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Culture & esthétique

Biensüre, l’amitié anatolienne

Biensüre est un groupe originaire de Marseille ayant sorti son premier album au titre éponyme en 2022. Il s’agit de sept morceaux dansants dans leur style particulier, que les quatre membres qualifient de « psychédelisco anatolien ».

Se dire de l’Anatolie est pour eux une manière de prôner artistiquement un rassemblement autour de la méditerranée, un échantillon d’amitié entre les peuples. Parler d’Anatolie est d’ailleurs historiquement un marqueur pour les gens de gauche liés de près ou de loin à l’actuelle Turquie.

C’est que Hakan Toprak, le chanteur, lyriciste et joueur de saz est un kurde de Turquie et Anselme Kavoukdjian (clavier) est d’origine arménienne de Turquie. Hakan chante à propos de l’exil, de l’amour et de l’amitié.

L’influence « Kraftwerk » est flagrante dans ce morceau.

« Anatolien » car le saz est leur signature. Le saz est un instrument à corde, à la manière d’une guitare, que l’on trouve en Perse jusqu’à 3000 ans avant notre ère. Il est donc un liant de la musique que l’on trouve en Turquie, Grèce, Azerbaïdjan et Arménie mais aussi jusque dans le Caucase, la Crimée et les Balkans.

On le trouve dans des musiques traditionnelles et plus récemment dans la scène disco turque des années 1980 dans laquelle Hakan a baigné.

L’influence turque ne sera donc pas nationale, mais liée à une très grande histoire culturelle et de mélange des peuples. Ce mélange continue avec l’influence du batteur, Milan Petrucci, amateur de techno et de cold wave façon New Order qui n’hésite d’ailleurs pas à saluer Deli Teli, un groupe de musique grec.

Dans le clip de Muhabbet il arbore d’ailleurs un t-shirt Versace « greca » avec un motif clé grecque identique à celui du logo de la marque, inspiré directement de la mythologie grecque. Ici il s’agit d’un logo des années 1990, c’est très fin, très branché, très marseillais et sûrement pas laissé au hasard.

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Politique

Eric Zemmour à Marseille : fiasco ou succès politique ?

La visite marseillaise d’Eric Zemmour est révélatrice.

Faites vos jeux ! Parier, c’est moralement erroné, mais la politique rend cela inévitable, parce qu’il faut analyser les tendances et choisir ce qu’on considère juste, repoussant ce qu’on imagine faux, et qu’on mise tout dessus. Et là on a un exemple très parlant.

Le 27 novembre 2021, Eric Zemmour était de passage à Marseille, alors voilà différentes considérations à ce sujet, en provenance de ce dépotoir-défouloir qu’est Twitter, tout un symbole de notre époque. D’un côté, Eric Zemmour tentant d’inventer un mythe mobilisateur, avec le fameux parcours de l’homme providentiel à la rencontre de son peuple. De l’autre l’ultra-gauche qui n’en invente pas un puisqu’elle l’a déjà, avec son substitutisme et son « action directe ».

Qui est le gagnant de cette séquence ? Marseille s’est-elle vraiment soulevée contre Eric Zemmour ? Ce dernier a-t-il vraiment pris un pied au derrière dans la construction de sa figure politique ?

Bien entendu, on peut être horrifié et penser qu’il faut un antifascisme politique, parce que là…

Laetitia Avia est Députée de Paris, vice-présidente du bureau exécutif & Porte-parole LREM.

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Société

Carnaval à Marseille: 6500 vitalistes symbole d’une France en perdition

Rassemblés sans masques, 6500 personnes ont témoigné de leur caractère arriéré et petit-bourgeois.

Il y avait déjà eu un carnaval du même type à Toulouse le 7 mars 2021, avec autour de 700 personnes. Mais là avec au moins 6500 personnes, les « carnavaliers » marseillais ont fait aussi fort que les « teufers » du nouvel an. C’est une gifle aux soignants, aux personnes fragiles, une gifle à l’esprit de collectivité, une gifle à leur propre dignité, aussi.

Que dire de ce carnavalier déguisé en… médecin ? Quelle punition pourrait être adéquate pour une personne aussi insultante ? Et il ne faut pas se leurrer, cela reflète une bonne partie de la France. Ces gens sont d’ailleurs à l’image des bourgeois parisiens fuyant le pseudo « confinement » de la capitale, le 19 mars 2021, engorgeant les routes et emplissant les trains, propageant inévitablement le COVID-19 ailleurs.

Les Français sont pourris par le capitalisme, ils sont individualistes et égoïstes. Ce n’est pas qu’ils soient naturellement ainsi : le 17e siècle qui a formé l’esprit français a produit une mentalité ingénieuse, pas ces traits sordides qui ressortent en raison du libéralisme économique et culturel.

Et on ne le redira jamais assez : en Europe, seule l’extrême-Droite manifeste contre les mesures de confinement. En Allemagne, en Autriche, il y a eu des rassemblements de plusieurs milliers de personnes le 20 mars 2021 : que des fachos et des cinglés ésotériques. Et à Marseille les « Patriotes » avaient d’ailleurs fait un rassemblement contre les mesures gouvernementales, peu avant le carnaval.

Mais on peut être certain que les carnavaliers marseillais ne s’imaginent pas du tout être d’extrême-Droite ; ce sont des petits-bourgeois s’imaginant des révoltés, des anarchistes, des gens tenant aux libertés, etc. Ils sont trop peu cultivés et conscients pour comprendre que leur vitalisme spontanéiste relève historiquement très précisément de ce qu’on a appelé le Fascisme. Le Fascisme c’est historiquement la « révolte contre la vie commode », le « mépris » de la mort, l’appel à se transcender au-delà de la réalité et des faits, dans une transe collective.

On est en plein dedans.

La France est vraiment en perdition. Quand des gens qui sont individuellement sympathiques, ouverts à l’esprit alternatif, dédaignent les efforts intellectuels, méprisent les travailleurs et dénoncent la collectivité, rejetant le collectivisme… cela signifie qu’une large partie de la population est déjà passé dans le camp du cynisme.

Comment veut-on après combattre un capitalisme qui va être particulièrement agressif avec la crise ? Les « carnavaliers » sont à des lieux de saisir que le monde est au bout du gouffre, que de terribles guerres se préfigurent. Pire, même, ils contribuent à faire perdre les esprits, à nier les difficultés de la réalité.

Est-ce le début de la fin ou la fin du début ? Dans tous les cas cela va mal tourner. On est coincé entre Charybde et Scylla, entre l’individualisme cynique et la tentative de sortie de la crise du capitalisme au moyen de la guerre. Toute la France se révèle être en faillite.

Il faut un sursaut de la classe ouvrière pour proposer un ordre nouveau, sans quoi…

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Politique

La Gauche marseillaise se renie en cédant au populisme anti-parisien

À Marseille, il est d’usage de critiquer « Paris » sur un mode populiste régionaliste et le professeur Raoult est une figure typique de cette démarche, en plus d’être une figure de la Droite. Au lieu de conspuer cela, la gauche marseillaise s’y précipite, peut être pour masquer une absence de contenu social-populaire authentique ainsi qu’une réelle dynamique de masse.

Lundi 5 octobre 2020 avait lieu la 4e séance du nouveau conseil municipal de Marseille, censé être un marqueur avec enfin les « nouvelles impulsions » de la majorité de gauche. En fin de compte, il ne s’est pas produit grand-chose de remarquable à part le train-train gestionnaire municipal. Ce qui a fait l’actualité par contre, c’est la proposition de Samia Ghali de former un conseil scientifique départemental pour «  ne plus être dépendants des chiffres de scientifiques parisiens ».

Samia Ghali est une habituée des coups de com’ de la sorte. On est là dans un populisme outrancier, furieux, qui ne fait que refléter le point de vue des petits commerçants marseillais terrifiés par la crise et les mesures sanitaires exigées par le gouvernement, à savoir la fermeture des bars et restaurants locaux.

Par peur de perdre leur petite position chèrement acquise dans la concurrence capitaliste, ces gens sombrent dans l’irrationnel. Alors ils nient les faits. Ils nient la réalité de l’épidémie particulièrement développée à Marseille, ils nient le bien fondée de toute mesure sanitaire collective allant à leur encontre et prétendent que tout cela ne serait que « parisien », abstrait, en dehors de leur réalité, contre eux même, car « marseillais ».

Un tel point de vue est franchement réactionnaire, car antidémocratique dans sa nature ; c’est l’idée, d’ailleurs classique à l’extrême-droite française, qu’il faudrait décomposer le pays en autant de petites unités qu’il y a d’intérêts, locaux, corporatistes, etc. C’est l’inverse de la conception démocratique voulant que la société forme un corps, sur tout le territoire national (comme partie de l’humanité mondiale), et que ses dirigeants en soient la représentation.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas de politique, qu’il n’y a jamais de bataille à mener contre tel ou tel gouvernement, tel ou tel groupe de personnes, telle ou telle mesure. Au contraire, mais justement cela doit se faire au nom de la société elle-même, pour toute la société. En s’imaginant faire un conseil scientifique à part, Samia Ghali propose par contre aux Marseillais de se couper de la société française, en affirmant leur propre « réalité », leur propre « science ».

Soit le conseil scientifique a raison pour tous les Français, soit il a tort pour tous les Français. Mais il n’a pas raison à Paris et tort pour Marseille. Cela n’a pas de sens formulé ainsi, à moins justement de ne pas chercher le sens des choses, mais de chercher simplement l’agitation populiste régionaliste.

Rejeter un tel populisme est normalement un réflexe à Gauche, de par son caractère profondément démocratique et populaire. En participant à ce populisme anti-« Paris », la gauche marseillaise commet donc une très lourde erreur et on imagine mal comment elle pourra s’en sortir.

Plutôt que de critiquer la proposition délirante de Samia Ghali, le premier adjoint à la mairie Benoît Payan s’y est en effet complètement rallié, expliquant pendant le conseil municipal que la maire Michel Rubirola (absente pour raison médicale) est « particulièrement sensible » à cela.

D’ailleurs, Michel Rubirola avait elle-même eu une attitude bien étrange à la fin du mois d’août, en participant à une très médiatisée conférence de presse avec le professeur Raoult et la présidente de la Métropole… c’est-à-dire deux figures de la droite locale !

La nouvelle maire de Marseille avait complètement été dans le sens du populisme régionaliste de Samia Ghali et de la Droite Marseillaise, affirmant que :

« Le gouvernement a décidé depuis Paris de ce qui serait bon pour notre ville, sans engager le dialogue nécessaire avec les élus, et surtout sans nous donner les moyens de faire respecter les décisions qui sont les siennes ».

Elle est même allée très loin dans la formulation de ce populisme et d’une prétendue stigmatisation de Marseille (dont on cherche encore la raison), en « expliquant » que le reconfinement a été évoqué, mais pas pour Paris, seulement pour Marseille, et que c’était donc inenvisageable pour cette raison, avant d’ajouter que :

« C’est du deux poids deux mesures, je l’ai dit à Castex au téléphone, et je suis prête à le redire »

Tout cela est franchement ridicule, et terriblement loin des préoccupations populaires et de l’effort collectif indispensable face à la crise sanitaire. Si l’élection marseillaise a pu susciter quelques espoirs pour un élan unitaire à gauche, on voit ici que tout cela est finalement très faible, et pas vraiment en mesure de participer à un réel élan démocratique et populaire en France.

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Culture

Comment les chansons de Tessae témoignent du changement d’époque

La chanson et le clip « salope » de la jeune artiste marseillaise Tessae témoignent indéniablement d’un changement d’époque. C’est de la pop dans une version très chantée qui relève ouvertement de la variété/commerciale… mais avec une affirmation culturelle élevée, et surtout nouvelle.

Le titre évoque ces hommes arriérés interpellant les jeunes filles dans la rue, souvent le soir, souvent en prenant prétexte de leur habillement, souvent en les traitant de « salopes ». Quand elle présente sa chanson, Tessae ne prétend ici à un aucun militantisme féministe, et c’est peut être ce qui fait sa force, de part la justesse populaire de son propos : elle explique tout simplement qu’elle ne comprend pas que de tels comportements puisent exister à notre époque.

On a là une certaine candeur qui, associée à un goût prononcer pour la mélodie dans un état d’esprit tourné vers l’avenir, donne quelque chose d’éminemment nouveau, avec une grande puissance positive.

Il faut mettre cela en rapport avec son morceau « Bling », dont le clip est un succès avec près de trois millions de vues sur YouTube : ces deux chansons sont de véritables et merveilleux hymnes anti-beauferie ! Et c’est très très réjouissant !

Ce ne sont pas de simples témoignages, mais directement l’expression d’une génération jetant un vieux monde par la fenêtre, ne supportant plus les arriérations comme le sexisme, la superficialité, le racisme, les idéalismes identitaires, etc.

La jeunesse veut la paix, l’international et le life deluxe for all… On a changé d’époque, totalement, la crise du Covid-19 en est un aspect, mais pas le seul !

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Politique

Marseille, une Gauche populaire, mais pas ouvrière

On a Paris la bourgeoise moderne, Lyon la bourgeoise traditionnelle. Mais où est la ville populaire, qui est le bastion de la Gauche historique ? Marseille échoue à chaque fois à se placer.

Marseille est indéniablement une ville marquée par la culture populaire et son caractère populaire. Cependant, la culture ouvrière y est finalement très faible, contrairement à d’autres villes de l’agglomération comme Martigues, Aubagne, etc.

D’ailleurs, le « Printemps marseillais » est obligé de le reconnaître. Dans les 32 pages de son programme, il n’y a qu’une seule fois le mot « ouvrier », et encore pour expliquer :

« Marseille est devenue une ville étudiante, comme toutes les grandes villes du monde. Il y a aujourd’hui plus d’étudiants (60 000) que d’ouvriers à Marseille. Effondrement de l’emploi industriel, certes, auquel nous ne nous résignerons pas. Mais aussi développement massif de l’enseignement supérieur, et c’est une immense chance. »

Aucune mention des ouvriers ou de la classe ouvrière ailleurs. Si les problématiques du programme son en général d’ordre démocratique et populaire, avec en priorité les questions des écoles et du logement, les travailleurs sont finalement très peu présents dans les préoccupations.

Nulle trace des animaux non plus dans ce programme, alors qu’on retrouve par contre la conception de type postmoderne, complètement étrangère à la Gauche, qu’est la revendication « LGBTI+ ».

C’est une véritable catastrophe, si l’on y regarde bien, car Marseille devrait être en première ligne pour l’affirmation de la Gauche. Au lieu de cela, elle apparaît comme fière et corrompue, brillante et créative, mais toujours à la traîne, incapable d’initiatives.

Marseille, c’est du consommable, en termes d’image, mais le contenu manque. Les grandes rumeurs de rachat de l’Olympique de Marseille par un consortium avec l’Arabie Saoudite en son cœur, afin d’en faire un club identitaire « méditerranéen », illustrent bien cet enjeu marseillais.

Marseille reste pourtant un espoir, d’ailleurs incontournable de par la surface de la ville, de par son importance, sa dynamique. Cependant, comment une Gauche réelle, sur une base historique, peut-elle s’y développer ? Il est évident que c’est par la morale, la morale la plus stricte, face aux mafias, face à la corruption, qui s’étend largement dans les syndicats d’ailleurs. Force Ouvrière est ainsi indissociable du système municipal depuis cinquante ans.

C’est de l’absence d’une telle Gauche qu’émerge une figure comme Samia Ghali. Rappelons ses propos dans La Provence en 2012 :

« Aujourd’hui, face aux engins de guerre utilisés par les réseaux, il n’y a que l’armée qui puisse intervenir. Pour désarmer les dealers d’abord. Et puis pour bloquer l’accès des quartiers aux clients, comme en temps de guerre, avec des barrages. Même si cela doit durer un an ou deux, il faut tenir. »

Son constat est réaliste, mais seul le peuple peut réaliser cela, l’armée telle qu’elle existe étant contre le peuple. Seulement, le peuple de Marseille est emprisonné lui-même dans la corruption et la décadence, dans une situation digne du Sud de l’Italie. Si cela continue, la ville va s’effondrer ! C’est cela qui explique la victoire du « Printemps marseillais », l’espoir qu’il peut susciter chez toute une partie de la population refusant cet effondrement, dont la catastrophe de la rue d’Aubagne a été un signe précurseur.

Mais cet espoir a besoin de moyens. Et comment faire alors qu’une crise dévastatrice se met en place ? Le « Printemps marseillais » n’aura pas le choix : il faudra basculer dans la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, pour trouver les ressources… ou bien se faire broyer.

> Lire également : Marseille: une victoire municipale attribuée à la Gauche, et beaucoup de questions pour l’avenir

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Politique

Marseille: une victoire municipale attribuée à la Gauche, et beaucoup de questions pour l’avenir

Michèle Rubirola est-elle une maire EELV ayant profité d’une dynamique unitaire à Gauche pour se faire élire ? Ou au contraire, est-elle le produit d’une dynamique unitaire à Gauche ayant su écarter localement la tentative de liquidation par EELV ? C’est une question essentielle, qui pourrait déterminer beaucoup de choses pour l’avenir immédiat de la Gauche en France.

Pour bien comprendre ce qu’il s’est passé à Marseille avec la victoire du « Printemps marseillais » et l’élection de Michel Rubirola au poste de maire, il faut remonter quelques mois en arrière.

Marseille est une ville très endettée, largement en retard sur le plan de sa « métropolisation » et marquée pendant des années par une Droite souvent qualifiée d’affairiste et de corrompue. En face, il y a une Gauche de type « humaniste », peu liée à la classe ouvrière, mais bénéficiant d’une certaine dynamique démocratique et populaire, ayant par exemple une culture « bobo » beaucoup moins prononcée que dans les autres grandes villes françaises.

L’effondrement d’immeubles rue d’Aubagne dans le quartier de Noailles, « le ventre de Marseille », a d’ailleurs été un véritable choc en novembre 2018. Il y eut 8 morts ce jour-là, alors que plusieurs milliers d’habitants furent ensuite évacués en raison de la vétusté de leur logement. Le quartier se situe pourtant dans le premier arrondissement, mais est largement délabré, avec aucune école et une population très précaire, souvent immigrée, à la merci de « marchands de sommeil » laissant littéralement pourrir les immeubles, sans que la mairie ne fasse quoi que ce soit.

Cela donne une idée du panorama local, très différent des autres grandes villes françaises. Le refus de cette situation a lancée toute une dynamique de gauche, liée à des structures associatives et syndicales. Le « Printemps marseillais » en est directement le produit, avec une perspective politique unitaire pour les municipales. Elle a été largement portée par le PCF et le Parti socialiste s’y est rapidement rallié, abandonnant sa propre stratégie électorale.

> Lire également: «Ma seule ambition, c’est Marseille»: la démarche unitaire de Benoît Payan du PS

Tel ne fut pas le cas d’Europe Écologie-Les Verts, qui a préféré jouer sa propre partition avec une approche similaire aux autres grandes villes françaises comme Paris, Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Nantes, Lille, etc. EELV était donc présent au premier tour de ces municipales, en concurrence avec les listes du « Printemps marseillais ».

C’était toutefois un pari risqué, qu’avait refusé Michèle Rubirola, conseillère départemental EELV, elle-même issue de la Gauche, et plus précisément de l’extrême-Gauche. Dans les années 1970, elle était membre de l’Organisation Communiste des Travailleurs et elle fait partie de toute une génération ayant rejoint « Les Verts » au début des années 2000 avec l’idée de remplacer le Socialisme par l’écologie (une vraie tendance, allant de l’AREV à une partie importante de l’OCML Voie Prolétarienne).

En 2019, elle expliquait son choix de rallier la dynamique du futur « Printemps marseillais » plutôt que la liste « solo » de son organisation :

« le temps doit être au rassemblement, à la construction d’une coalition écologiste, progressiste, humaniste et citoyenne capable de changer Marseille. Pas aux divisions, pas au repli partisan dans sa chapelle, pas à la guerre des égo auto-proclamés ».

Elle fut logiquement suspendue d’EELV pour cette raison.

De manière unanime, la victoire à Marseille pour ces municipales 2020 est alors attribuée à la Gauche par tous les commentateurs, et pas à EELV. Reste cependant à savoir de quelle « Gauche » il s’agit, alors qu’il y a en arrière-plan de cette élection toute une tentative de démantèlement de la Gauche au nom de l’écologie, notamment de la part d’Olivier Faure, le dirigeant du PS.

En raison de la particularité du scrutin à Marseille, qui se fait d’abord par secteur, puis au suffrage indirect pour l’ensemble de la ville (comme à Paris et Lyon), le « troisième tour » a été très animé.

Les élus de la liste du « Printemps marseillais » n’avaient pas à eux seul une majorité absolue pour diriger la ville et des tractations largement médiatisées ont eu lieu. C’est Samia Ghali, « élue des quartiers nord », qui fut la clef de l’élection, avec tout un psychodrame pour savoir qui allait lâcher quoi à qui, puis de grandes embrassades finales. Ces tractations ne sont pas intéressantes en elles-mêmes, mais elles révèlent par contre une grande complexité sur le plan politique, qui est très significative.

Samia Ghali est une sorte d’électron libre, ancienne membre du PS, se présentant tantôt comme proche des idées de la France insoumise, apparaissant parfois plutôt réceptive à la majorité présidentielle, et est d’autres fois dénoncée comme étant liée en sous-main à la Droite marseillaise, avec qui elle menaçait de négocier (ou en tous cas le laissait volontiers sous-entendre).

Au second tour en tous cas, elle l’a emporté dans son secteur face à l’extrême-Droite, mais aussi face au « Printemps marseillais » qui maintenait sa liste, menée par la figure locale du PCF Marc Coppola. Rien que cette situation en dit long de la faiblesse de la Gauche marseillaise, car il est inacceptable politiquement d’avoir plusieurs listes liées à la Gauche lors d’un second tour face à l’extrême-Droite. Cela d’autant plus que l’élection s’est faite dans ce secteur très populaire avec une abstention gigantesque, ce qui signifie une élection sans réel élan populaire.

> Lire également : Municipales: tribune de Jean-Marc Coppola du PCF pour «Le Printemps Marseillais»

Dans le même temps, la liste de Samia Ghali, opposée au « Printemps marseillais », a été soutenue au second tour par EELV, alors qu’EELV se ralliait officiellement au « Printemps marseillais » pour l’ensemble de la ville. Cela en dit cette fois très long sur la nature d’EELV et sa stratégie consistant à torpiller la Gauche dès que possible.

Pour ajouter de la complexité à tout cela, il faut voir enfin que « le Printemps marseillais » a réussi à dégager une majorité pour diriger la ville à une voix près seulement, et cela grâce à une voix venant de la Droite.

La nouvelle maire de Marseille Michèle Rubirola se retrouve donc à la tête d’une coalition regroupant « le Printemps marseillais » (lui-même très disparate politiquement) + EELV + Samia Ghali et 7 élus la suivant + une personne dissidente de la Droite locale. En face, il y a une Droite disposant de quasiment autant de voix, ainsi qu’un Rassemblement national disposant de quelques voix.

Et c’est là qu’on se demande : comment la Gauche va-t-elle s’en sortir au milieu de tout cela ?

Il y a d’un côté EELV, prêt à tout pour faire sombrer la Gauche, soit en tirant la couverture à soi, soit en torpillant l’élan unitaire.

Il y a également le populisme de La France insoumise, qui cherche là aussi à s’attribuer une partie de la victoire électorale et à repousser la Gauche, alors que Jean-Luc Mélenchon est député d’une circonscription marseillaise.

Il y a le Parti socialiste, au cœur de la démarche unitaire localement, mais dont le dirigeant national veut liquider la Gauche au profit d’un « bloc social-écologiste ».

Il y a la Droite, qui sera prête à tout pour récupérer la ville et empêcher la Gauche d’avancer.

Il y a l’extrême-Droite, qui ne manquera pas de profiter de la situation.

Et puis il y a Samia Ghali, prête à tous les opportunismes, mais en même temps qui bénéficie d’une indéniable aura populaire, notamment en raison de ses positionnements contre la délinquance qui gangrène la ville.

> Lire également : Marseille, une Gauche populaire, mais pas ouvrière

Marseille se retrouve littéralement au cœur de tout un faisceau de contradictions définissant bien la situation politique française.

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Municipales: l’unité de la Gauche permettra-t-elle de l’emporter à Marseille ?

La liste d’union à Gauche « le Printemps marseillais » est arrivée en tête du premier tour des municipales en mars dernier. Elle est maintenant en capacité de remporter la mairie le 28 juin, face à la Droite et l’extrême-Droite, alors que la Droite est visée par la justice pour une possible affaire de fraude électorale.

Le score du « Printemps marseillais » au premier tour des municipales 2020, arrivé en tête avec 23,4 % des suffrages contre 22,3 % pour la Droite et 19,4 % pour l’extrême-Droite, est déjà une victoire en soi. C’est la victoire d’un processus d’unité de la Gauche.

La liste portée par l’écologiste Michèle Rubirola est le fruit d’un long processus de convergences, malgré les nombreuses tentatives de divisions, voire de sabotage de l’initiative. Un moment marquant pour le « Printemps marseillais » a été la décision de Benoît Payan du Parti socialiste de se retirer de la tête de liste, en raison des critiques envers le PS. Il faisait ainsi le choix de l’unité contre la Droite et l’extrême-Droite, dans un esprit de Front populaire.

Il avait alors ces mots très forts :

« Au risque de voir perdurer ce système qui a conduit Marseille dans le mur, et face au danger du FN, nous n’avons pas d’autre choix que de nous rassembler pour gagner. C’est notre seul et unique espoir. Ce rassemblement de la gauche, des citoyens et des écologistes, il existe aujourd’hui, il s’appelle le Printemps Marseillais.

Bien évidemment, des esprits chagrins ont eux préféré leurs petits intérêts personnels à la construction d’une alternative crédible pour Marseille. Marseille se meurt de ce personnel politique médiocre, de ces diviseurs et de ces irresponsables.

Je ne serai jamais de ceux-là. »

> Lire également : «Ma seule ambition, c’est Marseille»: la démarche unitaire de Benoît Payan du PS

Cet élan a permis à différents collectifs et personnalités locales du mouvement démocratiques marseillais et de la Gauche marseillaise de participer pleinement à la démarche. L’appui, depuis le début, de Jean-Marc Coppola du PCF a également été déterminant.

Le score du « Printemps marseillais » a ainsi été une grande victoire, autant qu’une grande surprise pour de nombreux commentateurs. Cela a complètement ridiculisé EELV, qui assumait totalement de saboter la démarche en refusant de s’y joindre. Michèle Rubirola, la tête de liste du « Printemps marseillais », est pourtant elle-même issue de EELV, avec qui elle a été élue au Conseil départemental en 2015. Cependant, elle en a été suspendue en raison de son ralliement au processus d’unité de la Gauche.

Elle disait alors fort justement :

« Le but, ce n’est pas de se faire plaisir et d’arriver troisième comme dans ce sondage, mais d’être en situation de gouverner la ville. Tous unis d’un côté et nous de l’autre, quel est le message pour les électeurs ? Les Marseillais veulent l’union, c’est ça qu’ils n’entendent pas ! »

> Lire également : Municipales: les Verts mettent à mal le travail pour l’unité de la Gauche à Marseille

Il ne faut pas croire ici que c’était simplement une démarche opportuniste personnelle, car il n’y avait à ce moment-là rien d’évident à ce qu’elle soit désignée tête de liste et devienne potentiellement maire de Marseille.

C’est par contre la preuve que les démarches d’unité, quand elles sont menées efficacement, avec un élan populaire et démocratique, fonctionnent. Le résultat de l’élection marseillaise sera donc scruté avec attention par toute la Gauche française. Cela pourrait constituer un élan déterminant pour le processus d’unité de la Gauche à l’échelle nationale, pour les scrutins à venir.

La liste du « Printemps marseillais » portée par Michèle Rubirola a ainsi déjà été soutenue par Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble, ainsi que tout l’appareil EELV, qui s’y est finalement rallié. Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure est également attendu à Marseille dans la semaine pour soutenir la liste.

Le résultat du scrutin dans la seconde plus grande commune de France sera également d’une grande signification pour l’ensemble du pays sur le plan politique. Tant l’extrême-Droite (avec le liste RN portée par Stéphane Ravier, ex-maire du septième secteur de la ville), que la Droite, avec la liste LR portée par Martine Vassal, soutenue par le maire sortant Jean-Claude Gaudin, doivent être évitées.

L’implantation du Rassemblement national dans une ville à l’identité aussi populaire que Marseille est un très grand danger, et c’est une priorité de la combattre le plus largement possible. Quant à la Droite, elle représente au plan local tout un système affairiste âprement dénoncé par toutes les oppositions démocratiques depuis de nombreuses années, en raison du climat particulièrement malsain que cela engendre dans la ville et sa région.

Le climat est tel d’ailleurs, qu’au premier tour un bureau de vote a été attaqué avec des armes factices pour tenter de saisir l’urne, alors que des irrégularités ont été dénoncée dans de nombreux bureaux par le « Printemps marseillais ». Il a également, bien entendu, cette affaire récente de suspicion de fraude aux votes par procuration dénoncée par France 2 et le magazine Marianne, pour laquelle la police judiciaire a été saisie. Une perquisition a eu lieu samedi matin au local de campagne de Martine Vassal, la tête de liste de la Droite (et présidente de la métropole), pour rechercher de possibles «manœuvres frauduleuses» et des «faux et usage de faux».

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Le professeur Didier Raoult, la Droite et la trottinette

Le professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection, fait parler de lui en prétendant faire mieux que tout le monde et soigner le Covid-19 avec de l’hydroxychloroquine en dehors des procédures médicales institutionnelles. Son attitude est typique de la Droite, glorifiant les attitudes individualistes aventuristes et désinvoltes… et dont Didier Raoult fait objectivement partie.

La science est une activité qui se fonde sur la vérité et qui vise la vérité. Encore faut-il se mettre d’accord sur la vérité et là est bien le problème. Ainsi, le professeur Didier Raoult s’est illustré en 2013 dans la revue ultra-conservatrice Le Point par sa négation du réchauffement climatique (« La planète ne se réchauffe plus depuis 1998 »).

On reconnaît là l’esprit sceptique, une tradition imprégnant les scientifiques actuels tendant toujours à tout relativiser. Le Covid-19 a valu chez lui la même réaction. Voici ce qu’il disait en effet dans la presse le 28 janvier dernier :

« Concrètement, si vous ramenez les morts chinois infectés par le coronavirus à la taille de la population de 1,6 milliard, il y a probablement plus de gens qui sont tués en trottinette en Chine que par le virus. »

C’est là tout le fond du problème. Véritable chercheur, Didier Raoult veut trouver et il déteste les prévisions statistiques et tout ce genre de choses, encore moins qu’on en parle à tort et à travers. Soit. C’est un chercheur, un chercheur émérite sur les virus, une sommité mondiale. Très bien ! Mais alors qu’il se taise quand il n’a pas trouvé. Car nier que le covid-19 est un virus mutant qui peut très bien provoquer des ravages, c’est de l’inconscience.

Une inconscience relativiste ; Didier Raoult avait déjà fait le coup en 2015 dans Le Point (« Le vélo tue plus… que tout ce qui vous fait peur »), opposant les tués à vélo à ceux de « la crise de la vache folle, la grippe aviaire, Ebola, le bioterrorisme, le Chikungunya, le SRAS et le coronavirus du Moyen-Orient ».

Sauf que le vélo, lui, ne mute pas, n’est pas le produit d’une mutation causée par les déséquilibres de l’Homme dans la nature… Et qu’à moins de prendre tous les États de la planète pour des entités paranoïaques ne visant que le contrôle…

Mais Didier Raoult préfère jouer les scientifiques médiatiques et se targuer de relativiser, d’être un sceptique. Ses propos explicatifs à sa thèse de la « trottinette » de janvier le montrent bien :

« Il y a 36 000 raisons de mourir. Il y a 60 millions de gens qui meurent dans le monde chaque année. En comparaison, qu’il y en ait 80 qui meurent d’une pneumonie identifiée ou non, cela ne change rien. Ce n’est pas visible.

Et donc on est en train de parler d’une population de 60 millions d’habitants qui a été mise en quarantaine pour 50 ou 80 morts. Tout cela est disproportionné.

Globalement, et pour les semaines à venir, je peux vous dire, parce que l’on mesure le nombre de morts qui sont dus à la grippe ou autres coronavirus, qu’il y a plus de chances de mourir de virus qui sont là depuis longtemps que de mourir du coronavirus chinois. »

Ces propos sont sidérants ! Mais il y a un mouvement aux aguets, cherchant à se distinguer lors de cette crise, en tapant sur le gouvernement mais sans vouloir passer pour des saboteurs. C’est la Droite. Et, cela tombe bien, depuis longtemps Didier Raoult converge avec la Droite. Ce n’est pas pour rien que Didier Raoult publie déjà ce 26 mars 2020 Épidémies, vrais dangers et fausses alertes en annonçant cela dans Le Point, lui qui a écrit pour Le Figaro, ainsi que pour Les Échos.

Un article payant, qui vise donc un public bien particulier, tout comme les tribunes qu’on trouve comme article payant dans Le Monde. On vise un public bien délimité.

Comment cette convergence Droite – Didier Raoult se réalise-t-elle ? Didier Raoult est infectiologue et professeur de microbiologie et avec cette aura il s’est montré populaires en faisant que l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée infection de Marseille mène des tests de dépistage ouverts au public.

L’IHU ? Pour comprendre ce que c’est, regardons d’abord ce que dit Didier Raoult au sujet de la chloroquine. Précisons tout de suite : il n’a pas « découvert » que la chloroquine pouvait éventuellement fonctionner comme anti-viral contre le SARS-CoV-2, qui entraîne la maladie Covid-19. Il n’a fait que lire des publications chinoises qui testent cela depuis février, cela et l’hydroxychloroquine, une molécule proche.

Ils le font cependant avec de nombreuses précautions, sans triomphalisme et en prenant soin d’étudier cliniquement les effets, car le médicament est très dangereux et peut facilement être létal. Ce sont des médecins faisant leur travail, avec probablement leurs limites, mais en tous cas avec de la méthode. Il y a de nombreux médecins et professeurs en France suivant leurs travaux et les poursuivant, sans s’en vanter particulièrement.

La particularité du Professeur Didier Raoult, c’est de se séparer des procédures institutionnelles médicales et d’utiliser directement et massivement la molécule. Et surtout de le faire savoir. C’est sa marque de fabrique, il se présente régulièrement comme étant « à contre courant », envoyant balader le système au nom du pragmatisme et assumant la désinvolture, etc.

Il est pour cela apprécié par exemple par Christian Estrosi le maire de Nice, personnalité typique de ces gens de Droite valorisant l’accomplissement individuel, l’esprit d’entreprise au-delà de tout « collectivisme », etc.

Il y a aussi Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la Santé de droite, qui dit de lui que « c’est un très grand médecin » et a « beaucoup de respect tant pour l’homme, que le chercheur. » C’est le même discours du côté du président de la région PACA Renaud Muselier, lui-même médecin et proche de lui, qui explique au Figaro qu’il lui verrait bien décerné le Prix Nobel, ou encore Jean-Luc Harousseau, ancien directeur de la Haute Autorité de Santé, de droite également, qui va dans son sens.

De la même manière, Arnold Munnich, le fondateur de l’IHU Imagine (la structure parisienne équivalente à son IHU marseillais), en fait l’éloge, le considérant comme « homme extraordinaire, engagé, militant de la science. » Arnold Munnich est lui aussi de droite : c’est l’ancien conseiller santé de Nicolas Sarkozy et c’est justement ensemble qu’ils ont mis au point ces fameux IHU, instituts hospitalo-universitaires.

À tel point que le Figaro expliquait hier :

« Quand Nicolas Sarkozy a créé les IHU, Didier Raoult lui a été extrêmement reconnaissant d’avoir tout fait pour que le mérite soit récompensé. Pour que ceux qui travaillent plus soient récompensés. Comme s’il y avait quelque chose de l’ordre d’une réparation. »

On a affaire ici à des libéraux classiques, détestant tout ce qui relève d’un État fort, structuré, organisé, procédurier (sauf en ce qui concerne la répression ou l’Armée, évidemment). Les IHU ont été créés précisément dans ce cadre, afin de contourner les institutions publiques médicales françaises, et pouvoir faire les choses dans son coin, avec une grande liberté de recrutement, de communication et d’exercice en général, tout cela au service du partenariat public-privé.

Pour résumer, les IHU sont des pôles d’excellence au service du capitalisme ; on lit en 2016 dans Le modèle économique des instituts hospitalo-universitaires :

« Les politiques de partenariat industriel et de valorisation conduites par les IHU donnent par ailleurs lieu à des perspectives porteuses, mais dont il ne fautpas surestimer la contribution possible à une éventuelle autonomie financière.

Ces politiques s’inscrivent dans un contexte économique mouvant, marqué par la remise en cause des lignes de partage entre recherche de base et recherche appliquée, mais aussi par des difficultés rémanentes à engager des partenariats à grande échelle pour des recherches très «en amont».

Les partenariats durables des IHU se développent ainsi davantage avec les fabricants de matériels chirurgicaux, d’imagerie ou de diagnostic, voire de dispositifs médicaux, qu’avec les grands groupes du secteur pharmaceutique. Ils sont aussi relativement fréquents avec des entreprises des biotechnologies ou de la pharmacie de taille moyenne, spécialisées sur des segments très spécifiques du marché. »

Didier Raoult n’est donc pas sorti de nulle part et n’est certainement pas un grand ennemi des laboratoires pharmaceutiques, comme le prétend toute une petite-bourgeoisie paranoïaque tout à fait l’esprit des gilets jaunes.

Didier Raoult n’en a que faire et fonctionne dans son coin, à la manière de l’hôpital privé… tout en bénéficiant de grandes subventions publiques. Et cela avec l’appui de la Droite, qui pousse en son sens, ayant trouvé une brèche politique dans cette situation de crise ; Ouest France le constate sans ambages (Coronavirus. Usage de la chloroquine : la droite pousse, le gouvernement tente de calmer le jeu).

Tout cela est anti-rationnel, anti-populaire, c’est une véritable foire libérale. Cela déboussole encore plus les gens, alors qu’il faut se préparer à une terrible vague de maladies et de morts. C’est, très exactement, anti-démocratique.

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Marseille: une attaque armée dans un bureau de vote et des irrégularités démocratiques

La dynamique populaire d’unité de la Gauche a fonctionné à Marseille, permettant de se placer devant l’extrême-Droite. Le score est toutefois très serré avec celui de la Droite et un bureau de vote a connu une agression de type mafieuse très grave avec des armes de type Paintball, pour saisir les urnes. La candidate de la Gauche déplore également de nombreuses irrégularités dans les bureaux de vote de la deuxième plus grande commune de France.

Voici le témoignage à la presse d’un proche du Printemps marseillais, la liste de la Gauche, qui était présent au moment de l’attaque armée (avec des armes de loisir, à air comprimée) :

« Ils ont déboulé à cinq dans le bureau armés de Kalachnikov, on a entendu des tirs. Tout le monde s’est caché sous les tables, ou est parti dans la cuisine. Le président a tenté de garder l’urne, mais il fait partie du clan Vassal et personne n’est en mesure de dire si l’urne a été échangée ou pas. La sécurité n’est pas du tout assurée. »

Voici le communiqué du Printemps marseillais dénonçant le contexte anti-démocratique marseillais et intitulé « La santé démocratique de Marseille mise en péril » :

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Municipales: la Gauche rassemblée vote aujourd’hui et demain à Marseille

Il y a une large initiative d’union de la Gauche à Marseille en vue des municipales, sous le nom de Printemps marseillais. Après le retrait de la candidature de Benoît Payan du Parti socialiste dans un esprit unitaire, c’est l’écologiste Michèle Rubirola qui devrait mener la liste électorale. 4000 signataires de l’appel doivent valider aujourd’hui et demain par un vote le nom des 15 membres de l’équipe chargée d’animer la campagne.

Le processus d’unité de la Gauche à Marseille est très vif depuis plusieurs mois, avec différentes initiatives ayants convergé comme nous l’expliquions dans un article précédent. Il faut dire que la ville a pendant longtemps eu une identité populaire, avec beaucoup de maires de gauche durant le XXe siècle et que son passage à Droite depuis 1995 est devenu toujours plus insupportable, parallèlement à tout un tas de pratiques mafieuses gangrenant la ville.

L’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne faisant mort 8 morts et 2 blessés a provoqué un électrochoc à Marseille, commune la plus peuplée après Paris, qui a agi comme une sorte de catalyseur de l’envie de changement des gens à Gauche. Et pour cela, il fallait l’unité, absolument.

La candidature de Benoît Payan du Parti socialiste comme tête de liste semblait satisfaire de nombreuses personnes, surtout intéressées par le projet en lui-même plutôt que par son incarnation dans une personnalité. Il y avait cependant des réticences, venues surtout de la France insoumise (dont la figure de proue Jean-Luc Mélenchon, député des Bouches-du-Rhône), prétextant que l’étiquette Parti socialiste n’était pas acceptable.

Dans un esprit d’unité, Benoît Payan s’est donc retiré (voir son communiqué) et Sophie Camard, figure locale de la France insoumise, a indiqué qu’elle se ralliait à la démarche. C’est Michèle Rubirola, élue EELV au conseil départemental, qui devrait être désignée comme tête de liste à l’issue du vote aujourd’hui et demain.

Notons que Michèle Rubirola, qui se présente dans son communiqué de candidature comme étant « née à Marseille » et « médecin dans les quartiers populaires » pour mener le rassemblement des « forces de gauche, écologistes et citoyennes », a été suspendue d’EELV pour avoir rejoint l’initiative unitaire il y a plusieurs mois. Le parti « vert » maintien en effet pour l’instant une candidature solitaire, en refusant l’unité et en dénigrant le Printemps marseillais.

Le vote n’est ouvert bien évidement qu’aux signataires du Printemps marseillais (enregistrés avant le 19 décembre 2019). Il a lieu en ligne (via un mail) et physiquement, dans les locaux du journal de gauche La Marseillaise (19 cours d’Estienne d’Orves).

On retrouve aux côtés de Michèle Rubirola dans l’équipe soumise à l’approbation des votants :

Benoît Payan et Nassera Benmarnia du PS ;
Sophie Camard de la France insoumise ;
Jean-Marc Coppola et Audrey Garino du PCF ;
Ahmed Heddadi des Radicaux de gauche ;
Pierre Huguet de Génération.S ;
Cédric Matthews de la Gauche Républicaine et Socialiste ;
Marie Batoux du Collectif du 5 Novembre ;
Aldo Bianchi du collectif citoyen Marseille et moi ;
Olivia Fortin du collectif citoyen Madmars ;
Agnès Freschel de Zibeline ;
Pierre-Marie Ganozzi du syndicat enseignant FSU ;
Éric Semerdjian et Aïcha Sif.

La liste définitive des candidats ainsi que la désignation des personnes pour chaque secteur (l’élection marseillaise étant spécifique) se feront ultérieurement.

> Le site du Printemps marseillais : printempsmarseillais.fr

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«Ma seule ambition, c’est Marseille»: la démarche unitaire de Benoît Payan du PS

Voici le communiqué de Benoît Payan du Parti socialiste à Marseille. Pour éviter les divisions, il s’est retiré comme candidat à la mairie, pour s’intégrer dans la démarche unitaire de la Gauche. C’est un état d’esprit qu’il faut saluer, qui rappelle le Front populaire de 1936, avec une grande conscience du danger que représente l’extrême-Droite.

> Lire également : Municipales: la Gauche rassemblée vote aujourd’hui et demain à Marseille

« Ma seule ambition, c’est Marseille.

Marseillaises et Marseillais,

Au moment où je m’adresse à vous, j’ai conscience du moment historique que s’apprête à vivre notre ville. Jamais l’enjeu n’aura été aussi important pour l’avenir de la deuxième ville de France, et je veux m’adresser directement à vous.

Vous êtes des milliers à me suivre, et je veux vous dire combien vos mots et vos messages m’encouragent à mener ce combat pour Marseille.

Ce combat, nous l’avons mené dans le Conseil municipal et en dehors, pour défendre les plus fragiles, pour rénover nos écoles, pour exiger une autre politique du logement, pour défendre notre environnement et notre cadre de vie.

Au risque de voir perdurer ce système qui a conduit Marseille dans le mur, et face au danger du FN, nous n’avons pas d’autre choix que de nous rassembler pour gagner. C’est notre seul et unique espoir. Ce rassemblement de la gauche, des citoyens et des écologistes, il existe aujourd’hui, il s’appelle le Printemps Marseillais.

Bien évidemment, des esprits chagrins ont eux préféré leurs petits intérêts personnels à la construction d’une alternative crédible pour Marseille. Marseille se meurt de ce personnel politique médiocre, de ces diviseurs et de ces irresponsables.

Je ne serai jamais de ceux-là.

Marseille, c’est ma ville, et j’ai consacré tout mon temps et toute mon énergie à la connaître, à la comprendre et à vouloir la changer en travaillant sans relâche, en portant votre voix dans l’hémicycle et en dehors, en me battant dans mon propre parti pour faire que le rassemblement soit enfin possible. Cela a été dur, j’ai pris des coups de la part du système.

Je sais que ma candidature a été souvent évoquée, et vous avez été nombreux à me dire qu’elle suscite de l’espoir. Je sais qu’il y a des milliers de Marseillais de tous horizons qui me disent d’y aller. Et je sais que j’y suis prêt.

Et pourtant, je vois aussi que certains se servent de moi comme d’un prétexte pour leurs petits calculs, comme d’un alibi malhonnête pour refuser l’union. Ils ne critiquent pas mes convictions, juste mon étiquette.

Et bien je ne leur servirai pas d’excuse.

Je ne suis pas fait du même bois qu’eux, et contrairement à eux, je sais faire passer l’intérêt général avant mon intérêt personnel.

Je suis là pour me battre pour mes idées, pas pour moi-même.

Je suis là pour servir une cause, pas pour faire une carrière.

Je crois en chacun des mots et des actes que j’ai posés pour faire naître le rassemblement, et je refuse de servir de prétexte à la division.

C’est parce que je suis convaincu que Marseille peut et doit changer, parce que je sais que ma responsabilité est grande, que j’ai pris la décision de ne pas me présenter comme tête de liste et de soutenir Michèle Rubirola.

Dès demain, je serai candidat à ses côtés, pour porter l’espoir et le changement.

Michèle Rubirola est une femme libre, un médecin du service public qui combat les injustices dans les quartiers nord et la première et la seule conseillère départementale écologiste de Marseille.

Avec Michèle Rubirola, nous avons réussi ensemble en 2015 à battre le FN et la droite de Martine Vassal, et à vaincre les tenants du système qui voulaient nous faire échouer.

Je sais qu’elle symbolise ce rassemblement, cette exigence de solidarité et d’écologie, de justice et d’environnement.

A partir d’aujourd’hui, toutes celles et tous ceux qui continueront la division seront des alliés du système, des soutiens cachés des héritiers. Et parce qu’ils ouvrent la porte de la Mairie au front national, ils me trouveront sur leur chemin.

Notre force sera l’union, et nous ferons taire tous les diviseurs. Pas pour nous, mais pour tous les Marseillais qui souffrent et qui espèrent une autre ville, et que cet autre ville est possible.

La décision que je prends aujourd’hui est évidemment une décision difficile et je sais qu’elle va susciter des déceptions, mais je veux vous dire avec force, que c’est un engagement résolu et déterminé à gagner Marseille.

Aujourd’hui, je fais passer mes idées avant ma personne, au service de Marseille et des Marseillais. Ma détermination est totale pour l’avenir de notre ville.
Gagner Marseille, la rendre plus verte et plus juste, la réunir, j’y consacre toute mon énergie.

Gagner Marseille, c’est possible si chacun prend ses responsabilités comme je prends aujourd’hui les miennes.

Gagner Marseille, c’est le seul combat qui mérite d’être mené en 2020, et rien ne justifie qu’on sacrifie l’espoir des Marseillais.

Tous ceux qui veulent changer Marseille doivent aujourd’hui se rassembler. Se mobiliser.

Je sais que l’espoir arrive, l’espoir est là !

Le rassemblement est possible, et au Printemps, l’espoir va gagner ! »

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«En 2020 concrétisons l’espoir avec le Printemps Marseillais»

Le printemps marseillais est l’initiative d’union de la Gauche pour les municipales à Marseille. Le collectif mène depuis plusieurs semaines une série de réunions dans les différents quartiers de la ville, pour faire émerger les propositions.

Voici le texte publié pour ce premier janvier, afin d’encourager les marseillais à faire des propositions.

Notons au passage l’obstination sectaire de Jean-Luc Mélenchon de la France insoumise qui refuse cette union sous prétexte que la liste pourrait être menée par un candidat du Parti socialiste, alors que lui même a fait partie du Parti socialiste pendant de nombreuses années.

« Imaginez, nous sommes le 22 mars 2020. L’hiver touche enfin à sa fin. Les habitantes et les habitants de Marseille ont voté.

Le Printemps Marseillais est élu à la mairie de Marseille.

Le trône est jeté dans le Vieux Port. Maintenant, ce sont les Marseillaises et les Marseillais qui sont au pouvoir, représentés par l’équipe du Printemps Marseillais.
Grâce à votre soutien, nous avons réussi à prouver que l’alternative est possible, que l’espoir est arrivé et que Marseille va entrer dans une nouvelle ère.

Le lendemain, le soleil se lève sur une Marseille où tout est de nouveau possible. Passée l’euphorie de la veille, les équipes du Printemps Marseillais se retroussent les manches.

Il n’y a pas une minute à perdre.

Grâce à vous, à ces heures passées en réunions publiques et en groupes de travail, l’équipe du nouveau conseil municipal a un programme solide à mettre en place pour répondre aux urgences de la ville et lui redonner l’attractivité qu’elle mérite.

Dans les rues, un vent nouveau souffle, celui d’une vi(ll)e plus juste, plus verte, plus démocratique et plus dynamique est enfin possible.

L’année 2020 peut être cette année là. Elle doit être celle-là, celle qui voit la seconde ville de France à la place qui lui est dûe. Une ville où il fait bon vivre, en sécurité, où chacune et chacun ont les mêmes opportunités, où les écoles et les logements sont dignes de leurs habitants, une ville où on respire mieux, une ville innovante, une ville qui crée des emplois pour les Marseillaises et les Marseillais de tous les quartiers.

C’est cet espoir que porte le Printemps Marseillais en 2020 pour Marseille, pour vous, pour ses 860 000 habitants.

Et pour y arriver, le Printemps Marseillais fait le voeu de gagner et transformer Marseille. Parce qu’en 2020, le Printemps Marseillais craint dégun.

L’équipe du Printemps Marseillais

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Et vous quel serait votre voeu pour Marseille en 2020 ? Ecrivez votre message sur notre générateur d’espoir et partagez-le autour de vous ! »

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Municipales: tribune de Jean-Marc Coppola du PCF pour «Le Printemps Marseillais»

Voici une tribune initialement publiée sur destimed, par le conseiller municipal PCF Jean-Marc Coppola à Marseille. Il évoque l’élan unitaire à Gauche dans la ville pour les municipales contre la Droite et l’extrême-Droite et invite EELV à rejoindre le mouvement « Le Printemps Marseillais ».

> Lire également : Municipales 2020 : les Verts mettent à mal le travail pour l’unité de la Gauche à Marseille

« A moins de cinq mois de l’élection clé, les municipales, le rassemblement des forces de gauche, progressistes, écologistes et citoyennes à Marseille, le Mouvement Sans Précédent a lancé sa campagne en devenant « Le Printemps Marseillais ».

Une nouvelle ère populaire et démocratique voit ainsi le jour dans la cité phocéenne. C’est Marseille qui se lève et reprend son destin en main. Après 25 années d’incurie de gestion, de clientélisme, de mépris et de discriminations par la droite, c’est une proposition politique et citoyenne inédite qui donne sens et ambition à l’engagement de toutes et tous pour une transformation démocratique et exemplaire, dans le but de rendre enfin Marseille aux Marseillaises et aux Marseillais. A l’opposé de la compétition de personnes auto-désignées, de LR au RN en passant par LREM, qui veulent d’abord le pouvoir pour des intérêts privés pour qu’au final rien ne change dans la 2e ville de France livrée aux grands groupes privés industriels et financiers, Le Printemps Marseillais veut mobiliser une génération d’habitant.e.s pour participer à la vie de la cité.

Une génération climat, une génération des quartiers, celle des luttes contre l’habitat indigne, l’abandon des écoles, contre le règne du tout automobile, contre l’opacité des décisions publiques, contre l’accroissement des inégalités, contre la ségrégation sociale et urbaine. Le Printemps Marseillais, c’est le pari d’une large union, comme Marseille ne l’a jamais connu, autour d’un projet positif d’alternative écologique, sociale, économique et démocratique pour ouvrir en grand les portes et les fenêtres d’une politique émancipée de l’austérité et redonner du sens à l’action publique et de l’efficacité aux services publics locaux.

Le Printemps Marseillais veut porter l’espoir. Il est le chemin d’un vrai changement par une nouvelle culture politique qui permette de relever les défis d’une ville en retard dans tous les domaines et répondre aux urgences sociales et environnementales, pour ré-enchanter notre quotidien et celui de nos enfants. Le Printemps Marseillais est une dynamique inédite qui représente des milliers de militant.e.s soutenus par plus de 3 200 signataires à l’Appel du 11 juillet 2019, venus d’horizons divers et qui ont en commun de vouloir construire un nouveau destin, ouvrir le champ des possibles pour répondre aux attentes des Marseillais.e.s.

Le Printemps Marseillais n’est pas figé, il porte une ambition, celle de réunir toutes celles et ceux qui croient en un renouveau de progrès pour notre ville, toutes celles et ceux qui agissent au quotidien pour permettre à ses habitants d’y vivre dignement. Dans cet esprit, nous gardons une main tendue à l’ensemble des acteurs du mouvement social, des mobilisations citoyennes, comme le Pacte démocratique, ou les organisations politiques écologistes comme EELV, pour construire ensemble une alternative pour les marseillais.es.

Nous en appelons à la participation active des femmes, des hommes qui partagent les mêmes valeurs de justice sociale, de transition écologique, de renouveau démocratique et la même ambition de gérer les biens communs dans l’intérêt général. Le Printemps Marseillais, c’est le chemin que nous allons parcourir avec tous les habitant.e.s de Marseille pour construire un projet commun jusqu’aux urnes, le 15 mars 2020. »

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Municipales: les Verts mettent à mal le travail pour l’unité de la Gauche à Marseille

Une large initiative d’union de la Gauche pour les municipales de 2020 est en cours à Marseille, selon le constat qu’il y a une ouverture possible pour évincer la Droite et qu’il ne faut pas prendre le risque de voir le Rassemblement national triompher. Lors d’un vote le 5 octobre, les militants locaux d’Europe écologie-Les Verts ont néanmoins fait le choix d’une candidature indépendante, mettant à mal les initiatives unitaires en cours, pourtant très liées à l’écologie politique.

L’été a été très riche en initiatives du côté de la Gauche et des forces issues des milieux associatifs et syndicaux à Marseille, souvent marquées par la catastrophe des effondrements d’immeubles rue d’Aubagne l’an passé.

D’un côté, une tribune publiée dans Libération donnant lieu à un « Mouvement sans précédent » (en référence à l’introduction de la tribune), de l’autre un « Pacte démocratique pour Marseille », paru dans le journal La Marseillaise, historiquement proche du PCF.

La tribune « sans précédent » assume un propos très offensif contre le « système » marseillais mis en place par la Droite :

« Nous refusons les compromis avec les héritiers de ce système, et avec les représentants de la majorité présidentielle. Il nous faut rompre avec les politiques inégalitaires, anti-écologiques et purement comptables menées par les gouvernements et les municipalités marseillaises successives. Cette rupture est le meilleur moyen de combattre le projet et les idées de l’extrême droite. »

Le projet défendu est très à Gauche et marqué par l’écologie :

« Une ville égalitaire, solidaire et accueillante, une ville qui protège ses biens communs, avec des services publics de qualité, gérés démocratiquement, accessibles à toutes et tous, une politique culturelle favorisant la création et la diffusion au plus grand nombre.

Une ville qui abolit tout clientélisme, une ville gérée en transparence, gouvernée avec ses 850 000 habitants.

Une ville écologique qui agit fermement, en se basant sur des constats scientifiques, contre le réchauffement climatique et les dégradations des environnements naturels, en répondant aux besoins vitaux (logement, école, déplacements, air, littoral, sols, alimentation, santé…).

Une ville où le développement économique profite à tou·tes. »

On retrouve les mêmes propos dans le « Pacte démocratique pour Marseille », présenté comme ayant l’objectif de construire une liste ancrée à Gauche :

« Nous avons fait ensemble le bilan des politiques qui ont dévasté Marseille socialement, écologiquement, économiquement et politiquement. Nous vivons au quotidien les résultats de cette incurie qui divise Marseille, l’atomise, transforme nos quartiers populaires en Zones Prioritaires d’Inégalités et nos noyaux villageois en oppidums !

Des décennies de clientélisme et d’affairisme, qui ne profitent qu’à une poignée. Des années de stigmatisation, d’intimidation et d’infantilisation des habitants, qui nous condamnent à la passivité, et au ressentiment politique !

Un mouvement citoyen et politique, antiraciste, écologiste, féministe, et militant doit relever les défis à venir. Nous devons désormais franchir une nouvelle étape : définir une méthode de co-décision pour placer les citoyen·ne·s au cœur de toute démarche politique à venir. Le rassemblement se fera à ce prix : celui de la transparence, du respect démocratique des aspirations populaires et celui de la convergence respectueuse des dynamiques et réflexions déjà engagées. »

Suite à ces travaux, la dynamique unitaire de la Gauche a suivit son cours dans la ville, avec comme principales figures Sophie Camard (France insoumise, anciennement des Verts), suppléante de Jean-Luc Mélenchon aux législatives et Jean-Marc Coppola (PCF). Le Parti socialiste s’est d’abord largement tournée vers l’initiative, qui se tournait elle-même vers Europe écologie-Les Verts pour participer à l’unité.

La décision d’EELV de présenter une liste indépendante change donc entièrement la donne, au point que le PS a annoncé plus ou moins ouvertement qu’il allait réfléchir à nouveau à sa stratégie.

Sébastien Barles, tête de cette liste « écolo », repousse la question de l’alliance électorale au second tour. C’est en fait surtout une stratégie opportuniste, afin d’avoir plus de poids en cas de négociations au second tour, quitte à tout perdre. Son discours est ici un cas d’école d’opportunisme prétendant servir l’intérêt général :

«Il y a une attente unitaire chez les Marseillais, c’est certain. Mais l’unité, ce n’est pas suffisant. Il y a un risque de s’enliser dans une liste sans réelle représentativité des citoyens, ce qui risque de générer une déception plus forte encore. C’est pour cela que l’on veut être cette liste refuge si ça foire.»

Selon un sondage publié dans la presse, EELV ne peut tabler pour l’instant que sur 14 % à 17,5 % des intentions de vote à Marseille, soit la troisième force loin derrière le Rassemblement national (21 % à 22%) et la Droite (22 % à 30%).

Le danger du Rassemblement national est ici très important et devrait obliger à une large liste commune dès le premier tour. Sinon, il y a la possibilité de nombreuses triangulaires, voir quadrangulaires (l’élection Marseille se déroule dans huit secteurs), qui seraient favorables à la Droite ou à l’extrême-Droite, mais difficilement à la Gauche.

Si on se fie aux résultats des élections européennes (qui ne reflètent que partiellement la réalité électorale), le RN arrivait en tête dans 6 secteurs sur les 8 secteurs, alors que l’addition virtuelle des listes de la Gauche et d’EELV arrivait en tête dans 4 secteurs.

Tout comme Yannick Jadot ou Eva Joly, le secrétaire national d’EELV David Cormand appuie pourtant totalement le choix fait à Marseille, en osant même brandir le risque de l’extrême-Droite :

«Face au statu quo des héritier·e·s de l’ère Gaudin et à la tentation du pire avec l’extrême droite, l’alternance positive passe par l’écologie. Un nouveau cycle s’ouvre pour construire l’espoir».

L’Histoire retiendra ce choix de la division fait par EELV si l’extrême-Droite arrivait au pouvoir dans la commune la plus peuplée de France après Paris.

Fort heureusement, il y a des gens qui ont le sens des priorités et il faut saluer ici le choix de Michèle Rubirola, élue EELV au conseil départemental, qui a refusé la motion prônant une liste électorale en « solo » :

« Le but, ce n’est pas de se faire plaisir et d’arriver troisième comme dans ce sondage, mais d’être en situation de gouverner la ville. Tous unis d’un côté et nous de l’autre, quel est le message pour les électeurs ? Les Marseillais veulent l’union, c’est ça qu’ils n’entendent pas ! »

Michèle Rubirola avait dès le début soutenu et rejoint la dynamique unitaire à Marseille :

«L’initiative est partie de militants écolos et, plus largement, d’électeurs qui ont régulièrement voté EE-LV. L’idée était de montrer que les voix de l’écologie n’appartiennent pas à EE-LV, et que celles qui appartiennent à EE-LV peuvent aussi aller vers un rassemblement qui soit plus en mesure de faire gagner leurs idées. Car divisés, on perd.»

Elle a donc annoncé après le vote de son parti faire « le choix du Mouvement Sans Précédent », en espérant entraîner avec elle d’autres écologistes :

« le temps doit être au rassemblement, à la construction d’une coalition écologiste, progressiste, humaniste et citoyenne capable de changer Marseille. Pas aux divisions, pas au repli partisan dans sa chapelle, pas à la guerre des égo auto-proclamés ».

On pourra toujours dire qu’EELV n’est pas ou plus de gauche, qu’un Yannick Jadot a un discours libéral très proche de celui d’Emmanuel Macron. Dans les faits cependant, localement et en tous cas à Marseille, les Verts sont souvent proches des forces de la Gauche, qui souhaitent en général s’ouvrir à eux dans le cadre d’une unité large. C’est le principe du Front populaire qui, bien qu’il soit rarement assumé en tant que tel ou sous ce nom, émerge à différents endroits en France pour les prochaines municipales.

Cette bataille pour le rassemblement de la Gauche partout en France sera un enjeu majeur des élections municipales de mars 2020. Il sera d’autant plus possible qu’il est fait à la base, par les forces locales de la Gauche, dans une perspective démocratique et populaire assumant l’écologie.