Le Parisien week-end a publié le compte rendu très intéressant de la semaine de travail d’une infirmière des urgences d’un grand hôpital parisien. Sont décrites dans le détail cinq gardes de nuit effectuées récemment, du 17 au 24 juin 2019.
Il y a bien sûr l’actualité sociale en arrière-plan de cet article avec ce mouvement de grève des personnels qui n’en peuvent plus des conditions de travail et d’accueil des patients.
« A la fin de la nuit, on est tous crevés. On a travaillé en sous-effectif, il manquait trois aides-soignants sur sept. Ça augmente beaucoup la charge de travail. Je prends ma voiture et rentre chez moi à toute vitesse. »
Il y a aussi cette réalité plus quotidienne de la vie dans les grandes métropoles du capitalisme qui est très bien décrite par Élise, dont le prénom à été changé.
« Mes parents, qui habitent en province, viennent à Paris ce week-end. On a prévu de déjeuner ensemble samedi. Ça va être vite fait, car je serai entre deux gardes. Je pars pour l’hôpital, sans dîner. De toute façon, le frigo est vide, nettoyé et éteint. Je n’ai pas eu le temps de faire les courses depuis plus d’un mois ! »
Comment ne pas devenir fou, se demande-t-on, quand on lit cela. On remarquera d’ailleurs que beaucoup des cas décris par cette infirmière relèvent ni plus ni moins que de la folie, avec une très grande violence, reflet de la violence sociale et culturelle de notre époque.
« Vers minuit, un garçon de 16 ans, alcoolique, déjà venu la veille, arrive inconscient, avec des traces d’agression sur le corps et le visage. On fait le scanner : il a un hématome sous-dural (NDLR : un épanchement de sang autour du cerveau). Il est envoyé au bloc, son pronostic vital est engagé. Avec des personnes aussi jeunes, on se dit qu’on a encore moins le droit de se tromper. »
Ce récit est très intéressant, montrant une grande dignité de la part de gens voulant très bien faire, mais qui se retrouvent littéralement broyés par cette machine infernale qu’est le capitalisme. L’infirmière adore son travail et a le sens du service, mais envisage de démissionner.
« Je prends mon poste en tant qu’infirmière d’accueil et d’orientation. Je suis la première personne que les patients voient. C’est à moi de faire le tri et de les installer dans différentes zones, en fonction du degré d’urgence. C’est un rôle que j’aime bien, il y a beaucoup d’adrénaline et il faut bien connaître son métier. Quand je commence, beaucoup de patients attendent déjà. Je dois aller vite, mais je n’ai pas le droit à l’erreur. »
À lire sur le site du Parisien : « Dans l’enfer des urgences : l’affolant journal de bord d’une infirmière de nuit »