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Renaud Muselier de retour d’Ukraine

Les choses sont claires.

Ce jeudi 20 avril 2023 se tenait dans la capitale ukrainienne Kiev, le sommet international des villes et régions. 50 pays étaient représentés, avec comme mot d’ordre était « Partenariat pour la victoire ».

A cette occasion, Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, s’est rendu sur place au nom de l’association des régions de France.

Depuis plusieurs années, les régions françaises ont toujours plus de poids dans la vie économique avec une budget autonome et une capacité de lever leur propre dette. Les régions les plus riches se placent donc aux avant-postes de la participation française à la reconstruction ukrainienne.

On parle d’un énorme marché, estimé à 411 milliards d’euros et dont le sommet a permis de mettre en lien chefs d’entreprises, présidents de régions, acteurs publics, etc.

Renaud Muselier s’est aussi rendu à Odessa pour assister à une cérémonie (fanatique) sur « les héros morts pour l’Ukraine » mais aussi pour assurer la participation des régions françaises, principalement PACA, à la reconstruction du port et des infrastructures touristiques de la ville. La région PACA a ainsi signé un mémorandum de coopération avec Odessa, qui n’est rien d’autre qu’un placement capitalistique.

On voit ici tout le projet fédéraliste européen à l’œuvre, l’accumulation du capital devant se réaliser dans le cadre de l’émiettement des territoires pour mieux investir là où la rentabilité sera la plus assurée. Lors du sommet à Kiev, le comité européen des régions a plaidé « en faveur d’une reconstruction de l’Ukraine fondée sur la décentralisation et la démocratie locale.

Évidemment, cela consiste à contourner aux mieux les législations nationales et les obstacles étatiques en profitant au maximum de la corruption des notables locaux. Par conséquent, le capitalisme occidental est en train de mettre sur pied les meilleurs conditions pour déverser son capital en Ukraine.

Nul hasard à ce que la région sud soit partenaire privilégiée dans la reconstruction d’Odessa, vue comme une base lucrative pour le tourisme estival comme l’est la Côte d’Azur pour la France. Et voilà assurés, si la guerre occidentale contre la Russie est remportée, de juteux investissements pour l’un des secteurs de pointe du capitalisme français.

Et la victoire occidentale est bien tout l’enjeu qui mène Renaud Muselier, également membre du parti présidentiel Renaissance, a assumé clairement l’objectif de la guerre en Ukraine comme d’une guerre pour le repartage mondial.

Sur le plateau de la chaine LCI le 25 avril, il a notamment déclaré les choses suivantes :

Ce sont des gens qui se font massacrer pour nous quand même. Et ce sont les mêmes que nous, c’est des catholiques, ce que vous voulez; on va pas nous expliquer que c’est des gens du bassin méditerranéen, des nord-africains. Ce sont des gens qui, aujourd’hui, se battent pur notre liberté.

Parce que là il est en train de se passer un combat civilisationnel en fait, entre nous et les américains, globalement, et les russes et les chinois. Les autocrates contre les démocrates. Et qu’il vaut mieux le gagner ce match, parce que si on le perd, on perdra l’Afrique, on perdra l’Asie, on perdra le continent sud-américain, on perdra notre civilisation.

Les choses ne peuvent être plus claires ! L’Ukraine est devenu le terrain d’affrontement entre grandes puissances pour redessiner les zones d’influences mondiales entre le bloc russo-chinois et la superpuissance américaine et ses vassaux, dont la France fait partie.

Tout a été fait pour transformer cette guerre comme un jalon dans la troisième guerre mondiale et il n’est aujourd’hui plus permis de revenir en arrière. Tout est jeté dans la bataille, et aucun camp ne reculera, surtout pas l’Otan qui joue ici une partition déterminante pour la suite du XXIe siècle.

Parler de la libération nationale de l’Ukraine est un mensonge éhonté, qui dessert précisément la nation ukrainienne. De ce fait, tout révolutionnaire conséquent ne peut que vouloir la défaite du régime ukrainien, la défaite d’un Occident qui cherche à se relancer sur le dos de la Russie.

Sabotez la guerre américaine contre la Russie ! Pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’Occident !

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Les États-Unis convoquent leurs vassaux à Ramstein

Ils veulent renforcer la guerre à la Russie.

Les États-Unis ont décidé qu’il fallait accentuer la fourniture d’armes et de matériel militaire à l’Ukraine, alors leurs vassaux étaient convoqués vendredi 21 avril 2023. En l’occurrence, il s’agit des pays membres de l’Union européenne et (ou) de l’Otan, ainsi que le Japon par exemple. Cela a eu lieu à Ramstein, sur une base militaire américaine dans le sud de l’Allemagne, symbole de la soumission de ce pays à la superpuissance américaine.

Puisqu’il s’agit de faire la guerre, c’est le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin qui présidait cette 11e réunion du « Groupe de contact de la défense ukrainienne » (qui est surnommé « forum de Ramstein » en raison du lieu).

Il avait à ses côtés le dirigeant de l’Otan Jens Stoltenberg, de retour de Kiev la veille. Pour amuser la galerie et assurer le spectacle, il a été fait comme si ce dernier venait relayer les demandes pressantes du président ukrainien Zelensky à fournir encore et toujours plus d’armes et de matériel militaire, en l’occurrence plus de blindés, d’artillerie, de munitions ainsi que des avions de combat et des systèmes de tirs de longue portée pour les russes derrière la ligne de front.

En réalité, l’Ukraine n’a absolument aucun poids et ce sont évidemment les États-Unis qui décident de tout, c’est-à-dire du rythme, de la nature et de l’organisation de ces livraisons d’armes. C’est précisément ce dont il s’agissait à Ramstein.

En général, il s’est agit de trois sujet clefs : la défense aérienne, les munitions et la coordination. En particulier, les États-Unis et l’Allemagne ont annoncé le début imminent de la formation des ukrainiens à l’utilisation des chars Abrams et Léopard. L’Allemagne a aussi annoncé un accord pour un centre de réparation des Léopard en Pologne. De plus, la question de la fourniture des avions de chasse occidentaux a été discuté une nouvelle fois.

Outre l’aspect technique et logistique, cette réunion (la 11e du genre, donc), avait également un but politique et diplomatique. Autrement dit, les directives américaines doivent être entendues et appliquées !

Lors de son discours d’ouverture, le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin a félicité ses vassaux pour leurs efforts dans la guerre américaine contre la Russie, présentant en détail les apports depuis plus d’un an. Le ton est celui de la bataille de l’occident contre les ennemis de la « démocratie », avec la Russie devant payer cher sa défiance à la superpuissance américaine.

« Mesdames et Messieurs, plus d’un an plus tard, l’Ukraine tient toujours bon. Notre soutien n’a pas faibli. Et je suis fier des progrès que nous avons réalisés ensemble.

Au total, les membres de ce groupe de contact ont fourni plus de 55 milliards de dollars d’aide à la sécurité pour l’Ukraine. C’est dix fois plus depuis notre première rencontre.

Au cours des derniers mois seulement, nous avons fourni l’équipement et la formation nécessaires pour appuyer neuf brigades blindées supplémentaires pour l’Ukraine. Cela a déjà renforcé la position de l’Ukraine sur le champ de bataille.

Ce groupe de contact a également fourni des systèmes de défense aérienne clés pour protéger le ciel, les citoyens et les infrastructures critiques de l’Ukraine. Cela inclut les systèmes Patriot des États-Unis, d’Allemagne et des Pays-Bas, SAMP/T d’Italie et de France et NASAMS du Canada et de Norvège.

Nous avons également amélioré la formation, le maintien en puissance et la puissance de nos bases industrielles.

Et tout au long, nous avons démontré notre unité et notre détermination. Nos efforts communs ont fait une énorme différence pour les défenseurs de l’Ukraine sur le champ de bataille. Et ils soulignent à quel point le Kremlin a mal calculé.

Poutine pensait qu’il pourrait facilement renverser le gouvernement démocratiquement élu de Kiev. Il pensait que le reste du monde le laisserait s’en tirer. Il pensait que notre unité éclaterait.

Mais il avait tort, à tous points de vue.

Alors que nous nous réunissons à nouveau à Ramstein, le monde entend nos voix haut et fort. Le monde voit ce que nous avons accompli ensemble. »

Ce qui compte est donc de continuer et renforcer l’effort de guerre, qui est la 3e guerre mondiale. Le ministre américain a été très clair sur le fait qu’il faille accentuer l’effort.

« Beaucoup d’entre vous ont puisé dans leurs réserves pour aider l’Ukraine. Certains de nos alliés, comme l’Estonie et la Lettonie, ont fait don de plus d’un pour cent de leur PIB à la cause de l’Ukraine.

L’Union européenne a récemment annoncé une importante initiative visant à accélérer la production industrielle de munitions. Et grâce au travail de nos directeurs nationaux des armements, de nombreux autres pays augmentent également leur production de munitions dont l’Ukraine a un besoin si urgent.

Maintenant, plus tôt cette semaine, les États-Unis ont annoncé leur 36e prélèvement présidentiel d’aide à la sécurité pour l’Ukraine, d’une valeur de 325 millions de dollars. Nous avons maintenant fourni plus de 35 milliards de dollars d’aide à la sécurité à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe à grande échelle. Dans ce dernier package, nous avons inclus plus de munitions pour HIMARS, des obus d’artillerie supplémentaires de 155 millimètres et 105 millimètres et d’importantes capacités antiblindées. »

Forcément, c’est l’Otan qui est au cœur de ce dispositif et c’est au dirigeant de l’Otan qu’est revenu le rôle de faire la communication à propos de cette réunion. Ce qu’il a raconté à la presse se résume de la façon suivante : il est très confiant dans le fait que les Ukrainiens sont désormais en mesure de libérer encore plus de terrain, raison pour laquelle il faut accentuer l’effort de guerre contre la Russie.

La guerre occidentale contre la Russie tourne donc à plein régime et va continuer de plus belle. Voici, pour finir, le résumé officiel de cet journée par l’Otan. Le ton et l’approche, ainsi que le contenu, sont très significatifs de la situation actuelle : c’est la 3e guerre mondiale.

« Secrétaire général de l’OTAN à Ramstein : nous devons renforcer le soutien à l’Ukraine

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a participé à une réunion du groupe de contact de défense ukrainien dirigé par les États-Unis à Ramstein, en Allemagne, vendredi 21 avril 2023, à la suite de sa visite en Ukraine. La réunion était présidée par le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin et le président des chefs d’état-major interarmées, le général Mark Milley.

Le secrétaire général a souligné l’importance d’intensifier l’aide militaire à l’Ukraine alors qu’elle continue de se défendre contre la guerre d’agression brutale de la Russie. « Je viens de rentrer de Kiev hier soir et j’ai rencontré le président Zelenskyy, et son message était qu’il apprécie vraiment et se félicite du soutien solide que les alliés et les partenaires de l’OTAN ont apporté à l’Ukraine, mais compte également sur nous pour continuer à soutenir l’Ukraine dans le futur », a-t-il déclaré.

M. Stoltenberg a remercié le secrétaire à la Défense Lloyd Austin pour son leadership et s’est félicité du nouveau programme d’assistance des États-Unis pour l’Ukraine, comprenant des munitions pour les systèmes de fusées d’artillerie à haute mobilité (HIMARS), des missiles avancés et des missiles antichars. Il s’est félicité des annonces récentes d’autres pays de l’OTAN, dont le Danemark et les Pays-Bas, concernant la livraison de véhicules blindés. Le secrétaire général a également appelé à la poursuite des fournitures de défenses aériennes, de munitions et d’entraînement. Il a ajouté que l’Alliance travaillait en étroite collaboration avec l’industrie pour accélérer la production d’armes et de munitions et reconstituer les stocks alliés.

Le secrétaire général a souligné l’importance d’intensifier l’assistance militaire non létale, notant que le programme d’assistance complet de l’OTAN fournit des fournitures médicales, des systèmes mobiles par satellite et des ponts flottants.

Pendant son séjour à Ramstein, le secrétaire général a également rencontré le ministre ukrainien de la Défense Oleksiy Reznikov et le ministre néo-zélandais de la Défense Andrew Little. »

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La Finlande intègre l’Otan

Un revirement historique renforçant la guerre.

La Finlande, petit pays de 5 millions et demi d’habitants, avait après la deuxième guerre mondiale, en 1948, signé un « traité d’amitié » et de coopération avec l’URSS. Après 1991, elle maintenait une position de non-alignement, restant systématiquement neutre par rapport à la Russie.

C’est donc un revirement historique qui s’est produit le 4 avril 2023 avec l’officialisation de l’intégration de la Finlande à l’Otan. Plus de neutralité donc, mais une hostilité assumée, en choisissant de se soumettre entièrement à la superpuissance américaine dont l’Otan est l’instrument politico-militaire international.

L’opinion publique finlandaise a été travaillée au corps en ce sens pendant des années par la propagande occidentale. C’était ambigu, en raison de l’officielle « finlandisation » régnante depuis la guerre froide, c’est-à-dire une neutralité affichée, même si en douce derrière l’armée finlandaise s’alignait discrètement sur l’Otan.

Mais la tendance à la guerre a rendu le processus inéluctable. En 2022, après l’invasion russe en Ukraine, ce fut un déchaînement pro-occidental, avec carrément le Premier ministre Sanna Marin annonçant qu’elle allait fournir des armes à l’Ukraine, contre la Russie.

A l’arrière-plan, tout le fond nationaliste du régime finlandais – du même type que celui en Suède, à la fois indirect et absolu – a été systématisé. Les bases idéologiques même de l’État finlandais partent de l’écrasement de la très puissante révolution finlandaise de 1918.

La Finlande était d’ailleurs alliée à l’Allemagne nazie pendant la seconde guerre mondiale. Un fasciste comme Lauri Törni, qui est passé de l’armée nazie à l’armée américaine au Vietnam, est célébré par les institutions finlandaises comme si de rien n’était.

Consciente de la situation avec plus de mille kilomètres de frontières avec l’Otan, la Russie est évidemment très mécontente. L’adhésion finlandaise est vue par elle comme un acte d’hostilité majeure, une « atteinte à sa sécurité ». Des « contre-mesures » ont été promises en retour.

Il ne faut pas se leurrer et nous l’avions expliqué dès mai 2022 : désormais Helsinki est une cible pour les armes atomiques russes, et il suffit de regarder la carte pour le comprendre.

La superpuissance américaine qui s’est arrogée l’Ukraine après s’être arrogée l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, continue donc sa stratégie d’encerclement et de pression sur la Russie.

La guerre mondiale pour le repartage du monde avance d’un nouveau pas, les blocs se forment, se renforcent et s’affrontent de plus en plus ouvertement.

Voici le communiqué, historique, de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord qui s’en prend ouvertement à Vladimir Poutine, dans le but assumé d’envenimer les choses.

« Ce jour (4 avril 2023), la Finlande est devenue le 31e pays membre de l’OTAN en remettant aux États-Unis, au siège de l’OTAN à Bruxelles, son instrument d’accession au Traité de l’Atlantique Nord. Le protocole d’accession de la Finlande a été signé par les autorités des pays de l’Alliance le 5 juillet 2022 et ratifié ensuite par les 30 parlements nationaux.

« Nous souhaitons à la Finlande la bienvenue au sein de l’Alliance », a déclaré le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, après que le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto, a remis l’instrument d’accession de la Finlande au gouvernement des États-Unis, représenté par le secrétaire d’État, Antony Blinken. Le secrétaire général a ensuite accueilli le président finlandais, Sauli Niinistö, au siège de l’OTAN pour une cérémonie de lever des couleurs afin de célébrer l’adhésion du pays à l’Alliance.

S’exprimant avant la cérémonie, le secrétaire général a remercié le président Niinistö pour ses grandes qualités de dirigeant et pour avoir amené la Finlande à intégrer l’Alliance qui, dans l’histoire, a le mieux réussi.

« Je suis extrêmement fier d’accueillir la Finlande en tant que membre à part entière de l’Alliance, et je me réjouis à la perspective d’accueillir également la Suède dès que possible », a-t-il déclaré.

Et d’ajouter « L’adhésion à l’OTAN est bénéfique pour la Finlande, bénéfique pour la sécurité nordique et bénéfique pour l’Alliance dans son ensemble ». Le secrétaire général a en outre fait observer que l’adhésion de la Finlande montre au monde que le président Poutine a échoué à « fermer la porte de l’OTAN ». « Alors qu’il voulait moins d’OTAN, il a obtenu tout le contraire : plus d’OTAN, et la porte de l’Alliance qui reste grande ouverte », a-t-il déclaré.

L’hymne national finlandais et l’hymne de l’OTAN ont été joués tandis que le drapeau finlandais était hissé pour la première fois au siège de l’OTAN, en présence du président Niinistö, du ministre des Affaires étrangères, M. Haavisto, du ministre de la Défense, M. Kaikkonen, des ministres des Affaires étrangères de tous les pays de l’Alliance et du pays invité, la Suède. Des cérémonies de lever des couleurs ont eu lieu simultanément au Commandement allié Opérations (SHAPE), à Mons (Belgique), et au Commandement allié Transformation, à Norfolk, en Virginie (États-Unis).

Se tenant aux côtés du président Niinistö, le secrétaire général a déclaré : « La Finlande est plus sûre et l’OTAN est plus forte avec la Finlande comme Allié. Vos forces sont conséquentes et très performantes, votre résilience est exceptionnelle, et depuis de nombreuses années des soldats finlandais et des soldats de pays de l’OTAN œuvrent côte à côte en tant que partenaires. À partir d’aujourd’hui, nous sommes solidaires en tant qu’Alliés. » »

Il va de soi que l’idée est de faire intervenir la Finlande sur le terrain – celle-ci se voyant promise une partie de la Russie. L’opinion publique finlandaise ne peut pas ne pas le savoir. C’est là qu’on va comment la marche à la guerre est irrépressible, les éléments se surajoutant, formant un engrenage.

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La narration américaine sur l’Ukraine

Une propagande ciselée.

Le Département d’Etat américain est l’équivalent du Ministère des Affaires étrangères. Il vient de publier un document sur le conflit militaire en Ukraine, donnant évidemment le point de vue de la superpuissance américaine.

Il faut étudier ce document, riche d’enseignements.

Il indique déjà qu’il y a une narration américaine très précise, dont le régime ukrainien est par ailleurs la voix. Cela indique bien que la propagande marche à fond, que tous les médias occidentaux la reprennent. Cela montre l’ampleur de la question et du bourrage de crâne qu’on connaît depuis plus d’un an.

Ensuite, on voit très bien comment la superpuissance américaine a un mal fou à masquer les traits fascistes du régime ukrainien. Elle a également énormément de difficultés à faire passer le message (ridicule) comme quoi il ne s’agit pas de détruire la Russie (alors que l’objectif est avoué).

Enfin, la superpuissance américaine montre bien qu’elle est engagée à fond et qu’elle ira au bout. Il y a bien une guerre américaine contre la Russie.

Et nous, en France, soutenons objectivement cette guerre car notre pays est partie prenante dans le camp occidental. C’est ça qu’il faut saboter – il faut la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident !

Voici ce document de la superpuissance américaine.

« La roulette de la désinformation : un an de mensonges du Kremlin pour justifier une guerre injustifiable

 Il est évident que les missiles ou l’artillerie de la Russie ne parviendront ni à briser notre unité ni à nous faire vaciller. Et il devrait être tout aussi évident que l’unité ukrainienne ne peut pas être brisée par les mensonges ou l’intimidation, par les fausses informations ou les théories du complot. » – Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy , le 16 juillet 2022

Le 24 février 2022, des millions de personnes en Ukraine ont été réveillées par un concert de sirènes annonçant un raid aérien , du jamais vu depuis 80 ans .

La Russie venait de lancer une invasion massive. Jusqu’à cette matinée fatidique, et pendant toute l’année qui a suivi, l’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie a déployé tout un éventail de messages mensongers dans le but de duper le monde quant aux intentions néo-impérialistes du Kremlin, de dépeindre au peuple russe sa guerre choisie contre l’Ukraine comme une riposte nécessaire à de prétendues menaces émanant des États-Unis et de l’OTAN, et de tenter de justifier une guerre injustifiable.

Le Kremlin a régulièrement modifié ses affirmations mensongères pour faire oublier ses échecs sur le champ de bataille et son isolement politique. Ce rapport mettra en évidence cinq des narratifs les plus saillants diffusés par l’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie :

1) La Russie était encerclée  par l’OTAN  avant l’invasion de février 2022 ; 2) L’Ukraine est en train de commettre un génocide  au Donbass ; 3) Le gouvernement ukrainien doit être « dénazifié et démilitarisé »  ; 4) Le rétablissement des valeurs traditionnelles exige la « désatanisation » de l’Ukraine ; et 5) La Russie doit combattre en Ukraine pour défendre sa souveraineté contre l’Occident.

Narratif mensonger no 1 : « L’encerclement » par l’OTAN et la Russie « n’est pas l’agresseur »

L’une des premières justifications fabriquées par le Kremlin à propos de la guerre est l’affirmation fallacieuse selon laquelle l’OTAN et « l’Occident » seraient des agresseurs menaçant la sécurité de la Russie. Pendant les mois qui ont précédé le 24 février 2022, la Russie a exigé des garanties sécuritaires , notamment des restrictions sur l’adhésion de pays à l’OTAN, une position qui rejetait le droit souverain de l’Ukraine et d’autres pays de choisir eux-mêmes leur politique étrangère.

Tandis que Moscou massait jusqu’à 190 000 soldats  à la frontière de l’Ukraine, le ministère russe des Affaires étrangères diffusait de fausses informations pour brouiller les intentions du Kremlin, affirmant  que les troupes russes ne se trouvaient pas à la frontière avec l’Ukraine et reprochant simultanément aux États-Unis et à leurs alliés de semer l’hystérie .

Le président Poutine a accusé à tort l’OTAN d’être responsable de l’escalade des tensions ; il a prétendu qu’il ne planifiait pas d’invasion , et il a accusé les États-Unis de se servir de l’Ukraine comme d’« un outil pour contenir la Russie » .

Cherchant à rejeter la faute, des organes  de désinformation liés au Service fédéral de sécurité russe (FSB), à la Direction du renseignement militaire (GRU) et au Service du renseignement extérieur (SVR) ont amplifié ces allégations mensongères, qualifiant les avertissements émis par les États-Unis et l’OTAN quant à une possible offensive militaire de la Russie contre l’Ukraine d’« hystérie occidentale  » visant à « entraîner l’Ukraine dans la guerre » .

Au cours de cette année de guerre, le Kremlin a changé son narratif mensonger sur les Occidentaux qui pousseraient à la guerre, et adopté la thèse selon laquelle les États-Unis et l’OTAN, en aidant l’Ukraine à se défendre, prolongeraient ou intensifieraient la guerre. À la suite d’une réunion ministérielle de l’OTAN en novembre 2022, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé  que la « majorité du monde » comprenait les menaces posées par l’OTAN, accusant  l’Alliance d’avoir soi-disant poussé l’Ukraine à poursuivre la guerre.

Des organes de désinformation, tels que Newsfront  (mandaté par le FSB) et Sputnik  (géré par l’État) ont tous deux cité de prétendus « experts » selon lesquels l’OTAN « versait de l’huile sur le feu » en promettant de l’aide supplémentaire à l’Ukraine. La Strategic Culture Foundation  et l’Oriental Review , deux organisations dirigées par le SVR, ont prévenu que l’Ukraine allait tenter d’« entraîner l’OTAN dans une guerre à l’intérieur des frontières de l’Ukraine » et ont affirmé avoir démontré que le conflit en Ukraine avait été provoqué par l’OTAN.

Le Kremlin ressuscite ces messages fallacieux à chaque fois que les partenaires de l’Ukraine annoncent de l’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine. Le dernier en date accuse l’OTAN de russophobie après que les États-Unis et l’Allemagne ont accepté de fournir des chars modernes Abrams M1 et Leopard à l’Ukraine.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov a repris ce narratif  à son compte en janvier 2023, affirmant : « L’OTAN, avec une persévérance maniaque (…), a systématiquement rampé jusqu’aux frontières russes, tout en zombifiant nos pays voisins avec des histoires d’horreurs russophobes. »

La Russie diffuse de fausses informations dépeignant l’OTAN comme l’agresseur afin de jeter la confusion. La Russie est la seule à avoir déclenché cette guerre, pas l’Ukraine. La Russie est l’agresseur, pas l’OTAN. Comme l’a déclaré  le secrétaire d’État Antony Blinken au Conseil de sécurité des Nations unies le 22 septembre 2022, « si la Russie arrête de se battre, il n’y a plus de guerre. Si l’Ukraine arrête de se battre, il n’y a plus d’Ukraine. »

Narratif mensonger no 2 : « Les provocations ukrainiennes » et « le génocide contre le Donbass »

Pendant que la Russie entretenait le mythe de l’agression de l’OTAN, elle a simultanément tenté de dépeindre à tort l’Ukraine comme étant en train de planifier une action militaire contre les Russes de souche dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine.

En janvier 2022, des responsables de la Fédération de Russie ont affirmé que Kyiv avait envoyé « la moitié de son personnel militaire » dans les zones du Donbass occupées par la Russie, et que l’Ukraine avait intensifié ses attaques  contre les pseudo-Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk  (RPD/RPL).

Le Kremlin a affirmé  que l’incursion de Kyiv dans le Donbass contrôlé par la Russie était imminente, tandis que les autorités alliées de la Russie ont prétendu  que l’Ukraine avait l’intention d’utiliser des armes chimiques le long de la ligne de contact entre les forces de défense de l’Ukraine et celles déployées en Ukraine par la Russie et ses alliés.

La fréquence avec laquelle cette fausse affirmation a été répétée s’est intensifiée après que les États-Unis ont révélé  le projet du Kremlin de mener une opération sous faux drapeau dans le Donbass contrôlé par la Russie, qui servirait de prétexte à une nouvelle invasion.

Le 3 février, les États-Unis ont discrédité ce narratif en levant le voile  sur le projet secret du Kremlin d’employer une vidéo fabriquée de toutes pièces par les services de renseignement russes et remplie de scènes choquantes d’explosions, de cadavres, de bâtiments et d’équipements militaires détruits, ainsi que d’acteurs se faisant passer pour des personnes en deuil.

L’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie a également accusé à tort l’Ukraine de terrorisme, prétendant que le pays préparait une « catastrophe chimique »  et suggérant que l’Ukraine allait mener une « frappe écrasante »  contre la centrale nucléaire de Zaporijia.

Le président Poutine a transformé ce narratif mensonger en prétexte à la guerre. Dans une déclaration  du 15 février, il a affirmé à tort qu’« un génocide avait lieu au Donbass ». À la suite de cette déclaration de Poutine, le Comité d’enquête russe a ouvert  une procédure pénale liée aux allégations de « fosses communes de civils »  au Donbass.

L’appareil de désinformation et de propagande du Kremlin a continué à promouvoir des messages fallacieux accusant l’Ukraine de « génocide », notamment par le biais du site Web « Tragedy of Donbas »  (La tragédie du Donbass), qui selon le Washington Post , est géré par les services du renseignement militaire russes. Les agents d’influence financés par le gouvernement russe utilisent un réseau de sites Web  et de blogs  ciblant l’Ukraine, l’OTAN, l’Union européenne et les États-Unis pour amplifier la désinformation, y compris pour diffuser ce narratif .

Le discours  télévisé de Poutine, le 21 février 2022, a cimenté cette thèse infondée pour justifier la guerre. Prétendant reconnaître comme des États indépendants les pseudo-Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk sous contrôle russe, la Russie a ordonné  le déploiement de troupes de « maintien de la paix » au Donbass.

Pour diaboliser l’Ukraine aux yeux de l’opinion russe, Poutine a accusé à tort l’Ukraine d’avoir commis « un génocide » et d’avoir fait preuve de discrimination à l’égard de la population russophone du Donbass depuis 2014. Il a ainsi créé un prétexte à la prétendue nécessité de « protéger les nôtres », faisant passer de manière peu convaincante son agression pour une opération visant à arrêter « un génocide » inexistant.

Des médias indépendants, des experts de la lutte contre la désinformation et des organisations internationales multilatérales de défense des droits humains ont rigoureusement réfuté ce narratif. L’équipe de fact-checking de la BBC  a souligné : « Il n’y a aucune preuve de génocide ». Polygraph.info  a discrédité cette affirmation en signalant que Poutine et d’autres responsables de la Fédération de Russie avaient « employé librement le terme de génocide » contre la Géorgie lors de l’invasion du pays par la Russie en 2008.

Polygraph.info a également fait remarquer : « L’incident le plus proche [d’un génocide] a peut-être été commis en 2014 par les forces russes à Sloviansk, où les forces ukrainiennes qui ont repris la ville ont trouvé une fosse commune contenant 20 corps. » Le Conseil de l’Europe , le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme  et la Mission d’experts établie dans le cadre du Mécanisme de Moscou de l’OSCE  ont conclu de manière indépendante qu’il n’y avait aucune preuve que des personnes d’origine russe ou russophone aient été persécutées par les autorités ukrainiennes.

Ces messages mensongers resurgissent à chaque fois que la guerre d’agression du Kremlin subit des revers stratégiques. L’analyse des narratifs à partir des données de médias sociaux sur Telegram, menée par le GEC, montre des pics de conversations en russe à propos du « génocide au Donbass » lors de ces revers.

Par exemple, le Kremlin a ressorti du placard ces fausses informations en juin 2022, un mois marqué par plusieurs échecs stratégiques pour Moscou. Quand le premier système de roquettes d’artillerie à haute mobilité (HIMARS) est arrivé en Ukraine , et quand l’Ukraine s’est vu accorder le statut de candidate à l’UE , le département de la Justice des États-Unis a annoncé  des mesures de responsabilisation visant à « aider à identifier, appréhender et poursuivre en justice les personnes impliquées dans des crimes de guerre et des atrocités » en Ukraine.

L’ambassade de Russie à Washington a riposté en répétant les allégations fallacieuses du Kremlin  selon lesquelles des Ukrainiens auraient commis un génocide contre la population russophone.

Le début de la contre-offensive de Kherson en Ukraine en septembre, la libération rapide de la région de Kharkiv et les annonces de mobilisation faites par la Russie qui ont suivi ont donné une impulsion supplémentaire au Kremlin pour relancer ce narratif. Le président Poutine a démarré le mois de septembre par des déclarations  truffées de fausses informations, affirmant que la Russie essayait seulement d’arrêter « le génocide »  qui aurait été perpétré par Kyiv depuis 2014.

Dans son discours du 30 septembre  annonçant la soi-disant annexion des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia après les pseudo-référendums, Poutine a répété à tort que « pendant huit longues années, les habitants du Donbass ont été soumis à un génocide, à des bombardements et des blocus, et qu’ils ont fait l’objet d’une politique criminelle visant à cultiver la haine envers la Russie et tout ce qui est russe », et il a accusé l’Ukraine de « réserver aux russophones à l’intérieur de ses frontières le même sort que celui que l’Occident ‟colonialiste” cherche à infliger au monde entier ».

Le Kremlin prétend défendre le peuple russophone d’Ukraine contre « un génocide » inexistant. Pourtant, depuis huit ans, les forces d’invasion russes et leurs alliés ont semé la mort et la destruction dans des régions majoritairement russophones de l’Ukraine.

Des millions de personnes ont fui les zones occupées par la Russie dans l’est et le sud du pays. La destruction de Marioupol , ville russophone, est catastrophique. Au mois mars 2022, le gouvernement américain a estimé que des membres des forces russes avaient commis des crimes de guerre  en procédant à des opérations de filtration  et en expulsant illégalement des milliers de civils ukrainiens.

Au mois de février 2023, s’appuyant sur des preuves de plus en plus nombreuses provenant des régions russophones de l’Ukraine libérées de l’occupation russe, le gouvernement américain a déterminé que des membres des forces russes et des responsables russes avaient commis des crimes contre l’humanité  en Ukraine, notamment en torturant des civils en détention au moyen de passages à tabac, d’électrocutions et de simulacres d’exécution, ainsi que par le viol et le meurtre relevant de l’exécution d’hommes, de femmes et d’enfants ukrainiens.

La Russie cherche à priver l’Ukraine de sa souveraineté et de son indépendance, et à supprimer son histoire et sa culture. Pendant que la Russie occupait Kherson, les autorités de la ville ont vidé les bibliothèques de la littérature ukrainienne et pillé des objets culturels  dans les musées.

Le gouvernement russe a déporté systématiquement  et illégalement  au moins 6 000 enfants d’Ukraine vers un réseau d’établissements en Crimée occupée par la Russie et dans toute la Russie, où ils sont « rééduqués »  ou mis en adoption  aux quatre coins du pays. Ces enfants ne sauront peut-être jamais qu’ils viennent d’Ukraine . Le Kremlin semble déterminé à rejeter l’existence de l’Ukraine en tant qu’État, en tentant de faire table rase de son passé — et de son avenir .

Narratif mensonger no 3 : « La dénazification et la démilitarisation »

Le président Poutine a invoqué le récit de désinformation le plus persistant du Kremlin dans son discours, avant l’aube, annonçant le lancement de l’invasion massive du 24 février . Il a déclaré : « L’objectif de cette opération est de protéger des personnes qui, depuis huit ans, sont confrontées à l’humiliation et au génocide perpétrés par le régime de Kiev. À cette fin, nous chercherons à démilitariser et à « dénazifier » l’Ukraine. »

Il a porté des accusations sans queue ni tête  contre le gouvernement démocratiquement élu de l’Ukraine, le comparant à « un gang de toxicomanes et de néonazis qui se sont installés à Kiev et ont pris en otage le peuple ukrainien tout entier ».

Il est absurde d’accuser de néonazisme le président de l’Ukraine, Zelensky, qui est juif. Mais les allégations de la Russie sont aussi calculées qu’elles sont abracadabrantes. Depuis des années, le Kremlin assimile méthodiquement la soi-disant « russophobie » au néonazisme.

Le gouvernement russe a eu recours à l’antisémitisme  à plusieurs reprises pour diffuser de fausses informations sur la guerre de Moscou en Ukraine. Cela fait longtemps que le Kremlin instrumentalise l’histoire de la Seconde Guerre mondiale pour encourager un sentiment nationaliste en Russie lorsqu’il promeut ses ambitions géopolitiques.

En janvier 2023, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a lancé la formule  « Soutien à l’Ukraine = russophobie = néonazisme » en comparant à tort l’aide fournie par l’Occident à l’Ukraine pour se défendre contre la Russie à l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie. Lavrov a invoqué le génocide intenté par Hitler contre les Juifs pour résoudre ce qu’il appelait « la question juive », accusant l’Occident de comploter « pour enfin résoudre la question russe » .

Ce narratif a émergé au premier plan lorsque la Russie a essuyé de lourdes pertes sur le champ de bataille au début de la guerre. Dans son discours du 9 mai marquant la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale, Poutine a amplifié ce narratif, déformant l’histoire pour justifier sa guerre brutale contre l’Ukraine. Poutine a affirmé à tort que sa guerre de choix était un acte « sacré » et « patriotique », semblable à la lutte des Soviétiques contre l’Allemagne nazie (appelée en Russie la Grande Guerre Patriotique) ou à toute guerre dans laquelle la Russie « s’est défendue ».

En répétant ses arguments habituels de propagande, Poutine a accusé l’Occident de « mettre fin » aux valeurs traditionnelles, de falsifier l’histoire et de promouvoir la russophobie. Le Kremlin manipule et déforme sans arrêt l’histoire afin d’exploiter le sentiment de fierté animant le peuple russe qui a consenti des sacrifices pour vaincre le nazisme.

En outre, le Kremlin qualifie régulièrement de « coup d’État fasciste »  la Révolution de la dignité qui a eu lieu en Ukraine de 2013 à 2014. Ces distorsions de l’histoire ont un objectif stratégique, à savoir susciter le patriotisme et rallier le soutien de la Russie à la guerre de Poutine contre l’Ukraine.

Si la thèse de « la dénazification »  a servi à Poutine de justification principale dans son discours du 24 février 2022, il semble qu’elle n’ait pas fait écho longtemps au sein du public russe. L’analyse par le GEC des conversations en russe sur Internet montre une légère hausse du volume des conversations en ligne impliquant ce narratif à la fin février, immédiatement après le discours.

Dès mars 2022, les responsables russes ont progressivement réduit  l’utilisation de cette version du narratif. Tout au long du mois de mars, les délégations russe et ukrainienne ont entamé plusieurs séries de négociations  pour établir des couloirs humanitaires afin d’aider à évacuer les civils et de parvenir à un cessez-le-feu.

