Catégories
Guerre

La Russie ouvre la porte des enfers le 21 septembre 2022

C’est la guerre !

Dans une vidéo enregistrée très attendue, le président russe Vladimir Poutine a annoncé le matin du 21 septembre 2022 qu’il était nécessaire de procéder à une mobilisation partielle. Sont concernés trois types de gens : ceux qui sont dans les réserves de l’armée à court, mais aussi à long terme (il existe en Russie un tel type de contrat, intitulé Boevoy Armeyskiy Rezerv Strany, BARS), ainsi que tous ceux ayant eu une expérience militaire. Les étudiants sont exemptés. Cela fait un total de 300 000 personnes, soit 100 000 de plus que ce que l’armée russe emploie depuis février 2022.

La raison de la mobilisation partielle est double : déjà organiser l’intégration des régions occupées, ce que Vladimir Poutine a présenté ainsi :

«Certaines provinces nous ont sollicité pour mettre en place des référendums. Je vous annonce que nous allons appuyer leurs démarches. Il convient de prendre les décisions suivantes : il est nécessaire de soutenir la décision et la proposition lancée par le ministère de la Défense, de mettre en place une mobilisation partielle. Seuls les citoyens se trouvant sur les listes de réserve seront mobilisés. La date du départ de cette mobilisation est aujourd’hui, le 21 septembre. Les appelés auront les mêmes avantages et privilèges que les militaires contractuels».

Ensuite, assurer l’escalade face aux pays occidentaux qui espèrent démanteler la Fédération de Russie. L’armée ukrainienne est en pratique dirigée par les occidentaux, armée par les occidentaux. La Russie fait une mise à niveau.

« Il est important de déployer des capacités militaires supérieures. L’Occident, dans sa politique agressive, a dépassé toutes les limites. Ils sont capables de frapper la Crimée et d’autres territoires russes. Il y a des bâtiments, des avions de l’OTAN qui sont mobilisés.

Les Occidentaux poussent l’Ukraine à se montrer encore plus agressive à l’égard de la Russie. Ils sont là pour écraser notre pays. Et même un chantage nucléaire est en marche, nous voyons très bien cela. La Russie est également dotée d’un certain nombre d’armes suffisamment lourdes. Si jamais les intérêts de la Russie sont menacés, nous allons utiliser toutes les armes à notre disposition. »

La principale conséquence est que la nation ukrainienne se retrouve dans une position totalement intenable. Historiquement liée à la Russie, cherchant à résister au chauvinisme grand-russe, elle a échoué à formuler autre chose qu’une allégeance ultra-nationaliste anti-Russie soumise à l’OTAN, tout en restant culturellement fondamentalement lié à la Russie. Comment va-t-elle se sortir d’une situation comme on la connaît désormais?

Les médias occidentaux se sont également beaucoup moqué de l’expression utilisée par la Russie pour désigner le conflit avec l’Ukraine : « opération spéciale ». C’était cependant quelque chose qui correspondait concrètement à la ligne russe, puisque le pays n’était pas passé en économie de guerre et que la Russie n’a pas utilisé toutes ses capacités militaires. L’armée russe n’a ainsi pas bombardé les centres de décisions du régime ukrainien à Kiev, elle n’a mobilisé que les soldats engagés et avait donc moins de soldats que l’armée ukrainienne, elle n’a pas employé tout son armement.

L’arrière-plan de cela, c’est le rapport schizophrène entre la Russie et l’Ukraine, entre les Russes et les Ukrainiens. La Russie espérait régler le « problème » ukrainien directement avec les Ukrainiens… à sa propre manière bien entendu. Cela a échoué, car la Russie nie l’Ukraine de manière aberrante et que les Ukrainiens sont majoritairement passés dans le camp du fanatisme anti-russe le plus halluciné. Le 21 septembre 2022, le président russe Vladimir Poutine a donc annoncé le grand changement d’orientation : c’est désormais une guerre, une guerre contre l’occident, pour la survie de la Russie.

Ce qui est vrai, mais ce que Vladimir Poutine ne dit pas, c’est qu’il a lui-même poussé en ce sens, notamment en brûlant les vaisseaux la semaine dernière, car ses décisions obéissent aux intérêts des couches dominantes de la Russie. La Russie obéit désormais entièrement au capitalisme monopoliste directement mêlé à l’État. Le régime russe est désormais de même nature que le régime ukrainien, à ceci près qu’il est indépendant, alors que l’Ukraine est une colonie américaine.

Tout cela confirme entièrement que la question de la guerre pour le repartage du monde est bien l’aspect principal des événements de notre époque.

Catégories
Guerre

Ukraine : un 20 septembre 2022 annonciateur du cauchemar

La guerre va passer un cap, la France se subordonne à la superpuissance américaine.

Le soir du 20 septembre 2022, il était attendu que Vladimir Poutine prenne la parole à la télévision. Les heures précédentes, la tension ne cessait de monter et il semblait évident que la Russie allait annoncer la mobilisation générale, c’est-à-dire le passage à une guerre ouverte, frontale.

La prise de parole du président russe a cependant été repoussée. Ce n’est que reculer pour mieux sauter, car la thèse ici développée d’une Russie ayant brûlé ses vaisseaux la semaine précédente semble s’avérer entièrement juste.

Il a en effet été annoncé, de manière subite, la tenue de référendums pour rejoindre la Russie, dans les régions de Donetsk et de Lougansk, de Kherson et de Zaporijjia, du 23 au 27 septembre 2022. Or, ce que cela implique, c’est que si les référendums amènent ces régions à rejoindre la Russie, elles deviendront une composante légale de la Fédération de Russie du point de vue de celle-ci. La Russie se retrouverait alors de facto en guerre et cela déclencherait la mobilisation générale, l’état d’urgence, la loi martiale.

Tout cela forme un scénario parfait et l’offensive ukrainienne « réussie » par le retrait russe joue ici un rôle adéquat dans ce cadre. De son côté, le régime ukrainien ne le voit pas et d’ailleurs s’en moque ; le discours officiel est que la Russie va être défaite militairement. Des troupes sont amassées en ce moment depuis l’ouest du pays pour chercher à capitaliser l’avancée effectuée ces derniers jours.

Ce qui est aberrant quand on sait qu’une mobilisation peut aller jusqu’à deux millions de personnes, sept en cas de mobilisation absolue. Et sil es commentateurs occidentaux disent que la Russie ne peut pas réussir une telle mobilisation rapidement, cela ne tient pas. Mais si la France l’a réussi en 1914, la Russie le peut en 2022, d’autant plus que le pays est déjà militarisé depuis des décennies, avec l’apprentissage des armes étant assez répandu. De plus, le régime russe jouerait ici son va tout, donc cela va aller dans le sens d’une économie de guerre.

Le 20 septembre 2022, Vladimir Poutine a justement appelé les industries militaires russes à davantage produire. Ce qu’il va annoncer le 21 septembre ira dans le sens d’une escalade, comme annoncé ici ces derniers jours.

Et la France est de la partie. Le 20 septembre 2022, l’ambassadeur français a été convoqué au ministère russe des affaires étrangères, où il s’est fait signifier que l’utilisation des fameux canons CAESAr contre des civils, notamment dans la ville de Donetzk, était une ligne rouge. La Russie a résumé cela dans un communiqué, comme suit :

« L’accent a été mis sur le caractère inacceptable de la poursuite du gavage de l’Ukraine avec des armes occidentales, dont des françaises, que le régime de Kiev utilise pour bombarder des installations civiles et des infrastructures. »

Autrement dit : ces armes seront bientôt considérées comme frappant la Russie elle-même. C’est un avertissement très clair.

Cela n’a pas empêché le président français Emmanuel, le 20 septembre 2022 toujours, de prendre la parole à l’ONU pour appeler à unilatéralement soutenir le régime ukrainien, et à combattre la Russie. Son discours a été entièrement aligné sur les intérêts de la superpuissance américaine.

Cela fait que, sans même attendre le changement officiel d’orientation de la Russie, on a déjà passé un cap historiquement. La France et l’Allemagne ne comptent plus temporiser en rien. Le découpage possible de l’Ukraine publié ici le 26 juin 2022 est caduc. Désormais, il y aura un perdant dans l’affrontement.

Catégories
Guerre

Ursula von der Leyen en première ligne pour la guerre contre la Russie

L’Union européenne est vassale de la superpuissance américaine.

Ursula von der Leyen s’est rendue pour la troisième fois en Ukraine depuis le début du conflit commencée en février 2022 ; cela a aussi été l’occasion d’une interview au tabloid allemand Bild, farouchement pro-guerre contre la Russie.

La présidente de la Commission européenne avait juste avant tenu un discours « sur l’état de l’Union », à l’américaine. Plus précisément, Ursula von der Leyen était le matin à Bruxelles et l’après-midi à Kiev. Tout le discours portait sur l’Ukraine, et sur la défaite russe :

« Il s’agit d’une guerre contre notre sécurité énergétique, contre notre économie, contre nos valeurs et contre notre avenir. Une guerre de l’autocratie contre la démocratie.

Et je me tiens ici, devant vous, animée de la conviction que, grâce à notre courage et à notre solidarité, Poutine échouera et l’Europe vaincra (…).

 Je veux que ce soit clair : les sanctions ne sont pas près d’être levées.

L’heure est à la détermination, pas à l’apaisement.

Il en va de même pour notre soutien financier à l’Ukraine.

À ce jour, l’Équipe Europe a fourni plus de 19 milliards d’euros d’aide financière.

Et c’est sans compter notre appui militaire.

Nous serons là sur le long terme (…).

Je veux donc que les habitants des Balkans occidentaux, de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie le sachent : Vous faites partie de notre famille, votre avenir est au sein de notre Union, et notre Union n’est pas complète sans vous !

Nous avons également compris qu’il fallait tendre la main aux autres pays de l’Europe — au-delà du processus d’adhésion.

C’est pourquoi je soutiens l’appel en faveur d’une Communauté politique européenne — et nous présenterons nos idées au Conseil européen. »

Il s’agit là d’une séquence où l’on est en train de basculer dans la mise en place d’une coalition militaire contre la Russie, avec l’Allemagne en première ligne, où l’Union européenne sert de levier. L’Allemagne a officiellement expliqué par l’intermédiaire de la ministre des affaires étrangères Annalena Baerbock qu’elle était prête à fournir plus d’armes, mais dans le cadre d’un projet commun.

Le chancelier Olaf Scholz a également réaffirmé, le 16 septembre 2022 devant les dirigeants de l’armée allemande, que l’Allemagne était de retour militairement à court terme :

« En tant que nation la plus peuplée, dotée de la plus grande puissance économique et située au centre du continent, notre armée doit devenir le pilier de la défense conventionnelle en Europe, la force armée la mieux équipée d’Europe. »

Ce que dit Ursula von der Leyen va en ce sens. Aucun retour en arrière n’est possible, Vladimir Poutine doit être jugé, la Russie doit perdre militairement, il faut donner au régime ukrainien ce qu’il demande sur le plan militaire notamment des tanks, il faut financer le régime ukrainien pour lui éviter la faillite (soit cinq milliards d’euros par mois au moins), etc.

Tout cela implique ni plus ni moins que le démantèlement de la Fédération de Russie, ce que prônent déjà ouvertement les pays baltes et la Pologne. Cela veut dire que l’Allemagne va jouer désormais le rôle central unique dans l’Union européenne, en formant rapidement une grande armée, la plus grande d’Europe après la Russie et l’Ukraine. Cela veut dire qu’il y a un bloc soudé germano-américain.

La superpuissance américaine vient par ailleurs d’annoncer de nouvelles aides militaires d’un montant de 600 millions de dollars, portant le total à 15 milliards depuis février 2022. On est là dans une perspective militaire à visée impériale tout à fait claire.

Cela donne beaucoup de sens à l’initiative russe d’une sorte de repli à grande échelle, encore qu’il faille bien voir que cela ne concerne que 1,4% de la superficie de l’Ukraine, un très vaste pays. Vladimir Poutine assume de son côté cette montée en gamme, ayant déclaré lors d’une conférence de presse le 16 septembre 2022 que l’armée russe n’était pas pressée, que seuls les engagés étaient au front par ailleurs pour l’instant.

On est en train de passer un très mauvais cap. Les choses s’accélèrent encore plus qu’on ne pouvait l’imaginer. On ne va pas vers la marche à la guerre, on est déjà en plein dedans. On est littéralement dans un processus où l’affrontement militaire à grande échelle en Europe peut se poser à court/moyen terme. La France, par l’intermédiaire de l’OTAN mais également de orientations de la société française dans son ensemble, va se retrouver impliquée bientôt à un niveau très important.

Catégories
Guerre

La Russie fait tel Cortés

Elle brûle ses vaisseaux.

Cortés est le chef de guerre espagnol qui a dirigé l’affrontement contre les Aztèques. A un moment, ce conquistador a organisé la destruction de ses navires, afin d’empêcher tout retour en arrière de ses troupes, pour les forcer à avancer, coûte que coûte. De là vient l’expression « brûler ses vaisseaux ». C’est exactement ce qu’a fait la Russie début septembre.

L’article La séquence du début septembre 2022 en Ukraine du 10 septembre expliquait qu’il se passait quelque chose, que l’affrontement ne restait pas statique en attendant l’hiver. Et en quelques jours depuis, l’Ukraine a en effet réussi une offensive apparemment victorieuse au point de reprendre quasiment 6 000 kilomètres carrés.

Les médias occidentaux, présentent naturellement cela comme une défaite majeure de l’armée russe, qui serait littéralement en lambeaux et qui connaîtrait rapidement une défaite totale, Vladimir Poutine étant éjecté à terme du pouvoir, etc.

Il y a deux soucis majeurs avec cette interprétation. Le premier, c’est que l’armée russe s’est repliée de manière organisée de la région de Kharkiv. Il y a bien entendu des pertes matérielles inévitables dans ce genre de procédé, mais le repli a été une réussite, tout comme l’avait été le repli de la région de Kiev. Or, un repli militaire réussi est l’une des choses les plus difficiles qui soient. Cela implique une organisation au plus haut niveau.

Il y a donc une part de délibéré dans l’initiative, suivant une décision en amont, alors que cela correspond qui plus est à la stratégie russe de laminer par l’artillerie. L’offensive ukrainienne a coûté très cher en termes humains pour cette raison et l’armée ukrainienne fait face à d’énormes problèmes de logistique pour maintenir les positions conquises. Cela modifie toute la situation puisque cela renverse la situation d’assiégeant – assiégé.

Mais les choses vont bien plus loin. L’offensive ukrainienne non seulement ramène l’actualité de la guerre au Nord, avec la « République populaire » de Louhansk de nouveau menacée, mais menace la région de Kherson au sud. On est dans une situation où la Russie se retrouve comme au pied du mur. Le régime ukrainien annonce qui plus est la défaite prochaine de la Russie, la reprise de la Crimée, etc.

Cette situation sert concrètement la mise en place du capitalisme monopoliste d’État russe. A la mi-août 2022, il était constaté ici que le régime ukrainien était désormais colonial, directement dépendant de la superpuissance américaine. Il y avait un basculement complet. On a désormais le phénomène équivalent pour la Russie.

La situation actuelle – que l’armée russe ne pouvait pas ne pas prévoir, de par la quantité de soldats ukrainiens nécessaires pour l’offensive contrairement à encore quelques jours auparavant avec des mini-offensives fictives – est un prétexte à une immense campagne idéologique en Russie, avec des appels à une mobilisation à grande échelle pour la guerre. Le dirigeant du « Parti communiste de la Fédération de Russie », Guennadi Ziouganov, n’a pas hésité à dire que la situation était celle d’une guerre et qu’il fallait aller bien plus loin.

En ce sens, l’armée russe vient pour la première fois de frapper des infrastructures civiles, en l’occurrence la centrale électrique de Krementchoug dans la région de Poltava, celle de Pavlograd dans la région de Dniepropetrovsk, celles de Kharkiv et Zmiev dans la région de Kharkiv.

On est donc dans une montée en gamme de l’initiative russe. La situation anéantit la définition d’une « opération spéciale » avec une population continuant sa vie à l’écart de celle-ci. Désormais, le conflit est la grande actualité et exige une grande « résolution », sans quoi le régime va vaciller. C’est le grand saut dans l’inconnu, alors que parallèlement l’affrontement Arménie-Azerbaïdjan reprend de plus belle et que la guerre franco-gréco-turque s’annonce.

L’armée russe a ainsi accompagné cette situation, voire y a poussé – difficile d’y voir clair, cela dépend de ses propres capacités. Mais elle a clairement poussé à un changement de la configuration générale du conflit. Les choses vont désormais commencer à très mal tourner, il va y avoir une escalade et davantage d’interventions à tous les niveaux dans le conflit, notamment par la Chine d’un côté et l’OTAN de l’autre.

C’est aussi un pas dramatique vers l’utilisation d’une arme nucléaire tactique – la configuration commence à aller dans le sens de s’y prêter.

Catégories
Guerre

La séquence du début septembre 2022 en Ukraine

Il ne faut croire aucun compte-rendu !

C’est une chose capitale, qu’il faut absolument comprendre pour saisir la stratégie russe, mais également en partie la stratégie ukrainienne, car la source est la même : la stratégie soviétique. Dans la stratégie soviétique, pris au sens le plus large possible, il y a militairement deux aspects se répondant l’un l’autre.

Le premier, c’est que l’ennemi doit être démoli par une artillerie massive et pour cela il doit idéalement se retrouver dans une poche sans sortie possible.

Le second, c’est que le leurre doit être une mesure systématique, au point que sa mise en place doit être réalisé parallèlement par plusieurs organismes indépendamment les uns des autres afin de faire un maximum d’effet.

Cela veut dire la chose suivante. L’armée ukrainienne revendique que ses petites contre-attaques se sont transformées en contre-offensives en trois points. Il y aurait tout au nord une attaque permettant même de pénétrer ou de prendre la ville de Balaklaïa (25 000 habitants). Un peu plus bas il y aurait pareillement une avancée, et surtout au niveau de Kherson il y aurait une telle avancée qu’une poche russe de 20 000 soldats environ est possiblement encerclée à terme, et coupée de ressources en raison du fleuve sur son flanc Est, le Dniepr.

Il ne faut en fait pas dire « il y aurait », mais « il y a ». Seulement, on ne sait pas en quelle proportion, et surtout cela implique de raisonner ainsi : l’armée russe est débordée, prise de court… ou bien elle laisse faire avec une véritable mise en scène, en laissant même du matériel pour rendre crédible une forme de « débâcle » à petite échelle.

Ce qui rend fort crédible cette hypothèse, c’est que tout d’abord comme dit plus haut telle est la tradition militaire russe du leurre… Qu’ensuite l’armée russe était fortement installée depuis des semaines voire des mois dans la zone, ayant ainsi le temps de tout fortifier… Et que justement comme un assaillant perd bien plus de forces qu’un défenseur, il est bien plus intelligent de laisser une armée ennemie foncer sur des positions fortifiées que de soi-même aller à l’assaut.

C’est d’autant plus vrai que l’armée ukrainienne avait largement fortifié depuis des années ses propres positions. L’armée russe a ainsi tout à gagner à remodeler le conflit.

Ce qui rend vraiment plausible cela qui plus est, c’est que sur les réseaux sociaux russes et pro-russes, la thèse de l’avancée ukrainienne est mise en avant telle quelle, de manière unilatérale. C’est bien trop linéaire par rapport aux discours multiples qu’il y a d’habitude. Il y a quelque chose qui ne va pas.

Un point essentiel également est que l’armée ukrainienne est littéralement sous commandement américain et que le caractère de cette offensive est typique de l’esprit du « blitzkrieg » justement, la forme traditionnelle des armées jouant sur la mécanisation et l’aviation pour passer en force. C’est là aussi un avantage pour l’armée russe.

Le régime ukrainien obéit par ailleurs au besoin de donner une image d’efficacité aux pays occidentaux en termes de résultat, et de se présenter à la population comme à même de défendre le pays. Pour autant, le régime ukrainien impose un black out total sur l’ensemble des opérations.

Il ne faut donc, au sens strict, croire aucun compte-rendu. On est dans une séquence qui ne sera lisible que dans quelques semaines. Et elle sera fortement lisible, parce que dans un sens comme dans un autre, on va aller dans le sens d’une escalade.

La séquence de début septembre 2022 dans le conflit Russie-Ukraine n’est pas lisible, mais elle montre que les choses ne restent nullement statiques en attendant l’hiver. Il va se passer encore beaucoup de choses dans les prochaines semaines et c’est un pas de plus dans le processus d’affrontement généralisé dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

Catégories
Guerre

Contre-offensive fictive de l’Ukraine

On est dans le storytelling, au prix du sang.

Le régime ukrainien a annoncé le 29 août 2022 avoir lancé sa contre-offensive dans le sud du pays, afin de récupérer la région de Kherson. Cette contre-offensive a été annoncée à de nombreuses reprises depuis deux mois, le régime ukrainien expliquant également plusieurs fois que la région serait reconquise à l’automne.

En pratique, la contre-offensive a consisté en réalité en plusieurs attaques dans la région de Kherson, quatre villages ayant été conquis – on parle ici grosso modo de l’emploi d’une centaine de véhicules, d’un millier de soldats. Car l’Ukraine n’a pas les moyens de réaliser une contre-offensive de grande ampleur, contrairement à sa rhétorique qui relève du storytelling, et ce d’autant plus que le régime est désormais totalement inféodé à la superpuissance américaine.

L’instauration il y a quelques jours de la loi 5371 qui supprime le droit du travail pour la grande majorité des salariés est une expression de cette réalité désormais coloniale, et comme la base du régime est désormais plus qu’étroite, il faut d’autant plus renforcer l’idéologie afin de mobiliser les masses. C’est le sens de l’annonce d’une pseudo contre-offensive de grande ampleur.

En pratique, ce sont les masses qui vont payer le prix du sang pour de multiples contre-attaques sans réelle portée, dont la seule fonction est le storytelling du régime. Un régime qui cherche à vendre le pays à tout prix, comme le montre le discours du président ukrainien Volodymyr Zelensky le 29 août 2022 toujours, pour l’ouverture de l’université d’été du syndicat patronal français, MEDEF.

