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Guerre

L’Ukraine, martyre du jeu belliciste des grandes puissances

La France est au premier rang des coupables comme membre de l’OTAN.

Alors que le 10 janvier a lieu la réunion américano-russe à Genève, il apparaît déjà comme clair que l’un des deux protagonistes devra massivement reculer pour qu’un accord puisse avoir lieu, ce qui implique de perdre ouvertement toute crédibilité « impérialiste » dans la foulée.

Le pire est donc à craindre, il est déjà là, et le Royaume-Uni vient en rajouter encore en annonçant… la visite de sa ministre des affaires étrangères Liz Truss en Ukraine, on ne sait trop quand en janvier 2022, alors que le chef d’état-major britannique Tony Radakin vient d’expliquer que si des sous-marins russes coupent des câbles sous-marins internationaux, cela sera une situation de guerre.

De son côté, le ministère des affaires étrangères russe a publié un message, également diffusé en anglais, à la fois des plus futiles et des plus agressifs. C’est une réponse au secrétaire d’État américain Anthony Blinken critiquant la Russie pour son intervention au Kazakhstan.

« Si Antony Blinken aime tant les leçons d’histoire, en voici une venant à l’esprit : lorsque des Américains sont dans votre maison, il peut être difficile de rester en vie, de ne pas se faire voler ou violer.

Les Indiens d’Amérique du Nord, les Coréens, les Vietnamiens, les Irakiens, les Panaméens, les Yougoslaves, les Libyens, les Syriens et bien d’autres peuples infortunés qui ont eu la malchance de voir ces hôtes non invités à leur porte auraient beaucoup de choses à ajouter à ce sujet. »

Juste avant une négociation de la plus haute importance, voilà qui donne le ton. En fait, on a deux puissances entendant disposer d’un niveau impérial et, pour cela, doivent poser un bloc avec une idéologie, un centre, une dynamique. La superpuissance américaine utilise l’OTAN comme noyau européen de son empire, et la Russie entend se restructurer telle une forteresse avec la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine.

L’Allemagne se place déjà en insistant pour que l’oléoduc Nord Stream 2 soit séparé de sanctions en cas d’invasion de l’Ukraine par la Russie, des sanctions qu’on sait déjà énormes puisqu’elles couperaient la Russie du système financier occidental (le SWIFT) et qu’elle impliquerait un boycott technologique de la Russie.

Cette dernière, qui dispose d’un énorme matelas financier, en souffrirait bien entendu, mais sa position est déjà d’assumer de former un bloc séparé, en considérant que l’édifice occidental va de toutes façons se lézarder. De fait, si cela se passe, des forces en France par exemple proposeront immanquablement de se tourner vers la Russie afin d’avoir une bourgeoisie française plus « libre », et on a déjà proche de cette ligne ou sur cette ligne Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour.

Les grandes puissances ont de fait le dessus dans les phénomènes historiques en cours, ce sont elles qui décident du cours des événements. Ce n’est pas le gouvernement, la démocratie, le peuple, les intérêts nationaux, la stratégie, ou quoi que ce soit de ce genre, ce sont les puissances comme expression du capitalisme en crise et à l’offensive expansionniste qui décident de ce qui se passe.

C’est là une catastrophe historique dont la première est ici le peuple ukrainien, et même la nation ukrainienne dont l’existence est remise en cause par une Russie aux volontés annexionnistes et un régime ukrainien pro-occidental donnant libre cours aux fascistes et démantelant la culture ukrainienne démocratique et populaire.

Il faut combattre la guerre, il faut combattre la démarche expansionniste des puissances, il faut en France récuser l’OTAN et la conquête de l’Est du capitalisme occidental, c’est là l’aspect principal, la dénonciation du bellicisme russe étant important également mais secondaire car l’ennemi est avant tout dans notre pays, avec notre propre bourgeoisie jetant de l’huile sur le feu avant de disposer d’une part du gâteau.

La question ukrainienne est la boîte de Pandore du repartage du monde au moyen de la guerre pour former des entités impériales ! Il faut la comprendre et assumer ce slogan de la Gauche historique : guerre à la guerre !

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Politique

Le FC Bandera, un club à l’identité nationaliste ukrainienne à Paris

Une association culturello-politique au service du bandérisme en France.

Il y a en France une population ukrainienne, vivant principalement dans les grandes villes. Celle-ci, comme toutes les minorités nationales en France s’organise culturellement, associativement, dans l’idée de se métisser tout en gardant une part de culture nationale d’origine. Cependant il arrive, comme pour d’autres minorités nationales, qu’il y ait une frange ultra, qui consiste en une expression d’un nationalisme exacerbé. C’est là ce que représente le FC Bandera.

Cette équipe de football parisienne est à la gloire du collaborationniste ukrainien Stepan Bandera. Il est une figure érigée par les ultra-nationalistes ukrainiens en héros national. Elle évolue en Commission Football Loisir, c’est un championnat dans un esprit associatif, de loisir.

Le club de football est aux couleurs de l’UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne) , structure armée pro-nazi, anticommuniste et antisémite. L’UPA a massacré les Polonais en Volhynie, participé aux côtés des nazis à la Shoah, et a tenté de liquider les partisans soviétiques.

Il existe aujourd’hui en Ukraine toute une frange du fascisme ukrainien qui se revendique de Bandera et de son héritage, c’est notamment Pravy Sektor (secteur droit).

Sur le site est fièrement affiché le slogan, le salut en fait, du milieu nationaliste ukrainien: « Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux Héros ! » «  Слава Україні! Героям слава! » L’un dit « Gloire à l’Ukraine », l’autre personne répond « Gloire aux héros ».

Les joueurs posent avec le drapeau ukrainien et la bannière bandériste avant les différents matchs disputées en CFL. Le maillot des joueurs est fait par l’équipementier polonais Gera, et le sponsor de l’équipe n’est autre que l’entreprise de BTP du président du FC Bandera, étant lui-même un notable dans la diaspora ukrainienne à Paris.

Sur le groupe Facebook du club il y a plus de 1000 membres, et sur le Facebook personnel du président du club, des partages de l’ancien conseiller du ministère de la Défense qui détient un média suivi en Ukraine, mais aussi de la propagande de Pravy Sektor (le secteur droit). Parmi ses mentions « j’aime », de la propagande nationaliste, des médias pro-américains comme radio svoboda mais aussi des groupes armés comme UNA (Assemblée nationale ukrainienne – Autodéfense ukrainienne).

Le club est une véritable association culturello-politique au service du bandérisme en France, il organise aussi des soirées pour ses membres et des sorties. C’est par le biais culturel que se développe le nationalisme chez ses joueurs.

Cela témoigne bien sûr d’un esprit au sein de la diaspora ukrainienne en France, au-delà du club. Il y a par exemple chaque année les commémorations de l’ « Holodomor » organisées par les nationalistes ukrainiens.

La vision passéiste de l’Ukraine avec la glorification d’un traître à la culture ukrainienne qu’est Bandera ne peut à terme que renforcer l’escalade vers la Guerre en Ukraine, en mobilisant y compris ici, en France, la diaspora ukrainienne vers un nationalisme exacerbé. Cela prépare les Ukrainiens en France à laisser l’Ukraine être un pion au service des États-Unis contre la Russie et ses rêves impérialistes. De fait, en mettant en avant Bandera comme symbole du club, cela l’inscrit dans la lignée des clubs fascistes, et donc militaristes.

Il existe pourtant une culture ukrainienne progressiste et populaire. Les ukrainiens de France ne doivent pas tomber dans le panneau proposer par le club FC Bandera qui n’est qu’une antenne culturelle du fascisme ukrainien. Les peuples d’Ukraine et de Russie sont des peuples amis, ayant une base culturelle commune.Paix entre nous, guerre aux tyrans.

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Guerre

« Pourquoi voudrions-nous un monde sans la Russie? »

La bataille pour le repartage du monde est l’aspect principal des événements historiques.

L’actualité s’est fortement ralentie concernant le conflit Ukraine/Russie, qui apparaît désormais ouvertement comme un conflit OTAN/Russie. Le président américain Joe Biden a téléphoné le 2 janvier 2022 au président ukrainien Volodymyr Zelenski pour lui dire qu’en cas d’invasion russe, il y aurait des sanctions terribles. Le président russe Vladimir Poutine a lui téléphoné au président turc Recep Tayyip Erdoğan.

Pour le reste, la Russie se dit très contente de pouvoir discuter prochainement avec les Etats-Unis et affirme sa confiance dans la diplomatie… Elle ne va pas dire le contraire, bien entendu. Tout le monde attend donc la discussion américano-russe qui va se tenir les 9-10 janvier. Le timing est plus précisément le suivant : pourparlers à Genève les 9 et 10 entre la vice-secrétaire d’État américaine Wendy Sherman et son homologue russe Sergueï Riabkov, rencontre Russie-OTAN le 12, réunion dans le cadre de l’OSCE le 13.

Et deux écoles se font face ici dans l’interprétation des faits. La première dit que tout est une question géopolitique, qui est comme on le sait une conception universitaire – bourgeoise pour qui une civilisation, un Etat, un pays serait en mesure de « penser » et de calculer ses coups.

On a un bon exemple avec l’article de Révolution Permanente (Conflit Russie-Ukraine. Ni bluff ni ultimatum) qui utilise le mot « géopolitique » dès qu’il faut essayer d’expliquer quelque chose, car après tout, cela reste bien mystérieux que tout cela :

« Il est difficile de déterminer avec exactitude pourquoi Poutine décide aujourd’hui de montrer ses muscles face à l’Ukraine et ses soutiens européens et principalement étatsuniens. Un facteur plus local est sans doute l’utilisation de drones turcs par le gouvernement ukrainien contre les forces rebelles du Donbass en octobre dernier. »

Ici on pense que peut-être que la Russie n’attaquera pas… peut-être qu’elle le fera quand même… ou inversement… on ne sait pas… Après tout qui peut savoir… tout est géopolitique… Bref, ce sont des observateurs extérieurs ne comprenant pas la tendance à la guerre et s’imaginant que le capitalisme est organisé et la guerre « planifiée ».

La seconde école dit inversement que tout a changé, et que par conséquent le rentre-dedans est généralisé est inévitable. Elle s’appuie au fond sur une citation de Vladimir Poutine, de 2018, qui a le mérite de la clarté en termes d’affrontement éventuellement atomique :

« Pourquoi voudrions-nous un monde sans la Russie? »

La Russie est une grande puissance et dans la situation de crise, elle veut avoir sa place au soleil. C’est une tendance irrépressible. C’est la bataille pour le repartage du monde et la Russie considère que le bloc occidental va se lézarder en raison de la paralysie relative du capitalisme, alors que la Russie forme un Etat – civilisation – continent tout à fait autonome des événements. Une réaffirmation hégémonique russe ouverte est donc à l’ordre du jour.

Bien entendu, les experts bourgeois concernés ici ne disent pas cela ainsi, mais cela y ressemble fortement et on lira à grand profit l’article de Que signifie l’ultimatum russe aux occidentaux ? du site Desk Russie, qui est ni plus ni moins que la base de l’article du Figaro Poutine veut faire plier l’Otan et l’Europe.

Car le fond de la question est le suivant. 2022 est-il comme 2019 ou pas? La pandémie nous a-t-elle fait passer dans une nouvelle époque? La bataille pour le repartage du monde est-il le sens même de cette époque?

Disons le directement : tout a changé, qui ne le voit pas est aveugle concernant les faits, qui ne le comprend pas a des raisonnements figés dans les livres universitaires, qui ne le saisit pas a une vie semi-confortable et au moins corrompue dans le capitalisme.

Tout est en train de basculer… le capitalisme a connu son apogée, maintenant il s’effondre, et la guerre est sa tentative de s’en sortir.

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Guerre

Joe Biden et Vladimir Poutine, assassins de l’Ukraine

La superpuissance américaine et la Russie décident du sort d’une nation.

Parmi les innombrables initiatives que prennent en ce moment la superpuissance américaine et la Russie, il y en a une qui est plus importante que toutes les autres. Est même secondaire la loi que met en ce moment en place la Russie et qui prévoit… de reconnaître la nationalité russe au territoire rejoignant nouvellement la Russie!

Car Vladimir Poutine a demandé, le 29 décembre 2021, à avoir Joe Biden au téléphone le 30 décembre. C’est d’une importance capitale, car cela reflète la centralisation politico-militaire propre à toute expression de la crise dans le capitalisme. La guerre n’est pas un choix démocratique, c’est toujours une tendance de conquête, d’expansion, d’hégémonie, de destruction. Et le choix relève de toute une coagulation au sein de l’appareil d’Etat, à travers sa tête particulièrement réduite.

C’est cela qui donne l’impression que le dictateur choisit de manière individuelle (ou personnelle), alors que par exemple Adolf Hitler était le serviteur zélé de toute la haute bourgeoisie allemande. Les dirigeants bellicistes sont toujours le fruit d’un choix raffiné fait par les puissants – il suffit de regarder comment en ce moment Eric Zemmour se contorsionne dans tous les sens afin de justement être conforme à ce qui est attendu.

En ce qui concerne l’appel demandé ou exigé par Vladimir Poutine, c’est naturellement catastrophique. Les médias russes bombardent d’une propagande anti-occidentale forcenée ces derniers jours, et avant d’autant plus de facilité que, effectivement, les forces occidentales comptent bien terminer leur conquête de l’Est.

Normalement, il y a une discussion américano-russe prévue le 10 janvier 2022, mais comme on le voit la Russie ne compte pas attendre, elle exige des garanties concrètes, et elle le fait d’autant plus facilement qu’elle compte bien prendre le contrôle d’une partie de l’Ukraine.

Qu’est-ce que cela veut dire? Que le piège se referme sur l’Ukraine. Qu’il y ait la guerre ou que la superpuissance américaine fasse un « deal » avec la Russie, cela sera forcément sur le dos de l’Ukraine. Il y a d’ailleurs un grand ménage en ce moment en Ukraine où des lois et condamnations tombent sur les acteurs politiques et les médias non inféodés au pouvoir actuel directement soumis aux Américains.

La question qui se pose désormais est de savoir si la Russie peut au moins utiliser une partie de l’Ukraine contre elle-même, au nom de l’amitié russo-ukrainienne ou panslave, pour en arracher une partie. Il y a ainsi trois possibilités : une Ukraine colonie américaine, une Ukraine colonie russe, une Ukraine coupée en deux avec les deux parties elles-mêmes des colonies.

Le coup de fil Joe Biden – Vladimir Poutine, quel que soit son résultat, est résolument anti-démocratique et anti-populaire ; il est exemplaire de notre époque qui se caractérise par la bataille pour le repartage du monde, dans le cadre de la crise ouverte par la pandémie. Le capitalisme a besoin d’espaces pour se développer malgré tout, les régimes ont été mis à mal, tout part en dépression (autant les gens que les administrations, la santé, l’éducation, la culture…).

On est exactement comme dans les années 1930, avec des figures « puissantes » décidant du sort du monde, et ici l’Ukraine dont l’existence même en tant que nation est menacée.

On peut dire, bien entendu, que le régime actuel de l’Ukraine a conduit le pays à la faillite en raison de son orientation pro-occidentale, ultra-nationaliste, fanatiquement anti-Gauche. On peut et on doit le dire. Mais la nation ukrainienne est avant tout la victime de la bataille d’influence existant depuis 1991 entre la Russie et la superpuissance américaine, cette dernière prenant le dessus en 2014.

C’est cette situation de faiblesse qui conduit cet endroit du monde a être aussi rapidement un lieu conflictuel. Le Nagorny Karabakh est un autre exemple d’une faiblesse historique amenant un incendie militaire. Cependant cela explique seulement le fait que ces zones soient les premières à basculer : par la suite aucune zone n’échappera à l’exigence des grandes puissances de refaçonner le monde, de remodeler les pays, à l’échelle de continents, selon les besoins « impériaux », avec l’objectif d’un empire capitaliste.

Joe Biden et Vladimir Poutine sont les assassins de l’Ukraine. L’Ukraine est victime de la bataille pour l’hégémonie. Il faut lever le drapeau de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, dans un cadre démocratique et populaire, contre l’influence des puissances, pour l’indépendance. Vive l’Ukraine!

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L’Ukraine dans l’OTAN : « maintenant une question de vie ou de mort » pour la Russie

Que ce soit la Russie et de la superpuissance américaine, l’un des deux devra reculer.

Le 25 décembre 2021, la Russie a informé que 10 000 soldats avaient fini leurs exercices et allaient rentrer dans leur base. Ces soldats avaient été actifs un peu partout en Russie (Volgograd, Rostov, Stavropol, Astrakhan, la Crimée et l’Ossétie du Sud occupées…) et leur matériel restait sur place, mais cette information d’un départ de soldats a suffi aux médias occidentaux pour expliquer le jour même que l’armée russe commençait son désengagement des frontières ukrainiennes!

C’est absolument n’importe quoi, mais cela montre aussi à quel point on est dépendant des informations fournies par les régimes en place et les médias, en l’absence de structures d’informations réellement démocratiques et internationales. C’est ainsi que des opinions publiques sont façonnées, au moyen d’informations partielles, tronquées, sélectionnées. Cela peut avoir comme source une campagne d’intoxication psychologique comme tout simplement le caractère libéral – opportuniste des journalistes, dont le niveau est toujours plus bas.

Et à l’arrière-plan, les puissances font quant à elles des choix en fonction d’informations de leurs services (secrets, militaires, diplomatiques…), sans que l’opinion publique ne s’en émeuve, ni d’ailleurs n’en sache rien, ni même ne s’intéresse à ce genre de choses. La cassure est complète entre l’État et la société, ce qui témoigne de l’ampleur de la crise en ce domaine.

Partant de là, les peuples sont embarqués dans les coups de pression et les guerres sans même le savoir. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a ainsi informé que l’Union Européenne, « de concert avec les Etats-Unis et l’OTAN », avait déjà prévu les mesures devant frapper la Russie en cas d’incursion armée de la part de celle-ci en Ukraine. Personne en France ne sait rien de cela, à part le président et son équipe, le gouvernement et son équipe pour les relations internationales.

C’est pourtant d’une signification immense, puisque cela implique que la France fasse partie du bloc occidental voulant faire tomber la Russie. Si cela tourne mal, alors les Français sont de la partie. Et cela tourne déjà mal, vue l’ampleur de ce qui est en jeu, la dimension des moyens employés, le niveau des objectifs puisqu’il s’agit de la bataille pour la prise de contrôle de l’Ukraine.

On est donc là dans un conflit très clair entre grandes puissances, avec une passivité complète des masses et de la Gauche. On est revenu à la société française d’avant 1914, avec son style endimanché de petit-bourgeois acceptant le régime tout en râlant à la française.

Quiconque regarde pourtant la situation voit le côté insoluble alors que la crise est partout depuis la pandémie. Au-delà de considérations sur la crise, qui est le véritable moteur du jeu de massacres actuel, les fait sont là. La Russie ne veut pas de l’Ukraine dans l’OTAN et, de son côté, l’Ukraine a l’intégration future dans l’OTAN qui est inscrite dans sa constitution.

Les positions sont claires et à couteaux tirés. Lors de son passage à la chaine de télévision russe Rossia-1 le 26 décembre 2021, le porte-parole du président russe Vladimir Poutine, Dmitry Peskov, a dit que c’était pour la Russie « maintenant une question de vie ou de mort ».

Présent à la même émission – il prend la parole en fait absolument tous les jours en ce moment – le président russe Vladimir Poutine a expliqué que si en janvier 2022 les Etats-Unis ne fournissaient pas de garanties tangibles pour la sécurité de la Russie, la réponse serait militaire, ce qui donne de manière semi-cryptique :

« Elle [la réponse de la Russie] pourrait être toute différente. Cela dépend des propositions qui me seront présentées par nos experts militaires. »

Cela a le mérite de la clarté : ce sont les militaires qui fourniront les réponses, et même les experts, ce qui implique une dimension stratégique.

Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a quant à lui proposé le 12 janvier pour une discussion entre l’OTAN et la Russie. Mais il faut rappeler ici que la Russie ne veut discuter qu’avec les Etats-Unis et qu’elle attend des garanties très claires de ceux-ci. Dans tous les cas, un des protagonistes devra reculer. Et si l’un voit que l’autre ne le fera pas, il interviendra militairement au moment lui paraissant le plus opportun.

L’Histoire échappe donc entièrement aux masses en ce moment ; il n’y aucune démocratie et le peuple est absent, les puissances font ce qu’elles veulent dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde. Le seuls « critiques » existantes sont « sociétales », insérées dans la société capitaliste, totalement convergentes avec le capitalisme en voie de modernisation (dans la variante turbo-capitaliste à la LGBT) ou bien le capitalisme traditionnel (dans la variante nationaliste – conservatrice ultra).

C’est une catastrophe complète et le sol va se dérober sous les pieds de tout cela. L’avenir va à la fois tout bouleverser et être bouleversé !

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La Russie lance une « salve » de Zircon le 24 décembre 2021

C’est une vraie partie d’échecs belliciste.

Les troupes russes selon le ministère ukrainien de la Défense, qui considère que la Russie fait encore monter la pression avant une possible offensive

Après avoir été dans les médias le 23 décembre 2021 pour sa conférence de presse, le président russe Vladimir Poutine y est revenu le 24 décembre, pour saluer un événement de portée militaire. Alors que Noël est fêté dans les pays occidentaux, un avertissement leur a été lancé avec le lancement en Russie d’une « salve » de missiles hypersoniques Zircon en Russie. Il s’agit d’un missile de croisière mer-mer ou mer-terre, allant à 10 000 kilomètre à l’heure et pouvant toucher une cible à moins de mille kilomètres. Il peut transporter une charge nucléaire et il est calibré pour avoir une dimension furtive et ne pas apparaître au radar. Il est en effet à vitesse hypersonique dans l’atmosphère, ce qui provoque une nuage de plasma devant lui empêchant les émissions radio.

Un lancement avait également eu lieu le 16 décembre dans la région d’Arkhangelsk, mais sans annonce présidentielle à ce sujet, et naturellement le choix du 24 décembre est significatif. Déjà, parce que l’alerte est maximale quant à une possibilité d’invasion russe de l’Ukraine, les services secrets britanniques parlant justement du 24 décembre comme date possible. Ensuite, parce que c’est la veille des 30 ans de la disparition de l’Union Soviétique, le 25 décembre 1991, avec la démission de Mikhaïl Gorbatchev, remplacé le jour même par Boris Eltsine, le drapeau soviétique cédant la place au drapeau tricolore de l’époque du tsar.

Mikhaïl Gorbatchev a d’ailleurs été interviewé à cette occasion et, alors qu’il est très clairement pro-occidental depuis cette époque, il a accusé les États-Unis de pratiquer désormais « l’arrogance, l’autosatisfaction », le « triomphalisme » ; selon lui, l’élargissement de l’OTAN vise à bâtir un « nouvel empire ». Or, c’est l’agence de presse russe RIA Novosti qui l’interviewait : cela donne le ton actuellement en Russie, où les médias bombardent, entre réalisme et mauvaise foi, au sujet de la menace occidentale.

D’ailleurs, un cocktail molotov a été lancé sur le consulat russe à Lviv, la grande ville de l’ouest de l’Ukraine et bastion de l’ultra-nationalisme ukrainien. Cela a été prétexte à un matraquage russe au sujet d’un « acte terroriste » qui prolonge la « russophobie » du régime ukrainien. La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a d’ailleurs parlé d’une « croisade contre sa population » du régime ukrainien, avec l’appui de l’OTAN qui a envoyé en Ukraine 10 000 experts militaires, dont 4 000 sont Américains. Elle a également souligné que le régime ukrainien envisageait clairement de régler par la force la question au Donbass.

Autre accusation contre l’Ukraine, un soldat russe a été arrêté par le FSB dans la région de Voronezh et accusé d’être un espion ukrainien. Et on a également une vidéo des « partisans » du groupe « Odessa ville libre » qui a été diffusée, avec la revendication de l’incendie de véhicules de l’armée ukrainienne. C’est là un élément essentiel, en raison de l’horreur qui s’est déroulée là-bas en 2014.

Le groupe « Odessa ville libre » existe depuis 2020 et avait déjà revendiqué l’incendie d’un véhicule d’un dirigeant du « corps national » formé par le bataillon Azov

Odessa est une ville sur la Mer Noire, elle a été fondée en 1794 par une décision de la fameuse impératrice Catherine II de Russie, qui est par ailleurs une Allemande avant son mariage avec Pierre III de Russie, qu’elle fit emprisonné et étranglé, lançant la dynastie des Romanov. Odessa devint rapidement une grande ville portuaire née de l’immigration, la plus grande ville même de l’empire tsariste derrière Moscou, Saint-Pétersbourg et Varsovie, et abritant par la suite la plus importante communauté juive d’URSS.

Odessa, dont les catacombes sont par ailleurs cinq fois de la taille de celles à Paris

Or, le 2 mai 2014, les tenants de l’euro-Maïdan pro-occidental et nationaliste ont pourchassé des partisans de la Russie, qui se sont réfugiés dans la maison des syndicats. Celle-ci a été incendiée, une quarantaine de personnes mourant brûlés vifs. C’est un très grand marqueur des pro-Russie et Vladimir Poutine n’a pas manqué de rappeler cet événement lors de sa conférence de presse du 23 décembre 2021. L’apparition ou plutôt la réapparition du groupe « Odessa ville libre » rentre ainsi exactement dans le faisceau de convergence que monte la Russie : l’Ukraine « russe » serait prête au soulèvement et à se détacher du reste.

Et comme reflet des contradictions entre les grandes puissances, quel navire était présent à Odessa le 24 décembre 2021 ? La frégate Auvergne de la Marine nationale, dans le cadre de la participation française aux activités de l’OTAN dans la région…

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Vladimir Poutine et la nostalgie impériale russe

Les forces occidentales doivent reculer ou c’est la guerre.

Vladimir Poutine a tenu une conférence de presse le 23 décembre 2021, un exercice assez régulier, durant autour de trois heures. Il a bien évidemment abordé la question ukrainienne, dans le prolongement de la conférence élargie annuelle du ministère de la Défense du 21 décembre, marquée par une « notre informelle » stratégique.

Il a développé en fait la même thématique, ce qui est ici d’un intérêt très important. Pour faire la guerre, il faut en effet mobiliser l’opinion publique en ce sens et on a ici une opération qui s’est mise en place très rapidement.

En dix jours, la Russie a posé le problème ukrainien de manière frontale, mais indirecte. En effet, la Russie ne parle pas tant de l’Ukraine que des États-Unis, ne s’adressant qu’aux États-Unis, et présentant très clairement l’OTAN, l’Union Européenne et l’Ukraine comme des suiveurs de la superpuissance américaine.

Ce qu’a dit Vladimir Poutine consiste ainsi en la chose suivante. Nous nous sommes adressés aux États-Unis pour des garanties et nous ne parlons qu’à eux. Nous attendons des réponses concrètes rapides – début janvier – ou bien nous sommes obligés de nous en occuper directement. Il est hors de question qu’il y ait des bases militaires occidentales en Ukraine.

Cependant, il y a un processus de discussion lancée, nous avons fait tous les efforts diplomatiques en ce sens, les choses vont avancer. Ce qui permettra de dire ensuite : les États-Unis nous rejettent en bloc (ce qui est par ailleurs vrai), nous n’avons malheureusement pas le choix, nous devons intervenir en Ukraine.

Mais même là cela est masqué par un discours de légitimation « russe ». Autrement dit, une intervention armée en mode expansionniste est justifiée de manière indirecte. L’action est toujours chez Vladimir Poutine « justifiée » par la situation existentielle de la Russie – dans absolument tous les cas. La première question de la conférence de presse portait ainsi sur le coronavirus. Et là, Vladimir Poutine explique la chose suivante :

« 146 millions [d’habitants] pour un territoire aussi vaste, ce n’est certainement pas suffisant ; économiquement aussi, nous avons une pénurie de main-d’œuvre.

Pour autant que je sache, la population en âge de travailler est maintenant juste au-dessus de 81 millions. Nous devons augmenter drastiquement ce chiffre d’ici 2024, 2030.

C’est l’un des facteurs de croissance économique, sans parler – je tiens à le souligner une fois de plus – des composantes géopolitiques et humanitaires de cette question des plus importantes.

Par conséquent, préserver les personnes sur lesquelles [l’écrivain ultra-conservateur et anti-soviétique] Soljenitsyne a écrit devient l’une de nos tâches les plus importantes et l’un des moteurs de la croissance. »

On peut prendre ici les choses de manière « géopolitique », comme expression de l’obsession nationaliste russe pour parvenir au statut de puissance majeure. Mais on doit surtout voir que le régime russe, anti-démocratique et dirigé par des oligarques, étouffe la vie populaire et aboutit à un effondrement démographique.

La guerre est toujours le moyen de la crise et ici on a un aspect essentiel de la crise russe. L’intégration d’une (large) partie de l’Ukraine au moyen d’une annexion par une offensive militaire trouve ici un sens évident.

Plus directement au sujet de l’Ukraine, Vladimir Poutine pose d’ailleurs l’argument qui sera employé pour une attaque contre l’Ukraine : on aurait appelé la Russie à l’aide en 2014… Et, de toutes façons, l’Ukraine serait une invention bolchevique. Ce dernier point a été longuement explicité dans son article « Sur l’unité historique des Russes et des Ukrainiens » du 12 juillet 2021.

Voici ce qu’il dit pour parler de l’annexion de la Crimée en 2014 à la conférence de presse, avec une argumentation qui pourra être largement reprise contre l’Ukraine :

« Puis la Crimée est arrivée. Mais comment pourrions-nous refuser la demande de Sébastopol et de Crimée, les gens qui y vivaient, de les prendre sous notre protection, sous notre aile ? Ce n’était pas possible.

Nous étions simplement mis dans une situation où nous n’aurions pas pu agir différemment.

Ou bien étions-nous censés simplement regarder passivement ce qui se passait dans le sud-est, dans le Donbass, qui ne s’est jamais considéré comme faisant partie de la Russie, même lors de la formation de l’URSS en 1922-1924 ?

Mais Lénine et ses camarades y ont coincé le Donbass par la force. Au début, ils ont décidé d’en faire une partie de la Russie et ont ensuite déclaré que la décision devait être révisée. Ils l’ont révisé et ont créé un pays qui n’avait jamais existé auparavant. »

Et dans la foulée, Vladimir Poutine ajoute, de manière malheureusement juste : l’Ukraine ne reconnaît pas l’existence d’une minorité russe et rejette la langue russe. Cela lui permet une argumentation au sujet des Russes menacés là où ils vivent pourtant historiquement. On l’aura compris, Vladimir Poutine justifie par avance une intervention armée en disant qu’il existe une menace sur les Russes. D’où d’ailleurs les passeports distribués par centaines de milliers dans les « républiques populaires » séparatistes.

D’où l’accusation contre l’Ukraine de vouloir mener une intervention armée sur une base nationaliste, ce qui est malheureusement vrai aussi.

« On pourrait avoir l’impression qu’une troisième opération militaire [ukrainienne contre le Donbass séparatiste] est peut-être en préparation.

De plus, ils nous préviennent d’avance : « N’intervenez pas, ne protégez pas ces personnes. Si vous interférez pour protéger ces personnes, certaines sanctions suivront. » Il se pourrait bien qu’ils s’y préparent.

C’est la première option à laquelle nous devons répondre et agir, tout en gardant cela à l’esprit.

La deuxième option est, en général, de créer, comme je le disais dans mon article [« Sur l’unité historique des Russes et des Ukrainiens » du 12 juillet 2021], une sorte d’anti-Russie sur ce territoire en y stockant constamment les dernières armes et en faisant un lavage de cerveau à la population locale.

Imaginez simplement comment la Russie doit vivre et continuer, d’un point de vue historique. Doit-on vivre, en gardant constamment un œil sur ce qui se passe là-bas, et quels nouveaux systèmes d’armes ont été livrés ?

Sous le couvert de ces nouveaux systèmes d’armes, des radicaux pourraient bien décider de régler la question du Donbass, ainsi que la question de la Crimée, par des moyens militaires.

Pourquoi ont-ils soutenu la plate-forme de Crimée ? En marge, ils n’arrêtent pas de dire : « Très bien, oublions la Crimée. » Mais non! Ils veulent même aller jusque là-bas.

Après tout, nous devons être attentifs à notre propre sécurité, pas seulement pour aujourd’hui et pas seulement pour la semaine prochaine, mais à court terme. Comment la Russie vivra-t-elle avec tout cela ? Doit-on toujours rester sur ses gardes, surveiller ce qui s’y passe et quand une frappe peut arriver ?

C’est on ne peut plus clair et c’est malheureusement très intéressant de voir comment un vrai problème est posé de manière déformée dans une réponse nationaliste. Et lorsqu’on lui demande s’il y aura une guerre avec l’Ukraine, Vladimir Poutine ne répond pas directement, disant simplement que le régime refuse tout compromis, que ce qui compte c’est la discussion sur la sécurité de la Russie menée avec les États-Unis.

C’est une véritable opération, à grande échelle, d’orientation belliciste forcée dans l’opinion publique au travers de véritables questions (la conquête de l’Est par les occidentaux, l’OTAN comme menace militaire) et d’obsessions nationalistes (avec la particularité propre à chaque pays, donc ici la Russie comme « mère Russie »).

On a là une leçon très importante. Trop souvent, en regardant 1914, on pense que les événements se sont précipités et que la guerre a été provoquée d’un coup. En réalité, il y a eu toute une mise en place belliciste et nationaliste, qui n’a eu de cesse d’être à l’époque dénoncée par la seconde Internationale, notamment avec le congrès de Bâle de 1912. Il est vrai qu’à force de parler de la guerre à venir, la seconde Internationale a fini par croire qu’elle n’arriverait plus vraiment. Néanmoins, il faut ici bien retenir que ce qui compte, c’est qu’il y a toujours une nécessité particulière de façonner l’opinion publique vers la guerre.

Là, l’Ukraine a un régime ultra-nationaliste, fanatiquement anti-Gauche et anti-russe, avec à sa tête des pro-américains soutenus directement par des nazis. Et désormais la Russie a réorganisé son idéologie très rapidement, de manière ultra-offensive, pour légitimer son « sauvetage » de ceux qui relèvent de la « mère Russie ». Avec l’arrière-plan militaire en place – les troupes continuent d’affluer de part et d’autre aux frontières – on a la base pour une guerre « moderne ».

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L’Ukraine teste des « javelins » dans le Donbass

Cela alors que la Russie continue son discours agressif.

Ce fut la course fanatique au nationalisme et au bellicisme le 22 décembre 2021. Ruslan Stefanchuk, à la tête du parlement ukrainien, a affirmé qu’il appellerait bientôt les parlements du monde entiers à reconnaître le « holodomor », ce fantasme délirant comme quoi la Russie a cherché à exterminer la population ukrainienne tout au long du 20e siècle et notamment dans les années 1930. Des membres du conseil régional de Lviv ont également demandé au président ukrainien de faire en sorte que la Russie soit désormais… appelée la « Muscovie », le terme de « Rus » étant seulement ukrainien.

Ces lubies ultra-nationalistes sont telles que l’Ukraine a mené des exercices de missiles anti-chars Javelin en plein Donbass. Non seulement ces missiles sont une épine dans l’oeil de la Russie qui y voit des armes offensives pour une intervention contre les « républiques » séparatistes, mais en plus leur emploi n’est jusement pas autorisé à la frontière de séparation avec ces pseudos « républiques populaires » de Donetzk et de Lougansk.

Seulement l’Ukraine compte désormais clairement les employer et c’est également une affirmation militariste contre la Russie et une éventuelle invasion : c’est une réponse au discours de Vladimir Poutine la veille. Il ne faut cependant ici pas être dupe et se rappeler que c’est la superpuissance américaine qui donne le ton en fournissant ces armes, manœuvrant l’Ukraine vers la guerre. L’armée américaine a fournir une aide de 350 millions de dollars en 2017, autant en 2018, 250 millions de dollars en 2018, 300 millions en 2020.

L’Ukraine est prisonnière de ses mensonges ultra-nationalistes et de sa satellisation américaine. Ces derniers jours ont été marqués d’ailleurs par un grand scandale : l’ancien président ukrainien Petro Porochenko, qui a dirigé le pays de 2014 à 2019 avec une ligne ultra-nationaliste, totalement opposée à tout ce qui est de gauche ainsi que russe, a été accusé… de haute trahison, de collusion avec les « républiques séparatistes »! Il est vite parti à l’étranger. L’affaire est ridicule mais reflète un affrontement de fraction : le président Volodymyr Zelensky est l’homme des Américains et « dégomme » ses opposants avec l’appui de la superpuissance américaine pour la prise entière du contrôle du pays.

L’Ukraine est devenue un jouet pour la guerre américaine. Dans cette ambiance explosive, l’OTAN a également raccourci à 5 jours le temps de mise en place pour l’action de sa force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation.

La Russie n’est naturellement pas en reste. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a descendu en flammes le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg :

« Lorsque M. Stoltenberg affirme haut et fort que personne n’est en mesure de violer le principe du traité de Washington, qui laisse la porte ouverte à tout aspirant potentiel désireux de rejoindre l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, il doit se rappeler que nous ne sommes pas un membre de cette organisation, que nous ne sommes pas signataires de ce traité, mais que nous sommes signataires d’un document régional euro-atlantique plus large, qui contient le principe de l’indivisibilité de la sécurité.

Si M. Stoltenberg pense que l’OTAN est libre de rejeter ce principe, qui est inscrit dans les documents adoptés au sommet, alors peut-être le moment est-il venu pour lui de chercher un nouvel emploi, car il n’est certainement pas bon pour son travail actuel. »

De son côté, le chef adjoint du département de la police populaire de la « République populaire de Donetzk », Edouard Basurin, a affirmé que l’armement chimique amené par des contractants américains dans le Donbass, et dont a parlé le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, consistait en de la toxine botulique et un antidote. Une attaque chimique serait à craindre.

Dmitry Polyansky, le représentant permanente de la Russie aux Nations-Unies, a quant à lui affirmé que :

« La Russie et la Biélorussie sont en fait encerclées par une sorte d’anneau d’instabilité venant de l’ouest et du sud.

Cette situation menace directement notre stabilité et notre sécurité et devrait donc être prise très au sérieux par les États membres du Conseil de sécurité lors de la mise en œuvre de son mandat conformément à la Charte des Nations Unies. »

Dmitry Polyansky a également dénoncé la violation des droits de l’Homme et des minorités en Ukraine, en Lituanie, en Lettonie et en Estonie. Il fait référence aux minorités russes (au sens le plus large possible), avec un discours de légitimiation d’une intervention militaire.

Le général de l’armée Oleg Salyukov, commandant en chef des forces terrestres, a également dirigé à Moscou une réunion élargie du Conseil militaire du commandement principal de l’armée.

On est là dans une démarche de guerre – elle a en pratique déjà commencé, chacun attendant le moment idéal pour la lancer. Officiellement, il y a pourtant un cessez-le-feu général des forces armées ukrainiennes et de celles des « républiques » séparatistes, en raison des fêtes, le Noël orthodoxe étant le 7 janvier 2021. Mais dans une telle situation, cela ne fait que renforcer le prétexte à une dénonciation de tel ou tel acte de « l’ennemi » afin de justifier une intervention.

Et tout cela renforce la gravité, car on est dans une guerre prolongée entre superpuissances, une guerre qui s’installe en plus de s’annoncer ouverte. Chaque jour qui passe il y a davantage de modernité et d’implication dans cette course à la guerre. Et la passivité mondiale à ce sujet est totale. L’humanité est totalement débordée, elle ne maîtrise plus grand chose dans un contexte de crise à tous les niveaux.

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Tout est en place pour le conflit en Ukraine

L’impasse est complète entre les grandes puissances.

Alors que l’Ukraine procède à de nouvelles mises en place de tranchées, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a accusé 120 contractants américains d’avoir installé des dispositifs militaires dans les villages d’Avdeïevka et de Priazovskoïe à la frontière des « républiques populaires » séparatistes, dont des installations sans doute chimiques.

C’est là une accusation très forte, qui reflète globalement de l’avalanche des dénonciations russes à l’encontre de l’OTAN en général et de plus en plus de l’Ukraine en particulier. Vladimir Poutine a également pris la parole lors d’une conférence élargie annuelle du ministère de la Défense. Si l’on regarde bien sur la photographie, on voit que cette conférence a été retransmise à l’ensemble des responsables militaires russes eux-mêmes réunis, ce qui est une « nouveauté ».

Dans son discours, Vladimir Poutine a parlé en général des questions militaires, jusqu’à traiter en détail de la question des salaires. Il remercie les participants, on s’attend donc à ce que ce soit fini… puis il enchaîne.

« Dans une note informelle, j’aimerais ajouter quelques mots à ce que le ministre a dit et à ce que j’ai dit dans mes remarques liminaires.

Tout le monde en parle et, bien sûr, principalement les forces armées.

Je fais référence à nos documents, nos projets de traités et d’accords pour assurer la stabilité stratégique que nous avons envoyés aux dirigeants des États-Unis et de l’OTAN.

Nous voyons déjà que certains de nos détracteurs les interprètent comme l’ultimatum de la Russie. Est-ce un ultimatum ou pas ? Bien sûr que non. Pour rappel : tout ce que notre partenaire – appelons-le ainsi – les États-Unis ont fait au cours des années précédentes, pour soi-disant assurer leurs intérêts et leur sécurité à des milliers de kilomètres de leur territoire national – ils ont fait ces choses dures, les plus audacieuses, sans l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU.

Quel était le prétexte pour bombarder la Yougoslavie ? Est-ce que c’était autorisé par le Conseil de sécurité, ou quoi ? Où sont la Yougoslavie et où sont les États-Unis ? Ils ont détruit le pays.

En effet, il y avait un conflit interne, ils avaient leurs propres problèmes, mais qui leur a donné le droit de mener des frappes aériennes contre une capitale européenne ? Personne ne l’a fait. Ils ont juste choisi de le faire, et leurs satellites couraient derrière eux en glapissant.

Voilà pour le droit international.

Sous quel prétexte sont-ils allés en Irak ? C’était l’Irak qui développait des armes de destruction massive. Ils sont entrés, ont détruit le pays, créé un foyer de terrorisme international, puis il s’est avéré qu’ils ont fait une erreur : « Les renseignements nous ont trompé. » Eh bien ! Ils ont détruit un pays.

L’intelligence a échoué – c’est tout ce qu’ils avaient à dire pour justifier leurs actions. Il s’est avéré qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive là-bas. Au contraire, tout avait été détruit comme convenu.

Comment sont-ils allés en Syrie ? Avec l’autorisation du Conseil de sécurité ? Non.

Ils font ce qu’ils veulent.

Cependant, ce qu’ils font, essaient ou prévoient de faire en Ukraine ne se passe pas à des milliers de kilomètres de notre frontière nationale.

C’est à la porte de notre maison. Ils doivent comprendre que nous n’avons tout simplement nulle part où nous retirer.

Il y a des experts ici, assis avec nous, je reste en contact permanent avec eux. Les États-Unis ne possèdent pas encore d’armes hypersoniques, mais nous savons quand ils en auront. Cela ne peut pas être caché. Tout est enregistré, tests réussis ou infructueux. Nous avons une idée du moment où cela pourrait arriver.

Ils fourniront des armes hypersoniques à l’Ukraine et les utiliseront ensuite comme couverture – cela ne veut pas dire qu’ils commenceront à les utiliser demain, car nous avons déjà le [missile de croisière hypersonique] Zircon et pas eux – pour armer les extrémistes d’un État voisin et les inciter contre certaines régions de la Fédération de Russie, comme la Crimée, lorsqu’ils pensent que les circonstances sont favorables.

Pensent-ils vraiment que nous ne voyons pas ces menaces ?

Ou pensent-ils que nous resterons les bras croisés à regarder émerger des menaces contre la Russie ?

C’est le problème : nous n’avons tout simplement pas de place pour battre en retraite. Telle est la question.

Les conflits armés et les effusions de sang ne sont absolument pas notre choix. Nous ne voulons pas que les événements se déroulent ainsi. Nous voulons utiliser des moyens politiques et diplomatiques pour résoudre les problèmes, mais nous voulons au moins disposer de garanties juridiques clairement formulées.

C’est l’objet de nos propositions. Nous les avons consignées sur papier et envoyées à Bruxelles et à Washington, et nous espérons recevoir une réponse claire et complète à ces propositions.

Il y a certains signaux que nos partenaires semblent prêts à travailler là-dessus. Mais il y a aussi le danger qu’ils tentent de noyer nos propositions dans les mots, ou dans un marécage, pour profiter de cette pause et faire ce qu’ils veulent.

Que ce soit clair pour tout le monde : nous en sommes conscients, et cette tournure des événements, ces évolutions, ne fonctionneront pas pour nous.

Nous attendons avec impatience des pourparlers constructifs et significatifs avec un résultat visible – et dans un délai précis – qui garantirait une sécurité égale pour tous.

C’est ce que nous nous efforcerons d’atteindre, mais nous ne pourrons le faire que si les Forces armées se développent correctement.

Au cours des dernières années, nous avons réussi à gérer cela et nous avons atteint un bon niveau de préparation au combat.

J’en ai parlé et le ministre vient d’en faire rapport. Nous avançons à un rythme décent – le genre de rythme dont nous avons besoin.

Il y a des questions qui nécessitent plus d’attention, comme la production, que nous traitons de façon continue. Comme vous le savez peut-être, nous nous réunissons à Sotchi deux fois par an. Pourquoi Sotchi ? Ce n’est pas à cause du beau temps, mais parce que tout le monde s’y rend et que nous éliminons les distractions telles que les affaires de routine et nous concentrons sur l’industrie de la défense et le développement des forces armées.

Ces réunions sont très significatives et efficaces. Je le répète, il y a beaucoup de questions, mais nous sommes au-dessus d’elles. J’espère vivement que nous continuerons à maintenir ce rythme alors que nous progressons dans nos efforts pour assurer la sécurité de la Russie et de ses citoyens.

Merci beaucoup. Bonne année!

