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La fausse gauche se couvre de honte en protégeant l’ancien adjoint à la culture de la Mairie de Paris Christophe Girard

L’adjoint à la culture de la Mairie de Paris Christophe Girard a été contraint de démissionner, accusé de soutien à l’écrivain pédophile Gabriel Matzneff. Il a le soutien de toute la fausse gauche parisienne autour d’Anne Hidalgo.

Le nom de Christophe Girard est régulièrement associé à celui de l’immonde Gabriel Matzneff et sa pédophilie assumée, en mode libéral libertaire. C’est que ses agissements ont toujours été connu du « tout Paris » et d’ailleurs Matzneff ne s’est jamais caché de ses horreurs, puisqu’il les raconte dans ses livres.

Christophe Girard prétend qu’il n’en savait rien, et qu’il n’avait jamais vraiment lu ses livres. Pourtant, il s’est personnellement impliqué pour que l’écrivain pédophile, dont il n’aurait soit disant pas connu les ouvrages, obtienne une allocation annuelle à vie du Centre National du Livre.

Quand cela a été connu, assez récemment pour beaucoup de gens, notamment chez des féministes, il y a eu une sensation d’écœurement on ne peut plus logique. D’autant plus qu’il a été expliqué ici et là comment Christophe Girard était personnellement impliqué pour s’occuper de l’hôtel qu’avait occupé pendant plusieurs mois Gabriel Matzneff… pour échapper à la Brigade des mineurs.

Lire également : L’affaire esthético-littéraire criminelle Gabriel Matzneff

On à la, sur le plan moral, une association indéfendable, injustifiable. À l’occasion de la nouvelle mandature municipale à Paris, il y a donc eu une protestation lancée par des féministes, aboutissant à cette démission logique de Christophe Girard.

Cela a rendu furieuse Anne Hidalgo, qui forcément soutient son adjoint à la culture et explique qu’elle ne voit pas le problème, car Christophe Girard ne serait pas mis en cause par la justice.

On a même le groupe « communiste citoyen » de la mairie de Paris, dont la principale figure est Ian Brossat, qui défend Christophe Girard en allant encore plus loin, parlant de « remise en cause de l’État de droit » par la « vindicte de quelques-uns » (on notera que le groupe oublie ici son écriture « inclusive » qu’il utilise ailleurs dans le communiqué).

L’argument du droit est particulièrement ridicule, ou odieux, car il s’agit de politique et de culture, soit la base même du droit. Que Christophe Girard ne soit pas lui-même pédophile et que le Droit actuel n’ait rien à lui reprocher, c’est une chose. La question par contre est politico-culturelle et il s’agit de dégager une personnalité liée à toute une culture, toute une idéologie libérale libertaire ayant accepté l’inacceptable.

Pour la Gauche, la vraie Gauche, la Gauche historique, la question ne se pose même pas et il n’y a d’ailleurs même pas besoin de cette affaire pour conspuer des gens comme Christophe Girard. La fausse gauche par contre, celle des mondanités parisiennes et de l’art contemporain, est choquée que l’on puisse s’en prendre à l’un des siens.

Pour l’anecdote, de nombreux élus se sont levés pendant le Conseil de Paris pour applaudir longuement Christophe Girard… après que celui-ci ait été salué chaleureusement par le très décrié préfet de Paris Didier Lallement !

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Christophe Girard ou l’exemple de la «gauche» caviar libéral-libertaire

Paris est une ville toujours plus au service de la grande bourgeoisie et ses « élus de gauche » ne sont là que pour accompagner en douceur ce phénomène. Il suffit de regarder depuis que Bertrand Delanoë a été élu en 2001 : tout est très clair.

L’affaire Christophe Girard est exemplaire. On s’aperçoit en effet que la « Gauche » à la mairie de Paris est composée de grands bourgeois, d’affairistes, de dandys et de parasites. Ce sont des gens carriéristes, aux antipodes de la classe ouvrière.

Qui est Christophe Girard, d’ailleurs ? Il a été adjoint au maire de Paris à la Culture de 2001 à 2012. Il a été maire du très chic quatrième arrondissement parisien de 2012 à 2017. Il a été adjoint à la maire de Paris chargé des Ressources humaines en 2017-2018 et pour redevenir adjoint au maire de Paris de 2018 à , donc, juillet 2020 où il a démissionné avec perte et fracas.

Mais, en même temps, c’est un haut responsable d’Yves Saint Laurent et du groupe LVMH qu’il ne quitte qu’en 2017. Cela signifie que pendant des années, Christophe Girard avait un pied chez LVMH, un autre à la mairie de Paris à la culture.

Quelle culture pouvait-il prôner ? La culture authentique, se fondant sur le peuple, ou bien toutes les fantasmagories de l’art contemporain et de la décadence libérale-libertaire de grand bourgeois ? D’ailleurs, Christophe Girard a trois enfants. Or, il est gay et marié à un homme. D’où viennent ses enfants ? D’une opération du Saint-Esprit ?

On reconnaît ici toute de suite à quel milieu on a faire. On est dans la grande bourgeoisie « cultivée », celle des « arts », en particulier de la mode. On est dans le « raffinement », les postures décalées qui se veulent libérées. On est littéralement « au-dessus » de la société, chez ces très riches vivant avec leurs propres normes, c’est-à-dire leur absence de normes.

On ne doit donc pas être étonné de trouver dans ce milieu l’écrivain pédophile Gabriel Matzneff, car il s’agit bien d’une idéologie, celle de l’expérience transcendante et unique, de l’aventure au-delà du bien et du mal, du subjectivisme le plus complet. Les riches s’ennuient et, pour se sentir vivre, ont besoin de « chocs » réguliers, qu’ils viennent puiser dans les couches intellectuelles parasitaires ou les déclassés.

Pas étonnant que Anne Hidalgo défende bec et ongles Christophe Girard et que Ian Brossat se complaise dans un silence de bon aloi. Il est difficile de se prétendre de la Gauche lorsque le masque tombe à ce point là et qu’il révèle visage décadent et sinistre de la haute bourgeoisie.

D’autant plus que ce scandale éclabousse tout le monde : le PS et EELV, puisque Christophe Girard est passé de l’un à l’autre, mais donc aussi le PCF parisien qui n’a jamais servi que de béquille électorale et relève du même milieu corrompu.

Comme on est en effet loin de la Gauche historique et de l’esprit de bataille propre à la Gauche parisienne ! Mais cela c’était avant que l’énorme gâteau parisien n’attire les opportunistes. Gérer Paris, l’une des plus grandes villes du monde, y vivre de manière aisée, fréquenter la crème de la haute bourgeoisie… Ces gens n’ont pas résisté.

Ils ont accompagné la transformation de Paris en bastion bourgeois, en ville chère, sans âme, où tout ce qu’on y trouve de bien apparaît sous l’angle d’une certaine nostalgie. Paris a été formidable et c’est cela qu’on découvre ici ou là, en flânant. C’est désormais une machine anonyme où le capitalisme règne en maître, alors que surnagent quelques îlots de socialisation.

L’affaire Christophe Girard est une excellent exemple de la « gauche » caviar libéral-libertaire, tout comme le soutien au « Comité Justice pour Adama » est un exemple de populisme mensonger et misérabiliste. On est là dans la négation de l’ordre nouveau qu’exige le peuple. Et en l’absence de la Gauche historique, qu’il faut urgemment reconstituer, c’est l’extrême-Droite qui va arriver avec sa démagogie.

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Saint-Denis qui tombe, c’est le municipalisme PCF qui tombe

La banlieue rouge parisienne formait tout un réseau procurant des moyens immenses au PCF. La défaite électorale à Saint-Denis annonce la fin de ce système, et ainsi la chute du PCF.

On lit dans la presse que la ville de Saint-Denis avait une mairie PCF depuis 1945. C’est faux. Saint-Denis est la clef même du PCF. Ce parti ne s’est en effet jamais développé dans toute la France, mais dans des poches bien circonscrites. Il y a le Nord-Pas-de-Calais, cependant il y avait également là-bas une forte base socialiste. Le vrai bastion, c’est la région parisienne, la ceinture rouge autour de Paris, la « banlieue rouge », avec Saint-Denis comme grande base dès la fondation du PCF.

C’est d’ailleurs là que Doriot, le renégat du PCF passé au fascisme, formera son Parti Populaire Français, surfant sur l’esprit syndicaliste-révolutionnaire de la région parisienne et surtout de Saint-Denis. Saint-Denis, c’est une grande ville, un élément d’importance capitale dans la région parisienne. La bourgeoisie a développé d’ailleurs un contre-poids avec Boulogne-Billancourt, transformé en bastion du conformisme bourgeois alors qu’historiquement l’identité de la ville est ouvrière.

Le PCF s’est pris au jeu de cette bataille municipaliste. Il n’est pas possible de nier la sincérité de l’engagement de ses adhérents, de ses membres pour beaucoup. Pourtant, à partir des années 1960 la corruption municipale se généralise et dans les années 1980 c’est littéralement la fête ! Les vases communicants entre le PCF, la CGT, les mairies voient circuler littéralement des sacs d’argent, avec des magouilles à tous les niveaux.

Cela a joué énormément pour le prolongement d’un PCF relativement puissant encore après 1989 : il y avait trop de réseaux pour disparaître. La perte de Saint-Denis est ainsi une catastrophe et ne peut que produire une vague de panique dans les réseaux restants. Surtout que le PCF a également perdu Arles, Saint-Pierre-des-Corps, Champigny, Seclin, Givors, Fontaine. Si de tels bastions, des forteresses municipales existant depuis des décennies tombent, alors tout peut tomber.

Ainsi, si le PCF a encore Malakoff, Bagneux, Fontenay-sous-Bois, Bonneuil-sur-Marne, La Courneuve, Stains, Tremblay-en-France, Gentilly, Ivry-sur-Seine, Vitry-sur-Seine, Bobigny, Montreuil… ce n’est plus le même PCF pour autant.

Ce n’est plus le PCF profitant d’une base populaire puissante, de relais syndicaux massifs, capable ainsi de façonner toute une économie locale tout en la ponctionnant, en plaçant ses gens, en formant un véritable petit écosystème. Ce n’est plus le PCF comme appareil. C’est un PCF comme… on ne sait pas trop quoi et c’est pour cette raison que l’instabilité va prédominer, jusqu’à sa disparition.

En effet, un réseau municipal est par définition monopoliste. Or, si un basculement peut se faire, il n’y aura plus de soumission au PCF. Dans une mairie imprenable, les entreprises se soumettent, l’administration se soumet. Dans une mairie qui peut changer de bord, on évite les dossiers trop compromettants. La chute de Saint-Denis, c’est la chute de toute un socialisme féodal.

Désormais le PCF est celui de Ian Brossat : post-moderne et un appendice du PS, qui est lui-même devenu un appendice de la « social-écologie ». Finalement en termes de structure il n’y a plus trop de raisons d’exister et il y aura un dépassement « unitaire » qui est en réalité une liquidation de tout ce qui relève de la Gauche historique.

Il y a évidemment encore des tenants d’une ligne historique. Il y a ainsi le PRCF, qui veut faire redémarrer le PCF sur la base des années 1980. Il s’agit de la minorité du mouvement dont la majorité a quitté le PCF en 1999, pour former en 2016 le PCRF (sur une ligne PCF pro-Cuba des années 1960, les maoïstes considérant à l’instar du PCF(mlm) que le PCF est « révisionniste » depuis le milieu des années 1950, puis social-impérialiste).

Et le PRCF aurait pu réussir, d’une manière ou d’une autre, si le courant de la CGT qui lui est lié avait réussi son opération de harcèlement syndicaliste révolutionnaire durant le mouvement contre la réforme des retraites. Comme cela a été un échec, il n’y a cependant pas de base réelle. Et de toutes façons la démarche est syndicaliste, alors que le PCF a une base municipaliste avant tout. Il y a là une situation plus que délicate et le PCF ne peut que chuter alors que ses fondements concrets vacillent.

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Attaques de groupes violents d’extrême-Droite à Paris et Chambéry

Exactement sept ans après la mort de Clément Méric, l’extrême-Droite a mené des opérations de casse à Paris et Chambéry afin d’œuvrer dans le sens de la provocation. C’est son rôle que de chercher à produire une fausse actualité alors que la crise s’accentue.

La frange violente de l’extrême-Droite a mené plusieurs attaques le même jour. À Chambéry ce sont les locaux du PCF ainsi que l’espace autogéré L’insolente qui ont été victimes de dégradations. On est ici dans une expression « offensive », car la région dispose de très solides réseaux violents historiquement. C’est un coup de pression visant à maintenir tout un rapport de force.

 

 

À Paris on a été dans une expression « défensive », car en région parisienne l’extrême-Droite a beaucoup de mal et ne s’est pratiquement jamais relevé de la grande offensive du SCALP des années 1980, ainsi que des « chasseurs de skins » et des « redskins ». Le propriétaire du bar attaqué est d’ailleurs un « redskins » historique des années 1980, entre-temps devenu biker après avoir été une figure du syndicat syndicaliste-révolutionnaire CNT.

Le « Saint-Sauveur » est au cœur de Belleville, au cœur du dernier quartier parisien encore largement marqué par une culture de gauche en général et un esprit contestataire parisien « à l’ancienne ». Voici le communiqué du bar.

Le groupe d’extrême-Droite qui a attaqué est tout à fait représentatif de ce qui a émergé ces dernières années à la marge du Rassemblement National. Il s’agit d’une mouvance violente et provocatrice, puisant dans le style « casual » (c’est-à-dire post-hooligan) pour un mélange de nationalisme et de virilisme.

Si l’approche s’imagine être celle du Fascisme italien, on est bien plutôt dans le style espagnol des années 1930 : ultra-minoritaire, à l’ombre d’une extrême-Droite avec une large base et d’autant plus ultra-provocateur, limitation de la démarche au style et au nationalisme anti « système ». Le communiqué du groupe est tout à fait représentatif de la démarche.

Ces groupes accordent une attention précise à leur démarche provocatrice. Ainsi, il y a tout un jeu du chat et de la souris avec les « antifas » ; en l’occurrence, la photographie des « zouaves » après leur attaque a été prise derrière la porte d’Auteuil, dans un endroit isolé où ont coutume de se rejoindre les « ultras » du Paris Saint-Germain.

C’est tout un jeu malsain pour attirer l’attention, avec une copie des styles, des looks, des iconographies, du type d’action, etc. Il s’agit de semer la confusion, de focaliser les attentions, afin d’empêcher qu’on puisse s’orienter et que des méthodes qui n’ont rien à voir avec celles du mouvement ouvrier ou de l’antifascisme historique se diffusent. Un exemple connu est que la police d’écriture historique des fascistes italiens des années 1970 est désormais couramment employée par des « antifas », ce qui se veut une « récupération », mais est en réalité une acculturation.

Le nom du bar attaqué, le Saint Sauveur, provient également d’une chanson du groupe La Souris Déglinguée qui s’est placée historiquement exactement entre les deux fronts, avec une énorme ambiguïté (pas raciste mais d’esprit soldat perdu, nationalisme et anti-communisme mais dans un esprit rocker tourné vers le punk, affirmation de la révolte de la jeunesse, etc.), se résolvant naturellement parfois brutalement dans le public de leurs concerts.

Le but des fascistes est, on l’aura compris, de contribuer à la déformation du contenu de la Gauche, à exciter les attentions et à monopoliser les esprits. C’est tout à fait flagrant alors qu’une crise sans précédent touche la France et va avoir des conséquences immenses.

Le communiqué diffusé par le média d’extrême-Droite « Ouest Casual » souligne également cet aspect, avec un calcul particulièrement intelligent. Il est en effet appelé à être encore plus « radical », à s’opposer au « système ».

Il est joué sur la fierté, sur l’honneur patriarcal, sur la « radicalité »… afin de pousser à la faute, à l’isolement social, au refus de l’Unité de la Gauche. Le communiqué vise autant à donner à l’extrême-Droite une image de « véritable » ennemi du « système » qu’à pousser ceux qui sont ses ennemis à se précipiter dans son piège d’une « course » à la « radicalité ».

Le communiqué est ici un cas d’école et tout à fait représentatif de quelle est l’approche des groupes violents d’extrême-Droite qui, on l’aura compris, cherchent à former une nouvelle vague.

« La descente des Zouaves Paris en plein Ménilmontant a été un vrai moment de plaisir pour tout esprit éclairé qui ne peut pas encadrer la mouvance antifasciste, à juste titre. Au-delà du beau coup de pression qui leur a été mis dans la gueule, cette attaque a dévoilé au grand jour les contradictions et le ridicule idéologique dans lesquels baignent les antifas.
 
On a ainsi pu voir le Vice-président du Sénat se pointer au Saint-Sauveur pour « témoigner de sa solidarité », Jean-Luc Mélenchon partager le statut du leader de L’AFA Marseille prenant parti pour ses copains parisiens, le député LFI Éric Coquerel dénoncer les « fassistes » (sic), et toute une traînée d’autres mange-merdes, députés, élus municipaux, conseillers d’Anne-Hidalgo se répandre en discours larmoyants.
Il y a franchement de quoi ricaner quand on assiste aux déballages de communication de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue sur leur pseudo radicalité et leur soi-disant posture anti-système, qui ne trompe plus personne, hormis eux.
 
Cela rappelle curieusement les hommages gênants rendus à Clément Meric au lendemain de sa mort par toute une clique de politiciens, allant du NPA à l’UMP (on se souvient notamment de Nathalie Kosciusko-Morizet se pointant comme une fleur à la manifestation de l’AFA, ou des scènes du Premier Ministre et du Ministre de l’Intérieur, promettant de dissoudre autant de mouvements nationalistes que possible). Sans compter les litanies délirantes des medias dominants à la gloire de Méric, qui a claqué pour avoir pris la confiance face à plus fort que lui.
 
Un jeune bourgeois étudiant à Sciences-Po et ses potes bien blancs agressant un prolo nationaliste d’origine espagnole ? On croirait au début d’une blague, dont la suite est d’ailleurs franchement drôle.
 
On entend d’ici les antifas rétorquer qu’ils n’ont sucé personne pour avoir droit à toutes ces bienveillances politico-médiatiques. Peut-être. Mais on attend encore qu’ils envoient promener tous ces politiciens et ces journalistes complaisants si ce n’est complices, et qu’ils leur signifient que leur solidarité, ils n’en ont rien à carrer. À croire qu’ils trouvent la situation confortable.
 
Alors, malgré les communiqués pitoyables des antifas tentant de transformer une défaite en une semi-victoire, comme l’a si bien dit un de leur pote, « WALLAH LES ZOUAVES PARIS ILS ONT ENCULÉ LE SAINT-SAUVEUR ».
 
Heureusement, le Système est là pour leur mettre du baume sur le fondement, comme d’habitude. »

Il y a ici un piège complet et, malheureusement, on peut se douter qu’il y aura beaucoup de jeunes hommes tombant dedans, se précipitant dedans par méconnaissance, incompréhension (ou même refus) du mouvement ouvrier et des véritables enjeux qu’il y a en réalité.

Mais c’est qu’ici, il faut savoir distinguer l’antifascisme né du mouvement ouvrier (avec le Front populaire français ou l’Action antifasciste allemande des années 1930), des « antifas » des années 2010 qui sont une nouvelle variété d’anarchisme.

