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Le drame ukrainien est entré dans son dernier acte

C’est la semaine fatidique.

Le drame ukrainien est entré dans son dernier acte. Le 10 février 2022 ont ainsi commencé les manœuvres communes biélorusses et russes, pour un durée de dix jours. Il faudra donc qu’à leur fin, les troupes repartent, étant donné qu’il n’y a pas d’installations pour elles là où elles sont. Qu’elles repartent, ou qu’elles traversent les frontières avec l’Ukraine…

D’autant plus que de nombreuses troupes ne sont pas du tout là où il doit y avoir des manœuvres ! Qu’il y a un flux continu de troupes, de matériel, d’approvisionnement… Et qu’il y a une masse de navires militaires dans la Mer d’Azov, qui vont mener d’opportunes manœuvres bloquant la zone et permettant d’avoir le champ libre pour un débarquement sur le flanc sud de l’Ukraine.

Les manœuvres navales russes autour de la Crimée

La Russie a fait exactement tout ce qu’il fallait pour mener une invasion. Le Parlement russe doit se prononcer le 14 février sur une éventuelle reconnaissance des « républiques populaires » de Donetzk et Louhansk, alors que la réunion germano-franco-russo-ukrainienne du 10 février quant aux accords de Minsk a très mal tourné, se prolongeant de plusieurs heures (neuf en tout au lieu de trois), la Russie accusant l’Ukraine de ne pas les respecter, ce qui est vrai, l’Ukraine accusant la Russie de se servir des « républiques populaires » comme de son bras armé, ce qui est vrai aussi.

Il suffira d’une étincelle dans les dix jours, d’un prétexte, et tout s’enclenchera.

Il faut ajouter à cela la tentative d’intimidation britannique. La ministre britannique des affaires étrangères, Liz Truss, s’est rendu à Moscou le 10 février et a été d’une fermeté d’une grande arrogance. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a expliqué lors de la conférence de presse qui a suivi que la discussion avait été comme celle d’un muet avec un sourd.

Liz Truss et Sergeï Lavrov

Un propos posé devant elle, à la Sergeï Lavrov, mêlant cruauté diplomatique et un style fantasque comme les Russes savent l’être, le personnage étant connu pour cela. Il a également diffusé une anecdote confirmée par la suite. Liz Truss a expliqué que les troupes russes devaient partir, Sergeï Lavrov a répondu qu’elles étaient en Russie et il a demandé si la Russie était souveraine sur Voronej et Rostov. Liz Truss a expliqué que jamais le Royaume-Uni ne reconnaîtrait cette souveraineté, forçant l’ambassadrice britannique en Russie, Deborah Bronnert, à repréciser les choses.

Du côté ukrainien, il y a deux positions. Officiellement, il est dit qu’il n’y a pas de menace d’invasion (ce que Jean-Luc Mélenchon feint de prendre au sérieux dans une vidéo à ce sujet). En pratique, il y a une évacuation de documents vers l’Ouest du pays, un conseil de sécurité qui se tiendra à Kharkiv à l’Est du pays, l’envoi massif de miliciens et de matériel militaire à l’Est, pour se défendre, mais également clairement pour lancer une opération contre les « talibans » du Donbass séparatiste.

Le régime ukrainien se croit très fort, il est intoxiqué par le nationalisme et les soutiens américano-britanniques, ainsi que ceux de l’OTAN et de l’Union Européenne. Il a même décidé d’organiser des manœuvres aux frontières avec la Biélorussie ! L’Ukraine est une nation totalement défigurée par l’affrontement entre les grandes puissances. Pour l’anecdote, le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytri Kuleba, s’est permis de raconter qu’il avait pu serrer la main à Emmanuel Macron lors de son passage à Kiev, que celui-ci avait une forte poigne… Mais pas suffisante pour tordre le bras à l’Ukraine !

Cela alors qu’Emmanuel Macron, aussi hypocrite qu’il soit car il représente les intérêts français, auraient pu être au moins un peu moyen d’aider à essayer de se sortir de l’affrontement. Mais le régime ukrainien préfère viser à une sorte de vaste « purge », rompant définitivement avec tout ce qui est « russe », quitte à ce que soit l’affrontement généralisé.

La folie furieuse l’emporte, portée par la crise du capitalisme se précipitant dans la guerre.

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Emmanuel Macron à Kiev alors que la guerre est un thème officiel

Personne ne peut nier la gravité de la situation.

Emmanuel Macron était à Kiev le 8 février 2022, après avoir été la veille à Moscou. Il a affirmé qu’il avait trouvé une voie pour que cesse l’escalade. Le souci est que cette voie n’est pas présentée nulle part, et pour cause. La seule possibilité est que l’Ukraine ne rejoigne pas l’OTAN et réintègre les « républiques séparatistes » en leur accordant une autonomie, ce dernier point étant prévu par les accords de Minsk de 2014 entre l’Ukraine, la Russie, l’Allemagne et la France.

Seulement, le régime ukrainien a désormais inscrit dans sa constitution qu’il allait dans le sens de rejoindre l’OTAN et l’Union Européenne ; il considère les révoltés des régions séparatistes comme des « soldats de l’armée russe », alors qu’ils sont régulièrement qualifiés de « talibans ». De plus, la loi ukrainienne supprime la langue russe de manière systématique, comme toute référence positive de quelque manière que ce soit au passé soviétique.

Partant de là, il n’existe aucune possibilité de la réalisation d’un compromis du côté ukrainien, dans un pays où règne le fanatisme dans les couches dirigeantes et les milieux nationalistes extrêmement actifs et violents. La Russie n’en veut de toutes façons pas non plus.

Alors il ne reste que la guerre et si on lit la presse depuis quelques jours, on peut voir que celle-ci est devenue un thème tout à fait installé. Il est clair que l’invasion russe de l’Ukraine est une possibilité, une menace. C’est dit aussi simplement que cela – sans qu’il y ait pour autant de réaction de la population française ou des mouvements de Gauche. C’est dramatique.

Et ce d’autant plus que cela veut dire que la compétition pour le repartage du monde est installée, officialisée. Que désormais il ne reste qu’à savoir sous quelle forme elle va s’exprimer, par quel jeu d’alliances. Ainsi, on a déjà la catastrophe, parce qu’il y a en ce moment un intense changement de mentalités des équipes dirigeantes de tous les pays d’Europe. Il y a l’intégration du fait qu’on est dans un contexte brûlant où ce qui compte c’est de se placer au mieux.

Autrement dit, on vit un moment historique, qui passe cependant inaperçu, parce qu’il n’y a aucun recul de la part de personne, en raison du poids immense du capitalisme sur les mentalités. La tendance à la guerre s’est installée dans les esprits des dirigeants européens : voilà ce qu’on dira dans quelques années lorsqu’on regardera a posteriori les événéments.

Espérons qu’on dira aussi que les partisans de la Gauche historique ont su être à la hauteur pour promouvoir la ligne de « guerre à la guerre », d’affirmation internationaliste prolétarienne du refus de l’affrontement militaire entre les peuples. C’est là un véritable défi historique, qui ne concerne pas que la séquence sur l’Ukraine, mais bien toute la période qu’on connaît.

La tendance à la guerre est l’aspect principal, c’est de là qu’il faut s’orienter, le reste étant secondaire, car le moteur général des transformations sociales, historiques, culturelles, économiques, politiques… c’est la bataille pour le repartage du monde.

Qui ne le voit pas n’est pas capable de tirer le fil pour arriver à transformer la réalité dans le bon sens, celui du Socialisme.

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Ukraine : ballet diplomatique franco-allemand à Kiev, Moscou et Washington

La France et l’Allemagne espèrent parvenir à se placer.

La photographie officielle de la rencontre le 7 février 2022 entre le président russe Vladimir Poutine et le président français Emmanuel Macron à Moscou ne laissera pas d’étonner en raison de la longueur de la table. Il ne faut pas y voir malice : lorsque le premier ministre hongrois Viktor Orbán est venu à Moscou le 1er février 2022, il a trinqué avec Vladimir Poutine à plusieurs mètres de distance. C’est pour souligner la nécessité de la distanciation physique, dans un pays où le régime a du mal à faire vacciner.

D’ailleurs, la Russie est toujours très polie avec la France. Les médias et le ministère des affaires étrangères n’attaquent jamais la France, alors qu’ils ne se gênent pas pour se moquer des Etats-Unis, du Royaume-Uni, etc., et ce de manière parfois grotesque. Lorsque des navires russes se font « accompagner » par la marine française parce qu’ils passent proche de la France, le ton entre les interlocuteurs est toujours fort courtois également.

La Russie souligne absolument toujours que la France est dans l’OTAN, mais qu’elle n’est jamais agressive avec la Russie et qu’elle a des tendances à l’indépendance… Rappelons ici que trois candidats majeurs à la présidentielle de 2022 sont d’ailleurs ouvertement tournés vers la Russie et non l’OTAN : Marine Le Pen, Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon.

Rappelons aussi que si le Français moyen prend les Russes pour des alcooliques ou des call-girls, les gens éduqués ont un respect extrêmement profond pour la Russie, connue pour être un pays d’une grande histoire, d’une grande culture, d’un grand intellect. On ne peut pas s’intéresser à la littérature, la musique, la physique, les mathématiques, le cinéma, le théâtre, la danse, la peinture… sans savoir qu’il y a un énorme apport russe, sans compter que dans bien d’autres domaines la Russie préserve ses connaissances (notamment en chimie et en biologie).

Lorsque Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des affaires étrangères, écrit une tribune dans le Figaro le 17 janvier 2022 (« Pour résister à Poutine, l’Ukraine a besoin de la France« ), il est ainsi obligé de prendre malgré sa haine de la Russie des précautions oratoires extrêmes :

« Je suis bien conscient qu’une partie de l’élite intellectuelle française a encore des attachements particuliers à la Russie.

Certains sont charmés par la culture russe, de Tolstoï au ballet du Bolchoï. D’autres sont américano-sceptiques et considèrent la relation avec la Russie comme une alternative. D’autres encore proposent un pari géopolitique: s’engager davantage avec la Russie pour l’empêcher de se rapprocher de la Chine.

Je ne veux décevoir personne. Mais la Russie d’aujourd’hui n’est pas un contrepoids entre les Etats-Unis et la Chine. Et elle a aussi bien peu à voir avec le ballet et la littérature russes. A la frontière ukrainienne aujourd’hui, on ne voit ni ballerines ni poètes ! »

Par contre, pour en revenir plus directement à la rencontre, Emmanuel Macron n’a pas échappé au style de Vladimir Poutine qui est de préférer ce qui n’est pas matinal. La discussion a eu lieu pendant cinq heures et la conférence de presse commune a commencé autour de 23 heures en France, soit 1 heure du matin à Moscou. Mais enfin, tout a été cordial, constructif comme on dit en diplomatie, ce que Vladimir Poutine a joliment tourné de la manière suivante en disant d’Emmanuel Macron :

« Je crois que certaines de ses idées, certaines propositions dont il est trop tôt encore de parler, peuvent servir de base pour nos démarches communes ultérieures. »

On en saura pas plus, alors que par contre Emmanuel Macron est parti directement pour Kiev pour discuter de ces dites propositions avec le président ukrainien Volodymir Zelensky. Pour quel résultat, là est la question, mais on comprend tout lorsqu’on sait que le 7 février il y a eu également le chancelier allemand Olaf Scholf à Washington pour rencontrer le président Joe Biden, rencontre qui avait été repoussée jusque-là du côté allemand. Et le même jour encore, la ministre allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock était à Kiev. Elle n’a pas pu rencontrer le président ukrainien, qui avait un agenda trop chargé officiellement ; en réalité, l’Allemagne a mauvaise presse en Ukraine de par son rôle de « médiateur ».

Car l’Allemagne n’a pas seulement besoin du gaz russe et donc du gazoduc Nord Stream 2. L’Allemagne, qui est la 4e puissance économique mondiale (derrière les Etats-Unis, la Chine et le Japon),  a besoin de la Russie comme alliée pour faire contrepoids à la superpuissance américaine et son appendice qu’est le Royaume-Uni, ainsi qu’à la Chine.

Il y a la même tentation de beaucoup en France, bien que ces derniers mois Emmanuel Macron et le gouvernement français aient été entièrement pro-américain, avant ces derniers jours et une sorte de recentrage. C’est là très important, car cela va être un aspect important voire principal pour l’élection présidentielle à venir. La tendance à la guerre l’emporte partout.

En effet, depuis 2014, l’Union Européenne a fourni 17 milliards d’euros à l’Ukraine, dont 90% en prêt. Depuis six mois, la superpuissance américaine et quelques autres ont fourni… mille tonnes de matériel militaire, pour un total de 1,5 milliards de dollars. L’Ukraine est devenue une sorte de colonie occidentale.

Autrement dit, la superpuissance américaine a donné naissance à un mouvement d’entraînement à une conquête de l’Est passant aussi par le prisme de l’Union Européenne et de l’OTAN, deux entités désormais s’assimilant l’une à l’autre, l’Ukraine étant une nouvelle tête de pont pour l’objectif final : faire tomber la Russie.

Cette dernière, n’ayant pas la capacité d’avoir une proposition générale par manque de puissance, pratique donc comme la Chine une stratégie visant à bousculer très grandement les choses. Comme dit fort justement (dans le numéro 18 de Crise), les Etats-Unis visent l’asphyxie, les challengers chinois et russe visent au délitement pour s’affirmer.

La France et l’Allemagne aimeraient bien pouvoir se placer dans tout cela, mais comment faire au mieux du point de vue de l’expansion capitaliste? Conquérir le butin russe est tentant mais subordonne à la superpuissance américaine, au Royaume-Uni (qui vise clairement le port d’Odessa sur la Mer Noire d’ailleurs), inversement choisir la Russie impliquerait une rupture avec la superpuissance américaine lourde de conséquences…

En même temps, une guerre en Ukraine aurait des conséquences dévastatrices sur le plan de l’instabilité régionale, ainsi qu’un impact ravageur sur l’économie.

Tel est le capitalisme en crise : ce qui a l’air solide peut s’avérer plus que fragile par un retournement rapide de situation, tout devient précaire dans ses fondements, c’est la course permanente…

Et ce n’est que le début d’un processus catastrophique. Qui se déroule, soulignons le encore une fois, dans l’indifférence la plus générale en France, y compris des gens ayant un certain niveau de conscience sociale. Le poison de la vie quotidienne capitaliste a anéanti pratiquement tous les esprits, pour ne pas dire tous. Le réveil de ce sommeil hypnotique par le bruit de la guerre va s’avérer particulièrement brutal.

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Les éléments de l’alliance Chine – Russie

Vladimir Poutine s’est rendu à Pékin à l’occasion des Jeux Olympiques d’Hiver 2022.

Les Jeux Olympiques d’Hiver 2022 se sont ouverts le 4 février et les pays occidentaux ont pratiqué leur boycott diplomatique, permettant aux présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine d’occuper le terrain. Ils en ont profité pour publier un long texte commun consistant en une alliance stratégique, le titre étant évocateur : Déclaration conjointe de la Fédération de Russie et de la République populaire de Chine sur les relations internationales entrant dans une nouvelle ère et le développement durable mondial.

Le document est explicite sur le plan de l’unité dans le cadre du conflit en Ukraine et de l’opposition à l’OTAN.

« Les parties sont gravement préoccupées par la création par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie (AUKUS) d’un « partenariat de sécurité triangulaire », qui prévoit un approfondissement de la coopération entre ses participants dans des domaines affectant la stabilité stratégique, en particulier leur décision d’entamer une coopération dans le domaine des sous-marins nucléaires. 

La Russie et la Chine estiment que de telles actions vont à l’encontre des objectifs d’assurer la sécurité et le développement durable de la région Asie-Pacifique, augmentent le risque de déclencher une course aux armements dans la région et créent de graves risques de prolifération nucléaire. 

Les parties condamnent fermement de telles mesures et appellent les participants à AUKUS à remplir fidèlement leurs obligations en matière de non-prolifération nucléaire et de missiles, ensemble pour protéger la paix, la stabilité et le développement dans la région (…).

Les parties estiment que le retrait des États-Unis du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), l’accélération des études et du développement de missiles à portée intermédiaire et à courte portée basés au sol et la volonté de les déployer en Asie-Pacifique et en Europe, ainsi que de les transférer à leurs alliés, entraînent une augmentation des tensions et de la méfiance, augmentent les risques pour la sécurité internationale et régionale, conduisent à un affaiblissement du système international de non-prolifération et de maîtrise des armements, et compromettent la stabilité stratégique mondiale.

La partie chinoise comprend et soutient les propositions avancées par la Fédération de Russie sur l’établissement de garanties de sécurité juridiquement contraignantes à long terme en Europe (…).

La partie russe note la signification positive du concept de la partie chinoise de construire une « communauté avec un destin commun pour l’humanité » afin de renforcer la solidarité de la communauté mondiale et d’unir les efforts pour répondre aux défis communs. La partie chinoise note la signification positive des efforts de la partie russe pour former un système multipolaire équitable des relations internationales.

Les parties ont l’intention de défendre fermement l’inviolabilité des résultats de la Seconde Guerre mondiale et de l’ordre mondial établi d’après-guerre, de défendre l’autorité de l’ONU et de la justice dans les relations internationales, et de résister aux tentatives de nier, de déformer et de falsifier l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Afin d’éviter une répétition de la tragédie de la guerre mondiale, les Parties condamneront résolument les actions visant à niveler la responsabilité des atrocités des agresseurs fascistes, des envahisseurs militaristes et de leurs complices, souiller et ternir l’honneur des pays vainqueurs .

Les parties défendent la formation d’un nouveau type de relations entre les puissances mondiales fondées sur le respect mutuel, la coexistence pacifique et la coopération mutuellement bénéfique. Ils confirment que les relations interétatiques russo-chinoises d’un nouveau type sont supérieures aux alliances militaro-politiques de l’ère de la guerre froide. »

Vladimir Poutine a également pour l’occasion écrit un article intitulé La Russie et la Chine : un partenariat stratégique tourné vers l’avenir. On y lit un grand descriptif des initiatives communes russo-chinoises.

« A la veille de ma prochaine visite en Chine, j’ai le plaisir de communiquer directement avec le public chinois et étranger de Xinhua, la plus grande agence de presse.

Nos deux pays sont de proches voisins liés par des traditions séculaires d’amitié et de confiance. Nous apprécions hautement le fait que le partenariat de coordination stratégique globale Russie-Chine, qui est entré dans une nouvelle ère, a atteint un niveau sans précédent et est devenu un modèle d’efficacité, de responsabilité et d’aspiration pour l’avenir.

L’an dernier, nous avons célébré le 20e anniversaire du Traité sino-russe de bon voisinage et de coopération amicale. Les principes fondamentaux et les lignes directrices du travail commun ont été définis par nos deux pays dans ce traité. Il s’agit avant tout d’égalité, de prise en compte des intérêts de l’autre, d’absence de circonstances politiques et idéologiques, ainsi que des vestiges du passé (…).

Fin 2021, le volume des échanges mutuels a augmenté de plus d’un tiers, dépassant le niveau record de 140 milliards de dollars. Nous sommes en bonne voie pour atteindre notre objectif de porter le volume commercial à 200 milliards de dollars par an. Un certain nombre d’initiatives importantes sont mises en oeuvre dans les secteurs de l’investissement, de la manufacture, de l’industrie et de l’agriculture.

En particulier, le portefeuille de la Commission intergouvernementale sur la coopération en matière d’investissements comprend 65 projets d’une valeur de plus de 120 milliards de dollars. Il s’agit d’une collaboration dans une série de domaines tels que l’exploitation minière et le traitement des minéraux, la construction d’infrastructures et l’agriculture.

Nous ne cessons d’étendre les règlements en devises nationales et de créer des mécanismes pour compenser l’impact négatif des sanctions unilatérales. Un jalon important à cet égard a été la signature en 2019 d’un accord entre les gouvernements de la Russie et de la Chine sur les paiements et les règlements.

Un partenariat énergétique mutuellement bénéfique est en train de se former entre nos deux pays. Avec l’approvisionnement à long terme de la Chine en pétrole et en gaz, nous prévoyons de mettre en oeuvre un certain nombre de projets conjoints de grande envergure.

La construction depuis l’an dernier de quatre nouvelles unités d’énergie dans des centrales nucléaires chinoises, avec la participation de la compagnie nucléaire publique russe Rosatom, en est un exemple. Tout cela renforce considérablement la sécurité énergétique de la Chine et de la région asiatique dans son ensemble.

Nous voyons toute une série d’opportunités dans le développement des partenariats en matière de technologies de l’information et de la communication, de médecine, d’exploration spatiale, y compris l’utilisation de systèmes de navigation nationaux et le projet de station de recherche lunaire internationale. Une forte impulsion au renforcement des liens bilatéraux a été donnée aux Années croisées d’innovation scientifique et technologique russo-chinoises en 2020 et 2021.

Nous sommes reconnaissants à nos collègues chinois pour leur aide au lancement de la production des vaccins russes Spoutnik V et Spoutnik Light en Chine et pour la fourniture en temps voulu d’équipements de protection à notre pays. Nous espérons que cette coopération se développera et se consolidera.

L’un des objectifs stratégiques de la Russie est d’accélérer le développement socio-économique de la Sibérie et de l’Extrême-Orient russe. Ces territoires se trouvent dans le voisinage immédiat de la Chine. Nous avons également l’intention de développer activement la coopération infranationale. Ainsi, la modernisation de ligne ferroviaire Baïkal-Amour et du Transsibérien a été engagée.

D’ici 2024, leur capacité sera multipliée par 1,5 grâce à l’augmentation du volume de fret en transit et à la réduction du temps de transport. Les infrastructures portuaires de l’Extrême-Orient russe se développent. Tout cela devrait consolider la complémentarité des économies russe et chinoise. »

Dans une interview du président russe Vladimir Poutine au président de China Media Group, Shen Haixiong, il est également précisé que :

« Le « Traité de bon voisinage et de coopération amicale Russie-Chine » a été signé il y a plus de 20 ans. Il s’agit d’un document politique fondateur, qui a établi le cadre juridique pour un développement cohérent et à long terme du partenariat global et d’interaction stratégique sino-russe. C’est pourquoi, le 28 juin dernier, j’ai décidé, avec le président Xi Jinping, de le prolonger de cinq ans.

Le document est très riche en matière d’idées, nombre de ses dispositions étant redécouvertes dans le contexte international d’aujourd’hui, qui évolue relativement rapidement.

Les relations entre la Russie et la Chine se développent sur une base égalitaire et sans idéologie. Notre partenariat est durable, intrinsèquement précieux. Il n’est pas affecté par le climat politique et n’est pas dirigé contre qui que ce soit. Il repose sur le respect, la considération des intérêts fondamentaux de chacun, l’adhésion au droit international et à la Charte des Nations Unies.

L’atmosphère de confiance politique qui a été créée, partiellement grâce à ce traité, a permis à nos deux pays d’établir une structure de coopération interétatique à multiples facettes, les rencontres des deux dirigeants y jouant un rôle clé.

La Chine reste ancrée en tête de liste des partenaires commerciaux de la Russie. Selon des données préliminaires, l’année dernière, y compris avec les restrictions liées à la pandémie, le commerce bilatéral a atteint un sommet historique en totalisant 140 milliards de dollars.

La Chine est notre partenaire stratégique sur la scène internationale. Nos approches sur la plupart des questions relatives à l’agenda mondial sont concordantes, ou très proches. Nous sommes engagés dans une étroite coordination au sein de nombreuses organisations et plateformes multilatérales de premier plan, à l’instar de l’ONU, des BRICS, de l’OCS, du G20, de l’APEC et de l’EAS. Et cela a un effet stabilisant sur la situation mondiale actuelle, qui reste difficile.

Pour résumer, je voudrais réitérer que les concepts énoncés dans le « Traité de bon voisinage et de coopération amicale Russie-Chine » ont permis à nos pays d’atteindre un niveau de partenariat sans précédent, qu’ils ont fondamentalement changé son caractère et sa portée, et créé les conditions pour nous permettre d’avancer ensemble. »

Voici donc les éléments de l’alliance russo-chinoise, ce bloc qui fait face au bloc occidental ayant l’OTAN comme centre et la superpuissance américaine… Dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

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Message du ministre russe des affaires étrangères Sergeï Lavrov

Ce document résume la position diplomatique russe par rapport à l’OTAN.

Ce message est en date du premier février 2022 et a été rendu public par la suite ; il concerne « l’indivisibilité de la sécurité » et il est destiné aux « ministres des affaires étrangères des États-Unis, du Canada et de plusieurs autres pays ».

Il est impératif de documenter un tel document afin de disposer d’un aperçu historique adéquat dans ce monstrueux processus de tendance à la guerre qui s’impose.

« Vous n’êtes pas sans savoir que la Russie est sérieusement préoccupée par l’aggravation des tensions politico-militaires aux abords immédiats de ses frontières occidentales.

Afin d’éviter toute nouvelle escalade, la partie russe a présenté le 15 décembre 2021 les projets de deux documents juridiques internationaux interconnectés – un Traité entre la Fédération de Russie et les États-Unis d’Amérique sur les garanties de sécurité et un Accord sur des mesures visant à assurer la sécurité de la Fédération de Russie et des États membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord.

Les réponses des États-Unis et de l’OTAN à nos propositions reçues le 26 janvier 2022 démontrent de sérieuses différences dans la compréhension du principe de sécurité égale et indivisible qui est fondamental pour l’ensemble de l’architecture de sécurité européenne.

Nous pensons qu’il est nécessaire de clarifier immédiatement cette question, car elle déterminera les perspectives d’un dialogue futur.

La Charte de sécurité européenne signée lors du Sommet de l’OSCE à Istanbul en novembre 1999 énonçait les principaux droits et obligations des États participants de l’OSCE en matière d’indivisibilité de la sécurité. Elle a souligné le droit de chaque État participant d’être libre de choisir ou de modifier ses accords de sécurité, y compris les traités d’alliances, en fonction de leur évolution, ainsi que le droit de chaque État à la neutralité.

Le même paragraphe de la Charte conditionne directement ces droits à l’obligation de chaque État de ne pas renforcer sa sécurité au détriment de la sécurité des autres États. Il précise en outre qu’aucun État, groupe d’États ou organisation ne peut avoir la responsabilité prééminente du maintien de la paix et de la stabilité dans l’espace de l’OSCE ou ne peut considérer aucune partie de l’espace de l’OSCE comme sa sphère d’influence.

Lors du Sommet de l’OSCE à Astana en décembre 2010, les dirigeants de nos nations ont approuvé une déclaration qui réaffirme cet ensemble complet d’obligations interconnectées.

Cependant, les pays occidentaux continuent à n’en retenir que les éléments qui leur conviennent, à savoir le droit des États à être libres de choisir des alliances pour assurer exclusivement leur propre sécurité.

Les mots « en fonction de leur évolution » sont impudemment omis, car cette disposition faisait également partie intégrante de la compréhension de la « sécurité indivisible », et plus particulièrement dans le sens où les alliances militaires doivent abandonner leur fonction initiale de dissuasion et s’intégrer dans l’architecture paneuropéenne sur la base d’approches collectives plutôt qu’en groupes étroits.

Le principe de sécurité indivisible est interprété de manière sélective comme une justification de la course en cours vers un élargissement irresponsable de l’OTAN.

Il est révélateur que les représentants occidentaux, tout en se déclarant prêts à engager un dialogue sur l’architecture de sécurité européenne, évitent délibérément de faire référence à la Charte de sécurité européenne et à la Déclaration d’Astana dans leurs commentaires.

Ils ne mentionnent que des documents antérieurs de l’OSCE, particulièrement la Charte de Paris de 1990 pour une nouvelle Europe qui ne contient pas l’obligation de plus en plus « gênante » de ne pas renforcer sa propre sécurité au détriment de la sécurité des autres États.

Les capitales occidentales tentent également d’ignorer un document clé de l’OSCE, le Code de conduite de 1994 sur les aspects politico-militaires de la sécurité, qui dit clairement que les États choisiront leurs arrangements de sécurité, y compris l’adhésion à des alliances, en gardant à l’esprit les préoccupations légitimes de sécurité des autres États. »

Cela ne fonctionnera pas de cette façon.

L’essence même des accords sur la sécurité indivisible est que soit il y a sécurité pour tous, soit il n’y a de sécurité pour personne.

La Charte d’Istanbul prévoit que chaque État participant de l’OSCE a un droit égal à la sécurité, et pas seulement les pays de l’OTAN qui interprètent ce droit comme un privilège exceptionnel d’appartenance au club « exclusif » de l’Atlantique Nord.

Je ne commenterai pas d’autres directives et actions de l’OTAN qui reflètent l’aspiration du bloc « défensif » à la suprématie militaire et à l’utilisation de la force en contournant les prérogatives du Conseil de sécurité de l’ONU.

Qu’il suffise de dire que de telles actions contreviennent aux obligations fondamentales paneuropéennes, y compris les engagements pris en vertu des documents susmentionnés de ne maintenir que des capacités militaires proportionnées aux besoins de sécurité individuels ou collectifs, compte tenu des obligations découlant du droit international, ainsi que des intérêts légitimes de sécurité d’autres États.

Évoquant la situation actuelle en Europe, nos collègues des États-Unis, de l’OTAN et de l’Union européenne lancent des appels constants à la « désescalade » et appellent la Russie à « choisir la voie de la diplomatie ».

Nous tenons à rappeler que nous avançons sur cette voie depuis des décennies. Les étapes clés, telles que les documents des sommets d’Istanbul et d’Astana, sont exactement le résultat direct de la diplomatie.

Le fait même que l’Occident essaie maintenant de réviser à son avantage ces réalisations diplomatiques des dirigeants de tous les pays de l’OSCE suscite de vives inquiétudes. La situation exige une franche clarification des positions.

Nous voulons recevoir une réponse claire à la question de savoir comment nos partenaires comprennent leur obligation de ne pas renforcer leur propre sécurité aux dépens de la sécurité des autres États sur la base de l’attachement au principe de sécurité indivisible.

Concrètement, comment votre gouvernement entend-il s’acquitter dans ses pratiques de cette obligation dans les circonstances actuelles?

Si vous renoncez à cette obligation, nous vous demandons de l’indiquer clairement.

Sans une clarté totale sur cette question clé liée à l’interconnexion des droits et obligations approuvée au plus haut niveau, il est impossible d’assurer l’équilibre des intérêts incarnés dans les instruments des sommets d’Istanbul et d’Astana.

Votre réponse permettra de mieux comprendre l’étendue de la capacité de nos partenaires à rester fidèles à leurs engagements, ainsi que les perspectives d’avancées communes vers la diminution des tensions et le renforcement de la sécurité européenne.

Nous sommes dans l’attente de votre réponse rapide. Elle ne devrait pas prendre de temps, car il s’agit de clarifier l’accord sur la base duquel Votre Président/Premier Ministre a signé les obligations correspondantes.

Nous espérons également que la réponse à cette lettre sera donnée à titre national, car les engagements susmentionnés ont été pris par chacun de nos États individuellement et non au sein d’un bloc ou au nom de celui-ci. »

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Ukraine : l’OTAN accentue la pression, la Russie tergiverse sur trois scénarios

Faire la guerre ou reculer, telle est l’alternative russe.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian parle d’une « situation grave, voire très grave » pour ce qui se passe en Ukraine et Emmanuel Macron a expliqué qu’il ne pouvait pas annoncer sa candidature dans un tel contexte, affirmant :

« Vladimir Poutine et les Américains eux-mêmes considèrent que les prochains jours seront des jours d’extrême incandescence. Tant que le dialogue est là, il faut l’entretenir. La situation n’a jamais été aussi tendue qu’elle ne l’est aujourd’hui. Les heures que nous vivons sont décisives pour la sécurité de toute la région. »

De fait, la presse internationale a compris que la situation était gravissime, Le Figaro proposant même « En trois cartes, les scénarios possibles d’une attaque de l’Ukraine par la Russie », afin de chercher à éduquer ses lecteurs pour qu’ils arrivent à suivre.

Du côté de la Gauche, par contre, il n’y a rien. A part agauche.org, on chercherait en vain un suivi de la situation ou ne serait-ce qu’un début d’affirmation anti-guerre ayant une envergure politique. Autrement dit, c’est la passivité totale et le suivisme le plus total des événements.

Cette position passive converge avec l’offensive de l’OTAN pour faire plier la Russie. Alors que le matériel militaire russe continue de se déverser aux frontières avec l’Ukraine (tant en Russie qu’en Biélorussie), l’OTAN accentue la pression de manière particulièrement nette. La Russie est très clairement repoussée au sens où il y a un véritable bloc unifié contre elle, rendant le dénouement bientôt inéluctable. Et cela se déroule dans un contexte de tension énorme.

Voici le nombre d’alertes à la bombe qu’a connu l’Ukraine en janvier 2022, selon le régime ukrainien. Dans le Donbass séparatiste, de telles alertes ont été entre 2 et 3 par jour.

La superpuissance américaine, dans le cadre de l’OTAN, envoie en ce sens en Roumanie mille soldats basés en Allemagne, et en envoie 2700 depuis les États-Unis pour aller en Allemagne et en Pologne. En soi, c’est peu de soldats et ils ne vont pas aller se battre pour l’Ukraine. Mais c’est une indication du renforcement militaire américain en Europe mis en perspective. La superpuissance américaine a également indiqué à la Russie qu’elle était prête à discuter de la question des missiles placés en Pologne… à condition que la Russie se retire de la Transnistrie, de la Crimée, de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud.

Et pour bien faire passer le message, il y a une nouvelle ambassadrice américaine en Ukraine, Bridget Brink. Auparavant ambassadrice dans la Slovaquie voisine, elle travaillait comme conseillère politique à l’ambassadrice de Belgrade au moment où l’OTAN était intervenu en Yougoslavie en 1999 avec plus de 37 000 sorties d’avions procédant à des bombardements, en 78 jours. Elle fut également chef en politique et en économie à l’ambassade américaine à Tbilissi lorsque la Géorgie tenta de reprendre l’Ossétie du Sud séparatiste pro-russe.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson était quant à lui à Kiev le premier février 2022, pour oeuvre à ce qui est désormais officiel : un partenariat Ukraine – Pologne – Royaume-Uni dénommé « trilatérale ». Et il a eu Vladimir Poutine au téléphone le 2 février, pour continuer ses avertissements de sanctions en cas d’invasion. L’ambassadeur adjoint russe à l’ONU Dmitry Polyanskiy a expliqué de son côté qu’au niveau diplomatique il n’était aucunement possible de faire confiance aux Britanniques.

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères Wopke Hoekstra était également à Kiev le 2 février, le parlement ukrainien a vu être pavoisé de drapeaux des pays ayant affirmé leur soutien, etc.

La Russie doit donc passer en force ou céder. Et la situation est capitale, selon le Club Valdai, qu’on peut considérer comme le principal think tank russe, celui qui est le plus proche du pouvoir et dont chaque intervention est très lourde de sens.

Timofei Bordachev, un de ses dirigeants, parle d’une situation classiquement révolutionnaire où une des grandes puissances voit l’ordre international lui échapper. La Russie doit essayer de trouver sa place. Et selon Ivan Timofeev, un autre directeur de programme, il y a trois scénarios possibles. Ces deux analyses datent de ce début février : c’est ni plus ni moins que la diplomatie russe qui parle, il faut bien le comprendre.

Le premier scénario est le suivant : l’Ukraine cherchant entièrement à se rapprocher de l’OTAN, la Russie doit intervenir pour assurer sa sécurité à long terme. La victoire militaire sur l’Ukraine est facile, le pays connaît un nouveau régime ou au pire est coupé en deux. La Russie connaît un blocus économique de la part des pays occidentaux et devient une sorte de Corée du Nord avec de meilleurs perspectives, d’autant plus que le monde occidental est en déclin, avec un effondrement imminent. Le soutien chinois est assuré dans le cadre d’une alliance.

Le second scénario est le suivant : il ne sert à rien d’occuper l’Ukraine car les pays occidentaux vont déverser des moyens pour fomenter des révoltes, notamment armées, rien ne sera stable et cela provoquera même une stagnation de l’économie russe aboutissant à un mécontentement. Le soutien chinois n’est qui plus est même pas assuré. Mieux vaut maintenir un certain degré de tension avec les pays occidentaux, partout dans le monde, pour conserver un certain degré de rivalité, donc de statu quo.

Le troisième scénario est le suivant : l’Ukraine est un bourbier de corruption et d’arriération économique, autant laisser une telle réalité toxique à l’Ouest. De toutes façons, la Russie a des moyens autres que nucléaires pour faire face à toute menace militaire à son encontre y compris à ses frontières. Mieux vaut préserver le développement économique, par les échanges internationaux. Il faut une rivalité, mais à bas niveau.

Pour traduire ces scénarios :

– le premier représente la vision du complexe militaro-industriel ;

– le troisième représente la vision de l’oligarchie ;

– le second est le compromis entre le complexe militaro-industriel et l’oligarchie.

On va très vite savoir ce qu’il en est de qui est aux commandes du régime russe.

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Guerre

Ukraine : dans l’attente du prétexte

Chaque camp veut déborder l’autre.

Il existe un concept militaire dénommé « false flag », faux drapeau. Il consiste à mener une action en prétendant que c’est l’ennemi qui l’a fait, afin d’avoir un justificatif pour agir militairement. De part et d’autre, on s’attend à une telle opération. Encore est-il quand on dit de part et d’autre qu’on parle des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada et de la plupart des pays occidentaux, et de la Russie et des « républiques populaires » séparatistes.

Car en Ukraine, il n’y a officiellement pas de menace d’invasion russe. Le président Volodymir Zelensky et le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba insistent pour dire que la menace n’est pas présente, que les occidentaux en font trop et servent la soupe à la propagande russe visant à la déstabilisation. En même temps, on devine qu’ils disent cela pour ne pas provoquer une vague de panique, puisque, en même temps, ils demandent des centaines de millions de dollars de matériel à l’OTAN. D’ailleurs, les Pays-Bas et le Danemark ont dit qu’ils fourniraient du matériel militaire à l’Ukraine, la Pologne proposant un nouveau partenariat également.

Cependant, l’huile sur le feu continue d’être déversé de manière assez nette.  Oleksiy Danilov, le secrétaire du Conseil de la sécurité nationale et de la défense de l’Ukraine, a tout simplement expliqué que la mise en œuvre des accords de Minsk signifierait la destruction de l’Ukraine. C’est ni plus ni moins dire que l’Ukraine récupérera par la force le Donbass séparatiste et expulsera, liquidera les opposants, qui forment la quasi totalité de la population… dont sa propre mère. Elle vit à Louhansk, lui-même ayant été le maire de la ville et ensuite le gouverneur de la région.

Toujours en verve pour semer le trouble, la superpuissance américaine a également convoqué une session du Conseil de sécurité, obtenue par 10 voix contre 15, avec l’ambassadrice américaine aux Nations unies Linda Thomas-Greenfield accusant directement la Russie de vouloir envahir l’Ukraine. L’ambassadeur russe aux Nations unies Vassily Nebenzia a accusé les États-Unis de chercher à « créer l’hystérie » et a affirmé que même l’Ukraine ne parlait pas de menace d’invasion.

Et, peut-être de manière plus significative, le Royaume-Uni a dit qu’il frapperait les intérêts des oligarques sur son territoire, alors que la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki a dit que les États-Unis viseraient les intérêts économiques de tout le « premier cercle du Kremlin ».

Autrement dit, c’est une tentative occidentale d’intégrer les oligarques russes en leur disant : ne partez pas à l’aventure, laissez-nous avoir le dessus, c’est le moins pire pour vous il vous restera votre argent même si on prend le contrôle du pays dans vos mains.

C’est, pour le coup, opposer l’ordre capitaliste occidental tel qu’il existe, dont profite aussi la centaine de multi-milliardaires russes, à la tentative russe de forcer son expansion. Et c’est en même temps une sorte d’ultimatum pour forcer la Russie à la capitulation et à accepter la conquête de l’Est par la superpuissance américaine, l’OTAN et l’Union européenne.

On est là dans un degré de conflictualité historique. Et qui seront les victimes ? Le peuple, les animaux, la nature, tout ce qui vit. Et pour quoi ?

Si vous avez des sous, vous pouvez d’ailleurs soutenir l’association qui s’occupe des descendants des chiens abandonnés à la suite de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (les gens évacués dans l’urgence n’ont pas eu le droit de les prendre et beaucoup ont ensuite été abattus par l’armée). Cela remue. Tout comme la vidéo d’un homme se précipitant à l’eau à Donetzk pour sauver un chien pris dans l’eau glacée, le 31 janvier 2022 (une action nullement rare en fait dans ces régions). Il y a tellement mieux à faire que la guerre!

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Politique

« Qui menace la paix en Ukraine ? » Pas la Russie ?

Un exemple de propagande pro-russe.

Jusqu’à présent, le silence a été complet à Gauche et à l’extrême-Gauche concernant la question ukrainienne. Il va de soi qu’il faudra bien prendre position à un moment donné, lorsque les événements se précipiteront. Néanmoins, il est déjà criminel de ne pas avoir mené une campagne de fond à ce sujet, car l’enjeu est immense. Arriver lorsque tout est déjà en cours, pour distribuer les bons et les mauvais points, ce n’est pas faire de la politique. Agauche.org joue ici un rôle exemplaire, nécessaire et essentiel. Il est bon de le souligner.

Et il est bon de savoir ce que pensent à ce sujet les gens qui, hier, se tournaient vers l’URSS et en sont, en un sens, encore orphelins aujourd’hui. Car il faut bien voir qu’il existe une conception politique se revendiquant du socialisme et convergeant avec la Russie, et d’ailleurs avec la Chine, dans la mouvance du Parti Communiste Français pris au sens le plus large possible. La Chine est de manière systématique présentée comme un contre-modèle, y compris dans la revue du PCF Cause commune destinée aux cadres. La Russie est présentée comme une sorte d’entité flottante ayant une nature anti-impérialiste en soi.

Et on a un premier exemple de ce qui va être désormais de plus en plus exprimé par ce camp, avec sur Initiative Communiste, le site du Pôle de Renaissance Communiste en France, l’article intitulé Qui menace la paix en Ukraine ? publié le 28 janvier 2022. Il faut y porter son attention.

Car qu’Eric Zemmour soit ouvertement pro-Russie, c’est dans l’ordre des choses. Il veut une France faisant cavalier seul et pratiquant le « réalisme ». C’est un réactionnaire et il l’assume. La Russie est ici un allié possible pour les opérations françaises (et inversement). Cependant, on peut voir ici qu’il y a malheureusement des gens se disant de gauche et se contentant, par incompréhension de la nature dialectique des choses, par esprit unilatéral… d’opposer abstraitement les choses. Ce qui donne : si l’OTAN est mauvaise, alors Poutine est bon. Si l’armée française est mauvaise, alors un putsch militaire au Mali est bon. Et ainsi de suite. C’est stupide, aberrant, atroce.

L’article publié sur Initiative Communiste est ici exemplaire en ce sens que, dans son élan, il assimile la Russie d’aujourd’hui à l’URSS ! Cela serait une pauvre victime d’une propagande mensongère ! C’est dire tout de même où mène une pensée unilatérale. Quoiqu’on pense de l’URSS des années 1970-1980 – qu’elle soit socialiste (pour le PCF) ou social-impérialiste (pour les maoïstes) ou capitaliste d’État (pour certains trotskystes et les anarchistes) ou État ouvrier dégénéré (pour d’autres trotskystes), etc. – quel rapport avec la Russie des oligarques du début des années 2020?

Est-il si difficile de dire que cet État a des visées hégémoniques, qu’il ne cache d’ailleurs même pas lorsque Vladimir Poutine dit que l’Ukraine n’existe pas? Car Vladimir Poutine dit tout de même franchement que l’Ukraine est une invention bolchevique. Les gens du Pôle de Renaissance Communiste en France ne peuvent pas ne pas le savoir s’il s’intéressent à la question. Comme ils se revendiquent de Lénine, ils devraient sauter au plafond et dire que l’Ukraine est une nation, que Vladimir Poutine n’est qu’un nationaliste grand-russe, que l’URSS a eu raison de reconnaître pleinement la nation ukrainienne, d’y généraliser la langue ukrainienne, etc. Mais ils ne le font pas.

Au lieu de cela, il faudrait selon eux rire de l’accusation comme quoi la Russie voudrait envahir l’Ukraine. Pas certain que cela fasse rire les Ukrainiens de voir comme en ce moment… la grande majorité des troupes russes à ses frontières immédiates, avec désormais aussi tout le matériel nécessaire à l’action telles les installations médicales et les banques de sang…

« Pour les obsédés de l’ogre moscovite, la Russie a tous les torts. Elle ne se contente pas de menacer l’Ukraine en massant ses blindés à ses frontières, elle veut aussi installer à Kiev un pouvoir pro-russe (…).

Prétendre que Moscou prépare la guerre pour assouvir ses appétits territoriaux aux dépens de ses voisins mériterait un éclat de rire s’il ne s’agissait d’une crise internationale sérieuse au cours de laquelle, une fois de plus, le bellicisme de Washington tente d’enrayer le déclin irrésistible d’un Occident vassalisé. »

Comment peut-on dire que Moscou ne prépare pas la guerre ? Il faudrait que le pays soit socialiste pour ne pas le faire ? Ou alors il y a des pays non socialistes qui ne préparent pas la guerre ? Mais alors en vertu de quoi ?

Il n’y a rien qui puisse flotter au-dessus de la réalité. Soit un pays est capitaliste, soit il ne l’est pas. Et si on en arrive à nier la volonté assumée par la Russie elle-même de nier le caractère national de l’Ukraine et de la satelliser, c’est qu’il y a un vrai problème de fond dans l’analyse. Cela mène dans un cul-de-sac ou à se retrouver dans le mauvais camp. La seule orientation correcte, comme dit en juillet 2021, c’est Ni Washington ni Pékin, mais les travailleurs, les animaux et la Gauche historique.

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Culture

Ukraine : les pleurs de Slavia

C’est un nouveau drame slave qui se joue.

Comme elle est loin l’année 1848 où les peuples slaves, opprimés notamment par l’Autriche et la Hongrie, organisaient un congrès slave à Prague. Comme elle apparaît lointaine cette épopée slave réalisée au début du 20e siècle par l’artiste Alfons Mucha, avec ses tableaux monumentaux retraçant les principaux événements des nations slaves.

Le premier de la série, intitulée Les Slaves dans leur site préhistorique – Entre le knout touranien et le glaive des Goths indique le fond de l’approche : malgré les invasions et les oppressions, les Slaves ont tenu bon.

Comme est aussi lointain le film de 1938 d’Eisenstein Alexandre Nevski, qui retrace la victoire de celui-ci sur les chevaliers teutoniques au 13e siècle. Le film a bien entendu une portée anti-nazie et la dimension slave de la victoire soviétique a été maintes fois souligné alors. Lorsque Staline s’adresse au peuple le 9 mai 1945 pour annoncer la victoire, il dit notamment :

« La lutte séculaire des peuples slaves pour leur existence et leur indépendance a abouti à la victoire sur les envahisseurs allemands et sur la tyrannie allemande. »

Et où en est-on au début du 21e siècle? Les peuples yougoslaves se méprisent ou se haïssent. Les Tchèques et les Slovaques se sont tournés le dos, alors que les premiers se veulent « européens » et sans rapport avec les Slaves arriérés, et que les seconds vivent dans leur bulle pleine d’autosatisfaction nationaliste. Les Polonais ne jouent qu’à passer pour des victimes tout en regrettant secrètement l’époque où ils avaient un grand empire, alors que les Russes veulent manger des Ukrainiens qui de leur côté se verraient bien devenir un État américain.

Pour les occidentaux, les pays slaves ne sont que des pays étranges et lointains au bas niveau de vie, où l’on peut cyniquement profiter des « filles de l’Est » (tout autant « jolies » et féminines que les hommes seraient « moches » et grossiers), placer des usines à bas salaires, éventuellement faire du tourisme pas cher avec alcool à volonté, etc. Quel drame !

Les langues slaves

Il faut savoir que Karl Marx et Friedrich Engels avaient tiré à boulets rouges sur les Slaves du Sud au milieu du 19e siècle. Ils considéraient que ces peuples étaient le plus souvent trop petits et trop arriérés, qu’ils devaient se raccrocher au développement plus avancé des nations développés dont ils faisaient partie au lieu de prôner un séparatisme ayant toujours le mauvais goût de se tourner vers la Russie tsariste.

Dire qu’ils avaient surmonté cela avec la Yougoslavie (ou la Tchécoslovaquie) et que tout a été réduit à néant! Les peuples slaves sont désormais typiques de ces petits pays aux mentalités étroites, avec un mépris ou une haine pour le voisin, entièrement autocentrés, coupés des grandes évolutions du monde et attendant que les choses se passent sans eux. Tout cela les amène à relever du tiers-monde dans l’Europe. Et à tomber d’autant plus dans le nationalisme, tout en assumant une émigration massive. Un Serbe sur trois se revendique foncièrement serbe… Tout en n’habitant pas en Serbie. Sept millions de personnes ont quitté l’Ukraine depuis 2001…

Quel drame ! Il ne reste plus que les pleurs pour la déesse Slavia.

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Guerre

La superpuissance américaine et l’OTAN disent non à la Russie

Un camp doit désormais céder ou c’est la guerre.

Au sens strict, dire que la superpuissance américaine et l’OTAN disent non à la Russie est erroné, car l’OTAN est un outil américain. Il y a beau avoir des nuances au sein de l’OTAN, cela n’y change rien. Bien entendu, la Bulgarie vient d’affirmer qu’elle ne voulait pas de soldats américains sur son sol (mais d’autres pays), la Croatie a dit qu’en cas de conflit Ukraine/Russie elle enlevait ses soldats de l’OTAN, ce sont mille soldats français que la Roumanie va accueillir, enfin cela ne change pas grand chose au final.

Le fait est que, le 26 janvier 2022, c’est l’ambassadeur américain à Moscou, John Sullivan, qui a remis aux affaires étrangères russes une lettre des États-Unis et une lettre de l’OTAN (il a ensuite été prétendu qu’il n’avait pas remis la seconde lettre, car le symbole est plus que grossier tout de même). Les deux lettres disent la même chose : les exigences russes sont réfutées, mais tant les États-Unis que l’OTAN sont prêts à continuer à discuter.

En ce sens, le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le chef de l’Otan Jens Stoltenberg ont chacun de leur côté tenu une conférence de presse, campant sur leurs positions.

Pendant ce temps-là, à Paris, avait lieu une réunion des partenaires des accords dit de Minsk, au format dit « Normandie », sous la forme des conseillers des présidents allemand, français, russe et ukrainien. C’était à une époque où la France suivait l’Allemagne dans la tentative de s’éloigner de la superpuissance américaine.

LAllemand Jens Plötner, le producteur de film et avocat ukrainien (à la mère russe) Andriy Yermak, un conseiller Russe dont le nom n’est mentionné nulle part enfin le Français Emmanuel Bonne

Voici le communiqué de la réunion, qui ne dit rien du tout, à part : « on va se revoir bientôt ». On remarquera qu’il est parlé d’un cessez-le-feu qui est dans les faits bafoués depuis 2014 de toutes façons.

Les conseillers des Chefs d’État et de gouvernement du format Normandie, avec la participation de représentants des ministères des affaires étrangères, se sont réunis à Paris le 26 janvier 2022.

Ils réaffirment que les Accords de Minsk sont la base du travail du format Normandie, et restent engagés pour atténuer les désaccords actuels dans les travaux à venir.

Ils soutiennent un respect inconditionnel du cessez-le-feu et une pleine adhésion aux mesures de renforcement du cessez-le-feu du 22 juillet 2020, indépendamment des différences sur d’autres sujets relatifs à la mise en œuvre des accords de Minsk.

Ils ont discuté de l’importance du groupe de contact trilatéral et ses groupes de travail pour intensifier leurs activités en vue de progrès rapides dans la mise en œuvre des accords de Minsk.

Ils sont convenus de se réunir de nouveau à Berlin dans deux semaines.

Que va-t-il se passe maintenant? L’Ukraine dit… qu’il n’y a pas de menace d’invasion à court terme, tout en armant 130 000 miliciens, avec naturellement toute l’extrême-Droite qui se précipite. Les États-Unis et le Royaume-Uni considèrent que c’est imminent ; il a d’ailleurs été demandé aux ressortissants américains de quitter l’Ukraine. La Russie répète sans cesse qu’elle ne veut pas envahir, mais alerte sans cesse sur les provocations ukrainiennes contre les « républiques populaires » du Donbass. La France et l’Allemagne aimeraient temporiser.

Au niveau militaire, l’Ukraine reçoit des centaines de tonnes de matériel militaire (américain et britannique principalement) mais cela ne changera pas grand chose face à l’armada russe en place. Il ne manque qu’une chose à celle-ci désormais : beaucoup plus de soldats, mais ceux-ci peuvent être très rapidement sur place alors que l’immense matériel militaire est déjà présent.

On notera ici au passage que si on lit très régulièrement que la Russie est pauvre, elle n’est pas pour autant ruinée ; elle n’est en fait non seulement pas endettée, mais dispose de plus 600 milliards d’euros de réserves. C’est cela qui joue aussi dans la confrontation dans le cadre de la crise ouverte par la pandémie, donnant naissance à la logique impériale.

La Russie fait partie du bloc avec les Chinois, à l’écart du grand impact causé sur le capitalisme mondial dont le cœur sont les pays occidentaux. Elle considère qu’il y a l’opportunité d’établir une dimension impériale face à un bloc très puissant mais devant, pense-t-elle, s’effriter.

Autrement dit, il est clair que l’objectif russe est de partir d’un incident du Donbass pour détruire l’armée ukrainienne et les milice nationalistes, former un gouvernement ukrainien pro-russe en abandonnant ce qui sera appelé les « Galiciens » (à l’ouest de l’Ukraine, avec la ville de Lviv comme centre) considérés comme étrangers à l’histoire « russe » intégrant les Ukrainiens.

Quant à la superpuissance américaine et au Royaume-Uni, ils rêvent que la Russie échoue et s’effondre, et tablent cyniquement pour cela sur une résistance ukrainienne à l’afghane.

La France est partante pour manger le gâteau russe, l’Allemagne aussi mais elle n’y croit que moyennement et pense que la Russie tiendra, aussi qu’il est bien de se rapprocher d’elle pour laisser passer le grand conflit sino-américain à venir.

Nous sommes comme avant 1914, avec les puissances manœuvrant pour leurs visées impériales. La guerre est l’actualité du monde capitaliste.

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Guerre

Un 24 janvier 2022 dramatique pour la nation ukrainienne… Vive l’Ukraine!

Les grandes puissances sont les assassins de l’Ukraine!

C’est un drame historique qui se joue, dans une indifférence mondiale complète, à part du côté des acteurs de la bataille pour le repartage du monde.

L’existence même de la nation ukrainienne est en jeu. Deux monstres la visent : la Russie, qui entend l’asservir en niant sa réalité historique, en en faisant un appendice à pressuriser sans limites. La superpuissance américaine, qui à l’aide des pro-occidentaux et des fascistes réécrivent l’histoire ukrainienne pour former une véritable fiction dénaturant toute la culture ukrainienne afin de la réduire à une sorte de colonie occidentale arriérée.

Les responsables des affaires étrangères deux monstres, Antony Blinken et Sergueï Lavrov, s’étaient réunis le 21 janvier 2022 à Genève, promettant de continuer à discuter : tout a empiré depuis. La tendance apparaissant alors a tout simplement continué : les troubles diplomatiques entre l’Ukraine et l’Allemagne sur fond d’accumulation militaire.

Il est très clair en effet désormais que l’Allemagne a fait en sorte qu’il n’y ait pas de mesures concernant le système bancaire internationale (dit « SWIFT ») contre la Russie en cas de guerre. L’Ukraine ne cesse d’enrager à ce sujet et malheureusement dans une perspective suicidaire. Le régime est en effet totalement anti-démocratique et anti-populaire, il est aux mains des pro-occidentaux et des fascistes fascinés par le nazisme.

Le régime ukrainien appelle donc le Royaume-Uni à envoyer des troupes, il célèbre l’arrivée de mercenaires américains pour former les siennes, alors que le président Volodymyr Zelensky tient des propos ultra-bellicistes lors de la « journée du renseignement extérieur » :

Aujourd’hui, notre État est confronté à des menaces extrêmement dangereuses, en particulier des menaces à la souveraineté, à l’intégrité territoriale et à l’unité. Dans cette période décisive, le renseignement efficace joue un rôle extrêmement important…

Nous avons appris à contenir et contrer efficacement les agressions extérieures. 

Je suis sûr qu’il est temps de passer à des actions offensives pour défendre nos intérêts nationaux.

Vous avez l’expérience et la capacité de mettre en œuvre une telle stratégie. Le renseignement, la capacité à générer des solutions non conventionnelles à des problèmes aigus, le courage et le dévouement de chaque officier du renseignement doivent continuer à être des outils efficaces pour travailler au profit de notre État.

Nos citoyens sont unis pour rendre nos territoires et souhaiter la paix à notre État indépendant. »

Car le régime ukrainien nie que l’Est du pays est lié à la Russie : pour lui, les séparatistes du Donbass, c’est la Russie et son objectif est ni plus ni moins que la récupération des territoires perdus, ainsi que de la Crimée. Le but est d’inventer une Ukraine fictive qui n’aurait jamais eu aucun rapport avec la Russie, sur aucun plan, au moyen de la réécriture de l’Histoire, de la destruction et de l’épuration ethnique s’il le faut.

D’où, parallèlement à l’accumulation criminelle de troupes par la Russie (et désormais la Biélorussie), un accumulation forcenée de troupes par l’Ukraine sur la ligne de front au Donbass, avec d’importants moyens de bombardements. La superpuissance américaine vient également de fournir à l’Ukraine massivement des lance roquettes jetables M141 BDM (Bunker Defeat Munition) permettant de détruire des fortifications. Ces armes ne sont clairement pas « défensives » et ne peuvent avoir un sens que contre le Donbass séparatiste.

Des mercenaires américains en Ukraine

A cela s’ajoute que le week-end du 22-23 janvier, le Royaume-Uni a ouvertement accusé la Russie d’avoir préparé un coup d’État en Ukraine, nommant plusieurs personnes faisant partie du présumé complot. Cela peut tout à fait être vrai, comme cela peut être faux et un prétexte pour le régime ukrainien afin de procéder à des épurations, alors que l’ancien président Petro Porochenko, issu du coup d’État pro-occident de « l’euro-Maidan » en 2014, est accusé officiellement d’avoir aidé le Donbass séparatiste contre lequel il a justement mené le combat!

Le régime ukrainien est une catastrophe, un mélange de corruption généralisée, de vassalisation pro-occidentale et d’agitation systématique par les fascistes, ce qui sert totalement la Russie qui compte bien profiter des faiblesses que cela implique, tant au niveau de l’organisation, de la légitimité, de la capacité de mobilisation des masses.

Les Ukrainiens, même s’ils veulent protéger leur pays en toute sincérité, sont totalement coincés car ils ne peuvent que s’inscrire dans le bellicisme pro-occidental qui les mène à la défaite.

Et les occidentaux sont bien contents de manipuler les Ukrainiens comme chair à canon. L’Union Européenne vient d’allouer… 1,2 milliard d’euros à l’Ukraine, ce qui monte la somme total des subventions et prêts depuis 2014 à… 17 milliards d’euros.

De l’autre déjà il y a l’abandon de l’Ukraine à elle-même. Les pays suivants ont demandé à leurs ressortissants de ne pas rester en Ukraine sauf raisons impératives, aux familles des diplomates de partir, à une partie de l’équipe des ambassades de partir : Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne et Australie. Les pays européens se préparent à faire de même même s’ils prétendent le contraire.

Les compagnies aériennes Swiss Air, Lufthansa, Austrian Airlines et KLM ont annoncé que leurs avions ne resteraient plus sur place pendant à la nuit à l’aéroport international de Boryspil (Kiev) en raison de la menace russe. L’État israélien, toujours prêt à se renforcer au niveau population pour élargir sa colonisation, a même annoncé qu’il était prêt à recevoir 75 000 Juifs!

Il y a eu même le 24 janvier une réunion en visioconférence au sujet de l’Ukraine du président américain Joe Biden avec les responsables français (Emmanuel Macron), britannique (Boris Johnson), allemand (Olaf Scholz), italien (Mario Dragui), polonais (Andrzej Duda), de la Commission Européenne (Ursula von der Leyen), du Conseil Européen (Charles Michel) et de l’OTAN (Jens Stoltenberg). Au sujet de l’Ukraine… Mais sans l’Ukraine, contrairement aux mensonges américains affirmés en permanence à ce sujet.

Ce qui prouve par ailleurs également l’équation Union Européenne = OTAN.

L’Ukraine se fait utiliser et elle est prête à être dépecée. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Et il faut rappeler que de nombreux cadres de l’extrême-Droite française n’ont eu de cesse de se rapprocher et d’étudier l’extrême-Droite ukrainienne, en raison de son caractère de masse servant de modèle, convergeant par là même totalement avec la superpuissance américaine dans sa conquête de l’Est.

Nous vivons un drame historique. Et comme tous les drames, il s’imposera dans la réalité de tous de gré ou de force.

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Guerre

Troubles diplomatiques entre l’Ukraine et l’Allemagne sur fond d’accumulation militaire

L’arrivée des troupes continue.

L’Allemagne a vu sa réflexion stratégique posée par la Prusse, et c’est une démarche très machiavélique. Le coup qu’elle vient de jouer est en ce sens tout à fait exemplaire. Pour un Français, c’est surréaliste.

On a donc le chef de la Marine allemande Kay-Achim Schönbach invité par un think tank indien, à Delhi. Il tient des propos qui sont ressortis par quelqu’un ayant opportunément filmé. Et c’est littéralement énorme.

L’accusation occidentale comme quoi la Russie voudrait envahir l’Ukraine est une « ineptie », pourquoi de toutes façons la Russie voudrait-elle un bout de terre en plus? Ce que cherche Vladimir Poutine c’est le respect et il le mérite.

Quant à la Crimée, elle ne retournera pas à l’Ukraine, cette dernière ne peut pas rentrer dans l’OTAN de par sa situation. La Géorgie le peut, mais est-ce que cela serait « smart »? Non, cela ne le serait pas.

Kay-Achim Schönbach ajoute qu’il est un chrétien catholique romain très radical et il préfère un voisin chrétien comme la Russie, même si Vladimir Poutine est athée, car le véritable ennemi c’est la Chine.

Alors que cette vidéo est sortie (et que le chef de la Marine allemande a démissionné après un temps mort), l’information est sortie, même si elle a été démentie de part et d’autre, comme quoi le chancelier allemand Olaf Scholz avait refusé d’aller aux États-Unis pour avoir un entretien avec Joe Biden au sujet de l’Ukraine, son calendrier étant trop chargé !

Et cela s’ajoute au fait que l’Allemagne ne veut pas envoyer d’armes en Ukraine, en raison officiellement de son histoire à la Russie, ce qui bloque également les armes venant d’Allemagne mais arrivées dans d’autres pays, comme l’Estonie, qui veulent les remettre à une tierce partie, en l’occurrence l’Ukraine.

L’Ukraine a très bien compris que l’Allemagne visait à sauver le gazoduc Nordstream 2 et ses bons liens avec la Russie, même en cas d’invasion. Le ministre ukrainien des affaires étrangères Dmytro Kuleba a ouvertement critiqué l’Allemagne et a même convoqué l’ambassadeur allemand Anka Feldhusen.

Il faut comparer cela bien entendu à la position des autres pays. Le Canada vient de faire un prêt de 84,3 millions d’euros à l’Ukraine, la superpuissance américaine vient d’y envoyer cent tonnes de matériel et des formateurs des forces des opérations spéciales, une délégation parlementaire britannique vient de se rendre secrètement sur le front au Donbass.

Et l’ambassade américaine à Kiev va évacuer les familles du personnel diplomatique dès le 23 janvier, les États-Unis considérant que la capitale de l’Ukraine est désormais franchement menacée de par les nouvelles troupes russes en Biélorussie. L’Ukraine a quant à elle placé 120 000 soldats sur la ligne de front au Donbass.

On notera que ces derniers jours, il y a eu de très nombreuses alertes à la bombe dans les écoles de Kiev ; une journée ce furent même toutes les écoles qui furent concernées.

La Roumanie a déployé également des chars et de l’artillerie à la frontière avec la Transnistrie, une région séparatiste pro-russe (qu’une invasion russe dans le Sud de l’Ukraine pourrait rejoindre).

Escalade sur escalade, contradiction entre puissances sur contradictions entre puissances, alors que la crise pousse à la guerre dans la bataille pour le repartage du monde. Sinistre panorama !

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Efforts de guerre des pays de l’OTAN en direction de l’Ukraine et manoeuvres navales générales russes

L’OTAN développe son escalade… tout comme la Russie.

La superpuissance américaine compte à tout prix employer l’Ukraine comme fer de lance contre la Russie. On a ainsi appris que le chef de la CIA s’est rendu en Ukraine le 13 janvier 2022, rencontrant les principaux responsables du pays. Le président américain Joe Biden vient de son côté de réaffirmer les sanctions éventuelles contre la Russie, notamment la suppression du droit d’utiliser des dollars par les banques russes, ou bien la sortie du réseau interbancaire international SWIFT (seule la Corée du Nord en est exclu pour l’instant).

Et le département du Trésor américain a affirmé que la Russie avait soudoyé des gens pour former un gouvernement parallèle en Ukraine dans le cadre d’une invasion. La superpuissance américaine explique en effet désormais de manière ouverte que la Russie compte mener une offensive en Ukraine. Il est parlé d’un futur soutien américain à une guérilla ukrainienne, l’Ukraine sera pour la Russie l’équivalent de la guerre du Vietnam ou celle en Afghanistan.

Le Royaume-Uni a envoyé une centaine de militaires pour former l’armée ukrainienne aux mille missiles portatifs anti-tanks fournis ces derniers jours ; ce pays est comme on le sait depuis le départ en première pour prôner une ligne ultra-agressive avec la Russie. Mais c’est l’un de ses semi-satellites, le Canada, dont la ministre des affaires étrangères Mélanie Joly vient d’aller en Ukraine du jour au lendemain, qui a pris depuis quelques jours la tête de la dénonciation de la Russie.

Son premier ministre Justin Trudeau développe un discours fanatiquement pro-OTAN, s’inscrivant en plein dans l’alliance stratégique américano-britannique. C’est ici une véritable offensive de grande ampleur, visant la Chine à terme, et qui s’appuie sur tous les réseaux occidentaux possibles. Ce qu’il faut donc remarquer ici, c’est que c’est parallèle à un début de systématisation des attaques anti-Russie de la part d’activistes LGBT.

Nul hasard à cela, l’idéologie LGBT étant un produit ultra-libéral au service du turbocapitalisme, dont le Canada fédéral et communautariste est un bastion. Les institutions canadiennes ont totalement intégré dans leur appareil idéologique le concept de LGBTQ2, soit Lesbiennes, Gais, Bisexuels, Transgenres, en Questionnement et Bispirituels. Ce dernier terme vise à en rajouter une couche en disant que pour des autochtones (c’est-à-dire les Amérindiens) on peut avoir avoir un esprit masculin et un esprit féminin en même temps. Au Canada il fut par ailleurs plutôt employé l’acronyme LGBTTIQQ2SA pendant tout un temps.

La Russie raffole évidemment de cela pour en rajouter, de son propre côté, dans un conservatisme anti-occidental forcené et patriarcal. On voit très bien comment on est ici dans une logique de bloc, avec la mise en place de deux empires enserrant les initiatives des gens, intégrant leurs activités pour renforcer l’ensemble.

Et, donc, le Canada a envoyé une frégate en Mer Noire, contribuant au bellicisme de l’OTAN. Ce n’est pas la seule initiative : l’Espagne y envoie également un dragueur de mine et une frégate suivra. Les Pays-Bas envoie des avions F-35 en Roumanie, pays où la France est prête à envoyer des troupes comme l’a affirmé Emmanuel Macron lors de son discours sur l’Union Européenne le 19 janvier [NDLR – en fait aux vœux aux armées pour la nouvelle année].

La République tchèque va envoyer à l’Ukraine des munitions pour l’artillerie, alors que des éléments anti-tanks et de défense anti-aérienne vont être fournis par l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie.

Ainsi, l’ensemble de l’OTAN pratiquement se mobilise contre la Russie, à quoi il faut ajouter la Suède. Déjà que la Russie a des visées impériales, une telle ligne agressive renforce le bellicisme général. Si l’Ukraine passe dans l’OTAN (ou l’Union Européenne), la Russie est repoussée, affaiblie et inéluctablement basculera à terme. La conquête de l’Est de l’OTAN depuis 1989 touche ici sa limite, la crise mondiale précipitant les événements de manière brutale.

Les pays de l’OTAN et l’année de leur adhésion (wikipédia)

Au sens strict, les seuls pays européens à l’écart de la mobilisation sont l’Autriche et la Finlande qui sont neutres et ont des rapports historiques étroits avec la Russie depuis 1945 (on parle de « finlandisation »), la Serbie qui est historiquement proche de la Russie (et hostile à l’OTAN), la Bulgarie et la Hongrie qui ne veulent pas de tout cela (le président hongrois Viktor Orban vient d’aller à Moscou), la Grèce et l’Italie qui restent à l’écart.

Ce qui joue énormément encore, retardant pour ainsi dire les échéances, est que l’Allemagne est coupée en deux entre une bourgeoisie voulant une alliance avec la Russie pour assurer l’hégémonie européenne et laisser passer l’orage sino-américain, et une autre voulant profiter du gâteau russe.

Quant à la Russie, elle continue comme si de rien n’était. Tout en disant qu’elle ne veut pas envahir l’Ukraine, elle accumule des troupes à l’Ouest, et a même annoncé… des manœuvres navales dans l’Atlantique, la Mer du Nord, la Mer d’Okhotsk, le Pacifique et la Méditerranée! Sont concernées plus de 140 navires, plus de 60 avions, 10 000 soldats. 

Il y aura également à très court terme des manœuvres navales de la Russie avec… la Chine et l’Iran.

On se précipite à l’abîme. Car, qu’ils le veulent ou non, frappés par la crise, les pays vont à la guerre pour obéir aux exigences capitalistes. C’est cela qui explique la logique des blocs, des tendances impériales, dans le contexte de la bataille pour le partage du monde.

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18 janvier 2022 : l’armée russe rentre en Biélorussie

Tout le front occidental de l’État-nation russe-biélorusse est militarisé.

Le 18 janvier 2022, le Canada a envoyé des troupes spéciales en Ukraine, alors que d’autres éléments canadiens du même type y sont déjà depuis 2020 pour des formations militaires. Le Royaume-Uni a envoyé en Ukraine deux avions cargos C-17 d’armes légères anti-tanks, avec à chaque fois un vol faisant un détour par le Nord pour éviter de survoler l’Allemagne, pays exprimant de plus en plus sa réticence à se lancer dans une bataille anti-Russie qu’elle ne veut pas à la base de toutes façons.

La ministre allemande des affaires étrangères Anna Baerbock était par ailleurs à Kiev le 18 janvier pour être à Moscou le 19. Cependant, la grande information essentielle du 18 janvier 2022 c’est l’annonce par la Biélorussie de manoeuvres militaires sur des flancs sud et ouest, en février ou en mars, on ne sait pas trop… alors que le jour même des forces militaires russes rejoignaient des bases en Biélorussie.

C’est le prolongement direct de l’escalade des 16 et 17 janvier 2022. C’est une militarisation complète des frontières occidentales de l’Union de la Russie et de la Biélorussie – on parle ici d’une « Union » intergouvernementale devant amener la fusion des deux pays. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a affirmé il y a deux semaines que l’Ukraine et le Kazakhstan devraient la rejoindre.

Il va de soi qu’on a là une escalade militaire de grande envergure. Déjà qu’on a une armada russe qui se renforce à la frontière avec l’Ukraine, et qui ne saurait rester indéfiniment dans la zone, voilà qu’on a une armada en Biélorussie également, renforçant la pression sur l’Ukraine.

Il suffit de regarder la carte pour comprendre l’ampleur du problème, en se rappelant que l’Est de l’Ukraine a une vaste région formant deux « républiques » séparatistes et qu’au Sud la Crimée a été annexée par la Russie.

source wikipédia

Une offensive russe briserait aisément l’Ukraine ; une offensive biélorusse – russe briserait l’Ukraine encore plus facilement. Et cela aurait encore plus de répercussions politiques, puisque les sanctions occidentales frapperaient aussi la Biélorussie, qui est déjà ostracisée de toutes façons il est vrai depuis l’élection présidentielle d’août 2020. Surtout, cela serait un appel biélorusse et grand-russe auprès des « petits russes » que sont historiquement les Ukrainiens. Une intervention russe parlerait à une large partie de la population ukrainienne, ce qui ne veut pas du tout dire qu’elle serait pour autant encline au démantèlement de l’Ukraine ou sa partition.

Tout cela relève parfaitement de la mise en place de blocs impériaux dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

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16-17 janvier 2022 : le rêve néo-impérial russe face à une Ukraine porte-avions terrestre de l’OTAN

Le principe de polarisation est essentiel pour saisir ce qui se passe.

En faisant des manoeuvres avec des tanks avec le drapeau national mais également celui de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) du fasciste Stepan Bandera, le régime ukrainien témoigne de la folie qui le caractérise. On nage dans un délire ultra nationaliste, auquel l’OTAN contribue de manière totalement folle.

Pour donner deux exemples concrets, en ce début janvier les médias ukrainiens et les films doivent uniquement être en ukrainien, alors qu’une large partie du pays est russophone. De très lourdes amendes sont sinon de la partie. Et la période de tolérance dans la vie publique est terminée. On ne peut plus accueillir quelqu’un dans un café en lui parlant en russe : le serveur aurait immédiatement une très grosse amende.

L’autre exemple, tout aussi significatif, est la vaste campagne « Kyiv not Kiev », visant à ce qu’au niveau international, on cesse de dire Kiev, qui est le nom venant du russe, pour utiliser le terme ukrainien. L’Agence France Presse vient d’assumer ce changement, qui évidemment n’a aucun sens historiquement puisque le terme de Kiev est utilisé depuis des siècles.

Naturellement, Kyiv a plus de sens, mais là c’est un changement fictif, sur une base nationaliste et même belliciste. C’est la même idée que quand il est réclamé qu’on renomme la Russie Moscovie, car l’Ukraine serait la seule véritable descendante de la Rus’.

Le régime ukrainien est simplement devenu le jouet des pays occidentaux. Il coure au massacre et en plus il en est très satisfait car, comme on le sait, le nationalisme rend aveugle et donne une illusion de toute-puissance.

Les deux derniers jours reflètent cette évolution toujours plus marquée, alors que la Russie continue d’amasser des troupes aux frontières.

Le 16 janvier 2022, à la suite d’un appel téléphonique du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et du Vice-président de la Commission européenne et Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell, il a été réaffirmé que :

« l’étroite coordination entre l’Union Européenne et les États-Unis quant aux récents développements liés à la Russie et l’Ukraine continuait au plus haut niveau. »

Le même jour, la première ministre finlandaise Sanna Marin a réaffirmé les propos du ministre finlandais des affaires étrangères Pekka Haavisto la veille comme quoi la Finlande ne comptait pas rentrer dans l’OTAN. La Suède par contre a directement appelé les Etats-Unis à envoyer davantage de troupes en Europe et a envoyé des forces spéciales sur l’île de Gotland. On notera que plusieurs drones ont été aperçus en train de survoler des centrales nucléaires suédoises, provocation russe ou bien suédoise pour entraîner l’opinion publique.

Le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a réaffirmé à la Russie qu’une intervention en Ukraine serait une « erreur stratégique », alors que les médias ukrainiens ont affirmé que les séparatistes déversaient des produits chimiques pour provoquer un incident, modifiant une information de l’Etat ukrainien comme quoi les séparatistes auraient connu un accident chimique particulièrement polluant.

Le 17 janvier 2022, la ministre des Affaires étrangères canadienne Mélanie Joly a fait un voyage en Ukraine pour soutenir le régime, ayant annoncé son voyage la veille seulement. L’Ukraine est le troisième pays vers lequel le Canada exporte et les exportations ont triplés ces six derniers mois.

Microsoft a annoncé qu’un malware, un programme malveillant, était présent dans tous les services informatiques des agences gouvernementales et les sociétés d’informatique d’Ukraine, soupçonnant un Etat d’être à la manoeuvre. L’ampleur des dégâts est encore inconnue ; l’Ukraine accuse ouvertement la Russie.

Le Danemark a annoncé 125 millions de dollars d’aides à l’Ukraine, alors que les Etats-Unis n’ont cessé à tous les niveaux (Etat, gouvernement, journalistes, hommes politiques) d’affirmer que la Russie préparait une opération de provocation pour justifier une invasion.

La Russie affirme de son côté qu’elle n’a aucune intention d’envahir l’Ukraine, que ses troupes à la frontière sont une réponse aux initiatives de l’OTAN et qu’elles resteront tant qu’il le faudra. On l’a compris il s’agit d’attendre que le nationalisme ukrainien fasse tellement dérailler la situation que l’intervention russe sera légitimée.

Autrement dit, c’est la question du Donbass séparatiste et des gens d’ethnie russe dans l’ensemble de l’Ukraine qui servira de levier à l’intervention russe, au sens où cela sera présenté comme un affrontement entre la « mère Russie » (pas simplement le pays ou la nation mais une sorte de nation-continent-culture) et l’OTAN.

De manière bien plus simple à comprendre, il y a cette vidéo. Elle correspond à la candidature de la ville de Moscou pour l’organisation de l’Exposition universelle de 2030. La Russie y est présentée par l’intermédiaire de Moscou comme jeune, subtile, résolument moderne, totalement à rebours de comment les pays occidentaux voient la Russie et les Russes, considérés comme des arriérés bougons, malpropres et stupides.

C’est très exactement la clef pour comprendre le positionnement russe dans la bataille pour le repartage du monde. La Russie se présente non pas comme un pays, mais comme une Fédération aux valeurs unificatrices par l’intermédiaire du prisme culturel russe, avec comme base l’ethnie russe. C’est l’idéologie de la conjugaison de l’oligarchie russe, qui achète des maisons de luxe à Londres et Vienne en faisant du shopping à Paris et des vacances sur la côte d’Azur, et du complexe militaro-industriel. C’est le rêve néo-impérial russe.

L’OTAN veut ainsi s’imposer avec en toile de fond la superpuissance américaine avec ses vassaux européens, alors que la Russie compte imposer son affirmation néo-impériale. Quant aux peuples, il n’est nullement demandé leur avis, naturellement. C’est très exactement cela la tendance à la guerre à travers les affirmations impériales dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

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Ukraine : un 14 janvier 2022 mouvementé

Dans le prolongement de l’échec des négociations américano-russes.

L’échec des négociations des 10-13 janvier 2022 se prolonge de manière naturelle dans l’escalade. Le 14 janvier 2022, 15 sites gouvernementaux ukrainiens se sont fait hackés, dont le ministère des affaires étrangères. Le texte en ukrainien, en russe et en (très mauvais) polonais insulte l’Ukraine et dit qu’elle ne devrait pas exister, que les Ukrainiens doivent s’attendre au pire, que leurs données personnelles ont été récupérées.

L’image est géolocalisée à Varsovie, comme pour laisser penser que l’action a été menée par des nationalistes polonais ( » Ukrainiens, prenez peur et préparez-vous au pire. Toutes informations vous concernant sont devenues publiques, ayez peur et attendez-vous au pire. Ceci est pour vous pour votre passé, présent et futur. Pour la Volhynie, pour l’OUN-UPA pour la Galicie, pour la Polésie et pour les terres historiques »).

L’Ukraine a accusé la Russie d’avoir mené l’opération et l’OTAN a immédiatement annoncé qu’elle allait établir un partenariat « cyber » avec l’Ukraine.

On notera que le même jour, la Pologne a connu une opération bien plus poussée avec le vol… de 1,8 million de données sur l’armée polonaise.

L’image laissée sur les sites gouvernementaux ukrainiens hackés

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a également tenu une conférence de presse le 14 janvier 2022, où il a expliqué que la patience de la Russie était à bout, que l’occident était allé trop loin, que la présence d’une alliance aux frontières russes était inacceptable. Il a souligné aussi l’absence des pays européens dans la situation actuelle :

« Je ne sais même pas comment l’Union européenne voit sa participation aux négociations sur la sécurité. Vous voulez savoir s’il est possible d’établir une sorte de canal avec l’Union européenne sur les questions de sécurité, un canal séparé des États-Unis et de l’Otan ? Franchement, je ne sais pas.

Ce n’est pas que nous ne le voulons pas, mais nous regrettons que l’UE elle-même ait détruit tous les mécanismes de sécurité il y a 7 ans et demi. Maintenant nous sommes tournés vers les États-Unis et l’Otan. Avec l’Otan, au moins nous avons encore sur papier la structure du Conseil Otan-Russie. »

La ministère allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock a justement annoncé de son côté qu’elle irait à Moscou le 18 janvier ; elle est membre des Verts, un parti en Allemagne qui sert ouvertement de porte-parole à la superpuissance américaine et à l’OTAN, en mode moderniste – turbocapitaliste. Elle n’a eu de cesse de dénoncer le gazoduc Nordstream 2. Inversement, le chancelier Olaf Scholz fait partie d’un parti, les socialistes du SPD, totalement favorable au gazoduc. L’ancien chancelier et dirigeant du SPD Gerhard Schröder est notamment au conseil de surveillance de Gazprom.

Les initiatives suédoise et finlandaise du 14 janvier 2022 sont également notables, puisqu’on parle de deux pays dont l’OTAN a récemment dit qu’il serait très facile de les intégrer. La Suède a fait parader des soldats lourdement armés et des blindés dans la petite ville de Visby dans l’île de Gotland, qu’elle considère comme une cible potentielle de la Russie, alors qu’inversement de ce bellicisme le ministère finlandais des affaires étrangères, Pekka Haavisto, s’est empressé de souligner que la Finlande ne comptait pas rejoindre l’OTAN.

Les États-Unis de leur côté ont accusé a Russie d’avoir envoyé un commando pour mener une opération contre les troupes russes elles-mêmes pour servir de provocation comme prétexte à une offensive en Ukraine. Les États-Unis ont également parlé d’une réponse « décisive » si la Russie met en place des missiles en Amérique latine.

Le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a annoncé qu’il se rendrait avec des homologues européens sur la ligne de front au Donbass début février.

Quant au président ukrainien Volodymyr Zelensky, il a proposé une rencontre à trois avec le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine.

Il faut également noter que la presse internationale accorde une certaine importance à la question ukrainienne, avec évidemment dans les pays occidentaux une prise de partie unilatérale pour la superpuissance américaine et l’OTAN, comme dans le tchat du Monde du 14 janvier. L’OTAN ce serait une force défensive, l’occident serait démocratique et ne penserait qu’à la paix, etc.

C’est l’établissement d’un bloc occidental unifié et il faut noter ici que cela passe comme une lettre à la poste. Les gens sont prisonniers du capitalisme au quotidien et on comprend qu’ils ne puissent rien voir. Mais normalement il y a en France de nombreuses personnes de gauche, qui devraient s’indigner que la France s’embarque ouvertement dans l’OTAN, s’aligne sur la superpuissance américaine. Et pourtant il n’y a rien.

Non pas que cela soit mieux si la France navigue en solitaire. Mais lorsqu’elle est en solitaire, il y a encore plus de pression chauvine. Là ce n’est pas le cas…. normalement un alignement unilatéral de la France sur la superpuissance américaine devrait profondément choquer, et il n’y a rien de tout cela. Cela en dit long !

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Echec des négociations Russie-OSCE et « l’Ouest sur 220 volts »

On peut considérer que le conflit a concrètement commencé.

Après la négociation Russie – Etats-Unis à Genève du 10 janvier 2022, celle Russie – Otan à Bruxelles le 12 janvier 2022, il y a eu pareillement le 13 janvier 2022 une négociation entre la Russie et l’OSCE, à Vienne. L’OSCE, c’est l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, une sorte de plate-forme de discussion diplomatique sur la sécurité. Elle dispose notamment d’une mission spéciale d’observation dans le Donbass pour observer et consigner les violations des accords de Minsk prévoyant de limiter l’emploi de certaines armes de la part de l’Ukraine et des « républiques » séparatistes.

Les négociations n’ont rien donné bien entendu et le représentant russe auprès de l’OSCE, Alexander Lukashevich, a dit que celles-ci avaient été une « déception », que les occidentaux ne prenaient pas en compte les « intérêts nationaux de la Russie ».

Le ministre polonais des Affaires étrangères, Zbigniew Rau, dont le pays vient de prendre la présidence l’OSCE pour 2022, a indiqué au sujet de la situation que :

« Il semble que le risque de guerre dans la zone de l’OSCE soit plus grand que jamais au cours des 30 dernières années. »

Et l’envoyé de la superpuissance américaine auprès de l’OSCE, Michael Carpenter, a expliqué que :

« Les tambours de la guerre résonnent fort et la rhétorique est devenue plutôt stridente. »

A côté de cela, cela devient de la folie. Emmanuel Macron a ainsi demandé que les États-Unis participent aux accords de Minsk. Ces accords-discussions ont lieu depuis 2014 entre la Russie, l’Ukraine, l’Allemagne et la France, ces deux pays faisant tout pour que, justement, ce soit eux les maîtres du jeu et surtout pas les États-Unis. Là, Emmanuel Macron s’est totalement aligné sur la puissance américaine.

On notera ici que les ministres européens de la Défense et des Affaires étrangères sont en France, à Brest, du 12 au 14 janvier, pour « plancher » sur la stratégie militaire européenne – mais en réalité, c’est la superpuissance américaine qui décide, l’Union européenne et l’OTAN se conjuguant, Emmanuel Macron étant en France le représentant désormais de la fraction pro-américaine.

Il y a un bloc occidental unifié – du moins en apparence et pour le moment présent – visant à désagréger la puissance russe.

Il va de soi que la Russie, qui a désormais autour de 120 000 soldats à la frontière avec l’Ukraine, n’apprécie pas du tout cela et continue d’envoyer ses troupes d’Est en Ouest. On peut considérer que les 2/3 de l’armée de terre russe est désormais réunie. 1/3 seulement des troupes présentes l’est normalement dans la région. C’est la première fois depuis 1944 que des troupes russes partent d’aussi loin à l’Est pour rejoindre l’Ouest du pays.

Sergei Ryabkov, ministre des affaires étrangères adjoint, a expliqué lors d’une interview qu’il ne pouvait confirmer ou infirmer la mise en place de missiles russes… à Cuba ou au Venezuela. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a expliqué que des sanctions contre Vladimir Poutine de la part des États-Unis équivaudrait à une cessation des relations entre les deux pays.

L’ambassade russe aux États-Unis a également salué l’anniversaire de Viktor Bout, un trafiquant d’armes condamné à 25 ans de prison aux États-Unis. Et profitant des 220 ans de la fondation des affaires étrangères russe, le ministère concerné a publié une image expliquant que le président lui avait donné comme consigne de mettre l’Ouest sur 220 volts!

Le conflit a, de fait, déjà commencé. C’est là la confirmation de la justesse d’une analyse considérant que le capitalisme, c’est la guerre, que la crise mondiale ouverte par la pandémie a imposé la bataille générale pour le repartage du monde.

Cela va si loin que non seulement la guerre en Ukraine est d’actualité pour les puissants, mais qu’il y a même la question de savoir si la Russie ne va pas envahir l’île suédoise de Gotland pour empêcher la Suède de rejoindre l’OTAN, alors que la superpuissance américaine affirme ouvertement vouloir amener des troupes en Europe dans les pays de l’OTAN voisins de la Russie.

Et tout cela se déroule totalement à l’écart d’une vie quotidienne capitaliste totalement déconnectée des événements mondiaux qui font réellement l’actualité. C’est aussi un aspect essentiel de la crise : la société a totalement décroché de la réalité. Pour les gens, la réalité c’est Netflix, le crédit à payer, la mode à suivre, les LGBT, TF1, les soldes, le nouveau smartphone à se procurer, la téléréalité à contempler… et la liste de la consommation aliénante, infantilisante est comme on le sait extrêmement longue.

Le capitalisme est dans le mur, à tous les niveaux. Et il entraîne le monde avec lui dans le gouffre.

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L’OTAN ferme la porte à la Russie

La Russie doit s’effacer devant l’OTAN.

General view of the meeting

L’OTAN s’est réunie avec la Russie le 12 janvier 2022 pour la première fois depuis deux ans et demi ; normalement de telles réunions se tiennent deux-trois fois par an, mais les intérêts tellement divergent ont provoqué une cassure. La crise internationale provoquée par la pandémie a ramené l’existence d’une telle réunion, mais celle-ci s’est bien entendu conclu sur rien de concret.

La Russie, par l’intermédiaire d’Alexandre Grouchko, vice-ministre russe des Affaires étrangères, exige en effet que l’Ukraine et la Géorgie ne rejoignent pas l’OTAN, et cette dernière dit qu’elle n’y peut rien, qu’elle laisse la porte ouverte. Ce qui implique qu’elle les acceptera, alors qu’en plus il existe en ce moment une intense campagne anti-Russie dans le Nord de l’Europe. Après la Suède, c’est ainsi la Norvège qui affirme qu’elle est menacée d’une possible invasion russe, et il y a un discours officiel appelant à renforcer la présence militaire de l’OTAN en Europe de la part du Danemark, de la Suède, de la Norvège et de l’Estonie. De plus, le Royaume-Uni a envoyé en Ukraine toute une équipe de généraux.

La superpuissance américaine met également le paquet. Le 12 janvier 2022, la Secrétaire d’État adjointe des États-Unis Wendy R. Sherman présente lors de la réunion Russie-OTAN a également eu une rencontre avec le  secrétaire général du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères François Delattre, le secrétaire d’État allemand aux affaires étrangères Andreas Michaelis, le directeur politique italien des affaires étrangères Pasquale Ferrara, le ministre d’État britannique pour le moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Amérique du Nord James Cleverly.

Et lors de la réunion de l’OTAN en tant que tel, Wendy R. Sherman a dit au représentant russe qu’il était une seule personne parmi 30, mais qu’en fait les 29 représentants de l’OTAN ne formaient également qu’une seule personne, au sens où l’OTAN formait un bloc. Et lorsqu’elle a pris la parole et qu’en même temps la délégation russe s’échangeait des documents en murmurant, elle les a rappelés à l’ordre.

La Russie est donc prise à la gorge : soit elle essaie de passer en force en envahissant l’Ukraine, un pays qu’elle ne reconnaît somme toute pas, ou bien elle recule et alors elle s’effiloche sous la pression occidentale. Tant la Russie que l’OTAN n’ont comme seule possibilité d’existence que l’expansion territoriale, politique, militaire.

Pour l’instant, elle ne cède pas, elle continue ses renforcements à la frontière ukrainienne, et 3000 soldats se sont entraînés le 12 janvier à balles réelles à Voronezh, Belgorod, Bryansk et à la frontière ukrainienne.

Mais de toutes façons, il ne faut pas faire de « géopolitique ». Ce qui compte, c’est de voir que les grandes puissances cherchent à agglomérer un empire autour d’elles-mêmes, alors que la tendance est à la bataille pour le repartage du monde. C’est cela qui compte et il y a deux premières victimes : des pays entiers tout d’abord, qui sont des cibles de l’expansion voulue, comme ici l’Ukraine qui n’a comme horrible choix que d’être qu’un satellite occidental ou russe, ou bien les deux si le pays connaît une partition suite à une invasion.

Les travailleurs ensuite puisque c’est à leurs dépens que se font les guerres du capitalisme, tout comme c’est à leurs dépens qu’existe le capitalisme. Il est aisé de voir comment la guerre est d’ailleurs devenue une actualité du capitalisme de manière tout à naturelle, avec un effet d’entraînement dans toute la société. On ne peut pas ne pas voir qu’Eric Zemmour, au discours nationaliste brutal, est une expression directe de la crise généralisée du capitalisme due à la pandémie, avec même Marine Le Pen mise de côté.

Pratiquement 80 000 personnes ont d’ailleurs rejoint le mouvement d’Eric Zemmour, « Reconquête », ce qui est également une expression de la crise, du nationalisme, du bellicisme, de la tendance au repli sur soi, à la mobilisation nationale pour que le pays « retrouve son rang », etc. Le BREXIT et l’élection de Donald Trump ont été les signes annonciateurs que le capitalisme rentrait dans le mur et qu’on était en train de passer au repli national pour le repartage du monde, en raison d’une expansion capitaliste au rythme cassé.

Dans un tel panorama, les négociations ne sont que formelles, apparentes. La réunion Russie-OTAN du 12 janvier 2022 n’a été qu’une formalité, sans contenu aucun, car désormais tout se passe en arrière-plan, avec les exigences historiques de la crise. Ce qui se reflète concrètement dans les esprits des couches dominantes comme la grande bataille sino-américaine en cours et à venir.

Chacun se place par rapport à cela, en comptant profiter du maximum de forces pour le moment où tout basculera. Il est ainsi absolument évident que les pays occidentaux voient l’occasion historique de pouvoir ébranler la Russie. Tout comme la Russie voit l’occasion historique de reforger son empire en profitant d’un capitalisme occidental relativement enrayé et de sociétés occidentales déconnectées de tout dans leur bulle consommatrice.

Cette leçon historique, on est train de l’apprendre ; la crise ukrainienne est la principale leçon dans ce cheminement historique et, malheureusement, n’anticipant pas les événements à venir et ne comprenant pas les tendances de fond, les gens s’éparpillent dans de pseudos-actualités, se dispersent dans des choses totalement secondaires.

On est désormais dans le processus qui mène à la future guerre mondiale, un processus contradictoire qui va avoir des tours et des détours, et là on a le premier moment de vérité, la première étape, la première polarisation, la première grande leçon.

C’est l’Histoire qui est en train de se faire et il est dommage que cela se déroule ainsi ; mais sans doute qu’en raison de la corruption capitaliste, il fallait que l’humanité en passe par là pour saisir avec maturité le socialisme, avec sa planification, son collectivisme, ses valeurs morales et culturelles.

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La négociation américano-russe du 10 janvier 2022

Les puissances campent sur leur position.

Dans la matinée du 10 janvier 2022, Jens Stoltenberg, à la tête de l’OTAN, a expliqué que l’OTAN continuerait d’accepter de nouveaux membres. Comme on sait que la principale revendication russe est que l’Ukraine et la Géorgie ne rentrent pas dans l’OTAN, on voit que la contradiction est antagonique.

Cette déclaration se faisait dans le cadre de la réunion extraordinaire de la Commission OTAN-Ukraine, avec la ministre ukrainienne de l’intégration européenne et euro-atlantique Olga Stefanishyna, ce qui est une manière pour l’OTAN d’exercer une pression maximale.

Car dans la foulée se tenait la réunion américano-russe à Genève entre le Vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov et la Secrétaire d’État adjointe des États-Unis Wendy R. Sherman.

Elle n’a rien donné. D’ailleurs, les huit heures de rencontre ont été par la suite présentées comme des « discussions » et non comme des « négociations ». Et chaque représentant, accompagné d’une grosse équipe lors de la rencontre, a en fait réalisé séparément une conférence de presse. Naturellement, chaque camp se présente sous son meilleur jour. La superpuissance américaine explique qu’elle veut la paix et la sécurité en Europe, qu’elle est prête à négocier avec la Russie. Cette dernière insiste sur le fait qu’elle ne compte pas du tout envahir l’Ukraine.

Ce qui n’empêche pas le bellicisme de continuer à l’arrière-plan, bien entendu. Aux États-Unis on vient d’apprendre que début décembre 2021 le président Joe Biden avait décidé d’un pack supplémentaire de 200 millions de dollars pour l’Ukraine, sans que cela ait alors été rendu public. Quant à la Russie, elle continue de mobiliser son armée vers l’Ukraine, avec même pour la première fois depuis 1944 un décalage vers l’Ouest des troupes les plus éloignées tout à l’Est.

Dans ce contexte, les deux pays européens ayant le plus à perdre d’un affrontement en Ukraine ont pris l’initiative aussi, puisque, le même jour, se sont rendus en Ukraine le conseiller en politique étrangère du chancelier allemand Olaf Scholz et le conseiller diplomatique du président français Emmanuel Macron, pour une réunion à haut niveau avec le régime ukrainien.

Le Danemark a de son côté annoncé envoyer quatre avions de chasse et une frégate dans la Baltique pour renforcer l’OTAN, alors que le chef d’État-major suédois Michael Claesson a expliqué que la situation était « extraordinairement sérieuse » et qu’il n’excluait pas… une action militaire russe contre la Suède.

Voici d’ailleurs une carte montrant les trajets d’avions-espions suédois (en jaune) et américains (les autres couleurs), les cercles indiquant la portée maximale des appareils d’espionnage.

Kaliningrad est une semi-enclave russe à côté de la Pologne et de la Lituanie.

Du point de vue de la très grande majorité des analystes et des observateurs occidentaux, il est absolument clair que l’on va au conflit militaire en Ukraine. Cela tranche avec les médias occidentaux (et même ukrainien) qui n’abordent pas la question, ou bien simplement pour présenter un risque très présent, sans évidemment en affirmer l’envergure.

C’est inévitable : personne ne partant d’un point de vue intérieur au capitalisme ne peut comprendre que ce sont toutes les relations internationales qui se dissolvent en raison de la bataille pour le repartage du monde. Et comme il y a encore des négociations le 12 et le 13 entre la Russie avec l’OTAN et l’OSCE, c’est autant de gagné comme période de « paix » avant le déluge.

Il sera important de revenir sur ce moment historique a posteriori, pour étudier les non-dits, la mauvaise foi, la croyance en la « paix » capitaliste, le déni face à la crise, etc !

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Guerre

Arrachez-vous à votre vie quotidienne dans le capitalisme et étudiez la crise ukrainienne !

Il n’y a pas de capitalisme sans guerre et c’est l’avenir qui est en jeu !

C’est une question existentielle et si auparavant, avant la crise, dans un capitalisme tournant à fond, on pouvait l’éviter, désormais ce n’est plus le cas. Quiconque imagine sa vie sur une, deux, trois décennies, en s’imaginant que les choses ne changeront pas, qu’elles vont rester ce qu’elles sont, vit dans l’illusion.

Dans l’illusion qu’on vit tranquillement dans une bulle capitaliste totalement stable, pacifiée, à l’écart des troubles du monde.

La guerre est en effet de retour, elle réapparaît à l’échelle mondiale à travers la formation de blocs dont l’élément le plus puissant cherche à organiser un nouvel empire. L’affrontement entre la superpuissance américaine et la Chine qui aimerait prendre sa place prend toujours plus de place dans l’Histoire de l’humanité, dans les phénomènes et les décisions à l’échelle mondiale.

Car il est impossible de ne pas se placer dans la bataille pour le repartage du monde ! Que ce soit en son sein pour avoir sa place du gâteau impérial ou à l’extérieur, pour la dénoncer, pour la combattre, au nom de l’amitié entre les peuples, au nom du refus de la guerre !

Depuis le 2 avril 2021, agauche.org a sans relâche averti de l’importance du conflit Ukraine-Russie, expliquant les tenants et aboutissants au moyen de plus de 60 articles directement à ce sujet, de plus encore d’articles touchant à des aspects secondaires de ce conflit.

Absolument personne en France n’a souligné cette question ukrainienne, et à vrai dire même personne n’en a même parlé. Pourquoi ? Parce que personne ne croit plus en la guerre, étant corrompu par le capitalisme, lessivé sur le plan des idées. Le capitalisme a triomphé dans les esprits, il force à la capitulation avant même de commencer à réfléchir seulement.

Seule une poignée de gens en France a conscience de ce qu’est la guerre, de sa réalité. C’est la même situation qu’en 1914, où à part dans quelques pays comme la Russie, l’Italie, la Serbie, il n’existe aucune réelle compréhension de l’enjeu historique que représente la guerre.

Les gens vivent leur vie, ils sont tournés vers un horizon immédiat, celui de la consommation ; quand ils prévoient, c’est à leur propre échelle individuelle, avec un cadre familial. Il n’y a plus aucune capacité à saisir ce qui est collectif, ce qui est universel.

Sans parler qu’il n’y a aucune capacité à assumer une détermination autre que celle proposée par le marché capitaliste. Les gens ne prennent pas de responsabilités, ils sont consommateurs et tout leur est dû en ce sens, d’où l’effondrement des partis politiques, la dépolitisation complète, les aventures hystériques comme celles des LGBT ou des nationalistes nostalgiques d’une France fantasmée.

Tout se consomme, à tous les degrés, dans une gamme insensée de variantes produits par une société capitaliste en perdition sur le plan culturel et moral. Et qui précipite les pays dans la guerre pour le repartage du monde, car il n’y a plus assez d’expansion possible autrement.

Le capitalisme, c’est la guerre. Qui ne le comprend pas ne peut que voir sa propre vie s’échapper.

Ce qui est dramatique, c’est que les gens auraient dû le comprendre en amont. Pourquoi ont-ils accepté McDonald’s ? Pourquoi ont-ils accepté Netflix ? Pire encore, ils ont choisi tout cela, par corruption, par le fait de vivre dans un pays riche comme la France, l’un des pays les plus riches du monde, un des grands pays capitalistes historiquement, l’une des premières puissances dans le monde.

Désormais, il va falloir être confrontée à la facture, celle de la guerre. L’affrontement sino-américain est le produit de trente années de consommation occidentale dans le cadre capitaliste : les choses ne pouvaient que changer dans un tel processus et voilà que la Chine émerge en effet comme grande puissance mondiale.

La Russie, qui a tenté elle-même de devenir la puissance numéro 1 dans les années 1960-1980 dans le cadre de son empire soviétique, en profite pour tenter de se restructurer comme empire, afin de s’étendre et de tenir le choc par rapport à l’OTAN qui a mené une véritable conquête de l’Est parallèlement au capitalisme occidental.

Et c’est cela qui rend la question ukrainienne si importante. C’est une étape essentielle de tout un processus inévitable. La croissance capitaliste exige sa facture : encore plus de croissance capitaliste. Et cela passe par la guerre de par la crise. Le capitalisme veut passer en force.

On doit l’en empêcher. On doit le renverser. Et donc : guerre à la guerre !