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Génération-s : « Manifeste pour l’écologie du monde qui vient »

Génération-s a fait l’effort d’appeler à l’écologie, en cherchant à formaliser si ce n’est un programme, du moins une certaine approche, un style. L’accentuation sur la nécessité de l’effort écologiste est un marqueur très fort de la Gauche et des gens conscients en général de la gravité de la situation. Le Manifeste, un texte relativement court mais assez dense, répond à un vrai besoin de réflexion et d’engagement.

> Lire également : Le volontarisme du manifeste écologiste de Génération-s

Voici le Manifeste. S’il est erroné de critiquer directement un document en cherchant uniquement à le présenter de la manière la plus large, force est de noter tout de même que l’absence complète de la question animale – le mot animal ne revient pas une seule fois – est quelque chose d’inacceptable quand on parle d’écologie au 21e siècle.

Manifeste pour l’écolog… by on Scribd

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Les réactions à la proposition de fédération populaire par Jean-Luc Mélenchon

Plusieurs personnalités liées à la Gauche ont réagit à la proposition faite par Jean-Luc Mélenchon de créer une fédération populaire. Les réactions sont dans l’ensemble mitigées, car tout le monde ou presque a compris qu’il s’agirait surtout d’un « rassemblement » autour de sa propre personne.

Le Premier secrétaire du Parti socialiste a bien résumé le sentiment général à Gauche sur la proposition du leader de la France insoumise :

« C’est « Je veux bien rassembler mais sur mes bases et derrière moi ». Et c’est comme ça qu’on n’y arrive jamais ».

Olivier Faure a également considéré que c’était d’abord « un aveu d’échec » de la part de  celui qui avait initialement refusé « l’idée même de rassembler la Gauche ».

Selon lui, le député insoumis considérait auparavant « qu’il n’était pas de la Gauche mais du peuple », ce à quoi il a répondu :

« la Gauche, ça n’est pas le populisme, ça ne le sera jamais. Jamais. Cela suppose de sa part qu’il fasse ce pas-là et qu’il abandonne cette idée folle du populisme de gauche ».

Olivier Faure considère par ailleurs que le Parti socialiste fait la démarche de l’unité pour les élections européennes en présentant Raphaël Gluksman et que cela fonctionne, tout en regrettant qu’il y ait actuellement une « offre divisée ». C’est un raisonnement qui peu paraître absurde, car cela revient à se féliciter d’une situation tout en regrettant qu’elle n’existe pas.

Il faut cependant comprendre que le Parti socialiste considère être toujours la force centrifuge de la Gauche. Il imagine pouvoir rassembler à nouveau après ces élections, ce qui couperait de fait l’herbe sous le pied de Jean-Luc Mélenchon :

« Il y a déjà une progression, qui n’est pas suffisante, et nous devons viser un score qui nous mettent dans une situation où nous puissions, demain, être à nouveau en mesure de rassembler et d’être un pôle de stabilité à gauche. »

Le sénateur et secrétaire national en charge des relations extérieures du Parti socialiste Rachid Temal est allé dans le même sens qu’Olivier Faure, en critiquant l’exclusion de fait du PS par la France insoumise :

« Mélenchon dit « Je veux discuter avec la Gauche », mais ne veut pas des partis et met des oukases sur le PS  ! »

Le candidat Raphaël Glucksmann a pour sa part considéré qu’effectivement, « la gauche ne pourra être une offre crédible que si elle se réunit », mais qu’il faut d’abord avoir des discussions de fond, en assumant les divergences de chacun. On comprendra que cela revient là aussi à critiquer le populisme de Jean-Luc Mélenchon, qu’il avait d’ailleurs qualifié quelques jours avant de « Thatcher de gauche ».

De son côté, le tête de liste du PCF aux Européennes Ian Brossat a eu une position plus mesurée, mais néanmoins sceptique. Il a considéré qu’il était d’accord sur l’idée de se reparler à Gauche après les Européennes, mais que pour autant « personne ne peut jouer les gros bras ».

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel n’a pas réagit publiquement, ou alors très discrètement et cela est passé inaperçu. Rappelons qu’il expliquait au mois de février dernier discuter toutes les semaines avec Jean-Luc Mélenchon « pour lui demander de se détendre un petit peu, qu’on puisse trouver les contours d’un rassemblement ensemble », précisant que cela ne « veut pas dire forcément fusionner dans des listes ».

Benoît Hamon a pour sa part répondu longuement à la proposition de fédération populaire, dans un entretien également à Libération dès le lendemain. Il a considéré cela comme un « geste d’unité » pris très « au sérieux ».

Sa position est néanmoins compliquée à comprendre. Il explique qu’il faut une unité face au danger que représente l’extrême-droite, sans parler du fait que justement Jean-Luc Mélenchon n’aborde jamais le sujet de l’extrême-droite dans son long entretien.

> Lire également : Jean-Luc Mélenchon rejette le principe de Front populaire et appelle la Gauche à suivre sa démarche

Les propos de Benoît Hamon sont de gauche, avec un héritage évident de la tradition du Front populaire :

« Je vois la colère partout. L’alternance la plus naturelle aujourd’hui, c’est Marine Le Pen. Je me refuse d’user de cette situation avec cynisme comme le fait Emmanuel Macron en polarisant le débat entre lui et le Rassemblement National. Je préfère apporter des réponses positives aux inquiétudes des Français. Pour ce faire, il nous faut une gauche forte. Le drapeau est aujourd’hui à terre, relevons-le. »

Il semble cependant céder à la panique, en oubliant l’analyse de fond en raison d’un danger imminent, ce qui est forcément un grave erreur. Il dit en effet :

« Alors à tout prendre entre le désastre annoncé et un geste d’unité je préfère prendre acte de ce geste d’unité et le prendre au sérieux. Après tout, le fair-play, c’est peut-être contagieux. »

Il ne semble pas avoir vu que Jean-Luc Mélenchon n’était pas du tout dans une optique de Front populaire face à l’extrême-droite.

Le secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts David Cormand a lui très bien vu que la question se posait par rapport à l’extrême-droite et que le « peuple de gauche » ne considérait pas le leader de la France insoumise comme étant un opposant à l’extrême-droite :

« Mélenchon le fait maintenant parce qu’il est en difficulté politique, interne, et dans les sondages. Il voit bien que le peuple de gauche qui lui avait accordé sa confiance à la présidentielle considère moins que c’est lui qui peut offrir une alternative aux libéraux et aux fachos ».

Finissons par Yannick Jadot, tête de la liste Europe Écologie-Les Verts, qui pour le coup assume totalement de ne plus être de gauche. Il a répondu qu’il fallait totalement rejeter la question de l’unité de la Gauche :

« J’ai noté qu’après m’avoir tapé dessus, il était favorable à l’économie de marché, finalement. Il est vrai que l’économie chez Maduro, l’économie des sovkhozes, ça ne fait pas rêver. Le problème de Mélenchon, Faure, Hamon, Glucksmann est que le pôle socialiste a explosé. Ils utilisent l’écologie pour essayer de masquer leur rupture. Ils disent tous : il faut recomposer la gauche derrière moi.

Moi, mon sujet, c’est qu’un projet écologique et solidaire gagne en Europe et dans ce pays. Je n’ai jamais été socialiste, trotskiste ou communiste, je n’ai toujours été qu’écologiste. J’ouvre portes et fenêtres aux citoyens qui ont compris que la lutte contre le dérèglement climatique était la mère de toutes les batailles et qu’elle pouvait être un formidable levier de justice sociale. »

Il rejette de ce fait totalement la proposition Jean-Luc Mélenchon, le considérant presque ouvertement comme un équivalent de Marine Le Pen (alors que lui-même est un équivalent d’Emmanuel Macron) :

« Non, ça ne m’intéresse pas. Jean-Luc Mélenchon a des convictions, une colère, une indignation par rapport à l’injustice sociale que je peux partager. Mais il a une conception de la démocratie qui n’est pas la mienne. Il passe son temps à brutaliser le débat politique, moi je veux apaiser notre pays. Il se place dans une logique national-étatiste, moi je veux une France beaucoup plus décentralisée, régionalisée.

Je crois fondamentalement que l’Europe, malgré ses défauts, est une formidable aventure, qu’elle est notre horizon civilisationnel. Il a quelques ambiguïtés avec Maduro et Poutine. Nous les écologistes, combattons toutes les dictatures, de droite, de gauche, où qu’elles soient. Nous devons à nos enfants une Europe des libertés, qui reconnaît à chacune et chacun sa dignité, ses identités multiples. Nous leur devons un avenir bienveillant dans lequel ils se projetteront avec confiance. »

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(Communiqué) Benoît Hamon n’est pas invité au débat sur les européennes par France 2

Deux semaines après Ian Brossat du PCF, qui a finalement été invité, c’est au tour de Benoît Hamon de déplorer son éviction du débat pour les européennes sur France 2 le 4 avril prochain.

Voici le communiqué de Génération-s, qui dénonce un déni démocratique évident, mais paie en fait surtout le prix de la division et de l’éparpillement de la Gauche.

Génération.s exclu du débat sur les Européennes du 4 avril, une décision arbitraire et partiale qui fausse la loyauté du scrutin

La direction de France Télévisions vient de nous confirmer, par la voix de M. Letranchant, directeur exécutif en charge de l’information à France Televisions, que Benoît Hamon ne sera pas invité pour représenter Génération.s au débat du 4 avril.

La direction de l’information de France 2 a indiqué que cette décision avait été prise sur la base du croisement de plusieurs critères :

la représentation des partis politiques aux parlements nationaux et au Parlement européen : sur ce sujet, des députés et parlementaires européens sont affiliés à Génération.s. Nous notons que Messieurs Dupont Aignan ou Glucksmann, têtes de liste n’en ont aucune ;

les sondages : Ian Brossat ou Jean-Christophe Lagarde sont crédités dans toutes les enquêtes d’intention de vote, de résultats inférieurs à ceux de Génération.s ; c’est sans évoquer la côte de popularité de Benoît Hamon qui depuis des mois, fait partie des cinq personnalités politiques préférées des Français et des trois premières à gauche.

Aucun critère ne s’applique à Génération.s. C’est donc une décision arbitraire et partiale d’exclusion qui fausse la loyauté du scrutin. Génération.s est d’ailleurs invité aux débats organisés dans le cadre des élections européennes par le groupe TF1, BFM TV ou encore France Info.

Une fois encore, nous ne comprenons pas et contestons le choix de la direction de France Televisions.

Une injonction a été envoyée au CSA afin que celle-ci garantisse le respect du caractère pluraliste de l’expression des courants de pensée et d’opinion.

Génération.s organise ce mardi 26 mars à 12h30 une première mobilisation devant les locaux de France Télévisions.

Génération.s mettra en œuvre tous les moyens à sa disposition pour que sa voix soit représentée le 4 avril prochain sur France 2.

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Aurore Lalucq, symbole des ennemis intérieurs de la Gauche

Aurore Lalucq était la porte-parole de Génération-s, mais n’ayant pas la seconde place de la liste aux Européennes, elle a rejoint la liste de Place publique et du Parti socialiste. C’est un exemple tout à fait représentatif de comment les opportunistes pourrissent la Gauche.

Il ne faut pas s’étonner que les anarchistes soient si nombreux dans notre pays quand on voit quelle image donne la Gauche avec des gens comme Aurore Lalucq. Alors qu’elle était la porte-parole de Génération-s, elle a tout plaqué du jour au lendemain, pour rejoindre une autre liste électorale. Tout en prétendant continuer à faire partie de Génération-s ! C’est pitoyable, mais malheureusement tout à fait représentatif de l’état d’esprit de ces gens surdiplômés avides de carrière et coupés de tout lien avec la Gauche historique.

Benoît Hamon paie ici cher le prix de son laxisme libéral sur le plan des idées. En intégrant Aurore Lalucq à son équipe lors des primaires socialistes en 2016, il a eu la faiblesse d’intégrer une intellectuelle hors de tout parcours militant : voilà ce que cela donne. On ne se coupe pas impunément de la vision du monde de la Gauche historique. Et quand on récupère des gens « qui tombent du ciel », il faut bien se douter qu’il s’agit là d’opportunisme, pas de convergence de valeurs, il ne faut pas être naïf tout de même !

> Lire également : Place publique fait un hold up sur le Parti socialiste

Naturellement, Aurore Lalucq justifie son revirement en disant qu’elle veut… l’unité. C’est le discours traditionnel des opportunistes, ceux-ci prétendent toujours se mettre au service de l’urgence, ils affirment toujours que les différences sont gommées par une situation exceptionnelle, etc. Dans Libération, elle explique qu’il n’y a sur le fond aucune différence entre Place publique et Générations, et que si elle fait ce qu’elle fait, c’est par états d’âme :

« La désunion me pèse, m’empêche de dormir. »

Tant d’hypocrisie n’est pas seulement sidérant, c’est surtout criminel et de telles personnes sont des machines à faire gagner l’extrême-droite. Ces gens sans morale, allant dans le sens du vent, sans aucune valeur, sont la plaie de la Gauche. Benoît Hamon a fait une faute morale en accordant de la place à une telle personne, il n’a pas ici fait mieux que le Parti socialiste avec ses mauvaises manières.

Et le pire dans tout cela, c’est qu’Aurore Lelucq vit de son parasitisme, car toute son aura d’intellectuelle pille largement les réseaux et l’image de la Gauche. C’est ainsi une économiste « spécialiste de la monétarisation et de la financiarisation de la nature, de la transition sociale-écologique et de la régulation bancaire », comme le dit Wikipédia. Ce qui signifie qu’elle se présente comme un experte indispensable et se permet ainsi de donner des leçons à la Gauche dans les domaines des banques et de l’écologie, notamment par l’intermédiaire de son think tank, l’Institut Veblen.

Aurore Lalucq avait déjà préparé son départ, en étant présente, sans avertir personne de Génération-s, au meeting de Place publique le 29 janvier 2019 à Paris. Elle y a dit, entre autres :

« Je nous trouve collectivement minables, je nous trouve collectivement irresponsables face à l’histoire. »

Si collectivement il y a encore débat, Aurore Lalucq aurait pu mettre la phrase au singulier et employer le terme d’individuellement, cela aurait été parfait. Elle est minable, et pire qu’irresponsable, responsable, car elle sait très bien ce qu’elle fait : elle soigne sa carrière, la possibilité de devenir député européenne bientôt, ministre plus tard, renforçant encore davantage son statut d’économiste « de son époque ».

