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Hauts-de-France: l’union autour de Karima Delli ou le suicide anti-populaire

Soutenir Karima Delli dans les Hauts-de-France, c’est tourner le dos aux travailleurs. C’est littéralement suicidaire.

« L’union de la gauche, c’est possible ! » : c’est la réaction de l’hebdomadaire L’OBS à l’union électorale PS-PCF-LFI-EELV pour les régionales de juin 2021 dans les Hauts-de-France, la députée européenne EELV (et présidente de la commission du transport et du tourisme au Parlement européen) Karima Delli étant la tête de liste.

Sauf qu’il n’y a rien qui soit de Gauche là-dedans. Il suffit de lire le communiqué commun de cette union pour le voir. Le climat, l’emploi, changer la vie des gens, cela ne veut strictement rien dire alors qu’on est en pleine crise sanitaire, que le peuple se tourne vers Marine Le Pen parce qu’il espère des changements très profonds, que le capitalisme est en crise et qu’en plus les grandes puissances vont dans le sens de la guerre !

Faut-il que la Gauche gouvernementale soit composée de bobos pour se placer dans les Hauts-de-France derrière quelqu’un qui, sur son compte Facebook, pour le 8 mars, journée de la femme, propose la vidéo d’une interview d’une patronne de pêche, celle d’une cheffe d’entreprise racontant comment lancer une « boîte », celle d’une étudiante en sociologie parlant d’une « société patriarcale », celle d’une directrice artistique qui fait des astuces Business et Motivation…

C’est une blague, jamais les travailleurs n’abandonneront l’extrême-Droite pour une telle candidate. C’est du suicide.

Europe Ecologie Les Verts a de plus très clairement comme ambition de faire de la Gauche son satellite. L’idée est que la France est en majorité de droite ou libérale, par conséquent seul un candidat libéral d’EELV peut l’emporter à la présidentielle, et donc toute la Gauche gouvernementale doit prêter allégeance.

La Gauche gouvernementale pourrait dire qu’il est hors de question de liquider sa propre histoire, mais l’attrait des élections est trop fort et elle a donc choisi de se soumettre. C’est inacceptable.

Une autre interprétation est impossible, car les Hauts-de-France sont historiquement un bastion populaire qui a toujours puissamment irrigué la Gauche. Le PCF prétend avoir un candidat à la présidentielle de 2022, La France Insoumise entend lever un nouveau mouvement populaire… De telles prétentions s’avèrent mensongères si dans le principal endroit de France où la Gauche peut faire exploser la situation, on se place derrière EELV !

Quand on pense en plus que La France Insoumise se veut totalement opposé aux socialistes, alors qu’il accepte un accord électoral avec comme découpage des places un tiers d’écologistes, un tiers de socialistes et le reste pour le PCF et La France Insoumise ! C’est une capitulation totale et la raison en est toute trouvée : il ne s’agit pas de faire triompher idées, mais de chercher des configurations pour avoir plus de poids lors de la présidentielle et pour une participation gouvernementale.

N’ayant pas de principes, la Gauche gouvernementale raisonne en termes d’opportunités. C’est un suicide dans un contexte de crise et ce n’est pas comme cela que les travailleurs seront arracher à l’extrême-Droite, sans parler d’affirmer un programme de Gauche pour la démocratie et le peuple.

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Régionales en Hauts-de-France : union PS-PCF-LFI-EELV autour de Karima Delli

Une unité électorale a été réalisée pour les régionales des 13 et 20 juin 2021 dans les Hauts-de-France.

Voici le communiqué de presse au sujet cette union électorale qui marque une soumission de la Gauche gouvernementale à EELV, un suicide anti-populaire. Suit le communiqué de Génération-s qui soutient l’union électorale.

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Le congrès de Tours et l’importation du marxisme en France

Au-delà des questions de réforme et de révolution, le congrès de Tours c’est surtout le point de départ de l’introduction du marxisme en France.

Le marxisme, au début du XXe siècle, est considéré en France comme une philosophie allemande et si les socialistes français apprécient la critique économique du capitalisme, ils ne vont pas plus loin. Même après le congrès de Tours, les socialistes français devenus des communistes relevant de l’Internationale Communiste n’en ont pas grand chose à faire. Ils préfèrent Lénine en qui ils voient un type rentre-dedans et pragmatique, cherchant des moments décisifs.