L’armée russe doit être prête au combat : tel est le message. La Russie a d’ailleurs rendu public sans médias la sortie d’un nouveau drone de combat, l’Okhotnik, qui fait vingt tonnes. Mais c’est une sorte d’anecdote militariste dans un contexte de guerre : la Russie veut faire reculer l’OTAN, l’OTAN ne veut pas reculer, la Russie n’attendra pas que l’Ukraine rentre dans l’OTAN, l’Ukraine veut forcer pour récupérer le Donbass et la Crimée.

Le tout dans un contexte de crise du capitalisme au niveau mondial, et alors que la Russie a littéralement asséché l’oléoduc Yamal, ayant déjà verrouillé celui passant par l’Ukraine, précipitant le prix du gaz à un niveau inégalé en raison des pénuries!

Tous les phénomènes se combinent, c’est là la nature même d’une crise à tous les niveaux.

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Ukraine : comment mobiliser en France contre la guerre?

C’est une tâche essentielle de tous les démocrates au service du peuple.

Qu’implique une guerre en Ukraine? Elle implique qu’un peuple, sur un territoire, souffre. Il faut être capable de parler de ce peuple, d’en faire un thème concret.

On doit faire des choses sur le plan culturel: réaliser une spécialité d’origine ukrainienne, le bortsch, pour sa famille ou ses amis, offrir l’incroyable roman Taras Boulba de Gogol autour de soi, raconter l’anecdote comme quoi le chant de Noël dans le film (catastrophique par ailleurs) Maman, j’ai raté l’avion ! est en fait ukrainien (Chtchedryk), envoyer des vidéos du groupe folk DakhaBrakha, ou encore des multiples danses ukrainiennes : metelitsa, hutsulka, le fameux hopak… Ou encore la chanson classique Rugit, gémit le vaste Dniepr aux paroles du poète national ukrainien Taras Chevtchenko.

On doit exiger des prises de position, car il faut faire boule de neige, pour que les mentalités changent, que les consciences s’éveillent, que la solidarité soit visible.

Un club de sport, par exemple de gymnastique rythmique, peut être amené à saluer son équivalent en Ukraine, ou bien appeler directement à la paix. Cela semblera absurde aux gens aujourd’hui, mais c’était une norme dans les années 1920-1930, voire dans les années 1960-1970 pour les organismes se voulant démocratiques et de masse. Quand un événement est significatif, on s’exprime, tout comme par exemple beaucoup plus récemment au moment de « Je suis Charlie », qui est un très bon exemple.

La lutte contre la guerre est avant tout démocratique et populaire : il faut que le camp du peuple soit choisi, contre le nationalisme et la guerre, pour des rapports démocratiques, ce qui implique de tisser des liens, de nouer des contacts, de faire vivre les échanges.

Il faut, bien entendu, exiger que des forces plus directement politiques prennent position contre la guerre. Qu’implique en effet une guerre en Ukraine?

Elle implique l’emploi de la force armée par des Etats, de manière coordonnée et décidée, avec comme objectif une conquête territoriale, et ce en Europe même. Elle signifie surtout que deux puissances s’affrontent indirectement, puis l’Ukraine a un régime ultra-nationaliste totalement en phase avec la superpuissance américaine, alors que les régimes séparatistes de Donetzk et Louhansk sont eux-mêmes alignés sur la Russie.

Et cela, dans le contexte où le capitalisme connaît une crise à tous les niveaux en raison de la pandémie. Une guerre en Ukraine, cela veut dire une instabilité immense dans une Europe vivant déjà à crédit afin que le capitalisme ait pu continuer coûte que coûte à tourner. C’est la boîte à Pandore pour les autres guerres : une fois qu’une a eu lieu, le phénomène est banalisé.

Il faut donc que soit levé le drapeau du refus du bellicisme, du nationalisme, de la guerre, et ce sans ambiguïtés. Cela ne sert à rien de dénoncer la Russie si ce n’est pour rien dire sur une France totalement impliquée dans l’OTAN et donc dans la guerre en Ukraine également, puisque l’OTAN sert de bras armé à la superpuissance américaine dans la conquête de l’Est européen.

Surtout, le critère essentiel est l’élévation du niveau de conscience du peuple, le plus largement possible, car l’envergure des événements est historique. Il faut le primat de la pratique, et non pas des abstractions « militantes », « symboliques ». Il faut que les gens comprennent la guerre et sa signification, et cela ne saurait passer par de simples messages sur les réseaux sociaux, qui se noient dans une production ininterrompue de remarques consommées et aussi vite oubliées, bien que cela peut bien entendu avoir un sens sur le plan informatif, mais c’est là un cas particulier.

La question de la guerre est par définition même démocratique, car touchant la réalité des gens dans ce qu’ils sont eux-mêmes, au sens de leur vie personnelle, de leur vie quotidienne. La guerre balaie tout et ce n’est pas question que l’on peut fuir. Il est triste de se dire qu’un tel événement est un facteur de recomposition sociale. Mais les gens se sont laissés corrompre par le capitalisme, par sa croissance tranquille dans les pays occidentaux depuis 1989 et au moyen d’une Chine usine du monde.

Les gens ont perdu le fil de l’Histoire, ils vivent au jour le jour, la seule chose prolongée qu’ils ont en tête c’est le crédit, parfois le mariage et encore. Les gens sont en total décalage avec ce qui se passe sur le plan historique, car l’Histoire ne s’arrête pas parce que les gens ont des rêves petit-bourgeois. C’est Rosa Luxembourg qui avait raison de dire à ce sujet : c’est Socialisme ou barbarie.

Il faut un grand retour à la réalité. Cela demande un immense effort, inéluctable, incontournable, déchirant sur le plan du vécu de par l’engagement nécessaire. Les gens vont faire un terrible apprentissage et il faut être à leurs côtés pour que les choses se passent au mieux, et aillent dans le bon sens.

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La superpuissance américaine rejette les propositions russes

Oui au dialogue, mais sans aucun compromis : telle est la position américaine.

La Russie a organisé une offensive diplomatique extrêmement rapide, repoussée aussi sec. Elle a annoncé qu’elle ferait des propositions concrètes aux Etats-Unis, le lendemain elle les a envoyées, puis la réponse américaine a été un refus clair. Pour la forme, la superpuissance américaine a annoncé qu’elle était prête au dialogue. Pour autant, tout est refusé. La Russie a alors rendu public ses propositions.

Les « experts » sont atterrés par cet épisode, qui a duré trois jours. Parce qu’en trois jours, toute possibilité de sortie diplomatique de la situation d’extrême tension que l’on connaît s’est évaporée. Cela est vrai même pour ceux pensant initialement que le rassemblement de troupes russes à la frontière ukrainienne était un levier de négociation mis en place par le président Vladimir Poutine. Car maintenant, que peut faire la Russie? Si elle enlève ses troupes, elle perd la face, sa réputation militaire internationale est ruinée et cela lui coûté une fortune. Sans compter que des troupes continuent de venir, que de la logistique de guerre se met en place (hôpitaux de campagne, essence, huile, munitions, etc.).

Et il faut bien souligner que du côté ukrainien, c’est l’escalade aussi. C’est même l’aspect principal vu comment la superpuissance américaine pousse l’Ukraine au jeu de massacre.

Les propos suivants de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, le 15 décembre 2021, ne sont nullement de la propagande, mais un simple constat :

« Les pays de l’Otan intensifient leurs livraisons d’armes à l’Ukraine et forment ses soldats. Ils ne le font pas pour une quelconque mission « mythique » de maintien de la stabilité et de la sécurité, mais pour « jeter de l’huile sur le feu » et accroître l’ampleur de la guerre civile dans le pays.

Depuis 2014, je le rappelle, les États-Unis ont fourni 2,5 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine, dont plus de 400 millions de dollars cette année.

Récemment, Washington a livré 30 lance-missiles antichars Javelin (nous avons déjà commenté cet « effort », qui ne vise manifestement pas à une résolution pacifique de la situation dans le Sud-Est de l’Ukraine) et 180 missiles allant avec pour 60 millions de dollars.

En 2022, 300 millions de dollars sont prévus pour la fourniture d’armes et d’équipements militaires à Kiev. Le premier lot – d’une valeur de 20 millions – est en cours de préparation pour une expédition en janvier. Il contient des équipements de vidéosurveillance et de communication, des véhicules spéciaux, des drones, etc.

Cela ne résoudra certainement pas les problèmes humanitaires des habitants du Donbass, ne contribuera pas à une résolution pacifique du conflit armé et ne créera pas les conditions nécessaires à la mise en œuvre des accords de Minsk.

Ces fonds auraient pu être utilisés à des fins bien plus pacifiques, humanitaires. Par exemple, cela suffirait presque à rembourser la dette de l’Etat envers les retraités du Donbass. Cette dette, selon les représentants officiels ukrainiens, s’élève à environ 3 milliards de dollars américains. Ont-ils ou non oublié leurs obligations envers les citoyens dont ils prétendent qu’ils font partie de leur pays? La question est rhétorique. Je voudrais que le régime de Kiev y réponde d’une manière ou d’une autre.

Des instructeurs occidentaux continuent de former les militaires ukrainiens (nous le disons pratiquement à chaque conférence de presse), y compris – comme l’a montré le récent scandale à l’Académie nationale de l’armée de terre Hetman Sagaïdatchniy – des néo-nazis notoires. Environ 10.000 soldats de l’Otan sont stationnés dans le pays du Maïdan victorieux – 4.000 des États-Unis et 6.000 d’autres pays de l’Alliance. »

La Russie a l’habitude de mener une intense propagande, mais là elle n’a même pas à forcer. La seule sortie possible apparaît donc comme la guerre, car tant les uns que les autres comptent aller de l’avant dans la bataille pour le repartage du monde. La crise du capitalisme ouverte par la pandémie a vraiment ouvert la boîte de Pandore.

Cela se voit avec les propositions russes, mélange d’ultra-réalisme logiquement acceptable et de folie de grandeur expansionniste ne pouvant qu’être balayée d’un revers de la main, au point qu’on peut penser que ce n’était qu’un prétexte au fond pour se justifier dans un conflit à venir.

Qu’a proposé la Russie ?

1.

Elle propose déjà que la Russie et l’Otan n’envoient ni troupes ni matériel nulle part à part dans les pays où ils étaient présents en mai 1997.

Or, le problème est ici facile à comprendre. L’OTAN a vu l’ensemble des adhésions à l’Est après cette date. L’Allemagne de l’Est est le seul pays à avoir rejoint indirectement l’OTAN auparavant, en 1990, avec la réunification allemande, mais il y a eu à l’époque un « deal » : la Russie ne s’opposerait pas à la réunification en échange de l’absence d’envois de force de l’OTAN dans la partie Est.

Pour le reste, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque ont adhéré en mars 1999, puis il y a eu une grande vague d’adhésions en mai 2004 : Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie. Ont suivi en avril 2009 l’Albanie et la Croatie, en juin 2017 le Monténégro, en mars 2020 la Macédoine du Nord. Et il faut ajouter à cela les processus en cours d’adhésion de la Bosnie-Herzégovine, de la Géorgie et de l’Ukraine.

Cette proposition russe est donc par définition inacceptable pour l’OTAN ayant réussi son expansion. C’est comme si la Russie tentait de rattraper tout ce qu’elle avait perdu au moment de l’effondrement de la superpuissance soviétique, en faisant de l’Est de l’Europe au minimum une zone tampon. On ne peut que penser aux propos du président russe Vladimir Poutine comme quoi la chute de l’URSS a été « plus grande catastrophe géopolitique du 20e siècle ».

2.

La seconde proposition est que la Russie et la superpuissance américaine ne déploient pas d’armes atomiques dans des pays étrangers, ni ne forment du personnel de ces pays à l’emploi des armes atomiques.

Ce point est capital. Pour résumer : la Russie pense que l’OTAN peut très rapidement modifier certains missiles basés en Pologne pour les munir de têtes nucléaires. Inversement, l’OTAN pense qu’il y a des missiles nucléaires à Kaliningrad, la poche séparée géographiquement du reste de la Russie.

Cette proposition, si elle est refusée, implique un retour de missiles à têtes nucléaire se faisant face à face à moyenne distance en Europe. Cela renforce évidemment deux choses. Tout d’abord la possibilité d’une attaque nucléaire, ici contre la Russie. Il faut 15-30 mn pour un missile pour faire Moscou-New York, mais il n’en faudrait que quelques minutes pour faire Varsovie-Moscou. Ensuite, la possibilité de l’emploi de l’arme atomique comme outil de guerre contre les troupes, dans le cadre d’un affrontement sur le sol européen, avec l’espoir d’un gain tactique très rapide prenant l’autre au dépourvu.

On notera ici que la stratégie française en cas d’invasion de l’Europe de l’Ouest par la Pacte de Varsovie prévoyait de lancer en masse des armes nucléaires sur les troupes ennemies arrivant aux frontières du pays!

3.

La troisième proposition est que ni la Russie ni la superpuissance américaine ne pratiquent de wargames prévoyant l’emploi de l’arme atomique.

Ce point est capital pour la Russie. Si la première proposition est une provocation, celle-ci est logique et vitale alors que des bombardiers stratégiques américains se baladent aux frontières russes.

4.

La quatrième proposition découle du reste : l’OTAN doit cesser son expansion, en particulier ne pas faire adhérer les « Etats de l’ancienne Union des Républiques Socialistes Soviétiques ».

Cela désigne bien sûr ici surtout la Géorgie et l’Ukraine, que l’OTAN veut intégrer, mais le choix russe pour les désigner en dit long!

5.

La cinquième proposition, qui est en fait la première dans la proposition russe, dit que la Russie et les Etats-Unis ne font rien l’un contre l’autre, à quelque niveau que ce soit. On remarquera que c’était ici la ligne de Donald Trump et ses partisans au plus haut niveau militaire sont encore sur cette ligne, critiquant justement le président américain Joe Biden pour sa ligne.

Et c’est peut-être là la ligne russe : trouver un moyen de passer au-delà de l’affrontement sino-américain, par une sorte de gigantesque compromis. C’était indéniablement le sens du soutien russe à Donald Trump (ainsi qu’à Marine Le Pen en France et aux sociaux-démocrates en Allemagne). Mais même en admettant que cette utopie stratégie soit possible… elle ne le serait qu’à court terme, les contradictions entre les pays se développant à très grande vitesse avec la crise.

Comment imaginer quelque chose de stable, alors que 600 000 Ukrainiens ont émigré dans les dix premiers mois de 2020 (3,3 millions en onze ans), que la dette publique française vient de passer à 116,3%, que l’inflation américaine sur un an frôle les 7%, que le promoteur immobilier géant chinois Evergrande s’effondre, que la pandémie reprend en Europe…

Les pays capitalistes tentent de sortir dans le cadre du repartage du monde : quoiqu’ils fassent, ils produisent une sorte de mécano qui aboutira à la guerre.

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L’Union Européenne prend une position anti-Russie encore plus forte que la superpuissance américaine

Et cela parce qu’elle agit en fait pour celle-ci.

Le parlement européen a voté, par 548 voix pour, 69 contre et 54 abstentions, une résolution condamnant la Russie. Le même jour, l’OTAN dénonçait pareillement la Russie.

Il ne s’agit pas simplement d’une condamnation par le parlement européen pour le cas d’une éventuelle invasion de l’Ukraine par la Russie, mais d’une condamnation préalable. Il est d’ailleurs exigé de l’Allemagne que ne soit pas mis en place le gazoduc Nord Stream 2 dont la construction vient de se terminer. L’Allemagne, qui a un nouveau gouvernement dont les Verts sont totalement pro-américains, a déjà dit que dans le meilleur des cas l’ouverture ne se ferait pas avant six mois.

