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Johnny Hallyday : un « rêve américain » opposé à la Gauche

Johnny Hallyday expliquait au début de sa carrière :

« Hallyday, c’est mon vrai nom et mon père est américain. »

Ce n’était pas vrai, mais cela en dit long. Car il y a une attitude systématique chez les fans de Johnny Hallyday : la mise en valeur du rêve américain. Johnny Hallyday est présenté un écorché vif, mais surtout dans la mesure où il est montré comme le type qui a réussi à faire ce qu’il veut.

Les gens aimant Johnny Hallyday ne l’aimaient malgré son style de vie, mais en raison de son style de vie. Ils valorisaient le côté « rêve américain » littéralement opposé aux valeurs de gauche.

Regardons ce qu’il en était. Johnny Hallyday vivait à Marnes-la-Coquette, une ville de 1700 habitants dans l’ouest parisien, qui est autant soporifique que propre, de par sa particularité d’être dans le top 5 des villes où les habitants ont les revenus les plus élevés. Ce n’est pas vraiment rock’n’roll roll.

A cette résidence de 900 m² de Marnes-la-Coquette (à quoi il faut ajouter un parc d’un hectare, une piscine, un tennis, un cinéma, etc.) s’ajoute un 650 m² à Los Angeles dans le richissime quartier de Pacific Palissade, ainsi qu’un 500m² sur l’île de Saint-Barthélémy et un chalet dans la ville suisse de très haut standing Gstaad.

Johnny Hallyday a également vécu longtemps à Saint-Tropez, dans la villa Lorada (1000², piscine de 500 m, piste d’hélicoptère, etc.).

Ce ne sont pas seulement des résidences luxueuses. Il s’agit surtout là d’endroits d’un conformisme le plus complet, des lieux qui appartiennent aux rendez-vous les plus classiques des gens richissimes.

Toute personne de gauche s’ennuierait à mourir dans des endroits remplis de gens très propres sur eux, superficiels et ostentatoires, vivant dans une bulle entièrement séparée de la société.

Ce n’est vraiment pas rock’n’roll roll et de toutes manières, quelqu’un qui est vraiment à fleur de peau n’est pas en mesure de dépenser entre 6 et 7 millions d’euros par an, comme le faisait Johnny Hallyday.

Lequel d’entre nous serait capable de dépenser 20 000 euros par jour ? On ne saurait même pas quoi acheter avec tant d’argent. En réalité, Johnny Hallyday était un flambeur, qui vivait de ses performances scéniques.

Johnny Hallyday demandait des chansons à des paroliers et des musiciens, les enregistrait (ce qui fait 50 albums studio) et surtout les jouait sur scène (ce qui fait 29 albums live). Sa vie fastueuse s’appuyait sur ses concerts (il en a fait 3 257).

Il a donc mis en avant une certaine image, tout en vivant de manière décadente entre drogues et alcools, présentant ses excès comme rock’n’roll et maquillant les tourments des gens riches en existentialisme populaire.

Les gens favorables à Johnny Hallyday appréciaient cela, car ce dont ils rêvaient eux-même, c’est de vivre ce rêve américain. Les coups de tête de Johnny Hallyday étaient appréciés en ce sens.

C’est son côté aristocrate capricieux. Dans les années 1960, il a un accident avec sa  Triumph TR3? Il en rachète une seconde.

Elle aussi détruite dans un accident, il se procure une Jaguar Type-E. Qu’il détruit, pour la remplacer par une Ferrari 250 GT Pininfarina… Elle aussi accidentée, remplacée alors par une autre Ferrari…

Les achats ne cesseront jamais : Porsche 356, Aston Martin DB6, Lamborghini Miura P400 (celle-ci étant fracassée dans un accident)… C’est un processus sans fin et quel symbole qu’en 1968, l’année de la fameuse révolte, Johnny Hallyday roule en Rolls Royce (Phantom 5 et Silver Shadow).

La liste des modèles est sans fin, avec également des Mercedes (450 SEL, 560 AMG), un hummer, une Panther De Ville… Ou encore une Lamborghini Aventador SV, une Rolls Royce Phantom Drophead Coupé, une Cadillac Serie 62 Cabriolet Custom, une AC Cobra, une Ford GT, etc.

Pour donner le ton, il y a une anecdote connue : un ami vient voir Johnny Hallyday un matin en Ferrari Testarossa. L’après-midi même, il s’en commande une.