 

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Christophe Lannelongue et Didier Lallement, deux exemples d’un État en perdition

Ils sont diplômés et ont de grandes responsabilités, ils relèvent du meilleur de ce que la société produit intellectuellement et sur le plan des capacités d’organisation. On n’arrive pas là où ils sont sans de grandes capacités. Et pourtant, la nature de classe de Christophe Lannelongue et Didier Lallement les a amenés à se comporter aux yeux du peuple comme les derniers des sans-cœurs, et en même temps les derniers des idiots. Un paradoxe exemplaire de toute une époque.

L’un est directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est, l’autre préfet de Paris. Pour en arriver là, il faut une abnégation dans son travail et d’énormes capacités : on parle là de ce qui relève, au sens strict, de l’appareil d’État. Et pourtant cela se retourne en son contraire car leur État est le support d’une société avec des classes, où les bourgeois sont décadents.

Leur intelligence a donc été pétrifié et abouti à des grands moments d’égarement. Vendredi dernier, le préfet de Paris avait ainsi tenu ces propos aberrants :

« Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui, au début du confinement, ne l’ont pas respecté, c’est très simple, il y a une corrélation très simple. »

Il n’y a nulle corrélation évidemment, car les choses sont beaucoup plus compliquées que cela, mais apparemment c’est trop compliqué pour un préfet de Paris pour qui il y a l’État d’un côté, le peuple idiot de l’autre. C’est là un esprit gendarmesque typique des préfets, lié à une fonction anti-démocratique de A à Z. Le pauvre il n’y peut rien : c’est une machine au service d’une machine.

Mais comment trouver une excuse sociale alors à Christophe Lannelongue, directeur de l’ARS Grand Est ? Nous sommes en pleine crise sanitaire, on sait comment le Grand Est est touché : terriblement. Et lui débarque et dit qu’il n’y a « pas de raison ». Pas de raison à quoi ? « Pas de raison » d’interrompre les suppressions de postes et de lits au CHRU de Nancy.

Forcément, cela trouble, mieux : cela écœure. Et ce directeur est un drôle d’hurluberlu, d’abord pour croire qu’il peut dire cela comme cela, de manière simplement administrative, ensuite pour ne pas deviner que tout va être remis à plat et que donc sa conception du « il n’y a pas de raison » repose sur un moment politique totalement dépassé.

Et comme justement c’est un hurluberlu de l’appareil d’État, c’est le peuple qui a tort, pas lui. Ce n’est pas sa faute, on l’a piégé, c’est un complot politique monté par… un syndicat, lui n’est qu’une personne aux services des autres, il est là pour « gérer ».

Borné par sa nature sociale, il ne voit pas comment il est passé du côté des sans-cœurs, des bureaucrates de l’appareil d’État qui sont incapables de saisir la dignité d’une situation. Ils sont hors sol, c’est-à-dire hors du peuple. Voici ses propos ubuesques accordés à France 3 grand est :

« Mes propos ont été sortis de leur contexte. C’était une question bizarre lors d’une conférence de presse mensuelle où nous avons fait le point sur la gestion de la crise.

Un journaliste m’a demandé ce qu’il en était du Copermo à Nancy et si nous maintenions les suppressions d’emploi au CHRU de Nancy. J’ai répondu que le Copermo continuait même si on avait quelques semaines de retard sur la transmission du dossier en raison de la situation sanitaire actuelle.
Après coup, je me suis rendu compte que j’avais été piégé. Le journaliste a agi en concertation avec des élus de la CGT et des élus de la région. Dans la foulée, mes déclarations ont été transformées et ce qui est paru dans l’Est Républicain est faux !

Pire que ça, des communiqués, des lettres au ministre… ont immédiatement été publiés. Tout cela démontre que l’opération a été montée. En fait, c’est une opération politique de la CGT du CHRU de Nancy (…).

Il y a des gens qui exploitent le malheur de cette région. Moi, je gère la crise. C’est toute la différence. »

Christophe Lannelongue ne gère rien du tout : il parle, et il parle de gérer. Et tel le pharaon de l’ancienne Égypte, ses paroles sont censées se réaliser une fois dites : que ceci soit écrit, et accompli ! Tel est, comme le préfet de Paris, la mentalité propre à un appareil d’État se présentant comme un monstre bureaucratique au-dessus du peuple, se cantonnant dans la stabilisation d’une société pour que le capitalisme tourne.

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Benjamin Griveaux ou la décadence du personnel bourgeois

La bourgeoisie est une classe sociale décadente, qui ne produit plus que des ratés. Benjamin Griveaux en est un parfait exemple. Alors que la ville de Paris est macroniste dans sa majorité et lui était acquise, il n’a pas pu s’empêcher d’appliquer le libéralisme libertaire sans aucune retenue. Or, il faut au moins encore faire semblant d’être civilisé.

Paris est une ville bourgeoise et la bourgeoisie bohème l’a emporté culturellement. Même l’Ouest parisien, traditionnellement catholique et conservateur, apprécie désormais l’art contemporain, le relativisme général, un libéralisme assumé à tous les niveaux. Le processus est cependant ici en cours et il fallait, pour le candidat de La République en marche, au moins encore faire semblant de savoir se tenir.

C’est pour cela que Cédric Villani a été mise de côté et que le côté écologiste n’a pas été assumé, alors que c’était prévu. Il faut pour le macronisme assumer la transition de la bourgeoisie de l’Ouest parisien. Or, avec l’affaire de messages et de vidéos à caractère sexuel, Benjamin Griveaux est venu littéralement dynamiter tout cela. Il est donc passé à la trappe.

Cela, c’est pour le côté vie politique. Mais ce qui est plus intéressant, c’est le côté historique. Car Benjamin Griveaux est un cadre de la politique. Il a fait Sciences Po et HEC. Il a été brièvement Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances en 2017, puis un an et demi Secrétaire d’État auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement.

Il a été également directeur de la communication et des affaires publiques d’Unibail-Rodamco, la plus grande entreprise d’immobilier commercial au monde, gagnant dans les 17 000 euros par mois. C’est l’un des tous premiers activistes de La République en marche. C’est pourquoi il a été récompensé en étant le candidat nommé pour les élections municipales de 2020.

Toutefois, malgré tout cela, malgré enfin une possibilité de gigantesque succès politique, Benjamin Griveaux n’a pas su se tenir. Il a eu des comportements propres à toute une bourgeoisie urbaine, c’est-à-dire de la drague plus ou moins intelligente, à l’extérieur du couple, allant parfois jusqu’à des discours plus ou moins lourd (« je vais me toucher » au lieu de « je vais me coucher »), voire ouvertement sexuels, avec des vidéos.

Du moins, c’est qu’a prétendu le site « pornopolitique.com » du russe Piotr Pavlenski avec des photos et des vidéos, valant à Benjamin Griveaux de démissionner dans la foulée. Naturellement, Piotr Pavlenski n’a pas fait cela tout seul et toute sa démarche a été savamment calculée. Tout un site bidon a été créé pour faire croire qu’allait être dénoncée l’hypocrisie morale de certains hommes politiques, au moyen de révélations nombreuses, mais en réalité c’était surtout une opération visant à dégommer Benjamin Griveaux. Piotr Pavlenski a d’ailleurs eu comme avocat servant de conseiller pour cette histoire a été Juan Branco, une figure médiatique de la gauche populiste actuelle.

On est là dans les bas-fonds à tous les niveaux, dans la magouille, le contournement de tout débat démocratique. C’est le monde des coups fourrés, des mœurs décadentes de part et d’autres, des manipulations à prétentions machiavéliques. C’est la bourgeoisie décadente, tant de la part de Benjamin Griveaux que de Piotr Pavlenski, un « artiste » russe postmoderne qui est l’exemple même de la stupidité prétentieuse propre à l’art contemporain.

C’est propre à l’ambiance fin de siècle de notre époque, c’est propre à l’effondrement de toute une classe dominante, qui est pétrifiée dans sa domination et ne porte plus rien de civilisé – au point de ne pas savoir faire ne serait-ce que semblant. La suite on la connaît : soit le peuple balaie ces gens et prend le pouvoir… Soit l’extrême-Droite vient « régénérer » la classe dirigeante, en paralysant les gens par le nationalisme et en les mobilisant pour la guerre.

Et la bataille est difficile, car la putréfaction de la classe dominante contamine la société toute entière.

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Décès du cabarettiste Michou, l’ancêtre du style LGBT

Bon enfant, stupide, frivole, sans profondeur : le cabaret de Michou avait tout pour plaire à qui voulait s’encanailler à bon compte, en espérant rencontrer le tout Paris fréquentant assidûment le lieu. Le décès de Michou a donc été prétexte à un nombre important de réactions dignes de Guignol, montrant à quel point le niveau culturel imposé par la bourgeoisie est lamentable.

La bourgeoisie prétend aimer le burlesque ; en réalité, elle aime le grotesque. Michel Catty alias Michou en a été une figure avec son cabaret depuis les années 1960, voyant passer dans le 18e arrondissement de Paris des gens venant s’encanailler devant des spectacles de travestis. L’arrière-plan, bien plus chic, est que c’était un lieu de passage strass et paillettes des plus hauts hommes politiques, des stars du show business, de grands bourgeois psycho-rigides en quête d’émotions.

C’est ici la France de Jean-Pierre Pernaut et de Johnny Halliday, de Jean-Paul Belmondo qui vient connaître le festif de grand bourgeois sablant le champagne de qualité, Michou revendiquant d’en boire deux bouteilles par jour (car « L’eau, c’est fait pour se laver les fesses »).

Le magazine ultra-conservateur Causeurs y est bien entendu aller de son couplet nostalgique :

« Paris a le blues cet après-midi. Michou, c’était le douzième homme de notre sélection nationale, l’ami des Présidents et des stars du chobizenesse (…). Cette vedette représentait quelque chose de léger, d’impalpable, un rêve ancien brouillé par la télévision de Guy Lux, les lumières de la nuit, une sorte de Paris fantasmé des années 60/70, thébaïde des libertés et du divertissement. »

Car la haute bourgeoisie s’ennuie et c’est pourquoi elle a toujours eu ses clubs échangistes, ses boîtes sado-masos, ses réseaux de prostitution chics ou trash, voire pédérastes ou pédophiles. Michou n’était que la version la plus accessible, la plus légère, la plus superficielle, la moins engageante. C’était une caricature et cela suffisait pour faire semblant pour des gens cherchant à faire semblant d’exister.

Le cabaret de Michou fut, concrètement, la véritable avant-garde historique de la scène LGBT à la française, avec sa remise en cause de tout bon goût, de toute culture, de toutes normes. Ce qui a amené la maire de Paris, Anne Hidalgo, à parler de Michou sur Twitter comme ayant été « une immense figure de la tolérance et de la nuit parisienne ».

Car on est pas du tout ici dans une question d’homosexualité ou pas. On est ici dans une mise en scène, dans une négation de toute hétérosexualité ou homosexualité, dans un rejet de toute identité, pour se mettre au service d’un esprit faussement joyeux, d’un goût de la fête entièrement surfait, d’une logique de consommation superficielle.

C’est une mise au service d’une haute bourgeoisie, par ennui, par désœuvrement, pas vide existentiel, s’occupe avec du bruit. La scène LGBT, avec ses revendications ultra-libérales dans les mœurs (et en économie aussi d’ailleurs), n’est qu’une expression moderne d’une fausse fête mise au service du bruit pour occuper les esprits. Il n’y a aucun profondeur, que du vide.

Que l’on compare d’ailleurs le style LGBT avec les romans de Jean Genet, avec les paroles des Communards, avec la démarche rupturiste queer. Quoiqu’on puisse en penser, il n’y a strictement aucun rapport avec la scène LGBT et son pseudo hédonisme identitaire individualiste !

Michou n’a fait qu’anticiper ce qui existe aujourd’hui de manière régulière : la fuite identitaire dans un pseudo abri. Pour les uns, c’est la religion, cette aberration du passé, pour les autres c’est la couleur de peau, la nationalité ou un peuple même fictif, d’autres ne raisonnent qu’en termes de sexualité, etc. De manière plus particulière, Michou a anticipé la niaiserie de l’idéologie LGBT désormais arboré fièrement par absolument tous les principaux pays capitalistes du monde et toutes les grandes entreprises, depuis la CIA jusqu’à Google, de Louis Vuitton à Mercedes.

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Quatre ans après, le problème de la mémoire du 13 novembre 2015

C’est une chose étrange qu’il y ait encore des concerts et des spectacles au Bataclan. Comment se trouver dans un tel endroit sans avoir le cœur serré et être pris d’une angoisse complète ? Mais les Parisiens ont décidé que la vie continuait. Et elle continue donc, sans que ce terrible 13 novembre 2015 ait été oublié. L’événement dramatique est-il cependant pris en compte comme il se doit ? On peut en douter.

Le conseil de Paris vient de décider qu’il va établir un Jardin du souvenir en mémoire des victimes des attentats du 13 novembre 2015, qui avaient fait 131 morts, dont 90 au Bataclan, et 413 blessés. Étaient alors visés des gens auprès du Stade de France, à la terrasse des cafés et dans la salle de concerts même. Quatre ans après, c’est tard. Et la problématique du Bataclan reste entière. Les artistes ne veulent pas y aller, il y a des soucis importants de « rentabilité ».

Il y a un problème de mémoire. Mais on sait que la question est difficile : comment maintenir l’affirmation que la vie continue et se recueillir ? La ville de Paris n’a rien su gérer de tout cela. La raison en est qu’il y a de moins en moins de vrais Parisiens, la ville se vidant de ses habitants historiques avec une mentalité bien particulière. Les bobos, les hédonistes, la grande bourgeoisie et les riches étrangers qui font de Paris leur fief ne comptent en rien transporter quelque chose de culture : ils veulent consommer conformément à leur style de vie.

C’est pourquoi il faut dire les choses ici clairement : la ville de Paris a voulu pratiquement effacer le 13 novembre 2015. Elle a refusé d’intégrer cela à son histoire, afin de ne pas abîmer son image de métropole touristique et financière, économique et politique, culturelle et idéologique. Elle veut un Paris sans histoire et sans rapport avec l’Histoire.

On a ici une profonde contradiction entre l’importance de l’événement, notamment sur le plan du vécu, et l’attitude de la ville de Paris. Et c’est un avertissement. Le capitalisme efface les mémoires, car il a besoin de consommateurs tournés uniquement vers le nouveau. Un Paris cosmopolite rempli de CSP+ ou CSP++ ne peut rien conserver du patrimoine historique de la ville. Les prochaines élections vont d’ailleurs effacer la prétention à ce qu’il y ait une « Gauche » à Paris, alors qu’en réalité il n’y a que des bobos semi-libéraux semi-écolos menant la lutte des places.

Le pire ici serait bien entendu que le Bataclan finisse par fermer ses portes. On aurait alors gâché l’occasion de le sanctuariser dès le départ. Et imaginez qu’il soit vendu et transformé, de manière assez radicale pour satisfaire les nouveaux propriétaires ? Ce serait une honte. Et c’est tout à fait possible, car l’opinion publique démocratique est de plus en plus en train de s’effacer face aux populismes.

Le Bataclan appartient d’ailleurs entièrement à Lagardère Live Entertainment, les deux codirecteurs Jules Frutos et Olivier Poubelle ayant l’année dernière vendus les 30 % de part de la société qu’ils possédaient. Le sort du Bataclan dépend donc d’un monopole. Est-ce normal ? Est-ce au capitalisme de décider ce que ce lieu doit être ? Ou bien ne faut-il pas penser, tout simplement humainement, comme Nicola Sirkis d’Indochine qui ne veut pas s’y produire, que cela doit être « un lieu de respect et de mémoire, un sanctuaire ou un monument ».

Cette dernière option est sans doute la meilleure, d’ailleurs. Y placer une exposition permanente ou quoi que ce soit de ce genre amènerait le même problème du respect du lieu. En faire un monument qui témoigne d’un événement dramatique est le plus juste, le plus conforme à une grande ville, le plus marquant dans une métropole.

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Politique

Municipales: la maire socialiste du 20e arrondissement de Paris rallie LREM

La maire du 20e arrondissement de Paris Frédérique Calandra soutiendra le candidat La République en marche Benjamin Griveaux aux prochaines municipales. Elle avait pourtant été élue dans cet arrondissement encore en partie populaire sous l’étiquette du Parti socialiste et trahit donc son camp en rejoignant la majorité présidentielle. Cet opportunisme est typique d’une démarche bobo, qui a besoin de se donner une image de gauche, mais sans en assumer le contenu.

Frédérique Calandra était déjà brouillée avec la majorité municipale parisienne, bien qu’elle siégeait toujours dans le groupe socialiste au Conseil de Paris. Elle trahira donc ouvertement son camp en mars prochain en étant présente sur une liste concurrente dans son arrondissement, sans même être assurée d’être tête de liste.

Voici donc une bobo qui abandonne son camp, jette par la fenêtre ses convictions pour rejoindre les adversaires de la Gauche. Que cela ait lieu dans ce gros arrondissement de l’est parisien, historiquement très à Gauche avec encore des quartiers populaires importants et notamment des grandes cités HLM, en dit long sur les dégâts que fait toute cette fausse Gauche, véritablement libérale.

Frédérique Calandra fait partie de ces personnalités issues de la Gauche, mais qui rejoignent le centre-droit porté par Emmanuel Macron, au nom du pragmatisme. L’urgence, ou la prétendue urgence de certaines situations, aurait donc plus d’importance que ses propres convictions et les valeurs défendues pendant des années.

Elle se retrouve donc minoritaire dans son propre arrondissement depuis deux ans, car elle aurait du mal à travailler avec la majorité sur des sujets comme les transports, le budget participatif, le « rééquilibrage » en faveur des quartiers populaires du nord-est. Elle parle aussi de « bricolage » sur certains sujets.

Elle y oppose un « pragmatisme », typiquement de droite, qui est d’ailleurs au cœur de la démarche d’Emmanuel Macron. Ce dernier prétend résoudre à la pelle tout un tas de problèmes, que ces prédécesseurs n’auraient pas été capables de résoudre, par « idéologie » ou selon des considérations doctrinaires.

Remarquons que c’est exactement l’inverse de ce que nous disons ici : nous pensons précisément que la Gauche faillit quand elle s’éloigne de ses fondamentaux historiques, du cœur de sa doctrine qu’est le Socialisme !

Tel n’est pas le point de vue de Frédérique Calandra, qui pourtant prétend rester fidèle à ses convictions de gauche. C’est en tous cas ce qu’elle dit dans une longue lettre de quatre pages destinées aux habitants du 20e arrondissement de Paris.

Elle y explique qu’avec Benjamin Griveaux, qui vient aussi du PS :

« nous avons été tous les deux formés au creuset de la gauche républicaine, celle qui sait que la politique doit être forte pour aider les plus faibles ».

L’actuelle majorité parisienne serait donc incapable de défendre ces valeurs de gauche, car « prisonnière de ses alliances (communistes, Génération. s, Verts) ». Il y aurait une « une dérive démagogique, loin des valeurs de la gauche républicaine ». On se demandera bien quelle est sa définition des valeurs de gauche si même Anne Hidalgo semble trop à Gauche pour elle…

Frédérique Calandra rejoint la démarche de tout un tas de personnalité comme Jean-Yves Le Drian, Gérard Collomb ou Christophe Castaner, ayant rallié Emmanuel Macron. Ces gens sont nombreux et prétendent même être encore de gauche, comme ils l’ont affirmé dans une tribune parue dans le JDD hier en appelant à un « pole de gauche » dans la majorité présidentielle.

Cette fois, c’est au nom de l’urgence contre « la vague populiste et démagogique en Europe » qu’il faudrait se tourner vers un contre-populisme de centre-droit, une sorte de populisme également contre « le système », mais depuis l’intérieur !

C’est au nom du « progressisme » que cela a lieu et on aura compris que tous ces gens, à l’image de l’insupportable Jean-Louis Touraine, sont très contents de l’extension de la PMA et poussent pour la GPA.

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Écologie

Extinction Rebellion à Paris ou le retour masqué de «Nuit debout»

Le mouvement Extinction Rebellion a mené des initiatives à Paris, en faveur du climat. Le souci est que ce mouvement est né par en-haut, profitant de centaines de milliers de dollars de dons par de riches mécènes, tout en proposant une lutte en version prêt à porter. Il est vrai que la branche française a une démarche tout à fait différente, strictement équivalente à Nuit debout. Cela change-t-il fondamentalement la substance de la démarche ?

« Un blocage de la place du #Chatelet, du quai de la Megisserie et du pont au Change, avec orchestre live, une disco, des ateliers artistiques, des formations, du yoga, des cuisines collectives, un voilier, des abris pour se protéger de la pluie et un vrai village de tentes ! »

Un tel discours d’Extinction Rebellion en dit long sur la nature de sa « rébellion ». C’est le plan squat du samedi soir du jeune de centre-ville élevé au pinacle de l’interventionnisme politique.

Que le programme d’action prévoit également le nettoyage d’un camp de migrants et on aura tout compris : l’écologie n’est qu’un moyen de recyclage pour les débris de l’esprit Nuit Debout et de ses avatars zadistes ou gilets jaunes.

Dans tous les cas, il y a la même mentalité, qui consiste à dire à la fois à l’État : « fous-nous totalement la paix » et en même temps « fais tout pour nous ». Dans tous les cas, la prédominance du style petit-bourgeois est outrancier et tout est fait par conséquent pour réduire le capitalisme à une oppression virtuelle, pour ne jamais parler ni des ouvriers, ni de la bourgeoisie, ni de l’exploitation.

La conséquence en est le refus de chercher à mobiliser le peuple. Le mouvement Extinction Rebellion assume la grande thèse populiste, qui veut qu’un changement social profond se déroule lorsque 3,5 % de la population s’y implique. Cette thèse anti-démocratique a d’autant plus de succès dans notre pays que les syndicalistes révolutionnaires, il y a un siècle disaient déjà cela.

Enfin, on admettra que les syndicalistes révolutionnaires avaient au moins le mérite de chercher la confrontation avec le capitalisme et ne réduisaient pas la lutte à une sorte de style mi-clown mi-revendicatif.

On pourra toujours prétendre que c’est un premier pas, un engagement. Mais un premier pas à quoi et pourquoi un engagement serait-il forcément positif ? Qui peut croire d’ailleurs que cette révolte scénarisée apportera quoi que ce soit, par exemple, au véganisme ou à la condition animale en général ?

Car s’il est un thème qui ne pardonne pas sur le plan du contenu, c’est bien l’écologie. Et là il n’y a pas de contenu, juste des gens pleurant sur leur avenir, sur le fait qu’ils vont vivre moins bien. C’est la même chose sur ce plan que les gilets jaunes, cela est très clair, c’est une révolte de l’amertume.

L’amertume a bien sûr sa dignité… si on en fait pas un fétiche. Mais là c’est plus qu’un fétiche, c’est du jeu, les gens s’amusent. Le décalage entre leur jeu et leur affirmation que le monde s’effondre est particulièrement frappant. Et glaçant.

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Culture

Nouvelle playlist: «Et j’traîne seul sur Paname»

Voici une nouvelle playlist consistant en des chansons sur « Paname », une ville autrefois populaire en grande partie, riche en culture et en vécu.

Paris est désormais le bastion halluciné au niveau des prix d’une bourgeoisie poseuse et sans âme, cosmopolite et arrogante. Il reste toutefois des poches où lumpen et petit-bourgeois rejoignent quelques couches populaires pour essayer de vivre malgré tout des choses marquantes, souvent sources de cicatrices physiques ou psychologiques, preuve toutefois qu’au moins on a vécu.

La playlist liste est disponible ici en lecture automatique :

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Société

Des familles face aux dealers devant une école de Saint-Denis

Les télévisions ont relayé ces derniers jours l’initiative de parents contre les trafiquants de drogue à Saint-Denis, au nord de Paris. Ce sont surtout des mères de famille qui ont repris avec la rentrée la chaîne humaine qu’elles constituent chaque jour devant l’école de leurs enfants, pour la protéger symboliquement. Le trafic de drogue y est en effet un véritable fléau, qui pourrit littéralement la vie des habitants.

L’intrusion de dealers dans le groupe scolaire l’Ermitage-Balzac-Hugo le 13 mai dernier a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’école est en effet située entre deux « fours », c’est-à-dire des points de vente très fréquentés, pour ainsi dire quasiment des supermarchés de la drogue, ou plutôt des drives où les clients ne font que passer rapidement.

Cela fait déjà des années que la ville de Saint-Denis en Seine-Saint-Denis, le fameux département 93, est ravagée par les trafics de drogue ainsi que tout un tas de comportements anti-sociaux. Le trafic y est tentaculaire, il s’insinue partout comme le rapporte une habitante. La ville est aux portes de Paris, relativement accessible, alors les clients parisiens viennent s’y approvisionner en masse.

Le trafic se fait à ciel ouvert, au vu et su de tout le monde. Les plus jeunes, qui officient en tant que simples guetteurs dont le rôle est de crier « ça passe », disent gagner 80 euros par jour. Ce commerce est complètement ancré dans la vie locale et son tissu économique et social.

Pour autant, il n’y a rien de véritablement organisé et c’est un véritable chaos qui règne dans ces quartiers gangrenés par le trafic et les comportements mafieux, soumis à une concurrence sauvage entre les différents « fours ».

On comprend alors que les familles en ont ras-le-bol, surtout quand le trafic s’insinue dans l’école du quartier, en pleine journée. Les propos du collectif « Coup de balai à Saint-Denis – Bien vivre à Saint-Denis 93 » sont ainsi très dures, mais aussi très justes :

« Nous sommes des parents, enseignants, habitants du quartier Delaunay-Belleville-Sémard à Saint-Denis (93) bien décidés à récupérer notre espace public envahi par la drogue et les dealers et à lutter pour plus d’égalité dans tous les domaines. »

Il faut s’imaginer ici que les gens sont venus chercher leurs enfants à l’école et ont vu la police armée dans l’établissement. Les élèves avaient été confinés dans les classes le 13 mai dernier (selon le même protocole qu’en cas d’alerte attentat), alors que des individus liés au trafic s’étaient introduits dans l’établissement parce que poursuivit par la police.

Trente grammes de résine de cannabis (l’équivalent de 100 euros de marchandise) ont été découverts quelques jours plus tard, alors que ce n’était pas la première fois que de la drogue était retrouvée dans le groupe scolaire.

Il est très intéressant d’écouter ici ce reportage diffusé mardi sur France culture, qui prend le temps de donner la parole aux habitants, y compris aux jeunes liés au trafic :

Le portrait de la ville qui y est dressé est vraiment saisissant. Une telle situation est absolument inacceptable et on se dit que, si cette chaîne humaine est un geste évident de dignité populaire, c’est bien la moindre des choses. Comment ne pas vouloir prendre la fuite, plutôt ? À moins de ne pas pouvoir partir, d’être coincé là…

On ne peut qu’être saisi d’effrois en entendant cette personne rapporter les propos du commissaire, disant que ce n’est pas son problème et que de toutes façons les gens sont complices, eux-mêmes étant consommateurs et peu enclins à aider la police. Quel triste panorama.

Il faut dire ici la faillite terrible du PCF, qui gère cette ville de 111 000 habitants depuis plus de cent ans (hormis quelques années où les maires PCF Jacques Doriot puis Marcel Marschall sont passés sous l’égide fasciste du PPF). Le premier maire SFIO, Gaston Philippe, y a été élu en 1912. C’était un bastion ouvrier, c’est devenu une zone de non-droit.

Il serait trop facile cependant d’incriminer simplement le « 93 ». Si le trafic de drogue existe ainsi dans cette excroissance sombre de la grande métropole capitaliste parisienne qu’est Saint-Denis, c’est parce que la drogue est aussi présente partout ailleurs. Il n’y a pas de trafic à Saint-Denis sans des centaines de milliers de consommateurs à Paris et dans toute l’Île-de-France, comme partout ailleurs dans le pays.

Ce devrait être le rôle de la Gauche, l’un de ses grands combats, que de rejeter fermement la drogue en la combattant culturellement et socialement. Seulement, il faut pour cela accepter d’en finir avec le libéralisme, cette idéologie bourgeoise qui fait qu’on considère que chacun a le droit de faire ce qu’il souhaite, qu’il doit se voir respecté en tant qu’individu, en fait en tant que consommateur.

La véritable Gauche, celle de la classe ouvrière, du mouvement ouvrier, n’accepte pas ce libéralisme. Le combat culturel et social contre la drogue est alors une évidence. C’est une condition indispensable pour reconquérir des endroits comme Saint-Denis, en refaire des bastions populaires, des places fortes de la Gauche en région parisienne.

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Politique

L’affiche de Cédric Villani

Cédric Villani espère pouvoir avoir le soutien de LREM pour être candidat lors des municipales parisiennes. Il a à ce titre produit une affiche, qui est un chef d’oeuvre du genre. C’est tellement caricatural que l’on s’imagine que c’est en réalité une production de l’extrême-droite pour se moquer de lui.