Et les mesures en cas d’intervention russe en Ukraine vont encore plus loin que celles préconisées par la superpuissance américaine. En clair, en cas d’intervention russe, il y aura le gel des avoirs russes en Europe, l’interdiction de voyager pour les Russes et l’exclusion de la Russie du système de paiement SWIFT. Ce dernier point a déjà été considéré par la Russie comme une « déclaration de guerre », au point que même les Etats-Unis n’ont pas osé faire une menace ouverte sur ce plan. Car couper la Russie du système bancaire international, c’est forcément une rupture complète.

On notera naturellement la phrase « selon des rapports des services de renseignement américain » qui veut tout dire. Le parlement européen s’aligne sur la superpuissance américaine pour précipiter la Russie dans la banqueroute. L’OTAN est même la grande référence du document, reflétant la nouvelle « fusion » OTAN – Union Européenne. C’est bien entendu inacceptable pour la Russie. La situation est inextricable. La crise du capitalisme provoqué par le Covid-19 précipite l’affrontement pour le repartage du monde.

Situation à la frontière ukrainienne et dans les territoires de l’Ukraine occupés par la Russie

PE702.805

Résolution du Parlement européen du 16 décembre 2021 sur la situation à la frontière ukrainienne et dans les territoires de l’Ukraine occupés par la Russie (2021/3010(RSP))

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions et rapports précédents sur l’Ukraine et la Russie,

– vu la charte des Nations unies, la convention des Nations unies sur le droit de la mer, la déclaration universelle des droits de l’homme, le pacte international relatif aux droits civils et politiques et la convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales du Conseil de l’Europe,

– vu l’Acte final d’Helsinki du 1er août 1975 et ses documents ultérieurs,

– vu la charte de Paris pour une nouvelle Europe du 19 au 21 novembre 1990,

– vu le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014 et l’ensemble de mesures en vue de l’application des accords de Minsk adoptées et signées à Minsk le 12 février 2015 et approuvées dans leur ensemble par la résolution 2202(2015) du Conseil de sécurité des Nations unies du 17 février 2015,

– vu l’accord d’association entre l’Union européenne et ses États membres, d’une part, et l’Ukraine, d’autre part, en particulier son titre II sur le dialogue politique et la convergence dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité [JO L 161 du 29.5.2014, p. 3.],

– vu le premier dialogue UE-Ukraine sur la cybersécurité qui s’est tenu le 3 juin 2021,

– vu la charte de partenariat stratégique États-Unis–Ukraine signée le 10 novembre 2021 par le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le ministre ukrainien des affaires étrangères Dmytro Kuleba,

– vu la déclaration du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, à la suite du Conseil «Affaires étrangères» du 13 décembre 2021, selon laquelle toute agression contre l’Ukraine aura des conséquences politiques et aura un coût économique élevé pour la Russie,

– vu la déclaration du Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à la suite de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN du 30 novembre 2021,

– vu la déclaration des ministres des affaires étrangères du G7 du 12 décembre 2021 sur la Russie et l’Ukraine,

– vu la déclaration conjointe du 12 octobre 2021 publiée par Volodymyr Zelensky, président ukrainien, Charles Michel, président du Conseil européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, à l’issue du 23e sommet UE-Ukraine,

– vu la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies du 9 décembre 2021 intitulée «Problème de la militarisation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol (Ukraine), ainsi que de certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov»,

– vu le mémorandum de Budapest concernant les garanties de sécurité du 5 décembre 1994,

– vu la politique de l’Union européenne en réponse à la crise en Ukraine, y compris les mesures restrictives en vigueur depuis 2014,

– vu l’article 132, paragraphes 2 et 4, de son règlement intérieur,

A. considérant que conformément à la charte de l’ONU et aux principes du droit international, les États «s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force […] contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État»;

B. considérant que, dans le contexte d’une crise à la frontière entre l’Union européenne et le Belarus, la Fédération de Russie n’a cessé d’accroître sa présence militaire le long des frontières de l’Ukraine, où elle compte actuellement quelque 100 000 hommes, et dans les régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk, actuellement occupées par des forces soutenues par la Russie, et qu’elle a considérablement accru l’ampleur de ses activités militaires en Crimée occupée, ainsi que dans le bassin de la mer Noire; que ce déploiement militaire a été confirmé par des images récentes de satellites commerciaux; que l’on estime que ce récent déploiement est de plus grande ampleur que le précédent déploiement militaire du printemps de cette année;

C. considérant que, selon des rapports des services de renseignement américains, la Russie pourrait déployer jusqu’à 175 000 soldats d’ici le début de 2022; que ces actions offensives peuvent être interprétées soit comme la préparation d’une agression militaire, soit comme une menace de recourir à la force contre l’Ukraine voisine dans le but de s’ingérer dans la souveraineté et l’indépendance politique de cette dernière, ce qui va à l’encontre des obligations internationales incombant à la Fédération de Russie; qu’Alexandre Loukachenko a annoncé qu’il soutiendrait totalement la Russie dans une éventuelle action militaire contre l’Ukraine;

D. considérant que les récents mouvements de troupes russes près de la frontière ukrainienne se sont accompagnés d’une ingérence accrue et d’une intensification de campagnes de désinformation menées par des agents et des médias russes dans l’Union européenne, en Ukraine et en Russie même; que ces tactiques hybrides intègrent la diffusion de contenus de plus en plus désobligeants à l’égard de l’OTAN et de l’Ukraine, des tentatives visant à attribuer à l’Ukraine et à l’OTAN la responsabilité d’une éventuelle future escalade militaire russe, ainsi que la propagation de fausses informations y compris par le président Poutine et l’ancien président Medvedev en personnes;

E. considérant que plus de six ans se sont écoulés depuis l’adoption des accords de Minsk et plus de sept ans depuis l’annexion illégale de la péninsule de Crimée par la Fédération de Russie et le début de la guerre menée par la Russie en Ukraine; que plus de 14 000 personnes ont perdu la vie au cours de ce conflit, toujours en cours; que ce conflit s’est soldé par le déplacement de plus de 2 millions de personnes à l’intérieur du pays; que les moyens de subsistance de la population des territoires contrôlés et annexés par la Russie en Ukraine et dans les régions environnantes restent durement touchés; que la Russie étant partie au conflit, elle ne peut pas se présenter comme médiateur;

F. considérant que la mise en place du dispositif d’application des accords de Minsk de février 2015 a essuyé de lourds revers, notamment en raison des mesures unilatérales prises par la Fédération de Russie en contradiction avec les engagements qu’elle a pris au titre de ces accords;

G. considérant que, depuis 2014, des rapports font état de la présence d’employés du groupe Wagner, une société militaire privée russe, aux côtés de séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine, dont le nombre, qui était initialement d’environ 250, est passé à 2 500 aujourd’hui.

H. considérant que le dernier rapport de la mission d’observation des droits de l’homme des Nations unies en Ukraine, publié le 1er décembre 2021, fait état d’une escalade des hostilités dans la zone de conflit du Donbass, d’une augmentation du nombre de victimes civiles du côté ukrainien et des dégâts aux infrastructures; que le rapport indique également que les tribunaux des républiques autoproclamées du Donbass continuent de condamner des civils pour des crimes liés au conflit, sans procès équitable;

I. considérant que les territoires de l’Ukraine occupés par la Russie dans les régions de Donetsk et de Louhansk comptent plus de 160 prisons illégales où plus de 3 000 personnes sont illégalement emprisonnées et font l’objet de tortures et de traitements inhumains depuis le début du conflit;

J. considérant que la Russie continue de violer le cessez-le-feu dans le Donbass en ayant lancé 2 346 attaques contre les positions ukrainiennes, provoquant la mort de 65 soldats ukrainiens et blessant 261 d’entre eux, dont 29 militaires des forces armées ukrainiennes tués par des francs-tireurs entre le 27 juillet 2020 et le 2 décembre 2021;

K. considérant qu’en avril 2021, le ministère russe de la défense a unilatéralement fermé les eaux autour du détroit de Kertch aux navires non commerciaux d’autres pays, entravant ainsi le libre passage des navires à destination et en provenance de la mer d’Azov; que ces restrictions sont toujours en place, alors que la Russie avait annoncé qu’elle les lèverait en octobre 2021; que ces obstacles ont des conséquences négatives pour les ports ukrainiens de la mer d’Azov et pour le transit maritime international en mer Noire;

L. considérant que le 15 novembre 2021, le président russe Vladimir Poutine a signé un décret relatif à des mesures commerciales simplifiées qui autorisent l’accès des marchandises à destination et en provenance des zones de l’Ukraine temporairement non contrôlées par le gouvernement, à savoir Donetsk et Louhansk;

M. considérant que la charte de partenariat stratégique États-Unis–Ukraine du 10 novembre 2021 dispose que les États-Unis et l’Ukraine ont l’intention de poursuivre une série de mesures de fond visant à prévenir toute agression extérieure directe et hybride contre l’Ukraine et de tenir la Russie responsable de cette agression et de ces violations du droit international;

N. considérant que, le 1er décembre 2021, le président Poutine a exigé de l’OTAN des garanties juridiquement contraignantes attestant qu’elle ne mènerait pas de nouveaux élargissements à l’Est; que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, se référant à l’adhésion potentielle de l’Ukraine à l’OTAN, a déclaré le 30 novembre 2021, après la réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN, que la Russie n’avait «pas de véto, ni de droit d’ingérence dans ce processus»;

1. soutient l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues; réaffirme son soutien résolu à la non-reconnaissance par l’Union de l’annexion illégale de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol; condamne l’implication directe et indirecte de la Russie dans le conflit armé dans l’est de l’Ukraine, ainsi que les violations persistantes des droits de l’homme commises dans ces territoires et en Crimée, qui a été annexée;

2. condamne le large déploiement militaire actuel de la Russie le long de la frontière avec l’Ukraine et rejette toute justification russe à cet égard; rappelle qu’il s’agit du deuxième déploiement de ce type cette année; souligne que ce déploiement militaire s’est accompagné d’une augmentation spectaculaire de la rhétorique belliciste de la part de la Russie;

3. demande instamment à la Fédération de Russie de retirer immédiatement et intégralement ses forces militaires, de ne plus menacer l’intégrité territoriale de l’Ukraine, qui a un effet déstabilisateur pour l’ensemble de la région et au-delà, de lever toutes les mesures qui exacerbent le conflit et d’apaiser les tensions conformément aux obligations internationales de la Russie; souligne la nécessité de trouver une solution politique pacifique au conflit;

4. souligne que le déploiement militaire russe constitue également une menace pour la paix, la stabilité et la sécurité dans toute l’Europe et invite la Russie à respecter ses obligations internationales, notamment les principes et les engagements de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en matière de transparence des mouvements militaires, y compris le document de Vienne; exhorte en outre la Russie à respecter l’obligation qui lui incombe en vertu de la convention des Nations unies sur le droit de la mer et de garantir la liberté de navigation et de transit par le détroit international de Kertch vers les ports de la mer d’Azov;

5. se dit extrêmement préoccupé par la poursuite de la militarisation de la mer d’Azov, de la mer Noire et de la région de la mer Baltique, et en particulier par la militarisation du district de Kaliningrad et de la Crimée illégalement occupée, ainsi que par le développement de capacités de déni d’accès et d’interdiction de zone (A2/AD) par la Fédération de Russie, qui implique le recours à de nouveaux systèmes antiaériens S-400, et par la concentration sans précédent de forces conventionnelles ainsi que par les préparatifs d’un éventuel déploiement d’armes nucléaires;

6. exprime sa solidarité avec la population ukrainienne, qui a beaucoup souffert depuis 2014 à cause de la guerre, à laquelle s’ajoute une grave crise économique, et qui vit désormais sous la menace d’une offensive militaire à grande échelle qui met en péril la vie de tous les habitants;

7. réaffirme qu’un dialogue de sécurité de l’Union avec l’Ukraine doit faire preuve d’ambition et contribuer à une appréciation convergente des enjeux de sécurité sur le terrain; souligne que les pays amis devraient renforcer leur soutien militaire à l’Ukraine ainsi que la fourniture d’armes défensives, une démarche conforme à l’article 51 de la charte des Nations unies, qui autorise la légitime défense, individuelle ou collective; se félicite de la décision prise le 2 décembre 2021 par le Conseil de l’Union européenne d’octroyer à l’Ukraine une enveloppe de 31 millions d’euros au titre de la facilité européenne pour la paix (FEP) afin de contribuer au renforcement de la résilience et des capacités de défense; fait observer que l’éventuelle future participation de l’Ukraine aux projets de la coopération structurée permanente (CSP) permettrait d’améliorer considérablement les capacités de défense nationale de l’Ukraine conformément aux bonnes pratiques et aux normes de l’Union européenne, comme le prévoit l’accord d’association;

8. souligne que les déploiements militaires russes récurrents à la frontière ukrainienne sont un outil permettant d’arracher des concessions politiques à l’Occident aux frais de l’Ukraine; souligne que le choix d’alliances par un pays ne doit pas être soumis à l’approbation d’un pays tiers et rejette dès lors toute tentative de la Russie d’inclure certains pays dans sa «sphère d’influence» et, partant, de façonner leur avenir; rappelle que les actions de compromis ou d’apaisement de la part de l’Occident seraient perçues comme une faiblesse par la Russie et ne feraient que l’encourager à renforcer encore son attitude agressive;

9. souligne que les déploiements militaires russes s’inscrivent également dans le cadre d’une stratégie plus large qui englobe la guerre hybride menée par la Russie à l’encontre de l’Union européenne et de ses partenaires de même sensibilité, en provoquant le chaos et la confusion dans son voisinage, à ses frontières et au sein de l’Union européenne; réaffirme que la Russie combine divers types de menaces, comme les menaces militaires, numériques, énergétiques ou la désinformation, en tirant parti du système ouvert de l’Union pour l’affaiblir; estime que l’Union doit avoir conscience de ses propres vulnérabilités et de celles de ses partenaires du voisinage, et qu’elle doit renforcer sa résilience afin de pouvoir lutter efficacement contre toute attaque hybride et améliorer la coopération avec ses partenaires, en particulier en ce qui concerne la désinformation, ainsi que renforcer les capacités de résolution pacifique des conflits, en accordant une attention particulière à la situation des femmes et des groupes vulnérables dans les zones de conflit;

10. souligne que l’Union européenne doit être prête à envoyer à la Fédération de Russie un avertissement très ferme sur le fait que les hostilités militaires seront non seulement inacceptables, mais qu’elles auront en outre un prix économique et politique élevé; se félicite que l’Union européenne ait récemment exprimé son soutien déterminé à une action internationale coordonnée contre une éventuelle agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine;

11. demande instamment au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de veiller à ce que le Conseil reste informé des actions militaires menées par la Fédération de Russie et reste prêt à convenir rapidement d’une nouvelle action commune, en particulier l’adoption de sanctions économiques et financières sévères en étroite coordination avec les États-Unis, l’OTAN et d’autres partenaires, afin de faire face aux menaces immédiates et crédibles que représente la Russie, plutôt que d’attendre une nouvelle invasion pour agir; souligne la nécessité pour l’Union et ses partenaires d’adopter une approche unifiée en matière de dissuasion; affirme que toute mesure doit être prise en coordination avec l’Ukraine;