C’est le principe du caprice, de la capacité à faire « ce que l’on veut ». Et surtout de luxueux et de visible.

Il en va de même pour la moto. Johnny Hallyday n’était pas un « motard », preuve en est il a eu de très nombreuses voitures de luxe et ces deux cultures n’ont rien à voir.

Et même en moto, il prend du luxe, en piochant avec un éclectisme troublant pour qui aime la moto : la moitié des motos qu’il a eu étaient des Harley-Davidson, mais il y aussi eu des motos Triumph, Ducati, Kawasaki, Yamaha, Honda.

Pour quiconque aime la moto, ce mélange des goûts est vraiment étrange ; il y a au moins trois écoles de pensée du rapport à la moto qui s’opposent dans de tels choix.

Mais tout cela n’a jamais compté pour personne, car Johnny Hallyday était simplement le symbole du rêve américain : les uns ne le prenaient pas en compte, les autres voyaient en lui le « self made man », l’homme qui a réussi par lui-même, en restant lui-même.

Ce n’est pas sans rappeler une certaine fascination populaire pour Donald Trump. C’est le même type de régression.

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Magyd Cherfi capitule devant Johnny Hallyday

Magyd Cherfi a commis une pathétique tribune dans Libération. L’ancien chanteur de Zebda y explique qu’en tant que personne de gauche, il aurait dû forcément considérer Johnny Hallyday comme un beauf faisant de la variété.

Les valeurs de gauche ne feraient pas le poids face à la dimension christique de Johnny Hallyday!

Au lieu de se remettre en cause et d’élever son niveau, Magyd Cherfi a préféré basculer chez les beaufs, au nom du fait qu’au moins ce serait populaire. C’est le principe de la capitulation culturelle et une fois qu’on perd ses valeurs culturelles de gauche, on n’est tout simplement plus de gauche…

TRIBUNE
Johnny, plus qu’une voix, par Magyd Cherfi
Par Magyd Cherfi, Chanteur — 6 décembre 2017

J’ai fait partie de ces ados qui, dans les années 80, se moquaient de Johnny, à cause de ses fautes de syntaxe, de grammaire, de conjugaison, que sais-je.

C’étaient des années encore «politiques» et l’on portait encore à gauche. On ricanait de son inculture, on riait de sa beauté irréelle, de son allure d’apollon achevé, on moquait ses chansons, leur romantisme échevelé, parfois leur aspect réac.

On raillait son manque d’érudition, son vocabulaire étriqué. On se rassurait qu’un dieu puisse être faillible à ce point. C’était trop facile d’écrabouiller une idole accessible par son humanité.

J’ai fait partie de ces bobos d’avant l’heure qui déifiaient Ferré, en oubliant que le plus réac n’est pas celui qu’on croit. J’ai fait partie de ces prétentieux, sauf qu’en cachette j’achetais ses albums, à Johnny, je bavais du «beau» cousu main.

J’écoutais, agenouillé, une voix plus qu’un texte qui me dévastait, et repartais ailé. Oui, j’ai fait partie des «honteux» qui se croyaient une avant-garde et ne supportaient pas cette ombre venue de plus haut que tous les espoirs.

Il était le mégaphone de tous les appels au secours

J’oubliais que cet homme était plus qu’une voix et cette voix incarnait une détresse des bas-fonds et en même temps une lueur plus haute que les croix portées.

C’était une vibration qui détruisait les migraines, qui carapaçait les cœurs blessés. Elle redressait des corps fourbus et permettait qu’ils embauchent le matin dans les pires boulots, les tâches les plus ingrates.

C’était une voix qui venait au secours de la nôtre. Qui la musclait les jours de colère. Elle se plaquait à nos cordes vocales pour les secourir des cris de détresse étouffés. Il était le mégaphone de tous les appels au secours, oui, un mégaphone d’en bas.

Il portait sans s’en rendre compte la voix de tous les sans-voix, celle des exclus de tous les systèmes, il offrait un alphabet manquant au non-érudit, une plaidoirie à l’âme blessée, il offrait l’argument défaillant chez les démunis du verbe. Son répertoire est devenu une bible, une plaidoirie des muets cette masse inconfortable, la gloire des malheureux.

