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Guerre

L’armée ukrainienne et l’idéalisme activiste nazi en Europe

L’armée ukrainienne est le principal vecteur de l’activisme d’extrême-Droite.

En ce tout début du mois d’avril 2023, la mort d’un combattant ukrainien a été annoncé, Modzhahed. Il était musulman et combattait à Bakhmout.

Avant d’être musulman, Modzhahed, Daniil Liashuk de son vrai nom, était un néo-nazi biélorusse.

Lors de la guerre en Ukraine dans le Donbass à l’issue de la révolte pro-occidentale du Maïdan de 2013-2014, il avait été membre du bataillon « Tornado ». Ce bataillon était allé tellement loin dans la torture et le massacre de civils que même le nouveau régime ukrainien avait été obligé d’en juger les membres. Daniil Liashuk a été condamné à dix ans de prison en 2016 et libéré en 2021.

La fascination pour l’Islam est très présente dans l’extrême-Droite de l’armée ukrainienne. On voit souvent ensemble des barbus levant le doigt et des gens au look nazi affirmé. On est ici dans le nihilisme et la fuite en avant.

Un exemple très parlant est Denis Kapustine, se faisant appeler Denis Nikitine. Lui aussi n’est pas ukrainien, c’est un Russe. Il a vécu en Allemagne, pays qui a interdit son entrée dans l’Union européenne depuis 2019.

Denis Nikitine avait monté « White rex », une marque d’habits très connue dans la scène néo-nazie en raison de la mise en place de nombreux et importants combats de MMA. Elle été fondée en 2008 et a existé pendant une dizaine d’années, jouant un rôle incontournable pour le développement de l’idéologie prônant les muscles et l’assassinat au service du racisme.

Denis Nikitine a joué un rôle essentiel comme intermédiaire entre les nazis ukrainiens d’Azov et l’extrême-Droite européenne. Il rejoint d’ailleurs Azov en 2017, s’installant à Kiev.

Depuis, Denis Kapustine a mis en place le Corps des Volontaires russes de l’armée ukrainienne. Le logo reprend un symbole de « l’armée de libération russe » mise en place par l’armée allemande pendant la seconde guerre mondiale.

La Russie a toujours assumé d’être multi-ethnique et les néo-nazis russes assument pour cette raison une démarche « accélérationniste ». Ils pensent que le découpage de la Russie permettra l’instauration d’une Russie ethniquement « pure ».

Ce corps de volontaires a notamment réalisé une incursion en Russie, début mars 2023, depuis l’Ukraine. Dans l’opération, un jeune russe de 10 ans a été blessé. Denis Nikitine s’est moqué de lui apprenant que sa mère était une Tatar de Crimée venue du Tadjikistan. Il a posé sur un réseau social une image d’une famille en tenue nationale tadjuk avec des croix gammées formant un halo au-dessus des parents et des enfants, écrivant « La Russie sera aryenne ou sans vie ».

Très logiquement, un des porte-paroles des Services secrets de l’armée ukrainienne, Andrey Yusov, a présenté ce Corps de volontaires russes comme « une des forces qui formeront la nouvelle configuration de la Russie post-Poutine ».

Il est en effet évident que, puisque le but du capitalisme est de stopper le Socialisme, il est absolument parfait qu’une idéologie se répande en Europe poussant à la mise en place de structures provocatrices et menant des agressions.

En ce sens, l’armée ukrainienne est le principal vecteur de l’activisme d’extrême-Droite. Des cadres nazis de différents pays vont voir Azov, qui est une composante même de l’armée. Ils participent pour certains aux combats. Ils reviennent dans leur pays. Ils diffusent un style bien précis.

En France, « Ouest casual » (dont le logo est aux couleurs de l’Ukraine) est le principal acteur de ce nihilisme provocateur.

KOTS signifie « King of the streets », le roi de la rue, et désigne une entreprise organisant des combats ultra-violents de MMA sans règles et sans rounds

De tels gens, de telles structures ne représentent pas du tout une menace de prise de pouvoir, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens sincères mais pris au piège. Car il est évident qu’au début du 21e siècle aucun projet raciste ne peut devenir majoritaire dans un pays d’Europe.

Le but de tels fous furieux est d’obnubiler, d’empêcher d’avancer de manière autonome à Gauche.

C’est pourquoi depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, il y a des attaques de la part de ces structures contre des syndicalistes et des étudiants. Il s’agit d’accaparer l’attention, de troubler les esprits, de perturber, d’amener dans des voies de garage.

Ces structures parasitent les esprits, apportent la confusion, par le spectaculaire et l’ultra-violence. Et le fond même de la démarche de ces structures sert clairement le chaos et le nihilisme, donc les intérêts de la superpuissance américaine qui profite de la déstructuration générale des pays capitalistes occidentaux pour mieux les satelliser.

La superpuissance américaine profite ainsi sur tous les tableaux au niveau culturel et idéologique.

Elle a avec la « Gauche » française des idiots utiles du libéralisme, diffusant le relativisme mercantile, le culte de l’identité maxi-individualiste en mode LGBT, les migrations (pour en réalité amener une main d’œuvre corvéable à merci)…

Bref toutes les inventions de la « gauche » américaine universitaire.

Et elle a avec l’extrême-Droite activiste des idiots utiles jouant le rôle de provocateurs sans perspective, de contributeurs au militarisme dans le cadre de l’Otan, d’agents de décomposition sociale et politique dans une France à encore plus satelliser.

C’est l’effondrement civilisationnel en France, accompagné par la superpuissance américaine.

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Politique

La France se décompose en mars 2023

La société française est totalement pourrie.

Les Français sont des hypocrites ; ce n’est pas pour rien qu’ils n’ont jamais assumé le protestantisme pourtant né chez eux avec Jean Calvin, et qu’ils ont toujours préféré le catholicisme où, au moins, on pouvait se repentir après avoir fait le contraire de ce qui était demandé.

Quiconque regarde par la fenêtre, dans la rue, au travail, à l’école, où qu’il veuille, ne peut pas ne pas voir que la France se décompose, que plus rien ne tient. Le niveau culturel s’effondre, les gens se contentent du superficiel et développent même un goût pour le superflu. Chaque Français rêve de gagner des millions au loto pour se contenter de se laisser vivre en profitant du luxe.

Autre constat : la violence dans la société s’est effondrée. La violence directe, l’agressivité des années 1970-1990 a pratiquement disparu, mais la violence sociale a explosé. On ne risque plus de se faire tabasser au commissariat, mais toute la société tabasse la psychologie, les nerfs, les sentiments. La vie quotidienne est méchamment ardue.

Mais les Français ne l’assument pas. Ils masquent la réalité, car ils comptent encore profiter jusqu’au maximum d’être au chaud en occident. Le pays se tiers-mondise ? Qu’importe si « moi » je peux encore en profiter. Tant pis pour les autres !

C’est cela qui explique cette ambiance années 1930 qui suinte du mouvement actuel contre la réforme des retraites. On n’y trouve strictement rien relevant de la Gauche historique. C’est la Droite qui s’exprime partout. Marches aux flambeaux… Incendie d’effigies de personnalités politiques… Anti-parlementarisme avec ciblage de permanences d’élus… Virilisme des « minorités agissantes » lors des manifestations… Esprit ouvertement corporatiste avec un refus catégorique d’élargir le champ des revendications…

On voit mal comment Marine Le Pen ne va pas profiter de manière prononcée de la séquence en cours. Nous vivons pratiquement un Février 1934 conforme à l’esprit de notre époque : sur un mode syndical occidental, mou, aigri, délétère, acide. On pensait qu’avec les gilets jaunes, ces chemises noires ne s’assument pas, on ne pouvait pas vraiment faire pire… Eh bien si ! Les beaufs du syndicalisme ont réalisé cet exploit.

Ce qui nous pend au nez, c’est le scénario italien des années 1920. L’agitation sociale échoue, et même si elle n’a pas été « révolutionnaire », elle fait suffisamment peur à la bourgeoisie qui craint une progression du niveau de conscience historique des masses. Alors, ce qui s’ensuit, c’est la victoire électorale de l’extrême-Droite. Puis un tour de vis massif et l’instauration d’un régime, à peu près le même, et pourtant différent, pour aller à la guerre.

On dira qu’il n’y a pas de milices d’extrême-Droite aujourd’hui. C’est vrai, il n’y a que quelques regroupements totalement déconnectés de la réalité. Mais il n’y a même pas besoin de telles milices, car la Gauche historique – la seule réelle menace pour la bourgeoisie – est inexistante ou presque en France. Ce n’est pas La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui va prendre l’Élysée par les armes et instaurer le Socialisme. Et de toutes façons les masses ne veulent rien savoir, elles ne veulent pas de la politique, elles veulent qu’on les laisse tranquilles et que chacun puisse continuer sa petite vie.

Le mouvement contre la réforme des retraites auquel on assiste est une infamie, une insulte aux exigences de l’Histoire. Nous l’avions dit dès le départ. Et il n’a pas fini de continuer à s’enfoncer. Cela va empirer.

Rien de toute ça n’empêchera toutefois la résurgence inéluctable de la Gauche historique ! C’est la crise générale, la France s’effondre, les compteurs sont remis à zéro, et il faut boire le calice de la corruption occidentale des masses jusqu’à la lie, voilà tout. Demain sera entièrement différent politiquement.

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Réflexions

L’échec de l’extrême-Droite française reflète que la France relève du second monde

La France est une puissance en déclin.

La France est un pays où les gens fuient la réalité. Même l’extrême-Droite, pourtant normalement volontariste, a fui le conflit militaire en Ukraine, afin de soigneusement éviter d’avoir à soutenir la Russie. Des figures comme Eric Zemmour et Marion Maréchal auraient pu se poser en grands rebelles gaullistes en rejetant l’OTAN et les sanctions contre la Russie, mais ils ne l’ont surtout pas fait.

Il existe une base objective à cela : le déclin de la France, son déclassement, son incapacité à produire une extrême-Droite néo-gaulliste conséquente. Les traditions sont là, notamment dans l’armée, jamais elles ne s’expriment de manière prolongée, structurée, profonde. Le néo-gaullisme n’arrive pas à émerger, alors que logiquement on devrait le voir se développer à grande vitesse.

Pour saisir cette question, on peut se tourner vers la théorie des trois mondes exposée par la Chine de Mao au début des années 1970. Mao résume cette conception selon quoi « trois mondes se dessinent » comme suit :

« Je pose que les États-Unis et l’Union Soviétique appartiennent au premier monde. Les éléments du milieu, comme le Japon, l’Europe, l’Australie et le Canada, appartiennent au second monde. Nous sommes le troisième monde (…).

Tous les pays asiatiques, excepté le Japon appartiennent au troisième monde. Toute l’Afrique et également l’Amérique latine appartiennent au troisième monde. »

La Chine soulignait ainsi qu’il existait des contradictions entre les superpuissances et les pays du second monde, malgré le fait d’être tous capitalistes (pour la Chine de Mao l’URSS était une superpuissance où le capitalisme avait été rétabli à la mort de Staline). Les pays du second monde étaient aspirés par l’hégémonie des superpuissances, mais en même temps cherchaient à secouer leur joug. Les pays du tiers-monde ou troisième monde connaissaient un même processus, mais de manière encore plus marquée.