12. souligne que le nouveau train de sanctions devrait viser le corps des officiers et les officiers généraux russes impliqués dans la planification d’une éventuelle invasion, ainsi que l’entourage immédiat et les oligarques dans l’orbite du président russe et leurs familles; exige que ces sanctions comprennent le gel des actifs financiers et physiques dans l’Union, l’interdiction de voyager et l’exclusion de la Russie du système de paiement SWIFT, excluant ainsi les entreprises russes du marché financier international et interdisant l’achat de dette souveraine russe sur les marchés primaire et secondaire, et qu’elles ciblent des secteurs importants de l’économie russe et perturbent le financement des services de renseignement et de l’armée;

13. souligne qu’en cas d’attaque russe contre l’Ukraine, la première action que l’Union devra prendre immédiatement sera d’annuler toutes les possibilités de voyage et de retirer l’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques russes, à l’exception des diplomates accrédités;

14. demande instamment que l’Union prenne d’urgence des mesures crédibles pour réduire sa dépendance vis-à-vis des importations d’énergie en provenance de Russie et demande à l’Union de faire preuve d’une plus grande solidarité énergétique avec l’Ukraine, conformément à l’accord d’association, en renforçant les interconnexions entre les infrastructures énergétiques; demande donc instamment aux institutions de l’Union européenne et à tous les États membres de veiller à ce que le gazoduc Nord Stream 2 ne soit pas mis en service, qu’il réponde ou non, à un moment donné, aux dispositions de la directive européenne sur le gaz [Directive 2009/73/CE du Parlement européen et du Conseil du 13 juillet 2009 concernant des règles communes pour le marché intérieur du gaz naturel et abrogeant la directive 2003/55/CE (JO L 211 du 14.8.2009, p. 94).]; rappelle qu’il est fondamentalement préoccupé, depuis longtemps, par les risques politiques, économiques et sécuritaires liés au projet Nord Stream 2; souligne la nécessité de mettre un terme à la construction de centrales nucléaires controversées construites par Rosatom soit interrompue;

15. souligne que les États membres doivent veiller à ne plus être une terre d’accueil pour les fonds et les investissements russes dont l’origine n’est pas claire, et ce notamment en établissant un mécanisme mondial de sanctions contre la corruption, et en mettant en œuvre et en appliquant de manière cohérente les directives existantes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent; invite la Commission et le Conseil à redoubler d’efforts pour freiner les investissements stratégiques du Kremlin au sein de l’Union déployés à des fins de subversion, pour saper les processus et institutions démocratiques et propager la corruption, et pour renforcer la transparence, notamment en ce qui concerne les fonds déposés ou dépensés dans l’Union par l’élite russe;

16. souligne l’importance de prendre des mesures fermes pour dissuader la Russie de contourner les sanctions de l’Union en vigueur; estime que l’Union devrait, à cette fin, réexaminer et adapter ses dispositions réglementaires applicables pour combler leurs multiples lacunes, ce qui permettrait de rendre les sanctions plus efficaces et de faire payer à la Russie un prix véritablement plus élevé pour ses agissements hostiles;

17. invite le Conseil européen à examiner et à évaluer de manière approfondie, lors de sa réunion du 16 décembre 2021, toute réaction possible aux menaces que la Fédération de Russie fait peser sur la sécurité européenne et à poursuivre ses discussions antérieures sur une stratégie globale de l’Union à l’égard de la Russie; invite l’Union européenne et ses partenaires européens à discuter de plans à long terme pour la sécurité européenne, en vue de réponses communes aux menaces militaires qui pèseront sur le continent à l’avenir; se déclare préoccupé par la détérioration continue des principaux piliers de l’architecture internationale de sécurité et de contrôle des armements, qui ont fait l’objet de manipulations et de violations répétées de la part de la Russie; invite le Conseil et la Commission à considérer, à cet égard, que la Russie constitue une menace majeure pour le continent européen dans le cadre de la Boussole stratégique, comme l’indique d’ailleurs le rapport du groupe de réflexion de l’OTAN;

18. demande à la Fédération de Russie de ne plus prendre de mesures unilatérales qui vont à l’encontre des engagements souscrits dans le cadre des accords de Minsk et empêchent leur application à terme, aggravent le conflit dans l’est de l’Ukraine et suscitent des doutes au niveau international sur la volonté politique et la capacité de la Fédération de Russie à honorer ses engagements;

19. prie instamment la Russie et les séparatistes soutenus par la Russie d’adhérer à l’accord de cessez-le-feu; invite la Russie à participer de manière constructive au format Normandie et au groupe de contact trilatéral et à respecter ses obligations internationales, en particulier celles des accords de Minsk et de la convention des Nations unies sur le droit de la mer; demande la libération immédiate de tous les citoyens ukrainiens détenus et emprisonnés illégalement; encourage le Conseil à élargir également la portée de ses sanctions afin qu’elles englobent la «passeportisation», l’organisation d’élections illégales en Crimée et la décision de faire participer des résidents des zones non contrôlées par le gouvernement des régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk aux élections législatives de septembre 2021, et à alourdir la facture que la Russie doit payer pour avoir bloqué la mise en œuvre des accords de Minsk et les négociations lors du sommet au format Normandie; invite la Cour pénale internationale à enquêter sur les crimes commis par la Russie et ses représentants dans la péninsule de Crimée et dans l’est de l’Ukraine; souligne le rôle que la Cour internationale de justice et les affaires relevant de la compétence universelle peuvent jouer à cet égard; estime que les dirigeants politiques et militaires des autorités de fait des soi-disant Républiques populaires de Louhansk et de Donetsk devraient être sanctionnés dans le cadre du régime mondial de sanctions de l’Union européenne en matière de droits de l’homme;

20. souligne que la mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine est cruciale et qu’elle doit pouvoir poursuivre ses travaux sans aucune restriction au-delà de mars 2022, lorsque son mandat actuel devrait s’achever; condamne fermement les actions menées par la Russie pour empêcher la mission spéciale d’observation de l’OSCE de remplir son rôle en brouillant les véhicules aériens autonomes de la mission et en bloquant l’accès des observateurs aux territoires occupés; regrette que la Russie ait décidé de fermer la mission d’observation de l’OSCE aux points de passage russes de Goukovo et de Donetsk;

21. soutient fermement les efforts déployés par l’Ukraine pour traduire en justice les mercenaires russes qui ont commis des crimes de guerre et invite instamment l’Union et ses États membres à renforcer leur coopération à cette fin;

22. réaffirme son soutien à l’enquête internationale sur les circonstances de la destruction tragique du vol MH17 de Malaysia Airlines, qui pourrait constituer un crime de guerre, et demande à nouveau que les responsables soient traduits en justice;

23. condamne la signature par le président Poutine du décret relatif à des mesures commerciales simplifiées qui autorise des mesures d’accès en vue d’accroître l’accès des biens en direction et en provenance des zones temporairement hors contrôle du gouvernement dans les régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk, et demande à la Russie d’abroger ce décret; souligne que de telles mesures unilatérales violent la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, y compris en ce qui concerne le contrôle douanier, et risquent d’aggraver les tensions, de prolonger le statu quo et d’entraver le futur processus de réintégration;

24. salue la mise en place de la plateforme internationale pour la Crimée et de ses activités; estime qu’il importe de maintenir le sujet de l’annexion illégale de la péninsule de Crimée en tête des priorités internationales; se félicite que l’Union soutienne fortement cette initiative et l’invite à contribuer davantage à développer son modèle de consultation et de coordination; déplore que les organisations internationales et les défenseurs des droits de l’homme se voient toujours refuser l’entrée en Crimée;

25. demande au peuple russe de ne pas croire à la propagande officielle omniprésente qui décrit l’Occident comme l’ennemi du peuple russe et de l’État russe; rappelle que la démocratie et la liberté ne constituent une menace que pour les élites russes corrompues et non pour la population; souhaite ardemment engager un dialogue et nouer des relations futures avec une Russie démocratique; rappelle que la politique agressive du «Kremlin avant tout» menée à l’extérieur et à l’intérieur du pays opprime le peuple russe;

26. soutient les actions menées par les autorités ukrainiennes en vue de réformer le pays conformément aux dispositions de l’accord d’association et de la zone de libre-échange approfondi et complet; demande aux institutions de l’Union de ménager à l’Ukraine des perspectives crédibles à long terme pour son adhésion à l’Union européenne, conformément à l’article 49 du traité sur l’Union européenne, comme pour tout État européen; souligne que ces actions sont indispensables pour renforcer la résilience de l’Ukraine et lutter plus efficacement contre les agressions actuelles et futures de la Russie;

27. charge son Président de transmettre la présente résolution au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au Conseil de l’Europe, à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, au président, au gouvernement et au Parlement d’Ukraine, ainsi qu’au président, au gouvernement et au Parlement de la Fédération de Russie.

On un gigantesque bloc politico-militaire, dont la France est une composante, pour démolir la Russie, la précipiter dans la banqueroute. Celle-ci compte maintenir sa position et même son expansionnisme. Ces contradictions capitalistes précipitent la guerre.

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L’OTAN ferme entièrement la porte à la Russie

Le but est la banqueroute de la Russie.

L’OTAN a adopté le 16 décembre 2021 une ligne dure vis-à-vis de la Russie, dans le prolongement de son élargissement suivant l’effondrement du bloc dépendant de la superpuissance soviétique. Si l’Ukraine et la Géorgie rejoignent l’OTAN, et si l’on prend compte que la Suède et surtout la Finlande est déjà liée à l’OTAN (elle vient d’acheter des avions de guerre américains F-35), alors on peut dire que la Russie ne pourra que s’effondrer face à la pression. C’est l’objectif très clair de la superpuissance américaine.

Source wikipédia

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky était d’ailleurs à la réunion de l’OTAN, dont le dirigeant Jens Stoltenberg a expliqué que l’Ukraine rejoindrait bien l’OTAN lorsqu’elle serait au niveau, que la Russie n’a rien à dire.

La déclaration de l’OTAN est donc sans ambiguïtés : la Russie doit capituler.

Déclaration du Conseil de l’Atlantique nord concernant la situation en Ukraine et alentour

Nous sommes gravement préoccupés par le renforcement substantiel, en l’absence de provocation et sans justification, du dispositif militaire russe aux frontières de l’Ukraine au cours des tout derniers mois, et nous rejetons les allégations mensongères de la Russie selon lesquelles l’Ukraine et l’OTAN se livreraient à des provocations.

Nous appelons la Russie à amorcer immédiatement une désescalade, à rechercher des solutions diplomatiques et à respecter ses engagements internationaux pour ce qui est de la transparence des activités militaires.

Nous étudions de près les incidences de la situation actuelle sur la sécurité de l’Alliance. Nous répondrons toujours avec détermination à toute détérioration de notre environnement de sécurité, notamment en renforçant notre posture de défense collective comme il convient.

L’OTAN prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la défense de tous les pays de l’Alliance.

Toute nouvelle agression contre l’Ukraine aurait des conséquences massives, et le prix à payer serait élevé. L’OTAN continuera de travailler en coordination étroite avec les parties concernées et avec d’autres organisations internationales, dont l’UE.

Nous réitérons notre soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, et nous appelons la Russie à retirer ses forces du territoire ukrainien, conformément à ses obligations et engagements internationaux.

Nous sommes attachés au droit de tous les pays de décider de leur avenir et de leur politique étrangère sans ingérence extérieure. La relation entre l’OTAN et l’Ukraine ne regarde que l’Ukraine et les 30 pays de l’Alliance. Nous rejetons fermement toute tentative visant à remettre en cause l’indivisibilité de la sécurité des Alliés.  

Nous sommes prêts à avoir un dialogue substantiel avec la Russie. Nous lui demandons à nouveau, comme nous le faisons depuis longtemps, la tenue d’une réunion du Conseil OTAN-Russie, et ce dans un avenir proche. Nous sommes au fait des propositions que la Russie a présentées récemment au sujet de la sécurité européenne.

Il est clair que tout dialogue avec la Russie doit reposer sur la réciprocité, aborder les préoccupations de l’OTAN concernant les actions de ce pays, être fondé sur les principes fondamentaux et les documents qui forment le socle de la sécurité européenne, et se dérouler en consultation avec les partenaires européens de l’OTAN.

Nous sommes prêts, si la Russie œuvre concrètement à la réduction des tensions, à travailler au renforcement des mesures de confiance. L’OSCE est aussi une enceinte pertinente dans ce contexte. 

L’OTAN est une alliance défensive et elle continuera d’œuvrer en faveur de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans l’ensemble de la zone euro-atlantique. Nous faisons front ensemble pour défendre et protéger tous les Alliés.

Et, le même jour, le parlement européen a prévu des mesures anti-Russie allant encore plus loin que celles exigées par la superpuissance américaine, agissant en fait à son service, s’alignant sur ses intérêts. La Russie doit s’effacer devant l’OTAN et son régime s’effondrer : c’est la but de l’OTAN, la nation ukrainienne étant pris en otage pour ce combat, son existence même étant en jeu dans cet affrontement entre la superpuissance américaine et l’expansionnisme russe.

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Ukraine : la guerre est devenue l’actualité d’un occident à la conquête de l’Est

C’est un marqueur historique terrifiant.

Le 16 décembre 2021, Le Figaro titre donc sa Une en disant que « l’Europe redoute une attaque de la Russie » contre l’Ukraine. C’est là mensonger, de la propagande belliciste, et c’est d’autant plus facile à dire que sur agauche.org cela est expliqué en long, en large et en travers depuis avril 2021.

N’est-ce pas là contradictoire? C’est effectivement contradictoire. Car si la Russie veut depuis avril 2021 faire en sorte que l’Ukraine s’effondre, quitte à l’envahir pour cela… l’aspect principal de la période actuelle, c’est que l’OTAN veut la guerre, afin de faire en sorte que la Russie s’effondre.

C’est l’OTAN, avec à sa tête la superpuissance américaine entièrement épaulée par le Royaume-Uni qui veut désormais la guerre, encore plus que la Russie, qui la veut aussi. Et l’OTAN a le soutien franc et massif, belliciste, de la Lituanie, de l’Estonie et de la Pologne… Alors que traînent les pieds l’Allemagne, la France et l’Italie.

D’où une propagande ininterrompue depuis peu dans les médias occidentaux, qui culminent désormais dans une affirmation ouverte, publique, visant à « éduquer » les gens, à façonner l’opinion publique. Le Figaro explique même qu’il y aurait 170 000 soldats russes aux frontières, ce qui est faux, même en l’attribuant aux services secrets américains qui disent qu’il pourrait d’ici début janvier y avoir 170 000 soldats russes, pas qu’ils sont déjà là.

Cette propagande est déjà massive depuis plusieurs semaines aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Elle est désormais à l’échelle de l’Union Européenne. Partout, c’est le même mot d’ordre : il faut affronter le monstre russe!

Cela correspond à une montée en puissance dans les volontés « géopolitiques » de conquête à l’Est dans l’Europe. Cette carte proposée par l’Union Européenne en témoigne. Elle reflète le « partenariat oriental », qui tenait un sommet le 15 décembre 2021.

La note en bas de la carte indique que l’Union Européenne soutient ouvertement les opposants au régime, appelant à son renversement

L’Ukraine est ici un jouet pour faire de la Russie ni plus ni moins qu’une semi-colonie, ce que sont les pays de l’Est en général, car il ne faut se faire aucune illusion à ce sujet. Le capitalisme local peut être plus ou moins développé, plus ou moins corrompu-bureaucratique d’ailleurs (avec des oligarques), il n’en reste pas moins que ce sont le entreprises occidentales qui disposent d’une complète hégémonie. C’est d’autant plus vrai que les pays de l’Est ont souvent été fragmentés pour les fragiliser : qu’on pense à la destruction de la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie.

