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Mineurs vaccinés, un président fantomatique, un libéralisme sanitaire généralisé…

La crise du COVID-19 est un crash-test et la France plonge dans l’échec après s’être enlisée.

Il y a en France de nombreux mineurs qui sont vaccinés. C’est normalement impossible, mais en France tout est possible, justement. Le libéralisme a triomphé dans les mentalités et l’esprit de corruption prédomine tendanciellement partout. Personne ne se sent responsable de rien.

D’ailleurs, non seulement il y a des doses de vaccins qui sont jetées, ce qui est une honte mais parfois il y a même des gens arrivant « comme par hasard » avant que ces doses soient jetés, et ils sont vaccinés. On devine qu’il s’agit évidemment souvent de magouilles bien plus que de gens tentant leur chance. L’administration n’est même pas capable de faire comme dans d’autres pays et d’avoir des gens bien précis à appeler pour se faire vacciner en cas de doses restantes.

Dans un État de droit, comme on sait forcément qui est vacciné, on devrait retrouver aisément ces mineurs. Une simple recherche informatique de la part des organismes sanitaires concernés permettrait très facilement de retrouver les médecins et les parents coupables. Les médecins responsables d’un tel acte, surtout, alors qu’on ne connaît pas les effets secondaires sur les mineurs, devraient être réprimés.

Mais en France l’État n’est même plus celui d’un droit bourgeois, c’est celui d’un droit post-bourgeois, où les choses tiennent comme elles peuvent, par la force de l’habitude capitaliste. Quand on voit le rassemblement impuni à Lyon le 30 mars…

Lyon, le 30 mars 2021

On a pu d’ailleurs voir que dans allocution du 31 mars 2021, le président Emmanuel Macron a été d’une faiblesse inouïe. Il n’a pas été capable d’être ferme, il n’a pas été capable d’aller à contre-courant de l’opinion publique partisane d’une absence de vraies mesures.

D’ailleurs, lui-même est finalement content de faire tourner le capitalisme autant que possible, et tant pis pour les morts. Il fait comme si les choses sont allées en s’améliorant, comme si ne pas confiner plus tôt s’est avéré une bonne chose pour continuer à vivre… Et comme les Français ne veulent pas voir les choses en face de toutes façons, Emmanuel Macron a pu faire son satisfecit.

Les mesures prises sont d’ailleurs le minimum possible vue la situation : un couvre-feu à 19 heures partout en France métropolitaine (qui n’est pas vraiment respecté), un appel à un télétravail systématique (qui ne concerne qu’une minorité de gens), une fermeture de certains commerces (qui arrive trop tardivement), pas de déplacements inter-régionaux après le 5 avril sauf motif impérieux (ce qu’on ne peut pas vérifier), pas de déplacement en journée au-delà de 10 kilomètres du domicile sauf motif impérieux (ce qu’on ne peut pas vérifier non plus).

Emmanuel Macron a de toutes façons dit qu’il faisait confiance aux Français, ce qui implique de jouer les Ponce Pilate. Pour parer aux extrêmes, il y a le passage à 10 000 lit en réanimation (contre 7600 en ce moment, et 5 000 en janvier), et il y a le grand espoir d’une vaccination de masse. Cela passera et cela cassera, mais surtout cela passera, tel est le raisonnement cynique.

Et c’est conforme à une masse de Français passifs et poseurs, apolitiques et anti-politiques, individualistes et régressifs, attendant que cela passe pour que tout retourne comme avant, dans un cocooning capitaliste coupé de la réalité du monde et de ses exigences. C’est une faillite historique… Qui montre la maturité de la situation historique, mais aussi sa gravité.

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L’Europe se confine davantage, pas la France

Les mesures sont toujours plus dures en Europe, mais pas en France malgré une situation toujours plus catastrophique.

Depuis des mois, les Français font comme avant et les mesures sont à l’image de la pesanteur française. Par exemple, ce n’est que le 24 mars 2021 qu’il a été décidé qu’une personne positive au COVID-19 débarquant à l’aéroport Charles-de-Gaulle serait nécessairement stoppée ! Autant dire que rien que l’absence d’une telle mesure coule à la base toute lutte sanitaire concrète…

Il est vrai, de toutes façons que la vie quotidienne des Français prime sur tout le reste : il ne faut pas déranger. Et braver la loi mérite de toutes façons la bienveillance du capitaliste cynique, de l’anarchiste proudhonien, de l’indifférent individualiste. Et ce même pour des initiatives se prétendant pittoresques mais étant grotesques tel ce carnaval à Marseille.

Jean-Luc Mélenchon a justement défendu les participants au carnaval en exprimant bien ce point de vue franco-français :

« Je ne suis pas leur papa ni leur maman, ça suffit maintenant.

Les gens qui vont faire un carnaval le font en responsabilité, en sachant ce qu’ils sont en train de faire, en prenant certaines précautions et ils ont raison de rire au nez des bonnes consciences qui leur font des reproches, quand vous voyez comment ça se passe tous les matins sur les quais du métro ou du RER en région parisienne.

Dans le monde entier il y a des actes de rébellion contre ces confiscations de libertés, pas contre les gestes barrières. En France évidemment, comme nous sommes un peuple de tradition assez rebelle nous avons des événements comme celui qu’on a vu à Marseille »

Marine Le Pen a pareillement dit que la culpabilisation des Français l’excédait. Tous les populistes ont le même discours et il faut citer François Ruffin, l’un des pires de tous dans le genre, qui à l’Assemblée a été véhément :

« Nous n’allons plus attendre. Nous n’allons plus attendre votre permission pour vivre, pour rire, pour danser, pour chanter, même masqués. »

Pour dire, il y a même le 29 mars des rassemblements « Pour une vraie loi climat » prévus dans plus d’une centaine de villes ! C’est totalement irresponsable. La France est un vaste théâtre rempli d’acteurs jouant une très mauvaise pièce : celle de leurs egos.

Personne ne prend rien au sérieux, le niveau politique est à zéro, l’individualisme est complet, le degré de culture commence à passer en-dessous de zéro. Les Français ne veulent pas changer leurs habitudes, ceux qui veulent du collectivisme ou de la réflexion sont ignorés ou traités en ennemis empêchant le cinéma de continuer.

Mais la crise sanitaire, d’immense ampleur, comme l’ont compris les gens sérieux il y a un an, se dresse telle une immense vague. Les gens qui ont une conscience ont par contre observé que les pays voisins confinaient encore davantage… alors qu’ils avaient déjà des mesures strictes et de meilleurs chiffres. Il faut dire la France est tellement libérale en comparaison…

Comparons la France à l’Allemagne, l’Autriche et la Belgique. Leurs populations respectives sont de 70 millions d’habitants, 83 millions, 8,8 millions et 11,5 millions. Voici le nombre de cas confirmés par jour.

Voici l’évolution du nombre de décès, avec deux graphiques différents. Selon qu’on se focalise sur l’un ou l’autre, on ne « voit » en effet pas la même chose. Le premier montre le nombre de mort déclarés par jour, le second montre le nombre général.

Le gouvernement français s’appuie sur le premier tableau, il pense qu’on n’est pas si mal en ce moment… en comparaison et de toutes façons les Français ne veulent pas de mesures « liberticides ». Donc peu de choses sont faites. Les autres pensent : troisième vague, on doit freiner à tout prix, sinon cela va mal tourner.

L’Autriche a ainsi décidé de faire en sorte que pour aller dans les magasins, il faudra s’être fait testé au préalable. Il est vrai qu’il existe des centres de tests à travers tout le pays. Et quand on est avec quelqu’un en lieu clos, il faudra porter un masque FFP2, déjà nécessaire dans les magasins et dans les transports.

La Belgique ferme les écoles sauf les maternelles, les commerces non essentiels fonctionneront par rendez-vous, les voyages hors du pays sont interdits. L’Allemagne voulait accentuer les mesures pour Pâques, ce qu’elle ne fera pas, mais dans ce pays sont fermés  les lieux de culture et de loisirs, les bars et les restaurants, les commerces non essentiels.

Tout cela est on ne peut plus clair. Mais les Français ont choisi de nier la réalité et d’en plus de se croire intelligent pour cela. C’est un travers très triste qu’on voit souvent chez nous… Gageons qu’une prise de conscience matérialiste se dégagera et que cela signifiera aussi que seront balayés tous les escrocs peuplant la vie intellectuelle de notre pays.

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Fiasco de la mise en place du troisième «confinement»

Emmanuel Macron avait imaginé pour seulement 16 départements un confinement qui n’en serait pas un, mais qui le serait quand même tout en ne l’étant pas. En à peine deux jours, tout a volé en éclat. Les Français, bien contents de rejeter la faute sur le gouvernement et ses mesures « pas claires », ont clairement décidé de n’en avoir rien à faire. L’État a cédé et la France capitule ouvertement face à la crise sanitaire. C’est une faillite sur toute la ligne qui n’apportera rien de bon.

La pression a été immense de la part des commerçants dès l’annonce des nouvelles mesures du gouvernement pour 16 départements le 18 mars 2021.

En quelques heures, un incroyable bon en arrière avait été fait et on découvrait petit à petit une liste très élargie de commerces « essentiels » autorisés à rester ouverts. En quelques heures, l’État français se dédisait et cédait aux fleuristes, jardineries, garagistes, centres de contrôle technique, chocolatiers, concessions automobiles, agences immobilières, magasins de bricolage et quincaillerie, opticiens, animaleries, loueurs automobiles, coiffeurs ou encore magasins de musique. Ils restent donc ouverts malgré de nouvelles restrictions dans les 16 départements concernés.

Cela sans compter bien sûr que tous les autres commerces restent eux aussi ouverts pour le « click and collect », c’est-à-dire les achats par internet ou téléphone puis retrait devant la boutique. Pour se rendre dans ces boutiques ou point de retrait, on peut se déplacer librement dans son propre département entre 6h et 19h. Pour les habitants limitrophes (ce qui concerne particulièrement l’île-de-France) il est possible de se déplacer en dehors du département dans un rayon de 30 km autour du domicile pour ces achats « essentiels » ou retraits de commandes.

Pour ce qui est de la libre circulation sans motif spécifique, il est possible de se déplacer dans un rayon de 10 km autour de son domicile, sans aucune restriction horaire en dehors du couvre-feu, repoussé à 19h au lieu de 18h.

Autrement dit, tout cela ne change quasiment rien pour les habitudes des gens depuis ces dernières semaines, à part qu’il y a une heure en plus par jour pour se balader. Et l’administration a finalement compris que personne n’envisageait de mettre le nez dans la nouvelle attestation de deux pages, avec ses astérisques et ses petites lignes, pour s’autoriser soi-même à faire la même chose que d’habitude…

Moins de 48 heures après l’annonce de nouvelles mesures par le premier ministre, l’État français s’écrasait donc lamentablement et retirait l’obligation d’une attestation pour circuler. C’était pourtant jusqu’à présent la marque de fabrique française pour encadrer un tant soit peu les restrictions, c’était la règle du jeu collective pour faire tenir l’édifice précaire de la responsabilité collective.