Cédric Villani est un mathématicien connu, car les médias ont raffolé de son style vestimentaire vaguement original accompagnant son haut niveau scientifique, lui-même recevant la médaille Fields en 2010, l’un des deux prix les plus prestigieux dans sa discipline.

Très actif dans les mathématiques, il est passé par la suite en politique : en 2017, il a été élu député LREM de la cinquième circonscription de l’Essonne. Il veut maintenant être maire de Paris. La blague, c’est qu’il a présidé le comité de soutien d’Anne Hidalgo en 2014, lorsque celle-ci a été élue maire !

Cela en dit long sur l’opportunisme de Cédric Villani, et ce d’autant plus quand on voit l’affiche que l’on peut retrouver à Paris. On ne peut pas faire plus parisien – bobo, pour ne pas dire directement désormais : bourgeois dans son style parisien. Paris est devenu en effet surtout une ville de bourgeois d’un côté, de lumpen de l’autre.

Le Yoga, le Macbook, le selfie, les petits bateaux au jardin du Luxembourg… On a tous les clichés de ce qu’est devenu le Parisien et la Parisienne. La seule chose qu’il y a à sauver, c’est le pauvre pigeon en bas à droite de l’affiche, qui à l’instar de ses congénères doit se retrouver bien perdu dans ce panorama d’une bourgeoisie moderniste, hédoniste, branchée, détruisant le monde sans avoir l’air de le faire.

Il est impossible de faire plus niais, plus vide, plus totalement en correspondance avec la bourgeoisie des temps modernes, fière de l’avènement d’une société apolitique et d’un État technocratique, de l’individu-roi et de la démolition de toutes les normes.

L’affiche est exemplaire de cette incapacité bourgeoise à prendre la réalité au sérieux. L’humanité va au-devant des plus grands défis qu’elle ait connu et ces gens-là sont stupidement béats, heureux de vivre en privilégiés dans leur bulle. Et Cédric Villani veut être leur roi, donnant l’exemple de comment un scientifique peut se précipiter dans le confort et la reconnaissance sociale, au lieu d’assumer les exigences rationnelles et sensibles de notre époque.

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Société

Pas de notes de guitare au jardin du Luxembourg à Paris

La capitale est devenue une ville totalement embourgeoisée, où les valeurs populaires parisienne s’évaporent sous les coups d’esprits étriqués à la recherche d’une aseptisation commerciale. Que quelqu’un puisse avoir un PV pour jouer quelques notes de guitare au jardin du Luxembourg est une expression d’une décadence totale.

Voici le récit de Léo qui a reçu un PV pour avoir jouer de la guitare dans les Jardins du Luxembourg à Paris :

« Ce qui devait arriver est arrivé : Hier j’ai été puni comme un délinquant par la loi pour avoir joué de la musique.

Faire de la musique ne devrait pas être un délit.

« C’est bien il ne porte pas ses couilles le jeune homme, c’est une fiotte. Moi je croyais au moins que t’irais au bout du truc pour faire l’intéressant devant tes copains mais même pas. »

La musique adoucit les moeurs disait Platon. J’estime qu’interdire la musique en quelque lieu que ce soit tant qu’elle ne dérange personne relève de l’arbitraire et de l’autoritaire.

Avec un groupe d’amis, nous passions un moment agréable au Jardin du Luxembourg. Ma guitare accompagnait discrètement les conversations.

Un premier agent de sécurité vient nous sommer d’arrêter. Il rejette sèchement nos interrogations : il n’a pas d’explication à nous donner.

Depuis quand, en France, n’est-il pas possible de jouer de la musique dans un lieu public ? À Paris de surcroît, une ville qui revendique sa richesse culturelle ? Alors que les lieux culturels ferment les uns après les autres, jouer de la musique semble relever d’un acte de résistance…

Quelques heures plus tard, un deuxième agent nous rejoint, encore plus méprisant. Il nous explique que « autoriser une guitare c’est autoriser un djembé, puis une trompette, une batterie, et on s’arrête où après ? ». Ridicule. Je lui explique que sans raison valable (plainte de nos voisins de pelouse par exemple), je défendrai ma liberté de jouer et continuerai. Offusqué l’agent dresse alors un procès verbal. Au moment de me le faire signer il tente de m’intimider. Sois disant que si je refusais « je verrai bien ce qui allait m’arriver, mais que ce serait pire ». Pour quelques arpèges.

La situation ayant atteint un niveau d’absurdité indécent, j’accepte et signe. Satisfait, l’agent se gargarise : « C’est bien il ne porte pas ses couilles le jeune homme, c’est une fiotte. Moi je croyais qu’au moins t’irais au bout du truc pour faire l’intéressant devant tes copains mais même pas. » Infantilisation, humiliation, insulte, homophobie…

Outre le comportement excessivement inapproprié des deux agents, me voilà donc sanctionné pour la raison absurde que j’ai « joué dans le jardin du Luxembourg de la guitare sans autorisation spéciale ».

Je suis musicien. Je le suis par passion parce que c’est la chose qui me rend le plus heureux au monde. Je le fais tous les jours à raison de plusieurs heures par jour, et c’est parfois difficile. Mais aujourd’hui, j’ai la chance d’être appelé pour donner des concerts ou composer au service de divers projets et je retire un sentiment et une énergie positive très puissante de ce partage et de cette communion avec autrui. Me faire censurer et punir de la sorte pour avoir voulu partager et répandre gratuitement un peu de bonheur et de vie, a été une expérience violente et très désagréable que je trouve absolument révoltante.

J’ai l’intention de contester ce procès verbal, et j’aimerais que cette histoire ne se reproduise jamais pour personne. »

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Réflexions Vie quotidienne

« …parqués comme des animaux »

Il est 17h, quelques minutes avant le départ du train de banlieue d’une gare parisienne. Il n’y a plus de places assises, les derniers voyageurs remontent le quai à la recherche d’une voiture moins dense, en vain. Un homme, la trentaine, monte dans l’une des premières voiture ; il monte et se faufile dans la voiture à la recherche d’une fauteuil vide ou même d’une marche. Agacé, il sort au bout d’une minute et laisse sortir discrètement ces quelques mots : « …parqués comme des animaux ».

amesoeurs - ruines humaines EP

La réaction est tout simplement typique de toute une partie de la population des banlieues éloignées : toutes ces personnes veulent le calme et la tranquillité, rien ne doit déranger leurs petites vies.

Dans un sens, ces personnes ont raison de ne pas trouver normal que les trains soient toujours remplis à certaines heures, sans que la SCNF ne prévoit d’augmenter les capacités du réseau. Seulement, la comparaison avec les animaux témoigne de leur mentalité petit-bourgeoise étriquée. N’importe qui d’un minimum rationnel trouvera cette réaction absurde : un homme de trente, quarante ans, qui n’a visiblement aucun problème moteur peut bien rester debout vingt à trente minutes jusqu’à la première gare où descendront beaucoup de voyageurs. Sans parler de la densité de voyageurs qui n’a tout simplement rien à voir avec celle de certaines lignes du métro parisien aux heures de pointe. Mais il faut exagérer, s’imaginer vivre un enfer pour se donner l’impression d’exister.

On se retrouve ainsi avec des personnes fuyant la vie parisienne pour une vie plus calme en banlieue et qui sont incapables de raisonner en terme de société. Le repli individuel l’a emporté. L’illusion de s’être protégé de la folie des grandes villes, sans aucune remise en cause de tout une organisation de territoire ;  aucun début de critique du mode de production capitaliste.

Ces gens veulent le calme, pour eux. Pétris de libéralisme mais sans les moyens de le vivre à fond, ils sont obligés de s’inventer une vie.

Il y aurait Paris, la mégapole tentaculaire, sa proche banlieue chic ou lumpenprolétaire et au-delà, des zones habitables. Des endroits sans trop de vague. La petite vie de personne s’éloignant de Paris pour gagner quelques mètres carrés et gagner en « qualité de vie ».

Il faut pourtant être aveugle pour ne pas voir que l’Île-de-France est complètement écrasée par Paris. À tel point que les départements limitrophes en font de plus en plus les frais ces dernières années : les villes sur des lignes de TER vers Chartres, Amiens, Compiègne, Montargis ou encore Château-Thierry voient arriver des personnes qui viennent d’Île-de-France et travaillent sur Paris.

Les personnes qui vivraient un enfer parce qu’elles n’ont pas de place assise dans un train sont incapables de proposer quoi que ce soit. Elles ne cherchent qu’à maintenir leurs illusions, qui commencent avec le train : l’image du départ d’une grande gare, voire Paris et sa proche banlieue disparaître avant d’arriver au vrai pays. Cette mentalité convient très bien à la SNCF et la bourgeoisie française : ces personnes ne remettront jamais en cause ni l’urbanisation forcenée du territoire, ni l’absence de tout plan concernant les trajets travail-domicile.

Regio 2N

Le rêve petit-bourgeois d’un capitalisme à visage humain, d’une concurrence loyale, d’une industrie soucieuse du bien-être des humains et de l’écologie est une aberration. Le mythe pouvait vaguement tenir il y a encore vingt ans, mais aujourd’hui… La comparaison indécente avec les animaux témoigne bien de cette dimension irrationnelle. En 2019, comparer un train avec quelques personnes debout à un train transportant des animaux à l’abattoir est tout simplement abject. Il faut être totalement corrompu pour se permettre ce genre de remarques – témoins de la décadence d’une époque.

Il y a pourtant énormément de choses à redire sur l’organisation des transports dans les grandes villes, tout particulièrement en Île-de-France. Mais sans une approche démocratique, on n’aboutit qu’à entretenir un mirage petit-bourgeois qui s’efface de plus, en plus et on termine chez les gilets jaunes.

Le compromis est très clair : plutôt 45 minutes de train, pas trop rempli en situation normale, que 30 minutes dans le métro parisien en heure de pointe. Peu importe que les toilettes soient supprimées dans les nouveaux trains, peu importe les retards récurrents, tant que globalement, cela tient. Parce que la plupart des personnes font avec.

Toutes les critiques d’hystériques qui expliquent que « ça va péter » font le jeu de la SNCF : ils soutiennent indirectement celle-ci avec leurs discours à côté de la plaque. Elle peut ensuite apparaître comme une entité raisonnable qui prend en compte les avis des ses clients.

Gare de la Ferté sous Jouarre

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Société

L’évolution du métro parisien en vidéo

Le métro parisien est un réseau de transport très efficace, de part son maillage très dense. Cette vidéo très sympathique de la chaîne Le Ferrovipathe en montre l’évolution depuis 1900, de manière très visuelle.

On aurait pu croire que le métro parisien était quelque chose de figé, qui se serait agencé par couches successives immuables, s’additionnant simplement. Il est impressionnant de se rendre compte, au contraire, à quel point la plupart des lignes ont elles-mêmes évolué dans le tracé, se sont adaptées, réformées, ont utilisé ici le tunnel d’une autre ligne, là fait un itinéraire bis, etc.

Petit à petit, tous les quartiers ont été desservis. Le réseau a passé un cap quand il a été unifié sous l’égide la RATP, formant une seule et même structure cohérente. La ligne 1, la première, est toujours la plus empruntée, avec ses grandes rames qui sont maintenant automatiques. Il a été estimé que pour l’année 2010, la ligne a été empruntée par 207 millions de voyageurs avec jusqu’à 750 000 personnes par jour. Tout ce trafic n’est cependant possible que parce que la ligne est reliée à une multitude d’autres lignes, elle-mêmes reliées aux autres.

On a ainsi une organisation très complexe, visant l’efficacité, pour transporter énormément de voyageurs le plus vite possible à travers Paris intra-muros. Mais justement, dès que l’on passe cette barrière symbolique du périphérique, ce schéma n’est plus le même. Être en bout de ligne, à un terminus en banlieue, n’ a rien à voir avec le fait de pouvoir profiter du métro dans Paris même. Dans certaines situations comme pour la Ligne 13 dans sa partie nord, c’est même un véritable enfer pour les gens qui l’empruntent quotidiennement.

A contrario du réseau parisien, il faut penser également à cette actualité du projet de métro du « grand Paris », qui s’avère être une entreprise très difficile, maintes fois retardée. Le problème est justement qu’il n’y a pas cette densité parisienne, parce que la ville s’est étalée autour de la capitale de manière anarchique, en considérant uniquement des intérêts individuels et, c’est lié, le déplacement en automobile.

Il n’y a pas la possibilité de faire quelque-chose de satisfaisant, d’efficace pour aller partout rapidement. Cette carte, reflétant le projet le plus aboutit de ce « Grand Paris Express », montre à quel point cela n’a rien à voir avec le métro parisien et son maillage dense, mais n’est qu’une sorte de RER amélioré faisant un périphérique en transport en commun (et pour relier la capitale aux aéroports).

Évoquons pour finir l’excellent jeu sur téléphone portable mini métro, qui restitue tout à fait l’évolution du métro de Paris. On a des cartes de grandes villes (dont Paris) à compléter au fur et à mesure qu’apparaissent de nouvelles stations, et tout l’enjeu est de savoir faire évoluer son réseau. Comme pour le vrai métro parisien, la clef est de savoir articuler des changements quantitatifs (nouvelles lignes, nouveaux tunnels, nouvelles rames) avec des changements qualitatifs, c’est-à-dire dans la nature même du réseau, son organisation générale, qui nécessite donc des changements dans le tracé des lignes elle-mêmes.

Les habitués du réseau parisien pourront également s’amuser avec cet autre jeu sympathique, sur ordinateur ou en application portable, qui permet de conduire des rames du métro parisien de manière très réaliste : Paris métro simulator !

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Politique

Le pourrissement du mouvement des gilets jaunes

La mobilisation des gilets jaunes ce samedi 1er décembre a été marquée par de la casse et des scènes de violence contre la Police à Paris et dans plusieurs villes. Il y a eu en tout plus de 300 arrestations et une centaine de blessés rien qu’à Paris, dont 14 du côté des forces de l’ordre qui ont souvent servit de défouloirs. Cette journée montre un pourrissement du mouvement des gilets jaunes.

Le graffiti sur l’Arc de triomphe, « les gilets jaunes triompheront », est sans aucun doute l’élément le plus marquant symboliquement de ce troisième week-end de révolte des gilets jaunes. Car on est là à la fois dans la mythomanie et dans le substitutisme.

Mythomanie, car les gilets jaunes ne peuvent pas triompher, étant un mouvement informe, porté socialement par des artisans, commerçants, indépendants, sans autre horizon politique que le populisme et la démagogie fasciste. Substitutisme, car plus il y a radicalisation en apparence des excités de la petite-bourgeoisie, moins il y a de monde en réalité.

Jean-Luc Mélenchon peut bien s’imaginer qu’il y a une « révolution populaire » et que « les gens ne baissent pas en détermination», on est passé en trois week-ends de 300 000 manifestants à un peu plus de 100 000, puis 80 000 hier.

Aux abords des Champs-Élysées à Paris, cela donnait quelques milliers de personnes, dont un bon millier là pour le folklore d’une casse stérile et médiatique. Un théâtre qui s’est ensuite développé place de l’Opéra, avenue Kléber, avenue Foch, rue de Rivoli, avenue de la Grande Armée, avenue d’Iéna, avenue Raymond Poincaré, boulevard Haussman, avec le traditionnel incendie de voitures, les vitres de banques brisées, les CRS harcelés, etc.

À ce spectacle se sont greffées quelques centaines de pilleurs organisés et équipés pour se servir opportunément, le tout sous l’œil racoleur des caméras des chaînes d’information pendant qu’en plateaux les journalistes et les invités commentaient avec la posture de l’offuscation.

L’inconsistance de la démarche s’est illustrée de manière dramatique avec ce jeune homme participant à l’arrachage de l’immense portail d’entrée du Jardin des Tuileries, puis s’en retournant soudain comme si de rien, avant que le portail ne lui écrase la tête en s’effondrant.

L’absence de policiers et de pompiers étaient bien souvent de rigueur, comme il se doit, à Paris comme ailleurs. Le gouvernement est très éduqué et il sait que la société française est grandement endormie, que la France profonde n’aime pas les troubles.

Aussi, si les gens qui cassent s’imaginent que la France, l’une de plus grandes puissances capitalistes du monde, en a quelque chose à faire de leurs actions infantiles, c’est que leur naïveté est aussi développée que la vanité de leurs actions. Tablons plutôt pour expliquer leur démarche sur la mauvaise foi, ainsi que sur une très large influence du mélange altermondialisme – populisme nationaliste – complotisme d’extrême-gauche – activisme d’extrême-droite.

Si la capitale a regroupé bon nombre de ces « séditieux », comme les nomme le ministre de l’Intérieur qui n’exclut pas d’avoir recours à l’état d’urgence, l’agitation et la casse ont concerné de nombreuses villes en France comme Tours, Marseille ou Toulouse.

Les slogans des gilets jaunes pénétrant puis incendiant la préfecture du Puy-en-Velay en Haute-Loire synthétisent parfaitement l’état d’esprit des gilets jaunes : « Macron démission » et « on est chez nous ».

On n’en a pas fini avec les dégâts sur le plan des valeurs qu’ils auront causé, avec leur culte du spontanéisme, du rejet de la politique, de l’intervention individuelle « rentre-dedans » comme solution aux problèmes économiques. Dans leur définition même, les gilets jaunes sont le vecteur du refus catégorique, formel, sans appel, de toute critique du capitalisme et de la bourgeoisie.

C’est un écho direct de la posture ultra-populiste de Marine Le Pen lors du débat du second tour des présidentielles, de la « fachosphère » sur internet avec un site comme « F de souche » qui n’a jamais rien produit malgré une surface immense, de l’activisme débridé des regroupements d’extrême-droite comme le « bastion social » à Lyon. C’est le reflet d’un capitalisme de plus en plus pourri, faisant des gens des individualistes forcenés, nihilistes sur le plan philosophique, anti-démocratique dans leur vision du monde.

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Réflexions

« La vie la pute »

Paris est un endroit parfois incontournable l’été, c’est après tout une grande ville pleine d’histoire, c’est aussi notre héritage fascinant, malgré toute la répulsion que l’on peut éprouver en pensant à quel point c’est désormais surtout la forteresse des nantis et d’une liste sans fin de prétendus intellectuels et artistes à leur service.

On regarde les rues en flânant et on se dit : quelle beauté, quel gâchis, quelle culture, quelle corruption, quel confort, les idées se chamboulent dans notre tête ! Et alors qu’on se dit que pour changer le pays, il faudra bien virer la moitié des Parisiens pour les remplacer par des gens du peuple, on peut, au détour d’une rue, être parfois frappé du fait que malgré les arrivages massifs de gens toujours plus aisés défigurant les rues, il reste des aspects populaires saisissants.

C’est par exemple une impression marquante, lors d’une simple ballade dans le centre, que de tomber début juillet sur la pittoresque manifestation hindoue consistant à tirer un grand char. Parmi les quelques centaines de personnes, surtout du Sri Lanka et façonnant de magasins et de restaurants une des rues longeant la gare du Nord, on retrouvait les Hare Krishna à l’origine de cette marche.

Il y a la recherche d’une joie qui ne peut laisser indifférent, quoiqu’on pense de tout ce folklore religieux et de son obscurantisme intellectuel. Ce n’est pas une vaine agitation, l’ambiance est colorée et pacifique, l’esprit vivifiant de l’Inde n’est pas loin et après tout, ne célèbre-t-on pas ici le végétarisme aussi ? Certains végans curieux, attentionnés et critiques, ne s’y trompent pas et on en trouve quelques uns, reconnaissables à leurs t-shirts témoignant de leur liaison avec la culture musicale du punk hardcore straight edge.

On trouvait d’ailleurs aussi quelqu’un à l’apparence pas forcément engageante, pour ne pas dire peut-être patibulaire sans vouloir l’offenser, avec un t-shirt des Cro-mags, ce groupe de musique lié à la culture Hare Krishna connu pour son album fondateur d’un certain hardcore agressif et abrasif propre à la ville de New York, The Age of Quarrel, en 1986. C’est la repentance suite à l’ultra-violence, comme l’a connu aussi « Petit Willy », un skin fameux pour sa brutalité fanatique dans les années 1980 à Paris avec le groupe nazi des « JNR » et qui vénère désormais en toute paix Krishna dans un monastère de Rouen.

Les cro-mags

La marche non forcée pour tirer le grand char finit par aboutir une centaine de mètres plus loin, place du Châtelet, où de nombreux stands étaient présents pour vendre diverses babioles alors qu’un rond et jovial animateur – coiffé et habillé comme Elvis Presley dans les années 1970 malgré une chaleur de plomb – mettait de l’ambiance pour annoncer de petits spectacles de danse et vanter le culte de Krishna.

Puis il y eut comme une apparition parmi ces gens formant, si l’on veut, un attroupement bigarré et connaissant malgré tout une certaine forme de communion. Il s’agit d’une femme, très clairement parisienne de par son style, avec cet air pincé que l’on sait. Ce qui était inscrit sur son t-shirt tranchait entièrement avec son environnement ; c’était une formule lapidaire, agressive comme savent en concocter les ambitieux cherchant à rendre à la mode leur production streetwear. On lisait ainsi, simplement mais avec une surprise dégoûtée, ce slogan allant droit au but : « La vie la pute ».

Cela relève de ces moments où toute l’absence de délicatesse de la vie en métropole nous prend à la gorge. Le cynisme s’affichant dans Paris est effrayant, effroyable, cependant là il n’a pas fait que se montrer, il s’est également présenté. Bonjour, je suis le fait de ne croire en rien, bonjour, je suis le fait de considérer mon petit moi comme unique et seul au monde, bonjour, je suis l’amertume.

Et cette présentation malsaine continuait inlassablement de se marteler après cette vision : bonjour, je suis l’âpreté, bonjour, je suis la rancœur, bonjour, je suis le ressentiment, bonjour, je suis le dépit, bonjour, je suis l’âcreté.

Et ce bonjour empoignait jusqu’à l’angoisse toute considération avant, heureusement, de s’en aller bien pensif de cet endroit.

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Culture

Les yeux des pauvres – Charles Baudelaire

Ah ! vous voulez savoir pourquoi je vous hais aujourd’hui. Il vous sera sans doute moins facile de le comprendre qu’à moi de vous l’expliquer ; car vous êtes, je crois, le plus bel exemple d’imperméabilité féminine qui se puisse rencontrer.

Nous avions passé ensemble une longue journée qui m’avait paru courte. Nous nous étions bien promis que toutes nos pensées nous seraient communes à l’un et à l’autre, et que nos deux âmes désormais n’en feraient plus qu’une ; — un rêve qui n’a rien d’original, après tout, si ce n’est que, rêvé par tous les hommes, il n’a été réalisé par aucun.

Le soir, un peu fatiguée, vous voulûtes vous asseoir devant un café neuf qui formait le coin d’un boulevard neuf, encore tout plein de gravois et montrant déjà glorieusement ses splendeurs inachevées.

Le café étincelait. Le gaz lui-même y déployait toute l’ardeur d’un début, et éclairait de toutes ses forces les murs aveuglants de blancheur, les nappes éblouissantes des miroirs, les ors des baguettes et des corniches, les pages aux joues rebondies traînés par les chiens en laisse, les dames riant au faucon perché sur leur poing, les nymphes et les déesses portant sur leur tête des fruits, des pâtés et du gibier, les Hébés et les Ganymèdes présentant à bras tendu la petite amphore à bavaroises ou l’obélisque bicolore des glaces panachées ; toute l’histoire et toute la mythologie mises au service de la goinfrerie.

Droit devant nous, sur la chaussée, était planté un brave homme d’une quarantaine d’années, au visage fatigué, à la barbe grisonnante, tenant d’une main un petit garçon et portant sur l’autre bras un petit être trop faible pour marcher. Il remplissait l’office de bonne et faisait prendre à ses enfants l’air du soir. Tous en guenilles.

Ces trois visages étaient extraordinairement sérieux, et ces six yeux contemplaient fixement le café nouveau avec une admiration égale, mais nuancée diversement par l’âge.

Les yeux du père disaient :

« Que c’est beau ! que c’est beau ! on dirait que tout l’or du pauvre monde est venu se porter sur ces murs. »

— Les yeux du petit garçon :

« Que c’est beau ! que c’est beau ! mais c’est une maison où peuvent seuls entrer les gens qui ne sont pas comme nous. »

— Quant aux yeux du plus petit, ils étaient trop fascinés pour exprimer autre chose qu’une joie stupide et profonde.

Les chansonniers disent que le plaisir rend l’âme bonne et amollit le cœur. La chanson avait raison ce soir-là, relativement à moi. Non-seulement j’étais attendri par cette famille d’yeux, mais je me sentais un peu honteux de nos verres et de nos carafes, plus grands que notre soif.

Je tournais mes regards vers les vôtres, cher amour, pour y lire ma pensée ; je plongeais dans vos yeux si beaux et si bizarrement doux, dans vos yeux verts, habités par le Caprice et inspirés par la Lune, quand vous me dites :

« Ces gens-là me sont insupportables avec leurs yeux ouverts comme des portes cochères ! Ne pourriez-vous pas prier le maître du café de les éloigner d’ici ? »

Tant il est difficile de s’entendre, mon cher ange, et tant la pensée est incommunicable, même entre gens qui s’aiment !

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Réflexions

Un manque de suite dans les idées dans le métro parisien

Les Français manquent de suite dans les idées : c’est un constat simple, mais qui semble si vrai dans les petits détails. La dernière fois, à Paris, sur une de ces lignes du centre-ville, une femme encore jeune, habillée de manière si ce n’est cossue au moins chic, s’aperçoit qu’elle devrait descendre.

Elle le fait tardivement ; elle avance, elle recule, elle tergiverse, elle ajourne son élan,

Enfin, la sonnerie retentit, les portes se ferment ou quasiment et elle, consciente de cela, passe tout de même ou du moins, tente seulement bien sûr de passer, pour s’encastrer dans les battants se fermant. Tout cela devant les yeux de contrôleurs présents juste à côté d’elle.

Un abîme de perplexité sur le visage de ceux-ci. Une attitude humaine, avec cet air gêné, qui veut éviter la moquerie mais s’aperçoit du caractère pittoresque de la scène, presque burlesque même avec les mimiques de la femme.

Puis, il y a les réactions. « La sonnerie a retenti » dit l’un, alors que l’autre a écarté les portes pour l’aider à s’extraire. La femme descend, titube en faisant quelques pas en ayant l’air de dire qu’en fait elle n’aurait pas dû descendre. Elle fait mine de remonter, alors que la sonnerie retentit de nouveau ; elle fit finalement un geste de la main qui semble vouloir dire : « tant pis ! ».

Faut-il ici se demander si dans un pays du Nord, plus policé dans ses mœurs, les contrôleurs l’eurent vertement enguirlandé, ou bien si la femme en question n’eut pas l’idée d’une telle aberration ? C’est que les Français n’ont pas de suite dans les idées. Adeptes de l’immédiatisme, ils se précipitent. Si je le pense, c’est que je le suis !

C’est comme, une chose unique à voir quand on y pense, ces Parisiens commençant à courir dans le métro, alors que la sonnerie du métro retentit et qu’ils sont loin : en haut d’un escalier, voire dans un couloir, à trente mètres, où la dite sonnerie résonne.

On se dit alors : c’est trop tard, on l’a raté. Mais comme il n’y a pas de suite dans les idées, c’est la fuite en avant. Ou bien est-ce un manque d’esprit d’à propos ?

Autre fait, plus grave, plus écœurant aussi : cette manière de laver, ou plus précisément de ne pas laver les barres métalliques plantées dans les rames de métro et servant à se tenir. Avez-vous déjà assisté à un lavage d’une de ces barres ? C’est très français.

Arrive en effet un pauvre hère, mal payé, qui très visiblement vit mal son travail. Il prend une sorte de chiffon d’une couleur indescriptible, voire non identifiable. Il le fait passer sur la barre de bas en haut. Aucun produit n’a été utilisé pour rendre utile la démarche.

Puis, il passe à la barre métallique se situant juste à côté de la première, à une cinquantaine de centimètres peut-être. Il conserve le même chiffon, faisant exactement les mêmes mouvements, avec toujours comme l’âme paralysée, l’esprit ankylosé.

Il faut se figurer ce que cela signifie. Le chiffon sale se voit ajouté de la saleté, servant de grand intermédiaire de la saleté se projetant de barre en barre, acquérant la propriété quasi magique de projeter son contenu de part en part, participant à l’essaim des saletés s’éparpillant de manière exponentielle dans toutes les rames !

Serait-ce là une allégorie de cette léthargie qui se répand, se propage, s’empare des Parisiens, les endormant au point qu’ils ne voient plus le rythme oppressant, l’aliénation sous-jacente à la « vie » dans une grande ville ? Qui les prive de cette suite dans les idées qui, après tout, est tout de même la base de toute orientation correcte dans la réalité ?