Les gens des pays occidentaux le savent bien, mais ils tolèrent les mensonges à ce sujet, parce qu’ils en profitent. Les usines à l’Est… la prostitution à l’Est… le tourisme peu onéreux à l’Est… l’Est de l’Europe est exploitée de manière ignoble, d’où d’ailleurs une horrible situation politique là-bas, avec des régimes totalement opposés à tout ce qui relève de la Gauche historique (le plus souvent interdite par ailleurs) et une opposition activiste ouvertement fasciste. Les pays de l’Est, c’est une combinaison de colonialisme occidental, de libéralisme avec très peu de social, d’ultra-nationalisme agressif.

Il suffit de voir les stéréotypes quant à l’Est de l’Europe en France. Les hommes de l’Est sont présentés comme de simples demeurés lourdauds et inquiétants, les femmes de l’Est comme des opportunistes vénales prêtes jusqu’à rejoindre la pornographie. C’est donc avec d’autant plus de facilité que l’Ukraine est utilisée politiquement et militairement pour affronter la Russie.

Le régime de Vladimir Poutine est évidemment inacceptable et ouvertement expansionniste. Cependant, la Russie est une question russe et ce n’est pas un capitalisme faisant la conquête de l’Est que cela résoudra quoi que ce soit au fond. L’Ukraine est ainsi prise au piège, sa population devient choisir entre Charybde au visage de l’OTAN et Scylla au visage de la Russie. C’est un cauchemar historique que vit cette nation.

Et ce qu’on vit est, en ce sens, de par le rapport historique entre la Russie et l’Ukraine, une réédition de la séparation de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie, mais dans un contexte de crise internationale du capitalisme, avec une haine instrumentalisée à tous les niveaux afin de la faire s’exprimer avec acharnement.

Le capitalisme génère ici des haines nationales, afin de diviser pour régner. Le refus catégorique de la guerre correspond au drapeau rouge, au principe de l’internationalisme : prolétaires de tous les pays, nations et peuples opprimés, unissez-vous!

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La France patrouille en Mer Noire au service de la superpuissance américaine

La France participe au bellicisme américain.

Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu par téléphone le 14 décembre 2021 avec le président russe Vladimir Poutine, sans que l’Elysée n’exprime son avis à ce sujet. Et pour cause : la France s’est embarquée avec la superpuissance américaine, comme le montre la présence du bateau de guerre dénommé Auvergne en Mer Noire.

La frégate multi-missions Auvergne de la Marine nationale fait 142 mètres de long et pratiquement 20 de large ; c’est un navire redoutable sur le plan des écoutes : système d’interception de communications, sonar de coque UMS-4110, radar Herakles de Thales antenne à balayage électronique deux axes, système de surveillance panoramique électro-optique Artemis, système de détection radar…

Et il est au service de la superpuissance américaine en Mer Noire. Son parcours l’y menant est le suivant :

– participation à l’exercice militaire aéromaritime haute intensité Polaris 21 mêlant plusieurs pays,

– passage en Italie à Naples au quartier général de la 6e Flotte de l’US Navy pour les officiers du groupement « Opérations »,

– envoi en Méditerranée orientale dans le cadre de l’opération Chammal (concernant l’Irak et la Syrie), officiellement en raison d’une présence nécessaire « quasi permanente » d’un navire de la Marine nationale,

– modification subite au bout de trois jours et franchissement le 13 décembre du le détroit des Dardanelles puis du détroit du Bosphore pour rejoindre la Mer Noire.

La frégate française débarque concrètement au moment même où le destroyer américain USS Arleigh Burke doit quitter la zone en raison de la convention de Montreux réglementant la présence de navires de pays non riverains.

Cela signifie que l’armée française s’inscrit entièrement dans la stratégie militaire américaine. S’il y a une guerre Ukraine-Russie, l’OTAN est clairement de la partie en soutien à l’Ukraine (d’ailleurs poussée à l’affrontement) et la France est impliquée.

L’armée française peut bien parler du désir d’avoir une « appréciation autonome de la situation ». C’est du mensonge et un alignement volontaire sur le bellicisme américain, le capitalisme français y voyant une orientation militariste conforme à ses propres exigences.

Personne ne peut être dupe de cela, alors que déjà l’armée russe a intercepté par deux fois des avions Rafale, un avion de reconnaissance électronique Transall C-160NG, avion ravitailleur KC-135 et Mirage 2000D, ce dernier type d’avion jouant les rôles d’avion muni d’une balise d’écoutes. Et un événement important est à noter : la frégate française Bretagne a changé d’équipage le 7 décembre 2021… à Reykjavik, en Islande. L’armée française ainsi ni plus ni moins que réalisé une « relève d’équipage en escale sur le théâtre Atlantique Nord », afin de pouvoir encore plus mener d’activités militaires en prolongeant la durée des opérations.

C’est là un saut dans le bellicisme et l’ennemi est la Russie, présentée comme un pays monstrueux avec une population asservie, qu’il s’agit bien entendu de libérer en renversant le régime tyrannique, etc. Si la Russie est bien entendu un pays marqué par un régime intolérable, les pays capitalistes ont un régime tout autant inacceptable, mais bien plus stable grâce à la société de consommation, et cherchent à justifier à l’opinion publique leurs objectifs guerriers.

Nous vivons une accélération du militarisme en général et, en particulier, une puissante polarisation avec le conflit Ukraine/Russie, qui est en ce moment l’aspect principal de l’Histoire.

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Le G7 prolonge l’OTAN dans l’offensive anti-Russie

L’objectif est de briser la Russie.

Si la Russie continue ses mouvements de troupe, il en va de même pour l’Ukraine qui place toujours plus d’armements offensifs dans la zone de conflit, une chose normalement non permise de par le cessez-le-feu en vigueur. Obusiers automoteur, chars de combat, mortiers automatiques, canons antichars, systèmes d’armes de missiles antichars… Tout cela est listé par les observateurs de l’OSCE, mais absolument aucun média n’en parle, tous se focalisant sur une propagande ininterrompue contre la Russie.

Il faut également à cela des missiles anti-chars FGM-148 Javelin fournis par la superpuissance américaine, sur lequel l’Ukraine a décidé un embargo médiatique. Il y a également un avion de reconnaissance RC-135W Rivet Joint américain passant dans la région, au lieu des traditionnels drones, et la France a pareillement envoyé un avion de reconnaissance. Tout est fait pour permettre l’offensive ukrainienne.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre le message des ministres des affaires étrangères du G7 le 12 décembre 2021 :

« Nous, ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni, ainsi que le Haut représentant de l’Union Européenne, sommes unis dans notre condamnation du renforcement de la présence militaire et du discours agressif de la Russie à l’encontre de l’Ukraine.

Nous appelons la Russie à la désescalade, à la recherche de solutions diplomatiques, et au respect de ses engagements internationaux de transparence sur ses activités militaires comme le Président Biden l’a fait dans son appel avec le Président Poutine le 7 décembre.

Nous reconfirmons notre soutien aux efforts de la France et de l’Allemagne au sein du format Normandie pour atteindre la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk afin de résoudre le conflit dans l’Est de l’Ukraine.

Tout recours à la force pour modifier les frontières est strictement interdit par le droit international.

La Russie ne devrait avoir aucun doute que toute nouvelle agression militaire contre l’Ukraine aurait des conséquences massives et un coût sévère en réponse.

Nous réaffirmons notre soutien sans faille à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi qu’au droit de tout Etat souverain à déterminer son propre avenir. Nous saluons l’attitude de retenue de l’Ukraine.

Nous intensifierons notre coopération en vue d’une réponse commune et globale. »

Il faut en effet bien voir que ce n’est pas que l’invasion de l’Ukraine qui est ici condamnée, mais bien toute intervention russe en général. En clair, si l’Ukraine tente de reprendre le contrôle des « républiques » séparatistes en lançant une offensive militaire, toute réaction russe sera considérée comme une agression militaire contre l’Ukraine.

Ou, plus exactement comme le dit le document, une « nouvelle agression militaire », car il est considéré que les « républiques séparatistes » sont directement une manipulation russe, à quoi s’ajoute bien attendu l’annexion de la Crimée. L’Ukraine ne parle d’ailleurs pas de « séparatistes » mais de « militaires russes », niant toute existence d’une contestation contre le régime par ailleurs.

Le régime bascule d’ailleurs en ce moment. Depuis 2014, c’est une sorte d’alliance de forces libérales et pro-Union européenne, de partis liés aux oligarques, de forces conservatrices directement pro-OTAN, de forces nationalistes et fascistes se revendiquant de Stepan Bandera qui s’était allié aux nazis.

La Russie parle d’ailleurs d’une Ukraine « fasciste », « banderiste ». C’était totalement réducteur. Mais là les « banderistes » donnent le ton, même s’ils ne dirigent pas directement le pays. Auparavant, saluer la résistance soviétique était interdit, saluer les alliés des nazis autorisé. Maintenant, on passe à une valorisation ultra-nationaliste d’une sorte d’Ukraine mythique qui aurait connu pendant tout le 20e siècle de multiples tentatives d’extermination par la Russie (le « holodomor »).

C’est d’autant plus fort que l’économie ukrainienne est à l’agonie, en raison de la main-mise des oligarques, d’une corruption systématique (jusqu’à avoir son diplôme de médecin), avec 10% d’inflation en 2021, aucun investissement étranger non plus d’ailleurs dans un tel contexte, etc.

Cela en fait d’autant plus le jouet de l’OTAN ou plus exactement de la superpuissance américaine. L’Ukraine est l’outil de la superpuissance américaine dans sa tentative de briser la Russie – qui elle aimerait bien que l’Ukraine redevienne son satellite.

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G7 à Liverpool: les États-Unis consolident un bloc anti-Russie

Les grandes puissances se réunissent pour préparer les affrontements à venir.

Ce week-end du 11 et 12 décembre 2021 a lieu, à Liverpool au Royaume-Uni, une réunion dite du « G7 » sur les questions de la guerre, principalement sur la question ukrainienne. Il s’agit d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de sept pays capitalistes les plus importants hormis la Chine, directement alliés aux États-Unis et amenés à constituer avec eux un bloc anti-Russe.

On a en l’occurrence de présents à Liverpool les ministres de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et bien sûr du Royaume-Uni. Cela saute aux yeux qu’il s’agit des principaux membres de l’OTAN, à qui s’est ajouté le Japon, par nature non-membre (l’OTAN concerne l’Amérique du Nord et l’Europe), mais directement lié à cette alliance militaire par traités de coopération.

Manquent éventuellement à l’appel de cette réunion parmi les principaux membres de l’OTAN (il y a en effet 30 pays membres), l’Espagne, la Grèce, les Pays-Bas, la Pologne, ou encore la Turquie. Mais cela ne change rien à la nature de ce sommet. Les États-Unis mobilisent clairement leurs différents alliés sur les questions militaires, de manière à constituer un bloc solide, clairement identifié et formé, et surtout opérationnel. Il n’y a aucune ambiguïté sur la question, car le ton est incroyablement offensif.

La ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss, dont le pays assure la présidence du G7, a ainsi appelé à :

« présenter un front uni contre les comportements malveillants – y compris les positions russes envers l’Ukraine – et à s’engager en matière de sécurité et de soutien économique pour défendre « les frontières de la liberté dans le monde ». »

Récemment, cette ministre avait d’ailleurs prononcé un grand discours de politique étrangère évoquant ouvertement la Russie, l’avertissant qu’elle commettrait une « erreur stratégique » si elle envahissait l’Ukraine. Cela faisait directement suite aux propos américains menaçant la Russie de « fortes sanctions » en cas d’escalade dans son conflit avec l’Ukraine.

Les États-Unis préparent donc ces « fortes sanctions » avec leurs alliés et ces derniers se montrent très volontaires pour constituer ce bloc anti-Russe. Voici comment la ministre britannique a présenté la réunion « G7 » de Liverpool, assumant totalement la perspective américaine bloc contre bloc :

« Ce week-end, les démocraties les plus influentes du monde prendront position contre les agresseurs qui cherchent à porter atteinte à la liberté et enverront le message clair que nous présentons un front uni ».

Sur le contenu, voici ce qu’elle envisage pour cette réunion :

« Je veux que les pays du G7 approfondissent leurs liens dans des domaines comme le commerce, l’investissement, la technologie et la sécurité afin que nous puissions défendre et faire progresser la liberté et la démocratie à travers le monde. Je vais plaider pour cela au cours des prochains jours ».

Mais pour elle, « approfondir les liens », cela signifie surtout se couper de tout lien avec la Russie. Un moment important de la journée de samedi 11 décembre a été la rencontre bilatérale entre la ministre britannique et celle allemande, fraîchement nommée à son poste.

La première a ouvertement donné le ton parlant pour les « nations démocratiques libres » d’un « sevrage » du gaz et de l’argent russe, évoquant en filigrane le gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne. Il s’avère que la nouvelle ministre allemande est une membre des Verts allemand, justement opposée au gazoduc Nord Stream 2.

Cette ligne allemande opposée à la Russie est nouvelle et très discutée en Allemagne, où une trentaine de figures de très haut rang (à la retraite) de la diplomatie et de l’armée ont appelé inversement à une désescalade de la part de l’OTAN et de la Russie.

On voit bien ici que le bloc G7/OTAN, s’il parle dans sa communication de sanctions « éventuelles » pour la Russie, dans le cadre d’une « réponse », agit en réalité déjà de manière offensive, avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni à la pointe du bellicisme et avec l’intention d’embarquer l’Allemagne dans son action.

Car, en pratique, la ministre britannique appel ici ouvertement à un embargo anti-Russe, dès maintenant. L’enjeu est, dit-elle, de « s’assurer que les nations démocratiques libres soient en mesure d’avoir une alternative à l’approvisionnement en gaz russe ».

C’est-à-dire que pour la chancellerie britannique, la perspective bloc contre bloc n’est pas une considération future, une possibilité, mais une actualité d’ors et déjà concrète. Et le Royaume-Uni fait ici office de premier allié des États-Unis, appliquant donc directement la stratégie américaine.

Tout cela est incroyablement belliqueux, et vise ouvertement à pousser la Russie à la faute, à se précipiter vers la guerre (ce que, de toutes façons, la Russie fait déjà très bien toute seule).

À l’occasion de la première journée de ce sommet « G7 », le représentant de la superpuissance américaine en a donc rajouté une couche sur la question des sanctions anti-Russie, parlant de sanctions « massives », avec une déferlante mondiale contre les intérêts russes en cas de conflit avec l’Ukraine.

Le gouvernement américain a expliqué qu’il envoyait, de lundi 13 décembre à mercredi 15 décembre, la secrétaire d’État adjointe chargée de l’Europe, Karen Donfried, pour faire la police et négocier directement à Kiev et à Moscou. Mais il a surtout été ajouté que si la Russie choisissait « de ne pas emprunter cette voie [de la diplomaties], alors « il y aura des conséquences massives et un prix important à payer, et le G7 est absolument uni là-dessus ».

La secrétaire d’État ajoutant même pour alourdir la menace :

« Non seulement les pays qui étaient dans la salle, mais un nombre encore plus grand d’États démocratiques nous rejoindraient pour en faire payer le prix ».

On notera dans cette perspective la déclaration vendredi 10 décembre de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen affirmant son alignement sur la superpuissance américaine :

« S’il y a agression, il faut qu’il y ait un prix à payer ».

La constitution du bloc américain anti-Russie est donc absolument clair et c’est la terrible actualité du moment. Ce qu’il y a en arrière-plan, c’est bien entendu la consolidation de ce bloc américain dans la perspective d’un affrontement à venir avec son challenger chinois. La ligne est de liquider le concurrent qu’est la Russie, d’abord, pour ensuite passer au challenger qu’est la Chine.