C’est par exemple pourquoi la Chine de Mao avait de bons rapports diplomatiques avec la France de De Gaulle, tout en soutenant la contestation étudiante de mai 1968 (dénoncée par le PCF et la CGT), car la France exprimait de manière prononcée une contradiction avec la superpuissance américaine.

Si l’on prend ce schéma et qu’on le projette en 2022, on a les États-Unis et la Chine comme superpuissances, et on a la France comme relevant toujours du second monde, à ceci près qu’elle a beaucoup perdu de sa force capitaliste. Le gaullisme, si puissant dans les années 1960-1980, s’est largement effacé ; il n’y a plus de bourgeoisie s’alignant sur cette idéologie. La bourgeoisie s’est largement macronisée, s’est façonné dans un style conforme aux intérêts du capitalisme américain.

Vladimir Poutine, en Russie, dénonce principalement cela. Lorsqu’il vante la religion orthodoxe russe et dénonce la décadence occidentale, il défend les intérêts de la bourgeoisie russe en disant aux bourgeois russes : attention, si vous vous alignez culturellement sur le capitalisme occidental, vous vous effacerez devant leurs dispositifs économiques et serez satellisés. Comme la bourgeoisie russe est soumise à une oligarchie liée à l’État, Vladimir Poutine a pu concrétiser cette démarche de rupture.

Un tel processus n’a pas lieu en France. Il n’y a pas eu de secteur de la bourgeoisie française exigeant, en accord ou en soumission avec une partie ou toute la haute bourgeoisie, que la France assume une autonomie stratégique la plus grande possible. La France est du second monde mais son rang est tellement bas que la soumission au premier monde est devenue majeure, voire complète si l’on prend que l’armée française, aujourd’hui, ne peut tout simplement plus être découplée de l’OTAN.

Le gaullisme avait justement bien fait en sorte que l’armée française soit indépendante, tout en étant liée à l’OTAN. Désormais, sans l’OTAN, l’armée française n’est plus en mesure de se projeter, de formuler d’interventions réelles. La dépendance militaire sur le plan stratégique est patente. Cela reflète et découle à la fois du fait que la France relève du second monde, de manière profondément marquée.

L’Allemagne connaît le même processus et s’aligne militairement entièrement sur la superpuissance américaine depuis deux mois. La différence est qu’il existe une grande agitation contre cette tendance, de la part de l’extrême-Droite et de représentants de la Gauche historique comme Sahra Wagenknecht, qui sont ici en grande concurrence.

En France, l’extrême-Droite s’est alignée sur l’OTAN et les milieux nationalistes agressifs soutiennent directement le régime ukrainien. Ce faisant, l’extrême-Droite converge avec la mise en orbite de la France autour de l’astre américain. Stratégiquement, la France est désormais un satellite américain.

L’échec de l’extrême-Droite reflète le statut de la France, pays du second monde en perte totale de vitesse.

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Politique

L’extrême Droite a loupé le train de l’histoire…et c’est tant mieux

Pour la sortie de l’OTAN, place à la Gauche historique.

Sur agauche.org qui suit en long et en large depuis maintenant avril 2021 le conflit en Ukraine, il n’a pas été cessé de rappeler que cette guerre, loin d’être une fantaisie sortie de la tête de Poutine, relevait d’une tendance générale à la guerre de repartage du monde.

Chaque jour confirme cela et il va sans dire qu’une telle réalité amène fatalement les choses à prendre des tournures d’importance. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’on fait de la politique : nier ou contourner la guerre en Ukraine dans ses implications totales, c’est se couper de l’Histoire en marche.

Cela, les lecteurs assidus d’agauche.org l’ont bien compris. Ce qui amène à cette autre question qui ne manque d’émerger : si la politique est dorénavant conditionnée à des prises de positions sur ce conflit, qu’en est-il de l’extrême Droite ? Car force est de constater que l’extrême Droite qui a repris le flambeau du néo-gaullisme soulève une pierre trop grande pour elle, pour ne pas dire insoutenable en pratique comme il l’a été dernièrement remarqué.

Oui mais alors, au-delà de l’impossible néo-gaullisme du fait de ses vaines prétentions d’indépendance nationale, l’extrême Droite n’est-elle pas vue comme une force pro-russe ? Question tout à fait sérieuse et qui montre le rouleau compresseur de l’histoire en marche. Car oui, plus qu’être vue comme telle, l’extrême Droite a toujours entretenu des liens directs avec le régime de Poutine. Cela s’explique notamment par sa défense d’un ordre traditionnel-conservateur contre un occident « dégénéré » (et en réalité capitaliste décadent).

A moins d’être de mauvaise foi, l’extrême droite ne peut qu’admirer le discours critique de Poutine contre la propagande LGBT et la transformation des états civils en « parent n°1 et parent n°2 ». D’ailleurs, c’est pour cette raison que Marion Maréchal accompagnée de Thierry Mariani et d’André Kotarac, alors cadre de LFI, se rendaient en Crimée au Forum économique de Yalta en avril 2019.

« Je ne suis pas d’accord avec Mariani et Maréchal sur de nombreux sujets. Mais sur la défense de la souveraineté et sur la nécessité de s’allier à la Russie, je suis d’accord », disait Andréa Kotarac, qui devait passer au Rassemblement National quelques jours après ce voyage en Crimée.

En dehors des (très minoritaires) nationalistes-révolutionnaires qui soutiennent depuis 2014 les clans néo-nazis intégrés dans l’armée ukrainienne, donc l’OTAN, l’extrême Droite française est évidemment pro-russe, comme preuve renouvelée de son impossible néo-gaullisme.

Mais le problème historique, c’est bien que cette extrême Droite française s’est couchée et pas qu’un peu. Il peut bien y avoir des prises de position individuelles de-ci, de-là, et il est fort à parier que les discussions en « off » soient critiques de l’OTAN et des États-Unis. Il n’en reste pas moins vrai que l’Histoire ne se fait pas « en coulisse » mais devant la face du monde et sur ce terrain là, l’extrême Droite française a choisi de s’aligner sur l’OTAN et les États-Unis.

Aucun député RN, pas plus que LFI, n’a eu le courage de ne pas applaudir et de refuser de soutenir l’ambassadeur ukrainien lors de la session de rentrée parlementaire du 3 octobre. Voilà tout, fin de l’histoire. Mais maintenant, qui prendra au sérieux demain le RN ouvertement pro États-Unis et pro-OTAN ? De la même manière que la chance de se « rattraper » en réassumant ouvertement son soutien à la Russie s’éloigne toujours plus, à tel point que l’on peut dire qu’elle est même définitivement passée.

De fait pour l’extrême Droite, son espace-temps politique aurait été d’assumer le positionnement pro-russe, en attendant que justement l’histoire, toute l’Histoire se déroule, mais cela demandait d’être contre vents et marées. Et l’extrême Droite est une force bien trop corrompue pour assumer un quelconque antagonisme. Il suffit de voir le vacarme populiste qu’elle fait à propos de l’horrible meurtre de la jeune Lola alors même qu’elle reste silencieuse sur le fait que l’on est au bord d’une guerre mondiale, pour voir qu’elle a été court-circuitée par l’histoire.

Le souci pour l’extrême Droite, c’est que le soutien pro-OTAN, pro-États-Unis relève historiquement du camp libéral et social-libéral. Robert Ménard, lui ne s’y est pas trompé et a depuis le 24 février 2022 rejoint de manière assumée le camp pro-OTAN, quand bien même il fut ces dernières années un des acteurs importants de la dite « droite hors les murs » qui réunissait en réalité les forces pro-russes tels Mariani et Maréchal. Voici par exemple ce que déclarait Marion Maréchal lors du Forum économique de Yalta de 2019 :

Les Russes se souviennent de mes positions dans le débat français, loin de celles de l’élite libérale. Ils invitent les acteurs européens qu’ils perçoivent comme de bons interlocuteurs pour eux.

Même si cela était visible avant, il est maintenant évident que la guerre en Ukraine comme expression de la tendance à la guerre de repartage mène à la polarisation entre la superpuissance américaine et la superpuissance chinoise. Les puissances de second ordre, tels que la Russie, la France, l’Italie, etc., n’ont plus les moyens de leur indépendance et doivent obligatoirement se positionner sous tel ou tel giron au risque de perdre tout crédit.

A moins d’être fidèle à la Gauche historique et de refuser ce réalisme capitaliste, au nom de valeurs réelles, historiques, révolutionnaires.

Le fait même que l’extrême Droite ait loupé le coche met ainsi sur le devant de la scène le retour de la Gauche historique comme force de proposition en France – à condition de comprendre que l’aspect principal de l’évolution du monde, c’est l’affrontement sino-américain pour l’hégémonie mondiale.

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Politique

L’extrême-Droite conquiert le Nord-Isère

C’est un symbole de l’avancée du nationalisme.

La sixième circonscription de l’Isère est une zone connue pour l’implantation de l’extrême-Droite dans ce département voisin du Rhône et de la métropole lyonnaise.

Ce qui frappe lorsqu’on regarde les choses de manière générale, c’est comment Grenoble est une ville gagnée par les classes moyennes, ou bobos, liées à la dynamique de la NUPES, avec notamment Eric Piolle comme maire depuis 2014, alors que le Nord du département, bien plus populaire, voire ouvrier, enregistre des scores élevés pour l’extrême-Droite.

On y retrouve des villes comme Pont-de-Chéruy qui compte un peu plus de 5 000 habitants et attire de nombreuses familles ouvrières venues de la région lyonnaise, attirées par la possibilité d’accéder à un pavillon avec jardin, ce qui n’est pas possible dans la périphérie de la grande ville.

Elles viennent ainsi y chercher la tranquillité des campagnes, loin du bruit et de l’insécurité propre aux grandes villes, la banlieue lyonnaise étant située à 30km. Une partie des gens continue ainsi à travailler dans l’agglomération lyonnaise, tout en vivant à la campagne iséroise.

Nous avions d’ailleurs déjà largement présenté la situation à propos des élections municipales 2020 dans l’article « Municipales: la pression de l’extrême-Droite en Isère » dans lequel il était remarqué comment le Nord-Isère était une campagne populaire où existe un certaine base pour l’activisme néo-nazi sur fond de renforcement du vote pour le camp de l’extrême-Droite traditionnelle.

C’est au cœur de cette zone, à Charvieu-Chavagneux que le 6 novembre 2021 Eric Zemmour est venu dédicacer son livre devant 2 400 sympathisants, avec l’accord du maire de la ville Gérard Dézempte, issu de la Droite traditionnelle mais ayant basculé à l’extrême-Droite lors de l’élection présidentielle 2017. D’ailleurs, les trois directeurs de cabinets de Gérard Dézempte sont tous proches de Marion Maréchal et de l’ISSEP, son école lancée en 2018 à Lyon.