Il faut désormais seulement une attestation (dans les 16 départements concernés) si l’on se déplace au-delà des 10 kilomètres dans son propre département pour un achat « essentiel » ou retrait de commande.

Sans attestations, qui n’avaient déjà que très peu de valeurs, il n’y a donc plus rien et c’est un immense fiasco. C’est tellement un fiasco qu’on peut dorénavant justifier n’importe quoi et la police n’a plus aucune possibilité de contrôler quoi que ce soit.

De plus, les choses se retournent ici en leur contraire et l’attestation va servir dorénavant à pouvoir enfreindre les règles en toute quiétude. Comme l’a expliqué le cabinet du premier ministre à l’AFP, l’agence de presse semi-officielle de la France :

« Pour les Français qui possèdent une pièce d’identité où ne figure pas la bonne adresse de résidence, ou qui sont confinés dans un lieu pour lequel ils ne disposent pas de justificatifs de domicile (type facture EDF), il serait toujours possible d’utiliser le système d’attestations de déplacement ».

C’est extraordinaire ! L’attestation devient maintenant elle-même un « justificatif » de domicile ! Cela n’a aucun sens, et en dit très long sur la société française, avec sa population immature et ultra-libérale, son administration hors-sol qui se prend les pieds dans sa propre rigidité…

La France se fracasse la tête la première face à la crise sanitaire, elle n’est pas à la hauteur, elle est incapable de faire face. Le printemps va être une immense claque sur le plan sanitaire, et cela va forcément entraîner tout la société dans une spirale négative, économiquement, culturellement, diplomatiquement, etc.

Le décrochage par rapport aux autres pays, et en premier lieu le Royaume-Uni et l’Allemagne, va être terrible. On sait très bien le genre d’amertume que cela va créer, faisant le lit du poison nationaliste, alors qu’en plus anarchistes et syndicalistes continuent leurs manifestations et rassemblements comme si de rien n’était.

Le monde est en crise, mais la France s’imagine échapper à tout : résultat elle n’échappera à rien.

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18 mars 2021: le gouvernement avec des demi-mesures au lieu d’un réel confinement

Face à l’apparition d’une troisième vague épidémique entraînant une sur-charge hospitalière particulièrement catastrophique dans seize départements, le gouvernement est obligé d’agir. Mais il maintient sa ligne : surtout pas de confinement, surtout rien de drastique, surtout rien de trop contraignant. Il maintient son choix de sacrifier une partie de la population, en espérant que la vaccination sauve la mise le plus rapidement possible et fasse tout oublier.

La pandémie dure depuis un an, c’est long et douloureux psychologiquement, socialement, culturellement, parfois sur le plan de la santé aussi. Certes. Mais la réalité est surtout que les gens en France vivent largement leur vie, en s’étant adapté à la situation. Les plus jeunes qui étaient habitués à avoir beaucoup de rapports sociaux ont toujours beaucoup de rapports sociaux, les moins jeunes voient leurs amis et leurs familles régulièrement, dans beaucoup de disciplines sportives les activités ont lieu, y compris des compétitions, les travailleurs travaillent, les manifestants manifestent ou occupent des théâtres, etc., etc.

Cela fait que malgré un large respect des gestes barrière et du port du masque dans la plupart des situations publiques (transport, commerce, etc.), le virus circule beaucoup et il y a une troisième vague. C’est surtout le cas en Île-de-France, dans les Hauts-de-France ainsi que les Alpes-Maritimes, la Seine-Maritime et l’Eure, mais la situation est loin d’être réjouissante ailleurs.

Si on veut y faire face, il faut ce qu’il faut et un confinement strict s’impose, comme en mars 2020, car cela avait drastiquement fait reculer l’épidémie dans le pays et sauvé des milliers de vies. Le gouvernement en est incapable aujourd’hui. Le cap est maintenu et, donc, contrairement aux attentes d’une part importantes des milieux hospitaliers (qui devraient pourtant décider), il n’y a pas de confinement, mais simplement des demi-mesures qui ne changeront pas grand-chose à la situation.

Dans les 16 départements concernés, les gens sont censés rester chez eux, mais en fait ils iront au travail ou à l’école comme c’est déjà le cas, ils auront toujours le droit de sortir de chez eux la journée. Bien sûr, les commerces (hors alimentaires et librairies) seront fermés, ce qui n’est pas un changement négligeable, encore que les galeries commerçantes sont déjà fermées depuis plusieurs semaines. Mais on sait très bien que l’enjeu n’est pas là, mais surtout dans les brassages de population pour les rencontres amicales et familiales, car le variant britannique est très contagieux même si les gens ne se font pas la bise ni ne s’approchent trop les uns des autres.

Le pseudo-confinement de seize départements, avec son auto-attestation et son périmètre de 10 km à respecter, ne permet que très peu d’agir à ce niveau-là et on a du mal à imaginer que cela change les habitudes des gens par rapport à ces dernières semaines… On connaît notamment les mœurs de la région parisienne. Il faut donc s’attendre dans les prochaines semaines à ce que l’épidémie suive sa progression en France, dans toutes les régions.

D’autres mesures suivront probablement, car la tension hospitalière ne devrait pas diminuer. Cela va être d’autant plus traumatisant pour la France qu’à côté, beaucoup de pays devraient voir leur situation s’améliorer avec le printemps ou le début de l’été.

La différence est d’ailleurs déjà immense si l’on compare la France à l’Allemagne, qui a de son côté ses écoles fermées et un confinement assez important.

Il y a eu en un an, à la date du 18 mars 2021, deux fois plus de cas déclarés en France qu’en Allemagne, soit 4,15 millions contre 2,61 millions. Et cela alors que la population allemande est plus importante (mais les tests y ont été déployés beaucoup plus massivement et rapidement et la population n’a pas eu la même position face aux exigences qu’en France).

En ce qui concerne les nouveaux cas quotidiens, à la date du 17 mars 2021, il y a un gouffre : 38 501 en France contre 7 705 en Allemagne. Idem pour le nombre de décès le même jour : 241 contre 91.

Le confinement assez important dure depuis sept semaines en Allemagne, avec fermeture des écoles, mais le gouvernement repousse toutefois le déconfinement en raison d’un rebond de l’épidémie et d’un taux d’incidence (sur 7 jours) de 82,9 (cas pour 100 000 habitants). En France, ce taux est de… 266,22 ! Il est même de 388,9 à Paris, 512,7 en Seine-Saint-Denis et 544,12 dans le Val-d’Oise !

On se dit normalement que la situation est très grave et qu’il faudrait faire comme l’Allemagne, et confiner immédiatement et strictement. C’est exactement l’inverse que fait la France, puisque le premier ministre a expliqué ni plus ni moins qu’il considère que c’est une bonne chose de ne pas avoir confiné il y a quelques semaines… car sinon il aurait fallu prolonger encore et encore le confinement !

Le gouvernement français fait donc le choix du cynisme, en assumant d’avoir beaucoup plus de morts qu’ailleurs, en assumant de sacrifier une partie de la population au nom de l’économie. La France est hantée par son déclassement économique et pratique la fuite en avant, en attendant la généralisation de la vaccination. Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain et les semaines et mois à venir font être très compliquées sur le plan sanitaire. Probablement même que la France n’échappera même pas au confinement tant redouté, et cela sera d’autant plus traumatisant si à côté les pays comme l’Allemagne font le chemin inverse, et qu-ils exercent une pression gigantesque pour l’instauration d’un passeport vaccinal…

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Le Parti des salauds ne veut pas de confinement

Que ce soit pour protéger le capitalisme ou critiquer l’État, par cynisme ou indifférence, il y a tout un Parti anti-confinement en France.

S’il faut le faire on le fera » : tels ont été les propos dimanche 14 mars 2021 de Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé. Il parle bien entendu du confinement. Or, en réalité, il fallait le faire et il n’a pas été fait. Le confinement de plusieurs régions du pays n’a pas été fait :

– parce que les Français sont des individualistes et qu’ils ne veulent pas changer leurs habitudes pour une question collective ;

– parce que le capitalisme apprécie le « marche ou crève » qui maintient l’économie à un certain rythme ;

– parce que les anarchistes et les syndicalistes sont des gens ignobles qui veulent la réouverture des lieux, la fin des lois « liberticides » et autres stupidités corporatistes et individualistes ;

– parce qu’une partie du pays se complaît dans les comportements anti-sociaux.

C’est tellement vrai qu’on chasse les malades des hôpitaux d’Île-de-France afin d’éviter le confinement ! On préfère perturber les malades et prendre des risques en les mettant artisanalement dans un train plutôt que d’assumer la bienveillance. C’est la honte !

Alors qu’en plus en Île-de-France il y a un nombre affolant de soirées, de gens se regroupant chez les uns ou les autres après 18h ! Sans qu’il n’y ait aucun contrôle pratiquement, l’État ne gère rien du tout et ne veut pas le faire, et ne peut pas le faire.

Seulement, les faits sont têtus comme le disait Marx et le confinement apparaît tel un spectre : celui de l’exigence collective. Tout comme le réchauffement climatique exige une dimension collective qu’on le veuille ou non, la crise sanitaire oblige à révolutionner les esprits et les pratiques. Pour les Français, la situation va être ainsi toujours plus douloureuse. Le Parti des salauds va se faire gifler par la réalité.

La France petite-bourgeoise va vaciller face au poids de la réalité. Et si on ajoute à cela la crise économique d’ampleur gigantesque et la tendance à la guerre, cela va être toutes les certitudes qui vont disparaître. Et à quoi les gens s’attendaient-ils ? Pensaient-ils réellement que rien ne changerait ? Qu’on pouvait vivre en en ayant rien à faire de la réalité, qu’on pouvait consommer sa vie selon les exigences du capitalisme sans qu’il y ait un prix à payer ?

La France a totalement déraillé, elle est passée dans l’idéalisme, mais franchement, qui aurait pu penser que le refus du confinement soit d’une telle ampleur, que le cynisme soit un tyran si bien installé…

L’Histoire va mettre une terrible claque à la France petite-bourgeoise !

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Culture

Les Césars 2021 ou la pathétique complainte des bobos parisiens

La Cérémonie des Césars du 12 mars 2021 a été l’occasion d’un étalage particulièrement grossier et hors de propos de la part du petit milieu parisien du cinéma. En pleine pandémie de Covid-19 qui dure depuis maintenant un an, on a des gens s’imaginant à la pointe sur le plan culturel, mais dont la préoccupation est que la société se plie à leur vie de bohème coupée du peuple.