Marx ? C’est bien, mais c’est surtout comme référence justifiant le socialisme. Lénine, c’est mieux, il y a un côté rentre-dedans, tout à fait conforme à un esprit socialiste français largement marqué par le syndicalisme révolutionnaire et ses actions coup de poing pour avancer vers la « grève générale ». D’ailleurs, Lénine était d’autant plus pratique que cela permettait aussi bien de se passer de Marx, avec l’idée que l’action remplaçait la théorie.

Le résultat ne se fit pas attendre, comme c’est bien connu : au congrès de Tours les socialistes sont pratiquement 180 000, en 1921 les communistes sont moins de 110 000, en 1923 ils ne sont plus que 55 000, et encore peut-on encore abaisser ces chiffres si l’on compte les gens réellement actifs. Et, surtout, les gens présents sont pratiquement tous nouveaux, tous jeunes.

L’Internationale Communiste a en effet fait comprendre aux socialistes français devenus communistes que désormais, il fallait passer au marxisme. Et il ne s’agissait pas d’un marxisme comme une inspiration, mais bien d’un dogme. On a coutume de dire que cela relève d’une « stalinisation » du marxisme, ce qui est une erreur grossière. Le marxisme était déjà un « dogme » dans la social-démocratie allemande, avec comme figure tutélaire Karl Kautsky. Ce dernier était considéré comme le successeur de Friedrich Engels, ce dernier étant considéré lui-même comme le successeur de Karl Marx.

Karl Kautsky

C’est si vrai que Lénine, pour se légitimer, dut écrire un ouvrage intitulé « La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky ». Lénine ne dit pas le réformiste Kautsky, il dit le renégat, car pour lui Karl Kautsky c’était très bien. D’ailleurs, lorsque Lénine explique dans « Que faire ? » le principe de ce qui sera appelé la conception léniniste de l’organisation, il s’appuie directement sur Karl Kautsky.

Le congrès de Tours marqua ainsi une orientation vers le marxisme d’une partie de la Gauche française, avec les communistes. Ce n’est toutefois pas le seul effet du congrès de Tours.

De la même manière, les socialistes restés dans la « vieille maison » comme le formula Léon Blum se tournèrent vers la social-démocratie autrichienne, qui était incroyablement massive dans la ville de Vienne formant son bastion. Son dirigeant, Otto Bauer, était ni plus ni moins qu’un avatar de Karl Kautsky. C’est à Vienne que siégea l’Union des partis socialistes pour l’action internationale, fondée en 1921 et qualifiée par les communistes d’Internationale deux et demie, avec les socialistes français, suisses et espagnols, les sociaux-démocrates allemands et autrichiens, les travaillistes indépendants britanniques.

Cela fit que les socialistes français passèrent également sous l’influence du marxisme. Inconnu au début du siècle, le marxisme devient au début des années 1930 une vraie question de fond en France et cela encore plus au début des années 1950. Dans les années 1960 commença toutefois l’émergence d’une « seconde gauche » cherchant à modifier, dépasser ou réfuter le marxisme, avec Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, etc. Ce fut la grande période des « intellectuels », qui dans les faits contrecarraient le marxisme depuis les universités et le Quartier latin parisien.

Cette tendance fut même présente dans le PCF. Le philosophe « officiel », Roger Garaudy, chercha à dépasser le marxisme, tout comme l’économiste « officiel » Paul Boccara remplaça la notion d’impérialisme par celle de capitalisme monopoliste d’État. D’autres cherchent à « moderniser » l’interprétation de l’État, comme Nicos Poulantzas, ou bien l’idéologie marxiste, comme Louis Althusser. Cela prit du temps mais cela donna un post-marxisme dont le PCF se veut aujourd’hui le représentant.

Cela fait que dans les années 1980, le marxisme est déjà délaissé ; à partir des années 1990, il est ouvertement rejeté à peu près partout à Gauche. C’est alors le renouveau des anarchistes et des syndicalistes. Avec en quelque sorte un retour à la case départ si l’on prend le congrès de Tours comme référence. L’alternative étant : soit ce fut un formidable détour et le PCF une aventure, populaire certes, mais une aventure, soit il faut recommencer le processus d’affirmation du marxisme en France, contre l’esprit syndicaliste « révolté ».