Encore le même jour, on a l’armée ukrainienne qui a salué… la North Atlantic Fellas Organization, les fellas (ceux qui partagent la même activité, en argot américain), qui sont toujours représentés par un chien Shiba Inu. Il s’agit d’une structure produisant des « memes », des images à portée humoristique ou dédaigneuse, ici pour mener une intense propagande en ligne contre la Russie et l’armée russe.

Il va de soi que cette « armée » en ligne n’a rien de spontané, l’OTAN ayant déjà en 2015 publié un document prônant la guérilla propagandiste en ligne au moyen de memes (on peut lire le dossier de l’OTAN ici : https://www.act.nato.int/images/stories/media/doclibrary/open201705-memetic1.pdf).

Tout cela montre les limites de la défense militaire ukrainienne, vassalisée à la superpuissance américaine et s’appuyant sur une narration nationaliste délirante. Ici, impossible encore de ne pas mentionner la femen Inna Shevchenko, qui a découvert son pays avec l’invasion et propage depuis un discours halluciné, littéralement fanatique. Les Ukrainiens seraient aujourd’hui plus proches des Américains et des Britanniques que des Russes… Faut-il être biberonné aux dollars et aux euros pour sortir de tels propos.

Mais les limites de ce discours ultra nationaliste sont désormais patentes et il faut continuer à vendre du rêve, coûte que coûte, alors que la Russie se prépare de son côté à une vaste offensive dans les prochaines semaines, en ayant quant à elle réellement les moyens de la mener.

On rentre dans l’étape où un drame va se jouer pour la nation ukrainienne. Son propre destin lui échappe désormais complètement et la petite clique qui choisit pour elle l’amène à la défaite, à l’effondrement. Les Ukrainiens ne vont rien comprendre à ce qui leur arrive, tout comme ils n’ont strictement rien compris à l’invasion russe. On a là une catastrophe humaine de très grande ampleur, une horreur.

Catégories
Guerre

La loi 5371 en Ukraine supprime le droit du travail

La fin du droit pour les salariés.

Alors que ce 24 août 2022 le régime ukrainien célèbre la mise en place d’une Ukraine post-soviétique en 1991, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ratifié le 23 août la loi 5371. Elle concerne 70% des masses laborieuses ukrainiennes, qui travaillent dans les Petites et Moyennes Entreprises, les PME, soit toutes les entreprises de moins de 250 personnes. Le droit du travail n’y a désormais plus cours ; chaque salarié aura maintenant son propre contrat individuel.

Cela supprime de fait le droit d’association pour les travailleurs et l’existence même de syndicats. Le rapport de force est unilatéralement en faveur des employeurs. Les travailleurs ne peuvent pas se défendre, ils sont à la merci de contrats taillés sur mesure par le patronat.

Cela a forcément un impact sur les 30% des travailleurs non concernés, pour qui la pression devient immense, puisqu’il y aura un chantage terrible. Qui revendique quelque chose sera licencié et se retrouvera dans les 70% connaissant une précarité absolue.

Pour la grande majorité des travailleurs, c’est un retour au 19e siècle, ce qui est en phase avec la modification de la nature du régime ukrainien depuis le début de la guerre. De semi-colonie américaine, le pays est devenu une colonie et la suppression du droit du travail correspond à la nature fasciste du régime, au service des intérêts américains. Les capitalistes français en profiteront aussi naturellement, à condition cela étant que le régime ukrainien se maintienne face à l’offensive russe.

Le régime ukrainien avait également fait que les travailleurs mobilisés par l’armée continuent de percevoir leurs salaires : c’en est fini, c’est le gouvernement qui s’en occupe mais cela fonctionne mal. Cela renforce cependant le rôle de l’État, qui militarise l’ensemble de la société, non pas au sens d’une armée populaire, mais d’un peuple enfermé par les armes. Cela se voit avec l’incapacité d’une mobilisation armée à grande échelle : l’Ukraine devrait mener une guerre de libération nationale, elle ne le fait pas, et elle ne peut pas le faire de par la nature du régime.

Depuis la fin juillet, il y avait d’ailleurs également des sortes de semi-contrats où les travailleurs, à hauteur de 10% du personnel, font du 32 heures par semaine avec un planning au jour le jour. Cela pavait la voie à la loi 5371, alors qu’il y avait beaucoup d’espoir du côté des syndicats ukrainiens pour que celle-ci ne soit pas ratifiée.

C’est une défaite complète. Les masses laborieuses se retrouvent concrètement divisées, éparpillées, écrasées. C’est la conséquence de l’incapacité de celles-ci à comprendre les enjeux de l’époque et comment l’Ukraine est devenue une victime de la bataille pour le repartage du monde.

Cette situation va naturellement réimpulser en même temps la lutte des classes. Mais le processus va être terriblement tortueux, et les masses ukrainiennes vont devoir être à la fois fortes et ingénieuses pour faire face à la fois à l’envahisseur russe, à la tutelle coloniale de la superpuissance américaine, à l’oligarchie ukrainienne et au régime ukrainien de type fasciste. C’est pour l’instant par ailleurs extrêmement mal parti, les Ukrainiens ne comprenant rien à ce qui leur arrive, par aveuglement nationaliste.

Catégories
Guerre

L’attentat contre Alexandre Douguine et l’armée nationale républicaine russe

Quelque chose se passe.

Dans la nuit au 21 août 2022, non loin de Moscou, le véhicule de Darya Douguine a explosé car il avait été piégé, son père Alexandre Douguine devait s’y trouver mais avait changé d’avis à la dernière minute. L’action a été revendiquée depuis l’Ukraine par une Armée nationale républicaine russe.

Les gens s’intéressant à la question ukrainienne et lisant agauche.org connaissent déjà Alexandre Douguine, qui a été avec Edouard Limonov décédé en mars 2020 à la tête du mouvement « national-bolchevique » en Russie. Plusieurs mois avant le déclenchement de la guerre en Ukraine avait été publié le très important document L’expansionnisme russe anti-ukrainien et sa base idéologique «eurasienne», qui présentait l’idéologie d’Alexandre Douguine et son rôle dans la négation russe de l’Ukraine.

En mars 2022, il était également souligné dans Alexandre Douguine, la guerre en Ukraine et l’extrême-Droite française que la démarche russe « impériale » provoquerait un certain élan idéologique en France, qui s’est effectivement produit dans certains secteurs nationalistes français avec une idéologie prônant empire multi-communautaire contre le mondialisme.

Sa fille Darya Douguine, tuée dans l’explosion, était sur la même ligne et participait pareillement à des réseaux d’information sur la ligne eurasienne ; elle avait été à Bordeaux et parlait par ailleurs français.

Alexandre Douguine et sa fille Darya Douguine

Il a beaucoup été dit dans les médias français qu’Alexandre Douguine est l’éminence grise de Vladimir Poutine, son Raspoutine. Ce n’est pas exact ; Vladimir Poutine est sur une ligne nationaliste imprégnée de religion orthodoxe, dans la tradition du philosophe Ivan Iline et de l’écrivain Alexandre Soljenitsyne.

Ce qui est vrai par contre est que la conception « eurasienne » d’Alexandre Douguine forme un arrière-plan idéologique incontournable dans le dispositif russe impérial à prétention anti-capitaliste, avec Moscou comme troisième Rome représentant le « continent » contre l’esprit commerçant des « îles » (avec la Grande-Bretagne et les États-Unis), soit les forces « telluriques » contre les forces « thalassocratiques ».

Une telle démarche ne peut pas être toutefois reprise telle quelle par le régime russe, car il y a une dimension mystique délirante à tous les niveaux, Alexandre Douguine se situant ici dans le prolongement de la conception d’un affrontement « à travers les âges » développé par le nazi italien Julius Evola.

Pour cette raison, le choix d’Alexandre Douguine est assez particulier si c’est réellement une opposition interne russe, car sur le plan pratique il ne représentait rien, alors que sur le plan idéologique il était en première ligne pour nier l’Ukraine et prôner depuis 2014 son effacement historique, tout comme sa fille d’ailleurs.

Cela veut dire l’alignement complet de l’opposition russe sur l’Ukraine, et donc sur les États-Unis, ce qui enlève directement tout sol en Russie à une telle opposition. La revendication par l’Armée nationale républicaine a d’ailleurs été faite depuis Kiev par l’entrepreneur Ilya Ponomarev ayant depuis plus de deux décennies une carrière d’opposant en Russie.

Cette revendication s’aligne sur les multiples actions que tentent l’Ukraine contre la Crimée ; Ilya Ponomarev s’était opposée à l’annexion de la Crimée, une chose strictement inconcevable en Russie où la Crimée est vue comme une composante historique absolument inaliénable, avec une très grande insistance sur la ville de Sébastopol.

On est ici dans la tentative de faire s’effondrer la Russie, en générant une opposition interne qui puisse servir d’intermédiaire pour sa vassalisation, l’Ukraine se voyant prendre un rôle majeur dans la région, du moins l’imagine-t-elle car en réalité c’est la Pologne qui deviendra centrale. On retrouve ici toutes les problématiques impérialistes des années 1910-1920-1930, avec un rebattage des cartes géographiques, pour un repartage général du monde.

Il est évident ici que quelque chose de profond se passe, une tentative de prévoir les événements d’après – d’après la défaite d’un des deux protagonistes de la guerre russo-ukrainienne. L’escalade apparaît donc comme inévitable : aucune porte de sortie n’est plus possible.

Catégories
Guerre

L’Ukraine en train de basculer, son statut est colonial

Militairement et intérieurement.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé le 12 août 2022 que le parlement ukrainien prolonge de 90 jours, à partir du 23 août, la loi martiale et la mobilisation générale. Mais le 10 août, le chef du bureau présidentiel, Andriy Yermak, a expliqué qu’il fallait que la guerre soit terminée avant l’hiver, sans quoi le pays ne tiendrait pas en raison des blocages pratiques concernant le chauffage pour la population.

Cela veut dire que l’armée ukrainienne doit absolument l’emporter dans les trois mois à venir – sauf qu’il est désormais très clair que la fameuse contre-offensive dans la région de Kherson tant annoncée par le régime ukrainien n’a pas eu lieu, n’a pas lieu et n’aura pas lieu alors que l’armée russe a réussi à recruter en masses de nouvelles troupes, au grand dam de tous les commentateurs occidentaux.

L’armée russe continue d’ailleurs de grignoter du terrain au Donbass ; pour une victoire décisive sur l’Ukraine il faut cependant que le verrou que représente le Donbass tombe et il reste de nombreuses zones fortifiées encore. Pour que la Russie l’emporte il faut au moins deux mois, a minima.

Cela signifie que soit la superpuissance américaine et l’OTAN redoublent d’efforts pour renforcer l’Ukraine, soit ce sera la défaite irrémédiable dans les six mois. Et le régime, qui a compris et qui a admis qu’il n’était qu’une pièce dans un jeu d’échecs sanglant, est d’accord pour aller jusqu’au bout.