L’actrice Marina Foïs présentait la 46e cérémonie des Césars avec beaucoup d’ardeur, en robe Louis Vuitton conçue sur-mesure. Tel un prêche, sa prestation inaugurale « osait » interpeller directement la Ministre de la Culture présente dans une loge pour lui demander :

« Et comment faire lorsque l’on n’a plus confiance en son ministre de tutelle, à l’heure où se joue l’avenir du cinéma et de l’exception culturelle française ? »

Marina Foïs mérite assurément le César du meilleur cinéma fait par les gens du cinéma pour qu’on s’apitoie sur leur sort. Car l’« exception culturelle » française, c’est un milliard d’investissements par an pour quelque 250 films qui n’en rapportent même pas la moitié en salle !

L’« exception culturelle » française, c’est tout un tas de règles, de fiscalité et de subvention pour forcer à ce qu’existent des films français, avec une poignée d’acteurs et de réalisateurs extrêmement biens payés qui se partagent l’essentiel des rôles et des réalisations. Et tout ça pour qu’en fin de compte ce soit une comédie aussi creuse et insignifiante qu’« Adieu les cons » qui rafle le plus gros des prix en 2021.

C’est lamentable et forcément à un moment donné, un tel modèle est menacé. Cela n’a rien de durable d’autant plus que l’heure est à la crise sociale, sanitaire, économique, écologique. Mais les bobos parisiens ne sont pas habitués à rendre des comptes, alors ils s’imaginent que la société va éternellement consommer la soupe qu’ils produisent et jouent. Ou plutôt, ils l’exigent, quitte à assumer un cynisme inouï.

Sous couvert d’humour, Marina Foïs a ainsi prôné l’effacement des personnes âgées, car rien ne devrait entraver la vie de bohème des artistes :

« Comme ça tue les vieux, on a enfermé les jeunes et fermé les cinémas, les théâtres, les musées, et interdit les concerts pour ouvrir les églises – car on est un pays laïque – pour que les vieux qui ont eu le droit de sortir de l’EHPAD aillent à la messe ».

Difficile de faire plus odieux, plus coupé du peuple et de la réalité concrète et quotidienne de la société française. Le petit milieu parisien du cinéma s’imagine pourtant incontournable, car une des leur s’est déshabillée pendant la cérémonie avec sur le corps inscrit :

« No culture, no future » et « Rends l’art Jean » [allusion à Jean Castex, le premier ministre]

Tout cela est pathétique et terriblement décalé. C’est aussi d’une pauvreté culturelle affligeante, indigne de l’héritage culturel national français depuis le 17e siècle. Que dire également de Valérie Lemercier qui se trouve rebelle en disant « contente d’être sortie de chez moi », alors que la région parisienne n’est même pas confinée malgré la situation sanitaire catastrophique.

Il en est de même de cette célébration de la « troupe du splendide », avec Marie-Anne Chazelle, Josiane Balasko, Christian Clavier, Michel Blanc, Bruno Moynot, Thierry Lhermitte, jouant de l’embrassade sans masque et relativisant la crise sanitaire :

« Je m’aperçois que nous sommes cas contact depuis 50 ans ».

Rappelons qu’on a là des gens qui ont systématiquement promu le style et les mœurs bourgeoises parisiennes et dont le fonds de commerce humoristique a été de moquer les classes populaires pendant des années et des années.

Cérémonie bobo oblige, les Césars ont bien sûr été l’occasion aussi de l’habituelle pleurnicherie sur les « violences policières » et le soi-disant racisme de la société française, avec Jean-Pascal Zadi s’imaginant un grand contestataire en racontant :

« Tout simplement noir parle d’humanité et on peut se demander pourquoi l’humanité de certaines personnes est tant remise en cause, comme celle d’Adama Traoré ou Michel Zecler, quand certaines statues de ceux qui ont glorifié l’esclavage sont encore debout. Je remercie les César de m’avoir montré que ma mission pour l’égalité n’est pas vaine. »

C’est décalé, totalement hors-sol, mais bien représentatif d’une fausse Gauche bourgeoise qu’il s’agit de fermement rejeter, mais également d’écraser dans tous les domaines pour ne pas que les masses croient que c’est là la vraie Gauche et que la seule solution serait l’extrême-Droite.

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Gestion de la pandémie: la France est en train de vivre une révolution culturelle de droite

Cynisme et attentisme: la France a la même stratégie que le Brésil face au Covid-19, la population étant libérale et impatiente.

Le premier ministre Jean Castex a pris jeudi 4 mars 2021 la parole pour annoncer, comme d’habitude désormais, que le gouvernement surveillait la situation. Allons donc ! Ce qui se passe est très simple. La France est de droite et s’assume. Finies les prétentions à se préoccuper des plus faibles, à disposer d’un système de santé développé et à protéger, etc. Désormais, on gère de loin, on est pragmatique, on est cynique.

Contrairement à des pays comme l’Allemagne et l’Autriche qui confinent, qui testent et qui tracent, la France a ainsi choisi l’option brésilienne. Elle aura hésité : la Gauche a de beaux restes en France. Mais ce sont des restes. Donc, on attend que cela se passe en espérant une solution miracle, on laisse passer la maladie de manière mesurée, juste ce qu’il faut pour que cela ne dérape pas, du moins on l’espère.

Il n’y a en France aucune démarche collective, aucun esprit de corps. L’individualisme est la règle dans les comportements. La crise sanitaire aurait pu (et dû) être un détonateur d’une force collectiviste ; au lieu de cela on a son contraire. Le résultat est sans appel. Il y a en France 87 542 décès liés au Covid-19, soit à peu près autant qu’en Russie (87 823) et plus qu’en Allemagne (71 711), de populations plus nombreuses (respectivement 66, 146 et 81 millions).

Si on prend le nombre de morts par rapport à la population, la France se situe dans la perspective brésilienne et américaine, et encore faut-il souligner qu’initialement un certain nombre de décès n’ont pas été attribués au covid-19, en France comme dans bien des pays d’ailleurs.

Morts quotidiennes par million de personnes, source : Our world in data

C’est une sacrée preuve que la Gauche est inexistante en France en terme d’idéologie et de pression. C’est le capitalisme qui décide. Et le capitalisme décide avec ce qu’il peut. On se rappelle de cette histoire : il avait été dit au départ que les masques ne servaient rien, parce que la France n’en avait pas, puis quand il y en a eu cela a été obligatoire. C’est un excellent exemple des faiblesses françaises.

On peut également prendre le rythme des vaccinations. La France est devant les Pays-Bas, mais derrière la Belgique, l’Italie, l’Autriche, l’Allemagne, la Roumanie, l’Espagne, le Portugal, la Slovaquie, la Turquie, le Chili, les Etats-Unis, sans parler bien entendu du Royaume-Uni et d’Israël, qui sont à la pointe en ce domaine.

Or, le capitalisme français prétendait être au poste de numéro 1 dans le domaine de la santé. Cela a toujours été un vecteur essentiel du consensus pro-capitaliste en France. Le système de santé, efficace et universel, a toujours été un levier d’une importance capitale pour l’acceptation du capitalisme « à visage humain ». Il y a là une transformation radicale, dont tout le monde se moque.

Le déclassement français est également patent rien qu’avec les tests. La France n’est pas capable de se mobiliser à travers les institutions et le personnel. Pourtant là aussi son aura s’appuyait beaucoup sur l’efficacité de son administration. Il y a ici une défaite terrible.

La France ne trace d’ailleurs pratiquement personne par manque de personnel et d’initiative des gens eux-mêmes ! On devrait pourtant tester en masse et tracer. On ne fait rien de cela. On fait un confinement partiel, laissant des gens mourir en espérant que cela passe.

Tests quotidiens pour mille personnes, source : Our world in data

Pourtant, le nombre de gens malades qui progresse exige clairement une action dure, claire, nette, sans ambiguïtés. Mais l’État recule devant le refus des gens et devant ses propres faiblesses, alors que le capitalisme se satisfait très bien de cela parce que de toutes façons il vit au jour le jour.

Cas confirmés par million de personnes, Tests quotidiens pour mille personnes, source : Our world in data

Qu’est-ce qui découle de cela ? Que les gens sont individualistes et que face aux faiblesses intrinsèques du régime, les capitalistes les plus agressifs vont exiger une reprise en main, pour réaffirmer la France comme grande puissance. C’est une révolution culturelle de droite qui est en train de se produire.

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François Bayrou, les 4 000 euros par mois et la gauche misérabiliste

La France est une grande puissance, et effectivement à 4 000 euros par mois on est loin encore des couches les plus aisées…

François Bayrou a mis les pieds dans le plat en rappelant une chose simple : le niveau de vie des Français est très élevé. Contrairement à une « gauche » misérabiliste qui fait semblant que la pauvreté est de rigueur, François Bayrou exerce un chantage ouvert. Ce chantage consiste à redire aux Français qu’ils vivent dans un pays capitaliste développé, que les pauvres sont pauvres par rapport aux riches, mais qu’ils ne sont pas du tout pauvres…

Eh oui, la France est un pays de petits bourgeois. Pourquoi croit-on que depuis les trente glorieuses, depuis les années 1950, il n’y a plus strictement aucune attirance des ouvriers pour la cause « révolutionnaire » ? Le tableau des logements le montre clairement. Les gens sont en majorité propriétaires et ceux qui ne le sont pas sont notamment en HLM.

Mais qu’a dit François Bayrou ? Il s’y est pris à deux fois, d’abord dimanche 7 février lors de l’émission Le Grand Jury de RTL, Le Figaro et LCI, puis le lendemain dans une vidéo pour préciser sa pensée après un début de polémique.

Celui qui est haut commissaire au plan et président du parti libéral Modem, allié à Emmanuel Macron, a appelé à un « Plan Marshall » pour sortir de la crise et à cette occasion il a critiqué François Hollande qui avait expliqué qu’à partir de 4000 euros par mois on était riche. Il a ainsi expliqué que :

 « à 4 000 euros, on n’est pas riche, mais on est dans la classe moyenne »

Puis, le lendemain, su Facebook, il a précisé sa pensée (ou enfoncé le clou), expliquant en parlant d’un couple d’infirmiers à l’hôpital que :

« Ensemble, ils gagnent entre 4500 et 5000 euros; la retraite moyenne d’un enseignant est de 2600 euros par mois et un couple d’enseignants à la retraite, ils gagnent donc un peu plus de 5000 euros par mois : est-ce qu’on peut prétendre que ces infirmiers, ces enseignants, sont riches ? »

Est-ce vrai ? C’est tout à fait exact. L’INSEE rappelle que :

« En 2016, le salaire mensuel moyen en équivalent temps plein (EQTP) d’une personne travaillant dans le secteur privé ou dans une entreprise publique est de 2 238 euros, nets des cotisations et contributions sociales. »

Alors bien sûr tout le monde n’est pas en couple, dans un couple tout le monde ne travaille pas forcément, il y a les chômeurs, il y a des gens qui gagnent moins, etc. Mais cela n’empêche pas que, grosso modo, le capitalisme tourne très bien. Pour la grande majorité des gens il est possible de profiter de la société de consommation, d’acheter une Playstation, de prendre un crédit pour un logement, etc.

Et il y a les aides sociales… et il y a le patrimoine ! Avec tout cela, la grande majorité des Français vit sa vie et regarde avec dédain toute option révolutionnaire. Ce n’est pas pour rien que les ouvriers votent Marine Le Pen, qu’Alain Soral et les Gilets jaunes ont du succès. Ce sont des manies de petits-bourgeois.

L’INSEE constate ainsi :

« Le patrimoine financier et immobilier moyen a augmenté entre 1998 et 2015 pour l’ensemble de la distribution sauf pour les 20 % des ménages les moins dotés. Les 70 % des ménages les mieux dotés ont bénéficié de la forte valorisation du patrimoine immobilier (+ 133 % en euros courants) sur la période, surtout entre 1998 et 2010.

De même, le patrimoine financier a augmenté de 75 % entre 1998 et 2015, essentiellement durant la période 2004-2010, profitant à tous sauf aux 20 % des ménages les moins dotés qui détiennent presque uniquement des comptes courants et livrets d’épargne réglementée. »

Alors un ménage est-il riche à 4 000 euros par mois ? La moyenne pour les ménages est de 3 000 euros. Avec 4 000 euros, on est dans les classes moyennes supérieures, mais encore dans les classes moyennes… Voici un tableau de l’Observatoire des inégalités.

Cet Observatoire précise :

« Selon notre classification, les personnes seules sont considérées comme pauvres si leur revenu disponible est inférieur à 800 euros mensuels (données 2018). Jusqu’à 1 300 euros, elles appartiennent aux classes populaires et entre 1 300 et 2 300 euros aux classes moyennes. Elles sont qualifiées d’aisées au-delà de 2 300 euros et de riches au-dessus de 3 200 euros par mois.

Pour les couples sans enfants, le seuil de pauvreté se situe à 1 600 euros. Ces couples appartiennent aux classes moyennes entre 2 500 euros et 4 500 euros. Ils sont riches au-dessus de 6 300 euros. Les couples avec deux enfants sont classés comme pauvres si leurs revenus sont inférieurs à 2 100 euros mensuels, comme classes moyennes entre 3 500 et 5 900 euros et comme riches au-delà de 8 400 euros. »

Voilà pourquoi le député Bastien Lachaud, de La France Insoumise, est un démagogue quand il dit que :

« Déconnexion hallucinante. Que Bayrou aille vivre avec moins de 885 euros par mois comme 44% des habitants d’Aubervilliers »

C’est même un très bon exemple, car Bastien Lachaud est membre de la commission de la défense nationale et des forces armées et il s’inquiétait même encore tout récemment des capacités militaires françaises à intervenir. C’est caractéristique d’un discours social-impérialiste digne d’il y a cent ans. Selon lui, les Français seraient tous pauvres, il faudrait soutenir les initiatives militaires, vive la France à bas les vrais riches que sont les États-Unis, etc.

En réalité, la France est une grande puissance où la grande majorité des gens est totalement corrompue par le capitalisme et où seule une bonne minorité trinque réellement. Les autres aussi, mais ils sont aliénés et acceptent la démolition, au nom de la société de consommation.

Et dans tout cela il y a une bourgeoisie qui nage dans l’opulence. C’est tellement vrai que même les gens gagnant 4 000 euros par mois ne relèvent même pas des plus riches ! Ils relèvent des gens vraiment aisés, mais certainement pas de la haute bourgeoisie.

Que tout cela va dégringoler avec la crise, c’est évident. Et cela veut dire d’autant plus refuser les hystéries petites-bourgeoises et défendre les valeurs de la Gauche historique. Il n’y a que deux classes fondamentalement, la bourgeoisie et le prolétariat. La disparition de la petite-bourgeoisie, avec la fin de la parenthèse issue des 30 glorieuses, est inévitable.

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Société

Cinq exemples de l’implosion de la décadence française

Social-darwinisme, militarisme, absence de valeurs morales… le capitalisme entraîne les gens dans sa chute.

La France sombre et à travers de simples petits détails, on le lit très bien. Il suffit de lire les médias, de voir ce qui se passe, et les choses apparaissent clairement.

Patrick Mille est un acteur qui a joué dans de très nombreux films français (un par an depuis 1990). Il a publié une tribune dans le Figaro, appelant à tout rouvrir («Rouvrez tout! Soyez churchillien, Monsieur le Président!»). Il s’y lamente de manière pathétique, appelant à supprimer toute restriction, avec un discours également ouvertement impérialiste :

« Pourquoi, au lieu de penser qu’il faut 5 ans (tiens donc, 5 ans!) pour former un médecin réanimateur n’avez-vous pas fait un appel, en échange de naturalisation immédiate, à tous les réanimateurs disponibles en Syrie Libye Erythrée ou autre cloaque du monde? »

Qu’une personne qui soit censément un artiste s’exprime ainsi en dit long sur la vision du monde des couches intellectuelles françaises. Rien que pour une telle phrase, une telle personne devrait être bannie de partout où prédomine l’esprit démocratique.

Mais l’heure est au repli sur soi, au nationalisme. Le Parisien a ainsi publié un article digne de l’esprit nationaliste d’avant 1914 (Remboursement du Smecta : l’étrange décision qui fragilise un médicament 100% français). Il faudrait abandonner la loi sur les génériques dans les médicaments si cela affaiblit le capitalisme français. C’est comme la tribune de Patrick Mille : la France avant tout, partons à la bataille pour faire payer la crise aux autres, etc.

D’ailleurs, Le Parisien – on parle du Parisien tout de même ici, un journal simpliste-populiste – fait de la véritable économie politique, visant très clairement à éduquer dans le sens du nationalisme.

Désormais, le prix de référence de ce pansement intestinal, utilisé en cas de diarrhées ou de douleurs à l’estomac, est de 4,39 euros pour la boîte de 30 sachets, avec un reste à charge de 0,79 euro pour le patient. Celui du générique, produit en Asie par l’Oncle Sam : 3,60 euros, sans que le patient n’ait à débourser le moindre centime pour s’en procurer. Du dumping économique au détriment d’un champion français, avalisé par notre administration ?

Les autorités n’ont pas souhaité s’exprimer sur ce dossier qui fait désordre, à l’heure où notre souveraineté industrielle en matière de santé se trouve mise à mal par la crise du Covid. C’est qu’en ce moment, les réussites françaises dans le domaine pharmaceutique, ne courent pas les rues. En témoignent les récents déboires de Sanofi, à la peine dans la course aux vaccins (…).

Mais pourquoi donc les autorités publiques prennent-elles le risque de fragiliser un tel poids lourd de l’industrie pharmaceutique française ? 

Tout cela est très clairement politique et d’ailleurs l’article souligne… qu’Arnaud Montebourg avait bloqué le générique lorsqu’il était ministre. C’est un excellent exemple de glissement.

Est tout autant politique, pareillement dans le sens du glissement nationaliste, l’article du Monde intitulé 5G : le Conseil constitutionnel valide la loi « anti-Huawei » visant à préserver les intérêts de la sécurité nationale. Le Monde aborde ici comme si de rien n’était la concurrence entre pays dans l’optique militariste. Le fait que, Huawei mis de côté, les opérateurs français seront dédommagés par l’État pour compenser les bas prix chinois, n’est même pas critiqué.

C’est l’accompagnement de la marche à la guerre. Il ne faut naturellement pas penser que ce glissement soit conscient. C’est simplement le reflet d’une logique propre au capitalisme.

Ce reflet est violemment décadent, à l’instar des propos de Patrick Mille. Et il est jusqu’au-boutiste, exprimant la panique des défenseurs du capitalisme face à la crise. L’analyse politique Mathieu Slama – en fait un propagandiste – tient dans le Figaro des propos hallucinés dans sa tribune Couvre-feu: «Les contrôles policiers ont créé des scènes kafkaïennes» :

« Ce management de la population française, que Michel Foucault avait pressenti il y a plus de quarante ans dans sa réflexion sur la biopolitique, ne tire sa légitimité que d’un Conseil scientifique qui s’arroge un rôle politique qu’il ne devrait pas avoir et qui s’immisce au plus intime de nos vies.

Nos corps sont enfermés, régulés, nos gestes également, notre visage masqué, nos rapports sociaux détruits, le tout sous l’autorité bienveillante des scientifiques et des médecins qui ont pris le pouvoir politique sans que personne, ou presque, ne s’en émeuve (…).

Osons le dire sans fard: nous avons été jusqu’ici d’une obéissance coupable face à des mesures d’une extrême gravité qui n’ont plus rien à voir avec un régime démocratique. Ce degré d’obéissance dit quelque chose de l’état de notre démocratie.

Quand les citoyens eux-mêmes se font auxiliaires de police dans la vraie vie ou les réseaux sociaux, quand ils se révoltent non pas contre les mesures du gouvernement mais contre le manque de discipline des Français, quand les seuls opposants à l’Etat se retrouvent dans les extrêmes (les complotistes et l’extrême droite, pour faire court) et que la gauche est incapable de dire quoi que soit d’important sur la situation actuelle, il faut s’inquiéter. »

Ce qui est marquant, c’est que c’est exactement le même discours que les anarchistes en France, que les manifestations régulières en défense des « libertés ». Cela montre clairement que c’est l’esprit de sédition dans un sens petit-bourgeois, pré-fasciste. Une vaine rébellion, la mise en valeur du style de vie dans un capitalisme avancé, la volonté réactionnaire que tout continue comme avant… on a les gilets jaunes, mais de manière démultipliée.

Concluons sur ce panorama de la décadence avec l’association Sea Shepherd déposant des cadavres de dauphins devant l’Assemblée nationale. L’association L214 a initié cette démarche hallucinante où des gens parlant de défendre les animaux foulent aux pieds leur dignité. C’est que la dimension glauque, morbide, prime sur l’engagement réel. Les animaux sont des objets pour le nihilisme – leur réalité disparaît. Quand on aime les animaux on ne peut pas s’habiller en noir et exhiber des cadavres.

C’est là aussi un reflet de la décadence, de la course au morbide, au négatif.

La France, chaque jour, mûrit pour le fascisme, c’est-à-dire pourrit pour le fascisme. Le capitalisme s’effondrant sur lui-même chaque jour davantage entraîne les gens avec lui, déformant les mentalités et dissolvant les valeurs. Le libéralisme libertaire produit le relativisme, la compétition mondiale renforce le nationalisme et le militarisme, et les gens voulant vivre « normalement » se retrouvent entraînés dans cette double dynamique amenant le fascisme et la guerre.

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Société

Pas de troisième confinement: l’État capitule devant le libéralisme

Le nécessaire troisième confinement est repoussé par peur d’une révolte plébéienne.

Le premier ministre Jean Castex a pris la parole le vendredi 29 janvier 2021, alors qu’on s’était attendu à ce que le président Emmanuel Macron le fasse deux jours auparavant, ou finalement le dimanche 31.

C’est qu’on s’attendait au troisième confinement, rendu nécessaire par précaution en raison des multiples variants du coronavirus. La menace est « exponentielle » soulignent de nombreux experts.

Sauf qu’en pratique, le dilemme était trop puissant pour un gouvernement libéral dans une société libérale avec des gens libéraux. Il faudrait une réponse forte, de grande ampleur, à l’échelle de la société elle-même, décidée par des gouvernants déterminés et une population mobilisée. Une telle chose n’est pas possible, alors l’État a capitulé.

Emmanuel Macron s’est donc effacé, laissant le premier ministre annoncer des mesures peut-être utiles mais minimes et plus symboliques qu’autre chose.

Il y a déjà la fermeture des grandes surfaces non alimentaires de plus de 20 000 mètres carrés, dont on se demande pourquoi elles étaient encore ouvertes.

Il y a ensuite la fermeture des frontières avec les pays hors Union européenne. C’est que l’État demandait aux voyageurs arrivés un test PCR de moins de 72 heures, ce qui est bien. Sauf qu’il était également demandé un confinement obligatoire de sept jours, sans même conserver les noms et les adresses des gens arrivés. Cette sinistre farce a été stoppée en arrêtant tout.

Il y a également depuis plusieurs jours un test PCR de moins de 72 heures demandés aux gens venant en avion d’un pays de l’Union européenne. Mais pas à ceux venant en voiture ou en train. C’est tout de même bien étrange.

Mais à vrai dire plus rien n’est étrange dans un pays où, en l’absence de réelle lutte de classes, on a une plèbe poussée par une petite-bourgeoisie hystérique. C’est le front anti-confinement allant des gilets jaunes aux anarchistes en passant par l’extrême-Droite et les courants croyant en une conspiration. C’est la grande peur de la petite-bourgeoisie dans un contexte de crise.

L’État a décidé de capituler devant une telle agitation petite-bourgeoise. C’est doublement erroné. Déjà parce qu’il faut un confinement. Ensuite, parce que la petite-bourgeoisie n’est pas prête d’arrêter ses gesticulations. Cela va même empirer, parce que la petite-bourgeoisie est prise en sandwich entre les prolétaires et les bourgeois, c’est elle qui trinque le plus de l’instabilité du capitalisme.

Beaucoup de gens, de milieux favorisés, ont pensé que le libéralisme pro-Union européenne d’Emmanuel Macron était un rempart au populisme. On voit bien ici que ce n’est pas le cas. Il y a une capitulation devant le populisme. Seule la classe ouvrière, de par son rationalisme, peut réfuter le populisme, parce qu’elle insiste sur la démocratie et sur la mobilisation populaire pour la démocratie.

Là on a des technocrates et des plébéiens. Et une crise sanitaire. Et un capitalisme qui se ratatine. Et une grande puissance qui se déclasse. Un véritable cocktail empoisonné.

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Société

3e confinement : les Français en même temps pour et contre

Les Français veulent des services sociaux, mais pas d’impôts. Pareillement, ils veulent un confinement, mais ils n’en veulent pas.

Le président Emmanuel Macron devait prendre la parole le mercredi 27 janvier 2021, mais il n’a pas osé : il sait que les Français, pétris dans la société de consommation capitaliste, ne tiennent psychologiquement plus. Ils exigent un retour au monde d’avant.

Leur schizophrénie est telle qu’un sondage montre que si une majorité des Français est pour un nouveau confinement, un quart de ces gens favorables explique en même temps qu’il ne suivrait pas les règles ! C’est totalement schizophrène et c’est bien français non pas en vertu d’une caractéristique nationale, mais en raison d’un libéralisme ultra-puissant combiné à un système social très développé conquis de haute lutte et permis par un capitalisme développé qui s’en est bien arrangé.

Les Français veulent moins d’État… et en même temps ils veulent plus d’État. Les Français veulent moins d’impôts… mais la première crise venue, ils demandent l’intervention de l’État, les aides de l’État. C’est absolument intenable. Les Français veulent pareillement des règles, car ils voient bien que la société perd tout repère… mais en même temps, aucun ne veut de règles.

Que voit-on en ce moment, justement ? Que de nombreuses salles de sport sont remplies à 5-10%, en raison de faux certificats de médecins complaisant expliquant que c’est absolument nécessaire. Qu’il y a toute une série de restaurants ouvrant clandestinement, certaines fédérations sportives autorisant des stages de préparation hivernale en groupe pour les amateurs comme si de rien. On a même eu un commissariat, à Aubervilliers en région parisienne, fêtant un pot de départ ! Un restaurateur niçois a même ouvert à midi, avec de nombreuses figures des gilets jaunes locaux (qui se ressemble s’assemble), sans que la police ne ferme sur le champ le restaurant.

C’est que l’Etat sait très bien qu’on est sur des charbons ardents. Alors instaurer un troisième confinement dans de telles conditions…

C’est qu’on vit un problème historique et Emmanuel Macon n’y peut rien. La société française est bloquée, elle est façonnée par l’individualisme et personne ne veut prendre de responsabilités, ni assumer la dimension collective des choses. Comme il y a encore de la culture et des valeurs, les Français ont oublié d’être idiots et veulent le changement. Mais ils ne veulent pas changer.

D’ailleurs, les gens qui font du bon travail – et espérons qu’agauche.org relève de cela – connaissent le problème : on dit que c’est très bien ce qu’on fait, mais cela s’arrête là. Ne fonctionne que ce qui fait fonctionner les egos, permet de se mettre en avant, de se donner une certaine image, etc. Le reste, qui s’engage ? Trop systématique, trop d’efforts, trop en conflit avec la flemme. Consommer est bien plus simple et contrairement au misérabilisme d’ultra-gauche ou des syndicats, pratiquement tout le monde en France a largement de quoi consommer et vivre dans sa petite bulle.

Et que va-t-il se passer aux prochaines présidentielles, vu comme on est parti ? Eh bien un populiste va dire : la France s’est raté sur les masques, sur les tests, sur la vaccination, sur la recherche de vaccins, sur le séquençage des variants, alors confiez-moi les clefs du pouvoir, je m’occupe de tout. Et comme les Français sont finalement très contents de vivre dans un pays riche avec des bombes atomiques, ils diront : stoppons le déclassement, oui à l’autorité centralisée, militarisée, du moment qu’on peut vivre comme avant !

On sait que le général Pierre de Villiers attend son heure, se présentant comme le recours. Et le dernier sondage donne déjà Emmanuel Macron battant une Marine Le Pen obtenant 48% des voix au second tour des présidentielles…

Dans l’état actuel des choses, on va tout droit au nationalisme, au militarisme, à la guerre !

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Société

Le nécessaire troisième confinement et l’impossible société française

Le troisième confinement est nécessaire, mais l’État tergiverse, car la société française, pourrie de libéralisme, en a assez des exigences collectives.

La société française sait qu’il faudrait un troisième confinement ; de nombreux médecins de haut niveau s’inquiètent et prônent également cette mesure. Ce qui travaille les esprits, c’est bien sûr ce qui est appelé de manière pittoresque le « variant britannique », plus contagieux, qui a été au moins présent déjà à Bagneux, Rennes et Marseille. En raison de ce variant, il y a une situation sanitaire désastreuse en Irlande, avec une croissance exponentielle des gens malades.

Le problème, c’est que la société française n’en peut plus ou, du moins, elle pense être à bout. Elle est en fait tellement travaillée au corps par le libéralisme que tous ses efforts allant dans un sens collectif lui semblent insupportables. Pour les libéraux, c’est un chemin au collectivisme ; pour les gens c’est un obstacle à leurs libertés et une remise en cause de leur mode de vie.

Le dilemme de l’État est ainsi très simple : d’un côté il faut rassurer les gens comme quoi rien ne change, comme quoi rien ne peut changer, et de l’autre il faut en même temps colmater les brèches alors que le navire capitaliste prend l’eau de partout avec la pandémie.

Pour renforcer la gravité de la situation, il y a une haute bourgeoisie qui voit tout cela d’un très mauvais œil, car la France « c’est un sacré bordel » et cela implique un déclassement dans la hiérarchie des puissances. Une telle chose, à l’ombre d’une bataille pour le repartage du monde, est bien sûr inacceptable pour la haute bourgeoisie.

Et pour rendre le tout explosif, il y a les vaccins, qui ont été vendus comme le remède miracle. Non seulement il y en a plusieurs et on s’y perd, mais en plus les campagnes de vaccinations ne sont pas à la hauteur des attentes. On a fait croire aux gens que la sortie du tunnel allait apparaître en mars, que tout allait redevenir comme avant pour l’été… alors que l’année 2021 va être en réalité tourmentée, complexe, nullement un « retour à la normale ».

Pour comprendre cette machine à illusions, il suffit de voir la couverture du Nouvel Obs, l’organe des bobos s’imaginant à Gauche, lors du passage à la nouvelle année. La couverture n’a pas deux semaines et elle apparaît déjà comme totalement dépassée, entièrement déconnectée du réel.

C’est que les choses vont à la fois très vite et très lentement. Et pour le comprendre, il faut voir les choses en grand, à l’échelle du pays, en pleine connaissance des mentalités, de la culture, des évolutions économiques, politiques, idéologiques. C’est cela qui permet de garder le fil et de lire les développements en cours.

Car il faut se rappeler tout de même de quelque chose. Ces trois dernières années, on nous a vendu comme très radicaux, voire révolutionnaires, à la fois les cheminots en grève, les gilets jaunes et l’opposition à la réforme des retraites. Le pays allait se soulever, nous disait-on ; il faut relire les médias d’ultra-gauche et les communiqués syndicaux d’alors : quel triomphalisme y trouvait-on !

En pratique, tout cela était du vent, une simple expression de décomposition d’un capitalisme se ratatinant sur lui-même, avec des secteurs corporatistes défendant leurs acquis en n’en ayant rien à faire de rien, quand ils ne passaient pas dans le nihilisme de type fasciste comme les gilets jaunes.

La preuve, c’est qu’il ne reste rien de tout cela, rien de rien, à part quelques miettes d’agités isolés socialement ici et là. Il n’y a pas eu d’engouement populaire, de mise en branle de choses nouvelles, de production culturelle. C’était une vanité complète, typiquement petite-bourgeoise dans ses prétentions hallucinées.

Les deux confinements ont été vécus de manière d’autant plus dépressives dans un tel panorama prétexte aux bouffées d’angoisse, à l’anxiété qui ronge, au désespoir. On se prend le capitalisme en plein face, comme jamais peut-être. Et c’est corrosif. Il va falloir que les gens s’en sortent, s’en arrachent, s’en extraient. La décennie 2020 va être un traumatisme historique. Et c’est de là qu’il va falloir partir pour porter l’utopie.

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Réflexions

La confiance absolue des Français en la société de pollution

Les Français ont leurs esprits autant pollués par le capitalisme que peut l’être le monde lui-même.

Les Français sont dans une posture régressive. L’État a fait en sorte de déverser des milliards aux entreprises, sans surveillance ni contre-partie : cela passe comme une lettre à la poste. L’armée française met en place une série de wargames pour s’aligner avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne contre la Russie et la Chine : cela n’intéresse personne. La question animale a été posée au niveau de la société toute entière : c’est passé à la trappe. Les villes sont invivables, les campagnes un désert culturel : cela n’interpelle pas.

Il y a même en ce moment des vagues de licenciements et que voit-on ? Les ouvriers licenciés s’en moquent. Ils acceptent, contre un petit chèque. La révolte, au moins pour la dignité, pour la forme ? Même pas. La bataille pour l’outil productif, pour la classe ouvrière dans son ensemble ? Inconcevable. La réflexion pour ce qui va advenir par la suite, tant pour soi que pour ses enfants ? Inexistante.

Les gens acceptent d’être pris et jetés, comme ils prennent et ils jettent. Il faut le dire simplement, il y a une confiance absolue des Français en le capitalisme. Leur capacité d’utopie est à zéro. Tout est éteint. Il y a bien des poussées positives ici ou là, mais c’est instable, précaire, sans continuité. Ne parvient à tenir en France que ce qui est consommable et périssable.

Les gilets jaunes, ces nostalgiques du capitalisme des années 1980-1990, sont à ce titre totalement le produit du capitalisme. On est gilet jaune comme on veut, quand on veut, si on veut, pour dire ce qu’on veut, pour consommer sa protestation, pour se consommer soi-même, de manière cyclique. Ils ont pollué les esprits et les médias, les mentalités et les luttes, tout comme le capitalisme. Plus que dans une société de consommation, on est dans une société de pollution.

Certains pensent qu’on peut s’en sortir en jouant sur le consommable. Ils veulent faire des valeurs une denrée périssable, qu’il faudrait alors constamment renouveler : au moins quelque chose se passerait. C’est une cause perdue et qui ne peut de toutes façons pas exister alors que les réseaux sociaux sont une machinerie impeccablement rodé. Rien n’est plus vain que ces petits groupes activistes publiant en série des choses éphémères sur Facebook ou Twitter. Non, ce dont on a besoin, c’est de marqueurs, d’œuvres, de monuments.

On a besoin de choses qui restent, pas de choses qui marquent. On a besoin d’un patrimoine culturel, de choses qui éduquent, qui forment les esprits et non pas qui les pollue. Encore faut-il avoir des esprits. Avec la crise, ils vont être là. Mais dans quel état ?

Il ne faut pas sous-estimer le capacité des gens à rattraper le temps perdu. Mais il y a les mauvaises habitudes. Il y a les tentations de s’en sortir par le nationalisme et le militarisme. Cela sera la bataille de l’utopie contre le pragmatisme, alors que tout va aller très vite. L’enfantement de la nouvelle époque est bien douloureux !

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Société

C’est le mensonge d’une France tranquille qui s’en va avec le 13h de Jean-Pierre Pernaut

Pendant 33 ans, Jean-Pierre Pernaut a incarné avec son Journal Télévisé de 13h le mensonge d’une France tranquille, se regardant le nombril après le repas lisse et conformiste du midi. C’est la Droite dans sa version franchement pétainiste, faisant un fétiche des « régions » et des petites-gens pour maintenir une chape de plomb sur le pays afin que surtout rien ne change.

Lors de la présentation de son dernier journal télévisé, Jean-Pierre Pernaut a très bien résumé l’idéologie qu’il a porté pendant des années sur TF1 à 13h :

« Vous écouter, faire entendre tous ceux qu’on entend pas ailleurs, ça a été une révolution il y a 33 ans, ça a été ma ligne de conduite depuis 33 ans et j’en suis très fier. Faire entendre et montrer toutes les richesses de nos régions, jusque dans les plus petits villages. »

Le 13h de Jean-Pierre Pernaut est en effet devenu un institution en France, avec des parts d’audience mirobolantes, faisant de lui une figure incontournable avec ses six à sept millions de spectateurs quotidien.

Son émission, dans sa forme et son style, est née de la privatisation de TF1 en 1987 et de sa volonté d’être hégémonique. Le créneau a alors été simple : concurrencer France 3 (FR3 à l’époque) et ses multitudes déclinaisons régionales, très ancrées sur le terrain.

Son JT a été alors l’ennemi direct du service public, dans une opposition de style bien marquée. Au style populaire de France 3, qui encore aujourd’hui relève d’une certaine tendance démocratique dans sa volonté de systématiser une réelle information locale, la démarche de Jean-Pierre Pernaut a été d’accumuler des sourires benêts, des anecdotes insignifiantes, une orgie de « terroirs » et autres fantasmagories romantiques.

Pendant 33 ans, ce fut chaque année pratiquement les même reportages aux mêmes endroits et à la même date, avec chaque jour ou presque la météo en ouverture du journal. Le journaliste au Canard Enchainé Jean-Luc Porquet a très bien résumé cela dans un article intitulé ironiquement « Éloge de Jean-Pierre Pernaut » en 2010 :

« Il rassure, il endort, il calme les inquiétudes […] il n’est pas le pur benêt de service qu’on croit : il participe sciemment à l’enfumage généralisé »

Le 13h de Jean-Pierre Pernaut c’est, au sens strict, le contraire de l’information, avec la construction méticuleuse d’une fausse réalité, d’une France se prétendant tranquille, pacifiée, inébranlable. C’est un mensonge grossier car chacun sait que pendant ces 33 dernières années la France s’est lentement mais sûrement effondrée sur elle-même.

Jean-Pierre Pernaut n’était pas là pour montrer la réalité. Il n’était pas là pour montrer l’exploitation, la haute bourgeoisie, les familles rongées par l’alcool, les grèves, la consommation massive d’anxiolytiques et d’antidépresseurs, les luttes antifascistes, la barbarie des élevage et des abattoirs, la beauté de la vie sauvage, la décomposition sociale et l’avènement des réseaux mafieux dans les cités HLM, le développement de la culture populaire ou l’aliénation du travail prolétaire.

Il était là pour exposer une lecture unilatérale, celle du beauf complaisant sur lui-même et sur tout ce qui est partiel, truqueur, mensonger.

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Politique

Protestations contre la «loi de sécurité globale»: psychodrame à la française

Malgré le confinement ou plutôt en raison de lui, l’agitation anti-État s’est vigoureusement exprimée par des manifestations contre la « loi de sécurité globale » voulue par le gouvernement.

C’est un cinéma qu’on retrouve de manière régulière depuis très longtemps en France. Notre pays est en effet très marqué par la petite propriété et pour cette raison, les discours libéraux-libertaires sont une grande tradition. Il y a une longue tradition allant de Proudhon à Michel Onfray, en passant par Céline, Camus, l’anarchisme de droite, l’anarchisme tout court, les gilets jaunes, etc.

Et c’est donc ce cinéma qu’on retrouve avec les protestations contre une « loi de sécurité globale » qui, dans le fond, n’apporte strictement rien de nouveau aux rapports sociaux. Il s’avère en effet simplement qu’à chaque progrès technique, la police systématise l’utilisation des avancées. La vidéosurveillance est un excellent exemple de cela, bien sûr.

Quiconque prend le métro, le RER, le train de banlieue, le bus en région parisienne peut ainsi être suivi par caméra de bout en bout (à part dans les rames le plus souvent, mais il y a donc les entrées, les sorties, les quais, etc.). Il y a également 293 caméras visant la circulation, ce qui signifie que si vous passez à Paris et qu’on veut suivre tous vos déplacements, on peut. Rappelons également qu’il y a le passe Navigo qui est individualisé et fournit donc tous les déplacements, leurs horaires (le pass Navigo découverte qui lui coûte cinq euros ne fournit pas l’identité).

Il y a à Nice 2 666 caméras, 411 à Nîmes, plus de 200 à Perpignan, Orléans (ville du néant), Annecy, Mulhouse…

Tout cela pour dire que les gens ayant manifesté contre la « loi de sécurité globale » sont totalement en décalage avec ce qui existe déjà. Et encore on ne mentionne pas ce qui est para-légal ou clandestin de la part des services politiques de la police – les renseignements généraux – qui d’ailleurs officiellement n’existent plus !

En Allemagne, il y a chaque année un rapport très détaillé de la police sur l’extrême-gauche qui sort, et l’extrême-gauche publie au moins une fois par moins un compte-rendu d’une tentative d’approche de gens par les services pour servir d’informateurs. Difficile de ne pas penser qu’en France on n’aurait pas le même niveau de surveillance…

La « loi de sécurité globale » accompagne ce processus enclenché depuis bien longtemps. Les policiers municipaux verront leur statut élargi grosso modo à celui des policiers judiciaires, les images des caméras-piétons des policiers pourront être lues et enregistrées en direct par les postes de commandement, il y a une légalisation de l’utilisation des drones par la police et une interdiction de la diffusion d’images de policiers dans une perspective « malveillante ».

Si on veut la révolution, ce n’est évidemment pas pratique et il aurait mieux fallu la faire en 1920, c’est certain ! Quoiqu’il faut savoir que déjà le niveau de surveillance était extrêmement élevé et qu’en 1914 il y avait une liste très détaillée des subversifs à arrêter au cas où… Mais comme ils ont tous soutenu la guerre, le problème ne s’est pas posé !

Et, de toutes façons, quand on veut vraiment la révolution, on y parvient toujours, quel que soit le mur en face. Mais la veulent-ils la révolution, les quasi 50 000 personnes ayant manifesté à Paris samedi 28 novembre 2020, les milliers d’autres dans des dizaines de villes ? Non, ils ne la veulent pas. Ils veulent protester contre l’État de manière anarchiste ou semi-anarchiste ; ils sont même tout à fait opposés à une société collective, collectivisée, car pour eux c’est le totalitarisme, c’est 1984, c’est Orwell !

Mais le plus génial dans tout cela, c’est la chose suivante : la France n’utilise pas tout son arsenal, ni toute sa surveillance. Elle laisse faire. Chaque manifestation sérieuse en France a son lot de casse et une ville comme Nantes a son centre-ville régulièrement démoli. Le nombre d’arrestations est, dans ces cas de casse, toujours extrêmement restreints comparés à ce qu’ils pourraient être de manière assez facile.

Pourquoi ? Car l’État se sert de cette protestation stérile comme d’une soupape de sécurité. X casse une vitrine, Y écrit anarchie sur un mur, Z renverse une voiture ? Parfait ! Ils croient avoir fait quelque chose et le reste du temps, ils ne militent pas, ils ne font rien, ils vivotent en s’imaginent rebelles. Et tout continue comme avant.

Arrivent alors ceux qui disent qu’il faut réformer la police ; ils profitent de l’élan trouvé pour se faire des voix aux élections. Le régime, quant à lui, n’a pas mené de répression : c’est tout bénéfice niveau légitimité. Des anarchistes, des réformistes et tout est parfait pour l’État français ! Et cela fait bien longtemps que cela dure… Alors la « loi de sécurité globale », franchement, quelle importance ? Ce n’est qu’une cerise sur le gâteau, une roue de secours si cela s’emballe malgré tout sans le faire exprès.

Comme on est loin d’un mouvement de Gauche conscient, organisé en France !

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Société

Les Français littéralement incapables d’appliquer le second confinement

Le constat est partout le même : le second confinement, au début novembre 2020, n’est pas suivi. Il y a beaucoup moins de monde dehors, mais il y a tout de même beaucoup de monde.

Beaucoup de monde dehors ? En tout cas, trop de monde ! La différence entre le premier et le second confinement est énorme. Elle n’est pas que quantitative d’ailleurs, ce n’est pas seulement une question de gens présents dehors. En fait, qualitativement, cela n’a rien à voir. Et c’est la preuve d’un terrible échec.

Les gens suivent le second confinement sans s’appliquer, sans y croire, en espérant un vaccin, un retournement de situation : c’est finalement une sorte d’allégorie de leur rapport au capitalisme. On n’y croit pas plus que cela, mais on mange du foie gras et on veut acheter sa maison ; on n’aime pas les riches, mais on veut une vie quotidienne petite-bourgeoise bien rangée tout en accumulant un petit capital.

Cette ambivalence mène les Français à leur perte. Ils s’imaginent très intelligents en adoptant une sorte de ligne in medio stat virtus, la vertu est dans le milieu. En pratique, ils sont déconnectés. Ils n’ont pas l’armature psychique pour cela, ils n’ont pas la patience, ni la morale ; ils sont incapables de faire face, prisonniers de leur passivité consommatrice et de leur relativisme libéral.

Les Français, au mois d’août, avaient d’ailleurs choisi de se débarrasser de la question de la crise sanitaire. Ils s’imaginaient ainsi rationnels, alors qu’ils étaient idéalistes. Ils se sont imaginés choisir de passer à autre chose et que cela suffirait. Il faut se rappeler les comportements en août pour voir à quel point les Français étaient dans le déni. Avec le recul, c’est à peine croyable.

Et malgré la nouvelle crise sanitaire, ils continuent, en relativisant le second confinement, en cherchant à le détourner avec un justificatif par-ci un justificatif par-là, avec un État complaisant autorisant tout et n’importe quoi de manière dérogatoire. Les Français ne veulent pas de la crise sanitaire, donc elle n’est pas vraiment là. Ainsi, le second confinement est, dans les faits, une fiction.

Pas pour les restaurateurs et les fleuristes bien sûr, pour tous les petits commerces en général, qui doivent encaisser les coups et les coûts du capitalisme (ce qui devrait leur enseigner à mieux choisir ses amis et ses alliés et à se tourner vers la classe ouvrière). Pas non plus pour les refuges et centres de soins pour animaux, qui encore une fois n’existent pas pour l’État et dont les bénévoles se retrouvent à devoir bricoler pour pouvoir se déplacer, travailler, intervenir.

Mais le confinement est bien une fiction en terme de société. Je fais semblant, tu fais semblant, nous faisons semblant. Le gouvernement prétend, les gens prétendent, tout le monde prétend, les réalistes et les médecins hallucinent, désespèrent, protestent. Ils se demandent : pourquoi les Français sont-ils aussi obstinés dans leurs comportements ? Pourquoi ne s’assument-ils pas ?

C’est pourtant simple. Les esprits sont ailleurs, forcément ailleurs,et cela pour une simple raison : personne n’est prêt à assumer que le capitalisme est allé droit dans le mur à l’échelle planétaire, qu’il faut tout remettre à plat, que plus rien ne sera comme avant…

Assumer cela, c’est partir en guerre contre le capitalisme, au sens strict, dans un contexte sanitaire encore en crise, dans un contexte international militarisé, avec une économie portée à bouts de bras avec de l’argent magique, à quoi on doit ajouter le réchauffement climatique, l’effondrement de la culture sous les coups de boutoir de l’expansion du marché, etc.

Trop compliqué ! Trop difficile à suivre ! Trop de sacrifices !

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Écologie

Second confinement en octobre 2020: l’humanité apprentie sorcière prise au piège

Le second confinement ne fait pas qu’ébranler les mesures sanitaires gouvernementales ; c’est tout le mode de vie de l’humanité qui est remis en cause.

Les Français savaient que le confinement serait mis en place, mais la brutalité de son caractère les a tout de même surpris. Emmanuel Macron a annoncé en effet mercredi 28 octobre que le confinement commencerait dès le 30 au matin et s’il ne va pas aussi loin que le premier confinement, cela y ressemble beaucoup dans la plupart des mesures prises. Qui plus est, il y en a jusqu’à début décembre… au minimum.

Les Parisiens suffisamment aisés ont d’ailleurs pris la fuite le jour même, avec 400 kilomètres de bouchon dans l’après-midi avant même les annonces, alors que dans la soirée le site de la SNCF a été totalement saturé, de par les nécessaires voyages en catastrophe en raison de la rapidité de la mise en place du confinement.

Tout cela, cependant, est entièrement secondaire par rapport au cadre historique. La situation est en effet peu ou prou la même dans toute l’Europe, et même si des pays s’en sortent bien mieux, comme l’Allemagne, la tendance reste la même : le virus est relancé, il faut confiner. On peut bien entendu dénoncer Emmanuel Macron, dénoncer le manque de lits dans les hôpitaux, de moyens, de préparation depuis six mois également, c’est bien entendu très vrai, mais cela n’en reste pas moins très secondaire.

Il y a un problème de fond et il est très simple. Pendant des centaines et des centaines d’années, voire des milliers d’années si on remonte à l’apparition de l’élevage et de l’agriculture, l’humanité a joué avec le feu, en désorganisant la nature, en s’appropriant la vie des animaux qui ont été réduits à de simples marchandises de consommation alimentaire, et stockés comme des matières premières.

Cela a été toute une étape historique, un développement, c’est évident. En rester là, toutefois, est une erreur grossière, une incompréhension du développement spécifique de l’humanité, spécifique, mais intégrée à un cadre : la nature.

En niant ce cadre, l’humanité a joué à l’apprentie sorcière. Cela a produit le changement climatique, cela a produit l’asservissement et la souffrance d’animaux dans une dimension industrielle, cela a produit la déforestation, cela a produit toute une série de maladies passant la barrière des espèces en raison de situations anti-naturelles, le Covid-19 se situant ici dans une longue tradition de maladies de ce type, dont la grippe espagnole a été la plus meurtrière.

Malgré un premier confinement, l’humanité ne s’est pas remise en cause. Elle a considéré qu’elle pouvait passer en force : des centaines et des centaines de milliards d’euros par ici, des mesures de confinement par là, la course au vaccin, l’espoir que le virus partirait de lui-même, etc.

L’instauration d’un second confinement en France, mais également peu ou prou dans toute l’Europe, écrase une nouvelle fois la vanité humaine. Et, d’ailleurs, cette fois la crispation est d’autant plus là, la nervosité est présente, la compréhension que l’humanité fait face à un mur s’impose. Elle est même tyrannique, au point que les petits-bourgeois nient le virus, dénoncent l’État, car ils savent que tout doit changer et comme ils ne le veulent pas, ils cherchent un « responsable ».

Ce responsable, c’est pourtant l’humanité elle-même. Son mode de développement, son mode d’existence, est dépassé. Donc il faut le dépasser. Cela implique toutefois de raisonner en termes de mode de vie. Tout doit être remis à plat. L’envergure de la question est immense.

Et malheureusement, on connaît le principe : les consciences sont en retard sur la réalité. Ce second confinement va imposer, par conséquent, les faits de manière très dure, déboussolant tout en amenant une grande exigence.

À la Gauche d’être prête pour accompagner cette nouvelle séquence et faire progresser les consciences !

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Politique

Rassemblements du 18 octobre 2020 : marquants sans être un marqueur

Les rassemblements en hommage à l’enseignant assassiné par un islamiste pour avoir montré des caricatures de Mahomet ont bien eu lieu dans tout le pays, mais sans dimension de masse. La société française est trop crispée pour agir.

Au sens strict, tout le monde a bien compris que les rassemblement du 18 octobre 2020 correspondaient à un « Je suis Charlie » répété. Au fond, on avait la même problématique : d’un côté l’expression de la dénonciation d’une religion, de l’autre un terrorisme assassin de type religieux.

« Je suis Charlie » avait alors été une réponse de type démocratique-républicaine : oui aux caricaturistes, non aux obscurantistes, oui à l’union du pays et à la culture, c’est-à-dire non au racisme, à l’esprit de division communautaire. Impossible d’être contre cela, même si évidemment cela a ses limites. Ce qui n’a pas empêché l’ultra-gauche d’être vent debout contre « Je suis Charlie », accusé de tous les maux dont surtout le racisme, « l’islamophobie », etc.

Or, on a trois problèmes depuis « Je suis Charlie » en 2015, nuisant à la force des rassemblements de 2020. Tout d’abord, « Je suis Charlie » a été abandonné par toute la scène politique, y compris la Gauche. On a eu les plus grands rassemblements de masse dans l’histoire de France et pourtant rien n’en est sorti. C’est fort dommageable, car il y avait de très nombreux éléments allant dans le bon sens, dont surtout le refus de la division. Le gâchis est terrible.

Ensuite, il y a bien entendu la crise sanitaire, qui a démobilisé beaucoup de monde. Si on ajoute à l’arrière-plan l’ambiance de crise à tous les niveaux, dont économique, les Français sont paralysés.

Enfin, il y a le lessivage relativiste du capitalisme qui n’a pas cessé d’œuvrer depuis 2015. La société a encore plus été déstructurée, l’élection du libéral Emmanuel Macron comme président l’illustre bien. Il y a encore moins de Gauche, encore moins de culture, encore moins de conscience.

Il y a donc eu des milliers de personnes se rassemblant en hommage à Samuel Paty, partout dans le pays, mais sans former un mouvement de masse au sens strict. 250 personnes à Agen, 300 à Royan, 750 à Rochefort, un millier à Bayonne, 1 500 à Montpellier, 2 000 à Bordeaux, plusieurs milliers à Pau, 5 000 à Toulouse, 6 000 à Lyon, à Paris quelques milliers sur la place de la République… On l’aura compris, il y a eu des rassemblements vraiment partout dans le pays, tout comme pour « Je suis Charlie », mais sans que le pays ne se mobilise.

D’ailleurs, tous ces rassemblements se caractérisent par :

– une organisation par en haut, par les syndicats d’enseignants surtout ;

– une présence significative de religieux, ainsi que de figures politiques traditionnelles, avec un appui gouvernemental très clair ;

– un discours très vague pro-enseignant pro-république avec la chanson la Marseillaise comme seul horizon.

C’est, on le voit bien, le contraire de « Je suis Charlie », qui est né par en bas, sur la base de toute une culture mêlant exigence d’universalisme à la française et l’influence des années 1970 avec notamment les dessinateurs Cabu et Wolinski. Si on voit les choses ainsi, « Je suis Charlie » a été la dernière séquence des années Mitterrand, tout à fait dans l’esprit de la grande manifestation parisienne de mai 1990 à la suite de la profanation du cimetière juif de Carpentras.

Quant aux rassemblements du 19 octobre 2020, ils expriment un profond niveau de dépolitisation, avec en toile de fond un républicanisme totalement flou et parfaitement en convergence avec la Droite. C’est là un constat très mauvais qu’on peut faire. Les Français décident envers et contre tout de rester spectateurs. Même un événement de grande importance ne les amène pas à sortir du cadre. On voit mal comment l’extrême-Droite ne peut pas grignoter toujours plus du terrain dans une telle situation.

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Société

Deuxième vague covid-19: on s’enfonce dans la catastrophe

La seconde vague de covid-19  est bien là dans le pays, avec un taux de positivité, principal indicateur de la reprise épidémique, qui ne cesse de grimper. Dans certaines zones, les services hospitaliers commencent à être sous pression, alors que l’État s’enfonce dans sa propre décomposition dans un pays en pleine pagaille organisationnelle…

Au premier jour de confinement, le mardi 17 mars 2020, la France comptait 1 097 nouveaux cas pour 699 personnes en réanimation et 27 décès. Alors qu’on recense un peu plus de 5 000 lits de réanimation dans le pays, on comptait au soir du dimanche 27 septembre 11 123 nouveaux cas (14 412 samedi) avec 6 235 hospitalisations, dont 1 112 en réanimation. Sur les sept derniers jours, on compte 376 décès.

Avec un taux de positivité de 7,2 %, soit le nombre de tests positifs sur l’ensemble de ceux effectués, la France s’enfonce dans ce qu’on doit considérer, d’une manière ou d’une autre, comme une seconde vague. En tenant compte de la pression sur le système hospitalier, on estime qu’un taux de positivité de 10 % nécessite un nouveau confinement de la population. Par exemple à Aix-Marseille, ce sont 40 % des lits de réanimation qui sont occupés par des malades du covid-19 (113 personnes pour 281 lits).

La crise sanitaire s’abat sur le pays, sans que rien ne s’active réellement dans l’organisation et la préparation de celle-ci. Cela est d’autant plus inquiétant qu’une étude publiée dans « Physics of fluids » montre que la transmission du coronavirus est facilitée par l’humidité, l’automne étant précisément marquée par de telles conditions météorologiques.

Il n’y a pourtant aucune fermeté dans l’action de l’État, et cette absence de fermeté n’est que le reflet de la pagaille d’un régime coupé de la société. Car, si les uns disent que les mesures visant à limiter voir à fermer bars, restaurants, salles de sports, sont de « trop », d’autres comme Patrick Bouet, président de l’Ordre des médecins, pensent l’inverse. Voici ce que ce médecin a dit au Journal du Dimanche :

« Mercredi, (le ministre de la Santé) Olivier Véran a choisi un langage de vérité mais il n’est pas encore allé assez loin. Il n’a pas dit que, si rien ne change, dans trois à quatre semaines, la France va devoir affronter, pendant plusieurs longs mois d’automne et d’hiver, une épidémie généralisée sur tout son territoire »

Il a ajouté très justement que l’été aurait du être le moment de « mettre en œuvre un processus de retour d’expérience », avec « des réunions au ministère de la Santé avec tous les acteurs de la crise ». Par ces propos, Patrick Bouet confirme bien que l’État est dépassé, qu’il représente quelque chose de complètement déliquescent.

Mais est-ce vraiment étonnant si l’on se souvient qu’au mois de juin, Jean-François Delfraissy, président du Conseil Scientifique affirmait qu’il fallait laisser « les choses s’ouvrir, les gens vivre, mais en respectant les mesures barrière » ? N’appelait-il pas à dissoudre ce même Conseil scientifique ? Comment faire confiance au ministre de la santé, Olivier Véran, qui dit en réponse à un éventuel re-confinement « anticipé » pour assurer les fêtes de fin d’année :

« Je ne suis pas fana de la prédiction, mais de l’anticipation (…) Je ne me projette pas dans deux mois, mais au jour le jour ».

Cela dit, le pays est incapable de se saisir pour prendre en main les questions d’organisation et attend passivement les consignes d’en haut qui sont naturellement prises avec distance, voire méfiance, du fait même de la désorganisation qui règne.

Ainsi, les restaurateurs en colère invoquent le flux de touristes de ce été dans la seconde vague de coronavirus, mais n’en ont-ils pas été les premiers bénéficiaires ? Où étaient-ils lorsqu’il eu fallu critiquer ce état d’esprit frivole et libéral cet été ? Le président du « Groupement national des indépendants l’hôtellerie, restauration et traiteurs » n’a t-il pas osé dire de manière scandaleuse que « la profession ne veut pas être sacrifiée sur l’autel du principe de précaution » ? Quelle mentalité anti-populaire, anti-collectiviste !

On a là toute l’irrationalité de la petite-bourgeoisie prise de panique. Mais le problème c’est qu’une partie de cet état d’esprit est répandu en France. Quiconque connaît l’histoire politique de ce pays, sait combien la mentalité du petit propriétaire est forte, formant le terreau à une contestation libérale-libertaire anti-État.

Les français sont d’une paresse politique sidérante et agissent sur fond de « L’Etat doit ceci, l’État doit cela », « l’État ne fait pas, je ne fais pas »… Alors oui, la gestion de la situation par l’État nous mène à la catastrophe. Mais toujours est-il que lorsque l’État nous entraîne dans le gouffre, il faut justement savoir se prendre en main, assumer la continuité de la collectivité, à la fois pour soi, pour les plus fragiles, mais aussi par solidarité avec le personnel soignant.

Le tableau de la gestion sanitaire fait froid dans le dos. D’un côté un État en profonde décomposition, ne reposant que sur quelques experts et hauts fonctionnaires coupés des gens, et de l’autre côté un pays qui n’en fait qu’à sa tête, pétri d’une mentalité petite-bourgeoise renforçant un déni collectif. C’est la pagaille générale et on court droit à la catastrophe.

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Guerre

Liban: Emmanuel Macron s’imagine au temps du mandat français au Proche-Orient

L’État français est en perdition dans son propre pays, il ne pèse plus vraiment dans le monde et sa dette publique abyssale le rend très vulnérable sur le plan économique. Mais cela n’empêche pas la France de donner des leçons au monde entier, comme Emmanuel Macron à propos du Liban. En vérité, le Liban court à sa perte et la France l’aide à s’y précipiter.

Après la terrible catastrophe du port de Beyrouth, le président français Emmanuel Macron s’est sentie investi d’une mission : relancer l’État libanais. Cela avait l’apparence d’une carte facile à jouer pour la France, une puissance devenue moyenne qui s’imagine encore grande. La catastrophe de Beyrouth a ému le monde entier, alors Emmanuel Macron s’est dit qu’il pouvait apparaître comme un grand chef d’État en intervenant au Liban.

Près de deux mois après la catastrophe du 4 août 2020, c’est un échec diplomatique cuisant. Le président du Liban Michel Aoun, qui n’est président de pas grand-chose, a même expliqué ce dimanche 27 septembre à propos de l’impossibilité de former un gouvernement : « Nous allons en enfer. »

En effet, le pays s’enfonce, comme le reste du Proche-Orient. La destruction de quartiers entiers de la capitale fut une catastrophe de trop pour le Liban, rongé par la corruption et les divisions communautaires/religieuses. Et comme dans le même temps l’instabilité est mondiale, avec notamment la crise sanitaire du covid-19 qui accompagne et s’accompagne d’une crise économique, un petit pays comme le Liban ne tient plus.

Le président français apparaît alors complètement décalé dans son discours condescendant du 27 septembre 2020, expliquant avoir « pris acte de la trahison collective » (des dirigeants du pays). Emmanuel Macron pointe « l’entière responsabilité » des partis politiques libanais, qui ne parviennent pas (ou ne souhaitent pas) à se mettre d’accord sur un cabinet gouvernemental et une feuille de route gouvernementale.

Il a même menacé, sans que l’on sache d’où il tenait son mandat, de façonner lui-même un gouvernement pour le Liban :

« S’il n’y a aucune avancée sur le plan interne, alors nous serons obligés d’envisager une nouvelle phase de manière très claire et de poser la question de confiance: est ce qu’un gouvernement de mission sur la base de la feuille de route est encore possible ? Ou est-ce qu’il faut à ce moment-là changer la donne et aller peut-être dans une voie plus systémique de recomposition politique au Liban? »

Tout cela est extrêmement ridicule, car c’est de la fiction, du cinéma, un très mauvais cinéma. Emmanuel Macron s’imagine peut-être à l’époque du mandat français au Proche-Orient après la Première guerre mondiale, lorsque la France était une grande puissance coloniale s’arrogeant le contrôle de la Syrie (ou en tous cas ce qui fut appelé la Syrie). Mais la France ne pèse plus grand chose et cela fait déjà très longtemps qu’elle n’a plus la main au Liban, qui a même dégagé la langue française de sa constitution. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’Emmanuel Macron ne parvienne à rien pour forcer à la formation d’un gouvernement au Liban.

Le Liban, comme toute la région du Proche-Orient, et finalement comme presque partout dans le monde, réuni en fait tous les ingrédients pour une situation de guerre. Et pas seulement de guerre civile comme ce fut le cas entre 1975 et 1990. Le monde a déjà beaucoup changé depuis le 20e siècle et les grandes recompositions qui ont lieu actuellement ne sont que le reflet de tensions en profondeurs entre différents pays, différentes puissances, grandes, petites, moyennes, ne voulant pas sombrer, voulant s’étendre, etc. Les divisions au Liban ne sont que le reflet de ces divisions à plus grande échelle, par exemple entre la France (via des dirigeants politiques chrétiens maronites) et l’Iran (via les dirigeants politique musulmans chiites du Hezbollah), avec en arrière plan le jeu de la superpuissance américaine dans son affrontement avec la Chine dans ses efforts pour devenir une superpuissance.

La situation est terrible pour la population du Liban, mais la France ne l’aide en rien : elle ne fait que jouer sa carte dans le grand échiquier mondiale, dans une situation de crise généralisée qui mène toujours plus ouvertement à la guerre. Tel est le triste panorama où le peuple est toujours perdant.