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Société

L’alliance des vieux fuyant le monde et des jeunes se l’accaparant

Oui, la révolution est possible ! Elle va être l’alliance des vieux maintenant le flambeau en fuyant un monde anti-culturel et des jeunes s’appropriant le monde pour qu’il devienne à la hauteur de leur exigence d’épanouissement.

Si on a plus de trente ans, on se retrouve confronté à des responsabilités. Le travail, le logement, la famille… viennent, au minimum, encadrer des vies quotidiennes finalement toujours plus répétitives, ennuyeuses, fastidieuses.

Les meilleurs cherchent un refuge. Un style de musique, une activité sportive, un créneau culturel particulier… n’importe quoi fait l’affaire, du moment qu’on fuit la stupidité du monde et le caractère soporifique d’une société faisant de BFMTV et de TF1 des monstres sacrés.

Mais que peut-il y avoir de commun, par exemple, entre un cinquantenaire écoutant de la musique industrielle, se façonnant une actualité culturelle avec des vieux groupes comme Cabaret Voltaire, SPK, Throbbing Gristle ou Nurse with wound, avec des adolescents ne sachant même pas que cela puisse exister ?

C’est que justement, la jeunesse connaît un tournant. Elle sait qu’il est possible d’avoir accès à toute la musique, tous les films, toutes les images, tous les jeux vidéos, toutes les retransmissions de sport, voire toutes les informations. Cependant, c’est toujours plus difficile de par la domination des monopoles qui verrouillent l’accès. Il y a là quelque chose de fâcheux. Il y a encore quelques années, cela pouvait être difficile, mais il y avait l’attrait du nouveau. Là tout est devant eux.

Les jeunes veulent donc s’approprier le monde. Et les plus de trente ans qui n’ont pas cédé aux exigences du conformisme capitaliste entendent le changer. Leur alliance est donc objective et si jamais elle se transforme en unité subjective, alors tout peut changer. Évidemment, les vieux doivent cesser un certain snobisme… surtout que la jeunesse est smart comme jamais. Évidemment, les jeunes doivent apprendre à faire des efforts prolongés sur le plan psychique pour découvrir la vraie richesse culturelle… Cela va exiger des efforts hors du commun.

Au final, pourtant, on peut espérer que chacun y trouve son compte. De toutes façons, comment les choses pourraient-elles changer sinon ? On voit bien qu’il y a là quelque chose de très fort, une vraie contradiction. Celle-ci est par ailleurs accentuée par la crise climatique, qui force les événements à s’accélérer. Et comme en plus les grands pays capitalistes, à force d’être en compétition, vont vers la guerre pour procéder au repartage du monde, qu’ils espèrent en leur faveur…

C’est tout un monde qui s’écroule, celui des trente glorieuses. Fini le capitalisme qui urbanise et qui permet, au moyen d’une voiture, de se faire un petit chez soi dans une vie encadrée et protégée socialement, alors que le développement économique permet d’acheter plus, de disposer d’une meilleure santé. Tout ce petit monde n’aura été qu’une parenthèse, la vie reprend son cours et l’odieux visage du capitalisme réapparaît pour ce qu’il a toujours été : un opportuniste qui peut faire de bonnes choses uniquement contraint et encore, pour une durée limitée.

C’est à se demander ce qu’ont cru les Français pendant si longtemps. Pensaient-ils vraiment que tout resterait pareil ? Que le monde ne changerait pas ? Que le capitalisme permet à chacun de profiter comme il l’entend ? Les gilets jaunes sont vraiment une naïveté et une réaction qui, dans la société de l’avenir, seront vus comme une capitulation totale sur le plan de la pensée, comme une psychose de gens ayant cru leurs propres mensonges. Peut-être est-ce cela : les Français aiment se raconter des histoires, et apprécient de les entendre, comme des enfants.

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Politique

La scission au sein de l’UNEF

Les syndicalistes étudiants, toujours plus minoritaires chez les étudiants et toujours plus décalés par rapport à la société, croient en leurs propres mensonges. Ils pensent que la démarche portée entre autres par l’écriture inclusive représente l’avenir. En réalité, ils servent à la démolition de la Gauche historique et raisonnent en termes de factions. C’est l’origine de la scission dans l’UNEF.

Cela fait plusieurs années que l’UNEF, historiquement le grand syndicat étudiant de la Gauche (divisé longtemps en « ID » et « SE », c’est-à-dire lié au PS ou au PCF), connaît un processus d’effondrement, strictement parallèle à la dépolitisation toujours plus massive de la société française. Au sein des conseils d’administration des Crous, c’est même la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), corporatiste, qui est passé en tête, en décembre 2018, avec 46 % des voix, contre 30 % à l’UNEF.

Or, on sait que la Gauche post-industrielle, post-moderne, connaît un succès réel dans les universités, de par l’influence massive des conceptions importées des universités américaines (écriture inclusive, « oppressions systémiques », « décolonisation », « validisme », « transphobie », LGBTI+, etc.) Ses méthodes sont celles d’un activisme dans tous les sens. Il y a donc une contradiction insoluble par rapport au syndicalisme étudiant lié à la Gauche politique.

Une scission des éléments les plus radicalisés, les plus auto-intoxiqués, était donc inévitable. Cela vient de se produire, une importante minorité comptant se séparer de la « majorité nationale » sur le plan de l’organisation. Cela se déroule juste avant le prochain congrès, que la majorité a placé sous le signe d’une relative dépolitisation.

Au centre de l’initiative, on a la Tendance unité et action syndicale (TUAS), représentant un peu plus de 20 % des membres de l’UNEF. Le moyen est un long texte explicatif écrit par un peu moins d’une centaine de signataires.

Les contestataires, partisans d’un appui ouvert à la gauche post-industrielle, post-moderne, ne voient pas pourquoi :

– ils accepteraient un soutien aux institutions universitaires qui se réduisant à peau de chagrin, n’a plus guère d’intérêt ;

– ils accepteraient la pratique du droit de tendance, en mode « grande famille de la Gauche », alors que sa démarche est fondamentalement différente.

Si on regarde les choses avec le regard d’hier, on se dit que c’est la réapparition d’un courant proche de l’esprit de l’UNEF-SE, qui rejetait le droit de tendance et avait un positionnement social plus offensif que l’UNEF-ID. Surtout que tout cela est revendiqué au nom du syndicalisme de classe, de la classe ouvrière.

Mais c’est en réalité de la mythomanie typique du milieu étudiant « gauchiste », puisque la conclusion faite est qu’il faudrait faire du syndicalisme étudiant, et non pas rejoindre la Gauche politique ! Quand on voit cela, tout est dit, surtout quand on sait que le grand bastion de ces « contestataires », c’est Sciences-Po Paris…

On assiste en fait à l’apogée de l’activisme des étudiants post-industriels, post-modernes, qui pensent réellement avoir les moyens de poser un levier sur la société, alors qu’ils n’ont jamais été autant décalé. Ils croient en leur propre mensonge, et vont jusqu’au bout.

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Culture

« Ultratechnique » de Hyacinthe, du rap et de la techno hardstyle pour « survivre »

Avec « Ultratechnique », le Parisien Hyacinthe mélange rap français et techno hardstyle pour exprimer les angoisses de la jeunesse, pour qui « survivre, c’est technique ».

Le clip, volontairement simple, brut, montre une nuit de « teuf », entre l’autoroute et la boîte de nuit. On y voit tout au long une pilule d’ecstasy, qui est peut-être la métaphore d’une jeunesse « au bord de la falaise », fuyant la réalité pour « survivre », hésitant entre l’indifférence et la résignation.

Le ton est grave, mais le propos ne doit pas être qualifié de pessimiste :

« Y’a toutes ces peurs, tous ces doutes
Demain c’est loin mais demain c’est nous
Et si demain c’est pire, il nous restera le cran
Le cran d’vivre, de grandir, comme un printemps
Des campagnes jusqu’aux centre-villes
Puisque tout brûle, on s’ra libres au cœur d’l’incendie »

Le choix du hardstyle, un son à la fois très lourd, très dur, et en même temps très festif, donne tout leur sens à ces paroles.

Cette musique est issue de la techno hardcore et de la culture gabber, qui est absolument massive dans la jeunesse prolétarienne des Pays-Bas et de la Belgique. Le public hardstyle est d’ailleurs largement retourné vers la techno hardcore, depuis la grande vague des années 2000 et du début des années 2010 : c’est que l’époque à besoin de densité, de « boom-boom » très intense.

Hyacinthe avait déjà proposé une incursion dans l’univers gabber avec son excellent titre « Sur ma vie ». La production clairement techno hardcore était une collaboration avec le collectif Casual Gabberz et le clip avait été réalisé par Anna Cazenave-Cambet, auteur du court-métrage « Gabber Lovers ».