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Il y a cent ans au congrès de Tours naissait en France le Parti Communiste

En choisissant de demander à rejoindre l’Internationale Communiste, la majorité des socialistes français donnait naissance au Parti Communiste le 29 décembre 1920.

Au cinquième jour du congrès de Tours, il y a cent ans, se tenait le vote des socialistes français, autour d’une question essentielle à leurs yeux : fallait-il suivre l’appel de Lénine à mener une grande cassure dans les rangs des socialistes français ?

C’était un drame pour beaucoup, car la tradition socialiste française, c’était celle de la « synthèse » entre différentes tendances, allant des tenants de l’alliance avec les bourgeois éclairés aux partisans d’un anarchisme complet. Et au début de l’année 1920, les socialistes français avaient déjà refusé d’aborder en tant que tel la question. Cela les dérangeait, ils avaient toujours pensé être plus efficaces, plus honnêtes, en acceptant tout le monde.

Impossible pourtant à la fin de l’année 1920 de continuer à faire comme si la Russie soviétique n’existait pas, alors que toute l’Europe centrale a déjà connu l’ouragan révolutionnaire, que le capitalisme est instable dans toute une série de pays européens, que la pression continue de monter en France. Alors le soir du 29 décembre, le vote des délégués est très clair, les 3/4 votant pour l’adhésion du Parti socialiste Section Française de l’Internationale Ouvrière à l’Internationale Communiste.

C’était un choix romantique. Des socialistes prônant l’adhésion à l’Internationale Communiste, il ne restera très vite pratiquement personne. Ils partiront ou seront éjectés dans les quelques années suivantes. Ce sont des jeunes qui vont faire vivre ce qui est désormais un « Parti Communiste », aligné sur les choix réalisés par l’Internationale Communiste. Ce sont des jeunes ouvriers du Nord, comme Maurice Thorez, né en 1900. Il deviendra ensuite le dirigeant du Parti Communiste, à l’âge de trente ans.

Ce sont surtout des jeunes ouvriers parisiens qui feront le coup de poing avec l’extrême-Droite dans les années 1930, provoquant la rébellion antifasciste de 1934 qui donne naissance au Front populaire. Au milieu des années 1930, la région parisienne forme la moitié du contingent du Parti Communiste.

Cette question du romantisme est très importante, car le Parti Communiste est en France avant tout une passion, et une passion localisée. Elle n’a pas touché tout le pays, elle n’a pas réussi à s’ancrer dans l’Histoire française. Il y a des lieux où le Parti Communiste a été un formidable lieu de socialisation. Mais il a été comme parallèle à la société française, qui a continué son chemin sans lui.

Contrairement à d’autres pays où le niveau culturel était élevé, avec ainsi une culture façonnant la société au moins en partie, les communistes ont en France toujours considéré que le communisme c’était avant tout un élan, le Parti Communiste une sorte de syndicat, mais politique. Et cette conception doit beaucoup au congrès de Tours de décembre 1920.

Le congrès de Tours de 1920 est donc un événement marquant, mais s’il fut sincère, il reflète une problématique de fond qui est la difficulté de la Gauche en France à dépasser une conception minoritaire et syndicaliste/électoraliste de l’action politique. Encore faut-il d’ailleurs souligner qu’il ne s’agit pas tant de politique que de culture. La Gauche française aime à se précipiter, à être dans le feu de l’action, et pour cette raison le monde entier la regarde souvent. Mais hors ces actions, il y a une incapacité à prolonger le tir, à ancrer une culture, à établir des perspectives.

Tout le mal de la Gauche française se lit bien dans le congrès de Tours de 1920, avec son élan sincère mais volontariste.

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Quelques articles intéressants à l’occasion du centenaire du congrès de Tours

Quelques articles nouveaux pour le centenaire du congrès de Tours marquant la fondation du PCF.

Voici quelques (nouveaux) documents intéressants pour contribuer aux connaissances sur le congrès de Tours de 1920, sur la question des socialistes et des communistes.


  • La ville de Tours présente une exposition virtuelle sur sa situation au moment du congrès. Plutôt bien faite, l’exposition permet d’avoir un aperçu sur le contexte du congrès, ainsi que en un certain sens sur la France de l’époque.

=> l’exposition virtuelle

  • La chaîne de télévision Public Sénat, qui dépend du Sénat français, a publié un documentaire très sérieux, même si évidemment limité, présentant le sens du congrès de Tours.

=> la vidéo Congrès de Tours. 1920 : la naissance des deux gauches


  • La Fondation Jean Jaurès a mis en ligne une vidéo de débat présentant l’intérêt de relire Léon Blum cent ans après le congrès de Tours. Il faut se rappeler ici que Léon Blum jouait un rôle très secondaire chez les socialistes avant le congrès de Tours. En devenant l’opposant le plus acharné de l’Internationale Communiste, il est apparu au premier plan. Ses propos tenus au congrès, consistant en une défense des traditions socialistes – absence de centralisation, droit de tendance, direction reflétant les tendances – forment littéralement le catéchisme socialiste.

=> la page avec la vidéo du débat

  • La Gauche républicaine et socialiste (GRS) a publié un article assez dense intitulé 100 ans de Parti Communiste Français. La GRS est notamment composée des ex-socialistes faisant le choix de s’orienter par rapport à La France insoumise. L’article résume le congrès de Tours en prenant partie pour Léon Blum, tout en réfutant une position anti-PCF, dans l’esprit du programme commun et de François Mitterrand. Il est appelé à une fusion des communistes avec la Gauche républicaine au nom de la disparition du « soviétisme ».

=> l’article 100 ans de Parti Communiste Français


  • Le Monde Diplomatique a publié un article sur « l’essor et déclin du communisme français ». Cette revue exprime le point de vue de l’altermondialisme et l’article explique que le communisme a surtout été un mouvement populaire, qu’il a encore de nombreux restes, notamment au niveau des municipalités. C’est donc une force à prendre en compte.

=> l’article Il y a cent ans naissait un parti authentiquement populaire

  • L’auteur de l’article du Monde Diplomatique est interviewé à ce sujet par Solidaire, l’organe du Parti du Travail de Belgique. C’est un sociologue, publiant un ouvrage sur le centenaire du PCF ; son regard se veut neutre et objectif afin de présenter des faits. On n’y cherchera donc pas un point de vue relevant du mouvement ouvrier.

=> l’interview Il y a 100 ans : La naissance du Parti communiste français


  • Militant, un réseau actif dans La France insoumise, a mis en ligne un mémoire de maîtrise donnant la version trotskiste de la naissance des pro-IIIe Internationale dans les rangs socialistes. Cela exprime la nostalgie sur le fait que les syndicalistes et les trotskistes ne soient pas arrivés à prendre le contrôle du jeune Parti Communiste.

=> le mémoire de maîtrise portant sur « Le Comité de la 3ème Internationale
et les débuts du PC français (1919-1936) »

  • Le rassemblement communiste, avec différents groupes dont la coordination communiste 59/62 issue du PCF des années 1990, a publié une vidéo avec des interventions cherchant à tracer un bilan du PCF à l’occasion du centenaire du congrès de Tours. C’est la combativité sociale qui est soulignée, avec sincérité mais de manière artisanale (les gens s’allongeant sur un canapé à l’arrière-plan, tout de même!).

=> la vidéo à l’occasion du centenaire


  • Le Pôle de Renaissance Communiste en France a publié un court texte, accompagné d’une vidéo, appelant à la reconstitution du Parti Communiste en France. C’est là quelque chose de nouveau, car normalement le PRCF a comme position concernant le PCF d’être un pied dedans un pied dehors. On a là une affirmation très forte, qui se voit associée une proposition d’une candidature à la présidentielle de 2022. Le PRCF entend se présenter comme le parti (patriotique) du combat de classe et considère que le moment est arrivé pour se poser comme la véritable rupture avec le réformisme, le révisionnisme, le gauchisme, etc.

=> l’appel du PRCF Reconstruisons un parti communiste pour faire gagner les travailleurs


  • Le PCF (marxiste-léniniste-maoïste) publie une série d’articles sur la nature du Parti Communiste, ainsi que les dossiers sur le congrès de Tours. On retrouve à l’arrière-plan la conception selon laquelle les communistes français n’ont pas été à la hauteur sur le plan idéologique et culturel. Il ne s’agit pas simplement de lutter ou de refuser le réformisme, tout est une question de vision du monde, qui doit être matérialiste dialectique, matérialiste historique (avec donc Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong).

=> la revue pdf Bolchevik


  • Le Parti Communiste Révolutionnaire de France a publié un court article saluant la fondation du Parti Communiste en 1920, faisant référence à des extraits d’interventions au congrès de Tours en faveur de la transformation du Parti socialiste.

=> le court article avec le pdf contenant les extraits

  • Les Jeunesses Communistes du Bas-Rhin, des Bouches-du-Rhône et de Lyon ont réalisé une déclaration commune, appelant à s’opposer au reniement, voyant en la période 1989/1991 un mauvais tournant.

=> la Déclaration commune

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Le PCF en 1970 : « un sacré bout de chemin »

Le texte « un sacré bout de chemin » trace le bilan du PCF pour son cinquantenaire en 1970 et annonce les perspectives à espérer alors.

Le PCF a publié en 1970 une petite brochure à l’occasion de son cinquantenaire. Intitulée « un sacré bout de chemin… », elle contient un petit historique se concluant par un texte présentant le PCF en 1970, avec ses perspectives. Voici cette partie, qu’il est intéressant de voir depuis décembre 2020, cinquante ans après. Surtout que ce texte de conclusion s’intitule « le but si proche ».

La brochure a été publié comme supplément aux « Cahiers du communisme » de novembre 1970 et sa rédaction par le comité central a eu comme principal acteur Rober Lechêne. Né en 1927, celui-ci a rejoint le PCF en 1946, devenant un des principaux cadres de sa presse. Il fut notamment le rédacteur de la revue Nous les Garçons et les Filles, une sorte de tentative populiste de se tourner vers la jeunesse en gommant toute identité à la jeunesse communiste.

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Il y a cent ans le congrès de Tours

Le 25 décembre 1920 s’ouvrait le congrès de Tours, où la majorité des socialistes donna naissance à la section française de l’Internationale communiste.

C’est du 25 au 30 décembre 1920 que les socialistes tinrent leur congrès – le 18e – où ils décidèrent en majorité d’adhérer à l’Internationale Communiste. Le Parti socialiste Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) devint ainsi la Section Française de l’Internationale Communiste, la SFIC. La minorité, avec notamment Léon Blum, reprit le nom de Parti socialiste Section Française de l’Internationale Ouvrière (surtout connu sous le nom de SFIO).

C’est un moment très important de l’histoire de la Gauche française, qui va alors littéralement se fracturer et ce même au niveau syndical. Avant le congrès de Tours, la Gauche française opposait les socialistes au camp des anarchistes et des syndicalistes révolutionnaires. Après le congrès de Tours, ce ne fut plus du tout la même chose ; on avait alors les communistes d’un côté, les socialistes de l’autre, avec les socialistes se tournant vers les radicaux, c’est-à-dire vers le centre.

Le centenaire de la naissance du PCF n’a pas provoqué beaucoup de productions, mais il y a des choses notables :

– le PCF a mis en place un compte facebook abordant le centenaire, avec quelques contenus, alors que des portraits artistiques de résistants ont été affichés à son siège place du Colonel Fabien à Paris et qu’une série de publications a été réalisée (le livre Cent ans de Parti communiste français, le numéro double “Cent ans d’histoire” et le numéro “Communisme” de la revue Cause commune, les catalogues d’exposition 100 ans d’histoire de France et du PCF sur les murs et  Libres comme l’art) ;

– on mentionnera Fêter le centième anniversaire d’un parti, une interview de Guillaume Roubaud-Quashie, le directeur de la revue Cause commune, qui a organisé la célébration du centenaire pour le PCF ;

– la fondation Gabriel Péri organise une petite exposition d’affiches au siège du PCF mais également en ligne autour de différentes thématiques ;

– le quotidien l’Humanité a publié une série d’articles, la plupart cependant payants ;

– les éditions du Temps des cerises ont publié un ouvrage au sujet du Congrès de Tours ;

– sur le site Faire vivre le PCF on trouve une interview en vidéo de l’auteur de l’ouvrage Le Parti des Communistes ;

– le Pôle de Renaissance Communiste en France a mis en ligne une série de vidéos sur le centenaire sur son compte youtube ;

– on trouve sur materialisme-dialectique.com, à l’occasion du centenaire, un dossier sur Le congrès de Tours du Parti socialiste SFIO en 1920 et la fondation de la Section Française de l’Internationale Communiste précédé d’un autre dossier sur Le Parti socialiste SFIO au lendemain de la première guerre mondiale.