Cet homme, en ne voulant que se consoler, revigorait l’orgueil des battus, il battait en brèche tous les idéaux d’un monde meilleur, la promesse électorale et la prophétie divine mêlées.

C’était un dieu sans promesses que pour lui-même. Il vieillissait, souffrait, buvait, fumait et survivait à ses propres tares.

Il apaisait la peine du pauvre, du paria, du SDF, du chômeur

Ce Johnny, c’était pas un rockeur, c’était pas un chanteur mais un cataplasme de nos frustrations, un pansement de tous les malheurs de la vie. C’était un organe qui vous recousait le cœur les jours endeuillés.

Ce Johnny était plus que lui-même, il incarnait la consolation, il colmatait les douleurs prolétaires.

Il consolait les survivants des pires malheurs, tous les déclassés. Tous s’identifiaient à cet homme qui suggérait la possibilité de victoires sur le mauvais sort. Il devenait le grand remplaçant d’un être manquant, un cher disparu, une mère trop tôt partie, un enfant blessé.

Il apaisait la peine du pauvre, du paria, du SDF, du chômeur, de la femme battue, du Noir, de l’Arabe, du manouche, de celui même qui ne comprenait pas un traître mot de français.

Son chant allait au-delà du texte, au-delà de la chanson. Toujours il a été plus fort que ses airs, plus fort que lui.

Lui, gueule d’ange, chantait «qu’est ce qu’elle a, ma gueule ?» et tous les moches s’identifiaient à la simple intonation de la sincérité – prouesse.

Sa voix construisait un barrage de paupières contre les larmes de tous les chagrins, un barrage derrière lequel nous nous réfugions et j’ai pas l’impression à l’heure de ce deuil d’en faire des tonnes.

Aujourd’hui, je pleure un mort qui n’est pas de ma famille mais ne l’était-il pas ?

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Johnny Hallyday : les unes des quotidiens nationaux et régionaux

Voici les unes des quotidiens nationaux et régionaux, avec leur éloge de Johnny Halliday, qualifié par le président Emmanuel Macron de « héros français ».

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Florilège des éloges de Johnny Hallyday

Voici quelques exemples importants, au moins symboliquement et sur ce que cela retranscrit comme système de valeurs, des éloges de Johnny Hallyday.

 

 

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Décès de Johnny Hallyday : le communiqué de l’Élysée

Johnny Hallyday est un excellent exemple de pourquoi nous allons exister agauche.org. C’est un écorché vif qui est capable d’exprimer des émotions. Mais ce n’est ni un auteur, ni un compositeur.

Il est resté orienté dans un registre rock – variété particulièrement régressif, à l’image d’une France refusant catégoriquement toute évolution, tout changement. Sa carrière a été soutenue par tous les médias, en faisant une icône au-dessus des classes sociales, de toute critique aussi.

Les attitudes concernant Johnny Hallyday sont particulièrement régressives : il était intouchable, on lui accordait une dimension pratiquement christique.

Johnny Hallyday est l’exemple significatif du poids culturel de la France profonde, d’ouvriers capables de voter pour une droite « populaire », et cela pendant plusieurs décennies. Comme si le monde ne changeait pas, comme si aucun changement n’était jamais possible…

Emmanuel Macron, qui se veut résolument moderne, l’a parfaitement compris et le communiqué de l’Élysée est un parfait exemple de démagogie et de contribution à l’endormissement des gens.

On a tous en nous quelque chose de Johnny Hallyday.

Celui qui se disait fils de personne, né à Paris, un soir de juin 1943, s’appelait Jean-Philippe Smet et fut rapidement mieux connu sous le nom de Johnny.

La rock’n’roll attitude qu’il importa des Etats-Unis fit de lui l’idole des jeunes dans les années 60, et une figure de la génération yé-yé. Lorsque passa le bon temps du rock’n’roll, le public aurait pu l’abandonner. Il n’en fut rien. Une autre vie pour lui commença.

Celle d’un artiste puisant dans la musique qu’il aimait, qui venait du blues, du rock, de ces Etats-Unis rêvés. Celle d’un homme resté l’enfant qui faisait le rêve tout bleu de Nashville. Il tirait de cela une sincérité et une authenticité qui maintinrent vivant le feu qu’il avait allumé dans le cœur du public. Depuis plus de 50 ans, il était une icône vivante.

Il était le bad boy qui chantait l’amour, le rocker sentimental qui défiait Gabrielle ou Sarah, le cœur tendre allant de conquêtes en déchirures. Nous avons souffert et aimé avec lui.

A travers les générations, il s’est gravé dans la vie des Français. Il les a conquis par une générosité dont témoignaient ses concerts : tantôt gigantesques tantôt intimes, tantôt dans des lieux démesurés, tantôt dans des salles modestes.

Il chantait avec la même passion à Las Vegas et au Stade de France qu’à Epinal, Rodez ou Bar-le-Duc. Il n’a jamais vieilli parce qu’il n’a jamais triché. Parce qu’il est resté simple et amoureux de la vie. Et parce qu’il savait que le secret pour ne pas vieillir est d’avoir plusieurs vies.

Jusqu’au bout, libre dans sa tête, il aura été cette présence familière, cette voix tant de fois imitée, cette personnalité osant vivre pour le meilleur, et communiquant une énergie fraternelle à ce public qui en retour lui criait : « Que je t’aime ». Ce public aujourd’hui est en larmes, et tout le pays est en deuil.

Tout au long de sa carrière, il sut s’entourer des meilleurs – musiciens, compositeurs, paroliers -, les associant pleinement à ses succès et partageant souvent la scène avec un sens profond de l’amitié, qu’il s’agisse de plus jeunes que lui ou de ses immédiats contemporains comme récemment Eddy Mitchell et Jacques Dutronc.

Il s’honorait parfois aussi de la présence à ses côtés de quelques-unes de ses idoles, comme Lionel Richie.

De Johnny Hallyday nous n’oublierons ni le nom, ni la gueule, ni la voix, ni surtout les interprétations, qui, avec ce lyrisme brut et sensible, appartiennent aujourd’hui pleinement à l’histoire de la chanson française. Il a fait entrer une part d’Amérique dans notre Panthéon national.

Le Président de la République et son épouse présentent à Laeticia Hallyday, à ses filles Joy, Jade et Laura, à son fils David, à ses musiciens, à son équipe, à ses amis, à ses fans, leurs sincères condoléances.

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Nouvel ordre Politique

Le bel hymne du Parti Socialiste en 1977

Au milieu de l’année 1977, le Parti Socialiste tenait son congrès à Nantes, au Parc des expositions. Cela fut le prétexte à l’instauration d’un hymne, avec des paroles écrites par Herbert Pagani et une musique du Grec Míkis Theodorákis, deux artistes particulièrement engagés.

Les paroles sont une célébration de l’utopie et de la possibilité de réaliser celle-ci.

Les voix des femmes et les voix des hommes
Ont dû se taire beaucoup trop longtemps
Ne croyons plus aux lendemains qui chantent
Changeons la vie ici et maintenant
C’est aujourd’hui que l’avenir s’invente
Changeons la vie ici et maintenant

Prendre la parole
Décider nous-mêmes
Libérer nos vies des chaînes de l’argent
Écrire notre histoire à la première personne
Être enfin des hommes et non des instruments

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant

Ne versons plus au nom de leur puissance
Notre sueur, nos larmes, notre sang
Les travailleurs travaillent pour la France
Pas au profit de quelques possédants
Pour partager les fruits de l’abondance

Changeons la vie ici et maintenant
Prendre la parole
Décider nous mêmes

Libérer nos vies des chaînes de l’argent
Faire du bonheur notre monnaie courante
Maîtriser la science et dominer le temps

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant

Il nous faudra reprendre en main nos villes
Qui ne sont plus que des ghettos géants
Où le printemps n’a plus le droit d’asile
Où meurent les vieux, les arbres, les enfants
C’est dans nos propres murs qu’on nous exile

Changeons la vie ici et maintenant
Prendre la parole
Décider nous-mêmes

Libérer nos vies des fleuves de ciment
pour ne plus mourir de l’air que l’on respire
Et pour pouvoir vieillir auprès de nos enfants

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant

Un siècle meurt, un millénaire commence
Plus de prisons, de cages et de camps
Tendons la rose rouge de l’espérance
Aux opprimés de tous les continents
L’histoire est là qui nous offre une chance

Changeons la vie ici et maintenant
Libérer la femme
Libérer l’école
Donner la parole aux frères émigrants

Ecrire notre histoire à la première personne
Être enfin des hommes et non des instruments

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant.