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Départ d’une partie de Génération-s à EELV

La déchéance touche à sa fin.

Lorsque Génération-s a été mis en place par Benoît Hamon, l’idée était de reconstruire à Gauche en profitant de la mouvance socialiste pour développer des idées partant de la base. Lors de la journée de fondation à Vincennes, en banlieue parisienne, en juillet 2017, les gens autour de Benoît Hamon n’ont rien proposé : ils ont demandé aux gens ce qu’ils pensaient, ce qu’ils souhaitaient.

Malheureusement, de par la composante sociale des gens autour de Benoît Hamon (et de lui-même), cela s’est transformé en une sorte de petit carriérisme bourgeois sans envergure. Benoît Hamon lui-même abandonnait le mouvement en mai 2019, devenant candidat aux régionales de 2021 pour Europe Ecologie Les Verts pour rejoindre dans la foulée une entreprise visant les migrants à fort potentiel entrepreneurial.

Génération-s s’était entre-temps mis dans l’orbite d’Europe Ecologie Les Verts – il s’agit des mêmes bobos – avant qu’une partie pousse justement la logique jusqu’au bout, comme l’explique cette tribune en ce début juillet 2022.

Génération-s aurait pu être la critique de gauche de l’échec historique du Parti socialiste, cela aurait été une critique par la droite… EELV est désormais entièrement pro-OTAN en effet, rejoindre un tel mouvement en ce moment n’est même pas de la capitulation par rapport aux valeurs de gauche, c’est carrément aller aider la superpuissance américaine dans l’installation de forces lui étant asservies sur le plan des valeurs et des propositions.

Idéologiquement c’est d’ailleurs la tentative de former un Parti Démocrate à l’américaine, en mode Europe fédérale, écriture inclusive et LGBT, modernisation du capitalisme et neutralisation sociale – pacificatrice des contradictions, etc. Ces gens se disent de « gauche » mais leur modèle c’est le centrisme historique ayant existé en France dans les années 1950, en mode pro Union européenne inféodée aux États-Unis, modernisation et accompagnement social de celle-ci. Ignoble !

« Pelouse de Reuilly. 1er juillet 2017. Des personnes aux parcours politiques variés se retrouvent à l’invitation de Benoît Hamon. Elles sont nombreuses. Certaines sont socialistes, écœurées par le quinquennat Hollande qui vient de s’achever. D’autres sont écologistes et ont fait le pari courageux d’un rassemblement autour d’un candidat et d’un projet qui, pour la première fois, portent les questions environnementales et sociales ensemble avec la même ambition.

Nombre n’ont eu jusqu’alors aucun attachement partisan mais ont répondu à l’élan démocratique issu d’une primaire ouverte à laquelle des millions de Françaises et Français ont participé, partageant l’espoir d’une candidature audacieuse portant un projet de profonde transformation de la société et répondant aux enjeux réels de notre pays par des mesures innovantes : revenu universel, lutte contre les perturbateurs endocriniens et la taxe robot notamment. 

Elles ont en commun d’avoir voulu créer un futur désirable pour la France. Un futur désirable offrant un horizon de sortie de la société de consommation vorace et mortifère qui accumule toujours plus de profits en exploitant les ressources de la Terre et la force humaine de travail.

Un futur désirable dont l’étendard est celui du revenu universel, incarnant la sortie de la pauvreté, un revenu digne tout au long de la vie, une aspiration à retrouver du sens en mettant le travail à sa juste place et en reprenant le pouvoir sur notre vie et notre rapport au temps. Surtout, il permet d’envisager les mutations profondes que nécessite la transition écologique et à la rendre acceptable pour l’immense majorité d’entre nous.

Une grande partie des participantes et participants de la pelouse de Reuilly ont traduit cette histoire dans une aventure un peu folle : celle de créer un nouveau parti politique à partir de rien, ou plutôt à partir d’un projet ayant structuré le débat public le temps d’une présidentielle et du rêve puissant d’unir les familles issues de la gauche et de l’écologie. 

Un peu partout en France et au-delà. Juillet 2022 

Cinq ans ont passé depuis la pelouse de Reuilly. Cinq ans d’un quinquennat dévastateur pour les droits sociaux et les pratiques démocratiques de notre pays.

Cinq années durant lesquelles les conséquences du réchauffement climatique sont devenues plus visibles et fréquentes. Mais si le consensus est réel sur l’enjeu climatique, la bataille commence seulement sur la manière de conduire et de financer la transition écologique. Nous proposions par le revenu universel d’instaurer un nouveau droit social permettant d’affronter les crises. La COVID-19 avec la mise en place du « Quoi qu’il en coûte » a balayé les critiques le qualifiant d’utopique. Mais un autre projet, théorisant la croissance verte comme réponse à tous les maux, a été choisi.

Nous sommes conscient.e.s qu’il est plus facile d’adhérer à un projet promettant de ne pas changer, de ne pas faire d’effort et de garder coûte que coûte les repères du modèle productiviste. C’est vrai pour la minorité qui a accumulé assez de richesses pour faire face aux crises à venir. C’est faux pour celles et ceux qui ont vu leur pouvoir de vivre s’amoindrir depuis de nombreux mois et qui sont les premières victimes du réchauffement climatique. 

Alors, notre premier défi est de convaincre que la majorité d’entre nous vivra mieux dans une société de la sobriété, adaptant son modèle économique au fait que les ressources sont limitées et que nous avons atteint ces limites. Cela pose avec une acuité nouvelle la question de la répartition juste des fruits de l’exploitation de ces ressources.

Tout au long de ces 5 dernières années, nous avons œuvré à incarner ce trait d’union entre les combats de la gauche et des écologistes, pour finalement voir aboutir l’accord historique de la NUPES pour les élections législatives. Nous avons pris acte de la demande des électrices et électeurs de voir notre camp se rassembler.

Nous avons mis notre énergie à ce que cette union s’incarne dans des campagnes communes permettant de susciter le plus d’espoir possible. Nous y avons vu les prémices d’un nouveau cycle : celui de la recomposition du camp progressiste après dix ans de décomposition et d’essoufflement lié à la démultiplication des partis du camp du progrès. 

Les défis que notre camp social a à affronter sont tels que nous avons besoin d’une force politique regroupant des milliers de personnes, dont la vitalité démocratique repose sur la qualité de son débat politique, dont les membres impulsent de nouvelles solidarités à l’image des coopératives. 

Aujourd’hui, il ne reste pas grand chose à Génération.s de l’élan de 2017. Pas de campagne depuis 2 ans pour convaincre de la nécessaire sobriété et du revenu universel. Une inconstance stratégique, avec la mise à mal du rassemblement autour du pôle écologiste au moment de l’accord pour les législatives; une orientation pourtant approuvée massivement par les militant-es pendant la dernière convention.

Moteurs pour faire vivre le pôle écologiste dans leurs territoires, les militantes et militants de Génération.s ont été laissé.es dans l’incompréhension totale face à cette décision. Dans le même temps, l’absence de souffle démocratique, des instances ne parvenant pas à répondre à l’aspiration originelle de promouvoir la diversité et la formation militante, ont conduit à de nombreux découragements. 

Génération.s est devenu trop étroit, dénué de projet politique distinctif, et ne parvient plus à justifier de son utilité à terme. Pour notre part, nous souhaitons continuer à marcher sur nos deux jambes que sont : la justice sociale et la réponse au défi climatique.

Or, ce projet politique existe et nous y avons toute notre place : c’est celui de l’écologie politique porté au sein d’EELV. Nous l’avons suffisamment appris, construit et partagé à leurs côtés depuis deux ans en menant des campagnes communes à toutes les échelles locales et nationales. 

Construire la suite : au sein d’EELV 

Nous savons qu’au sein d’EELV nous pourrons porter les idées que nous avons défendues à Génération.s. Nous nous engagerons pour une écologie populaire, tournée vers les personnes précaires, premières victimes de la crise climatique.

Nous construirons le renouveau démocratique pour rajeunir nos institutions et mettre les habitantes et les habitants au cœur des décisions qui les concernent. Nous nous battrons pour l’équité territoriale afin d’offrir dans les quartiers populaires et dans les milieux ruraux une autre voie que celles de l’abstention, du rejet de la politique ou de la haine portée par l’extrême-droite.

Nous militerons pour une nouvelle Europe fédérale qui remet l’humain au cœur de son projet politique, en première ligne de la lutte contre le réchauffement climatique, avec la primauté du principe de solidarité et un fédéralisme du mieux-disant écologique, social et démocratique. Nous défendrons également la mise en place d’un Revenu Universel d’Existence, pierre angulaire de la prise en compte des enjeux nouveaux du XXIème Siècle.

Alors, cinq ans plus tard, nous militant.es, élu.es, responsables politiques issu.es de Génération.s soufflons une dernière fois les bougies de notre engagement dans ce parti. En rejoignant EELV, nous partons pour une aventure nouvelle, riches de rencontres, riches d’une expérience démocratique, riches d’une conscience plus aiguisée que l’écologie politique est l’alternative au libéralisme. 

Nous partons aussi en gardant l’espoir porté au sein du pôle écologiste : celui de devenir une force partisane offrant de nouvelles perspectives pour l’écologie politique. C’est pourquoi nous décidons d’accompagner et de rejoindre la dynamique initiée par EELV, celle d’un dépassement et d’une refondation avec l’ambition de défendre une société plus juste, plus respectueuse et portant un véritable projet d’avenir. »

Les premiers signataires : 

Ameris Amblard 

Pierre-Yvain Arnaud

Maxime Auger

Françoise Benaïm 

Sabrina Benmokhtar

Setni Baro

Alain Blanc

Alice Bosler

Sophie Boussemart

Nicolas Braemer

Maïtena Bru

Ghislain Cabayot

Gaëlle Capitaine

Jean-Michel Mischa Cazeaux

Sandrine Charnoz

Amélie Cohen-Langlais 

Emmanuelle Cretin-Magand

Marianne Cuoq

Tanguy Dassonville

Elliot de Faramond

Joséphine Delpeyrat

Danielle Depierre-Martin

Chérif Diallo

Sylvie Dumas

Gérald Elbaze

Thomas Franck 

Nicolas Garcia

Julie Godichaud

Dominique Guillou

Loreleï Guys

Popée Guys

Reine Guys

Denis Haudebault 

Frédéric Hocquard   

Sylvain Indjic   

Mathieu Kerbouche

Ronan Kerguiduff

Arthur Lacour

Sébastien Lagrave

Marie-Charlotte Latour

Clarisse Leclair

Jean Mariaud

Nathalie Maquoi

Laila Megharbi

Marc Mejean 

Félix Mésonnier

Marthe Nagels

Patrick Nana

Stéphane Pfeiffer

Agathe Pigneux

Sylvie Poupon

Bastien Recher

Michaël Ristic

Lucile Robert

Marie-Dorothée Schmidt

Pascale Seux

Fausto Sinigaglia

Laura Slimani

Guy Tabacchi

Jean-Daniel Thumser

Anaïs Touzet

Laurent Touzet

Arthur Wolff

Dan Zisso

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Benoît Hamon trahit la Gauche pour EELV

L’opportunisme pro-EELV se généralise sans états d’âme.

Benoît Hamon sera candidat en juin pour les régionales sur la liste Europe Écologie-Les Verts. Ce sera dans les Yvelines et il sera même en seconde position, juste derrière Julien Bayou.

Naturellement, Benoît Hamon justifie cela en disant qu’il faut davantage d’écologie, qu’il faut une majorité clairement écologiste. Dans une interview accordée au Parisien, il assume cependant au détour d’une question ce qui est le réel arrière-plan : la liquidation de la Gauche par l’intermédiaire d’EELV.

« Vous ne craignez pas de vous faire vampiriser par Les Verts ?

Si l’on peut se diriger vers la création d’une grande formation écologiste et sociale, moi, comme Génération.s, nous nous en réjouirions. Il n’y a rien d’indépassable entre nous, le PS, les Verts et les Insoumis. »

Benoît Hamon précise d’ailleurs qu’il soutiendra le candidat de rassemblement prenant en compte son programme de revenu universel. Cela sera donc EELV.

Comment en est-on arrivé là ? C’est assez simple : Benoît Hamon est sympathique et sincère, mais il vit en bourgeois et Génération-s est composé de bourgeois. Le résultat en a été que la scission à gauche du Parti socialiste se ramène à un retournement par la liquidation. Incapable d’assumer l’orientation vers la Gauche historique, il y a l’attirance naturelle vers les valeurs post-modernes, une « écologie » pour relancer le capitalisme qui serait humanisé, etc.

Le principe du revenu universel relève tout à fait de cette approche individualiste. Il est né à l’origine dans la gauche italienne issue de l’Autonomie Ouvrière des années 1970, qui espérait dépasser le capitalisme en instaurant une sorte de communisme immédiat par le revenu universel.

Il a été repris par toute une flopée d’intellectuels de la « seconde gauche » (c’est-à-dire non liée au mouvement ouvrier), puis même par des courants ultra-libéraux de la Droite comme moyen de supprimer en échange la sécurité sociale et les assurance-chômage. Car, dans l’idée, on a une atomisation complète de la société, une société qui n’est d’ailleurs même alors plus qu’un simple mot pour désigner une myriade d’individus séparés les uns des autres, vivant chacun « différemment ».

Cependant, au-delà de cette question, ce qui compte c’est la réalité politique et il faut dire les choses comme elles le sont. Benoît Hamon poignarde la Gauche. N’ayant pas réussi à mettre en place une formation de gauche assez puissante, Benoît Hamon procède à une vente à la découpe au profit d’EELV. Les dernières élections internes de Génération-s reflètent bien ce processus.

EELV a en effet un objectif stratégique : former un appel d’air pour siphonner les cadres de la Gauche, en présentant les élections présidentielles comme incontournables et en disant que seul un candidat EELV peut parvenir à quelque chose.

C’est en appeler à l’opportunisme. C’est la lutte des places au lieu de la lutte des classes. Benoît Hamon s’est vendu tôt : il aura une bonne place. Pour EELV, il sert de poteau indicateur au reste de la Gauche : pour exister, venez à nous. Entre EELV et les populistes de La France Insoumise, la Gauche est d’ailleurs en train de se faire broyer.

Cela souligne d’autant plus la nécessité de défendre les fondamentaux et de ne pas se laisser contaminer par l’opportunisme et le populisme. Surtout à une époque où l’extrême-Droite avance à grands pas ! EELV ne fait pas le poids face au nationalisme et au militarisme et La France Insoumise n’en est qu’une sorte de variante ultra-sociale.

C’est vers le mouvement ouvrier et son histoire qu’il faut se tourner, pas vers EELV. Quant à l’excuse de l’écologie, elle ne tient pas une seule seconde. Car l’écologie passe aussi par la question animale et cette question est tellement subversive qu’elle porte directement en elle un conflit de classe. Ce n’est pas pour rien qu’EELV ne peut pas réellement en parler.

La question animale, l’écologie… c’est la question de la vision du monde pour une société entièrement nouvelle, où tout a été transformé. C’est quelque chose d’envergure. C’est donc quelque chose qui ne peut être porté que par la classe ouvrière.

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Benoit Hamon lance SensTV

Benoit Hamon a annoncé le lancement d’une plateforme streaming nommée SensTv, avec comme slogan « mettons-nous d’accord sur nos désaccords ! ». L’accès est payant, avec un abonnement « sans engagement » à 4€99 par mois.

Voici la lettre de présentation :

« Cher.e.s toutes et tous,

Au croisement d’une année éprouvante et d’une année nouvelle que nous voulons fabriquer plus juste, écologique et bienveillante, je vous annonce que je me lance dans une aventure inédite avec ma chaîne SensTV.

À travers un média qui donne une grande place à l’intelligence collective, à l’argumentation, à la science, à la rigueur intellectuelle, j’ai choisi de poursuivre différemment et compléter une vie d’engagements. SensTV est l’antidote aux chaînes infos et aux réseaux sociaux qui rugissent du tumulte des polémiques et des préjugés.

Témoigner des injustices, montrer des solutions, changer la perspective, ouvrir des débats pour infléchir la trajectoire au désastre vers laquelle glissent nos sociétés productivistes et liberticides, voilà la raison d’être de SensTV.

SensTV est surtout une chaîne qui propose de ralentir le temps, de nous asseoir pour réfléchir, de nous arracher à la tyrannie de l’urgence et de voir si nous pouvons nous mettre d’accord sur nos désaccords.

Joyeuses fêtes de fin d’année à chacun.e d’entre vous.

Fidèlement.

Benoît Hamon »

La plateforme est disponible ici : senstv.fr

Sont déjà mis en avant des « grands entretiens » vidéos, ce qui donne une idée du contenu et de l’orientation du projet :

« 1er Grand Entretien avec Nora Lakheal

Je reçois Nora Lakheal pour le premier entretien sur le thème « La police et la République ». Cette officière est la première femme à avoir rejoint les renseignements généraux, au sein du « groupe islam radical » de la Section Opérationnelle et Recherche Spécialisée (SORS).

2ème Grand Entretien avec Mgr. Matthieu Rougé

Pour le second entretien, j’ai choisi d’échanger sur « Le travail et le christianisme ». J’ai reçu pour cela Mgr. Matthieu Rougé, Évêque de Nanterre et membre du conseil permanent de la conférence des Évêques de France.

Prochains invités pour les Grands Entretiens de janvier :

Lilian THURAM

Alice COFFIN

Michel-Edouard LECLERC »

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Déclaration commune des forces de gauche et écologistes en soutien au secteur culturel

C’est une courte déclaration, mais elle est lourde de sens politique puisqu’elle est signée par de très nombreuses forces (EELV, Génération-s, PCF, PRG, Place publique, PS), indiquant un certain sens unitaire en prévision des prochaines présidentielles.

Voici la déclaration :

« Déclaration commune des forces de gauche et écologistes en soutien au secteur culturel.

Mardi 22 décembre 2020

Depuis mars dernier le milieu culturel vit un véritable choc. Ces derniers jours, suite à la forte mobilisation de tout le milieu culturel, il nous est apparu essentiel, à nous, forces de gauche et écologistes, de nous unir pour exprimer d’une voix unanime notre soutien total et notre solidarité à ce secteur profondément meurtri par la crise actuelle.

Nous appelons le Gouvernement à changer de toute urgence sa gestion, de permettre la réouverture des lieux culturels dans le respect d’un protocole sanitaire établi et surtout de porter une véritable considération à la culture, à la création artistique et à tous les professionnels qui la font vivre.

La culture et la création artistique sont absolument essentielles à l’esprit et au cœur de chacune et chacun d’entre nous. La culture est la gardienne de notre cohésion sociale et républicaine. Elle sera toujours la première à nous élever au rang de personnes libres, ouvertes et éclairées. C’est pourquoi nous revendiquons des mesures proportionnées, pour que la culture puisse s’exprimer librement et pleinement. »

Europe Écologie Les Verts

Génération.s

Parti Communiste Français

Parti Radical de Gauche

Place publique

Parti Socialiste

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Génération-s refuse à sa convention de devenir le satellite d’EELV

Génération-s a fait voter ses membres et la liste prônant une alliance avec EELV, et non une satellisation, l’a emporté.

Génération-s a trois ans, ayant été fondé en 2017, et cela semble être une éternité tellement le monde change. Il n’y avait guère de monde et encore moins d’organisation sur la pelouse de Reuilly à Paris pour l’acte fondateur, mais Benoît Hamon qui en était à l’origine a réussi son pari : pérenniser un mouvement post-socialiste (avec notamment une large partie des Jeunes Socialistes).

Benoît Hamon a fini par se mettre formellement en retrait, tout en continuant ses activités en faveur du revenu universel. Ce sont Guillaume Balas et Claire Monod qui ont tenu la barque alors, les deux étant à l’origine de deux motions s’opposant à la convention en ligne venant de se tenir à la fin novembre 2020.

Cela donne 69,94% de voix à la motion Utile.s pour l’avenir et 26,29% à Pour que l’écologie rassemble la gauche (avec 3,78% de votes blancs). Naturellement, le vote pour le binôme de coordination nationale est strictement équivalent : Benjamin Lucas et Sophie Taillé-Polian ont reçu 71,26% des voix, Frédéric Kalfon et Claire Monod 23,69%, avec 5,05 % des voix.

Cette élection a été marquée par deux scandales internes. Tout d’abord, une troisième liste a abandonnée une semaine avant le vote, pour soutenir Benjamin Lucas et Sophie Taillé-Polian, ce qui laisse l’idée amère que c’était prévu afin de ratisser plus large. Enfin, Benjamin Lucas et Sophie Taillé-Polian ont eu 24h avant le début du vote le soutien de Benoît Hamon.

On l’aura compris, le binôme ayant gagné avait le soutien de la direction. Il faut dire qu’il n’est pas bien difficile de comprendre que le binôme perdant roulait pour EELV. En effet, la première motion se revendique de la Gauche et elle assume l’écologie, alors que la seconde se revendique de l’écologie et assume d’être de gauche.

Ou, pour dire les choses plus franchement, les deux sont d’accord pour placer Europe Écologie les Verts au centre, mais les premiers veulent l’indépendance et une alliance avec l’espoir d’être le pôle de gauche et prendre la place du Parti socialiste, les seconds acceptent d’être un satellite d’EELV lors de son dépassement prévu pour les présidentielles.

On lit dans la première motion :

Ecologistes assumé.es, nous nous revendiquons sans complexe de la Gauche​, parce qu’elle est l’héritage mêlé des Lumières et des mouvements ouvriers, au cœur des avancées démocratiques les plus importantes de notre pays, de l’abolition de l’esclavage à celle de la peine de mort, du suffrage universel sans discrimination de genre à la liberté de la presse. Nous nous inscrivons dans un héritage de deux siècles de conquêtes sociales, de la limitation de la journée de travail à 10h aux congés payés, du salaire minimum à la semaine de 35h (…).

Génération.s est le mouvement de gauche qui pense le monde qui vient, là est notre force collective. Alors que les partis “traditionnels” sont encore divisés sur la rupture avec le productivisme, notre mouvement s’est construit précisément autour de l’hybridation entre pensée socialiste et écologiste, notamment à travers un rapport au travail fondamentalement différent, et la mise en place du Revenu Universel d’Existence. Nous portons les germes de la Gauche écologiste de demain.

Notre identité, c’est l’unité. Aujourd’hui, nous faisons le constat que l’écologie politique, et EELV singulièrement, doit occuper une place centrale dans la recomposition. L’écologie remet au centre du jeu le clivage gauche-droite et remet l’humain et la planète au cœur des projets politiques.

On lit dans la seconde motion :

L’écologie politique est devenue une force majeure, l’injonction à agir une priorité populaire et citoyenne qui embrasse les valeurs fondamentales de la gauche et invite à la reformulation des enjeux, des moyens et du projet. Le moment est venu (…).

Nous proposons de valider le principe d’engager Génération.s dans la fondation avec l’ensemble des mouvements écologistes, d’un nouveau mouvement de la gauche réinventée, la maison commune de l’écologie, sociale, solidaire, populaire et démocratique (…).

Pour Génération.s l’achèvement de ce dépassement devra necessairement se concrétiser par la consultation des adhérent.es pour la création d’un nouveau parti, la maison commune, fondée sur l’écologie sociale qui constituera le socle du champ progressiste pour les décennies à venir.

Génération-s s’est en fait préservé d’une liquidation. On ne peut que se réjouir que des gens se revendiquant de la Gauche tiennent le choc face à ceux qui veulent diluer la Gauche dans… on ne sait pas trop quoi. On notera toutefois que ce on ne sait pas trop quoi a des aspects très sympathiques : il y a un vrai souci écologiste et c’est une bonne chose. Et le souci est que Génération-s entend combiner la Gauche et l’écologie en assumant, sans le dire, les thèses des années 1970-1980 de la CFDT, du PSU, de l’Alternative Rouge et Verte, des Alternatifs… c’est-à-dire les thèses de ce qu’on appelle historiquement la « seconde gauche ».

Génération-s pare ainsi au phagocytage d’EELV en rompant par la droite avec le Parti Socialiste ; on l’aura compris, il ne s’agit pas du tout d’un retour vers la SFIO et le mouvement ouvrier, les luttes de classe et le Socialisme. On est dans une critique intellectuelle du capitalisme, à l’image des gens de Génération-s, qui sont sympathiques, mais foncièrement bourgeois, avec un côté mi-bobo mi-endimanché. Dans un contexte de crise en expansion, on peut estimer que cela ne suffira pas.

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Communiqué de Génération-s «L’unité par la preuve»

Voici le communiqué de Génération-s, qui propose ni plus ni moins que d’accepter la tentative « écologiste » de torpiller la Gauche en validant la prétendue voie singulière de synthèse entre l’écologie politique et le social. C’est un discours strictement équivalent à celui d’Olivier Faure du Parti socialiste, avec l’idée de se ranger derrière EELV, en espérant faire son trou au sein de cette nouvelle dynamique politique.

« L’unité par la preuve : Génération·s au coeur de rentrées unitaires pour construire l’alternative écologiste et sociale

Après le succès des journées de rentrée de Génération·s à Villejuif en septembre dernier (800 personnes venues de toute la France) qui avaient rassemblé toutes les formations politiques de la gauche et de l’écologie, mais aussi des dizaines de représentant·es de la société engagée et du monde intellectuel pour débattre des solutions à apporter aux urgences du présent et aux défis du futur, Génération·s fait le choix de s’inscrire dans plusieurs démarches unitaires à la rentrée :

 – Les journées d’été des écologistes, avec EELV et ses partenaires pour amplifier la dynamique de l’écologie sociale et la mettre en situation de conquérir et d’exercer le pouvoir avec le reste de la gauche et avec la société engagée (du 20 au 22 août 2020).

 – Le Festival des idées, animé par Christian Paul et Guillaume Duval, autour de dizaines d’intellectuels, de syndicalistes, de militantes et de militants des combats communs à la gauche et aux écologistes (du 3 au 5 septembre 2020).

 L’initiative commune qui vise à rassembler la gauche et les écologistes pour faire gagner l’alternative au duo-duel Macron / Le Pen et inventer le monde d’après la crise (à l’automne).

Nous répondrons également présent·es à toutes les invitations qui nous seront formulées par des mouvements de gauche et écologistes pour participer comme invités à des discussions constructives.

Bien évidemment, Génération·s fera entendre dans tous ces rassemblements et dans ses propres initiatives sa singularité et ses propositions innovantes et audacieuses pour la transformation écologique, le partage des richesses, le changement de modèle économique et social, l’éducation, la culture, la démocratie.

Alors que nous nous apprêtons à adopter notre « projet de société » au terme d’un processus citoyen participatif, nous voulons franchir un cap nouveau dans l’unité en préférant des rentrées politiques collectives à des séquences solitaires et concurrentes. Génération·s organisera également ses propres événements publics à l’automne afin de décliner la voie singulière de synthèse entre l’écologie politique et le social. »

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Le site nosretraites.org par des partis de gauche

De nombreux partis et organisations de gauche ont lancé le site nosretraites.org, sur lequel sont faites des propositions unitaires sur la question des retraites et en opposition à la réforme gouvernementale.

Le site nosretraites.org est une plateforme commune, dans un style gestionnaire typiquement keynésien, avec une orientation sociale. Cela ne soulèvera probablement pas les foules et ne fera rêver personne, mais en attendant la démarche a le mérite d’exister et de rassembler assez largement.

Les organisations signataires de ce site et des propositions qui y sont formulées sont :

Ensemble, Europe Écologie-Les verts, Gauche démocratique et sociale, Gauche républicaine et socialiste, Génération-s, Les Radicaux de gauche, Nouvelle donne, PCF, Parti socialiste, Place publique, Pour une écologie populaire et sociale, République et socialisme, ainsi que Union des démocrates et écologistes.

Six « piliers concrets » sont formulés. On notera cependant qu’à défaut d’être véritablement « concrets », ils consistent surtout en une formulation inverse à la réforme gouvernementale, de manière quasi-symétrique  :

1- Améliorer le système par répartition ;
2- Garantir un droit à la retraite en bonne santé, pour toutes et tous ;
3- Une règle d’or (assurant la parité du niveau de vie entre les retraités et les travailleurs) ;
4- Meilleure prise en compte de la pénibilité ;
5- Une retraite minimum au niveau du SMIC ;
6- Réaliser l’égalité femmes-hommes.

Six « pistes de financement » sont également formulées. Là encore, ce n’est pas le « grand soir » de la lutte des classes, mais des mesures gestionnaires assez floues, n’engageant finalement à pas grand-chose :

1- mobiliser le fonds de réserve des retraites (un fonds d’investissement sur les marchés financiers, tout comme le très critiqué Blackrock, mais en version « public », c’est-à-dire géré par l’État) ;
2- assurer la compensation financière de l’État à la Sécurité sociale pour les pertes de recettes liées aux mesures d’exonérations de cotisations sociales ;
3- réflexion sur l’élargissant l’assiette de financement aux revenus du capital, et en particulier aux revenus financiers ;
4- maintien de la cotisation à 28,1 % jusqu’à 27 000 € de revenus par mois ;
5- création d’emplois, notamment dans les services publics
6- augmentation des salaires et l’application réelle de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes

Le site est à retrouver à cette adresse : nosretraites.org

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Municipales: la Gauche rassemblée vote aujourd’hui et demain à Marseille

Il y a une large initiative d’union de la Gauche à Marseille en vue des municipales, sous le nom de Printemps marseillais. Après le retrait de la candidature de Benoît Payan du Parti socialiste dans un esprit unitaire, c’est l’écologiste Michèle Rubirola qui devrait mener la liste électorale. 4000 signataires de l’appel doivent valider aujourd’hui et demain par un vote le nom des 15 membres de l’équipe chargée d’animer la campagne.

Le processus d’unité de la Gauche à Marseille est très vif depuis plusieurs mois, avec différentes initiatives ayants convergé comme nous l’expliquions dans un article précédent. Il faut dire que la ville a pendant longtemps eu une identité populaire, avec beaucoup de maires de gauche durant le XXe siècle et que son passage à Droite depuis 1995 est devenu toujours plus insupportable, parallèlement à tout un tas de pratiques mafieuses gangrenant la ville.

