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Culture

Ce que révèle la statue de Taras Chevtchenko sur le pseudo Holodomor

Les choses sont tout de même claires.

Traitant de l’actualité de la guerre en Ukraine, Le Figaro a a publié me 27 mars 2022 l’article À Kharkiv, des barricades de sable pour sauver la statue du poète Chevtchenko des obus. On y apprend que :

« Pétrie de culture et d’histoire, la deuxième ville d’Ukraine tient à protéger ses monuments «dressés en l’honneur de ceux qui ont fait la gloire de la ville». Parmi eux, la sculpture du poète Taras Chevtchenko, principale figure du patriotisme ukrainien du XIXe siècle. »

Les monuments sont protégés par des sacs de sable, notamment celui considéré comme le plus important.

« La plus importante d’entre elles trône au cœur du centre-ville, dans un vaste parc aux arbres centenaires: menton en avant et l’allure conquérante, le poète Taras Chevtchenko est la principale figure du patriotisme ukrainien du XIXe siècle. Depuis l’indépendance du pays en 1991 avec l’effondrement de l’Union soviétique, pas une ville ukrainienne qui n’ait son avenue ou sa place Chevtchenko, également nom de la plus grande université ukrainienne à Kiev. »

Taras Chevtchenko est effectivement la principale figure ukrainienne et l’un des plus grands symboles de la nation ukrainienne, c’est la chanson Rugit, gémit le vaste Dniepr. Seulement, on lit quelque chose d’assez marquant sous la photographie en illustration, à savoir une précision d’ailleurs reprise dans l’article. La statue a été érigée en 1935.

1935 ? Mais pourtant, l’idéologie nationaliste – fasciste ukrainienne, selon la conception élaborée dans les universités américaines durant les années 1980, affirme que les Russes ont voulu génocider la nation ukrainienne au début des années 1930. Pourquoi alors la Russie aurait-elle accepté la mise en valeur de la plus grande figure culturelle ukrainienne, qui est en même temps la grande figure historique de l’opposition nationale ukrainienne à la Russie tsariste?

Pourquoi une Russie qui aurait voulu génocider l’Ukraine comme nation aurait-elle accepté que Kharkiv mette en valeur celui qui a affronté la répression tsariste pour avoir rejeté justement la négation chauvine grand-russe de la nation ukrainienne? Et quand on parle de Kharkiv, il y a également un monument à Kiev érigé en 1939.

Si l’on ajoute à cela que c’est l’URSS qui a reconnu la nation ukrainienne, a développé sa littérature et sa presse (la langue ukrainienne étant bannie sous le tsarisme), alors on voit que la fiction de l’holodomor, d’un génocide russe des Ukrainiens, ne tient pas du tout debout.

C’est une fiction inventée pour permettre à une idéologie ultra-nationaliste ukrainienne de servir de fer de lance anti-russe, à rebours de toute l’histoire ukrainienne, d’où que le bastion de ce nationalisme – nihilisme se situe tout à l’Ouest, dans une zone historiquement occupée l’Autriche puis la Pologne (c’est la fameuse Galicie).

On se rappellera ici également que le président russe Vladimir Poutine a écrit un long article expliquant que justement, l’Ukraine était une invention bolchevique. Comme lui prolonge l’idéologie tsariste sur ce point, il est obligé de rejeter la connaissance nationale ukrainienne.

L’Ukraine est bien mal partie entre d’un côté les nationalistes délirants alliés aux pro-occidentaux voulant une Ukraine fictive, et de l’autre le chauvinisme grand-russe voulant une Ukraine asservie comme « sous-produit » de la nation russe.

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Guerre

L’ambassadeur de Russie en France convoqué

La France ne compte pas se laisser « troller ».

Le ministère russe des Affaires étrangères a une pratique systématique sur les comptes Twitter de ses ambassades dans les pays anglo-saxons : celle de « troller », c’est-à-dire de se moquer agressivement, de provoquer, d’agresser verbalement, avec plus ou moins de mauvaise foi, dans un mélange d’anti « impérialisme » et d’affirmation impériale russe.

Cette démarche a toujours été évité en France, car il a toujours été considéré par la Russie, cela a déjà été souligné ici, que la France est « correcte » malgré qu’elle soit dans le camp occidental, qu’au fond elle peut être un partenaire, etc. Alors que l’élection présidentielle se profile en France, l’ambassade russe en France a pour la première fois modifié cette situation en se lançant dans une provocation, à quoi le ministre français des Affaires étrangères a immédiatement répondu en convoquant l’ambassadeur russe, Alexeï Mechkov.

Emmanuel Macron lui-même a pris la parole à ce sujet, disant :

« Ces publications sont inacceptables et le ministère des affaires étrangères a fait savoir cela à l’ambassadeur de Russie. C’était une faute, elle a été corrigée et j’espère qu’elle ne se reproduira pas, je ne l’espère pas, nous l’avons exigé. »

Voici ces deux caricatures, que le ministère russe des Affaires étrangères a sciemment choisi comme mal dessinées, grossières, en langue anglaise qui plus est. Quand on sait que la Russie est historiquement un des plus hauts lieux de la diplomatie, on comprend la provocation.

Sur la première caricature, « La solidarité européenne comme elle est », on voit des individus représentant des pays dont les langues se confondent pour lécher le derrière de l’Oncle Sam.

Sur la seconde caricature, on a deux personnages, « Dr. Empire of the Lies » (Docteur l’Empire des mensonges) et Dr. Euroreich en train d’utiliser des seringues (Covid-19, Russophobie, OTAN, sanctions, néo-nazisme, cancel culture) pour piquer l’Europe.

En ce qui concerne le Covid-19, il faut savoir que les médias russes désormais interdits (RT et Spoutnik), ainsi que les multiples « influenceurs » pro-russes sur Twitter, sont partis à fond dans le soutien aux opposants à la vaccination.

Tout cela est moche et ridicule, et une insulte ouverte au rapport diplomatique avec la France, qui a donc réagi immédiatement. Mais c’est surtout un avertissement. Si la France continue de s’aligner unilatéralement (ou quasiment) sur l’OTAN dans le cadre de la guerre en Ukraine, alors la Russie se lancera dans des tentatives de propagande – déstabilisation de même proportion que dans les pays anglo-saxons.

Cette affaire a lieu alors que d’un côté la France a envoyé dans les océans trois de ses sous-marins lanceurs de missiles nucléaires (normalement il y en a un au moins un sur les quatre de ce type), ce qui relève de l’escalade militaire, et en même temps ne pousse pas certaines entreprises françaises à quitter la Russie, ce qui relève d’une tentative d’accord avec la Russie.

C’est exemplaire des contradictions toujours plus grandes entre les grandes puissances et au sein des factions bourgeoises au sein de ces puissances. Le chancelier autrichien Karl Nehammer et le ministre allemand de l’énergie Robert Habeck ont d’ailleurs déclaré que paiement en roubles illégal contractuellement ou pas, il serait hors de question de se passer de l’énergie russe à court terme.

Et ce n’est qu’un début d’un jeu incessant de contradictions internes, produisant le fascisme à l’intérieur, le bellicisme pour le repartage du monde à l’extérieur…

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Guerre

L’Ukraine prononce l’état d’urgence alors que le Donbass séparatiste en appelle militairement à la Russie

Le contexte de guerre directe a été posé.

Un char des troupes séparatistes avec un drapeau de la « Nouvelle Russie »

Le 23 février 2022 a été un jour historique de par l’ampleur de l’horreur militariste. Ce jour-là, en effet, l’Ukraine s’est retrouvée au pied du mur. et pas simplement en raison d’une cyber attaque de grande ampleur faisant tomber des sites gouvernementaux. Tout est désormais très clair et le régime ukrainien, qui explique depuis des mois qu’il n’y a pas de menace d’invasion russe, a mis un terme à cette position.

La raison est que les « républiques populaires » de Donetzk et de Louhansk ont appelé la Russie au secours face à l’armée ukrainienne, et exigé que l’Ukraine se retire de l’ensemble du Donbass que ces « républiques populaires » revendiquent dans leur intégralité. Comme la veille, la Russie a expliqué qu’elle reconnaissant l’ensemble du Donbass comme leurs territoires, personne ne pouvait plus être dupe de ce que cela impliquait.

Si l’on ajoute à cela que l’armée russe a fait couper tous les téléphones portables de ses soldats, que les soldats ukrainiens ont reçu un texto expliquant que la Russie interviendrait dans le Donbass et qu’ils devaient s’enfuir pendant qu’ils le peuvent encore… Que les « républiques populaires » mobilisent absolument tous les hommes de 15 à 55 ans… Ce dernier point étant important, car cela expliquerait pourquoi l’armée russe considère pouvoir attaquer avec un nombre « insuffisant » de soldats : la mobilisation générale du Donbass séparatiste servira numériquement pour occuper les espaces conquis alors que l’armée russe elle-même avance.

Un char des troupes séparatistes avec un drapeau de la « république populaire de Donetzk » muni de son emblème

On a ici une logique implacable se présentant dans sa pure nudité. On a alors le régime ukrainien qui a instauré le même jour l’état d’urgence dans tout le pays dans la foulée, en expliquant qu’il y a 200 000 soldats russes aux frontières (c’est ici une addition des armées russes et de celles des « républiques populaires »). Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a même dit qu’il a appelé le président russe Vladimir Poutine, mais que ce dernier n’a pas répondu.

Il a expliqué cela tard dans la soirée, dans une vidéo de six minutes où il s’adresse en russe, sa langue natale, au peuple russe, l’appelant à ne pas soutenir l’entreprise de guerre.

C’est intéressant, parce qu’il est fait état de multiples scandales de la part de ministres ukrainiens, ainsi que de Volodymyr Zelensky, à l’encontre des médias occidentaux, accusés d’en faire trop sur la menace russe. Pour dire même, tous les commentateurs et experts s’intéressant à la question ukrainienne de manière poussée sont hallucinés de la manière avec laquelle l’Ukraine a réagi jusqu’à présent, qualifiant l’initiative russe de gigantesque bluff. Cela était vrai encore le 22 février 2022, et même encore en partie le 23 février lui-même avec la rumeur d’une réunion de Volodymyr Zelensky et de généraux avec les cinquante plus grandes fortunes d’Ukraine, pour leur expliquer qu’il ne se passerait rien.

Un char des troupes séparatistes avec un drapeau de la Russie

Certains ont dit que cette position officielle ukrainienne n’était pas pour répandre la panique dans le pays, un pays pauvre et corrompu, méprisé par le peuple, sans assises réelles pour parvenir à une mobilisation générale sans de très lourdes conséquences. D’autres, que le régime ukrainien ne cerne pas les enjeux de ce qui se passe. Quoiqu’il en soit désormais les tambours de la guerre ont modifié la donne le 23 février 2022.

On a aussi le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a en catastrophe participé à une initiative américaine et albanaise pour en appeler au Conseil de sécurité de l’ONU. La présence russe fait que cela échouera, mais il peut alors y avoir un passage devant l’Assemblée générale de l’ONU, dont les résolutions ne sont pas contraignantes mais du moins symboliques.

Un char des troupes séparatistes avec un drapeau de la « république populaire de Donetzk » muni de son emblème

Dans ce contexte, même la France, qui pourtant évitait jusqu’à présent d’en faire trop au nom de sa « mission diplomatique » pour empêcher la guerre, a cédé. Le ministère français des Affaires étrangères a placé l’Ukraine sur liste rouge, arguant que :

« Dans le contexte des vives tensions créées par la concentration de troupes russes aux frontières de l’Ukraine, par la décision russe de reconnaître l’indépendance des provinces de Donetsk et de Lougansk et compte-tenu de la mise en place de l’état d’urgence décidée ce jour par le Parlement ukrainien, les ressortissants français se trouvant en Ukraine doivent quitter sans délai ce pays. »

Les Etats-Unis ont quant à eux rétabli leur ambassade à Lviv, tout à l’ouest du pays, mais les diplomates vont par contre dormir en Pologne voisine. Ce qui veut tout dire : la guerre arrive, la question est simplement de savoir quel degré du pays elle va concerner.

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Guerre

L’Ukraine face au Donbass séparatiste en expansion

La Russie a mis en place le vecteur militaire de sa politique.

Pour comprendre où nous en sommes dans le conflit ukrainien, il faut bien cerner un aspect essentiel. Lors de son allocution télévisée du 21 février 2022, le président russe Vladimir Poutine a terminé par les mots suivants :

« Nous voulons que ceux qui ont pris le pouvoir et le gardent à Kiev cessent immédiatement les hostilités. Autrement, la responsabilité pour la continuation du bain de sang reposera entièrement sur la conscience du régime en place en Ukraine.

Alors que j’annonce les décisions [de reconnaître le Donbass séparatiste comme souverain], je reste confiant sur le soutien des citoyens de Russie et les forces patriotiques du pays.

Merci. »

C’est là un avertissement tout à fait clair à l’Ukraine. Et le 22 février 2022, cet avertissement s’est concrétisé géographiquement. Pour expliquer de quoi il en retourne, voici le dialogue, très révélateur, entre des journalistes et le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov.

CNN : En ce qui concerne la reconnaissance de la souveraineté de la RPD [République Populaire de Donetzk] et de la RPL [République Populaire de Louhansk], dites-moi, est-ce que nous parlons de les reconnaître dans leur situation actuelle, les frontières de fait, ou dans les frontières de l’ensemble des régions de Donetzk et Louhansk? De ce que je comprends, celles-ci sont relativement différentes.

Dmitry Peskov : Dans les frontières qu’ils ont eux-mêmes proclamé.

CNN : Proclamés à quel moment ?

Dmitry Peskov : Eh bien, lorsque ces deux républiques ont été proclamés.

Bloomberg [une agence d’information pour financiers] : Pouvez-vous développer cette question ?

Dmitry Peskov : Non, je n’ai rien à ajouter.

Ekho Moskvy [la radio Écho de Moscou] : Est-ce que ces frontières incluent [la ville de] Marioupol, par exemple ?

Dmitry Peskov : Je n’ai rien à ajouter à cela. Dans les frontières dans lesquelles ils existent et qui ont été proclamées.

Ekho Moskvy : Dans lesquelles elles existent ou dans lesquelles elles ont été proclamées ?

Dmitry Peskov : Eh bien, dans celles dans lesquelles ils ont été proclamés et existent.

Ekho Moskvy : Cela signifie les frontières actuelles ?

Dmitry Peskov : Je n’ai rien à ajouter à cela. 

BBC News : Pouvez-vous clarifier ? Je ne comprends pas vraiment. Est-ce que la reconnaissance des républiques populaires signifie les frontières dans lesquelles elles existent maintenant ou celles dans lesquelles elles se sont proclamées ?

Dmitry Peskov : Celles dans lesquelles ces républiques ont été proclamées.

BBC News : En 2014 ? Cela veut dire l’ensemble des régions de Donetzk et Louhansk ?

Dmitry Peskov : En ce cas, j’ai dit tout ce que je pouvais sur ce sujet.

Voici les cartes pour visualiser les choses. A gauche on a l’oblast de Donetzk, c’est-à-dire la région de Donetzk, avec en gris le territoire actuel de la « république populaire ». A droite, on a l’oblast de Louhansk, avec en hachuré le territoire actuel de la « république populaire ». Or, dans les deux cas, les « républiques populaires » affirment que leur territoire réel est l’ensemble de l’oblast. Cela implique d’en chasser les institutions et l’armée ukrainiennes qui y sont présentes.

Vladimir Poutine lui-même a confirmé cela le même jour :

« Nous les avons reconnus, ce qui signifie que nous avons reconnu tous les documents fondamentaux, y compris la Constitution, et la Constitution définit les frontières dans les régions de Donetsk et de Louhansk à l’époque où elles faisaient partie de l’Ukraine. »

Pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté, le même jour, la décision présidentielle a également été ratifié à l’unanimité des présents à la chambre haute du parlement russe et au parlement lui-même.

Ce que cela signifie est ainsi très simple. Le Donbass séparatiste n’a qu’à pousser à l’affrontement et, immédiatement, la Russie se devra, en raison de l’accord signé le 21 février 2022, venir à sa rescousse. Les bombardements entre le Donbass séparatiste et le régime ukrainien ne cessent d’ailleurs pas, prenant toujours plus d’ampleur, débordant toujours plus des zones habituelles.

Pour ce faire, Vladimir Poutine a demandé et obtenu du Conseil de la Fédération l’autorisation d’envoyer des troupes russes au-delà des frontières (on reconnaît le grand souci légaliste de la Russie historiquement). Ce qui donne ici une lecture très impériale des choses : on a annexe le voisin, mais légalement du point de vue interne.

Et il y a eu également l’évacuation de l’ambassade russe à Kiev, des consulats de Kharkiv, Odessa et Lviv. C’est là naturellement un signe annonciateur d’une offensive militaire, allant de pair avec l’ultimatum fait le 21 février à l’Ukraine.

Cette dernière, de son côté, a proclamé la mobilisation des réservistes, 218 000 hommes, ce qui exige une intendance énorme que, de fait, le régime n’est pas du tout en mesure de satisfaire. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba s’est d’ailleurs précipité à Washington, le président américain Joe Biden prenant la parole pour annoncer une panoplie de sanctions, alors que la superpuissance américaine va envoyer dans les pays baltes 800 hommes et 20 hélicoptères d’attaque AH-64 (depuis l’Italie), huit avions de chasse F-35 quittant l’Allemagne pour la Pologne.

Le Royaume-Uni compte viser des banques et des oligarques russes, l’Allemagne a gelé la certification du gazoduc North Stream 2, l’Union Européenne a visé les 351 députés russes ayant voté la reconnaissance, ainsi que 27 personnalités et entreprises. Ont pareillement mis des sanctions l’Australie, le Canada, le Japon…

En fait, la Russie a mis le feu à l’ordre international capitaliste, en raison de sa propre position de challenger – la Chine fera de même, historiquement c’est inévitable. Tout cela est un saut qualitatif de plus dans le bellicisme. Et cette situation catastrophique n’en est qu’au début.

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Politique

PCF (mlm) : La crise ukrainienne relève de la guerre impérialiste – rejoignez la bannière du marxisme-léninisme-maoïsme!

Une position politique.

Le drapeau de l’Ukraine soviétique

La position du PCF (mlm) sur la crise ukrainienne.

Nous voulons ici avertir que les événements en Ukraine portent une charge qualitative entièrement nouvelle, au sens où il ne s’agit pas simplement d’une tension avec des traits bien spécifiques liée à une situation particulière et à un moment particulier. Il ne s’agit pas, en tant que tel, d’un affrontement de deux pays issus de l’URSS, la Russie et l’Ukraine, sur la base de questions d’orientation politiques et économiques extérieure et intérieure.

Il s’agit en effet d’une réalité ayant un caractère nouveau et une dimension générale, reflétant une période historique bien déterminée, car l’heure est à l’accentuation militaire des contradictions inter-impérialistes. La Russie agit ici comme un challenger bousculant l’ordre capitaliste mondial afin de forcer violemment au repartage du monde, afin de parvenir à la mise en place d’un nouvel empire russe.

Il ne s’agit pas de troubles ayant une portée militaire – mais bien d’un effondrement de la « paix » capitaliste.

Nous affirmons cela, parce que notre position communiste marxiste-léniniste-maoïste nous permet de caractériser la crise capitaliste et ce qu’elle implique.

Nous avons compris que le capitalisme était devenu fondamentalement instable avec l’irruption de la pandémie. Dialectiquement, le maintien de son apparente stabilité, au moyen de la multiplication des crédits, se paie par un basculement dans la bataille pour le repartage du monde. La paix intérieure du capitalisme a comme prix la guerre extérieure. Aussi avons-nous justement souligné, depuis pratiquement une année, que la crise ukrainienne allait devenir majeure – une analyse correcte qui est une preuve de la validité de notre analyse du mode de production capitaliste connaissant un processus d’effondrement général.

Il faut ici bien souligner sur ce plan que le monde est totalement sous le choc que la Russie se soit permise d’aligner la majeure partie de ses troupes autour de l’Ukraine et de reconnaître officiellement, le 21 février 2022, les républiques séparatistes de l’Est de l’Ukraine. Les médias, les analystes, les experts, les diplomates… sont tous débordés par cette réalité nouvelle, dont la dimension militaire est ouverte.

Fondamentalement, ce n’est pas que ce soit une initiative militaire unilatérale qui marque les capitalistes, mais qu’il s’agisse là d’un phénomène contribuant massivement au caractère instable des rapports internationaux, une frontière considérée comme infranchissable depuis l’effondrement du bloc social-impérialiste soviétique en 1989 et l’utilisation de la Chine sociale-fasciste dans le dispositif productif international.

Pour employer un terme aux contours trop flous mais parlant, c’est la mondialisation qui se voit ébranlée de manière fondamentale par la crise ukrainienne. L’unification internationale par le marché capitaliste se voit confrontée à une contre-tendance interne : les contradictions inter-impérialistes, et ces dernières prennent de plus en plus le dessus.

Nous le répétons : la stabilité intérieure du capitalisme a provoqué une instabilité extérieure. Le cadre international, pacifié depuis 1989, s’effondre littéralement. La Russie bousculant l’ordre européen au sujet de l’Ukraine reflète, comme exemple et comme point le plus avancé en ce domaine, l’aventurisme impérialiste se systématisant dans le monde.

Le capitalisme impérialiste (de la superpuissance impérialiste américaine, de la Chine, du Japon, de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de la Russie…) et le capitalisme bureaucratique semi-féodal semi-colonial expansionniste (de la Turquie, de l’Iran, du Brésil, de l’Inde…) assument toujours plus de rompre avec la stabilité internationale auparavant reconnue et acceptée comme prioritaire, ou du moins comme constituant le cadre général où agir.

Et comment procèdent les capitalismes en crise, s’alignant sur l’aventurisme ? En faisant en sorte de diviser pour régner. Les haines nationalistes, les passions guerrières, les volontés hégémoniques, les intérêts matériels, les traditions religieuses… Absolument toutes les nuances et différences entre les peuples, entre les gens eux-mêmes, sont utilisées par les grandes puissances pour provoquer la division, pour fomenter des troubles, pour fomenter des mouvements de « révolte » sur une base irrationnelle, des tendances aux séparatismes… afin que cela serve d’appui aux opérations rentrant dans le cadre des visées impériales.

La division entre les peuples russe et ukrainien est artificielle, elle est produite par le jeu des grandes puissances

Ce qui se déroule en Ukraine est exemplaire de cette opération impérialiste de « diviser pour régner ». Les peuples russes et ukrainiens, qui se connaissent si bien depuis des siècles et qui sont si proches culturellement malgré leurs différences nationales, se voient projeter l’un contre l’autre.

Les choses sont montées en épingle de manière disproportionnée, avec un énorme matraquage idéologique, des opérations psychologiques de grande envergure, une propagande exacerbée réécrivant l’Histoire selon les besoins impérialistes.

Deux grandes puissances sont ici responsables de l’horrible situation de l’Ukraine.

La superpuissance impérialiste américaine, hégémonique dans le monde, utilise l’OTAN comme vecteur afin de placer le continent européen sous son contrôle, élargissant pour cela son dispositif à l’Europe de l’Est. L’Ukraine est le dernier pays manquant encore avant la Russie, d’où les milliards déversés par la CIA afin de pousser à une « révolte » pro-occidentale, qui se réalisa en 2014 avec le coup d’État de l’Euromaidan dont une composante importante consista en les mouvements d’extrême-droite Svoboda et Pravdy Sektor.

L’impérialisme russe tente de reformer, non pas tant la superpuissance social-impérialiste soviétique des années 1960-1980, que l’empire russe d’avant Octobre 1917. L’intégration-désintégration de l’Ukraine est ainsi à l’ordre du jour pour la Russie d’aujourd’hui comme à l’époque des Tsars où la nation ukrainienne était niée, la langue ukrainienne interdite, la culture ukrainienne martyrisée, les Ukrainiens considérés comme des « petits-russes » de moindre valeur.

La thèse de la seconde crise générale du capitalisme est confirmée

Les événements en Ukraine ne sont pas compréhensibles à partir d’un prisme « géopolitique », de considérations économiques, d’analyses militaires. Il va de soi qu’il y a des aspects militaires, politiques, économiques… dans tout cela. Mais ce n’est pas la substance des choses.

Le véritable déclencheur des événements, ce qui a ouvert la boîte de Pandore, c’est la seconde crise générale du capitalisme, déclenchée par la pandémie. Le capitalisme procède en effet par expansion, tout en se heurtant à un moment donné à une limite. Il se confronte alors à un obstacle infranchissable empêchant la continuité de l’accumulation de capital et de travail.

Il doit tout faire pour forcer la continuation de l’expansion. C’est alors la tendance à la guerre qui s’exprime, jusqu’à la guerre impérialiste.

La première crise générale du capitalisme s’est produite dans les années 1910, avec le déclenchement de la guerre mondiale et la révolution russe d’Octobre 1917. L’accumulation capitaliste était alors littéralement torpillée, les sociétés se déchirant politiquement, culturellement, socialement.

Le capitalisme n’avait alors pas encore atteint le degré de maturité permettant une société de consommation, l’encadrement complet des comportements et des mentalités au moyen des institutions (dont les syndicats font partie), d’un travail salariat perpétuellement rationalisé.

La contradiction entre le travail intellectuel et le travail manuel était explosive dans un tel cadre, et le fascisme comme mobilisation de masse pour dévier les protestations et empêcher l’affirmation du besoin de communisme se systématisa, précipitant les pays dans la seconde guerre mondiale.

La seconde crise générale du capitalisme s’est produite au début de l’année 2020, avec l’irruption d’une maladie issue du terrible écocide provoquée par le capitalisme à l’échelle mondiale. La destruction de la Nature a pris une immense proportion, allant jusqu’à une crise dans le cadre de la contradiction entre les villes et les campagnes, aboutissant au dérèglement des rapports entre les espèces et les maladies.

Le capitalisme a pris de plein fouet l’irruption de la pandémie, toute sa production a été bouleversée, ainsi que le rythme fondamental du 24 heures sur 24 de la vie quotidienne avec sa consommation forcenée. La machinerie capitaliste s’est enrayée.

C’est précisément la compréhension de cette seconde crise qui nous a permis, dès le milieu de l’année 2021, d’affirmer que la crise ukrainienne relevait d’une dimension nouvelle, d’une confrontation militaire à une nouvelle échelle, de la guerre impérialiste pour le repartage du monde.

La crise ukrainienne a comme arrière-plan la contradiction entre la superpuissance impérialiste américaine et son challenger chinois

La bataille pour le repartage du monde est concrètement la grande actualité des pays du monde, que ceux-ci soient des pays capitalistes développés (comme la Belgique, la France…) ou des pays semi-féodaux semi-coloniaux (comme la Turquie, le Brésil ou le Mali). Il faut trouver un moyen d’arriver à l’expansion, à tout prix, sinon le régime s’effondre comme un château de cartes de par la pression de la crise.

La situation en Ukraine doit d’autant moins être comprise de manière « géopolitique » que ce qui se joue à l’arrière-plan, c’est la mise en place de la troisième guerre mondiale impérialiste entre la superpuissance impérialiste américaine et son challenger chinois.

Le capitalisme a réussi à se relancer grâce à une expansion aux dépens d’une partie importante des territoires auparavant sous la dépendance du social-impérialisme soviétique, ainsi qu’avec l’utilisation de la Chine comme atelier du monde, puis comme usine du monde.

La fin de cette expansion commencée en 1989 s’est exprimée en 2020 avec la pandémie et elle apporte au monde une nouvelle grande puissance, la Chine, qui vise à l’hégémonie mondiale en remplacement de la superpuissance impérialiste américaine.

La Chine, un pays social-fasciste depuis la restauration du capitalisme en 1976, a profité de l’expansion capitaliste mondiale en exploitant massivement la classe ouvrière chinoise et en s’appuyant sur un régime terroriste. Profitant de sa taille et de sa population, l’impérialisme chinois vise à s’affirmer sur la scène mondiale, aux dépens de la superpuissance impérialiste américaine.

Le conflit entre l’impérialisme russe et l’Ukraine est ainsi, sur le plan de la tendance historique, également un conflit entre la Russie et la superpuissance impérialiste américaine, et revient même à un affrontement entre la Chine et la superpuissance impérialiste américaine.

Le moteur principal de la guerre impérialiste au niveau mondial est l’affrontement sino-américain, qui joue à tous les niveaux, dans tous les affrontements militaires.

L’OTAN est un appareil militaire à visée externe et interne

La Belgique est pays impérialiste de faible importance, la France est un pays impérialiste d’importance significative. Cependant, la Belgique accueille le siège de l’OTAN à Bruxelles et porte en ce sens une très lourde responsabilité, celle d’assurer une stabilité permanente afin de légitimer l’OTAN.

L’OTAN a été en effet le bras armé accompagnant le développement du capitalisme occidental dans les années 1960-1980, ce qui veut dire que ce n’a pas été simplement une structure militaire se définissant par rapport au bloc de l’Est dirigé par le social-impérialisme soviétique. L’OTAN a également été tout un appareil d’affirmation symbolique, de pression psychologique, d’échanges d’informations des services secrets et d’opérations militaires, dans le sens de la contre-insurrection.

L’OTAN est un appareil exerçant une pression pour uniformiser la défense des intérêts économiques et politiques du capitalisme occidental ; il ne faut jamais oublier l’importance que l’OTAN accorde pour chacun de ses membres, aux formes institutionnelles, aux prises de position diplomatiques, à l’organisation des rapports sociaux.

C’est d’ailleurs pour cela que l’Ukraine n’a pas encore pu adhérer à l’OTAN et qu’elle connaît d’intenses modifications internes afin justement d’être en mesure de répondre aux exigences du capitalisme occidental.

D’où les difficultés également de la France, pays exemplaire du capitalisme occidental mais cherchant à disposer souvent d’une indépendance stratégique, dans ses rapports avec l’OTAN.

Cet aspect de la question de la guerre impérialiste est essentiel, car qui dit guerre dit appareil militaire, et on ne peut pas comprendre les modalités de la guerre sans voir comment celle-ci se développe, comment elle se met en place, comment elle cherche à se dérouler.

La Russie est un pays impérialiste

Même si en Belgique et en France l’OTAN reste l’aspect principal de la tendance à la guerre, il ne faut absolument pas pour autant attribuer une valeur positive, à caractère « anti-impérialiste », à la Russie. Ce pays, dont les visées expansionnistes sont indubitables, n’a eu de cesse de développer un immense appareil idéologique pour se présenter sous un jour favorable, comme simple « victime » de l’OTAN.

Des médias comme RT et Sputnik, des agitateurs permanents sur les réseaux sociaux, des hommes politiques soudoyés, et même des organisations d’extrême-gauche ou d’ultra-gauche en mal de légitimité… présentent la Russie comme un pays pacifique, contribuant au progrès mondial dans tous les domaines, jouant le rôle de principal obstacle à la mondialisation capitaliste.

La Russie porterait, malgré sa nature, des traits « soviétiques », un respect des codes de l’honneur, des principes communautaires « socialistes », permettrait la mise en place d’un monde « multipolaire », ne serait pas gangrené par un capitalisme déchaîné, etc.

Tout cela relève de la propagande impérialiste, aussi ne saurait-on sous-estimer le rôle néfaste joué par la Russie dans sa tentative se présenter comme devant être naturellement soutenue si on s’oppose au à un capitalisme qui serait « occidental », par opposition à une « Eurasie » qui porterait une identité « socialiste ».

On doit ici considérer qu’il y a une contradiction inter-impérialiste et s’il y a bien toujours un aspect principal, il ne faut jamais perdre de vue le principe de l’autonomie prolétarienne, du maintien des principes idéologiques communistes, de l’auto-suffisance sur le plan de l’organisation.

Il faut avoir dans l’idée qu’on est dans la même configuration qu’avant 1914 et il ne s’agit pas de prendre parti pour un impérialisme contre un autre.

Nous en sommes revenus à la situation d’avant 1914

Il est nécessaire de constater qu’un piège impérialiste s’est refermé sur l’Ukraine, la superpuissance américaine et l’impérialisme russe transformant ce malheureux pays en cible pour leur propre expansionnisme. La première veut élargir sa zone d’influence et de contrôle, en faisant de l’Ukraine son satellite, alors que la Russie aimerait justement que celle-ci intègre son champ de domination « impériale ».

Cela nous ramène à la situation mondiale avant 1914, avec la compétition entre puissances pour se développer aux dépens d’autres pays, au moyen de coups de pression, d’interventions militaires.

La crise militaire en Ukraine le monte bien : les interventions militaires sont désormais considérées comme le facteur décisif, comme l’expression politique la plus nette, la plus tranchante, la plus à même de permettre l’expansion.

La seconde crise générale du capitalisme a apporté un saut qualitatif, où la tendance à la guerre l’emporte sur les autres tendances, de manière ouverte ou indirecte, franche ou insidieuse. Et les capitalistes profitent de toutes les améliorations techniques et technologiques, du caractère plus développé des forces productives.

Le caractère nouveau de la guerre moderne

Nous voulons souligner le fait que, malheureusement, les larges masses n’ont pas une compréhension juste de ce qu’est la guerre moderne. Elles ne saisissent pas ce qu’est un État, donc elles ne voient pas ce qu’est le pouvoir dans son rapport aux classes. Qui plus est, et c’est là essentiel, elles ne voient pas les immenses modifications que connaît la guerre dans ses formes concrètes depuis trente ans.

L’irruption des nouvelles technologies a largement modifié la gestion des conflits, avec une capacité de connaissance en temps réel désormais des acteurs sur place et une distribution immédiate des décisions à ces mêmes acteurs sur le champ de bataille.

Ce saut qualitatif dans la gestion des actions a contribué à un renforcement quantitatif de par une interaction démultipliée des troupes militaires elles-mêmes. C’est le sens de la professionnalisation des armées : la guerre moderne exige un haut niveau de technicité, tant pour maîtriser les innombrables types d’armes que pour être en mesure de gérer ou participer à des opérations désormais coordonnées de manière très approfondie.

La guerre moderne possède en ce sens de très nombreux aspects, qui ne sont pas tant nouveaux que faisant l’acquisition d’une autre magnitude et se combinant bien davantage. Que ce soit par l’espionnage, le sabotage, la guerre psychologique, les piratages informatiques, les opérations consistant en des « coups » bien déterminés… la guerre moderne a obtenu un caractère « hybride » comme le formulent les experts militaires bourgeois.

Les armées modernes intègrent même directement dans leurs activités tant la surveillance que l’utilisation des réseaux sociaux pour leurs opérations. Il y a cette anecdote de Facebook fermant des comptes se prétendant maliens mais en fait liés aux armées française et russe en décembre 2020, cependant dans les faits chaque armée assume entièrement cette dimension d’opération psychologique, de manipulation.

On peut dire que, avec les technologies actuelles, il y a une combinaison encore plus avancée des services secrets avec l’armée et inversement, ce qui renforce la signification des décisions prises au plus haut niveau au sein d’un appareil d’État toujours plus centralisé.

Jamais les États n’ont ainsi été autant coupés du peuple – mais, en même temps, jamais ils n’ont été autant capable de réactivité et de prises d’initiative d’écrasement rapide.

Il n’est pas de retour en arrière possible

Comme l’a affirmé Staline à la suite de Lénine, « pour supprimer l’inévitabilité des guerres, il faut détruire l’impérialisme ». Toute autre conception est une convergence avec le mode de production capitaliste et il faut souligner ici la menace que représentent les courants bourgeois « socialistes » prétendant réorganiser le capitalisme, le réguler, lui mettre des barrières, le refaçonner, lui imposer des règles, etc.

Il y a deux ennemis et non pas un : il faut combattre ceux qui veulent la guerre impérialiste, au nom du nationalisme, de l’expansionnisme, et il faut aussi combattre ceux qui mentent en prétendant pouvoir faire changer le capitalisme.

Aussi vaines que soient ces prétentions à « améliorer » ou « modifier » le capitalisme, elles désorientent, elles font perdre du temps, elles empêchent de voir la gravité de la situation historique.

Le capitalisme aboutit immanquablement à la guerre impérialiste et il n’est pas de retour en arrière possible une fois un tel processus enclenché. Seul le démantèlement des monopoles peut briser les forces menant à la guerre, et quel sens aurait un retour au capitalisme qui remettrait en branle le processus menant à des monopoles ?

Les réformistes répondront ici qu’un « capitalisme organisé » est possible : c’est un mensonge qui masque les intérêts du capitalisme cherchant à sauver son existence. Il y aura aussi les romantiques économiques qui proposeront un retour en arrière à une forme primitive de capitalisme, avec l’artisanat, voire le troc. C’est là incompatible avec les exigences de notre époque.

Les exigences de notre époque

La guerre qu’amène le capitalisme est aussi, dialectiquement, une contre-réponse à la paix planétaire qui est historiquement possible.

Nous avons besoin d’une société mondiale unifiée, d’une humanité unifiant et centralisant toutes ses forces, afin d’élever le niveau de vie des masses mondiales et d’en même temps protéger la planète, en adoptant un mode de vie qui soit naturel et non plus décidé artificiellement par les capitalistes pour développer la consommation.

La guerre imposée par le capitalisme est également un moyen de propager la concurrence, la compétition, le cynisme, l’égoïsme… Alors que sont à l’ordre du jour la compassion, l’empathie, le Socialisme. Au lieu d’avoir une humanité pacifiée et cultivée, se tournant vers la Nature et en particulier les animaux, ayant la tête dans les étoiles pour envisager la colonisation spatiale, le capitalisme cherche à défigurer le monde à coups de divisions, de sectarisme, de particularismes.

C’est là un aspect essentiel. Le capitalisme propage les divisions qui se conjuguent pour former une légitimité au crime à grande échelle. Il faut que les communistes soient en mesure de faire face à une telle entreprise, et cela implique d’être capable d’avoir une lecture approfondie de ce qu’est la société socialiste, le besoin de communisme.

Toute réduction à de l’économisme, à des considérations sans profondeur, sans âme, sans reconnaissance de la dignité du réel… amène la défaite face aux mobilisations provoquées par le capitalisme, qui profitent tant de moyens matériels élevés que d’un irrationalisme particulièrement prononcé.

Il faut impérativement avoir conscience de cette dimension !

Vive la nation ukrainienne, victime du complot militariste réalisé par la superpuissance américaine et l’impérialisme russe !

Guerre à guerre impérialiste, guerre à l’OTAN !

Guerre populaire jusqu’au Communisme !

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

Février 2022

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Politique

OCML-VP : Ukraine : américain, russe ou européen, l’impérialisme c’est la guerre !

Une position politique.

La position de l’OCML Voie Prolétarienne concernant la crise ukrainienne.

A nouveau le bruit des bottes et des canons en Europe. Après la Syrie, l’Ukraine devient le nouveau terrain de l’affrontement des grandes puissances, les USA impérialistes de Biden, la Russie impérialiste de Poutine, l’Europe impérialiste de Macron et Scholz.

Après les grandes crises financières de 2010, la crise sanitaire depuis fin 2019, les chaos africain et proche-oriental, le retrait d’Afghanistan, c’est à nouveau sur le terrain politico-militaire que l’affrontement revient.

Chaque impérialisme défend sa zone d’influence, qu’il cherche à élargir pour contrer ses concurrents, assoir ses marchés. Là-dedans, les peuples ne sont que de la chair à canon, quoiqu’en chantent tous les discours nationalistes de part et d’autre. Les nazillons ukrainiens comme les miliciens pro-russes se moquent comme d’une guigne de la misère, de la mort, des destructions subies par les peuples, prêts à toutes les provocations pour justifier de leur prétendu « bon droit » et du fait que ce sont « les autres » les agresseurs.

La Russie impérialiste de Poutine, affaiblie au plan économique mais encore puissance militaire importante, cherche à regagner ses zones d’influence et marchés du passé pour revenir dans la concurrence mondialisée, comme elle cherche à étendre son influence en Afrique. Hors de question de laisser l’OTAN verrouiller l’Ukraine, et il faut faire un exemple à l’heure où les peuples se soulèvent contre leur bourgeoisie en Biélorussie comme au Kazakhstan, ces zones dont la Russie veut conserver le contrôle plus ou moins direct.

Les USA impérialistes de Biden soufflent sur les braises pour attiser le conflit et pousser Poutine à la faute, pour au contraire renforcer leur présence dans une région qui leur échappe largement.

Quant aux impérialistes européens, ils temporisent au contraire, car ils se sont imposés en Ukraine avec les nouveaux gouvernements issus de la « révolution orange » et ensuite comme premiers partenaires économiques (la France y est le premier employeur étranger). Tout en continuant de commercer avec la Russie, en particulier avec les fameux contrats gaziers source de revenus importants pour les monopoles d’Etat russes et les oligarques. Mais au final, ils s’aligneront sur Biden.

Qui croire, entre fakenews et intoxications, propagande militaire ouverte ou cachée ? En tous les cas certainement pas les diverses puissances impérialistes et leurs larbins, politiciens, hommes de main, miliciens ou propagandistes.

Le peuple ukrainien est pris entre tous les feux de la guerre impérialiste, il faut qu’il retrouve son indépendance de classe, refuse de se soumettre à l’une ou l’autre puissance pour tracer lui-même le chemin de sa libération.

Nous militants de l’OCML Voie Prolétarienne soutenons toutes les forces qui prennent ce chemin, et appelons à la construction d’une véritable force rouge, prolétarienne et internationaliste pour en finir avec les impérialismes et leurs guerres !

Guerre à la guerre impérialiste !

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Réflexions

« L’origine du conflit Russie-Ukraine : la compétition entre l’expansionnisme russe et la superpuissance américaine »

Une analyse de fond.

La question ukrainienne pose beaucoup de questions ; ce document tente d’en exposer les traits généraux. On remarquera qu’il a la particularité d’être d’avril 2021 et de très clairement annoncer les événements (revue pdf Crise 11 / avril 2021).

***

Pour comprendre le conflit russo-ukrainien, il faut cerner ses deux aspects principaux. Il y a tout d’abord la tendance à la guerre, avec des interventionnismes américain et russe très marqués. Il y a ensuite les rapports historiques entre la Russie et l’Ukraine.

La question du rôle du challenger

Dans les années 1960-1970, Mao Zedong a considéré que l’URSS social-impérialiste était la principale menace pour la paix du monde. La raison en est que l’URSS était le challenger. La superpuissance américaine ayant l’hégémonie, elle cherche surtout à maintenir ses positions, alors que le challenger doit venir chercher le numéro un sur son terrain.

Cela ne veut nullement dire que la superpuissance américaine ne poussait pas à la guerre. Néanmoins, la superpuissance soviétique était l’aspect principal de la contradiction entre superpuissances. On voit d’ailleurs que le pacte de Varsovie avait en 1982 pratiquement deux fois plus de tanks que l’OTAN, que l’URSS avait bien plus de têtes nucléaires que les États-Unis, etc.

Le piège de Thucidyde

L’universitaire américain Graham Allison, qui a été notamment conseiller de plusieurs secrétaires d’États (sous Reagan, Clinton et Obama) et est une figure des thinks tanks impérialistes américains, a publié en 2017 un ouvrage intitulé « Destinés à la guerre : l’Amérique et la Chine peuvent-elles échapper au piège de Thucydide ? ».

Il se fonde sur l’ouvrage La Guerre du Péloponnèse de l’Athénien Thucydide, où on lit que « Ce qui rend la guerre inévitable était la croissance du pouvoir athénien et la peur qui en résultait à Sparte. » Plus qu’une analyse géopolitique, cela reflète surtout la ligne stratégique américaine.

Car il ne faut pas confondre l’engrenage menant à la guerre et le caractère inéluctable de la guerre dans un cadre capitaliste, en raison de la nécessité du repartage du monde.

Le caractère inéluctable de la guerre

Staline, évaluant la situation, précise bien en 1952 dans Les problèmes économiques du socialisme en URSS :

« Il se peut que, les circonstances aidant, la lutte pour la paix évolue çà et là vers la lutte pour le socialisme, mais ce ne sera plus le mouvement actuel en faveur de la paix, mais un mouvement pour renverser le capitalisme.

Le plus probable, c’est que le mouvement actuel pour la paix, c’est-à-dire le mouvement pour le maintien de la paix, contribuera, en cas de succès, à conjurer une guerre donnée, à l’ajourner temporairement, à maintenir temporairement une paix donnée, à faire démissionner le gouvernement belliciste et à y substituer un autre gouvernement, disposé à maintenir provisoirement la paix. Cela est bien, naturellement. C’est même très bien.

Mais cela ne suffit cependant pas pour supprimer les guerres inévitables en général entre pays capitalistes. Cela ne suffit pas, car malgré tous ces succès du mouvement de la paix, l’impérialisme demeure debout, reste en vigueur. Par suite, l’inéluctabilité des guerres reste également entière. Pour supprimer le caractère inévitable des guerres, il faut détruire l’impérialisme. »

On doit bien distinguer l’engrenage, qui peut porter sur tel ou tel point et est toujours relatif, de la tendance à la guerre qui est-elle absolue.

Le conflit russo-ukrainien : la compétition impériale

Il n’existe pas de conflit entre les peuples russe et ukrainien, qui historiquement sont fondamentalement liés. L’amitié entre les peuples a cependant été pris en étau par l’expansionnisme russe et par la superpuissance américaine.

La Russie, dans un esprit chauvin où elle est de caractère « grand-russe », par opposition aux « petits-russes », a exigé la satellisation de la Biélorussie et de l’Ukraine. Les forces capitalistes bureaucratiques ont été soutenus, avec une oligarchie contrôlant des pays corrompus où l’opposition est écrasée.

La superpuissance américaine avait-elle préparé le terrain pour mener une révolution idéologique et culturelle et donner naissance à sa propre couche capitaliste bureaucratique.

Cet affrontement va provoquer la partition de l’Ukraine en 2014.

Le conflit russo-ukrainien : le rôle américain

En fait, à partir des années 1980, la superpuissance américaine a, depuis ses universités et surtout Harvard, proposé une relecture de l’histoire russo-ukrainienne des années 1920-1930.

L’URSS aurait voulu briser l’Ukraine, et ce dès le départ. Elle aurait sciemment laissé des gens mourir de faim en Ukraine, afin de l’écraser nationalement.

Il y aurait une extermination par la faim (« Holodomor » en ukrainien), coûtant la vie à entre entre 2,6 et 5 millions de personnes. Cette théorie a été reprise officiellement par l’État ukrainien après l’effondrement de l’URSS, avec une négation systématique de tout ce qui avait un rapport culturel ou historique avec le passé soviétique.

Quant à l’historien américain James Mace, à la tête de la commission américaine sur la « famine en Ukraine » dans les années 1980, et le théoricien du prétendu « holodomor » servant à détruire l’Ukraine en tant que nation, il a été enterré en Ukraine, dans un cimetière dédié désormais aux « patriotes ».

Et la rue de l’ambassade américaine à Kiev, auparavant rue de la Collectivisation puis Yuri Kotsyubinsky (du nom d’un renégat fusillé en 1937), a pris son nom en 2016.

La théorie de l’holodomor

L’idéologie de l’État ukrainien à partir du début des années 1990 est ainsi un pur produit américain. La nation ukrainienne aurait manqué d’être exterminé par l’URSS. L’historien américain James Mace résume cela ainsi en 1982 à Tel Aviv :

« Pour centraliser le plein pouvoir entre les mains de Staline, il était nécessaire de détruire la paysannerie ukrainienne, l’intelligentsia ukrainienne, la langue ukrainienne, l’ukrainien, l’histoire telle que comprise par les Ukrainiens, pour détruire l’Ukraine en tant que telle… Le calcul est très simple et primitif : s’il n’y a pas de peuple, alors il n’y a pas de pays séparé, et par conséquent, il n’y a pas de problèmes. »

On lit, dans cette optique nationale fantasmagorique, dans le document officiel de l’État ukrainien « Holodomor Le génocide en Ukraine 1932-1933″, que :

« LES FERMIERS UKRAINIENS n’ont pas été privés de nourriture dans le but de les obliger à rejoindre les fermes collectives ; le processus de la collectivisation bolchevique des terres était pratiquement achevé en été 1932.

Le génocide par la famine a été volontairement dirigé dès l’origine contre la paysannerie ukrainienne en tant que noyau central de la nation ukrainienne qui aspirait à un État indépendant.

Elle était gardienne des traditions séculaires d’une agriculture libre et détentrice de valeurs nationales ; l’un et l’autre contredisaient l’idéologie communiste et suscitaient l’hostilité débridée des dirigeants bolcheviks. »

L’inanité de la théorie de l’holodomor

Les tenants de cette fantasmagorie sont pourtant en même temps obligés de reconnaître que la systématisation de la langue ukrainienne date précisément des années 1920-1930, que l’ukrainisation généralisée a caractérisé la politique soviétique.

Il n’y avait auparavant pas de presse ukrainienne, pas de maisons d’édition, le tsarisme écrasait l’Ukraine. Avec l’URSS, l’Ukraine s’affirme ouvertement sur le plan culturel et national. Il est donc absurde de constater cette affirmation et d’en même temps prétendre que l’URSS aurait voulu « anéantir » l’Ukraine. Il s’agit très clairement d’une interprétation façonnée par la superpuissance américaine afin de faire converger les multiples courants nationalistes ukrainiens.

Le rapport historique entre l’Ukraine et la Russie

Le rôle de la Russie n’est pas moins pervers que celui de la superpuissance américaine. En effet, la Russie abuse des liens culturels et historiques.

Car l’Ukraine est « russe » autant que la Biélorussie et la Russie. La première structure étatique est d’ailleurs la Rus’ de Kiev, qui a existé du 9e au 13e siècle. Elle s’est effondrée sous les coups des Mongols. Il y a alors, pour simplifier, trois forces dans la région :

– un bloc polonais-lituanien-biélorusse-ukrainien, qui existe jusqu’en 1795 comme grand-duché de Lituanie puis République des Deux Nations ;

– une Ukraine cherchant à se libérer de la domination du premier bloc, tout en étant la cible régulière des Tatars passant par la Crimée ;

– un bloc russe avec la grande-principauté de Moscou qui parvient à supprimer le joug mongol pour former un tsarat qui ne va pas cesser de s’agrandir, notamment aux dépens du khanat de Sibérie.

La Pologne, qui aujourd’hui se présente comme un martyr de l’Histoire, a ainsi en fait été une grande puissance visant à l’hégémonie régional, allant jusqu’à occuper Moscou au début du 17e siècle.

Les Ukrainiens devaient quant à eux choisir un camp. Le chef des cosaques, Bogdan Khmelnitski, fit alors le choix de la Russie, après s’être rebellé contre la noblesse polonaise.

Le traité de Pereïaslav de 1654 marque alors littéralement la fusion de l’histoire russe et ukrainienne, comme peuples « russes » parallèles.

Le conflit russo-ukrainien : le rôle russe

L’expansionnisme russe abuse cette histoire « russe » parallèle de manière complète, avec une démagogie sans limites. Elle le fait dans une optique grand-russe, où l’Ukraine ne serait jamais qu’une petite-Russie ne pouvant exister sans sa réelle base historique. Elle diffuse un ardent nationalisme en Russie.

Et aux gens en Ukraine qui sont attachés à la Russie, car il s’agit de deux peuples frères, elle dit que ne pas obéir à la Russie serait perdre tout caractère russe, comme si seule la Russie portait historiquement la Rus’ de Kiev.

Cela marque surtout les gens tout à l’est de l’Ukraine, du Donbass, le bassin houiller du Donets, mais même la partie est du pays en général, particulièrement lié à la Russie et parlant couramment le russe dans leur vie quotidienne, voire le pratiquant comme principale langue.

Il y a bien entendu une part de vérité, car les forces au service de la superpuissance américaine veulent inventer une Ukraine qui n’aurait aucun rapport historique avec la Russie. Et c’est d’autant plus vrai que les forces nationalistes ukrainiennes sont ultra agressives.

Le conflit russo-ukrainien : le nationalisme ukrainien

Le nationalisme ukrainien a une forme très particulière. Sa base historique vient en effet de l’extrême-ouest du pays, ce qui lui confère des traits déformés au possible.

Lorsque le tsarisme s’effondra, les forces bourgeoises ukrainiennes fondirent une « République populaire ukrainienne », qui ne dura que jusqu’en 1920 avec la victoire de l’armée rouge.

La Galicie orientale resta cependant aux mains de la Pologne. Cette région et l’Autriche deviennent alors le bastion des nationalistes ukrainiens, qui fondent en 1929 l’Organisation des nationalistes ukrainiens, avec comme dirigeant Stepan Bandera.

Anti-polonaise, antisémite, antisoviétique, pratiquant dans les années 1930 régulièrement le meurtre jusque des opposants, l’organisation convergea ensuite avec l’Allemagne nazie et forma une légion ukrainienne, puis une Armée insurrectionnelle ukrainienne massacrant notamment 100 000 Polonais dans une perspective de purification ethnique.

Cette « armée » finit par se retrouver à combattre très brièvement l’Allemagne nazie en cherchant un appui américain, avant d’être écrasée par l’avancée de l’armée rouge, alors que Stepan Bandera est exécuté par le KGB en Allemagne de l’Ouest en 1959.

La Galicie orientale devint alors soviétique, mais reste marqué par cette aventure « banderiste », surtout que la mouvance banderiste des pays occidentaux s’est précipité dans le pays après l’effondrement de l’URSS.

La valorisation de Stepan Bandera et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne relève désormais de l’idéologie officielle et est portée par de multiples organisations nationalistes extrêmement actives et militarisées.

L’Euromaïdan et les nationalistes ukrainiens

Les organisations nationalistes ukrainiennes ont été très médiatisées au moment des rassemblements appelés « Euromaïdan », de par leur activisme violent et leur iconographie ouvertement nazie.

Ces organisations, comme Secteur droit ou Svoboda, se veulent les successeurs de Stepan Bandera, leur bastion est la partie extrême-occidentale du pays, la Galicie qui n’a rejoint le reste de l’Ukraine qu’en 1945.

Elles ont joué le rôle des troupes de choc lors de l’Euromaïdan, c’est-à-dire les rassemblements sur la place Maïdan (c’est-à-dire de l’indépendance) à Kiev, fin 2013 – début 2014. Jusqu’à 500 000 personnes ont protesté contre le régime, corrompu et à bout de souffle.

Ce fut alors la « révolution », c’est-à-dire la mise de côté de l’oligarchie pro-russe et son remplacement par une autre oligarchie, cette fois pro-américaine ou pro-européenne.

La dénomination du mouvement vient de Radio Free Europe, la radio américaine, alors que les États-Unis ont déversé des milliards par l’intermédiaire d’associations et d’ONG. Depuis 2014, le régime en place est ainsi pro-occidental, violemment anti-russe, farouchement anti communiste, réécrivant l’histoire ukrainienne.

Le séparatisme au Donbass et la question de la Crimée

Initialement, il y a eu des révoltes contre la ligne triomphant à l’Euromaïdan. Ces révoltes, manipulées par la Russie, ont immédiatement abouti à des mouvements séparatistes, usurpant l’antifascisme et les références soviétiques. Cela a donné deux pseudos-républiques populaires, celle de Donetsk et celle de Louhansk.

Dans les deux cas il s’agit de régimes satellites de la Russie, de forme anti-démocratique, patriarcale-clanique, avec les exécutions sommaires et la torture, tout comme d’ailleurs chez les unités anti-séparatistes néo-nazies quelques kilomètres plus loin.

L’idée était initialement d’unifier ces deux « républiques populaires » avec l’Est de l’Ukraine, pour former une « Nouvelle-Russie ». D’ailleurs, initialement les séparatistes avaient davantage de territoires ; à la suite de l’intervention ukrainienne, ils en perdu les deux-tiers.

La Russie a également profité de la situation pour annexer la Crimée. Cette région avait été littéralement offerte à l’Ukraine par le révisionniste Nikita Khrouchtchev, alors qu’historiquement la région est russe. Le prétexte était le 300e anniversaire du traité de Pereïaslav signé par Bogdan Khmelnitski avec la Moscovie, liant l’Ukraine à la Russie.

L’écrasante majorité des gens de Crimée a accepté le coup de force et l’annexion russe. Il n’en reste pas moins que c’est une invasion et une annexion contraire au principe du droit international, avec qui plus est des troupes russes sans uniformes afin de masquer les faits.

La Crimée ou la Nouvelle-Russie ?

L’expansionnisme russe fait face à un dilemme qui caractérise toute son attitude militaire et politique. D’un côté, la Crimée est alimentée en eau potable par un canal partant d’Ukraine et désormais fermé. Il lui faut impérativement débloquer cette situation.

Cependant, cela impliquerait, du point de vue expansionniste, d’effectuer un débarquement massif et de s’approprier une bande de terre au bord de la mer Noire, ce qui est délicat à défendre. Il faudrait en fait même étendre cette bande jusqu’aux pseudos « républiques populaires » et cela veut dire que le débarquement doit s’accompagner d’une pénétration massive par les troupes pour maintenir la conquête.

De l’autre, la Russie a l’espoir de disposer de l’accord passif d’une partie de la population à l’Est du pays en cas de passage à une hégémonie russe. Cela veut toutefois dire qu’il faudrait une pénétration militaire massive et, de ce fait, cela ne résoudrait pas la question de l’eau potable pour la Crimée.

Une troisième option serait une double combinaison débarquement – pénétration massive, mais ce serait là littéralement mener une guerre ouverte à l’Ukraine, alors que les deux autres options peuvent se maintenir comme opérations « localisées ».

L’expansionnisme russe se heurte à l’hégémonie de l’OTAN

Dans tous les cas, l’expansionnisme russe à l’Est se heurte à l’hégémonie de l’OTAN, qui s’est installé en Europe centrale et dans pratiquement tous les pays de l’Est européen. Les velléités impérialistes des uns et des autres ne peuvent qu’entrer en contradiction antagonique.

La tendance à l’affrontement impérialiste est inéluctable de par la prise d’initiative des uns et des autres, alors que le conflit sino-américain se dessine en toile de fond comme base pour la troisième guerre mondiale. La question russo-ukrainienne doit être réglée en un sens ou un autre, telle est la logique des deux blocs : les Américains pour passer à la Chine, la Russie pour assumer son expansionnisme.

La prise d’initiative des peuples du monde face à la guerre va être essentielle et cela dans un contexte de seconde crise générale du capitalisme qui va exiger un haut niveau d’engagement de leur part. L’époque va être particulièrement tourmentée et nécessitera une implication communiste à la hauteur.

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Politique

Les positions du camp nationaliste (Marine Le Pen, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon) sur la reconnaissance du Donbass séparatiste par la Russie

Trois candidats à la présidentielle 2022 tournés aussi ou notamment vers la Russie.

Il existe en France deux bourgeoisies. Il y a celle soutenant la participation à l’OTAN et l’Union européenne, considérant qu’il faut s’aligner sur la superpuissance américaine, qu’il y a là une garantie de croissance. Représentée par Emmanuel Macron, mais également le Parti socialiste et la Droite classique (ainsi que l’ultra-gauche), elle est favorable à des modifications sociétales profondes (PMA, LGBT, cannabis légalisé, flexitarisme alimentaire, etc.) parce que cela permet d’ouvrir de nouveaux marchés, de réimpulser le capitalisme.

Il y a celle qui, par contre, considère que la France perd son rang en se plaçant dans le sillage américain, qu’elle se déclasse en tant que grande puissance et qu’elle ferait mieux de jouer sa propre partition. Il faut donc éviter de trop bousculer la société, voire appliquer une ligne conservatrice pour figer la société au maximum, pour qu’elle fasse bloc afin de la mobiliser de manière nationaliste. Dans cette optique, la Russie fait office d’allié incontournable, de par son idéologie conservatrice révolutionnaire, sa concurrence avec la superpuissance américaine, son absence de concurrence directe avec la France dans la plupart des cas.

C’était la ligne de François Fillon, avant qu’il se fasse descendre politiquement par le Canard enchaîné au moment des présidentielles de 2017, permettant au candidat tombé du ciel (car choisi par la haute bourgeoisie de la première faction), Emmanuel Macron, de triompher. François Fillon est désormais administrateur indépendant de Sibur, géant russe de la pétrochimie, et représentant de la Fédération de Russie au Conseil d’administration du groupe pétrolier public Zaroubejneft.

C’était également la ligne de Marine Le Pen, dont le parti avait obtenu un prêt de la Russie, ou encore de Jean-Luc Mélenchon voyant comme la gauche du PCF une dimension « anti-impérialiste » dans la Russie.

Or, c’est la première faction qui donne le ton depuis le début des années 1990, avec la chute de l’URSS et l’intégration de la Chine dans le capitalisme international, qui a permis une incroyable expansion. Voilà pourquoi Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont été ainsi des représentants de la seconde faction, mais sans perspective de succès concret. Aussi ont-ils modifié leur positionnement, l’adoucissant… perdant ainsi toute leur spécificité, ce qui les amène à se voir remplacer par Eric Zemmour une fois la crise venue avec la pandémie.

Ce qui fait qu’Eric Zemmour dit en fait la même chose aujourd’hui, au sujet de la Russie, que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon hier, faisant aussi office de François Fillon II, en quelque sorte. C’est absolument flagrant. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon prennent désormais une certaine distance avec la Russie, afin de ne pas « heurter » trop la première faction de la bourgeoisie, Eric Zemmour fait vaguement semblant pour ne pas heurter son public libéral ayant un fort tropisme pro-américain, afin toutefois, dans le fond, d’entièrement s’aligner sur la Russie.

Ainsi, Marine Le Pen veut une grande négociation y compris avec les Etats-Unis, à total rebours de son positionnement historique ; Eric Zemmour dit qu’au fond il faut un accord entre les pays européens et la Russie (sans les Etats-Unis) ; Jean-Luc Mélenchon dit qu’il n’y aura pas de guerre (!!), que la Russie a fait n’importe quoi et que l’OTAN va avancer, ce qui nuit aux intérêts français.

Communiqué de Marine Le Pen sur la situation en Ukraine

La décision de Vladimir Poutine est un acte éminemment regrettable qui ne participe pas à la nécessaire désescalade des tensions que j’appelle de mes vœux depuis le début de la crise.

Néanmoins, tout doit être fait pour retrouver la voie du dialogue afin d’assurer la paix en Europe.

Désormais, la solution passe probablement par l’organisation d’une conférence réunissant les Etats-Unis, la Russie, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni ainsi que la Pologne, la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie, états frontaliers de l’Ukraine.

Cette conférence aurait pour objectif de négocier une solution sur la base de l’accord de Minsk, accord dans lequel la France avait joué un rôle déterminant et dont l’application assurerait la paix.

Communiqué de Jean-Luc Mélenchon sur la situation en Ukraine

Plus que jamais il faut se méfier des guerriers de plateau de télé qui s’échauffent dans l’invective et les mouvements de menton. Faire sérieusement le point demande qu’on parte du seul point de vue qui vaille en temps de crise : l’intérêt de notre pays.

Car le contexte est hors de notre portée.

En Ukraine et sur toutes les frontières à l’est du continent nous sommes en présence des rebondissements d’une de ces guerres sans fin qui, depuis Pierre le grand et Catherine II, tenaillent les peuples du secteur. L’implosion de l’URSS est le premier cas de l’ère moderne ou un Empire s’effondre sans négociation des frontières qui en résultent. Cela justifiait une prudence plus grande qu’ailleurs dans les décisions et les évolutions. La destruction de la Yougoslavie, la création de l’état artificiel du Kosovo ont vite montré que le rapport de force serait partout la règle. Le récent déploiement d’armes et de militaires de l’Otan dans tous les pays baltes l’ont confirmé.

Pour autant la reconnaissance des républiques russophones du Donbass par Poutine est une très mauvaise affaire pour les Français. Le respect des frontières, quelles qu’elles soient est une condition de base d’une vie internationale où la diplomatie et l’ONU tranchent plutôt que les armes et les coups de force. Si nous voulons nous-mêmes être indépendants, notre intérêt est que les frontières soient intangibles ou bien qu’elles ne bougent qu’après des procédures concertées, acceptées et contrôlées.

Il est à craindre qu’à la décision russe succède une décision américaine d’intégrer l’Ukraine dans l’OTAN. Autre mauvaise affaire pour nous Français qui n’avons aucun intérêt à l’extension de la domination militaire des USA et de leurs intérêts sur notre continent.

Poutine a dû comprendre que la décision était déjà prise et qu’il ne pourrait jamais obtenir de garantie sur ce sujet. Il a vu que les USA ne lui cédaient rien sur ce point depuis le début de la crise. La reconnaissance des républiques du Donbass est donc sa prise d’avantage dans le nouvel ordre qui s’installe dans cette région. Il l’a fait avant que la nouvelle frontière de l’OTAN ne lui interdise de le faire.

Comme tout cela se déduit très facilement de l’observation, on peut se demander si n’entre pas déjà en vigueur un nouvel ordre quasi convenu. Car qui ferait la guerre pour le Dombass ? Personne.

Et d’abord parce que la guerre sur place dure depuis huit ans et que les parties concernées (russophones et ukrainiennes) en sont rendu à un degré de haine mutuelle qui bloque toute vie commune. Et Comme Kiev n’a jamais mis en œuvre le moindre commencement d’application des accords de Minsk à propos du Donbass, on peut penser que les Russes se le tiennent pour dit. Mais la Russie de son côté ne fera pas non plus la guerre pour l’Ukraine. Elle attendra qu’elle tombe comme un fruit mur, le moment venu.

N’empêche que c’est une escalade, et que la Russie en porte la responsabilité et qu’il faut le condamner dans notre interêt bien compris.

Quoiqu’on pense des arrières pensées ou des logique de situation, il n’empêche que c’est bien la Russie qui a pris la responsabilité de cet épisode. L’annexion de l’Ukraine dans l’OTAN ne tardera plus. Peu importe qu’elle ait été déjà prévue avant cela. Peu importe, parce qu’on ne juge d’une situation que par les actes qui y sont posés.

Aussi longtemps qu’une ligne n’est pas franchie on peut penser que la suivante ne le sera pas et s’organiser pour cela. Une ligne est franchie. Sauf a capituler sans condition les USA sont dans l’obligation d’étendre l’OTAN et les Européens sont obligés de dire oui à tout et au reste. Le reste c’est le blocage provisoire de Northstream II et l’approvisionnement en gaz de schiste américain. Avec, cela va de soi, de nouveaux déploiements de troupes USA et l’extinction des bavardages sur l’autonomie de défense européens.

Je ne dis rien à cette étape du bilan navrant de Macron dans cette séquence. Il y aura joué des rôles sans contenu réel. Il est inutile d’espérer qu’il fasse mieux. Il peut faire pire. On doit lui laisser une possibilité de respecter au moins la démocratie de son pays. Le Premier ministre doit une explication au pays dans les heures qui viennent devant l’Assemblée nationale.

Cette situation me conforte dans ma proposition d’une conférence des frontières. Elle permettrait de fixer des règles et de gérer avant la crise les autres situations de tensions frontalières qui murissent sur notre continent.

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La Russie introduit un nouveau désordre mondial en reconnaissant la souveraineté du Donbass séparatiste

Toute une époque a pris fin.

Le monde pacifié né de la fin de l’URSS et de l’inscription de la Chine dans le capitalisme mondial a bel et bien disparu : la prospérité capitaliste pendant trois décennies cède la place au chaos de la bataille pour le repartage du monde. La reconnaissance par la Russie des « deux républiques » populaires du Donbass séparatiste le 21 février 2022 a cloué le cercueil d’une période frappée à mort par l’irruption de la pandémie en 2020.

Le capitalisme a alors été incroyablement ralenti, bien qu’il ne puisse justement pas ralentir, par définition même. La course pour rattraper l’accumulation s’est transformée en tendance à la guerre et l’Ukraine a été le grand point de fixation, avec Taiwan. C’est pourquoi agauche.org en parle depuis avril 2021 de manière intense, et cela a été juste : cela montre la valeur d’avant-garde, au sens de la Gauche historique, du travail d’analyse et d’orientation mené.

Ceux qui ont considéré que les gilets jaunes ou telle grève de fonctionnaires formaient une « actualité » n’ont rien compris au sens de l’Histoire. Il faut voir les choses en grand, avoir de l’envergure. Sans cela on en reste au point de vue du capitalisme et de ses représentants. Car toute les figures politiques françaises sont sous le choc. Toutes croient fermement en la stabilité du capitalisme, alors forcément le ciel leur tombe sous la tête.

Même Eric Zemmour, pro-Russie, disait la veille qu’il ne croyait pas en une intervention militaire russe, alors que Marine Le Pen, historiquement pro-Russie également, a réagi à la nouvelle situation en affirmant qu’il fallait une grande conférence européenne sur la base des accords de Minsk que la Russie vient justement de jeter à la poubelle en reconnaissant les régions séparatistes ukrainiennes comme des Etats.

On notera d’ailleurs que la reconnaissance par la Fédération de Russie de la « république populaire » de Donetzk et de celle de Louhansk, dans la plus pure tradition « légaliste » russe, relève de deux « oukazes » différents.

« Sur la reconnaissance de la Rrépublique Populaire de Donetzk »
« Sur la reconnaissance de la Rrépublique Populaire de Louhansk »

Cette décision présidentielle de reconnaissance des « républiques populaires » suit également toute une procédure, commencé par un vote effectué en ce sens au parlement russe le 15 février 2022, sur proposition du Parti communiste de la Fédération de Russie de Guennadi Ziouganov, principale force d’opposition avec un peu moins de 20% des voix.

Pour : 351 voix (78%), Contre: 16 voix (3,6%), Abstention : 1 (0,2%), Participation : 351 (81,8%).

Officiellement, le président russe Vladimir Poutine et le gouvernement n’y étaient pas favorables, car cela remettrait en cause les accords de Minsk, qui prévoient ou plutôt prévoyaient un retour du Donbass séparatiste dans le cadre d’une Ukraine fédérale. Un tel retour empêcherait, par le droit de veto fédéral, l’intégration de l’Ukraine à l’Otan ou l’Union Européenne. L’étude présidentielle de la proposition de reconnaissance du Donbass séparatiste semblait donc hypothétique, théoriquement remise à plus tard, sans vraie réponse formelle attendue, etc.

Aussi, lorsque Vladimir Poutine a appelé à un réunion du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie le 21 février 2022, il a pris tout le monde de court en transformant cela en discussion sur la reconnaissance de la souveraineté du Donbass séparatiste. Cette discussion du Conseil de sécurité a amené à des prises de position, qu’on devine unanimes.

Se sont prononcés pour la reconnaissance de la souveraineté des « républiques populaires » le premier ministre, le président de la Douma (c’est-à-dire le parlement), le plénipotentiaire présidentiel du district fédéral central, la présidente du Conseil de la fédération de Russie, le secrétaire du Conseil de sécurité, le ministre des Affaires Etrangères, le directeur du FSB (les services secrets intérieurs), le directeur du Renseignement (les services secrets extérieurs), le ministre de la Défense, le ministre de l’Intérieur, le chef de la Garde nationale.

Deux responsables ont voté pour la reconnaissance en l’absence d’amélioration de la situation : le vice-président du Conseil de sécurité Dmitri Medvedev et le secrétaire du Conseil de sécurité Nikolaï Patrouchev, tous deux extrêmement proches du président russe Vladimir Poutine. Ce dernier n’a pas immédiatement donné son avis.

On remarquera au Conseil de sécurité la distanciation, systématique depuis la pandémie chez Vladimir Poutine à moins d’innombrables tests (Emmanuel Macron à Moscou en avait fait quatre mais avait refusé un test russe par désir de ne pas laisser son ADN, tout comme le chancelier allemand Olaf Scholz par ailleurs)

Et lorsque le Conseil de sécurité russe a commencé en début d’après-midi et que le thème de la reconnaissance du Donbass séparatiste a été connu, les diplomaties des pays occidentaux ont été sous le choc, réagissant de manière outrée. La veille encore le président Vladimir Poutine avait expliqué au président Emmanuel Macron qu’il acceptait une rencontre prochaine avec le président américain Joe Biden, et qu’il n’y aurait pas d’intervention en Ukraine. Le jour même, les ministres français et russe des Affaires étrangères (Jean-Yves Le Drian et Sergueï Lavrov) avaient convenus de se rencontrer le 24 février à Paris pour des « consultations préparatoires » en vue d’un sommet sur l’Ukraine.

Tout cela est tombé à l’eau d’un coup. A 19h, le président Vladimir Poutine a appelé le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz pour leur faire part de sa décision de reconnaître la souveraineté des « républiques populaires », passant immédiatement par la signature d’un traité d’amitié et d’entraide avec leurs présidents, Denis Pouchiline (pour Donetzk) et Leonid Pasechnik (pour Louhansk).

Leonid Pasechnik, Denis Pouchiline, Vladimir Poutine

Vladimir Poutine a ensuite embrayé pour une allocution d’une heure à la télévision russe pour rendre publique son choix et expliquer la situation, avec un mélange de vérité et de contre-vérité afin que les choses s’interprètent dans le sens de l’expansionnisme russe. Les Russes du Donbass séparatiste seraient la cible d’un génocide du régime fantoche ukrainien (ce qui est faux même si le régime est fanatiquement anti-russe), qui a fait du pays une colonie américaine (ce qui est vrai), avec l’OTAN cherchant à installer à la fois des bases et des installations nucléaires (ce qui est vrai aussi).

De toutes façons l’Ukraine serait, dit Vladimir Poutine, une invention de Lénine, aidé de Staline en 1945 avec le retour de la partie ukrainienne orientale (ce qui est vrai au sens où les bolcheviks ont reconnu la nation ukrainienne et mis en place une politique d’ukrainisation dans les années 1920-1930). Faisant allusion à la « décommunisation » menée en Ukraine de manière forcenée depuis 2014, il en conclut qu’une réelle « décommunisation » impliquerait le retour de l’Ukraine à la Russie. Voici la vidéo de l’intervention, qui dure une heure, en français, qu’il est résolument utile de connaître.

Dans la foulée, l’armée russe a été envoyée dans les « républiques populaires » pour oeuvrer à la « pacification », alors que les bombardements (à l’artillerie et aux mortiers) entre celles-ci et l’Ukraine continuent de manière effrénée. Il va de soi que cela forme un contexte explosif.

Sans attendre, la France et la Grande-Bretagne ont annoncé oeuvrer à des sanctions, la France ayant d’ailleurs immédiatement tenu un conseil de défense et de sécurité nationale avec le président Emmanuel Macron, le ministre de l’Europe et Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, la ministre des Armées Florence Parly, ainsi que le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire.

La superpuissance américaine a instauré immédiatement des représailles économiques contre les « républiques populaires », évacuant vers la Pologne le personnel de l’ambassade américaine en Ukraine de Lviv (à l’ouest du pays) et conseillant au président ukrainien Volodymyr Zelensky d’être prêt à quitter Kiev pour Lviv.

Volodymyr Zelensky a également tenu une brève allocution… à deux heures du matin pour expliquer que la décision russe mettait un terme aux accords de Minsk et ne changeait finalement rien du tout, l’armée ukrainienne veillant à la situation. Plus tard encore dans la nuit, les Nations Unies tenaient un conseil de sécurité d’urgence.

Car c’est de fait la panique dans toutes les diplomaties mondiales, dans tous les gouvernements du monde. La Russie a ouvert la voie de la déstabilisation par la force – et tout le monde a bien conscience que le processus n’est même pas terminé encore, puisque l’armée russe entoure l’Ukraine armée jusqu’aux dents, que la déstabilisation de l’Ukraine est en cours. Tout l’édifice né en 1991 est ébranlé. Comme dit le 5 avril 2021 dans l’article L’incroyable silence sur le conflit Russie-Ukraine :

« Ce qui se passe à la frontière de l’Ukraine et de la Russie change la donne. C’est l’expression de la grande crise, commencée avec le COVID-19 mais traversant toute la société, toute l’économie. Plus rien ne tient. La bataille pour le repartage du monde devient la grande tendance… »

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Incessants bombardements au Donbass et réouverture en France de manière pro-Zemmour de la représentation officielle de la « république populaire » de Donetsk

Aucun camp ne lâche prise.

La Biélorussie et la Russie devaient terminer leurs manœuvres militaires en Biélorussie le 20 février et c’est finalement repoussé en raison de l’importante tension dans le Donbass qui sert ici de prétexte prévu ou calculé, et jouant dans tous les cas un rôle utile alors que la Russie continue d’amener troupes et matériel aux frontières ukrainiennes, rapprochant celles en place des frontières en tant que tel. Il y a ainsi près de Belgorod, à quelques kilomètres de l’Ukraine, des chars T-72 équipés de charrues anti-mines, de réservoirs supplémentaires, de protections latérales réactives… L’une des questions qui se posent ici au sujet de ces troupes se rapprochant de l’Ukraine est l’application de la lettre Z sur certaines unités, la principale théorie étant d’éviter de confondre celles-ci avec l’armée ukrainienne utilisant le même matériel.

A la menace plus que concrète, totalement réelle et formant même un processus déjà en cours, de l’invasion russe de l’Ukraine, s’associe en tout cas avec les manœuvres prolongées la menace de la participation de la Biélorussie, qui est située très proche de Kiev. Cela impliquerait une occupation d’une large partie du pays dans un tel cas de figure, ainsi qu’un possible passage par la zone d’exclusion mise en place à la suite de la catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Carte de la radioactivité autour de Tchernobyl en 1996 (Eric Gaba – wikipédia)

On sait comment cette zone est désormais également un lieu de passage pathétique pour des touristes occidentaux écervelés, se mettant en scène de manière morbide surtout dans la ville abandonnée de Pripiat. On est là dans l’exemple même de la stupidité de gens façonnés par le 24 heures sur 24 du capitalisme et se retrouvant dans ce qui est glauque, malsain, et d’ailleurs célébré par des jeux vidéos, des films, des séries, etc. D’ailleurs, si rester sur la zone n’est pas dangereux, elle est fatale aux guides qui ne peuvent mener leur activité que 10-15 ans avant de succomber. On imagine l’impact qu’aurait des dizaines de milliers de soldats et surtout de véhicules militaires très lourds, libérant la poussière radioactive de manière massive.

Pripiat, une ville victime d’une catastrophe nucléaire et cible d’un voyeurisme ignoble

De manière étrange, le président français Emmanuel Macron a eu le 20 février 2022, pendant presque deux heures, le président russe Vladimir Poutine au téléphone, qui lui a garanti que la Russie quitterait bien la Biélorussie à la fin des manœuvres. Cela ne colle pas avec la continuation des manœuvres. Il ne faut cependant pas chercher de la cohérence et il est vrai cependant que l’Élysée lui-même a présenté cet appel comme celui « de la dernière chance ». Les promesses n’engagent que ceux qui y croient et tout est dit tout le temps, y compris son contraire. C’est le sauve-qui-peut et d’ailleurs, à la suite de son appel à Vladimir Poutine, Emmanuel Macron a appelé le président américain Joe Biden, le chancelier allemand Olaf Scholz, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, puis de nouveau Vladimir Poutine!

Autre exemple d’incohérence apparente, propre à cette situation dramatique, à la conférence de Munich sur la sécurité le 19 février 2022, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a expliqué qu’il fallait de la résolution contre la Russie et le risque d’invasion, qu’il fallait soutenir l’Ukraine contre la menace russe, qu’il fallait des sanctions préventives contre la Russie… Alors qu’en même temps lui et l’ensemble du gouvernement ukrainien expliquent qu’il n’y a aucune menace d’invasion russe à court terme, que l’armée russe n’a rien mis en place indiquant une offensive.

Le régime ukrainien dit également être sur la défensive, alors que dans les faits il y a eu les 19 et 20 février de violents et toujours plus nombreux bombardements au moyen de l’artillerie et de mortiers contre le Donbass séparatiste, qui réplique de manière acharnée bien sûr. Le régime ukrainien explique cela en disant que le Donbass séparatiste fait lui-même dynamiter des bâtiments pour ensuite l’accuser. Le Donbass séparatiste explique de son côté qu’il a repoussé une tentative de pénétration de la 79e brigade d’assaut ukrainienne et que l’Ukraine prévoit de l’attaquer la nuit du 21 février.

La Russie ne dit étrangement rien au sujet de cette escalade, alors qu’en plus elle doit accueillir à Rostov-sur-le-Don un million de réfugiés et qu’elle a commencé à en recevoir plu de 50 000. Ce silence est expliqué par l’intervention publique prévue de Vladimir Poutine le 22 février, où il abordera la question du Donbass de manière très franche, est-il dit, notamment parce que le parlement russe a demandé la reconnaissance comme souveraine des « républiques populaires » de Donetzk et Louhansk.

En même temps, la Russie a fermé militairement, pour des manœuvres, une large partie de la mer d’Azov tant au transport aérien que maritime.

Et qu’a-t-on de nouveau en France à ce sujet ? L’ouverture de la représentation officielle de la « république populaire » de Donetsk en France ! Le compte Twitter du représentant a été ouvert le 13 février, en mode totalement pro-Eric Zemmour naturellement, mais officialisé le 19 février. En fait, il s’agit d’une initiative de Hubert Fayard, ancien premier adjoint de Bruno Mégret à la mairie de Vitrolles et déjà « représentant » depuis 2017, avant que l’État n’interdise cela en mars 2021.

L’adresse de la représentation était la même qu’une « agence de rencontres », dénommée « Amour de Russie », ce qui a valu à Hubert Fayard 18 mois avec sursis et mise à l’épreuve pour « proxénétisme aggravé ».

Pro-chasse, évidemment !

Une association parallèle avait été montée et la « représentation » compte désormais ouvrir plusieurs succursales, dan chaque région, au premier mars. Il va de soi qu’il s’agit là d’une initiative s’inscrivant dans la mise en perspective « hybride » de la guerre par la Russie. C’est là un dispositif « conservateur révolutionnaire » tout à fait en phase avec Eric Zemmour, qui est extrêmement prudent dans ses formulations pro-Russie, mais qui relève forcément du même phénomène : si Marion Maréchal le rejoint, alors il est très clair qu’il y a aussi la Russie à la manœuvre.

La France devient le terrain de bataille du camp pro-américain et pro-turbocapitaliste et du camp pro-russe conservateur révolutionnaire. Mais la France est suffisamment un pays de lutte de classe pour que ce sinistre conflit ne devienne pas l’actualité… A condition que la Gauche historique soit à la hauteur !

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Départ de la population civile du Donbass séparatiste pour la Russie

Le Donbass séparatiste applique la mobilisation totale.

Le Donbass avait été marqué le 17 février 2022 par de violents affrontements à coups d’artillerie (et de snipers, et de drones laissant tomber des grenades). Ils avaient commencé très tôt, s’étaient arrêtés dans la matinée, pour reprendre par la suite notamment en soirée, montant en charge à chaque fois.

On peut se demander pourquoi le régime ukrainien est assez fou ou stupide pour se permettre une telle participation aux combats alors qu’il y a pratiquement 200 000 soldats d’une armée russe cherchant un prétexte pour lancer son offensive. Cela montre vraiment à quel point ce régime est gangrené par la superpuissance américaine et l’aveuglement nationaliste. Un pays est transformé en chair à canon pour satisfaire les ambitions des pays capitalistes occidentaux dans leur conquête de l’Est.

L’aggravation de la situation a amené, de manière authentique ou forcée (ou du moins calculée), les « républiques populaires » de Donetzk et Louhansk à annoncer le 18 février dans l’après-midi une mesure radicale : celle de la mobilisation totale. L’ensemble de la population civile non intégrable dans les forces combattantes – femmes, enfants, retraités – est envoyé en Russie, à Rostov sur le Don.

Il y a environ 2,3 millions de personnes dans la « république populaire » de Donetzk et 700 000 personnes vont être transférées ; il y a environ 1,5 million de personnes dans la « république populaire » de Louhansk, donc on parle d’autour d’un peu plus d’un million de personnes au total. C’est un chiffre immense, cela demande une intendance gigantesque, et bien entendu une mobilisation étatique complète.

C’est quelque chose qui marque très profondément l’opinion publique russe, mais aussi les gens en Ukraine, qu’ils soient liés à la culture nationale russe de manière directe ou pas. Il y a là une cassure historique – qu’il faut assumer ou pas. C’est une action choc s’inscrivant parfaitement dans la narration russe justifiant l’invasion de l’Ukraine.

Le pire est qu’il y a une part de vérité dans l’accusation faite comme quoi le régime ukrainien veut tenter de prendre le Donbass séparatiste par la force, ou plus exactement de prendre militairement la zone frontalière avec la Russie et de couper géographiquement les deux « républiques populaires ». Car plus que d’une invasion totale du Donbass séparatiste, tel est l’objectif ukrainien, en sachant que si cela réussit, le reste tombera assez rapidement dans la foulée.

Les deux « républiques populaires » se positionnent, quoi qu’il en soit, pour une guerre totale. On remarquera que leurs décisions, si elles sont les mêmes, sont toujours strictement distinctes, les deux « républiques » appliquant à tous les niveaux le principe d’un gouvernement distinct appliquant des mesures distinctes.

Des soldats de la LNR, la « république populaire de Louhansk »

On notera que les acteurs sur les réseaux sociaux favorables à l’OTAN – des experts attitrés ou non – sont allés jusqu’à affirmer que la Russie bombarderait les réfugiés du Donbass allant en Russie, pour ensuite accuser l’Ukraine. Devant la grossièreté de l’accusation, ils ont fini par retirer ces posts, mais c’est assez typique. Les réseaux sociaux, principalement twitter et telegram, avec des individus agissant de manière « romantique », ou bien des experts ou des think tank, déversent toutes les propagandes faites d’un côté comme de l’autre.

On rentre de toutes façons dans la période où la première victime est la vérité, car désormais les choses doivent être forcées. L’arc narratif est mis en place, ce qui est dit relève de coups assénés pour faire avancer les choses et plus il y a des idiots utiles mieux c’est. Car coups montés ou réelles actions, il devient impossible de savoir.

Il y a eu ainsi le 18 février un attentat à Donetzk, une voiture a explosé près des bâtiments gouvernementaux, celle du colonel Denis Sinenkov, chef de la milice populaire. Est-ce un véritable attentat ou une mise en scène? Le même jour, la « république populaire » de Donetzk a intercepté deux commandos ukrainiens composés de gens parlant polonais en mission pour aller faire sauter une usine de produits chimiques. Or, les Etats-Unis avaient prévenu d’un « false flag » impliquant des agents chimiques. S’agit-il d’une propagande du Donbass séparatiste ou bien d’une tentative ukrainienne pour accuser le Donbass séparatiste si l’opération avait réussi?

Il y a également un gazoduc ayant connu une explosion non loin de Louhansk, ce qui a grandement inquiété les médias pour le coup, car la question du gaz est primordial. Le président du Conseil italien Mario Draghi a d’ailleurs expliqué le même jour qu’il ne fallait surtout pas que les sanctions contre la Russie en cas d’invasion touchent les importations de gaz. Le bloc occidental n’est pas unifié ; il ne peut l’être qu’en cas de victoire, mais elle n’est pas assurée. C’est la superpuissance américaine qui tient avant tout à disposer d’une unité anti-russe, d’où les propos encore très agressifs du président américain Joe Biden à la Maison Blanche le même jour dans une allocution au sujet de l’Ukraine.

La situation se développe exactement comme expliqué depuis début avril 2021 sur agauche.org/ukraine. La bataille pour le repartage du monde refaçonne des pays, des sociétés, des rapports entre les pays, des situations politiques, des rapports de force militaire, la nature des actions internationales en général en leur conférant une nature militaire directe ou indirecte…

Et on se demande ce qui est le pire en ce moment en France : la nullité des très rares gens à gauche cherchant à parler de l’Ukraine car c’est une actualité vue à la TV, ou bien le silence général de la Gauche en général, qui passe complètement à côté d’un événement fondamental changeant la face du mur. Que les gens aient peur des grandes transformations quand elles se profilent ainsi, c’est compréhensibles. Mais de la part de gens affirmant comprendre le monde et savoir comment le changer, c’est inacceptable.

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Intenses affrontements dans le Donbass le 17 février 2022

La ligne de front se pose comme poudrière.

Le Donbass, c’est le bassin houiller du Donets, où l’on trouve notamment la ville de « Torez », avec notamment la compagnie minière « Torezanthracite », en référence à Maurice Thorez qui fut lui-même mineur avant de diriger le Parti Communiste Français des années 1930 aux années 1950. La ville s’appelle encore ainsi, car elle se situe dans la partie séparatiste, plus précisément dans la « République populaire de Donetzk » qui a comme voisine la « République populaire de Louhansk ». La ville de Torez aurait dû normalement changer de nom selon les lois ukrainiennes qui interdisent systématiquement tout ce qui a un caractère « soviétique ».

Voici la carte de la région administrative du Donbass, coupée en deux avec la partie ukrainienne (en jaune avec les villes en bleu) et la partie séparatiste (en rose avec les villes en rouge).

Rouge et rose: villes ou zones qui sont sous le contrôle séparatiste, ; orange: zones de conflits militaires directs entre l’Ukraine et les séparatistes, bleu et jaune: villes ou zones sous le contrôle du gouvernement ukrainien (source wikipédia)

La « ligne de contact » entre les deux est une sorte de mélange de no man’s land et de zones habitées, où dans des conditions d’une précarité immense des snipers, des drones artisanaux lâcheurs de grenades et des artilleurs frappent parfois, et ce de manière ininterrompue depuis 2014.

La pression vient ici clairement de l’Ukraine qui se pose dans une logique de harcèlement permanent, afin de ne pas permettre aux « républiques populaires » de s’installer, même si elles y parviennent relativement de par le poids démographique et économique de la ville de Donetzk, et bien entendu le soutien russe, qui est toutefois relatif. La Russie ne fournit pas du matériel militaire ultra-moderne, gardant une distance officielle tout en contrôlant le régime qui est une sorte de mélange de royaume de seigneur de la guerre et de capitalisme bureaucratique avec une imagerie néo-soviétisante insistant lourdement sur la religion catholique orthodoxe.

Et, donc, cette ligne de contact a été, le 17 février 2022, dès très tôt le matin, le lieu d’intenses tirs d’artillerie avec du matériel normalement non employé de par les accords de Minsk, avec également des escarmouches, l’OSCE comptabilisant 500 ruptures du cessez-le-feu (contre dix fois moins normalement). Rien que du côté du Donbass séparatiste, désormais en alerte général et mobilisant tous les hommes possibles (les passages vers la Russie ont été fermés), cela donne cela le catalogue suivant des actions ukrainiennes à son encontre.

5h32 : bombardement de Sokolniki (Front de Lugansk) depuis les positions de Kriakovka, au moyen de 5 obus de mortier 120 mm et 9 obus de SPG-9 (73mm).
5h35 : bombardement de Zolotoe 5 (Front de Lugansk) depuis Zolotoe 4, au moyen de 7 obus de SPG-9 et 32 grenades autopropulsées AGS-17 tirés, ainsi que des rafales de mitrailleuses lourdes.
5h38 : bombardement de Stanitsa Luganskaïa (Front de Lugansk) depuis les positions de Veselenkoe, au moyen de 12 obus de mortiers de 82 mm.
5h41 : bombardement de Nijne Lozovoe (Front de Lugansk) depuis les positions de Luganskoe. 15 obus de mortiers de 120 mm.
5h55 : bombardement de Kominternovo (Sud de la RPD) depuis les positions de Vodianoe: 2 obus SPG 9 et 20 grenades AGS 17.
5h57 : bombardement d’Oktyabr (Sud de la RPD) depuis les positions de Pishchevik, au moyen de 20 grenades AGS 17.
6h58 : bombardement du village de Petrovskoye (45 km Sud Donetsk) depuis les positions de Starognatovka. 8 obus de mortier de 120 mm.
7h42 : bombardement de Novolaspa (40km Sud Donetsk) depuis les positions de Starognatovka. 12 obus de mortier de 120 mm.
8h24 : bombardement de Novolaspa depuis les positions de Starognatovka, au moyen de 20 grenades AGS 17.
8h25 : mitraillage de Yelenovka (20 km Sud Donetsk) depuis les positions de Taramchouk, au moyen de mitrailleuses lourdes.
8h26 : mitraillage du village de Signalnoe (20 km Sud Donetsk) depuis les positions de Slabnoe, au moyen de mitrailleuses lourdes.
8h30 : bombardement du village minier de Gagarine (Ouest Gorlovka) depuis les positions de Leninskoïe, au moyen de 16 obus de mortier de 82 mm.
9h00 : bombardement du village minier d’Isotov (Nord Ouest de Gorlovka) depuis les positions de Majorsk ,au moyen de 16 mines obus de mortier de 82 mm.
9h15 : bombardement du village minier 6/7 (Nord Ouest Gorlovka) depuis les positions de Majorsk, au moyen de 29 grenades AGS 17.
9h32 : bombardement du village Petrovskoïe depuis les positions de Bogdanovka, au moyen de 20 grenades AGS 17.
9h37 : bombardement du village minier de Trudovsky (Sud Ouest de Donetsk) depuis les positions de Marinka, au moyen de 8 obus SPG 9 et 19 grenades AGS.
9h50 : bombardement du village de Donetskoe, quartier de Mandrynko (Sud Donetsk) depuis les positions de Novomikhailovka, au moyen de 5 obus de mortier de 82 mm.
10h30 : bombardement de Nikolaevka (front de Lugansk) depuis les positions de Oljovoe, au moyen de 15 obus d’artillerie lourde de 122mm, endommageant 4 maisons d’habitations et une usine de production d’huile.
10h42 : bombardement de Novolaspa depuis les positions de Starognatovka, au moyen de 20 grenades AGS.

De leur côté, les Ukrainiens ont notamment accusé les séparatistes d’avoir visé un jardin d’enfants, qui avaient été mis à l’abri quelques minutes auparavant. Cela sent cependant ici la mise en scène, car la fenêtre intacte à côté de l’impact est détruite sur d’autres photos. De toutes manières, chaque camp procède à une campagne d’intoxication permanente.

Les actions armées ont cessé en fin de matinée pour reprendre très brutalement dans l’après-midi. Le même jour, le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken a tenu un discours à l’ONU où il a accusé la Russie de viser à une invasion de l’Ukraine, tandis que la Russie a fait part de sa réponse concernant les messages des Etats-Unis et de l’OTAN, expliquant bien entendu sa déception et la nécessité d’une réponse « technique » sur le plan militaire de sa part. La Russie a également expulsé le numéro deux de l’ambassade des Etats-Unis à Moscou, Bart Gorman, en représailles d’une mesure équivalente récente de la part des Etats-Unis.

La Russie a également fourni des documents à l’ONU concernant des crimes de guerre commis par l’Ukraine en 2014 lors des troubles menant à la naissance des « républiques populaires » séparatistes. Ces dernières parlent de charniers venant d’être découverts. En réalité, ils sont connus depuis le départ, les forces ukrainiennes cherchant à « purger » la zone et les forces séparatistes réagissant dans l’ultra-violence. On est là dans la mise en place d’un schéma narratif et d’un arc de tensions afin de faire s’exprimer la guerre dans les conditions adéquates.

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Fiasco de la journée ukrainienne de l’unité et pseudo-retrait russe des frontières

L’escalade continue.

La Russie a annoncé le 16 février 2022 la fin de manoeuvres en Crimée et les médias se sont empressés de parler de désescalade en général, comme la veille. Or, en pratique, le matériel et les troupes continuent d’arriver aux frontières de l’Ukraine, alors que des trois regroupements ayant quitté la Crimée, un part en Tchétchénie d’où il provient, les deux autres dans leurs bases… près de l’Ukraine.

La Russie joue ici beaucoup sur la volonté des gens des pays capitalistes de ne pas croire que quelque chose puisse vraiment arriver, qu’il puisse réellement y avoir, comme c’est le cas désormais, plus de 300 000 soldats surarmés et au poste de combat. C’est une tension extraordinaire qu’il y a en Ukraine en ce moment. C’est une partie de l’Histoire du monde qui est en train de se jouer. Les gens ne veulent pas le voir. Les rares médias de gauche ou d’extrême-gauche qui parlent de la situation en Ukraine ne saisissent rien à l’envergure de ce qui se passe – parce qu’ils ne le veulent pas. Ils sont corrompus, ils veulent vivre comme avant. Sauf que le monde court à l’abîme.

Symbole de cette tension, trois avions de chasse russes Su-35 ont intercepté de manière non-professionnelle selon la superpuissance américaine des avions patrouilleurs US Navy P-8A de celle-ci en Méditerranée, s’en rapprochant jusqu’à une distance de 1 mètre 50. C’est tout à fait expressif de la situation. Pour rappel, le 12 février, la Marine russe avait chassé par la force un sous-marin américain des eaux territoriales russes dans le Pacifique.

Symbole également de cette tension, la journée d’unité nationale appelée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été un fiasco. Au niveau des institutions occidentales ou pro-occidentales, cela a été une énorme réussite, avec de nombreux bâtiments illuminés aux couleurs ukrainiennes, comme ici le ministère des affaires étrangères de l’Estonie.

Le régime avait toutefois demandé à la population de placer des drapeaux partout, et force est de reconnaître qu’il n’y a pas eu d’engouement populaire, de marches de millions d’Ukrainiens dans la rue. Il n’y a même rien eu du tout, et c’est logique vue la nature du régime ukrainien, corrompu, avec une oligarchie aussi ignoble qu’en Russie mais en plus une absence encore plus marquée de lois appliquées dans le pays, à quoi s’ajoutent les activités ininterrompues des nationalistes d’un côté, des pro-occidentaux de l’autre.

Cette absence de nature démocratique et populaire de l’Ukraine est d’ailleurs le grand espoir de la Russie pour annexer une bonne partie du pays : il est considéré que les gens ne se bougeront pas pour sauver un tel régime, un État en faillite. Pour donner un exemple de cela, il suffit de parler de la mésaventure qui vient d’arriver à Alina Pash.

Cette chanteuse née en 1992 devait représenter l’Ukraine à l’Eurovision avec sa chanson Les ombres des ancêtres oubliés, une chanson historico-patriotique racontant l’Ukraine dans une perspective romantique et pacifique, ayant comme référence le très célèbre film du même nom de 1965 du réalisateur soviétique arménien Sergei Parajanov, qui se fonde sur le roman au même titre de Mykhaïlo Kotsioubynsky. Le film comme le roman se passe dans les Carpates ukrainiennes d’où vient Alina Pash, et musicalement la chanson de cette dernière est dans la veine de Dakhabrakha et de ce formidable mélange musical à base folk.

Seulement voilà, le régime ukrainien est fanatique et Alina Pash a été victime d’une terrible campagne la forçant à abandonner le 16 février 2022 sa candidature à l’Eurovision. Elle a été accusée de plusieurs « crimes » en étant la cible d’une intense campagne nationaliste.

Primo, elle se dit constamment pour la « paix », ce qui ne correspond pas au discours officiel- une chanteuse comme Onuka qui prononce 50 fois le mot Ukraine par minute et assume l’orientation du régime est au contraire très appréciée, forcément. Secundo, elle a été à un anniversaire en Crimée en 2015 (conquise à l’Ukraine et annexée en 2014 par la Russie), en passant qui plus est par Moscou, ce dernier aspect étant illégal en Ukraine (elle-même a niée être passée par la Russie mais les garde-frontières ukrainiens n’ont pas trace de son passage).

Tertio, elle pose sur les réseaux sociaux à Moscou en 2017- tout en disant « Kyiv » (à l’ukrainienne) et non pas « Kiev » (à la russe), mais cela ne compte pas pour les fanatiques en Ukraine.

Et sur les réseaux sociaux, elle a posé aux couleurs russes, une chose inacceptable par définition pour le régime ukrainien, même si cela remonte à… 2012.

Et Il faut ajouter deux autres choses : en 2018, elle devait participer en Russie au festival musical organisé par la marque Bosco di Ciliegi, appartenant à Mikhail Kusnirovich, un proche de Vladimir Poutine. Elle et d’autres ont été obligés d’annuler in extremis en raison du « scandale » en Ukraine.

En 2019, lors de la journée de l’indépendance ukrainienne, alors qu’elle devait chanter l’hymne national avec d’autres artistes pour une séquence de huit minutes, elle a pris l’initiative de rapper des vers de sa propre composition au sujet de l’Ukraine.

Alina Pash a démissionné mais tous ces éléments faisaient qu’elle devait de toute façon être exclue par les organisateurs du concours. Celui qui a par contre un grand succès en Ukraine est l’ambassadeur ukrainien au Japon, Sergiy Korsunsky, qui pose en pseudo-samouraï pour défier la Russie, avec une iconographie patriarcale-nationaliste… Pathétique.

L’Ukraine est bien mal partie avec un tel régime, avec ses fanatiques, avec la superpuissance américaine et le Royaume-Uni (ainsi que d’autres) la poussant à la guerre. Les armements fournis par les Américains sont d’ailleurs déployés aux frontières avec le Donbass séparatiste désormais – la Russie n’attendant que leur emploi pour justifier son intervention.

Matériel anti-tank et anti-aérien récemment fourni :
FGM-148 Javelin, NLAW, M141, FIM-92 Stinger

La Russie dira : les pays occidentaux disent qu’on voulait envahir, mais on n’a rien envahi, tout est mensonge. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des affaires étrangères – un ministère déversant des moqueries de manière ininterrompue sur les réseaux sociaux – a ainsi déclaré le 16 février 2022 :

« Je fais une demande particulière aux médias de désinformation britanniques et américains. Pouvez-vous annoncer le calendrier de nos invasions pour l’année à venir ? J’aimerais planifier des vacances. »

Mais dans la foulée, la Russie mentant sur sa propre escalade précise : toute cette propagande informationnelle contre nous a été un prétexte pour armer l’Ukraine contre le Donbass. Et c’est vrai, car l’Ukraine est poussée à la guerre par les pays occidentaux, qui y voient de la chair à canon.

Telle est la réelle actualité : les grandes puissances prêtes à tout pour diviser pour régner, pour diffuser la guerre, pour s’imposer dans la bataille pour le repartage du monde !

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Ukraine : Lutte Ouvrière ne critique pas la Russie

Seuls les Etats-Unis seraient fautifs.

Il n’est nullement étonnant que la « gauche » du PCF prenne partie pour la Russie dans le conflit ukrainien, c’est un positionnement qui se situe dans le prolongement d’un point de vue faisant de la Chine (souvent considéré comme « socialiste ») et de la Russie des Etats nationaux formant un contre-poids à l’impérialisme (résumé aux Etats-Unis). Mais alors voir Lutte Ouvrière dire exactement la même chose est plus que surprenant.

Il est vrai que Lutte Ouvrière se contorsionne depuis 1991 quant à la nature de la Russie, expliquant que tant qu’il y a des acquis de l’époque socialiste, cela reste une sorte d’Etat ouvrier dégénéré. Cependant, pour en arriver à nier que la Russie place 150 000 soldats armés jusqu’aux dents aux frontières d’une Ukraine considérée comme un appendice russe à récupérer…

Car l’article Crise ukrainienne : l’impérialisme américain à la manoeuvre du 16 février 2022 ne dit pas autre chose. Il est expliqué que les Etats-Unis ont annoncé une invasion russe pour le 16, qu’elle n’a pas eu lieu, que même il y a « la nouvelle du début de repli des troupes russes », que par conséquent tout cela a été un coup monté par les Américains. La Russie se contenterait de montrer sa force :

« Ainsi la Russie est présentée comme s’apprêtant à déclencher une guerre pour mettre la main sur l’Ukraine. Les manœuvres militaires organisées par l’armée russe ne signifiaient pourtant pas que Poutine avait décidé une invasion. Le dirigeant du Kremlin est engagé dans un bras de fer avec l’impérialisme américain, où chacun montre ses muscles. En juillet 2021, c’est l’OTAN qui a organisé des manœuvres militaires en mer Noire, impliquant des forces d’une trentaine de pays, dont l’Ukraine. »

Ce qu’on lit ici est ridicule de bout en bout et témoigne d’une profonde méconnaissance de la situation, et même d’une absence d’efforts devant ce qui forme un événement absolument catastrophique pour la paix en Europe. La Russie ne fait pas simplement des « manoeuvres », elle a amassé une majorité significative de son armée à la frontière avec l’Ukraine, avec absolument tout ce qu’il faut pour une invasion. Même si Lutte Ouvrière ne suit pas le conflit ukrainien depuis avril 2021 (comme le fait agauche.org), un peu d’études de la question permet facilement de voir que la Russie menace l’Ukraine et ne s’en cache pas puisqu’elle nie son existence (ce serait une « invention bolchevique » comme l’explique Vladimir Poutine).

Il est donc absolument faux de réduire la question de la guerre à une simple magouille électoraliste et machiavélique du président Joe Biden, tout en disant d’ailleurs que la guerre n’aura de toutes façons pas lieu. C’est là complètement rater la nature de la période actuelle, qui est celle de la bataille pour le repartage du monde.

« Depuis près de trois mois, l’administration de Washington se livre à une vaste manipulation de l’information, comme à chaque fois qu’il lui faut justifier une intervention quelque part dans le monde.

Avec cette opération, Biden veut certainement se donner une nouvelle stature vis-à-vis de son opinion publique alors que, depuis l’évacuation en catastrophe de l’Afghanistan, ses concurrents républicains, à commencer par ­Trump, ne cessent de le présenter comme un président faible. Alors que sa cote de popularité est au plus bas, qu’aucune des réformes sociales promises n’a vu le jour et que l’inflation a atteint des niveaux inégalés depuis 1982, le président démocrate peut aussi vouloir utiliser cette crise politique extérieure pour faire diversion et susciter un réflexe d’union nationale derrière lui.

L’attitude de Biden va cependant au-delà de ces calculs à court terme. L’impérialisme américain a besoin que sa population soit prête à aller faire la guerre partout où les intérêts de ses capitalistes l’exigeront, comme il n’y a pas si longtemps en Irak et en Afghanistan.

Pour cela, il faut la mettre en condition, la convaincre qu’il y a face à elle des régimes menaçant la liberté et la démocratie qui sont le dernier des soucis des dirigeants américains d’un bout à l’autre du monde, de l’Arabie saoudite à la Birmanie… Cette mise en condition s’étend aux populations d’autres pays occidentaux, comme la France dont les dirigeants, fût-ce avec quelques contorsions, s’alignent sur la diplomatie américaine.

Même si la guerre n’est pas pour ces jours-ci, les dirigeants occidentaux tiennent dès à présent à préparer leurs populations à la faire contre les méchants, russes ou chinois, tant ils sont conscients que la crise capitaliste les y poussera. Une guerre qui n’est en aucun cas dans l’intérêt des travailleurs.

Lutte Ouvrière se prend ici les pieds dans le tapis : elle n’a pas pris au sérieux le conflit ukrainien, considéré comme régional, relevant d’une lutte locale pour le contrôle du pays, sans envergure. Le conflit ukrainien est au contraire la boîte de Pandore des conflits modernes du capitalisme en crise, de la forme de la guerre dans les conditions du 21e siècle ; la conflagration est par nature (du capitalisme en crise) absolument inévitable et a d’ailleurs déjà commencé.

Au-delà de cette question essentielle et actuelle de la nature de la guerre moderne, qui n’a rien à voir avec celle des années 1960 ou 1990, il y a aussi la question nationale qui joue sur le plan de la théorie, de l’idéologie. Le trotskisme rejette les problématiques nationales et Lutte Ouvrière tout particulièrement. La question de l’indépendance nationale ukrainienne ne peut donc pas apparaître ici, alors que c’est l’existence même de la nation ukrainienne qui est en jeu. Impossible par conséquent pour Lutte Ouvrière de saisir le cadre du conflit, en plus de ses modalités.

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Piratage informatique massif en Ukraine et appel du parlement russe à la reconnaissance du Donbass séparatiste

Le 15 février 2022 fut lourd de conséquences.

Alors que le chancelier allemand Olaf Scholz était à Moscou le 15 février 2022, après avoir été à Kiev la veille, le parlement russe a appelé le président russe Vladimir Poutine à reconnaître les « républiques populaires » de Donetzk et de Louhansk comme États indépendants. Cet appel direct au président permet de contourner diverses navettes entre différentes instances, notamment le ministère des affaires étrangères.

Vladimir Poutine a réagi de la manière suivante :

« La majorité des députés ont soutenu la résolution, qui a été présentée, en fait, par le parti d’opposition – le Parti Communiste de la Fédération de Russie. Je partirai du fait que nous devons tout faire pour résoudre les problèmes du Donbass, en premier lieu, sur la base des opportunités non pleinement réalisées pour la mise en œuvre des accords de Minsk. »

Il faut se rappeler que normalement, les accords de Minsk (signés par l’Ukraine et la Russie, la France et l’Allemagne) prévoient une réintégration progressive dans l’Ukraine du Donbass séparatiste, dans un cadre fédéral. Jusqu’à présent la Russie s’est toujours refusée à abandonner les accords de Minsk qu’elle a réussi à mettre en place en 2014 et qui forment un levier sur l’Ukraine.

Or, on voit ici avec ce que dit Vladimir Poutine que le discours de plus en plus officiel du côté russe est que l’Ukraine ne réalisera pas les accords de Minsk – il faut dire aussi que l’Ukraine ne s’en cache pas, sachant que la reconnaissance d’une nature fédérale à l’État ukrainien empêcherait le régime d’aller vers l’OTAN et l’Union européenne. Ce qui implique du côté russe qu’une reconnaissance du Donbass séparatiste doit, « logiquement », s’accompagner d’une intervention militaire de protection.

La seule autre possibilité est que la France et l’Allemagne aient assez de poids pour amener l’Ukraine à suivre les accords de Minsk – mais l’Ukraine est principalement un satellite américain, et les États-Unis veulent se servir de ce pays comme tête de pont dans sa conquête de l’Est allant jusqu’au bout, jusqu’à Moscou.

La Russie a d’ailleurs mené une vaste campagne de piratage informatique en Ukraine le 15 février 2022. Cela n’a bien entendu pas été revendiqué en tant que tel, mais c’est très clair. On parle ainsi de l’effondrement des sites ministériels (dont l’armée et les services secrets), ainsi que ceux des deux principales banques (Privatbank et Ochtchadbank) dont les activités ont été bloquées. Commencée au tout début d’après-midi, l’attaque de type DDOS (déni de service) s’est prolongée pendant au moins une dizaine d’heures.

Pour l’anecdote, un stream de l’agence Reuters montrant une place de Kharkiv [en fait de Kiev] a également vu plusieurs fois l’hymne russe émerger en fond sonore… On est là bien entendu dans une vaste opération à la fois technique et psychologique. D’ailleurs, officiellement, la Russie a annoncé qu’elle commençait à retirer des troupes de la frontière avec l’Ukraine, en raison de la fin des exercices. Le quotidien Le Monde indique ainsi que :

« La Russie a envoyé, mardi 15 février, les premiers signaux d’une détente dans la crise autour de l’Ukraine qui dure depuis la fin de l’année 2021. »

L’article précise bien que les occidentaux sont sceptiques, mais cela ne change rien au fait que l’ensemble des médias internationaux ont repris telle quelle cette information d’une désescalade russe n’ayant strictement aucune réalité.

Tout cela est très calculé du côté russe, tout comme le sont les différentes positions américaines et britanniques. Il y a toute une mise en place militaire et une narration orchestrée pour la justifier. Comme en 1914, chaque camp accusera l’autre d’avoir commencé.

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Ukraine : l’heure du basculement

Toutes les contradictions s’alignent sur la question ukrainienne et exigent une résolution.

Il y a désormais du côté russe pratiquement 70% de l’armée de terre aux frontières avec l’Ukraine, ainsi que la moitié des avions de l’armée de l’air, à quoi s’ajoute toute une flotte dans la Mer Noire et la Mer d’Azov. Et l’accroissement numérique est grandissant.

Même du côté allemand et français, deux pays cherchant à temporiser, il est clair que l’invasion russe est concrètement matériellement engagée. Elle peut être stoppée au dernier moment, cependant le processus est clairement enclenché. Et dans tous les cas, un camp – la Russie ou les pays capitalistes occidentaux – va être perdant, et l’Ukraine de toutes façons.

Le chancelier allemand Olaf Scholz était à Kiev le 14 février 2022, pour tenter d’arracher un compromis de la dernière chance, alors que le même jour le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a affirmé que:

« Y a-t-il tous les éléments pour que soit menée une offensive forte de la part des forces russes en Ukraine ? Oui c’est vrai, c’est possible là, c’est possible rapidement. C’est ce qui nous pend au nez. »

Le 15 et surtout le 16 février 2022 sont considérés par la superpuissance américaine comme les dates privilégiées de l’offensive ; l’ensemble du matériel informatique et technique de l’ambassade américaine à Kiev, déjà évacuée, a été détruit.

Ce qui n’empêche pas la superpuissance américaine d’en même temps prévoir un milliard de dollars de prêts à l’Ukraine, tout en continuant à envoyer des cargos d’armement. Voici d’ailleurs la liste « officielle » de ce qui a été envoyé depuis 2014, pour la somme de 800 millions de dollars environ : 75 postes Javelin avec 540 de leurs missiles guidés antichars, 276 véhicules HMMWV (106 blindés, 100 non blindés et 70 médicaux), 145 véhicules Toyota Land Cruiser, 57 véhicules Ford, 4 drones UAV RQ-11B Raven, 4 patrouilleurs de classe Island, 40 radars c/batterie AN/TPQ-48/49, 15 radars c/batterie AN/TPQ-36/37, 10 radars Sharp Eye, 4 251 radios, 185 mitrailleuses MG M240V, 5 173 AK-74 & 2 400 pistolets, 122 fusils de sniper M107A1, 48 systèmes de guerre électronique, 9 337 appareils de vision nocturne et viseurs, 16 mortiers M1982 de 120 mm (2B11).

La logique américaine est de continuer à renforcer la pression pour satelliser l’Ukraine, tout en menaçant la Russie de sanctions massives si elle intervient. La Russie compte jouer son propre jeu, aucun camp ne compte reculer. La conflagration se pose comme en 1914.

L’Ukraine continue toutefois étonnamment d’expliquer que la Russie n’a pas assez de forces pour une invasion, et le président ukrainien Volodymyr Zelensky a, en prétendant se moquer de la date d’invasion pour le 16 février , fait de cette date une journée de l’unité nationale, donc fériée, appelant à des rassemblements patriotiques dans une intervention télévisée de 8 mn le 14 février. L’armée serait forte, la plus forte armée d’Europe, il faut avoir confiance en elle, le pays a connu d’autres menaces de guerre, « Gloire à l’Ukraine », etc.

Les « experts » bourgeois sont ici dubitatifs et ne parviennent pas à savoir si Volodymyr Zelensky joue la comédie pour rassurer la population (il est initialement comédien de profession), ou bien s’il est dans le déni le plus complet. Il faut en fait surtout voir que le régime ne tient que par un discours ultra-nationaliste triomphaliste et qu’il est totalement auto-intoxiqué.

D’où, parallèlement, la multiplication d’initiations militaires plus ou moins fictives par les milices d’extrême-Droite, qui ont un très large écho dans certains médias, notamment anglophones, qui présentent cela comme une actualité. En réalité, les initiatives de ce type et les rassemblements nationalistes ne ramènent qu’un nombre très faible de gens, en ce sens le 16 février sera en quelque sorte un test pour le régime concernant sa capacité de mobilisation… Si la Russie lui en laisse le temps.

La Russie qui, d’ailleurs, nie quant à telle toute intention d’invasion, continuant sa narration comme quoi c’est de la paranoïa et de la propagande anglo-saxonne… Tout en expliquant qu’elle n’exclut pas une provocation occidentale précisément à ce moment-là pour l’accuser a posteriori. La narration russe consiste à répandre l’hypothèse, d’ailleurs pas absurde, d’une offensive ukrainienne contre le Donbass séparatiste, la Russie étant accusée en même temps.

Il faudrait alors que la Russie vienne évidemment sauver les Russes présents dans ces territoires. D’ailleurs, le ministère des affaires étrangères a publié le 14 février 2022, sur un réseau social, un rappel très opportun de la libération de la ville de Lugansk le 14 février 1943…

Narration contre narration visant à justifier intérêts de grande puissance contre intérêts de puissance, voilà l’enseignement de ce qui se passe avec comme visée l’expansion impériale dans la bataille pour le repartage du monde.

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L’espace aérien ukrainien désormais fermé

L’Ukraine est mise au pied du mur.

Un système mobile multicanal de missiles sol-air russe S-300V 9A83 TELAR à la frontière ukrainienne

Les compagnies d’assurances du secteur aérien ont arrêté leurs activités concernant l’Ukraine, par conséquent ce 14 février 2022 l’ensemble des compagnies aériennes cessent leurs activités en Ukraine. L’Ukraine se voit isolée, alors que de plus en plus de pays demandent à leurs ressortissants de quitter le pays. La France a demandé à ses ressortissants en Ukraine de stocker de l’eau et de la nourriture, et de faire le plein d’essence…

Le régime ukrainien a tenté de répondre à cette question aérienne en mettant 690 millions de dollars sur la table, mais c’est en pratique une simple goutte d’eau de par la dimension des sommes en jeu dans de tels contrats d’assurances. Et quelle compagnie acceptera la garantie financière d’un régime qui peut ne plus être en place quelques jours après?

Car si officiellement le régime dit toujours qu’il n’y a pas de menace russe, en interne les voix disant franchement le contraire se généralisent, la pression étant de plus en plus intenable. Les oligarques et les plus riches Ukrainiens ont d’ailleurs pris en catastrophe l’avion à Kiev le 13 février 2022 dans divers charters et avions privés, pour s’éloigner du point d’impact qui semble être de plus en plus une très large partie du pays.

C’est à l’étranglement d’une nation auquel on est en train d’assister.

La Russie prétend bien entendu de son côté qu’elle ne veut pas envahir l’Ukraine, que tout est de la propagande de part des « Anglo-Saxons » qui ont besoin de la guerre. La « gauche » du PCF converge ou s’aligne totalement sur ce discours.

Mais en même temps la Russie monte en puissance pour dire que l’Ukraine va attaquer le Donbass… Ce qui sous-tend qu’elle sera « obligée » d’intervenir… et qu’elle a la « chance » de justement mener de grandes manœuvres non loin ! Le « hasard » fait bien les choses… Tel est le scénario qui se profile, alors qu’en plus le régime ukrainien amasse vraiment des troupes près du Donbass séparatiste. Ayant réfuté l’orientation démocratique et populaire, le régime ukrainien ne peut en effet avoir en vue qu’une sortie : frapper si fort le Donbass séparatiste que cela provoque un sursaut nationaliste et rendre impossible une invasion russe visant à annexer pratiquement tout le pays sauf la partie ouest revenue à l’Ukraine en 1945.

Tout cela est catastrophique et on aurait bien tort de penser qu’il n’y aurait pas un impact immédiat en France. Le mouvement d’Eric Zemmour, « Reconquête », vient en effet de passer la barre des 100 000 adhérents. Le 100 000e membre viendrait des Républicains et Eric Zemmour compte l’accueillir lui-même, alors que Stéphane Ravier, soutien de Marine Le Pen à Marseille, vient de le rejoindre.

Or, qu’est-ce que cela change ? Eh bien si Eric Zemmour disposait de 20 000 adhérents encore seulement et d’une perspective bouchée, son soutien à la Russie en cas de conflit en Ukraine l’isolerait relativement dans un panorama où la Droite traditionnelle est pro-américaine. Il serait le Jean-Luc Mélenchon de la Droite. Là c’est différent, il y aurait en cas de victoire russe la mise en place d’une caisse de résonance très forte à celle-ci, et c’est indéniablement un objectif russe également.

Le conflit ukrainien va provoquer un enchaînement comme aux dominos. Et d’ailleurs il provoque déjà cet enchaînement, il n’y a même pas la guerre que le remue-ménage « impérial » est déjà partout. Ou, alors, plutôt, il y a déjà la guerre. Car la pandémie a ouvert la voie à la bataille pour le repartage du monde comme tentative du capitalisme de s’arracher à sa crise.

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La « gauche » du PCF prend partie pour la Russie dans le conflit ukrainien

La Russie et la Chine seraient des vecteurs d’anti-impérialisme.

Il a déjà été parlé ici de la tendance d’une partie de la Gauche française, celle liée au PCF dans une rupture avec lui à partir des années 1990, et qui a pris une position clairement favorable à la Chine et à la Russie (« Qui menace la paix en Ukraine ? » Pas la Russie ?). Dans le prolongement d’Echanges communistes qui rassemble les documents de cette tendance au sujet de l’Union Européenne, il y a un nouveau document commun au sujet de la situation en Ukraine (mais sans le Parti Communiste Révolutionnaire de France, sur le même ligne cependant).

On parle ici du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) et des Jeunes pour la Renaissance Communiste en France (JRCF), du Rassemblement Communiste (RC), de l’Association Nationale des Communistes (ANC), du Comité Internationaliste de Solidarité de Classe (CISC).

Tout en feignant, sans nullement convaincre, de prendre des distances avec les régimes chinois et russe, il y a une dénonciation unilatérale des pays capitalistes occidentaux, en « oubliant » donc que c’est tout de même la Russie qui rassemble une armada d’environ 150 000 soldats armés jusqu’aux dents autour d’une Ukraine dont l’existence est niée ! Quant à expliquer que le régime chinois n’est pas agressif… c’est tellement invraisemblable, alors que dire !

De plus, ce qu’on a ici n’aboutit pas une position cohérente, car si on admet tout ce qui est affirmé de manière unilatérale, que « l’impérialisme euro-atlantique » précipite le monde « dans une guerre potentiellement mondiale et exterminatrice », alors pourquoi conclure qu’il suffirait de lutter contre l’austérité ?

C’est là soit une réponse réformiste à la guerre qui n’est pas à la hauteur, soit un positionnement qui montre qu’il n’est pas vraiment cru en la tendance à la guerre, même de la part des pays capitalistes occidentaux.

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Guerre

Le conflit en Ukraine devient la première actualité mondiale

Le monde est comme suspendu mais les gens sont déconnectés.

Le 12 février 2022, un sous-marin américain rentré dans les eaux territoriales de la Russie dans l’Océan Pacifique, au niveau de l’archipel des îles Kouriles (dont le tiers est revendiqué par le Japon). Il s’agit d’un sous-marin américain de la classe Virginia, soit un sous-marin nucléaire d’attaque à plus de 2 milliards de dollars. La flotte russe l’a intercepté et exigé qu’il fasse surface ; devant son refus des « moyens » ont été employés et le sous-marin a quitté les lieux à grande vitesse. L’attaché militaire américain à Moscou a été convoqué par le ministère russe des Affaires Étrangères.

C’est là indéniablement marquant. C’est quelque chose de très grave. C’est cependant conforme à la tendance historique, alors cela laisse indifférent. C’est dans l’ordre des choses, très exactement. Un ordre des choses de plus en plus terrifiant.

Le 12 février 2022, le président américain Joe Biden a appelé le président Vladimir Poutine pendant une heure… et le président français Emmanuel Macron a lui aussi appelé le président russe Vladimir Poutine pendant une heure, et il a appelé également le président américain Joe Biden, le chancelier allemand Olaf Scholz et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Et alors que le 11 février a été marqué par le début de la généralisation de l’évacuation des ressortissants étrangers d’Ukraine, le 12 février s’est situé dans son prolongement direct : la compagnie KLM a suspendu ses vols vers l’Ukraine; les États allemand, belge, italien, suédois, tchèque et d’autres ont demandé à leurs ressortissants de quitter l’Ukraine, le Canada a fermé son ambassade à Kiev…

L’ordre mondial vacille au milieu d’une ambiance d’autant plus délétère que celle-ci émerge dans un monde rendu comateux par trente années d’expansion capitaliste déchaînée.

Et la seule chose qu’éprouve les gens, c’est la nostalgie de ces trente années !

Tel est le niveau de déconnexion : la réalité dans ses fondements n’apparaît aux gens qu’éminemment lointaine, abstraite, avec qui plus est un grand fatalisme dans l’approche générale. Les gens du peuple comprennent que les puissants manigancent pour l’expansion de leur domination, mais il en a toujours été ainsi… Les petits-bourgeois ne croient en rien et oscillent dans toutes les directions, ce qui leur donne l’impression d’avoir toujours raison. Les classes dominantes basculent dans le cynisme le plus complet, au nom du « réalisme ».

Quant au niveau intellectuel, il est à zéro, la décadence capitaliste amenant les subjectivismes à suinter de partout. Le risque d’invasion russe de l’Ukraine a ainsi fait la une du journal télévisé de France 2 le 12 février 2022, et on pouvait facilement voir qu’il y avait une tentative vraiment pathétique, partant de très loin, d’essayer de comprendre et de raconter ce qui se passe. Cela a concrètement donné le correspondant français aux États-Unis délirant sur des soldats américains qui chercheraient possiblement des citoyens américains en pleine Ukraine envahie afin de les sauver, se faisant tirer dessus, ripostant, provoquant une escalade majeure.

On est là dans l’imagination débordante de gens n’y connaissant rien et découvrant les choses telles qu’elles font surface. Pour prendre un autre exemple, la chaîne publique d’informations en continu France info a publié un court article le 12 février 2022, au sujet du point de vue des ressortissants français à Kiev, qui ne croient pas en une situation de tension. On y lit :

« Le ressenti est le même dans le restaurant français le plus huppé de Kiev. Robin, le chef déclare : « Si vraiment ça commence à péter, soit je reste en Ukraine, soit je rentre en France ». »

Voilà le niveau d’information. Le point de vue donné au journaliste est absurde, le réel est totalement perdu de vu. Ce genre de choses est inévitable et ne peut que s’amplifier dans une société de consommation où règne la superficialité et l’éphémère.

Le conflit en Ukraine n’est pas seulement une expression du capitalisme en crise allant à la guerre. Dans ses modalités mêmes, il reflète une situation où le rapport à la réalité est perdu en général. C’est littéralement la fin d’une civilisation.

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Le début de la généralisation de l’évacuation des ressortissants étrangers d’Ukraine

L’Inquiétude est désormais ouvertement palpable.

C’est tout à fait exemplaire de la double rhétorique des grandes puissances. D’un côté, la Russie maintient fermement qu’elle n’a aucunement l’intention d’envahir l’Ukraine, que c’est une « psychose » occidentale que de voir les choses ainsi, et que cela cache même une opération occidentale visant à faire agir militairement l’Ukraine !

Alors, en ce cas là, on le devine, la Russie serait obligée… d’envahir l’Ukraine. Ce que Denis Pouchiline, le dirigeant de la « République populaire » de Donetzk, a résumé comme suit lors d’une conférence de presse le 11 février 2022 :

« Nous sommes des gens sensés qui pensent que les générations à venir aimeraient bien sûr voir l’Ukraine dans le cadre de l’État de l’Union avec la Russie et la Biélorussie. 

Cela devrait être ainsi. Seulement ce ne sera plus l’État ukrainien, ce sera déjà une entité légèrement différente qui pourrait apparaître après une éventuelle opération offensive de l’Ukraine. »

De l’autre, on a la superpuissance américaine, qui a annoncé que tout en n’étant pas certaine à 100%, l’invasion russe aurait lieu le 14 ou le 16 février 2022, et que Kiev serait visée. C’est à la fois une analyse réelle et une orchestration littéralement cinématographique, avec la mise en place le 11 février d’un appel individualisé des 30 000 ressortissants américains en Ukraine pour savoir où ils en sont niveau évacuation.

Une liste significative de pays s’est d’ailleurs ajouté et demandent désormais à leurs ressortissants de quitter l’Ukraine les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la Finlande, le Monténégro, la Norvège, la Lettonie, Israël, le Japon, la Corée du Sud, l’Estonie, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la question n’étant pas clair pour les fonctionnaires de l’Union Européenne, et alors que le Royaume-Uni a carrément décidé de fermer son ambassade.

La superpuissance américaine a également déplacé le 11 février des avions F-16 d’Allemagne pour les envoyer en Roumanie, tout en envoyant 3 000 soldats de plus en Pologne. Le même jour, le chef d’État-Major des armées des États-Unis Mark Milley a de son côté appelé ses homologues russe, biélorusse, français, allemand, canadien, italien, britannique, etc.

Le président américain Joe Biden a demandé à avoir le président russe Vladimir Poutine dès le 12 février au téléphone (et non lundi comme avaient proposé en réponse les diplomates russes), alors que d’autres appels entre dirigeants sont prévus le même jour.

Enfin, appelant au chapitre III du Document de Vienne de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), il y a un appel à se justifier pour les exercices militaires de la part de l’Estonie, de la Lituanie et de la Lettonie auprès de la Biélorussie, et de l’Ukraine auprès de la Russie.

On est là dans un imbroglio militaire montrant toute la précarité de la situation. Et il est faux de dire que cette situation a plusieurs années, que tout est « géopolitique » et autres explications qui n’en sont pas. La vérité c’est que depuis 2020 le capitalisme est en crise et qu’il se précipite dans la guerre. Qui ne veut pas voir cela rate la substance du déroulement des choses.