Dans une interview très intéressante au site Manifesto, Hyacinthe explique d’ailleurs qu’il avait à l’origine un son plus gabber pour son morceau « Ultratechnique », mais qu’il a préféré un son hardstyle afin d’être plus pop, car la musique de niche ne l’intéresse pas. Il y a là une démarche artistique très intéressante, très réfléchie, et pas seulement du son balancé à la va-vite pour seulement se faire plaisir.

Notons pour finir que ce morceau est placée à la fin de son album RAVE ( avril 2019, Chapter two records), comme une sorte d’outro. Le titre de l’album est sans ambiguïté quant à sa filiation à la culture techno et la plupart des morceaux en sont imprégné. Cela en fait un album d’une grande qualité et d’une grande cohérence artistique, à rebours des albums rap habituels qui sont souvent de simple mixtapes.

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Politique

L’Union européenne est-elle l’un des plus grands espaces de démocratie, comme le disent les jeunes socialistes ?

Le Mouvement des jeunes socialistes a relayé et signé une tribune appelant la jeunesse à voter pour les élections européennes, parce que l’Union européenne serait l’un des plus grands espaces de démocratie. Qu’en est-il réellement ?

Deux associations destinées à la jeunesse, mais organisées par des adultes, ont commandé un sondage qui confirme ce que tout le monde sait. Les jeunes se désintéressent des élections et la plupart d’entre eux n’envisagent pas de se rendre aux urnes le dimanche 26 mai 2019.

L’enquête d’opinion réalisée par l’IFOP pour l’Anacej et les Jeunes Européens – France estime que seuls 23 % des jeunes de 18 à 25 ans pensent aller voter. Cela serait un record.

Le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) s’en est désolé et a signé la tribune publiée par ces deux associations pro-européennes (que nous reproduisons à la fin de l’article), afin d’appeler au vote.

Dans une publication Facebook, le MJS a partagé cette tribune en expliquant :

« L’Union Européenne est l’un des plus grands espaces de démocratie. Pourtant une part de sa population s’abstiendra en trop grand nombre : la jeunesse.

Si son doute est compréhensible, nous ne nous résignons pas à cette abstention qui consiste à laisser aux autres le choix de faire changer les choses.

Même dans des formes différentes, la jeunesse s’engage ; le 26 mai elle doit voter. »

Ce message est très problématique. On peut très bien déplorer le fait que la jeunesse ne s’intéresse pas aux élections et penser que l’abstention n’est pas une solution. C’est d’ailleurs l’une des grandes bataille de la Gauche que de politiser la jeunesse, au contraire de la Droite dont l’essence est de confisquer la politique au profit de notables.

Cependant, il faut savoir de quoi l’on parle, et ne pas lancer de grands phrases abstraitement, sans se soucier de la réalité. Appeler au vote pour défendre des idées, c’est une chose, et c’est le rôle de la Gauche ; c’est en tous cas le choix qu’elle a quasiment toujours fait historiquement. Cela n’a toutefois rien à voir avec le fait de défendre le vote pour le vote, en faisant la promotion des institutions elles-mêmes.

N’est-il pas problématique d’ailleurs de la part de Julien Lesince, le « responsable des relations avec les partenaires aux Jeunes Socialistes », de signer cette tribune aux côtés du délégué général des Jeunes avec Macron ?

Cela ne revient-il pas à vouloir dépolitiser la jeunesse, en faisant comme si tout se valait, comme si la Droite et la Gauche étaient deux options tout autant acceptables, relavant d’une sensibilité personnelle ? C’est d’ailleurs le discours des populistes que de dire que la Gauche et la Droite se valent et on connaît les ravages que font de tels propos.

Le point de vue de la Gauche, c’est au contraire de considérer que cette société ne fonctionne pas comme elle le devrait, qu’il faut la changer en profondeur. Les modalités du changement différent suivant les courants de la Gauche, mais l’idée est toujours de proposer un accès égalitaire et massif aux richesses par un fonctionnement démocratique général.

La Droite ou les libéraux-centristes tels Emmanuel Macron disent l’inverse. Ils pensent que cela est très bien qu’il y ait des riches et des pauvres, que ce sont des personnes riches et bien établies qui doivent diriger, etc.

D’ailleurs, n’a-t-on pas appris récemment qu’Emmanuel Macron a largement fait financer sa campagne présidentielle par des personnes riches, contournant toute pratique démocratique réelle pour se faire élire avec de grands moyens ?

Quel sens cela a-t-il alors pour la Gauche, de surcroît pour la jeunesse de gauche, d’appeler les jeunes au vote pour le vote, aux côtés d’un soutien d’Emmanuel Macron ? Cela revient à soutenir le fonctionnement des institutions, précisément ce que rejette la jeunesse, à juste titre. C’est une grande erreur.

Et c’est là qu’on en vient à la question de l’Union européenne. Est-ce un des plus grands espaces démocratiques, comme le disent les jeunes socialistes ? Est-ce même un espace démocratique ? On pourra toujours discuter des nuances, mais il est indéniable que l’Union européenne n’est pas une instance démocratique. N’importe quel constitutionnaliste sérieux le reconnaît sans problème – elle n’a d’ailleurs pas de Constitution.

Son Parlement n’est pas un réel parlement. Il n’a qu’une valeur de témoignage quand il s’oppose et n’est efficace que quand il va dans le sens du Conseil et de la Commission. Autrement dit, ce sont les gouvernements nationaux qui font l’« Europe », avec principalement le moteur franco-allemand qui la dirige.

L’Union européenne n’est pas pour autant cette sorte de « dictature » que décrivent les populistes et les nationalistes, évidemment. Elle n’est que la déclinaison des gouvernements nationaux et des rapports de force politiques en son sein ; ses institutions n’ont d’ailleurs bien souvent pas d’autre choix que de passer outre leurs propres règles ou les traités – rien n’empêche par exemple la France qui ces dernières années ne respectaient pas la règle des 3 % de déficit ou ne respecte pas un certain nombre de réglementations environnementales.

L’important est donc la politique, en tant que rapport de force général dans la société et rapports de forces particuliers s’exprimant dans des situations particulières.

De ce point de vue, on aurait tort de penser que la jeunesse ne s’intéresse pas à la politique. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe dans les collèges par exemple, où les jeunes sont très organisés et très malins pour s’opposer aux professeurs et aux règles qui les agacent, presque tout le temps à juste titre d’ailleurs. Si ce n’est pas de la politique, ça !

Le MJS en a certainement conscience ceci-dit, quand il écrit que « même dans des formes différentes, la jeunesse s’engage ». Par contre, il se trompe en disant que la jeunesse a forcément tort de ne pas voter.

Il est faux de prétendre ici que l’abstention aux élections européennes « consiste à laisser aux autres le choix de faire changer les choses. » Les députés européens ne changeront rien eux-mêmes, en tant que députés européens. Ils ne pourront qu’aller dans le sens du Conseil et de la Commission, car les institutions européennes ne sont pas démocratiques et sont par ailleurs travaillées au corps par des lobbies industriels ultra organisés.

C’est donc causer un grand tord à la Gauche et aux principes de la Gauche que de vouloir faire croire à la jeunesse qu’elle devrait embrasser les institutions de l’Union européenne, qui serait un des plus grands espaces démocratiques. Cela revient à faire de la Gauche un truc de « vieux », dépassé, en dehors du mouvement réel des choses existantes.

Le Mouvement des jeunes socialistes français est ici complètement « à la ramasse », hors-jeu, à des années lumières de son équivalent en Allemagne dont le dirigeant provoque au même moment un coup de tonnerre politique dans le pays en parlant de collectivisation et de Socialisme.

Le MJS se fourvoie en signant cette tribune intitulée « Nous irons voter pour refonder l’Europe ! », alors qu’on sait très bien que les députés européens n’ont aucun pouvoir pour faire cela.

Un tel discours mensonger n’est pas étonnant de la part d’une association comme l’Anacej, dont le rôle consiste à faire croire à des jeunes (non démocratiquement élus), qu’ils ont un pouvoir auprès des institutions par le biais de pseudo-conseils municipaux « enfants ».

Un tel discours de la part d’une organisation de jeunesse de la Gauche est par contre inacceptable. Il ne s’agit pas ici de défendre l’abstention, en tant qu’acte relevant d’un certain nihilisme. Il ne faut par contre pas accepter cette idée qu’il faudrait voter, pour voter. S’il faut voter, alors c’est pour des idées, pour une vision du monde, pour renforcer la Gauche et changer vraiment la vie !

Voici pour information cette tribune initiée par l’Anacej et les Jeunes Européens – France et signée par le MJS :

« Nous irons voter pour refonder l’Europe !