On notera qu’à part ces initiatives, on ne trouve rien, ce qui est pour le moins marquant. Même le réseau Action Novation Révolution, un courant du PCF tenant d’un retour à la ligne de Georges Marchais (et de l’économiste Paul Boccara), n’aborde pas le centenaire, pas plus d’ailleurs que la Coordination Communiste ou bien le Parti révolutionnaire Communistes, pourtant issu du PCF. Du côté trotskiste personne ne le fait non plus, ce qui est par contre logique, même si la Riposte se poste historiquement comme courant du PCF.

C’est que la question du centenaire révèle évidemment la question des traditions et du rapport à la notion de « Parti ».

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PCF : Discours du centenaire

Le PCF a mis en ligne un discours datant déjà de quelques jours et dont le contexte n’est pas présenté ; on comprend cependant que cela fait partie des initiatives à l’occasion du centenaire du congrès de Tours de 1920. On y trouve la vision du monde qu’a le PCF actuel, à travers la relecture de son passé. Le discours semble prononcé par Fabien Roussel, le secrétaire national.

 » Discours du centenaire du PCF – jeudi 17 décembre 2020

Mesdames et Messieurs, Cher·e·s ami·e·s, Cher·e·s Camarades,

Nous voilà réunis pour célébrer les 100 ans d’existence du Parti communiste français.

A cause de la pandémie, du confinement, nous avons dû annuler de nombreux rendez-vous. Certains sont reportés en 2021.

D’autres sont maintenus, comme la superbe exposition d’affiches qui ont jalonné notre histoire, réalisée grâce au concours de la Fondation Gabriel-Péri, présidée par Alain Obadia et que vous découvrirez sur le net avec l’ensemble du programme.

Merci à Guillaume Roubaud-Quashie pour avoir piloté ces festivités.

Je remercie également, pour cet anniversaire exceptionnel, les membres de la direction du PCF présents en visio et ici physiquement en nombre restreint, Pierre Laurent, président du Conseil national, Marie-George Buffet, ancienne secrétaire nationale, les présidents de groupe à l’Assemblée nationale et au Sénat, André Chassaigne et Eliane Assassi, Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, mes collègues parlementaires, les responsables nationaux des organisations de jeunesse, Léon Deffontaines, secrétaire national du MJCF, les membres du comité exécutif et ceux du conseil national.

Merci à vous et bienvenue à toutes celles et ceux qui nous rejoignent.

Il n’est pas commun de fêter l’anniversaire d’un parti. Encore moins quand il a 100 ans. Et, entre nous, ces 100 ans, on ne les fait pas !

Car en 2020 comme il y a cent ans, le communisme, c’est la jeunesse du monde. Et face au vieux système capitaliste, nous avons besoin d’idées nouvelles, radicalement nouvelles. Voilà pourquoi cette fête est celle d’un commencement.

Avec les yeux non pas tournés vers le passé, mais braqués sur le présent.

C’était déjà l’urgence du présent qui présidait le Congrès de Tours, quand le Parti communiste s’est créé sous la banderole « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». Et c’est toujours d’actualité.

Après l’horreur de la Première Guerre mondiale, il s’agissait de garantir pour de bon la paix entre des peuples que l’impérialisme montait les uns contre les autres.

Il s’agissait de tourner la page d’un capitalisme broyant les vies humaines, celle d’enfants, de femmes, d’hommes qui mourraient au travail.

Cette ambition, portée par celles et ceux dont la guerre avait brisé les vies, elle est toujours la nôtre aujourd’hui, avec comme boussole l’intérêt populaire et l’utilité pour le plus grand nombre.

C’est ce qui n’a cessé d’animer ces centaines de milliers, ces millions de Françaises et de Français, d’étrangers, qui dans notre pays, ont décidé de rejoindre notre parti à travers ces cent années, ces hommes et ces femmes qui ont décidé d’organiser leur révolte, leurs rêves, leurs aspirations, pour proposer un projet d’espoir à notre pays et à son peuple, pour le faire entrer dans la vie.

C’est cette volonté de changer le cours du monde, d’être tout simplement utile qui hante encore le jeune Guy Môquet, lycéen de 17 ans, à la veille de son exécution, le 22 octobre 41 par les nazis, dans sa dernière lettre : « Ma petite maman chérie […] Je vais mourir. […] Certes, j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose. »

En 2020, nous retournant sur le siècle écoulé, nous pouvons en être sûrs : le combat des communistes sert à quelque chose.