Cela veut dire être prêt à jouer avec le feu avec la centrale nucléaire de Zaporijia, cela veut dire aussi accepter d’être le bras armé de l’OTAN. Voici par exemple le message de l’armée ukrainienne sur un réseau social, Twitter, pour célébrer la journée de l’aviation militaire. Il y est dit que les faucons combattants ukrainiens contre-attaquent.

Le souci, c’est que l’aviation militaire ne dispose pas du tout de l’avion représenté. C’est une allusion à l’avion de combat américain F-16 Fighting Falcon (faucon combattant) que l’Ukraine espère recevoir un jour.

C’est là très important, parce que cela veut dire que l’armée ukrainienne ne se célèbre plus elle-même, son combat contre l’armée russe. Elle a choisi une sorte de petite mise en scène idéologique, assumant sa soumission complète à la superpuissance américaine. En fait, le régime s’arc-boute sur un noyau dur entièrement vendu à l’OTAN et à la superpuissance américaine, le pays est devenu littéralement une colonie.

Le pays n’est tout simplement plus maître de son destin. Si l’armée russe l’emporte, le pays est dépecé et en paie le prix pour des décennies, et si l’armée ukrainienne l’emporte, ce sera pour prolonger le mouvement contre la Russie jusqu’à ce qu’elle tombe.

Le régime est le vecteur de cette approche jusqu’au boutiste dans l’auto-destruction avec une haine désormais entièrement assumée et fanatisée de tout ce qui est russe. Si le régime ukrainien pouvait lancer une bombe atomique sur Moscou, il le ferait sans aucun souci. La femen Inna Shevchenko, qui a découvert son pays d’origine le jour du début du conflit, explique encore ces jours-ci que… « 98% des Ukrainiens pensent qu’ils vont gagner la guerre » et appelle à élargir toujours plus celle-ci.

Le régime ukrainien et ses soutiens ne cherchent même plus à prétendre défendre la nation ukrainienne, sa culture, son histoire, et ils ne l’ont d’ailleurs jamais vraiment fait. Mais même les apparences de cela ont disparu, on est désormais seulement dans un appel à littéralement effacer la Russie historiquement.

Il va de soi qu’en agissant ainsi le régime ukrainien se comporte comme Hitler dans son bunker et se coupe de l’ensemble de la réalité nationale ukrainienne. Mais comme il n’y a pas de Gauche en Ukraine – elle est interdite depuis 2014 – les possibilités d’une expression démocratique et populaire sont nulles.

L’Ukraine, pays devenu une colonie américaine, a donc un régime zombie qui pousse à un effondrement d’envergure nationale. C’est un drame complet pour la nation ukrainienne.

Catégories
Guerre

Le régime ukrainien est devenu un régime zombie

La rupture n’est pas loin.

C’est un événement qui révèle bien l’ampleur de la crise interne à l’Ukraine. Début août 2022, Amnesty International a publié un rapport intitulé « Ukraine. Les tactiques de combat ukrainiennes mettent en danger la population civile ». L’accusation faite par Amnesty International est la suivante :

« Les forces ukrainiennes mettent en danger la population civile en établissant des bases et en utilisant des systèmes d’armement dans des zones résidentielles habitées, notamment des écoles et des hôpitaux, lors des opérations visant à repousser l’invasion russe qui a débuté en février, a déclaré Amnesty International le 4 août.

Ces tactiques de combat violent le droit international humanitaire et mettent gravement en danger la population civile, car elles transforment des biens de caractère civil en cibles militaires. Les frappes russes qui en ont résulté dans des zones habitées ont tué des civil·e·s et détruit des infrastructures civiles. »

Le régime ukrainien a alors rué dans les brancards. Car il ne connaît pas le fonctionnement d’Amnesty International, de Greenpeace et de toutes les ONG de grande ampleur. Ces ONG accompagnent les événements, avec une critique de faible mesure servant à neutraliser une critique réelle. Les ONG servent de zones tampons pour empêcher que les choses partent trop dans le mauvais sens niveau contestation.

Donner le champ libre aux ONG est une pratique américaine qui s’est généralisée à l’ensemble des pays occidentaux, qui savent que de toute façon dans le libéralisme et le relativisme général, cela ne peut que servir.

Le régime ukrainien ne connaît rien à tout cela et il a alors accusé de manière violente Amnesty International de faire le jeu de la Russie. La responsable d’Amnesty International en Ukraine, Oksana Pokaltchouk, a démissionné au nom des mêmes motifs. C’est totalement furieux et c’est représentatif du tournant que connaît l’Ukraine.

C’est un peu comme si avait pris les commandes la Femen Inna Shevchenko, qui sur le réseau social Twitter est devenue une fanatique pro-OTAN et pro-guerre, totalement anti-russe, depuis le début de la guerre (elle qui ne parlait auparavant jamais de l’Ukraine). Pour donner un exemple concret, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé la population dans la partie sous contrôle ukrainien du Donbass à entièrement quitter la zone. L’idée est de passer à un affrontement généralisé en mode particulièrement brutal.

Le régime ukrainien prétend même que la région de Kherson, prise par la Russie dès le début de son « opération spéciale », sera reprise avant septembre ! C’est le discours rabâché depuis deux semaines, y compris et notamment par les médias occidentaux, et là à la fin de la première semaine d’août on s’aperçoit qu’il n’y a pas d’offensive ukrainienne réelle mise en place, mais par contre que l’armée russe a amassé de nombreuses troupes et matérielles dans la région.

Pour comprendre la question, voici la carte de situation établie par l’armée française. Elle date du tout début d’août mais cela ne change rien au fond.

Il y a trois zones d’affrontement sévère sur une ligne de front immense. La principale zone, c’est la zone de Donetzk, le point (2). C’est dans cette zone que la Russie a pris environ 165 km2 au mois de juillet 2022. Cela semble peu, mais c’est une zone où depuis 2014 l’Ukraine a établi de véritables forteresses, profitant notamment que ce soit une zone minière.

Rien qu’avec cela et le fait que l’armée ukrainienne soit numériquement immense, l’idée d’une Russie qui aurait voulu gagner en trois jours ne tient pas debout. Le Donbass est ultra militarisé et l’armée ukrainienne sur-développée. Mais cette armée est en déconfiture depuis plusieurs semaines et perd même chaque jour du terrain dans cette zone forteresse. Si elle tombe, c’est toute la ligne de front qui va céder, en coûtant la vie à des milliers de soldats ukrainiens.

L’armée ukrainienne tente pour cette raison de grignoter du terrain dans la zone (3), à côté de la région de Kherson et juste avant Odessa. Elle déplace même des troupes depuis la zone (2), au risque majeur de faire tomber le Donbass. Mais ce déplacement n’obéit pas réellement à une possibilité de contre-offensive. Il correspond à une manœuvre pour dire aux pays occidentaux qu’une contre-offensive est possible… et qu’il faut donc fournir des armes, du matériel, etc.

Sur le site Euromaidan press, qui reflète le point de vue du régime ukrainien, il est ainsi demandé… 1 400 tanks, 4 200 véhicules blindés d’infanterie et de transports de troupes, 1 100 canons automoteurs de type M109 et 400 canons automoteurs d’artillerie lourde de type CAESAr – Krab – Panzerhaubitze 2000, 50-60 systèmes de lance-roquettes multiples à haute précision et à longue distance.

C’est totalement fou. Pour donner un exemple, la France dispose de 58 canons CAESAr, après en avoir donné 18 à l’Ukraine. Ce que demande l’Ukraine impliquerait que tous les pays de l’OTAN fournissent pratiquement directement leur matériel.

Et la raison de cela est très simple. Le régime ukrainien a compris que la superpuissance américaine ne visait pas une victoire ukrainienne, mais une défaite russe. L’Ukraine est là pour saigner à blanc la Russie, pas pour simplement vaincre. Il y a donc une divergence d’intérêts et le seul moyen pour le régime ukrainien de modifier les choses en sa faveur est de partir dans une logique de guerre totale, pour forcer la main des pays occidentaux.

Le régime ukrainien est en fait devenu un régime zombie.

Catégories
Guerre

L’Assemblée nationale vote l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN

Le camp du bellicisme est totalement dominant en France.

Ce 2 août 2022, dans le plus grand silence médiatique, s’est tenue à l’Assemblée nationale la « discussion du projet de loi autorisant la ratification du protocole au Traité de l’Atlantique Nord sur l’accession de la République de Finlande et la ratification du protocole au Traité de l’Atlantique Nord sur l’accession du Royaume de Suède ».

Il ne s’agit bien entendu pas d’une discussion, mais d’un moment où chaque groupe parlementaire exprime son opinion tout en nuances par rapport à ce qui est considéré comme déjà acquis. Personne n’a ainsi dénoncé l’OTAN ; il y a ceux pour, ceux pour d’une autre manière, ceux qui pensent qu’on aurait pu ou dû faire différemment. Cela s’arrête là et en deux heures l’affaire a été pliée, prolongeant le même vote au Sénat le 21 juillet 2022, après la mise en place du projet de loi par le gouvernement et l’aval immédiat par le Conseil d’État, les 12-13 juillet.

Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères, a présenté cette adhésion comme un « grand réveil stratégique ». Elle a souligné le parallèle entre l’OTAN et l’Union européenne ; elle a affirmé que pour la période intermédiaire jusqu’à l’adhésion (puisque tous les pays membres doivent signer leur accord), la Finlande et la Suède seront « protégés ».

Catherine Colonna a d’ailleurs à ce niveau prétendu que la Finlande et la Suède seraient en « rupture » avec leur neutralité précédente. Cela n’est pas du tout vrai. En réalité, la Suède faisait comme la Norvège en agissant comme pays pseudo « neutre » pour servir d’intermédiaires, notamment lors de l’établissement d’accords de paix ou de l’accueil et l’intégration d’opposants politiques fuyant leurs pays (et rompant en pratique ainsi avec ceux-ci).

Et sur le plan militaire, la Finlande et la Suède sont organisées depuis longtemps avec l’OTAN, même si de manière non officielle. Il faut bien comprendre que l’OTAN exige une correspondance à haut niveau sur le plan du matériel et de bonnes relations pratiques. Tout cela est déjà mis en place depuis longtemps déjà. Si ce n’était pas le cas, jamais l’adhésion n’aurait pu avoir lieu de manière aussi rapide !

Catherine Colonna a d’ailleurs bien été obligée de dire qu’effectivement les armées finlandaise et suédoise disposaient déjà d’une vaste interopérabilité avec les forces de l’OTAN. L’adhésion ne fait que tomber les masques.

Bien entendu, cela implique d’autant plus de dénoncer la Russie comme seule fautive, l’OTAN étant soit disant seulement défensive. C’est Jean-Louis Bourlanges, rapporteur de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale et membre du Modem (et donc de la majorité présidentielle), qui s’est chargé de tenir un discours violemment agressif à ce sujet. « Pour l’OTAN c’est l’heure du réveil », « L’Amérique est de retour »… En avant, marche !

Après cette introduction, les intervenants de chaque groupe ont parlé… cinq minutes.

Tematai Le Gavic a parlé le premier, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine (mis en place par le PCF), sans vraiment le dire puisqu’il a parlé en fait en quelque sorte de la NUPES en général, lui-même étant un indépendantiste polynésien (de 21 ans) rattaché au groupe du PCF (groupe lui-même membre de la NUPES). Il a tenu un discours sympathique et n’allant pas loin, il a dit qu’il fallait plus de diplomatie, moins de guerre et que par conséquent… Les députés NUPES voteront soit contre, soit s’abstiendront.

Comme lui-même est député de la Polynésie française, il a d’ailleurs justement un petit discours sur les armes atomiques (de par les tests français dans la région), ce qui est censé suffire pour apparaître comme « positif ».

Après lui, le centriste « neutre » Stéphane Lenormand et Natalia Pouzyreff, de la majorité présidentielle et même du parti gouvernemental (« Renaissance »), ont tous les deux souligné l’importance d’une « Europe de la Défense », la seconde mettant en valeur les sanctions contre la Russie, qui seraient efficaces.

Après cela, Laurent Jacobelli, du Rassemblement National, a dit qu’il faudrait bien discuter avec la Russie, qu’il ne fallait pas suivre les impérialismes russes et américain, que l’Union européenne était une bureaucratie, que l’adhésion de la Finlande et de la Suède étaient trop précipitée. Il est resté somme toute très mesuré, comme son parti et Marine Le Pen depuis le début de la guerre.

Aurélien Saintoul, de La France Insoumise, a pris la parole après eux, et a directement commencé en dénonçant la Russie, son invasion et les crimes commis dans la foulée, reprenant donc à son compte le discours dominant.

Puis il a expliqué qu’il fallait partir du point de vue des intérêts français. Il a alors expliqué que tout était très compliqué, bref il a fait de la géopolitique, en disant qu’il fallait faire autre chose. C’est la ligne réelle de Jean-Luc Mélenchon et de La France Insoumise : la France doit être une sorte de capitalisme impérial à vocation sociale et trouvant une place idéale en jouant sur la carte du « monde multipolaire ». La preuve de cela, c’est qu’il n’y a aucune dénonciation de l’OTAN et cela montre bien la nature de La France Insoumise.

Michèle Tabarot, de la Droite traditionnelle avec Les Républicains, a expliqué que son groupe soutenait l’adhésion, et voilà tout.

Frédéric Petit, du Modem et Indépendants, donc de la majorité présidentielle, a dénoncé « l’impérialisme moscovite », reprenant le discours ukrainien qu’il n’y a pas de Russie, mais simplement une « Moscovie », lui-même utilisant le terme.

Ce député a également parlé de la région qui lui tient à cœur et qui allait « de la mer Baltique à la Mer Noire », ce qui est le discours historique de l’expansionnisme polonais de Pilsudski des années 1930. Et on comprenne qu’elle lui tienne à cœur, cette région, puisqu’il a été employé dans l’Est européen par Consolis, « groupe industriel européen du secteur de la construction , des travaux publics et de l’infrastructure ferroviaire, spécialisé dans la conception d’ouvrages et de bâtiments hautes performances en béton ».

Alain David, pour les socialistes, a grosso modo présenté le soutien à l’adhésion de la Finlande et de la Suède comme inévitable, et a appelé à la mise en place d’une « armée européenne » représentant l’Union européenne.

Sa prise de parole a été suivie par celle de Jean-François Portarrieu, du groupe Horizons et apparentés (Horizons est un parti de la majorité présidentielle, fondé par l’ancien premier ministre Édouard Philippe), qui a dit la même chose sur la nécessité d’une armée européenne.

A suivi Cyrielle Chatelain, d’Europe Écologie Les Verts, qui a bien entendu soutenu l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, dénonçant la Russie en reprenant tous les arguments de la propagande ukrainienne et américaine. Elle a appelé à une Europe de la Défense où l’armée française, fort de son ampleur, jouerait un rôle central, ce qui permettrait de mieux défendre les zones d’influence françaises !

C’est Emmanuelle Ménard (dont le mari est Robert Ménard, maire de Béziers) qui a conclu, c’est une souverainiste (députée de Béziers) et ce qu’elle a dit n’était pas clair du tout.

On se rappellera ici que la Turquie a dit qu’elle accepterait l’adhésion de la Finlande et de la Suède s’il y a expulsion de gens considérés comme terroristes. Ce thème a été repris par Jean-Louis Bourlanges (le rapporteur de l’assemblée), Aurélien Saintoul (de LFI), Michèle Tabarot (LR), Alain David (PS) et Cyrielle Chatelain (EELV) afin de dénoncer très violemment la Turquie. Jean-Louis Bourlanges a ouvertement expliqué que la Turquie attaquerait la Syrie et la Grèce, mais sans doute pas encore de par le climat actuel.

La guerre avec la Turquie est clairement un leitmotiv à l’arrière-plan de la vie politique française.

Il y a eu après ces interventions un vote rapide, à main levée, pour les articles, s’ils sont à modifier. Ont suivi alors des « explications de vote ».

Jean-Paul Le Coq a pris la parole le premier, au nom du groupe mis en place par le PCF. La première chose qu’il a mis en avant c’est… la solidarité avec l’Ukraine, et le soutien aux « résistants ukrainiens » sur le terrain ! Il a appelé à la paix et a expliqué qu’il faudra à l’avenir une zone démilitarisée à l’Est de l’Europe.

Mireillee Clapot, du parti présidentiel Renaissance, a directement dit que l’Union européenne c’était le politique et le social, l’OTAN le militaire.

Nadège Abomangoli, de La France Insoumise, a regretté l’époque où la Finlande et la Suède étaient (soit disant) non-alignés et d’excellents « médiateurs », mais leur choix de rejoindre l’OTAN revient au Poutine qualifié de « criminel ». Elle a également dénoncé longuement le régime turc. Elle a ensuite prôné de manière assez confuse un monde « multipolaire ».

Jean-Louis Thiérot, de la Droite traditionnelle avec Les Républicains, a dénoncé l’agresseur russe, menace collective pour la sécurité européenne.

Frédéric Petit, du Modem et Indépendants, a repris la parole, pour expliquer que la Russie souffre des sanctions, et que de toutes façons « l’impérialisme moscovite » est le même depuis deux cents ans. Ce fou furieux représente vraiment la fraction la plus agressive visant au démantèlement de la Russie et à ce titre il faudra suivre ses délires, car plus il aura du poids, plus cela voudra dire que le bellicisme le plus dangereux prend le dessus.

Guillaume Garot, des socialistes, a simplement dit qu’il y avait une nouvelle géopolitique à la suite de l’invasion russe, et que les socialistes voteraient l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN.

Hubert Julien-Laferrière, d’EELV, a dénoncé la Russie et mit en valeur l’idéologie de l’Union européenne.

Enfin, un peu avant 23h30, il y a le vote, avec 308 votants, 255 suffrages exprimés, 209 voix pour, 46 contre.

L’Assemblé nationale a voté pour la Finlande et la Suède dans l’OTAN. Aucune voix n’a dénoncé l’OTAN comme une entreprise belliciste, personne n’a dénoncé la fourniture d’armes, de matériel et d’argent à l’Ukraine par la France et l’Union européenne. Tout passe comme une lettre à la poste, avec La France Insoumise et le PCF servant de faire-valoir au régime, faisant beaucoup de bruit au sujet du social, tout en ne remettant en rien en cause du fond même du régime français, de son capitalisme, de sa marche à la guerre.

Catégories
Guerre

La Hongrie dans le grand jeu avec la guerre en Ukraine

La zone devient une poudrière.

Le 20 juillet 2022, l’Union européenne a proposé un plan de réduction de la consommation du gaz de 15%, afin d’aider les pays membres restant très dépendants du gaz russe. Immédiatement, la Grèce, l’Espagne et le Portugal ont refusé.

Et le 21 juillet 2022, le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto était à Moscou pour acheter 700 millions de mètres cubes supplémentaires de gaz naturel . Il y a même eu une conférence de presse à ce sujet. La Hongrie dépend de la Russie pour 65% de son pétrole et 80% de son gaz.

Le président hongrois Viktor Orban a par la suite expliqué le 23 juillet dans un discours que l’Ukraine ne pouvait pas gagner la guerre, que les sanctions ne servaient à rien contre la Russie et que par contre les gouvernements européens allaient tomber comme des dominos. La seule solution est un dialogue américano-russe. « Ce n’est pas notre guerre » a-t-il souligné, qualifiant de « propagande ukrainienne » l’idée que la Russie attaque ensuite un membre de l’OTAN comme la Pologne ou la Lituanie.

Là où cela devient d’autant plus intéressant – et d’autant plus complexe – c’est que ce discours a été tenu en Roumanie, lors d’une université d’été annuelle, à Baile Tusnad, un lieu de cure thermale, en Transylvanie. Pourquoi là-bas ? Car il y a 1,4 million de Hongrois ethniques en Roumanie, qu’historiquement la Hongrie a tenté d’annexer lors de l’alliance avec l’Allemagne nazie pendant la seconde guerre mondiale.

Proportion de Hongrois ethniques en Roumanie en 2002 (Wikipédia)

Et il y a plus de 150 000 Hongrois ethniques… en Ukraine, dans la région de la Transcarpatie.

Proportion de Hongrois ethniques en Hongrie en 2001 (Wikipédia)

Là où cela se corse, c’est que de manière officielle, l’armée hongroise est en alerte et prête à intervenir pour aider/sauver les Hongrois ethniques d’Ukraine.

Les Hongrois ethniques en Europe (Wikipédia)

En fait, depuis le Traité de Trianon de 1920, la Hongrie réactionnaire considère la récupération de la grande Hongrie comme sa mission. Ce fut la ligne de la Hongrie pendant la deuxième guerre mondiale, qui a réalisé nombre d’annexions aux dépens de ses voisins.

Annexions hongroises à partir de 1938 (Wikipédia)

Il serait vain en effet de considérer que lors de la marche à la guerre, il y aurait un affrontement unilatéral bloc contre bloc. Les intérêts des uns ne sont jamais les intérêts des autres ; seul le prolétariat a une approche universelle. Pour cette raison, les contradictions entre puissances ne s’arrêtent jamais, elles peuvent être secondaires à certains moments, par des alliances, temporairement, voilà tout. C’est cela qui rend également inexorable la tendance à la guerre.

Catégories
Guerre

Le Sénat valide l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN

La convergence avec l’OTAN est quasi totale.

Les médias français ont passé sous silence le vote du Sénat concernant l’acceptation de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN. Les résultats du scrutin ont été les suivants : sur 348 votants, il y a eu 340 votes exprimés, avec 323 pour, 17 contre.

Les 17 votants contre l’acceptation :

– appartiennent au groupe sénatorial mis en place par le PCF pour 15 d’entre eux : Cathy Apourceau-Poly, Éliane Assassi, Jérémy Bacchi, Éric Bocquet, Céline Brulin, Laurence Cohen, Cécile Cukierman, Fabien Gay, Mme Michelle Gréaume, Gérard Lahellec, Pierre Laurent, Marie-Noëlle Lienemann, Pierre Ouzoulias, Pascal Savoldelli, Marie-Claude Varaillas ;

– consistent en deux élus de Droite souverainiste et d’extrême-Droite pour le reste : Jean Louis Masson, Stéphane Ravier.

C’est une très bonne chose que les sénateurs liés au PCF aient en bloc voté contre l’adhésion. C’est très positif, car le PCF va devoir basculer. Avant la guerre en Ukraine, il était encore pour la sortie de la France de l’OTAN et même la dissolution de l’OTAN. Seulement, aujourd’hui, assumer une telle position est quelque chose d’extrêmement conflictuel.

Le PCF osera-t-il affronter une opinion publique chauffée à blanc, des institutions totalement pro-Ukraine ? C’est tout simplement impossible. Et autant là le vote du Sénat est passé inaperçu, autant le vote à l’Assemblée nationale sera plus visible et là il faudra assumer dans un sens ou dans un autre.

Surtout que, bien entendu, ce n’est pas du tout la position du Parti socialiste et d’EELV. Chez EELV, l’unanimité a été pro-OTAN. Du côté socialiste, 59 ont voté pour, 5 autres se cachant dans l’abstention : Jérôme Durain, Gisèle Jourda, Laurence Rossignol, Jean-Claude Tissot, Mickaël Vallet.

Ces gens se sont mis dans une position intenable, cherchant à échapper à une question hautement politique en passant inaperçu. L’Histoire va ici être impitoyable avec leur lâcheté.

Les 3 derniers abstentionnistes sont de la Droite traditionnelle : Sylvie Goy-Chavent, MM. Alain Houpert, Alain Joyandet, de Les Républicains, les autres sénateurs membres du groupe s’alignant sur l’OTAN.

Cela montre que la question va tanguer politiquement à gauche, car la totalité des institutions est pro-OTAN. Y a-t-il encore de la place pour une contestation à la PCF ? On va très vite le savoir et on sait déjà que la réponse sera négative dans un tel contexte de marche à la guerre.

Catégories
Guerre

Vote au Sénat pour l’élargissement de l’OTAN : les bellicistes à « gauche » vont se dévoiler

Ils s’aligneront pour l’OTAN, ou ne feront au mieux rien contre.

Ce sont les institutions françaises qui œuvrent à armer l’Ukraine, pas simplement le gouvernement sous l’égide du président Emmanuel Macron. C’est ainsi devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat que le 19 juillet la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a annoncé l’envoi de six canons CAESAr en Ukraine.

Cela porte à 18 le nombre total de ces canons (de plus de huit mètres) fournis à l’armée ukrainienne. Et la ministre a de nouveau souligné la ligne française de tout masquer par rapport à l’opinion publique

« À titre national, la France prend toute sa part, même si nous soulignons moins que d’autres ce que nous faisons. Nous avons fait le choix de ne pas communiquer sur la totalité de notre contribution militaire ».

On sait cependant qu’ont déjà été fournies à l’armée ukrainienne des missiles antichars Milan, des missiles antiaériens Mistral et qu’en ce moment des Véhicules de l’Avant Blindés sont en train d’être envoyés par trains, des photos ayant été prise dans une gare parisienne par un journaliste.

C’est là une participation à la guerre en Ukraine et les institutions, principalement le Sénat, accompagne le processus, voire l’aiguille. C’est très exactement la nature de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat.

Voici justement la liste des gens au Sénat qu’on peut considérer, au sens le plus large possible, comme de gauche. Ils sont dans des « groupes », qui reflètent pour résumer le camp autour du Parti socialiste, celui autour du PCF, celui autour d’EELV.

Groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, 64 membres :

ANTISTE Maurice, ARTIGALAS Viviane, ASSOULINE David, BIGOT Joël, BLATRIX CONTAT Florence, BONNEFOY Nicole, BOUAD Denis, BOURGI Hussein, BRIQUET Isabelle, CARDON Rémi, CARLOTTI Marie-Arlette, CHANTREL Yan, CONCONNE Catherine, CONWAY-MOURET Hélène, COZIC Thierry, DEVINAZ Gilbert-Luc, DURAIN Jérôme, ÉBLÉ Vincent, ESPAGNAC Frédérique, FÉRAUD Rémi, FÉRET Corinne, FICHET Jean-Luc, FILLEUL Martine, GILLÉ Hervé, HARRIBEY Laurence, HOULLEGATTE Jean-Michel, JACQUIN Olivier, JASMIN Victoire, JEANSANNETAS Éric, JOLY Patrice, JOMIER Bernard, JOURDA Gisèle, KANNER Patrick, KERROUCHE Éric, de LA GONTRIE Marie-Pierre, LECONTE Jean-Yves, LE HOUEROU Annie, LOZACH Jean-Jacques, LUBIN Monique, LUREL Victorin, MAGNER Jacques-Bernard, MARIE Didier, MÉRILLOU Serge, MEUNIER Michelle, MICHAU Jean-Jacques, MONIER Marie-Pierre, MONTAUGÉ Franck, PLA Sebastien, POUMIROL Émilienne, PRÉVILLE Angèle, RAYNAL Claude, REDON-SARRAZY Christian, ROBERT Sylvie, ROGER Gilbert, ROSSIGNOL Laurence, STANZIONE Lucien, SUEUR Jean-Pierre, TEMAL Rachid, TISSOT Jean-Claude, TODESCHINI Jean-Marc, VALLET Mickaël, VALLINI André, VAN HEGHE Sabine, VAUGRENARD Yannick

Groupe communiste républicain citoyen et écologiste, 14 membres et un rattaché) :

APOURCEAU-POLY Cathy, ASSASSI Éliane, BACCHI Jérémy, BOCQUET Éric, BRULIN Céline, COHEN Laurence, CUKIERMAN Cécile, GAY Fabien, GRÉAUME Michelle, LAHELLEC Gérard, LAURENT Pierre, LIENEMANN Marie-Noëlle, OUZOULIAS Pierre, SAVOLDELLI Pascal, VARAILLAS Marie-Claude

Groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, 12 membres :

BENARROCHE Guy, BREUILLER Daniel, DANTEC Ronan, DOSSUS Thomas, FERNIQUE Jacques, GONTARD Guillaume, LABBÉ Joël, de MARCO Monique, ARIGI Paul Toussaint, PONCET MONGE Raymonde, SALMON Daniel, VOGEL Mélanie

Ces gens, aujourd’hui 21 juillet 2022, doivent voter pour une loi qui demande au gouvernement d’accepter l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN. S’ils votent oui, il faudra les dénoncer comme des va-t-en guerre, car personne à gauche peut ne pas reconnaître le caractère militariste de l’OTAN qui est entièrement dirigée par la superpuissance américaine.

S’ils ne votent pas ou s’abstiennent, c’est qu’ils sont dans un dilemme, mais que la lâcheté triomphe, car ils refusent de se confronter au militarisme.

S’ils votent contre, alors il faudra les saluer et honorer leur position antagonique. Force est de reconnaître qu’il ne faut pas s’attendre ici à grand chose. La pression en faveur de la guerre est immense et les sénateurs sont au service des institutions. Si celles-ci sont entraînées dans la guerre, eux suivent, car ils ne peuvent rien voir, ils ne veulent rien voir et ils ne vont pas oser mettre leur perspective de carrière en jeu.

Mais il faudra justement bien étudier les résultats de ce vote… et de celui qui suivra le 2 août à l’Assemblée nationale.

Catégories
Guerre

Dmitri Medvedev et le « jugement dernier » pour l’Ukraine si elle touche à la Crimée

Le danger est plus que réel.

Dmitri Medvedev était auparavant présenté par les « experts » comme quelqu’un de mesuré ; désormais, il fait figure de tête brûlée du régime russe, par lequel il est de plus en plus mis en avant comme un homme à poigne, une sorte de Vladimir Poutine bis.

Lorsque Vladimir Poutine ne pouvait plus être président, en raison de deux mandats consécutifs, c’est d’ailleurs Dmitri Medvedev qui a servi de président homme de paille de 2008 à 2012. Il a ensuit été à la tête du gouvernement de 2012 à 2020, puis vice-président du Conseil de sécurité de Russie (Vladimir Poutine étant le président). Il est également depuis 2012 à la tête de « Russie unie », le parti présidentiel.

Bref, c’est quelqu’un qui compte dans le régime russe et voici les propos qu’il vient de tenir au sujet de la Crimée, récupérée par la Russie en 2014 au moyen d’un coup de force et d’une annexion aux dépens de l’Ukraine, même si historiquement la Crimée est russe.

« Des clowns sanglants exaltés qui apparaissent périodiquement là-bas [en Ukraine] avec des déclarations essaient également de nous menacer, je veux dire l’attaque contre la Crimée, etc. Si quelque chose comme ça se produit, pour tous, le jour du jugement viendra d’un coup, très vite et durement, il sera très difficile de se cacher. »

Cela fait suite à des propos ininterrompus de la part du régime ukrainien, qui cette dernière semaine explique que la guerre ne cessera pas avant que l’ensemble de l’Ukraine d’avant 2014 ne soit reconquise. Cela va de pair avec un jusqu’au boutisme ultra-nationaliste et belliciste, alors que le régime ukrainien connaît lui-même beaucoup de problèmes internes.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi limogé la procureure générale Iryna Venediktova et le chef des services de sécurité Ivan Bakanov, dans le cadre d’une grande enquête sur l’influence des réseaux russes. C’est un signe de panique, naturellement, surtout alors qu’Ivan Bakanov est un grand ami du président ukrainien, et ce depuis l’enfance, les deux ayant participé au business des médias avant leur lancée en politique.

C’est que le régime ukrainien est à un moment clef. Sur le terrain, il perd : les opérations russes grignotent toujours plus de territoire, l’armée ukrainienne se délite, la tendance est très mauvaise et dans l’état, l’Ukraine ne passera pas l’hiver en raison du manque de ressources pour se chauffer, voire se nourrir.

Le régime maintient pourtant la fiction d’une vaste contre-offensive, sans cesse repoussée : il a été parlé de l’été, de septembre, possiblement avant la fin de l’année… Mais en pratique ce n’est pas possible.

La raison de cette fiction est l’arrivée de matériel américain, français, allemand… permettant hypothétiquement de neutraliser l’armée russe. On parle ici de lance-roquettes multiples, avec des roquettes extrêmement précises (et extrêmement onéreuses, on parle ici autour de 150 000 dollars la roquette).

Il s’agit des Himars américains (qui sont au nombre de 21 pour l’instant), des CAESAr  français… qui frappent à grande distance, 50-300 km selon le type, puis se déplacent rapidement pour éviter de subir des représailles. C’est là quelque chose de très technique et il est fort probable qu’il y ait sur place du personnel militaire américain, français, allemand, britannique, canadien, etc.

Ces deux dernières semaines, l’armée ukrainienne a pu ainsi détruire chaque jour en moyenne un dépôt de munitions russe.

Pour faire simple, on a ainsi en gros l’armée russe qui bombarde à coups d’obus pas forcément précis, mais faisant masse, avec des stocks immenses, et l’armée ukrainienne qui espère obtenir des lance-roquettes multiples mobiles, de manière suffisante pour renverser la vapeur. Or, même si les pays occidentaux le voulaient, ils ne pourraient pas fournir des centaines de tels armements avec leurs munitions, car ils ne sont pas disponibles.

Ils peuvent cependant en fournir suffisamment pour prolonger la guerre en Ukraine et frapper en Russie même, notamment en Crimée. D’où l’avertissement de Dmitri Medvedev, alors qu’en plus l’Union européenne vient de décider, par une réunion des ministres des Affaires étrangères, de fournir 500 millions d’euros de plus d’armement à l’Ukraine (ce qui fait un total de 2,5 milliards d’euros).

On est ici dans un processus d’escalade : la superpuissance américaine utilise l’Ukraine comme chair à canon, les pays de l’Union européenne acceptent cela car cette institution est désormais pieds et poings liés par rapport à l’OTAN (et ce de manière officielle), la Russie comprend cela comme un vaste défi à ses ambitions impériales.

Vu ainsi, la guerre en Ukraine est partie pour durer… alors que vont s’enchaîner les événements la transformant, inexorablement, de manière prolongée et contradictoire, en troisième guerre mondiale.

Catégories
Guerre

Un 14 juillet 2022 sous le signe de l’OTAN

L’armée française est entièrement inféodée à l’OTAN.

Historiquement, les armées sont un marqueur de l’indépendance nationale des pays. Pour une puissance historiquement forte sur le plan militaire telle que la France, cela est particulièrement vrai. Et c’est pour cela que chaque année la fête nationale est accaparée par le militarisme avec un immense défilé des troupes et du matériel de guerre.

Mais la donne a changé au 21e siècle et la France n’est plus la puissance qu’elle fut. Si cela a pris des chemins sinueux, la chose est maintenant entendue : la France est une puissance de second rang, entièrement alignée sur la superpuissance américaine dont elle intègre le bloc. Cela ne veut pas dire que les choses sont figées et on n’est pas à l’abri d’une poussée nationaliste en France avec un Brexit à la française, dont le processus est déjà en cours, de manière contradictoire.

En attendant, l’armée française est tellement soumise à l’OTAN que le logo prévu pour le défilé du 14 juillet 2022 intègre le drapeau de l’OTAN. Il ne s’agit pas là d’un symbole relatif, il s’agit au contraire de toute la démarche de ce défilé, non pas national, mais militariste aligné sur les intérêts américains contre la Russie.

Le drapeau de l’OTAN sur le drapeau du défilé est d’ailleurs fondu avec celui de l’Union européenne. Cela en dit également très long, car l’Union européenne est ouvertement devenue le pendant politico-économique de ce qu’est l’OTAN sur le plan militaire depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Preuve en est, la veille le 13 juillet 2022, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg s’adressait directement au Parlement européen aux membre de la Commission des affaires étrangères et à la Sous-commission « sécurité et défense ».

La situation est on ne peut plus lisible. Dans le contexte de guerre pour le repartage du monde, la puissance militaire américaine mobilise à fond les puissances qui lui sont liées, par le biais de l’OTAN qui est son outil pour cela, et avec l’Union européenne comme relais politique. La France n’est pas en reste de cette mobilisation exigée par l’OTAN.

Voilà pourquoi neuf nations étrangères étaient invitées à parader avec les armées françaises, toutes des pays du flanc Est de l’OTAN : Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie et Slovaquie. Autrement dit, ce sont tous des pays qui font directement face à la Russie en se plaçant dans le camp de l’OTAN et donc du bloc américain. C’est l’agenda militaire américain qui devient celui de la France pour son défilé militaire du 14 juillet 2022.

6 300 militaires ont donc défilé, ainsi que 64 avions, un drone Reaper, 25 hélicoptères, 200 chevaux et 181 véhicules motorisés. Et c’étaient les troupes des pays du flanc Est de l’OTAN qui ouvraient la marche, suivies des soldats français des régiments engagés pour le compte de l’OTAN sur son flanc Est, en Roumanie et en Estonie.

La présence d’un drone Reaper est historiquement marquante, parce qu’il y a quelques années, les institutions françaises, y compris militaire, rejetaient le principe de drones tueurs, au nom de la « morale ». Tout a ici été renversé et on va vers une généralisation de ces drones tueurs pour la guerre à venir.

Sur le plan aérien, c’est la capacité nucléaire française qui a été mise en avant, ainsi que sur le plan naval, avec l’équipage d’un des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. La France, puissance nucléaire alignée sur les États-Unis faisant face à la Russie et à la Chine, voici donc le message qu’il fallait comprendre.

Ou comme le dit l’Elysée, l’idée était de mettre en avant « la capacité de la France à faire face aux défis du moment comme puissance d’équilibre et d’entraînement ». La veille, c’est le président lui-même qui a présenté le programme dans son discours aux armées, où il a même abordé ouvertement la question de l’économie de guerre française, car « tout a changé ».

L’Afrique de l’Ouest, où la France s’imaginait encore il y a quelques années pouvoir tenir un rôle de gendarme, n’est plus la priorité. La « nécessité stratégique » est de s’y replier, tant pis pour la lutte antidjihadiste au Sahel. Ce n’est pas la priorité américaine.

La priorité par contre, c’est de réévaluer l’actuelle Loi de programmation militaire pour augmenter le budget du ministère des Armées et préparer la guerre. Ou « la perspective du retour possible d’un affrontement de haute intensité » comme Emmanuel Macron présente cela, pour dire les choses sans prononcer les mots qui fâchent.

Le budget militaire français va donc continuer à croître pour atteindre 44 milliards d’euros en 2023. Et l’accent va être mis en directement de la jeunesse avec le renforcement du Service national universel (SNU).

Quelle cynisme alors de la part du président d’affirmer qu’ »il ne s’agit pas de militariser la jeunesse, encore moins la société », alors qu’en vérité toute son action vise précisément à cela.

« La République a besoin que vous fassiez davantage » a-t-il demandé aux armées, mais il aurait du surtout préciser : « l’OTAN a besoin que vous fassiez davantage pour le compte de la superpuissance américaine ».

Catégories
Guerre

La France soutient militairement de manière massive le régime ukrainien

La France est partie prenante dans la guerre en Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron et le ministre des Armées Sébastien Lecornu

La France participe à la guerre en Ukraine, mais ne le dit pas. Ou, du moins, elle le dit uniquement aux cadres des couches dominantes, pour qu’ils comprennent les enjeux, alors que les larges masses sont mises de côté, rendues abruties par la propagande.

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a ainsi accordé une interview au Journal du Dimanche, dont les questions sont elles-mêmes une propagande hallucinée, typique de ce journal depuis quelques années, alors que le ministre est valorisé de manière démesurée : il aurait toujours voulu être ministre des Armées, il est le plus jeune ministre en ce domaine depuis la révolution française, etc.

Dans l’interview, Sébastien Lecornu dit la vérité, à moitié ; il sait à qui il s’adresse, il sait qu’il contribue à former une opinion dominante en faveur de la guerre contre la Russie. On est là dans le bellicisme de A à Z, mais de manière feutrée.

« Des soldats ukrainiens seront-ils présents sur les Champs-Élysées ?
Non. En revanche, des armées de pays d’Europe de l’Est et de l’Otan seront là. Bien sûr, la guerre en Ukraine va occuper une large place.

À ce sujet, la poussée russe dans le Donbass vous inquiète-t-elle ?
La ligne de front bouge lentement, mais elle bouge. Les dernières semaines montrent que cette guerre s’installe dans la durée. Se pose alors la question des profondeurs stratégiques des deux parties, c’est-à-dire leur capacité à se régénérer pour tenir.

Celle de la Russie est importante. Celle de l’Ukraine, c’est désormais nous, les Alliés de l’Otan et les Européens, qui l’incarnons. On a beaucoup parlé du courage des combattants ukrainiens. Il est évidemment à saluer. Désormais, c’est notre solidarité qui permet aux Ukrainiens de tenir.

​Mais eux vous réclament davantage d’armes lourdes…
Beaucoup de moyens de défense leur ont été donnés et nous allons avec nos partenaires continuer à le faire. Nous aidons l’Ukraine à se défendre pour retrouver l’intégrité de ses frontières. Aider l’Ukraine, ce n’est pas être cobelligérant. Nous faisons attention à ne pas trop en dire sur nos livraisons d’armes.

​Pourquoi ce manque de transparence ?
Nous préférons faire que dire. C’est cela qui aide opérationnellement l’armée ukrainienne.

​La France a livré pour 160 millions d’euros d’équipements, bien moins que la Pologne ou la Norvège. Pourquoi ?
Déjà, ces chiffres sont faux. Le montant est significativement plus élevé. Ces livraisons ne sont pas une course à l’échalote entre alliés. Tout dépend aussi de l’avantage stratégique que ces armes offrent, de la régularité des livraisons, de la formation qui permet aux soldats ukrainiens de s’en servir, etc. C’est ce que nous avons fait avec les douze canons Caesar que nous avons livrés auxquels vont s’ajouter très prochainement six autres.

​​Le chef d’état-major poursuit-il le dialogue avec son homologue russe ?
Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie. Oui, il y a des échanges entre responsables civils ou militaires, le fil ne saurait être totalement coupé avec Moscou. La France tient son rôle de puissance d’équilibre. L’Ukraine a besoin que nous puissions jouer ce rôle.

​Les Ukrainiens ont beaucoup de mal à comprendre ce discours…
C’est normal humainement. Si j’étais à leur place, j’aurais beaucoup de mal à le comprendre. Si la Russie ne peut, ni ne doit, gagner cette guerre, elle continuera à être un grand pays aux portes de l’Europe ! Nous devons donc assurer une sécurité collective sur le long terme. C’est notre rôle. Les décisions prises ne doivent pas nous affaiblir. Cela vaut aussi pour ce que nous livrons à l’Ukraine. Il faut être en capacité de régénérer ce que nous donnons. »

Le ministre assume deux choses : d’une part que la France est partie prenante dans le conflit en soutenant massivement l’armée ukrainienne, sans dire publiquement dans quelle mesure, de l’autre que la France veut jouer le rôle de grande puissance et être au premier rang lorsqu’il faudra, la victoire ukrainienne étant attendue, faire plier la Russie.

C’est là une logique de guerre, ni plus ni moins. Et c’est caractéristique de la chose : en faisant des hypothèses optimistes pour ne pas dire triomphalistes, les bourgeoisies nous précipitent dans les imbroglios du conflit pour le repartage du monde. C’est la marche inexorable à la guerre.

Catégories
Guerre

La chute de Lyssytchansk et la « République populaire de Louhansk »

C’est une seconde défaite majeure pour le régime ukrainien après Marioupol.

C’est de manière très baroque que l’armée russe a célébré l’arrivée jusqu’à l’hôtel de ville de Lyssytchansk. Les soldats tchétchènes ont lancé des « Allah Akhbar », alors qu’était hissé le drapeau de la victoire soviétique sur le nazisme, et bien entendu également celui de la « République populaire de Louhansk », qui a désormais pratiquement obtenu l’ensemble du territoire qu’elle revendiquait.

Pour le régime ukrainien, c’est une débâcle et le rapport de l’armée ukrainienne a tout simplement « oublié » de parler de Lyssytchansk. Voici une carte des opérations et il faut se rappeler de deux choses : tout d’abord l’armée ukrainienne est numériquement plus nombreuse que l’armée russe depuis le lancement de « l’opération spéciale » en février 2022, ensuite le cœur de l’armée ukrainienne se situe au Donbass. Une défaite dans la zone marquerait la déroute de l’armée ukrainienne.

Toute la partie bleue sur la carte ci-dessus consiste en un territoire revendiqué par la « République populaire de Donetzk ». On est comme on le voit encore loin du compte, mais voici une autre carte pour comprendre l’importance de Lyssytchansk (en rose sur la carte), qui se situait juste en face de Severodonetzk et qui est désormais à la fois encerclée par l’armée russe, ainsi que prise par celle-ci dans sa majorité.

Comme on le voit c’était un très important verrou pour bloquer la prise du Donbass dans son ensemble. Une percée russe démantèlerait le noyau dur de l’armée ukrainienne et unifierait le front offensif russe.

Tout cela montre en tout cas très bien que l’armée russe ne pouvait pas, comme le prétendent les médias occidentaux, battre l’armée ukrainienne en trois jours et elle ne l’a jamais pensé. L’offensive de Kiev, qui n’a pas eu de réussite, visait à éviter justement d’avoir cet affrontement long et sanglant. Et, de par la situation, les affrontements vont durer au moins tout l’été, l’objectif russe central restant de toutes façons Odessa. On va directement à un découpage en trois du pays, rendu « inévitable » de par la crise économique mondiale et les contradictions entre puissances s’aiguisant au point de diviser le bloc occidental.

C’est du moins ce qu’espère la Russie et il y a ici beaucoup de réalisme. L’idée de Vladimir Poutine était qu’en tirant la première, la Russie se placerait avec avantage dans le repartage du monde. Jusque-là le pari est relativement réussi ; c’est si l’on veut un Brexit à la russe.

Et si cela marche aussi, c’est par la folie nationaliste et belliciste du régime ukrainien. Il n’y a vraiment rien à sauver chez lui et il est en train d’entraîner la nation ukrainienne dans un effondrement généralisé. C’est littéralement le suicide d’une nation, à la fois anesthésiée et hypnotisée, sans aucune conscience historique de la situation.

Mais le même sort n’attend-il pas les Français, qui ne comprennent rien à la situation…? Il suffit de voir le congrès de l’OTAN qui vient de se tenir à Madrid : il est historique et dramatique par l’annonce prochaine de 300 000 soldats dans la « force de réaction » de l’OTAN… Et pourtant, absolument personne n’en parle. Tout le monde préfère rester dans sa bulle consommatrice, avec éventuellement des revendications « sociales »…

On est comme avant 1914, avec des zombies allant à guerre mondiale.

Catégories
Guerre

Les députés européens de « gauche » qui ont voté pour l’intégration de l’Ukraine

C’est très révélateur.

Le 23 juin 2022, le parlement européen a contribué au bellicisme en acceptant la candidature de l’Ukraine (ainsi que de la Moldavie, et accepté la future candidature de la Géorgie). Regardons ce qu’ont fait les députés européens de « gauche », car c’est très révélateur.

La France insoumise et apparentés a six députés européens. Anne-Sophie Pelletier, Leïla Chaibi et Manon Aubry ont voté pour l’acceptation, ce qui les place dans un alignement direct avec le bellicisme et le militarisme. Younous Omarjee et Manuel Bompard ne semblent pas avoir été présents ; en ce qui concerne le second il était en tout cas sur RTL le matin et BFM TV ensuite.

Le seul qui a été un tant soit peu correct, et encore relativement car il n’a pas voté « non », c’est Emmanuel Maurel (de la Gauche républicaine et socialiste) qui s’est abstenu.

Qu’est-ce que cela signifie ? Que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon n’est absolument pas un rempart contre la guerre. C’est un accompagnement « social » des décisions prises par le capitalisme, y compris la guerre. Car qu’est-ce que signifie d’autre l’acception de l’Ukraine comme candidate, à un moment où ce pays est devenu le jouet de l’OTAN pour transformer l’Europe en champ de bataille ?

Regardons les autres mouvements considérés comme de gauche. Du côté du Parti socialiste et apparentés, avec six députés européens également, tous ont voté pour, sauf Nora Mebarek, absente : Raphaël Glucksmann (de Place publique), Sylvie Guillaume, Éric Andrieu, Aurore Lalucq et Pierre Larrouturou (de Nouvelle donne).

Cette unanimité ne doit pas surprendre, elle montre que le Parti socialiste a fait un choix très clair, celui d’accepter et de soutenir l’expansionnisme capitaliste. C’est également vrai pour Europe Écologie Les Verts, devenu farouchement pro-OTAN ces dernières années : tous les députés européens ont voté pour, à part deux absentes (Michèle Rivasi et Karima Delli) : Yannick Jadot, Damien Carême, Marie Toussaint, David Cormand, Mounir Satouri, Caroline Roose, François Alfonsi (du Parti de la nation corse), Benoît Biteau, Gwendoline Delbos-Corfield et Claude Gruffat (sans étiquette).

Ces députés européens considérés comme de « gauche » ont ainsi voté comme les députés européens de la Droite avec Les Républicains (8 députés, Brice Hortefeux n’était toutefois pas présent), et comme les 24 députés européens pro-Emmanuel Macron (avec trois absents).

C’est terrible, car il y aurait eu le moyen de faire un bloc de gauche contre l’expansionnisme et le militarisme. Car qu’a fait l’extrême-droite française ? Du côté des forces pro Marine Le Pen, n’étaient pas là : Jordan Bardella, Hélène Laporte, Joëlle Mélin, Virginie Joron, Julie Lechanteux, Philippe Olivier.

Ont voté contre : Thierry Mariani, Dominique Bilde, Hervé Juvin, Jean-Paul Garraud, Catherine Griset, Gilles Lebreton, Jean-François Jalkh, Aurélia Beigneux, Annika Bruna, France Jamet, André Rougé, Mathilde Androuët, Jean-Lin Lacapelle.

A ces derniers députés, il faut ajouter deux ex-pro-Marine Le Pen passés à Reconquête d’Eric Zemmour : Nicolas Bay et Jérôme Rivière, leurs acolytes Gilbert Collard et Maxette Pirbakas n’ayant pas été présents.

Cela ne fait pas lourd, car ils ont été très isolés dans leur démarche. C’est là que c’est impressionnant : la résolution pour accepter l’Ukraine comme candidate à l’Union européenne a reçu le soutien de 529 députés européens, 14 s’étant abstenus et 45 ayant été contre.

Sur ces 45 contre, on a ainsi 15 français d’extrême-Droite, pour un total de 29 appartenant à l’extrême-Droite, 3 aux conservateurs, 8 aux non-inscrits (mais en fait souvent d’extrême-Droite), et… seulement six de gauche !

On parle ici d’Özlem Demirel de la gauche allemande « Die Linke », de la Tchèque Kateřina Konečná du Parti communiste de Bohême et Moravie, d’Anja Hazekamp du Parti pour les animaux (aux Pays-Bas), de Sandra Pereira et João Pimenta Lopes du Parti Communiste portugais, de Manu Pineda du Parti Communiste d’Espagne.

On parle ici, on l’aura compris, de personnes isolées dans leur démarche, alors qu’un soutien de La France insoumise aurait permis d’en cimenter l’action. Ce n’est toutefois pas du tout l’option de La France insoumise.

On notera également que parmi les abstentionnistes, six seulement sont de gauche. On a l’Irlandaise Clare Daly, qui affirme ouvertement que l’Ukraine est utilisée comme chair à canon pour mener la guerre à la Russie, tout comme l’Irlandais Mick Wallace, tous deux étant membres des « Indépendants pour le changement », un mouvement de gauche. On a Marc Botenga du Parti du Travail de Belgique, Giórgos Georgíou du Parti progressiste des travailleurs (à Chypre), Sira Rego de la Gauche Unie (en Espagne).

Quel intérêt que cette abstention ? Il n’y en a pas bien entendu. On a besoin de fermeté face au capitalisme qui a décidé de tout engloutir sur son passage et de se précipiter dans la guerre. Et l’exemple de ce vote au parlement européen montre qu’il n’y a rien à attendre de ce niveau, et que La France insoumise n’est pas du tout dans une démarche anti-guerre.

Catégories
Guerre

La décision d’affrontement du sommet historique de l’OTAN à Madrid

L’armée de l’OTAN doit disposer de plus de 300 000 soldats en Europe.

Tout ce qui a été décidé au sommet de l’OTAN à Madrid les 29-30 juin 2022 avait été annoncé juste auparavant, néanmoins un élément est ressorti qui a rendu les diplomates chinois plein de rage : la Chine est présentée comme relevant d’un « défi systémique » pour les intérêts de l’Union européenne. C’est là une intéressante manière de voir les choses puisque cela permet de transformer l’alliance transatlantique en bloc devant épauler la superpuissance américaine dans la zone indo-pacifique. Rappelons qu’étaient également présents au sommet les représentants de l’Australie, du Japon, de la Nouvelle-Zélande et de la République de Corée.

Emmanuel Macron s’est empressé, lors de la conférence de presse qui a suivi, d’expliquer que l’OTAN n’était pas en guerre. C’est totalement vain de par l’ampleur du soutien financier et militaire fourni à l’Ukraine et de par la décision d’organiser à court terme une armée de l’OTAN de 300 000 soldats en Europe. C’est le nombre qu’il faut pour une guerre conventionnelle avec la Russie.

Le compte twitter du président de la république a également publié une image montrant la présence de l’armée française sur le flanc Est, ce qui montre le sens de l’engagement belliciste. Dans la version anglaise, cela donne même le « front de l’Est » ! Mais l’OTAN n’est pas en guerre, pas du tout !

Mais de toutes façons, Emmanuel Macron n’a plus vraiment son mot à dire au sens strict, puisque c’est maintenant la superpuissance américaine qui décide de la stratégie française. La France reste un pays capitaliste indépendant, avec sa propre armée, mais stratégiquement, elle a été satellisée. Ses intérêts, lorsqu’ils existent en particulier, doivent forcément se situer dans la perspective des intérêts américains en général.

C’est pour cela d’ailleurs que personne à gauche en France ne parle du sommet de l’OTAN. Il y a des protestations à l’intérieur du capitalisme français, dans le cadre qu’il impose. Mais il n’y a pas de remise en cause générale, d’envergure historique. Sinon il serait bien vu que la contestation « à la française » est insignifiante par rapport à ce qui se déroule réellement. La société française va se voir précipiter dans la guerre et s’en étonner comme en 1914 !

Encore est-il que le sommet de l’OTAN impose une accélération puisque pour arriver à une armée de 300 000 soldats, il faut des efforts colossaux. La superpuissance américaine compte bien que l’Union européenne, désormais alignée sur l’OTAN à 100%, finance tout le projet ou du moins une très grande partie. Il faut donc mobiliser, aligner les opinions, les préparer au conflit, etc. Cela promet une sacrée ambiance bien délétère dans les prochains mois !