La diminution du nombre de fois où est mentionné le narratif de « la dénazification » est peut-être un signe que, même pour le Kremlin, la dissonance cognitive était trop forte pour faire avaler au public le fait qu’il négocie avec les responsables ukrainiens tout en essayant de les « dénazifier ».

Cependant, le sursis de la « dénazification » a été de courte durée. Ce narratif a atteint son point culminant dans les messages en russe sur Telegram fin mars et début avril. Lorsque des preuves de crimes de guerre et de charniers ont commencé à émerger à Boutcha  après le retrait des troupes russes, l’écosystème de désinformation et de propagande du Kremlin a répondu au tollé mondial suscité par ces sinistres révélations en niant, dans un premier temps, l’implication de ses forces, puis en contestant la véracité des informations et en renouvelant la thèse de la « dénazification ».

Accusant à tort l’Ukraine d’employer des tactiques que la Russie elle-même utilise, le ministère russe de la Défense a affirmé  à tort : « Les photos et les vidéos de Boutcha sont une autre imposture, une mise en scène et une provocation par le régime de Kiev à l’intention des médias occidentaux. » Le ministère russe des Affaires étrangères a prétendu  à tort qu’il y avait « des signes de vidéos contrefaites et d’autres falsifications ».

Les ambassades et les médias russes dans le monde entier ont amplifié ces conspirations pourtant facilement discréditées , notamment les affirmations selon lesquelles l’Ukraine aurait utilisé de faux cadavres  qui se sont « réanimés » une fois les caméras éteintes. En dépit des preuves abondantes fournies par le New York Times Bellingcat  et la BBC  contredisant les affirmations de la Russie et démontrant son implication, la machine à désinformer du Kremlin a continué d’essayer  de cacher la vérité.

Le média d’État russe RIA Novosti a tenté de détourner l’attention en publiant un article qui plaidait pour « la dénazification de la majorité de la population ukrainienne »  par « la rééducation, la répression idéologique (…) et une censure stricte : non seulement dans la sphère politique, mais obligatoirement aussi dans la sphère de la culture et de l’éducation ». En outre, l’article préconisait le gommage de l’Ukraine en tant qu’État, notamment par la « désukrainisation », affirmant qu’« un pays dénazifié ne peut pas être souverain ».

Malgré la nature grotesque de ce narratif, il reste utile à l’écosystème russe de désinformation. Par rapport aux quatre autres narratifs du Kremlin abordés dans ce rapport, celui de la « dénazification » a été le plus souvent utilisé si l’on regarde le volume quotidien de publications, et il continue de provoquer le plus haut niveau d’engagements si l’on mesure le nombre de réactions et de partages.

L’écosystème russe de désinformation et de propagande renoue avec la thèse de « la dénazification », destinée à rejeter la faute, à chaque fois que Moscou subit des revers stratégiques.

Un narratif que le président Poutine a une fois de plus brandi sans vergogne dans son message du 27 janvier 2023  à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. « Oublier les leçons de l’Histoire, a-t-il dit, conduit à la répétition de terribles tragédies. Les crimes contre les civils, le nettoyage ethnique et les actions punitives organisées par les néonazis en Ukraine en sont la preuve. »

Il a persisté dans la même veine lors de son discours du 1er février marquant le 80e anniversaire de la bataille de Stalingrad, pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’il a accusé l’Occident de nazisme  : « Nous constatons aujourd’hui que, malheureusement, l’idéologie du nazisme – cette fois sous sa forme moderne – crée à nouveau des menaces directes pour notre sécurité nationale, et nous sommes, encore et toujours, contraints de résister à l’agression de l’Occident collectif. »

L’escalade de ses joutes oratoires faisait suite à l’annonce, quelques jours plus tôt, que l’Allemagne et les États-Unis allaient livrer des chars  Leopard et Abrams M1 à l’Ukraine pour l’aider à se défendre contre l’attaque brutale de la Russie.

Les éléments de preuve des crimes du Kremlin contre les civils ukrainiens dans les zones occupées par la Russie s’accumulent aussi rapidement que les mensonges flagrants du Kremlin. À la fin du mois de janvier 2023, l’Ukraine enquêtait sur près de 67 000 crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés  – tels que des exécutions sommaires, des viols, des tortures, des enlèvements et des déportations forcées, des bombardements aveugles ainsi que des attaques ciblées contre des civils et des biens civils.

Des enquêtes indépendantes, des organisations médiatiques , la Commission d’enquête indépendante des Nations unies sur l’Ukraine  et des missions d’experts dans le cadre du Mécanisme de Moscou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe  ont toutes démontré que des membres des forces russes ont documenté une série de crimes de guerre et d’autres atrocités commis par des membres des forces russes en Ukraine.

Ces crimes contre l’humanité  ne sont pas un phénomène isolé. Ils s’inscrivent dans le droit fil de l’attaque généralisée et systématique du Kremlin  contre la population civile de l’Ukraine. Le narratif de la « dénazification » colporté par le Kremlin et la déshumanisation méthodique  du peuple ukrainien dans les propos tenus jouent un rôle dans ces abus inadmissibles.

Les survivants de l’occupation russe de Boutcha ont rapporté que les forces russes faisaient du porte-à-porte et fouillaient les immeubles résidentiels « à la recherche de nazis  ». Lorsque la ville de Kherson a été libérée par l’Ukraine, des témoins ont évoqué  la vie sous l’occupation russe : « Si les Russes vous entendent parler ukrainien, ils vous prennent pour un nazi. Ils vérifient les réseaux sociaux, les tatouages ; si vous avez des symboles ukrainiens sur votre corps, ça va vous attirer des ennuis. »

Narratif mensonger no 4 : Redéfinir la guerre comme non plus une « dénazification » mais une « désatanisation »

Maintenant que la guerre franchit le cap de la première année, le Kremlin tente de justifier ses actions injustifiables en affirmant désormais qu’il combat « le satanisme occidental ». Certes, les propagandistes du Kremlin diabolisaient  déjà les Ukrainiens au moins depuis avril 2022, mais l’assimilation par le président Poutine de ce qu’il appelle les valeurs occidentales à du « satanisme pur et simple », dans son discours du 30 septembre 2022 , a propulsé cette accusation au rang de narratif officiel.

Le Kremlin de Poutine s’est autoproclamé le gardien des « valeurs traditionnelles » contre les valeurs étrangères dépravées que, selon lui, l’Occident avance en Ukraine et tenterait d’imposer à la Russie. Ce narratif est apparu pour la première fois en avril 2022, après la découverte des atrocités commises par la Russie à Boutcha.

L’un des plus ardents défenseurs du concept de « Russkiy mir » (monde russe), le chef de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Kirill, a prêché que la Russie se battait en Ukraine pour la « véritable indépendance » du « monde russe », qu’il considère comme le dernier bastion contre l’Occident immoral et dépravé. Cette action, dit-il, reflète « la vérité de Dieu  » et repousse « l’Antéchrist  » contre l’épouvantail de la puissance mondiale , adversaire de la Russie.

Le patriarche considère  que l’Ukraine fait partie du « territoire canonique » de l’Église orthodoxe russe, bien que la majorité des croyants orthodoxes ukrainiens se réclament  de l’Église orthodoxe autocéphale indépendante d’Ukraine  ou se disent « simplement orthodoxes ». Kirill dépeint les actions du Kremlin comme une guerre sainte « fratricide »  que la Russie doit livrer à ceux qui veulent faire des Ukrainiens, « partie intégrante de la sainte Rus’ unie », un État « hostile à la Russie ».

L’écosystème de désinformation et de propagande du Kremlin a amplifié le message du patriarche Kirill par le biais de ses nombreux piliers . Les personnalités publiques des organes de propagande d’État  ont commencé à dépeindre la Russie comme « l’incarnation des forces du bien », évoquant un « affrontement métaphysique entre les forces du bien et du mal » et une « guerre sainte » dont la Russie doit sortir vainqueur.

Les sites  de désinformation agissant pour le compte  du Kremlin, tels que News Front , qui relève du FSB, et Tsargrad , sur la liste de désignation des États-Unis, un maillon du réseau d’influence malveillante de l’oligarque russe Konstantin Malofeyev inculpé par les États-Unis , sont allés encore plus loin en qualifiant  les Ukrainiens de « satanistes ». Le Kremlin a ainsi ajouté une « croisade » à sa liste de prétextes pour mener une guerre brutale et commettre des atrocités contre le peuple ukrainien.

Ce narratif a refait surface lorsque la Russie a essuyé des revers cuisants sur le champ de bataille tout au long de l’été et de l’automne.

En juillet 2022, lorsque le gouvernement russe proposait d’étendre l’interdiction de la « propagande » sur les « relations sexuelles non traditionnelles  » – une proposition qui est devenue loi après la signature de Poutine en décembre 2022 – des personnalités  du Kremlin ont présenté l’exclusion  de la Russie du Conseil de l’Europe en mars 2022 comme l’échec des « efforts visant à imposer des valeurs étrangères et le mariage homosexuel » à la Russie, alors que la décision du Conseil de l’Europe était motivée par l’agression de la Russie contre l’Ukraine.

Les commandants militaires de la République de Tchétchénie, dirigée par l’homme fort Ramzan Kadyrov, sous le coup de sanctions des États-Unis, ont proclamé  à maintes reprises que la Russie menait une guerre sainte en Ukraine  contre « l’armée de l’Antéchrist » et « les valeurs sataniques LGBT ».

Dans un discours en septembre , le président Poutine a attaqué l’Occident et sa « dictature des élites occidentales » pour leur « déni radical des normes morales, de la religion et de la famille », qu’il a qualifié de « satanisme pur et simple ». Poutine a laissé entendre que les pays occidentaux menaient des « expériences monstrueuses  » sur des enfants. Les lois  de la Russie et la rhétorique du Kremlin amalgament à tort  personnes LGBTQI+ et pédophilie.

Poutine n’est pas le seul à tenir des propos extrêmes. Emboîtant le pas au Kremlin, Ivan Okhlobystine, acteur excentrique, prêtre défroqué et fervent partisan de Poutine, a appelé  à pleins poumons à la « guerre sainte » lors d’un rassemblement organisé le 1er octobre sur la Place Rouge en soutien à la tentative d’annexion de quatre régions d’Ukraine par la Russie.

Apparemment à la stupéfaction  d’une partie de l’assistance, Okhlobystine a crié  Goyda ! (Гойда), un vieux cri de guerre russe que poussait Ivan le Terrible pour appeler sa police secrète . Okhlobystine continue sur un ton théâtral : « Aie peur, vieux monde ! Dénué de la vraie beauté ! De la vraie foi ! De la vraie sagesse ! Gouverné par des fous, des pervers, des satanistes ! Aie peur, on arrive ! »

Fin octobre, d’autres responsables du Kremlin ont amplifié les appels  à la « désatanisation » de l’Ukraine, affirmant que l’Occident s’employait, par la promotion de cultes sataniques, à « reformater » l’esprit des Ukrainiens pour les dresser contre les valeurs traditionnelles incarnées par la Russie.

L’homme fort de Tchétchénie, Kadyrov, a exhorté  les hommes russes à prendre les armes et à partir en « djihad  » contre les satanistes ukrainiens, appelant à « rayer de la carte  » les villes de l’Ukraine. Selon des sources  dignes de foi, les combattants tchétchènes de Kadyrov en Ukraine ont commis des atrocités .

Face à la vigueur des contre-offensives des forces ukrainiennes dans la région de Kharkiv et de Kherson, le narratif de la « désatanisation » a refait surface et s’est intensifié.

À mesure que la Russie continue de subir des pertes sur le champ de bataille et dans l’opinion publique mondiale, le Kremlin cherche un argument qui va tenir, en avançant des idées chacune plus absurde que la précédente.

Les efforts du Kremlin pour diaboliser les Ukrainiens en les qualifiant de « satanistes » ne sont qu’une tentative à peine voilée destinée à expliquer ses pertes au peuple russe et à justifier celles qui suivront. A priori dénué de pertinence, le narratif de la « désatanisation » déshumanise le peuple ukrainien et tente de justifier la dépravation et les atrocités cruelles à son encontre.

Narratif mensonger no 5 : « Défendre la souveraineté de la Russie » contre l’Occident

Les plans de Poutine relatifs à des simulacres de référendum et à une mobilisation militaire ayant été mis à mal par la contre-offensive de l’Ukraine en septembre 2022, le Kremlin a changé de discours : sa guerre de choix est devenue une guerre de nécessité « pour défendre la souveraineté de la Russie  ».

Un an seulement après avoir présenté ses « exigences sécuritaires » soi-disant pour éviter un conflit, le Kremlin a bouclé la boucle, revenant à son narratif de désinformation initial selon lequel l’Occident serait le véritable agresseur et voudrait détruire la Russie au moyen d’une guerre par acteurs interposés en Ukraine. Perdre du terrain face à l’Ukraine, un État membre de l’ONU que Poutine a rejeté  comme n’étant « pas un vrai pays », serait inconcevable.

Confronté à la libération de la région de Kharkiv par l’armée ukrainienne, le Kremlin a opté pour un nouveau narratif selon lequel la Russie se bat pour défendre sa souveraineté contre l’Occident. Le 21 septembre 2022, Poutine a allégué que la mobilisation partielle  et les simulacres de référendum  étaient nécessaires pour « protéger la souveraineté, la sécurité et l’intégrité territoriale de la Russie ».

Le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou , et le le président de la Douma, Viatcheslav Volodine , se sont fait l’écho de cette interprétation en arguant que la mobilisation était nécessaire parce que la Russie combattait l’Ukraine ainsi que l’OTAN et « l’Occident collectif ».

Lorsque l’Ukraine a libéré la ville de Kherson de l’occupation brutale de la Russie et que des milliers d’hommes ont fui la Russie pour éviter la mobilisation , Poutine a de nouveau rejeté la responsabilité de la guerre sur l’Ukraine et l’Occident. Dans son discours du 15 novembre, Poutine a soutenu , à tort, que la guerre résultait des efforts  déployés par l’Occident en vue de déstabiliser l’Ukraine, accusant l’Occident de vouloir affaiblir la Russie et présentant la guerre comme une mesure défensive contre le sabotage.

Dans son discours à la nation  à la Saint-Sylvestre 2022, le président Poutine a dépeint « l’opération militaire spéciale » de la Russie sous le jour d’une lutte existentielle visant à garantir la « souveraineté » et « l’indépendance véritable » de la Russie. Flanqué de membres présumés des forces armées russes, dont certains étaient peut-être des acteurs , dans un décor qui rompait avec la toile de fond traditionnelle du Kremlin, il a recyclé des narratifs de désinformation sur l’hypocrisie de l’Occident.

Poutine a affirmé que les « élites occidentales » faisaient seulement semblant d’aider à résoudre « le conflit dans le Donbass » et « encourageaient les néonazis » à poursuivre « les actions terroristes contre des civils pacifiques ». Il a ensuite accusé l’Occident de « mentir en parlant de paix tout en se préparant à l’agression » et d’« utiliser cyniquement l’Ukraine comme moyen d’affaiblir et de diviser la Russie ». Il a ajouté que l’Occident avait déchaîné « une vaste guerre de sanctions », mais que la Russie avait prévalu.

Enfin, il a affirmé que cette « lutte » servait d’exemple aux autres pays « en quête d’un ordre mondial multipolaire juste ». Au-delà des prétextes habituels, Poutine a fait appel au patriotisme, déclarant que la défense de la patrie était un « devoir sacré » et que la « vérité morale et historique » se trouvait du côté de la Russie.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a renforcé  ce narratif le 18 janvier 2023  en dressant le bilan de la diplomatie russe pour l’année 2022.

Il a déclaré : « Comme Napoléon, qui a mobilisé presque toute l’Europe contre l’Empire russe, et Hitler, qui a occupé la majorité des pays européens et les a déchaînés contre l’Union soviétique, les États-Unis ont créé une coalition rassemblant presque tous les États européens membres de l’OTAN et de l’Union européenne, et utilisent l’Ukraine pour mener une guerre par acteurs interposés contre la Russie dans le but d’en finir une fois pour toutes avec la « question russe », comme Hitler, qui cherchait une solution finale à la « question juive ».

À la fin du mois de janvier 2023, donnant suite aux demandes des médias après la conférence de presse susmentionnée, Lavrov persiste et signe  : « Il est clair depuis longtemps pour nous que l’existence même de la Russie en tant que l’un des éléments constitutifs du vaste espace eurasiatique pose problème à nos adversaires. »

Dans une version de ce narratif particulièrement tirée par les cheveux, le Kremlin présente le partenariat et la coopération  à l’échelle internationale sur la réduction des menaces biologiques en Ukraine comme une menace pour la souveraineté de la Russie et l’ethnicité russe. La machine à désinformer du Kremlin a organisé une attaque généralisée  contre la vérité dans les organisations multilatérales , cherchant à dépeindre des travaux de recherche pacifiques  en Ukraine comme des expériences sur des armes biologiques qui consisteraient à dresser des oiseaux migrateurs  et des chauves-souris  malades destinés à menacer la Russie.

En juillet 2022, les médias d’État  et ceux agissant au nom de la Russie  ont fait passer la désinformation sur les « laboratoires biologiques gérés par les États-Unis » dans le domaine de la science-fiction lorsqu’ils ont donné la parole à des responsables russes selon lesquels  les soldats ukrainiens étaient soumis à des expériences  capables « de neutraliser les dernières traces de conscience humaine et de faire d’eux les monstres les plus vicieux et les plus mortels possible » ainsi que des « machines cruelles sous le contrôle des États-Unis ».

Ces déclarations font suite aux accusations portées en mars 2022 par le ministère russe de la Défense selon lesquelles les États-Unis développaient en Ukraine des « armes bioethniques  » destinées à cibler les Slaves de souche, comme les Russes. Ces affirmations farfelues servent à alimenter les théories du complot et à dépeindre la guerre de la Russie contre l’Ukraine comme une « lutte pour la souveraineté » existentielle face à l’Occident, ainsi qu’à détourner l’attention pour dissimuler la performance médiocre des forces russes.

Selon un autre élément grotesque de ce type de désinformation, les Ukrainiens subiraient un lavage de cerveau de la part de l’Occident. Dans une interview  du 30 janvier 2023, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a accusé l’OTAN de « zombifier » délibérément les pays voisins de la Russie en leur racontant « des histoires d’horreur russophobes » et en montant des actions « dont le but est de détruire notre code historique et culturel ».

La propagandiste du Kremlin Margarita Simonyan  a amplifié ce narratif : si l’idée de combattre leurs « frères » ukrainiens est une pilule difficile à avaler pour les Russes, a-t-elle déclaré, l’Occident « lui a enlevé son goût amer pour ce qui est de se battre avec les Ukrainiens ou même pour eux. Il apparaît clairement maintenant que la lutte contre l’Occident était peut-être inévitable. »

Pour tenter de justifier l’invasion de la Russie en 2022, le Kremlin a prétendu que l’Occident refusait de négocier, alors même que c’était Moscou qui s’était retiré des négociations . Cherchant à justifier la poursuite de la guerre, le Kremlin accuse à tort l’Occident de vouloir démembrer la Russie et détruire la culture russe.

Pour faire accepter à la population russe le mensonge selon lequel Moscou a attaqué à juste titre ses voisins, un peuple « frère » aux yeux de nombreux Russes, le Kremlin affirme que l’Occident a zombifié les Ukrainiens.

Dans cette version pervertie de la réalité, la Russie peut faire valoir qu’elle combat non pas des « frères » ukrainiens, mais des Ukrainiens « zombifiés », « néonazis » et « satanistes ». Pour rendre les pertes de la Russie acceptables, le Kremlin prétend qu’il n’est pas en guerre contre l’Ukraine mais qu’il se bat noblement en Ukraine pour « défendre sa souveraineté » contre l’incursion de l’Occident.

Conclusion : « Nos terres historiques »

Le courage et la résilience du peuple ukrainien, sa détermination absolue à défendre l’indépendance et la démocratie de son pays, l’unité des États-Unis et de leurs alliés et partenaires pour soutenir la légitime défense de l’Ukraine, et la condamnation mondiale de l’agression par la Russie, forcent le Kremlin à changer constamment de narratifs pour tenter de justifier sa guerre auprès de la population russe et de la communauté internationale.

Les mensonges de la Russie ne changent rien à la vérité. Le Kremlin a choisi de commencer cette guerre, et le Kremlin peut choisir d’y mettre fin.

L’Ukraine est un État indépendant et membre des Nations unies. Elle a le droit souverain de défendre son territoire et de choisir sa politique étrangère. La guerre de la Russie contre l’Ukraine a commencé en 2014, lorsque les forces russes se sont emparées de la péninsule ukrainienne de Crimée et ont dirigé, financé et entraîné des agents pour fomenter des troubles dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine. L’Ukraine démocratique n’est pas infestée de nazis ni de satanistes – le Kremlin a créé ces mythes pour attiser la ferveur de sa propre population. Les citoyens ukrainiens de toutes les ethnies ont élu démocratiquement un président juif, Volodymyr Zelensky, et la communauté internationale a reconnu la légitimité de son gouvernement.

Dans les mois qui ont précédé le lancement de l’invasion massive par la Russie, les États-Unis et d’autres pays se sont joints à l’Ukraine dans le cadre d’une diplomatie de bonne foi afin d’explorer les moyens de répondre aux prétendus problèmes de sécurité de la Russie sans compromettre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. La Russie a préféré la guerre.

La Russie a lancé son invasion massive en février 2022, en violation flagrante des principes de la Charte des Nations unies concernant le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États et le non-recours à la force. La Russie a brutalement saisi et occupé des parties des oblasts de Louhansk, de Donetsk, de Zaporijia et de Kherson, puis a organisé des simulacres de référendum et décrété leur annexion, tout comme elle l’a fait en Crimée, dans le but de réaliser les ambitions territoriales prédatrices du Kremlin.

Toutes les contorsions rhétoriques de la Russie ne servent qu’un seul objectif : dissimuler les tentatives manifestes faites par la Russie pour rayer de la carte l’État souverain et indépendant d’Ukraine, et subjuguer son peuple . Ses mensonges cachent des signes révélateurs des véritables ambitions néo-impériales  du Kremlin. La missive de Poutine en juillet 2021 dans laquelle il déclare que les Russes et les Ukrainiens ne forment qu’« un seul peuple  », et ses discours pro-guerre  de février 2022 empreints de révisionnisme historique et de désinformation niant le statut d’État  et la souveraineté de l’Ukraine, ont donné au monde un aperçu de ses objectifs.

Les mêmes arguments sont fréquemment repris par les figures de la propagande du Kremlin, comme Margarita Simonyan , qui a récemment réitéré la contre-vérité selon laquelle l’Ukraine aurait été construite par la Russie et devrait sa puissance aux dons de la Russie . La vision de Poutine, qui est de réaliser les ambitions  expansionnistes impériales de Pierre Ier et de « récupérer les territoires perdus  », et les commentaires  sans fard  des responsables du Kremlin, trahissent leur véritable intention.

Des représentants du Kremlin  ont indiqué que Moscou pourrait exercer des représailles contre la prétendue « russophobie » et le « génocide contre les Russes », inexistant, dans des endroits  autres que l’Ukraine qu’elle considère comme ses terres historiques. Des observateurs du Kremlin ont déjà avancé l’idée que la Russie pourrait devoir « dénazifier » le Kazakhstan , la Moldavie  et tout autre pays présumé être un foyer de « russophobie ».

Dans un discours en janvier 2023 , Poutine n’a guère laissé planer le doute quant à sa vision de l’avenir : « L’objectif, comme je l’ai dit à de nombreuses reprises, est avant tout de protéger les populations et de protéger la Russie elle-même des menaces qu’ils essaient de créer sur nos propres terres historiques voisines. Nous ne pouvons pas le permettre. »

Quel que soit le narratif que déploie le Kremlin à un moment ou à un autre dans son jeu perdant de la roulette de la désinformation, l’Ukraine reste un État souverain et indépendant reconnu par la communauté internationale. Son peuple courageux restera inébranlable dans la défense de son pays et de sa démocratie, et les États-Unis resteront aux côtés de l’Ukraine  aussi longtemps qu’il le faudra. »

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Guerre

La France veut fournir des Mirage 2000 au régime ukrainien

Une cobélligérance qui ne dit pas son nom.

Le régime ukrainien a démenti l’information, mais on se doute pourquoi. La France est en train de former une trentaine de pilotes de l’armée ukrainienne à l’utilisation de Mirage 2000. Cela se déroule sur les bases aériennes de Mont-de-Marsan et de Nancy.

Il s’agit d’avions de chasse mis en service en 1984, mais encore en service suite à des modernisations. La mise en place d’avions de chasse totalement nouveaux prend en effet beaucoup de temps. Si les Mirage 2000 ont été utilisés pendant la guerre du golfe, ce qui remonte à loin désormais, ils sont encore employés par les armées de France, du Brésil, de Grèce, d’Inde, du Qatar, etc.

Prudemment, l’armée française a laissé entendre qu’il ne s’agissait que de la formation de « personnels militaires aériens » s’occupant de l’avion. Mais c’est impossible. Apprendre le maniement d’un avion de chasse est extrêmement compliqué et chaque système est différent.

Cela signifie que si une décision est prise, et elle a été prise, alors c’est le paquet qui est mis, et ce à tous les niveaux de la chaîne de décision. Si l’on forme de pilotes de l’armée ukrainienne à des Mirage 2000, c’est pour leur en fournir. La Slovaquie et la Pologne viennent de fournir d’ailleurs respectivement 17 et 4 Mig à l’armée ukrainienne.

Le principe est toujours le même : un pays ouvre la brèche et les autres suivent. Comme ça, l’escalade passe tranquillement. La France avait joué ce rôle avec les canons Caesar et les véhicules blindés Amx. Et le régime ukrainien vient également tout juste de poster sur un réseau social l’emploi par son armée du système français de défense aérienne à courte portée Crotale NG.

Le Conseil européen, avec les chefs d’État et chefs de gouvernement, va également valider les 23 et 24 mars 2023 la décision du Conseil de l’Europe d’un plan de deux milliards d’euros pour rembourser les États ayant déjà fourni des obus au régime ukrainien et pour lui en fournir un million de plus.

Et l’armée américaine a annoncé être « confiant » de pouvoir livrer les Patriots dans un délai « accéléré » en raison de la formation accélérée de soldats ukrainiens à ce système de défense aérienne. La superpuissance américaine a annoncé aussi 350 millions de dollars de matériel militaire pour l’armée ukrainienne, dont des munitions pour les fameux Himars. Et le premier ministre japonais Fumio Kishida s’est rendu à Kiev le 20 mars 2023.

Tout cela indique clairement que la France est en guerre avec la Russie, les soldats ukrainiens servant de chair à canon. Tout le bloc occidental s’évertue à utiliser le régime ukrainien pour mener la guerre… sans officiellement la mener.

Un régime ukrainien très content de faire la guerre par ailleurs, puisque dans les mains de fanatiques voulant détruire la Russie.

Les Français peuvent fantasmer comme ils veulent sur l’accession à la petite propriété, à la consommation occidentale. Ils peuvent bien rêver que la lutte actuelle contre la réforme des retraites a une incidence historique. Ce n’est pas le cas. C’est un événement intérieur au mode de vie occidental.

On est déjà dans le cadre d’une bataille pour le repartage du monde, alors que toutes les crises possibles se généralisent : économique, financière, culturel, morale, écologique, dans le rapport aux animaux…

Nous assistons à la fin du monde et la seule impression que donnent les Français, c’est de vouloir protéger leurs acquis individuels. C’est insensé.

Il n’y a de dignité qu’en se plaçant en première ligne pour faire tomber l’occident. La défaite de l’Otan et la déroute de l’occident, voilà la réelle actualité historique !

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Guerre

L’Otan s’arme massivement

Le rapport du SIPRI en fait foi.

L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm vient de publier son nouveau rapport, bien évidemment catastrophique.

Les importations d’armes à l’échelle mondiale ont augmenté de 47% de 2018 à 2022 ; pour les pays de l’Otan, le pourcentage est même de 65%. Sur tous les continents, les importations ont en fait chuté, sauf en Europe.

Et il y a deux exceptions majeures en Asie : la Corée du Sud et le Japon, qui ont acheté massivement des armes à la superpuissance américaine, avec respectivement une augmentation de 61% et de 171%.

Les Philippines, qui sont entre les superpuissances américaine et chinoise, ont augmenté de 64% leurs dépenses militaires.

Et on notera que les exportations d’armes américaines vers la Turquie se sont effondrées depuis 2007.

La part de la France dans ce commerce criminel est passé dans la même période de 7,1% à 11%. Un tiers des armes vendus par la France est parti en Inde, ce qui est notable : cela montre bien que ces ventes relève d’un redécoupage de l’influence des puissances, de la bataille pour le repartage du monde.

Le rapport du 12 pages du SIPRI est disponible en anglais ici.

En voici une synthèse de trois pages.

rapsipri2023

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Politique

Les femmes doivent s’unir contre la guerre

Les acquis féministes disparaissent avec la guerre pour le repartage du monde.

Les femmes sont comme les hommes en France : elles pensent qu’elles vivent dans un îlot protégé du cours du reste du monde. L’occident serait une forteresse où les acquis progresseraient inéluctablement, comme le niveau de vie.

C’est une illusion. Toutes les puissances, grandes, moyennes et petites, vont à la bataille pour le repartage du monde. Cela passe par la guerre et la guerre, c’est la systématisation du patriarcat, parce que les armées des pays capitalistes sont ainsi faites.

Il suffit de voir le conflit en Ukraine pour voir comment, tant en Ukraine qu’en Russie, les valeurs patriarcales ont totalement triomphé, comment les femmes servent uniquement de support, de soutien, de faire-valoir.

L’impact sera dévastateur pour les années après la guerre – et après la guerre, on en est encore très loin ! Le conflit continue et il charrie chaque jour davantage de mise à l’écart des femmes. La guerre pour le repartage du monde est aussi une machine de guerre contre les femmes !

Une même tendance militariste sera forcément à l’œuvre en France, pays partie prenante de la guerre américaine contre la Russie. Le patriarcat en sortira indéniablement renforcé, à tous les niveaux.

Et il profitera de ce qui existe déjà partout. Car à côté du féminisme bourgeois « revendicatif » des réseaux sociaux, la situation des femmes dans le peuple est désastreuse. La chirurgie esthétique est devenue un véritable classique féminin, la psychologie féminine est façonnée par le souci de plaire aux hommes avec toute une consommation spécifique de différents produits (de beauté, habillement, etc.).

Jamais on aura atteint un tel degré d’aliénation, avec la femme réduite au niveau d’une femme-objet, d’une femme marchandise. C’est inévitable dans une société où tout devient marchandise, où les rapports humains sont façonnés dans leur plus grande mesure par les rapports capitalistes.

Il est juste de dire que c’est toute la psyché féminine qui doit se libérer, dans un processus historique millénaire. La guerre de repartage du monde qui se met en place se pose par conséquent comme le grand défi aux femmes du monde entier.

Si elles ne s’y confrontent pas, elles se feront historiquement encore mettre de côté. Il faut que les femmes deviennent protagonistes ! Il faut qu’elles assument leur différence, leur rapport différent aux animaux et à la Nature, qu’elles ne se laissent pas pourrir, ni par l’idéologie LGBT qui nie la différence hommes-femmes, ni par le conservatisme qui leur propose un rôle « rassurant » dans la soumission.

Les femmes portent les valeurs du monde à venir – mais elles ne peuvent les porter que si elles s’arrachent à leur approche de ne faire évoluer les choses, d’agir, d’avancer qu’indirectement ! Cette méthode de « l’indirect » est le fruit de milliers d’années de soumission des femmes forcées, par leur mise à l’écart, de tenter de changer les choses sans agir directement.

C’est avec cela qu’il faut rompre ! Les femmes doivent être en première ligne, contre la guerre, pour le Socialisme, pour les orientations de la société !

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Politique

Ukraine : appel hypocrite à la paix de l’UEC et du MJCF

Courageux, ou pas ?

L’Union des Etudiants Communistes et le Mouvement Jeunes Communistes de France ont signé une tribune commune par l’intermédiaire de leurs dirigeants. En tant qu’organes de mouvement de jeunesse, les deux structures appellent à la paix en Ukraine.

C’est très hypocrite. Les raisons, flagrantes, sont les suivantes. Tout d’abord, tous les torts reviendraient à Vladimir Poutine. C’est là une personnalisation de l’Histoire tout à fait ridicule.

C’est cependant bien pratique pour ces deux mouvements qui ainsi « oublient » de nommer les réelles raison de la guerre : le capitalisme, la crise, la bataille pour le repartage du monde.

Ensuite, il n’est pas appelé à saboter l’effort de guerre français. Il n’est pas considéré que la France est en guerre contre la Russie, seulement qu’elle contribue à une escalade et qu’elle peut mieux faire.

Non seulement ce n’est là pas correct, car il faut combattre le militarisme de son pays avant tout, mais en plus c’est « oublier » au passage que la France est devenue une marionette de la superpuissance américaine.

Si l’on veut aller encore plus loin, on peut voir également que ni l’UEC ni le MJCF n’ont compris quoique ce soit à la question de l’effondrement de l’occident – ou plutôt qu’ils expriment le souhait que surtout tout reste comme avant.

Sous l’aspect de pacifisme, sous la forme positive du refus de l’engrenage, l’UEC et la MJCF ne font en réalité que proposer de « faire autre chose » tout en accompagnant les initiatives militaires de l’Etat français qui contribue matériellement, idéologiquement, économiquement à la guerre américaine contre la Russie.

Un an de guerre en Ukraine : la jeunesse aspire à la paix !

LÉON DEFFONTAINES
Secrétaire général du MJCF
LÉNA RAUD
Secrétaire nationale de l’UEC

Voilà un an que la Russie a envahi l’Ukraine. Il y a un an, Vladimir Poutine a bafoué l’intégrité territoriale d’un pays et, depuis, il fait peser le risque d’un conflit mondial aux conséquences dramatiques pour l’avenir de la planète.

Grâce à sa possession de l’arme nucléaire, qu’aucune grande puissance ne remet en cause, il a pu commettre les pires exactions tout en menaçant plus ou moins explicitement d’en faire usage.

Derrière cette guerre, c’est autant de jeunes dont l’avenir est brisé : assassinats, enfermements, chômage, déscolarisation, enrôlement forcé dans les conflits… C’est alors l’avenir entier d’une nation qui est hypothéqué.

Aujourd’hui, plus personne ne semble avoir la paix comme boussole. Les deux belligérants comme les puissances occidentales disent vouloir la paix, mais n’envisagent qu’une seule et même logique : la guerre, toujours la guerre.

L’aide militaire apportée ces derniers mois n’a pas montré son efficacité. En toute logique, avec cette stratégie, nous assistons au concours du pays qui enverra le plus d’armes possible en Ukraine. Cette surenchère guerrière ne fait qu’ajouter de la guerre à la guerre.

Qu’allons-nous faire lorsque nous constaterons que les armes lourdes ne suffiront plus ? Faudra-t-il envoyer directement des militaires sur le sol ukrainien et plonger le monde dans une guerre contre la Russie ?

Nous le disons clairement, les armes n’ont jamais fait cesser le feu. La paix doit redevenir notre horizon.

Notre génération aspire à la paix et à faire taire les armes. La jeunesse refuse la banalisation de la guerre. Nous ne voulons pas de la militarisation des relations diplomatiques et aspirons à un monde basé sur la coopération entre les peuples.

La France doit devenir un promoteur de la paix. Pour ce faire, l’envoi d’armes de plus en plus lourdes doit prendre fin et l’ONU doit être réaffirmée comme l’organisation centrale pour obtenir un cessez-le-feu et engager des pourparlers pour la paix avec l’Ukraine et la Russie.

Seule une issue pouvant assurer à l’Ukraine sa souveraineté et le contrôle de ses frontières pourra aboutir à une paix juste et durable.

Enfin, nous savons qu’aucun horizon de paix sera possible tant que la menace nucléaire persistera. Nous demandons à la France de cesser toute modernisation de son arsenal nucléaire, de ratifier le traité pour l’interdiction des armes nucléaires (Tian) et d’en faire la promotion.

Nous refusons la guerre et appelons les dirigeants français à agir concrètement pour la paix.

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Guerre

Plan de l’Union européenne pour les munitions de l’armée ukrainienne

L’Union européenne est cobélligérante.

Peu de gens le savent, mais l’Union européenne est dotée d’un budget pour la guerre. Personne ne le sait même, parce que l’idéologie de l’Union européenne, pour les gens, c’est le « marché commun ». Sauf qu’on en est plus là depuis longtemps, en admettant même que cela ait été simplement ça.

En pratique, l’Union européenne sert d’homogénéisation des Etats ouest-européens pour les utiliser comme vecteur au service de la puissance américaine. Le tout sans toucher au consensus passif de la société occidentale de consommation.

Pour cette raison, le mot « guerre » n’est évidemment pas employé et il est parlé de « Facilité européenne pour la paix [FEP] » dans le but de « prévenir les conflits, à consolider la paix et à renforcer la sécurité internationale ».

Ce sont ainsi près de 6 milliards d’euros qui sont budgétés pour la période 2021-2027, mais ouvertement avec « des implications militaires ou dans le domaine de la défense ».

Avec l’utilisation désormais de l’Ukraine comme chair à canon contre la Russie, ce FEP devient d’autant plus important. En l’occurrence, plus de la moitié du budget, soit 3,5 milliards d’euros, est déjà passé à la trappe pour financer l’armée ukrainienne, sous-traitante des États-Unis pour faire la guerre contre la Russie.

Et ce n’est pas terminé. Le budget va totalement exploser avant 2027 puisqu’il est déjà prévu, en mars 2023, de prélever encore un milliard d’euros de cette dotation pour servir en Ukraine.

C’est en tous cas ce que préconise Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, proposition qui devra être discutée par les ministres concernés des 27 États membres. On ne doute toutefois pas de l’issue, l’Union européenne étant inlassablement en première ligne du soutien à la guerre américaine.

Le tout naturellement sans aucune consultation des « citoyens » des pays de l’Union européenne. Tout se passe par en haut et passe comme une lettre à la poste. L’Union européenne est à ce niveau une superstructure efficace des pays ouest-européens aux masses torpillées par la consommation, l’aliénation, l’exploitation ultra-raffinée.

Et l’un des principaux acteurs de cette organisation industrielle européenne de ce plan de soutien militaire est Français : c’est Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur. Il ne cache même pas que l’objectif à moyen terme, c’est la « victoire », par l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan et dans l’Union européenne :

« Il faut se préparer à avoir une frontière de 4 000 kilomètres avec la Russie. »

Il faut se préparer, et donc faire en sorte que le régime ukrainien l’emporte à tout prix ! Il est donc question de renforcer le jeu de massacre en livrant, pour un milliard d’euros donc, pas moins de 250 000 obus de 155 mm. C’est le genre de munitions dévastatrices qui servent dans les fameux canons Caesar français.

C’est gigantesque, et cela signifie directement pour les États membres de devoir puiser dans leurs stocks stratégiques. Et d’ailleurs cela ne suffira pas ; c’est une industrie de guerre qui doit se mettre en branle pour assurer une telle cadence.

L’Union européenne n’est certainement pas dans une perspective de paix, et on ne peut même plus dire qu’elle prépare la guerre. Elle est activement et concrètement déjà en guerre, avec une économie de guerre qui se met en place, voire qui est déjà en place depuis quelques mois.

Sur le plan opérationnel, ces 250 000 obus signifient un renforcement de la puissance de frappe ukrainienne, qui appelle forcément directement un renforcement de la puissance de frappe russe. C’est un engrenage dévastateur, mais cela est pleinement assumé. En tous cas dans les coulisses, puisque tous ces gens ne s’en vantent pas, pas plus que les médias occidentaux qui ne relatent ce genre d’information qu’à la marge, de manière anecdotique, simplement pour informer les personnes devant savoir, et surtout pas les autres qui de toutes façons s’en moquent.

Pourtant, c’est là l’actualité, la brûlante et terrifiante actualité. Des milliards d’euros européens, ici pour un quart de million d’obus dévastateurs, comme cela peut-il ne pas faire la Une ? On dit souvent que le silence est complice. Il est ici directement coupable, comme sont coupables les gens qui se désintéressent volontairement de cette guerre et de ce que font les dirigeants, leurs propres dirigeants.

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Politique

La Gauche Républicaine et Socialiste est atlantiste

Elle se range dans le camp de la superpuissance américaine.

Depuis le début de la guerre, la « Gauche Républicaine et Socialiste » (GRS) n’a pas changé de position : « Nous ne pouvons plus reculer. ».

La Gauche républicaine et socialiste est un parti issu d’une scission du Parti socialiste fin 2018. Il s’agit globalement de la gauche du PS de l’époque, regroupée autour d’Emmanuel Maurel et de Marie-Noëlle Lienemann. Le parti s’était rallié en 2019, pour les élections européennes, avec la France Insoumise, et pour les élections de 2022 avait soutenu Fabien Roussel. 

Depuis le début de la guerre, la GRS a pris des positions tout à fait franches, dans le sens d’un soutien quasi-aveugle aux fauteurs de guerre américains. Si au 24 février 2022, il apparaissait comme censé d’apporter un soutien au peuple ukrainien, pour que celui ci puisse défendre son intégrité territoriale, la situation a depuis lors changé entièrement. La Russie a mené une guerre pour se sortir de ses propres contradictions, internes, cette guerre a renforcé le camp occidental et a davantage soumis le régime ukrainien aux puissances occidentales.

La GRS, le 24 février déclarait de la manière suivante sur son site internet dans un document au titre « Contre la logique de guerre, ne pas reculer face à Poutine »:

«  Le Président russe justifie son « opération militaire » par une série de prétextes fallacieux : l’Ukraine serait « aux mains des nazis » et entreprendrait un « génocide » contre les russophones du Donbass…

Il réitère aussi ses arguments géostratégiques : l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine menace la Russie ; les accords de Minsk de 2015, validés par le Conseil de Sécurité pour régler le conflit au Donbass, ont été sabotés.

Mais l’heure n’est plus à la comptabilité des torts des uns et des autres. La responsabilité de la spirale guerrière repose à présent entièrement sur le maître du Kremlin.

Il faut tirer les conséquences de cette politique criminelle du fait accompli en aidant l’Ukraine, en soutenant toutes les sanctions

économiques adaptées à la situation, mais aussi en prenant des mesures de défense pour sécuriser la frontière Est de l’Union

européenne. Il faut aussi obtenir le plus large consensus à l’ONU pour faire respecter le droit international.

Vladimir POUTINE nous oblige à relever le rapport de forces, pour l’instant déséquilibré, qu’il a lui-même créé.

Les Européens et leurs alliés doivent faire comprendre maintenant à la Russie qu’elle ne sortira pas gagnante de cette confrontation. C’est la condition sine qua non pour la faire revenir à la raison, cesser les hostilités, se retirer Ukraine et s’asseoir à la table des négociations. 

Pour que la paix revienne durablement sur le continent, pour que la sécurité de tous soit assurée, nous ne pouvons plus reculer. »

Le passage le plus important est bien sûr la toute fin « nous ne pouvons plus reculer. ». Face à la Russie, présentée comme la seule fautive, il faudrait donc lui faire la guerre. Le 1er Mars 2022, Emmanuel Maurel réagit à propos de la résolution du parlement européen sur la guerre en Ukraine. Bien qu’il déclare dans ce texte des propos condamnant l’OTAN, il appelle directement à la guerre, et dénonce une nouvelle fois Vladimir Poutine comme étant le seul fautif, sans mentionner une seule fois le fait qu’il s’agissait (au début de la guerre), d’une guerre entre puissances pour le repartage du monde et dont la principale victime est le peuple ukrainien. Il déclare à ce sujet:

« À cet égard, et contrairement à la majorité des parlementaires européens, je maintiens que lOTAN nest pas un facteur de sécurité et de stabilité à long terme pour notre continent. Sa vocation défensive a été démentie par les faits plusieurs fois depuis la fin du siècle dernier ; et surtout, l’OTAN assoit notre sujétion aux États-Unis, puissance non européenne et politiquement volatile, comme l’a montré la présidence de Donald Trump. »

En octobre de la même année, la GRS qualifie le sabotage probablement, directement ou indirectement par la CIA, du gazoduc Nord Stream 2, comme étant « complotiste », les États-Unis ne pourraient en être les responsables ; et ce parce que la GRS raisonne en termes géopolitiques. Rien que le titre de l’article démontre clairement les intentions de la GRS « Le fantasme du complot américain pour remplacer le gaz russe en Europe ». Dans l’article la GRS prétend que cela est faux puisque l’Europe s’est tournée vers le Golfe (qui est en partie une colonie américaine).

« Lorsque l’Allemagne, confrontée à l’effondrement de la stratégie énergétique d’Angela Merkel, doit réagir, elle n’a pas couru à Washington, mais vers le golfe. C’est au Qatar que l’Allemagne s’approvisionne aujourd’hui, et compte sur ses deux terminaux flottants provisoires avec des capacités modiques mais nouvelles de gazéification, ouverture prévue début 2023, pour se passer et du gaz russe, et d’un gaz américain qui de toute façon n’existe pas dans les quantités nécessaires… »

Le 3 janvier dernier, la GRS, dans l’article «  “L’historien face à la Guerre en Ukraine” – réflexions d’un étudiant en histoire », déclare: 

« Les mots, car ils ont un sens, on ne peut les tordre. La réalité des choses, tordre le sens des mots revient à faire du Orwell, cela mène au totalitarisme. Les mots comme nazi ou génocide ne peuvent être employés à tout bout champs. Soyons vigilants, sur les fables, la réécriture et l’utilisation des mots erronés de la part de Poutine et/ou des médias russes. ».

Il y aurait donc nécessairement un camp du bien, qui ne dit que la vérité (l’Occident) et un camp du mal qui ne fait que mentir (la Russie), alors qu’évidemment que le régime ukrainien est un régime corrompu et bandériste. 

Le 4 février dernier, invité d’une émission sur France 24, Emmanuel Maurel déclare: « On l’aide comment ? On l’aide financièrement[…], il y a l’aide humanitaire et il y a l’aide militaire […] c’est qu’on aide les ukrainiens à se défendre par rapport à une agression. Ça c’était la position européenne jusqu’à maintenant, et moi je souhaite qu’on en reste là. » Même si dans les dires il ne veut pas d’escalade, cette position d’équilibriste est intenable: soit on participe au conflit d’une manière ou d’une autre soit on fait partie du camp de la paix.

Le communiqué pour le triste anniversaire de la guerre sur le territoire ukrainien est on ne peut plus clair; publié sous le titre « Un an de guerre de Poutine en Ukraine » il détaille :

« Une année s’est écoulée depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Une année terrible et meurtrière où des centaines de milliers de soldats et de civils ont péri et dont les dégâts se chiffrent déjà en centaines de milliards. Une année que Vladimir Poutine s’entête, au mépris des principes fondamentaux du droit international que la Russie avait pourtant participé à créer.

Mais dans leur hubris, Poutine et ses sbires ont rencontré un hiatus: la résistance du peuple ukrainien. Pour les Ukrainiens, l’enjeu est simple : s’ils arrêtent de se défendre, leur pays disparaît.

Pour faire cesser la guerre, la balle est dans le camp du Kremlin. Sa responsabilité est totale.

En apportant son aide pour la défense de l’Ukraine, la France applique le droit à la légitime défense du pays agressé face au pays agresseur. Jamais nous ne reconnaîtrons l’autorité de Moscou sur les territoires envahis et occupés, qui sont Ukrainiens et le resteront.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte son soutien à l’Ukraine et à son peuple. Elle appelle également à réfléchir dès maintenant à l’après et préparer la reconstruction des zones détruites. Cela passera dans un premier temps par l’annulation de la dette ukrainienne et l’octroi d’aides qui doivent permettre à l’Ukraine d’opérer sa transition vers une démocratie pleine et entière, débarrassée de la corruption.

C’est à ce prix que nous montrerons à l’Ukraine que nous nous tenons à ses côtés pour l’avenir.

La France doit agir de toutes ses forces pour l’arrêt de cette boucherie et le retour à une paix fondée non pas sur le fait accompli mais sur le droit international et visant à l’entente entre tous les peuples. »

La GRS a choisi son camp : celui de l’Occident décadent et va-t-en-guerre, si elle garde bien des termes de gauche et se positionne contre l’escalade, il ne s’agit que d’une position de principes. Dans les faits, la GRS est un agent de plus aux services des fauteurs de guerres, qui souhaitent soutenir sans retenue le régime ukrainien, contre son propre peuple.

Rien que le visuel utilisé pour illustrer l’article en date du 24 février est symptomatique de cette démarche, des drapeaux bandéristes sont présents sur l’image. Pas un mot sur les nazis, l’antisémitisme, l’anticommunisme,  le bandérisme en Ukraine, tout cela ne serait que des inventions poutiniennes. Si bien évidemment cela a facilité le travail du régime moscovite dans sa tentative de sortie de ses propres contradictions, dans la mobilisation des masses en Russie, il ne faut pas nier que cela reste une réalité. L’appareil d’Etat ukrainien est corrompu comme dans les années 1990, et il est intégralement bandériste. Le nationalisme belliciste ukrainien, de type pro-occidental et fanatiquement anti-slave, est l’idéologie officielle du pouvoir ukrainien.  L’Ukraine n’est pas un pays souverain, ni même vraiment indépendant, c’est une colonie occidentale, et qui en paye le lourd tribut ? Les peuples comme toujours. Alors que la GRS soutient activement et appelle à soutenir non pas seulement le peuple ukrainien mais l’Ukraine. Ce qui est tout à fait différent. Le peuple ukrainien est victime de son propre régime et de l’occident, tandis que l’Ukraine, en tant qu’État et appareil d’état, est un laquais des occidentaux. Et c’est cet État qui serait une grande résistance face à la méchante Russie, alors qu’en réalité c’est de la chair à canon fanatiquement antirusse, et c’est bien comme ça que le voient les occidentaux; ça n’est qu’un pion, et si l’Ukraine tombe ça n’est pas plus grave, les Polonais ou les Roumains prendront la relève.

En fait le problème principal est que la GRS croit profondément que l’Europe actuelle est démocratique et sincère, elle croit encore dans la propagande des années 1990 durant lesquelles l’Europe et l’OTAN devaient signifier la fin de l’Histoire, et la paix entre les peuples. Mais avec l’irruption de la crise générale du mode de production en 2020 les choses ont changé, les cartes sont redistribuées, et c’est le retour de la guerre aux peuples. La GRS n’a pas saisi de manière juste la séquence historique.

Lorsque l’on est de gauche, on ne peut pas accepter le néo-colonialisme, l’envoi des armes,  qui serviront à tuer frères et sœurs de classe et de culture, car lors des guerres injustes ce sont toujours les peuples qui dégustent. Et forts de l’expérience historique de la guerre de 1914-1918, forts de l’expérience de Rosa Luxembourg, de Lénine, et des autres pacifistes, l’on sait que l’ennemi se trouve dans notre pays, alors Contre la logique de guerre, ne pas reculer face à l’Occident !

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Guerre

Minable pamphlet pro-américain et pro-guerre du PS et d’EELV

En service commandé pour l’Otan et la CIA.

Raphaël Glucksmann est une figure typique de la fausse gauche française. Il n’est en rien de gauche, mais un libéral-démocrate à l’américaine, dont l’œuvre a essentiellement pour but de confisquer l’héritage et la culture de la Gauche historique, afin de la détruire.

Il est donc tout à fait logique que Raphaël Glucksmann soit un défenseur acharné de la guerre américaine contre la Russie. À l’occasion du premier anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, il a donc écrit une « tribune », forcément publiée dans « Le Monde » (l’organe favori des Français démocrates à l’américaine), forcément accessible uniquement à ceux qui paient pour la lire, forcément signée par une ribambelle d’universitaires.

L’essentiel des figures du Parti « socialiste » et d’Europe écologie-Les Verts l’ont également signée, naturellement. C’est la Gauche caviar, la Gauche bobo, celle du Monde, du Nouvel Observateur.

Ce qu’on lit dans cette tribune est absolument caricatural, et c’est la même chose que ce que racontent la CIA et l’Otan. La Russie est méchante, très méchante, mais les Ukrainiens sont fantastiques et ils se battent pour notre liberté. Alors il faut les armer jusqu’aux dents pour qu’ils se massacrent avec les Russes, car il en va de la liberté du monde entier.

« Un peuple dont le seul crime est d’avoir voulu vivre libre », ose dire Raphaël Glucksmann, tel un scénariste à Hollywood.

Mais comme il s’agit, en France, pour Raphaël Glucksmann de détruire l’héritage et la culture de la Gauche historique, alors il ajoute une touche locale à sa propagande. Il reprend les termes et les définitions de la Gauche pour tout mélanger, pour saloper. La confusion est une arme fétiche des propagandistes à l’américaine.

Ainsi, il parle de fascisme, et renvoie à l’héritage antifasciste du 20e siècle.

« Nous faisons face à un État fasciste qui doit impérativement perdre la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine. »

Et il ose :

« La guerre en Ukraine permet de situer chacun d’entre nous dans et face à l’histoire.

Elle oblige la gauche à décider si elle continue ou si elle renie le combat antifasciste qui fut l’honneur de son histoire.

Une gauche fidèle aux leçons de son histoire se souvient de la guerre d’Espagne et de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie fasciste. Elle se souvient des leçons de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne nazie.

Le refus d’armer les Républicains espagnols ou les Ethiopiens envahis par Mussolini n’a pas amené la « paix », mais une guerre bien plus dévastatrice. L’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 a préparé la débâcle. »

Ce parallèle est très intéressant, car nous sommes justement en droit de le dénoncer, nous en avons la légitimité. C’est que ce parallèle a été juste, en effet… Mais il ne l’est plus. Voici l’image que nous avions réalisé et mis en avant avant l’invasion, dès avril 2021.

Et nous l’avions réactualisé au début de l’année 2022.

Qu’est-ce qui a changé, pour ne plus l’utiliser après ?

L’image avait son sens lorsqu’on pouvait encore parler de la nation ukrainienne en général. Ce n’est désormais plus possible : on est obligé de parler du régime ukrainien en particulier. Nous aimerions que les choses soient autrement, mais ce n’est pas le cas. Tout ce qui touche à l’Ukraine est 100% pro-guerre, pro-américain, fanatiquement anti-Russie, il n’y a rien à sauver.

Le régime ukrainien est désormais ouvertement sur une ligne nationaliste fanatique, affirmant vouloir aller jusqu’à Moscou avec ses chars et démanteler la « Moscovie ».

Il brûle des livres en masse, par millions, car « pro-Russie », il détruit méthodiquement tout ce qui est russe jusqu’aux monuments à Pouchkine, au point de vouloir interdire l’immense Tchaïkovski, de faire du peintre Ilya Répine un Ukrainien et non plus un Russe, jusqu’à considérer que la Russie est une entité maléfique possédée par le « dostoïevskisme ».

Nous l’avons répété plusieurs fois aussi, en précisant à chaque fois les étapes y menant : la nation ukrainienne s’est littéralement suicidée. Elle a fait comme Gribouille se jetant à l’eau pour ne pas se mouiller.

Il est impossible d’avoir un quelconque lien, même de très loin, avec le régime ukrainien qui assume l’idéologie nationaliste des bandéristes, qui interdit tout ce qui est de Gauche, qui est aux ordres de la superpuissance américaine.

On doit même dire que puisque l’Ukraine est au service de l’occident, qu’il représente aussi la France, alors il faut souhaiter sa défaite, car la défaite du régime ukrainien est aussi la défaite de l’armée française !

Une défaire que ne veulent ni le Rassemblement National, ni la CGT, ni La France Insoumise, ni Les Républicains, ni Emmanuel Macron, ni le NPA, ni la CFDT, ni FO, ni EELV, ni les socialistes.

Car l’ensemble du spectre politique est aligné sur l’Otan, sur la bourgeoisie française inféodée à la superpuissance américaine.

Être révolutionnaire, sur les valeurs de la Gauche historique, c’est se confronter à cet alignement ! Il ne faut pas aider le régime ukrainien, il ne faut pas la « paix », il faut la défaite de son propre camp impérialiste !

Voici la tribune, minable pamphlet pro-américain, pro-Otan, pro-3e guerre mondiale.

« Le 24 février 2022, Kiev devait tomber en quarante-huit heures. Un an plus tard, le drapeau ukrainien flotte sur Kherson. Depuis un an, les Ukrainiens nous donnent une extraordinaire leçon de courage. L’histoire s’écrit dans les tranchées de Bakhmout et les rues de Kherson, les caves de Kharkiv et les abris de Kiev.

L’Ukraine est aujourd’hui le cœur battant de l’Europe ; elle incarne la liberté des peuples face à une agression impérialiste ; elle défend la démocratie, non seulement pour elle-même mais pour nous tous, pour tout le continent européen. C’est pourquoi nous devons la soutenir de toutes nos forces et amplifier l’aide européenne.

Ceux qui agitent la peur de « l’escalade », alors qu’il ne s’agit que de repousser une agression, ne voient pas que tout recul devant Poutine ne ferait qu’enfoncer notre continent dans une spirale d’insécurité et de violence. Poutine n’a rien caché de ses idées et de son projet : il est en guerre contre la démocratie européenne, en laquelle il ne voit que décadence, et contre laquelle il veut affirmer, au mépris de tout droit, la puissance d’un empire russe.

La dynamique impérialiste enclenchée depuis 1999 par le régime de Poutine, appuyé sur un capitalisme mafieux et oligarchique, ne sera arrêtée que si la Russie perd en Ukraine. Alors que la guerre fait à nouveau rage à nos frontières, alors que la sécurité de l’ensemble de l’Europe est en jeu, la lâcheté et les ambiguïtés coupables ne sont pas permises.

La question est simple : doit-on donner aux Ukrainiens les moyens de se défendre ou récompenser l’agresseur russe en le laissant détruire le droit international et commettre en toute impunité ses crimes contre l’humanité ? Ceux qui appellent. à cesser de livrer des armes à l’Ukraine ne sont pas « pacifistes » : ils ne veulent pas la paix, mais consentent à la défaite.

Ils autorisent le sacrifice des Ukrainiens en les livrant à leurs agresseurs. Ils espèrent avoir la paix en cédant à ceux qui déclenchent les guerres. C’est une vieille illusion qui nous a maintes fois coûté cher à travers l’histoire. La victoire du fascisme n’est pas la « paix », mais la préparation d’autres guerres.

Cette guerre décide de la sécurité du continent européen

Le pseudo- « pacifisme » d’une part de la classe politique française et européenne – y compris à gauche – qui refuse les livraisons d’armes à l’Ukraine revient à consentir à l’oppression et à l’anéantissement d’un peuple dont le seul crime est d’avoir voulu vivre libre. Non seulement les pays européens ont raison de fournir des armes à l’Ukraine, mais ils doivent intensifier leur effort.

Si nous voulons réellement vivre en paix, alors nous devons être solidaires de la lutte des Ukrainiens contre un régime qui fait des civils des cibles prioritaires, comme il l’a déjà fait en Tchétchénie ou en Syrie. Il faut livrer aux Ukrainiens toutes les armes dont ils ont besoin pour renvoyer l’armée russe dans ses frontières. Chaque retard, chaque délai prolonge l’agression.

Cette guerre décide de la sécurité du continent européen pour les décennies à venir. Elle décide aussi du sens de la démocratie européenne et de sa capacité à préférer la solidarité aux politiques de profits à courte vue, qui sacrifient d’un même mouvement la justice sociale, l’urgence écologique et l’autonomie stratégique de nos cités.

La solidarité avec le peuple ukrainien en lutte

Une part de la gauche ne comprend pas qu’il peut y avoir une réponse de gauche à la guerre : fondée sur la solidarité avec le peuple ukrainien en lutte, mais aussi sur l’idée simple que les plus riches doivent le plus contribuer à l’effort commun, sur le fait que la taxation des profits de guerre a toujours été l’occasion à travers l’histoire de rétablir la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers et de la puissance publique sur les puissances privées. L’état de guerre exige que nous cessions de séparer le politique de l’économique.

Alors comblons les trous dans les sanctions visant la Fédération de Russie ; étendons les sanctions individuelles et confisquons les biens russes qui sont jusqu’ici simplement gelés ; créons d’urgence un cadastre de tous les avoirs financiers et non financiers détenus dans les paradis fiscaux, à commencer par les paradis fiscaux européens dont les oligarques russes sont particulièrement friands, et gelons les avoirs russes au-delà d’un niveau de fortune afin d’affaiblir les acteurs qui bénéficient le plus au régime de Poutine ; étendons les sanctions aux Etats ou entités qui aident le régime russe à annexer les territoires ukrainiens occupés et à circonvenir aux sanctions existantes.

Affichons clairement l’objectif stratégique de l’UE : la victoire de l’Ukraine dans ses frontières. Les discours ambigus, qui laissent croire à Moscou qu’une porte est à moitié ouverte et que l’Europe pourrait accepter l’annexion des territoires ukrainiens occupés par la Russie, ne font que prolonger la guerre en encourageant la Russie à étendre son occupation le plus loin possible.

L’UE devra aussi être à la hauteur de la solidarité matérielle qu’elle doit aux nombreux pays du monde qui subissent sans l’avoir voulu les conséquences de la guerre, en particulier sur l’approvisionnement alimentaire et énergétique.

Etre « réaliste », c’est fonder sa stratégie sur la réalité, et pas sur des illusions que le fait de la guerre a mises en pièces. Et la réalité, si longtemps fuie par nos dirigeants, est que nous faisons face à un Etat fasciste qui doit impérativement perdre la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine.

La guerre en Ukraine permet de situer chacun d’entre nous dans et face à l’histoire. Elle oblige la gauche à décider si elle continue ou si elle renie le combat antifasciste qui fut l’honneur de son histoire. Une gauche fidèle aux leçons de son histoire se souvient de la guerre d’Espagne et de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie fasciste. Elle se souvient des leçons de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne nazie. Le refus d’armer les Républicains espagnols ou les Ethiopiens envahis par Mussolini n’a pas amené la « paix », mais une guerre bien plus dévastatrice. L’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 a préparé la débâcle.

Toute renonciation prépare les catastrophes de demain. Hier, la démission des démocraties face à la barbarie de Bachar El-Assad a donné à Poutine, qui avait déjà expérimenté l’impunité de sa violence extrême en Tchétchénie et avait pu violer le droit international en Crimée, le signal d’une autorisation à commettre l’irréparable en Ukraine.

Les Ukrainiens ne lâchent rien, malgré les morts, les viols, les massacres. Nous n’avons pas droit à la lâcheté alors qu’ils combattent pour nous. La seule défense de la paix est de soutenir les Ukrainiens.

Liste des signataires de cette tribune à l’initiative de Raphaël Glucksmann et Jean-Yves Pranchère :

Pierre Albertini, historien, professeur de khâgne ; Hadrien Alvarez, artiste plasticien ; Eric Andrieu, député européen (PS) ; Nathalie Appere, maire de Rennes (PS) ; Jérôme Auslender, adjoint au maire de Clermont-Ferrand (Generation. s) ; Fabien Aviet, éditeur ; Gilles Bataillon, directeur d’études à l’EHESS ; Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand (PS) ; Thomas Boccon-Gibod, Institut de philosophie de l’université Grenoble Alpes ; Isabelle Bourdier, professeure d’histoire-géographie ; Dominique Bourg, professeur honoraire à l’Université de Lausanne ; Frédéric Brahami, directeur d’études à l’EHESS ; Anne-Lorraine Bujon, directrice de la rédaction de la revue Esprit ; Julia Cagé, professeure d’économie au département d’Economie de Sciences Po Paris ; Eduardo Castillo, écrivain ; Pierre Charbonnier, philosophe, chargé de recherche CNRS à Sciences Po ; Fabien Chevalier, président d’honneur de « Sauvons l’Europe » ; Antoine Chollet, politiste, université de Lausanne ; Catherine Coquio, cofondatrice du Comité Syrie-Europe ; David Cormand, député européen (EELV) ; Laurent Coumel, enseignant-chercheur à l’Inalco ; Martin Deleixhe, Université libre de Bruxelles ; Carole Delga, présidente de la région Occitanie (PS) ; Karima Delli, députée européenne (EELV) ; Tremeur Denigot, expert européen ; Philippe Descola, professeur au Collège de France ; Frédérik Detue, maître de conférences en littérature comparée, université Côte d’Azur ; Françoise Diehlmann, germaniste ; Stéphane Dorin, professeur de sociologie à l’université de Limoges ; Gregory Doucet, maire de Lyon (EELV) ; Anne Dujin, rédactrice en chef de la revue Esprit ; Alexeï G. Evstratov, enseignant-chercheur, université Grenoble Alpes ; Jean-Louis Fabiani, professeur à CEU, Vienne ; Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS) ; Jean-Marc Forax, artiste plasticien ; Sylvain Frécon, auteur de bande dessinée ; Antoine Germa, scénariste du film Moissons sanglantes ; Raphaël Glucksmann, député européen (Place publique) ; Martine de Gaudemar, professeure émérite de philosophie (université de Paris-Nanterre) et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France ; Sylvie Guillaume, députée européenne (PS) ; Francois Heran, professeur au Collège de France ; Jean-François Husson, chargé de cours invité à l’université de Louvain ; Yannick Jadot, député européen (EELV) ; Céline Jouin, maître de conférences en philosophie à l’université de Caen Normandie ; Isabelle Kersimon, présidente d’honneur de l’Inrer ; Mathieu Klein, maire de Nancy (PS) ; Sarah Kilani, membre du Comité Syrie Europe après Alep, médecin anesthésiste réanimateur ; Firas Kontar, juriste, opposant au régime syrien ; Justine Lacroix, politiste, université libre de Bruxelles ; Aurore Lalucq, députée européenne (Place publique) ; Perrine Ledan, échevine de la culture (Ecolo), Uccle (Bruxelles) ; Carole Lemee, anthropologue, maîtresse de conférences à l’université de Bordeaux ; Nicolas Leron, essayiste, chercheur associé à Sciences Po ; Antoine Lilti, professeur au Collège de France ; Paul Magnette, président du Parti socialiste belge et bourgmestre de Charleroi ; Virginie Maneval, assistante sociale ; André Markowicz, écrivain et traducteur ; Guillaume Massart, cinéaste et producteur ; Fréderique Matonti, professeure de science politique à Paris-I ; Nora Mebarek, députée européenne (PS) ; Frédéric Ménager, chercheur associé EHESS ; Marie Mendras, professeure à Sciences Po Paris ; Aude Merlin, chargée de cours en sciences politiques et sociales, Université libre de Bruxelles ; Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue ; Boris Najman, enseignant-chercheur, UPEC ; Claire Nouvian, militante écologiste ; Florence Ostier, sociologue et coopératrice ; Benoit Payan, maire de Marseille ; Marie Peltier, historienne, spécialiste de la propagande ; Jean-Yves Pranchere, politiste, Université libre de Bruxelles ; Nicolas Poirier, enseignant et chercheur en philosophie, Sophiapol/Paris Nanterre ; Alain Policar, chercheur associé au Cevipof (Sciences Po) ; Christophe Prochasson, historien, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales ; Valérie Rabault, député (PS); Bastien Recher, conseiller régional de Normandie (EELV) Hélène Flautre, ancienne députée européenne (EELV) ; Dilnur Reyhan, chercheuse et présidente de l’Institut ouïghour d’Europe ; Johanna Rolland, maire de Nantes (PS) ; Sylvie Rollet, présidente de l’association « Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre » ; Valérie de Saint-Do, journaliste et autrice ; Denis Saillard, chercheur associé à l’UVSQ (Paris-Saclay) ; Elisabeth Salomon, retraitée de la fonction publique ; Guillaume Sauzedde, service public de l’emploi ; Laura Ségard, psychologue ; Frédéric Sawicki, professeur de science politique, Paris-I ; Réjane Senac, directrice de recherche CNRS au Cevipof ; Guillaume de Stexhe, professeur émérite Université Saint-Louis-Bruxelles ; Claude Taleb, ex-vice-président (EELV) de la région Haute-Normandie ; Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV ; Boris Vallaud, député (PS) ; Cécile Vaissié, professeure à l’université Rennes-II ; Mélanie Vogel, sénatrice (EELV) ; Ilias Yocaris, professeur en sémiotique du texte et de l’image à l’université Côte d’Azur ; Anna C. Zielinska, maîtresse de conférences en philosophie à l’université de Lorraine ; Laurent Zimmerman, maître de conférences, université Paris Cité ; Gabriel Zucman, professeur d’économie à Berkeley et directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité. »

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Guerre Refus de l’hégémonie

Exercice Hemex-Orion 2023: la France assume la guerre de repartage

La France prépare la guerre.

Prévu depuis 2017, l’exercice Hemex-Orion marque l’entrée pour les armées françaises dans la nouvelle ère dite de la « haute intensité ». Une préparation qui implique de s’entrainer sur un très vaste espace pour appréhender les grandes manœuvres opératives : un type d’exercice qui n’était plus réalisé depuis 30 ans.

Cela signifie que la guerre pour le repartage de l’ordre mondial issu de la deuxième guerre mondiale est entièrement assumé par la France, comme le décrit le service communication des armées dans sa petite vidéo de présentation de l’exercice :

« Orion consitute le premier jalon d’un nouveau cycle d’exercice triennal des armées. Le contexte international est marqué par la durcissement de la compétition entre grandes puissances, le réarmement et la déshinibition de certaines puissances régionales, la multiplication des foyers de crises et l’expansion de la menace terroriste. »

Avec Hemex-Orion 2023 – Hemex pour « Exercice d’hypothèse d’engagement majeur », Orion pour « Opération d’envergure des armées Résilientes Interopérables Orientées vers la haute intensité Novatrices, il est visé une gigantesque manœuvre, avec 7 000 soldats engagés au départ et 12 000 en fin d’opération, le tout sur une vingtaine de départements entre février et mai 2023.

Intégré dans la « stratégie de défense collective de l’Otan », l’exercice se fonde sur un scénario imaginé par le ministère des armées lui-même. Une fédération aurait éclaté en plusieurs entités. L’une dentre elles, Mercure, soutiendrait des milices qui revendiquent l’indépendance d’une des régions de l’Arnland, autre entité née de l’explosion de la fédération mais soutenue par la France.

On a ici une allusion directe à la situation ukrainienne de 2014 à aujourd’hui. Mais on pourrait y voir également la perspective du démantèlement de la Russie… Plus généralement, comme lors de l’exercice SERRAT 2022 en Ardèche, on retrouve tout l’imaginaire propagandiste anticommuniste dans les symboles utilisés pour qualifier l’ennemi… sans parler de la milice indépendantiste.

Si la manœuvre militaire est détaillée sur derniers temps dans la presse générale, la première phase de l’exercice a débuté en mai 2022 par le fait de planifier les opérations.

Avec la seconde phase en Occitanie, c’est un camp de SDF qui a été déplacé, le massif de la Gardiole qui a été interdit d’accès entre février et mars.

En tout sont déployés de 1 à 3 brigades, 2 300 véhicules, dont 100 drones et 40 hélicoptères, 30 bâtiments navals, dont le porte-avion Charles de Gaulle, 20 captures spatiaux, 80 aéronefs (plus 50 de la marine nationale), 6 système de défense sol/air, 2 drones Male (reconnaissance).

Dès le 9 février a débuté la montée en puissance du déploiement militaire dans le sud de la France et samedi 18 mars, un avion C-130 a largué en mer de Toulon une dizaine de commandos marines. Puis, ce samedi 25 février, ce sont 600 paras » ainsi que 12 tonnes de matériel qui ont été largués dans le ciel de Castres dans le but de percer les premières lignes ennemies.

Le gros de cette phase 2 consiste en un vaste débarquement amphibie dans le bassin de Thau à Sète menant combat jusqu’à la mi-mars, en rejoignant les troupes aéroportées à Castres. L’exercice doit se clôturer entre le 5 et le 11 mars à Cahors avec exercice de combat en ville, ce qui a valu aux établissements scolaires d’informer via le logiciel Pronote les parents d’élèves.

La délégation militaire du Lot qui souhaite conserver le plus grand réalisme de l’exercice a présenté la chose publiquement :

« la coordination avec les acteurs locaux, les interactions avec la population, la préservation des infrastructures et des activités économiques. Orion représente l’occasion de voir les militaires en action et de leur témoigner leur soutien. Ce contact avec les territoires manifeste la vitalité de lien armées-nation contribuant à la cohésion nationale »

Cette phase de l’exercice vise à tester le déploiement de l’échelon national d’urgence (ENU) composé de 5000 soldats capables d’être déployés en 48h. Ici, on parle d’un déploiement à la fois aéroportée à l’intérieur des lignes ennemies et d’un débarquement amphibie de troupes marines après des actions de neutralisation physique et cyber. L’armée cherche à s’entrainer à la guerre dite « multimilieu/multichamp », embrassant la terre, la mer, les airs mais aussi le cyber et l’informationnel.