C’est donc en toute logique que le Rassemblement National a placé un de ses cadres locaux, Alexy Jolly. Élu conseiller municipal dans le bastion PCF d’Echirolles mais aussi à la métropole grenobloise, également conseiller régional depuis 2021 et responsable départemental du RN de l’Isère, Alexis Jolly n’a cessé de chasser sur le terrain de la Gauche historique pour s’implanter.

Et sans une Gauche précisément ancrée dans ses fondamentaux, le boulevard était énorme dans cette 6e circonscription iséroise acquise aux idées populistes depuis les années 1960, notamment avec le passé activiste poujadiste porté par Gérard Nicoud du CIDUNATI.

Dans les petites villes du Nord-Isère, Marine Le Pen a obtenu des scores élevés lors du second tour de l’élection présidentielle, avec par-exemple 54,70 % à Charvieu-Chavagneux, 50,40 % à Chavanoz, 50,60 % à Pont-de-Chéruy, 49, 20 % à Morestel ou encore 55, 80 à Salagnon.

Le terrain était donc plus que propice et finalement Alexis Jolly devient le premier député Rassemblement National de l’Isère, avec pratiquement 51 % des suffrages exprimés. L’extrême-Droite progresse donc sensiblement puisque le maire de Charvieu-Chavagneux, Gérard Dézempte, faisait 15 022 voix au second tour de l’élection législative en 2017, Alexis Jolly gagnant 3 645 voix avec 18 667 voix en 2022.

Et il faut voir à quel point la député sortante, candidate de la majorité présidentielle Cendra Motin est à côté de la plaque, en déclarant :

J’y vois un message adressé à la majorité de la part des électeurs. Pour moi, c’est plus un message de désespoir, de colère et un une demande d’attention. C’est plus tout cela qu’un vrai message d’accord avec le parti de Marine Le Pen.

C’est là un discours stéréotypé, qui voit les classes populaires comme incapables de faire un choix allant dans une direction donnée, mais devant forcément être marqué par l’emprise émotionnelle et le misérabilisme.

Or, justement le drame, c’est qu’il y a là un choix, certes fait en faveur d’un candidat aux propositions nationalistes démagogiques, mais qui se veut rationnel et constructif.

Aux yeux des ouvriers votants, ce qui compte, c’est que le candidat nationaliste puisse garantir la tranquillité des choses, qu’il préserve un cadre de vie fraîchement conquis, bref qu’il garantisse la continuité de mentalités prolétariennes prisonnières d’un rêve bourgeois sans pour autant être des bourgeois…

De fait, l’élection d’Alexy Joly, premier député RN de l’Isère, atteste de la recomposition en cours de la Droite et de l’extrême-Droite, avec un Rassemblement National qui s’implante comme une force en mesure de proposer une solution considérée comme crédible par les éléments stabilisés de la classe ouvrière.

Et plus généralement, lorsqu’on connaît l’activisme des franges ultra de l’extrême-Droite autour du secteur, on voit se dessiner un modèle franquiste, avec des éléments marginaux activistes s’activant dans l’ombre du travail institutionnel d’une grande force national-conservatrice qu’est le RN.

C’est une leçon de l’époque.

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Un néo-nazi français meurt dans les rangs de l’armée ukrainienne

On parle ici de terroristes.

Selon sa mère, Wilfried B. de Bayeux était simplement parti en voyage humanitaire pour aider l’Ukraine, et se serait attaché aux gens. En réalité, c’était un militant néo-nazi assumant la ligne terroriste et s’engageant par conséquent dans les rangs des nationalistes ukrainiens les plus furieux. Le voici avec le drapeau noir et rouge des banderistes – les partisans de Bandera – et le symbole de la « misanthropic division », le mouvement néo-nazi nihiliste né en Ukraine, qui sert d’ailleurs de relais européen pour les nationalistes ukrainiens d’Azov.

Un compte de la « misanthropic division » sur les réseaux sociaux le présente d’ailleurs comme un

« fier membre de la WSMDivision, légionnaire français, homme qui a combattu contre le bolchévisme et les antifascistes toute sa vie ».

Le message dit encore :

« Notre frère d’armes est mort le 1er juin en défendant l’Europe et l’Ukraine des hordes asiatiques. Il est mort en homme avec un AK dans les mains lors d’un bombardement russe dans la région de Kharkiv (…). Wilfried, ton nom ne sera pas sur les monuments des morts pour la France et pourtant, nous louons le jour où nous serons assez dignes pour le rejoindre au Valhalla, le paradis des guerriers tombés au combat. »

Le discours sur les « hordes asiatiques » que représenterait la Russie est tout à fait classique de l’extrême-droite ukrainienne, voire du régime lui-même, qui considère que les vrais successeurs de la Rus’ médiévale, c’est l’Ukraine, la Russie étant une sorte d’anomalie semi-asiatique.

Pour porter un symbole de la « misanthropic division », il faut effectivement s’être lancé à 100% dans le néo-nazisme le plus nihiliste, de facture terroriste. On a un excellent profil de ces néos-nazis dans les photos de l’article « Le label La barricade et Misanthropic Division Vinland : un véhicule pour le mouvement néonazi international au Québec« .

On ne parle pas ici soldats perdus devenant des pèlerins du néant car soutenant une « cause perdue » erronée, ni de nationaux-révolutionnaires petits-bourgeois au romantisme raté. On parle de furieux fanatique des armes et du combat rapproché, avec qui aucune discussion n’est possible. Les trois seuls principes de la « misanthropic division » sont porter une arme, cacher son visage, rester et agir en groupe. On est dans la démarche des fraternités virilistes racialistes adeptes d’un paganisme justifiant tout et n’importe quoi.

N’importe quel régime démocratique digne de ce nom s’en débarrasserait le plus rapidement possible, ces gens étant non seulement des criminels en puissance, se formant pour l’être de la pire manière qui soit, mais également déjà des acteurs virulents du fascisme. Si d’ailleurs ce néo-nazi français mort en Ukraine était revenu vivant, il aurait inévitablement profité de son expérience militaire pour renforcer les activistes de son type.

Il faut d’ailleurs s’attendre à une montée en puissance du terrorisme nationaliste, qui est désormais coupé de l’extrême-Droite jouant le jeu électoral. On va avoir en France, comme dans l’Espagne des années 30, une Droite virulente, un terrorisme nationaliste provocateur et agressif, avec une armée aux aguets pour profiter de la situation.

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Alexandre Douguine, la guerre en Ukraine et l’extrême-Droite française

Un renouveau idéologique est à craindre.

La question des idéologies permettant à l’extrême-Droite de se développer est très importante, car c’est un levier incontournable pour la démagogie, la mobilisation de masse, un programme de nationalisme et de militarisme. Pour combattre le fascisme, il faut saisir la nature idéologique du projet fasciste et cela demande une réflexion intellectuelle développée.

C’est que le fascisme est compris par la Gauche historique non pas comme un accident politique ou un gang de racistes, mais comme une tendance produite par le capitalisme en crise. Le fascisme répond à un besoin des couches dominantes et l’anticapitalisme romantique est une dimension obligatoire pour mobiliser les masses et les empêcher de se tourner vers le Socialisme.

Or, avec la guerre en Ukraine, l’ensemble des prétendants à objectivement représenter le fascisme a grandement reculé sur ce plan. Ni Marine Le Pen ni Eric Zemmour n’ont assumé une rupture avec l’OTAN et la politique française nationaliste, ils sont accepté de dénoncer la Russie et de converger avec les États-Unis, tout en ayant des critiques bien entendu. Ils auraient pu profiter de l’invasion russe pour pousser le raisonnement jusqu’au bout et proposer un « contre-modèle » idéologique, avec une forte dimension pseudo-anticapitaliste, ils ne l’ont pas fait.

Cela laisse un espace de libre, mais du côté des regroupements activistes, la référence c’était le mouvement Azov, donc l’Ukraine, l’option russe étant ainsi bloquée. Quant à ceux ayant apprécié les républiques séparatistes du Donbass, ils sont partis là-bas pour la plupart.

Il faut donc s’attendre à un renouveau idéologique à l’extrême-Droite, sur la base de l’idéologie « eurasianiste », comme vecteur « anticapitaliste » si la Russie réussit son entreprise en Ukraine. Car le grand théoricien de cette idéologie, Alexandre Douguine, connaît de fait son heure de gloire avec « l’opération » menée par la Russie, qu’il appelait depuis 2014 de ses vœux, ayant même été mis de côté en Russie pour cette raison.

Depuis 2014 en effet, Alexandre Douguine appelle à établir une « nouvelle Russie » dans le Sud-Est de l’Ukraine afin de se se confronter aux forces « thalassocratiques », commerciales et maritimes, la Russie étant le représentant des forces « telluriques », ancrées dans le sol, enracinées. Ce serait Sparte contre Athènes, Rome contre Carthage.

Ce qui semblait hier avoir a mieux une fonction de simple légitimation de l’invasion russe (voir L’expansionnisme russe anti-ukrainien et sa base idéologique «eurasienne») semble devenir dans les faits une idéologie stratégique russe en tant que telle.

Et on peut voir que trois structures fascistes françaises cherchent à entrer dans la brèche, au prix de contorsions immenses.

Il y a tout d’abord le mouvement Egalité & réconciliation d’Alain Soral, qui cherche à sortir de son isolement provoqué par la pandémie dont la dimension mondiale a disqualifié la lecture paranoïaque antisémite sur un contrôle total du monde par les Rothschild. Une guerre entre grandes puissances, incompréhensible si une « entité » domine le monde, devrait faire de même, mais le mouvement est isolé et prêt à changer relativement sa vision du monde pour apparaître comme « visionnaire ».

Il y a ensuite une petite structure intellectuelle – élitiste de type « national-bolchevik », dont on s’abstiendra de donner le nom ici, qui y verrait bien un moyen d’avoir une dimension « sulfureuse ».

Il y a enfin la revue de la « nouvelle Droite » Elements, qui tente de reformuler le national-socialisme, et qui a donné naissance idéologiquement aux « identitaires ». Complètement hors-jeu elle aussi, elle se verrait bien converger u moins un minimum avec la Russie, comme en témoigne ces propos élogieux et explicatifs d’une idéologie eurasianiste qui pourtant n’a rien à voir avec le fantasme sur les « Indo-Européens » qui caractérise Elements depuis cinquante ans :

« D’un point de vue idéologique, cette guerre [de la Russie conte l’Ukraine], en coupant tous les ponts entre la Russie et l’Occident, marque la victoire des courants néo-eurasianistes et avant tout de leur chef de file, Alexandre Douguine.

Celui qu’on aurait pu prendre pour un intellectuel velléitaire et fantasque, sans véritable prise sur la politique étrangère russe ou pour un émissaire dans la stratégie russe de soft power vis-à-vis de la Droite « illibérale » européenne s’avère être peut-être la clef de cette invasion qui déjoue tous les calculs rationnels (…).

Le néo-eurasianisme part d’un questionnement qui traverse toute l’histoire russe : la Russie est-elle un « État européen » ou une « civilisation » à part ? Le premier Poutine avait voulu faire de la Russie un membre de la famille européenne. L’extension indéfinie de l’OTAN à l’Est semble l’avoir conduit à trancher définitivement en faveur du deuxième terme de l’alternative.

La critique poutinienne de la décadence postmoderne prend ici un nouveau relief à la lumière de la pensée de Douguine lequel a, depuis des années, œuvré à construire une « Quatrième Théorie Politique » qui serait pour la Russie une alternative au libéralisme, au fascisme et au communisme.

Idéologiquement, Douguine réalise une improbable synthèse des penseurs de la Tradition (Guénon et Evola notamment) et de la philosophie de Heidegger, en faisant du Dasein heideggérien, de l’homme ouvert au mystère de l’Être, le sujet fondamental de sa doctrine politique.

L’originalité de sa pensée tient néanmoins surtout au fait que cette vision antilibérale, qui s’inscrit à sa manière dans la tradition contre-révolutionnaire, se traduit dans une vision géopolitique. Faisant sienne la théorie schmitienne des « grands espaces », mais adoptant un point de vue proprement russe sur elle, Douguine prône l’avènement d’un monde multipolaire dont la Russie serait un des pôles, en même temps qu’une alliance des puissances telluriques comme la Chine, l’Iran, la Turquie voire l’Inde contre les puissances thalassocratiques que sont les Etats-Unis et leurs alliés.

Derrière cette opposition, en apparence sommaire, se profile celle entre un monde de l’enracinement et celui de la dissolution, Tradition contre postmodernité. Toute cette construction pouvait sembler un château de cartes intellectuel – un bon connaisseur de l’œuvre de Guénon pouvant parfois se demander ce que ce dernier fait en si étrange compagnie – mais c’était avant la guerre d’Ukraine qui voit, sous nos yeux, Poutine, le patient joueur d’échecs se métamorphoser en figure quasi-messianique du néo-eurasianisme. »

Cette conception d’une « quatrième théorie politique », c’est Eric Zemmour et surtout Marion Maréchal qui convergent le plus avec elle. Il y a ici une véritable menace idéologique en germe. Il ne s’agit bien entendu pas de la possibilité que les Français s’alignent sur l’idéologie « eurasianiste », cela est impossible. Mais il s’agit de bien cerner comment les intérêts des hautes bourgeoises en compétition au niveau international génèrent des idéologies qui résonnent entre elles selon les alliances et les besoins de mobiliser dans le nationalisme et le militarisme.

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Politique

Les motivations de la dissolution des « Zouaves Paris »

Le ministre de l’Intérieur a publié un décret très motivé contre un groupement fasciste.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmin a décrété mercredi 5 janvier 2022 la dissolution de la bande de fascistes néo-nazis « les Zouaves Paris ». Voici l’exposé des motifs, qu’il a d’ailleurs lui-même publié avant la parution officielle du décret. La motivation du ministre, sur instruction du Président de la République, est extrêmement politique, avec en préambule la question de la violence, puis surtout une vigoureuse condamnation idéologique et culturelle sur le fond.

L’argumentaire est extrêmement détaillé, montrant que les services de police français connaissent bien leur dossier (il en est de même en ce qui concerne l’ultra-gauche, malgré ce que ces gens s’imaginent). On remarquera par ailleurs l’emploi du terme « antifa » sans guillemets pour évoquer les groupuscules d’ultra-gauche opposés à l’ultra-droite, banalisant ainsi leur existence et leur nomination sous ce terme. On remarquera également une défense évidente de l’idéologie LGBT ainsi que l’usage de la notion post-moderne (typique de l’idéologie LGBT) d’« identité de genre ».

En tant que libéral, membre d’un gouvernement dont le fondement est la défense et le renforcement du capitalisme « entrepreunarial », Gérald Darmanin ne s’oppose évidemment pas au fascisme au nom du Socialisme. Toutefois, la ferveur de son exposé antifasciste, notamment sur la question du racisme (« les Zouaves Paris » sont des suprémacistes « blancs » et des antisémites assumés) montre bien la grande erreur que fait l’ultra-gauche (et parfois la Gauche elle-même) d’associer Emmanuel Macron et son gouvernement au fascisme, ou en tous cas à relativiser sa différence d’avec l’extrême-Droite.

Voici le texte [le ministre n’a pas publié la dernière page avec le décret lui-même, qui ne consiste probablement qu’en un article et une phrase comme d’habitude] :

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Réflexions

La différence entre la Droite, les fachos, le fascisme

Il est essentiel de faire la différence.

Du point de vue la Gauche gouvernementale, des post-modernes et des anarchistes, les gens empêchant de faire ce que l’on veut sont des fachos. C’est un point de vue libéral, anti-collectif, pour qui le Socialisme c’est la caserne, et il n’y a pas lieu de revenir dessus.

Du point de vue de la Gauche historique, le fascisme c’est une « contre-révolution » visant à saboter la lutte de classe des exploités en proposant une « alternative » communautaire nationaliste et militariste, à prétention romantique.

Cependant, et c’est là où il faut être fin, il existe une distinction significative au sein du fascisme. Il y a en effet d’un côté des « conservateurs révolutionnaires », qui veulent un retour en arrière marqué, dans un esprit aristocratique. Ce courant est historiquement extrêmement puissant en France avec le royalisme porté par l’Action française. Marion Maréchal s’y rattache notamment, et évidemment Eric Zemmour.

Voici une image représentant comment ces « conservateurs révolutionnaires » se considèrent comme radicalement différent des fascistes, ce qui est vrai au sens strict.

On remarquera ici que, au sens strict, il n’existe pas de courants fascistes en France. Il en existe en Ukraine notamment, mais il n’y a pas en France de courants fascistes, ou plus exactement il n’y en a plus. Il y avait par exemple le Groupe action jeunesse dans les années 1970, qui à la faculté d’Assas s’affrontait violemment avec le GUD : le « GAJ » était fasciste, le GUD conservateur révolutionnaire. Même Serge Ayoub, avec ses Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, n’était pas un « national-révolutionnaire », mais un « nationaliste révolutionnaire », c’est-à-dire un conservateur révolutionnaire. Au sens strict, le dernier mouvement fasciste en France a consisté en les « nationalistes autonomes » de Picardie, qui ont implosé en raison de leur origine populaire basculant dans le lumpen et par la concurrence violente des conservateurs révolutionnaires.

On notera ici que les fascistes se revendiquent par ailleurs toujours des débuts du fascisme italien et du national-socialisme allemand, considérant qu’après il y a une « trahison » conservatrice révolutionnaire. C’est qu’ils cherchent en pratique, sans le savoir, à concurrencer le Socialisme. Si l’on prend le tableau ici montré, on peut voir que la plupart des éléments correspondent aussi et en fait fondamentalement à la Gauche historique !

C’est pour cela que les anarchistes, les trotskistes, les post-modernes considèrent les tenants de la Gauche historique comme des « fachos ». Ils sont contre l’idéologie, le romantisme (sur le plan personnel, et en fait le classicisme en esthétique), l’État total, l’Homme nouveau, le collectivisme généralisé, etc.

On soulignera par ailleurs que les conservateurs révolutionnaires n’ont pas d’idéologie, mais une doctrine. Tout comme le socialistes français historiquement, ils n’ont pas de corpus bien déterminé. On cherchera en vain des textes de portée idéologique chez Jean Jaurès et Charles Maurras. On ne trouvera que des remarques, des articles contextuels, des points de vue approfondis. Ce n’est pas un système fermé. C’est tout à fait flagrant dans l’approche d’Eric Zemmour par exemple, ou du philosophe Michel Onfray, ou encore de l’écrivain Albert Camus, etc. C’est très français comme approche.

D’où l’accusation toujours faite contre la Gauche historique d’être allemande ou russe. Et permettons de nous dire qu’il serait bien temps sur ce plan d’être allemand ou russe. Car contre le fascisme et ses variantes – conservatrice révolutionnaire – il faut une capacité d’analyse bien développée, une base idéologique solide pour comprendre les choses.

Il faut combattre le fascisme et on ne peut pas combattre ce qu’on ne comprend pas !

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Politique

Le leader des « Zouaves Paris », en passant par l’Ukraine et l’Arménie

L’extrême-Droite activiste est formée.

Les « Zouaves Paris » sont un regroupement de castagneurs comme l’extrême-Droite en a toujours connu ; il s’agit ici d’une sorte de prolongement du GUD basé à la faculté d’Assas et qui n’existe plus depuis quelques années. Et on se dit qu’il ne s’agit que de cela, en particulier quand on voit ce qui s’est déroulé au meeting d’Eric Zemmour du 5 décembre 2021, où celui-ci a lancé son mouvement politique « Reconquête ».

Des gens de SOS Racisme ont en effet tenté le buzz facile en plein meeting en tentant de dénoncer le racisme au moyen de t-shirts (« non au racisme »), ce qui leur a valu une volée de bois vert de la part justement des « Zouaves Paris ». De par la présence très nombreuse de journalistes, tout a été filmé et on se dit qu’ils ont été idiot de faire cela. D’ailleurs, le leader des « Zouaves Paris », Marc de Cacqueray-Valmenier, a été interpellé le 14 décembre 2021.

Or, il faut voir les choses avec bien plus de profondeur, bien plus d’intelligence, c’est-à-dire certainement pas comme les anarchistes et tous les spontanéistes fonçant tête baissée dans les pièges de l’extrême-Droite.

Pourquoi cela ? Parce que l’extrême-Droite activiste en France ne vise pas à la formation d’un mouvement de masse. Sa stratégie n’est pas celle historiquement du fascisme italien et du nazisme allemand. Sa stratégie est similaire au fascisme espagnol : organiser des provocations parallèlement à un mouvement de Droite très dur de type électoral et à une tendance militaire au coup d’État.

Si l’on se dit que l’extrême-Droite activiste vise à recruter, à se présenter de manière un minimum correctement, alors c’est idiot. Si l’on comprend toutefois que son rôle est provocateur-paramilitaire, alors on saisit que c’est parfait. Cela fait du bruit, cela pousse à l’affrontement : c’est la politique de la provocation permanente, une forme perverse de la guerre à l’intelligence.

Pour preuve, regardons ce qu’a fait le leader des « Zouaves Paris ». Lors de l’intervention militaire de l’Azerbaïdjan au Nagorny Karabagh, il s’est précipité là-bas du côté arménien. Il faut des réseaux pour cela, en plus d’une certaine orientation politique. Rappelons qu’Eric Zemmour a choisi justement mi-décembre un voyage en Arménie, pour tenter de présenter ce pays en souffrance comme un rempart chrétien conservateur nationaliste identitaire.

Le leader des « Zouaves Paris » a également fait le voyage en Ukraine, rencontrant toute la mouvance néo-nazie autour du bataillon Azov. Le voici avec Olena Semenyaka, la porte-parole de ce mouvement proposant la « reconquête » de l’Europe, un terme repris… par Eric Zemmour.

Les néo-nazis ukrainiens ont servi d’importante plaque tournante idéologique pour l’extrême-Droite activiste français, en remplacement en quelque sorte du mouvement italien « Casa Pound ». Que ce soit pour la mouvance du « Bastion social », celle des hooligans « indépendants » de « Ouest Casual » ou celle de « Autour du Lac », basée en Haute – Savoie.

Qu’est-ce que cela montre ? Disons les choses directement. La scène « antifa » à la française est composée d’une mouvance sans idéologie, sans perspectives politiques, elle existe de manière spontanéiste, sur une base sociale petite-bourgeoise un jour-là, un autre jour là-bas, sans continuité ni principes.

L’extrême-Droite activiste fait elle de la politique, elle a des orientations, elle suit des stratégies bien précises, d’ailleurs toujours plus élaborées. Elle accompagne une droitisation de la société, l’émergence du mouvement « Reconquête » d’Eric Zemmour, ainsi bien sûr que le « Rasemblement National » de Marine Le Pen.

Il faut donc arrêter de se moquer des « fachos », il faut prendre les fascistes au sérieux. Pour cela il faut comprendre le fascisme comme l’a fait la Gauche historique. Les fascistes sont un outil pour le capitalisme en crise, comme la guerre. Ils sont cela et ils ne sont rien d’autre que cela.

Qui veut vaincre les fascistes doit vaincre le fascisme, et cela veut dire comprendre ce qu’est le capitalisme, sa crise, sa course inéluctable à la guerre.

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Politique

Reconquête ! d’Eric Zemmour: la naissance d’un grand mouvement de droite «dure»

L’UNI a son parti…

En lançant son nouveau parti nommé Reconquête !, Eric Zemmour réactive la militance de Droite. Autour de lui, il y a en fait tout ce que la Droite compte de cogneurs, de « fachos » adeptes du coup de force et de l’action directe, bref, de militants.

Il faut penser ici bien sûr à l’organisation étudiante UNI, typique de cette démarche militante dure de la Droite… Et donc avec Reconquête !, ces gens ont maintenant une organisation ayant une envergure nationale et une audience massive.

C’est justement cette mouvance qui est à l’origine de la candidature d’Eric Zemmour, et donc de son nouveau mouvement. On retrouve comme personnage principal (en tant que première conseillère politique) la jeune Sarah Knafo (née en 1993), qui est une des principales organisatrices de la fameuse « Convention de la droite » en 2019. Nous avions bien insisté dessus à l’époque : cette convention était un moment clef pour cette Droite militante, autour de la figure politico-idéologique de Marion Maréchal. C’était l’affirmation d’un néogaullisme conquérant, en mode « dur », dans le sens de rentre-dedans, assumant franchement la confrontation.

Il faut ajouter à cela évidemment tout l’apport politique et surtout culturel de la mouvance des identitaires. Ces gens, pendant les années 2010, ont eu en quelque sorte le rôle de mouvement de jeunesse militante parallèle au Front national (devenu Rassemblement national), mais sur une base bien plus à droite que ce que faisait Marine Le Pen. Tous ces apports, des identitaires à Marion Maréchal en passant par l’UNI, de la Droite militante dure donc, synthétise maintenant quelque chose autour d’Eric Zemmour. Et cela se fait maintenant avec des relais haut-placés, en l’occurrence le Général de la Chesnais qui est maintenant directeur de campagne d’Eric Zemmour. On parle ici de quelqu’un ayant été major général de l’armée de terre de 2014 à 2017 (soit le « numéro 2 » de ce corps). Sans surprise, ce général quatre étoiles est un proche du général Pierre de Villiers, dont nous avons régulièrement parlé ici.

Il y a comme organe de presse surtout le magazine Valeurs Actuelles, qui assume, diffuse et génère cette ligne de droite dure, en mode militant. On y lit beaucoup de choses allant dans le sens de la candidature d’Eric Zemmour, mais surtout d’une nouvelle droite dure et militante.

C’est, dit autrement, tout l’inverse de la Droite libérale et technocratique représentée par Valérie Pécresse (vainqueur de l’investiture de la Droite au congrès Les Républicains) ou encore du quotidien Le Figaro. La droite dure de Reconquête ! vise bien sûr Les Républicains également, avec des « noms » comme Guillaume Pelletier ou Eric Ciotti (second du congrès Les Républicains pour l’investiture de la Droite à la présidentielle), qui assument ouvertement leur proximité avec Eric Zemmour.

Il y a là tout un magma, quelque chose de nouveau et de très dangereux qui prend forme. Cela change considérablement la donne politique en France pour la Gauche. Il va falloir être à la hauteur, avec tout le sérieux idéologique et la dimension culturelle qu’il faut pour faire face à cette nouvelle vague de droite dure. Marion Maréchal avait prédit et milité pour un « mai 68 » de Droite… C’est clairement ce qui est en train de se passer avec Eric Zemmour et son mouvement Reconquête ! attirant une génération de militants radicaux qui n’hésitent pas à user de la force, politique certes, mais aussi physique, pour peser et exister.

Rappelons ici les nombreuses arrestations de militants d’extrême-Droite, présentés par l’État comme d’ultra-Droite et retrouvés en possession d’armes, d’explosifs, etc. C’est une expression de la crise, une polarisation violente caractérisant la lutte des classes.

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Politique

Faut-il avant tout s’opposer physiquement à l’extrême-Droite ?

Cette question a déjà été réglée.

Lors de la montée du nazisme, les communistes allemands ont à un moment employé le slogan « Schlagt die Faschisten, wo ihr sie trefft! », c’est-à-dire « Frappez les fascistes, là où vous les rencontrez ! ». Autrement dit, quand on rencontrait des fascistes, il fallait leur tomber dessus.

Cette approche a ensuite été abandonnée, car elle était trop élémentaire, pas suffisamment politique, et qu’à terme une telle démarche était perdante.

Pourquoi cela ?

Pour deux raisons.

La première, c’est que le fascisme avait atteint une telle dimension de masse, que de toutes façons de telles actions, à un moment, ne sont plus possibles. En Allemagne le fascisme était un mouvement de masse. On ne peut pas rejeter les masses.

Il suffit de penser ici au vote Marine Le Pen dans les quartiers populaires en France : pense-t-on aller insulter des centaines, des milliers d’ouvriers dans le Nord ? Cela n’aurait aucun sens, déjà, et en plus le fascisme est trompeur dans sa substance même : il vise à tromper les travailleurs. Donc, il faut regagner les travailleurs, mais on ne peut pas si on les exclut, si on les insulte…

La seconde, c’est que cela focalise de manière erronée sur les fascistes et non sur le fascisme, réduisant le fascisme à des individus fascistes. On est alors dans un analyse réductrice typique de l’anarchisme (et du trotskisme d’ailleurs). Comme si le fascisme était un coup de force mené par des gangsters fascistes, et non une réorganisation du capitalisme en crise.

« Frappez les fascistes, là où vous les rencontrez ! » est donc un slogan simpliste. Il faut effectivement s’opposer physiquement aux fascistes dans certains cas. Mais cela ne peut pas être la question principale, car la question est toujours politique. D’où l’héroïsme d’antifascistes allant, dans des meetings nazis, aller porter la contradiction.

Il faut imaginer le cran de ces gens-là. Vous êtes en 1931, vous allez dans un meeting de 10 000 personnes organisées par les nazis, vous vous revendiquez antifascistes et vous êtes tout seul ou à deux, au milieu d’une foule fanatisée et hostile. Quelle immense pression ! Mais il faut bien le faire, puisqu’il y a des gens du peuple qui sont présents… Quel courage.

Et donc les communistes allemands, en juin 1930, balancent par-dessus bord leur slogan « Frappez les fascistes, là où vous les rencontrez ! », en expliquant ainsi pourquoi :

« La lutte contre les fascistes doit correspondre à toute la ligne politique du Parti. Solidement liée à la lutte quotidienne des masses laborieuses pour l’amélioration de leurs conditions de vie, celle-ci doit avoir un caractère résolu et offensif.

La désagrégation naissante au sein des partisans ouvriers du mouvement fasciste, qui est sans aucun doute en croissance, rend nécessaire la distinction entre les dirigeants fascistes et les masses induites en erreur de leurs partisans ouvriers.

Par conséquent, l’application schématique du mot d’ordre « Frappez les fascistes, là où vous les rencontrez ! » est inopportune dans la phase actuelle d’intensification de la lutte. Le mot d’ordre principal dans la situation actuelle doit être la lutte de masse politique et défensive du prolétariat et de tous les travailleurs contre le fascisme dans le but de son annihilation complète.

Le fascisme en Allemagne ne se limite en aucun cas aux organisations fascistes de combat et d’assassinat, les nationalistes, les milices des casques d’acier, etc., mais comprend également tous les partis bourgeois importants.

La fascisation de l’Allemagne a lieu à la fois à travers les organisations de combat fascistes et à travers l’appareil d’État bourgeois et ses agents social-fascistes. »

Ce qu’on comprend, c’est que lorsque le fascisme est à ses débuts, lorsqu’il est marginal, cela a un sens que de briser les organisations fascistes, afin de les empêcher de se développer. Mais lorsque le fascisme a atteint un tel niveau qu’il devient de masse… et qu’en plus il s’inscrit dans un contexte historique… alors concentrer l’antifascisme sur l’opposition physique aux fascistes, c’est une erreur anti-politique.

L’antifascisme exige donc la politique. Et la politique, ce sont les idées, les conceptions, les valeurs qui ne peuvent être portées que par des organisations politiques. Il n’y a pas d’antifascisme possible sans alignement sur ces organisations politiques. Sinon, on réduit l’antifascisme à des actions immédiates et élémentaires et on s’imagine qu’une défense syndicale des travailleurs peut suffire face à l’idéologie fasciste. Ce qui est vain.

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Politique

Bolloré et Zemmour veulent-ils rejouer La Rocque et le PSF en rachetant Le Figaro ?

L’extrême-droite a besoin d’élargir sa base et de gagner en crédibilité.

L’information est sortie dans le milieu des journalistes comme quoi Vincent Bolloré veut racheter Le Figaro. Vrai ou non, c’est en tous cas plausible, car ce journal serait une pièce de choix dans le dispositif Bolloré d’appui au populisme nationaliste.

Vincent Bolloré dispose déjà de la radio Europe 1, du magazine Paris Match et du Journal du dimanche. Il a surtout la chaîne Cnews, devenue un laboratoire pour l’hystérie populiste et les déchaînements réactionnaires. Cnews a servi de catapulte politique pour Eric Zemour qui y a eu une tribune quotidienne dans laquelle il pouvait longuement s’étaler, se poser comme un rationnel au-dessus du lot et disant vraiment les choses, etc.

En fait, il y a eu convergence entre les intérêts de Vincent Bolloré, représentant une fraction bien précise de la bourgeoisie française, et la personnalité Eric Zemour qui s’est retrouvée propulsée historiquement comme figure présidentiable. D’ailleurs, il ne s’agit même pas d’imaginer une opération organisée de longue date (encore que cela est possible), mais surtout un déroulement naturel des choses entre gens allant dans le même sens à une époque qui leur est favorable !

Toujours est-il que cela serait on ne peut plus logique pour Vincent Bolloré, pour appuyer sa dynamique politique, d’avoir également le Figaro (où Eric Zemour a d’ailleurs beaucoup écrit jusqu’à très récemment). Ce serait là beaucoup plus crédible politiquement aux yeux de la bourgeoisie traditionnelle française, que les étalements type « comptoir de bistro » sur Cnews.

Le Figaro est en effet une institution en France, à droite certes, mais pas seulement. C’est avec Le Monde l’un des deux journaux nationaux majeurs, disposant tous deux, suivant les milieux, d’une image de rigueur et ayant une autorité politico-culturelle incontournable en termes d’information et de traitement de l’information.

La Figaro, qui appartient au Groupe Dassault, dispose de beaucoup de moyens pour apporter à la partie de la bourgeoisie française à laquelle il s’adresse une information considérée comme étant de qualité, fiable, utile, constructive. Vincent Bolloré pourrait très bien vouloir en faire quelque-chose de plus, en élargissant l’audience non plus seulement à la bourgeoisie cultivée et urbaine (voire surtout parisienne), mais à une large partie de la population française droitisée.

Ce ne serait pas une première historiquement. Dans les années 1930, le Figaro a justement été le journal de La Rocque et du PSF, servant directement l’extrême-droite en tant qu’outil politico-culturel. Rappelons qu’il s’agissait alors d’un gigantesque mouvement en France, à la fois de masse et militaire, incontournable pour qui s’intéresse vraiment à l’Histoire de France au 20e siècle.

Cela serait tout à fait conforme à la dynamique enclenchée par Eric Zemour d’un mouvement de droite « populaire », et surtout opposé à la bourgeoisie moderniste (représentée en l’occurrence par Le Monde, France inter, etc.).

De toutes façons, Le Figaro, malgré une ligne générale allant dans le sens de la rationalité libérale bourgeoise (avec par exemple de nombreux articles reconnus sur les questions médicales, des analyses précises et ultra-synthétiques sur l’actualité internationale, etc.), n’est pas en reste quant au populisme délirant dans la veine d’Eric Zemour.

On a par exemple l’édition du site internet dans la soirée du dimanche 21 novembre 2021 où un article grotesque « Ces contraintes qui dégoûtent les Français de la voiture » était mis en avant, accompagné d’un sondage proposant de répondre à la ridicule question « Limitation de la vitesse, prix du stationnement… Approuvez-vous les politiques anti-voitures ? » En fin de soirée, avec 65 000 votants, il y avait une écrasante majorité (80%) de « non ». L’article pour sa part était un modèle du genre d’individualisme de droite malhonnête :

« Aux prises avec une circulation urbaine de plus en plus compliquée pour eux, en raison du règne du vélo et de la trottinette décrété par les municipalités, [les automobilistes] sont chaque année rattrapés par de nouvelles contraintes […] »

Eric Zemour, le candidat des chauffards, ne dirait pas mieux. Et ce genre de considération justement, haineuse dans leur base, étriquée dans l’état d’esprit et surtout profondément opposée à la société et au collectivisme, c’est exactement ce dont à besoin un Vincent Bolloré, figure des milieux les plus agressifs de la bourgeoisie française.

L’actualité de l’extrême-Droite en France, ce n’est pas des groupuscules ultra jouant la provocation dans les manifestations parisiennes libérales-démocratiques, pour faire parler d’eux grâce aux « antifa » tombant dans le panneau…

L’actualité, c’est la mise en place d’un dispositif politique et culturel massif, visant les masses, visant à encercler mentalement les masses. C’est exactement la raison d’être d’un Eric Zemour, dans l’intérêt direct d’un Vincent Bolloré !

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Société

La préparation équivaut désormais à l’acte : le droit français en mode minority report

C’est l’extrême-Droite qui est condamnée, mais demain?

C’est une nouvelle norme juridique qui est instaurée et qui, de fait, devrait faire hurler tous les avocats libéraux et tenants humanistes à la française des droits de l’Homme. Seulement comme cette norme est issue du combat contre le terrorisme islamiste et là l’extrême-Droite, forcément cela ne donne pas envie.

On nage pourtant en plein délire. Naturellement, personne ne regrettera que Logan Nisin, chef d’une OAS (« Organisation des Armées Sociales ») prenne neuf ans de prison et ses acolytes entre cinq et huit ans. Ces gens voulaient tuer aveuglément, notamment dans des mosquées, afin de provoquer une « remigration ».

Ils entendaient également viser des personnalités politiques et des bars définis comme de « gauche ». Leur démarche était celle d’une entreprise de massacre. Ces gens sont à enfermer, c’est très clair.

Là n’est pas la question. La question est juridique, car on ne vit pas dans le socialisme, mais dans le capitalisme. Et le souci c’est que Logan Nisin a pris neuf ans pour une « préparation d’un acte terroriste » et les autres plusieurs années pour « association de malfaiteurs ». Ce sont des peines extrêmement lourdes et si on s’y intéresse, on voit que la boîte de Pandore a été ouverte.

Voici en effet ce que dit l’article 421-2-6 du code pénal, au 23 mars 2019:

I. – Constitue un acte de terrorisme le fait de préparer la commission d’une des infractions mentionnées au II, dès lors que la préparation de ladite infraction est intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur et qu’elle est caractérisée par :

1° Le fait de détenir, de se procurer, de tenter de se procurer ou de fabriquer des objets ou des substances de nature à créer un danger pour autrui ;

2° Et l’un des autres faits matériels suivants :

a) Recueillir des renseignements sur des lieux ou des personnes permettant de mener une action dans ces lieux ou de porter atteinte à ces personnes ou exercer une surveillance sur ces lieux ou ces personnes ;

b) S’entraîner ou se former au maniement des armes ou à toute forme de combat, à la fabrication ou à l’utilisation de substances explosives, incendiaires, nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques ou au pilotage d’aéronefs ou à la conduite de navires ;

c) Consulter habituellement un ou plusieurs services de communication au public en ligne ou détenir des documents provoquant directement à la commission d’actes de terrorisme ou en faisant l’apologie ;

d) Avoir séjourné à l’étranger sur un théâtre d’opérations de groupements terroristes.

II. – Le I s’applique à la préparation de la commission des infractions suivantes :

1° Soit un des actes de terrorisme mentionnés au 1° de l’article 421-1 ;

2° Soit un des actes de terrorisme mentionnés au 2° du même article 421-1, lorsque l’acte préparé consiste en des destructions, dégradations ou détériorations par substances explosives ou incendiaires devant être réalisées dans des circonstances de temps ou de lieu susceptibles d’entraîner des atteintes à l’intégrité physique d’une ou plusieurs personnes ;

3° Soit un des actes de terrorisme mentionnés à l’article 421-2, lorsque l’acte préparé est susceptible d’entraîner des atteintes à l’intégrité physique d’une ou plusieurs personnes.

C’est totalement fou. L’article I se justifie par le II et le II par le I! Et c’est cela qui établit la condamnation du groupe « OAS ».

C’est parce que Logan Nisin a été accusé de préparation que les autres ont pu être accusés d’association de malfaiteurs, et inversement. S’il n’y avait pas l’accusation de préparation, on ne pourrait reprocher une association de malfaiteurs. Et on ne pourrait pas accuser de terrorisme la préparation s’il n’y avait pas un groupe accusé d’association de malfaiteurs.

Si cela a été fait pour lutter contre les islamistes afin de n’en rater aucun et d’en faire un « pack » à mettre en prison, la formulation permettra demain de démolir toute l’opposition de Gauche accusée de sortir du cadre du régime.

Il suffira de dire : tel groupe X est en lien avec Y consultant tel document ou s’entraînant à telle activité. Si Y fait cela, c’est forcément du terrorisme en raison du groupe X. Et le groupe X est forcément terroriste car Y prépare quelque chose.

Le groupe X n’a rien fait, Y non plus, mais c’est comme s’ils avaient, juridiquement fait tous ensemble la chose. Mieux encore : on peut considérer que, juridiquement, ils l’ont fait. La préparation vaut l’acte. La définition même de la préparation permet tout et n’importe quoi.

L’un des avocats, Gabriel Dumenil, a ainsi tout à fait raison de dire que :

« La qualification juridique, notamment de terrorisme, n’apparaît pas du tout aussi claire. Il s’agit d’un jugement qui a été rendu pour marquer une position jurisprudentielle s’agissant de procès à venir. »

Il y a d’ailleurs une preuve de cela. Les gens de cette « OAS » avait entre 25 et 33 ans et on parle de cinglés romantiques en mode nihiliste faisant des éloges de massacres de masse sur les réseaux sociaux… et pourtant le magistrat parle à leur sujet d’une « armée de défense prête, le cas échéant, à déstabiliser les institution déstabiliser les institutions ».

C’est ridicule. Cependant, cette charge idéologique a été nécessaire dans l’accusation pour maintenir la fiction du rapport préparation/association de malfaiteurs.

Il fallait bien la masquer, cette fiction, et le seul moyen, c’est d’ajouter une charge idéologique pour combler le manque de valeur d’une préparation. Car, juridiquement, jusqu’à présent, on n’a jamais condamné un assassin avant qu’il ne tue quelqu’un parce qu’il a tué quelqu’un. Il peut avoir des armes, avoir suivi la personne, il n’a jamais été possible pour autant de l’accuser de ce qu’il n’a pas fait.

Ici, on est comme dans le film Minority Report, on peut accuser des gens pour des crimes non commis. C’est une aberration juridique. Il faut donc présenter non pas des gens, mais des monstres qui ont commis leurs crimes dans leur tête en amont et donc, doivent être condamnés tels quels.

Pour donner un exemple affreux, dans le droit, même si on prend une machine à remonter le temps (cela ne peut pas exister) et qu’on va voir Adolf Hitler à 20 ans, on n’a pas le droit de le tuer. Car il n’a rien fait. L’exemple est horrible et en plus le scénario est aberrant. Mais c’est un bon exemple de la base du droit.

En droit, historiquement, on ne peut pas condamner quelqu’un pour avoir ne serait-ce que pensé un crime, ou bien préparé un crime, comme si c’était le crime lui-même. Sauf dans le film Minority report (tiré au passage d’une nouvelle du romancier bien connu Philip K. Dick).

La procureure a donc été obligée de souligner la « montée en puissance exceptionnelle de la menace portée par la mouvance d’ultradroite ».

En apparence, c’est très bien et la procureure est certainement sincère, et elle sait qu’il y a ici à l’arrière-plan le fait que depuis 2017, 48 personnes ont été arrêtés pour du terrorisme « d’ultra-droite ». Il s’agissait là du premier procès d’une série de sept. On comprend que l’État veuille des peines « exemplaires » et pour le coup tant mieux.

Sauf que le caractère juridique « ultra-droite » n’existe pas. La montée exceptionnelle ou pas n’est pas un argument juridique. Il est cependant employé afin de transformer la « préparation » en acte réalisé afin de la condamner tel quel.

C’est une négation du Droit et c’est l’expression de la décadence juridique de l’État dans un capitalisme décrépissant.

Et cela vise à terme très clairement toute la rébellion populaire et l’agitation de gauche. Il ne peut pas y avoir d’autre raison historique à une telle construction qui permet d’assimiler l’intention à l’acte. Une folie d’une telle envergure ne peut avoir qu’un arrière-plan concernant la société elle-même, dans le plus profond de son existence.

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Société

Les anti pass sanitaire ont raté leur rentrée

C’est un début d’effondrement, alors que le pays les ignore maintenant totalement.

Le mouvement anti pass sanitaire devait passer un cap à la rentrée. En fait, il s’effondre, devenant toujours plus marginal et hors sol. Alors qu’ils ont connu un pic à 237 000 participants en plein milieu de l’été, les manifestants n’étaient plus que 121 000 le samedi 11 septembre 2021 selon les chiffres officiels (ils étaient 140 000 la semaine dernière et 165 000 la semaine précédente).

C’est un recul net, un échec à devenir un mouvement de masse. A titre de comparaison, c’est moins de personne qu’à la Fête de l’Huma du PCF, qui a lieu en même temps.

Le mouvement anti pass sanitaire aurait pu devenir le centre d’une vague de contestation dans le pays, sur un mode plébéien typique de l’extrême-Droite mais visant large. Mais il y a bien trop de folklore, de fausse radicalité et de simagrée pour que cela marche en France.

Le capitalisme a encore beaucoup trop de chose à apporter aux yeux des français libéraux et consommateurs pour qu’ils acceptent de se mettre en branle contre le train-train quotidien. On imagine que Marine Le Pen aura de son côté beaucoup plus de succès ce dimanche 12 septembre en annonçant au JT de 20h sa volonté de nationaliser les autoroutes comme mesure phare.

En tous cas, les anti-pass sanitaire sont passés à côté de quelque-chose, car ils ont heureusement focalisé de manière hystérique et unilatérale sur la question du refus du pass sanitaire, au lieu de s’appuyer sur un esprit large et relativiste typique des français. C’est un peu le mal de l’extrême-droite dans ce pays, qui est largement conforme à des pans entiers de la population sur le plan des idées et du fond du projet, mais qui se heurte à la réalité en pratique.

Est-ce une bonne chose pour la Gauche ? Oui et non. Oui, car c’est autant de temps gagné, et c’est vraiment tant mieux qu’un mouvement aussi anti-social que celui refusant le pass sanitaire recule. Non, car cela empêche clairement la Gauche de se mettre à niveau, de prendre la hauteur culturelle et idéologique nécessaire pour écraser l’extrême-Droite et mettre en place un programme démocratique et populaire.

Il n’y a vraiment pas de temps à perdre pour se reconstruire sur des bases saines et solide, avec une vraie dynamique populaire.

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Politique

« Montjoie Saint Denis », un nouveau coup d’éclat d’extrême-droite

Le petit attentat contre le président Emmanuel Macron mardi 8 juin 2021 est significatif de l’époque : la société en crise charrie une Droite qui s’assume de plus en plus et des activistes d’extrême-droite assumant de plus en plus le romantisme sur le mode du coup d’éclat.

Il n’y a aucun doute sur l’identité politique de l’agresseur d’Emmanuel Macron à Tain-l’Hermitage dans la Drôme. On a à faire à un royaliste dans la mouvance de l’Action Française, issu de toute la tradition développée par Charles Maurras.

Son action, une gifle au président de la République en criant « Montjoie Saint Denis ! A bas la macronie » est absolument typique. On a quelque-chose se voulant très radical et transgressif, mais qui est en réalité insignifiant sur le plan du contenu et de la forme. Cela est violent certes, mais ce n’est qu’un coup d’éclat, une occasion pour asséner un cri de ralliement romantique sur le mode du slogan.

« Montjoie Saint-Denis » renvoie à toute la mythologie nationaliste des royalistes français s’imaginant puiser dans l’Histoire de France. Il ne s’agit en fait que de folklore et de culte irrationnel à partir d’imageries féodales datant d’avant l’apparition de la France, pour appuyer un discours nationaliste tout ce qu’il y a de plus contemporain. Le slogan est ici censé faire référence à la défense de la France, sur le mode chevaleresque.

On remarquera que le youtubeur Papacito, qui vient de défrayer la chronique avec sa vidéo appelant à liquider physiquement la Gauche, est pareillement un admirateur des Wisigoths, sur un mode idéalisé.

En ce qui concerne les termes « Montjoie Saint-Denis », on les retrouve dans le fameux poème médiéval la Chanson de Roland, qui est une affirmation féodale chrétienne à l’époque des croisades. Cela n’a bien sûr aucun rapport avec la situation actuelle, ni avec la prétendue « macronie ».

Mais les nationalistes n’ont certainement pas besoin de voir de rapport entre les choses, car ils ne fonctionnent pas de manière rationnelle. Emmanuel Macron est pour eux la cible de choix, un symbole, pour dérouler la fiction d’un discours politico-culturel au contenu aboutit.

On notera au passage la grande décadence des services de protection de l’État français, incapable d’assurer le minimum pour ce qui est censé être la figure la plus importe des institutions françaises en la personne du président de la République. En l’occurrence, une simple émission télévisée de divertissement, Quotidien, avait pu discuter avec le protagonistes et ses acolytes… 4 heures avant les faits et connaître leurs motivations !

Ces gens étaient donc sur place depuis longtemps, facilement identifiable de par un certain look, et surtout assumant publiquement leur discours royalistes. On a l’un d’eux (pas le gifleur) parlant du déclin de la France et se disant anarchiste, ce qui est typique des activistes de l’Action Française pour qui le royalisme consisterait en « l’anarchie + 1 », c’est-à-dire l’anarchie (soit l’absence de toute modernité étatique et de toute structure sociale centralisée) + le Roi (c’est-à-dire une figure mystique romantique s’imposant à tout, pour tuer toute expression la société, au-delà des classes, etc.).

On notera au passage la grande incohérence de ces activistes d’extrême-droite, avec l’ami du gifleur qui s’exprimait à la caméra en expliquant regretter le fait que le président dise « on n’a pas de culture » (sous-entendu française, nationale)… alors qu’il porte lui-même un t-shirt avec l’immonde figure du Joker de Batman, ce qui est en soi une agression culturelle (ou anti-culturelle si l’on veut).

Toujours est-il que ces gens ont le vent en poupe, ils se sentent portés par l’époque. Et l’État n’est même pas capable d’assurer le service minimum pour les contenir et prévenir un tel coup d’éclat. Cela en dit très long sur l’ambiance en France et ce à quoi il faut s’attendre dans la période à venir.

Il est plus que jamais temps pour la Gauche de relever la tête et d’assumer sa tâche historique qui est d’écraser la Droite et toutes les expressions de celle-ci au moyen de la démocratie populaire.

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Politique

Les youtubeurs Papacito et Code Rheino appellent à des commandos armés de droite contre la Gauche

La vidéo fortement relayée du lundi 7 juin 2021 est sans ambiguïté.

Le nationaliste d’extrême-droite, c’est typiquement un gros beauf arrogant, une caricature d’homme patriarcal et brutal, à la fois stupide et en même temps capable de briller pour faire aboutir sa stupidité. On aurait pu croire ces dernières années que ce cliché avait disparu, que ce genre de figure s’était effacée au profit d’un nationalisme plus politique cherchant à conquérir électoralement et culturellement la population.

Seulement voilà, même les fachos sont décadents et leur posture « conservatrice révolutionnaire » ne s’élève pas au-dessus des errances d’un Donald Trump. On a avec la vidéo de Papacito et Code Rheino une terrible illustration de comment ces gens existent vraiment, et peuvent avoir un impact. Leur crédo est simple : il s’agit d’adopter une posture anti-culturelle et anti-intellectuelle, valorisant un pseudo bon-sens populaire pour en fait contribuer à tirer la société vers le bas et maintenir les gens prisonniers dans le passé.

C’est exactement le sens de la vidéo de Papacito et Code Rheino, formant une vaste mise en scène. Elle se veut subtile au moyen de l’humour pour dire sans dire, tout en disant, et en même temps mettant les pieds dans le plat de manière franche en utilisant un langage et des mises en scène très violentes, puisque en l’occurrence le mannequin sur lequel il est tiré est censé représenter un « gauchiste ».

https://youtu.be/KHY-01mxxNw

Concrètement, la vidéo est ainsi un appel au meurtre des personnes considérées comme de gauche, au sens le plus large qui soit. Elle est suivie de toute une partie technique avec la présentation d’armes, de la façon de s’en procurer (avec un simple permis de chasse comme prétexte), de quelles munitions choisir, etc.

Code Rheino a produit une seconde vidéo dans la foulée, elle aussi tout à fait clair sur le sens de la démarche : il faut purger la Gauche, bien évidemment assimilée à la fraction libérale post-moderne pro-migrants pro-LGBT, etc., ainsi qu’à Jean-Luc Mélenchon, qui en a profité pour faire un scandale afin de se mettre lui-même en valeur.

https://youtu.be/v0Wb637dSvk

Un tel message, un tel niveau d’apologie de la violence gratuite et directe est quasiment inédit depuis de nombreuses années, à part du côté des islamistes prônant le djihad. On pourra tout à fait dire que cela a un impact marginal, que l’immense partie de la population, notamment chez les jeunes, n’en a que faire, n’en entendra même jamais parler, etc.

C’est tout à fait vrai, mais cela ne change rien au problème. Non seulement la vidéo de Papacito et Code Rheino est malgré tout très connue en seulement une journée, alors que Papacito est proche d’Eric Zemmour par ailleurs . Mais surtout, il ne faut pas s’imaginer que le danger fasciste consiste forcément en des millions de militants activistes.

Combien de personnes sont concernées par l’appel à former des commandos armés anti-gauche par Papacito et Code Rheino ? Quelques centaines ? Un millier ? Dix milles tout au plus ? C’est déjà énorme, et largement suffisant pour considérer qu’il s’agit là d’une proposition politico-militaire de grande importance. On peut tout à fait considérer l’existence de quelques bandes armées de droite, sur le mode beauf et viriliste exactement comme le proposent Papacito et Code Rheino (« montez vos équipes »), afin d’accompagner un mouvement politico-culturel de droite plus massif et officiel, s’exprimant notamment électoralement.

Les deux ne sont certainement pas incompatibles et c’est d’ailleurs le modèle historique de la victoire du fascisme en Espagne, parallèlement au coup d’État de Franco. Il y avait un parti électoraliste d’extrême-Droite et une cohorte de petits mouvements violents fonctionnant à la provocation.

L’imagerie de l’Espagne franquiste dans la vidéo appelant à purger la Gauche en France

Il est question ici d’armes et de violence armée, et c’est donc très sérieux. Il existe en France des gens de droite suffisant radicaux pour en appeler publiquement à l’action armée contre les gens de gauche. La réponse ne peut qu’être que démocratique à grande échelle, en cherchant la mobilisation populaire la plus large face à la Droite. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de dimension militaire, car il s’agit concrètement d’envisager la résistance contre des attaques armées.

Toute personne se situant dans la tradition de la Gauche historique le sait.

Ainsi, nous ne sommes plus à l’aube des années 1930 comme cela a pu être considéré ces cinq ou dix dernières années, nous sommes en plein dans une période similaire à celle des années 1930, avec une crise d’ampleur et un activisme nationaliste de droite « populaire » vindicatif, assumant la violence. La réponse ne peut qu’être portée par la Gauche historique, assumant haut et fort ses valeurs ancrées dans le mouvement ouvrier et en même temps profondément enracinées dans l’époque, avec notamment le fait que les femmes soient aux commandes, avec la cause animale comme référence incontournable.

C’est cela s’opposer réellement à la démarche de Papacito, Code Rheino et autres nihilistes qui sont une honte au pays de Montaigne, Rabelais, Molière, Racine, Diderot, Rousseau…

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Politique

Conservateurs révolutionnaires pro « purge »: l’entrée dans l’ère de la violence

La crise impose un rythme nouveau aux contradictions.

La vidéo des youtubeurs Papacito et Code Rheino qui appelle à des commandos armés de droite contre la Gauche reflète le passage à une nouvelle période. Il y a désormaisi un large espace pour un populisme national-nostalgique avec Marine Le Pen, Eric Zemmour et le général de Villiers, combiné avec un activisme violent de bandes d’extrême-Droite, le tout formant une « révolution conservatrice » alignée sur l’eurasisme de la Russie de Vladimir Poutine.

Quant au peuple, on ne lui demande même pas d’être protagoniste de tout ce nationalisme, mais simplement de rester passif, d’accepter sagement une restructuration militariste. Puis, ensuite, l’engrenage aidant, il sera trop tard pour reculer, comme en 1914, et le nationalisme l’emportera de manière traditionnelle.

D’ailleurs, les masses restent totalement anesthésiées par la consommation que propose le capitalisme pour tous les moments et toutes les étapes de la vie. Elles n’ont aucune perception d’elles-mêmes, chacun se saisissant comme un simple individu.

Autant dire que c’est un scénario cauchemardesque. Les gens les plus conscients l’ont compris depuis quelques temps déjà et ils observent, avec stupeur, qu’il n’existe pour l’instant aucune contre-tendance. Il y aurait dû avoir les ouvriers avec les fermetures de boîtes ces derniers mois, mais leur seul horizon a été une négociation permettant un gros chèque. L’écologie et les animaux, personne ne veut concrètement en entendre parler non plus.

Que reste-t-il alors ? La perspective que tout va être très dur. Le potentiel démocratique du peuple est en France immense. Mais le niveau est à zéro et la révolution conservatrice a un boulevard. Il va donc falloir passer l’ouragan pour que le navire populaire puisse reprendre un vrai chemin démocratique. Reste à savoir la force de l’ouragan. Que faire si la guerre pour le repartage du monde prend tout le monde de vitesse ?

C’est tout simplement l’Histoire qui est en train de se jouer. Il faut bien le saisir.

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Politique

Une semaine de questions sur le barrage à Marine Le Pen au second tour des Présidentielles

Le quotidien Libération a ouvert la boîte de Pandore en ce début de mois de mars 2021.

Au sens strict, la une de Libération avec « J’ai déjà fait barrage, cette fois c’est fini » date du 27 février 2021, mais les réactions ont suivi pendant toute la semaine et ont vraiment occupé les esprits. Et pour cause : Marine Le Pen est donnée perdante au second tour de la présidentielle de 2022 face à Emmanuel Macron avec 48% contre 52%. La différence est si faible qu’elle fait froid dans le dos et en plus on observe aisément que Marine Le Pen a compris qu’elle ne devait rien dire afin de ne pas se discréditer, le temps travaillant pour elle.

Son idée, c’est de paraître comme un recours qui assumerait de ne pas aller au conflit, qui ne modifierait pas les institutions, bref comme la continuité mais dans le changement. C’est un peu le programme commun de 1981 mais inversé. Elle a compris qu’elle avait perdu à la présidentielle de 2017 en raison de son refus de l’euro, voire de l’Union européenne. Les propos qui fâchent passent donc à la trappe.

Et, malheureusement, le refus catégorique de Marine Le Pen qui existait de par le passé s’effondre, surtout à Gauche. La raison est toute trouvée. Comme on le sait, la Gauche historique est d’une faiblesse complète. Les gens se définissant comme étant de gauche sont ainsi désorientés, largement poreux au libéralisme, au relativisme, etc. On trouve donc d’innombrables idiots utiles de l’extrême-Droite.

Tout est une question de mise en perspective.

Pour les gens liés à la Gauche historique, il faut faire barrage à Marine Le Pen au second tour, quitte à voter pour un libéral ou un conservateur. La question ne se pose pas ou plus exactement elle ne se pose plus. Les socialistes et les communistes ont appris de l’expérience historique si dramatique en Italie et en Allemagne. La réponse au fascisme s’appelle l’antifascisme et l’antifascisme est un front.

Il ne s’agit pas de soutenir Emmanuel Macron mais de ne pas se comporter face au fascisme comme Gribouille qui choisit de se protéger de la pluie en se jetant à l’eau.

Ce choix est celui des courants d’ultra-gauche (les anarchistes et les trotskistes), qui ont toujours par principe refusé l’antifascisme. Selon eux, l’antifascisme est une trahison. Il y a également désormais dans ce camp La France Insoumise, dont les dirigeants prennent un malin plaisir à ne surtout pas dire qu’il faut faire coûte que coûte barrage à Marine Le Pen. Enfin, il y a les courants post-modernes qui, focalisés sur l’écriture inclusive, les trans et les migrants, n’ont jamais ouvert un livre d’Histoire et ne s’intéressent de toutes façons pas au mouvement ouvrier.

Ultra-gauche, populistes et post-modernes servent dans les faits littéralement de cinquième colonne. Ils banalisent l’extrême-Droite, ils contribuent à ce que les terrains lui soient abandonnés, ils proposent ni plus ni moins que de lui laisser l’appareil d’État.

Une telle position est inacceptable et la fracture va toujours être plus claire alors qu’on va vers l’élection présidentielle. Elle va consister en un véritable affrontement de ligne. Il faut avoir conscience de cela alors que les enjeux se font toujours plus grands avec la crise.

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Politique

Dissolution de Génération identitaire: le Rassemblement national à la rescousse

Le Rassemblement National de Marine Le Pen a choisi de prendre partie pour Génération Identitaire menacée de dissolution.

Le ministère de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé au regroupement d’extrême-Droite Génération identitaire qu’il serait dissout le 26 février 2021, à moins qu’il n’argumente efficacement contre la mesure prise.

Cela ne changera pas grand chose car le coup avait été prévu : Génération identitaire, normalement le mouvement de jeunesse des « identitaires », a pris son « autonomie » il y a quelques années. Il sera facile de renaître sous une autre forme, et en particulier sous les auspices de l’extrême-Droite. En Autriche, les identitaires servent déjà depuis des années de pointe activiste du parti d’extrême-Droite électoraliste FPÖ.

La même tendance se profile ici, alors que les directions prises étaient totalement différentes, le Front national – Rassemblement national ayant préféré une ligne républicaine sociale. Les choses changent cependant avec la crise.

Le Rassemblement national a ainsi annoncé son soutien à Génération identitaire, même s’il « ne partage pas toutes les opinions exprimées ». C’est là un pas extrêmement significatif, car normalement c’était plutôt la joie de se débarrasser d’un concurrent. Et les opposants à la dissolution de Génération identitaire rassemblent d’ailleurs des gens qui à l’extrême-Droite avaient pris depuis quelques années des options très différentes : Florian Philippot, Marion Maréchal, Julien Rochedy, Bruno Gollnish, Robert Ménard, Gilbert Collard, Gilles-William Goldnadel…

C’est un véritable front qui se forme ici. Voici le communiqué du Rassemblement national, dont il faut bien cerner les éléments de langage :

« Le Rassemblement National alerte nos concitoyens attachés aux libertés fondamentales que sont les libertés de conscience, d’expression et d’association. Ces dernières sont en effet dangereusement remises en cause par la décision prise hier par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, d’enclencher la procédure de dissolution de l’association Génération identitaire.

Force est de constater que les fondements de cette procédure de dissolution ne sont pas juridiques mais politiques.

Peut-on ainsi considérer que dénoncer la politique d’immigration, défendre la priorité nationale, être attaché à la nationalité française pour les fonctionnaires ou s’opposer au droit de vote des étrangers rendent possible une dissolution ?

C’est pourtant sur la base de la « discrimination en vertu de la non-appartenance à la nation française que se fonde la demande de dissolution.

Doit-on admettre que l’on ne puisse plus faire un lien entre immigration massive et insécurité ? Or, la demande de dissolution reproche de présenter l’immigration comme un danger pour les Français.

Le RN rappelle que l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen affirme que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

Par ailleurs, une telle dissolution serait également contraire à la jurisprudence constante de la Cour européenne des droits de l’homme selon laquelle « la liberté d’expression constitue l’un des fondements essentiels d’une société démocratique et vaut même pour les idées qui heurtent, choquent ou inquiètent ».

Sur la base des arguments politiques et d’opportunité avancés par le ministre de l’Intérieur, ce sont de grands partis politiques français, d’autres associations, et au-delà tout lanceur d’alerte, qui demain pourraient être visés par de telles procédures arbitraires.

Le Rassemblement National ne partage pas toutes les opinions exprimées par l’association menacée par le ministre de l’Intérieur, pas plus qu’il n’approuve toutes ses actions et ses modes d’expression, mais une association n’a pas à plaire ou déplaire à l’opposition, pas plus qu’au gouvernement.

Une association et de façon générale tout citoyen, se doivent de respecter la loi et le cas échéant, d’être protégés par cette dernière.

C’est au nom de ce principe démocratique et protecteur que le Rassemblement National dénonce cette décision du ministre de l’Intérieur et alerte nos concitoyens. »

On se retrouve ici dans une orientation qui est celle du front de la Droite qui a déjà eu lieu dans les années 1920-1930 en Espagne, en Italie, en Allemagne. Dans ces pays, l’extrême-Droite a été galvanisée par une unité structurelle de différents groupes, allant des ultras-conservateurs aux nationaux-révolutionnaires. C’est la première leçon.

La seconde, c’est que la « Nouvelle Droite » des années 1980 a réussi son œuvre : modifier la ligne de l’extrême-Droite en refusant les discours ouvertement racistes au profit d’un discours ethno-différentialiste. Au 21e siècle, parler de la « remigration » contre le « grand remplacement » est la transformation hypocrite du slogan raciste « les Arabes dehors » des années 1980.

On est là dans une profonde dynamique de la Droite, qui a le vent en poupe depuis plusieurs semaines. Et ce n’est qu’un début…