L’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne faisant mort 8 morts et 2 blessés a provoqué un électrochoc à Marseille, commune la plus peuplée après Paris, qui a agi comme une sorte de catalyseur de l’envie de changement des gens à Gauche. Et pour cela, il fallait l’unité, absolument.

La candidature de Benoît Payan du Parti socialiste comme tête de liste semblait satisfaire de nombreuses personnes, surtout intéressées par le projet en lui-même plutôt que par son incarnation dans une personnalité. Il y avait cependant des réticences, venues surtout de la France insoumise (dont la figure de proue Jean-Luc Mélenchon, député des Bouches-du-Rhône), prétextant que l’étiquette Parti socialiste n’était pas acceptable.

Dans un esprit d’unité, Benoît Payan s’est donc retiré (voir son communiqué) et Sophie Camard, figure locale de la France insoumise, a indiqué qu’elle se ralliait à la démarche. C’est Michèle Rubirola, élue EELV au conseil départemental, qui devrait être désignée comme tête de liste à l’issue du vote aujourd’hui et demain.

Notons que Michèle Rubirola, qui se présente dans son communiqué de candidature comme étant « née à Marseille » et « médecin dans les quartiers populaires » pour mener le rassemblement des « forces de gauche, écologistes et citoyennes », a été suspendue d’EELV pour avoir rejoint l’initiative unitaire il y a plusieurs mois. Le parti « vert » maintien en effet pour l’instant une candidature solitaire, en refusant l’unité et en dénigrant le Printemps marseillais.

Le vote n’est ouvert bien évidement qu’aux signataires du Printemps marseillais (enregistrés avant le 19 décembre 2019). Il a lieu en ligne (via un mail) et physiquement, dans les locaux du journal de gauche La Marseillaise (19 cours d’Estienne d’Orves).

On retrouve aux côtés de Michèle Rubirola dans l’équipe soumise à l’approbation des votants :

Benoît Payan et Nassera Benmarnia du PS ;
Sophie Camard de la France insoumise ;
Jean-Marc Coppola et Audrey Garino du PCF ;
Ahmed Heddadi des Radicaux de gauche ;
Pierre Huguet de Génération.S ;
Cédric Matthews de la Gauche Républicaine et Socialiste ;
Marie Batoux du Collectif du 5 Novembre ;
Aldo Bianchi du collectif citoyen Marseille et moi ;
Olivia Fortin du collectif citoyen Madmars ;
Agnès Freschel de Zibeline ;
Pierre-Marie Ganozzi du syndicat enseignant FSU ;
Éric Semerdjian et Aïcha Sif.

La liste définitive des candidats ainsi que la désignation des personnes pour chaque secteur (l’élection marseillaise étant spécifique) se feront ultérieurement.

> Le site du Printemps marseillais : printempsmarseillais.fr

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La pétition du 5 janvier 2019: le tournant politique de la grève

Le Journal du Dimanche a publié une tribune appelant le gouvernement à stopper la réforme des retraites et à négocier avec les syndicats. C’est que la grève se prolongeant, tout risque de commencer à être bousculé socialement et d’ouvrir la porte aux révoltes. C’est hors de question pour la direction de la CGT et la gauche institutionnelle, tous deux à l’origine de la tribune. C’est une opération de récupération et surtout d’évitement de la lutte des classes, qui cherche à torpiller la gauche du mouvement de grève.

La grève continuant, les choses deviennent politiques, comme prévues. Qu’on le veuille ou non, on est dans une opposition entre des syndicats et le gouvernement, ce qui pose la question de la légalité, de la légitimité, donc de l’État.

C’est là ouvrir une porte à ce que la société française soit ébranlée. Tant mieux ! dit-on si on est de Gauche et qu’on espère enfin qu’en France, il y ait un mouvement populaire. Hors de question ! dit-on si on considère que tout doit rester dans le cadre institutionnel.

La tribune publiée dans le Journal du Dimanche du 5 janvier 2019 est ainsi très brève. En quelques lignes, on a un « appel au calme » signé des principales figures politiques classées à gauche, tels Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Olivier Faure (PS), Fabien Roussel (PCF), Julien Bayou (EELV), à quoi s’ajoute Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT.

On a également parmi les signataires Gérard Filoche de la Gauche démocratique et sociale, Guillaume Balas de Génération-S, Raphaël Glucksmann de Place publique, Marie-Noëlle Lienemann de la Gauche républicaine et socialiste, Olivier Besancenot et Philippe Poutou du Nouveau Parti anticapitaliste.

De plus, pour faire bien, la liste comprend des comédiens, des historiens, etc. et dispose d’un site où signer la tribune-pétition.

« Une majorité de citoyennes et de citoyens le demandent : retrait de la réforme Macron !

Depuis le 5 décembre, des millions d’hommes et de femmes se retrouvent dans les grèves, dont beaucoup en reconductible, et les manifestations à l’appel des organisations syndicales.

Ils et elles rejettent la réforme du système de retraites que veulent leur imposer le président de la République et son gouvernement.

Ce projet n’est pas acceptable, car il est porteur de régression des droits de chacune et chacun : toutes les hypothétiques avancées proposées par le gouvernement devraient être financées par des baisses de pensions ou par l’allongement de la durée de la vie au travail. D’autres choix sont pourtant possibles.

C’est pourquoi nous demandons le retrait du projet présenté par le Premier ministre, afin que soient ouvertes sans délai de vraies négociations avec les organisations syndicales, pour un système de retraites pleinement juste et solidaire, porteur de progrès pour toutes et tous, sans allongement de la durée de la vie au travail. »

Tout est ici très compréhensible, voire logique même si l’on veut, s’il n’y avait pas le dernier paragraphe. Car s’il y a retrait du projet de réforme des retraites, qu’y a-t-il à négocier ?

C’est là qu’on comprend que cette tribune-pétition a comme cible toute la gauche du mouvement de grève, pour qui cette grève porte sur bien plus que la question des retraites. La pétition-tribune, très largement diffusée dans les milieux syndicaux, est une manière de limiter la question aux retraites, d’exiger une porte de sortie rapide à la crise.

C’est doublement criminel.

Déjà, car il s’agit de demander à Emmanuel Macron de réactiver la gauche institutionnel et la CGT, sur le dos de la grève.

Ensuite, car c’est espérer quelque chose d’un gouvernement fer de lance du capitalisme sur le plan des privatisations, ce qui est absurde.

À l’arrière-plan, la chose s’explique comme suit : Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT, veut couper l’herbe sous le pied du syndicalisme dur à la CGT, et empêcher à tout prix que s’ouvre une nouvelle séquence de lutte, bien plus dure et généralisée.

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Meeting commun de la Gauche du 11 décembre 2019

Ce meeting rassemblant les principales structures de la Gauche a malheureusement été occulté par a présentation le même jour du projet de réforme des retraites par le Premier ministre. Rassemblant de manière la plus large, il a consisté en une tentative du PCF de ressouder des forces assumant de vivre à l’écart les unes des autres.

Le meeting a eu lieu à Saint-Denis dans le nord parisien, ville historiquement composante de la « banlieue rouge » cerclant Paris. C’est un bastion historique du PCF et c’est lui qui a organisé ce meeting devant traiter de la réforme des retraites. Bien entendu, il s’agissait surtout de refaire parler entre elles les différentes composantes de la Gauche.

L’esprit unitaire a prédominé, au point que Le Monde, dans son article au sujet du meeting, liquide la présentation des présents :

« La liste complète des participants est trop longue pour être reproduite de manière complète. »

Le journalisme de ce début de 21e siècle est un étonnement permanent. Il est vrai cependant que cela relève d’un esprit anti-politique propre à notre époque. Déjà que la lutte politique a toujours été difficile pour la Gauche, dans un climat de simplisme, de populisme et de libéralisme général, c’est encore plus dur.

Étaient donc présents des représentants du Parti socialiste, de Génération-s, de Lutte ouvrière, du Nouveau parti anticapitaliste, de La France insoumise, d’Europe Écologie-Les verts, de Place publique, de Gauche démocratique et sociale ainsi que des radicaux de gauche. À cela s’ajoute également la Gauche républicaine & socialiste, systématiquement « oubliée » dans les médias. La présence de sa représentante Marie-Noëlle Lienemann est parfois mentionnée pourtant.

Une telle amplitude fait que le meeting avait par conséquent son importance ; rien que sa tenue est déjà une contribution certaine, même si volontariste, à l’inévitable unité à venir. Tout le monde était d’ailleurs d’accord qu’il fallait aller dans le sens d’une mobilisation, d’une intervention accrue pour contrer le gouvernement et établir un contre-projet.

Les dissensions, si elles ont été évitées de manière formelle, n’ont toutefois pas manquer d’affleurer et de parasiter, voire paralyser le meeting. Au grand dam du PCF qui s’est placé à cette occasion comme assumant le rôle d’interface entre tout le monde. Il n’a pas ménagé ses efforts en ce sens, tant en prenant le risque d’organiser le meeting, en servant d’organisateur des discussions, en poussant à un esprit unitaire.

C’est que le PCF a aussi le plus à perdre d’un éventuel échec, car il est coincé. Il y a en effet d’un côté les réformistes gouvernementaux se considérant comme incontournables de toutes façons (le PS et EELV), acceptant le système des retraites à points, ne voulant pas reculer l’âge de la retraite, bref soucieux d’apparaître comme institutionnels à tout prix, « réalistes », etc. Ils ne veulent pas faire reculer l’âge de départ à la retraite, ils sont prêts à négocier avec Emmanuel Macron un système de retraites à points.

Il y a de l’autre ceux pour qui il faut mettre de l’huile sur le feu pour tirer son épingle du jeu (LFI surtout, mais aussi le NPA ou Lutte Ouvrière). On penche de ce côté-ci dans le sens d’une rupture complète et d’un refus du Parti socialiste. Le représentant de LFI a clairement dit d’ailleurs, sans hésiter aucunement, qu’il n’y aurait pas de projet commun en raison des trop grandes différences existantes.

Ce n’a cependant aucune perspective de tracée pour l’instant, car tous les participants considèrent que tout dépend du mouvement contre la réforme des retraites. Un meeting dans un esprit unitaire est d’ailleurs prévu pour bientôt à Beauvais.

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Rentrée de Génération-s : pourquoi s’étonner du manque de médiatisation?

Le mouvement Génération-s organisait sa rentrée ce week-end qui finissait par un débat avec quelques personnalités. Un bref communiqué a été produit dénonçant le fait que la télévision ne se soit pas intéressée à l’initiative, alors qu’elle a diffusé des directs de la convention de la Droite. C’est très révélateur de toute une attitude fonctionnant par en haut, avec des gens s’imaginant que la presse devrait forcément s’intéresser à eux, alors qu’ils ne représentent plus grand-chose.

Que les dirigeants des groupes de presse soient plus intéressés par le rassemblement de la Droite et de l’extrême-Droite que par le rassemblement d’une partie de la Gauche, c’est dans l’ordre des choses. La Gauche, par définition, doit se confronter à la bourgeoisie et à ses réseaux, en mettant en place ses propres réseaux, en opposant à la bourgeoisie l’expression démocratique des classes populaires.

Le communiqué du mouvement Génération-s pour résumer son week-end ne va pas vraiment dans ce sens. Il est même exemplaire d’une démarche inverse :

« Comment ne pas être frappés par le contraste absolu entre l’absence de caméras pour couvrir ce grand moment d’unité de la gauche, qui pour la première fois depuis des mois se retrouve dans toutes ses composantes, et la diffusion en continu sur certaines chaînes d’info des discours xénopobes et sexistes tenus par Zemmour, Lepen et tous leurs amis indentitaires lors de la « Convention de la Droite » qui n’était autre que la rentrée de l’extrême droite française. »

Le contraste justement, c’est que de leur côté la Droite et l’extrême-Droite ont une démarche politico-culturelle très identifiable, permise par une dynamique idéologique puissante depuis plusieurs années. C’est, pour résumer, le travail de fond des mouvements identitaires qui porte maintenant ses fruits.

Rien de tout cela à Gauche, bien au contraire. Pourquoi la presse s’intéresserait à des gens qui parlent d’unité à longueurs de temps, mais qui n’ont pas été capable de faire une liste commune aux Européennes il y a quelques mois, alors qu’ils disaient quasiment tous la même chose ? Il faut en dire autant des municipales, où seules les initiatives locales permettront éventuellement des démarches unitaires, alors que les organisations espèrent chacune tirer leur épingle du jeu ici et là, en formant des alliances de circonstance.

Le fait est que chacune de ces forces ne représente plus grand-chose électoralement et que leur addition est pour l’instant très peu palpable. Cela n’intéresse donc pas les médias, qui sont des entreprises et doivent vendre leurs informations, aussi orientées idéologiquement soient-elles.

La Droite et l’extrême-Droite ont travaillé leurs fondamentaux, étudiés leurs classiques, façonné un discours précis et tranchant en assumant un héritage. La Gauche présente au débat organisé par Génération-s fait de son côté tout l’inverse, en édulcorant toujours plus son discours, en s’éparpillant dans de multiples thèmes toujours plus éloignés des classes populaires comme la PMA pour toutes ou le soutien forcené à l’immigration, en n’assumant plus le Socialisme et la classe ouvrière.

Une vidéo de ce débat a été diffusée par Génération-s. On y voit à la fin Clémentine Autain s’offusquant de ne pas avoir la télévision venue l’écouter parler :

« Si j’ai bien regardé, il n’y a pas une seule caméra, il y a Mediapart et Politis, et pourtant il y a un plateau. Franchement, il y a un plateau ici, il se passe quelque-chose et il y a zéro. »

Mais quelle prétention ! Il faut vraiment être imbue de sa propre personnes pour tenir de tels propos. Elle ne s’est pas dit que peut-être, entendre Olivier Besancenot haranguer la salle en disant qu’il faut faire du syndicalisme ultra avec des « bourses du travail remastérisées », cela ne fait rêver personne. Peut-être que les médias se disent tout simplement que cela n’intéressera pas leur audience, qui ne vote déjà pas pour ce genre de discours usé et forcé.

La Gauche a surtout besoin d’une démarche non pas par en-haut, avec un « plateau » de personnalités mises en avant pour bricoler un contenu, mais par en-bas, avec un contenu depuis la base issue des classes populaires et ensuite porté par des personnalités se l’appropriant. Tout l’inverse de ce débat, en somme.

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Le 5e numéro de la Revue des Jeunes Génération-s

Le groupe de jeunesse liée à l’organisation de gauche Génération-s publie une revue, dont voici le 5e numéro.

Au sommaire :

– Un édito sur le Tour de France des Communes en Transition
– Menace sur la forêt
– La loi d’Orientation des Mobilités
– Un Entretien avec Sophie Taillé Polian, sénatrice Génération-s du Val de Marne
– L’école privé doit renouer avec l’idéal Républicain
– La lettre de Jan Kasnik, candidat aux elections européennes, à Jean-Michel Blanquer
– La sédentarité et l’inactivité physique, fléau du XXIème siècle
– Les municipales à Instanbul
– Le socialisme aux Etats-Unis

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Journées de rentrée du mouvement Génération-s à Villejuif les 28 et 29 septembre

Le mouvement Génération-s organise ses journées de rentrée samedi 28 et dimanche 29 septembre 2019 à Villejuif dans le Val-de-Marne. Elles sont intitulées « inventer le monde qui vient ».

On retrouvera toutes les informations sur le site internet rentree-generation-s.fr avec un lien pour s’inscrire.

Voici le programme :

Samedi

Plénières

– Désobéir ?
Comment la société peut-elle se faire entendre à l’heure des autoritarismes ?

– Communes : le changement, c’est comment ?
Inventer les territoires du monde qui vient.

Ateliers

– Technologies, sécurité et démocratie : demain le monde de Black Mirror ?

– Trump-Bolsonaro-Poutine : Macron le sauveur ?

– Pas de quartiers pour les inégalités

– Fin de la démocratie représentative ?

– Climat : Avoir 20 ans quand il n’en reste que dix

– Soignants et soignés, même combat

– Vive l’impôt ?
Répartir les richesses pour assurer les transitions

Dimanche

Plénières

– Mutations, transitions : quelles protections ?
Transition écologique, mutations du travail : quelle protection sociale ?

– 2022 : si on gagnait ?
Préférer l’union à la division : les gauches et les écologistes relèvent le défi de leur génération.

Ateliers

– Effondrement et démocratie, mission impossible ?

Refugees welcome, du slogan aux solutions

Les journées auront lieu à l’espace événementiel Les Esselières, 3 Boulevard Chastenet de Géry à Villejuif (94).

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Tribune de Claire Monod et Guillaume Balas de Génération-s pour l’écologie démocratique et sociale

Claire Monod et Guillaume Balas, responsables nationaux de Génération-s, expliquent dans une tribune initialement publiée par Le Monde (version payante) que l’écologie doit être la matrice de la reformulation des enjeux sociaux et démocratiques. Ils inscrivent leur démarche dans le cadre de la Gauche et son héritage historique, tout en se revendiquant du philosophe de la décroissance André Gorz.

« Il n’y aura pas d’écologie démocratique et sociale, émancipatrice, sans un point de départ clair

Quel été avons-nous passé ? Sans doute un peu trop chaud. Ou trop orageux, voire beaucoup trop pluvieux, sans parler des incendies. En ces mois de juillet et août 2019, nous entrons dans l’histoire incandescente de l’anthropocène par la grande porte. Face à l’urgence, pouvons-nous poursuivre plus longtemps le bricolage et l’impuissance politique sans nous interroger franchement : comment construire une majorité politique écologiste en France ?

Pendant que la prise de conscience fait fleurir les mobilisations de par le monde, l’inaction exaspère, l’inquiétude et l’exigence s’étendent. Partout « fin du mois et fin du monde » cherchent à faire cause commune. Le mouvement s’enclenche, enfin ! Et quoi ? Nous resterions là, si loin des colères et des attentes, cramponnés à des appareils politiques dépassés, après tant de combats communs ?

L’écologie politique doit maintenant passer un cap essentiel, historique, être choisie pour gouverner.

Après s’être diffusée dans les consciences, éparpillée « façon puzzle », affirmée au sein des forces de gauche, elle est devenue l’objet de réinterprétations en tous sens, voire d’opportunismes. De l’environnementalisme « apolitique » aux réminiscences nationalistes autour de la nature, en passant par le centrisme libéral adepte de la croissance verte, le populisme façon « greenwashing » [blanchiment écologique] et jusqu’aux ennemis des Lumières, le drapeau écologiste est aujourd’hui repris – comme l’avait été celui du socialisme au début du XXe siècle –, par bien des « radicalités » y compris la droite ultra-conservatrice et l’extrême droite.

Il n’y aura donc pas d’écologie démocratique et sociale, émancipatrice, sans un point de départ clair. Une filiation avec les combats républicains puis ouvriers qui ont fait la gauche dans l’histoire et dans le monde, mais aussi une rupture franche avec le productivisme. Il y a nécessité à opérer une nouvelle synthèse, fondant écologie, démocratie et justice sociale dans la même matière vivante.

Cette synthèse s’inscrirait dans le sillage de Jean Jaurès (1859-1914) et, plus près de nous, du philosophe André Gorz (1923-2007). Elle dessinerait un nouvel humanisme écologiste, tourné vers la civilisation post-croissance, le respect de la nature et la reconnaissance de ses droits, une répartition des richesses conjuguant l’égalité sociale et environnementale, la transformation du travail et l’élaboration de nouveaux modes de vie.

L’écologie doit être la matrice de la reformulation des enjeux sociaux et démocratiques, vitaux du siècle pour acter la communauté de destin de l’humain et la planète. Il est temps de pousser la voie de cette nouvelle « évidence », de la rendre accessible, populaire et de l’ancrer dans une histoire politique partagée qui lui permette d’accéder – enfin – à la majorité. Car constituer un socle commun idéologique ne suffira pas à construire la grande force, politique et citoyenne capable d’imposer son agenda aux tenants de l’ancien monde, à sa violence, à l’appétit vorace du néolibéralisme, du productivisme et de la financiarisation, aux lobbys destructeurs. Cela ne suffira pas non plus à faire face au recul continu des droits et des libertés.

Revendiquer l’urgence écologique sans en prendre la mesure politique devient une source supplémentaire d’exaspération. Comment rassembler cette force immense ? Comment être à la hauteur historiquement et politiquement ? Dans le contexte pour le moins instable de ce monde hystérisé où domine le « dégagisme » et dont tous les paramètres s’accélèrent – recul démocratique, perte des droits sociaux, effondrement de la biodiversité, dérèglement climatique… –, l’urgence n’est-elle pas d’engager cette dynamique collective, rassembleuse, en s’inscrivant fièrement dans une histoire politique commune réfutant le sectarisme et les étiquettes a priori ?

Une écologie ambitieuse et volontariste, à la hauteur des défis, ne peut plus se contenter de petits succès et de coups d’éclats de loin en loin. Si l’effondrement devient vraiment un horizon et la résilience un projet, il va sans dire que l’urgence de renforcer le cadre démocratique et le contrat social qui garantissent l’égalité et la justice est aussi forte que celle de transformer le modèle de développement vers la post-croissance.

Car oui, les perspectives de l’écologie portent fondamentalement sur notre capacité à faire société dans l’interdépendance qui régit le vivant. Nous savons que la combinaison de ces priorités constitue un potentiel gigantesque. Nous voulons miser sur l’intelligence collective pour répondre à l’indignation et aux colères qui grondent, en France, notamment face au mépris et aux violences qui voudraient les faire taire.

Au nom de ces urgences climatiques, démocratiques et sociales, et au risque de perdre toute crédibilité, il est temps de trouver ensemble, forces écologistes de gauche, les moyens réels pour construire l’alternative, le poids pour peser, la force et la cohérence pour agir. »

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Communiqué de Génération-s : « à quoi joue Mme Pécresse face aux groupuscules d’extrême-droite ? »

Génération-s publie un communiqué dénonçant le refus de la région Île-de-France, tenue par la Droite, d’aider Pierre Serne face à l’extrême-droite.

Voici le communiqué :

« Île-de-France : à quoi joue Mme Pécresse face aux groupuscules d’extrême-droite ?

Pierre Serne est lâchement abandonné  par la majorité de droite au Conseil régional d’Île-de-France, alors qu’il fait face depuis des mois au déferlement de haine de groupuscules d’extrême-droite.

Le conseiller régional Pierre Serne subit depuis des années des injures et menaces de mort sur les réseaux sociaux mais aussi dans sa vie quotidienne. Ces menaces font notamment suite à des actions, en tant qu’ancien vice-président aux transports de la région Île-de-France, en faveur du retour de l’aide régionale aux déplacements des bénéficiaires de l’Aide Médicale d’État.

En mars 2019, suite à la parution d’un article de Médiapart qui met en lumière un forum internet d’extrême-droite ultraviolent qui l’avait ciblé, Pierre Serne a de nouveau été victime d’un déferlement de haine, d’injures homophobes et de menaces de mort sur les réseaux sociaux.

En 2018, Pierre Serne avait déjà subi des attaques sur ces prises de position liées à son mandat et avait reçu, à l’unanimité des groupes républicains, la protection fonctionnelle de l’institution pour prendre en charge une partie de ses frais de justice.

C’est donc légitimement qu’il avait sollicité, à nouveau, la protection fonctionnelle de l’institution régionale pour poursuivre en justice les harceleurs.

Les groupes de droite, majoritaires, se sont opposés cette fois à cette demande. Cette décision est un abandon des valeurs républicaines face à l’extrême-droite.

En se réfugiant derrière des questions de forme absurdes, la droite de Madame Pécresse se fait complice de ces groupuscules qui menacent et harcèlent des élus de la République pour leurs prises de positions humanistes. Nul ne devrait avoir à craindre pour sa sécurité et sa vie en raison de ses opinions politiques.

Génération.s demande à Madame Pécresse des explications sérieuses et à l’ensemble des pouvoirs publics de prendre les mesures nécessaires pour soutenir et protéger Pierre Serne.

Génération.s réaffirme son soutien à Pierre Serne et sa solidarité dans cette nouvelle épreuve. Son courage et sa détermination à résister aux menaces de l’extrême-droite sont une fierté pour notre mouvement. »

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Communiqué du mouvement Génération-s sur la colère dans les services hospitaliers

Voici le communiqué de Génération-s, qui reflète la grande colère qui existe dans les services hospitaliers en France face à un service qui se dégrade, avec des situations toujours plus compliquées tant pour les personnels que pour les personnes soignées.

« Après 3 mois d’une grève qui touche désormais 65 services hospitaliers d’urgence, le point de rupture est atteint.

Le mouvement Génération.s soutient l’ensemble des revendications des grévistes et participera aux deux journées d’action du 6 et du 11 juin aux côtés des personnels des hôpitaux en lutte.

Après 3 mois d’une grève qui touche désormais 65 services d’urgence, les personnels hospitaliers de Lons-Le Saulnier et de l’hôpital Lariboisière à Paris durcissent leur position. Professionnels dotés d’une incontestable conscience professionnelle, ils sont épuisés par le rythme infernal et les conditions de travail dégradées et en sont arrivés à n’avoir plus d’autre recours que d’être eux-mêmes en arrêt maladie. Cette forme de protestation peut sembler extrême. Mais c’est bien la surdité et l’absence de réponses du gouvernement qui conduisent à de telles extrémités.

Conscients du poids qui pèse sur leurs collègues réquisitionnés, les personnels restent cependant déterminés quant aux revendications communes concernant leurs conditions de travail, les effectifs et notamment la titularisation des contractuels, les revendications salariales ainsi que la création d’un statut spécifique pour les urgentistes.

À Mme Buzyn, ministre de la Santé, qui affirme : “Ce n’est pas bien, cela entraîne une surcharge de travail pour les autres”, nous disons que “ce qui n’est pas bien” c’est de mettre en cause le manque d’engagement des personnels hospitaliers alors même qu’ils se battent pour pouvoir continuer à offrir la meilleure qualité de soins possible. Pour Génération.s, l’inacceptable ce n’est pas le comportement des soignants mais bien la négligence et le mépris des pouvoirs publics face à un mouvement qui n’a d’autre souci que de préserver ce qui constitue un bien absolu : notre santé. »

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Le « départ » de Benoît Hamon

Benoît Hamon filait un mauvais coton avant les élections. Ses propos négatifs étaient nombreux. Dépassant 3 %, Génération-s est remboursé de ses investissement pour les élections et est sauvé de ce point de vue-là. Lui préfère prendre un peu de champ, tout en soutenant le mouvement.

Benoît Hamon a multiplié les signaux négatifs juste avant les élections, reflétant ses inquiétudes. Une semaine avant le vote, il déclarait en « off » à des journalistes la chose suivante :

« C’est fou, on est à une semaine de l’élection, et j’ai l’impression d’apprendre aux gens que je suis candidat, ça me laisse pantois. »

Peu après, sur France 2, il expliquait :

« Je tirerai les leçons d’un deuxième échec majeur au suffrage universel et les idées que je porte, naturellement, elles disparaîtront et de la reconstruction de la gauche et du paysage politique (…).

Je veux le dire aux électeurs et notamment aux indécis : si je ne passe pas les 5%, les idées que j’ai défendues, le revenu universel, la taxe sur les robots, la transition écologique telle que je l’ai défendue avec la justice sociale, ces idées s’évanouiront aussi. »

Il a hier soir annoncé sa décision à la suite de l’échec de Génération-s à atteindre 5 %: il se met en retrait. Voici son message à Génération-s.

« Chères amies, chers amis,

Ces élections européennes nous ont déçu par leur résultat mais nous avons fait une incroyable campagne, à moyens financiers minuscules, mais à énergie humaine (et propre) incroyable.

C’est une des campagnes dont je suis le plus fier. Partout vous avez déployé engagement et arguments pour convaincre. J’ai eu écho des mille initiatives prises sur le terrain, des nuits de collage, des petits matins de tractage dans les gares, des après midi de porte-à-porte. Ce sont des jours heureux dans nos mémoires. Nos idées grandissent, c’est l’essentiel.

Maintenant s’ouvre une nouvelle étape pour la gauche qui doit se reconstruire et se rassembler, d’une part, et pour notre mouvement qui prépare déjà les prochaines élections municipales, d’autre part.

D’ici là, nous aurons l’occasion de débattre, de faire le bilan de notre jeune existence et de cette première épreuve du feu et de décider comment nous inscrire dans l’avenir de la gauche : construction d’un lobby citoyen ; participation à la réalisation d’une maison commune de la gauche et de l’écologie… Le collectif national prendra des initiatives bientôt.

Je participerai à cette nouvelle étape, fidèlement à vous et à notre projet. J’ai cependant besoin de prendre du recul, de m’éloigner des médias notamment. Cela fait presque trois ans et le lancement de la primaire de la gauche, que je bats campagne sans interruption. J’ai besoin de retrouver un peu mon souffle, de penser, lire, croiser de nouveau regards. Génération·s est le mouvement de l’intelligence collective. Soyez sûrs qu’elle nous portera loin.

On ne se quitte donc pas.

Merci.

A bientôt.

Benoît Hamon »

Cela est fort dommage, car Benoît Hamon est une figure connue de la Gauche. Cela sonne comme une capitulation, même si cela en est pas une. Ce n’est dans tous les cas pas dignes de la politique. Vus les défis attendus, il faut des gens connus, avec de l’expérience, ayant fait preuve de leur engagement. On ne se met pas de côté au moment où les batailles terribles s’annoncent.

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Le témoignage d’Édouard Martin, député de gauche au Parlement européen

L’ancien ouvrier Édouard Martin est une figure connue et appréciée à Gauche pour le combat médiatique qu’il a mené contre la fermeture des derniers hauts-fourneaux d’ArcelorMittal à Florange il y a 10 ans. Dans un petit reportage réalisé par France bleue Moselle, il témoigne de son activité d’eurodéputé, d’abord sous les couleurs du Parti socialiste puis du mouvement Génération-s.

Édouard Martin semble satisfait de l’expérience qu’il a pu avoir au Parlement européen. Conformément au discours des autres eurodéputés du mouvement Génération-s de Benoît Hamon, il explique que son mandat a été utile, avec des avancées concrètes.

Malgré toute la sympathie que l’on peut avoir pour lui, il peine à convaincre de cela, en avançant un bien maigre bilan. Le « dossier » qu’il cite en priorité est le combat pour que la Commission européenne « ne reconnaisse pas le statut d’économie de marché à la Chine »… Cela paraît bien étrange comme préoccupation et laisse quelque peu perplexe.

L’autre exemple qu’il donne est l’obligation de transparence sur l’origine des minerais issus des mines de cobalt en République démocratique du Congo. S’il s’agit à n’en point douter d’un combat démocratique important, on a du mal à savoir quelle plus-value ont pu apporter les parlementaires européens sur la question par rapport au travail d’associations environnementales. Comme l’admet l’ancien métallo, les États ne respectent pas cette obligation. On se demande alors l’intérêt de ces journées harassantes qu’il décrit.

Car il ne faut pas se raconter de bêtise : quoi que l’on pense du fédéralisme européen comme projet, on ne doit pas nier que l’Union européenne telle qu’elle est n’est pas une structure démocratique. Les parlementaires, minés par les divisions nationales et travaillés au corps par les lobbyistes, n’ont qu’un faible rôle s’il n’accompagne pas le point de vue des États membres.

Ils n’ont que peu de poids pour les obliger à respecter les choses qu’ils voteraient et ils n’ont d’ailleurs pas le droit d’initier eux-même des directives (qui sont ensuite retranscrites dans les lois nationales). Le Parlement n’a même pas le droit de se prononcer sur des sujets aussi importants que l’adhésion de nouveaux États ou le droit à la concurrence. Ce dernier point relève pourtant de la nature même de l’Union européenne, qui est depuis l’origine une communauté économique destinée à organiser un grand marché européen, sous l’égide du moteur franco-allemand.

On peut avoir beaucoup de sympathie pour les « 180 000 km parcouru en 5 ans » par Édouard Martin pour aller à la rencontre de la population, on ne pourra pas s’empêcher de penser cependant que tout cette énergie aurait pu être utile pour autre chose.

Si l’on peut considérer qu’il est important pour la Gauche d’avoir un score important aux Européennes pour peser politiquement, il ne faut pas pour autant prétendre des choses qui ne sont pas vraies.

On peut très bien voter pour la liste présenter par le mouvement Génération-s de Benoît Hamon par sympathie pour ses membre et soutien du programme qu’il propose avec d’autres organisations européennes. Il ne faut pas s’imaginer par contre que ces eurodéputés pourraient faire appliquer ce programme d’une quelconque manière.

Ce n’est pas au Parlement européen que la Gauche va changer la vie. C’est pourtant là son rôle, le cœur même du combat de la Gauche.

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Non, Benoît Hamon, le kebab n’est certainement pas un apport culturel

Voulant combattre le racisme à Béziers, Benoît Hamon a mangé un kebab et l’a revendiqué. Cela représente pourtant le degré le plus haut de souffrance animale, d’exploitation des travailleurs, d’alimentation anti-diététique, de produit ultra vite fait et ultra mal fait mais appétant, de petit commerce agressif et prêt à tout.

Benoît Hamon est, parmi toutes les figures actuelles de la Gauche, sans doute celle qui est la plus ouverte à l’esprit alternatif sur le plan du mode de vie. Il a très certainement de la sympathie pour l’esprit authentique des rastas, du respect pour les vegans, un intérêt pour les hippies, et si on lui parle du skate punk californien, il dira très certainement que c’est fort intéressant et nettement positif. Malheureusement, cela reste indéniablement extérieur à lui. Et de nos jours, le capitalisme est tellement puissant qu’on ne peut pas être alternatif à moitié.

Ainsi, Benoît Hamon a succombé à son manque de rigueur, à son formatage bourgeois. Cela part d’un bon sentiment, il est vrai : il est à Béziers, une ville dont le maire Robert Ménard joue sur la corde identitaire et nationaliste autant qu’il peut, dans une région fortement marquée par un racisme revendiqué. Il est également accompagné de Naïma Charaï, élue bordelaise à qui Robert Ménard intente un procès en diffamation.

Elle avait dit dans la presse l’an passé que celui-ci a été condamné pour incitation à la haine raciale. Le jugement avait en fait été réformé en appel (et non « cassé » comme le dit Benoît Hamon, qui confond avec un pourvoi en cassation). Dans ce cas, l’arrêt rendu par la cours d’appel rend caduque le jugement initial – c’est comme s’il n’avait jamais existé, puisqu’il est considéré que l’affaire a été mal jugée. Au sens strict, Naïma Charaï ne peut donc pas dire que Robert Ménard a été condamné pour incitation à la haine raciale.

Tout cela pour dire que, donc, jeudi 16 mai 2019, Benoît Hamon s’est filmé en train de manger un kebab, envoyant une « dédicace » à Robert Ménard, Marine Le Pen et Jordan Bardella. La publication a même été « épinglée » sur son compte Twitter de manière à ce qu’elle reste visible un long moment, dans le but d’en faire une actualité politique anti-raciste. Peut-on être pourtant plus incohérent ?

Il est invraisemblable qu’en 2019, il y ait des gens à Gauche pour valoriser le kebab. Pourquoi le kebab est-il si peu cher ? Parce que les animaux qui ont servi pour la viande ont connu le pire des enfers, dans le cadre d’un capitalisme ultra-agressif. Il ne s’agit pas seulement d’animaux par définition dans les abattoirs, il s’agit d’animaux connaissant le pire des abattoirs, car il s’agit ici de fournir la viande la moins chère de toutes. Les gens qui ont servi dans les abattoirs et pour les livraisons font partie des prolétaires les plus pressurisés, les plus exploités, en plus du caractère démolisseur psychologiquement de leur travail pour les premiers.

 

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Spéciale dédicace à Robert Menard, @marine_lepen, @jordanbardella, en direct du meilleur kebab de #Beziers 📸 @teofaure

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Le kebab est également ultra appétant, à coups de sauces grasses mélangées aux viandes, à la fois pour masquer le goût ignoble (les viandes étant les pires restes des secteurs déjà les plus agressifs de cette industrie) et pour contribuer à l’empiffrage, qui est le principal « plaisir » du kebab, comme pour la pizza, le hamburger ou le tacos. C’est le principe de la malbouffe et cela a un succès gigantesque dans notre pays.

C’est donc une catastrophe. Et il est tout aussi catastrophique de parler du couscous en le plaçant au même degré que le kebab, comme le fait Benoît Hamon par anti-racisme. Le kebab est une invention très récente, faite par des commerçants turcs à Berlin. Sa nature est industrielle, commerciale, un équivalent du hamburger ou du hot-dog.

Le couscous est quant à lui un plat relevant de la culture populaire, avec un profond équilibre nutritif, une recherche gustative au moyen d’une grande finesse dans le choix des éléments. Ce n’est pas une accumulation des pires viandes mélangée à de la sauce, coupée en petits morceaux et mélangés avec le fameux triptyque salade – tomates – oignons, dans un pain dont rien que la digestion coûte plus d’énergie au corps qu’il n’en apporte, avec des frites surgelées !

Si on conclut en plus en disant que les kebabs sont des repères patriarcaux, on aura tout dit. Benoît Hamon aurait dû comprendre le piège tendu par Robert Ménard qui ne cesse de dénoncer les kebabs depuis plusieurs années. Il aurait dû comprendre qu’il l’a fait pour se donner une image anticapitaliste romantique auprès des masses, qui ne sont pas dupes de ce que représente le kebab. Quant aux jeunes qui vont au kebab (surtout des jeunes hommes), ils le font passivement et s’en moqueront que Benoît Hamon le fasse également.

Les gens qui prennent des kebabs sont autant passifs que ceux qui vont au McDonald’s, et sont d’ailleurs souvent les mêmes. Quand on est à Gauche, on le voit bien et on comprend qu’il y a un problème. Benoît Hamon ferait mieux d’aller chercher l’adolescente qui se met à l’écart de ces lieux de commerce où règne l’attitude beauf par rapport au monde tel qu’il est, et qui bataille contre ses parents pour pouvoir assumer son véganisme. S’il y a quelque part de la dignité, l’avenir de la Gauche et même du monde, c’est bien là, et pas dans un kebab.

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Politique

Le volontarisme du manifeste écologiste de Génération-s

Les efforts de Benoît Hamon sont sincères, volontaristes, mais très inégaux. L’appel à ce que l’écologie soit assumée à Gauche est une initiative excellente. Mais pas une seule fois il n’est parlé des animaux, ce qui expose un manque immense tout de même lorsqu’on parle d’écologie, et surtout le Manifeste récuse tant le Socialisme que le « système libéral-productiviste ».

« Ils sont dans une espèce de surenchère écologique à quelques jours des élections européennes » : c’est ce qu’a affirmé Jordan Bardella sur LCI au sujet de la LREM et de sa proposition que l’Union Européenne mette 1 000 milliards d’euros dans la transition écologique d’ici 2024. La critique est révélatrice : au lieu de dénoncer le populisme de LREM (car LREM ne peut rien proposer du tout au niveau de l’Europe, seulement participer), c’est l’écologie qui est dénoncée.

> Lire : Le Manifeste pour l’écologie du monde qui vient

L’écologie est source de panique chez les forces conservatrices et Jordan Bardella ne fait même pas semblant de faire de l’écologie différemment, ce qui était pourtant la ligne de Marine Le Pen pour le lancement de la campagne de ces élections européennes.