Le 26 mai, les citoyens sont appelés aux urnes pour élire leurs députés européens. Si l’abstention des Français pour les élections européennes est importante dans les sondages (60 % en mars 2019), elle est massive et atteint le chiffre de 77 % chez les jeunes de 18 à 25 ans (avril 2019). De plus, 69 % des jeunes estiment être mal informés sur l’Union européenne et ses actions.
Nous, jeunes engagés, ne pouvons nous résoudre à une participation si faible de notre génération à un scrutin aussi déterminant pour l’avenir de notre continent et de ses citoyens.

La méfiance croissante des jeunes envers les institutions politiques traditionnelles, la méconnaissance des enjeux européens et du fonctionnement de l’Union européenne, et leur déception face à l’incapacité de ces instances à répondre à leurs préoccupations premières sont autant de facteurs qui expliquent l’abstentionnisme des jeunes. Notre génération a tendance à se reporter sur d’autres modes d’engagement, ne trouvant pas sa place dans la démocratie représentative que nous partageons avec 500 millions d’Européens.

Pourtant, l’Union européenne a un impact direct sur notre vie quotidienne par les lois qu’elle adopte. Et ces mesures sont votées par nos députés européens.
L’Union européenne est aussi la seule à même de pouvoir répondre aux grands défis de notre génération, parmi lesquels la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité, une gouvernance mondiale pacifique, et enfin les migrations et la lutte contre les inégalités dans le monde.

Les jeunes placent ces sujets au cœur de leurs préoccupations et attendent des engagements forts dans ces domaines de la part des candidats et des responsables politiques.

Il est donc temps que des propositions concrètes, répondant aux attentes des jeunes, émergent dans cette campagne. Candidates et candidats, arrêtez la bagarre politico-politicienne relevant d’enjeux nationaux, et engagez-vous dans un débat d’idées sur les grands défis européens ! L’avenir de notre génération et des suivantes en dépend.

Nous formulons donc trois propositions pour tenter d’infléchir à court et moyen terme cette situation désolante de désintérêt massif des jeunes pour la démocratie européenne :

• Que les candidats en lice publient enfin leurs principales propositions à destination des jeunes en vue du scrutin du 26 mai ;
• Que les candidats et les responsables politiques s’engagent sur la multiplication par dix du budget consacré à Erasmus + pour faire de la mobilité une opportunité pour toutes et tous ;
• Que l’éducation à la citoyenneté européenne devienne une priorité nationale dans la politique éducative du Gouvernement français
Nous ne ferons pas l’Europe sans ses citoyens, nous ne ferons pas l’Europe sans la mobilisation générale des jeunes du continent. Relevons le défi de raviver la démocratie européenne, soyons la génération de refondateurs de l’Europe !
Liste des signataires :
• Hervé Moritz, président des Jeunes Européens – France
• Léanna Vandewalle, vice-présidente de l’Anacej et membre du Comité jeunes
• Thomas Khabou, coresponsable du Forum français de la jeunesse
• Orlane François, président de la FAGE
• Martin Bohmert, délégué général des Jeunes avec Macron
• Théo Garcia-Badin et Nina Cormier, co-secrétaires des Jeunes Écologistes
• Mathilde Karceles, vice-présidente Europe des Jeunes Démocrates
• Henry Dupas, président des Jeunes Radicaux
• Rabi Bakkali, président du Syndicat Général des Lycéens
• Benjamin Flohic, représentant de Place Publique Jeunes
• Maylis Lavau Malfroy, référente Nouvelle Donne Campus
• Laure Gombert, présidente de l’UNEAP
• Julien Lesince, responsable des relations avec les partenaires aux Jeunes Socialistes »

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Culture

Vers le soleil, vers la Kabylifornie

Qui s’intéresse à la fois à la France et l’Algérie avec du cœur imagine très bien une fédération des deux pays, où les deux pays devenus socialistes se développeraient fraternellement. L’immigration irait alors vers le soleil, notamment la Kabylifornie.

Le groupe français Bagarre a tourné la vidéo de sa chanson Kabylifornie juste avant les événements caractérisés par la révolte populaire contre le président Bouteflika, pauvre vieil homme malade utilisé comme marionnette par le pouvoir militaire. Cependant, sur le plan historique, la convergence est parfaite. L’Algérie est un pays où la jeunesse est prépondérante, sans pour autant que les infrastructures aient suivi, sans parler de l’ennui.

Il y a 20 ans, cet ennui aurait été comblé par une religiosité très marquée et l’islamisme. Ce dernier a échoué et s’est enlisé, au point de ne plus représenter grand-chose, à l’opposé de la religiosité personnelle, qui reste intense. Mais si elle satisfait des questions intérieures, au sens où cela fait un thème par où passer pour se sentir exister, cela ne fait pas disparaître l’ennui. Il faut donc une révolte contre l’ennui, et la vidéo de Kabylifornie est ici splendide.

Naturellement, la Kabylie n’est pas l’Algérie dans son ensemble. On sait comment les Kabyles évitent beaucoup ce fanatisme religieux faisant du Coran un texte intouchable, comment également les valeurs de partage restent très présentes, comme prolongement d’une vie communautaire longtemps maintenu.

Mais l’Algérie, c’est aussi la Kabylie et il faudra bien que l’Algérie l’accepte, elle qui se définit comme arabe et musulmane seulement. L’unité populaire va forcément passer par une prise en compte de la dimension kabyle, et de toutes façons c’est toute la jeunesse algérienne qui exprime le besoin de se tourner vers une Kabylifornie.

 

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KABYLIFORNIE…FAILED VERSION 🤡

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Ne peut-on d’ailleurs pas dire que la jeunesse française, elle aussi, recherche la Kabylifornie ? Il y a un besoin de modernité qui frappe la jeunesse du monde. Elle sent qu’il y a beaucoup de choses possibles, alors pourquoi cela n’existe-t-il pas ? Les possibilités matérielles de l’amusement, de la culture, sont énormes, et pourtant on s’ennuie ! Tout cela parce que les vieux veulent que tout reste pareil !

Il est évident qu’un nouveau mai 1968 se profile, qu’une révolte de la jeunesse est en train de couvert, contre un monde trop gris, dépassé par les échanges culturels, la diffusion de la musique, du design, du style vestimentaire, de l’exigence d’une certaine classe dans les comportements. Ce besoin de modernité personnelle ne peut être exprimé par le Socialisme, mais les jeune sauront-ils abandonner leur individualisme ?

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Réflexions

Même l’imprévu reste élémentaire

La société de consommation amène tout un chacun à se construire une sorte de petite bulle. Les productions « culturelles » du capitalisme s’adaptent à cette psychologie incapable de profondeur, d’abstraction, de saisie des concepts de transformation, modification en profondeur et changement complet.

L’histoire humaine est passée par des moments douloureux et la culture a digéré tout cela notamment au moyen des tragédie et des drames. La culture, même si elle est formée consciemment par des artistes, est toujours le reflet d’une époque, le produit d’un temps. Et force est de constater que l’une des expressions de l’effondrement de la culture est la disparition du drame et de la tragédie. Non pas qu’il faille croire au destin et se conditionner à s’apitoyer sur des moments dramatiques. Toutefois, la dimension que le drame et la tragédie transportaient, ce moment de dignité humaine, avec le courage, l’abnégation, l’effondrement devant l’adversité, les tourments intérieurs, etc., tout cela a disparu.

Qui se serait imaginé il y a trente ans que sur France Culture, on pourrait entendre des propos fascinés pour une sombre stupidité comme le dernier film Avenger Endgame ? Et qu’il y aurait un scénario complexe où des personnes agiraient de manière diverses en s’entrecroisant, telle dans la Comédie humaine de Balzac ! Alors qu’en réalité, tout cela n’est que psychologisant, et encore, il faut souligner que cette psychologie est celle d’un enfant de dix ans. Même dans Game of Thrones la psychologie est basique, simpliste, réductive au possible.

Il y a ici un fil conducteur, celui de la fascination pour le simpliste, l’élémentaire, le cadre pittoresque justifiant une histoire qui, elle, n’a pas de fond. Ni les Harry Potter ni La guerre des étoiles, ni les Avengers ni aucun blockbuster ne peut atteindre un certain niveau de complexité psychologique. On a des caractères figés dans des attitudes, stéréotypés dans le sens non pas où ils sont typiques, mais au sens où ils sont totalement prévisibles.

Il en va ainsi comme de la télé-réalité : on est rassuré par ce qu’on voit, car même l’imprévu reste élémentaire, saisissable sans efforts. C’est étonnant, mais cela ne change pas le rythme intérieur où l’on se place, qui est répétitif, très simple, quasiment hypnotique pour la conscience. C’est ainsi le prolongement d’une vie quotidienne où on est tellement aliéné que le moindre imprévu réel prend des proportions incroyables. L’infantilisme a tellement gagné les gens que la moindre petite chose peut prendre des proportions incroyables pour des esprits devenus faibles.

N’est-ce pas étonnant que les gens soient de plus en plus surpris par n’importe quoi, alors que normalement on est chacun censé pouvoir faire toujours plus ce qu’on veut ? On devrait s’étonner de moins en moins, par acception toujours plus grande de la différence de l’autre, puisque on serait, selon le capitalisme, tous différents. Et pourtant le capitalisme endort dans un conformisme ronronnant, avec des moments où tout s’enraye et où c’est une sorte de panique qui se développe, un crise infantile.

Inversement, les médias racoleurs jouent justement là-dessus, au moyen de fausses actualités, notamment avec la presse people. Les démagogues à la Trump, avec les fake news, ne font pas autre chose. Les annonceurs « putaclics », comme le dit l’expression, relèvent de cette même démarche.

On se demande bien comment on peut arriver à quelque chose avec de tels gens. Car tout cela, c’est bon pour le Fascisme, pour une société atomisée, sans imprévu, ou bien des imprévus tout à fait élémentaires ( notre glorieuse nation est attaquée par de lâches ennemis, etc. ) Le simplisme aboutit au fascisme, il ne peut pas en être autrement. Quand on supprime la complexité, que reste-t-il ? Les pulsions élémentaires, des réactions basiques.

C’est tellement vrai que, et fort heureusement, les gilets jaunes n’ont même pas été foutus de devenir des fascistes. Ils n’ont même pas été capables de se projeter vers l’avant, tellement la crise économique les frappant les pétrifie tel un imprévu angoissant un enfant. Et la société française a apprécié cela, comme s’il n’y avait jamais eu de critique du capitalisme par la Gauche depuis un siècle ! C’est dire à quel point la France est en attente d’un secours de type bonapartiste, par en haut, avec un chef indiquant comment reprendre la route traditionnelle. Sur le plan des fondamentaux de la société, on est toutes choses étant égales par ailleurs très proches de l’état d’esprit allemand des années 1920.

Évidemment, toute la société n’a pas basculé dans l’infantilisme. Paradoxalement, les jeunes l’évitent encore, car ils n’ont pas le temps de réduire leur approche à celle des enfants, car ils ont été enfants et ne veulent plus l’être. C’est la jeunesse lycéenne qui sauve la France en ce moment, parce qu’elle entend bien vivre et avoir un futur, et par conséquent ne se tourne pas du tout vers le passé. Recherchant l’imprévu pour vivre, l’élémentaire ne l’intéresse pas. Il suffit de regarder le dédain de la jeunesse pour les gilets jaunes. Pour le reste également, c’est vrai, mais les portes ne sont pas fermées, alors que pour les gilets jaunes il n’y a pas eu d’attirance et les choses sont entendues.

C’est la jeunesse qui va être décisive dans les années à venir, qui va faire que cela bascule dans un sens ou dans un autre.

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Société

La drogue et l’alcool, ce conformisme de la jeunesse

Aujourd’hui en France, on se procure de la drogue comme on veut. Dans n’importe quelle soirée électro branchée, les gens, parfois des filles très jeunes, n’hésitent pas à demander des ecstasys à n’importe-qui. En teuf, c’est-à-dire en rave-party à la campagne, lors des plus gros événements on a même des rangées de dealers qui se postent à l’entrée du site pour proposer leur marchandise, en toute tranquillité.

C’est la même chose pour le cannabis et la cocaïne, qui circulent pour ainsi dire librement, notamment depuis les cités HLM où l’on peut s’approvisionner comme au supermarché. La nouvelle tendance étant la livraison à domicile via les réseaux sociaux, uberisation de la société oblige.

Tout cela n’est pas nouveau certes, mais c’est de pire en pire. L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies a publié ces jours-ci son rapport 2019, cinq ans après l’éditions précédente en 2013. C’est officiellement ce qu’il y a de plus fiable comme données concernant la drogue et les addictions en général dans le pays. On y apprend que l’offre de stupéfiants explose, et qu’elle se diversifie.

Les mots de l’Observatoire dans son rapport sont très simples et très clairs (c’est nous qui soulignons) :

« Le marché des drogues illicites en France est en expansion, reflétant la forte progression des usages dans l’année et de leur intensité constatée depuis près de vingt-cinq ans dans les enquêtes en population générale, notamment pour le cannabis, la cocaïne et la MDMA/ecstasy. L’offre est portée par une diversité d’acteurs, des réseaux d’usagers-revendeurs aux organisations criminelles, dont l’enracinement sur l’ensemble du territoire est réel ».

Le principal indicateur quantitatif de l’étude est la saisie des drogues. Il est expliqué que les quantités saisies ont explosé. L’année 2017 a connu un record pour les quantités saisies d’herbe de cannabis (20,2 tonnes, contre 4,8 tonnes en 2013) et de cocaïne (17,5 tonnes contre 5,6 tonnes en 2013). Les quantités saisies de résine de cannabis ont été de 67 tonnes en 2017, alors qu’elles avaient fortement baissé après un pic en 2013 (70,9 tonnes).

Les drogues sont d’après l’Observatoire de plus en plus présentes dans la jeunesse, avec une augmentation chez les mineurs de l’expérimentation des drogues stimulantes, l’ecstasy (MDMA) et la cocaïne. En ce qui concerne les adultes, la consommation de cocaïne atteindrait en ce moment « un pic », avec 1,6 % des personnes en ayant consommé dans l’année.

Le phénomène récent le plus marquant est le développent dans les années 2010 des nouveaux produits de synthèse (NPS) qui imitent les effets des drogues illicites traditionnelles, mais avec des compositions chimiques légèrement modifiées pour contourner la législation. L’usage détourné de médicaments légaux à base d’opioïdes se développe également, avec des habitudes importées depuis les États-Unis via des clips de rap.

Cela correspond à un panorama général, dans lequel selon la note de synthèse du rapport :

« l’éventail des drogues consommées aujourd’hui – en Europe comme en France – est de plus en plus diversifié et les pratiques des usagers restent marquées par la polyconsommation. »

Cette diversification concerne également les réseaux d’approvisionnement, qui profitent de plus en plus d’internet où rien n’est contrôlé et où il est relativement facile de se procurer de la drogue, classique ou NPS.

Parallèlement, les drogues elles-mêmes sont de plus en plus efficientes, avec une optimisation de leurs principes actifs par des producteurs de plus en plus professionnels.

Il est expliqué que la teneur en THC a presque quadruplé durant les quinze dernières années en ce qui concerne la résine de cannabis et que la pureté de la cocaïne et de la teneur en MDMA des comprimés d’ecstasy ont augmenté de manière importante.

Un phénomène marquant est que les jeunes veulent de plus en plus d’herbe à la place de la résine de cannabis, qui reste cependant majoritaire. Cela illustre probablement la banalisation culturelle du cannabis, qui bénéficie d’une image « naturelle », voir de celle d’un produit sain. Il y a une approbation de plus en plus forte pour l’usage « thérapeutique » du cannabis, déjà autorisé par de nombreux États, parallèlement à d’intenses campagnes en faveur de la dépénalisation du cannabis en général.

À côté de cela, la consommation d’alcool est toujours aussi répandue, dans les mœurs, banale. 87 % des adultes entre 18 ans et 75 ans boivent au moins une fois dans l’année et 78 % des jeunes de 17 ans.

En ce qui concerne plus précisément la jeunesse, l’étude montre que neuf jeunes sur dix ont déjà bu de l’alcool à 17 ans, six sur dix ont déjà fumé une cigarette et quatre sur dix ont déjà fumé du cannabis. Seul 12 % des jeunes de 17 ans n’ont jamais consommé aucune des substances. Au contraire, 8 % des jeunes de 17 ans déclarent selon l’étude avoir consommé de l’alcool au moins dix fois durant le mois précédent et 7 % pour le cannabis.

La drogue est clairement une norme dans la jeunesse. C’est un conformisme, mais qui est vécu comme un anticonformisme parce qu’elle est illégale. L’alcool est quand à lui une valeur dominante, totalement assumée et souvent même revendiquée.

La jeunesse qui se drogue et se noie dans l’alcool se conforme au système, qui s’accommode en retour tout à fait de son enivrement, comme une sorte d’assurance contre les grands bouleversements sociaux et culturels.

Il faut dire que la jeunesse en France n’a jamais été aidée en cela par la Gauche, traditionnellement liée à la jeunesse mais qui n’a jamais véritablement critiqué ces paradis artificiels.Cela devrait pourtant faire partie des programmes et des valeurs les plus fondamentales.

Il ne faudrait pas croire qu’il s’agit ici d’une question de répression, car cela est secondaire. L’État connaît très bien les flux de trafics et les réseaux, au moins dans leur forme générale. Il ne faudrait pas grand-chose à un gouvernement de Gauche pour les écraser, ou en tous cas les isoler et les harceler. Seulement, cela n’est possible qu’avec une volonté de s’opposer au libéralisme, portée par des valeurs nouvelles et une volonté de véritablement changer la vie.

La jeunesse, quant à elle, ne devrait pas céder au conformisme, cette forme de vieillesse. Que vienne le moment où elle cassera massivement cette image de l’alcool et de la drogue comme étant cools, branchés, alternatifs ! La vie sur Terre a bien mieux à offrir que ces paradis artificiels, ces petites morts de sa propre existence.

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Écologie

La photo d’une zone humide

Le rapport à dame Nature, pour ne pas être destructeur, exige un haut niveau d’engagement. Et donc une révolution dans la manière de voir les choses, y compris les choses ayant l’air insignifiantes… Les apparences sont trompeuses, quand on n’y connaît rien.

C’est une photo dont on se dit qu’a priori, elle ne montre rien. Elle est même plutôt terne, et on a l’impression d’être nulle part, au milieu de rien, et que tout cela, somme toute, n’est pas très engageant. Elle montre un lieu à Sallanches, une modeste ville de 16 000 habitants, entre Annecy et Chamonix, au milieu des montagnes. Et ce lieu doit céder la place à un centre commercial. Il y aurait donc quelque chose, à la place de rien…

Ce qu’on voit pourtant, c’est une zone humide, ce que le code de l’environnement définit comme suit :

« on entend par zone humide les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année »

La zone humide en question a été le lieu dune importante lutte écologiste contre un centre-commercial en Haute-Savoie.

Justement parce que certains, organisés dans le collectif Pour la Zone Humide de Sallanches, sont allés au-delà des apparences. Force est de constater que c’est impressionnant, car à voir la photographie… on ne dirait pas… enfin pas vraiment… Enfin, il faut le savoir, quoi.

Mais comment le savoir, là est le problème. Ce n’est pas le genre de choses qu’on apprend à l’école. Et même en dehors de l’école, si on ne cherche pas, on ne va pas le trouver. Et encore, pour chercher, il faut savoir à l’avance, au moins un peu. Cela fait beaucoup ! Et là est le problème de l’écologie.

Encore est-il que ce n’est pas un problème, mais une problématique. Car l’écologie exige un nouveau rapport au vivant, un certain engagement. La préoccupation, chose négative, doit se convertir en quelque chose de positif. Il faut valoriser ce qui n’était pas vu hier. Et c’est vrai que, lorsqu’on voit la photo, on se demande bien pourquoi il faudrait préserver un endroit pareil… Alors qu’en réalité, c’est la vie même qui est visible sur cette photo, pour qui sait la regarder.

Il semble évident que pour les personnes plus âgées, une telle réorientation de son propre regard est à peu près foutu. Les « vieux » sont trop blasés, trop consensuels, trop abrutis par le mépris, la condescendance par rapport à l’environnement. Ils culpabilisent aussi, et vont cyniquement au bout de leur raisonnement, de leur démarche.

Chez les jeunes par contre, tout est possible, car ils ne croient plus en rien. Ils peuvent donc porter un regard plus sain, plus authentique. S’ils ne sont pas fainéants il est vrai, et on sait à quel point le capitalisme les pousse à consommer passivement et à se regarder le nombril. Aussi faut-il les pousser à observer leur environnement et à chercher à entretenir un rapport entièrement différent avec lui.

Cela ne va pas sans remise en cause, même pour eux. Mais chez eux, il y a une chance que cela se produise ! Et surtout, il n’y a pas le choix. Tout est détruit si vite sur la planète, il est si peu de temps…

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Culture

Amour plastique de Vidéoclub, la grande fraîcheur de la jeunesse urbaine française

Le clip Amour plastique de Vidéoclub rencontre un grand succès dans la jeunesse française, avec plus de 8 millions de vue à ce jour et alors que le groupe n’a encore produit que deux morceaux. C’est une électro-pop à la française d’une grande fraîcheur, typiquement urbaine et branchée, exprimant la sensibilité d’une jeunesse en quête d’authenticité et de « fun ».

La vidéo a été portée par la notoriété de sa chanteuse Adèle Castillon, dont la chaîne YouTube aussi drôle que fascinante mène une critique acerbe de la futilité des rapports sociaux à notre époque, dénonçant notamment « le manque d’originalité » et « d’élévation spirituelle » des youtubeurs.

Ce premier morceau n’a pourtant rien d’un « premier morceau » lancé comme une blague par une youtubeuse marrante, comme l’était celui à succès sur« les pâtes ». La justesse sonore d’Amour plastique l’a en fait rapidement propulsé à des records d’écoutes sur les plateformes de streaming, qui l’ont beaucoup relayé dans des playlists. Le titre est maintenant connu par la jeunesse tout aussi bien en Suède qu’en Pologne.

On y reconnaît bien sûr la touche électro-pop à la française du moment, mais avec ce petit quelque chose qui fait qu’on se dit que c’est un peu plus qu’un bon morceau. Son succès vient certainement de cet excellent dosage entre la légèreté, car la jeunesse ne veut pas se prendre la tête avec des choses ennuyantes, et l’authenticité, car la jeunesse la plus avancée culturellement ne supporte pas le fake.

On y parle donc d’amour fou, passionnément mais sans le grotesque habituel de la variété, ni ses notes insipides. C’est aussi à l’opposé de la fausse gravité d’un groupe comme Fauve, ou de toute une partie du rap français qui se complaît dans une esthétique larmoyante.

Le clip d’Amour plastique porte très bien le morceau, car il y a chez ces jeunes nantais une démarche artistique très aboutie, à la production aussi minutieuse que spontanée. C’est d’ailleurs tellement sophistiqué qu’il y a une vidéo making-off diffusée ensuite, elle-même très artistique.

Le style est très branché, en plein dans la hype « année 90 » du moment, avec cette sorte de fascination pour la culture pré-internet. On imagine que le nom du groupe, Vidéoclub, vient de là, comme un regard sur une époque où se procurer une vidéo relevait d’une démarche presque complexe, en tout cas impliquée, contrairement à maintenant où il suffit de scroller pour subir littéralement des milliers d’heures de vide audiovisuel.

Internet est arrivé tellement rapidement dans les vies, sans aucun contrôle, dans une société où règnent les rapports marchants et le libéralisme des mœurs, qu’il propose bien plus d’horreurs que de perspectives culturelles réjouissantes.

Il ne s’agit cependant pas d’être fasciné par le passé, et on aurait d’ailleurs du mal à imaginer que ces deux artistes prônent un romantisme réactionnaire, conservateur. Ils proposent au contraire une telle fraîcheur et un tel besoin de réalité, que leur démarche est forcément positive.

On peut être à peu près certain qu’ils n’en sont qu’à leurs débuts, eux qui le mois dernier n’avaient encore jamais donné de concert !

Le clip de leur second morceau, Roi, est lui aussi très sympathique.

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Politique

Tribune du Président de l’UEJF : « D’où parles-tu, camarade ? 

Le Président de l’Union des étudiants juifs de France a publié un Tribune dans l’Express dans laquelle il fustige les dérives du syndicats étudiant Unef, qui organisait le weekend dernier des Assises nationales jeunes contre le racisme.

Sacha Ghozlan reproche en quelque sorte à l’Unef d’abandonner ses traditions de gauche en passant de la lutte des classes à la « lutte des races » :

« Je t’ai rencontré à l’Université. Tu militais pour défendre les droits de tous les étudiants. Nous assumions des désaccords politiques mais républicains en conseil universitaire ou au sujet de la politique nationale.

Je t’ai connu laïc et farouchement républicain, universaliste et de tous les combats pour les opprimés, pour la justice et pour l’égalité. Je t’ai trouvé à nos côtés en Pologne et au Rwanda pour préserver les Mémoires, en Israël à la rencontre d’une société civile porteuse d’espoir de paix, à Lyon III et à Assas pour combattre l’extrême droite. Ta présence à nos côtés était alors si précieuse.

Quelques années se sont écoulées et tu t’es éloigné. Je ne te reconnais plus.

Ton bureau national se réunit en non-mixité raciale quand il ne méprise pas l’incendie de Notre-Dame de Paris dont il estime qu’il s’agit d’une histoire de « Français blancs ». Tu adoptes le vocabulaire des Indigènes de la République, tu demandes à censurer Charb et Eschyle à l’Université, tu restes muet quand nos locaux sont vandalisés à Tolbiac ou à Dauphine sur fond d’antisémitisme et tes sections locales appellent au boycott d’Israël. Et si tout cela pourrait sembler anecdotique, tu ponctues désormais chacune de tes phrases de qualificatifs raciaux : « blancs » et « racisés ». Par-delà l’Université, les Français entendent ce grand basculement idéologique.

D’où parles-tu, camarade ?

Si tu posais cette question dans une logique marxiste pour démontrer que tout orateur expose ses thèses selon sa construction sociale, tu la déplaces aujourd’hui vers une construction raciale. Et je crains que, de la lutte des classes, tu ne deviennes aujourd’hui que le sombre héraut d’une lutte des races. Tu te coupes de la société, des victimes de racisme mais aussi de ceux dont l’identité plurielle, mouvante et complexe ne peut se réduire à une intersectionnalité dont on voit bien qu’elle produit elle-même une violence symbolique.

Ton Union organise cette semaine des Assises contre le racisme. Dans la vidéo officielle de lancement, tu le dis avec certitude « les dominants sont les blancs, tandis que les racisés sont les personnes non-blanches. Il existe un racisme systémique ».

Le racisme doit être combattu sous toutes ses formes – discrimination à l’embauche, au logement, rumeurs visant les Roms, racisme anti-musulmans, xénophobie visant les migrants -, mais il emprunte des chemins plus complexes que cette suma divisio aussi hasardeuse que nauséabonde. Elle porte en elle les germes d’une société fragmentée selon des critères raciaux et génère une dangereuse assignation identitaire. Les réunions en non-mixité raciale sont des pratiques discriminatoires, et quand elles se déroulent à l’Université, c’est une circonstance aggravante.

Les victimes d’actes racistes souffrent une première fois des actes de leurs agresseurs, faut-il y ajouter un verrou identitaire et communautariste ?

Que dois-je en conclure, moi qui suis un étudiant juif ? D’où voudrais-tu que je parle, camarade ? Ou plutôt, où souhaiterais-tu m’assigner ?

Suis-je du côté des dominants, prêtant ainsi le flanc aux thèses antisémites de Dieudonné qui qualifie les juifs « de négriers reconvertis dans la banque et la finance » ? Suis-je du côté des racisés, m’enfermant ainsi dans une posture victimaire dans laquelle Alain Soral veut acculer les juifs, les accusant d’utiliser la Shoah ou l’antisémitisme pour se hisser dans la société ? L’une ou l’autre de ces assignations me sont insupportables, et mon identité juive française est bien plus complexe que cet enfermement qui m’est proposé.

Notre génération est phagocytée par des individus malveillants qui entretiennent volontiers la concurrence victimaire dans le débat public, par des propagandistes haineux qui dénaturent les réseaux sociaux, par des pseudo-humoristes qui veulent prendre en otage l’humour pour propager la haine et par des identitaires qui veulent imposer un agenda politique qui agit en miroir de l’extrême droite comme les deux faces d’une même pièce.

L’UNEF fut un rédacteur de la charte de Grenoble en 1946 qui a structuré le syndicalisme étudiant au sortir de la guerre, en donnant aux étudiants le rôle de vigie de la société. Par-delà l’UNEF, quand un grand syndicat étudiant abandonne ses valeurs fondatrices, c’est toute notre génération, et toute la société qui en sort déboussolée.

Les étudiants ont besoin de l’UNEF pour porter des combats universalistes. Nous avons besoin de toi, camarade ! »

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Société

Le délitement de la discipline dans les établissements scolaires est de moins en moins supporté

La vidéo d’un lycéen menaçant sa professeure avec un pistolet de type « airsoft » en plein cour a largement choqué l’opinion publique. Cette scène, insupportable, cristallise un sentiment général de délitement de la discipline dans les établissements scolaires.

Le gouvernement devait présenter ce mardi 30 septembre un plan d’action contre les violences scolaires suite à l’émoi qu’a provoqué cet épisode du Lycée Édouard Branly de Créteil. Le Ministre avait d’ailleurs réagi vivement, faisant savoir qu’il comptait rapidement faire quelque-chose.

Ces mesures ont finalement été repoussées et on aura bien compris que c’est parce que le mécontentement est très profond. Des annonces mal choisies auraient l’effet inverse de celui escompté.

« Pas de vague »

La situation en est en effet à un point où le sentiment d’exaspération est immense, avec cette impression pour beaucoup qu’il n’y a aucune perspective positive. L’ensemble des personnels des établissements scolaires subissent de plein fouet l’exacerbation des tensions de la société avec le délitement d’un certain nombre de règles de savoir-vivre, et se sentent souvent abandonnés.

Le mot-clef #pasdevagues dont se sont emparés un grand nombre d’enseignants pour raconter leurs propres expériences durant ces vingt dernières années décrit précisément ce sentiment que rien n’est fait pour remédier à une situation générale très tendue. Les problèmes sont comme mis sous le tapis et la suggestion de Jean-Michel Blanquer d’interdire les téléphones portables dans les Lycées n’a fait qu’exalter ce sentiment que les institutions ne veulent surtout « pas de vagues ».

Ce qu’il y a de plus terrible lorsqu’on regarde le film en question, c’est qu’on comprend tout de suite à quel point la situation est banale, tellement les protagonistes n’ont manifestement pas conscience de la portée de leur acte. Pas plus que la professeure, qui n’avait pas porté plainte avant la diffusion de la vidéo. Nullement étonnantes ne sont d’ailleurs les affirmations de parents d’élèves de cet établissement, résumées par l’un d’entre eux :

« Je ne sais pas si on peut parler de laxisme mais quand j’ai vu cette scène, je me suis dit que c’était du théâtre. Les enfants étaient en délire, en train de s’amuser, la prof regardait les élèves, presque amusée. Je me suis dit pourquoi personne ne réagit. Je dirais qu’il n’y a pas eu de cadre dans cette classe. Certains vont dire, elle a eu peur, ça été trop violent pour elle mais moi j’ai aussi entendu les élèves. Ils m’ont dit que c’était tous les jours comme ça avec cette enseignante ».

On est pas ici dans une violence à l’Américaine ou à la Brésilienne, mais dans une sorte de situation intermédiaire, où il s’agit plutôt d’indiscipline généralisée qui dégénère. Car, il faut bien voire que l’élève, d’une part est au Lycée, ce qui signifie qu’il a un parcours scolaire au moins un minimum satisfaisant, et d’autre part, s’enquiert de ne pas être noté absent.

Ce n’est pas une situation de décrochage scolaire avec l’immersion d’une autre société, celle des gangs par exemple, au sein de l’institution scolaire, mais une scène propre à la vie de l’institution scolaire elle-même.

C’est donc à la fois moins grave que ce qu’on pourrait craindre, et en même temps bien plus grave, tellement la situation semble dégénérer de l’intérieur, avec une menace de l’écroulement de la société sur elle-même.

Il ne s’agit pas de dédouaner la professeure en disant qu’elle n’est pas responsable du comportement de ses élèves – il y a en France beaucoup trop d’enseignants qui n’ont pas cette qualité de savoir tenir un groupe d’adolescents, et c’est inacceptable.

Il serait pour autant trop facile de l’accabler personnellement, comme il serait trop facile de résumer les choses en disant que le jeune en question n’est qu’un délinquant ayant frappé un policier quelques semaines plus tôt.

La France et la discipline

Ce que signifie cette scène, et ce que signifient les nombreux témoignages #pasdevague, c’est qu’il y a en France un grand problème avec la discipline et que ce problème devient explosif dans les établissements scolaires.

La bourgeoisie est relativement épargnée car elle place ses enfants dans des établissements privés ou publics qui lui sont quasiment réservés, qui se débarrassent des élèves au moindre problème. La grande majorité des autres établissements, publics mais aussi privés-catholiques dans certaines campagnes, se retrouvent par contre de plus en plus dépassés.

Ils n’ont pas les moyens humains et pratiques, mais surtout culturels, de mettre en place et de faire respecter une discipline convenable. Les enseignants déplorent donc le manque de soutien de leur hiérarchie qui ne veut « pas de vague », ce qui est vrai. Cela n’est cependant qu’un aspect partiel du problème, qui est bien plus profond.

Il y a en partie ici un trait culturel franco-français, où les élèves ne sont que les enfants de leurs parents qui n’aiment pas quand la police leur demande de rouler moins vite ou bien qui ne disent pas bonjour à la caissière au supermarché.

Il y a aussi en partie des raisons propres à la pauvreté et aux arriérations culturelles des personnes issues de l’immigration, qui n’ont pas toujours les codes sociaux-culturels de la France, ce qui engendre des situations conflictuelles.

Mais le problème est surtout que l’institution scolaire n’est pas en adéquation avec les aspirations profondes des classes populaires. L’École en France est surtout une vieillerie républicaine issue d’une époque où la bourgeoisie voyait un intérêt à éduquer le peuple par en haut, selon ses propres codes, dans un cadre très restreint.

Abstraction et pensée concrète

Dans bien des cas, l’éducation n’est plus l’aspect principal des établissements scolaires, dont la fonction est surtout de garder les jeunes quelque part la journée tout en triant ceux pour qui un avenir professionnel particulier est envisageable. Ce schéma, pas du tout caricatural, propre aux quartiers les plus difficiles des grandes métropoles, n’est en substance pas différent de celui qui existe partout ailleurs pour les classes populaires.

La séparation quasi-unilatérale de l’enseignement jusqu’au collège d’avec le monde du travail et le reste de la société est quelque-chose de très difficilement supportable pour un certain nombres de jeunes, surtout ceux issus de la classe ouvrière. Cela est la source de beaucoup de conflits scolaires, dont l’indiscipline n’est que le produit, ou la conséquence culturelle logique, à défaut de pouvoir exprimer les choses autrement.

L’institution scolaire française favorise l’abstraction et refuse la pensée concrète. La séparation entre la théorie et la pratique est la norme et même les travaux « pratiques » qui sont proposés dans certains cours sont présentés et organisés très abstraitement. La situation change à partir du Lycée pour les enseignements professionnels et technologiques, mais l’arrière-plan reste présent.

Si on ajoute à cela le fait que les enseignants ne sont pas recrutés ni formés pour leurs capacités à enseigner, on se retrouve justement dans cette situation où les établissements scolaires sont dépassés par l’indiscipline.

Bricolage au jour le jour

Les « vies scolaires », c’est-à-dire les surveillants (« assistants d’éducation ») et leurs chefs de service (« CPE »), gèrent quant à elles du mieux qu’elles peuvent des situations extrêmement compliquées, avec peux de moyens et absolument aucune formation ni aucune méthode de travail autre que le bricolage au jour le jour. L’Éducation Nationale compte sur le fait que les surveillants sont des personnes jeunes (on ne peut être surveillant plus de six années) et sensibles aux questions éducatives pour faire tampon entre les élèves et l’institution.

Cela n’a fait que repousser les problèmes pendant au moins les vingt dernières années, sauf que l’indiscipline devient maintenant de moins en moins supportable et gérable.

Le Gouvernement et son ministre de l’Éducation se retrouvent en ce moment dans une position délicate face à la manifestation d’une indignation profonde, alors qu’ils ont annoncé récemment des suppressions de postes et qu’une grande grève était déjà prévue pour le 12 novembre prochain.

L’annonce d’effectifs de Police dans les établissements, en plus d’être une absurdité rien que parce que la Police est déjà débordée et en sous-effectifs, relève surtout du « cafouillage » et illustre une grande panique sur la question.

La Gauche en France a une grande responsabilité sur ce sujet car elle a trop souvent minimisé les questions de discipline au profit d’une approche plus conciliantes se voulant non-réactionnaire, alors qu’il ne s’agit en fait que de savoir-vivre.

Cependant, la discipline, bien qu’étant quelque-chose de fondamental et réclamé par les classes populaires, ne doit pas être une chose abstraite, existant en dehors et par-dessus les rapports sociaux en général, et l’institution scolaire en particulier.

Tant que l’éducation générale et pratique de la jeunesse ne sera pas l’unique objet de l’École, populaire et démocratique, rien ne sera réglé. Les tensions qui existent dans les établissements scolaires ne feront qu’empirer à mesure de la généralisation de la crise dans la société toute entière.

Il ne suffira pas de réclamer plus de moyens et plus de postes – bien qu’il faille dénoncer la suppression de ceux-ci – mais il faudra considérer les choses à plus long terme, dans une perspective bien plus grande. Le système scolaire français n’est pas du tout satisfaisant pour les classes populaires, et d’ailleurs il se révèle efficace pour de moins en moins de monde, comme le montrent les grandes enquêtes internationales sur l’éducation.

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Société

Mineurs et accès à la pornographie

Le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français a récemment publié un dossier de presse en lien avec une conférence qu’il a tenu le 15 juin dernier à Paris, intitulée « Protection des enfants et des adolescents contre la pornographie ».

Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français

Les intervenants ont à travers cette conférence lancé un appel à ce que des mesures soient prises afin que la loi sur la protection des mineurs soit appliquée de façon stricte et que des campagnes d’information et de sensibilisation soient véritablement mises en place en milieu scolaire et à l’échelle nationale.

Citons à ce sujet l’article 227-24 du code pénal qui parle d’exposition de mineurs à du contenu à caractère pornographique :

« Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent, incitant au terrorisme, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine ou à inciter des mineurs à se livrer à des jeux les mettant physiquement en danger, soit de faire commerce d’un tel message, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur. »

Une des demandes du Collège est ainsi de rendre cet accès difficile : demander une carte de paiement par exemple, au lieu d’une simple case à cocher où l’utilisateur affirme être majeur :

« les fournisseurs d’accès devraient avoir l’obligation d’empêcher les mineurs de consulter les sites pornographiques en imposant des codes fournis à partir de la présentation de la preuve de la majorité ou en imposant une carte bancaire systématique »

La volonté de fond derrière est la protection des mineurs, de leurs corps et plus généralement de leur santé. Le dossier de presse reprend différentes études menées sur le sujet et donne des exemples d’intervention et de programme de prévention réalisés en France.

Avec l’essor des nouvelles technologies et l’arrivée massive de smartphones, les mineurs et les jeunes adultes sont ainsi de plus en plus nombreux à consulter du contenu pornographique, mais surtout, l’influence des représentations de cette industrie se fait ressentir selon les professionnels de santé.

« informer les enfants dans les écoles pour leur expliquer que, comme la drogue, la pornographie fait du mal.

Ces images d’une extrême violence, ne correspondent pas à la réalité et les insécurisent. Les jeunes n’ont pas la maturité nécessaire pour se défendre.

En outre, la pornographie donne cette fausse idée que la performance sexuelle se mesure. Les femmes y sont considérées comme des objets. Les garçons n’ont aucune notion de ce qu’est le consentement; il m’est arrivé qu’un jeune me demande : mais si cette femme ne veut pas, est-ce qu’on peut la tenir? J’entends des récits de fellations collectives dans les toilettes. L’image de la femme est gravement dégradée. »

Le rapport enchaîne avec ce constat très dur :

« Cette grande disponibilité des images pornographiques n’est pas étrangère à l’augmentation des viols par mineurs sur mineurs, celle des IVG chez les jeunes filles et celle des infections sexuellement transmissibles. »

Le dossier de presse peut être téléchargé au format PDF, à cette adresse.

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Politique

Les Jeunes Socialistes voient une « jeunesse française plus engagée que jamais »

Les Jeunes Socialistes ont pris position au sujet de la proposition de service national obligatoire ; ils ont également lancé une pétition pour protester. Une initiative louable, certainement, de par l’esprit de militarisation, d’encasernement dont cela relève.

Cependant, la phrase justifiant l’absence de valeur de ce service national laisse littéralement pantois :

« Dans des associations, des mutuelles, des organisations de jeunesse politique, auprès des réfugié.e.s ou dans des luttes écologiques, la jeunesse française est plus engagée que jamais. »

Comment quelqu’un peut-il oser écrire cela ? Jamais les organisations de jeunesse politique n’ont été aussi clairsemées, vide de militants et de contenus. Jamais le degré d’organisation politique n’aura été aussi vide dans notre pays.

Les seules structures qui se maintiennent profitent soit du copinage et de l’amitié pour se maintenir, soit de postes à pourvoir, et beaucoup plus rarement, si elles ont du contenu, restent ultra-minoritaires.

La jeunesse vit un faux hédonisme, elle tente de « profiter de la vie » à travers toute une série d’échappatoires, s’imaginant qu’il suffit de prendre un micro pour être un rappeur, de faire quelques sons pour faire de la techno, tout étant censé s’offrir avec facilité, et de toutes façons « tu ne connais pas ma vie », personne n’aurait le droit de juger.

La jeunesse vit un gigantesque non-dit : elle est culturellement vide, elle consomme pour chercher un sens à sa vie, s’imaginant que le capitalisme permettra de trouver une voie individuelle privilégiée.

On est à l’opposé de mai 1968, de la jeunesse mobilisée, en colère, étudiant, se révoltant, s’engageant.

Quelle est donc cette histoire d’associations et de mutuelles ? Et où les Jeunes Socialistes voient-ils également des luttes écologiques ? La jeunesse devrait ruer dans les brancards en raison du réchauffement climatique : elle ne prend pas cela au sérieux. D’ailleurs, elle ne prend rien au sérieux.

Il ne faut donc pas dire que « la jeunesse française est plus engagée que jamais », mais qu’au contraire elle est une génération faillie, en échec total sur le plan des idées et de la pratique.

Est-ce à dire que cela ne va pas changer ? Bien au contraire. Néanmoins, pour cela il ne faut pas faire du populisme. Il faut être exigeant, ne pas céder sur le dur labeur intellectuel à mener, sur la pratique sur le terrain nécessaire.

Les Jeunes Socialistes ne veulent donc pas assumer cela, ils espèrent que tout cela se fera tout seul. Ils maintiennent la fiction d’une gauche qui irait bien, d’où justement la remarque sur le prétendu soutien de la jeunesse aux «  réfugié.e.s », alors que ce terrain du soutien est porté par des adultes d’esprit catholique, dans le direct prolongement des incessants appels du Vatican.

Le mouvement ouvrier a déjà historiquement réglé sur le plan des idées cette question des réfugiés. Mais encore faut-il assumer le mouvement ouvrier et son histoire, et les ouvriers eux-mêmes.

Un service national obligatoire ? Emmanuel Macron vit dans le passé

La volonté du gouvernement de mettre en place un “service national” obligatoire constitue une attaque grave contre la jeunesse, ses aspirations et sa liberté. La République ne s’apprend pas dans les casernes.

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a confirmé ce mardi matin que le “service universel” voulu par Emmanuel Macron serait obligatoire. Le gouvernement fait donc le choix très conservateur d’imposer à toute une génération un encasernement forcé. Cette décision démagogique ne fait que répondre et soutenir la nostalgie réactionnaire d’un service militaire qui n’a jamais véritablement joué le rôle de mixité sociale dont on le crédite.

Dans des associations, des mutuelles, des organisations de jeunesse politique, auprès des réfugié.e.s ou dans des luttes écologiques, la jeunesse française est plus engagée que jamais. Elle n’a pas besoin d’une injonction au civisme de la part d’un gouvernement qui voudrait penser pour elle. La conjonction de la sélection à l’université, de la baisse des aides au logement, et de l’instauration d’un service national obligatoire révèle la nature réactionnaire d’un gouvernement qui veut mettre au pas sa jeunesse.

Plutôt que ce carcan paternaliste, le gouvernement ferait mieux de donner à la jeunesse les moyens de son autonomie. C’est à l’école que la République doit faire ses preuves : les Jeunes Socialistes appellent à investir en urgence au moins un milliard d’euros par an dans l’université et à embaucher 40 000 enseignant.e.s, prioritairement dans l’école primaire.

Pour être libres de faire nos propres choix, les Jeunes Socialistes proposent également la mise en place d’un Revenu Universel d’Existence (RUE), universel et inconditionnel, et supérieur au seuil de pauvreté. C’est la seule universalité dont la jeunesse a aujourd’hui besoin.

Le texte de la pétition.

Emmanuel Macron veut mettre en place un “service national” qui sera obligatoire pour toutes et tous les jeunes. Vingt ans après l’abrogation du service militaire, il veut remettre la jeunesse au pas. Il vit dans le passé.

Après la sélection à l’université et la baisse des aides au logement, Emmanuel Macron s’attaque une nouvelle fois à la jeunesse.

Nous ne nous laisserons pas faire ! Nous revendiquons le droit d’agir, de penser et de nous engager là où nous le souhaitons plutôt que de subir un encasernement forcé.

Non, Monsieur le Président, la République ne s’apprend pas dans les casernes !

3 raisons de s’opposer au service national obligatoire
Nous refusons ce carcan paternaliste et réactionnaire qu’est le service national obligatoire.

1 – C’est cher : le cout estimé est au minimum de trois milliards d’euros ! Autant d’argent qui serait bien plus utile ailleurs.

2 – C’est inutile : d’une part, l’armée n’en a pas besoin et s’y oppose. De l’autre, la jeunesse n’a pas attendu une injonction du gouvernement pour s’engager dans des associations, des mutuelles, auprès des réfugié.e.s ou dans des luttes écologiques !

3 – Si c’est obligatoire, c’est un endoctrinement, pas un choix. La République ne s’apprend pas par la contrainte !

3 meilleures idées pour vraiment changer la vie des jeunes
1 – C’est à l’école que la République doit faire ses preuves : plutôt que sélectionner à l’université, il faut investir 1 milliard d’euro par an dans le supérieur et embaucher 40 000 enseignant.e.s

2 – Un véritable accès des jeunes à la santé et au logement : un.e jeune sur trois renonce à des soins chaque année.

3 – Un Revenu Universel d’Existence, supérieur au seuil de pauvreté et inconditionnel, seule universalité dont la jeunesse a aujourd’hui besoin pour s’émanciper

La jeunesse a besoin de davantage de droits, non pas qu’on exige d’elle de nouveaux devoirs !

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La remise en cause du principe d’un baccalauréat universel

C’est une ironie comme l’histoire les connaît qu’Alain Devaquet soit décédé quelques jours avant la remise hier d’un dossier au ministre de l’Éducation nationale afin de réformer le baccalauréat. Car le projet d’Alain Devaquet en tant justement que ministre de l’Éducation nationale en 1986 avait provoqué une mobilisation énorme de la part des étudiants et des lycéens.

Ceux-ci avaient compris que le projet d’Alain Devaquet était la sélection, un parcours universitaire à multiple vitesses. Ils ont été d’une grande combativité par conséquent, la répression étant elle brutale, comme en témoigne la mort de l’étudiant Malik Oussekine.

Celui-ci avait été tué par des policiers du peloton de voltigeurs motoportés, c’est-à-dire deux policiers à moto, l’un conduisant, l’autre frappant avec sa matraque. Malik Oussekine a été tué peu après minuit, alors qu’il sortait d’un club de jazz et que la police traquait des « casseurs ». Ils l’ont massacré dans un hall d’immeuble.

Cet événement, combiné à la vague contestataire contre le projet d’Alain Devaquet, a marqué toute une génération. Cela a été un marqueur de la contestation du capitalisme.

Mais en trente années, le libéralisme a largement conquis les masses. La fausse gauche célèbre le libéralisme de mœurs sans voir – ou plutôt sans prétendre voir – qu’il va de pair avec le libéralisme économique.

Aussi, cette fois, le projet de sélection passe comme une lettre à la poste chez les lycéens et les étudiants. Pire encore, il va commencer au lycée.

On connaît ici le principe : l’État laisse pourrir une situation, pour après reconnaître la nécessité d’un changement. La plupart des privatisations ont connu ce justificatif de « l’efficacité ».

Et en l’absence de connaissances politiques, de traditions de gauche, les lycéens et les étudiants tombent dans le panneau. Chacun s’imagine « sortir du lot » pour les plus carriéristes, quant aux autres, ils voient juste avec plaisir le principe d’un « bac à la carte ».

Car le baccalauréat, pour ce qui ressort du rapport remis hier au ministre concerné, supprime les séries L, ES et S. Il y aura un tronc commun et des options à choisir.

Dans le tronc commun, on trouve l’histoire-géographie, les mathématiques, deux langues vivantes, l’EPS, le français et de philosophie. Puis, en option, il y aura les mathématiques-sciences de la vie et de la Terre, lettres-langue vivante, sciences économiques et sociales / mathématiques.

En apparence, aucune différence. En pratique, pour les classes de seconde, de première, de terminale, il faudra à chaque fois re-sélectionner une de ces options. C’est la fin d’un bac universel.

De plus, les notes seront en continu, ce qui va renforcer la valeur très différente des lycées. Un bac dans tel lycée n’aura clairement pas la même valeur qu’un autre bac dans un autre lycée.

Évidemment, les options à choisir dépendront du « marché du travail ». A la soumission aux professeurs pour avoir les bonnes notes – on connaît la dimension subjective dans les matières littéraires ou les langues – s’ajoute celle aux entreprises.

Pour préserver la fiction du « bac », le projet prévoit également que la moitié de la note finale dépende de quatre examens de fin d’année, avec deux majeures au printemps, la philosophie et un oral en juin.

Enfin, pour clouer la dépendance, il n’y aura plus d’oral de rattrapage, mais l’étude du livret scolaire de première et de terminale.

C’est la négation de l’épreuve universelle et le renforcement de la soumission à la concurrence, à la compétition, aux intérêts des entreprises, et cela de manière totalement unilatérale.

Cela ne veut pas dire que le baccalauréat ait été idéal dans sa forme passée. Tous les gens de gauche savent ce que signifie l’épreuve comme mise sous pression, bachotage sans contenu, illusion sur la vie adulte qu’il y a après, etc.

Cependant, l’idée d’une épreuve universelle, pour une société reconnaissant être une collectivité transcendant les individus, ne peut être que l’exigence de base de toute personne de gauche.