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Société

La faillite de l’Éducation nationale face au confinement

Le système éducatif français est à la peine depuis de nombreuses années, tant par son rapport désastreux à la jeunesse que par la qualité et le contenu de son enseignement. Face à la crise sanitaire et à la survenue intempestive du confinement, il s’est littéralement effondré… finissant par tout simplement annuler les examens scolaires.

Dans un épisode de l’émission « C’est pas sorcier » datant de 2010 consacré à la grippe aviaire, il est expliqué qu’une pandémie est quelque chose d’envisagé par l’État, qu’il y a des scénari en place et qu’un confinement massif des élèves pourrait être déclaré un jour.

Dix ans plus tard, ce jour est arrivé, et c’est comme si le ciel était tombé sur la tête de l’Éducation nationale. Les moyens techniques ont pourtant évolué drastiquement depuis 2010, mais rien n’était prêt. En fait, rien n’avait été envisagé concrètement et rien n’a donc pu être mis en place.

C’est un jeudi soir que les élèves et les enseignants ont appris à la télévision qu’il ne leur restait plus qu’un jour à l’école, avant de rester à la maison. Trois semaines plus tard, le Ministre de l’Éducation nationale a fini par expliquer que les examens du brevet des collèges, des baccalauréats généraux et professionnels, des BEP et des CAP n’auront pas lieu.

Tout ce qu’il a été en mesure de proposer, c’est de compter sur les notes obtenues avant le confinement, reconnaissant de facto que rien de ce qui aura pu être fait durant cette période ne peut être pris au sérieux.

Il a aussi décidé de prolonger éventuellement l’année scolaire de deux semaines, afin de pouvoir ajouter quelques évaluations à toute hâte si un retour en classe est possible. Et encore, tout cela pour donner finalement tous les pouvoirs à des jurys qui décideront sur la base des bulletins précédents qui aura ou pas son diplôme.

C’est une manière de s’assurer de maîtriser par le haut et de manière totalement forcée et artificielle le taux de réussite final aux différents examens. Au passage, remarquons quelle fin lamentable, mais significative, cela constitue pour le dernier baccalauréat par série de l’histoire…

> Lire également : La remise en cause du principe d’un baccalauréat universel

Depuis maintenant trois semaines, les professeurs semblent n’avoir que la débrouille afin de garder le contact avec les élèves. Certains « cours » ont lieu sur Discord, Zoom, voir même sur What’sApp ou Facebook… D’autres professeurs, soit parce qu’ils ne maîtrisent pas ces outils, soit parce que, pour des raisons souvent légitimes ils refusent de les utiliser, n’ont plus qu’un lien sporadique avec leurs élèves, ou en tous cas certains d’entre eux. Il ne s’agit plus alors que de quelques e-mails échangés, en général via les outils de l’Éducation nationale qui ont été très rapidement surchargés et dépassés.

La réalité est que beaucoup d’élèves ne se retrouvent qu’avec des fiches en guise de cours et des exercices à envoyer à leurs professeurs, qui parfois répondent à peine. Les plus sérieux s’entre-aident via des groupes de travail, notamment pour les jeunes filles. Une partie d’entre eux, dont beaucoup de garçons, délaissent totalement les cours.

La situation est encore plus compliquée dans l’enseignement professionnel où il est pratiquement impossible de suivre un cours sans une présence physique avec des machines ou des outils en particulier. Des choses auraient été possibles, mais il aurait fallu pour cela prévoir et former tant les élèves que les enseignants. Ainsi que les familles, bien sûr.

Combien d’élèves se retrouvent ainsi « au bord du chemin » ? Le Ministère n’est en fait pas en mesure de pouvoir quantifier sérieusement l’impact du décrochage dans un sens ou même du maintien du lien scolaire dans l’autre. De toute façon, il est évident que les chiffres sont vertigineux, on sait que les élèves de l’enseignement professionnel (650 000 environ), les élèves de maternelle (2, 5 millions), une bonne partie des élèves du primaire et des collèges sont massivement laissés à leur sort ou en incapacité de pouvoir suivre le principe de la « formation à distance ».

Le fait d’envisager maintenant de donner tous les diplômes du secondaire de manière administrative (sous prétexte du « contrôle continu ») est l’aveu de cet échec lamentable et le reflet d’une impréparation totale, qui ne date d’ailleurs pas du confinement…

> Lire également : Réforme du baccalauréat: la situation compliquée dans les Lycées

Les prétentions ou les illusions de l’époque de Jamy dans « C’est pas sorcier » sont bien derrière nous. La perspective d’une pandémie était connue depuis des années, la crise en cours a été annoncée comme un risque des mois avant son arrivée en France, mais il n’y avait aucun plan, rien n’a été pris au sérieux. L’État a été totalement pris au dépourvu, avec une ampleur et des conséquences dont on ne peut même pas prendre encore la mesure, mais dont la pitoyable fin du baccalauréat sous sa forme traditionnelle est tout un symbole.

La faillite est complète et correspond à la fin d’une époque : celle de l’individualisme triomphant. Seule une démarche collectiviste est rationnelle.

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Politique

2020: l’année zéro pour la jeunesse qui va changer le monde

La crise sanitaire est mondiale et la réponse c’est la débrouillardise plus ou moins grande de gouvernements nationaux, avec des réflexes d’égoïsme et de solidarité immédiate n’engageant somme toute à pas grand-chose. L’humanité passe à côté du défi qui lui est imposé et c’est d’autant plus grave car la crise ne fait que commencer et va se dérouler à tous les niveaux : culturel, politique, moral, idéologique. Demain appartient à ceux qui entendent changer le monde.

La crise actuelle met un terme à une forme très française de considération des choses : la demi-mesure. Quelqu’un comme Nicolas Hulot conservera-il une crédibilité ? Certainement pas. C’est fini tout cela, l’heure qui vient, c’est celle de ceux qui ont une véritable base intellectuelle. Et il n’y en a que trois : le Socialisme, le Libéralisme, le Fascisme. Tout le reste n’a été qu’un luxe temporaire permis par la société de consommation.

On voit à quel point ce luxe a été important avec ces gens appelant à… une « grève » consistant à publier des messages sur Facebook ou Twitter. Cela n’a évidemment aucun intérêt et les gens qui le font le savent très bien. Mais ils mentent, comme ils ont menti auparavant. Maintenant, tout cela est fini, tous ces petits mensonges où l’on fait semblant n’ont plus cours.

Et encore, on peut constater cela début avril. Qu’en sera-t-il dans un mois, dans deux mois ? Lorsque le confinement aura encore plus troublé les esprits, lorsque la mort aura frappé avec ampleur ? Cela sera encore plus vrai. C’est toute la bulle idéalisée de la société de consommation qui s’effondre.

On ne saurait s’inquiéter assez des peurs paniques qui vont apparaître, des traumatismes, des esprits littéralement tétanisés. Car les gens, logiquement happés par la possibilité de vivre dans une certaine sécurité, ne comprennent pas comment on peut avoir basculer aussi aisément dans une situation si catastrophique.

Ne nous voilons d’ailleurs pas la face. Si l’on omet une petite poignée de gens au-dessus de vingt ans, littéralement, l’avenir appartient à la jeunesse, qui n’a pas été encore aussi corrompue par le capitalisme, parce qu’elle est déjà totalement corrompue. Elle n’a pas connu ce processus engourdissant les esprits, elle est née dedans directement. Sa rupture est par conséquent plus aisée, aussi paradoxal que cela puisse l’être.

Il n’est pas difficile de voir qu’elle va chercher à interpréter la réalité de manière adéquate, qu’elle va vouloir comprendre comment sortir de cette situation à la fois mondiale et très mauvaise. Voilà, 2020 est l’année zéro dans le changement mondial total. Tout devient possible.

Cela ne veut pas dire que cela sera aisé. Ce qui est touché coulé, c’est le Libéralisme. Reste le Fascisme et le Socialisme. Cela va être une lutte à mort entre deux visions du monde, entre deux manière de concevoir la vie quotidienne, la société dans son ensemble. Et tout ira très vite, aussi vite que l’effondrement d’un capitalisme vacillant.

La clef, c’est bien entendu la question animale. C’est la destruction des habitats naturels des animaux – et des animaux eux-mêmes – qui est la cause du covid-19. Un rapport harmonieux avec la nature n’aurait pas produit une telle situation. Ce que nous vivons, nous le vivons en raison d’un certain mode de vie, qui a son prix.

Renverser ce mode de vie, le dépasser, voilà une tâche inévitable. Qui d’autres que la jeunesse pour mener à bien cette inévitable transformation ?

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Guerre

NON au SNU (Service National Universel)

Une petite pétition a été diffusée contre le Service National Universel, signée notamment par Europe Écologie – Les Verts avec différentes associations et organisations d’extrême-Gauche. Toute mobilisation contre le SNU et la militarisation est évidemment très bonne, mais impossible de ne pas mentionner des bizarreries. On apprend ainsi qu’il y aurait une mobilisation générale de la jeunesse. Et on apprend que l’armée n’aurait pas voulu du SNU. Dans les deux cas, cela ne tient évidemment pas debout. La jeunesse est passive, consommatrice et atomisée, l’armée est fort ravie de la structurer en sa faveur.

« Le Service national universel que le gouvernement veut rendre obligatoire pour les jeunes de 16 ans

  • Une opération de soumission de la jeunesse: il s’agit d’inculquer un esprit d’obéissance aux règles, un respect absolu des normes… Règles et normes qui, pour la plupart, ne visent qu’à perpétuer les inégalités et injustices inhérentes à l’organisation actuelle de la société. Cette volonté de soumission passe aussi par un contrôle renforcé, notamment à travers la mise en fiches de tous les jeunes de 16 à 25 ans ; on sait comment ce genre de fichier peut être utilisé ! Volonté de soumission, enfin, car elle ne reconnaît comme « engagement » des jeunes que les dispositifs étatiques.
  • La remise en cause des droits des travailleurs et travailleuses : les jeunes du SNU seront utilisé/es pour remplacer des emplois aujourd’hui occupés par des employé/es qui ont un salaire, une convention collective ou un statut, la possibilité de s’organiser syndicalement, des droits individuels et collectifs. Avec le SNU, chaque année, 800000 jeunes seront exploité/es, sans aucun de ces droits, pour des durées variables ; ils et elles seront très vivement encouragé.es à poursuivre leur « engagement volontaire » par un service civique, dans les mêmes conditions de précarité.
  • Des dépenses considérables : 6 milliards €/an, selon un rapport sénatorial de 2017. Ces milliards seraient bien plus utiles pour le service public de l’Éducation, qu’aux mains des militaires !
  • Le renforcement de la militarisation. Encadrement militaire, levée du drapeau, chant guerrier, uniforme, parcours du combattant, raid commando, etc. contribueront à l’endoctrinement des jeunes. La propagande visera à banaliser encore plus le rôle de l’armée, alors que celle-ci est en pointe dans la répression, sur le territoire français, dans les colonies et diverses régions du monde. Sans surprise, il n’est nullement question dans le programme de pacifisme, de non-violence, ni de remise en cause du rôle de l’armée.

Le gouvernement nous dit : Il faut que les jeunes s’engagent. Mais c’est déjà le cas !

Ils et elles s’engagent pour lutter contre le racisme, pour que cesse la destruction de la terre, pour défendre leur droit à étudier, pour le partage des richesses, pour le droit au logement, pour l’égalité des droits et contre les discriminations, etc. Ce n’est pas à l’État de les forcer à s’engager !

Comment peut-on parler d’apprendre la citoyenneté, lorsqu’on confie l’encadrement à l’armée (qui, par ailleurs, n’était pas demandeuse) ?

Non au SNU! Abrogation du SNU!

Signé entre autres par :

Union pacifiste, Union syndicale Solidaires, Solidaires Étudiant.e.s, ASSO-Solidaires, SUD éducation, SUNDEP Solidaires Sud Enseignement privé, Solidaires Jeunesse et Sports, Fédération SUD Collectivités Territoriales, Fédération Éducation de la Confédération Nationale du Travail, Émancipation tendance intersyndicale, Mouvement National Lycéen, Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne, Fédération nationale de la Libre Pensée, Droits Devant !!, Ni guerres ni état de guerre, Causes communes, Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami(e)s Contre la Guerre, Réseau des Centres de Recherche, d’Etude et de Formation à l’Animation et au Développement, Mouvement de la paix, Parti Communiste des Ouvriers de France, Europe Écologie – Les Verts, Fédération Anarchiste, Union Communiste Libertaire, L’insurgé, Les Jeunes écologistes, Union des Jeunes Révolutionnaires, Union Prolétarienne, Unité Communiste de Lyon, Groupe libertaire Jules Durand, Radio-Libertaire, Revue Silence, Arc en ciel théâtre réseau coopératif.

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Société

L’affaire Mila, ou la déconnexion des identitaires musulmans et LGBT

La France est divisée en deux : il y a ceux qui consomment stupidement et ceux qui tentent de se forger une identité fictive, forcément romantique et agressive. L’affaire Mila est exemplaire de la bulle identitaire côtoyant la banalité d’un quotidien capitaliste où il ne se passe strictement rien.

Les gens sérieux regardent l’affaire Mila de haut, avec dédain, même. Interrogée à la télévision dimanche, Ségolène Royal a ainsi eu des propos très sensés :

« Critiquer une religion, ça n’empêche pas d’avoir du respect, ça n’empêche pas d’avoir de l’éducation, de la connaissance, d’être intelligent par rapport à ce qu’on dit. Une adolescente, qui est peut-être encore en crise d’adolescence, si elle avait dit la même chose sur son enseignant, sur ses parents, sur sa voisine, sur sa copine, qu’est-ce qu’on aurait dit ? On aurait dit simplement : « un peu de respect » ».

Ségolène Royal a évidemment une approche dédaigneuse, mais le fond est vrai : tout est une question de niveau culturel, de niveau de conscience. Qui veut une société réellement démocratique, avec le peuple assumant la politique, toute la politique, sait quel est le titanesque travail de conscientisation à mener…

Inversement, l’affaire Mila est passionnante pour les donneurs de leçons d’ultra-gauche (qui sont souvent des profs), pour les identitaires anti-musulmans et les identitaires musulmans. Tous ces gens cultivent leurs aigreurs et, il faut bien le dire, leur marginalité. La société n’en a effectivement rien à faire de leurs élucubrations.

Rappelons les propos de Mila, prononcés dans une « story » Instagram (soit une vidéo éphémère mais publique) :

« Je déteste la religion. Le Coran est une religion de haine, l’islam c’est de la merde, je dis ce que je pense ! Je ne suis pas raciste. On ne peut pas être raciste envers une religion. J’ai dit ce que j’en pensais, vous n’allez pas me le faire regretter. Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir. »

Voici une capture vidéo de ce message éphémère :


C’est brutal, mais bon il faut ne pas avoir été en couple pour ne pas savoir ce qu’on est capable de se jeter à la tête. Surtout en France, pays du psychodrame où on considère que mener sa petite dramaturgie est un signe de bonne santé.

La différence, c’est bien sûr la portée identitaire de la question. Mila est lesbienne, elle a tenu ses propos en réponse à la critique selon laquelle elle serait raciste pour avoir rejeté quelqu’un la draguant lourdement (et avoir précisé un peu avant que le style « reubeu » ce n’était pas son genre), en réponse les identitaires musulmans la menacent de manière ultra-violente, elle ne peut plus aller à l’école en conséquence, etc.

C’est donc une passion et à ce titre passionnant. Mais cela n’est rien du tout en réalité et c’est simplement un fait-divers typique de gens idiots s’attardant sur des choses idiotes, par profond goût pour l’idiotie.

Bien sûr, pour les gens ayant à l’esprit la fantasmagorie selon laquelle les musulmans sont traqués, pourchassés en France, c’est un signe. Pour les autres ayant à l’esprit la fantasmagorie selon laquelle l’islam est conquérant, c’est un signe. Pour les gens ayant à l’esprit la fantasmagorie selon laquelle les LGBT seraient rejetés ou haïs en France, c’est un signe.

Mais ce n’est un signe de rien du tout à part pour ceux ayant basculé dans le romantisme identitaire pour se distinguer de l’anonymat universel de la consommation capitaliste. Cela n’empêche pas que madame X fasse ses courses à Louis Vuitton, que monsieur Z achète des actions, que madame Y aille à l’usine et que monsieur V se demande comment il va faire pour acheter la prochaine Playstation vu son prix.

Non, parce qu’on ne va tout de même pas s’imaginer que c’est un épisode de la lutte des classes, et puis quoi encore ! C’est simplement une expression de la décadence du capitalisme et des gens qui l’acceptent. Il y a ceux qui l’acceptent passivement, qui vaquent à leurs occupations, et ceux qui l’acceptent activement en s’imaginant rebelles et qui pratiquent des orgies de vulgarité pour satisfaire leur quête réactionnaire d’identité.

L’effondrement de la culture, voilà ce que représente l’affaire Mila. C’est exemplaire du triomphe de la futilité, de l’agressivité identitaire, du fanatisme identitaire contre telle chose, pour telle chose, et jamais, jamais de réflexion, d’effort intellectuel prolongé, et toujours sa petite personne mise en avant, toujours…

La société capitaliste est un échec complet, toujours plus !

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Société

Réforme du baccalauréat: la situation compliquée dans les Lycées

Symbole du libéralisme triomphant, le baccalauréat a été démantelé au profit de parcours individuels à la carte, avec une place faite au contrôle continue en plus de l’examen final traditionnel. Ce contrôle continu consiste finalement en des minis épreuves assez similaires aux partiels universitaires et leur organisation pour les élèves de Première qui a lieu en ce moment se fait dans une grande confusion.

Voici les propos intéressants tenus par le président de la fédération de parents d’élèves FCPE au Conseil Supérieur de l’Éducation d’hier, jeudi 23 janvier 2020.

Il y est expliqué que ces nouvelles épreuves de contrôle continue (E3C), en plus du grand flou dans lequel elles ont lieu, entraînent une pression permanente de l’examen, au détriment de l’enseignement lui-même. Beaucoup d’enseignants et de syndicats d’enseignants déplorent la même chose, en plus de nombreuses autres critiques.

« Déclaration liminaire

Conseil Supérieur de l’Education du jeudi 23 janvier 2020

Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil,

Nous assistons à une situation inédite dans l’école de la République. D’un point de vue réglementaire, des élèves ont passé les premières épreuves communes de contrôle continu(E3C), alors même que le décret relatif à la fraude ou tentative de fraude n’est pas paru. Ce texte, nous l’avons vu le mois passé en CSE et il s’appliquera bien à la génération Bac2021.

La FCPE se répète à chaque CSE : la méthode Coué ne fonctionne pas pour la conduite de changement et en particulier dans l’éducation qui exige un temps long, un temps de consensus, un temps d’explication, un temps d’organisation.

Il n’est pas possible de mettre en péril la confiance de la jeunesse en l’Ecole et en son avenir. C’était tout le sens de la communication des présidents départementaux de la FCPE dès le 26 janvier 2019 qui appelait à faire une pause. Une pause pour anticiper les difficultés, travailler à réduire les inégalités scolaires, de territoire ou de parcours. Nous n’avons pas été les seuls à demander ce temps. Mais, rien. Tout a continué et nos propositions n’ont pas été entendues.

La tension est palpable chez les parents. Nous avons lancé un questionnaire début janvier pour appréhender le niveau de compréhension et d’information des parents d’élèves sur les réformes en cours. 5000 répondants,dont plus de 40% d’entre eux ne sont pas adhérents à la FCPE et 68 % d’entre eux ont des enfants en première. Et les connections continuent.

Ce sont 70 % des parents qui se trouvent mal informés sur les réformes, qui ne savent pas comment s’organisent les E3C. 67% qui ne connaissent pas les 54h dédiées à l’aide à l’orientation et près de 60% qui se repèrent difficilement dans les spécialités.

Néanmoins, les enjeux de la réforme sont assimilés, puisque les 5 sujets de préoccupation majeurs sont l’orientation, le choix des spécialités, les E3C, Parcoursup et les nouveaux programmes.

Rappelons-nous ensemble ce qu’est le lycée, trois ans pour apprendre et préparer son projet d’avenir post bac. Trois ans de scolarité et trois de construction citoyenne pour les jeunes adultes qu’ils seront au sortir de l’Ecole. Au début des travaux sur la réforme, le nouveau bac devait permettre aux élèves de sortir d’un examen sanction, source de stress, en intégrant le contrôle continu. Un enjeu essentiel pour la FCPE.

Mais il y a eu les épreuves communes de contrôle continu, les fameuses E3C pour les initiés. Ce format hybride à mi-chemin des modus operandi des épreuves terminales et du contrôle continu, version «super devoir blanc». Dans les faits, elles ressemblent énormément aux partiels universitaires.

Par deux fois ce dernier mois, nous avons alerté publiquement sur les questions techniques comme pédagogiques, sur les inégalités qui seraient à l’œuvre dans la mise en place des E3C cette année. Nous avons demandé un ajournement.

Oui, les difficultés n’ont pas été anticipées. Oui, nous sommes dans une situation inédite et ce sont les élèves en premier lieu qui en pâtissent et qui y jouent leur diplôme national du baccalauréat. Alors même qu’il n’y avait nul besoin de créer une telle usine à gaz pour évaluer leur travail sur l’année. Nous recevons tous les jours des témoignages de situations d’élèves ou d’établissement à propos des difficultés générées par les E3C. C’est une usine à gaz qui explose aujourd’hui.

Alors, est-ce une solution pertinente pour évaluer la progression des élèves ? 18 mois de scolarité, trois sessions sur plusieurs matières, sans ôter le contrôle continu, les épreuves anticipées et les épreuves terminales. Les élèves sont ainsi continuellement sous pression d’examen: en lieu et place d’apprendre, d’analyser leurs erreurs pour progresseravec les équipes éducatives, ils bachotent.Onest bien loin d’un climat serein de travail pour les élèves, de moins d’examen et de moins de stress.

Pour la FCPE, nous sommes loin de la prise en compte de l’évaluation progressive de l’élève dans ses apprentissages et de son bien-être. Enfin, je finirai mes propos sur une alerte concernant la génération Bac 2020, les élèves qui sont en terminale cette année. Parcoursup a ouvert hier et ils passeront leurs épreuves en juin. Aujourd’hui, ils souffrent des répercussions indirectes de la réforme et des E3C, les bacs blancs sont reportés. Oui, ils sont angoissés, car ils savent être la dernière génération d’un système. Que deviendront celles et ceux qui possiblement échoueront au baccalauréat ?

Nous attendons des réponses et avant le mois de juin.

Je vous remercie de votre écoute. »

Notons également que la FCPE, à l’issue d’une conférence de presse hier, a critiqué les actions de certains professeurs jouant la surenchère en boycottant ou bloquants les épreuves. Il a ainsi été déclaré de manière assez juste, ou en tous cas illustrant bien le climat délétère ambiant :

« Cela suffit que nos gamins soient toujours les victimes de ces adultes qui n’arrivent pas à trouver les clés du dialogue […]. On est dans une situation de rapport de force, une guerre de positions entre un ministre et des enseignants, et personne ne veut lâcher »

À cela s’ajoute une grande confusion pour les élèves de Terminale, la dernière génération passant le bac sous sa forme traditionnelle, devant faire leur choix d’orientation sur la Parcoursup avec un grand flou qui règne encore sur les choix optimaux à faire, des professeurs peu au courant pour aider les familles et les élèves, etc.

> Lire également : La remise en cause du principe d’un baccalauréat universel

Cela en dit long sur l’effondrement de notre société, dans laquelle les points de tensions se multiplient, avec une dégringolade généralisée de tout un tas de secteurs du quotidien, de tout un tas d’aspects, menant tout droit à une rupture de grande ampleur.

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Culture

«Good News», le single posthume de Mac Miller

Depuis la mort brutale du rappeur et producteur de Hip-Hop Mac Miller l’année dernière, ses proches, famille et collaborateurs, ont fait en sorte que l’album sur lequel il travaillait puisse sortir. Le single « Good News », bouclé par Jon Brion avec qui il collaborait dessus, en est un avant-goût.

Mac Miller était une personne dépressive, cela se comprend à travers ses textes et « Good News » n’y échappe pas (voir la traduction). Pour autant, sa musique ne sombre jamais dans le nihilisme et montre même la volonté de se sortir de ses addictions.

On ne peut parler de Mac Miller, de son œuvre, sans parler de sa mort et donc de sa consommation de drogues. Il a connu de nombreuses phases de toxicomanie et d’alcoolisme, avec de nouveaux produits à chaque fois. Mais il pu s’en sortir plusieurs fois à l’aide de sa volonté, notamment concernant l’alcool.

En septembre dernier, le dealer qui lui avait fourni le produit à l’origine de son overdose a été arrêté. Il devait l’approvisionner en Oxycodone, un médicament largement utilisé par les toxicomanes et dévastant la jeunesse.

Ces médicament étant contrefaits, ils contenaient du Fentanyl, une nouvelle substance qui fait des ravages aux USA et surtout au Canada. L’espérance de vie de la ville de Vancouver a même baissé suite à cette déferlante de Fentanyl.

Cette drogue, un opiacé 50 fois plus puissant que l’héroïne, extrêmement bon marché, est désormais utilisée pour couper tout type de drogues et médicaments du marché parallèle.

Mac Miller en a fait les frais. Ce fut un choc car même pris dans un quotidien autodestructeur, la mort l’a réellement fauché alors qu’il était raccroché à un projet.

« Good News » est le single de cet album, Circles, arrivant après le plus sombre Swimming, album écrit après sa rupture avec la chanteuse Ariana Grande.

C’est qu’il y avait toujours une forme d’optimisme pouvant reprendre le dessus à chaque instant. Et cela se ressent dans ses œuvres, pour la plupart mélancoliques mais pas dépressives voir même carrément positives. C’est notamment l’ambiance musicale qui permet de trancher avec les paroles désabusées.

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Société

De la fraîcheur, avec un skateboard

De la fraîcheur urbaine avec une musique entraînante. Tout simplement contagieux.
 

La vidéo très sympathique avec la skateuse d’Anvers Maité Steenhoudt est une bombe de fraîcheur. Produit par la marque Element, on y retrouve l’esprit traditionnellement fun et urbain du skate, avec toujours une grande attention accordée au style, évidemment. La bande-son, très bien choisie avec son côté rétro-electro, est la chanson Starry Night de la DJ coréenne Peggy Gou, déjà récupérée massivement par la hype capitaliste… Ce qui rappelle l’importance de la bataille culturelle.

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Politique

120 000 euros de capital pour chaque jeune de 25 ans: la proposition du bobo Thomas Piketty

Dans une vidéo Kombini, site plus connu pour raconter les dernières futilités concernant Drake ou Kim Kardashian que de contribuer à changer le monde, l’« économiste » Thomas Piketty présente sa dernière trouvaille, issue du dernier livre qu’il a à vendre : donner un « héritage » de 120 000 euros à chaque jeune à 25 ans. Voilà typiquement une idée de bobo n’ayant aucun sens des réalités.

Le capitalisme va mal ? Alors il faut le capitalisme pour tous ! Voilà la grandiose idée de Thomas Piketty, apprécié par les bobos du monde entier, à commencer par Barack Obama lui-même.

Le capitalisme serait donc tellement formidable qu’il faudrait que chacun puisse en profiter au début de sa carrière. C’est un peu comme au Monopoly : chacun la même mise de départ et c’est partie pour le grand jeu de la concurrence. Génial !

On a fait le calcul. D’après l’INSEE, les personnes ayant 25 ans durant l’année 2018 étaient 691 249. On multiplie par 120 000 et cela donne 82 949 880 000. Il faudrait donc 83 milliards d’euros par an.

Cela équivaut (d’après la loi de finance 2019) à l’addition de tout l’impôt sur le revenu (70,4 milliards nets) et de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (13,1 milliards nets).

Pour se donner une idée également, avec 83 milliards d’euros on a (toujours d’après la loi de finance 2019) quasiment les budgets consacrés à l’éducation et à l’Écologie/développement durable en France (85 milliards d’euros).

Plutôt que de doubler les budgets consacrés à l’écologie et à l’éducation (le plus gros budget), Thomas Piketty suggère donc que cela serait mieux d’en donner un bout à chaque jeune, pour qu’il fasse de son côté son petit bout de chemin capitaliste.


Comme par magie, cela résorberait les inégalités et le capitalisme deviendrait vertueux. Il faut vraiment être totalement imprégné de la pensée bourgeoise pour penser une telle chose… Mais cela n’est pas étonnant de la part d’un ancien de « Normal Sup’ » et de la London School of Economics.

Pour l’anecdote, il faut savoir qu’à l’époque où Dominique de Villepin voulait imposer à la jeunesse l’immonde Contrat Première Embauche, il mandatait Thomas Piketty pour faire une London School of Economics à la française à Paris.

Et dire que Benoît Hamon avait fait de Thomas Piketty son conseiller économique pour sa campagne en 2017… Tout cela parce qu’il a écrit un succès d’édition, Le Capital au XXIe siècle, qui en 2013 lui a accordé beaucoup d’estime dans les couches intellectuelles cherchant des réformes sociales mais à tout prix sans luttes des classes.

Quelle catastrophe pour la Gauche. Si Jean Jaurès, Léon Blum ou Maurice Thorez voyaient ça, ils n’en reviendraient pas.

Thomas Piketty se moque littéralement du monde ici avec ses 83 milliards d’euros par an tombés du ciel, comme s’il suffisait de le décréter pour faire apparaître tout cet argent, comme si la crise économique n’était qu’une invention de la Droite.

Une telle somme existe cependant, il n’a pas tord de ce point de vue là. Il faudrait la prendre aux riches, ou au « capital » comme il le dit pour se donner un genre « Karl Marx » (bien qu’il déteste Karl Marx, qui selon lui se serait trompé sur tout et n’aurait aucun contenu).

En l’occurrence, les riches, le capital, la bourgeoisie, ne se laisserait pas faire. Seul un pouvoir de gauche très fort, porté par les classes populaires menant une lutte de classe très intense, avec en tête la classe ouvrière massivement organisée dans des assemblées générales puissantes, pourrait arracher une telle somme, dans une situation quasi insurrectionnelle par ailleurs.

Il serait alors hors de question de disséminer tout cet argent individuellement à chaque jeune de 25 ans pour entretenir l’illusion du capitalisme ! La Gauche portée par les classes populaires aurait de biens meilleures idées pour ces moyens, en planifiant de manière rationnelle les dépenses dans un sens collectif et responsable.

Il paraît d’ailleurs que cela s’appelle le Socialisme. Et cela n’a rien à voir avec le populisme light et prétendument « de gauche » du vaniteux Thomas Piketty.

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«La retraite, une affaire de jeunes»

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Le 86e congrès de l’UNEF du 6 au 8 décembre 2019

Le syndicat étudiant UNEF, historiquement une véritable usine à cadres pour la Gauche, va tenir son 86e congrès alors qu’elle est à un tournant. Elle a perdu en effet son approche historique d’organisation de masse pour devenir pratiquement une structure politique de la « Gauche » postmoderne, avec une démarche très sectaire.

Le 86e congrès de l’UNEF a lieu du 6 au 8 décembre 2019 à Lille, alors que l’organisation est en perte de vitesse dans la jeunesse depuis plusieurs années et est même passée au second plan dans les institutions étudiantes derrière la FAGE.

L’UNEF a rompu en effet avec la tradition de la Gauche historique – avec ses innombrables débats de tendance et ses liaisons avec les partis politiques – et ses militants agissent littéralement comme ceux d’une organisation politique avec des revendications ultra-minoritaires et sectaires.

Si les éléments les plus radicaux allant en ce sens sont parties – formant en mai 2019 la Fédération syndicale étudiante l’orientation de ce type reste hégémonique et l’organisation risque pas moins que l’auto-destruction.

Les seules réponses à la crise qui sont proposées par les quatre tendances en prévision du congrès sont en effet la fuite en avant dans les thématiques « minoritaires » propres à la « Gauche » postmoderne ainsi qu’une puissante décentralisation.

La Tendance Action Syndicale (TAS), la Tendance Action Collective et Luttes Étudiantes (TACLE) et la Tendance Réformiste pour une Alternative Démocratique et Écologiste (TRADE) ne parviennent de toutes façons pas à peser sur la Tendance Majorité Nationale. Celle-ci dispose de la majorité depuis 2001 et provient même de la fraction majoritaire dans l’UNEF-ID, lié au Parti socialiste, depuis 1994.

Pour comprendre à quel point c’est l’échec, il suffit de regarder le programme de la Tendance Action Syndicale (TAS). Rien que la première page dispose d’une demi-page de notes en petits caractères pour expliquer des concepts comme crise du capitalisme, matérialisme dialectique, fascisme, capitalistes, État, crise politique/économique.

Tout cela est indéniablement important, intéressant, on ne peut pas en disconvenir. Mais s’imaginer que c’est le lieu pour cela ou que des notes en petits caractères vont élever le niveau idéologique, politique, c’est de l’ultra-gauchisme, purement et simplement.

Il en va de même pour la Tendance Action Collective et Luttes Étudiantes (TACLE), liée au NPA, qui nie totalement que la poignée d’activistes étudiants est totalement marginalisée chez les étudiants et s’imagine représenter une minorité politique à deux doigts de la prise du pouvoir :

« Nous avons donc une responsabilité, celle d’être une génération forgée à la chaleur de l’affrontement à ces attaques et à ce gouvernement capitaliste. Une génération militante formée, forgée et construite dans les Assemblées Générales massives contre la loi ORE, dans les grèves, dans les blocages, dans les manifestations massives, dans les actions coups de poing. »

La Tendance Majorité Nationale n’échappe à cette lecture fantasmée et décalée ; voici les premières lignes de son document :

« «La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute»

Nelson Mandela

Introduction: Etats-Unis, Brésil, Grande-Bretagne, Inde, Italie… Les forces réactionnaires et d’extrême-droite n’ont cessées de gagner du terrain ces dernières années aussi bien par la voie 8électorale que sur le plan des idées.

Pendant que le Brésil de Bolsonaro se referme sur lui-même, sacrifie l’Amazonie au nom de sa politique, coupe drastiquement sur le financement de l’enseignement supérieur et impose des lois homophobes, l’Inde persécute les personnes musulmanes de la région du Cashemir.

Néanmoins les populations mondiales ne restent pas silencieuses, et s’élèvent pour exiger démocratie et justice sociale: Algérie,Soudan, Hong Kong, Turquie etc. ici aussi la liste est longue. »

La Tendance Réformiste pour une Alternative Démocratique et Écologiste (TRADE) propose quant à elle l’abandon de tout projet global et un fédéralisme permettant une autonomie complète.

« Adopter une approche Bottom-Up : décentraliser

Notre organisation se doit d’être plus humble et de revenir à une structure décisionnelle locale, avec le développement de tracts locaux, de chartes graphiques locales. L’Unef se réalisera pleinement lorsqu’elle fera la somme de ses racines en un tronc commun et non pas en imposant à une multitude de branchages une seul voie. C’est l’appauvrissement des idées et des moyens d’actions qui nous touche par l’incapacité à renouveler nos méthodes militantes.Il faut accorder un poids plus important aux sections locales en leur accordant une autonomie accrue. »

On l’a compris : la majorité veut faire comme avant, les autres tendances exigent l’autonomie des sections, alors que dans tous les cas les seules valeurs communes sont un activisme estudiantin avec des thématiques telles l’écriture inclusive, les revendications « LGBT+ », etc.

Alors que la seule solution, pour que l’UNEF se maintienne et se reconstruise, est un retour aux fondamentaux, aux enseignements de l’UNEF-ID et de l’UNEF (dite « SE ») des années 1980, avec une cessation de la prétention à être ce qu’elle n’est pas : une organisation politique.

L’UNEF ne peut exister que comme mouvement de masse ; qu’il y soit parlé politique et que la politique décide, tant mieux, car le syndicalisme en soi n’aboutit à rien. Mais la négation du syndicalisme, sa transformation en un jeu « hyper-révolutionnaire » ultra-minoritaire se mettant sur le même plan que le monde du travail, c’est de la simple vanité et surtout un suicide.

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Politique

Le suicide n’est pas une forme politique

La tentative de suicide d’un jeune est une chose horrible, c’est un drame qui est une expression de désespoir. Cela ne saurait être autre chose. Y voir un caractère politique, comme avec la tentative de suicide d’un syndicaliste étudiant à Lyon, c’est accorder une valeur à l’autodestruction, ce qui est totalement étranger historiquement au mouvement ouvrier.

Le syndicalisme étudiant, en cherchant à mobiliser autour de ce drame, témoigne qu’il est définitivement passé dans le camp de la « Gauche » postmoderne et qu’il n’a aucune considération pour les classes sociales.

La Gauche a des responsabilités et il faut être absolument clair : le suicide et la grève de la faim sont des formes totalement étrangères au mouvement ouvrier. C’est une autodestruction, qui a toujours été réfuté comme étrangère au mouvement de l’Histoire. Il faut donc absolument tout faire pour éviter que des gens, par désespoir, par impression de se heurter à un mur, contourne le patient travail politique de gauche au profit d’une action autodestructrice « spectaculaire ».

En ces temps troublés, de faiblesse sur le plan des idées, ce genre d’actions est d’autant plus « fascinante », sans parler des réseaux sociaux qui en amplifie « l’écho ». Il y a donc lieu pour la Gauche de réfuter catégoriquement ce genre d’approches, d’empêcher que cela devienne une forme « acceptable ».

Il y a donc beaucoup de légèreté de la part de syndicalistes étudiants de la « Gauche » postmoderne à profiter d’un acte de désespoir pour récupérer la chose politiquement et tenter de faire du bruit au sujet de la précarité étudiante. Plusieurs jours après la tentative de suicide, ils cherchent à profiter de la juste émotion pour mobiliser. C’est là un jeu extrêmement dangereux, qui peut avoir des conséquences atroces. Intégrer un acte irrationnel comme le suicide dans un dispositif à prétention politique, c’est banaliser l’acte.

En agissant ainsi, on donne de la valeur à un tel acte, on reconnaît qu’il aurait été déclencheur, révélateur. On le reconnaît comme jouant un rôle socialement, ou sur le plan des idées. C’est une véritable catastrophe, un déni total de la raison.

Surtout que dans le peuple la règle est très claire : quand on a une famille, on ne se suicide pas. Dans le peuple on assume ses responsabilités, quitte à souffrir, toute sa vie. C’est ce que font 35% d’Argentins vivant dans le dénuement, pour qui la moindre chose est un luxe, dont 10 % qui ont basculé dans cette misère d’un coup ces dernières semaines. Et c’est ce que font des millions et des millions de personnes en France également, dans des conditions moins difficiles matériellement mais avec autant de souffrance morale.

Car la vie quotidienne dans cette société est, objectivement, un cauchemar. Et la réponse n’est jamais le suicide, toujours la lutte. La classe ouvrière ne se suicide pas. Qui dans le monde accordera un sens au suicide d’une personne jeune, qui a des parents qui peuvent l’héberger, qui a une petite amie, qui a la sécurité sociale grâce aux avantages sociaux, qui a disposé d’une bourse les années précédentes ? Qui plus est dans l’un des pays les plus riches du monde… Non ce n’est pas possible d’accorder une valeur à un tel acte. Il ne faut pas valoriser des actes aussi destructeurs ; rien ne peut en sortir de bon.

Et il ne s’agit pas de « précarité » étudiante ou de passer au 32 heures pour supprimer le chômage. C’est de toute la société qu’il s’agit, dans son rapport au travail, à la nature, à la vie elle-même. Cela va bien plus loin que de voir en la source des problèmes François Hollande. Ce dernier devait être présent à Lille et des étudiants de la « Gauche » post-moderne en ont profité pour déchirer les exemplaires de son dernier livre. Déchirer un livre ! Comment peut-on, en France, déchirer un livre ? Mais qui sont ces gens !

Il est vraiment terrible de voir comment en ce moment la France refuse la lutte des classes, comment on demande à l’État d’améliorer les choses et comment on trouve dans quelques gouvernants des bouc-émissaires. Les gilets jaunes sont un terrible exemple et les suicides « argumentés » récents  – comme celui d’une directrice de maternelle à Pantin – en sont un autre exemple, dramatique.

Il faut impérativement une sortie par en haut, ce que seuls les ouvriers peuvent apporter en rentrant dans la bataille. Sans eux, rien ne peut bloquer cette spirale du négatif.

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Société

Le teknival «Tek’Steve’All» en périphérie de Nantes

Pratiquement 15 000 personnes se sont rassemblées en périphérie de Nantes pour un teknival nommé « Tek’Steve’All », en référence au jeune décédé dans cette ville lors de la fête de la musique. L’événement, traditionnel dans sa forme, a ouvertement assumé un discours anarchiste, prônant la vie à l’écart des valeurs dominantes, la haine de la police, le cantonnement dans une fuite en avant dans le « son » et, bien évidemment, l’alcool et les drogues.

Depuis l’occupation de la piscine Molitor à Paris en 2001 pour une free party historique, la scène techno des frees et des teknivals a toujours oscillé entre une volonté de reconnaissance et un goût prononcé pour la marginalité. Les exigences préfectorales ont cependant toujours été telles que finalement, c’est le choix de la bande à part qui a été fait pour ceux refusant de tout abandonner ; sur la vingtaine de frees de l’année dernière, une seule avait été déclarée.

La mort de Steve lors d’une fête techno à Nantes a forcément transcendé une scène qui, à l’arrière-plan, a toujours connu un énorme problème d’identité. À l’opposé du phénomène de masse que cela a été en Angleterre, la scène techno française des frees a toujours surtout rassemblé des jeunes à la périphérie des grandes villes, cherchant une dynamique culturelle positive.

L’apolitisme dominant – même si de manière régulière la chanson « porcherie » (sic!) des Béruriers Noirs clôt une free – se résume donc toujours par cette volonté suprême d’être « laissé tranquille ». Les multiples slogans du teknival qui vient de se dérouler sont à comprendre en ce sens :

« La police peut nuire à vous et à vos proches », « Etat policier, rue de la répression », « Ni oubli ni pardon pour Steve », « Justice pour Steve », « Justice pour Steve, mort pour avoir dansé », « Partout comme en teuf, défendons-nous face aux keufs », « Légitime défiance, la police est coupable », « La police tue… pas nos basses ! », « Face à la répression, unis pour nos libertés », « danger police », « UnisSONs-nous et RAVE’oltons-nous contre la répression », etc.

Cela semble d’autant plus rebelle que, conformément à l’esprit des teknivals, il y a un vrai effort de fait pour la décoration, le jeu de lumières, la qualité des sound-system, etc. Le problème est que cela fait 20 ans que les choses n’ont pas bougé. La scène des free parties vit dans la passé. Elle écoute une musique du passé, avec un style du passé. Rien ne bouge, surtout rien ne doit bouger.

À cela s’ajoute le problème de fond : l’utilisation obligatoire de drogues. La scène techno des free parties n’utilise pas les drogues comme un moyen, ce sont désormais les drogues qui l’utilisent comme moyen. Le problème des drogues était déjà énorme à la base, mais il était possible de discuter. Aujourd’hui c’est impossible, les drogues imposent leur domination totale. Ce panneau d’avertissement artisanal au teknival de Nantes prévenant, sur un pont, qu’en-dessous il y a un cour d’eau, en dit long :

Le teknival « Tek’Steve’All » est donc régressif sur tous les plans, ce qui est typique d’une orientation anarchiste. C’est une simple expression de la volonté de vivre isolé, à l’écart, sans intervention de l’État, pour vivoter d’une manière artisanale tout en se défonçant, tout en imaginant que culturellement on écoute une musique « underground », incompréhensible pour le commun des mortels vivant une vie banale, etc.

Le monde peut s’effondrer, tant pis, il faut vivre à l’écart. « Plus le son est fort, moins on entend le monde s’effondrer. »

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Société

Tribune des parents d’élèves et habitants contre le trafic de drogue à Saint-Denis (93)

Voici une tribune publiée par Le Parisien-Aujourd’hui en France, dénonçant l’abandon de la jeunesse aux mains des réseaux mafieux liés au trafic de drogue. Elle est écrite par des parents d’élèves et habitants du quartier Delaunay-Belleville Sémard à Saint-Denis (93). Ils y réclament des actions et des moyens de la part de l’État, en rejetant une réponse qui serait uniquement répressive.

> Lire également à ce sujet : Des familles face aux dealers devant une école de Saint-Denis

« Tribune

Comme chaque matin depuis le mois de mai dernier, nous, parents d’élèves et habitants du quartier Delaunay-BellevilleSémard à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), formons une chaîne humaine devant nos écoles pour protéger nos enfants du trafic de drogue qui s’étend toujours plus dans nos quartiers nord. Normal ?

Dire tout haut l’enfer vécu au quotidien par les habitants et la colère de voir une jeunesse abandonnée aux mains des réseaux mafieux. Dénoncer enfin les conséquences d’une rupture d’égalité républicaine qui fait sombrer non seulement Saint-Denis mais la Seine-Saint-Denis toute entière.

Les intrusions répétées d’individus liés aux trafics symbolisent la faillite de l’État sur notre territoire. Un État paraissant incapable de garantir de façon égale aux enfants de la République de grandir dans un espace serein, sûr, propice à l’éducation et à l’épanouissement.

La gravité de notre situation n’a pas échappé à M. Leclerc, préfet de Seine-Saint-Denis qui nous a reçus le 4 septembre dernier.

Les « efforts consentis » sont pour la plupart de nature sécuritaire et répressive : 28 agents supplémentaires quand il nous en faudrait 200 de plus rien que pour Saint-Denis.

Le développement des trafics se nourrit d’autres graves défaillances : justice pénale et civile ralentie par ses effectifs insuffisants et ses tribunaux saturés, dispositifs de protection de l’enfance devenus inefficaces, prévention spécialisée décimée, non-remplacement des enseignants absents contribuant aux difficultés scolaires et aux décrochages, une absence de programmes sociaux de lutte contre la précarité, difficulté d’accès aux soins et à l’emploi, un tissu associatif qui vivote par absence de subventions publiques, affectation de néo-titulaires et instabilité des équipes qui freinent le bon fonctionnement des services publics, etc.

Le constat est tel qu’il a poussé cinq maires du 93 à entamer une action en justice contre l’État. La mobilisation des citoyens partout dans le 93 mais aussi à Toulouse, Montpellier et Marseille témoigne de leur volonté de reprendre la situation en main et de ne plus subir.

Suite à la parution en mai 2018 du rapport parlementaire n°1014 sur « L’évaluation de l’action de l’État dans l’exercice de ses missions régaliennes en Seine-Saint-Denis » et à la séance de débat qui a suivi à l’Assemblée le 5 février 2019, vous vous êtes engagé à « adapter l’action » de l’État aux enjeux du territoire.

Vous avez alors chargé le préfet de la Seine-Saint-Denis de mettre en place et coordonner des groupes de travail. Selon le Préfet, ces groupes, auxquels nous, parents d’élèves et habitants de la ville, n’avons pas été conviés et dont nous ne connaissons ni la composition ni le travail, se sont réunis. Leurs conclusions vous ont été remises sans être communiquées au grand public, principal concerné.

Nous demeurons très dubitatifs quant aux 55 mesures, non encore toutes détaillées, du « plan anti-drogue » qui semble exclure une action conjointe avec les ministères de la Santé et de l’Éducation Nationale.

Nous demandons une augmentation significative non seulement des effectifs de police mais aussi d’éducateurs spécialisés, de professeurs remplaçants, de fonctionnaires qualifiés.

Une réponse uniquement répressive est insuffisante. Nous ne voulons pas non plus d’un énième « plan banlieue ». Nous demandons simplement un service public à la hauteur et le rétablissement de l’égalité territoriale. »

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Société

FCPE – Les Lilas (93): «quand viendra le temps d’une véritable prise en compte de ces phénomènes de rixes ?»

Voici le communiqué des fédérations de parents d’élèves FCPE du lycée et des deux collèges concernés par la mort insupportable d’un jeune s’étant opposé à une rixe pendant un cours d’EPS aux Lilas, en Seine-Saint-Denis :

« Aux Parents et responsables légaux des élèves,

Les membres de la FCPE du Collège Marie-Curie, du Lycée Paul Robert des Lilas, du collège Jean-Jacques Rousseau du Pré Saint Gervais tiennent à exprimer leurs sincères condoléances à la famille de Kewi, Gervaisien, décédé suite à une rixe qui a eu lieu ce vendredi 4 octobre 2019 aux Lilas. Nous témoignons aussi notre profonde solidarité à l’ensemble de la communauté éducative et particulièrement à ceux et celles qui ont été impliqués dans ce tragique évènement survenu pendant le temps scolaire.

La mort de Kewi est une nouvelle fois, après celle d’Aboubakar en octobre 2018, un drame pour tous. Elle n’est pas issue d’un accident, ou d’un geste malheureux, elle résulte d’une violence indescriptible.

Quand viendra le temps d’une véritable prise en compte de ces phénomènes de rixes qui ne cessent de se répéter ?

Quand viendra le temps d’une véritable prévention avec l’ensemble des acteurs des quartiers, de la communauté éducative, des collectivités locales, de la Préfecture et de la Police pour se donner les moyens d’en finir avec ces actes de violence ?

A de nombreuses reprises, nous, parents d’élèves, avons fait remonter lors de conseils d’administration, de réunions publiques ou de rendez-vous avec les instances notre inquiétude face à cette installation et banalisation de violences subies par tous : enfants, parents, équipes pédagogique et administrative.

Aujourd’hui nous sommes très en colère et abattus par le trop peu d’actions communes menées par les instances sur le territoire.

Bien sûr, des mesures exceptionnelles pour assurer la sécurité des élèves et des habitants ont été prises immédiatement : la Police Nationale, les services de l’Education Nationale et la Préfecture maintiennent une vigilance extrême, sécurisent aujourd’hui les accès au lycée et aux collèges et accompagnent psychologiquement les enfants.

Mais que se passera-t-il dans les prochaines semaines ? Les prochains mois ? Les prochaines années ?

Nous en avons assez d’entendre que nos communes sont les privilégiées du 93.

Nous demandons à ce que de véritables moyens humains et financiers soient mis en place immédiatement et sur le long terme.

Nous demandons à ce qu’une instance de coordination incluant tous les acteurs du territoire soit créée et s’inscrive dans la durée.

FCPE – Lycée Paul Robert des Lilas – fcpelyceepaulrobert@gmail.com
FCPE – Collège Marie Curie des Lilas – parents.college.lilas@gmail.com
FCPE – Collège Jean-Jacques Rousseau du Pré Saint Gervais – fcpejjrousseau@gmail.com »

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Politique

Jeunes écologistes : « faisons notre (r)Entrée en politique ! »

Voici le document de rentrée des Jeunes écologistes, qui appellent à investir le champs de la politique en portant une écologie de rupture et de transformation. Si le texte ne se revendique pas directement de la Gauche, il est dans sa forme et son contenu très proche d’une démarche de gauche et va forcément dans le même sens qu’un Front populaire porté par la Gauche, ici sur la question essentielle de l’écologie. Pas de « grand soir » donc, mais un ligne ferme et assumée pour investir les lieux de pouvoirs actuels contre «l’hyper-capitalisme» et sans céder aux « néo-ruraux ou bobos ».

« Jeunes Écologistes : faisons notre (r)Entrée en politique !

Quelques jours après une Marche Climat marquée par la confrontation de stratégies plurielles, une semaine avant le lancement de la Rebellion Internationale d’Octobre d’Extinction Rebellion, quelques mois avant l’échéance des municipales, les Jeunes Écologistes lancent leur campagne de rentrée avec le slogan « Jeunes Écologistes : faisons notre (r)Entrée en politique ! ».

Notre message est le suivant : il y a urgence à agir, il y a urgence à affirmer une ligne politique radicale porteuse d’une écologie de rupture et de transformation. Nous n’avons pas le temps d’espérer ou d’attendre un « grand soir » qui verrait l’écroulement de nos institutions suite à une insurrection révolutionnaire, il faut dès maintenant nous préparer partout où nous le pouvons, ménager partout où l’on peut des espaces de convivialité, retisser partout les liens et les attaches que l’hyper-capitalisme détruit en les marchandisant, réinventer et concrétiser des imaginaires et des utopies qui dépassent le carcan consumériste et individualiste…

Il nous faut, partout où nous le pouvons, réparer le monde, et combattre l’inaction et l’indifférence. Néanmoins nous ne pouvons nous permettre de nous contenter d’une restauration à la marge. Il faut affirmer que cette révolution a vocation à devenir la nouvelle norme, qu’elle est souhaitable, enviable, crédible, sérieuse, qu’elle n’est pas le doux rêve de quelques néo-ruraux ou bobos mais un projet de société qui inclut tout le monde et justement recrée les conditions (aujourd’hui perdues) d’un commun social : en bref, il faut revendiquer le fait que cette révolution est une politique.

Nos institutions, aussi critiquables soient-elles, peuvent et doivent aussi devenir des espaces de lutte, dans lesquels nous devons prendre place. S’y prennent aujourd’hui les décisions qui détermineront si oui ou non demain nous pourrons vivre dans un monde viable et enviable ; nous ne pouvons donc les rejeter en bloc en arguant de leurs dysfonctionnements. S’y prennent aujourd’hui, quotidiennement, les décisions qui déterminent déjà notre destin, nous ne pouvons regarder et laisser faire. Si nous, écologistes, humanistes n’y prenons pas place, d’autres le feront avec joie et perpétueront voire aggraveront la destruction du vivant et l’annihilation de la dimension collective et solidaire de l’humanité qui est en cours.

Nous affirmons la complémentarité des modes et des stratégies de luttes : nous avons besoin que la société civile maintienne une pression extrêmement forte sur les institutions car ces dernières par essence conservent et protègent une norme qui aujourd’hui nous mène au mur ; nous avons besoin que les actions de désobéissance civile se multiplient et se massifient pour démontrer l’inanité de ces normes et continuer à marteler l’urgence.

Mais nous avons aussi besoin d’une force politique structurée et forte qui puisse traduire et décliner l’exigence d’action en mesures politiques concrètes, et qui puisse faire barrage dans les institutions au statu quo libéral « raisonnable » dont voudraient se satisfaire certain.e.s, et aux idées nauséabondes qui voudraient .

A l’heure où nous faisons face à de telles menaces, il nous faut nous emparer du levier institutionnel, ne serait-ce que pour résister, contredire, au moins empêcher, « limiter la casse », « sauver les meubles ». Lorsque ces meubles et cette casse concernent des vies et les bases de notre vie en commun, l’objectif n’est pas si dérisoire.

Néanmoins il se peut que nous puissions espérer mieux : de multiples exemples nous montrent qu’accompagnée d’une mobilisation sociale forte et lucide, des forces politiques ont pu non seulement résister et faire barrage, mais aussi construire. De multiples exemples de communes où des politiques imaginatives et surtout guidées par la sensation de l’urgence ont été mises en œuvre font la démonstration qu’il est possible dès aujourd’hui de commencer à élaborer le monde de demain, ou du moins de préparer le monde qui vient -ce monde qui risque d’être considérablement moins clément et face auquel des politiques de résilience doivent être construites.

Les municipales nous offrent donc une occasion à la fois de faire barrage à la lame de fond destructrice et de proposer concrètement d’autres manières de faire monde collectivement, ou du moins d’autres mots et d’autres langages à apposer sur une réalité en crise. Il est possible de faire de la résistance et de la désobéissance depuis l’intérieur des institutions également : les maires ayant publié un arrêté anti-pesticides n’ont pas fait autre chose. Il faut porter partout cette radicalité et cette intransigeance, et elle est le plus pertinente et la plus efficace là où elle peut de manière très directe être en prise et en confrontation avec la norme, et espérer ainsi la transformer.

Nous continuerons à alerter, à dénoncer, à manifester, à désobéir, et de manière synchrone et complémentaire, nous contribuerons donc à une vague verte en mars 2020. Nous n’avons pas le luxe ni le temps de rejeter ou nier la dimension profondément politique du combat écologiste, ni de rejeter ou nier le volet institutionnel de la politique.

« Là où croit le péril croît aussi ce qui sauve », Holderlin. »

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Écologie

Greta Thunberg ne fait pas le poids

On touche aux limites d’une mise en scène infantile avec Greta Thunberg, où la cause climatique a été transformée en molles protestations adolescentes contre « la fin du monde ». Des limites qui tiennent à une écologie qui prétend qu’il faut moins produire, alors qu’en réalité il faut davantage produire.

Nous vivons dans un monde « fini » où la croissance infinie est impossible : tel est le leitmotiv larmoyant de couches sociales aisées profitant du système capitaliste et craignant que les grandes entreprises amènent le tout à s’effondrer.

C’est un discours régressif, prônant le retour en arrière. Il va du discours anti-science des religions au discours anti-productiviste des zadistes, anarchistes et fascistes se faisant concurrence pour se présenter comme les meilleurs représentants d’une petite production censée être à la fois saine, raisonnable et équilibrée, adaptée aux besoins du monde.

Greta Thunberg se rapproche de plus en plus de ce discours, car il faut bien qu’elle dise quelque chose. Elle était à New York au sommet de l’ONU durant lequel elle a parlé à Angela Merkel et regardé méchamment Donald Trump, tout en tenant un discours comme quoi elle devrait être à l’école de l’autre côté de l’océan au lieu d’avoir à exiger que les adultes se bougent.

Elle a protesté contre la croissance économique, qui serait la grande folie des adultes et qui priverait les jeunes d’un avenir plein de certitudes agréables.

C’est là à la fois vain et contradictoire. Vain, car ce n’est pas le théâtre qui change le monde. Greta Thunberg risque ici de payer humainement le pétrin dans lequel l’ont mis des adultes irresponsables, ses parents en premier. Si elle croit vraiment qu’elle joue un véritable rôle historique, la désillusion ne va en être que plus grande. C’est inhumain.

Contradictoire, car la situation actuelle, dans ses aspects positifs et négatifs, est issu de la production, de son élargissement, d’une croissance économique impliquant davantage de moyens, davantage de culture, davantage d’envergure. Critiquer le capitalisme alors qu’on en est le produit, cela n’a pas de sens.

Ce qu’il faut dire, en réalité, c’est qu’il faut aller de l’avant, et non pas ralentir l’économie ou aller dans le passé. Il faut davantage de centralisation, de monopoles, de grandes entreprises, avec encore plus de moyens. Et tout cela doit appartenir au peuple, qui doit également gérer l’ensemble, en dirigeant le tout dans une bonne direction.

Nous avons besoin de bien plus de production, par exemple de Canadair pour éteindre les feux de forêt en Amazonie, de drones avec des missiles pour anéantir les braconniers en Afrique, de robots pour aller coloniser l’espace et permettre la diffusion de la vie, de plus de mécanisation, de robotisation pour que le travail devienne plus aisé, plus productif, qu’on se débarrasse de tous ses éléments aliénants et oppressants.

Tout cela, c’est la Gauche qui l’a historiquement affirmé, c’est le drapeau rouge de l’utopie. Greta Thunberg s’imagine bien au-delà de tout cela. Venant d’un milieu aisé et étant autiste, elle n’a pas de mise en perspective concrète de la réalité, elle vit dans l’idéalisme.

Cela en fait quelqu’un de sympathique. Mais pourquoi sympathiser avec telle suédoise végane et pas une autre ? Cela fait trente ans que la Suède produit de telles adolescentes, conscientes et engagées, il est vrai dans un cadre alternatif, à l’opposé de Greta Thunberg. C’est pour cela qu’elle passe très bien dans les médias : avec elle on sait à quoi s’attendre. Le cadre est posé, on en sortira pas.

Elle ne fait donc pas le poids. À moins de croire en les « grands Hommes » et en les génies – ce qui est antidémocratique, antipopulaire, il n’y a aucune raison de dire que l’activité de Greta Thunberg est juste, elle qui n’a ni idées, ni solution, ni théorie, ni vision du monde.

Elle n’empêche pas les choses de tourner en rond, car derrière le battage médiatique, tout continue comme avant. C’est en ce sens que cela risque d’être dramatique pour cette adolescente : lorsqu’elle s’apercevra que tout ce qu’elle a fait est vanité, le choc n’en saura que plus dur.

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Guerre

Militarisation : le Service National Universel profite de youtubeurs

Avec le petit scandale de l’utilisation d’influenceurs opérant sur youtube pour promouvoir le Service National Universel, l’opinion publique découvre l’ampleur du dispositif. Ce qu’elle voyait comme une simple initiative civique se révèle bien être un bourrage de crâne militariste.

Le Service National Universel ne va être mis en place que progressivement, pour concerner tous les jeunes à partir de 2026, pendant un mois. Concernant tous les jeunes hommes et toutes les jeunes femmes, il touche véritablement toute la jeunesse et à terme, il sera aisé pour l’État de prolonger sa durée, une fois les structures mises en place, à la première « crise » venue.

C’est une remise en place du service militaire qui est visée, dans une interprétation correspondant aux exigences de la guerre moderne. L’État veut être capable d’encadrer psychologiquement et culturellement la jeunesse, d’en faire un levier pour diffuser dans la société le nationalisme et le militarisme. Et également bien entendu d’avoir suffisamment de main d’œuvre pour la guerre.

Comme l’ont formulé Rodrigo Arenas et Carla Dugault, les coprésidents de la FCPE, la fédération des parents d’élèves :

« Le SNU est la réintroduction au pas de l’oie et à grand renfort de communication du service militaire. »

Ce qui se joue, c’est la militarisation de la société, dans le cadre d’une tendance à la guerre. Et cela de manière particulièrement bien organisée.

Le Maroc vient par exemple également de revenir au service militaire, abandonné il y a douze ans. La décision a été prise brutalement, sans prévenir et de manière intéressante, les soutiens de famille y échapperont, ainsi que ceux qui font des études. C’est une belle manière de chercher à encadrer une génération précise, qui servira de chair à canon sans déranger ni la formation de cadres pour l’économie ni l’économie elle-même.

La France, quant à elle, vise à la fois davantage et moins. Elle veut d’abord des forces soutenant l’armée telle qu’elle existe, et ensuite d’éventuelles réserves. La raison à cela est que comme l’a formulé le premier ministre Edouard Philippe lors du 14 juillet 2019 :

« L’armée est la protectrice de la nation et de son côté la nation respecte l’armée. »

Le fait que l’armée soit extérieure à la société est ouvertement assumée. C’est un corps étranger, pas une armée populaire. D’où la décision du gouvernement d’utiliser trois youtubeurs, qui ont chacun deux millions d’abonnés sur youtube, pour faire la promotion du Service National Universel.

Il s’agit de Sundy Jules, Enzo, tais-toi !, et Tibo InShape. Les deux premiers ont utilisé le principe de la « story » sur instagram, qui au moyen d’une vidéo permet de s’immiscer dans la vie privée des gens, en feignant donc un rapport non hiérarchique, non commercial. La vidéo de promotion du SNU était mis en avant et pour illustrer les propos tenus, voici notamment ceux de Sundy Jules :

« C’est ouf, c’est une vidéo inédite du SNU en France. Regardez ça, c’est iconique. »

Tibo InShape a quant à lui directement fait une vidéo « je fais le nouveau service militaire? ». C’est tout autant de la propagande, mais cela a le mérite de la franchise, puisque dans la vidéo on a même Gabriel Attal, en charge au gouvernement du service national universel. Tibo InShape, avec ses vidéos sur la musculation, est un habitué de la valorisation des normes « viriles » et de l’ambiance « entre mecs », c’est-à-dire ne volant vraiment pas haut.

Tout cela ne sera pas considéré par la jeunesse comme véritablement un problème, car elle a du mal à considérer les choses de manière sérieuse. Par contre, quand elle le fera, elle se révoltera. C’est le paradoxe de la société capitaliste développée de ce début de 21e siècle.

Il y a d’un côté des exigences conçues comme individuelles, avec une porosité très claire au nationalisme permettant le maintien d’un capitalisme fort, dominant les pays du tiers-monde. De l’autre, l’aspect personnel de ces exigences ne peut aller que de pair avec le refus du militarisme et de l’encadrement au service du nationalisme.

La bataille entre la Gauche et le militarisme doit s’appuyer sur cette base pour parer aux terribles coups qui restent à venir, car la tendance à la guerre est irrépressible.

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Culture

Stranger Things saison 3, un mauvais recyclage de la pop-culture des années 1980

La série Stranger Things avait marqué il y a deux ans part son approche très pop-culture, mettant en scène la jeunesse populaire américaine dans un scénario typique des années 1980. La troisième saison sortie ce mois-ci montre à quel point cela n’est finalement que du mauvais recyclage de la part d’un capitalisme à bout de souffle, agonisant totalement sur le plan culturel.

Comment peut-on, en 2019 avec de tels moyens, produire quelque-chose d’aussi nul et niais que la troisième saison de la série Netflix Stranger Things ? Dix personnes sauvent une seconde fois le monde des forces maléfiques pendant que le reste de la planète ne se rend compte de rien… On peut bien-sûr ne pas aimer le fantastique et se dire que de toute façon, cela n’amène forcément rien de bon sur le plan culturel, contrairement à la science-fiction.

Mais c’est bien pire que cela. On se demande d’abord s’il ne s’agit pas d’une caricature, tellement le scénario est ridicule, à coup de bagarres sur-jouées, d’histoire d’amour cul-cul, de méchants soviétiques infiltrant l’Amérique et de monstres aussi sots que grotesques. Les épisodes s’enchaînent, sans aucune cohérence dans l’approche générale et ont comprend finalement que cela n’a absolument rien de critique, ni même de construit.

Les personnages ne sont pas développés, le contexte initial lié au jeu Dungeon & Dragons (l’« upside-down ») est à peine respecté, etc. Ce n’est qu’un copié-collé façon patchwork de tout ce qu’a pu produire Hollywood dans les années 1980, un zapping permanent sans l’arrière-plan culturel et populaire qu’il pouvait y avoir alors pour chacune de ces productions.

Le monstre de cette troisième saison par exemple, n’est qu’une copie ridicule du monstre de The Thing (La chose) de John Carpenter en 1982. Il est vidé de toute sa substance, de tout son rapport au réel. Celui de 1982 avait été compris par les cinéphiles, surtout après sa sortie en VHS, comme une allégorie du Sida, dans un contexte psychologisant recherché (quoi qu’on en pense par ailleurs).

John Carpenter avait d’ailleurs lui-même très bien critiqué la niaiserie de beaucoup des productions des années 1980 dans l’excellent They Lives (Invasion Los Angeles), en 1988. Il faut penser ici à cette fameuse scène de bagarre interminable, qui était d’une grande subtilité. En 2019, les scénaristes de Stranger Things n’ont toujours pas compris ce que leur a dit John Carpenter il y a 30 ans et resservent ces bagarres et ces monstres au premier degré.

L’industrie du divertissement n’est en fait plus capable de rien, tellement elle a asséché la culture populaire. Elle n’a presque plus rien à récupérer de contemporain, alors elle se regarde le nombril, glorifiant son âge d’or avec de prétendues références qui ne sont que des copies sans âme. Elle est d’ailleurs en retard sur la société elle-même, car la mode est aux années 1990 et plus aux années 1980…

Tout cela est tellement lisse que chacun peu y picorer ce qu’il veut. Les populistes s’imagineront que la mise en scène du centre-commercial Starcourt est une critique de la société de consommation alors que les plus aliénés se satisferont au contraire d’un bel hommage à une époque bénie.

Tout au plus a t-on le droit à un « féminisme » racoleur, qui bien sûr a une origine démocratique dans le contexte des années 1980, mais qui dans cette saison de Stranger Things n’est là que pour flatter les égo et coller aux « thèmes » actuels.

Le tout, bien sûr, est le prétexte à énormément de placement de produits et de marques, avec ensuite un grand nombres de produits dérivés vendus à l’issue de la série. Ces produits ne sont en fait même pas vraiment « dérivés » puisqu’ils sont mis en place dès le début, dans le cadre d’une stratégie commerciale ultra-rodée.

Maintenant que le filon est lancé, on aura sûrement plusieurs saisons, qui battront probablement des records de médiocrité comme le laisse suggérer cet abominable teasing d’après le générique de fin de la saison…

Quel immense gâchis, se dit-on alors ! Le capitalisme, agonisant, se regarde lui-même en pourrissant sur-place, tellement il n’a plus rien de positif à apporter au monde. Les capacités de production culturelles sont pourtant immenses, comme le montre la qualité des décors de Stranger Things. Le problème est en fait que le niveau culturel général de la population n’a jamais été aussi élevé, mais qu’il est en même-temps d’une très grande faiblesse.

Quantitativement, beaucoup plus de gens ont un niveau culturel et des exigences culturelles, mais celles-ci sont bien plus faibles que celles de la bourgeoisie quand elle était presque la seule à posséder la culture (avec ce qui restait de l’aristocratie n’ayant pas encore sombré totalement dans la décadence).

> Lire également : Le succès de la série “Stranger Things”

Cela forme aujourd’hui une contradiction tellement grande, tellement explosive, qu’à un moment cela va finir pas exploser, justement ! Quand la jeunesse adolescente décidera qu’il est hors de question qu’on lui serve des produits culturels aussi vides et niais que Stranger Things saison 3, cela va faire des ravages !

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Culture

Videoclub – En nuit (Clip officiel)

La nouvelle vidéo du groupe Videoclub est marquante, de nouveau, par sa profonde candeur. Elle reflète une très profonde modification des mentalités, les jeunes nés à partir de 2000 étant en rupture sur de très nombreux points avec les générations précédentes.

Il est difficile encore d’en cerner tous les contours, mais les différences sont bien plus que simplement perceptibles et elles annoncent bien des choses pour l’avenir.

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Guerre

L’Union nationale lycéenne à propos du Service national universel

Les images de la première « session » du Service national universel qui débutait hier ont largement interpellées les personnes de gauche, de par leur caractère militariste effarant.

La suspension du Service militaire semblait un acquis pour la jeunesse, une victoire solide et durable du pacifisme et de l’universalisme contre la guerre et le nationalisme. Seulement voilà, la tendance mondiale est à la guerre car le capitalisme en crise mène inévitablement à la guerre.

La grande puissance militaire qu’est la France anticipe cette tendance en mobilisant d’ores et déjà la jeunesse derrière le drapeau national, avec un encadrement militaire qui ne fait même pas semblant d’être civil. Ce sont pour le moment des volontaires qui sont présents, afin de mettre au point le dispositif qui est censé être bientôt généralisé à toute une classe d’âge.

Voici un fil Twitter du syndicat lycéen UNL présentant point par point la situation, de manière très visuelle pour les jeunes, avec cette idée fondamentale à Gauche qu’il faut refuser haut et fort la guerre et le militarisme !