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Restructurations économiques

«France 2030» : le projet de restructuration capitaliste d’Emmanuel Macron

C’est un projet présidentiel.

Le président Emmanuel Macron a présenté mardi 12 octobre un grand plan d’investissement intitulé « France 2030 ». C’est sa version de la restructuration capitaliste, et cela constituera la base de son programme électoral pour 2022.

La restructuration capitaliste est une actualité incontournable, tous les candidats à présidentielle 2022 vont devoir s’y coller : la question sera de savoir quelle sera leur proposition, leur vision.

En l’occurrence, Emmanuel Macron compte entraîner tous le pays dans une sorte de grande machinerie techno-innovante, qui serait censée sauver le capitalisme français de la concurrence mondiale. Il est ici très clairement fait appel aux fameux état d’esprit ingénieux à la française (en tous cas tel que les français se l’imaginent), pour concurrencer les grandes puissances (même l’Allemagne) en se voulant plus « malins » que les autres.

So French !

C’est la grosse artillerie qui est sortie :

Investir 1 milliard d’euros dans le nucléaire

Devenir le leader de l’hydrogène vert en 2030

Accélérer la décarbonation de l’industrie

Produire 2 millions de véhicules électriques et hybrides

Produire à l’horizon 2030 le premier avion bas carbone

Accélérer la robotisation et la numérisation de l’agriculture

Avoir 20 bio-médicaments contre le cancer et créer les dispositifs médicaux de demain

Remettre la France « en tête de la protection des contenus culturels et créatifs »

Réinvestir la conquête spatiale

Explorer les fonds marins

«Près de 6 milliards d’euros» d’investissements dans les composants électroniques »

Ce qui saute au yeux bien sûr est que la moindre goutte de prétention écologique est jetée à la poubelle ; c’est soit la planète, soit la restructuration du capitalisme et c’est bien entendu le capitalisme qui est choisi.

La France, avec Emmanuel Macron, doit donc s’attendre à toujours plus de déchets nucléaires. Il est aussi envisager d’aller encore plus loin pour racler de sol des grands fonds marins afin de trouver des « métaux rares » et n’importe quelles autres choses à piller pour servir le capitalisme français.

Et cela est assumé de manière très claire :

« Qui peut accepter que nous laissions dans l’inconnue la plus complète une part si importante du globe »

C’est l’expansion capitaliste à tout prix !

C’est la même chose pour l’espace, la France d’Emmanuel Macron compte bien participer de plus bel à la pollution de l’espace (véritable fléau très documenté) avec tout un développement de mini-lanceurs réutilisables ou de micro-satellites, pour «prendre part à l’aventure spatiale».

On notera d’ailleurs un cynisme particulièrement machiavélique à propos de la question écologique. La France appuie régulièrement sur la question des émission de gaz à effet de serre : elle entend se servir de cette aspect pour avoir un avantage concurrentiel par rapport aux puissances concurrente. Notamment en raison du nucléaire, et c’est ici directement le concurrent allemand qui est visé.

C’est là, au fond, toute l’essence du plan « France 2030 » : face à l’industrie « lourde » et aux gros moyens classique du capitalisme allemand, Emmanuel Macron entends jouer la carte de l’ultra-technique.

Au passage, on comprend très bien que le corollaire est que les ouvriers sont censés se plier aux exigences des « ingénieurs », pour relancer l’économie, en fait la restructuration du capitalisme. Les autres qui ne rentrent pas dans les plans… seront passés par pertes et profits.

Et tout cela va coûter beaucoup d’argent, énormément d’argent : 30 milliards d’euros sont déjà annoncés. Dans un capitalisme déjà à crédit, c’est un gros risque. Une partie des classes dominantes préférera ne pas le prendre et aller directement au conflit, avec la guerre plutôt que la restructuration.

Même si historiquement, on aura les deux si la table n’est pas renversée.

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Société

Emmanuel Macron a pris la parole sur l’Afghanistan car l’opinion publique est épouvantée

La situation épouvantable en Afghanistan a touché les gens au cœur.

Le 16 août 2021 le président français Emmanuel Macron a fait une allocution télévisée: il s’est est senti obligé. Pourquoi cela, alors que plus de 7 000 kilomètres séparent la France de l’Afghanistan?

C’est que les gens en France sont horrifiés, d’une part. Ici, on est dans la tradition des Lumières et s’il est une chose que les Français détestent, c’est le fondamentalisme religieux. Le triomphe des talibans leur paraît à la fois épouvantable et anachronique.

De plus, et cela va avec, les gens sont étonnés ou surpris ou du moins se questionnent sur la nature de l’échec en Afghanistan. Comment des obscurantistes religieux peuvent-ils revenir alors qu’ils ont été battus?

Et là, c’est toute l’idéologie interventionniste des pays capitalistes qui en prend un sale coup. Depuis 2001 en effet, voire depuis le début des années 1990 avec l’Irak de Saddam Hussein ou la Yougoslavie avec Slobodan Milošević, les interventions militaires américaine, française, celles de l’OTAN etc. se font au nom du droit international, de l’établissement de la démocratie.

Or, l’exemple afghan montre que cela ne marche pas. Personne n’était vraiment dupe de cela de toutes façons, tout le monde savait bien qu’à l’arrière-plan il y avait une question d’intérêts économiques. Cependant, les gens acceptaient les interventions, au Mali ou en Somalie, au Kosovo ou en Syrie, au nom d’une ingérence jouant en faveur, d’une manière ou d’une autre, des droits de l’Homme.

Impossible d’y croire encore désormais. C’est une vraie catastrophe qui se présente à tous les niveaux pour l’idéologie interventionniste et cela montre encore qu’on a totalement changé de situation par rapport à il y a quelques années.

D’où la nécessité pour Emmanuel Macron d’intervenir pour essayer de sauver les meubles, au moins en apparence. C’est vraiment historique que cette intervention pour un changement de régime dans un pays lointain.

Et sa mission était impossible. Il fallait justifier l’intervention en Afghanistan et le retrait, soutenir la « civilisation » de manière universelle et en même temps accepter ce recul particulier pour l’Afghanistan. Il fallait dénoncer l’obscurantisme, tout en l’acceptant dans les faits. Il fallait rappeler le soutien à la condition féminine tout en acceptant la souffrance en Afghanistan.

On ne saurait sous-estimer la perte de légitimité historique du capitalisme, de la France et d’Emmanuel Macron. C’est tout la tendance à la raison et à la démocratie qui est ici en contradiction avec eux et cela, pour les gens, c’est quelque chose qui ne peut pas passer, parce que l’Histoire va dans un sens.

C’est comme pour « Je suis Charlie »: même si Charlie Hebdo pouvait être critiqué et même si on ne les aimait pas, l’attentat sanglant contre Charlie Hebdo a tout de suite polarisé dans un sens démocratique. Il y a des choses avec lesquelles en France on ne transige pas.

Et le discours présidentiel est en décalage avec cette exigence. C’est le reflet de toute une défaite historique.

ALLOCUTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE RELATIVE À LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Mes chers compatriotes, de l’hexagone, des Outre-mer et de l’étranger, 

Je m’adresse à vous ce soir, alors que nous continuons à nous battre contre le virus avec détermination, et que tout est fait pour que la relance économique et sociale soit la plus forte possible dans notre pays, parce qu’à quelques milliers de kilomètres d’ici un tournant historique est à l’œuvre, en Afghanistan, loin de nos frontières, mais avec des conséquences majeures pour l’ensemble de la communauté internationale, pour l’Europe, et pour la France. 

Après une guerre de vingt années, après la décision de retrait des troupes américaines prise successivement par le président Trump et le président Biden, Kaboul, la capitale de l’Afghanistan, est tombée en quelques heures, sans résistance, aux mains des Talibans. L’intervention américaine et internationale a commencé il y a exactement vingt ans, après les attentats du 11 septembre 2001, et le refus du régime taliban de l’époque en Afghanistan, de livrer Ben Laden, l’organisateur de ces attentats. 

Notre pays a été, pendant treize années, engagé militairement en Afghanistan, de 2001 à 2014. 

Le Président Jacques Chirac, dès octobre 2001 a décidé la participation de la France à l’action internationale, par solidarité avec nos amis et alliés américains qui venaient de subir une attaque effroyable sur leur sol. Avec un objectif clair : combattre une menace terroriste qui visait directement notre territoire et celui de nos alliés depuis l’Afghanistan, devenu le sanctuaire du terrorisme islamiste. 

À partir de juin 2011, le Président Nicolas Sarkozy a engagé le retrait des premières troupes françaises. 

Le Président François Hollande, a ensuite décidé du retrait complet de nos troupes combattantes de manière coordonnée avec les autorités afghanes d’alors, ainsi qu’avec avec nos alliés. 

L’intervention militaire française a donc définitivement cédé la place, le 31 décembre 2014, à l’action civile que nous avons continué de mener à bien, auprès du peuple afghan, avec lequel nos liens d’amitié sont anciens et profonds. 

En Afghanistan, notre combat était juste et c’est l’honneur de la France de s’y être engagé. La France n’y a jamais eu qu’un ennemi : le terrorisme. Nos interventions militaires n’ont pas vocation en effet à se substituer à la souveraineté des peuples, ni à imposer la démocratie de l’extérieur mais à défendre la stabilité internationale et notre sécurité. Partout, la mise en place de processus politiques crédibles est notre priorité. C’est ce principe fondamental de notre politique étrangère que nous avons appliqué en Afghanistan et que nous continuerons de mettre en œuvre. 

Bon nombre d’unités de l’armée française sont passées dans ces vallées durant ces 13 années : légionnaires, tirailleurs, marsouins, chasseurs alpins, marins, aviateurs. Et c’est à eux que je tiens d’abord, ce soir, à m’adresser. A ceux qui ont combattu, aux familles de ceux qui sont morts ou ont été grièvement blessés. Nous n’oublierons pas nos soldats. Nous n’oublierons pas nos morts. 90 au total. 

Le 18 août 2008, dans l’embuscade d’Uzbin, il y a 13 ans presque jour pour jour, 10 soldats français et un interprète afghan étaient tués, 21 soldats français blessés. Ce combat que la France a mené était utile et était notre honneur. Il portera un jour ses fruits et je vous demande de vous en souvenir. 

À cet instant, la situation en Afghanistan se dégrade rapidement et brutalement. A l’heure où je vous parle, les Talibans sont maîtres de la quasi-totalité du pays. Ils sont entrés dans Kaboul et contrôlent la ville à l’exception de l’aéroport où les activités sont coordonnées par les Américains. Le Président afghan a quitté le pays. Les vols commerciaux ont cessé. 

Ce tournant, auquel nous étions préparés, nécessite des décisions et des initiatives immédiates, à la mesure de la gravité de la situation pour répondre à la catastrophe humanitaire. 

L’urgence absolue est de mettre en sécurité nos compatriotes, qui doivent tous quitter le pays, ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France. 

Nos ressortissants ont été progressivement évacués en anticipation ces dernières semaines. Nous sommes en contact avec tous les Français qui veulent rejoindre le sol national, qu’ils se trouvent à l’aéroport militaire, à l’aéroport civil ou sur le site historique de l’ambassade où la situation demeure préoccupante. Je veux ici remercier nos représentants sur place, nos diplomates, policiers, militaires pour leur engagement et leur courage. Remercier aussi nos alliés américains, indispensables pour mener à bien ces évacuations. 

La France est l’un des très rares pays à avoir décidé de maintenir sur place jusqu’au bout les moyens de protéger ceux qui ont travaillé pour elle. Nous avons aussi anticipé les opérations d’évacuation dans les dernières semaines.

Tous les employés afghans des structures françaises qui pouvaient être menacés ainsi que leurs familles, ce qui représente plus de 600 personnes, ont ainsi pu être accueillis et pris en charge dans de bonnes conditions dans notre pays. 

La France protège en ce moment le délégué de l’Union Européenne et a apporté protection aux collaborateurs afghans de la représentation européenne. La France a également apporté protection et soutien à tous les personnels français d’Organisations non gouvernementales souhaitant quitter le pays. 

Des opérations sont conduites depuis plusieurs années, pour accueillir en France les personnels civils afghans qui ont travaillé pour l’armée française, ainsi que leurs familles. C’est notre devoir et notre dignité de protéger ceux qui nous aident : interprètes, chauffeurs, cuisiniers et tant d’autres. Près de 800 personnes sont d’ores et déjà sur le sol français. Plusieurs dizaines de personnes sont encore sur place qui ont aidé l’armée française et pour lesquelles nous restons pleinement mobilisées. 

De nombreux afghans, défenseurs des droits, artistes, journalistes, militants, sont aujourd’hui menacés en raison de leur engagement. Nous les aiderons parce que c’est l’honneur de la France d’être aux côtés de celles et ceux qui partagent nos valeurs, autant que nous pourrons le faire et en tenant compte de la nécessaire adaptation de notre dispositif. Je remercie les associations, 
collectifs et communes qui aideront à leur accueil. Afin de procéder à ces opérations d’évacuation, qui ne se conduiront pas sans une étroite coordination avec les militaires américains sur place, j’ai décidé l’envoi de deux avions militaires et de nos forces spéciales. Ils seront sur place dans les prochaines heures. 

Au-delà de l’urgence, j’entends prendre au nom de la France plusieurs initiatives en lien étroit avec les autres états européens et nos alliés. 

Notre action visera à continuer de lutter activement contre le terrorisme islamiste sous toutes ses formes. 

Des groupes terroristes sont présents en Afghanistan et chercheront à tirer profit de la déstabilisation. Le Conseil de sécurité des Nations unies devra donc apporter une réponse responsable et unie. J’ai échangé sur ce point avec le Premier ministre Johnson et nous prendrons des initiatives communes dans les prochaines heures. Le retour de la stabilité passera par une telle action, politique et diplomatique au sein du Conseil de sécurité. L’Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu’il a été.

C’est un enjeu pour la paix, la stabilité internationale, contre un ennemi commun : le terrorisme et ceux qui le soutiennent ; à cet égard, nous ferons également tout pour que la Russie, les Etats Unis et l’Europe puissent efficacement coopérer, car nos intérêts sont bien les mêmes. 

Ensuite, la déstabilisation de l’Afghanistan risque également d’entraîner des flux migratoires irréguliers vers l’Europe. La France, comme je l’ai dit, fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés. Nous prendrons toute notre part dans le cadre d’un effort international organisé et juste.

Mais l’Afghanistan aura aussi besoin dans les temps qui viennent de ses forces vives et l’Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle. Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent, et nourriraient les trafics de toute nature. 

Nous porterons donc, en lien avec la République Fédérale d’Allemagne, et je me suis entretenu il y a quelques instants à ce sujet avec la Chancelière Merkel, et avec d’autres états européens, une initiative pour construire sans attendre une réponse robuste, coordonnée et unie qui passera par la lutte contre les flux irréguliers, la solidarité dans l’effort, l’harmonisation des critères de protection, et la mise en place de coopérations avec les pays de transit et d’accueil comme le Pakistan, la Turquie ou l’Iran. 

Enfin, il nous faut continuer de défendre nos principes, nos valeurs, qui font ce que nous sommes. 

L’histoire de l’Afghanistan n’a pas commencé pas en 2001. Nous sommes intervenus dans un pays ébranlé par quarante ans de guerre, un grand pays tourmenté. Et Nous, Français, sommes à même de le comprendre. Nous, à qui il a fallu des siècles de lutte, de fautes, d’avancées et de reculs pour bâtir une nation conforme aux plus grandes espérances humaines : l’égalité sans considération d’origine, de sexe ou de religion et la liberté de choix et de conscience. 

Et nous savons combien ces combats sont chaque jour à recommencer. 
Les défis auxquels les Afghanes et les Afghans seront confrontés dans les prochaines semaines et les prochains mois sont terribles, immenses. 

Le peuple afghan a le droit de vivre dans la sécurité et le respect de chacun. Les femmes afghanes ont le droit de vivre dans la liberté et la dignité. Et si le destin de l’Afghanistan est entre ses mains, nous resterons, fraternellement, aux côtés des Afghanes et des Afghans. En soutenant la société civile afghane et en faisant notre devoir de protection de celles et ceux que nous pouvons protéger.

En disant très clairement à ceux qui optent pour la guerre, l’obscurantisme et la violence aveugle qu’ils font le choix de l’isolement. En étant toujours du côté de ceux qui combattent pour la liberté, les droits des femmes, qui portent dans le monde le même message que le nôtre. C’est le choix de la raison, c’est le choix de ce que nous sommes profondément. 

Vive la République 
Vive la France

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Politique

Crise sanitaire et « bascule historique »: le projet libéral-démocrate de restructuration

Il y a en ce moment une très puissante vague politique prétendant gérer la crise.

Plus de 380 élus ont signé une tribune saluant les nouvelles mesures d’Emmanuel Macron concernant la crise sanitaire.

Parmi eux, on trouve entre autres le maire de Nice Christian Estrosi (ex-LR), le maire de Créteil Laurent Cathala (PS), le maire de Toulon Hubert Falco (ex-LR), le maire de Clichy-sous-Bois Olivier Klein (PS), le maire de Reims Arnaud Robinet (LR), le maire de Valenciennes Laurent Degallaix (centre), la présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône Martine Vassal (LR), le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (LR), le maire de Dijon François Rebsamen (PS), le maire d’Angers Christophe Béchu (ex-LR), la maire de Mulhouse Michèle Lutz (LR), le maire d’Évry-Courcouronnes Stéphane Beaudet (LR).

Ces 300 élus saluent, ni plus ni moins, un Emmanuel Macron visionnaire qui porterait avec lui une véritable utopie, un eldorado capitaliste moderne. C’est que pour beaucoup de représentants de l’appareil d’État, notamment à travers les communes, la remise en cause de l’économie va générer une nouvelle situation, amenant une ré-impulsion du capitalisme.

Il y a à l’arrière-plan l’idée d’une gigantesque restructuration. C’est en fait la partie des couches dominantes qui dit qu’il n’est pas besoin d’aller à la guerre de manière prioritaire, que ce qui compte, ce sont les restructurations, qu’il y a autant à gagner en passant par là.

Pourquoi en effet courir à l’aventure nationaliste avec la Russie, alors que les Français sont passifs et qu’on peut les modeler comme le capitalisme l’entend, alors que les États-Unis sont à l’offensive ?

Voici la tribune, avec les passages essentiels soulignés :

« Comme des millions de Français, nous, maires et responsables de collectivités territoriales, avons suivi avec attention la récente adresse à la Nation du Président de la République. Et si nos sensibilités politiques sont différentes, nos parcours divers, nous nous retrouvons tous aujourd’hui pour saluer le courage des décisions prises, la clarté du cap fixé

Sur le plan sanitaire, l’objectif de vacciner tous les Français est ambitieux mais nécessaire. Ce n’est en effet qu’en atteignant un taux de couverture vaccinale supérieur à 90% de la population que nous pourrons tourner durablement la page, retrouver une vie normale dans nos villes et dans nos villages.

Mise en place de centres de vaccination, campagnes de communication : depuis le début de l’année, nous sommes en première ligne de combat. Nous serons au rendez-vous de cette nouvelle phase à la fois pour organiser la vaccination des Français qui, par millions, ont pris rendez-vous ces derniers jours et pour accompagner entrepreneurs, commerçants et responsables d’établissements publics dans la mise en place du passe sanitaire

Sur le plan économique, nous partageons également les orientations annoncées, la priorité donnée au travail, à la production et au mérite. Nous voulons dire, en particulier, notre disponibilité totale pour accompagner le plan d’investissement qui sera présenté à la rentrée.

A la tête de nos collectivités, nous œuvrons chaque jour pour rapprocher grands groupes, PME, start up et monde de l’université et de la recherche et ainsi faire émerger dans notre pays l’avant-garde industrielle. Amplifier ce mouvement est primordial pour permettre à la France de retrouver son indépendance, reprendre le contrôle de notre destin et réinscrire le pays dans une trajectoire de plein emploi.  

C’est aussi par l’investissement, par des innovations issues du terrain, que nous relèverons le défi du siècle : la lutte contre le réchauffement climatique. Transports propres, réseaux électriques intelligents, matériaux biosourcés, bâtiments à énergie positive, industrie décarbonée : nous inventons déjà au quotidien l’écologie de progrès dans nos territoires. Pour l’avenir de notre planète, pour nos enfants, nous sommes prêts à faire plus encore.  

Notre conviction est que nous vivons un moment de bascule comme l’Histoire en offre parfois.

L’alternative est simple : soit nous nous divisons dans des guerres picrocholines. Alors, la France passera à côté des révolutions en cours : numérique, technologique, écologique, démographique. Soit, nous faisons bloc, Etat et collectivités locales, dans un pacte de confiance renouvelé.

Alors, notre Nation se donnera une chance de participer à l’invention du monde qui vient.  

Dans l’intérêt du pays comme dans celui de nos territoires, nous, maires et responsables de collectivités territoriales, avons choisi d’agir ensemble pour l’avenir. D’agir ensemble pour la France. Voilà pourquoi nous soutenons les actions que vient d’annoncer le Président Emmanuel Macron.

Cet appel est hyper-moderne ; il vise à dire que le maillage des collectivités locales permet un encadrement des gens suffisamment puissants pour valider le projet libéral-démocrate, consistant en une restructuration complète.

C’est un projet très ambitieux, mais quiconque connaît le ton dans les collectivités locales sait que c’est pratiquement le triomphalisme qui prédomine. La passivité totale des travailleurs et la capacité économique de l’Etat a grandement rassuré sur l’absence de luttes de classe. Partant de là, les cadres de l’administration se placent de manière volontaire en première ligne pour la grande modernisation du capitalisme.

Ce sont deux projets qui se dessinent pour la prochaine présidentielle : la mobilisation par en bas par le populisme ou le nationalisme au service de l’aventure militariste d’une France en solitaire alliée à la Russie, la restructuration parallèlement à l’offensive américaine contre la Russie et la Chine. »

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Politique

L’importante allocution du 12 juillet 2021 d’Emmanuel Macron

C’est le moment où le régime est fort.

Comme prévu, l’Autriche a servi de laboratoire et la France va instaurer le principe du pass sanitaire systématique. Pour accéder à un lieu public, il faudra être vacciné, guéri de moins de six mois ou disposer d’un test PCR négatif récent, ce dernier devenant payant. Emmanuel Macron a d’ailleurs été très clair : il faudra vivre avec le virus tout le reste de l’année 2021 et les premiers mois de 2022. Le pass sanitaire s’inscrit donc dans la durée et rien que cela est une terrible défaite pour le capitalisme, qui doit réorganiser la société.

Ce qui va se faire dans la douleur, car on voit mal des Français individualistes accepter les contrôles pour le pass sanitaire dans les trains longue distance ou pour simplement prendre un café.

La crise n’est toutefois pas que sanitaire et ce qui fait l’importance de l’allocution du 12 juillet 2021, c’est le ton offensif d’Emmanuel Macron, qui annonce les luttes de classes à venir. Ce qui attend les travailleurs, c’est la restructuration. La réforme des retraites sera reprise dès que possible et surtout, le président l’a martelé, la valeur « travail » doit être mise au centre de tout. La moitié des entreprises françaises a des problèmes à trouver des travailleurs, cela doit cesser et le moyen capitaliste pour cela c’est de baisser les aides sociales ainsi que les allocations pour le chômage.

Emmanuel Macron en a profité pour insister sur le fait que la France serait le premier pays pour le numérique, qu’il y a beaucoup d’investissements internationaux, bref pour présenter le pays comme un bastion du capitalisme, ce qu’il est par ailleurs.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’obligation de vaccination pour tous les soignants. Les vacances sont finies : désormais c’est l’ordre capitaliste qui doit primer et plus personne ne doit gripper la machine. La France a été une sorte de « joyeux bordel » comme le dit l’expression bien connue, désormais c’est terminé. Il y a une compétition internationale à assumer et les caractères particuliers des Français doivent s’effacer.

Il faut que le capitalisme français reprenne son cours, coûte que coûte et Emmanuel Macron a même été très optimiste, considérant qu’on reprendrait un cours progressif vers le « plein emploi » – une sacrée fiction – grosso modo d’ici une année. Il est payé pour cela : pour nier la crise, la faire payer aux travailleurs, avancer à marche forcée. En ce sens, le Emmanuel Macron de la dernière année du quinquennat va être très différent du précédent. Il va être directif, parce qu’il sait que le capitalisme attend cela de lui.

Les travailleurs vont prendre très cher. Ils vont payer le prix d’avoir accepté sans broncher qu’il y ait une pluie de milliards qui tombent sur les entreprises pour les soutenir. Ils n’ont pas voulu remettre en cause le capitalisme, considérant qu’ils tiraient leur épingle du jeu, par la consommation, un certain niveau de vie… ils vont s’apercevoir brutalement que le capitalisme leur doit tout… et qu’ils vont devoir payer la crise, en attendant la guerre.

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Roland-Garros: quand le sommet de l’État cède à quelques nantis

En autorisant les 5 000 spectateurs de la demi-finale messieurs du tournoi de Roland-Garros vendredi 11 juin 2021 à braver le couvre-feu, le sommet de l’État a fait un acte de lutte des classes. C’est le bon vouloir du prince pour une minorité bourgeoise et sans aucune justification sociale, au mépris du plus grand nombre et de toute responsabilité collective. Bien que symbolique, cela constitue un acte anti-démocratique d’une grande portée politique. 

Le tennis est devenu en France ces dernières années un sport très populaire, embrassant toutes les classes sociales. Il n’empêche que culturellement, cela reste un sport bourgeois et marqué par un style grand bourgeois. Le tournoi annuel de Roland-Garros, l’une des quatre plus prestigieuses épreuves mondiales, est particulièrement lié à ce style typique de l’Ouest parisien, avec la grosse montre de luxe, le Perrier citron et le pull en laine posé sur le polo Lacoste au col relevé. Les rencontres ont lieu dans le très chic XVIe arrondissement de la capitale et les billets sont particulièrement chers et difficiles à se procurer. 

Il y a tout un système garantissant l’entre-soi puisque les billets sont d’abord vendus aux présidents de clubs, avant d’être disponibles pour les licenciés de la Fédération et ensuite au grand public. Cela sans compter bien sûr toutes les possibilités de copinage plus ou moins officielles, avec les places réservées pour les partenaires plus ou moins officiels, les entreprises, etc. 

Tout cela fait que le public de la demi-finale du tournoi 2021 entre Novak Djokovic et Rafael Nadal ne consistait pas en n’importe qui d’un point de vue de classe. Et le gouvernement a donc fait le choix de leur céder, de céder à un caprice de grands bourgeois. 

Cela faisait en effet plusieurs jours que tous ces gens hurlaient au scandale chaque soir, quand il fallait interrompre la partie pour leur demander de partir afin de respecter le couvre-feu, comme n’importe quelle autre personne en France. On avait ainsi des nantis habitués à ce que toute la société soit dédiée à leur service et leur bon vouloir, refusant systématiquement tout effort collectif, qui ne comprenait pas qu’on leur demande de faire comme tout le monde. 

La décision a donc été prise en haut lieu de leur céder, et ces gens ont tout de suite compris (par réflexe de classe) qu’il s’agissait du bon vouloir du prince : “merci Macron, merci Macron’, ont-ils alors scandé dans le stade, de manière aussi honteuse que pathétique. Il a ensuite été fait préciser par la presse que la décision venait du cabinet du premier Ministre et non pas de l’Élysée, probablement pour ne pas trop écorcher l’image d’Emmanuel Macron, ni renforcer son étiquette de président des riches. Mais on a du mal à croire que le président lui-même puisse ne pas être mouillé dans une telle décision.

En attendant, il est complètement hallucinant qu’une telle attention soit portée à si peu de gens, pour leur autoriser quelque chose n’ayant à ce point aucun sens. Cela en dit tellement long sur la décadence au sommet de l’État et le décalage existant entre la bourgeoisie et le reste de la société.

Jamais une telle décision n’aurait été prise pour du football par exemple, car on retrouve dans les stades un public essentiellement issu des classes populaires et dont l’habitude n’est justement pas d’insulter l’intérêt collectif et la discipline sociale. C’est là un marqueur de classe significatif, et il est temps que la société se mette à jour en ayant au pouvoir les bonnes personnes, c’est-à-dire justement les classes populaires !

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Politique

« Montjoie Saint Denis », un nouveau coup d’éclat d’extrême-droite

Le petit attentat contre le président Emmanuel Macron mardi 8 juin 2021 est significatif de l’époque : la société en crise charrie une Droite qui s’assume de plus en plus et des activistes d’extrême-droite assumant de plus en plus le romantisme sur le mode du coup d’éclat.

Il n’y a aucun doute sur l’identité politique de l’agresseur d’Emmanuel Macron à Tain-l’Hermitage dans la Drôme. On a à faire à un royaliste dans la mouvance de l’Action Française, issu de toute la tradition développée par Charles Maurras.

Son action, une gifle au président de la République en criant « Montjoie Saint Denis ! A bas la macronie » est absolument typique. On a quelque-chose se voulant très radical et transgressif, mais qui est en réalité insignifiant sur le plan du contenu et de la forme. Cela est violent certes, mais ce n’est qu’un coup d’éclat, une occasion pour asséner un cri de ralliement romantique sur le mode du slogan.

« Montjoie Saint-Denis » renvoie à toute la mythologie nationaliste des royalistes français s’imaginant puiser dans l’Histoire de France. Il ne s’agit en fait que de folklore et de culte irrationnel à partir d’imageries féodales datant d’avant l’apparition de la France, pour appuyer un discours nationaliste tout ce qu’il y a de plus contemporain. Le slogan est ici censé faire référence à la défense de la France, sur le mode chevaleresque.

On remarquera que le youtubeur Papacito, qui vient de défrayer la chronique avec sa vidéo appelant à liquider physiquement la Gauche, est pareillement un admirateur des Wisigoths, sur un mode idéalisé.

En ce qui concerne les termes « Montjoie Saint-Denis », on les retrouve dans le fameux poème médiéval la Chanson de Roland, qui est une affirmation féodale chrétienne à l’époque des croisades. Cela n’a bien sûr aucun rapport avec la situation actuelle, ni avec la prétendue « macronie ».

Mais les nationalistes n’ont certainement pas besoin de voir de rapport entre les choses, car ils ne fonctionnent pas de manière rationnelle. Emmanuel Macron est pour eux la cible de choix, un symbole, pour dérouler la fiction d’un discours politico-culturel au contenu aboutit.

On notera au passage la grande décadence des services de protection de l’État français, incapable d’assurer le minimum pour ce qui est censé être la figure la plus importe des institutions françaises en la personne du président de la République. En l’occurrence, une simple émission télévisée de divertissement, Quotidien, avait pu discuter avec le protagonistes et ses acolytes… 4 heures avant les faits et connaître leurs motivations !

Ces gens étaient donc sur place depuis longtemps, facilement identifiable de par un certain look, et surtout assumant publiquement leur discours royalistes. On a l’un d’eux (pas le gifleur) parlant du déclin de la France et se disant anarchiste, ce qui est typique des activistes de l’Action Française pour qui le royalisme consisterait en « l’anarchie + 1 », c’est-à-dire l’anarchie (soit l’absence de toute modernité étatique et de toute structure sociale centralisée) + le Roi (c’est-à-dire une figure mystique romantique s’imposant à tout, pour tuer toute expression la société, au-delà des classes, etc.).

On notera au passage la grande incohérence de ces activistes d’extrême-droite, avec l’ami du gifleur qui s’exprimait à la caméra en expliquant regretter le fait que le président dise « on n’a pas de culture » (sous-entendu française, nationale)… alors qu’il porte lui-même un t-shirt avec l’immonde figure du Joker de Batman, ce qui est en soi une agression culturelle (ou anti-culturelle si l’on veut).

Toujours est-il que ces gens ont le vent en poupe, ils se sentent portés par l’époque. Et l’État n’est même pas capable d’assurer le service minimum pour les contenir et prévenir un tel coup d’éclat. Cela en dit très long sur l’ambiance en France et ce à quoi il faut s’attendre dans la période à venir.

Il est plus que jamais temps pour la Gauche de relever la tête et d’assumer sa tâche historique qui est d’écraser la Droite et toutes les expressions de celle-ci au moyen de la démocratie populaire.

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Guerre

La visite en France du président ukrainien Volodymyr Zelensky littéralement passée sous silence

Le tandem franco-allemand considère l’Ukraine plus comme encombrante qu’autre chose.

Les forces de l’ordre étaient particulièrement nombreuses, nerveuses et lourdement armées aux abords de l’Élysée le 16 avril 2021, en raison de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky. On sent qu’il fallait que soit évité, à tout prix, le moindre événement remarquable. Et les médias ont dans cette perspective à peine mentionné cette visite, voire l’ont passé sous silence, à peu près comme les réseaux sociaux de l’Élysée et des Affaires étrangères françaises.

C’est qu’en fait la visite était prévue depuis longtemps, mais que la France n’en voulait en fait plus du tout. D’où le silence à ce sujet, d’où le fait qu’Emmanuel Macron ait expliqué au président ukrainien que pour l’adhésion de son pays à l’OTAN, il faudrait attendre la prochaine réunion de l’OTAN. D’où aussi la petite visioconférence avec la chancelière allemande Angela Merkel, pour que le président ukrainien comprenne que le tandem franco-allemand, il ne faudra pas compter dessus pour du concret.

Emmanuel Macron a donc dit merci d’être passé (дякую – diakouïou)… et au revoir.

C’est ce qu’on appelle le service minimum. Volodymyr Zelensky a dû être blême, alors que les forces séparatistes se moquent naturellement de ce soutien se réduisant à quelques mots en ukrainien. Le président ukrainien savait que la France et l’Allemagne refuseraient de s’engager en raison du poids de la Russie, mais avoir dû faire face à tant de cynisme, alors que tout indique une prochaine annexion russe du Donbass, les 20-23 avril 2021…

Il faut vraiment qu’on soit en période de crise générale, de crise à tous les niveaux, pour qu’un tel degré de tension produise autant de cynisme et de jeu « géopolitique ». Et pendant ce temps-là, les troupes russes continuent de s’accumuler.

La pression sur l’Ukraine monte ainsi de jour en jour. La ville de Kiev a fourni au public une liste des endroits où s’abriter en cas de bombardements… Amenant le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Rouslan Khomtchak, à appeler les autorités locales à ne pas contribuer à un esprit de panique dans la population.

De son côté, le chef de la pseudo « République Populaire de Donetzk »,  Denis Pushiline, a annoncé le 16 avril qu’il avait accueilli la veille d’importants membres du Parti libéral-démocrate de Russie. Il s’agit du troisième parti politique en Russie, dont la ligne est nationaliste et conservatrice malgré son nom. Il est dirigé par Vladimir Jirinovski, un peu connu en France en raison de son soutien à Jean-Marie Le Pen.

Le communiqué de la rencontre annonce :

« Hier, le 15 avril, le chef de la République populaire de Donetsk a rencontré le premier vice-président du Comité d’État de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie pour la défense, membre du Conseil suprême du Parti libéral-démocrate, Alexander Sherine, et le conseiller au chef de la fraction du Parti libéral-démocrate de Russie à la Douma d’État, Alexeï Bychkov. »

Le thème était évidemment la protection des « Russes », dans une définition aussi extensible que le voudra l’expansionnisme russe cherchant à une justification pour l’annexion, voire l’invasion. Qu’en sera-t-il bientôt de l’Ukraine, abandonné comme la Tchécoslovaquie en 1938 ?

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Société

Mineurs vaccinés, un président fantomatique, un libéralisme sanitaire généralisé…

La crise du COVID-19 est un crash-test et la France plonge dans l’échec après s’être enlisée.

Il y a en France de nombreux mineurs qui sont vaccinés. C’est normalement impossible, mais en France tout est possible, justement. Le libéralisme a triomphé dans les mentalités et l’esprit de corruption prédomine tendanciellement partout. Personne ne se sent responsable de rien.

D’ailleurs, non seulement il y a des doses de vaccins qui sont jetées, ce qui est une honte mais parfois il y a même des gens arrivant « comme par hasard » avant que ces doses soient jetés, et ils sont vaccinés. On devine qu’il s’agit évidemment souvent de magouilles bien plus que de gens tentant leur chance. L’administration n’est même pas capable de faire comme dans d’autres pays et d’avoir des gens bien précis à appeler pour se faire vacciner en cas de doses restantes.

Dans un État de droit, comme on sait forcément qui est vacciné, on devrait retrouver aisément ces mineurs. Une simple recherche informatique de la part des organismes sanitaires concernés permettrait très facilement de retrouver les médecins et les parents coupables. Les médecins responsables d’un tel acte, surtout, alors qu’on ne connaît pas les effets secondaires sur les mineurs, devraient être réprimés.

Mais en France l’État n’est même plus celui d’un droit bourgeois, c’est celui d’un droit post-bourgeois, où les choses tiennent comme elles peuvent, par la force de l’habitude capitaliste. Quand on voit le rassemblement impuni à Lyon le 30 mars…

Lyon, le 30 mars 2021

On a pu d’ailleurs voir que dans allocution du 31 mars 2021, le président Emmanuel Macron a été d’une faiblesse inouïe. Il n’a pas été capable d’être ferme, il n’a pas été capable d’aller à contre-courant de l’opinion publique partisane d’une absence de vraies mesures.

D’ailleurs, lui-même est finalement content de faire tourner le capitalisme autant que possible, et tant pis pour les morts. Il fait comme si les choses sont allées en s’améliorant, comme si ne pas confiner plus tôt s’est avéré une bonne chose pour continuer à vivre… Et comme les Français ne veulent pas voir les choses en face de toutes façons, Emmanuel Macron a pu faire son satisfecit.

Les mesures prises sont d’ailleurs le minimum possible vue la situation : un couvre-feu à 19 heures partout en France métropolitaine (qui n’est pas vraiment respecté), un appel à un télétravail systématique (qui ne concerne qu’une minorité de gens), une fermeture de certains commerces (qui arrive trop tardivement), pas de déplacements inter-régionaux après le 5 avril sauf motif impérieux (ce qu’on ne peut pas vérifier), pas de déplacement en journée au-delà de 10 kilomètres du domicile sauf motif impérieux (ce qu’on ne peut pas vérifier non plus).

Emmanuel Macron a de toutes façons dit qu’il faisait confiance aux Français, ce qui implique de jouer les Ponce Pilate. Pour parer aux extrêmes, il y a le passage à 10 000 lit en réanimation (contre 7600 en ce moment, et 5 000 en janvier), et il y a le grand espoir d’une vaccination de masse. Cela passera et cela cassera, mais surtout cela passera, tel est le raisonnement cynique.

Et c’est conforme à une masse de Français passifs et poseurs, apolitiques et anti-politiques, individualistes et régressifs, attendant que cela passe pour que tout retourne comme avant, dans un cocooning capitaliste coupé de la réalité du monde et de ses exigences. C’est une faillite historique… Qui montre la maturité de la situation historique, mais aussi sa gravité.

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Politique

Occupation du Capitole : Emmanuel Macron et le Parti socialiste en panique

C’est carrément devant un drapeau américain qu’Emmanuel Macron a dénoncé l’occupation du Capitole, le Parti socialiste lui emboîtant le pas dans l’éloge de la superpuissance américaine.

La superpuissance américaine serait une « démocratie »… Que c’est ridicule ! Tout le monde sait à quel point c’est un régime corrompu, où les élections présidentielles sont prétextes aux dépenses de centaines de millions de dollars – la dernière élection présidentielle opposant Joe Biden à Donald Trump, c’est 14 milliards de dollars déversés ! Tout s’achète aux États-Unis, pays gangrené par le capitalisme à tous les niveaux.

Et c’est devant un drapeau américain qu’Emmanuel Macron a raconté ce qu’aucun Français ne peut croire : la démocratie américaine serait un modèle.

Voici son discours :

« WHAT HAPPENED TODAY IN WASHINGTON DC IS NOT AMERICA, DEFINITELY.

7 JANVIER 2021 – SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

Ce 6 janvier, alors que se tenait une session du Congrès américain devant confirmer la victoire du Président Biden aux élections de novembre 2020, quelques individus violents se sont introduits dans le temple séculaire de la démocratie américaine : le Capitole.

Une femme a été tuée.

Quand, dans une des plus vieilles démocraties du monde, des partisans d’un Président sortant remettent en cause, par les armes, les résultats légitimes d’une élection, c’est une idée universelle – celle d’un homme, une voix – qui est battue en brèche.

Depuis le XVIIIème siècle, les Etats Unis d’Amérique et la France sont liés par un pacte de liberté et de démocratie.

La France, avec La Fayette, a soutenu le peuple américain dans sa quête de liberté et d’indépendance.

La France, avec Alexis de Tocqueville, a reconnu les Etats Unis d’Amérique comme un emblème de la démocratie.

Les Etats Unis d’Amérique, durant le 20ème siècle, lors des deux guerres mondiales, se sont tenus aux côtés de la France à chaque fois que son indépendance, sa liberté, furent menacées. 

Alors aujourd’hui, la France se tient aux côtés du peuple américain avec force, ferveur et détermination, et aux côtés de tous les peuples qui entendent choisir leurs dirigeants, décider de leurs destins et de leurs vies, par ce choix libre et démocratique des élections. Et nous ne cèderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause cela.

C’est notre choix, depuis plusieurs siècles, de mettre la dignité humaine, la paix, le respect de l’autre, la reconnaissance de la liberté au-dessus de tout, qui est aujourd’hui menacé dans nos démocraties. 

C’est pourquoi ce soir, je veux dire notre confiance dans la force de la démocratie américaine.

Je veux dire notre amitié à l’égard du peuple et de la démocratie américaine.

Je veux dire notre lutte commune pour que nos démocraties sortent plus fortes de ce moment que nous vivons tous aujourd’hui.

I just wanted to express our friendship and our faith in the United States.

What happened today in Washington DC is not America, definitely.

We believe in the strength of our democracies. We believe in the strength of American democracy. »

Ce qui est grave, c’est que le Parti socialiste soit sur la même longueur d’onde. Au pouvoir, le Parti socialiste disait déjà tout cela. Mais là il s’aligne de lui-même, même hors des « responsabilités », sur un éloge délirant de la superpuissance américaine en perdition. Il montre qu’il ne comprend rien, qu’il est totalement hors-jeu…. Et qu’il a déjà en ligne de mire de proposer pour les prochaines présidentielles Anne Hidalgo, Christine Taubira ou François Hollande. Sa ligne, c’est celle des démocrates américains, avec la modernisation du capitalisme, les valeurs post-modernes, etc.

Voici son communiqué :

« États-Unis : le Parti socialiste salue la victoire de la démocratie contre la violence

Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste

Jean-Marc Germain, secrétaire national aux Relations internationales

Après la consternation du monde démocratique devant les scènes d’insurrection qui ont interrompu hier au Congrès américain la certification des résultats du 3 novembre 2020, y compris de la double victoire des sénateurs en Géorgie ce 5 janvier 2021, le 46e président des États-Unis est officiellement désigné.
 
En ce jour où la démocratie américaine aura pu mener à son terme son processus électoral malgré le chaos et les violences instigués par le président sortant, le Parti socialiste réitère ses félicitations au président Joe Biden et à sa vice-présidente Kamala Harris. Ils incarnent à la fois la perspective d’un retour à l’apaisement ainsi qu’un nouveau souffle pour l’avenir de la société américaine. Il exprime aussi ses félicitations aux nouveaux élus de Géorgie, Raphaël Warnock et Jon Ossoff. Leur victoire offre à la Maison Blanche et au Parti démocrate les moyens politiques, économiques et législatifs de combattre efficacement les dégâts considérables de la pandémie causés par une gestion irresponsable, mais aussi de mettre en œuvre le programme ambitieux de progrès social et de cohésion sociétale des États-Unis.
 
Le Parti socialiste se réjouit également que l’ère nouvelle qui s’ouvre soit celle du retour de cette nation aux côtés de ses partenaires dans la résolution des grands défis du siècle, à commencer par le sauvetage de la planète face à la menace climatique. Il observe cependant qu’en dépit de la leçon de respect des institutions donnée ce jour à ceux qui souhaitent les abattre, la démocratie s’impose désormais parmi les grandes causes à défendre. Les actes insurrectionnels d’hier et l’investiture prochaine du président Joe Biden constituent ainsi un double message de responsabilité : le devoir de rétablir la confiance en la démocratie face aux mensonges qui la dégradent et l’espoir que les États-Unis reprennent leur place pour s’opposer aux forces qui veulent l’annihiler.

– Jeudi 7 janvier 2021« 

Dans tout cela on sent surtout la panique des bourgeois. Ceux-ci se doutent bien que derrière l’agitation petite-bourgeoise stérile, il y aura le rouleau compresseur prolétarien. Les années 2020 vont aller de crise en crise.

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Politique

L’interview stratégique d’Emmanuel Macron dans l’Express

Dans son interview à l’Express, Emmanuel Macron affirme la ligne centriste-modernisatrice, en prévision des prochaines présidentielles.

Emmanuel Macron a accordé une interview-fleuve à l’Express, une manière de s’adresser à la bourgeoisie moderniste par l’intermédiaire de cette revue. Quand on accorde une interview à un média en sachant que l’accès à celui-ci sera restreint – autrement dit il faut être abonné ou acheter la revue – c’est qu’on cible particulièrement le message.

Emmanuel Macron a ainsi tenu un discours extrêmement précis aux journalistes de l’Express. Ce discours, construit en prévision des présidentielles, est celui de Valéry Giscard d’Estaing, des centristes c’est-à-dire historiquement des radicaux. Ou, si l’on préfère, de la bourgeoisie moderne et modernisatrice.

On apprend dans l’interview que la France serait en train de se « transformer » sous l’impulsion d’Emmanuel Macron. Il y aurait en France une « tension créatrice », une « énergie politique très rare ». Mais cela va avec une particularité : selon Emmanuel Macron,

« la France naît de la langue et de l’État, les deux piliers de notre Nation. »

C’est évidemment totalement faux puisque c’est le peuple qui fait l’histoire (et ainsi la langue et l’État). Cependant Emmanuel Macron ne va pas défendre une telle perspective, puisque son rôle est de maintenir la fiction d’un État au-delà des classes.

Pour cette raison, la modernisation passerait en particulier par l’État, donc en particulier par Emmanuel Macron, à condition de dépasser la « crise de l’autorité ». Il faut que les hiérarchies se réaffirment, alors qu’il y aurait de nombreuses perspectives, dont l’une est l’immigration en s’appuyant sur « l’intégration » et en rejetant « l’assimilation ».

Nicolas Sarkozy avait raison même si son concept d’identité nationale faisait trop polémique, Pétain et Maurras c’est mal mais ils ont une part de bien, il faut utiliser tout ce qui fait en sorte que la République soit une « transcendance » de gens multiples mais enracinés.

En clair, il faut que l’État maintienne cohérent une société capitaliste qui relativise tout, Emmanuel Macron insistant sur le risque que représente le relativisme pour les institutions. Il se présente donc comme le chef prêt à moderniser de manière permanente et d’ailleurs la France serait l’un des pays s’en sortant le mieux dans la pandémie actuelle, grâce à lui et à sa gestion de l’État. Il ne faudrait donc surtout pas considérer la France comme une « puissance moyenne », bien au contraire.

Bref, c’est de la « comm » associé à de la promotion en vue des prochaines élections. Cela n’a rien de nouveau, à part et c’est important que cela confirme qu’Emmanuel Macron compte se représenter, qu’il engage donc la bourgeoisie moderniste à relancer une opération politique en ce sens.

Il a compris la chose suivante : la Gauche est dans le coma et divisée, les ouvriers ne font rien. L’extrême-Droite n’est pas à la hauteur et le général de Villiers a encore beaucoup de travail pour apparaître comme le sauveur. S’il maintient donc une gestion étatique au moins sans faire de vagues à défaut de merveilles, Emmanuel Macron gagne par défaut.

C’est là illusoire de par les terribles conflits sociaux qui s’annoncent, alors que l’instabilité va prédominer avec la crise. Emmanuel Macron a une position qui reflète ici l’opinion petite-bourgeoisie du pays : le plus dur de la crise serait passé, il y aura simplement des dégâts à gérer, mais on est déjà loin de la crise… Alors qu’en réalité, celle-ci n’est même pas encore arrivée !

Jean-Luc Mélenchon a été ici bien plus fin, puisqu’il se présente déjà, un an et demi avant, en sachant que tout va être mouvementé et qu’il valait mieux s’ancrer tout de suite.

Dans les faits, Emmanuel Macron va donc serrer la vis et l’État va jouer la carte de la dureté, afin de se présenter comme le garant de la stabilité, en niant les faits. Comme dans les années 1930 en Allemagne, la bourgeoisie modernisatrice tente de sauver un capitalisme en perdition, affaiblissant la Gauche et ouvrant malgré elle la voie à l’extrême-Droite.

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Société

Fin du «confinement»: la France fêtera Noël pour tenter d’oublier la réalité

Emmanuel Macron a sauvé Noël. Du moins c’est ce qu’il voudrait faire croire, car dans les faits l’État ne gère plus grand-chose et ne fait que courir après la réalité du pays. Le second confinement est un lamentable échec et la France n’imaginait pas une seconde ne pas fêter Noël ni le Premier de l’An. Le chef de l’État et son gouvernement doivent donc s’aligner, avec le risque évident de faire repartir l’épidémie, avant et surtout pendant les fêtes.

Emmanuel Macron a indiqué que le « confinement » sera levé le 15 décembre, si les chiffres sont bons, puis qu’il n’y aurait pas de restrictions pour Noël et le Premier de l’An. Pourtant, il n’y a pas de confinement et chacun fait déjà ce qu’il veut ou à peu près, plus ou moins discrètement, de manière plus ou moins assumée. Les forces de police n’ont de toutes manières aucunement la capacité ni la volonté de faire respecter quoi que ce soit, hormis pour quelques opérations bien ciblées.

La véritable annonce du Président concerne donc la date du samedi 28 novembre, avec la réouverture des magasins « non essentiels ». Cela marquera la fin de ce semi-confinement, ou faux confinement, et il est évident que cela va s’accompagner d’un relâchement majeur des comportements tout au long du mois de décembre.

Il y a beaucoup de dignité dans ces propos du professeur Rémi Salomon, qui est le président de la commission médicale d’établissement de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris et qui a tenu à faire des recommandations pour accompagner les annonces d’Emmanuel Macron :

« On coupe la bûche de Noël en deux et papy et mamie mangent dans la cuisine et nous, dans la salle à manger. Il ne faut pas manger avec papy et mamie, même à Noël, même si on a pris des précautions avant. On peut aller chez papy et mamie à Noël, mais on ne mange pas avec eux. Si je transmets le virus à papy et mamie, c’est pire que tout. »

Il y a beaucoup de dignité, mais c’est aussi terriblement à côté de la plaque. Une telle précision est absolument inaudible dans le pays et d’ici au réveillon du 24 décembre, le semi ou faux confinement de novembre ne sera qu’un lointain souvenir. Il va sans dire que le réveillon de la Saint-Sylvestre sera encore pire de ce point de vue là.

Heureusement, et c’est bien la moindre des choses, il ne sera pas possible de louer de salles ni de se retrouver en discothèques ou bars. Les Français ont toutefois de grandes maisons à disposition et il y a fort à parier que les soirées seront nombreuses, à nombreux, et bruyantes. Il s’agira d’oublier 2020, avec l’idée de rayer cela de la mémoire comme un mauvais souvenir.

Mais si les fêtes auront été surtout propices à la multiplication de foyers épidémiques, comme on peut s’y attendre, alors 2021 commencera de la plus terrible des manières, avec une reprise drastique de la circulation du virus.

Pourquoi ce qui s’est passé au début de l’automne ne se reproduirait pas à l’hiver ? En attendant, Noël est « sauvé », et avec lui surtout la course effrénée à la consommation de cadeau. Toujours pas de remise en cause, toujours la même fuite en avant… Mais jusqu’à quand ?

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Société

L’hallucinante interview d’Emmanuel Macron à Al Jazeera

Le média qatari Al Jazeera a interviewé Emmanuel Macron, qui s’est évertué à reculer face au fanatisme islamiste dans une interview aux questions agressives et ultra-provocatrices.

Les journalistes d’Al Jazeera se sont fait littéralement la voix des Frères musulmans, dont le Qatar et la Turquie sont les principaux représentants. L’Islam serait uni, les musulmans les premières victimes d’on ne sait trop quoi et les Juifs seraient des privilégiés… Sans parler du débat sur des faits historiques qui seraient fermé, allusion bien entendu au négationnisme ! Rien qu’avec cette remarque, Emmanuel Macron aurait dû quitter l’interview.

Voici l’extrait :

« Journaliste

Souvent quand on parle de l’islam en France, les musulmans citent l’antisémitisme. Pourquoi il y a des lois qui pénalisent l’antisémitisme ? Pourquoi il y a des lois qui ferment le débat sur certains faits historiques ?

Par exemple le révisionnisme, des trucs comme ça, qu’on ne peut pas, qui sont protégés par la loi française.

Le Président de la République

Oui, je vous confirme.

Journaliste

Est-ce qu’il n’y a pas une possibilité d’avoir des lois pour protéger leurs symboles sacrés ? »

Emmanuel Macron a évidemment modifié toute la perspective laïque, disant qu’il s’agit d’une manière de faire cohabiter croyants et non croyants, alors qu’en réalité il s’agissait de repousser la religion dans la sphère privée. Le président de la république a ainsi expliqué que « la transcendance » avait toute sa place dans la société !

Les islamistes déformeraient d’ailleurs l’Islam, le détourneraient : Emmanuel Macron a fait absolument tout son possible pour nier que les terroristes islamistes soient musulmans, voire même des religieux. Ce serait… on ne sait pas trop quoi. En même temps, il s’adresse à un média qatari, un État absolument clef, avec l’Arabie Saoudite, dans la diffusion du fanatisme religieux.

D’où la proposition d’accord : pleine reconnaissance de l’Islam, mais la fin de la violence, car le pays doit être apaisé. Emmanuel Macron se situe ici dans le prolongement des liens privilégiés de la France avec le Qatar et il est évident qu’il aimerait proposer de mettre l’Islam sauce qatarie au niveau du catholicisme et du judaïsme pour la reconnaissance institutionnelle. Cela colle tout à fait avec son programme de société libérale divisée en communautés. Le souci c’est que le frère musulman du Qatar, c’est la Turquie et que celle-ci est désormais en concurrence avec la France.

De plus, les Français sont en bonne partie anti-religieux et entendent bien dénoncer les religions ; Emmanuel Macron peut bien raconter que « la liberté d’expression en France » n’est pas fait pour atteindre les musulmans, c’est inexact : la bataille d’une large partie des Français vise à faire reculer ou disparaître les religions, et cette bataille va connaître un regain formidable et juste.

D’ailleurs, sur France Bleu Occitanie, l’archevêque de Toulouse Robert Le Gall a expliqué :

« On ne se moque pas impunément des religions. On ne peut pas se permettre de se moquer des religions, on voit les résultats que cela donne. »

Le combat contre les religions est essentiel et il est trop sérieux pour être laissé à Emmanuel Macron ou Charlie Hebdo.

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Guerre

Erdoğan/Macron: des provocations qui font monter la tension guerrière

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan poursuit un agenda bien précis au sein de la Droite turque et il a eu dans ce cadre des propos provocateurs désignant entre autres Emmanuel Macron. Ce dernier pourrait tout à fait ignorer ces déclarations qui ne volent franchement pas haut et ne mènent pas très loin, mais il est trop content de cette porte ouverte menant à une escalade guerrière contre un ennemi stratégique.

Samedi 24 octobre, à l’occasion du 7e congrès de son parti, Recep Tayyip Erdoğan tenait un discours ultra populiste visant l’électorat musulman, y compris (et de manière spécifique) les Turcs vivants en France ou en Allemagne qui ont le droit de vote. Il a à cette occasion, parmi tout un tas de déclarations et de provocations, visé Emmanuel Macron en agitant la prétendue « islamophobie » :

« Mais quel est son problème avec les musulmans? Ce Macron a besoin de faire examiner sa santé mentale. Que préconiser d’autre face à un président qui ne comprend rien à la liberté religieuse et qui se comporte de manière discriminatoire vis-à-vis de millions de citoyens qui ne partagent pas sa foi ? »

Cela a tellement bien marché, puisqu’il y a eu du répondant en France, qu’il a réitéré ses propos dimanche 25 octobre :

« La personne qui est à la tête de la France en ce moment s’en prend sans cesse à ma personne. Qu’il se regarde d’abord lui-même. C’est vraiment un cas ! Il faut sérieusement qu’il se fasse contrôler. »

Recep Tayyip Erdoğan est en totale roue libre, en mode Donald Trump, cherchant par tous les moyens à créer de l’agitation pour faire parler de lui et mobiliser par le biais de l’islam. Il a par exemple aussi désigné « un soi-disant député aux Pays-Bas » (Geert Wilders), lui assénant de ne pas dépasser les bornes, avant de s’adresser virtuellement à lui tel un caïd : « Sais-tu seulement à qui tu as affaire ? » La veille, il critiquait l’Allemagne pour une descente de police dans une mosquée, allant jusqu’à parler de « fascisme européen » en prétendant qu’il y aurait des « attaques contre les droits des citoyens musulmans ».

C’est que l’État turc est en pleine décadence, faisant face à d’extrêmes difficultés sur le plan économique et il faut donc pour ses dirigeants attirer l’attention ailleurs, c’est-à-dire « noyer le poisson » comme le dit l’expression, ainsi qu’ouvrir des espaces pour l’agression militaire. Recep Tayyip Erdoğan joue ainsi à fond la carte de l’agitation populiste, sur le mode identitaire-religieux.

Plutôt que d’ignorer cette lamentable campagne électorale, la France répond pleinement à cela, faisant monter la sauce à son tour. Les services de l’Élysée ont répondu de manière officielle :

« Les propos du président Erdogan sont inacceptables. L’outrance et la grossièreté ne sont pas une méthode. Nous exigeons d’Erdogan qu’il change le cours de sa politique car elle est dangereuse à tous points de vue. Nous n’entrons pas dans des polémiques inutiles et n’acceptons pas les insultes.»

Le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian y est allé lui aussi de sa dénonciation, fustigeant « un comportement inadmissible, à fortiori de la part d’un pays allié» et allant jusqu’à rapatrier l’ambassadeur français en Turquie « pour consultation », ce qui diplomatiquement est une signe de très importante tension, plus précisément une marque d’hostilité.

Après les grandes tensions militaires entre la France et la Turquie au sujet des eaux territoriales revendiquées par la Grèce, alors que la guerre fait rage au Nagorny-Karabakh et que les intérêts stratégiques entre la France et la Turquie s’opposent tant en Libye qu’en Syrie, on a un nouvel épisode de tensions entre les deux pays.

On est ici strictement dans ce l’Histoire n’a que trop connue : l’escalade guerrière, de la part de dirigeants cherchant à tout prix la tension comme réponse à la crise. Comme la Turquie, la France est elle aussi en crise, de plus en plus, et elle tient à maintenir son rang, ce qui la rend également agressive… Le conflit franco-turc est une sorte de petit parallèle à l’affrontement sino-américain. Le 21e siècle se précipite vers la guerre.

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Société

Les réactions anti-couvre-feu de la «gauche» libérale-libertaire

Tout sauf les décisions à portée collective ! Tel est le credo d’une partie de la Gauche passée dans le camp d’un mélange de populisme, d’anarchisme, de vision plébéienne de l’Histoire.

En temps de crise, on ne peut plus faire semblant, car chaque point de vue compte, chaque opinion sur chaque sujet a forcément une grande importance et de grandes implications. On dévoile forcément sa vraie nature et les organisations et individus politiques expriment forcément leur nature.

La question du couvre-feu est ainsi très révélatrice, avec les petits-bourgeois hystériques et les bourgeois relativistes qui ne veulent pas en entendre parler. Les premiers sont en général « de gauche », les seconds étant de droite et l’assumant, en tous cas culturellement. Au contraire, la dynamique populaire est de penser que le couvre-feu est bien la moindre des choses, avec cette particularité propre aux grandes villes qu’une partie significative des gens ne se soucie absolument pas du virus et s’amasse dans les bars et soirées.

Il ne faut pas se leurrer, si Emmanuel Macron décrète un couvre-feu dans la plupart des grandes villes, c’est qu’il y a à la base une grande pression populaire en faveur de mesures sanitaires. Cela sous-entend non pas qu’il en fasse trop, mais bien au contraire qu’il n’en fasse pas assez. Le peuple veut un État ayant son ampleur, capable d’envergure.

La France de 2020 n’est plus la France arriérée du 20e siècle et il est hors de question pour la population de laisser filer un virus dévastateur, ni de laisser les services de santé se faire déborder à nouveau. L’État doit être à la hauteur du peuple, de la vie du peuple.

Les petits-bourgeois « de gauche » n’en ont rien à faire de cela et ils s’imaginent que le gouvernement agirait par « totalitarisme ». L’auteur de prédilection pour ces gens est George Orwell et nombreux sont ceux à avoir cité son roman 1984, à l’instar d’Olivier Besancenot :

Cependant, le meilleur représentant de cette France petite-bourgeoise, s’imaginant de gauche et très radicale, est Jean-Luc Mélenchon, qui associe le couvre-feu à un fait du Prince, en dehors de toute rationalité sur la crise sanitaire elle-même :

« 60 % des contaminations ont lieu au travail ou à l’école ou à l’université entre 8h et 19h. Mais Macron interdit les sorties au bar et au restau entre 20h et 6h. Bienvenue en Absurdie. »

Jean-Luc Mélenchon confond ainsi clusters connus et contamination, mais là n’est pas la question : rien que le ton le disqualifie. On est dans le populisme, dans l’appel à la révolte plébéienne contre les puissants qui mentiraient de manière totale, qui viseraient à la manipulation des consciences, à anéantir les libertés individuelles, etc.

On a évidemment la même rengaine du côté d’EELV, sur le mode de la critique du « totalitarisme » avec David Cormand, qui reprend tous les arguments de la Droite sans même le remarquer :

« Le « couvre-feux » a-t-il vocation à confiner aussi notre Démocratie? La légèreté avec laquelle le Gouvernement se joue des piliers sur lesquelles reposent un État de Droit: libertés individuelles, droits fondamentaux, élections,… est sidérante et effrayante. »

Notons cependant qu’EELV sait garder les pieds sur terre, de part sa quête électoraliste, et exprime dans un communiqué son soutien au couvre-feu, bien que de manière timorée.

François Ruffin s’est également parfaitement illustré dans l’hystérie anti-« Macron », qui serait maintenant un « maton » … :

« Le couvre-feu pour couvrir leur nullité. Plutôt que de prévoir et d’agir depuis le printemps, Macron, en maton, nous enferme. Combien de temps serons-nous victimes de leur incompétence ? »

On notera également le ton volontairement beauf et franchement irrationnel qu’il a utilisé à l’Assemblée nationale :

« Vous êtes capable de nous interdire d’aller pisser à plus d’un kilomètre de chez nous pendant le confinement, de nous interdire de mettre un pied dehors après 21h aujourd’hui. Face aux citoyens, vous êtes des lions. Mais face à Amazon et Bridgestone, vous êtes des paillassons. »

On est là dans la démagogie la plus complète, visant à opposer le « petit homme » aux puissants, comme le faisaient les démagogues d’extrême-Droite dans les années 1930.

On retrouve forcément le même discours et le même ton du côté de Médiapart, qui présente ainsi son article contre le couvre-feu :

« Macron préfère fliquer la population, la mettre en fiches, assassiner des secteurs entiers de notre économie (culture, restauration, etc.), plutôt que de rouvrir des lits d’hôpitaux et d’engager du personnel soignant. On interdit les sorties le soir au théâtre, au restau, chez des potes, mais on s’entasse dans le métro aux heures de pointe. Ferons-nous le deuil de tout ce qui nous fait vivre ? »

Cnews dit exactement la même chose. En fait, les remarques de ce genre sont légions dans la petite-bourgeoisie, avec souvent le prétexte d’autre chose qui est pris pour refuser le couvre-feu, par exemple avec Marguerite Stern :

« Imposer un #couvrefeu à tout le monde pour contrer le covid bof. Par contre imposer un couvre feu aux hommes et limiter leurs déplacements pour que les femmes puissent marcher dans la rue sans subir leurs agressions je dis oui. Mettons fin à la pandémie patriarcale. »

N’importe quoi ! Ou encore avec Nathalie Arthaud, pour un véritable cliché :

« Macron lance un nouveau contre-feu pour masquer la destruction de l’hôpital public. La seule liberté à laquelle Macron ne veut pas s’attaquer c’est le droit des patrons à exploiter les travailleurs. Pour les travailleurs tout sera interdit sauf le droit d’aller bosser ».

On remarquera d’ailleurs le caractère incohérent de l’argument. S’il est juste de vouloir plus de moyens pour l’hôpital public, cela n’est pas une raison pour ne rien faire et laisser des vagues importantes de malades être hospitalisées ; les séjours en réanimation ne sont pas une cure de jouvence et on sait très bien que le covid-19 touche durement y compris de nombreuses personnes n’ayant pas forcément besoin d’aller à l’hôpital.

On a la même chose du côté de Laurent Brun de la CGT cheminot, très proche politiquement de la ligne du PRCF, qui avec une blague potache appelant à manifester à l’heure du couvre-feu parle « d’enfumage » pour sous-entendre que le couvre-feu ne sert à rien :

« Bon ben prochaine manif à 21h ! Y’en a marre de ces conneries ! On veut une vraie stratégie de prévention sanitaire avec des tests efficaces, des moyens pour l’hôpital, des mesures pour l’école et les travailleurs. Pas de l’enfumage ! »

Tout cela est de l’hystérie petite-bourgeoise et ces personnes peuvent immédiatement arrêter de faire de la politique : jamais les gens ne leur confieront les clefs de l’État. Mais il est vrai que ces personnes ne veulent pas les clefs de l’État, ils veulent seulement protester, s’agiter.

Alors, à rebours de ces pérégrinations petites-bourgeoises, on a des figures politiques qui savent très bien où elles mettent les pieds. Ainsi, on a une Martine Aubry, qui n’est pas née de la dernière pluie et sait très bien que ce serait anti-populaire de critiquer le couvre-feu, alors elle assume franchement :

« Face à l’augmentation de la circulation du COVID 19 en France et à Lille, nous devons appliquer les mesures annoncées par le Président de la République, même si nous aurions préféré un couvre-feu plus tard le soir. Nous devons tous respecter ces règles. »

Eh oui, tout le monde aurait préféré autre chose, mais il faut ce qu’il faut. Cela ne plaît pas aux beaufs, cela ne plaît pas à ceux dont l’horizon politique est le libéralisme-libertaire, mais c’est ainsi !

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Société

Covid-19: un hiver long et douloureux en perspective

Si certaines personnes en doutaient encore, maintenant c’est entendu : nous n’en avons pas fini avec la pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires vont s’amplifier. Le couvre-feu annoncé par Emmanuel Macron dans la capitale et huit métropoles n’est qu’un prélude ; la France entame une nouvelle phase de la crise sanitaire.

Emmanuel Macron a décrété à nouveau l’état d’urgence sanitaire, qui entrera en vigueur samedi 17 octobre 2020. La principale mesure pour l’instant est la mise en place d’un couvre-feu en région parisienne et dans huit métropoles : Lille, Rouen, Lyon, Saint-Étienne, Grenoble, Aix-Marseille, Montpellier et Toulouse. Les sorties, sauf motifs légitimes, y seront interdites entre 21h et 6h du matin avec l’idée évidente d’empêcher au maximum les interactions sociales, notamment dans la jeunesse.

Pour les 47 millions de Français qui ne sont pas encore concernés par le couvre-feu, il est également fait appel à la responsabilité collective. Il s’agit de faire des « bulles sociales », en se limitant systématiquement à des groupes de 6 personnes, dans la rue, à table, etc., pour limiter les contacts.

On pourra dire ce qu’on veut, en critiquer la forme ou les détails, tout cela est en tous cas nécessaire au regard de l’accélération de l’épidémie en France, qui relève clairement d’une seconde vague. Près de 23 000 nouveaux cas et 104 décès ont été recensés pour la journée du 14 octobre et les services hospitaliers sont à nouveau très chargés (1673 réanimations pour 9194 personnes hospitalisées en tout). Partout dans le pays, et pas seulement dans les villes en alerte maximum, les services hospitaliers déprogramment des opérations pour faire de la place à la vague de nouveaux malades attendus.

Pas question de toucher à l’économie cependant, alors Emmanuel Macron a bien précisé qu’aucun confinement ni télétravail imposé n’était à l’ordre du jour. Il va donc falloir continuer à faire tourner la machine capitaliste à plein régime, mais plus question de s’amuser, de voir de la famille, des amis, de sortir, etc. Cela va être très lourd psychologiquement, car cela signifie que la crise sanitaire s’installe durablement et profondément dans la vie quotidienne et que celle-ci va être à nouveau complètement bouleversée, pour longtemps.

La première vague et le confinement n’avaient été considérés par la plupart des gens que comme un épisode passager et d’ailleurs le relâchement avait été terrible dès le printemps, puis pendant l’été. On paye actuellement le comportement de toute une partie du pays, notamment dans la jeunesse, qui n’a pas suffisamment joué le jeu, voire pas du tout pour certains.

On paye également l’incapacité de l’État à organiser le dépistage, avec des délais pour les tests et de campagnes de suivis des cas contacts qui sont désastreux, particulièrement en région parisienne.

Toujours est-il que les faits sont là et face à des chiffres indiscutables, le gouvernement est maintenant obligé de frapper fort, ou en tous cas relativement fort, pour tenter de limiter les dégâts. Emmanuel Macron espère pouvoir empêcher un nouveau confinement, qui mettrait définitivement par terre le capitalisme alors que la crise économique, si elle ne semble pas encore très visible, est déjà au cœur des préoccupations des personnes ayant un regard sérieux sur les choses.

Il est difficile de savoir comment les nouvelles mesures seront respectées, organisées, surveillées. Ce qui est certain par contre, c’est que cela va profondément chambouler la vie du pays et particulièrement la vie culturelle, qui est déjà affectée de manière dramatique depuis mars derniers. Après un printemps étrange et un été vécu qu’à moitié, la France se dirige maintenant vers un hiver long et douloureux. C’est une étape de plus dans un changement complet d’époque.

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Guerre

Liban: Emmanuel Macron s’imagine au temps du mandat français au Proche-Orient

L’État français est en perdition dans son propre pays, il ne pèse plus vraiment dans le monde et sa dette publique abyssale le rend très vulnérable sur le plan économique. Mais cela n’empêche pas la France de donner des leçons au monde entier, comme Emmanuel Macron à propos du Liban. En vérité, le Liban court à sa perte et la France l’aide à s’y précipiter.

Après la terrible catastrophe du port de Beyrouth, le président français Emmanuel Macron s’est sentie investi d’une mission : relancer l’État libanais. Cela avait l’apparence d’une carte facile à jouer pour la France, une puissance devenue moyenne qui s’imagine encore grande. La catastrophe de Beyrouth a ému le monde entier, alors Emmanuel Macron s’est dit qu’il pouvait apparaître comme un grand chef d’État en intervenant au Liban.

Près de deux mois après la catastrophe du 4 août 2020, c’est un échec diplomatique cuisant. Le président du Liban Michel Aoun, qui n’est président de pas grand-chose, a même expliqué ce dimanche 27 septembre à propos de l’impossibilité de former un gouvernement : « Nous allons en enfer. »

En effet, le pays s’enfonce, comme le reste du Proche-Orient. La destruction de quartiers entiers de la capitale fut une catastrophe de trop pour le Liban, rongé par la corruption et les divisions communautaires/religieuses. Et comme dans le même temps l’instabilité est mondiale, avec notamment la crise sanitaire du covid-19 qui accompagne et s’accompagne d’une crise économique, un petit pays comme le Liban ne tient plus.

Le président français apparaît alors complètement décalé dans son discours condescendant du 27 septembre 2020, expliquant avoir « pris acte de la trahison collective » (des dirigeants du pays). Emmanuel Macron pointe « l’entière responsabilité » des partis politiques libanais, qui ne parviennent pas (ou ne souhaitent pas) à se mettre d’accord sur un cabinet gouvernemental et une feuille de route gouvernementale.

Il a même menacé, sans que l’on sache d’où il tenait son mandat, de façonner lui-même un gouvernement pour le Liban :

« S’il n’y a aucune avancée sur le plan interne, alors nous serons obligés d’envisager une nouvelle phase de manière très claire et de poser la question de confiance: est ce qu’un gouvernement de mission sur la base de la feuille de route est encore possible ? Ou est-ce qu’il faut à ce moment-là changer la donne et aller peut-être dans une voie plus systémique de recomposition politique au Liban? »

Tout cela est extrêmement ridicule, car c’est de la fiction, du cinéma, un très mauvais cinéma. Emmanuel Macron s’imagine peut-être à l’époque du mandat français au Proche-Orient après la Première guerre mondiale, lorsque la France était une grande puissance coloniale s’arrogeant le contrôle de la Syrie (ou en tous cas ce qui fut appelé la Syrie). Mais la France ne pèse plus grand chose et cela fait déjà très longtemps qu’elle n’a plus la main au Liban, qui a même dégagé la langue française de sa constitution. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’Emmanuel Macron ne parvienne à rien pour forcer à la formation d’un gouvernement au Liban.

Le Liban, comme toute la région du Proche-Orient, et finalement comme presque partout dans le monde, réuni en fait tous les ingrédients pour une situation de guerre. Et pas seulement de guerre civile comme ce fut le cas entre 1975 et 1990. Le monde a déjà beaucoup changé depuis le 20e siècle et les grandes recompositions qui ont lieu actuellement ne sont que le reflet de tensions en profondeurs entre différents pays, différentes puissances, grandes, petites, moyennes, ne voulant pas sombrer, voulant s’étendre, etc. Les divisions au Liban ne sont que le reflet de ces divisions à plus grande échelle, par exemple entre la France (via des dirigeants politiques chrétiens maronites) et l’Iran (via les dirigeants politique musulmans chiites du Hezbollah), avec en arrière plan le jeu de la superpuissance américaine dans son affrontement avec la Chine dans ses efforts pour devenir une superpuissance.

La situation est terrible pour la population du Liban, mais la France ne l’aide en rien : elle ne fait que jouer sa carte dans le grand échiquier mondiale, dans une situation de crise généralisée qui mène toujours plus ouvertement à la guerre. Tel est le triste panorama où le peuple est toujours perdant.

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Écologie

La Préfète de l’Oise exige contre AVA l’emploi de la force, y compris la force armée

La Préfète de l’Oise a décidé qu’il fallait supprimer AVA dans l’Oise. La gendarmerie et les forces de police doivent dissiper tout « attroupement », quitte à employer… les armes. Oui, les armes, pas moins, la Préfète de l’Oise a légitimé l’emploi des armes !

Que dire devant une telle décision ? À part, bien entendu, qu’elle n’a pas été prise par la Préfète en tant que tel, celle-ci n’a forcément fait que relayer une décision au plus haut lieu, au niveau du président lui-même d’ailleurs. Emmanuel Macron n’a en effet cessé d’appuyer les chasseurs, tant avant les élections présidentielles que, bien entendu, après celles-ci.

L’alliance entre Emmanuel Macron et les chasseurs est en fait une convergence, car au fond les intérêts sont les mêmes : la stabilité de la vie quotidienne des Français sur un mode beauf. Il faudrait accepter les traditions portées par les notables, les people ou directement par le marché ; il faudrait se tenir à l’écart de toute critique de la condition animale, de tout engagement démocratique en général impliquant tout son être.

Parce qu’au fond, c’est de cela qu’il s’agit. Soit on est indifférent aux salauds qui empoisonnent les chats, qui traquent les cerfs, qui tirent sur les oiseaux, qui capturent et tuent les pigeons… ou bien on refuse l’indifférence et on décide d’être réellement humain, c’est-à-dire sensible et intelligent.

Il y a deux mondes et chaque jour qui passe, les deux mondes se séparent. La décision de la Préfète de l’Oise relève de l’ancien monde ; aux personnes ayant compris qu’un nouveau monde se lève de se soulever et de faire disparaître l’ancien : il y en a assez des chasseurs, il y en assez de l’écocide, il y en a assez de la Droite et de tous ceux qui convergent avec.

Voici l’arrêté préfectoral :

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Guerre

La guerre entre la Turquie et la France (soutenant la Grèce) se fait chaque jour plus menaçante

Le régime turc est dans une perspective guerrière ultra-agressive. En face, la France soutient la Grèce et pousse elle-même à la guerre en s’érigeant comme le gendarme de la Méditerranée.

Lors des célébrations du Jour de la victoire dimanche 30 août 2020, une fête nationale turque marquant une victoire militaire contre la Grèce en 1922, Recep Tayyip Erdoğan a tenu des propos particulièrement agressifs. Il assumait ouvertement la possibilité de faire la guerre en raison du litige concernant les eaux territoriales en Méditerranée orientale :

« Lorsqu’il s’agit de combattre, nous n’hésitons pas à donner des martyrs […] La question est la suivante : ceux qui s’érigent contre nous en Méditerranée et (au Proche-Orient) sont-ils prêts aux mêmes sacrifices ? »

On n’est plus dans la provocation comme il y a encore quelques jours, mais directement dans un discours guerrier assumant l’affrontement contre la Grèce et la France, avec la menace du sang versé :

« Le peuple grec accepte-t-il ce qui risque de lui arriver à cause de ses dirigeants cupides et incompétents ?

Le peuple français sait-il le prix qu’il devra payer à cause de ses dirigeants cupides et incompétents ? »

Parallèlement à cela, le président turc déroulait son habituelle rengaine ultra-nationaliste, s’adressant directement à « Atatürk », c’est-à-dire Mustafa Kemal surnommé le père des Turcs, pour justifier sa logique guerrière actuelle. Ce message écrit dans un « livre d’or » du mausolée de Mustafa Kemal et largement relayé dans la presse est un modèle du genre, typique du régime :

« Cher Ataturk, au 98e anniversaire de la Grande Victoire, nous saluons une nouvelle fois votre mémoire et celle de nos martyrs. Nous œuvrons pour glorifier et renforcer la République de Turquie que vous nous avez confiée. Nous sommes déterminés à devenir en 2023, au centenaire de notre République, un pays encore plus puissant, plus indépendant et plus prospère du point de vue économique, militaire, politique et diplomatique.

Les réussites importantes que nous avons notées sur divers terrains allant de la Syrie à la Libye, de la mer Noire à la Méditerranée orientale, sont les preuves les plus claires de notre volonté à protéger les droits et intérêts de notre pays.

La Turquie ne cédera pas aux menaces, intimidations et chantages, spécialement en Méditerranée orientale, et continuera de défendre ses droits découlant du droit international et des accords bilatéraux. Paix à votre âme ».

Tous les hauts personnages de l’État s’y sont mis, à l’instar du ministre de la Défense qui a expliqué :

« Cette grande victoire [en 1922 contre la Grèce] est la proclamation au monde entier que notre nation protégera à tout prix sa patrie qui l’importe plus que sa vie, et que l’Anatolie restera indéfiniment une terre turque ».

Le même jour, la ministre française des Armées, Florence Parly faisait comprendre dans une émission de radio que la France ne comptait certainement pas faire baisser la tension, insistant surtout sur le « comportement escalatoire [sic] » turc.

En arrière-plan, il y a la prétention de la France à être une grande puissance, au moyen de son armée qui agirait comme un gendarme en Méditerranée :

« Il y a un droit de navigation dans les eaux de la Méditerranée. Il n’y a pas de droit d’accaparement de ressources énergétiques et gazières, surtout lorsque celle-ci ont été reconnues conformément aux traités internationaux.

La démarche de la France n’est nullement escalatoire [sic]. Ce que nous avons fait, c’est ce que nous faisons régulièrement, c’est-à-dire que nous naviguons régulièrement en mer Méditerranée. C’est tout de même un espace naturel pour notre pays ».

Parler « d’espace naturel » pour qualifier une zone maritime à plusieurs milliers de kilomètres des côtes françaises, surtout quand on est ministre des Armées, c’est clairement agir dans le sens de la guerre. C’est s’arroger la responsabilité du « droit international » par les armes, de surcroît en ce qui ne concerne pas ses propres frontières.

C’est tout à fait conforme aux prétentions d’Emmanuel Macron qui, à l’occasion d’un « Forum Moyen-Orient Méditerranée » mercredi 29 août, a tenu un discours que l’on croirait sortie du XXe siècle et de l’époque du « mandat » français au Proche-Orient.

Cela donne des ailes au régime turc, qui dénonce ainsi facilement la France comme l’a fait le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères le lundi 31 août. Avec un discours particulièrement bien ficelé, il a rétorqué à Emmanuel Macron :

« Ceux qui croient tracer des lignes rouges contre la juste cause de la Turquie, ne feront que constater la position déterminée de notre pays.

S’il y a une ligne rouge dans la région, il ne peut s’agir que des droits découlant du droit international de la Turquie et des Turcs de Chypre.

Il est temps, pour ceux qui se voient dans un miroir grossissant, d’accepter la réalité : l’époque où les impérialistes traçaient les lignes sur les mappemondes est révolue. »

La veille, il prévenait dans un communiqué que « la Turquie est capable de dissuader, tous ceux qui tentent d’usurper par la force, ses intérêts et droits légitimes, en envoyant des armadas », dénonçant des « provocations d’acteurs externes à la région ».

On le comprend, et c’est chaque jour de plus en plus flagrant, on a là tous les ingrédients d’un cocktail explosif, menaçant de s’embraser à chaque instant.

L’épisode le plus récent est la publication de photos, par l’Agence France presse (liée en grande partie à l’État français), montrant des militaires grecs armés sur l’île de Kastellorizo, à quelques kilomètres des côtes de la Turquie.

> Lire également : Vers la guerre: l’Armée française se déploie avec la Grèce face à la Turquie

Le régime turc a immédiatement réagi, parlant d’acte de « piraterie » (l’île est censée être démilitarisées depuis un traité de 1947), faignant de découvrir la présence de ces militaires, qui n’a rien de nouvelle. La Grèce de son côté assume totalement la présence de ses militaires, assumant là encore le parti de la guerre.

Désormais, ce sont la crise ainsi que la tendance à la guerre qui forment l’actualité…

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Écologie

Le ministre de la justice Eric Dupond-Moretti en duo avec le chef des chasseurs Willy Schraen

La nomination de l’avocat Eric Dupond-Moretti avait surpris, mais en dénonçant agressivement les anti-chasse, on a compris le sens du coup tactique par Emmanuel Macron.

Le Journal du Dimanche a depuis longtemps une orientation pro-Macron, comme quoi le groupe Lagardère l’apprécie particulièrement. Ce dimanche, le « JDD » a lancé une double offensive :

– une interview de Willy Schraen, le président des chasseurs, où celui-ci souligne sa proximité avec le régime ;

– la « révélation » que le ministre de la justice a écrit la préface d’un ouvrage de Willy Schraen prochainement publié, en prenant entièrement partie pour les chasseurs.

Le « JDD » n’a pas oublié deux choses, signe qu’il agit de manière commandée. Tout d’abord, il parle de l’affaire Elisa Pilarski, tuée en novembre 2019, en disant que les résultat des tests ADN sur les chiens seront disponibles fin août, en insistant bien que la famille d’Elisa Pilarski ne veut pas qu’on incrimine la chasse à courre en général.

Ensuite, il donne la parole aux organisateurs du « référendum pour les animaux » pour une petite tribune appelant à ne pas voir la démocratie se voir confisquée. C’est que la récolte des signatures pour la possibilité de ce référendum patine grave, la tribune constatant avec amertume qu’en fait le personnel politique est structurée à l’arrière-plan sans qu’on le sache :

« Nous nous étonnons que le président du Sénat assure, dans une lettre au président de la Fédération des associations de chasseurs aux chiens courants, que nous nous sommes procurée, son « attention quant à l’avenir que pourrait connaître » ce référendum. »

La naïveté des milliardaires ayant lancé cette idée de référendum – Xavier Niel (Free), Marc Simoncini (Meetic) et Jacques-Antoine Granjon (Veepee, ex-Vente-privee.com) – est ici assez surprenante. Elle tient sans doute à ce qu’il s’agisse de nouveaux bourgeois, né sur le terrain de la modernité technologique et coupé de la bourgeoisie traditionnelle.

Surtout que l’on sait désormais que le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, est ouvertement pro-chasse, lui-même pratiquant la « fauconnerie ». Dans sa préface à l’ouvrage de Willy Schraen, il y va fort, comme on l’apprend par le Journal du Dimanche : les tenants de défense des animaux seraient des « illuminés », des « intégristes », il s’agit d’un « extrémisme », les chasseurs doivent « relever la tête ».

En allusion aux autodafés nazisme et au barbecue de viande en même temps, Eric Dupond-Moretti dit même avec provocation que :

« Ce livre, les ayatollahs de l’écologie s’en serviront pour allumer le barbecue où ils cuiront leurs steaks de soja. »

Le « JDD » nous dit que ces propos datent d’avant sa nomination. Cependant, il aurait alors fallu bloquer la préface après que la nomination ait eu lieu. En réalité, il s’agit d’une annonce politique : les chasseurs peuvent y aller, les partisans de la défense des animaux vont se faire isoler et punir. On comprend qu’Eric Dupond-Moretti soit pour briser tout le système juridique : ce qu’il veut, c’est d’une « justice » aux ordres du régime, qui annonce où cogner.

Quant à Willy Schraen, qui publie donc « Un chasseur en campagne », ses propos dans l’interview au « JDD » sont assez typiques, c’est-à-dire subtilement politique, très doué tactiquement, et totalement réactionnaire, avec une propension à l’outrance et à la volonté de détruire. Bref, c’est du Willy Schraen.

La maîtrise est complète et le populisme total. Il dit ainsi plusieurs fois « nous les ruraux ». Le reste est à l’avenant : « la France rurale a l’impression d’être fortement humiliée », « on va maintenir la chasse à la glu » (quel que soit l’avis du gouvernement), « il ne faut pas donner [le ministère de] l’écologie aux écologistes », « Hulot a failli mettre le pays à feu et à sang », le référendum pour les animaux est un « totalitarisme de la rue », etc.

Son lyrisme est parfaitement rodé et soit l’interview a été retravaillée à de nombreuses reprises, soit c’est un fin orateur, d’esprit assez baroque il faut le dire :

« On est en train de créer un nouvel ordre moral, une sorte de tribunal populaire écologiste animaliste. Cette écologie ressemble à l’Inquisition. On veut nous crucifier.

Ces gens nous expliquent que l’animal et l’homme ne font qu’un. Je suis désolé mais le poisson rouge dans le bocal de mon fils, ce n’est pas mon frère. Dire qu’il faut un ministère de la Condition animale, c’est de la folie furieuse. »

Dénoncer l’Inquisition tout en faisant une allusion à la crucifixion du Christ juste après, cela demande un certain style. Et, donc, tout en niant un quelconque « pacte », Willy Schraen avoue avoir soutenu Emmanuel Macron aux élections européennes et avoir cherché à contrer les gilets jaunes.

Emmanuel Macron qui a nommé ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, Eric Dupond-Moretti qui a écrit la préface de l’ouvrage de Willy Schraen avant d’être nommé. Willy Schraen qui connaît bien Emmanuel Macron. Tel est le nom de la nouvelle trinité : le Père Emmanuel Macron, le Fils Eric Dupond-Moretti et celui qui se veut Saint-Esprit : Willy Schraen.

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Politique

Union européenne: un plan de relance signant le recul de la France, de l’Espagne et de l’Italie

Historiquement, l’Union européenne est une unité économico-politique ouest-européenne sous supervision américaine, avec le moteur franco-allemand entraînant les autres pays. La tutelle américaine est partie, mais la France décroche et se fait toujours plus secondaire face à l’Allemagne. C’est là qu’était tout l’enjeu des près de 100 heures de négociations du sommet européen qui s’est terminé à 05h31 du matin mardi 21 juillet 2020.

Emmanuel Macron a prétendu avoir décroché un accord historique avec le plan de relance de 750 milliards d’euros de l’Union européenne. En réalité, il n’a fait que négocier le recul de la France face à l’Allemagne et à ses principaux alliés voire satellites que sont les Pays-Bas, l’Autriche, le Danemark et la Suède.

Les négociations furent en effet un long chemin de croix pour le président français qui devait faire face à des assauts répétés par ce qui a été appelé les pays « frugaux ». Il a même été parlé par certains médias, de manière honteusement chauvine, des pays « radins ». Ces termes ne recouvrent pourtant pas une sorte de différence de mœurs entre les pays, mais directement un rapport de force entre différentes puissances.

Ce qui se passe est simple à comprendre : avec la pandémie de Covid-19, les capitalismes de la France, de l’Espagne et de l’Italie se retrouvent fortement fragilisés, de par leur niveau déjà problématique initialement. Surtout pour l’Italie, il y a même le risque d’une faillite de l’État en raison d’une dette abyssale et de difficultés à emprunter sur les marchés financiers.

De l’autre côté, il y a le capitalisme de l’Allemagne, stable et puissant, entraînant avec lui surtout ceux des Pays-Bas, de l’Autriche, du Danemark et de la Suède, tout aussi stables. Tous ces pays – surtout l’Allemagne, très ambitieuse à l’international – n’ont aucun intérêt à l’effondrement de l’Italie et au recul drastique des économies françaises et espagnoles, alors il fallait un plan. Cela d’autant plus que tous ces pays, à part la Suède, ont la même monnaie, l’euro.

Plan il devait y avoir, plan il y a donc eu. Ce qui compte par contre, c’est la nature de ce plan. Et là, les choses sont très claires, se résumant à deux aspects, qui n’en forment finalement qu’un seul :

– l’Italie, l’Espagne et la France seront les principaux bénéficiaires des subventions et des prêts permis par le plan de l’Union européenne ;

– les subventions accordées par le plan européen seront soumises à un droit de regard particulièrement strict de l’ensemble des pays européens, et donc surtout de l’Allemagne et de ses satellites.

Autrement dit, on a là un processus très clair de vassalisation de l’Italie, de l’Espagne et de la France vis-à-vis de l’Union européenne, et donc de la puissance allemande.

Au passage, en raison de leur rapport de force particulièrement favorable, les pays dit « frugaux » se sont vu accorder une baisse de leur contribution au budget européen. Il y a également tout un tas de reculs, en ce qui concerne la recherche, le budget « Erasmus » (échanges universitaires), qui est amputé d’un tiers, le budget agricole (dont la France bénéficie beaucoup), ou encore le fonds pour la santé qui passe de 7 à… 1 milliard. C’est la même chose pour le projet porté par Emmanuel Macron d’une politique militaire européenne : cela passe dorénavant à la trappe.

Au lieu de tout cela, on va avoir des subventions, estimées à 40 milliards pour la France, 60 milliards pour l’Espagne et 80 milliards pour l’Italie. Ce sont les trois principaux bénéficiaire du plan, avec 180 milliards sur les 390 de prévus, soit pas loin de la moitié de la somme destinée aux 27 pays membres.

Cet argent doit être emprunté par la Commission européenne sur les marchés financiers, ce qui est une première historique pour de telles sommes (alors qu’il y a également 360 milliards à emprunter, en tant qu’intermédiaire pour des prêts). Cet argent doit ensuite être remboursé sur des fonds propres… qui n’existent pas encore. L’idée est de mettre en place différentes taxes européennes (taxes carbone, taxe « Gafa », taxe plastique, etc.) pour rembourser cet argent, d’ici à 2058 au plus tard.

Notons au passage que ces emprunts (en fait des obligations) ne seront émis que l’année prochaine, alors que les pays, et donc surtout la France, l’Espagne et l’Italie, vont rapidement commencer à dépenser l’argent en question.

Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a déjà sauté de joie en expliquant que l’Union européenne allait payer presque la moitié du plan de 100 milliards prévu pour « relancer » l’économie. Il a même expliqué ouvertement que cet argent allait être dépensé dès 2020 et que « dès 2021, l’Europe remboursera ».

Dans le même registre, Emmanuel Macron se fait magicien en faisant croire que l’argent tombe du ciel par enchantement :

« cet argent viendra de l’Europe sur notre budget sans que nous ayons besoin de le financer, ni par notre propre endettement ni par nos impôts »

« ce n’est pas le contribuable français [qui] paiera »

En réalité, il n’y a pas d’argent magique, qu’il vienne de l’Union européenne ou d’ailleurs. Il faudra bien que quelqu’un paye et la bourgeoisie fera tout pour que ce soit les travailleurs qui paient. Cependant, dans le contexte de concurrence exacerbée entre les puissances européennes, les antagonismes seront de plus en plus forts et les nationalismes se feront de plus en plus puissants. En France, puissance en décrochage, la tentation du nationalisme sera d’autant plus forte, d’autant plus agressive, comme moyen d’éviter la lutter des classes et de détourner l’attention de la bourgeoisie.

> Lire également : La faillite de l’idéalisme européen face au Covid-19

Il va de soi ici que vont émerger beaucoup de tendances nationalistes anti-allemandes (Jean-Luc Mélenchon avait déjà commencé il y a quelques années de manière très brutale d’ailleurs). Et surtout, on a un capitalisme qui se fait crédit à lui-même pour tenter de survivre. C’est intenable.