La seconde phase relève en fait d’un pré-engagement, dans l’ombre, de l’armée française, alors dirigeantes d’autres forces issues de l’Otan, contre les milices indépendantistes imaginaires.

La phase 3, dénommée « civilo-militaire », relève de l’implication de plusieurs ministères dans la prise de décision et l’explication à l’opinion publique de l’engagement. Soit après coup. Cela doit permettre à justifier publiquement que la France est la « nation-cadre » d’un vaste dispositif d’intervention militaire au moment où, dans le scénario, les forces de Mercure entrent en confrontation directe. Ce sera la phase 4 entre avril et mai, dite d’envergure ou guerre de haute intensité entre deux armées conventionnelles.

Pour traduire : on déploie l’armée…on explique après, ou comment démasquer le fondement d’une guerre de grande puissance n’ayant aucune valeur démocratique et populaire. Cela en dit long sur la sophistication de la prochaine guerre de haute intensité, nécessitant tout un dispositif politico-militaire dans l’espoir de conserver toute la situation sous contrôle. A moyen terme, cela est vain bien évidemment.

Ce qui est clair, c’est que la France prépare activement la guerre et cela fait écho à une citation des Comités de la paix des Usines Schneider de 1952 reprise par la gazette anti-guerre Rosa dans son numéro 11 :

Les ouvriers pensent et disent que ce n’est pas tellement sûr que la guerre soit une fatalité, car une fatalité qui a un plan et qui a des crédits, n’en est pas une.

A l’instar de la France « nation-cadre » en Roumanie, c’est-à-dire puissance dirigeante et coordonnatrice de plusieurs armées pour le compte de l’Otan, l’exercice Hemex-Orion n’est là que pour préparer la France à manier un déploiement militaire sophistiqué par et pour l’Otan.

Car derrière cet exercice où prennent part des soldats allemands, belges, italiens, grecs, américains, anglais, etc., la France ne vise pas directement à assurer la défense nationale, mais bien plutôt à montrer sa crédibilité envers l’Otan.

C’est un signal envoyé aux États-Unis comme quoi la France reste dans la course pour la guerre de repartage qui s’annonce, ou plutôt qui a déjà commencé avec la guerre contre la Russie.

C’est une preuve une fois de plus que la France n’est qu’une puissance de second ordre qui tente, tant bien que mal, de conserver sa place au soleil en tirant profit du mieux qu’elle peut de l’ordre international garanti par l’Otan depuis les années 1950. Car il faut bien comprendre que mobiliser 12 000 hommes, c’est tout à la fois rien au regard de ce qui se passe justement en Ukraine et déterminant si l’on se place sur le plan de la coalition Otan.

Il faut donc prendre cet exercice pour ce qu’il signifie historiquement : la France est un protagoniste majeur du militarisme occidental qui se prépare à maintenir le statu quo mondial qui lui est favorable.

Quiconque ne le conteste pas est de facto dans le camp du militarisme français.

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Politique

Manifestations pour le régime ukrainien avec LFI, le NPA…

Ils se rangent derrière les bandéristes.

Les manifestations en faveur du régime ukrainien en France le samedi 25 février 2023 n’ont pas donné grand-chose. Plusieurs centaines à Paris, quelques centaines ailleurs : à Montpellier, Rennes, Nantes, Bordeaux, Lyon, Nice, ou encore Brest. Ce n’était pas manque d’information : beaucoup de médias en ont parlé en ne disant que du bien.

Cela a été une vraie tentative de mobiliser, et France inter, première radio de France, a même fait une carte listant la vingtaine de rassemblements. Il y a également eu l’affiche réalisée par l’artiste parisien tendance du moment, « C215 ».

Donc, même en comptant le plus largement possible, en surestimant les chiffres à fond, il y a eu… 13 000 personnes qui se sont mobilisées.

Alors qu’il y a en France, rappelons-le, plus de 100 000 personnes, surtout des femmes et des enfants, qui sont venues d’Ukraine à la suite déclenchement du conflit.

C’est donc un échec complet pour la mobilisation en faveur du régime ukrainien, un total fiasco. Il n’y a pas, malgré la propagande médiatico-politique acharnée contre la Russie et pour l’Otan, de mobilisation générale en ce sens en France. Même pas chez les Ukrainiens réfugiés.

On a uniquement affaire à des excités plus ou moins directement liés aux institutions et à ses initiatives, comme le fait de mettre la Tour Eiffel aux couleurs ukrainiennes.

Il n’en reste pas moins – et c’est là terrible – que quasiment tout ce qui est lié de prêt ou de loin à la Gauche ou au syndicalisme en France, soutenait ces rassemblements, y étant partie prenante au premier rang.

Ces gens, par soumission à l’occident et à ses intérêts, soutiennent dans les faits sans scrupule et unilatéralement le régime ukrainien, qui est ultra-nationaliste et interdit violemment la Gauche et tout ce qui se rapproche de la Gauche en Ukraine.

Tous ces gens, en Ukraine, seraient interdits, visés par une extrême-Droite armée omniprésente. Un sacré paradoxe. Car soutenir les nationalistes ukrainiens, les « bandéristes », que cela ne dérange pas les Etats-Unis et l’Union européenne en même temps pro-LGBT et plein d’idéologie « inclusive », c’est dans l’ordre des choses.

Mais que des gens se disant de Gauche manifestent à l’appel des bandéristes et en présence de l’ambassadeur d’Ukraine… là, tout de même….

Qui trouvait-on notamment pour soutenir le régime ukrainien, l’OTAN, la guerre américaine à la Russie?

La France Insoumise, le Parti Socialiste, le Nouveau Parti Anticapitaliste…

La Ligue des Droits de l’Homme, Mémorial 98 (association « contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme »), L’Alliance des femmes pour la démocratie…

ATTAC, Europe Écologie-Les Verts, Ensemble, La Gauche éco-socialiste, Génération écologie…

Les syndicats CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et FSU.

Tout ce petit monde appelait à marcher « pour l’Ukraine », en réalité pour les plans américains en Ukraine contre la Russie. Voilà la vérité !

Ces gens se sont condamnés historiquement. Leur ligne est celle de l’alignement sur les intérêts du capitalisme américain. Ils parlent beaucoup, revendiquent du social, mais rentrent dans le rang dès que la bourgeoisie le leur demande.

Et cela alors que le même jour, en Allemagne, 50 000 personnes manifestaient contre les fournitures d’armes au régime ukrainien. Quelle différence !

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Guerre

Allemagne : 50 000 personnes contre la guerre en Ukraine

Avec Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht.

Nous avions déjà parlé en mai 2022 de la Lettre ouverte au chancelier Olaf Scholz, lancée par la revue féministe historique EMMA avec Alice Schwarzer. Depuis, un vrai travail de fond a été mené, avec notamment également et bien entendu Sahra Wagenknecht, la principale figure de la Gauche historique en Allemagne.

Sahra Wagenknecht et Alice Schwarzer

Leur manifeste pour la paix mis en ligne le 10 février 2023 a ainsi obtenu plus de 650 000 signatures. Il demande l’arrêt de l’escalade militaire de la part des pays occidentaux et la mise en place d’une véritable diplomatie pour la paix. Il met en avant un appel à manifester comme « soulèvement pour la paix ».

50 000 personnes se sont rendus à Berlin à la suite de cet appel, le 25 février 2023, manifestant sous la neige, exigeant la cessation de l’envoi d’armes au régime ukrainien.

Quel contraste avec la France où toutes les forces politiques, de La France Insoumise au Rassemblement national sont sur la ligne du gouvernement et de l’Otan, même si parfois avec certaines « réserves »!

Le drapeau du mouvement pacifiste (et non pas celui LGBT)

Là on voit la différence, avec une vraie position sur celle de la Gauche historique. Disons le, c’est exemplaire. Cela fait chaud au cœur !

C’est d’autant plus brillant qu’en Allemagne, contrairement à en France et à en Italie, l’extrême-Droite est opposée aux États-Unis. Les médias ont ainsi essayé de dénoncer le mouvement anti-guerre en l’assimilant à l’extrême-Droite, dans un matraquage ininterrompu dans tous les médias.

Mais l’entreprise a échoué ! L’intelligence politique et la légitimité d’Alice Schwarzer et de Sahra Wagenknecht ont permis l’émergence d’une vraie opposition, sur une ligne relevant de la Gauche historique.

« Bas les armes ! La guerre en Ukraine peut et doit être terminé au moyen de la diplomatie »
Bas les armes ! est une allusion au titre d’un ouvrage éponyme majeur dans les pays de langue allemande au début du 20e siècle, écrit par l’activiste Bertha von Suttner

Sahra Wagenknecht a avec justesse souligné d’ailleurs que ceux qui dénoncent l’extrême-Droite feraient bien de voir l’Ukraine et ses représentants, alignés sur le bandérisme !

Quel contraste avec la France où, le même jour, à Paris, le Parti socialiste, La France Insoumise, Ensemble et bien d’autres manifestaient avec les bandéristes !

En Allemagne, il y en a qui assument de se confronter avec leur propre militarisme !

1812 Napoléon 1914 L’empereur Guillaume 1941
Hitler 2023 Scholz / Baerbock?

Et il ne faut pas croire qu’en Allemagne, il n’y ait pas d’ailleurs en général le même matraquage qu’en France, bien au contraire ! L’Allemagne a même placé un… tank russe détruit il y a quelques mois devant l’ambassade de Russie à Berlin ! Les couleurs ukrainiennes ont été hissées sur les bâtiments officiels, etc.

C’est le même bourrage de crâne, la même guerre psychologique, la mobilisation pour l’Otan, pour la guerre américaine contre la Russie.

Les camarades allemands montrent l’exemple : c’est un mouvement démocratique et populaire qu’il faut générer contre la guerre !

Pas d’armes pour le régime ukrainien, et pression maximale sur les gouvernements pour forcer à aller dans le sens de la diplomatie !

Dans la compréhension, pour les éléments les plus conscients, qu’on est là dans la bataille pour le repartage du monde, et que c’est le Socialisme qui est à proposer comme horizon véritable pour empêcher ou stopper la nouvelle guerre mondiale qui se met en place !

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Politique

Le Rassemblement national s’aligne sur l’OTAN

C’est la soumission à la superpuissance américaine.

Le Rassemblement national de Marine Le Pen est en train de réaliser le même alignement sur l’OTAN que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Historiquement, ces deux formations insistent particulièrement sur la notion d’indépendance, comprise au sens nationaliste. La France serait une grande puissance et elle devrait elle-même décider de ses orientations.

Le déclenchement du conflit militaire en Ukraine en février 2022 a tout changé. Il a immédiatement mis KO debout Marine Le Pen et Eric Zemmour. La première voyait clairement la Russie comme un allié essentiel à une France nationaliste (et inversement), Eric Zemmour aurait profité du conservatisme russe tout en étant pro-américain.

La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon se sont de leur côté rapidement effacé, prônant encore une « solution » pacifique, mais votant à l’instar des députés européens en faveur du soutien militaire au régime ukrainien. Le refus de l’OTAN est passé à la trappe également.

Le Rassemblement national devait soit faire de même, soit assumer de représenter la fraction la plus agressive, la plus nationaliste de la haute bourgeoisie française. Cependant, cette dernière s’est faite marginalisée par le reste de la bourgeoisie, qui s’est alignée sur la superpuissance américaine.

Alors, c’est le changement de ligne. Il a été officialisé par Jordan Bardella, 27 ans, président du Rassemblement national depuis novembre 2022. Le vecteur de ce changement a été L’Opinion. C’est un quotidien de droite libérale confidentiel, mais jouant un rôle auprès des « décideurs ». L’interview de Jordan Bardella publié le 23 février 2023 par ce quotidien correspond ainsi à une reconnaissance, une intronisation par la bourgeoisie.

Jordan Bardella reconnaît ainsi avoir été là le 9 février 2023 lorsque, au parlement européen, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reçu une standing ovation (voire notre article – Zelensky à Bruxelles devant une assemblée hystérique).

Ses propos expriment la soumission à la ligne générale de la bourgeoisie :

« Nous avons dès le début du conflit émis une condamnation très claire, franche, et sans aucune retenue de cette agression. Je crois qu’être patriote et souverainiste, c’est être, en réalité, attaché à la défense de l’intégralité territoriale de l’Ukraine. On ne peut pas être patriote et souverainiste et être insensible à la violation de la souveraineté d’un État européen. »

« Il n’y aura pas d’issue à ce conflit sans le retrait des troupes russes et sans le retour à une souveraineté pleine et entière de l’Ukraine dans les territoires aujourd’hui occupés par la Russie. »

« Le réel est revenu frapper à nos portes et il est clair que le Vladimir Poutine d’il y a cinq ans n’est pas celui qui, cinq ans plus tard, décide d’envahir l’Ukraine et de commettre des crimes de guerre à Odessa ou à Marioupol. »

« Je suis favorable à l’envoi de tout ce qui peut permettre à l’Ukraine de défendre sa souveraineté et de protéger ses frontières. »

« Le soutien moral, politique et matériel à l’Ukraine relève pour moi de l’évidence. La cause ukrainienne a ému l’ensemble des opinions européennes. Et c’est peut-être là aussi ce qu’a sous-estimé Vladimir Poutine. Nous avons une proximité culturelle avec l’Ukraine. »

« Oui il y a entre la France et la Russie une guerre d’intérêt et une guerre d’influence qui s’étend jusqu’à l’Afrique (…). La Russie est un concurrent et un adversaire dangereux. »

On ne trouve naturellement pas un mot sur l’OTAN. Et, dans la foulée, Marine Le Pen a publié le 24 février 2023 un texte sur le conflit militaire en Ukraine qui a désormais un an. Le quotidien Libération a voulu voir un rappel à l’ordre fait à Jordan Bardella. Mais bien au contraire, Marine Le Pen conforte cette ligne.

Elle fait juste de la politique, avec la même ligne que Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise d’ailleurs : le gouvernement a raison dans le fond, mais il fait les choses mal, on les ferait mieux en veillant mieux aux intérêts de la France, etc.

Il n’est pas de hasard qu’il y a, strictement parallèle à cela, la déclaration d’une même soumission à l’OTAN, à la guerre américaine contre la Russie, de la part de l’intersyndicale menant la lutte contre la réforme des retraites.

C’est l’Union sacrée et tout le monde doit se soumettre. Et à Gauche, peu bien résistent et maintiennent leur opposition !

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Politique

Un an de conflit en Ukraine : la Gauche surtout silencieuse et complice

Le bilan est très mauvais.

Elle est belle la « Gauche » française, ou plutôt cette variété française de « Démocrates » à l’américaine. Un an de conflit en Ukraine et même là, elle ne trouve rien à dire, ou alors… surtout pour soutenir l’OTAN. On en est là..

Et encore parle-t-on là de ceux qui font de la politique. Pour d’autres, c’est déjà trop. Les manifestations de la CGT et une vague agitation étudiante leur suffit. Ils ne sont même pas en mesure de comprendre que le premier anniversaire d’un tel conflit interpelle nécessairement les gens. Que c’est faire de la politique, la plus élémentaire même, que de donner sa vision du monde, de montrer qu’elle permet d’éclairer les faits, de dégager des tendances, de tracer des perspectives.

Faisons un petit bilan de ces « politiques » et « antipolitiques » au sujet du triste anniversaire de la première année de conflit militaire en Ukraine.

Les politiques

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord, a régulièrement soutenu le régime ukrainien, tout en dénonçant le risque d’engrenage. C’est une position intenable, mais qui permettait de sauver la chèvre et le chou. D’un côté le PCF est aligné sur le régime pro-Ukraine au niveau de ses élus, de l’autre il prône la paix pour satisfaire sa base.

Le document « Ukraine : Agir pour la Paix, en priorité » est en ce sens. Fabien Roussel dénonce la Russie, appelle le gouvernement français à devenir l’organisateur de la paix et égratigne l’OTAN. Ce n’est pas cohérent, mais c’est bien amené, ça passe politiquement.

Le Nouveau Parti Anticapitaliste appelle à soutenir la « résistance ukrainienne », sans prendre en compte la nature du gouvernement ukrainien. Tout est de la faute de la Russie et il faut soutenir les opposants là-bas (Assez de la guerre de Poutine ! Troupes russes hors d’Ukraine ! Solidarité avec la résistance ukrainienne !). Cela revient à être un appendice de l’OTAN, mais ça tient debout, c’est cohérent politiquement (si l’on adopte la ligne du NPA).

Lutte Ouvrière a pris position dans son éditorial des bulletins d’entreprise. Son mot d’ordre est Aucun soutien à leur sale guerre ! et l’opposition à la guerre. Lutte Ouvrière est montée en gamme depuis quelques semaines dans sa dénonciation de la guerre, reflétant le fait que pour les travailleurs, la menace d’une 3e guerre mondiale interpelle. Citons le bulletin :

« Les travailleurs n’ont à se ranger ni dans un camp, ni dans un autre. La seule porte de sortie qui puisse garantir que le conflit prenne fin et ne recommence pas demain, c’est que les travailleurs refusent de servir de chair à canon et se retournent contre leurs propres dirigeants.

Sans les travailleurs, rien ne peut se produire. Rien ne peut s’échanger, rien ne peut fonctionner. Même pour faire la guerre, produire les armes et les acheminer, les gouvernements ont besoin de nous. Sans notre consentement, il n’y a pas de guerre possible.

Alors, préparons-nous à refuser l’union sacrée derrière Biden et Macron. Reprenons le mot d’ordre de Marx : prolétaires de tous les pays, unissons-nous contre la classe capitaliste qui nous exploite. Unissons-nous contre ses politiciens qui dressent les peuples les uns contre les autres et nous mènent à la guerre ! »

Le PCF(mlm) considère quant à lui qu’on est déjà dans le processus de 3e guerre mondiale. Celle-ci est le fruit pourri de la crise générale du capitalisme commencé en 2020 et les choses vont empirer en raison de la contradiction américano-chinoise. On est dans le repartage du monde et l’ennemi est avant tout dans son propre pays (Un an de conflit armé en Ukraine: faire face à la guerre de repartage du monde, à l’exemple de Rosa Luxembourg).

Citons le document :

« Quel est le point de vue à l’arrière-plan de toutes les initiatives concernant l’Ukraine ?

Ce pays devrait devenir une base industrielle pour le capital financier occidental, en profitant des ressources d’une Russie démantelée en de multiples petits États et payant des sommes colossales de « réparations ».

Une Ukraine vassalisée, une Russie colonisée, tel est le plan des impérialistes occidentaux, superpuissance impérialiste américaine en tête !

Tel est leur souhait, afin de relancer le capitalisme ! »

Révolution permanente a également pris position, ne ratant pas une telle occasion politique, bien que normalement il n’est jamais parlé du conflit militaire en Ukraine. Comme traditionnellement dans ce courant politique, l’article est prétexte à une analyse « géopolitique » où les tendances sont évaluées. Ce qui donne par exemple :

« Les scénarios sont multiples et nous ne pouvons pas tous les évoquer ici. Cependant, tout semble indiquer qu’une ouverture rapide de négociations et la fin des combats n’est pas la perspective la plus probable.

Les pronostics les plus optimistes estiment que ces négociations ne pourraient commencer que d’ici quelques mois, c’est-à-dire après une éventuelle offensive russe et une probable contre-offensive ukrainienne. Autrement dit, les populations locales vont encore endurer beaucoup de souffrances avant que la guerre s’arrête, même selon les plus optimistes. »

Cette position concerne de toutes façons seulement l’Ukraine et la Russie et il n’est pas considéré dans le document que tout cela ait une incidence politique en France (Ukraine. A un an du début d’une guerre réactionnaire).

On a enfin le Parti socialiste, dont la ligne est ouvertement favorable au régime ukrainien et à l’OTAN. Il faudrait d’ailleurs un soutien total, indéfectible comme le dit la déclaration.

Les anti-politiques

Il y a, à rebours des « politiques », les anti-politiques. Eux veulent de l’agitation et rien d’autre. Les positionnements ne les intéressent pas : ils sont une variété pseudo-politique du syndicalisme. Ils ne parlent strictement jamais du conflit militaire en Ukraine et ils ne voient même pas pourquoi il faudrait en parler.

La France insoumise s’est ainsi contentée d’un communiqué de presse de quelques lignes signé par ses parlementaires, pour demander le soutien au régime ukrainien mais également d’aller dans le sens d’une solution négociée. Pas un mot sur l’OTAN, naturellement. Jean-Luc Mélenchon ne dit quant à lui rien du tout sur son blog, lui pourtant si bavard au sujet de tout.

Les anarchistes conservent pareillement le silence. Rien chez l’Union Communiste Libertaire, rien chez la Fédération anarchiste, rien chez Contre-attaque (ex-Nantes révoltée), rien chez la CNT, rien chez la CNT-SO, rien chez la CNT-AIT, rien chez l’OCL.

C’est tout de même notable, car il existe en France une tradition anti-militariste. Il faut croire qu’elle s’est évaporée et que l’armée française peut soutenir le régime ukrainien autant qu’il l’entend.

Du côté « marxiste-léniniste » ou pseudo-maoïste version étudiant, on ne trouve rien non plus. Ils ne parlent jamais de la guerre, ils ne vont pas s’y mettre même à l’occasion d’une année de conflit d’une telle importance. C’est « politique » et ça ne les intéresse pas.

Le Parti Communiste des Ouvriers de France, le Parti Communiste Révolutionnaire de France, Unité Communiste, La Cause du peuple, Nouvelle époque, l’UPML, l’OCML-VP… tous ces gens, qui normalement sont censés dénoncer « l’impérialisme », continuent de ne rien dire.

Initiative Communiste, le site du PRCF, ne dit rien non plus à cette occasion, mais au moins parle-t-il de manière assez régulière du conflit en Ukraine, dénonçant l’OTAN et appelant à la paix.

Le panorama des « politiques » n’est guère brillant, mais celui des « anti-politiques » révèle encore plus le fond du problème, qui est que la Gauche française est surtout sans fondamentaux et sans envergure.

Comment être pris au sérieux sans économie politique développée ? Comment prétendre changer le monde, transformer les choses, sans valeurs développées, sans vision du monde ?

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Guerre

Ukraine un an après: pour la défaite de l’OTAN

Nous avons annoncé cette guerre, nous l’analysons correctement.

Le 24 février 2022, très tôt le matin, nous étions quelques uns à surveiller les informations afin de vérifier ce qui avait été compris la veille : la Russie allait intervenir militairement en Ukraine. Cela afin de ne pas rater un moment historique, et de publier dans la foulée une série d’articles.

Nous étions parfaitement prévenus. Nous avions compris que 2020 avait une césure avec la pandémie et, dès avril 2021, nous avons commencé à publier régulièrement des articles sur l’Ukraine, parce qu’il était évident qu’on allait à la guerre.

Nous l’avons expliqué et répété de manière ininterrompue depuis cette période, en analysant tout ce qui se passait, strictement pour « rien » : cela n’a intéressé personne. La triste blague, c’est que même lorsque le conflit militaire a commencé… nous n’avons pas eu de lecteurs en plus, ni aucune reconnaissance.

Car nous touchions là un immense tabou en France. Dans notre pays, chacun peut dire ce qu’il veut, pour plus ou moins de social, plus ou moins de conservatisme ou de libéralisme… mais personne ne doit toucher, ni même oser parler du capitalisme qui tourne tranquillement à l’arrière-plan, de la marche à la guerre qu’il exige. Il y a deux tabous : le régime et ses institutions (dont les syndicats font partie), son armée.

C’est pourquoi même les plus contestataires en France convergent entièrement avec l’OTAN. Tant l’ensemble des syndicats français, la CGT y compris bien sûr, que le Rassemblement national, soutiennent le régime français dans sa participation à l’OTAN et à la transformation de l’Ukraine en chair à canon.

La réforme des retraites ? Cela se passe dans le cadre du capitalisme : on peut être pour ou contre. L’armée française, la guerre pour le repartage du monde ? Cela sort du cadre, c’est tabou, et résultat il n’y a plus personne. Il faut soutenir, ou ne rien dire.

Cela n’a rien d’étonnant. Dès avril 2021, la situation était claire, on allait à la guerre ouverte, pourtant le silence régnait à ce sujet. Il était révélateur. Le 5 avril 2021, nous condamnions L’incroyable silence sur le conflit Russie-Ukraine, et nous disions :

« Comment peut-on alors garder le silence ? Comment la menace réelle de la guerre, avec des troupes armés jusqu’aux dents se faisant face, peut-elle être autant passée sous silence ?

Comment la participation de la France peut-elle passer comme une lettre à la poste ? C’est là qu’on voit qu’il y a en France un énorme problème : le soutien général à l’armée française, l’acceptation du militarisme. »

Ces mots, plus d’un an et demi après, sont toujours aussi forts. Rien n’a changé depuis le début du conflit militaire en Ukraine, à part en empirant. L’ensemble du spectre politique français soutient la marche à la guerre contre la Russie, tout en ne disant rien à ce sujet, ou en relayant la propagande du régime ukrainien et de l’OTAN.

Le youtubeur très connu HugoDécrypte fait tranquillement la promotion du régime ukrainien et d’un « sympathique » skater dont le sac comporte un patch d’un symbole nazi, le « soleil noir »

Et nous le disons d’autant plus avec clarté que, pendant six mois avant le conflit, nous avons appelé à soutenir la nation ukrainienne. Nous avons été les premiers à appelé à sa protection. La nation ukrainienne est une victime.

Pour autant, nous ne nous alignons pas sur le régime ukrainien, ultra-nationaliste et rempli de nazis, entièrement au service de l’OTAN, qui valorise l’Union européenne et est fanatiquement contre tout ce qui a un rapport au Socialisme.

Les intérêts des masses mondiales priment et il n’y a pas à servir la soupe pour les pays riches qui pillent le tiers-monde et cherchent à maintenir leur ordre mondial !

Nous sommes fiers de ne pas nous aligner comme « tout le monde » sur notre propre impérialisme. Nous savons que l’ennemi est dans notre propre pays. Comme le dit la chanson l’Internationale, « nos balles sont pour nos propres généraux ».

Nous sommes pour la défaite de l’OTAN, parce que quand on a les valeurs de la Gauche historique, telle est la règle. Nous sommes pour la victoire du tiers-monde sur le mode de vie occidental.

Pour la défaite de l’OTAN, pour la déroute de l’occident, tel est le juste mot d’ordre, telle est la ligne véritablement démocratique et populaire au niveau mondial, révolutionnaire en France.

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Guerre

Emmanuel Macron à Munich: contre la Russie

En service commandé pour l’Otan.

Le président Emmanuel Macron s’est rendu vendredi 17 février 2023 à la Conférence de Munich sur la sécurité avec un discours guerrier assumé, mais tout le monde s’en fiche. L’engagement militaire de la France vers la guerre mondiale est en fait inversement proportionnel au déni des Français à ce sujet.

Emmanuel Macron n’y est pourtant pas allé de main morte. Il a fait l’inventaire, dont il s’est vanté, de toute l’aide militaire fournie à l’Ukraine. Une aide à « forte valeur ajoutée » a-t-il précisé, évoquant « l’artillerie, la défense anti-aérienne en particulier, avec aussi un programme de formation pour des milliers de soldats ». Il n’a toutefois pas abordé les livraisons secrètes d’AKERON à l’Ukraine.

Et il a clairement réaffirmé que :

« Nous sommes prêts à intensifier notre soutien à l’Ukraine et nous sommes prêts à un conflit prolongé. »

L’engagement militaire de la France contre la Russie est de facto pleinement assumé, malgré les propos mensongers du Président à la presse dans l’avion au retour de Munich :

« Je veux la défaite de la Russie en Ukraine et je veux que l’Ukraine puisse défendre sa position, mais je suis convaincu qu’à la fin ça ne se conclura pas militairement.

Je ne pense pas, comme certains, qu’il faut défaire la Russie totalement, l’attaquer sur son sol. Ces observateurs veulent avant tout écraser la Russie. Cela n’a jamais été la position de la France et cela ne le sera jamais. »

C’est mensonger, comme si la France pouvait soutenir militairement le régime ukrainien, et en même temps ne pas être braquée contre la Russie. Ce genre de propos est uniquement destiné à une opinion publique s’assumant stupide, qui ne veut pas croire en la guerre, qui s’accommode très bien des prétentions pacifistes de l’Otan, car au fond il est surtout espéré que le mode de vie consommateur soit préservé.

Et si c’est la Russie qui doit payer pour cela, alors tant mieux, pensent-ils ! Les gens assumeront d’ailleurs bientôt la guerre. La présence d’Emmanuel Macron à la Conférence de Munich sur la sécurité allait directement dans ce sens d’une avancée inexorable à la guerre assumée et soutenue par la population occidentale.

Il faut donc, a souligné Emmanuel Macron, « réinvestir massivement » dans la défense européenne. Cela passerait évidemment par le nucléaire français. Il a été en ce sens question à Munich d’organiser prochainement à Paris une « conférence sur la défense aérienne de l’Europe ». Il doit ouvertement y être question de la dissuasion nucléaire.

Près d’un après le début de la guerre, la France s’aligne ainsi parfaitement sur les intérêts américains en soutenant la colonie américaine qu’est devenue l’Ukraine, contre la Russie.

En apparence, la diplomatie française est présentée comme constructive. C’est cependant uniquement fait pour sauver les apparences. La France est un simple rouage dans la mécanique militaire américaine.

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Politique

En cas de blocage d’accès du site

Notre position pour cette éventualité.

Notre site est très lu par les « cadres » de la Gauche, mais ceux-ci ne veulent pas le reconnaître. Quant aux gens, ils sont KO debout. Notre site a ainsi une vraie surface et en même temps, pas du tout.

Cela ne nous dérange pas en soi, car nous attendons qu’il se produise une rupture et nous ne voulons pas nous trimballer ce qui relève du passé. Le milieu militant nous est odieux, le syndicalisme nous est insupportable. Nous voulons le Socialisme et une vie humaine fondée sur des valeurs alternatives, le reste est une partie du problème, pas de la solution.

Cela produit un isolement dont nous sommes assez fiers, mais qui rend d’autant plus fort le risque de blocage du site en raison du conflit armé en Ukraine.

L’Union européenne est en effet en mesure de décider d’un blocage de contenus sans avoir aucun compte à rendre. On parle ici d’une décision administrative, qui s’impose aux États européens qui sont de de toutes façons très contents de la chose.

Nous ne pensons pas que l’État français nous interdira de son côté ; cela ne le lui rapportera rien, c’est à ses yeux trop insignifiant. Nous pouvons toutefois faire partie d’un gros pack d’interdictions de médias, blogs, comptes Twitter présentés, à tort ou à raison, comme « pro-Russie » par l’Union européenne.

Il suffit de regarder l’interdiction, illégale et pourtant mise en place, de RT France. On parle ici de la variante française et indépendante du média russe RT.

Lors du début du conflit, en février 2022, l’Union européenne a dit aux opérateurs de stopper la diffusion de tout ce qui est russe, et ce

« y compris par transmission ou distribution par tout moyen tel que le câble, le satellite, la télévision sur IP, les fournisseurs de services internet, les plateformes ou applications de partage de vidéos sur l’internet. »

C’est là assumer une censure de guerre. RT France a protesté en disant que c’était de la discrimination, une atteinte à la liberté d’entreprendre, une censure, etc. Mais la réponse de la part de l’Union européenne, de la part de son tribunal, a été directement politique :

« Dès lors que la propagande et les campagnes de désinformation sont de nature à remettre en cause les fondements des sociétés démocratiques et font partie intégrante de l’arsenal de guerre moderne, les mesures restrictives en cause s’inscrivent également dans le cadre de la poursuite, par l’Union, des objectifs qui lui ont été assignés. »

Autrement dit, un média peut être censuré pour être considéré comme « convergent » avec l’ennemi. L’Union européenne n’est officiellement pas en guerre, et c’est pourtant une censure de guerre.

RT France a continué son activité, car c’est la diffusion qui est bloquée, pas la production. Au moyen d’un VPN contournant l’accès à internet depuis l’Union européenne, il était possible de suivre ce que faisait RT France.

Et, en décembre 2022, il y a eu un nouveau paquet de sanctions contre la Russie, amenant indirectement le gel des avoirs bancaires de RT France par le Trésor public, laissant 123 journalistes sur le carreau (dont 77 avec des cartes de presse). Cela a coulé RT France, qui a décidé de fermer en janvier 2023.

Tout cela est illégal au regard du droit français, mais par l’intermédiaire l’Union européenne est appliquée un droit de la guerre qui ne s’assume pas.

Possiblement, agauche.org ne sera donc pas interdit, mais verra « simplement » son accès bloqué dans l’Union européenne.

Des Français pourront écrire pour agauche.org, qui n’est donc pas interdit en soi. Des Français pourront le lire, légalement, avec un VPN pour aller sur internet. Les gens n’utilisant pas un VPN ne pourront cependant pas y accéder.

Il faut alors choisir de former un autre média, ou de continuer agauche.org en considérant que sans VPN, ce sera inaccessible. Au moins au départ, nous choisirons cette seconde option. Nous voulions le préciser tout de suite, pour une éventualité purement hypothétique encore, mais politiquement possible.

Nous pensons que dans une telle éventualité, la continuité est la chose qui a le plus de signification. C’est la meilleure parade à la volonté militariste de désorienter !

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Guerre

Le Monde appelle à l’escalade totale contre la Russie

Ils veulent la guerre à tout prix !

Le Monde a publié le 10 février 2023 un éditorial appelant à la mobilisation générale en faveur de la guerre. « Guerre en Ukraine : pour l’Europe, adapter le discours à la réalité » demande à intensifier la production d’armements et la propagande de guerre.

La bourgeoisie française continue de chercher à endormir les gens en prétendant que nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, tout en mettant en place l’escalade afin de placer devant le fait accompli.

Le Monde, un quotidien fondamental pour l’aile libérale-démocrate de la bourgeoisie et ce depuis plusieurs décennies, souligne ainsi la dimension stratégique de la guerre à la Russie :

« Si la guerre russe a commencé comme une menace existentielle pour l’Ukraine, elle est devenue, au bout d’un an, existentielle aussi pour l’Europe.

Laisser aujourd’hui la Russie gagner la guerre qu’elle a lancée serait récompenser l’agresseur, placer ses voisins à la merci permanente d’une autre attaque, anéantir définitivement tout ordre européen, renier les valeurs du monde démocratique, renforcer la Chine… Les conséquences sont incalculables. »

C’est un appel à la victoire de l’Otan et au triomphe de l’Occident – le contraire de ce que nous, nous voulons : la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident.

Le Monde exige par conséquent que les efforts soient systématiquement mis en place :

« M. Macron ne parle plus aujourd’hui de « ne pas humilier la Russie » ni de lui trouver des « garanties de sécurité ». Le 31 décembre 2022, il avait promis d’aider l’Ukraine « sans faillir, jusqu’à la victoire ».

S’il ne prononce pas encore le mot « défaite » pour la Russie, il admet qu’on ne peut pas la laisser gagner.

Si les mots ont un sens, celui-ci est lourd.

Empêcher la Russie de « l’emporter » impliquera un engagement financier et militaire plus important que celui fourni jusqu’ici.

Cela implique une industrie d’armement qui tourne à plein régime, des sanctions plus sévères encore, des sacrifices sur d’autres postes budgétaires, une société résiliente et solidaire.

Cela veut dire, comme l’avait plaidé Emmanuel Macron, le 19 août 2022, « payer le prix de la liberté ». C’était il y a six mois.

Le moment est venu d’adapter le discours public à la réalité et de préparer, avec le reste des institutions, l’opinion à la gravité de la situation.

Par « société résiliente et solidaire », il faut entendre que les contradictions internes doivent être neutralisées au maximum dans le pays pour la mobilisation contre la Russie.

Par « préparer l’opinion » et le « reste des institutions », il faut comprendre qu’il faut commencer à présenter l’affrontement direct avec la Russie comme « inéluctable ».

C’est un éditorial de grande importance, appelant à aller dans le sens de la guerre totale. Il montre que la bourgeoisie française est soudée dans son ensemble, qu’elle est prête à y aller.

La seule opposition historique est donc de répondre : guerre à la guerre, pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident !