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Culture

Cabaret Voltaire vu en 1985

Le groupe post-punk fut un pionnier de l’industriel et de la techno.

Il est des groupes totalement inaudibles écouté à partir d’aujourd’hui, à moins d’avoir une réelle approche historique. La raison à cela, c’est qu’ils ont alimenté la musique au point de servir de point de passage. Ce sont les traditionnels chanteurs, chanteuses et groupes qui sont désormais catalogués comme artistes pour les artistes.

Cabaret Voltaire est emblématique de cela, car leur démarche a été productive et innovatrice. C’est initialement un groupe anglais de Sheffield qui, sur une base post-punk, est un pionnier de la musique industrielle, pour ensuite devenir un pionnier de la musique électronique.

C’est cet aspect défrichage qui les a desservis, en étant trop en avance et en décalage, puis dépassés par un mouvement se massifiant alors qu’eux-mêmes privilégiaient la découverte, l’expérimentation. Le principal activiste du groupe, Richard H. Kirk qui vient de décéder le 21 septembre 2021, c’est une vingtaine d’albums avec Cabaret Voltaire, une dizaine en solo sous son nom, une cinquantaine d’autres sous un pseudonyme ou bien en partenariat.

Voici, en plus d’une playlist, un intéressant aperçu d’époque au moyen d’un article de fanzine de 1985, Acide Sédatif, présentant Cabaret Voltaire.

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Culture Culture & esthétique

Playlist Cabaret Voltaire

Du post-punk à l’aventure industriel-techno.

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Lorsque Ian Curtis de Joy Division se suicida, les membres de Cabaret Voltaire furent les seuls présents à l’enterrement avec le groupe et la famille de celui-ci. Les premiers enregistrements de New Order se feront dans les studios de Cabaret Voltaire. C’est un rapprochement qui en dit long et qui est une référence pour ceux appréciant la contribution de ces deux groupes, New Order étant profondément marqués par l’approche électronique de Cabaret Voltaire et il faut ajouter aux groupes largement influencés Depeche Mode, Front Line Assembly, Ministry, Skinny puppy, ou encore Bauhaus.

Tous ces groupes ont en commun d’être composés de gens culturellement de gauche à la fois avant-gardistes et ancrés dans la protestation populaire de l’époque, de mêler un esprit contestataire et la musique électronique comme repli.

Il y a plusieurs périodes dans l’histoire de Cabaret Voltaire. Initialement, c’est un groupe de post-punk utilisant les bases de ce qui va être la musique industrielle.

C’est rentre-dedans puis rapidement construit de manière expérimentale abrasive, avec un profond sens du collage qui va être la marque du groupe. Le groupe tire son nom d’ailleurs d’un café de Zurich où est né le mouvement Dada, le « Cabaret Voltaire ». On est ici en 1979 et c’est une sorte de punk electro-sonore.

Au tout début des années 1980, Cabaret Voltaire passe alors à la musique industrielle en tant que telle, avec un profond sens de la répétition. Les albums « Red Mecca » et « Three Mantras » sont ici de grande valeur.

Puis dès 1982, on passe comme avec New Order dans la musique dansante mais froide, dans l’esprit Funk industriel. Il y a ici quelque chose d’incroyablement en avance, mais il va manquer quelque chose. L’esprit reste trop expérimental, il y a un fétichisme du collage dans les vidéos rendant l’ensemble très vite suranné, il y a trop d’inégalités dans les productions. L’ensemble est néanmoins clairement marquant et ouvrant une voie, ni plus ni moins que celle de la House music, avec le côté funk dansant mais froid et répétitif sur la durée.

Le virage étant raté, Cabaret Voltaire va alors connaître deux périodes. La première c’est celle d’une electropop qui s’éteindra rapidement. La seconde, c’est le passage dans la techno ambient, l’expérimentation électronique, l’IDM (intelligent dance music), avec un arrière-plan en fait tech-house et la culture acid-house.

https://www.youtube.com/watch?v=_j7hCaWWU-s
https://www.youtube.com/watch?v=M_0FrZ3EO8s

Voici une vidéo d’un projet de Richard H. Kirk, Sweet Exorcist (avec DJ Parrot) ; elle a été réalisée par Jarvis Cocker de Pulp.

Voici une chanson tirée de Plasticity, un album techno de 1992 d’une grande valeur (et totalement inconnu); la vidéo consiste en ce qui était projeté en 1990-1991 lors de la tournée de Cabaret Voltaire. C’est que le groupe avait bien entendu en tête, dans l’esprit des années 1980, d’un projet « total ». Il était sur ce point bien trop en avance.

Cabaret Voltaire est en fait emblématique, avec New Order des tout débuts ou le premier ministry, d’une petite vague « funk industrial » qui, au tout début des années 1980, va servir de laboratoire à la confluence de la musique d’Europe et de celle des Etats-Unis, à l’image de la rencontre entre Kraftwerk et Afrika Bambaataa dans « Planet rock » en 1986.

Playlist

Voici la playlist en lecture automatique suivie de la tracklist !

Just fascination (1983)

I want you (1985)

Kino (1985)

Yashar (1982)

James Brown (1984)

Digital Rasta (1984)

Back to Brazilia (1992)

Colours (1991)

Landslide (1981)

Blue heat 12 mix (1984)

Here to go (1987)

Sensoria (1984)

Animation (1983)

Baader Meinhof (1979)

24-24 (1983)

Nag nag nag (1979)

Silent command (1979)

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Culture Culture & esthétique

Playlist Afghanistan

L’Afghanistan, carrefour géographique, produit une musique très riche.

L’Afghanistan est entre le Moyen-Orient et le sous-continent indien et cela se ressent particulièrement. Le pays a été traversé d’ouest en est et d’est en ouest, du nord au sud et du sud au nord, produisant une synthèse aussi marquante que l’incroyable et magnifique géographie afghane.

La musique est répétitive-entraînante, la thématique dans l’esprit du bulbul, le rossignol, avec l’expression de l’amour masculin le plus complet faisant face à l’apparente indifférence de la bien-aimée qui vérifie en fait qu’il s’agit bien de celui attendu (les chansons Bacha Bacha et Yak Qadam Pesh font allusion à cela).

La vidéo de la chanson « Mohabat », terme désignant d’ailleurs l’amour, est exemplaire de ce romantisme le plus complet – où l’on meurt d’amour s’il le faut, si le destin n’est pas au rendez-vous.

Cette dimension romantique, présent disons des Balkans au Bangladesh, cet aspect positif de la culture islamique, est en fait le meilleur moyen de briser l’Islam comme religion, comme expression féodal-patriarcal.

On notera qu’il existe une grande scène pop commerciale, notamment en Allemagne ; parfois elle puise dans une dimension populaire historique niveau musical, parfois elle rompt dans un sens plus moderne, mais elle conserve le plus souvent une dimension ouvertement démocratique, appelant à l’unité de tous les gens du pays au nom d’une culture commune.

Enfin, petite anecdote toujours utile, Afghanistan se prononce en quelque sorte « Avranistânne ».

Voici la playlist en lecture automatique, suivie de la tracklist :

Madina – Sarzamine (2021)

Seeta Qasemie – Nametarsam (2019)

Jawid Sharif – Yak Qadam Pesh (2012)

Bashir Asem & Setara – Mohabat (2017)

Ahmad Ghani Zada – Bacha Bacha (2020)

Nazir Khara & Ghezal Enayat – Dil e Biqarar (2014)

Sahrish Khan – Shna Bangri (2019)

Shafiq Mureed – Hairan Yam (2018)

Shekiba Teimoori – Bia Berim Dasht (2021)

Hojat Rahimi & Vahdat Rahimi – Afghanistan (2018)

Shafiq Mureed – Khanda Ko (Hazaragi) (2018)

Sadiqa Madadgar – Alai Jan (2021)

Aryana Sayeed – Dar Qalb-e Kabul (2021)

Mozhdah – Bayshay e Sheran (2016)

Ustad Beltoon – Khomari (1986)

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Culture Vie quotidienne

Les Nonnes Troppo: Le roi de la route

Une chanson classique contre les fous du volant.


Un bijou du tout début des années 1990, avec un esprit portraitiste particulièrement bien ficelé !

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Culture Vie quotidienne

« Ghost Town » des Specials, la chanson emblématique du déclin urbain

Le groupe britannique de Ska a réalisé une chanson emblématique en 1981.

Si dans les villes d’une certaine importance le capitalisme se développe puissamment en raison d’un marché « bobo », les villes moyennes de France se délabrent souvent, dans une atmosphère pesante. C’est un constat terrible marquant vraiment les esprits.

Il n’y a pourtant pas d’élan culturel ou plutôt contre-culturel qui en ressorte vraiment. C’est comme si la démarche nostalgique et nihiliste des gilets jaunes était la seule expression possible d’une « périphérie » forcément marginalisée. Cela reflète toute une passivité, toute une acception d’une sorte de destin forçant à la mise de côté de ceux qui ne sont pas dans les grands centres urbains et qui profitent, d’une manière ou d’une autre, d’une certaine vie culturelle.

C’est d’autant plus marquant si on regarde l’Angletere et l’Allemagne, deux pays où les villes moyennes parviennent à produire tout de même des cultures locales, voire de vraies contre-cultures. Si l’Allemagne n’a pas de réel centre urbain asphyxiant le reste du pays, l’Angleterre a Londres et malgré cela, les villes moyennes ont produit des choses marquantes, y compris lors d’un processus de déclin très avancé durant la fin des années 1970.

Il est vrai que cela s’est accompagné aussi d’une violence endémique localement, celle des skinheads, dans une perspective nihiliste. Mais ce n’était qu’un aspect de la question et justement, en 1981, le groupe de ska The Specials, de la ville de Coventry, parvint à refléter ce processus dans une chanson : Ghost Town, la ville fantôme.

La chanson eut un réel succès populaire, dans un contexte explosif: il y eut 35 émeutes urbaines en Angleterre cette année. Et en plus du succès, la chanson obtint une grande reconnaissance culturelle, devenant le symbole de l’effondrement de la vie culturelle des villes moyennes. Le groupe, relevant de la scène skinhead non raciste et engagée à gauche, dut d’ailleurs cesser son activité sous la pression du nihilisme ambiant et de la brutalité d’extrême-droite.

This town (town) is coming like a ghost town
All the clubs have been closed down
This place (town) is coming like a ghost town
Bands won’t play no more
Too much fighting on the dance floor

Cette ville (ville) devient comme une ville fantôme
Tous les clubs ont été fermés
Cet endroit (ville) devient comme une ville fantôme
Les groupes ne joueront plus
Trop de bagarres sur la piste de danse

Do you remember the good old days before the ghost town?
We danced and sang, and the music played in a de boomtown
This town (town) is coming like a ghost town
Why must the youth fight against themselves?

Vous souvenez-vous du bon vieux temps avant la ville fantôme ?
Nous avons dansé et chanté, et la musique était joué dans une ville en plein essor
Cette ville (ville) devient comme une ville fantôme
Pourquoi les jeunes doivent-ils lutter contre eux-mêmes ?

Government leaving the youth on the shelf
This place (town) is coming like a ghost town
No job to be found in this country
Can’t go on no more
The people getting angry
This town is coming like a ghost town

Le gouvernement laisse les jeunes de côté
et endroit (ville) devient comme une ville fantôme
Aucun emploi à trouver dans ce pays
Je ne peux plus continuer
Les gens deviennent en colère
Cette ville devient comme une ville fantôme

Voici également une expression moins positive de l’époque, expression justement d’une rage intériorisée, avec le classique skinhead « Coventry » de Business, de 1983. Si la démarche n’est pas raciste (une gageure dans la scène skinhead alors) et reste populaire, la chanson est comme l’ensemble des chansons de Business composée de lamentations : nous sommes incompris, la police nous en veut tout le temps, nous sommes toujours du mauvais côté quoi qu’il arrive, etc.

Il y a une réelle dignité des classes laborieuses, mais c’est enfermé sur soi-même.

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Culture

Demian Dorelli rend hommage à Nick Drake

Demian Dorelli est un remarquable pianiste anglais qui a récemment annoncé la réalisation d’un projet qui lui tenait à cœur : un album en hommage à Nick Drake, « Nick Drake’s Pink Moon, a journey on piano ». Deux morceaux ont été publiés, chacun accompagnés d’un clip : Pink Moon et Place to be.

Chacun de ces deux morceaux marque immédiatement par la justesse et la sensibilité tant du jeu que de la composition. Au fil de chaque chanson, la texture et l’atmosphère de l’hommage se confondent par moment avec ceux de 1971 avant de reprendre des chemins différents et d’explorer plus en détail l’univers ouvert par Nick Drake.

Toute la difficulté de l’exercice était de ne pas chercher à s’approprier ou réinterpréter une œuvre, mais de la prolonger et d’y apporter un autre regard. Dans ce sens, le résultat une réussite : ces deux compositions ne sont pas figées dans le passé et parviennent à défendre cet héritage et cette sensibilité.

Le clip vidéo de Pink Moon est, au vu des techniques et productions actuelles, relativement simple mais réussi. La vidéo est centrée sur la pièce d’enregistrement avec le piano au centre et intègre une imposante lune rose ainsi que quelques références à Nick Drake au fil des plans. Elle accompagne ainsi le morceau avec une certaine fébrilité mais le résultat reste très plaisant à regarder.

Le clip vidéo de Place to be est dans le même état d’esprit, avec un côté dessin animé plus prononcé. Cependant, une idée vient gâcher l’ensemble : les quelques plans avec de la danse classique, au début de la vidéo. Il est dommage de mélanger la finesse et la mélancolie et de morceau avec des séquences d’entraînements de danses si rudes pour le corps. On dira, à raison, que c’est du détail, mais à ce niveau-là ils sont très importants.

Défendre le meilleur de la culture, défendre la complexité et le raffinement dans l’expression de la sensibilité humaine : voilà ce que devrait défendre la Gauche, au lieu de s’enfoncer dans le populisme, à courir derrière des Gilets Jaunes et des anti-pass sanitaire toujours plus infects au fil des mois.

L’humanité a besoin de voir des projets comme celui de Demian Dorelli fleurir partout, pas de beaufs qui veulent continuer comme avant et s’enfoncer toujours plus dans la barbarie.

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Culture

Pale Swordsman, album black metal de Këkht Aräkh

Këkht Aräkh est un groupe de black metal ukrainien assez atypique et dont le dernier album, Pale Swordsman, a connu un certain succès. Le groupe est composé d’une seule personne et existe depuis peu : le premier enregistrement publié remonte à 2018, suivi du premier album quelques mois après.

Këkht Aräkh

Deux choses rendent Pale Swordsman remarquable : le piano et l’atmosphère romantique-médiéval / vampire.

L’album commence avec une langoureuse mélodie au piano en guise d’introduction. Avec son bruit de fond de vieux vinyl et ses quelques accords de guitares, saturés, l’ambiance est posée : une sensation d’être hors du temps et transporté dans un château médiéval, niché sur une colline, l’appel de la nuit… Arrive ensuite du black metal façon Norvège des années 1990, plus proche du réel hommage que de la fade copie, enveloppé dans cette atmosphère propre à Këkht Aräkh.

Le reste de l’album se compose de chansons de black metal brut et froid d’un côté, et de passages instrumentaux au piano – ou à la guitare. Côté black metal, les riffs sont simples sans être simplistes et les morceaux construits avec finesse. Tout se mélange à merveille et le chant, mélancolique, agonisant, colle parfaitement à l’ambiance générale.

De leur côté, les morceaux au piano comme l’introduction, Nocturne ou Swordsman permettent de poser cette ambiance et de nous replonger dedans avec force lorsque le black metal reprend, comme la transition prenante de Nocture à Amid the stars.

Sur le plan esthétique, Pale Swordsman se démarque par ses paroles : les tourments, les aspirations et les regrets d’un personnage, que l’on devine être un vampire. L’album n’est pas une succession de morceaux composés et alignés indifféremment : il s’agit d’un tout, avec une ambiance et un style qui lui sont propres. Dans une interview, l’artiste derrière Këkht Aräkh explique ainsi :

Je pense être romantique, dans une certaine mesure, oui. Mais ce n’est pas seulement une question d’amour et de romance dans le sens que nous lui donnons habituellement. Je pense souvent profondément aux choses dans le monde, au bien et au mal. A propos du mal fou auquel nous faisons face ici et là. Que ce soit au sujet de notre vie humaine, ou encore de choses plus fondamentales qui arrivent dans la Nature que nous considérons comme allant de soi.

Et l’amour et la joie pures qui ne peuvent être atteints dans ce monde, et qui doivent donc l’être uniquement dans notre imaginaire. Cette tragédie, que je ne peux supporter, est le moteur principal de ma créativité. Et l’ambiance particulière que ces anciens groupes norvégiens portaient correspond à cet état d’esprit.

En période de trouble, on se raccroche à ce qui exige authenticité et Pale Swordsman fait des œuvres artistiques auxquelles se raccrocher avec force : se plonger tout entier dans cet univers si particulier, le temps de ne plus être seul. C’est un romantisme qui a ses limites, mais il a la dignité de poser des sentiments et des émotions, dans un monde où c’est rejeté au profit de la superficialité et de l’égo.

Écouter l’album sur Bandcamp
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Culture Planète et animaux

Un suprême classique : Mercy Mercy Me (The Ecology)

Une chanson emblématique tirée d’un album référence.

Nous sommes en 1971 et le chanteur américain Marvin Gaye sort une album qui consiste en une sorte de vaste fresque, une sorte de grande histoire composée de chansons se reliant les unes les autres.

Cela parle d’amour, de paix, d’unité de l’humanité, de sentiment, de cette inquiétude face aux choses qui partent dans toutes les directions sans qu’on en saisisse le pourquoi ou même le contour… Mais que se passe-t-il?

Et au sein de cet album incontournable, qui change une vie comme ce qui est véritablement culturel, on trouve une chanson très connue, dont les paroles restent souvent méconnues en France de par le fait que cela soit en anglais.

Et ces paroles nous serrent la gorge en nous rappelant que nous avons au moins cinquante ans de retard sur les exigences de notre époque…

Oh, mercy mercy me
Oh, things ain’t what they used to be
No, no
Where did all the blue sky go?
Poison is the wind that blows
From the north, east, south, and east

Oh, pitié, aie pitié de moi
Oh, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient autrefois
Non, non
Où est passé tout le ciel bleu ?
Le poison est le vent qui souffle
Du nord, de l’est, du sud et de l’est

Oh, mercy mercy me
Oh, things ain’t what they used to be
No, no
Oil wasted on the oceans and upon our seas
Fish full of mercury

Oh, pitié, ai pitié de moi
Oh, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient autrefois
Non, non
Le pétrole a saccagé l’océan et dans nos mers,
des poissons plein de mercure

Oh, mercy mercy me
Oh, things ain’t what they used to be
No, no
Radiation in the ground and in the sky
Animals and birds who live nearby are dying

Oh, pitié, ai pitié de moi
Oh, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient autrefois
Non, non
La radiation dans le sol et dans le ciel
Les animaux et oiseaux qui vivent à proximité sont en train de mourir

Oh, mercy mercy me
Oh, things ain’t what they used to be
What about this overcrowded land?
How much more abuse from man can you stand?
My sweet Lord
My sweet Lord
My sweet Lord

Oh, pitié, ai pitié de moi
Oh, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient autrefois
Qu’en est-il de cette terre surpeuplée
Combien d’abus de l’Homme peut-elle encore supporter ?
Mon tendre Seigneur
Mon tendre Seigneur
Mon tendre Seigneur

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Culture Culture & esthétique

Playlist Gothic rock (Bauhaus, Sisters of Mercy, Fields of the Nephilim)

Trois groupes avec un univers artistique très développé.

La notion de Gothic rock est paradoxalement très imprécise et extrêmement précise. Elle est précise, parce que c’est clairement un sous-genre du mouvement gothique du début des années 1980. On a la même perspective lugubre, de critique esthétisante de la société, d’exigence d’une affirmation personnelle romantique. La base musicale est très proche, avec une influence significative de Joy Division, des Cure et de Siouxsie & the Banshees, qui forment le socle initial de l’approche Gothic rock.

Elle est toutefois imprécise, car les groupes qui en relèvent ont une sensibilité différente, privilégiant leur propre esthétique, sombre mais largement teintée d’un esprit rock rebelle d’esprit post-punk et de références artistiques. Il ne s’agit pas d’un quelconque « snobisme », mais d’une mise en perspective réellement différente : Bauhaus, Sisters of Mercy, et les Fields of the Nephilim ont un univers extrêmement élaboré, reflétant un très haut niveau culturel.

Ce sont d’ailleurs les trois groupes qu’on cite communément comme Gothic rock, parce que ce sont eux qui ont réussi à faire acte d’indépendance. Si les gothiques considèrent que ces groupes font partie de leur patrimoine (ce qui est vrai), un public touché par un de ces trois groupes se considère comme à l’écart du gothique (ce qui est vrai aussi).

Pour essayer de faire un panorama ayant un sens, on peut voir les choses ainsi :

– Bauhaus est un groupe avec une grosse base intellectuelle ; issu du post-punk, il est très marqué par la dub, par le collage d’esprit cubiste, par l’expressionnisme, l’esprit avant-gardiste pointu voire expérimental, mais tout en cherchant à maintenir un cap accessible, même si esthétisant (c’est un dépassement de David Bowie) ;

– les Sisters of Mercy, qui ont connu un très grand succès commercial, privilégient la dimension accessible mais avec une perspective romantique ouverte (c’est un dépassement des Stooges) ;

– les Fields of the Nephilim sont un groupe rupturiste, avec des artistes en look de cow-boys poussiéreux allant toujours plus loin dans un son rock lugubre et raffiné, peuplé de références littéraires-religieuses mystico-délirantes, mais dans une perspective ouvertement romantique – sentimental.

On trouve souvent comme références, à côté de ces deux groupes, The Mission (qui est une scission des Sisters of Mercy), pratiquant un gothique rock « pur », ainsi que The Cult, dans une même perspective mais plus glam, ou encore les Damned, de la première vague punk. On a cependant pas affaire ici à la même exigence de formation d’un univers artistique en soi. On doit mentionner absolument également le projet du chanteur des Sisters of mercy, The Sisterhood, dont l’album « Gift » est une expression majeure de cette approche.

Voici la playlist en lecture automatique, suivie de la tracklist :

The Cure – Charlotte Sometimes (1981)
Joy Division – Atmosphere (1980)
Bauhaus – She’s In Parties (1983)
The Sisters of mercy – Marian (1985)
Fields of the Nephilim – Last Exit For The Lost (live 1988)
The Sisterhood – Colours (1986)
The Sisters Of Mercy – Walk Away (1985)
Fields Of The Nephilim – Moonchild (1988)
The Sisters of Mercy – Lucretia My Reflection (1987)
The Cure – Primary (1981)
Bauhaus – Lagartija Nick (1982)
Fields Of The Nephilim – Shroud / Straight to the Light (live 2008)
Bauhaus – Ziggy Stardust (1982)
The Mission – Deliverance (1990)
The Cult – Rain (1985)
The Damned – Shadow Of Love (1985)
The Sisters Of Mercy – Ribbons (1990)
Bauhaus – In The Flat Field (1982)

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Culture

«Asphalte Hurlante», la poésie métropolitaine de La Caution en mai 2001

Au mois de mai 2001 il y a 20 ans, le groupe La Caution sortait l’incroyable album « Asphalte Hurlante ». C’était un disque à part, avec son approche totalement pop et en même temps une sophistication musicale et lyrique extrêmement poussée, typiquement parisienne.

Autrement dit, La Caution avait réussi l’exploit d’une synthèse entre le rap « Versaillais » (qui mélangeait le fun à la sophistication instrumentale) et le récit de tranches de vie authentiquement populaires des HLM de Noisy-le-Sec en Seine-Saint-Denis.

Cela a donné des textes magnifiques, mais relativement difficiles à appréhender, ainsi que musicalement un style électro et « cassé » peu accessible de prime abord. C’était en fait l’apogée de pratiquement trente ans de musique « urbaine », depuis « The Revolution Will Not Be Televised » de Gil Scott-Heron en 1970.

Cela marquait en 2001 pour les amateurs de musique un véritable tournant vers le 21e siècle, avec une poésie métropolitaine d’une grande profondeur culturelle. Rien que la pochette de l’album est une grande réussite.

Voici la transcription du morceau « Souvent », poésie sombre exprimant à merveille la folie des grandes métropoles.

Souvent [La Caution]

[Nikkfurie & Hi-Tekk]
On associe les paramètres.
Les quartiers de France comme système métrique,
Se base sur l’arithmétique de masse et sa rime maîtrise.
Hélas, on a mis l’éthique en place et la rue s’excite.
On nage dans la prise de risque, face à ça : notre charisme d’équipe.
C’est tout con, vu l’style, de traces conductrices,
De haine combustible, en fait : on se duplique.
Une toux convulsive, toute pleine d’onces d’usine,
La peste ondule vite, Hi-tekk plombe une cible.
Je me dis : « nom d’une pipe », réflexe translucide,
De la merde : on butine, de la merde : on butine…

[Hi-Tekk]
Je m’arrête net, en parachute,
Dans les bars à neusks ou les bars à putes.
Dans ce cas, je l’assume et je cavale plus,
Loin des stars de l’anus et de leurs parades nulles.
Leurs carnavals, loin des bases navales, me rendent paranoïaque.
Les narvallos jactent,
Fais gaffe à nos actes, on se masque à l’occaz’,
On marche à l’orgasme paranormal…

[Refrain]
Souvent, on parle d’avant,
Parfois, on parle d’après,
Parfois, on parle d’argent,
Souvent, on parle de vrai.
Parfois, on est 40,
Souvent, on est tout seul,
Parfois, on r’monte la pente,
Souvent, on est sur le seuil.
Souvent, ça boit de l’alcool,
Souvent, ça fume du shit.
Parfois, ça parle de rap,
Tout le temps, on voit les flics.
Parfois ça s’entraide,
Parfois ça s’embrouille,
Souvent, ça galère sec,
Tout le temps : les rêves se rouillent !

[Nikkfurie]
Le flic : un dos d’âne anodin, doté du don d’abattre au teint,
Dompté d’un tonneau de vin d’antan, pendant qu’un badaud meurt d’OD.
La France d’auteur d’Alphonse Daudet, de Danton à Baudin,
Mentir de Sedan à Meudon, du bandit au mendiant, du lundi au lundi.
Du condé qui condamne à la place du juge et qui t’emmerde,
C’est bien au placard qu’il t’emmène, ça a une odeur de chrysanthème…

[Hi-Tekk]
Je représente l’injection létale,
Pour les pointeurs la peur se présente : inspectons les caves.
Pour eux : la peine capitale et maximale.
Après maintes questions légales,
On m’assimile à la peste en HLM habitacle.
Elle reflète la misère, après on se plaint que les cons s’éclatent…

[Nikkfurie]
Compte jusqu’à 10, on gravite au-dessus de notre maigre discographie.
Bon nombre d’africains trafiquent, arrivent en avion, en navire.
Regarde la poésie d’ici, car aucun pro n’hésite ici,
Ici personne n’est justicier et le choix des armes est judicieux…

[Refrain]
Souvent, on parle d’avant,
Parfois, on parle d’après,
Parfois, on parle d’argent,
Souvent, on parle de vrai.
Parfois, on est 40,
Souvent, on est tout seul,
Parfois, on r’monte la pente,
Souvent, on est sur le seuil.
Souvent, ça boit de l’alcool,
Souvent, ça fume du shit.
Parfois, ça parle de rap,
Tout le temps, on voit les flics.
Parfois ça s’entraide,
Parfois ça s’embrouille,
Souvent, ça galère sec,
Tout le temps : les rêves se rouillent !

[Nikkfurie]
On dépayse le racisme avec des armes dignes de Maciste.
On se fout de l’aristocratie : le rap, mon art dit trop crasseux.
Si la France était un poumon, nos tours en seraient les cancers !
Si la France était un sumo, nos tours en seraient les Pampers !
Si la France était un rouleau, nos tours seraient ce qu’il compresse !
Si la France, c’était les journaux, nous en serions les faits divers…

[Hi-Tekk]
Je suis complètement à côté de la plaque,
Un pote me casse les yeuks avec ses histoires de cunnilingus.
En face de moi le mur est sale, je vois que l’urine s’incruste.
L’odeur de bière est omniprésente.
Au final, avec la justice, ceux qui la subissent trinquent plus.
Je me dis que l’ultime insulte est celle qui vise mes ancêtres,
Quand on les traite en stupides incultes.
J’aimerais qu’à l’usine s’insurgent les prolétaires,
Qu’ils baisent la France patronale.
Quand je me défoule,
Plus je nique un truc, plus je me dis que dans ma vie,
Je suis l’unique intrus.
Je me prends un stop.
C’est anormal.
Sur les bancs publics s’incrustent,
Nos embrouilles sur la corde raide.
Ma haine : une forteresse munie d’instrus…

[Refrain]
Souvent, on parle d’avant,
Parfois, on parle d’après,
Parfois, on parle d’argent,
Souvent, on parle de vrai.
Parfois, on est 40,
Souvent, on est tout seul,
Parfois, on r’monte la pente,
Souvent, on est sur le seuil.
Souvent, ça boit de l’alcool,
Souvent, ça fume du shit.
Parfois, ça parle de rap,
Tout le temps, on voit les flics.
Parfois, ça s’entraide,
Parfois, ça s’embrouille,
Souvent ça galère sec,
Tout le temps : les rêves se rouillent !

Parfois c’est Hi-Tekk, souvent c’est du bon son
Parfois c’est Nikkfurie, tout le temps c’est La Caution
Parfois on parle de nos pères, parfois on parle de nos mères
Souvent de faits divers, jamais on ne sort de nos sphères
Parfois c’est Hi-Tekk, souvent c’est du bon son
Parfois c’est Nikkfurie, tout le temps c’est La Caution
Souvent, parfois, tout le temps, jamais en transe, maintenant, souvent

Parfois c’est Hi-Tekk, souvent c’est du bon son
Parfois c’est Nikkfurie, tout le temps c’est La Caution
Parfois c’est DJ FAB, souvent c’est du bon son
Parfois c’est KEROZEN, tout le temps c’est La Caution

L’album a été réédité en 2002 dans une « Ultime édition » avec quelques morceaux supplémentaire, dont le sublime Metropolis :

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Playlist россия♥україна♥россия♥україна

Une playlist pour introduire à la culture… qui va avec la paix et l’amitié entre les peuples.

Voici une playlist qui pour beaucoup de gens en France apparaîtra pittoresque, mais en même temps, incroyablement inspirante. Chaque chanson est d’une incroyable charge. Et pour faire les choses bien, loin des valeurs des va-t-en guerre, la playlist, avec uniquement des œuvres récentes, s’appuie uniquement sur des femmes, qui témoignent de leur haut niveau artistique, de leur haut niveau de culture, de synthèse.

C’est autre chose que la guerre. Et pour faire les choses encore mieux, il ne sera pas précisé qui est russe, qui est ukrainienne.

La dernière chanson est une exception relative puisqu’un éloge des sœurs, magnifique, avec un ton qui correspond bien à la tristesse des menaces de guerre entre deux d’entre elles.

Voici la playlist en lecture automatique sur YouTube, suivis de la tracklist :

  1. DakhaBrakha – Monakh (2017)
  2. Сабрина – Сестра (2019)
  3. Katya Yonder – Вновь и вновь (2020)
  4. ONUKA – UA (2014)
  5. Alina Pash – Bosorkanya (2019)
  6. Maria Teriaeva – SØS (2020)
  7. Jekka – Midnight Hour (2015)
  8. Fanny Kaplan – Smeh (2016)
  9. Нaaдя — Осколки (2020)
  10. КОЛО – Серце в Житах (2017)
  11. Navka – Цвіте терен (2020)
  12. Іванка Червінська – Покоси (2020)
  13. Magnetic Poetry – Not Alone (2017)
  14. Mustelide – Salut (2016)
  15. Три Сестры (Les trois soeurs) (juste après 1991)

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« Petit soldat » d’Ascendant Vierge

Le duo français installé Bruxelles montre encore une fois qu’il a une profondeur artistique réelle, à la hauteur de notre époque.

L’incroyable faible nombre de vues sur Youtube du pourtant excellent (ou exceptionnel, extraordinaire, etc.) Impossible mais vrai n’a pas déçu Ascendant Vierge, qui avec Petit soldat ajoute à sa patte une dimension engagée avec un texte de reproche très développé de celui qui va à la guerre.

Pour trouver quelque chose comme Petit soldat, c’est-à-dire une sorte de critique d’un aspect de la société avec un point de vue intime, dans une atmosphère oppressante correspondant aux faits, il faut indéniablement remonter aux années 1980. Les groupes « gothiques » (au sens vraiment le plus large et distordu), loin d’être autocentrés ou narcissiques, ont au contraire une démarche romantique. Si l’on prend Ascendant Vierge, on a une symbiose entre les Sisters of mercy et Siouxsie and the Banshees… Difficile de ne pas être terriblement impressionné.

On pourra arguer qu’Ascendant Vierge utilise un tempo plus dansant, plus marqué par la techno, pour ne pas dire le gabber. C’est assez écrasant. Cependant, on n’échappe pas à son époque et celle-ci est marquée par un vrai rentre-dedans. De plus, il y a un côté danse collective qui est considéré comme une valeur refuge.

Petit soldat apparaît ici comme une sorte de lointain successeur au fameux Nineteen de Paul Hardcastle, de 1985, mais remis au goût du jour, dans une ambiance sombre, tel dans un hangar avec une musique étouffante.

Et, d’ailleurs, pour conclure, remarquons que le fait qu’ascendant vierge n’ait pas atteint un succès mérité, cela doit indéniablement également au fait que la chanteuse Mathilde Fernandez propose une figure de magicienne qui fait immanquablement peur à une société superficielle.

Il faut se rappeler de l’incroyable dévaluation qu’a connu Niagara dans les années 1980, malgré une qualité indéniable de par son sens de la mélodie et des recherches très élaborées si l’on passe les petites chansons moqueuses. Alors que rien que Soleil d’hiver est une chanson d’une immense profondeur!

Espérons qu’Ascendant Vierge n’aura pas un tel dédain immérité!

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Feu ! Chatterton et leur «Palais d’Argile»

Le groupe français Feu ! Chatterton a sorti son troisième album, « Palais d’Argile » le 12 mars 2021. Écrit avant le confinement, l’album résonne pourtant avec le contexte de la crise sanitaire. Il mêle les genres musicaux et les états d’esprit, oscillant entre réflexion sur le monde et sentiments amoureux, entre mélancolie et espoir.

Avec ce troisième album, Feu ! Chatterton se positionne en tant que groupe capable de renouveler la chanson française. Inspiré par Ferré, Gainsbourg ou encore Bashung, ce groupe typique du rock français montre qu’il sait puiser dans la diversité des genres, avec des références efficaces. Tantôt glissant vers le post-punk, tantôt vers l’électro avec notamment ici la collaboration d’Arnaud Rebotini.

La musique de Feu ! Chatterton est taillée pour la scène, la communion avec le public notamment par l’intermédiaire de la présence quasi mystique du chanteur, Arthur Reboul. Sa voix naturellement voilée, capable de partir dans les aigus et de vibrer de manière gutturale, donne une vie indéniable au tout, avec une palette d’émotions variées et intenses.

C’est sans doute le morceau Un Monde Nouveau, qui exprime le mieux quelque chose de notre époque, en fait l’état d’esprit d’une partie de la population française.

Pensé comme un constat sur notre époque depuis le futur, cette chanson préfigure les attentes idéalistes qui ont surgit pendant le confinement avec les considérations sur le « monde d’avant » et un hypothétique « monde d’après ».

C’est une peinture des classes moyennes éduquées face à un monde déstabilisant et l’impossibilité de trouver une porte de sortie sur leurs propres bases.

Il exprime justement l’angoisse classique des intellectuels, des artistes ayant conscience qu’il faut changer le monde mais que pour se faire il faut pouvoir le façonner. Et qu’au fond, bien qu’ils puissent être excellents à formuler des pensées complexes, ce ne sont pas les idées qui changent le monde.

Ils se sentent impuissants à transformer. C’est là qu’intervient l’obsession de « savoir faire quelque chose de ses mains », qui peut à la fois mener à une vision romantique du tous artisans ou à se tourner vers les manuels modernes.

Cet entre-deux est tout à fait palpable avec le clip qui prend place dans un décor post-industriel où les membres du groupe portent des costumes bleus marines identiques et déambulent avachis les uns sur les autres.

On a pareillement une vision de la technologie qui est ambivalente, avec une critique de son utilisation vide de sens et froide sans pour autant être dans le refus de la modernité.

« La clarté nous pendait au nez dans sa vive lumière bleue
Nous étions pris, faits, cernés, l’évidence était sous nos yeux
Comme une publicité qui nous masquait le ciel

Des millions de pixels pleuvaient sur le serveur central

Un monde nouveau, on en rêvait tous
Mais que savions-nous faire de nos mains
Un monde nouveau, on en rêvait tous
Mais que savions-nous faire de nos mains
Zéro, attraper le Bluetooth
Que savions-nous faire de nos mains
Presque rien, presque rien, presque rien. »

Trop d’amarres nous rivent au capitalisme et il n’y a personne pour les larguer collectivement. Ces amarres ce sont tous les attraits de l’hédonisme moderne de la consommation qui sont d’ailleurs dénoncés à demi-mot par Arthur Teboul dans une entrevue avec le groupe Catastrophe. Il y répond à la question « qu’est-ce qui est subversif aujourd’hui ? » :

« La discipline, la soumission, l’ordre. […] La liberté ce n’est pas sortir de tout cadre mais respecter un cadre qu’on aurait soi-même choisi […] L’abandon et la jouissance sont dans l’air du temps, la privation, voilà ce qui est subversif aujourd’hui, choisir de se priver dans un autre but. »

Finissant par citer Rousseau « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ».

Face a un monde sans âme, où la sensibilité s’effrite, Feu ! Chatterton nous transporte dans une ambiance lyrique, teintée d’épicurisme.

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«Équilibre», le somptueux troisième album des Pirouettes

The Pirouettes est un groupe difficilement accessible de par la profondeur avec laquelle ils assument et sondent la sensibilité amoureuse. Il faut en effet beaucoup de sincérité et d’authenticité pour apprécier ces portraits à la fois subtils et directs ; cela va clairement à contre courant d’une époque et d’une société comme la nôtre.

Leur premier album « Carrément, carrément » était un magnifique tableau de l’insouciance amoureuse de la jeunesse, le second « Monopolis » peignait avec un talent rare la richesse et la complexité de la vie de (jeune) couple, et voilà que le troisième album « Équilibre » s’attache à la délicate question de la rupture, de l’éloignement, de la dichotomie des sentiments.

Le décor de l’album avait été planté dès la fin 2019 avec les saisissants « San Diego » et « pli du cœur », dont voici le clip du premier :

Le morceau « Il n’y a que toi » est toutefois celui qui illustre le mieux la teneur de l’album. En voici le clip, d’une grande finesse photographique et scénaristique, sortie l’été dernier :

Le double clip « Encore un peu d’amour / Ciel radieux » est également une très belle présentation de l’album, avec ce jeu de réponse très bien vu entre les deux morceaux qui se suivent :

« Ciel radieux » est ici un judicieux portrait de la femme française, à la fois précieuse et indépendante, répondant aux errements de l’homme français, toujours trop à la traîne.

On a là une approche absolument française d’exploration de la profondeur psychologique des sentiments amoureux. Et comme c’est admirablement bien mis en chanson par un sens de la mélodie et du rythme digne de l’Angleterre des années 1980, cela donne quelque chose de vraiment somptueux et très marquant.

Pour finir, difficile de ne pas être saisi, pris à la gorge par les émotions à l’écoute de « Tu parles trop » qui exprime la douleur de la déchirure amoureuse avec une sensibilité incroyable…

  • Le double album « Équilibre » des Pirouettes est sortie le 5 février 2021 – En écoute sur les plateformes de streaming et disponible à la vente CD et vinyle chez les disquaires ou en ligne sur la page bigwax du groupe.

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Culture

L’agréable douceur mélancolique du dernier album de Peremotka

Le groupe de soviet wave Peremotka ( Перемотка en russe) a sorti un nouvel album en octobre 2020. Un album qui nous fait nous échapper dans une atmosphère de douceur, de tendresse, et de mélancolie très fine.

Fondé en 2015, au coeur donc de l’immense vague de post-punk rétro-soviétique, Peremotka exprime toute la vie quotidienne d’une jeunesse russe prisonnière d’une grande métropole. Le groupe est originaire d’Yekaterinburg (Sverdlovsk  de 1924 à 1991), qui regroupe plus d’un million d’habitants dans la très froide région de l’Oural. Cet ancien pôle industriel s’est enfoncé dans une guerre des gangs pendant les années 1990 sur fond de libéralisme exacerbé, avant de se stabiliser autour des réseaux mafieux.

Avec déjà 5 albums à son actif, Peremotka signe avec ce dernier album, dont certains morceaux ont été publiés au cours de l’année, une très agréable oeuvre musicale.

Le groupe touche de manière enfantine, et plein de mélancolie à des tas d’aspects de la vie quotidienne, et le titre de l’album, « le début d’une merveilleuse amitié » (Nachalo Prekrasnoy Druzhby – Начало прекрасной дружбы), est un hommage à cette candeur d’une jeunesse russe, coincée entre un passé idéalisée et un futur sans horizon palpable.

Dans le premier morceau de l’album, « Супермарио » qui signifie « Super Mario », on retrouve cette ambiance, admirablement bien reflétée par les accords et les tonalités rythmiques. C’est là toute une référence à la bonne humeur, insouciante, d’une partie entre amis de ce jeu vidéo si populaire…

Dans toutes ces chansons, il y a à l’arrière-plan l’atmosphère d’une enfance passée dans un village oubliée, dimension culturelle qui marque entièrement cette génération d’artistes portant de la « soviet wave ». On voit là toute la subtilité de l’approche, « Peremotka » signifiant lui-même « Rembobiner », ce qui renvoie à cet état d’esprit mélancolique.

Littéralement bloqué dans le présent, idéalisant de manière naïve le passé, tout en cherchant à se saisir d’un horizon futur… en vain. Alors on tourne en rond, la cassette est rembobinée sur le quotidien, et ses quelques instances gracieux, plein de tendresses qui le parcourt. Comme avec le huitième morceau, Tvoevo balkona svet / « votre éclairage de balcon », où la voix brumeuse d’Olga Lopayev se découvre sur fond de nappes de synthétiseurs sombres et en même temps enivrante.

On a aussi le morceau Krasiva qui parle de la beauté, Staroe Kino qui fait référence aux vieux cinéma, « V letnem pole » témoignant du plaisir de flâner dans un champ de blé l’été. Et comment ne pas être touché à l’écoute et à la vue du clip de la musique « Première neige » (« Perviy Sneg »), si simple dira t-on, mais finalement tellement illustratif du rapport sensible universel que tout le monde a pu avoir à la nature d’hiver…

La musique Kak tebya pkovit (« Comment te conquérir ? ») témoigne d’une grande sensibilité en ce qui concerne la question de la romance amoureuse. On est bien loin de la violence à la fois sociale, et misogyne qui touche bon nombre de femmes russes, sur fond d’une grande pauvreté. Ici on a plutôt une délicatesse, une gêne même toute attendrissante :

Comment te conquérir ?
De quoi parler, par où commencer ?
Je ne sais pas quoi te dire.
Et c’est encore gênant

Pour écouter l’album en entier sur le bandcamp du groupe :

https://peremotka.bandcamp.com/album/nachalo-prekrasnoy-druzhby

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Culture

Le cœur brisé de Starline dans «Takotsubo»

Starline est une jeune rappeuse originaire de Lyon qui a débuté sous le label montpelliérain LaClassic à l’âge de 15 ans. On comprends son choix pour ce label qui produit un rap plutôt sombre, « conscient » comme on dit, mais surtout poétique.

Il y a quelques jours Starline a fêté son 21e anniversaire à travailler le montage de son nouveau projet, le clip du morceau « Takotsubo ». Et c’est sur une chaîne Youtube personnelle et non d’un label, qu’il est publié, marquant semble-t-il, l’ouverture d’une nouvelle période dans sa carrière.

https://www.youtube.com/watch?v=MSjwrrlYrnU

Le Tako-Tsubo est un syndrome cardiaque décrit pour la première fois au Japon ; le « syndrome du cœur brisé ». Cette pathologie atteint principalement les femmes et peut être déclenché par une très forte émotion, comme lors d’une rupture sentimentale ou la perte d’un être cher.

Le Tako-Tsubo est évoqué dans la culture manga et de nombreuses séries télévisées, le rappeur Nekfeu en avait aussi fait un titre.

La version de Starline n’a rien a envier à ce dernier, dans un autre style, plus aérien, moins bavard. C’est du artisanal très réussi, ça n’en a que plus de valeur.

On retrouve donc dans ce morceau la thématique de la rupture et principalement des sentiments qui sont encore là et dont il est difficile de se défaire.

Le fait de fumer des joints y est abordé comme un mal dont il est difficile de se passer dans ces moments psychologiquement durs à traverser :

« Y’a pas qu’ce soir que j’ai les idées bancales
Tout oublier j’ai essayé long time
Donc j’fais qu’fumer
J’sais pas si c’est bon bail… »

« J’ai compris que la beuh ça m’aidait pas
Mais ça me détend
Quand j’veux pas faire face à tous mes torts… »

Contrairement à ce qui peut se faire en général dans le « rap » moderne, elle est donc lucide sur la fonction de cette drogue au quotidien.

Au delà de cette question, la scène trap a tendance à tourner en rond dans le nihilisme. On a ici quelque chose qui montre ce qui peut lui être apporté en terme de sensibilité et de réalisme. Comme ces plans en voiture, filmés de la place du chauffeur qui retranscrivent bien dans le clip une scène tout à fait typique dans la jeunesse, qui pourrait se trouver dans une story Instagram.

Tout cela est forcément satisfaisant à voir et à écouter au milieu d’un mouvement musical largement dominé par la superficialité, souvent machiste d’ailleurs.

Avec ses basses lourdes, son arythmie typique et ses possibilités illimitées en terme de nappes mélodiques, la trap est un style qui convient très bien à la rêverie et à l’introspection, il serait dommage de s’en priver.

Ce morceau tombe donc comme un fruit mûr, avec une artiste ayant gagné en indépendance et en profondeur. Starline nous montre qu’on peut être une 2000 avec l’amour du rap des années 1990, vivre avec son temps et participer à un nouveau souffle.

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Société

Le film Elle pleure en hiver

La vidéo version longue de la chanson d’Ichon Elle pleure en hiver est un film synthétisant tout un esprit français concernant le couple.

C’est une chanson d’Ichon qui date de décembre, mais la version longue de la vidéo consiste en un petit film de sept minutes. Et cela ne peut qu’interpeller tellement c’est une sorte de synthèse de tout un esprit français, depuis la psychologie des personnages jusqu’à la typographie employée dans la vidéo… avec naturellement comme thème la relation d’un couple.

C’est là une obsession française, avec ses psychodrames, la question de la reconnaissance des deux partenaires (qui se veulent indépendants mais tout de même ensemble), l’attente d’un premier mouvement de la part de l’autre, etc. C’est si vrai que cette vidéo apparaîtra brutal à beaucoup.

On dira avec raison que tout cela, c’est tout de même très bourgeois, très parisien, comme le montre le décor (qui fait immanquablement penser à Jean-Luc Godard). C’est tout à fait vrai, mais il faut bien voir que le couple en France, au début du 21e siècle, est largement défini par le couple bourgeois parisien. C’est indéniablement un problème, mais une telle chose ne s’abolit pas, elle se dépasse. Et pour l’instant, la société française n’a pas dépassé ce modèle.

On considère en France qu’un couple réussi, c’est celui où ses deux composantes s’engueule de manière régulière, que c’est la réalité du couple d’avoir une situation déséquilibrée, avec des reproches à l’autre qui sont déplacés mais qui permettent d’échapper à la pression sociale, avec cette idée temporaire du couple même après des années ensemble, etc. Bref, le couple français, s’il n’y a pas de malaise, c’est qu’il n’y a plus rien !

Tout cela est peut-être discutable, mais cette vidéo de la chanson d’Ichon témoigne de la réflexion en découlant forcément, sur cet aspect fondamental de la réalité française. En ce sens, on doit bien parler de film et ce film parle plus de la réalité qu’une quantité industrielle d’autres films et séries. Peut-être que l’époque commence enfin à être mûr pour passer à autre chose !

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Culture

«Il faut présenter un “front culturel électronique uni”»

Voici une tribune, initialement publiée sur le site traxmag.com :

« REPRENONS LA NUIT EN 2021 :
Appel à une convergence des luttes électroniques, mobilisation générale

Par Kevin Ringeval (Cordinateur national Technopol / La Sphère Électronique)

La bataille pour la reconnaissance et le droit à l’expression des musiques électroniques, et plus largement du monde de la vie nocturne, est engagée. Aujourd’hui, c’est la moitié du tissu culturel nocturne qui est en grand danger d’extinction, le risque est de voir s’effondrer des pans entiers d’un secteur indispensable, vecteur de liens culturels et sociaux. Les décisions arbitraires des pouvoirs publics concernant le monde de la culture, sans une mobilisation conjointe des acteurs, auront bientôt fini de faire disparaître des milliers d’emplois et de rendre la nuit mortifère !

Malgré les obstacles, les épreuves et le silence obligé du fait du Covid 19, c’est une communauté résiliente qui depuis plus de 30 ans en France fait preuve d’adaptation permanente.

Richesse artistique nourrie d’une multitude d’expressions diffusées en festival ou en club, c’est une spécificité très forte qui vit dans le combat et l’inventivité permanente. 

Or, aussi surprenant que cela puisse paraître, fort de 416 millions d’euros HT de chiffre d’affaires annuel, soit 17% du marché des musiques actuelles, les courants électroniques doivent encore se défendre pour obtenir enfin une reconnaissance culturelle, SA légitimité !

Cette singularité française, cette culture électronique made in France doit désormais trouver sa propre voie, une place de choix dans le cœur de nos institutions. 

L’écosystème électronique est constitué d’une multitude de métiers disposant chacun d’une expertise sur son secteur d’activité (producteurs de spectacles, artistes, entreprises de lieux musicaux festifs et nocturnes, festivals, labels, management…). Il est pourtant malheureux de constater que l’union des acteurs n’est toujours pas à la hauteur des enjeux.

Une véritable convergence est indispensable afin d’imposer un rapport de force important et déterminant, c’est une absolue nécessité, face aux dangers à venir. Il faut  présenter un “front culturel électronique uni” qui rassemble massivement citoyens, organisations syndicales, fédérations professionnelles et associations engagées, afin de protéger les professionnels de la vie culturelle nocturne : artistes, techniciens, administratifs, producteurs, lieux, attachés de presse…

Il est temps d’apprendre à se rassembler autour de grands rendez-vous d’actions interprofessionnelles et unitaires, d’articuler les différents mouvements sectoriels au sein de temps forts et de parler d’une même voix. Les représentants des différents secteurs des musiques électroniques doivent désormais apprendre à échanger et mutualiser.

Dans cette démarche, nous  devons tous nous mettre en ordre de marche  pour réclamer la sécurisation du secteur des musiques électroniques et de la vie nocturne, des discussions plus concrètes sur le futur avec l’État et enfin la reconnaissance de notre secteur pour le développement d’emplois de qualité et durables. 

La musique électronique, cette esthétique qui s’exprime la nuit, est une chance pour notre pays où culture et civilisation sont intimement liées. 

La solidarité et la fraternité sont des valeurs fondatrices de cette sphère électronique, soyons efficaces ensemble, mobilisons-nous urgemment !

Kevin Ringeval (Cordinateur national Technopol / La Sphère Électronique) »

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Culture Culture & esthétique

Playlist: French touch pop 2020

Avant on choisissait sa musique pour avoir la bande originale de sa vie défilant tel un film, maintenant il y a tellement de moyens qu’on peut réaliser soi-même le portait d’une tranche de vie. Il y a de véritables bijoux qui sont ainsi produits, mais de manière totalement aberrante, leur écho est terriblement restreint.

Serait-ce parce que c’est trop vrai, trop authentique, trop concret ? Pourtant, si c’était le cas, ces choses seraient connues et ensuite évitées, alors que là c’est une sorte de marge ! Une marge pourtant au cœur de la vie des gens « normaux ».

Ce qui joue sans doute ici, c’est qu’on doit parler d’une véritable révolution dans la musique française, car l’apport de l’électro – qui seule permet vraiment la french touch – modifie de fond en comble la chanson française : ce qu’on trouve ici aurait été dans le passé de la « variété » française – et c’est désormais de la musique populaire.

Tout a changé et ce n’est qu’un début !

Voici la playlist en lecture automatique, suivie de la liste des titres :

  • Moussa – simple X Claire Laffut
  • Michel – Appel Manqué
  • Zed Yun Pavarotti – De larmes
  • TESSÆ— À l’envers
  • Iliona – Reste
  • The Pirouettes – Encore un peu d’amour / Ciel radieux
  • La Femme – Disconnexion
  • L’Impératrice — Anomalie bleue (LIVE)
  • ascendant vierge – Impossible Mais Vrai
  • Magenta – Boum Bap (Live Rework)


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Culture Culture & esthétique

Un bonnet et du hardcore (playlist)

Le hardcore est né comme prolongement du punk, sur un mode pratiquement aussi agressif, mais avec une perspective d’affirmation positive ou en tout cas de résistance à un monde fade et brutal. Il a ainsi été capable d’évoluer, de s’ouvrir au hip hop, au metal, au grunge… et de garder un côté accessible. Un bonnet, un sweat à capuche, quelques tatouages, éventuellement un skateboard, et c’est parti.

Le hardcore oscille ainsi entre une tonalité colorée, très côte ouest américaine, et une approche plus lourde, en noir et blanc, avec d’ailleurs des passages lents et lourds, propices au mosh, qui est au hardcore ce que le pogo est au punk.

Dans tous les cas, il y a une insistance sur l’expression d’une rage structurée, affirmative. Le hardcore est écouté comme bande originale d’une vie où il faut faire face, tenir, ne pas basculer dans la destruction !

On notera d’ailleurs l’insistance du hardcore à ne pas accorder d’attention à l’âge, la couleur de peau, le sexe… l’objectif, c’est de rester soi-même, de rester loyal c’est-à-dire de ne pas devenir un opportuniste, de ne pas être contaminé par une société sombre et violente, même si cela déteint forcément. Il va de soi qu’il y a des tendances de hardcore négatif mais c’est éphémère et vain, cela ne laisse pas de traces, par définition, tellement c’est hors de propos. Le hardcore reste ancré ou plutôt propulsé par une dynamique de changement.

Voici la playlist (en lecture automatique) suivie de la liste des titres :

  1. First Blood – Rules Of Conviction (2017)
  2. Turnstile – Bomb / I Don’t Wanna Be Blind (2018)
  3. Desolated – Death By My Side (2013)
  4. Brutality Will Prevail – The path (2012)
  5. Trapped Under Ice – Pleased To Meet You (2011)
  6. Knocked Loose – Mistakes like fractures (2019)
  7. Wolf Down – Stray from the path (2014)
  8. Terror – I’m only stronger (2013)
  9. Expellow – Game insane (2018)
  10. Earth Crisis – To Ashes (2009)
  11. Lashdown – Face our time (2013)
  12. Get the shot – Faith ripper (2018)
  13. Sect XVX – Day For Night (2017)
  14. Varials – Bite (2016)
  15. Reign Supreme – Persevere and Overcome (2019)