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Culture & esthétique

Triomphe bourgeois de l’exposition Van Gogh au musée d’Orsay

L’établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie – Valéry Giscard d’Estaing, plus connu sous le nom de musée d’Orsay, joue un rôle majeur dans le dispositif idéologique et culturel français. Il représente en effet le grand accompagnateur, celui qui présente de manière accompagnée la peinture du milieu du 19e siècle à 1914, en insistant de manière acharnée sur le rôle central de l’impressionnisme.

Autrement dit, c’est un lieu essentiel pour nier le réalisme, pour affirmer le subjectivisme, pour présenter l’individu et son égocentrisme comme inéluctable. Il n’y aura pas de révolution qui ne ferme le musée d’Orsay, et il n’y aura pas de révolution qui n’ait comme objectif de le fermer. Ou, plutôt, de le transformer, car le lieu, une ancienne gare, peut faire rêver.

Il est donc fort logique qu’il y ait un engouement bourgeois fondamental pour le musée d’Orsay et ses expositions. Celles-ci sont de véritables messes bourgeoises de masse. Celle qui fut le plus visitée depuis 1986, c’est Van Gogh à Auvers-sur-Oise, les derniers mois, tenue du 3 octobre au 4 février 2024, avec 793 556 visiteurs.

Le catalogue de l’exposition, 45 euros

Suivent dans le classement deux autres expositions, consacrées à deux autres géants du subjectivisme : Un poème de vie, d’amour et de mort consacré à Edvard Munch en 2022, avec 724 414 visiteurs, et Bleu et rose consacré à Picasso en 2018, avec 670 667 visiteurs.

Ce sont là des chiffres très importants. En soi, ils ne représentent rien en termes de qualité, car Van Gogh, Munch et Picasso sont des tapisseries bourgeoisies. Ils ne jouent aucun rôle à aucun niveau sur le plan culturel, à part éventuellement Guernica en cours d’histoire au collège.

Mais en termes de quantité, les chiffres sont puissants. Ils valent largement les chiffres des manifestants syndicalistes, surtout que culturellement l’impact est plus marqué, davantage prolongé. Avec Van Gogh, Munch et Picasso, on présente l’art comme un accident individuel, un déraillement créatif à vocation subjectiviste.

Champ de blé aux corbeaux, peint par Van Gogh quelques jours avant de se suicider en juillet 1890

Si Van Gogh a la préséance, c’est bien en raison du cliché qu’il véhicule justement sur ce plan. On a un artiste tourmenté, mettant fin à ses jours, n’ayant jamais connu le succès de son vivant, etc. La bourgeoisie porte la disharmonie et elle ne peut pas concevoir l’art autrement que comme un délire, une chute, un acte gratuit visant la toute-puissance de l’ego.

L’exposition avait un but précis : présenter de manière artificielle les derniers mois de Van Gogh comme un aboutissement créatif, une synthèse sans commune mesure. Le subjectivisme et le nihilisme de Van Gogh se voient ici présentés comme de l’art pur. Christophe Leribault, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie, résume de la manière suivante cette mystique bourgeoise décadente sur l’art.

« Cette exposition prouvait que, jusqu’à la fin, Van Gogh s’est réinventé et frayait de nouveaux chemins pour l’art : à Auvers, il trouve des sujets nouveaux, développe un style plus synthétique, compose sur des formats différents, continue à réveiller les couleurs du monde en inventant des accords inédits, toujours avec cette expressivité hallucinante qui fait qu’un Van Gogh ne ressemble qu’à du Van Gogh ! »

On a ici la clef du charlatanisme bourgeois. Chaque artiste serait « unique », chaque grand artiste atteindrait une dimension unique qui serait incomparable.

En réalité, ce que célèbre la bourgeoisie, ce sont des artistes décadents dont la sensibilité est incapable d’aller à l’universel. Ils agissent comme un filtre d’un produit de graphisme qui prendrait une représentation de la réalité pour la déformer dans un sens ou dans un autre, en appelant cela de la nouveauté artistique.

Van Gogh? Ce n’est qu’un massacreur de Rubens. Il suffit de regarder des tableaux de Van Gogh, de regarder ensuite des tableaux de Rubens, de revenir à Van Gogh, et même sans être un expert en art, on voit comment Van Gogh n’est que du Rubens déformé, du Rubens sans la vigueur, du Rubens sans la technique, du Rubens sans la synthèse sur le plan de la composition.

L’Église d’Auvers-sur-Oise, peint par Van Gogh en juillet 1890
Rubens, Deborah Kip et ses enfants, 1630
Van Gogh, Autoportrait à l’oreille bandée, 1889
Rubens, Portrait équestre du Duc de Lerme, 1603

Il est tout à fait juste de ne voir en Van Gogh rien d’autre qu’un tenant de l’impressionnisme, dans une version simpliste-coloriste :

« Au sens strict, pour définir les choses de manière la plus nette, il faut résumer la peinture de Vincent Van Gogh comme de la gravure amenée à la peinture et dégradée en illustration de carte postale.

Vincent Van Gogh dévie littéralement toute une tradition germanique puis néerlandaise, avec un sens complexe de l’organisation du tableau, de la disposition des formes en mouvement, pour tout réduire à l’extrême. Vincent Van Gogh est une insulte à toute la tradition de la peinture flamande, dont il se veut évidemment le dépassement.

Vincent Van Gogh inaugure le colorisme, ce principe d’avoir quelques formes qu’on peut s’évertuer à remplir de couleur, pour se vider l’esprit.

C’est du crayonnage, comme plaisir personnel, avec un choix de couleur pour faire passer une impression. Cela peut être plaisant, on peut apprécier un aspect agréable dans une telle peinture ; ce n’en est pas de l’art par autant, ni même d’ailleurs de la décoration ou tout autre art appliqué.

C’est une fuite dans une démarche psychologisante formant une fin en soi.

La peinture de Vincent Van Gogh a une dimension accessible qui forme un piège terrible : une bourgeoisie pétrie d’oisiveté se complaît dans son moi, tout comme elle sera fascinée justement par la psychanalyse. Les peintures simplistes-coloristes de Vincent Van Gogh apparaissent alors comme de la culture, alors qu’ils sont une production idéologique relevant d’une classe improductive.

On peut d’ailleurs considérer que le néo-impressionnisme simpliste-coloriste de Vincent Van Gogh, c’est le cézannisme accompli. Là où Paul Cézanne considérait quelque chose manquait, car il était encore lié à l’Histoire de l’art au moins symboliquement, Vincent Van Gogh parvient à plonger dans le subjectivisme comme en fin en soi.

En cela, son style préfigure directement Pablo Picasso, même si pour la forme ce dernier relève au sens strict du cézannisme géométrique, sans la charge impressionniste renforcée comme chez Vincent Van Gogh.

Vincent Van Gogh est si fascinant pour la bourgeoisie, comme Claude Monet, car il est pareillement plaisant et complaisant.

C’est un monde sans profondeur et, d’ailleurs, ce qui est marquant, c’est que cette lecture idyllique-fragile du monde, même illusoire et purement esthétisante-psychologique, ne pourra pas être reproduit.

La bourgeoisie entrera dans une telle décadence que le sordide prévaudra, avec une incapacité de représenter quoi que ce soit.

Vincent Van Gogh est le symbole d’une nostalgie, celle de la Belle époque, d’une bourgeoisie installée et s’installant, d’un confort réel et rêvé, d’un maintien sans fin dans une aise aussi ouatée que les peintures impressionnistes et néo-impressionnistes. »

Le néo-impressionnisme simpliste-coloriste de Vincent Van Gogh

Van Gogh est un drapeau bourgeois, il est un outil idéologique, et non un grand artiste. Et sa célébration par le musée d’Orsay et par 800 000 visiteurs relève d’un dispositif bourgeois – contre le réalisme, contre la réalité, contre la Nature.

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Réflexions

Les gens bien ne font pas de trottinette électrique

C’est le véhicule du 24h/24 turbocapitaliste.

Les gens circulant à trottinette électrique sont moches. Ils n’ont aucune allure de part la position guindée et crispée que nécessite la conduite d’un tel engin. C’est un manque cruel de style et de raffinement ; culturellement, surtout en France, c’est quelque chose de tout sauf anodin. La généralisation des trottinettes électriques est une marque évidente de décadence des mentalités, avec une américanisation totale des comportements.

Mais s’ils sont moches, c’est aussi parce qu’ils sont des feignants incapables de prendre un simple vélo, ou même de se déplacer à pied. Il ne faut pas s’y tromper : la trottinette électrique n’est aucunement une mobilité «douce ». Elle ne remplace pas les horribles voitures et les immondes scooters. Elle en est plutôt leur extension, sur des parcours courts. La trottinette électrique est typiquement une modernisation et une généralisation de l’état d’esprit « automobile » du 20e siècle.

S’imaginer seul au monde, circuler à toute allure sans aucune considération pour les autres et les règles communes, se garer n’importe où, voire emmener son propre véhicule jusque dans les rayons d’un magasin : telle est la réalité de la trottinette électrique dans les villes, comme elle l’était dans les années 1980 pour l’automobile.

D’ailleurs, on pourra faire toutes les critiques que l’on veut sur l’automobile dans les villes – et il faut faire ces critiques, mais il est indéniable qu’au moins, la circulation automobile est encadrée. Ce n’est qu’à la marge qu’il y a des salopards pour ne rien respecter. Pour la trottinette électrique par contre, c’est systématique.

Le pire en la matière vient bien sûr des flottes en libre service, où en fait c’est l’usage même que de se garer n’importe où et de ne surtout pas respecter le matériel utilisé. Qui a vécu ou est passé ne serait-ce qu’une journée à Paris ces dernières années ne peut qu’être horrifié de ce sinistre spectacle des trottinettes électriques absolument partout, y compris dans les cours d’eau…

Le référendum local proposé par le Mairie de Paris le 2 avril 2023 visant à interdire ces flottes en libre service ne pouvait qu’aboutir. Rien d’étonnant à ce qu’elles furent rejetées à près de 90% (avec toutefois un taux de participation très faible, moins de 10%).

Impossible néanmoins de considérer ce vote comme une victoire de la société. Déjà, car il arrive bien trop tard : une société réellement civilisée n’aurait jamais laissé faire depuis le début.

Surtout, car cela ne changera rien à la prolifération des trottinettes électriques personnelles, comme c’est le cas dans beaucoup d’autres villes. Les trois opérateurs parisien Lime, Tier et Dott trouverons d’ailleurs probablement des parades pour continuer à exister dans la capitale après le 1er septembre 2023. On peut compter sur leur créativité capitaliste pour cela…

Toujours est-il que les trottinettes électrique sont un symbole typique de notre époque.

Une époque où la bourgeoisie française, censée être garante de la société et de son ordre, a littéralement sombré, au point de se faire déborder dans sa propre capitale par quelques hurluberlus (dont énormément de touristes étrangers).

Une époque de décadence, où le vivre ensemble recule chaque jour un peu plus en raison de l’ensauvagement de la société, qui va de pair avec l’emprise toujours plus grande du capitalisme sur la vie des gens, et inversement.

Un époque où le turbocapitalisme s’immisce partout, 24 heures sur 24. Il faut pouvoir consommer sans entrave, telle est la promesse à laquelle s’imagine céder la pauvre âme se déplaçant en trottinette électrique.

Ce n’est pas simplement que le capitalisme colonise tout, c’est aussi que les gens eux-mêmes sont des agents du capitalisme. La trottinette électrique est le parfait véhicule de l’individualiste acharné.

Il est pourtant bien plus simple de prendre un vélo (un vrai, pas un vélo avec un moteur), ou de marcher. Mais cela demande un effort, de l’organisation, alors que par contre le capitalisme permet d’aller vite partout en restant debout figé sur une plateforme en plastique dur.

Peu importe que cela pollue énormément pour de simples petits trajets, à cause des batteries, et aussi de l’électricité qui est majoritairement nucléaire en France. Peu importe que cela soit dangereux, surtout pour les piétons, mais aussi pour les usagers de la trottinette électrique eux-mêmes. Peu importe, car il faut foncer sans se poser de question, consommer sans restriction aucune.

C’est une évidence, les gens bien ne peuvent pas participer à cela, ils tiennent les trottinettes électrique et leurs usagers en horreur. Reste aux gens bien de se prendre en main et de renverser la table, au nom de la civilisation. C’est précisément le programme de la Gauche historique !

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Politique

Fait divers sanglant: l’attaque de la rue d’Enghien

Une drame décadent qui ne relève pas de la politique.

William Z. est un élément anti-social produit par le capitalisme se modernisant à tout va. Pris de délire raciste, ce conducteur de train à la retraite de 69 ans avait attaqué des migrants en Seine-Saint-Denis ainsi qu’à Paris, attaquant notamment des tentes et leurs occupants avec un sabre.

Le 23 décembre 2022, il décide d’aller tirer sur des « étrangers » en Seine-Saint-Denis avec un pistolet et 40 cartouches, avant de se suicider. Il change d’avis et va rue d’Enghien à Paris devant le Centre culturel kurde Ahmet Kaya, car dans son esprit les Kurdes ont combattu l’État islamique, mais au lieu de faire des prisonniers ils auraient dû tuer tout le monde.

Là, il tire, tue trois Kurdes, avant d’être maîtrisé. Il est arrêté et le 25 décembre il va en hôpital psychiatrique. Entretemps se produit toute une séquence politique construite artificiellement et parfaitement représentative.

Immédiatement, en effet, il est parlé d’une attaque contre « les Kurdes ». Le président Emmanuel Macron exprime rapidement et directement les choses en ce sens.

Mais de quels Kurdes parle-t-on? Eh bien, des « Kurdes », nos alliés, comme le formule Jean-Luc Mélenchon.

Comme il faut bien appeler un chat un chat, ce que personne ne fait, il faut parler ici du PKK, avec notamment sa variante syrienne. Les victimes sont un chanteur ayant fui la Turquie, une responsable féministe ayant notamment combattu l’État islamique, et un autre activiste.

C’est la raison pour laquelle les 23 et 24 décembre les Kurdes liés au Centre culturel ont manifesté dans plusieurs villes, notamment à Paris où il y a des échauffourées le jour de Noël, ce qui fut du plus mauvais effet.

C’était cependant inévitable, car ce fait-divers d’un sombre élément décadent a été construit comme une attaque politique de grande envergure. Le communiqué de Lutte ouvrière résume parfaitement le discours artificiel qui a été produit par tous les contestataires de « gauche ».

Il dit ce que tous les opportunistes ont dit : c’est un coup des services secrets turcs, et sinon cela montre bien qu’il y a en France un raz-de-marée d’extrême-Droite violente prête à tuer !

C’est totalement hors sol, fictif, mensonger.

« Lutte ouvrière partage la tristesse et la colère des Kurdes, durement frappés par l’attentat qui a tué trois personnes hier dans le Centre culturel kurde, rue d’Enghien, à Paris. Celle-ci est d’autant plus vive qu’il y a dix ans, trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan étaient assassinées à Paris par les tueurs de l’État turc.

L’homme qui a tué hier a-t-il agi seul ? Sa main a-t-elle été armée par l’État turc ? Toutes ces questions sont encore sans réponse. Mais une chose est certaine: l’homme qui a perpétré cet attentat est un raciste récidiviste. Il y a un an, armé d’un sabre, il attaquait des migrants dans un camp à Paris.

Alors, il ne s’agit pas du geste d’un « déséquilibré » mais d’un attentat raciste. Les crimes racistes ne surviennent pas par hasard. Ils se produisent dans un climat xénophobe alimenté en permanence par des propos nationalistes et racistes. Par leurs discours de haine et par leur politique anti-migrants, les Le Pen, Zemmour, Darmanin encouragent de tels crimes. »

Tout cela est forcé, mensonger, artificiel. La folie meurtrière d’un sombre raciste, tellement typique de la décadence française, se voit attribué une dignité politique. Eh bien non, c’est faux !

De manière parlante, la revue Regards, lié au PCF, publiait justement la veille de cette attaque une tribune intitulée « Face à la montée en puissance des fascismes et de l’extrême droite, des personnalités représentatives de la gauche politique, syndicale et associative tirent la sonnette d’alarme ».

La voici en entière, parce qu’elle est pareillement délirante, elle est pareillement mensongère, elle révèle parfaitement le mensonge des réformistes populistes à la Mélenchon, des anarchistes et des trotskistes.

Au lieu de parler d’une France totalement molle, où les gens ne font rien, où la politique est morte, où la culture est en décadence, où les valeurs LGBT sont officiellement celles de l’État, avec parallèlement la participation à la guerre anti-Russie de l’OTAN… ces gens dressent le portrait fictif d’une France où les provocations de quelques groupes racistes auraient une portée de masse et même une dimension historique, avec un pays au bord de la dictature en raison d’un gouvernement ultra-répressif.

On est là dans l’escroquerie à l’état pur.

« Allons-nous continuer longtemps à fermer les yeux sur la montée du fascisme européen ? Italie, Hongrie, Pologne… Depuis maintenant plusieurs mois, nous assistons à une offensive de l’extrême-droite. La France n’est pas immunisée. Ici, cette offensive est portée par les 89 député·es du Rassemblement National, et partout, cette flambée fasciste a pour corollaire l’apparition de multiples groupuscules d’extrême droite, identitaires et néonazis.

En France, depuis le mois de septembre ce sont plus de 40 actions violentes qui ont été menées par des groupuscules d’extrême droite. La semaine dernière, en moins de 96 heures, plusieurs député·es, une suppléante et des militant·es politiques ont été attaqué.es à Bordeaux, Lyon, Toulouse et Montpellier. Des enseignant·es sont épinglé·es et menacé·es sur les réseaux sociaux pour des cours portant sur l’immigration. 

Dans la nuit du 14 décembre, un nouveau palier a été franchi après le match France-Maroc avec des actions coordonnées clairement racistes, violentes dans différentes villes du pays. 

À Nice des expéditions ont été explicitement menées contre les populations issues de l’immigration nord-africaine, rappelant le temps funeste des « chasses à l’homme racistes ».

Ce climat d’extrême- violence ne doit rien au hasard. Les discours racistes décomplexés portés dans l’hémicycle par des député·es du Rassemblement National, voire de la droite ; discours relayés sur des chaînes d’informations en continu et par l’ensemble de la fachosphère, encouragent les passages à l’acte. 

On ne peut guère compter sur un gouvernement qui assume de trouver Marine Le Pen “trop molle” en matière de lutte contre l’immigration. En reprenant les thèmes et les mots de l’extrême droite dans une dangereuse surenchère, le gouvernement porte également une lourde responsabilité. Alors que nous disposons d’un arsenal juridique efficace permettant de punir sévèrement les propos et les actes racistes, il préfère multiplier les lois d’exception liberticides plutôt que d’appliquer la loi contre les nervis d’extrême-droite. 

La situation est d’une extrême gravité et des mesures s’imposent avant qu’un drame ne se produise.

Nous tenons ici à apporter toute notre solidarité aux victimes du racisme, de l’antisémitisme et des violences commises par l’extrême-droite.

Face à la menace fasciste, nous appelons à la mobilisation de la gauche et des écologistes, des organisations syndicales et associatives pour organiser une riposte antifasciste large, unitaire et offensive.
Ensemble pour un front antifasciste !

Premiers signataires : 
 
Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde Antifasciste
Clémentine Autain, députée LFI-NUPES
Mathieu Azcué, Co-président du groupe Lyon En Commun, Métropole de Lyon 
Olivier Besancenot, porte-parole du NPA
Habiba Bigdade, membre du comité national LDH
Laurence Boffet, vice-présidente Métropole de Lyon (Ensemble !)
Manuel Bompard, député LFI-NUPES
Anthony Caillé, policier, syndicaliste CGT
Leïla Chaibi, députée européenne LFI-NUPES
Alexandre Chevalier, adjoint au maire de Lyon délégué au lien intergénérationnel et à la qualité de vie des aîné.es, co-président du groupe Lyon En Commun
Éric Coquerel, député LFI-NUPES
Clovis Daguerre, co-secrétaire national des Jeunes Écologistes
Laurence De Cock, historienne, enseignante
Arthur Delaporte, député PS
Joséphine Delpeyrat, secrétaire générale de l’Observatoire national de l’extrême-droite
Elsa Faucillon, députée PCF
David Flacher, mouvement Utopia
Murielle Guilbert, co-déleguée générale de l Union syndicale Solidaires 
Camille Hachez, co-secrétaire nationale des Jeunes Écologistes
Annie Lahmer, conseillère régionale EELV
Mathilde Larrère, historienne, enseignante 
Antoine Léaument, député LFI-NUPES
Michel Lepretre, président du Grand Orly Seine Bievre ( PCF ) 
Laurent Lévy, retraité, membre d’Ensemble !
Nicolas Mayart, journaliste au Média TV 
Claire Monod, écologiste
Bénédicte Monville, écologiste
Imane Ouelhadj, présidente de l’UNEF 
Ugo Palheta, sociologue
Jean-François Pellissier, porte-parole d’Ensemble !
Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de la revue Regards
Thomas Portes, député LFI-NUPES et président de l’observatoire de l’extrême-droite
Alice Picard, porte-parole d’Attac France
Éric Piolle, maire de Grenoble 
Raphaëlle Rémy-Leleu, conseillère de Paris
Sandrine Rousseau, députée EELV
Eléonore Schmitt, porte-parole de l’Alternative
Jean-Christophe Sellin, co-coordinateur national du Parti de Gauche 
David Souvestre, conseiller municipal de Lyon, co-président du groupe Lyon En Commun
Aurélien Taché, député
Azzedine Taibi, maire de Stains
Benoit Teste, secrétaire général de la FSU
Aurelie Trouvé, députée LFI-NUPES »

Toute cette construction artificielle montre que ces gens ne forment qu’une aile sociale-impérialiste de la Gauche ; ils sont très contents du capitalisme, de l’OTAN, ils veulent juste que ça penche plus « à gauche », que cela soit plus social. D’où des propos hors sol visant à présenter artificiellement une situation politique française où ils auraient un rôle à jouer.

Outre de tromper, ces gens tentent de masquer la décadence d’une société française pourrissante, où les gens ne veulent plus rien assumer, plus prendre aucune responsabilité, simplement consommer, avec l’espoir que le capitalisme se maintienne coûte que coûte.

Et demain, pour encore tromper, ils prétendront même qu’ils sont pour le Socialisme, c’est inévitable : tel est leur rôle contre-révolutionnaire.

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Écologie

Décès de Giuseppe Belvedere, figure parisienne avec les pigeons

Mercredi 12 janvier 2022, Guiseppe Belvedere très connu dans le quartier de Beaubourg à Paris est décédé à 76 ans. Il nourrissait les pigeons du quartier depuis plus de dix ans et essayait de nourrir les plus jeunes et les malades dans sa camionnette.

Guiseppe était devenu une figure du quartier, à tel point que des sacs Leroy Merlin le présentent sur l’esplanade de Beaubourg, où il avait pour habitude de nourrir les pigeons.

Il avait commencé à s’en occuper dans son appartement dans des conditions délicates, ce qui lui avait valu de se faire expulser. Il s’est donc retrouvé à la rue et a continué son travail auprès des pigeons. Des personnes qui le soutenaient lui ont ensuite offert un camion pour y loger et s’en occuper.

Bien entendu, de nombreux commerçants et habitants le détestaient et il a fait face à de nombreuses agressions physiques durant toutes ces années à les nourrir. A l’inverse, il est devenu un symbole auprès de petits groupes de personnes tournées vers les animaux, parfois plus par misanthropie qu’autre chose il est vrai.

Et c’est là que les choses deviennent compliquées.

Si on peut saluer un dévouement qui a perduré des années et des années, malgré son expulsion, les agressions et les conditions de vie dans la rue… on ne peut rationnellement saluer la démarche en elle-même. Si la compassion envers des êtres innocents est juste, s’en servir comme façade pour sa misanthropie ne l’est pas.

Beaucoup trop de personnes l’ont érigé en symbole par misanthropie, sans se poser la question des oiseaux en eux-mêmes, ce qui n’est pas acceptable.

Il faut bien voir ici quel est l’impact concret pour la situation des oiseaux concernés : est-ce une bonne ou une mauvaise chose de les nourrir aussi massivement ? De les nourrir toujours aux mêmes emplacements ?

A ces deux questions, la réponse est non. Et malheureusement, trop peu de personnes se la posent lorsqu’il s’agit de Giuseppe.

Il n’est pas bon de nourrir des oiseaux au mêmes endroits tous les jours, parce que ceux-ci ne vont pas quitter un lieu où ils savent qu’ils pourront se nourrir. Ce qui implique que ce nourrissage doit avoir lieu… éternellement, sans quoi ils vont attendre et attendre et se retrouver dans un situation particulièrement dangereuse. D’ailleurs maintenant qu’il est parti, que va-t-il se passer ?

Ensuite, il n’est pas bon de nourrir des oiseaux massivement, surtout si c’est aux mêmes endroits, parce que cela va énerver tout le monde, cela va attirer l’attention sur eux. Ce qui augmente incroyablement les tentatives d’empoisonnement, les risques de se faire capturer par des entreprises privées à la demande des municipalités, etc. Sans même parler des voitures, ce qui dans le cas concret de Giuseppe était littéralement dramatique et meurtrière, les pigeons le suivant à tort et à travers, puisqu’ils le reconnaissaient et qu’il ne bougeait jamais du quartier.

Beaucoup répondront alors : doit-on baisser les bras et laisser faire ?

Nous leur répondrons que non. Le problème n’est pas d’intervenir, mais il s’agit bien de ne penser qu’aux animaux, leur intérêt et leur dignité. Ce qui implique de prendre un minimum de recul et de réagir collectivement. Et d’avoir une perspective.

Déguiser sa misanthropie derrière une compassion ne fait rien avancer, bien au contraire. Les animaux n’ont pas besoin de spécialistes de l’indignation Facebook mais de personnes qui leur viennent en aide.

Saluer la compassion qui animait en partie Guiseppe est une chose. Saluer toutes ses actions de manière unilatérale en est une autre : l’enfer est pavé de bonnes intentions, surtout en parlant d’une personne désocialisée, vivant de manière marginale et misanthrope.

D’un côté, il y a une compassion chez Giuseppe qu’on ne peut pas nier. De l’autre, son expression s’est retrouvée mêlée à des considérations et une vision du monde individualistes, à rebours de ce dont ont besoin les oiseaux. Avoir envie de les aider les pigeons est juste, le faire d’une manière qui à la fois les aide et les met en danger ne l’est pas.

Une chose se retourne ici en son contraire. Par manque de discernement, les animaux qu’on choisit d’aider en raison de sa sensibilité exacerbée… deviennent les otages d’une sensibilité devenant égocentrisme.

Cela souligne l’importance d’une vision du monde, d’un haut niveau de conscience de ce qui doit être : le Socialisme en général avec l’empathie et la compassion en particulier. Car le présent ressemble à un cauchemar sans fin, c’est à la Gauche de montrer l’issue, sur la base de ses valeurs historiques, pour aller à un avenir radieux pour tous les êtres vivants sur cette planète.

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Écologie

Le dossier complet des «marches des terres» contre l’urbanisation en Île-de-France

L’écologie est forcément une question globale, avec en premier lieu le réchauffement climatique et les émissions mondiales de CO2. Mais c’est aussi une question se posant chaque jour sous nos yeux partout en France, avec l’étalement urbain.

Zones humides, terres agricoles, prairies, forêts, friches urbaines : au 21e siècle le capitalisme est toujours en expansion, il ne cesse jamais de s’étaler en bitumant le pays. L’Île-de-France est particulièrement concernée par l’étalement urbain, cette folie morbide, comme si la région parisienne n’était pas déjà un monstre contre-nature.

Alors c’est un véritable crève-cœur de constater la faiblesse des « marches des terres » ayant eu lieu ce samedi 9 octobre 2021. Depuis le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest de la région, quatre départs de marches étaient organisés pour converger à Paris ; les marches n’ont rassemblé que quelques centaines de personnes.

Où sont ces soit-disant « jeunes pour le climat » dont les médias se gargarisaient il n’y a pas si longtemps ? Pourquoi les jeunes franciliens ne sont pas terrifiés et révoltés par l’avenir qui leur est dessiné ? Les « marches des terres » ne font peut-être pas rêver dans leur forme et par la perspective qu’elles proposent. Mais on ne pourra pas leur reprocher par contre de ne pas être concrètement attaché à leur sujet.

En l’occurrence, il y a un vrai travail de fond qui est mené, et la documentation proposée par le collectif d’associations au sujet de l’artificialisation des sols en Île-de-France est très dense et minutieuse. C’est, pour le dire autrement, tout l’inverse de l’immédiateté consommatrice et superficielle d’Instagram ou Tiktok. Mais c’est de ce genre de document dont on a pourtant besoin pour la nécessaire réflexion afin de mener correctement la bataille pour l’écologie.

Le document est disponible sur le site du collectif à cette adresse : les-marches-des-terres.com


Le voici également ci dessous (faire apparaître les boutons de navigation pour changer de page) :

2021-10-09-dossier-de-presse-Marches-des-Terres

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Société

30km/h à Paris: il en faudra beaucoup plus contre les voitures

La voiture est un fléau typique du siècle précédent.

Durant le 20e siècle la voiture, et son corollaire beauf qu’est la moto, ont été synonymes de modernité. C’était surtout la modernité du capitalisme, qui pouvait ainsi mieux s’étaler sur le territoire et atomiser les esprits, notamment en envoyant la classe ouvrière loin des centres urbains.

Le 21e siècle sera forcément celui d’une nouvelle modernité, socialiste, en écrasant pour de bon ce vieux modèle qu’est la circulation motorisée individuelle et toutes ses nuisances. Mais il faudra pour cela bien plus, et surtout une grande révolution des mentalités avec les classes populaires prenant cette question à bras-le-corps pour transformer radicalement les villes et les campagnes.

Ainsi, les mesures actuelles sont insuffisantes et pas vraiment appliquées. Elles sont symboliques et souvent incohérentes. Pour preuve, depuis le 30 août 2021, la mairie de Paris limite la circulation motorisée à une vitesse de 30km/h. Cela a beaucoup d’écho, car les Français adorent râler et adorent donner la parole à ceux qui râlent, surtout quand il s’agit de critiquer « Paris ».

Voilà donc un cinéma bien français, avec un bobo « écolo » adjoint à la mairie qui s’imagine avoir une heure de gloire et des automobilistes qui s’imaginent opprimés, presque meurtris.

Pourtant, la réalité parisienne ne va pas changer et la circulation des voitures et deux roues motorisés continuera ses nuisances. Celles-ci sont nombreuses : bruits, pollutions, accidents, occupation de l’espace, difficultés pour les autres circulations, incivilités…

C’est paradoxal parce qu’en pratique, 60 % des rues sont déjà limitées à 30 km/h, beaucoup de grands axes (Champs-Élysées, grands boulevards) restent à 50 km/h… À Paris, l’étude sur les déplacements en 2019 a estimé autour de 12 km/h leur vitesse moyenne.  

Mais le ralentissement voulu dans un esprit bobo est le pendant de l’accélération et des incivilités d’une société remplis d’individualistes en décadence.

Il y a également une spécificité parisienne. Car la limitation de la vitesse est en tous cas une tendance en cours dans de nombreuses grandes villes françaises, avec deux objectifs affichés : limiter la pollution et améliorer la sécurité routière. C’est le cas pour 200 villes telles Montpellier, Nantes, Grenoble ou encore Toulouse. Cela n’est pas une mauvaise chose évidemment, et il peut sembler qu’il y ait des effets concrètement positifs.

Ainsi, à Grenoble, après trois ans de mise en place, une étude du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) a déterminé une baisse des accidents sur les piétons de 24 %, avec aussi une diminution de leur gravité et du nombre d’hospitalisations.

Sauf qu’à Paris, l’objectif est surtout une lecture grand bourgeoise visant à la piétonnisation du centre-ville et de zones toujours plus grandes: c’est l’expression du Paris comme Disneyland se mettant en place depuis plus de dix ans.

Il y a également un problème de fond en général. Car la question est surtout culturelle, il ne s’agit pas tant de mettre en place des règles que d’avoir les moyens (policiers, légaux, sociaux-culturels), de les faire respecter.

Si l’on prend le cas de Nantes où la circulation est limitée à 30km/h dans la plupart des rues depuis maintenant un an, il est flagrant que cela n’est en réalité pas respecté et qu’il n’y a rien de mis en place pour le faire respecter. La porte-parole du collectif Ras le scoot Nantes explique ainsi :

«Dans les faits, on en est très très loin [des 30 km/h]. Les exceptions sont trop nombreuses. Et dans le centre, les zones piétonnes ne sont pas respectées par les deux-roues par manque de verbalisations».

En effet, depuis début 2021, la municipalité n’affiche que… 123 verbalisations pour excès de vitesse, alors qu’il y aurait encore selon l’aveu même d’un adjoint, 15 % des voitures roulant au-dessus de la limite. Précisons ici que l’adjoint dit « seulement 15% », sous-entendant que ce n’est pas beaucoup, alors que c’est en fait énorme.

C’est d’ailleurs la même chose que sur l’ensemble des routes. Les politiques de contrôle, notamment les radars automatiques, mais aussi l’évolution des mentalités, a fait qu’il y a une grande majorité des conducteurs respectant les limites et les règles de circulation. Mais la minorité ne le faisant pas est par contre très à l’aise, et ne rencontre que très peu de répression.

Les moyens GPS pour contourner les contrôles sont très efficaces et accessibles, et l’état n’envisage aucunement de les interdire (ce qui est pourtant très simple). Les voitures anonymes avec radars embarqués (qui seraient un moyen très efficace contre les chauffards) ne sont que 385 en France, dont seulement 83 pilotées par des sociétés privées dédiées à cela, qui le font 6 heures par jour.

De la même manière en ce qui concerne Paris, il n’y a que 5 radars fixes de détection de la vitesse dans toute la ville. Alors il faut mettre des moyens, et surtout combattre culturellement toute l’idéologie beauf, arriéré, qui va avec la défense absolue de l’automobile et des motos.

Il faut ici citer les propos grotesques de Jean-Marc Belotti, le président de la Fédération française des motards en colère, dont la mauvaise foi est assez incroyable : «C’est n’importe quoi, en moto, quand on est à 30 km/h, nous sommes en première, et c’est un régime qui est tout sauf écolo!»

Les motards ont dans le même ordre d’idée réussi à stopper la mise en place d’un contrôle technique des motos. C’est conforme à l’époque : il y a les exigences de cesser le règne fou de la voiture (et des motos), mais de l’autre il y a les automobilistes (et les motards qui font obstacle…

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Société

Roland-Garros: quand le sommet de l’État cède à quelques nantis

En autorisant les 5 000 spectateurs de la demi-finale messieurs du tournoi de Roland-Garros vendredi 11 juin 2021 à braver le couvre-feu, le sommet de l’État a fait un acte de lutte des classes. C’est le bon vouloir du prince pour une minorité bourgeoise et sans aucune justification sociale, au mépris du plus grand nombre et de toute responsabilité collective. Bien que symbolique, cela constitue un acte anti-démocratique d’une grande portée politique. 

Le tennis est devenu en France ces dernières années un sport très populaire, embrassant toutes les classes sociales. Il n’empêche que culturellement, cela reste un sport bourgeois et marqué par un style grand bourgeois. Le tournoi annuel de Roland-Garros, l’une des quatre plus prestigieuses épreuves mondiales, est particulièrement lié à ce style typique de l’Ouest parisien, avec la grosse montre de luxe, le Perrier citron et le pull en laine posé sur le polo Lacoste au col relevé. Les rencontres ont lieu dans le très chic XVIe arrondissement de la capitale et les billets sont particulièrement chers et difficiles à se procurer. 

Il y a tout un système garantissant l’entre-soi puisque les billets sont d’abord vendus aux présidents de clubs, avant d’être disponibles pour les licenciés de la Fédération et ensuite au grand public. Cela sans compter bien sûr toutes les possibilités de copinage plus ou moins officielles, avec les places réservées pour les partenaires plus ou moins officiels, les entreprises, etc. 

Tout cela fait que le public de la demi-finale du tournoi 2021 entre Novak Djokovic et Rafael Nadal ne consistait pas en n’importe qui d’un point de vue de classe. Et le gouvernement a donc fait le choix de leur céder, de céder à un caprice de grands bourgeois. 

Cela faisait en effet plusieurs jours que tous ces gens hurlaient au scandale chaque soir, quand il fallait interrompre la partie pour leur demander de partir afin de respecter le couvre-feu, comme n’importe quelle autre personne en France. On avait ainsi des nantis habitués à ce que toute la société soit dédiée à leur service et leur bon vouloir, refusant systématiquement tout effort collectif, qui ne comprenait pas qu’on leur demande de faire comme tout le monde. 

La décision a donc été prise en haut lieu de leur céder, et ces gens ont tout de suite compris (par réflexe de classe) qu’il s’agissait du bon vouloir du prince : “merci Macron, merci Macron’, ont-ils alors scandé dans le stade, de manière aussi honteuse que pathétique. Il a ensuite été fait préciser par la presse que la décision venait du cabinet du premier Ministre et non pas de l’Élysée, probablement pour ne pas trop écorcher l’image d’Emmanuel Macron, ni renforcer son étiquette de président des riches. Mais on a du mal à croire que le président lui-même puisse ne pas être mouillé dans une telle décision.

En attendant, il est complètement hallucinant qu’une telle attention soit portée à si peu de gens, pour leur autoriser quelque chose n’ayant à ce point aucun sens. Cela en dit tellement long sur la décadence au sommet de l’État et le décalage existant entre la bourgeoisie et le reste de la société.

Jamais une telle décision n’aurait été prise pour du football par exemple, car on retrouve dans les stades un public essentiellement issu des classes populaires et dont l’habitude n’est justement pas d’insulter l’intérêt collectif et la discipline sociale. C’est là un marqueur de classe significatif, et il est temps que la société se mette à jour en ayant au pouvoir les bonnes personnes, c’est-à-dire justement les classes populaires !

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Culture

«Asphalte Hurlante», la poésie métropolitaine de La Caution en mai 2001

Au mois de mai 2001 il y a 20 ans, le groupe La Caution sortait l’incroyable album « Asphalte Hurlante ». C’était un disque à part, avec son approche totalement pop et en même temps une sophistication musicale et lyrique extrêmement poussée, typiquement parisienne.

Autrement dit, La Caution avait réussi l’exploit d’une synthèse entre le rap « Versaillais » (qui mélangeait le fun à la sophistication instrumentale) et le récit de tranches de vie authentiquement populaires des HLM de Noisy-le-Sec en Seine-Saint-Denis.

Cela a donné des textes magnifiques, mais relativement difficiles à appréhender, ainsi que musicalement un style électro et « cassé » peu accessible de prime abord. C’était en fait l’apogée de pratiquement trente ans de musique « urbaine », depuis « The Revolution Will Not Be Televised » de Gil Scott-Heron en 1970.

Cela marquait en 2001 pour les amateurs de musique un véritable tournant vers le 21e siècle, avec une poésie métropolitaine d’une grande profondeur culturelle. Rien que la pochette de l’album est une grande réussite.

Voici la transcription du morceau « Souvent », poésie sombre exprimant à merveille la folie des grandes métropoles.

Souvent [La Caution]

[Nikkfurie & Hi-Tekk]
On associe les paramètres.
Les quartiers de France comme système métrique,
Se base sur l’arithmétique de masse et sa rime maîtrise.
Hélas, on a mis l’éthique en place et la rue s’excite.
On nage dans la prise de risque, face à ça : notre charisme d’équipe.
C’est tout con, vu l’style, de traces conductrices,
De haine combustible, en fait : on se duplique.
Une toux convulsive, toute pleine d’onces d’usine,
La peste ondule vite, Hi-tekk plombe une cible.
Je me dis : « nom d’une pipe », réflexe translucide,
De la merde : on butine, de la merde : on butine…

[Hi-Tekk]
Je m’arrête net, en parachute,
Dans les bars à neusks ou les bars à putes.
Dans ce cas, je l’assume et je cavale plus,
Loin des stars de l’anus et de leurs parades nulles.
Leurs carnavals, loin des bases navales, me rendent paranoïaque.
Les narvallos jactent,
Fais gaffe à nos actes, on se masque à l’occaz’,
On marche à l’orgasme paranormal…

[Refrain]
Souvent, on parle d’avant,
Parfois, on parle d’après,
Parfois, on parle d’argent,
Souvent, on parle de vrai.
Parfois, on est 40,
Souvent, on est tout seul,
Parfois, on r’monte la pente,
Souvent, on est sur le seuil.
Souvent, ça boit de l’alcool,
Souvent, ça fume du shit.
Parfois, ça parle de rap,
Tout le temps, on voit les flics.
Parfois ça s’entraide,
Parfois ça s’embrouille,
Souvent, ça galère sec,
Tout le temps : les rêves se rouillent !

[Nikkfurie]
Le flic : un dos d’âne anodin, doté du don d’abattre au teint,
Dompté d’un tonneau de vin d’antan, pendant qu’un badaud meurt d’OD.
La France d’auteur d’Alphonse Daudet, de Danton à Baudin,
Mentir de Sedan à Meudon, du bandit au mendiant, du lundi au lundi.
Du condé qui condamne à la place du juge et qui t’emmerde,
C’est bien au placard qu’il t’emmène, ça a une odeur de chrysanthème…

[Hi-Tekk]
Je représente l’injection létale,
Pour les pointeurs la peur se présente : inspectons les caves.
Pour eux : la peine capitale et maximale.
Après maintes questions légales,
On m’assimile à la peste en HLM habitacle.
Elle reflète la misère, après on se plaint que les cons s’éclatent…

[Nikkfurie]
Compte jusqu’à 10, on gravite au-dessus de notre maigre discographie.
Bon nombre d’africains trafiquent, arrivent en avion, en navire.
Regarde la poésie d’ici, car aucun pro n’hésite ici,
Ici personne n’est justicier et le choix des armes est judicieux…

[Refrain]
Souvent, on parle d’avant,
Parfois, on parle d’après,
Parfois, on parle d’argent,
Souvent, on parle de vrai.
Parfois, on est 40,
Souvent, on est tout seul,
Parfois, on r’monte la pente,
Souvent, on est sur le seuil.
Souvent, ça boit de l’alcool,
Souvent, ça fume du shit.
Parfois, ça parle de rap,
Tout le temps, on voit les flics.
Parfois ça s’entraide,
Parfois ça s’embrouille,
Souvent, ça galère sec,
Tout le temps : les rêves se rouillent !

[Nikkfurie]
On dépayse le racisme avec des armes dignes de Maciste.
On se fout de l’aristocratie : le rap, mon art dit trop crasseux.
Si la France était un poumon, nos tours en seraient les cancers !
Si la France était un sumo, nos tours en seraient les Pampers !
Si la France était un rouleau, nos tours seraient ce qu’il compresse !
Si la France, c’était les journaux, nous en serions les faits divers…

[Hi-Tekk]
Je suis complètement à côté de la plaque,
Un pote me casse les yeuks avec ses histoires de cunnilingus.
En face de moi le mur est sale, je vois que l’urine s’incruste.
L’odeur de bière est omniprésente.
Au final, avec la justice, ceux qui la subissent trinquent plus.
Je me dis que l’ultime insulte est celle qui vise mes ancêtres,
Quand on les traite en stupides incultes.
J’aimerais qu’à l’usine s’insurgent les prolétaires,
Qu’ils baisent la France patronale.
Quand je me défoule,
Plus je nique un truc, plus je me dis que dans ma vie,
Je suis l’unique intrus.
Je me prends un stop.
C’est anormal.
Sur les bancs publics s’incrustent,
Nos embrouilles sur la corde raide.
Ma haine : une forteresse munie d’instrus…

[Refrain]
Souvent, on parle d’avant,
Parfois, on parle d’après,
Parfois, on parle d’argent,
Souvent, on parle de vrai.
Parfois, on est 40,
Souvent, on est tout seul,
Parfois, on r’monte la pente,
Souvent, on est sur le seuil.
Souvent, ça boit de l’alcool,
Souvent, ça fume du shit.
Parfois, ça parle de rap,
Tout le temps, on voit les flics.
Parfois, ça s’entraide,
Parfois, ça s’embrouille,
Souvent ça galère sec,
Tout le temps : les rêves se rouillent !

Parfois c’est Hi-Tekk, souvent c’est du bon son
Parfois c’est Nikkfurie, tout le temps c’est La Caution
Parfois on parle de nos pères, parfois on parle de nos mères
Souvent de faits divers, jamais on ne sort de nos sphères
Parfois c’est Hi-Tekk, souvent c’est du bon son
Parfois c’est Nikkfurie, tout le temps c’est La Caution
Souvent, parfois, tout le temps, jamais en transe, maintenant, souvent

Parfois c’est Hi-Tekk, souvent c’est du bon son
Parfois c’est Nikkfurie, tout le temps c’est La Caution
Parfois c’est DJ FAB, souvent c’est du bon son
Parfois c’est KEROZEN, tout le temps c’est La Caution

L’album a été réédité en 2002 dans une « Ultime édition » avec quelques morceaux supplémentaire, dont le sublime Metropolis :

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Société

Restaurants clandestins à Paris: on veut les noms et la guillotine

C’était un secret de polichinelle, mais la chaîne M6 a mis les pieds dans le plat avec un reportage en caméra cachée. Il y a en pleine crise sanitaire des restaurants clandestins de luxe ainsi que de nombreuses soirées privées pour le « tout Paris », et il se dit même que des ministres y participent. Il va falloir que des noms sortent et que des têtes tombent rapidement, car le scandale est explosif dans un pays à bout de nerfs, traumatisé par un an de crise sanitaire et des nouvelles mesures de restrictions…

Le reportage de M6 info est un véritable pavé dans la mare. Du champagne, du caviar, des menus à plusieurs centaines d’euros dans des hôtels privés parisiens où tout le monde se fait la bise en pleine crise sanitaire, puis un farfelu amoral qui explique ne pas voir le problème, arguant même de croiser régulièrement des ministres !

https://twitter.com/m6info/status/1378089447271596038

Voilà une belle caricature, pourtant bien réelle. Et alors que les Français subissent depuis un an l’inconsistance du gouvernement et du chef de l’État face à l’épidémie de Covid-19, la pilule ne passe pas, ne peut pas passer.

La ministre « de la citoyenneté » Marlène Schiappa a également commis une grosse bourde en expliquant à la télévision simplement que si des ministres ou des députés étaient concernés, ils devraient avoir des amendes. Sa légèreté aurait pu lui coûter cher immédiatement ; heureusement pour elle, un auditeur a posé la question de la démission et elle a dû acquiescer.

C’est en effet la moindre des choses, et une démission ne serait d’ailleurs qu’un préalable à un procès retentissant. On ne parle pas ici de simples écarts, mais d’une atteinte très grave à l’ordre public et à la collectivité, par des personnes en ayant la responsabilité.

La cassure entre le gouvernement et le peuple est littéralement cristallisé. Et le procureur de Paris Rémy Heitz a été contraint d’ouvrir une enquête pénale dimanche 4 avril, confiée à la BRDP (Brigade de Répression de la Délinquance aux Personnes) pour les chefs de mise en danger de la vie d’autrui et travail dissimulé.

L’organisateur de la soirée filmée par M6 a été rapidement identifié par de nombreuses personnes comme étant Pierre-Jean Chalançon. Le reportage est lui-même explicite en parlant d’un « collectionneur renommé » puis en montrant un tableau de Napoléon, alors qu’il est un collectionneur fanatique de Napoléon et que sa résidence le Palais Vivienne est facilement reconnaissable sur les images.

D’ailleurs, l’impunité est telle dans le milieu des mondanités parisiennes que tout ça était affiché publiquement sur Instagram, de la part du chef Christophe Leroy conviant au Palais Vivienne avec une photo de Pierre-Jean Chalançon !

Mais ce n’est pas tout. Voici une vidéo récente, datant du 1er février 2021, pour se rendre compte de qui on a à faire :

C’est bien sûr imbuvable, mais tellement typique de la grande bourgeoisie parisienne (y compris de nombreuses personnalités politiques) qui adore littéralement ce genre d’hurluberlu. Mais surtout, Pierre-Jean Chalançon y explique avec la plus grande quiétude qu’il organise à partir de la semaine suivante un « club des gastronomes », pour faire venir « tout ce qui est made in France », qu’il recevra deux fois par mois avec le chef Christophe Leroy aux fourneaux dans ce qui est donc un restaurant clandestin.

Il explique également beaucoup travailler avec Yves Jégot (ancien secrétaire d’État), régulièrement reçut à l’Élysée. Il explique avoir « beaucoup d’amis au gouvernement », bien connaître Jean-Baptiste Lemoyne (Secrétaire d’État chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie), Franck Riester (Ministre du Commerce extérieur et de l’Attractivité), Roselyne Bachelot (ministre de la Culture), avoir des amis « dans les ministères » à différents postes, par exemple chez Gabriel Attal, le porte parole du gouvernement.

Et Pierre-Jean Chalançon affirme dans la foulée que Attal doit « venir dîner prochainement » !

Ce monsieur affirme également avoir « pas mal de copains au Sénat et à l’Assemblée nationale », citant Florian Bachelier, un de ses « meilleurs amis », qui s’avère être le premier questeur de l’Assemblée nationale.

On a ensuite le droit à un étalage de son spectre amical dans le monde politique, avec Robert Hue, ancien premier secrétaire du PCF, qui aurait été le premier à lui envoyer ses vœux cette année, puis des figures de la droite comme Rachida Dati, Michèle Alliot-Marie. Il serait aussi très amis avec les cousins de François Hollande, qu’il connaît également.

Son spectre est tellement large qu’il va jusqu’à Jean-Marie Le Pen… chez qui il s’est rendu en juin 2020 à l’anniversaire. L’affaire avait fait scandale puisqu’il y posait, sans masque, au côté de… Dieudonné, antisémite notoire condamné à plusieurs reprises.

Suite à cette photo intolérable, il avait logiquement été exclu d’une émission sur France 2.

À propos de Jean-Marie Le Pen, Pierre-Jean Chalançon joue les candides, expliquant aller régulièrement à tous plein d’anniversaires et ne pas voir de mal à aller à celui-ci plutôt qu’un autre, ne pas se poser la question de qui pense quoi, etc.

C’est très bourgeois. Comme toute cette affaire. Et c’est exactement ce genre de choses que, dans l’Histoire populaire française, on déteste de la manière la plus complète. C’est de la même veine que le  « Eh bien ! Qu’il mange de la brioche » de Marie-Antoinette en 1789.

C’est exactement le genre d’anecdote historique qui donne son sens à toute une nouvelle séquence, une nouvelle époque pour les Français.

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Société

Hôpitaux parisiens: «Nous n’avons jamais connu une telle situation»

La situation sanitaire en raison de la pandémie de Covid-19 est grave, très grave, et les médecins notamment réanimateurs et urgentistes qui sont chargés de la gestion de crise pour les 39 hôpitaux publiques parisiens ne mâchent pas leurs mots pour alerter de la situation. Ils vont bientôt être contraint de faire un tri entre les patients, alors que cela fait déjà plusieurs semaines que des soins sont déprogrammés.

Voici leur tribune, initialement publiée dans le Journal du Dimanche du 28 mars 2021 :

« L’épidémie de Covid-19 est de nouveau en progression constante dans toutes les Régions, et l’Île-de-France se retrouve malheureusement parmi les Régions en première ligne. Dans les quinze prochains jours, les contaminations ayant déjà eu lieu, nous avons une quasi-certitude sur le nombre de lits de soins critiques qui seront nécessaires et nous savons d’ores et déjà que nos capacités de prise en charge seront dépassées au terme de cette période. Il est trop tôt pour que la campagne de vaccination puisse améliorer significativement l’évolution de l’épidémie pendant cette période critique. Nous rappelons, s’il en était besoin, que la vaccination reste l’arme essentielle à moyen et long termes. Tous les indicateurs concordent pour affirmer que les mesures actuelles sont et seront insuffisantes pour inverser rapidement la courbe alarmante des contaminations.

Dans un but d’information et d’alerte légitime de nos concitoyens, de nos futurs patients et de leurs familles, nous souhaitons expliquer de manière transparente la situation à laquelle nous allons devoir faire face et comment nous allons l’affronter. Dans cette situation de médecine de catastrophe où il y aura une discordance flagrante entre les besoins et les ressources disponibles, nous serons contraints de faire un tri des patients afin de sauver le plus de vies possible. Ce tri concernera tous les patients, Covid et non Covid, en particulier pour l’accès des patients adultes aux soins critiques.

Nous n’avons jamais connu une telle situation, même pendant les pires attentats subis ces dernières années. Avant d’en arriver à cette période douloureuse mais proche, nous mettrons tout en œuvre pour en retarder l’échéance en utilisant toutes les ressources humaines et matérielles disponibles, en procédant à des évacuations sanitaires au maximum des possibilités même si celles-ci se réduisent de jour en jour du fait même de la progression de l’épidémie dans toutes les autres Régions. Nous utiliserons toutes les solutions innovantes qui pourraient permettre de limiter l’évolution vers des formes graves et de réduire la durée des séjours en réanimation. Ce tri se fera avec l’objectif permanent de garantir la disponibilité des ressources en soins critiques de manière collective, équitable, et homogène sur l’ensemble de notre territoire.

Le tri des patients a déjà commencé puisque des déprogrammations médicales et chirurgicales importantes nous ont déjà été imposées et que nous savons pertinemment que celles-ci sont associées à des pertes de chances et des non-accès aux soins pour certains patients. Ces déprogrammations vont devoir s’intensifier dans les jours qui viennent, n’épargnant bientôt plus que les urgences vitales. Depuis plusieurs jours, nous sommes déjà contraints de peser soigneusement les indications de certaines techniques de recours exceptionnel comme l’assistance circulatoire.

Nous, médecins impliqués dans la prise en charge des victimes graves de la pandémie, affirmons que nous serons présents auprès de tous les patients et de leurs familles pour les prendre en charge quelles que soient les difficultés de nos conditions d’exercice car c’est notre mission. Nous savons pouvoir compter sur la mobilisation sans faille de l’ensemble des soignants quelle que soit leur lassitude et malgré des conditions d’exercice qu’ils n’imaginaient pas connaître un jour.

Nous ne pouvons rester silencieux sans trahir le serment d’Hippocrate que nous avons prêté un jour.

Par 41 médecins, notamment réanimateurs et urgentistes chargés de la gestion de crise :

* Bruno Riou, directeur médical de crise (DMC) de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Frédéric Adnet, Alain Cariou, Marie-Pierre Dilly, Jacques Duranteau, Olivier Langeron, Jennifer Sobotka, DMC de groupe hospitalier (AP-HP). Élisabeth Balladur, Sébastien Beaune, Anne Bourgarit-Durand, Olivier Corcos, Bruno Crestani, Benjamin Davido, Pierre Deblois, Olivier Drunat, Albert Faye, Renato Fior, Pierre Frange, Hélène Goulet, Anne-Sophie Grancher, Bérangère Gruwez, Emmanuel Guérot, Magali Guichardon, Olivier Hanon, Nicolas Javaud, Nadia Ladjouzi, Thibault Lecarpentier, Jean-Laurent Le Quintrec, Galdric Orvoen, Éric Pautas, Benoît Plaud, Pierre-Alexis Raynal, Éric Revue, Véronique Simha, Brigitte Soudrie, Dominique Thabut, Samir Tine, Jean Vidal, DMC de site (AP-HP). Hawa Keita-Meyer, présidente de la Collégiale d’anesthésie-réanimation d’Île-de-France. Dominique Pateron, président de la Collégiale AP-HP des urgentistes. Antoine Vieillard-Baron, Président de la Collégiale de médecine intensive et réanimation d’Île-de-France. »

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Culture

Les Césars 2021 ou la pathétique complainte des bobos parisiens

La Cérémonie des Césars du 12 mars 2021 a été l’occasion d’un étalage particulièrement grossier et hors de propos de la part du petit milieu parisien du cinéma. En pleine pandémie de Covid-19 qui dure depuis maintenant un an, on a des gens s’imaginant à la pointe sur le plan culturel, mais dont la préoccupation est que la société se plie à leur vie de bohème coupée du peuple.

L’actrice Marina Foïs présentait la 46e cérémonie des Césars avec beaucoup d’ardeur, en robe Louis Vuitton conçue sur-mesure. Tel un prêche, sa prestation inaugurale « osait » interpeller directement la Ministre de la Culture présente dans une loge pour lui demander :

« Et comment faire lorsque l’on n’a plus confiance en son ministre de tutelle, à l’heure où se joue l’avenir du cinéma et de l’exception culturelle française ? »

Marina Foïs mérite assurément le César du meilleur cinéma fait par les gens du cinéma pour qu’on s’apitoie sur leur sort. Car l’« exception culturelle » française, c’est un milliard d’investissements par an pour quelque 250 films qui n’en rapportent même pas la moitié en salle !

L’« exception culturelle » française, c’est tout un tas de règles, de fiscalité et de subvention pour forcer à ce qu’existent des films français, avec une poignée d’acteurs et de réalisateurs extrêmement biens payés qui se partagent l’essentiel des rôles et des réalisations. Et tout ça pour qu’en fin de compte ce soit une comédie aussi creuse et insignifiante qu’« Adieu les cons » qui rafle le plus gros des prix en 2021.

C’est lamentable et forcément à un moment donné, un tel modèle est menacé. Cela n’a rien de durable d’autant plus que l’heure est à la crise sociale, sanitaire, économique, écologique. Mais les bobos parisiens ne sont pas habitués à rendre des comptes, alors ils s’imaginent que la société va éternellement consommer la soupe qu’ils produisent et jouent. Ou plutôt, ils l’exigent, quitte à assumer un cynisme inouï.

Sous couvert d’humour, Marina Foïs a ainsi prôné l’effacement des personnes âgées, car rien ne devrait entraver la vie de bohème des artistes :

« Comme ça tue les vieux, on a enfermé les jeunes et fermé les cinémas, les théâtres, les musées, et interdit les concerts pour ouvrir les églises – car on est un pays laïque – pour que les vieux qui ont eu le droit de sortir de l’EHPAD aillent à la messe ».

Difficile de faire plus odieux, plus coupé du peuple et de la réalité concrète et quotidienne de la société française. Le petit milieu parisien du cinéma s’imagine pourtant incontournable, car une des leur s’est déshabillée pendant la cérémonie avec sur le corps inscrit :

« No culture, no future » et « Rends l’art Jean » [allusion à Jean Castex, le premier ministre]

Tout cela est pathétique et terriblement décalé. C’est aussi d’une pauvreté culturelle affligeante, indigne de l’héritage culturel national français depuis le 17e siècle. Que dire également de Valérie Lemercier qui se trouve rebelle en disant « contente d’être sortie de chez moi », alors que la région parisienne n’est même pas confinée malgré la situation sanitaire catastrophique.

Il en est de même de cette célébration de la « troupe du splendide », avec Marie-Anne Chazelle, Josiane Balasko, Christian Clavier, Michel Blanc, Bruno Moynot, Thierry Lhermitte, jouant de l’embrassade sans masque et relativisant la crise sanitaire :

« Je m’aperçois que nous sommes cas contact depuis 50 ans ».

Rappelons qu’on a là des gens qui ont systématiquement promu le style et les mœurs bourgeoises parisiennes et dont le fonds de commerce humoristique a été de moquer les classes populaires pendant des années et des années.

Cérémonie bobo oblige, les Césars ont bien sûr été l’occasion aussi de l’habituelle pleurnicherie sur les « violences policières » et le soi-disant racisme de la société française, avec Jean-Pascal Zadi s’imaginant un grand contestataire en racontant :

« Tout simplement noir parle d’humanité et on peut se demander pourquoi l’humanité de certaines personnes est tant remise en cause, comme celle d’Adama Traoré ou Michel Zecler, quand certaines statues de ceux qui ont glorifié l’esclavage sont encore debout. Je remercie les César de m’avoir montré que ma mission pour l’égalité n’est pas vaine. »

C’est décalé, totalement hors-sol, mais bien représentatif d’une fausse Gauche bourgeoise qu’il s’agit de fermement rejeter, mais également d’écraser dans tous les domaines pour ne pas que les masses croient que c’est là la vraie Gauche et que la seule solution serait l’extrême-Droite.

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Le sang des bêtes, de Georges Franju (1949)

Ce film d’une vingtaine de minutes est un documentaire qui mériterait d’être une référence à gauche. Il faudrait bien sûr pour cela que celle-ci s’élève jusque-là. Qu’elle revoit ses exigences culturelles. La gauche en sortirait plus forte car Le sang des bêtes est à la fois une production artistique de très haute qualité et un vecteur politique tout à fait actuel.

Le sujet du film, c’est le travail dans les abattoirs de La Villette et de Vaugirard, autour de Paris donc, à la fin des années 1940. Le spectateur assiste aux processus successifs qui font que les animaux entrant en vie dans le bâtiment n’en ressortent pas. Entre temps, les travailleurs des abattoirs auront produit des carcasses.

Georges Franju disait avoir entrepris de tourner ce film, son premier film, par amour pour les animaux, et non avoir choisi les animaux en cherchant un sujet de film. Cette formulation exprime à elle seule la sincérité de l’auteur. C’est cette démarche qui permet au réalisateur de transmettre des émotions justes au spectateur. Avec Franju, on est dans le sensible.

Le spectateur de 2021 pense bien sûr aux video-chocs, et prétendument volées, des associations qui dénoncent les conditions de l’abattage dans les abattoirs d’aujourd’hui. Et justement, l’un des traits marquant du film de Franju est de, notamment par le travail du montage, toujours lier le sort des animaux à la ville, à la circulation des hommes, au travail. Le spectateur comprend, sans qu’à aucun moment l’argument ne lui soit asséné, que la condition des animaux d’élevage est une question d’organisation de la société, qu’elle est politique.

Plan après plan, un cheval, des vaches, des veaux et des moutons sont parqués, tués, vidés de leur sang, de leurs entrailles, dépecés, décapités, démembrés. De ces opérations réalisées de manière semi-artisanale, pratiquement sans procédés mécaniques, autant dire « à la main », aucun détail ne sera caché. Pour autant, il n’y a aucune complaisance. La violence et l’horreur des manœuvres ouvrières de cette chaîne de montage inversée ne sont pas traitées à la manière d’un spectacle.

Franju a développé, à côté de son cinéma « de genre » lui aussi d’une grande qualité, une démarche documentaire originale. L’auteur parlera du « réel documentaire » à propos de son approche. Elle consiste en une construction du film permettant au spectateur de saisir le réel à partir de sensations éprouvées.

Georges Franju (à droite)

Ainsi, dans Le sang des bêtes, si les images se confrontent les unes aux autres au travers du montage, le son joue aussi un rôle de tout premier plan. Parce que la musique est de Joseph Kosma, mais surtout puisqu’un texte dit par Nicole Ladmiral et Georges Hubert accompagne le spectateur au travers de toutes les séquences. Or, une grande tension nait entre le ton et la signification du texte et les images. C’est l’ensemble qui fait sens. On peut dire que c’est le cerveau du spectateur qui projette le réel à partir des éléments qui lui sont proposés par le film. On est donc loin du film didactique ou du cinéma à thèse et de ses dissertations filmées. Pour autant, on n’est pas non plus dans l’élitisme de l’avant-garde des plasticiens aux gribouillis cryptés. Il n’est pas question de laisser le spectateur dans le doute, comme dans une expérience postmoderne ou une expo d’art contemporain. Le Sang des bêtes n’est pas équivoque. Georges Franju donne au spectateur un accès sensible à une réalité difficile et permet à l’intelligence de la saisir dans sa complexité.

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Écologie

La cruelle et absurde guerre de la ville de Paris contre les rats

Non content de ne rien comprendre à la source de la pandémie, l’humanité continue sa guerre contre les animaux.

L’utilisation de l’image des rats pour faire peur est récurrente depuis bien longtemps ; elle vise à présenter la nature comme envahissante et hostile. Le quotidien Le Parisien en a usé (et abusé) dans son article Affamés par les confinements, les rats ont envahi cette cité parisienne, qui révèle toute l’hypocrisie criminelle du procédé.

Il est parlé de la cité Python-Duvernois dans le vingtième arrondissement de Paris, où vivent 3 000 personnes, et il est dit que les rats sont désormais bien plus visibles. Pourtant, que constate l’article au sujet de la situation de cette cité ?

Maxime Sauvage, premier adjoint (PS) au maire du XXe en charge de la politique de la ville et de l’impact local, social et environnemental, ne prend pas le problème rats «à la légère». Il avance une explication : «Python-Duvernois est l’un des quartiers les plus pollués de Paris, en bordure du périphérique et de l’échangeur de la A3. Et puis il est à côté du square Séverine, où les gens viennent nourrir les canards…»

La cité est aussi connue pour être «un véritable dépotoir». Des ouvriers du bâtiment peu scrupuleux viennent régulièrement y déverser gravats, encombrants, bidets cassés, etc. «C’est moins cher qu’une déchetterie…» grogne l’élu.

On est dans un chaos urbain et on accuse des animaux qui, comme le note Aude Lalis, chercheuse au Museum d’histoire naturelle, spécialiste du rat, interrogée dans l’article, s’auto-régulent niveau portée, comme évidemment c’est le cas dans la nature.

Ce qui n’empêche Agnès Lefranc, responsable du service parisien de santé environnementale à la Ville de Paris, chargée du dossier «rats», d’assumer l’emploi des techniques les plus meurtrières contre les rats, avec une souffrance de grande ampleur qui plus est.

Nous continuons avec les anticoagulants et les pièges mécaniques. Nous essayons aussi des méthodes alternatives, telles que les explosions de terriers et la carboglass, qui dégage du gaz carbonique dans lequel les rats suffoquent. En surface, dans les rues et les parcs, nous avons mis en place de nouvelles poubelles anti-rats.

Quant au volet pédagogie, nous avons une campagne d’affichage dans les parcs et nous développons un partenariat avec les bailleurs de la ville en direction des locataires. Il y a aussi un volet répression. La police municipale dresse des PV aux nourrisseurs de rats . En 2019, elle en a ainsi établi plus de 420.

Des « nourrisseurs de rats » ? Allons donc, cela ne tient pas debout une seule seconde. C’est de la criminalisation de la compassion pour les animaux et l’article du Parisien dénonce par ailleurs ceux qui « nourrissent les pigeons et autres animaux… ».

Déjà on voit mal qui sont les autres animaux. Et en ce qui concerne les pigeons, c’est très bien de les aider puisqu’en temps de fermeture des lieux de restauration (et encore plus pendant le confinement), ils n’ont rien à manger. Et de toutes manières là aussi il y a autorégulation naturelle : dans une ville propre – donc pas comme Paris – il y a bien moins de pigeons. Ce qui est d’ailleurs regrettable, si on aime les oiseaux.

Mais ce qui choque le plus ce sont les ignobles propos d’Agnès Lefranc. Il est marquant qu’ils proviennent de quelqu’un avec un haut niveau scientifique en biologie, chef du service parisien de santé environnementale. Et vas-y qu’on explose les terriers, et vas-y qu’on fait suffoquer des êtres vivants…

De quoi relève un tel vocabulaire ? De la guerre, de la liquidation, du meurtre. Cela montre qu’on a ici affaire à une véritable machinerie : une machinerie de l’absence d’empathie, une machinerie du crime, une machinerie au service du rouleau compresseur contre la nature.

Pour ces gens, tout ce qui ne va pas dans le décor capitaliste doit disparaître. Et qu’importe pour eux si la consommation du capitalisme déséquilibre la nature et est la cause de tous les problèmes… dont la pandémie actuelle. Ce ne sont à leurs yeux que des aléas qui doivent être réglés avec encore plus de béton, de cynisme, de mise à mort.

Il y a pourtant dans le Parisien un passage qui montre que tout n’est pas perdu. Cela se présente sous une forme d’anecdote, dont on voit mal comment cela pourrait être vrai en tant que tel, mais l’idée est là et on voit tout de suite qu’on a affaire ici à l’empathie, au sens du partage, au refus de la négation de la nature.

On comprend tout de suite : là est la dignité, pas dans une humanité qui fait la guerre à la nature. Là est le respect, la réalité, la vérité.

 «Un locataire s’était lié avec les rats, s’indigne Danielle, la gardienne. Il les ramenait chez lui, au rez-de-chaussée, pour partager la pizza !» Cet habitant, «fragile psychologiquement», a, depuis Noël, été hospitalisé.

Heureux les simples d’esprits, car le royaume des cieux leur appartient !

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Société

Le film Elle pleure en hiver

La vidéo version longue de la chanson d’Ichon Elle pleure en hiver est un film synthétisant tout un esprit français concernant le couple.

C’est une chanson d’Ichon qui date de décembre, mais la version longue de la vidéo consiste en un petit film de sept minutes. Et cela ne peut qu’interpeller tellement c’est une sorte de synthèse de tout un esprit français, depuis la psychologie des personnages jusqu’à la typographie employée dans la vidéo… avec naturellement comme thème la relation d’un couple.

C’est là une obsession française, avec ses psychodrames, la question de la reconnaissance des deux partenaires (qui se veulent indépendants mais tout de même ensemble), l’attente d’un premier mouvement de la part de l’autre, etc. C’est si vrai que cette vidéo apparaîtra brutal à beaucoup.

On dira avec raison que tout cela, c’est tout de même très bourgeois, très parisien, comme le montre le décor (qui fait immanquablement penser à Jean-Luc Godard). C’est tout à fait vrai, mais il faut bien voir que le couple en France, au début du 21e siècle, est largement défini par le couple bourgeois parisien. C’est indéniablement un problème, mais une telle chose ne s’abolit pas, elle se dépasse. Et pour l’instant, la société française n’a pas dépassé ce modèle.

On considère en France qu’un couple réussi, c’est celui où ses deux composantes s’engueule de manière régulière, que c’est la réalité du couple d’avoir une situation déséquilibrée, avec des reproches à l’autre qui sont déplacés mais qui permettent d’échapper à la pression sociale, avec cette idée temporaire du couple même après des années ensemble, etc. Bref, le couple français, s’il n’y a pas de malaise, c’est qu’il n’y a plus rien !

Tout cela est peut-être discutable, mais cette vidéo de la chanson d’Ichon témoigne de la réflexion en découlant forcément, sur cet aspect fondamental de la réalité française. En ce sens, on doit bien parler de film et ce film parle plus de la réalité qu’une quantité industrielle d’autres films et séries. Peut-être que l’époque commence enfin à être mûr pour passer à autre chose !

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Société

Magenta skateboard, la touche à la française

Fondée en 2010 par deux skateurs français, la marque Magenta skateboard a fêté ses dix années d’existence en 2020. Elle fait aujourd’hui partie du paysage incontournable du skateboard, et participe d’une « french touch » en assumant une démarche auparavant mise de côté.

Courant 2010, Vivien Feil et Soy Panday, deux piliers de la scène skate en France présents depuis les années 1990, sont confrontés à l’épuisement de leur démarche. Vivien Feil ne se retrouve plus dans le skate « à l’américaine » et Soy Panday pense avoir fait le tour : il faut aller de l’avant, chercher un nouveau souffle.

C’est de là que vient l’idée de fonder une marque de skateboard, Magenta, en référence à l’appartement parisien localisé au boulevard du même nom ayant été un repère important pour la scène des années 2000. Et le lancement de la marque atteste déjà de son ADN, avec plusieurs séries de board (le plateau seul du skateboard) sorties comme un feuilleton d’une bande-dessinée, présentant tour à tour, tel ou tel aspect de la team et de la philosophie de la marque.

Entre le clip qui a « lancé » la marque il y a dix ans, et le clip anniversaire, il y a le reflet de ce qu’est à la base et en général l’état d’esprit « skate », et en particulier celui véhiculé par « Magenta ». Comme le dit le clip de 2010, avec le skateboard « c’est la rue qui commande », mêlant ainsi culture alternative avec pour horizon le dépassement de la morosité de la ville par son appropriation ludique, émancipatrice…

Être un skateur, c’est avant tout un état d’esprit et c’est pour cela que quiconque a un skate ou fait du skate, n’est pas forcément un skateur, ou ne le reste pas ! Avec « Magenta skateboard », on comprend tout à fait cela : être un skateur, c’est avoir un certain regard sur le monde, urbain forcément mais pas seulement. La sensation de skater, le style vestimentaire particulier, l’insistance sur les playlist, la mise à distance du travail et d’une « vie rangée » sont les révélateurs de tout un life style, d’une culture alternative.

Dans son interview en 2004 pour le magazine français Sugar, Soy Panday exprime à merveille cette mentalité alternative, un poil juvénile, lui-même ayant fuit du business world pour se lancer à fond dans le skateboard :

Le skate pour moi, c’est du rêve qui permet d’échapper à la réalité, je suis censé chercher un travail, être sérieux et responsable et ça me fait chier… Dans la mesure où je fais du skate tous les jours et lorsque j’en ai envie, j’ai un peu réalisé mon rêve…

Le clip d’introduction de la première vidéo en 2010 :

Le clip anniversaire en 2020 :

Mais si Magenta reflète bien l’esprit skate, il en va de même, et à leurs façons, des marques comme Polar, Helas, Rave, Sour, Isle, Palace, Primitive, Wknd, Antiz, etc. En réalité, Magenta apporte dans la scène une touche bien française, quand Baker skateboard a finalement cristallisé l’approche américaine agressive.

A sa naissance, Magenta Skateboard a suscité la curiosité mais aussi la controverse. Car dans un monde de plus en plus aseptisé et pourrie par le business, le skateboard n’échappe pas à la règle.

Non pas que l’origine du skateboard, située dans les Etats-Unis des années 1970-1980, soit à jeter, mais qu’il y manque une « touche », un « esprit », une « philosophie » au sens esthétique, romantique même. Cela tient à la naissance du skateboard.

Être un skateur dans les années 1980-1990 aux Etats-Unis, c’était se confronter aux vigiles privés, aux policiers, aux voisins des quartiers pavillonnaires ghettoisés, etc. C’était se réfugier dans la cour d’une école, avec son « set » de marches (escalier) et son « handrail » (rampes d’escalier). Tout cela a fait du skateboard quelque chose de très « hardcore », et il est nullement étonnant que le punk hardcore et l’ancêtre de la phonk aient influencé, à ses débuts, la scène.

Avec Magenta, c’est une perspective différente qui a été mise en avant, venant bousculer les codes anciens. Magenta a mis l’accent non plus sur la performance du tricks (figure) en tant que tel mais sur la globalité de la démarche en insistant sur le côté exploration totale, esthétique et amusante de la ville. Jusque dans les années 2010, pour parvenir à « percer » dans le skateboard, il fallait être en mesure d’aligner une batterie de figures, et notamment de « se jeter » sur un escalier impressionnant, une pente ultra-raide, avec tous les risques physiques pris.

Qui d’autres que des français, portés justement sur l’ « état d’esprit », pouvait mettre en valeur une autre approche ? Non pas d’ailleurs que faire du skate sans viser le sempiternel « hammer » (littéralement « marteau » pour désigner le fait de faire de grosses figures impressionnantes) était inexistant avant, mais avec Magenta il y a eu la mise en forme générale d’une démarche assumée. La scènes skate de la east coast américaine, notamment new-yorkaise, développait cette tendance à l’exploration fun de la rue, mais c’était relativement isolée, peu assumée et valorisée en tant que tel.

A noter que Magenta a pu façonner son monde en rapport avec la culture japonaise, notamment certaines astuces pour filmer, et dans le fait de se focaliser sur ou tel ou tel aspect du lieu, tel ou tel aspect du tricks. Le Japon est un pays marqué par une forte répression du skateboard, ce qui fait que les sessions se font uniquement la nuit, avec tout le relief esthétique que cela fournit en conjugaison avec l’esprit japonais en général.

La team Magenta entretien depuis ses débuts des liens solides avec la scène japonaise, à tel point que l’on peut dire que c’est une approche franco-japonaise du skateboard. Une synthèse franco-japonaise visible dans le projet vidéo Minuit sort en 2012, ou dans Soleil levant, une compilation vidéos comprenant notamment des images de nombreux road trip au Japon.

A ses débuts, Magenta ne pouvait que susciter la critique car s’il y a forcément un aspect positif, il y a aussi, quoi qu’on en dise, un aspect négatif. Produire des clips à base de powerslide, de ollies par ci, par là, sur fond de jazz et le tout en pleine nuit, a dénoté une forme de prétention, une mentalité hautaine si typiquement française.

Mais d’un autre côté, quel souffle novateur apporté au skateboard ! D’ailleurs, les fondateurs de la marque sont tous issus de la scène des années 1990, ayant connu les débuts où le skate se pratiquait le plus souvent sur une place urbaine, où se côtoyaient marginaux et alternatifs, dans un esprit « hardcore ».

Mais il fallait pouvoir assumer le fait qu’on pouvait dorénavant filmer et rendre stylé un simple ollie, un power slide (dérapage sur les roues), un boneless ou no comply, le fait de cruiser (rouler-glisser dans la rue), à condition qu’il y ait une démarche réflexive qui l’accompagne, en tenant compte du style du skateur, du spot choisi (ses couleurs, son revêtement, etc.), de la manière de filmer, de la luminosité, etc. D’ailleurs, il serait erroné de dire que la simplicité du tricks relève d’un simplisme, d’un approche débutante.

En fait, il y a une insistance sur l’approche qualitative plus que quantitative, encore que cela soit réducteur puisque pouvoir faire une « ligne » (enchainement de figures) à très vive allure sur un endroit rugueux demande un certain niveau de pratique… C’est n’est donc finalement pas tant la difficulté du skateboard que Magenta a révolutionné, mais plutôt l’idée qu’on peut faire du skateboard, sans pour autant être obligé de se mettre son corps à l’épreuve du danger…

Magenta, c’est le skate branché, artistique, sans pour autant sortir de l’esprit générale skate. Est-il d’ailleurs bien étonnant que le Q.G de la marque, tout autant que de la team, soit à Bordeaux, cette ville aujourd’hui marquée par la culture bobo-branchée, mais qui a longtemps été la « belle endormie », lieu florissant de la scène punk se confrontant à la crispation d’une bourgeoisie traditionnelle. D’ailleurs la gamme vestimentaire de Magenta est à ce titre très stylée, du fait de ses détails subtiles et modernes.

Pendant très longtemps, et cela est encore vrai aujourd’hui, le skateboard était sévèrement sanctionnée par la police bordelaise, étant même un sujet d’actualité du fait des plaintes déposés par les bourgeois retraités en recherche de tranquillité. Tout comme au Japon, et dans une moindre mesure à New-York, les sessions de skate à Bordeaux se faisaient la nui, là aussi pour éviter la répression. Entre la pratique de nuit et l’architecture florissante de la ville, il y avait là tout le terreau favorable pour que Magenta skateboard s’exprime se développe.

Léo Valls, le skateur bordelais sponsorisé par la marque qui a largement contribué à faire accepter le skateboard dans la ville, comme en juin 2019 avec le projet Play!, représente admirablement bien l’approche « Magenta ».

La photo de ce « simple » backslide powerslide, photographié par David Manau, sur l’une des pyramides du Louvre, grâce à un accès plus libre lors du chantier 2014-2016, est un chef d’oeuvre qui marquera surement l’histoire du skateboard.

Avec Magenta, on a enfin trouvé la touche française du skateboard, et non plus un mimétisme forcément bancal de l’approche américaine. Une touche qui conjugue l’exploration approfondie de la ville, l’esthétisme général de la démarche et la « touche » subjective du skateur autant que du filmeur.

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Société

Vitry-sur-Seine: la honte d’avoir accueilli le premier combat officiel de MMA en France

Le premier combat officiel de MMA de l’histoire en France a eu lieu jeudi 8 octobre 2020 à Vitry-sur-Seine, une ville censée être de gauche, dans une salle portant le nom de Maurice Thorez, une figure incontournable de la Gauche française. La honte est totale.

Le MMA est un « sport » indéfendable. Ce sont les jeux du cirque romains, version spectacle à l’américaine ultra moderne, calibrés pour la télévision avec derrière des entreprises pesant une fortune. La démarche, c’est de placer deux brutes hautement formées aux techniques de combat dans une arène (un octogone), avec le droit à quasiment tous les coups (y compris les étranglements et les frappes d’un adversaire au sol) pour se défigurer l’un l’autre.

La ville de Vitry-sur-Seine en banlieue parisienne se couvre de honte en accueillant un tel spectacle dans sa salle municipale, pour une première en France. Il faut bien voir ici que cela ne tombe pas du ciel, car il y a toute une scène locale du MMA à Vitry-sur-Seine et aux alentours, et ce sont là des villes gérées par le PCF depuis des années (malgré les récentes péripéties).

Il y a eu du MMA à la Fête de l’Humanité en 2019 et la FSGT, une fédération sportive liée culturellement au PCF, défend depuis longtemps la légalisation du MMA. D’ailleurs, la FSGT s’était portée candidate pour être la fédération de tutelle du MMA, légalisée par Emmanuel Macron et ce n’est pas pour rien, puisqu’on retrouve l’idée du marché roi, de la sortie par le haut des pauvres au moyen d’un investissement dans et pour le marché, etc.

C’est une illustration de la terrible décomposition du PCF et de la Gauche en général, qui ne pèse plus rien dans le pays mais ne survit que par un populisme racoleur. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : le PCF, et tous les gens tournant autour, s’imaginent populaires en mettant en avant le MMA.

En fait, ils cèdent à toute une mentalité banlieusarde parisienne, quasi unilatéralement masculine, et extrêmement réactionnaire sur le plan culturel. Cela est d’autant plus terrible que la mouvance du PCF sert ici de fer de lance à une démarche ultra-capitaliste qui se lance et compte bien s’implanter par tous les moyens possibles.

Les combats de Vitry-sur-Seine du 8 octobre 2020 ne sont en effet qu’une mise en jambe, pour ensuite lancer véritablement tout le business du MMA en France. Il y a d’abord des petits combats, des petites organisations puis bientôt viendra le mastodonte commercial UFC qui raflera la mise de ce juteux business.

C’est d’ailleurs Cyril Gane qui l’explique le mieux, lui qui est l’un des seuls Français pratiquant le MMA en étant sous contrat avec l’UFC :

« L’UFC va arriver, elle laisse les organisations mineures faire connaître ce sport aux Français avant de débarquer. C’est une stratégie. Mais tout le monde attend l’UFC. »

Dès le samedi 10 octobre, un « gala » est d’ailleurs organisé à Paris Bercy et on a la ministre des sports elle-même qui s’investit directement dans ces organisations.

On a donc eu, en pleine crise sanitaire et alors que Paris dépasse le seuil d’alerte maximale, 600 personnes dans une salle « Maurice Thorez » qui viennent voir des gens s’écharper, sous les yeux de la ministre d’Emmanuel Macron acclamée.

Tout cela est terriblement décalé, hors sujet, en dehors du temps… ou plutôt totalement conforme à la décadence d’une époque, des mœurs, du capitalisme.

> Lire également : Du pain et des jeux: la Fédération de boxe organise la légalisation du MMA

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La Bellevilloise: de la classe ouvrière à goût pour le crime

Haut lieu de la socialisation ouvrière, la Bellevilloise est un bastion bobo et au contenu positif a succédé le vide bourgeois.

La Bellevilloise, dans le vingtième arrondissement de Paris, est désormais un « centre artistique et culturel avec café lumineux, expositions, projections de films, concerts et événements », c’est-à-dire un lieu de socialisation bobo, chic et cher, avec une prétention culturelle, de 2000 m2.

Initialement, le lieu est ouvert comme coopérative ouvrière en 1877, avant de devenir un très important lieu de socialisation ouvrière, avec un théâtre, un cinéma, des cours de musique, d’éducation physique, une bibliothèque, une université populaire, etc. C’est d’ailleurs officiellement une « Maison du peuple » à partir de 1910, le PCF y ayant l’hégémonie à partir de 1924 et y tenant son septième congrès en 1932. On a d’ailleurs la faucille et du marteau sur le fronton.

Et dans ce lieu relevant du mouvement ouvrier historiquement, voici ce qui s’y déroule, comme nous le raconte Le Parisien : pour 10-15 euros, on a des pervers écoutant des pervers, pour se délecter, comme dans dans les années 1920-1930, dans le goût et la fascination pour le crime.

« Un murmure d’effroi parcourt la salle parisienne de La Bellevilloise (20e), où quelque 250 personnes se sont entassées, masque sur le nez, pour écouter Marjorie Sueur énumérer, d’un ton détaché, des actes glaçants : « A la demande de son futur mari Paul Bernardo, Karla Homolka organise, le 23 décembre 1990, le viol de sa petite sœur Tammy, alors âgée de 15 ans. »

Ce mardi 1er septembre, la criminologue se penche sur les cas de deux couples de meurtriers dans une conférence intitulée « Les Secrets des serial killers ». Une fois éteints les murmures dans l’auditoire, Marjorie Sueur reprend de sa voix neutre :

« Durant la nuit, Paul viole et sodomise Tammy, droguée à son insu par sa sœur. La jeune fille est retrouvée morte le lendemain, étouffée dans son vomi. » Nouveau frisson d’horreur dans l’assemblée. »

Quelle honte pour la Bellevilloise. Quelle infamie même, que ces gens venant, à l’instar de la série Games of thrones, étaler leur intérêt pour le crime, l’horreur… par incapacité à promouvoir la beauté, l’harmonie, la nature. Les bourgeois sont vides, creux, humainement dépassés et se morfondent dans la tristesse, le glauque, le morbide.

Et cet étalage ignoble relève de toute une entreprise, puisqu’il s’agit de « Fever Talks » au contenu évocateur de l’idéalisme le plus délirant, de l’irrationalisme le plus marqué : « Quand l’esprit libère le corps », « Accéder à l’immortalité », « Connecte toi à ton potentiel », « Existence de mondes parallèles », etc.

C’est, au sens strict, l’exact contraire de ce que proposait la Bellevilloise depuis sa fondation jusqu’à la seconde guerre mondiale. La Bellevilloise, issu du mouvement ouvrier, proposait la joie de vivre, le goût pour le bonheur, l’optimisme du travail, la primauté de la vision collective, l’élan ouvrier.

Dire que dans un tel lieu, on a eu des bourgeois endimanchés s’imaginant ouvert sur le monde alors qu’ils ne trimballent que leur incapacité à vivre autrement que dans la superficialité ou le raccrochage à tout ce qui est morbide…

Cette incapacité à affirmer quelque chose de positif est par définition quelque chose qui relève de la classe. Les classes dominantes sont incapables de proposer quelque chose de positif. Elles n’ont que l’irrationnel, depuis les super-héros jusqu’aux assassins les plus pervers, le tout pour une pseudo complexité censée exprimer les profondeurs de « l’être humain » en fait totalement réduit à un consommateur isolé et aliéné.

Qu’attendent les couches populaires pour se révolter contre une telle décadence ?

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Robin Leproux donne sa vision de la «pacification» du Paris Saint-Germain

Dans une interview, Robin Leproux explique comment il a fait en sorte que le PSG puisse être racheté par le Qatar, en cassant la dynamique de ses supporters, pour les remplacer par de sages consommateurs.

Robin Leproux joue la carte de l’humilité dans Le Parisien, mais c’est un grand bourgeois qui ne parvient pas à le masquer. Il dit ainsi qu’il n’est pas venu à la présidence du PSG pour l’argent, la preuve il ne gagnait que 10 000 euros par mois ! Faut-il être déconnecté pour raconter ce genre de choses !

Il est connu pour son « plan » de pacification des tribunes, en faisant en sorte que les places soient tirées au sort pendant plusieurs mois, pour briser l’unité des supporters au sein des tribunes Boulogne et Auteuil. C’est qu’il constate effectivement avec réalisme la chose suivante :

« Avec le phénomène de violence continue et historique autour du club et du Parc des Princes, on m’opposait souvent : « Robin, on t’aime beaucoup mais on ne peut pas s’associer à un club raciste et violent. »

Les gens sont amnésiques : dans l’histoire du PSG, il y a 20 ans de violences aux alentours du Parc avec des moments dramatiques et funestes. Il y avait eu un mort lors de la présidence d’Alain Cayzac ( NDLR : Julien Quemener en novembre 2006 ). J’étais dans ce contexte. Quand il y a eu le deuxième mort ( NDLR : Yann Lorence en février 2010 ), je ne peux pas vous dire. C’est un choc très personnel, un tournant dans ma vie (…).

A l’époque, il se dit ou s’écrit qu’il faut dissoudre le PSG, l’exclure du championnat, etc.. Je suis formel : le PSG a failli disparaître. »

Si en effet, les années 2000-2010 ont amené un changement profond, il est historiquement indéniable que les années 1980-2000 marquent l’hégémonie au PSG de la tribune Boulogne, entièrement composée de nationaliste avec de larges fractions de néo-nazis et apparentés. Le niveau de violence au sein de cette tribune était d’une grande brutalité et, si l’on peut dire, d’un vrai professionnalisme.

Julien Quemener, relevant de cette tribune Boulogne, a été tué par un policier alors qu’avec une centaine d’autres personnes il pourchassait trois fans du Hapoel Tel Aviv (un club israélien historiquement très à gauche). Yann Lorence s’est fait lynché lors d’une rixe, alors que supporters de la tribune Boulogne menaient une charge contre ceux de la tribune Auteuil, qu’ils harcelaient régulièrement, notamment lors des déplacements.

Si l’ancien président du PSG Robin Leproux ne le dit pas, mettant tous les « ultras » dos à dos, le début des années 2000 a correspondu pourtant à une énorme fracture sociale et raciale dans cette anomalie qu’était le Parc des Princes. La tribune Boulogne était composée de petits-bourgeois des milieux populaires, d’esprit lepéniste voire directement raciste et en tout cas nationaliste. C’était en décalage complet avec une banlieue parisienne immigrée et métissée, qui à l’époque s’orientait souvent vers l’Olympique de Marseille tellement le PSG apparaissait comme odieux. C’est encore le cas pour beaucoup de monde.

La tribune Auteuil a alors été marqué par la tentative progressive de former des « ultras » violemment hostiles à tout racisme, voire liés à une ultra-gauche anarchiste (Supras, Tigris, Authentiks,la Grinta, K-Soce Team…). Quand on dit « liés », il ne faut pas du tout croire que ce soit une liaison organique ou même politique. Les ultras de la tribune Auteuil étaient simplement anti-racistes, d’extraction populaire ou antiraciste, ils n’avaient rien contre l’ultra-gauche anarchiste (ou du NPA) dans laquelle certains étaient actifs, mais rien pour non plus.

Cela va faire un grand malentendu où l’ultra-gauche aida la tribune Auteuil à avoir une image « antifasciste », alors que des affrontements d’une extrême violence vont se développer entre les tribunes. Cela va amener un pillage de l’iconographie de la gauche radicale par les ultras et inversement une adoption du style « ultra » par l’ultra-gauche. Pour beaucoup de jeunes rejoignant l’ultra-gauche aujourd’hui, « militer » c’est utiliser des fumigènes lors des manifestations, s’habiller en ultra, faire de larges grafs sur les murs, etc. etc.

C’est là que Robin Leproux arrive. Il comprend que le PSG commence à ressembler à la région parisienne et qu’avec les activités des ultras il a un levier pour élargir gratuitement le public de l’entreprise PSG, de rompre l’isolement du PSG. Les « ultras » de la tribune Auteuil, en visant à rendre le club non raciste et également tourné vers les banlieues, ont été directement l’outil pour les capitalistes afin de former le « grand club de la capitale ».

Robin Leproux remodèle alors l’organisation des ultras avec son plan, alors que le PSG est racheté par le Qatar et que les ultras sont récupérés progressivement dans une version turbulente mais sélectionne et édulcorée (le CUP Paris, acceptant totalement la main-mise qatarie et la rupture avec l’histoire du club).

Pour les « historiques », avec le rachat par le Qatar, le PSG est un autre club. Pour toute l’immense vague de gens de la région parisienne passée dans la fascination pour le PSG, ce n’est pas bien grave : avec les millions, les centaines et centaines de millions, il y a le glamour et les victoires, et cela suffit.

> Lire également : La défaite du PSG est une (relative) défaite du football moderne

Robin Leproux a été l’artisan rusé de cette opération et il témoigne de l’intelligence des capitalistes par rapport à la sociologie et aux mentalités.

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Des dégradations par des supporters du PSG comme reflet d’une France qui tourne mal

Les dégradations parisiennes suivant la défaite du PSG en Ligue des champions sont une nouvelle manifestation de la déliquescence de l’État français, ainsi que du pourrissement social en cours dans toute une frange de la population.

Le nouveau ministre de l’Intérieur Gérarld Darmanin a beau jouer les durs et se complaire dans une caricature de Nicolas Sarkozy, en réalité il ne pèse rien du tout et l’autorité qu’il représente est en pleine décadence.

Quel désaveu en effet que ce saccage en règle de quelques rues aux abords des Champs-Élysées, après avoir annoncé que tout était sous contrôle, que tout était prévu. Il a suffi de la défaite du PSG pour que quelques centaines de jeunes désœuvrés socialement, assumant une posture destructrice quasi barbare, débordent littéralement les forces de polices.

Cela apparaît incompréhensible à une population française qui partout voit le tissu social se déliter.

Déjà, les semaines précédentes, les effusions de joie de supporters du PSG dans la rue, après les victoires contre l’Atalanta puis le RB Leibzig, avaient particulièrement choquées. Alors que l’épidémie de Covid-19 repart et que les nouvelles habitudes sanitaires s’installent tant bien que mal dans le pays, tout cela apparaissait comme terriblement décalé, hors-sol, presque irréel.

Il faut dire que ce mépris des règles sanitaires a été à l’image de Nicolas Sarkozy par exemple, qui s’est affiché sans masque au stade à Lisbonne (la finale s’y déroulait, dans un quasi huis-clos), au côté des dirigeants du PSG et de la maire de Paris, Anne Hidalgo.

L’ancien président de la République est ici le strict équivalent des « ultras » du PSG qui ont été admis dans le Parc des Princes par le club… pour chanter à tue têtes les uns sur les autres, craquer des fumigènes… devant un écran géant et un stade vide ! Ces mêmes « ultras » réclamaient dans un communiqué le lendemain le droit de faire la fête dans Paris ce lundi 24 août. Comme si le PSG n’avait pas perdu, comme si le Covid-19 n’existait pas.

C’est là une preuve d’un idéalisme anti-social, qui se lit particulièrement avec cette image folle de banderoles d’avant-finale devant… le Sacré Cœur. Tout Parisien ancré dans une perspective populaire historique déteste ce bâtiment pour sa laideur et sait très bien qu’il a été construit par l’Église catholique pour « expier » les péchés de la Commune de Paris de 1871…

Ce qui se reflète ici, c’est une fuite en avant dans une déchirure anti-sociale : la société française n’a pas lu d’Histoire mais que des histoires. Il n’y a plus de relais historiques, de continuité culturelle, on est dans une démarche de consommation identitaire prompte à passer au cannibalisme social.

La région parisienne apparaît ici comme une véritable catastrophe, en décalage terrible d’avec le reste du pays, alors qu’on s’apprête à connaître une rentrée très compliquée, sur fond de crise sanitaire n’en finissant plus et de crise économique de plus en plus flagrante… La France tourne mal !

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Anne Hidalgo et la marque Paris vendue au Qatar

Si elle se prétend de gauche, Anne Hidalgo gère en ardente partisane du capitalisme l’une des plus grandes villes du monde, en étroite relation d’ailleurs avec le Qatar.

Le 13 août l’équipe du Paris Saint-Germain gagnait son match de quart de finales de la Ligue des Champions en marquant deux buts dans les toutes dernières minutes, un renversement qui a été source d’émotions (positives comme négatives). Dans la foulée, Anne Hidalgo a publié sur Twitter un message intitulé « Paris La plus belle des équipes ».

Cela n’a l’air de rien, mais cela relève d’une gigantesque opération politico-commerciale, dont Anne Hidalgo est un élément clef en tant que maire de Paris. On sait en effet que le Paris Saint-Germain a été acheté par le Qatar, une dictature totalement réactionnaire où une petite oligarchie profite du gaz et du pétrole. Sur pratiquement trois millions d’habitants, les Qataris ne sont d’ailleurs que 10 %, le reste étant de la main d’œuvre.

Avec le Paris Saint-Germain, les Qataris ont acheté une « marque » dans leur démarche de « soft power » ; rappelons qu’ils sont historiquement les représentants des « frères musulmans » avec la Turquie, et ainsi les concurrents de l’Arabie Saoudite qui est « wahabite ». On est là dans un jeu de relations internationales, de jeux expansionnistes, bref de magouilles comme les États capitalistes ou corrompus savent les faire.

Dans ce cadre, les Qataris font en sorte que le club du Paris Saint-Germain devienne le plus possible le club de « Paris » tout court, « Saint-Germain » se réduisant toujours plus. C’est une question de prestige ; plus il grandit, plus les retombées sont bonnes, directement et indirectement, pour le Qatar. Si le Qatar se faisait attaquer il y a vingt ans, personne ne savait même qu’il existait ; aujourd’hui, il est très connu alors qu’il n’est qu’une parodie de pays, au sens strict.

En disant ainsi « Paris La plus belle des équipes », Anne Hidalgo intègre totalement la démarche des Qataris, dont elle est par ailleurs très proche. On est en effet dans le donnant-donnant, au point que, miracle, on a par exemple eu le financement à hauteur de 60 % par le Qatar des ignobles fontaines du Rond-Point des Champs-Elysées, qui ont coûté 6,3 millions d’euros.

D’où la langue de bois d’Anne Hidalgo depuis le rachat du Paris Saint-Germain, ce qui donne par exemple en 2016 :

« Ce que je peux dire sur Paris et la relation que l’on a avec le PSG et le patron du PSG, c’est une relation extrêmement positive, forte, je les remercie d’avoir mis le club de Paris au niveau auquel il est et puis de soutenir des choses qui m’importaient beaucoup. Je pense au foot féminin.

Ils ont vraiment mis les moyens et l’accompagnement pour construire une équipe magnifique. Et puis dans toute la lutte contre l’homophobie et le racisme dans les stades. Nous travaillons main dans la main et avec les gamins de Paris. Je suis heureuse de cette collaboration avec eux ».

Aucun mot sur l’oligarchie quatarie, ses financements d’une variété de l’islamisme, ses multiples casseroles à l’internationale pour obtenir la coupe du monde de football en 2022, etc. etc. Aucune critique du football business, au point que Neymar, arraché 222 millions d’euros au FC Barcelone, a eu droit à la Tour Eiffel le saluant en 2017 !

On comprend qu’Anne Hidalgo apprécie, de par son mode de vie et sa vision du monde, les Qataris qui possèdent à Paris l’hôtel Lambert, l’hôtel Kinski, l’hôtel Landolfo-Carcano, l’hôtel d’Évreux, le palace The Peninsula Paris, l’hôtel Gray d’Albion15, l’hôtel de Coislin, les immeubles des Galaries Lafayette, de HSBC et du Lido sur les Champs-Élysées, le Royal Monceau.

C’est la corruption complète. Comme on est loin du Paris des années 1930 où le Parti Communiste était le premier parti électoralement, sans parler de la banlieue rouge tout autour ! C’est désormais une ville bourgeois et petite-bourgeoise, avec de gens comme Ian Brossat pour servir de caution de « gauche ».

Il faut oser poser la question : lorsque la France basculera, enfin, un jour, dans le socialisme, que va-t-on faire de ces Parisiens, ou plutôt de ces néo-Parisiens, vivant dans leur bulle argentée ?