Elle est par contre source d’inspiration pour les gens comprenant le besoin de transformation. Génération-s a ainsi rendu public un Manifeste pour l’écologie du monde qui vient, sous-titré Engageons le cycle des « trente vertueuses ». Benoît Hamon, dans la préface, résume avec un grand lyrisme ce besoin de transformation :

« L’Europe a définitivement tout à voir avec l’écologie, car elles nourrissent l’une et l’autre le besoin viscéral de se projeter dans un avenir commun positif. Là où l’idéologie libérale a supprimé depuis trente ans tout repère collectif, l’Europe et l’écologie recréent du commun, du lien, une fraternité. »

Pourquoi l’Europe et pas le monde, l’idée d’un gouvernement mondial ? Après tout c’était déjà le rêve d’Emmanuel Kant, ce grand penseur des Lumières, et la chanson l’Internationale demande justement cela aussi. L’écologie n’a de toutes façons pas de sens si l’on ne se place pas dans une perspective mondiale. Les anti-écologistes le rappellent suffisamment en disant que tant que les États-Unis et la Chine ne changeront pas leur approche…

Mais gageons que Benoît Hamon propose simplement de faire de l’Europe un levier pour changer les choses dans le monde, une sorte de modèle. Et c’est ce qu’affirment justement les dernières lignes du Manifeste. Benoît Hamon parle de l’Europe, pour parler du monde, il veut trouver une voie positive dans le monde, et cela passe par l’Europe. Cela peut sembler naïf ou idiot, mais quand on lit cette perspective, on se dit : un type bien, ce Benoît !

L’idée proposée dans le Manifeste est que les prochaines années soient donc justement idéales, à l’opposé des années passées. Aux « trente honteuses » du passé sont opposées les « trente vertueuses » de l’avenir, en allusion aux « trente glorieuses », les années 1945-1975 d’importantes croissance dans les pays occidentaux.

L’idée a un vrai contenu, mais il est considéré que ce serait là quelque chose de naturel, que les « trente vertueuses » ont en fait même déjà commencé :

« La jeunesse mondiale qui manifeste dans la rue ouvre majestueusement le cycle des « trente vertueuses ». Avec l’intransigeance propre à son âge, une détermination proportionnelle à ses craintes et une indignation indexée sur son dégoût, la génération qui vient prend son destin en main et nous intime d’agir.

Comment ces jeunes ne seraient-ils pas « plus chauds que le climat » face à l’état ravagé de la planète dont ils héritent, la cupidité de leurs aînés, le cynisme des dirigeants, l’obséquiosité des politiques, l’hypocrisie du système ? La lâcheté et l’égoïsme qui ont caractérisé d’abord l’Occident puis l’ensemble du monde dans son sillage sont honnis. Le modèle productiviste est mort. La pression populaire pour engager la transition, maintenant, est considérable. »

Ces lignes sont incompréhensibles. La jeunesse mondiale ne manifeste pas du tout, la jeunesse française encore moins. Les quelques initiatives ont été téléguidées par les réseaux sociaux et ne sont nullement ancrées dans la réalité. Il n’y a aucune intransigeance non plus. Les jeunes sont très modernes, ils vont changer le monde, mais pour l’instant ils mangent des kebabs et vont au Mc Donald’s.

D’ailleurs, notons au passage que sortir un tel Manifeste sans mentionner une seule fois le terme « animal » au moment où pareillement est sorti un rapport de l’ONU sur la biodiversité, c’est au mieux ballot, au pire criminel. Franchement, quoi !

De plus, contrairement à ce qui est dit, la pression populaire est inexistante, soit parce que les gens sont passifs, soit parce qu’ils veulent vivre comme avant, comme le montrent très bien les gilets jaunes (que le Manifeste attribue à une simple colère sociale, ce qui est réducteur et même faux).

Cet idéalisme n’étonnera pas qui connaît Benoît Hamon et ses partisans, qui s’imaginent que la « gauche » post-moderne répond à des exigences naturelles. Et comme souvent, cela va avec de véritables exigences, très justes, ou au moins très sympathiques. Il y a de l’envergure dans les propos suivants du Manifeste :

« Les 2,5 millions de signataires de la pétition pour le climat confirment la fin du déni humain et la force de l’attente. En France et partout dans le monde, nous disons que « l’Affaire du siècle » sera de sortir la Terre de son asservissement, de définir ses droits et d’ouvrir une nouvelle ère de partage de la vie. C’est une force immense qui exige de changer d’échelle et invente les moyens d’agir. En créant de nouveaux droits pour que la nature puisse se défendre et s’opposer à la violence d’un marché vorace et destructeur, elle engage un nouveau monde. »

La Manifeste, qui fait une vingtaine de pages, consiste alors à dire que l’écologie ne peut exister qu’avec la justice sociale, qu’elle ne peut pas être apolitique, qu’elle implique une rupture complète avec le « système libéral-productiviste ». D’un côté, on se dit : bravo, il faut soutenir Benoît Hamon, il y a une vraie affirmation d’une utopie de Gauche. Surtout qu’on lit ces lignes favorables à la Gauche historique, étonnantes car telle n’est pas du tout la ligne assumée par Génération-s :

« Notre première responsabilité est de changer radicalement de mode de production, de consommation, et de repenser notre rapport au temps et au travail.

Sous une forme renouvelée, ces sujets ne sont autres que ceux des mouvements ouvriers du XIXe siècle, du Front populaire de 1936, du Conseil national de la résistance de 1945. L’écologie est la réponse à la question sociale de notre siècle. »

Bravo, vive le mouvement ouvrier, vive le Front populaire, vive l’esprit de la Résistance ! Dommage d’avoir oublié mai-juin 1968, mais bon (on notera au passage que le programme commun de 1981 est également soigneusement oublié), il y a déjà les fondamentaux du point de vue de la Gauche historique.

De l’autre, il y a un souci, c’est un côté ni Capitalisme ni Socialisme qui sonne très années 1930, dans sa variante spiritualiste. Il ne faut pas oublier qu’à l’origine, Benoît Hamon est un rocardien, c’est-à-dire quelqu’un de la droite du Parti socialiste, un partisan d’une sorte de « troisième voie ». Pas bon ! Et les lignes suivantes, qu’on lit dans le Manifeste, sont précisément infestées des idéologies d’Emmanuel Mounier (et le personalisme), de Martin Heidegger (et l’existentialisme), de tous les discours des années 1930 sur une autre richesse que celle matérielle, sur le besoin spirituel dans le rapport à la réalité :

« Aveuglés par des mécanismes de marché qui n’ont jamais intégré la question de la finitude des ressources, les néolibéraux courent sans cesse après un nouveau modèle de croissance qui ne vient pas. Les productivistes sont, eux, terrifiés à l’idée de perdre tout ressort de redistribution des richesses – qu’importe si le système qui les produit est la cause même de la crise sociale et environnementale.

Les mêmes symptômes guettent les mouvements collectivistes, qui ne croient qu’en un système de production centralisé et planifié incompatible avec l’économie des ressources. Il ne s’agit plus de savoir comment produire à tout prix des richesses pour les redistribuer plus ou moins. Il s’agit de changer fondamentalement de logiciel, de s’interroger sur la notion même de richesse, qui n’est plus aujourd’hui l’accès illimité au « confort matériel » mais à un air respirable, une eau buvable, des aliments comestibles, une terre cultivable, une santé préservée, une vie possible. »

Ici, il faut dire : halte-là, Benoît Hamon ! Si tu bascules dans la métaphysique de la sobriété de la petite production, tu changes de camp ! Tes exigences néo-humanistes sont appréciables, mais si ton mouvement publie un Manifeste avec de telles lignes, c’est qu’il y a un problème. Et ce problème, c’est que le système de références n’est pas la Gauche historique, mais les discours intellectuels bobos à la Pierre Rabhi.

Alors, comment faut-il considérer le Manifeste : comme un texte pro-zadiste, pro-décroissance, très années 1930 ? Comme un appel à ce que la Gauche assume enfin l’écologie ? Le Manifeste lui-même dit tout et son contraire et assume de ne pas choisir :

« Il ne s’agit pas de refuser ou d’épouser les théories de la décroissance, mais d’inventer une nouvelle forme de prospérité collective qui tienne compte des limites de la biosphère. »

Et, assumant son incohérence, se conclut par un appel à la Yannick Jadot, avec un appel à un capitalisme décentralisé et vertueux :

« Dans la course contre la montre qui s’impose à nous, force est de constater que les États ne sont pas à la hauteur, pris dans l’inertie économique et technocratique qui les empêche d’agir vite. En revanche, les acteurs non étatiques, citoyens et ONG, entreprises et collectivités territoriales lucides, s’emploient à faire émerger un avenir désirable.

Les appels à la mobilisation se multiplient, la jeunesse donne l’alerte et prend les devants pour secouer la léthargie établie, les actions des associations et des lanceurs d’alerte font date et sont salvatrices. Notre responsabilité est de donner un débouché politique concret à cette énergie puissante.

Une bataille sans merci doit être menée face aux acteurs économiques qui exploitent les biens communs pour s’enrichir en épuisant les ressources et notre santé.

En revanche, toutes les forces économiques pleinement intégrées dans la dynamique de transition énergétique et écologique qui développent des modèles alternatifs de production et de gouvernance doivent être considérées et soutenues comme moteurs des politiques publiques qui produiront de nouvelles opportunités de développement raisonné et résilient. »

Il y aurait donc les bonnes entreprises et les mauvaises entreprises, la bonne consommation et la mauvaise consommation. Ce ne serait pas le peuple qui devrait décider, mais les acteurs conscients. Pas très démocratique, tout cela ! Et même pas démocratique du tout !

Pourquoi les ONG auraient-elles une légitimité ? Pourquoi les collectivités territoriales auraient-elles une nature particulière par rapport au reste ? Qui décide que le telle entreprise propose un avenir désirable, telle autre non ? Qu’est-ce qu’un modèle alternatif de gouvernance ? Qu’est-ce qu’un modèle alternatif de production ?

Le fait est que ni Génération-s, ni Benoît Hamon ne parviennent à se transcender. On a ici le programme de la CFDT des années 1970, du PSU ou d’Alternatives Rouge et Verte, des Alternatifs, bref des rocardiens liés aux « mouvements sociaux » (du type LIP, le Larzac, etc.). Si Benoît Hamon veut rééditer cela, qu’il le dise. S’il veut faire autre chose, qu’il l’assume.

C’est tout de même un garçon étonnant : il a clairement une très grande envergure, il a saisi les enjeux immenses du siècle… mais il ne dispose que de vieux outils, même pas fonctionnels. En ce sens, il reste une partie de la solution, et pas du problème. Et le Manifeste est un intéressant appel à réfléchir, se positionner, assumant par ailleurs de ne pas être un programme réponse à tout.