La journée de dimanche 12 décembre de ce « G7 » est d’ailleurs plus ou moins ouvertement destinée à parler de cette question chinoise et de la région « indo-pacifique », avec la présence des ministres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean).

Faisant ouvertement allusion au régime chinois, la ministre des Affaires étrangère Liz Truss a ainsi parlé en vue de la journée de dimanche 12 décembre consacré à la région « indo-pacifique » :

« Nous devons gagner la bataille des technologies […] en nous assurant que nos normes technologiques sont fixées par ceux qui croient en la liberté et la démocratie [sous entendu donc, pas par la Chine].

Les principaux pays capitalistes veulent sortir de la crise, du moins le pensent-ils, par la guerre contre la Russie et la Chine. C’est la bataille pour le repartage du monde.

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Ukraine : escalade militaire en mer d’Azov

La course à la guerre se renforce d’une narration victimaire de part et d’autre.

Après la discussion Biden-Poutine du 7 décembre 2021, la Russie et les États-Unis ont présenté les faits de la manière suivante : nous avons fait ce qu’il fallait pour arrondir les angles, nous avons bien discuté, nous ne voulons pas d’escalade, etc.

Pour autant, les renforts militaires n’ont pas cessé tant en Ukraine qu’en Russie, aux frontières des deux pays. On a même eu le ministre de la Défense lituanien venant lui-même dans un avion cargo avec plusieurs millions d’euros de matériel pour l’offrir à l’armée ukrainienne.

La rhétorique accusatrice ne cesse pas. Le 9 décembre, à une réunion du Conseil des droits de l’ homme, le président russe Vladimir Poutine a dit au sujet de l’Ukraine, dans ce qui est une narration justifiant une éventuelle intervention :

« Je dois parler de la russophobie comme d’un premier pas vers un génocide. C’est ce qui se passe en ce moment dans le Donbass, nous le voyons bien, nous le savons. »

Il est tout à fait vrai que le régime ukrainien est nationaliste, ignoble et qu’il a mis en place une nouvelle loi visant à supprimer dans les faits la langue russe. Mais on est ici dans une logique belliciste dans les deux camps. Pour preuve, l’escalade militaire en mer d’Azov, avec un scénario digne de Hollywood.

Voici une image présentant l’Ukraine. La zone à droite en jaune consiste en les « républiques populaires » séparatistes pro-russe, la zone en-dessous en jaune consiste en la Crimée. La mer d’Azov se situe en haut à droite de la Crimée.

Comme on le voit les villes au Sud de l’Ukraine qui ont des port voient leurs navires être placés dans une zone désormais bloquée par la Russie.

On remarquera à l’Ouest les montagnes carpathiques (« carpathians mountains »), un obstacle naturel à la logistique de guerre que la Russie aimerait avoir le plus proche possible de sa frontière, d’où l’importance accordée à la Moldavie (« Mol. »)

Un aspect important consiste ici en le détroit de Kertch, qui est désignée sur la carte suivante par le petit cercle rouge.

Récapitulons : à gauche du détroit, il y a donc la Crimée, occupée et annexée par la Russie, à droite la Russie. Ce qui signifie que la Russie contrôle désormais ce détroit, qui n’est pas fermé, mais il y a donc des exigences administratives russes, des navires de guerre russes dans la zone, etc.

La Mer d’Azov, au-dessus du cercle rouge montrant le détroit de Kertch, fait 39 000 km2

Le 9 décembre 2021, un vieux navire ukrainien – construit en 1969 il servait d’atelier flottant de la marine soviétique – est parti de Marioupol, en haut de la Mer d’Azov, en direction du détroit de Kertch, ne répondant ensuite à aucun appel russe. L’armée russe s’est alors mise en branle, le détroit a été fermé bloquant 80 navires. Le navire ukrainien ne répondait même pas aux signaux des garde-côtes.

Puis, à 18 miles nautiques du détroit (soit 33 kilomètres), il a finalement fait demi-tour, toujours en refusant les contacts. Cet événement est pour le moins étrange, mais il prend tout son sens quand on voit que le nom du navire est… « Donbass ». C’est un message de l’Ukraine à la Russie après la téléconférence Biden-Poutine : nous comptons quoiqu’il arrive récupérer la partie occupée du Donbass.

Les médias russes ont très largement informé de ce fait, mis en avant comme un exemple de provocation. On notera que le même jour, au-dessus de la Mer Noire (juste en dessous de la Mer d’Azov), deux avions de guerre… français ont été interceptés par l’armée russe et « accompagnés ». La même chose s’était déroulée la veille ! C’est dire tout de même de la tension qu’il y a là-bas…

La Russie a alors réagi de la manière suivante. Elle a annoncé le lendemain… des manœuvres militaires avec tirs d’artillerie en Mer d’Azov. Qui commencent immédiatement, et qui durent… un mois. Et qui concernent 70% de la Mer d’Azov. Et qui ont lieu en partie dans les eaux territoriales ukrainiennes…

La réponse russe à la provocation ukrainienne est donc très claire. De toutes façons, les deux camps sont fanatiques et si on rajouter à cela l’OTAN, c’est la compétition de fous pour qui contribuera le plus au déclenchement de la guerre.

De toutes façons, la Russie a, le même jour que l’annonce des exercices (donc le 10 décembre), officiellement demandé à l’OTAN d’annuler l’annonce de 2008 du début du processus d’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. L’OTAN a refusé dans la foulée. Personne ne recule sur rien, chacun cherche à avoir l’air bien par rapport à son opinion publique, cherchant une faille laissant craindre les pires provocations pour pousser l’autre à la faute.

L’ombre de la guerre continue ainsi de s’étendre et d’obscurcir cette partie du monde. L’Horreur se profile toujours davantage. Le slogan « guerre à la guerre », si important, doit devenir un mot d’ordre essentiel !

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Discussion Biden-Poutine du 7 décembre 2021: l’OTAN en fer de lance, l’UE satellisée

La superpuissance américaine est à l’offensive.

L’horaire de la téléconférence entre le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine n’a été annoncée que très tardivement, et de manière surprenante, le compte-rendu de cette « discussion » géopolitique de 125 mn a été inexistant. Il a fallu attendre une heure pour qu’une conférence de presse américaine ait lieu, la Russie annulant la sienne. La porte-parole américaine de la Maison Blanche, Jen Psaki, a carrément expliqué qu’on verrait si la Russie a compris le message si elle n’envahit pas l’Ukraine.

Car la situation s’est puissamment retourné. La Russie n’est pas intervenue militairement en Ukraine, du moins pas encore, même si bien entendu les républiques séparatistes lui sont inféodées. Elle a joué le chaud et le froid, sans résultat.

Or, depuis avril, son accumulation militaire aux frontières de l’Ukraine a galvanisé le nationalisme ukrainien, permis aux forces pro-américaines et pro-OTAN d’avoir unanimement le dessus, avec un envoi d’experts, de formateurs, d’armes, etc. Les Etats-Unis ont prêté 390 millions de dollars, l’Union Européenne 600 millions d’euros, et ce n’est qu’un début. Il y a 4 000 experts américains, militaires ou des services secrets, en Ukraine, ainsi que 8 000 autres experts de pays de l’OTAN, dont la France.

La Russie se retrouve avec un résultat contraire à ce qu’elle espérait.

Et là, qu’a dit Joe Biden, même si rien n’est sorti de la téléconférence? Que les Etats-Unis feraient en sorte de mesures de rétorsions économiques en cas d’intervention russe, avec notamment la sortie forcée de la Russie de SWIFT, le système bancaire international. C’est improbable, car alors par exemple l’Allemagne ne pourrait même plus payer les achats de gaz russe, mais les Etats-Unis s’en moquent ils sont loin. Il y aurait également l’envoi de matériel américain et de troupes américaines dans les pays baltes, la Pologne et la Roumanie.

Ce n’est pas tout. Dans les faits, l’Union Européenne est inexistante politiquement et son positionnement est entièrement aligné sur l’OTAN, dont c’est devenu un satellite sur le plan « géopolitique ». C’est un effondrement complet de la ligne allemande de « neutralité », avec l’espoir de grandir en laissant passer le conflit sino-américain. Désormais, l’Union Europénne est insérée dans l’OTAN. Voici d’ailleurs le communiqué de l’Elysée le 6 décembre 2021, la veille de la téléconférence.

Entretien avec les chefs d’État et de gouvernement du format « Quint ».

Le Président de la République s’est entretenu ce lundi 6 décembre avec les chefs d’État et de gouvernement du format « Quint » (Allemagne, États-Unis, France, Italie, Royaume-Uni). 

Les cinq chefs d’État et de gouvernement ont partagé leur analyse des tensions existant entre la Russie et l’Ukraine, exprimé leur détermination à ce que la souveraineté de celle-ci soit respectée et dit leur engagement à agir pour maintenir la paix et la sécurité en Europe. 

Ils ont tous rappelé la nécessité que la Russie se réengage dans les négociations avec l’Ukraine, dans le cadre du groupe dit « Normandie » sous l’égide de la France et de l’Allemagne.

Joe Biden a même dit qu’il contactait les pays membres de l’OTAN juste après la téléconférence. Mais pas l’Ukraine, qui officiellement ne sera contactée que le 9 décembre 2021! Mais il a fait une fleur à la Russie et à l’Allemagne, puisque, à peine la téléconférence terminée, il a été annoncé qu’un vote éventuel pour que le budget américain contienne des sanctions contre le gazoduc NS2 ne se ferait pas.

En clair, la Russie doit rester à l’écart et s’effacer. Il y a donc un choix à faire de sa part et naturellement cela n’en sera pas un. C’est dicté par sa réalité sociale.

Soit le pays né de la fin de l’URSS a tenté une aventure de grande puissance sur des restes et cela termine tout un cycle, les oligarques voulant continuer de faire acte de présence à Londres, Paris, Saint-Tropez. La Russie deviendrait alors celle qu’elle était avant Octobre 1917 : un colosse aux pieds d’argile avec une bureaucratie et une oligarchie plus ou moins pieds et poings liés par rapport aux puissances occidentales.

La Russie va donc céder et s’effacer, après avoir tenté d’obtenir le plus d’acquis. L’OTAN va s’élargir à l’Ukraine, le continent passant sous très large influence américaine. On a même déjà l’Albanie et le Kosovo qui ont affirmé être prêts à envoyer des troupes aux côtés des Américains en Ukraine! C’est caricatural, mais tout à fait représentatif.

Soit la Russie née en 1991 n’est pas tant sous le contrôle des oligarques que d’une sorte de bourgeoisie bureaucratique militaro-oligarchique, qui considère qu’elle a un moyen de s’affirmer historiquement à l’échelle continentale de la Russie par un alignement complet sur la Chine, ce qui implique l’affrontement avec l’Ukraine, la satellisation d’une partie de celle-ci, quitte à se replier ensuite avec la Biélorussie dans un bloc largement coupé de l’occident.

La Russie, avant la crise qui a émergé en 2020, c’était ces deux aspects en même temps. Désormais, ces deux aspects sont antagoniques. Entre la possibilité d’être une grande puissance et les nouveaux riches consommant en occident, c’est l’antagonisme. La crise force la décision historique et dans un cas comme dans un autre, tout est redéfini.

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Le sens historique pour les Européens de l’appel téléphonique Biden-Poutine

La vie telle qu’on la connaît est suspendue par les puissants.

Ce 7 décembre 2021 a lieu un entretien téléphonique entre le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier va lui dire que l’entrée dans l’OTAN de l’Ukraine est une ligne rouge, que la Russie ne peut pas accepter des bases militaires de l’OTAN et des missiles à sa frontière. L’Ukraine doit être neutre et d’ailleurs fédérale afin d’assurer un équilibre minimal entre les pro-européens et les pro-russes. C’est un gage de paix, mais c’est aussi une entourloupe pour tenter de resatelliser l’Ukraine.

Joe Biden va lui répondre que l’Ukraine est un pays souverain, que si ce pays veut se tourner vers l’OTAN c’est son droit, comme l’ont fait les pays baltes, la Roumanie, la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque, la Hongrie, la Bulgarie. Aucune garantie ne peut être donné pour l’avenir et, d’ailleurs, Joe Biden a dit il y a deux jours qu’il ne reconnaissait aucune « ligne rouge ».

En pratique c’est l’expansion de la superpuissance américaine qui ne voit aucune raison de reculer, puisqu’elle ne risque rien, qu’en cas d’affrontement il resterait bien au pire un bout d’Ukraine à satelliser, et au mieux la Russie se heurte à une série de problèmes.

Tel est le jeu cynique des puissants aux dépens de la paix en Europe et avant tout de la nation ukrainienne qui risque bien d’être dépecée. Le président biélorusse Loukashenko a d’ailleurs annoncé la couleur le 6 décembre 2021 en disant que :

« Les plans de l’OTAN dans la région sont inacceptables à la fois pour la Russie et le Belarus. Donc, il y aura beaucoup de changements ce mois-ci. Nous verrons un résultat de la Mer Noire à la Baltique. Il y aura également de grands résultats après le nouvel an. »

C’est qu’il est une chose qu’il faut bien comprendre : la crise change tout. La pandémie a précipité la crise du capitalisme, finie la croissance commencée à la chute du mur de Berlin, avec l’intégration de l’Est de l’Europe, avec la Chine devenant l’usine bon marché du monde. Cela a été une croissance formidable d’ailleurs, améliorant incroyablement le niveau de vie, mais provoquant des choses incroyables, tel le réchauffement climatique, une condition animale dantesque, des pollutions chimico-industriels monstrueuses, une aliénation immense, une exploitation au travail incroyablement renforcée aboutissant à des crises nerveuses sans pareil.

Les gens pètent un plomb dans un tel système qui, à bout de souffle, va à la guerre, car pour obtenir une expansion, il faut conquérir de nouveaux espaces, dans la mesure où la pression capitaliste sur les travailleurs ne suffit pas et qu’on a beau développer des choses absurdes comme les LGBT ou l’art contemporain, il n’y a pas assez de nouveaux marchés qui s’ouvrent.

L’appel téléphonique Joe Biden – Vladimir Poutine, avec les deux ne faisant même pas l’effort de se rencontrer, est donc d’une importance historique. Ses conséquences peuvent être immenses et s’annoncent immenses. Il faut se rappeler qu’il n’y a pas eu de conflit majeur impliquant deux pays dans leur ensemble, sur un vaste territoire, littéralement depuis la guerre du Golfe en 1991. Alors, là, en Europe même, qu’en résulterait-il ? Un effondrement des bourses, une panique des entrepreneurs, une angoisse des populations, un désarroi de nations entières comme l’Ukraine et ses voisins.

Et une fois qu’une telle entreprise a été réalisée, on peut encore plus aisément recommencer, on aurait alors encore plus de pression militaire, belliciste, à Taiwan avec la Chine, en Arménie avec l’Azerbaïdjan, sans parler des conflits Grèce-Turquie, Serbie-Kosovo, Maroc-Algérie… des troubles très graves en Bosnie, des instabilités dans nombre de pays africains… et la liste est très longue encore.

L’appel téléphonique Biden-Poutine est peut-être un tournant historique ; dans quelques années, on dira : c’est là que le drame a commencé, que la crise a basculé dans une troisième guerre mondiale au long cours, avec comme point culminant la bataille sino-américaine.

C’est de cela dont on parle. Et les masses sont totalement endormies, sans conscience du cauchemar qu’elles sont en train de vivre !