la livraison d’avions de chasse. Nous voulons aussi parler de ce sujet-là. »
Plus, toujours plus.
Ruslan Stefanchuk insiste particulièrement sur l’entrée dans l’Union européenne, ce qui est dans l’ordre des choses : la superpuissance américaine veut que le régime ukrainien serve de boulet à l’Union européenne. Cette dernière devrait payer pendant des décennies une Ukraine intégrée, qui serait de facto une colonie américaine à côté de ça.
« Qu’attendez-vous du sommet avec les dirigeants de l’UE, qui doit se tenir jeudi 2 et vendredi 3 février, à Kiev ?
En tant que président du Parlement, je peux vous dire que l’Ukraine fait son travail pour mettre en œuvre les sept recommandations qui lui ont été faites [par l’UE] pour obtenir le statut de candidat, en juin 2022. Nous attendons une évaluation franche de nos efforts, afin d’avoir une perspective claire sur notre chemin vers l’adhésion.
Si jamais l’Ukraine parvient à gagner la guerre, quand aimeriez-vous rejoindre l’UE, sachant qu’Emmanuel Macron parlait d’une vingtaine d’années avant son adhésion ?
Je remplacerai les mots « si jamais », par « quand »… Nous avons démontré ces derniers six mois que nous sommes capables d’avancer très vite. Vous ne trouverez pas ailleurs dans le monde une nation plus enthousiaste concernant son adhésion à l’UE. A ce jour, 95 % des Ukrainiens souhaitent vivre dans l’UE, une démarche considérée comme un retour dans le foyer européen. Ce retour à la maison doit être rapide, et je table sur 2024. »
Ruslan Stefanchuk souligne d’ailleurs que le régime ukrainien est déjà dans les faits une composante de l’Otan. Comme l’Union européenne s’est officiellement imbriquée dans l’Otan, il en découle donc que l’Ukraine doit « intégrer » l’occident.
« Le 30 septembre 2022, le président [Volodymyr Zelensky] , le premier ministre [Denys Chmyhal] et moi-même avons signé notre demande d’adhésion à l’OTAN.
L’armée ukrainienne fait la guerre selon les standards et avec les armes de l’OTAN. Elle sert de bouclier, aujourd’hui, pour toutes les armées de l’OTAN.
Que faut-il de plus pour passer du statut de membre de facto à membre de jure de l’Alliance atlantique ?
Nous savons que, pour surmonter les obstacles, il faut avancer. Notre but est l’adhésion à l’OTAN et à l’UE, et nous marchons dans cette direction. »
La dernière question posée par Le Monde est également représentative de comment le régime ukrainien est fasciste, ce qui satisfait tout à fait les occidentaux :
« Quel est le paysage politique au sein du Parlement ukrainien, depuis l’interdiction des partis prorusses et l’affaiblissement des oligarques ?
Dès le 24 février 2022, nous avons réuni les députés et décidé qu’il n’y aurait désormais plus qu’un seul groupe politique, qui s’appelle l’Ukraine. Depuis, il n’y a presque pas de divergences au sein du Parlement, car il est très difficile de chercher à engranger des dividendes politiques, sachant qu’à tout moment un missile peut frapper.
Le Parlement n’a jamais cessé de se réunir dans ses locaux habituels. Je me félicite que les députés aient fait le choix d’assumer leurs responsabilités plutôt que de céder à la peur de la Russie ou de la mort. »
Tout cela est ignoble, il n’y a pas d’autres mots.
Non aux livraisons militaires françaises contre la Russie.
C’est Emmanuel Macron qui l’a annoncé à Zelensky : la France va fournir des véhicules militaires blindés AMX-10 RC à l’Ukraine. Ce sera la première fois que ce type de véhicules de fabrication occidentale, selon les standards de l’Otan, seront envoyés en Ukraine. Un nouveau cap est franchi dans la cobelligérance.
La France se fait ici première de la classe en matière de guerre à la Russie pour le compte de l’Otan. Alors que le chancelier allemand Olaf Scholz refusait depuis plusieurs semaines, malgré la pression des Verts et des libéraux dans son gouvernement, l’injonction américaine de livrer des chars à la Russie, Emmanuel Macron a donc été en première ligne…
Et ouvert la voie. Dans la foulée, l’Allemagne a annoncé elle-même l’envoi de VMB de type Marder, alors que la superpuissance américaine enverra ceux de type Bradley.
Les États-Unis jouent ici une partition bien rodée : ils se servent des Ukrainiens pour faire la guerre sur le terrain à la Russie, ils se servent des Européens pour faire la guerre économique à la Russie, ils exigent maintenant des Européens d’aller encore plus loin dans l’implication militaire.
Bonne élève, la France commence donc l’année 2023 en intensifiant son implication dans la guerre à la Russie, une semaine après la visite du ministre des Armées à Kiev. Les chars, s’ils sont de facture assez ancienne, datant des années 1980, et devant être renouvelés dans l’armée française qui en possède 247, sont néanmoins tout à fait fonctionnels.
Dotés d’un canon de 105 mm d’une portée de 2km, d’une capacité de 38 obus à bord, pesant 25 tonnes, ce qui est à considérer comme étant léger, ils sont censés servir de matériel de reconnaissance et d’appui des troupes d’infanterie ukrainiennes, malgré leur difficulté à évoluer en tout terrain du fait de l’absence de chenilles.
La France va livrer également des engins de transport de troupe Bastion, fabriqués par ACMAT. Et cela sans compter les obus d’artillerie antichar français de 155 mm, dotés de sous-munitions EFP d’attaque par le haut guidé par capteurs IR multibandes et LIDAR, qui ont été livrés secrètement à l’Ukraine.
Sans compter qui plus est les postes antichar MILAN-2, que l’on sait maintenant avoir été déployés pour le régiment ukrainien « Kastus-Kalinowski », composé de néonazis biélorusses.
Tout cela fait beaucoup et ne relève plus du soutien. La France est objectivement impliquée corps et âme dans la guerre à la Russie. Elle contribue à la guerre contre la Russie, en faisant appel d’air, comme le montre le fait que l’Allemagne l’a suivie.
Reste à savoir maintenant quand la Russie décidera qu’il en est trop, et assumera que la guerre est déclenchée avec la France, ou alors l’Otan, ce qui reviendra au même. Il n’y a qu’un pas, il ne suffit plus de grand-chose pour en arriver là et déclencher officiellement la 3e guerre mondiale.
Preuve de l’ambiance en Russie, il y a le message de Dmitri Rogozine à l’ambassadeur français. Dmitri Rogozine est une personnalité importante, étant l’ancien chef de l’Agence spatiale russe Roscosmos, qui envoie notamment du personnel dans la Station spatiale internationale.
Ce dernier dirige maintenant un groupe de conseillers militaires en soutien aux séparatistes du Donbass et explique avoir été atteint par une frappe ukrainienne sur un hôtel de Donetsk. Un hôtel au milieu de la ville évidemment, avec une frappe qui a fait plusieurs morts et blessés dont des civils, dont dans l’entourage de Dmitri Rogozine. Et celui-ci a reçu morceau d’obus français au-dessus de son omoplate droite.
Donc, dans une mise en scène qui peut paraître grotesque, mais qui reflète par contre très bien un état d’esprit d’amertume vis-à-vis de la France : il envoie ce morceau d’obus avec son message à l’ambassadeur français.
«Dans cette enveloppe, avec ma lettre, vous verrez un fragment d’obus d’une pièce d’artillerie française de 155 mm Caesar. Il a perforé mon épaule droite et s’est logé dans la cinquième vertèbre cervicale, à un millimètre seulement de différence et il aurait pu me tuer ou de me rendre invalide.
Toutes nos victimes sont sur votre conscience».
Il ajoute alors :
« Je vous demande de remettre le fragment retiré de ma colonne vertébrale par les chirurgiens au président français Emmanuel Macron. Et dites-lui que personne n’échappera à la responsabilité des crimes de guerre ».
Il faut dénoncer, en France, la France et son implication militaire contre la Russie, sinon c’est inéluctablement l’escalade. Tel est le seul et obligatoire mot d’ordre véritablement de gauche.
La France avait déjà eu beaucoup de mal avec Nicolas Sarkozy qui cassait les codes classiques, qui assumait une certaine vulgarité. Cela ne passait pas.
C’est encore pire avec Emmanuel Macron, qui cette fois a poussé le bouchon bien trop loin à l’occasion de la finale de l’équipe de France de football au Qatar. Il s’y était déjà rendu une première fois pour la demi-finale ; son double voyage a coûté rien que pour le transport 31 SMIC et 53 ans de l’empreinte carbone moyenne d’un Français.
Dans une auto-mise en scène grotesque à la suite de la finale perdue par la France, il est descendu sur les terrain parler directement aux joueurs. Notamment à Kylian Mbappé, qu’il a pris dans ses bras, lui parlant directement à l’oreille, lui grattant la tête.
C’est incorrect, car c’est une intrusion illégitime dans l’intimité d’un homme. Le joueur et le Président français ne se connaissent pas personnellement, le Président français n’ayant au sens strict rien à voir avec l’équipe de football. Il n’avait certainement pas à intervenir ainsi, tel un enfant gâté voulant son petit moment auprès de la star de football.
Et cela a marqué les Français, pour qui le statut présidentiel exige une haute dignité, une certaine distance. Il y a à la fois une dimension réactionnaire, très monarchique – napoléonienne, et une dimension culturelle, où le représentant des Français doit être français donc posé, cartésien, savoir raison garder.
Emmanuel Macron n’en a rien faire, il s’est cru le devoir d’exister, donnant même l’impression d’être en transe, cela sans aucune dignité, non pas seulement personnellement, mais en tant que Président. Et ce n’est pas la première fois.
Les Français ont donc tout perdu avec la crise ; ils ont perdu l’âge d’or du capitalisme triomphant, ils ont définitivement perdu la capacité à produire un éventuel François Mitterrand, qui savaient se tenir, qui avaient de l’allure.
Emmanuel Macron, qui n’est qu’un ersatz de John Fitzgerald Kennedy. Sauf que la France n’est pas les États-Unis et ce qui apparaît là bas comme du style, en mode Hollywood, n’est vu ici que comme du grotesque, un manque de goût.
C’était tout aussi lamentable quand le président français est venu directement dans le vestiaire des joueurs, raconter littéralement n’importe quoi.
Il se prenait pour un coach, parlant comme s’il s’adressait à une équipe de club devant immédiatement relever la tête pour le prochain match, alors qu’il s’agit d’une sélection nationale donc avec pas du tout les mêmes configurations, la même approche. Emmanuel Macron était hors-sujet, au point d’ailleurs de s’adresser aux joueurs en disant…. « Celles et ceux » !
Discours stéréotypé de politicien, tout comme quand il a conclu en disant « vive la République, vive la France ». Cela n’a aucun rapport dans le contexte d’une pseudo intimité de vestiaire et des mots triviaux qu’il utilisait juste avant, tapant nerveusement du poing dans la main. De surcroît, pour un simple match de football, aussi prestigieux soit-il.
Toutefois, cela ne tombe pas du ciel. Le Président français est à l’image de son pays, en pleine décadence, plein de superficialité, bien plus tourné vers les monstruosités commerciales américaines que vers sa propre culture classique.
Les Français ont été choqués de l’indignité de leur président, mais ils n’ont que ce qu’ils méritent : c’est le prix à payer pour leur médiocrité culturelle et leur fainéantise politique. Et puis aussi pour leur absence de morale, car il fallait boycotter ce mondial, et ne pas laisser un médiocre Président aller y pavoiser !
D’ailleurs, l’audience de la finale fut phénoménale. 24 millions de téléspectateurs ont regardé le match sur la chaîne TF1, et même 29,4 pour la fin du match avec les penaltys, soit plus de 80% de part d’audience. Il faut ajouter à cela les gens regardant dans les bars, sur leurs smartphones ou tablettes, ou encore sur la chaîne Beinsport.
C’est une débâcle culturelle, un désastre. Mais rien d’étonnant !
La France ne pèse plus grand-chose sur la scène internationale et dans le capitalisme mondial. Elle est maintenant ouvertement une puissance secondaire, reléguée au rôle de subalterne de la superpuissance américaine dans son affrontement au bloc rival formé par la Chine.
Telle est la signification de la visite d’État d’Emmanuel Macron aux États-Unis du 29 novembre au 2 décembre 2022. Malgré ses faiblesses, la France parvient toutefois à se maintenir relativement pour trois raisons : elle représente un marché de consommateurs important, elle possède une armée relativement moderne et dotée de l’arme nucléaire et enfin elle dispose d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.
Cela fait qu’elle reste incontournable pour les États-Unis, bien que le rapport soit entièrement déséquilibré. Ce qui prime, c’est que les États-Unis font ce qu’ils veulent et donnent le la sur tous les sujets, militaires, diplomatiques, économiques, etc.
On sait très bien par exemple que sur la question du gaz, ils ont littéralement planté un couteau dans le dos des Européens en faisant en sorte qu’ils soient coupés du gaz russe puis en leurs vendant du gaz à des prix exorbitants.
Pareillement, dans le contexte mondial de crise économique, la superpuissance américaine déploie un immense plan de renforcement de son propre capitalisme face à la concurrence mondiale, intitulé « Inflation Reduction Act » (IRA). On parle là de près de 400 milliards d’argent public pour les entreprises américaines, ce qui déséquilibre totalement la concurrence avec les autres capitalismes, notamment européens, alors qu’ils sont censés êtres alliés.
Emmanuel Macron l’a regretté, notamment auprès de parlementaires américains à qui il a demandé… d’être « respecté comme un bon ami », déplorant le fait que personne ne l’ait contacté quand l’IRA était en discussion. Il a ensuite clairement dit lors d’une interview à la télévision américaine que les États-Unis et l’Union européenne ne sont « pas sur un pied d’égalité » en raison de ces subventions.
Mais qu’a obtenu Emmanuel Macron à ce sujet, après trois jours de visite et de congratulations mutuelles ? Absolument rien, car la France ne fait pas du tout le poids. La seule chose qui compte pour les États-Unis est que la France reste, en tous cas pour l’instant, un marché de consommateurs stable et surtout un partenaire militaire fidèle et docile.
A ce compte-là, Emmanuel Macron a entièrement rempli sa mission, en faisant totalement allégeance aux intérêts de la superpuissance américaine dans le cadre de la guerre mondiale pour le repartage du monde.
Renforcement militaire, soumission à l’armée américaine et alignement diplomatique totale sur la superpuissance américaine… Tel est le programme d’Emmanuel Macron pour la France. Voici un long extrait du communiqué commun du Président de la République française et du Président des États-Unis d’Amérique du 1er décembre 2022, qui exprime cette perspective de manière très claire et précise.
C’est un document incontournable, posant les bases de l’engagement militaire de la France auprès des États-Unis dans la 3e guerre mondiale.
« Les deux présidents sont déterminés à continuer d’œuvrer sans relâche pour une Europe unie, libre et en paix. Cela implique de continuer d’assurer la défense et la sécurité collectives de nos nations, notamment par l’intermédiaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), de recourir à une approche plus robuste, plus intégrée et plus cohérente pour renforcer la résilience, au niveau national et collectif, face aux menaces militaires et non-militaires qui pèsent sur notre sécurité, et de promouvoir la stabilité internationale pour répondre à l’ensemble des menaces actuelles.
Les deux présidents reconnaissent également l’importance d’une défense européenne plus forte et plus opérationnelle, qui contribue positivement à la sécurité transatlantique et mondiale et qui est complémentaire et interopérable avec l’OTAN.
Les missions et opérations sous conduite européenne, notamment en Bosnie et les actions de formation en soutien à l’Ukraine, contribuent de manière positive à la sécurité transatlantique.
Les deux présidents saluent la relation entre la France et les États-Unis dans le domaine de la défense et se félicitent de la déclaration d’intention signée le 30 novembre 2022 entre le ministre français des Armées et le secrétaire américain à la Défense, qui permettra de renforcer l’interopérabilité et la coopération dans les domaines de l’espace, du cyberespace, du renseignement et de la lutte contre les influences malveillantes.
Les deux présidents ont l’intention d’étendre la coopération en matière de défense dans les domaines des capacités avancées et des technologies essentielles qui joueront à l’avenir un rôle critique pour la dissuasion et la défense.
Ils se félicitent des avancées du dialogue stratégique franco-américain en matière de commerce militaire pour promouvoir des approches communes des questions liées à l’accès aux marchés et aux exportations militaires. La France et les États-Unis entendent poursuivre leur coopération pour améliorer l’efficience des procédures d’autorisation d’exportation dans le domaine de la défense, afin de développer des bases industrielles de défense plus solides et plus interopérables en Europe et aux États-Unis, pour améliorer les capacités militaires dans l’intérêt de l’Alliance.
Ukraine
Les deux présidents condamnent fermement la guerre d’agression illégale menée par la Russie contre l’Ukraine, et ils soulignent que cibler intentionnellement des civils et des infrastructures civiles constitue des crimes de guerre et que leurs auteurs doivent répondre de leurs actes.
Ils condamnent et rejettent également la tentative illégale d’annexion par la Russie de territoires ukrainiens souverains, en violation flagrante du droit international. La France et les États-Unis déplorent l’escalade délibérée de la Russie, notamment son discours irresponsable en matière nucléaire et sa désinformation au sujet de prétendues attaques chimiques ou de programmes d’armes biologiques ou nucléaires.
Les deux présidents réaffirment le soutien continu de leurs deux pays en faveur de la défense de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, notamment par l’intermédiaire d’une assistance dans les domaines politique, humanitaire, économique et de sécurité aussi longtemps qu’il le faudra.
Cela comprend l’envoi de ressources importantes pour soutenir la résilience civile ukrainienne pendant tout l’hiver, notamment l’accélération des livraisons de systèmes de défense aérienne et d’équipement nécessaire à la réparation du réseau énergétique ukrainien.
La France et les États-Unis ont l’intention de poursuivre leur travail avec leurs partenaires et alliés pour coordonner leur assistance, notamment lors de la conférence internationale qui se tiendra à Paris le 13 décembre 2022. Ils entendent également continuer de fournir à l’Ukraine un appui budgétaire direct et conséquent, et d’exhorter les institutions financières internationales à accroître leur soutien financier.
La France et les États-Unis réaffirment devoir respecter leurs obligations internationales en vigueur ainsi que les objectifs et les principes de la Charte des Nations unies.
Ils réaffirment également leur détermination inébranlable à ce que la Russie rende des comptes pour les atrocités et les crimes de guerre, dont l’existence est largement attestée, commis tant par ses forces armées officielles que par ses supplétifs, notamment les mercenaires du groupe Wagner et d’autres entités.
La France et les États-Unis soutiennent à cet effet les mécanismes de responsabilisation au niveau international, notamment la Cour pénale internationale, le parquet général ukrainien, la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, le mécanisme de Moscou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, les sanctions, et d’autres moyens.
La France et les États-Unis demeurent déterminés à lutter contre les conséquences plus vastes de la guerre menée par la Russie, notamment en œuvrant avec la communauté internationale pour renforcer la résilience face aux perturbations alimentaires et énergétiques.
Indopacifique
La France et les États-Unis, deux nations de l’espace indopacifique, renforcent leur partenariat dans la région en faveur de la prospérité, de la sécurité et des valeurs communes reposant sur l’ordre international fondé sur des règles de droit, la transparence de la gouvernance, les pratiques économiques justes et le respect du droit international, notamment la liberté de navigation.
La France et les États-Unis entendent accroître leur participation à la diplomatie, au développement et à l’économie dans la région dans le but de renforcer la résilience des îles du Pacifique.
Ils ont également l’intention d’accroître leur coordination pratique dans la région en matière de sûreté maritime. Les États-Unis entendent renforcer leur soutien et leurs contributions matérielles aux déploiements aériens et maritimes de la France et d’autres nations européennes dans la région.
Ils continueront de coordonner leurs préoccupations concernant la remise en cause par la Chine de l’ordre international fondé sur des règles de droit, notamment s’agissant du respect des droits de l’Homme, et de travailler de concert avec la Chine sur des enjeux mondiaux d’importance tels que le changement climatique.
Les deux présidents réaffirment qu’il importe de préserver la paix et la stabilité de part et d’autre du détroit de Taïwan.
Les deux chefs d’État condamnent également fermement le nombre sans précédent d’essais de missiles balistiques illégaux conduits cette année par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui violent plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et qui menacent la paix et la stabilité régionales ; ils sont déterminés à poursuivre leur coordination au sein du Conseil de sécurité des Nations unies pour faire face aux violations commises par la RPDC.
Afrique
Les deux présidents réaffirment leur détermination à travailler avec les partenaires africains sur les priorités concernant la gouvernance partagée, la sécurité et l’économie sur le continent.
Ils soulignent l’importance des voix africaines au sein des enceintes multilatérales, notamment dans le cadre de la lutte contre des crises mondiales telles que le changement climatique, la réponse en cas de pandémie et la reprise subséquente, l’accès durable à l’énergie et l’insécurité alimentaire. Ils entendent soutenir les institutions démocratiques et les sociétés civiles en Afrique pour accroître la responsabilisation et la prestation des services de base.
Ils réaffirment leur appui conjoint à l’initiative de la Grande Muraille verte, menée par l’Afrique pour faire face à la crise du climat et de la biodiversité et qui contribue au développement durable, à la paix et à la sécurité dans les régions du Sahara et du Sahel.
La lutte contre la désinformation et le terrorisme sur le continent reste une priorité commune de la France et des États-Unis. Les deux pays entendent poursuivre leur étroite collaboration avec l’Union africaine et les organisations régionales pour faire face aux enjeux auxquels est confronté le continent et tirer parti des possibilités de développement du commerce et des investissements.
Moyen-Orient
La France et les États-Unis sont déterminés à œuvrer en étroite collaboration en faveur de la paix et de la prospérité au Moyen-Orient.
Les deux présidents se félicitent du lancement du forum du Néguev et du deuxième anniversaire de la signature des accords d’Abraham ainsi que de l’avancée historique que constitue l’accord entre Israël et le Liban délimitant leur frontière maritime conclu en octobre 2022.
Ils sont déterminés à déployer des efforts conjoints visant à exhorter les dirigeants libanais à élire un président et à mettre en œuvre des réformes essentielles. En tant que membres de la Coalition internationale contre Daech, ils demeurent attachés à maintenir les moyens et capacités nécessaires à la mission anti-terroriste en Irak et en Syrie.
La France et les États-Unis poursuivent leurs efforts visant à améliorer la situation humanitaire précaire à laquelle la population syrienne fait face, et à promouvoir un règlement pérenne et juste du conflit syrien. Ils continueront à coopérer avec leurs partenaires au Moyen-Orient et assureront le suivi de la conférence de Bagdad organisée en août 2021.
Les deux présidents expriment également leur respect envers la population de l’Iran, en particulier les femmes et les jeunes, qui manifeste courageusement pour obtenir la possibilité de jouir de ses droits et libertés fondamentaux que les autorités iraniennes se sont engagées à respecter et pourtant bafouent.
Ils demeurent déterminés à faire en sorte que l’Iran ne développe ni n’acquière jamais une arme nucléaire.
La France et les États-Unis continuent de travailler avec d’autres partenaires internationaux pour répondre à l’escalade nucléaire de l’Iran, à son défaut de coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), notamment concernant les questions graves et pendantes liées aux obligations juridiques de l’Iran en vertu de son accord de garanties dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et à ses activités déstabilisatrices au Moyen-Orient, en particulier la question urgente de ses transferts de missiles et de drones, y compris à destination d’acteurs non étatiques.
Ces transferts sont susceptibles de menacer des partenaires clés de la région du Golfe ainsi que la stabilité et la sécurité dans cette région, de contrevenir au droit international et de contribuer à présent à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine.
La France et les États-Unis travailleront avec leurs partenaires pour accroître la coopération concernant l’application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies et la lutte contre ces activités.
Ils déploieront des efforts conjoints pour continuer à renforcer le cadre international visant à limiter la prolifération de missiles iraniens et de technologies liées aux aéronefs sans pilote dans la région et au-delà et pour améliorer les mesures concrètes visant à contrecarrer cette prolifération.
Dissuasion nucléaire, non-prolifération et désarmement
La France et les États-Unis réaffirment que la dissuasion nucléaire est essentielle pour leur sécurité nationale et constitue un élément clé des capacités générales de l’OTAN en matière de dissuasion et de défense.
Ils réitèrent le fait que l’objectif premier des capacités nucléaires détenues par l’OTAN est de préserver la paix, de prévenir la contrainte et d’éviter les agressions dirigées contre l’alliance.
Ils réaffirment l’importance du TNP ainsi que leur opposition au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui ne reflète pas le contexte international de sécurité de plus en plus difficile et ne correspond pas au régime existant de non-prolifération et de désarmement. En outre, la France et les États-Unis réitèrent leur appui à leur accord de défense mutuelle ainsi que leur intention d’élargir leur coopération technique couvrant de nombreux sujets en matière de réduction des risques stratégiques. »
Emmanuel Macron s’est montré très inquiet et paniqué à propos de la guerre en Ukraine lors d’un long entretien à la télévision, sur France 2, mercredi 12 octobre 2022. C’est quelque-chose de nouveau, qui montre que la guerre est à un tournant décisif et que les choses sérieuses commencent.
Pendant près de 8 mois, depuis le début de l’invasion du territoire ukrainien, la France s’est alignée de manière acharnée sur la superpuissance américaine contre la Russie, relayant systématiquement les pires propagandes, taisant les pires vérités. Cela dure d’ailleurs depuis 2014 et le coup d’État pro-américain à Kiev. Et cela n’a souffert d’aucune contestation politique, à part de deux secteurs particuliers, qui sont très isolés et minoritaires : la Gauche historique, dont nous nous revendiquons, et les franges nationalistes révolutionnaires françaises pro-Poutine.
Toujours est-il que le président ukrainien Zelensky s’est vu paré de toutes les vertus, et rien n’a été dit sur l’immonde régime nationaliste qu’il dirige. Inversement, la Russie a été présentée comme une puissance barbare dirigée par un fou furieux à liquider par tous les moyens. La France s’est engagée pleinement dans cette guerre, principalement en boycottant économiquement la Russie, en livrant du matériel militaire au régime ukrainien, et en relayant tout un tas de contre-vérités et de manipulations quant à la réalité de l’invasion russe.
Pendant huit mois, la France a donné une image de fermeté, jouant le jeu de l’Otan à fond, mais en vérité cela restait très virtuel. Personne dans le pays n’a considéré sérieusement le fait que la France soit en guerre contre la Russie, pas même le président Emmanuel Macron. L’Ukraine a été agité comme un totem, mais de manière très abstraite, superficielle.
Sauf que la guerre en Ukraine a pris une toute autre tournure depuis cette semaine, et maintenant c’est la panique.
Jusqu’à présent, l’invasion russe, aussi brutale et illégale soit-elle formellement, avait en pratique été menée avec beaucoup de doigté. Mais le régime russe a considéré que les choses ont été trop loin et qu’il est maintenant temps d’assumer la guerre totale. Ainsi que l’affrontement avec l’Otan. La France est sommée de choisir immédiatement son camp.
L’ambassadeur français en Russie a été convoqué publiquement pour cette raison la semaine dernière, et on comprendra facilement après avoir entendu Emmanuel Macron qu’il y a aussi eu en arrière plan une discussion diplomatique informelle entre les deux pays.
C’est logique. Si la France forme des militaires ukrainiens et livre des canons d’artillerie de longue portée, l’Ukraine en demandant encore et encore comme en témoigne l’ignoble vidéo officielle à ce sujet du 12 octobre 2022, et que ceux-ci servent contre la Russie (qui considère maintenant l’Est de l’Ukraine comme relevant de son territoire), de surcroît contre des civils (qui sont maintenant citoyen russes), alors forcément la France devient co-belligérante.
La conséquence de cela est dévastatrice évidemment, puisque cela signifie ni plus ni moins qu’un emballement vers la 3e guerre mondiale. Et c’est ce que semble découvrir le président Emmanuel Macron qui s’est justifié pendant de longues minutes à la télévision pour dire que la France n’est surtout pas en guerre contre la Russie, qu’elle ne veut pas d’escalade… et même qu’il va falloir discuter de paix !
C’est tout à fait ridicule, car la France, comme tous les membres de l’Otan, a largement contribué à ce que le conflit dégénère, comme nous l’avons systématiquement documenté et expliqué ici depuis le début du conflit.
D’ailleurs, la France était censée depuis 2014 faire respecter les accords de Minsk, puis de Minsk 2, devant pacifier et encadrer le conflit entre les populations du Donbass et le régime nationaliste ukrainien. Sauf que rien n’a été fait, bien au contraire. Ces accords ont été piétinés et c’est justement le prétexte à l’intervention russe.
De quelle paix parle donc alors Emmanuel Macron lorsqu’il explique maintenant qu’il va bien falloir se mettre autour de la table entre russes et ukrainiens pour négocier ? C’est absurde, car c’est trop tard, bien trop tard.
Emmanuel Macron ne peut pas à la fois fournir des armes à l’Ukraine qui réclame le retour de la Crimée dans son territoire, et demander à la Russie de discuter alors que celle-ci a totalement intégré la Crimée, et que de toute manière la population de la région est ultra-majoritairement russe et déterminée à rester russe.
C’est exactement pareil pour le Donbass, et probablement tout l’Est de l’Ukraine, où la population dans sa majorité s’est résolue à préférer la Russie à la terreur nationaliste anti-russe du régime ukrainien.
Il n’y a donc pas d’issue. A moins que le régime ukrainien s’effondre, qu’il cède tout l’Est et le Sud de son territoire, jusqu’à Odessa, la Russie ne négociera probablement rien du tout. Ou alors il va falloir que les pays de l’OTAN, dont la France, s’engagent concrètement contre la Russie et provoquent la 3e guerre mondiale.
Le problème d’Emmanuel Macron, c’est qu’il sait très bien que la France n’a pas les moyens d’un conflit militaire de haut intensité avec la Russie, qu’elle est incapable de faire une mobilisation ne serait-ce que partielle, qu’elle se ferait terrasser par la Russie… à moins que la planète entière se fasse terrasser par un échange dramatique de tirs nucléaires.
Voilà le terrible dilemme du président français, vulgaire dirigeant d’une puissance en perte de vitesse, totalement corrompue par le libéralisme, qui n’a plus comme perspective que le militarisme destructeur.
Comment amener la société consommatrice à la guerre?
Jusqu’à présent, rien de bouleversé en France. Il y a eu le Tour de France, Emmanuel Macron est passé par là, tout va très bien dans le meilleur des mondes. L’été 2022 s’est déroulé sans accrocs.
L’Etat doit pourtant procéder à une vaste restructuration économique, ainsi qu’amener les gens en direction de la guerre pour le repartage du monde. Les gens sont trop passifs pour faire face aux restructurations, donc de côté-là, ça passe, mais comment les amener à la guerre ? Là, il y a un véritable problème et l’aile libérale-modernisatrice de la bourgeoisie, que représente Emmanuel Macron, doit montrer qu’elle est capable de résoudre ce problème, sans quoi… C’est l’aile nationaliste-militariste qui l’emportera, et avec elle la très haute bourgeoisie.
Dans son discours introductif au Conseil des ministres, le 24 août 2022, le président Emmanuel Macron a ainsi tenu des propos visant à souligner l’ampleur de la tâche. Ce qui donne :
« Il se pourrait que d’aucuns voient notre destin comme étant perpétuellement de gérer les crises ou des urgences. Je crois pour ma part que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l’ordre d’une grande bascule ou d’un grand bouleversement. »
Emmanuel Macron a dans ce cadre utilisé trois formules chocs, dont les médias français se sont très largement faits écho : c’est « la fin de l’abondance », « la fin d’une forme d’insouciance » et « la fin des évidences ».
C’est là qu’on voit qu’on est à une période charnière et que les événements vont se précipiter. On sait en effet qu’il y a la pandémie, une dette gigantesque, l’inflation, la tendance à la guerre qui se systématise, bref c’est la crise. Sauf que le capitalisme a connu une telle croissance depuis 1989 – depuis l’effondrement du bloc soviétique et l’intégration de la Chine comme usine du monde – que cela a produit une telle abondance que les gens sont encore totalement déconnectés.
A part pour l’ultra-gauche et La France Insoumise, qui pratiquent un misérabilisme outrancier, la France vit dans une opulence toute impérialiste au niveau des rapports mondiaux. Les gens sont corrompus, le rêve de tout un chacun est d’être propriétaire… quand il ne l’est pas déjà !
Et de ces Français, on ne peut pas faire des soldats ou se fonder sur eux pour une économie de guerre. Même la Russie en guerre contre l’Ukraine n’a pas osé instaurer un régime nouveau fondé ouvertement sur l’économie de guerre. Alors les Français… comment faire ?
Il y a de plus cette histoire de rentrée 2022. Il y a un remue-ménage social et l’inflation a marqué les esprits. Du point de vue de la Gauche historique, il ne peut rien se passer du tout de bien, car le niveau des consciences est lamentable. Du point de vue des spontanéistes, c’est par contre l’heure des fantasmes absolus, avec l’espoir d’un renouveau des « gilets jaunes », ce mouvement plébéien fascistoïde.
Comment, pour le régime, faire face à une telle révolte qui ne peut, par définition, qu’aller dans le sens de l’aile nationaliste ? La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin… ne sont que des tremplins pour l’extrême-Droite. Il n’existe pas de Gauche réelle en France. Tout est à reconstruire. Tout peut aller très vite, mais tout est à faire.
Autrement dit, les Français sont corrompus, et ils ne sont bons à rien. Emmanuel Macron aimerait les garder tels quels. Mais il faut aller à la guerre… sans aller trop vite ni lambiner, auquel cas l’extrême-Droite l’emporterait. Il faut donc bousculer les Français… Ce qui va rendre les choses instables.
C’est là que la fenêtre de tir s’ouvre pour la Gauche historique. Mais le rythme risque d’être très rapide, trop rapide… La séquence qui s’ouvre va être effroyablement complexe ; dans les faits, qui n’a pas un arrière-plan réellement solide sur le plan des idées se fera entièrement balayer.