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Tribune de plusieurs membres de Génération.s en réponse à Yannick Jadot

[Tribune publiée dans le Journal du Dimanche ]

L’écologie porte en elle l’indispensable adaptation de nos modes de vie, de production et de consommation aux limites de la planète. C’est une promesse d’harmonie, de justice et de bien vivre. Chaque année pourtant, le ‘jour du dépassement’ à partir duquel le prélèvement opéré par nos sociétés est supérieur à la capacité de la planète à se régénérer avance. Le climat se dérègle, les écosystèmes disparaissent, l’humanité trinque, les plus fragiles en premier. Cette fuite en avant est d’abord le résultat de choix politiques qui refusent de procéder aux indispensables arbitrages et continuent de favoriser la cupidité et le court terme.

La course au profit – et donc le libéralisme – est antinomique avec la vision d’un monde équilibré et pérenne dans lequel le partage équitable de ressources préservées et la répartition des richesses sont les meilleurs remparts contre les conflits et la prédation de notre écosystème vital.

Nous sommes écologistes donc de gauche, nous portons un projet, une éthique d’action, une grille de lecture du monde, et une vision inscrite dans la durée qui lie indéfectiblement les dimensions environnementales et sociales, sans primat de l’une sur l’autre. Nous sommes engagé.es pour que les plus démuni.es ne soient pas les exclu.es de la mutation du monde et que la transition écologique soit d’abord une opportunité pérenne pour chacun.e de vivre bien sur une planète préservée.

Nous nous réjouissons que cette vision ait gagné une partie de celles et ceux qui, venu.es de la gauche classique, lui offrent aujourd’hui un horizon renouvelé, un idéal d’égalité, de justice et de démocratie à l’échelle de la planète et des générations futures. La rupture effectuée avec le productivisme, le culte de la croissance et la foi aveugle en la technique salvatrice permet une convergence idéologique et l’invention d’une culture commune. Politiquement, nous l’entendons comme une promesse d’élargissement attendue par l’opinion publique et une réponse structurée, à vocation majoritaire, potentiellement bien plus forte, apte à s’attaquer au fléau libéral comme à la gangrène nationale-populiste.

Nous affirmons que se revendiquer écologiste sans s’assumer ‘de gauche’ est une impasse, mener des combats environnementalistes sans porter au même niveau les valeurs de justice sociale est un leurre. S’en remettre à l’économie de marché c’est imaginer que la concurrence pourrait permettre l’égalité, que la somme des initiatives individuelles pourrait mener à un optimum collectif ou que la poursuite des intérêts particuliers pourrait protéger les biens communs et leur accès universel. Quand quelques dizaines de personnes détiennent autant de richesses que la moitié de l’humanité, la démonstration de l’illusion libérale n’est plus à faire, celle de son incompatibilité avec les politiques écologiques non plus.

Pourtant, certaines ambiguïtés profondes ressurgissent récemment. En s’affirmant ‘ni de droite ni de gauche’ et compatibles avec ‘l’économie de marché’ certains écologistes choisissent d’épouser les orientations des Verts allemands dont le nomadisme politique permet des alliances à géométrie variable avec tantôt les conservateurs tantôt les sociaux-démocrates. Ce faisant ils rompent avec cette écologie politique historiquement ancrée dans le camp progressiste et les valeurs de gauche, en France et ailleurs, au profit d’un repli essentiellement environnementaliste.

Cette attitude régressive se veut ‘pragmatique’ c’est-à-dire fondée sur la méthode dite des ‘petits pas’, ou plutôt des faux pas, qui peut s’accommoder de beaux discours et de petites décisions. Cette politique sans résultat ni sur le climat ni sur la biodiversité fait perdre un temps désormais compté pour la planète quand les politiques radicales menées localement font leurs preuves.

Nous ne nous résignons pas à ce que le bien vivre, soit l’apanage de celles et ceux qui ont les moyens, dans une société où manger bio, acheter véhicule propre ou isoler son logement serait le privilège de quelques un.es. Nous croyons à la nécessité d’en finir avec un système capitaliste qui réduit le vivant à une donnée économique et dévaste notre santé, les forêts, les océans, l’air et la biodiversité et, disons-le, la survie même de l’humanité, tant que cela contribue au profit de court terme d’une minorité.

L’écologie politique est systémique. Elle propose une vision et des solutions globales qui par leur humanisme, leur ancrage dans les luttes sociales, leur rejet des inégalités, leur universalisme ne peuvent appartenir qu’à une pensée de gauche. Nous en ferons un Manifeste qui sera publié prochainement.

Ecologistes, nous œuvrons au rassemblement et nous réjouissons que l’écologie politique ne soit plus le pré carré d’une seule formation minoritaire. En nous engageant auprès du mouvement Génération.s, nous sommes fier.es de porter une écologie sans ambiguïté, fidèles à l’ambition historique de réunir les diverses composantes de l’écologie politique, dans sa globalité environnementale, sociale et démocratique. De la faire grandir et se répandre toujours plus dans la société pour enfin conquérir une majorité culturelle et d’action.

Les signataires :

Pascal Baudont, conseiller municipal d’Arradon (56)
David Berly, militant écologiste, Paris
Michel Bock, maire-adjoint honoraire Guyancourt (78)
Alice Brauns, responsable Comité Ville Génération.s (50)
Dominique de Broca, militante écologiste Paris
Yves Contassot, conseiller de Paris et Métropolitain Grand Paris
Isabelle Couradin, co-responsable du pôle Ecologie du CN de Génération.s
Jean-Luc da Lage, militant écologiste, Paris
Patrice Lanco, militant écologiste, Paris
Anne Laure Fabre Nadler, vice-présidente du Conseil départemental de la Gironde (33)
Suzanne Grandpeix, militante écologiste, Paris
Frédéric Guerrien, conseiller d’arrondissement Paris 20e
Pierre Japhet, maire-adjoint Paris 11e
Claire Monod, conseillère régionale d’Ile-de-France
Clément Pequeux, membre CN de Génération.s
Stéphane Saubusse, conseiller départemental de Gironde (33)
Pierre Serne, conseiller régional d’Ile-de-France
Damien Zaversnick, membre CN de Génération.s
Julien Zloch, co-responsable du pôle Ecologie du CN de Génération.s

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Politique

Élections européennes 2019 : la Gauche unie ou éparpillée façon puzzle

Il faut bien trouver une image pour montrer ce qui risque d’advenir à la Gauche si elle ne parvient pas à l’unité. Ce sera l’éparpillement façon puzzle.

L’expression est douteuse, car elle relève d’une logique mafieuse et de ce grave travers français du goût gratuit pour le pittoresque. Il n’empêche qu’elle est ici adéquate : si la Gauche n’est pas unie aux élections européennes de 2019, elle va se retrouver éparpillée façon puzzle. Rappelons d’où vient cette étrange image, à savoir du film culte (mais qu’on peut ne pas aimer) Les tontons flingueurs, où Bernard Blier alias « Raoul Volfoni » dit la chose suivante :

« J’vais lui faire une ordonnance et une sévère… J’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins d’Paris qu’on va l’retrouver éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m’en fait trop j’correctionne plus : j’dynamite, j’disperse, j’ventile. »

En 2019, point de Raoul : c’est la Gauche elle-même qui s’auto-dynamite, se disperse elle-même, se ventile par choix. Parce que les gens de Gauche se croient dans les années 1990 ou 2000, dans une société stable où il est suffit de gérer en disant vaguement le contraire de la Droite. Les carriéristes ont bien compris que tout avait changé et ont pris la poudre d’escampette, passant souvent dans le camp d’Emmanuel Macron.

D’autres, sincères, se sont retrouvés désorientés et ont capitulé. Ceux et celles qui avaient des idéaux se sont noyés dans l’amertume et d’autres, plus friables sur le plan des idées, ont rejoint le populisme de Jean-Luc Mélenchon. Tout cela pour dire que ce qui reste ne pèse pas lourd ; il n’y a plus grand monde.

Et il y en aura encore moins si on rate les « millenials ». Cependant, encore faut-ils que ceux-ci sachent que la Gauche existe et dans l’état actuel des choses, c’est l’unité où l’éparpillement façon puzzle. Et tout le monde y a intérêt, pour survivre.

Le Parti socialiste ne peut pas se présenter sous son propre nom, tellement il est dévalorisé dans l’opinion publique. Génération-s est inconnu d’une vaste partie de la population y compris de secteurs pouvant sympathiser. Le PCF est travaillé par tellement de courants internes que s’il part tout seul et qu’il fait un score misérable, il se fractionne.

Europe Écologie – Les Verts a un dirigeant qui pousse, mais rien comme structures derrière lui : il suffit de lui donner la tête de liste et les volontés de parcours solitaire cesseront d’elles-mêmes.

Il serait donc logique de s’unir, pour résister ensemble à une vague de Droite, et il serait parfaitement cohérent aussi de s’ouvrir à toute la Gauche en général, y compris l’extrême-gauche dans la mesure où celle-ci n’est pas devenue une ultra-gauche historique. Il suffirait d’un drapeau rouge et du mot ouvrier pour réinscrire plein de monde dans une démarche politique réelle.

Comme ce sont de plus les élections européennes, les valeurs servant de dénominateur commun sont vraiment faciles à trouver et ce serait un premier pas pour la suite. Autrement, ce sera un premier pas pour une traversée du désert… Voire une traversée du désert avec qui plus est une brutale répression de Droite, voire d’extrême-droite, voire du militarisme, du fascisme, vu comment tout va vite.

Car c’est là le fond de la question. On sait à quel point la Gauche, historiquement, n’a saisi son identité commune malheureusement bien souvent qu’alors que la menace fasciste planait ou qu’il avait déjà pris une forme monstrueuse très concrète. Et si on doit avoir un critère pour savoir qui est de Gauche aujourd’hui, ce serait la réponse « oui » à la question « Le fascisme est-il une menace réelle, et non une fantasmagorie ? ».

Il faut donc assumer l’unité, car sans cela, à l’échec succéderait la honte sur le plan des responsabilités face à l’Histoire. Il faut l’unité pour protéger la Gauche et prévoir les choses positives de demain, mais aussi pour former un avertissement au peuple de France : si celui-ci cède à la démagogie, au populisme, ce sera la catastrophe !

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« Grands patrons VS citoyen.nes » : le non-débat proposé par Benoit Hamon

Benoit Hamon a publié un appel à cinq « grands patrons » pour venir « débattre » avec cinq « citoyen.nes » le 19 mars à Montreuil. Cela n’a aucune chance d’aboutir et est en contradiction totale avec les valeurs de la Gauche historique, avec la tradition liée au mouvement ouvrier.


L’information est passée quasiment inaperçue, tellement cela paraît loufoque. Dans une lettre rendue publique sur les réseaux sociaux de son mouvement, le leader de Génération-s appel les PDG de Carrefour, de Total et de Vinci, l’Administrateur-Directeur général de la BNP ainsi que le Président de Bayer France à venir débattre contre « cinq représentants de la France qui travaille pour [eux] : infirmière du service public, agriculteur, caissière de supermarché, retraité ou cadre ».

Ces derniers sont bien sûr censés faire partie des gilets jaunes – quitte à être dans le populisme – pour mener ce débat nommé de manière grandiloquente « Grands patrons VS citoyen.nes ». On a même une date et un lieu, le 19 mars à 20h à la Marbrerie de Montreuil, cette ville de plus en plus petite-bourgeoisie « bobo » qui n’a rien de très « gilets jaunes ».

Cela n’aura jamais lieu bien sûr, car on imagine très bien que ces « grands patrons » ont bien d’autres préoccupations que de venir discuter avec un petit mouvement de la Gauche post-moderne, crédités de 2 % dans les sondages. Il s’agit surtout pour Génération-s d’une sorte de coup marketing, ou plutôt d’une tentative de coup, car on se demande bien ce qui a pu passer par la tête des personnes qui ont pensé que c’était une bonne idée.

Mais le problème justement, c’est qu’il n’y a plus d’idées. Il n’y a que de vagues « valeurs » qui seraient « sociales », « humanistes » ou « citoyennes », mais plus rien qui se rapproche de la Gauche historique, de ses réelles valeurs, et surtout de ses idées. Sans ça, jamais une telle initiative n’aurait-été possible.

En l’occurrence, la Gauche, c’est-à-dire la tradition liée au mouvement ouvrier, n’a jamais pensé qu’il fallait d’une manière ou d’une autre « convaincre » les patrons. Ce qui compte est le rapport de force, car il s’agit d’une lutte des classes. Que l’on soit plutôt social-démocrate, en imaginant une transition lente et institutionnelle, ou plutôt communiste, en pensant à une révolution modifiant le régime, dans tous les cas il s’agit d’arracher le pouvoir à la bourgeoisie. La question de « débattre » avec ses représentants les plus symboliques ne se pose même-pas, car elle est absurde par nature.

Insistons d’ailleurs ici sur cette notion de « représentants les plus symboliques », parce que ces grands PDG convoqués par Benoît Hamon ne résument aucunement la réalité sociale, culturelle, économique, idéologique, politique, de la bourgeoisie. Tout au plus en est-ce qu’un aspect partiel.

Résumer le problème de la répartition des richesses à quelques grands patrons, ou autres « 1 % », ce n’est ni plus ni moins que du populisme. C’est un moyen de paraître radical, avec un discours « ultra », alors qu’en vérité cela fait l’impasse sur la grande majorité de la bourgeoisie.

Le problème des classes populaires, ce n’est pas seulement la minorité d’ultra-riches qui vit de manière parasitaire dans une quasi-bulle au-dessus de la société. Le problème des classes populaires est que la domination de la bourgeoisie, c’est-à-dire des centaines de milliers de personnes en France, voir quelques millions suivant ce que l’on considère, est érigée en norme, avec un système de valeurs et d’idées qui leur permettent de s’accaparer les richesses sans être remis en cause.

Tout cela est une question de mode de production, qu’il faut changer à la base, pour planifier la production des marchandises dans un sens conforme aux intérêts des classes laborieuses et de la planète, ce qui en fin de compte revient au même.

Si l’on pense cela, alors on se fiche bien de l’avis des dirigeants de Carrefour, Total, Vinci, BNP ou Bayer France, dont la mission n’est que de faire tourner la machine à profit, au détriment justement des classes laborieuses et de la planète.

Benoît Hamon est censé savoir cela, car il vient du Parti socialiste où l’on s’appelle « camarades » et dont le nom contient le mot « socialisme », qui signifie justement ce que l’on vient de rappeler. Le problème est que Benoît Hamon et les gens qu’il représente n’ont plus aucune confiance dans les traditions de la Gauche et dans le mouvement ouvrier.

Ce qui leur reste n’est plus qu’une vaine tentative d’apparaître démocratique, en imaginant que cela suffira pour être populaire, car les classes populaires sauraient reconnaître leurs intérêts si les choses sont présentées suffisamment démocratiquement. On imagine que c’est pour cela qu’il propose aux cinq « grands patrons » qu’il convoque de venir exposer leur démarche :

« Plutôt que de sombrer dans une invective stérile, afin de dissiper les fausses informations quand elles existent, pour défendre votre entreprise, votre politique salariale et sociale, expliquer vos investissements dans les énergies fossiles mais aussi vos initiatives philanthropiques en faveur de l’écologie ou de l’éducation, votre conception de l’intérêt général et pour vous permettre de participer au débat national, je vous invite à un échange inédit. »

Sauf que cela n’a aucun sens, d’abord parce que ce débat n’aura jamais lieu, mais surtout parce que la question ne se pose pas en ces termes. Avec ce non-débat, Génération-s se met en fait au niveau des gilets jaunes, qui n’auront eu de cesse en dix-sept week-ends d’affilée de râler, sans jamais se donner les moyens de changer le monde pour de vrai.

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Génération-s et les élections européennes : « Hope is back »

Génération-s a présenté ses principaux candidats pour les élections européennes. Avec comme mot d’ordre « Hope is back », témoignant d’un entre-soi très propre, très policé, totalement en décalage avec la réalité ouvrière, populaire.

C’est terriblement décevant pour qui espérait que, tout de même, Génération-s porte une certaine modernité, à défaut d’assumer le patrimoine historique de la Gauche. La liste présentée par Génération-s pour les élections européennes de 2019 relève d’un positionnement bobo outrancier, et même pas masqué. La lettre de Guillaume Balas et Claire Monod annonçant la mise en place de la liste se termine même par un « Hope is back », c’est-à-dire « L’espoir est de retour ». C’est là tout un symbole de l’esprit de l’entre-soi de gens des milieux associatifs et liés historiquement au Parti socialiste ; le décalage avec la réalité populaire est énorme.

Le fait que la « votation citoyenne » soit expliquée seulement dans une interview de Benoît Hamon dont l’accès est payant sur le site du Monde annonçait déjà cette orientation. Le document « Un New Deal pour l’Europe Printemps Européen », toujours en cours d’élaboration, ne contient en 43 pages pas une seule fois les mots capitalisme, bourgeoisie, ouvrier. Il faut rappeler ici à Benoît Hamon ce que Pierre Mauroy a déclaré peu avant la terrible défaite de Lionel Jospin en avril 2002 :

« Pour le premier et le deuxième tour, il faut des gestes à l’égard du mouvement populaire. Il faut utiliser les mots de travailleur, d’ouvrier ou d’employé. Ce ne sont pas des gros mots! »

Cela n’a cependant aucune chance d’avoir de l’écho, car la liste des 30 personnes en tête de liste (sur 79) relève précisément de cette liste d’après 2002, avec des racines bien ancrées dans le Parti socialiste.

Il y a ainsi l’eurodéputée Isabelle Thomas, dont le parcours est « exemplaire » ou du moins typique, étant cadre du syndicat étudiant UNEF-ID à partir de 1981, au Parti socialiste à partir de 1983, une des fondatrices de SOS racisme en 1984. Vice-présidente de l’UNEF-ID au moment de la campagne contre Devaquet en 1986, elle est propulsée par François Mitterrand à la direction du Parti socialiste. Elle a rejoint Génération-s dès le départ, ce qui est également le cas de l’eurodéputé Guillaume Balas, qui avait rejoint le Parti socialiste en 1991.

On a également Laura Slimani, ancienne responsable du Mouvement des jeunes socialistes, et Mehdi Ouraoui, qui a fait l’école normale supérieure et donné des cours à Sciences-Po, en étant un des responsables du Parti socialiste à partir de 2005. On trouve Michel Pouzol, né en 1962 et ayant quant à lui adhéré très tard au Parti socialiste, en 2007 seulement, dont il est député de 2012 à 2017. Il a été l’un des porte-paroles de Benoît Hamon pour la présidentielle et a rejoint Génération-s trois mois après sa fondation. Il a été notamment ouvrier au départ, puis vendeur et formateur à la FNAC, professeur au Cours Florent à Paris, scénariste, et même figurant dans Ma 6-T va crack-er de Jean-François Richet.

Il y a l’appoint d’associatifs : Eric Pliez, président du SAMU social qui regroupe plusieurs associations, Françoise Sivignon qui a été présidente de Médecins du monde en France, dont a été bénévole Naïma Charaï qui a été très active dans différentes associations. On trouve également Salah Amokrane, responsable de Takticollectif qui agit dans les « quartiers populaires » et a fait partie de la liste « Motivé-e-s » lancée à Toulouse par le groupe Zebda en 2001.

L’agrégé d’histoire Pierre Serne vient quant à lui d’Europe écologie – Les verts, dont Aurore Lalucq a été une sympathisante avant de rejoindre Benoît Hamon pour la présidentielle.

On a ici des profils entièrement coupés de la classe ouvrière et de la Gauche historique ; on ne trouve grosso modo que des cadres historiques du Parti socialiste, des éléments post-Gauche historique d’après 2002, des associatifs. Croire que cela peut faire le poids, en termes d’idéologie, de culture, de perspective, dans un climat explosif comme celui de la France, ce n’est même pas un doux rêve, c’est de l’inconscience.

Quel intérêt Benoît Hamon a-t-il eu de valoriser les gilets jaunes si ce n’est même pas pour proposer une ligne populaire, un engouement militant pour un projet de changement de société ? Croire qu’une petite-bourgeoisie éduquée et propre sur elle peut maîtriser le cours des choses en s’appuyant sur l’idéal européen est un pur suicide.

Dans l’état actuel des choses, la Droite va briser la Gauche de manière terrible aux prochaines Européennes !

 

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Benoît Hamon annonce que Génération-s part seul aux élections européennes de 2019

Benoît Hamon avait lancé la « votation citoyenne » ; il considère que la Gauche n’a pas répondu et que les initiatives de Place publique sont viciées par des accords masqués avec le Parti socialiste. Il a par conséquent annoncé que Génération-s présenterait demain sa liste pour les élections européennes. C’est regrettable car l’unité à Gauche est un combat qui ne pouvait par définition pas s’exprimer aussi rapidement.


Le combat pour l’unité de la Gauche, alors que s’obscurcissent les nuages politiques sur l’Europe, est primordial et malheureusement, les considérations d’appareil ont fini par triompher sur les bonnes volontés. La Gauche est en fait tellement faible qu’il y a une fuite en avant, avec l’idée que plus on fait de bruit, plus on peut surnager et l’emporter sur les autres. C’est absurde et c’est pourtant par exemple bien le sens de la lettre du PCF à Génération-s annonçant son refus de participer à la votation citoyenne.

> Lire également : L’appel de Benoît Hamon en faveur d’une votation citoyenne pour l’union de la Gauche

Benoît Hamon s’est démené comme un diable pour l’unité, il faut le reconnaître, mais il a fini par capituler lui aussi. Les médias ont annoncé que lui et Guillaume Balas ont appelé Thomas Porcher et Raphaël Glucksmann de Place publique, notamment pour leur reprocher ce qu’ils considèrent un accord à la base avec le Parti socialiste. C’est un peu hypocrite, car c’était évident à la base même, de par le caractère incontournable du Parti socialiste. La vérité est que l’unité à Gauche face à la menace du raz-de-marée de Droite ne peut pas aller sans alliance avec le Parti socialiste, même si cela fait mal au cœur.

Si on est pas content, on fait mieux et la question du Parti socialiste sera réglée, après. Benoît Hamon a décidé de régler cette question avant. C’est une erreur, annoncée de plus dans une interview au Parisien. Ce n’est pas là une approche correcte. Qui plus est, au lieu d’annoncer vouloir chercher à exprimer la Gauche en général, Benoît Hamon a décidé que la seule chose qui aurait droit de cité, c’est le hamonisme, résumé en quatre points :

– politique écologique commune,
– droit européen à l’IVG,
– taxe européenne sur les robots,
– revenu universel d’existence.

On peut discuter comme on le veut de ces thèmes, les trouver importants ou pas, valables ou pas, force est en tout cas de reconnaître qu’ils sont extérieurs à la tradition historique de la Gauche et qu’ils relèvent d’une approche post-moderne définie par le social dans l’économie et le libéral dans la politique.


C’était bien la peine que Benoît Hamon annonce que les gilets jaunes peuvent laisser voir quelque chose de formidable pour balancer par-dessus bord la moindre possibilité de critique du capitalisme. C’est là laisser le champ libre à l’extrême-droite dont la démagogie contre le « capitalisme ultra-libéral » va être de plus en plus forte.

Benoît Hamon a tout à fait raison, par conséquent de dire que :

« Moi, je veux être fidèle au peuple de la gauche et de l’écologie : pour cela, je suis constant dans mes valeurs, sincère dans mes combats et innovant dans mes idées. »

Cependant, ses idées ont décroché de la Gauche historique tout autant que celles de Jean-Luc Mélenchon. À l’un le post-modernisme, à l’autre le populisme. Benoît Hamon reste éminemment sympathique, mais il fait l’erreur de croire qu’il peut porter quelque chose de « nouveau ».

 

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La réponse du PCF à Génération-s et Benoît Hamon

Le PCF a rendu public sa réponse à Génération-s et Benoît Hamon, à la suite de la proposition de votation citoyenne pour unifier la Gauche pour les élections européennes de 2019.

La voici :

A l’attention de Benoît Hamon et de la direction de Génération.s

Cher·e·s Amis,

Par voie de presse puis dans un courrier, Benoît Hamon, au nom de Génération.s, vient d’inviter les différentes forces de gauche à s’engager collectivement, en vue des élections européennes, dans une « votation citoyenne pour l’Union ». De leur côté, les animateurs et animatrices de Place publique ont rendu publique une proposition de « dix combats communs ».

C’est l’occasion, pour le Parti communiste français, de vous redire dans quel état d’esprit il aborde le moment présent.
Vous ne l’ignorez pas, notre inquiétude est grande devant la situation de la gauche, à quelque cent jours du scrutin des européennes, alors que le pays traverse une crise sociale et démocratique sans précédent.

Les exigences populaires sur les salaires, les retraites, le pouvoir d’achat, les services publics, la justice fiscale, la lutte contre l’évasion fiscale et les inégalités, l’écologie, la transition de nos modèles économiques appellent d’amples rapports de force pour faire reculer les logiques concurrentielles, financières, de déréglementation qui dominent aujourd’hui la construction européenne.
Oui, pour y parvenir, tout doit être fait pour porter haut la colère qui s’exprime en France et en Europe. Oui, il faut unir le plus grand nombre possible de forces et de citoyen·ne·s pour combattre la politique du pouvoir en place, pour reconquérir notre souveraineté face aux décisions prises par les gouvernements, par Bruxelles et par la BCE.
Oui, il est urgent de rompre avec la logique de traités européens qui donnent la priorité à la finance et creusent un déficit démocratique nourrissant les tentations de la haine et du repli, pour construire de nouvelles politiques de solidarité et d’égalité s’opposant aux choix présentement mis en œuvre.

Cela exige de la clarté dans les réponses portées et une forte envie d’union.

Puisque nous échangeons à propos de l’échéance électorale du 26 mai prochain, il n’est tout de même pas inutile de rappeler que c’est la complaisance d’une partie des forces de gauche envers des traités libéraux enfermant l’Europe entière dans l’austérité perpétuelle qui a conduit la gauche, dans son ensemble, au désastre présent.

Ensemble, c’est cette page qu’il conviendrait de tourner résolument.

C’est le sens des propositions que nous formulons, pour notre part. Et c’est l’objectif que poursuit la liste conduite par Ian Brossat, dont nous avons mis la candidature à disposition comme tête d’une liste portée par large rassemblement pluraliste.
La campagne qu’il mène actuellement avec ses colistiers et colistières s’efforce de se faire l’écho des aspirations de notre peuple, et les candidat·e·s, dont nombre ne sont pas adhérents du PCF, ont pour première qualité d’être à l’image de la diversité des combats qui se mènent aujourd’hui dans tout le pays.

Sur le fond comme sur la forme, la proposition de « votation citoyenne » ne nous semble pas permettre la clarté nécessaire à l’unité et à la reconquête. Quant à l’offre des « dix combats communs», il y manque des questions essentielles, et aujourd’hui centrales, dans les mobilisations sociales, quand bien même nous y retrouvons des propositions qui nous sont chères.

Comment promouvoir une nouvelle vision de l’Europe tournant sans ambiguïté le dos à ce qui s’est fait jusqu’alors en son nom, comment remobiliser à gauche des millions de femmes et d’hommes qui ont perdu confiance au fil des renoncements passés, à partir d’une liste dont le programme évacuerait des points cruciaux ? À commencer par la nécessaire bataille pour de nouveaux traités capables de répondre aux besoins des peuples d’Europe et de s’opposer pratiquement à ceux qui existent, dont on sait les conséquences désastreuses pour les populations… Ou encore l’engagement des député·e·s élu·e·s à siéger dans le même groupe au Parlement européen, afin de donner toute leur force aux propositions qu’ils·elles auront auparavant défendues ensemble devant les électeurs…

C’est sur ces questions que nous butons. C’est à partir d’elles que l’union pourrait déjouer l’impasse du face-à face organisé entre les libéraux et l’extrême droite.

Nous ne nous satisfaisons nullement de l’éparpillement actuel. Si nous entendons répondre avec efficacité à la profondeur des exigences populaires, l’union suppose que nous énoncions ensemble le sens de notre présence future au Parlement européen. À partir d’un engagement clair et concis, tous les débats de construction d’une liste commune pourraient effectivement s’ouvrir.
Nous l’avons déjà dit maintes fois, nous le répétons, tout en étant engagés dans la campagne, nous sommes à tout moment disponibles aux initiatives et rencontres qui permettraient un rassemblement pluraliste, dans la clarté et en pleine transparence devant le pays, de toutes les forces ayant en commun de vouloir s’émanciper de la logique de traités que les peuples rejettent de plus en plus.

Telle est, à nos yeux, la seule manière de rendre possible la construction d’une autre Europe, anti-austéritaire et de progrès social, démocratique et féministe, fondée sur un nouveau modèle de développement durable, associant librement des peuples et des nations souverains, actrice de la paix dans le monde parce qu’elle se dégagerait de sa trop longue soumission à l’Otan.
Ce débat-là, nous le voulons, et nous le croyons toujours possible.

Paris, le 13 février 2019

Fabien ROUSSEL
Secrétaire national de Parti communiste français

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Un sondage ne suffira pas à Benoît Hamon pour unifier la Gauche

Benoît Hamon a lancé une initiative pour une votation citoyenne afin de favoriser l’unité de la Gauche en contournant l’appareil des partis. Ceux-ci n’ont pas accepté la proposition et, par l’intermédiaire d’un sondage commandé directement à l’IFOP, le mouvement Génération.s entend forcer les choses, comme si cela était suffisant.

Les résultats du sondage sont clairs et nullement étonnants : 77 % des électeurs de Gauche seraient pour la proposition de votation citoyenne de Benoît Hamon en vue des élections Européennes. La proportion monte même à 87 % en considérant uniquement les sympathisants d’Europe Écologie – Les Verts et du Parti Socialiste.

On trouvera l’intégralité du sondage sur ce lien.

Cela conforte bien sûr l’idée que nous avions ici qu’en prenant cette initiative en faveur de l’unité, Benoît Hamon exprimait le point de vue de la majorité des gens de Gauche.

> Lire également : L’appel de Benoît Hamon en faveur d’une votation citoyenne pour l’union de la Gauche

Seulement, cela ne suffit pas, car il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Cette situation est en fait typique de l’état de la Gauche aujourd’hui en France. Elle a subi un énorme revers après le quinquennat de François Hollande qui l’a ébranlée sur ses propres bases, mais elle n’a pas encore saisi l’importance du travail de fond pour se relever.

On peut bien sûr comprendre l’état d’esprit de ces sympathisants qui sont pour l’unité électorale, sauf que cela est d’une certaine manière trop facile. Les dirigeants des appareils ne pourront pas s’en sortir seuls, sans une mobilisation à la base des sympathisants de Gauche.

Ce sondage ne change donc pas grand-chose à l’affaire, il ne modifie nullement la position des appareils qui ont besoin d’un élan bien plus grand pour accepter l’unité, renoncer à une stratégie élaborée alors qu’ils ont déjà mobilisé des personnes dans un sens, établi des projections, budgétisé des choses, etc.

Ce dont a besoin la Gauche, c’est assurément d’un grand débat d’idée, à la base, partout en France, en prenant le temps de confronter les points de vue et de faire un véritable bilan des dernières années, voir même des quarante dernières années si l’on considère que François Mitterrand a réalisé deux présidences institutionnalisant la Gauche, lui faisant perdre sa nature.

On ne va pas se voiler la face ici, il est à peu près évident que c’est déjà trop tard pour les prochaines élections européennes. Par exemple, Ian Brossat, tête de liste du PCF, peut bien dire qu’il est intéressé par l’initiative et annoncer rencontrer Benoît Hamon, son parti a de toutes façons déjà lancé sa campagne, ses thèmes, ses infographies, et même un site internet, europedesgens.fr

On fera les compte en mai, ce qui influencera quelque peu le rapport de force entre les différents courants et les différentes organisations en fonction des scores obtenus. Ceux-ci seront cependant très faibles pour chacun, malheureusement, et il sera de la responsabilité de tous, mais surtout des mieux «lotis », de ne pas reposer sur ses acquis pour au contraire s’ouvrir aux débats, à la recomposition.

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L’appel de Benoît Hamon en faveur d’une votation citoyenne pour l’union de la Gauche

Génération.s a appelé hier à une « votation citoyenne » en faveur de l’union de la Gauche ; un site internet a été ouvert à ce sujet, votationcitoyenne.eu. L’idée est que les bases des organisations à Gauche court-circuitent les appareils.

Pour parler de la votation citoyenne proposée par Benoît Hamon, il faut prendre en compte un souci qui n’est pas anecdotique. Le site internet ouvert pour celle-ci a un lien vers une interview accordée par Benoît Hamon au journal Le Monde, où il explique le fond de sa pensée. Malheureusement, celle-ci est en accès réservé aux abonnés.

C’est pour le moins étrange, dommage ; cela reflète sans doute, voire certainement, le statut social de beaucoup de gens soutenant Benoît Hamon. Mais dans tous les cas, ce n’est pas comme cela qu’on touche tout le monde. Quoi qu’il en soit le tout début de l’interview est accessible et Benoît Hamon dit la chose suivante :

« Je fais un double constat. Le premier, c’est qu’on n’arrive pas à parler d’Europe, de cet enjeu fondamental. Il y a vraiment besoin de débattre de l’action de l’Union européenne, parce qu’on perçoit que le projet européen est menacé.

On trouve d’autant moins d’espace pour en discuter que le choix du président de la République et de la majorité actuelle est de refuser un débat démocratique sur ce qu’on pourrait faire de différent en Europe. Ils se sont choisi un adversaire, les nationalistes, et ont réduit le choix à ceux qui sont pour ou contre l’Europe. C’est extrêmement dangereux, parce qu’à force de faire monter [la présidente du Rassemblement national] Marine Le Pen comme seule opposition, on finira par avoir Le Pen en France. On a donc un débat européen escamoté par le chef de l’État, avec le grand débat national.

A cela s’ajoute une confusion née de la dispersion à gauche et chez les écologistes. Les différences entre les organisations justifient-elles de partir séparément ? Elles ne sont pas indépassables. Si on fait reposer l’unité sur les appareils, il n’y aura pas d’union. Cela doit passer par un vote citoyen. Le grand moment politique que vit la France depuis plusieurs semaines nous y invite. »

Heureusement, on dispose d’un communiqué de Génération.s à ce sujet. Le voici, présentant quatre idées, si l’on veut résumer :

– il faut une liste de Gauche, car sinon c’est la déroute ;

– il faut un « new deal vert » européen ;

– il faut que la base des structures de Gauche soit en révolte ouverte contre les appareils ;

– la liste aux élections serait le choix d’une sorte de vote à choix multiples.

 

Pour une Votation Citoyenne pour l’Union !

Donnons aux citoyen-ne-s le moyen de faire en un vote ce que des appareils inertes n’arrivent pas à réaliser.

Depuis trop de temps, les citoyens ont été exclus du projet européen. Le fossé démocratique de 2005 n’a jamais été comblé.

Aujourd’hui, Emmanuel Macron voudrait nous enfermer dans un faux débat. D’un côté, son libéralisme autoritaire ; de l’autre, des nationalistes ultralibéraux. Le référendum qu’il propose n’est qu’un étouffoir pour la démocratie européenne. Face à la confiscation du débat, il faut faire la place aux citoyen.nes.

La responsabilité de la gauche et des écologistes est immense. Nous seuls portons l’alternative au libéralisme destructeur comme au repli passéiste. Et pourtant nous offrons l’image de nos divisions et trop nombreux sont ceux qui abandonnent le terrain des idées.

Depuis des mois, Génération.s propose son projet avec le Printemps européen. Un New Deal vert européen, pour sauver l’Europe en préparant l’avenir. Une Constituante européenne pour refonder notre démocratie commune. Un ISF européen pour conquérir la justice fiscale.

Depuis des mois, Génération.s a fait beaucoup pour permettre l’unité. Interview après interview, discussion après discussion, nationalement et dans nos territoires, nous avons proposé de nous réunir sur une démarche commune. Nous avons reçu un millier de candidatures citoyennes.

Mais que nous propose-t-on ? Des réunions de sous-sol pour régler des problèmes de listes entre appareils. Cela ne débouchera sur aucune unité, et ne réglera aucun problème. Nous constatons que l’unité ne se fait pas alors que chacun sent qu’elle est nécessaire.

Nous proposons une ultime solution, que les citoyen-ne-s décident !

Donnons aux citoyen-ne-s le moyen de faire en un vote ce que des appareils inertes n’arrivent pas à réaliser.

Confrontons nos idées, débattons, imposons tous ensemble le débat européen qui manque aujourd’hui.

Aujourd’hui, nous demandons aux responsables politique de prendre leurs responsabilités comme nous le faisons : êtes-vous prêts à laisser les citoyen-ne-s décider ? Assumez ce qui apparaît comme un risque mais qui est en réalité l’opportunité de nous placer collectivement en tête le 26 mai. Avons nous des désaccords ? Oui. Pouvons-nous les dépasser et nous rassembler sur une orientation politique et une stratégie communes ? Oui aussi.

Organisons, d’ici au mois d’avril, une votation citoyenne pour l’union sur le principe du vote préférentiel.

Le jour de vote, chacun pourra choisir les 3 listes candidates qu’il préfère et leur attribuer trois, deux et un point. La liste désignée sera celle qui sera la plus choisie, et non celle qui aura éliminé toutes les autres. Le binôme paritaire qui la porte sera chargé de constituer une liste unitaire, en proportion des résultats obtenus.

Ce processus est inédit en France. C’est moderne, cela fait confiance, cela rassemble. Ce sera la votation citoyenne de l’avenir, la votation écologique et sociale, la votation démocratique.

Nous en appelons également à tous les citoyens et citoyennes qui s’engagent depuis des années pour l’unité. N’attendez pas les partis : c’est à vous de rendre le rassemblement possible. Dès maintenant, rendez-vous sur www.votationcitoyenne.eu pour soutenir la démarche.

Nous en appelons aux consciences morales de la gauche, (chercheur.se.s, intellectuel.le.s, personnes engagé.e.s…) : soyez les garants de l’unité !

Engagez-vous dans l’organisation indépendante de la votation.

Génération.s se met au service de l’avenir. Soyons au rendez-vous !

Cette histoire de listes ( lesquelles d’ailleurs ? ) avec des choix multiples n’est pas très claire et sans doute que Pierre Jouvet, un des porte-paroles du Parti socialiste, a résumé la perplexité de chacun en disant :

« Je n’ai pas exactement compris le système. Techniquement je ne vois pas comment il veut faire ça. »

Politiquement, on voit cependant de quoi il en retourne : il s’agit de provoquer une secousse pour avoir une alliance qui, en l’état, concernerait le PCF, Place publique et le Parti socialiste, même si Benoît Hamon ne veut pas de ce dernier. Europe Écologie Les Verts et La France insoumise ont quant à eux déjà refusé hier une telle initiative, même s’il est vrai que la base d’Europe Écologie Les Verts peut être réceptive à cette démarche de « primaires ».

Est-ce le type d’unité au-delà des structures politiques qui est souhaitable ? Peut-on se passer du débat d’idées et surtout du renouveau de la culture, de la politique, des principes à Gauche ? On va très vite savoir si c’est quelque chose de positif ou si au contraire c’est en décalage total avec la réalité.

Mais une chose est certaine : en prenant une initiative en faveur de l’unité de la Gauche, Benoît Hamon exprime le point de vue de la majorité des gens de Gauche.

 

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Génération.s et l’Europe : un soutien unilatéral

Benoît Hamon porte une ligne résolument pro-européenne. Le souci est qu’on a beau chercher, on n’y voit guère de différence avec ce que dit Emmanuel Macron. C’est un peu plus radical, avec un peu plus d’écriture inclusive, mais le fond est le même.

Génération.s se met en branle pour les élections européennes et voici comment le mouvement de Benoît Hamon présente ce qui est sa ligne :

« Face aux nationalistes et aux libéraux qui détruisent l’Europe, Génération.s s’engage avec détermination dans la campagne des élections européennes.

L’enjeu des ces élections européennes est de taille, mais il n’y a pas de fatalité ! L’Espoir et le Printemps Européen sont entre nos mains !

Génération.s propose des solutions positives et concrètes pour la justice sociale, pour l’écologie et pour le respect de tous les citoyens européens. »

Lee refus des nationalistes et des libéraux est bien un dénominateur commun des gens à Gauche, cela est évident. Mais il y a un souci dans ce qui est dit : l’Europe a toujours été le grand thème des libéraux. C’est l’UDF de Giscard, de Simone Veil, etc. qui a toujours dit que l’Europe en élargissant le marché, en le libéralisant, allait améliorer la société française. L’expression « Printemps Européen » est exactement ce dont ils auraient pu parler, de par son côté vague et romantique.

Si donc Génération.s veut une autre Union Européenne, de laquelle parle-t-il ? Parce que personne en Europe n’a, à Gauche, formulé d’alternatives. Même en admettant que Benoît Hamon ait raison, il faudrait qu’il l’explique, et qu’ensuite il présente des alliés dans toute l’Europe. Ce n’est pas le cas.

Il faut également appeler un chat un chat. Dire qu’on est pour « la justice sociale, pour l’écologie et pour le respect de tous les citoyens européens », cela ne veut rien dire : à peu près tout le monde peut le dire. Ce n’est même pas que cela dit tant quelque chose de valable pour tous, c’est surtout que cela ne veut rien dire du tout. Les pro-nucléaires peuvent se dire écologistes car le nucléaire exige moins de Co2 que le charbon en apparence, la Droite peut se dire pour la justice sociale par l’ouverture à la concurrence au profit soi-disant des consommateurs, quant au respect de tous les citoyens européens c’est une règle posée d’office dans le cadre de l’Union Européenne.

Dernier souci et non des moindres de tout cela : Génération.s n’est pas anti-libéral. Génération.s revendique de s’opposer au libéralisme dans le domaine économique. Génération.s assume par contre entièrement le libéralisme dans les domaines politique et culturel, avec une revendication très forte de libéralisme dans le domaine migratoire. Il n’y a donc pas le rejet des « libéraux » en général, seulement de certains libéraux.

Ce qui ramène directement à ce que porte Emmanuel Macron, puisqu’on est pas ici dans une perspective de la Gauche historique, mais celle d’une bourgeoisie moderne, branchée, celle de l’art contemporain et des start ups, à l’aise dans toutes les très grandes villes du monde, favorable à la remise en cause de toutes les règles, de la déconstruction générale de toutes les valeurs sociales.

Génération.s a-t-il alors réellement un espace, alors qu’Emmanuel Macron porte en quelque sorte la plupart de ses valeurs politiques et culturelles ?

Si Benoît Hamon a véritablement une densité suffisante le distinguant historiquement d’Emmanuel Macron, alors Génération.s trouvera un espace. Mais sinon, les élections européennes rendront sa situation intenable.

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Benoît Hamon : les gilets jaunes comme « Printemps arabe »

Dans une interview au journal Le Monde, Benoît Hamon pose enfin une vision claire de comment il voit les choses. Le mouvement des gilets jaunes lui a évidemment forcé la main.

Benoît Hamon

Benoît Hamon, qui a fondé Génération-s afin de donner un nouvel élan à la Gauche, se retrouve dans une situation difficile de par la faiblesse de celle-ci, la faiblesse de son mouvement, l’émergence d’un concurrent direct (Place publique) et encore plus avec les ambiguïtés (au minimum) et l’ampleur d’un mouvement comme les gilets jaunes.

Il a tenu jeudi dernier un meeting à Paris, qui a été présenté comme un succès avec tout au plus 2 000 personnes, afin de se lancer en prévision des élections européennes. Dans le même temps, c’est part une longue interview au Monde qu’il a exposé quelques traits généraux de son orientation.

Enfin, pourrait-on dire, tellement Benoît Hamon oscillait entre un discours assez dur avec un retour aux sources, utilisant parfois même le terme de bourgeoisie, et une démarche ouvertement postmoderne, postindustrielle, avec des appels incessants à soutenir les migrants.

Aujourd’hui, une telle oscillation n’est plus possible. S’il était très prudent en effet auparavant, ne voulant se fermer aucune option, Benoît Hamon n’est plus en mesure de tergiverser. Il faut poser les choses.

Au Monde, Benoît Hamon ose donc enfin. Cela donne les choses suivantes. Il y a déjà les gilets jaunes : « cela marque le réveil du peuple français », c’est une « convulsion profonde de la société française ».

S’il dit qu’on ne sait pas si cela donnera plus de libertés ou un régime autoritaire, il évacue de la manière suivante la nature des gilets jaunes, au nom de ce qu’on peut appeler le « mouvementisme » :

« Ce qui me fascine, c’est la tétanie et la peur d’une grande partie des élites politiques par rapport à ce mouvement social.

Certains y voient de l’égoïsme, des gens qui préfèrent leur plein de diesel à l’avenir de leurs enfants. D’autres ne voient que les groupuscules fascistes ou insurrectionnels ; d’autres encore, que les racistes et antidémocratiques. Cela existe. Mais ce qui réunit les 80 % de Français qui soutiennent ce mouvement, c’est la volonté de transformer une société inégalitaire qui a perdu le sens de l’intérêt général et de la justice sociale (…).

Peu importe l’étincelle qui déclenche le mouvement actuel, il a un double moteur qui parle à tous les Français : les inégalités et le sentiment d’être pris pour quantité négligeable. A certains égards, ce mouvement qui mêle demandes sociales et démocratiques, ressemble aux « printemps arabes ». »

C’est là assez opportuniste, dans la mesure où Benoît Hamon se détourne de se confronter à la réalité en tant que telle des gilets jaunes. La référence aux « printemps arabes » est qui plus est extrêmement floue, puisque ceux-ci ont eu des formes difficilement saisissables, sans parler du rôle essentiel du média Al Jazira et des Frères Musulmans.

Mais, de manière intéressante sur le plan des idées, d’autres font pareillement référence aux « printemps arabes » au sujet des gilets jaunes, précisément dans toute la sphère intellectuelle voyant les choses en termes de « société postindustrielle ». Il s’agit des intellectuels s’inspirant de « l’autonomie italienne » et appréciant la « spontanéité » des mouvements sociaux « postindustriels ».

On est là dans la croyance. Il y aurait une sorte de mouvement flottant au-dessus des classes et surtout de l’État – qui transporterait une force citoyenne établissant des rapports sociaux meilleurs. Cette conception est très exactement celle de Michel Foucault, qui l’a très longuement exposé dans son analyse très positive de la révolution iranienne.

Faut-il ici y voir une sorte de romantisme orientaliste ? En tout cas, on a la même perspective postindustrielle d’une révolution qui serait une sorte de révolte de la société contre l’État.

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Benoît Hamon a-t-il raison d’employer le terme de « pauvrophobe »?

Benoît Hamon a pris la tête de la « fronde » à l’intérieur du Parti socialiste en fondant Génération-s et il a acquis une sympathie certaine chez les progressistes, car on voit bien qu’il cherche sincèrement à faire avancer les choses et les idées. C’est une figure active refusant la passivité et la résignation.

Malheureusement, son projet s’enlise toujours plus, car il vient à l’origine de la droite du Parti socialiste et ne parvient pas à revenir aux fondamentaux : il bascule toujours plus dans le camp de la modernité « posmoderne », « postindustrielle ». Dernier exemple en date : l’utilisation du concept de « pauvrophobe ».

Benoît Hamon est à la base un rocardien, c’est-à-dire un partisan de la « modernité » au sein du Parti socialiste. En ce sens, il préfigure Emmanuel Macron. Son parcours cependant en fait un être engagé et formé à l’école du Parti socialiste, avec ce réalisme froid et technocratique d’un côté, cette fibre sociale de l’autre.

Si l’on prend ainsi Benoît Hamon du côté des idées et de la tradition socialiste, ouvrière, on ne peut que se dire : ce type est une catastrophe. Si on le prend comme un bourgeois progressiste avec une grande fibre sociale et une vraie réflexion sur l’évolution catastrophique du monde, notamment sur le plan de l’écologie, ou encore du rapport aux animaux, on ne peut résolument pas le considérer comme un ennemi.

Les limites de l’horizon intellectuel de Benoît Hamon sont par là-même assez flagrantes. D’un côté, il parle de bourgeoisie… de l’autre, le concept de lutte des classes est pour lui insaisissable. Il ne peut pas dépasser intellectuellement et culturellement le capitalisme.

Ses propos dans une interview accordée au Journal du Dimanche reflètent de manière patente cette limite. Il n’y a pas d’exploitation, mais du « racisme social », pas de la misère provoquée par l’enrichissement toujours plus grands de la bourgeoisie, mais de la « pauvrophobie ».

Cela provoque un populisme anti-Macron à grands renforts de termes anglais censés montrer que le président de la République reflète un modèle « anglo-saxon » : winner, jetlag, ultra-bright, etc.

Emmanuel Macron prépare un plan antipauvreté. Un bon point pour lui ?

Macron, un plan antipauvreté ? Il est pauvrophobe. Il mène une guerre sociale aux gens « qui ne sont rien », comme il dit. Sa rentrée est placée sous le signe du racisme social : il veut punir les chômeurs en touchant au calcul de leurs indemnités. « Et en même temps », il a supprimé l’ISF et l’exit tax. Macron n’est pas le pragmatique ouvert qui prétendait rassembler largement pour réformer. C’est un vrai idéologue qui se méfie intrinsèquement du peuple. Où sont les résultats économiques du ruissellement ?

Il dit pourtant marcher sur deux jambes : libérer et protéger…

Il libère et protège surtout les siens, les winners. Le nouveau monde était une promesse intéressante, mais pas pour remplacer de vieux politiciens par des traders jetlagués qui infligent à ceux qui souffrent leur sourire ultra-bright. Nombre de citoyens espéraient une ère nouvelle de respect, je comprends leur déception face à ce mépris.

Il était inévitable que Benoît Hamon témoigne de cette limite à un moment donné, de par sa formation intellectuelle, ses goûts, sa nature sociale. Quelqu’un qui s’extasie devant l’art contemporain n’a, par définition, plus aucun lien avec la classe ouvrière.

Benoît Hamon est un modernisateur avec une fibre sociale-écologique, voilà pourquoi il tient finalement le même discours libéral sur les frontières qu’Emmanuel Macron, ainsi que sur l’Union Européenne, même si c’est pour revendiquer quant à lui « plus de social ».

Cela en fait quelqu’un d’assez intéressant, une fois qu’on a compris ces limites qui sont, très certainement, celle de la petite-bourgeoisie progressiste plus ou moins proche des centres-villes. Benoît Hamon est d’ailleurs très proche d’Europe Ecologie Les Verts, qui a la même base sociale. Leur unité semble d’ailleurs plus ou moins inéluctable.

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Discours de Benoît Hamon à la convention nationale de Génération•s

Génération-s a tenu sa première convention les 30 juin et 1er juillet 2018 à Grenoble. ; voici le discours de clôture de Benoît Hamon.

Les migrants en sont le grand thème, avec l’Union européenne et des revendications présentés comme relevant de l’écologie. Le mot capitalisme revient une fois, le mot ouvrier aucune fois, le mot travailleur une fois, le mot socialisme aucune fois,  le mot bourgeois une fois, le mot classe aucune fois, le mot prolétaire aucune fois, le mot gauche 30 fois.

Le discours de Benoît Hamon à la convention nationale de Génération•s le 1er juillet 2018

Cher.e.s ami.e.s,

Je vais vous parler de notre avenir mais l’actualité, et plus encore que l’actualité une forme de colère personnelle, m’incitent plutôt à commencer par vous dire un nombre.

34361.

34361, c’est un nombre à la fois à graver dans nos conscience et un nombre dont chacun doit avoir conscience qu’il continue en ce moment-même d’augmenter.

34361, c’est un nombre qui nous effraie et qui nous déshonore et qui nous déshonore encore davantage s’il ne nous effraie pas.

34361, c’est un nombre que l’Histoire retiendra comme une faute et, je le dis solennellement, comme un crime envers l’Humanité, un manquement impardonnable à nos devoirs les plus sacrés envers l’Humanité.

Ce nombre, publié par le Guardian il y a quelques jours, c’est celui des femmes, des hommes, des enfants morts en tentant de rejoindre l’Europe.
Amadou Taibou Diallo, 16 ans, noyé quand son embarcation a chaviré dans l’enclave de Mellila,
Binta Baldé, 21 ans, noyée, elle et tous ses rêves de jeune femme en Méditerranée,
L’adolescente Oumou Belle Bah, 16 ans, noyée quand son bateau a sombré sous le poids de ses passagers,
Le jeune Mengs Medhane, 16 ans, mort en tombant du camion à bord duquel il espérait quitter Calais pour rejoindre la Grande Bretagne.

Et dans cette interminable liste publiée par le Guardian, qui publie aussi les noms et les histoires de ces migrants, une mention revient, et notre regard s’arrête, au milieu de cette forêt d’humains décimés par l’égoïsme, sur cette mention-là : Bébé, 3 mois, nom inconnu, décédé de malnutrition et de fièvre sur le bateau de l’ONG lui portant secours entre la Libye et l’Italie.

Pour ce bébé, pour les nombreux autres, pour ces 34361 êtres humains qui étaient nos compatriotes citoyens du monde, je vous propose de leur témoigner notre fraternité en vous levant et en respectant une minute de silence.

Je vous remercie.

 

J’ai souhaité débuter par là parce que la question des migrants est un révélateur de l’époque et de nous-même.

C’est un révélateur de cette Europe qui n’a plus d’Union que le nom, où le fasciste Salvini et l’ultralibéral Macron se rejettent les 600 passagers de l’Aquarius comme de sinistres négociants une marchandise avariée.

C’est un révélateur de cette époque où l’on peut mentir impunément, faire de la communication en recevant le héros Mamoudou Gassama à l’Elysée quand il sauve un enfant et EN MÊME TEMPS, laisser des enfants qui sont les futurs Mamoudou Gassama à la dérive sur un bateau au milieu de la Méditerranée. C’est dans ces moment là que je me dis que notre différence irréductible avec Emmanuel Macron, c’est que définitivement, comme l’écrivait Guy Debord: Nous, contrairement à lui, “nous ne voulons plus travailler au spectacle de la fin du monde, mais à la fin du monde du spectacle”.

Oui, c’est un terrible révélateur de la lâcheté des gouvernants, cette étrange défaite intellectuelle et morale de nos élites, face aux peurs qui saisissent notre peuple.

On agite les sondages en nous disant “mais les Français sont majoritairement contre l’accueil de l’Aquarius”. Et alors ? Et alors ? Combien d’autres têtes tombées au pied de l’échafaud, si François Mitterrand et Robert Badinter avaient gouverné au gré des sondages et non de leur conscience ? Combien de femmes mutilées, opprimées dans leur chair, si Simone Veil avait cédé aux passions mauvaises ? Il faut être parfois un peu à la hauteur des femmes et hommes d’Etat qu’on prétend honorer ou imiter ! Et surtout il faut être parfois à la hauteur de notre peuple et de son histoire.

Il est temps que quelqu’un ose parler à l’intelligence d’un peuple qui n’a jamais été si grand que lorsqu’il était fraternel, quelqu’un doit résister à cette marée brune qui emporte tout, nos valeurs et avec elles notre honneur : “Française, français, grand peuple de la Révolution et de la Résistance, terre d’accueil des républicains espagnols et des boat-people vietnamiens, n’avez-vous, n’avons-nous pas honte ?

C’est mon devoir de le dire à chacun et chacune de nos compatriotes : j’aime passionnément notre pays, mais j’ai honte de nous lorsque nous ne sommes pas à la hauteur de notre tradition républicaine d’asile,

J’ai honte de nous lorsque certains sont obsédés par les racines chrétiennes de la France mais oublient soigneusement l’héritage du christianisme social,

J’ai honte de nous lorsque le Gouvernement dit que la France a pris sa part, voire que nous serions submergés, alors que l’Allemagne a délivré neuf fois plus de titres protecteurs que nous ces dernières années,

Honte à Gérard Collomb de placer en garde à vue les Français comme Cédric Herrou, comme Martine Landry, cette formidable grand-mère de 73 ans, poursuivis pour délit de solidarité, alors qu’il laisse les xénophobes de Génération Identitaire humilier des migrants épuisés en pleine montagne !

J’ai honte de nous quand ce gouvernement allonge la durée de rétention, y compris des enfants, y compris de mineurs isolés exactement comme chez M.Trump, ce n’est pas mon idée de la France.

 

Alors je sais que certains, à droite comme à gauche d’ailleurs, se taisent, mais moi je m’y refuse, peut-être parce que je viens de ce bout de terre où l’on connaît le prix déchirant du départ ou de l’exil,

Je dis aux Français : OUI, nous devions accueillir les femmes, les hommes et les enfants de l’Aquarius, oui c’était notre devoir moral et politique, envers eux et envers nous-même.

Et je vais plus loin : Française, français, vos gouvernants vous mentent et convoquent le pire de vous-même, je veux faire appel à ce qu’il y a de meilleur en chacun de vous. Osez entendre la vérité: nous devons prendre notre part d’hospitalité et d’accueil des migrants.

L’asile c’est 40 000 personnes l’an dernier. Dans un pays comme la France, cela se résume en une image simple, partagez-la avec vos amis, votre famille, vos collègues: c’est comme si, une fois par an, à une tablée où nous sommes 1500, ou dans cette pièce par exemple, nous ne pouvions accueillir 1 personne, UNE ! , qui a froid, qui a peur, qui a faim, qui a absolument tout perdu, sa liberté, son pays, sa famille. Voilà la réalité de l’asile aujourd’hui.

Ils vous parlent de submersion et de grand remplacement, de vague migratoire, de shopping de l’asile, je vous parle, moi, de cette fraternité universelle qui n’est rien de moins que notre raison d’être en tant que nation !

Ils ne rêvent que de murs et de barbelés ? Alors soyons, comme nous y invitait l’immense Edouard Glissant, “de part et d’autre de leurs murs et de toutes leurs barrières, les cent fois cent fois cent millions de lucioles ! — une seule pour maintenir l’espoir à la portée de tous, les autres pour garantir l’ampleur de cette beauté contre les forces contraires !”

Que sommes-nous si nous ne sommes plus la France fraternelle ? Renoncerons-nous, par égoïsme, à la voix historique de la France ? Que voulons-nous être, voilà la question qu’il faut que chacune et chacun se pose dans notre pays ? Quelle nation voulons-nous être ? Voulons-nous être un petit pays, aigri et replié, qui détourne les yeux au lieu de prendre ses responsabilités ? Ou une grande nation fière des valeurs ?

 

Cela nous dit aussi qui nous voulons être, nous, à Génération•s…

Ce n’est pas tout à fait un hasard si j’ai commencé en parlant des migrants, plutôt que de la vie du mouvement, même si c’est un très beau moment que nous vivons ici à Grenoble.

Voilà ce que nous sommes, voilà notre méthode, voilà la méthode Génération.s : parler du fond, faire passer nos valeurs et nos idées avant tout. Nous sommes un mouvement différent et nouveau parce que nous refusons de laisser l’accessoire prendre le pas sur l’essentiel, le court-termisme sur la vision de temps long, les petits intérêts particuliers sur l’intérêt général.
Nous assumons notre différence, nous assumons ce qui parfois suscite l’ironie dans leur si vieux “nouveau monde”:
Nous assumons cette exigence démocratique, qui est un respect élémentaire, de parler à l’intelligence de notre peuple, de croire en la politique, d’aimer à nouveau la politique quand, et uniquement quand, elle repose sur la raison des citoyens, leur pouvoir souverain, et des passions positives…
Nous assumons, disons-le, d’être le nouveau mouvement des valeurs, oui le mouvement des valeurs de la gauche et de l’écologie politique. La gauche régénérée, ressuscitée par l’écologie politique, voilà notre identité.

Mais je ne m’apesantirai pas trop sur notre identité. Car à force d’affirmation d’une identité on finit par exclure ou décourager tout ce qui n’est pas exactement comme nous. Dire ce que l’on est se résume souvent affirmer ce que l’on est pas, à prononcer des excommunications, des fins de non recevoir, des déclarations d’incompatibilité en tous genres. Le repli identitaire est le danger de notre époque. Un danger mortel pour la gauche et l’écologie politique.

 

La raison de cette situation est sous nos yeux. Les néolibéraux veulent convaincre les citoyens que tout ce qui relève de l’économie, du social, de l’écologie est trop complexe et trop puissant à la fois pour qu’on leur demande leur avis. D’ailleurs ils parlent une langue que personne ne parle, un sabir technocratique inventé pour tenir les citoyens à l’écart de la décision.

On assiste à une sacralisation de l’économie qui est entrée dans le domaine dangereux des dogmes irréfutables, c’est devenu la Loi naturelle, l’ordre incontestable du monde ! Ils saaaavent ! Eux, ce sont les gens qui savent, les gens sérieux ! Ce sont d’ailleurs les mêmes qui, pendant des siècles, vous envoyaient au bûcher sans sourciller si vous ne disiez pas amen à leur théorie très sérieuse selon laquelle la Terre était plate !

Aujourd’hui, ils voudraient nous faire croire que la règle de l’équilibre budgétaire est aussi indiscutable que la poussée d’Archimède !

Ainsi, on ne peut plus discuter le principe selon lequel un pays, pour faire des gens heureux, doit faire croître exponentiellement son PIB.

On ne peut plus discuter le principe selon lequel, pour être heureux, il faut être productif, COM-PE-TI-TIF et donc réduire à l’infini le coût du travail.

On ne peut plus discuter le principe selon lequel, délivrer une allocation à un pauvre est une mauvaise chose car cela l’encourage à préférer l’assistanat – C’EST LEUR MOT PREFERE CE SALE MOT D’ASSISTANAT MAIS EST-CE QUE QUAND LE PATRON DE CARREFOUR PART AVEC DES MILLIONS, EN SUPPRIMANT DES MILLIERS DE POSTES ET EN SE GAVANT DE CICE NOUS PARLONS, NOUS, DE “PARASITANAT” ? EST CE QUE NOUS PARLONS DE SUPERS-PROFITANAT ? DE FRAUDE FISCALANAT ? DU TRAVAIL AU NOIRANAT ? DU HARCELEMENTANAT ? PARCE QUE QUAND MEME, PARDON MAIS TOUT CA RIME QUAND MEME TERRIBLEMENT BIEN AVEC PATRONAT, N’EST CE PAS ! Etc etc…

Si on les écoute, le capitalisme, le consumérisme, sont aussi naturels – plus naturels même ! – que l’air que nous respirons, d’ailleurs ils finiront par essayer de nous le vendre après l’avoir pollué ! Cette naturalisation de l’économie conduit beaucoup de citoyens à croire qu’il est vain de vouloir changer de politique économique, écologique ou sociale.

Alors, il resterait l’identité, une espèce de refuge pour ceux que la démocratie exclue, c’est à dire de plus en plus de monde ! Ainsi on assiste à un repli identitaire généralisé partout où le néolibéralisme a soustrait à la délibération citoyenne les questions économiques, sociales et écologiques. La démocratie est malade, fatiguée, rabougrie. Allons-nous l’abîmer encore davantage, proposer encore davantage de petit repli identitaire à ceux qui s’angoissent chaque jour pour leurs droits, leur pouvoir d’achat, leurs services publics, leur retraite ou tout simplement leur espérance de vie ? Je crois moi que nous devons être le parti des solutions, un parti remède pour la démocratie, un parti antidote à cette ambiance morose et morbide !

 

Oui Génération-s est l’antidote à la peste néolibérale et à la lèpre nationaliste à la fois.

Génération est le remède à la nostalgie poussiéreuse du « reaganisme » ou du bonapartisme, au giscardisme 2.0 et au lepénisme quelque soit son prénom !

Nous sommes, avec notre diversité heureuse, la médecine contre la xénophobie brutale ou la haine bon chic bon genre envers nos compatriotes arabo-musulmans. Nous travaillons aux solutions avant tout. Vous voulez savoir qui nous sommes. Regardez ce que nous faisons.

En nous voyant travailler, hier et aujourd’hui et depuis un an maintenant avec cette formidable énergie, renouvelable évidemment – encore une mauvaise nouvelle pour eux – , avec désormais plus de 1000 comités, 60 000 membres, j’éprouvais une immense fierté.

Cette fierté éminemment collective d’appartenir à un mouvement de femmes et d’hommes qui n’ont pas renoncé et ne renonceront jamais à se battre pour leurs idées. Le temps est venu pour les femmes et hommes de gauche de ce pays de retrouver de la fierté !

La gauche est fière parce qu’elle est la gauche dans nos cortèges pour sauver le service public de la SNCF,
La gauche est fière parce qu’elle est la gauche lorsque les Jeunes Génération.s mènent la bataille, et nous avec eux, contre la sélection à l’Université, et cet été, partout en france en faveur des alternatives agricoles.
La gauche est fière quand nos membres accueillent des migrants chez eux, la gauche est fière quand nos élus au conseil régional de Nouvelle Aquitaine obtiennent d’ouvrir les ports de leur région aux bateaux des ONG.

 

Alors, ceux qui nous regardaient de haut commencent à nous regarder de travers…Ces derniers jours, un certain nombre d’articles erronés et d’attaques presque coordonnées de politiciens du siècle dernier ont achevé de m’en convaincre : ils ont enfin compris !

Ils croyaient que le mouvement du 1er juillet était la rêverie du promeneur solitaire alors que nous lançons la bataille de la multitude. Ils ont compris que nous sommes un mouvement incontournable. Une foule joyeuse, bruyante et surtout, surtout, déterminée.

Ils ont compris qu’une nouvelle force s’était levée. Et, mes ami.e.s, je vais parler haut et clair pour que le message passe bien au-delà de ces murs : ils ont enfin trouvé, face à l’offensive ultralibérale et aux populistes racistes une force politique qui ne fera plus aucune concession idéologique, qui n’accordera aucun point à l’adversaire, qui refusera de reculer sur ses valeurs.

Je veux, à ce moment, m’adresser à toutes celles et ceux qui se sentent orphelins de la gauche, qui s’étaient égarés et se réveillent groggy. A ceux-là, je leur dis, venez travailler, échanger, inventer avec nous l’après-Macron et l’après-carbone, parce que nous sommes le parti de la grande bataille culturelle à gauche.

Les vieux partis ont été emportés, mais vos idées, vos convictions, elles, sont bien là. Vous n’êtes pas seuls à ne plus vouloir être pris en tenaille entre la peste nationaliste et le choléra ultralibéral.
Vous n’êtes pas seuls à croire que l’urgence écologique et l’urgence sociale nous obligent à changer radicalement de modèle.
Vous n’êtes pas seuls à vouloir une autre Europe, mais ni l’Europe marché ni l’Europe bouc émissaire.
Vous n’êtes pas seuls à vouloir réformer le pays, mais à vouloir que réformer rime avec progrès et plus, comme depuis 30 ans de révolution néolibérale, avec casser,
Vous n’êtes pas seuls à être féministes, internationalistes, laïques. Vous êtes la gauche, vous n’avez plus à baisser la tête, vous êtes Jaurès et Occupy Wall Street !

Vous êtes la jeunesse assassinée de Guy Moquet et la sagesse indignée de Stéphane Hessel !
Vous êtes les pionniers et les résistants : ceux qui veulent la sortie du nucléaire, qui tenez tête à Monsanto et aux multinationales polluantes, qui dénoncez les tricheurs du dieselgate, vous avez secouru le vivant défiguré par l’Amoco et l’Erika, vous avez sauvé le Larzac et Notre Dame des landes.
Vous êtes le Front Populaire et le temps des cerises, vous êtes la voix métallique des adieux de Salvador Allende, vous êtes les manifestations pour libérer Mandela, vous êtes la Révolution des oeillets et la Rose au Poing, vous êtes la Fête de l’Huma et #BalanceTonPorc, vous êtes la retraite à 60 ans et l’abolition de la peine de mort, vous êtes Nuit Debout et Black Lives Matter, vous êtes les 99%, vous pouvez être fiers, vous pouvez redresser la tête !

La gauche est là, elle existe, elle vit comme le feu sous la cendre ! Le pays a moins besoin de Jean-Luc ou de moi que de vous, de votre colère, de votre révolte, de vos rêves, de vos idées et de votre invincible fraternité.

Et je dois vous faire une petite confidence qui ne vous surprendra peut-être pas… En tant que citoyen, en tant qu’homme de gauche, je rêve…et je rêve en grand ! Alors, je dois le confesser, ce n’est pas dans l’air du temps. Je dois bien le dire, mon grand rêve à moi, ce n’est pas une foule de nouveaux hamonistes, c’est une nation à nouveau humaniste !

Ensemble, nous serons plus forts, nous ne reculerons plus, nous ne renoncerons plus jamais à nos mots. Parce que la gauche ce sont des mots entrés comme une épiphanie dans la vie de tous, et notamment des plus fragiles. Les mots ce sont des conquêtes. Nos mots sont devenus des droits dans ce pays. Prendre ses RTT ou ses congés payés, le RMI, se PACSer, la CMU, il n’y a pas si longtemps, nous étions capables d’imposer notre imaginaire et ces sigles étonnants qui résonnaient comme des jours meilleurs. Et aujourd’hui ?

Nous avons, nous à Génération.s, osé prononcer les mots du futur pour préparer un autre futur. Ces mots ont fait irruption dans le débat public et ne l’ont pas quitté depuis. C’est sûr notre lexique n’est pas le petit bréviaire de la start up nation: nous, on ne disrupte pas les droits sociaux, on ne benchmarke pas les pauvres et les migrants, on ne fait pas de cost-killing à l’hôpital public !

Personne ne nous reconnaît à notre logo, à un slogan ou à une marque. On nous reconnait à nos propositions. Quelle incroyable force! Nous, nous disons “revenu universel d’existence”, nous disons “taxe sur la plus-value créée par les robots”, nous disons “burn-out reconnu comme maladie professionnelle”. Nous avons commencé à changer les mots, imaginez quelle tête ils feront quand nous changerons la vie !

D’autant que chaque jour, des leaders mondiaux, des articles de presse ou scientifiques, des citoyens que je rencontre dans le métro ou dans la rue disent : “ces idées sont les bonnes, il faut les regarder sérieusement”. Parfois, nous aurions pu mieux les expliquer, nous aurons encore à le faire. Car soyons clairs : avoir raison contre tout le monde ne nous intéresse pas, nous ne sommes pas la minorité éclairée et d’autant plus éclairée qu’elle reste toujours minoritaire…Nous croyons au pouvoir des idées et nous voulons porter nos idées au pouvoir. Parce que nous savons qu’il y a urgence.

 

Je vous parlais des mots auxquels nous tenons, des mots qui sont aussi nos combats, des mots que nous voulons faire entrer dans le réel. Si l’on vous demande comment résumer Génération.s, vous pouvez répondre trois jolis mots trop souvent malmenés : “Génération.s c’est l’Ecologie, l’Europe, l’Egalité”.

Nous sommes nés de l’urgence écologique. Nous venons, dans cette salle, d’horizons divers, mais nous avons réalisé le même cheminement vers l’écologie politique. Je vais même plus loin: lors de la dernière élection présidentielle, même si la bataille fut âpre et les trahisons nombreuses, nous avons remporté une immense victoire idéologique. Nous avons emmené la gauche vers sa révolution copernicienne écologique. C’était l’aboutissement d’une longue histoire commencée bien avant nous, notamment dès les années 1950 avec des penseurs de la technologie comme Jacques Ellul, ou encore la création des Verts dans les années 80. Ils ont ri lorsque nous parlions des perturbateurs endocriniens, des lobbys, du glyphosate déjà ! Aujourd’hui, plus personne ne rit. Et plus personne ne peut revenir sur cette transition écologique de la gauche.

L’écologie politique est la sève qui générera la gauche. Je ne crois pas à la sous-traitance d’une écologie dépolitisée par les vieux partis, ni au green-washing qui vient repeindre les vieilles idées climaticides, productivistes, qui ont déjà tant abîmé l’environnement et les humains. Nous ne croyons pas que la société sobre, décarbonée, doive s’accommoder du progrès humain. Nous croyons que c’est sa condition-même, et même la condition de la survie de l’espèce humaine. La gauche internationaliste ne peut pas se penser autrement qu’avec les millions de réfugiés climatiques menacés par le non-respect de l’objectif des 2°C. La gauche démocratique ne peut pas accepter le CETA, un énième accord contre les peuples, dangereux pour notre santé et notre agriculture. La gauche sociale doit défendre les discriminés énergétiques, les plus pauvres qui paient souvent la plus grosse facture environnementale, qu’ils paient leur essence, qu’ils soient exposés au glyphosate ou encore qu’ils travaillent dans les conditions ignobles de certains abattoirs.

Comme souvent ces derniers temps, on nous a cherché querelle, on a réduit cet engagement écologiste à des questions de listes et de postes. Alors je préfère être clair là encore: j’ai tiré toutes les leçons de l’élection présidentielle. Cela ne nous intéresse pas ! Nous ne croyons pas au repli identitaire sur les petites chapelles et les petits appareils. Nous sommes plus que jamais unitaires et nous disons à toutes les forces de gauche: “Le dialogue aujourd’hui est l’unité de demain et la victoire d’après-demain.” Une liste unie aux européennes placerait l’écologie politique en premier opposant à Macron. D’ici là, nous ferons face, en souriant s’il vous plaît, à la litanie des stratégies inavouables d’acteurs minuscules pour retarder le moment de cette unité. Mais je vous l’annonce, elle se fera cette unité en dépit des vieux appareils et de leurs professionnels de la vieille politique.

Une chose est sûre nous porterons de toutes nos forces les idées d’une nouvelle gauche écologique dans les mois qui viennent, avec des femmes et des hommes issus de tous les territoires, au trajectoires et aux cultures diverses, représentant sur le terrain les combats modernes de la gauche et des écologistes :
● contre la disparition de la biodiversité, pour un modèle agricole        écologique,
● contre la disparition des services publics, pour la reconnaissance des       biens communs,
● contre l’uberisation du travail, pour le revenu universel d’existence,
● contre les traités de libre échange, pour l’accueil des réfugiés,
● contre les discriminations, pour l’association des citoyens aux décisions qui les concernent,
● contre la souffrance animale, pour le respect de toutes les formes de vie sensible.
● contre le réchauffement climatique et pour une désintoxication urgente du dogme de la croissance.

Car il y a vraiment urgence.

Quand plus de 15 000 scientifiques lancent un appel parce qu’il y a urgence, nous ne nous occuperons pas de politique politicienne. Dans les prochains mois, nous serons toujours de ceux qui luttent contre la marchandisation du vivant et jamais de ceux qui s’occupent du marchandage des petites places. Nous préférons nous occuper de la disparition des abeilles que de rechercher le buzz ou de multiplier les piques. Quand Emmanuel Macron proclame Make the planet great again ET EN MEME TEMPS réduit les aides à l’agriculture biologique, nous avons le devoir d’être nous à la hauteur.

 

Nous proposerons donc un New Deal écologique en Europe.

Nous disons aux citoyens d’Europe : et si vous votiez enfin avec le sourire ? Depuis quand n’avez-vous pas voté pour ? Nous aimons l’Europe, moi j’aime l’Europe, et c’est une immense faute des dirigeants de l’UE d’avoir abîmé l’idée qui nous avait fait le plus vibrer depuis la Seconde guerre mondiale. Nous voulons sortir du tout-marché, mais nous ne voulons pas sortir de l’Europe, nous voulons une alter-Europe démocratique et sociale.

Les libéraux nous disent “chacun pour soi”, les souverainistes nous disent “chacun chez soi”. Nous, nous disons : nous voulons une grande gauche écologiste européenne. Pour citer à nouveau Glissant : “Agis dans ton lieu, pense avec le monde !”. Nous voulons une solution transnationale et nous la construisons;

Notre Europe, ce n’est pas vociférer contre le plombier polonais qui viendrait manger le pain du travailleur français. C’est se battre pour qu’il ait les mêmes droits sociaux, harmonisés par le haut ! C’est se battre aux côtés des femmes polonaises pour le droit à l’avortement ! C’est se battre contre le racisme et l’antisémitisme qui ressurgit, en Pologne, en Hongrie, comme chez nous ! Voilà nos combats européens !

Nous disons “Hope is back”, l’espoir est de retour. Nous voulons un processus de convention démocratique afin de réviser l’architecture européenne, y compris les traités, en y associant les citoyens européens et les corps intermédiaires. Nous laisserons-nous encore une fois, coincer entre les populistes fascistes, et les libéraux qui ont créé ces monstres. Parce que ce sont eux qui créent ces populistes par la désespérance démocratique que leurs politiques sèment au sein des peuples.

Nous voulons agir sans attendre. Avec le «Printemps européen», la nouvelle alliance européenne progressiste et écologiste que nous avons constituée avec Yánis Varoufákis, nous défendons donc un seul et même projet dans toute l’Europe. C’est le New deal écologique, pour réduire les inégalités, croissantes partout en Europe.

C’est aussi la condition pour être à nouveau entendus dans le monde. Les coups de menton d’Emmanuel Macron ne sont pas seulement ridicules: se prendre pour Louis XIV dans un monde aussi complexe ne produit aucun effet. Face à Salvini, il cède. Face à Poutine, il cède. Et j’ai bien peur que, si à l’Elysée on est très fier de communiquer sur le chien Nemo, M.Trump lui, ait choisi d’appeler son animal de compagnie Jupiter

 

La réalité, c’est qu’Emmanuel Macron n’est dur qu’envers les plus faibles.

Je le dis sans détour: je crois que le macronisme est avant tout et intrinsèquement un racisme social…Je l’ai répété plusieurs fois ces derniers jours, je veux le redire parce que le mirage n’est pas entièrement dissipé. La fête n’est pas encore achevée chez Gatsby le magnifique, ce héros trouble de Francis Scott Fitzgerald qui fascinait tant les élites.

Son idéologie peut paraître insaisissable aux Français. Il n’est évidemment pas de gauche, il le dit lui-même. Mais il n’est pas non plus gaulliste, obsédé qu’il est par la finance et les privatisations. Il n’est pas vraiment démocrate politiquement, vu son mépris du Parlement ou la loi asile-immigration.

En fait le seul fil rouge, la seule cohérence de sa pensée, c’est l’insupportable mépris des plus faibles, des pauvres, des illettrées, des sans-costards, des « riens ». Sa comparaison ignominieuse entre ceux qui se battent pour 50 euros d’APL et le sacrifice du colonel Beltrame. C’est sa politique toujours plus dure envers ceux qui sont déjà dans la difficulté: les personnes handicapées, les petits retraités, les chômeurs stigmatisés… Et je souhaite dire simplement ceci : M.Macron, quand on mange chaque jour, sur fonds publics, dans des assiettes dont chacune vaut un RSA, on évite l’indécence de critiquer le “pognon de dingu”e que coûte le RSA quand celui-ci ne permet même pas à des millions de français de manger à leur faim.

C’est un problème que le président de la France ne prononce jamais les mots de justice sociale, d’égalité, de fraternité, de redistribution. C’est pourtant simple, qu’il lève les yeux de son miroir et les pose sur le fronton d’une école ou d’une mairie ! C’est un problème que le président de la France n’aime que les riches, et se révèle en cela d’une terrible pauvreté morale. Emmanuel Macron aime les winners, c’est d’ailleurs sa caste, il la sert et avec lui elle se sert !

Nous le disions en 2017, la start up Macron n’avait pas de soutiens, elle avait des actionnaires et l’heure de la distribution de dividendes a sonné, sur fonds publics: suppression de l’ISF, de l’exit tax, des centaines de millions engloutis sans aucune contrepartie économique…il est le président d’une bourgeoisie réunifiée, qui ne fait plus semblant d’être de droite ou de gauche.

Nous serons nous, dans la patrie de l’égalité proclamée, le parti de l’égalité réelle. Encore un mot trop longtemps délaissé, renié, ignoré. Nous, nous aimons l’égalité, nous la porterons en panache. Égalité totale des femmes et des hommes, pas le féminisme cosmétique qui rend hommage à Simone Veil ET EN MÊME TEMPS bloque le congé parental en Europe. Egalité des territoires, parce que Parcoursup vient encore de nous montrer à quel point un enfant né en banlieue est discriminé dès le plus jeune âge malgré son travail et son mérite. Déjà condamné à attendre le ruissellement des places que les privilégiés lui auront laissées ! Et puisqu’on célèbre cette année Mai 68, n’oublions que la situation n’a pas beaucoup changé depuis que Pierre Bourdieu écrivait, à la même époque, les Héritiers et la Reproduction ! Egalité de formation, égalité de sécurité, égalité de logement, égalité dans l’accès à l’emploi….Egalité, évidemment, entre les générations ! Egalité, égalité, égalité, nous ne nous en lasserons jamais, parce qu’il faut bien que quelqu’un en parle, la défende, la célébre dans cette période où l’inégalité est devenue la norme !

Je terminerai par un mot sur notre avenir. Génération-s s’est dotée d’une charte, d’une démocratie interne et d’un manifeste. Il est maintenant l’heure de nous tourner entièrement, totalement, vers la société française. L’histoire que nous voulons partager avec nos concitoyens est celle de la société qu’ils mettent eux-même en mouvement. Au fond si je devais résumer en un mot le sentiment ou le tempérament qui vous, qui nous résume collectivement le mieux, ce serait la confiance. La confiance dans la commune Humanité en dépit de tout, en dépit de la démence d’un monde qui dévore ses propres entrailles, en dépit d’une époque qui exile la beauté, met en jachère les consciences, en dépit des ténèbres du fascisme, du racisme, du nationalisme et du fondamentalisme. “La folie fait le tour du globe comme le soleil, elle brille partout” nous disait La Nuit des Rois de Shakespeare. A leur folie destructrice nous opposerons la force irrésistible de notre joie et le refus de la résignation !

Nous prenons aujourd’hui un engagement, les uns vis à vis des autres et ensemble vis à vis des Françaises et des Français. Génération.s présentera le plus beau visage, celui de la France d’aujourd’hui qui pense et prépare le monde de demain. Génération.s va faire entrer, par effraction s’il le faut, dans ce jeu trop verrouillé, de nouveaux citoyens, de tous âges et de tous horizons, de tous les quartiers, de toutes les conditions. Nous les présenterons au suffrage de leurs semblables, dans cette République qui refuse de considérer tant de ses citoyens. Et ils gagneront. Ils feront gagner nos idées. Ils porteront, face un système à bout de souffle, le vent de la fraternité nouvelle. Aux Français, je dis, rejoignez cette force enfin à votre image, ici vous serez écoutés, ici vous parlerez, ici vous déciderez. Et aux puissants, je dis, attention tendez l’oreille, voilà la Génération.s qui vient !

 

Vive Génération.s,

Vive l’unité,

Vive la grande gauche écologiste européenne,

Vive l’Europe et vive la République !

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Retour critique sur la «marée humaine» du 26 mai 2018

La France connaît une vague de populisme sans précédent, un populisme qui est en train de balayer la Gauche dans toutes ses valeurs historiques, si ce n’est déjà fait.

C’est l’alliance de l’esprit individualiste et du corporatisme, avec un sens aigu de la paranoïa, un goût assumé pour les simplifications et les explications délirantes.

A chaque fois qu’on lit les discours anarchistes ou de la France Insoumise, on croit que la France est à deux doigts de l’insurrection, que la police matraque, torture et tue, que l’apartheid aurait été instauré, qu’il n’y aurait plus de droits sociaux.

La photographie suivante du 26 mai 2018, où Emmanuel Macron est présenté comme un SS, avec les « S » utilisant le logo du dollar, témoigne tout à fait de cela ; c’est le prolongement populiste de la pendaison de l’effigie d’Emmanuel Macron, de la mise au feu de sa marionnette, lors de précédentes manifestations.

Ce relativisme des crimes nazis est inacceptable ; il reflète bien d’une hystérie de gens des couches sociales intermédiaires utilisant un discours outrancier pour prétendre être les victimes absolues et les vrais protagonistes de l’Histoire.

On remarquera aussi ce qui semble bien être le drapeau israélien sur le bras droit, une allusion désormais classique dans la mouvance d’ultra-gauche et de la France Insoumise, avec cet antisémitisme classique comme socialisme des imbéciles.

C’est là en rupture avec toutes les valeurs historiques de la Gauche, et on ne s’étonnera donc pas que Jean-Luc Mélenchon, dans une interview accordée à Libération, récuse le terme de gauche.

– Pourquoi ne voulez-vous plus revendiquer le mot «gauche» ?

Il a été tellement faussé par la période Hollande…

– L’enjeu n’est-il pas alors de le réinvestir ?

Il est réinvesti par les contenus que nous mettons sur la table : planification écologique, Constituante, partage des richesses. Les idées sont des matières vivantes, elles deviennent des forces matérielles si les gens s’en emparent. Tant que le mot «gauche» signifiera «la bande à Hollande», il repoussera plus qu’il n’agrégera.

– Le mot «gauche» ne se réduit pas à Hollande ! Pour beaucoup de gens, la gauche, ça veut encore dire quelque chose…

Je suis un homme issu de la gauche. Tout notre groupe parlementaire de même. Parmi les responsables politiques, je suis sûrement celui qui a le plus écrit sur l’idée de gauche et qui l’a le plus nourrie. Je n’ai jamais dit que ça ne voulait plus rien dire !

Mais dans le combat que nous menons, il faut laisser de côté la fausse monnaie. La gauche, ça n’a jamais été la politique de l’offre ou la soumission aux traités libéraux de l’Union européenne. L’enjeu majeur de 1789 à aujourd’hui, c’est la souveraineté politique du peuple. Le mot «gauche» est né de cela ! Notre stratégie révolutionnaire, c’est la révolution citoyenne par la Constituante.

La Gauche, c’est le mouvement ouvrier, et certainement pas François Hollande… On ne raye pas plus de cent ans d’histoire, d’expériences, de lerçons comme cela! Jean-Luc Mélenchon est un démolisseur, un liquidateur, un fossoyeur.

Et il est terrible qu’il y a une capitulation face à lui, comme en témoigne la très longue liste des soutiens à son initiative de prétendue marée humaine :

Alternative et autogestion – Alternative libertaire – EPEIS -ATTAC – Climat social – Collectif des Associations Citoyennes – Collectif National pour les Droits des Femmes – Collectif La Fête à Macron – CGT – Coordination nationale de défense des hôpitaux et maternités de proximité – Convergence nationale de défense des services publics – DIDF – DIEM25 – Droit au Logement – Ecologie sociale – EELV – Les effronté.es – Ensemble – Femmes Egalité – Fondation Copernic – France Insoumise – Gauche Démocratique et Sociale – MJCF – Mouvement Ecolo – Mouvement National des Chômeurs et Précaires – Nouvelle Donne – NPA – PCF – PG – Parti Ouvrier Indépendant Démocratique – PCOF – PCRF – République et Socialisme – Résistance Sociale – Snesup-FSU – Solidaires  – Syndicat des Avocats de France  – Syndicat de la Magistrature – UEC – UNEF – Union Nationale Lycéenne (ont également appelé la FCPE et la FSU)

Mais de cela, tout le monde se fout, à part les gens liés aux syndicats et à leur corporatisme, ou bien à une sorte de romantisme anarchiste totalement hors sol. Le résultat est ainsi très clair pour la pseudo marée humaine.

La police a compté 21 000 personnes à Paris, le cabinet Occurrence travaillant pour des médias institutionnels en a dénombré 31 700, la CGT 80 000.

A l’échelle du pays, la CGT a revendiqué 250 000 personnes, le ministère de l’intérieur en a compté 93 315 (on remarquera le souci de précision).

En clair, la population française a totalement boudé cette pseudo révolte, ayant très bien compris de quoi il en retournait. Malgré le printemps et la grève des cheminots, la sauce ne prend pas, car personne n’est dupe : c’est le populisme et le corporatisme qui sont à l’oeuvre.

Ainsi que, ne l’oublions pas, le néo-libéralisme culturel, que cette photo de la sénatrice Esther Benbassa résume parfaitement. La nouvelle pseudo gauche prend entièrement l’ancienne Gauche à contre-pied sur le plan des valeurs culturelles.

C’est à cause de cela que de jeunes ouvriers vont chez les nazis, s’imaginant que la Gauche ce serait juste un néo-libéralisme où chacun peut faire ce qu’il veut, sans responsabilités ni devoirs, sans morale ni valeurs.

Une autre photographie est également emblématique : celle où un manifestant tient une pancarte où il est écrit qu’un poulet serait mieux grillé. C’est bien entendu une allusion aux policiers, avec un goût sinistrement morbide.

Cet anarchisme de pacotille – très ironique quand on voit la drapeau d’air France, depuis quand un travailleur assume le drapeau de son entreprise ? – prêterait au mieux à sourire (cela ne sera pas notre cas) si désormais la condition animale n’était connue de tous.

Culturellement, là aussi on voit bien la faillite morale et intellectuelle, au profit de la posture.

Ce populisme, cette négation du contenu, est intolérable et montre bien la nécessité d’en revenir aux fondamentaux du mouvement ouvrier.

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Roxane Lundy : « Cinquante ans après Mai 68, le PS est devenu un Ehpad »

Être de gauche signifie relever au moins d’une certaine tradition, sans même parler de vision du monde. Il y a, pour cette raison, une phrase très choquante prononcée par la présidente du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS), Roxane Lundy, dans son interview au monde. Elle dit en effet :

« Cinquante ans après Mai 68, le PS est devenu un Ehpad. »

Or, qu’est-ce qu’un Ehpad ? Il s’agit d’un établissement spécialisé, dédié aux personnes âgées dépendantes en raison de leur perte d’autonomie physique ou psychique, voire les deux. Ehpad signifie Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes.

Les personnes présentes payent 60 % du prix de l’accueil journalier qui est vraiment très cher, l’État payant 30 % et le département les 10 % restant.

Vues les conditions sociales dans notre pays, on s’imagine à quel point il y a peu de moyens et les termes qui reviennent pour présenter à grands traits la situation est couramment la suivante chez les familles : il s’agit de mouroirs, d’antichambres de la mort. L’impunité est la règle, car quand quelque chose se passe mal, il est facile de l’attribuer à la démence, la fragilité physique, etc.

Depuis un mois et demi maintenant, le personnel des Ehpad est effectivement en lutte ; la grève du 30 janvier rassemblait 31,8% du personnel, celle du 15 mars 22% du personnel des 7750 Ehpad (dont 27 % relèvent du secteur privé avec des grands groupes très bénéficiaires comme Koria, Orpea, DomusVi ; 20 % du secteur associatif).

On l’aura compris : de par cet arrière-plan, les propos de Roxane Lundy sont particulièrement déplacés. Ils sont même odieux. Non seulement ils visent à attaquer des personnes âgées sur leur âge et non sur leurs valeurs, mais en plus le rapprochement avec les Ehpad relève d’une moquerie intolérable.

Cela reflète, de la part de Roxane Lundy, non seulement une méconnaissance ou un refus de sa part de se confronter à la réalité des Ehpad, mais surtout une négation complète de faire de la politique, de raisonner en termes de contenu, de valeurs.

Quand on se différencie de quelqu’un en raison de ses opinions, on ne se moque pas de lui ; on explique de manière rationnelle les différences, on expose de manière raisonnée ce qu’on pense être les erreurs ou les fautes, on dénonce sur la base d’une vision du monde ce qu’on considère comme faux ou inacceptable.

Il s’agit de convaincre, pas de persuader ; il s’agit d’éduquer, de mobiliser, pas de faire du populisme. Mais pour refuser le populisme, encore faut-il disposer d’un certain bagage culturel, théorique, idéologique, de concepts précis, de valeurs particulières.

Ce n’est justement pas le cas de Génération.s, qui est un mouvement contournant les questions de fond et qui, en ce sens, n’est nullement différent de La France Insoumise pourtant critiquée précisément pour cela.

Cela montre bien le problème de fond de bon nombre de gens de gauche dans notre pays, qui se veulent ancrés à gauche, mais considèrent qu’il n’y a pas besoin d’organisation ni de dogmatisme et encore moins de liaisons avec la classe ouvrière. Ils considèrent comme un luxe possible et d’autant plus agréable de contourner le fait d’avoir des comptes à rendre tant en termes de valeur qu’auprès des ouvriers.

Ils vont, évidemment, jusqu’à dire que les ouvriers ne sont qu’un aspect de la société comme un autre, ce que Génération.s n’a pas hésité à faire tout récemment. Mais comment alors ne pas basculer dans le populisme, en ayant des comptes à rendre à rien ni personne ?

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Le MJS rejoint Génération-s

Selon le Canard enchaîné, si  Luc Carvounas a fait 6,36 % aux primaires socialistes pour l’élection au poste de dirigeant, c’est parce que son score a été ajusté de telle sorte par la direction actuelle afin de correspondre au score de Benoît Hamon aux présidentielles.

Les « hamonistes » avaient en effet soutenu Luc Carvounas. La réaction à cette provocation ne s’est pas faite attendre : dans une interview au Monde, Roxane Lundy, la présidente du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), a annoncé qu’elle partait rejoindre Génération.s.

Elle a également précisé que c’était le cas de 25 membres sur 30 du bureau national. C’est ce qui s’appelle ni plus ni moins qu’un putsch, car le MJS vient de tenir son congrès qui a lieu tous les deux ans !

Le 10 février, Roxane Lundy a ainsi été élue… pour ensuite valider un choix non présenté lors du congrès… Une belle opération de magouille, d’autant plus facile que lors de ce congrès, il y a eu un boycott.

Les tendances la Fabrique du changement (liée à Martine Aubry) et Agir en Jeunes socialistes (social-réformiste) n’ont ainsi pas participé au vote (soit environ 150 des 500 délégués). Les « hamonistes » ont d’autant plus eu les mains libres.

Il faut noter au passage qu’il n’est pas parlé de « tendance » – c’est trop « vieux jeu » – mais de « sensibilité » (celle de la présidente est appelée « Transformer à gauche »).

Concluons également sur le fait que le nouveau MJS tient son congrès en avril, exactement au même moment que le Parti Socialiste doit nommer son nouveau dirigeant. Ce qui n’empêche pas la présidente du MJS de parler de… « hasard de calendrier ».

C’est ridicule à un point !

Voici l’interview au Monde, la décision n’étant annoncée ni sur le site internet du MJS, ni sur son facebook, ni sur son twitter.

Pourquoi quittez-vous le PS ?

Je quitte le PS sans haine, c’est un désaccord politique. Je fais le choix avec des milliers de jeunes socialistes de partir, car je considère que le Parti socialiste n’est pas l’outil qui permettra de transformer la société. J’ai voulu croire que l’esprit de synthèse d’Epinay pouvait encore exister, que le PS allait comprendre les échecs du précédent quinquennat, qu’il allait se remettre en question, mais ce n’est pas le cas.

En avez-vous parlé avec Olivier Faure, le futur premier secrétaire du PS ?

Je n’ai pas encore eu l’occasion d’en parler avec lui. Je l’ai félicité pour son élection, je lui ai proposé un rendez-vous, mais je n’ai pas encore eu de suite. Aujourd’hui, nous avons un désaccord politique avec sa ligne et celle de Stéphane Le Foll arrivé deuxième. Nous ne parlons plus la même langue. Je pense que le PS n’est pas en mesure de se relever.

Partez-vous avec le nom et le logo du MJS, aujourd’hui rattaché au Parti socialiste ?

Le Mouvement des jeunes socialistes va prendre son indépendance vis-à-vis du PS. Je le dis simplement, ce n’est pas une question d’étiquette. Si des sociaux-démocrates ou sociaux-libéraux veulent un outil de jeunesse pour continuer à s’engager au sein du PS, je n’y vois pas de problème. Nous leur laisserons le nom s’ils le souhaitent.

Resterez-vous à la tête du mouvement ?

Je reste présidente et je deviens militante de Génération.s. L’objectif est de faire une réforme statutaire lors de notre prochain congrès. Je ne serai plus salariée du PS, nous ne toucherons plus d’argent du PS, nous ne dépendrons plus d’eux.

Le congrès du MJS à Bondy (Seine-Saint-Denis), le 10 février, au cours duquel vous avez été élue est contesté. Plusieurs militants dénoncent des fraudes. Que répondez-vous à ceux qui contestent votre légitimité ?

Je vis très mal ces accusations. Ce congrès s’est passé dans les règles. Ma sensibilité l’emporte à une très large majorité : 70 % des voix. Il y a eu des enjeux qui nous ont dépassés et qui sont le fruit de désaccords politiques. Je veux tourner cette page.

Avez-vous eu des discussions avec Benoît Hamon avant de prendre cette décision ?

Benoît Hamon ne m’a pas démarchée. Je constate qu’il y a une dynamique derrière lui. Je lui ai annoncé que je le rejoignais. Il voit cela d’un bon œil. L’objectif est de se mobiliser pour changer l’avenir. Cinquante ans après Mai 68, le PS est devenu un Ephad.

Vous organisez un congrès le premier week-end d’avril, date du 78e congrès du PS où Olivier Faure doit être intronisé, est-ce une façon de venir le perturber ?

Non. C’est un hasard de calendrier. Nous allons créer une dynamique avec Génération.s. On prévient à l’avance, ce n’est pas un mauvais coup ni un règlement de compte. Je pars tranquille vis-à-vis du PS et je respecte les sociaux-libéraux et démocrates.

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Génération.s et le tirage au sort de son « Conseil des Membres »

La modernité à tout prix n’est pas une bonne chose si cela signifie perdre toute caractère accessible, démocratique, surtout pour suivre la mode. Comment faut-il écrire par exemple le mouvement fondé par Benoît Hamon : « génération.s », « génération-s » ?

Ce serait une anecdote si cela ne reflétait pas une fascination pour le « moderne », le « en mouvement », au mépris des traditions historiques du mouvement ouvrier. Hier s’est réuni ainsi « le Conseil des Membres » de « génération.s », ou « génération-s », comme on le voudra.

Mais ces membres n’ont pas été élus, ils ont été tirés au sort, ce qui est présenté comme « la démocratie en mouvement ». La démocratie en mouvement, c’est donc l’absence de démocratie ! Car normalement, des membres représentant un mouvement sont élus, après des échanges, des débats, un vote, une majorité.

La forme répond au contenu, alors que là, le tirage au sort laisse au hasard ce qui relève de la démocratie dans un cas normal.

On pourrait arguer que c’est là un souci de renouvellement de la part d’un mouvement jeune. Sauf qu’une liste de critères est venue pondérer le tirage au sort, comme lorsqu’une coupe du monde de football avec les coefficients de victoires, les zones géographiques, etc.

On a eu ainsi, pour pondérer le tirage au sort de « génération.s », les critères suivants pris en compte :

– la parité entre femmes et hommes ;

– la mixité des âges ;

– la représentation territoriale ;

– la diversité des catégories socio-professionnelles.

Tous ces critères sont absurdes. Tout d’abord parce qu’il est évident qu’un mouvement de gauche est, ou plutôt devrait, être surtout composé d’ouvriers. A moins de nier les classes sociales et l’histoire du mouvement ouvrier, c’est une évidence.

Tout le monde sait très bien en plus que, malheureusement, il y a une grande différence de conscience de gauche selon les territoires. Des gens de gauche de Bretagne ou du Nord représentent davantage de choses que des gens à Lyon ou Bordeaux, par exemple.

La mixité des âges est absurde également, parce que normalement un mouvement de contestation de valeurs du passé a toujours davantage de jeunes que de gens plus âgés, par esprit de rupture faisant défaut chez ceux ayant fini par accepter les règles.

Enfin, la parité entre hommes et femmes ne se décrète pas, elle se conquiert et un grand travail est à mener sur ce plan. Tout le monde sait bien que les femmes évitent largement l’engagement politique, tout en étant plus que largement majoritaires en certains domaines, comme par exemple la protection des animaux.

Alors, bien sûr, le tirage au sort est là surtout pour masquer que génération.s » n’est qu’une coquille vide sur le plan des idées. Ayant quitté le Parti socialiste, Benoît Hamon a choisi de rompre avec toute la tradition historique de la gauche et de passer dans camp de la « modernité ».

Mais cette modernité, c’est celle du monde des entreprises, avec le choix des consommateurs et l’apparence comptant plus que tout. C’est le refus du principe d’organisation, de conscience, d’idées, du principe de responsabilité.

Au lieu d’en revenir à ces fondamentaux – qu’on peut résumer comme la forme démocratique pour de réels débats d’idées comme fond – « génération.s » s’avère être un dépassement moderne qui est plus proche d’Emmanuel Macron qu’autre chose dans son style. C’est un échec.