Il a contribué à garder ouvertes les portes de l’avenir lorsque l’horizon paraissait bouché.

Il s’est engagé dans la Résistance, à l’image d’un Manouchian, d’un Rol Tanguy, d’une Martha Desrumeaux ou d’une Danielle Casanova et de tant d’autres.

Sans le PCF, le rassemblement de la gauche aurait-il vu le jour en des moments cruciaux ?

Y aurait-il eu le Front populaire et le programme du Conseil national de la Résistance ?

Oui, le Parti communiste est indissociable de grandes conquêtes telles que les congés payés en 1936 ou la Sécurité sociale en 45.

C’est le ministre CGTiste et communiste Ambroise Croizat qui crée notre système de retraite par répartition.

C’est le député communiste Fernand Grenier qui dépose le 24 mars 1944 l’amendement qui inscrit dans la loi le droit de vote des femmes.
Nous avons été d’ailleurs le premier parti à présenter des femmes en position éligible, dès 1925, alors qu’elles n’avaient pas le droit de vote. Je pense aux 17 députées femmes communistes et à Marie-Claude Vaillant-Couturier parmi les 33 premières femmes députées en 1945.

C’est Etienne Fajon, autre député communiste, qui proposera en 1946 de graver dans le marbre de notre Constitution la laïcité.

Il faudrait aussi évoquer 1968 et le rôle majeur des communistes, au coté des syndicats et de la jeunesse dans les conquêtes sociales du printemps dont une hausse du SMIC de 35 %, et la conquête de nouveaux droits pour les salarié·e·s à l’entreprise !

Comment ne pas évoquer 1981 et la victoire de la gauche grâce au score de 15 % de Georges Marchais avec un projet ambitieux pour le monde du travail qui fit gagner la semaine de 39 heures, la retraite à 60 ans et de nombreuses nationalisations, notamment du secteur bancaire. Quelle erreur historique de ne pas avoir poursuivi ces réformes avec le tournant de la rigueur choisi par Mitterrand, en 83.

Notre honneur, hier comme aujourd’hui, c’est l’engagement des maires communistes, à la pointe du combat pour créer des logements sociaux de qualité ou des centre médicaux de santé, pour développer la culture et l’éducation populaire, pour favoriser la diversité et la mixité sociale, pour permettre à tous les enfants de partir en vacances, pour garantir à chaque citoyen les même droits.

Notre fierté, c’est encore de compter dans nos rangs, ou à nos côtés, les plus grands artistes et créateurs du XXe siècle, d’avoir pu bénéficier des audaces d’un Aragon ou d’un Jean Ferrat, d’un Picasso ou d’un Paul Éluard.

Ces liens avec le monde de la culture et de la création, nous continuons de les chérir, à l’image du travail remarquable de l’artiste C215 qui expose actuellement les visages des héros communistes de la Résistance, à l’extérieur de notre siège.

Quelle honte, aujourd’hui, de voir le gouvernement décréter, lorsque des mesures de restriction sanitaires s’imposent, que la culture n’est pas indispensable, alors que la France, c’est la culture, et la culture, c’est la vie.

Et c’est justement ce dont nous avons besoin, en ce moment plus qu’en tout autre !

Comment ne pas évoquer notre engagement internationaliste, pour la défenses des peuples et de leur droit à déterminer leurs propres choix : Oui, nous sommes fiers d’avoir été de ceux qui, très tôt, ont défendu la décolonisation, l’indépendance de l’Algérie, se sont engagés contre les guerres d’Indochine et du Vietnam ou pour mettre fin au terrible régime de l’apartheid en Afrique du Sud avec la libération de Nelson Mandela.

Quels souvenirs pour les militants de ma génération qui ont pu contribuer à sa libération.

Il n’y a avait pas beaucoup de monde à l’époque pour porter ces combats. Mais il y a beaucoup de monde aujourd’hui pour dire qu’ils étaient juste.

C’est d’ailleurs le même engagement que nous avons aujourd’hui pour demander la libération de Marwan Barghouti, le député palestinien enfermé dans les geôles israéliennes, ou pour mettre fin au blocus contre le peuple cubain.

C’est d’ailleurs aussi au nom du respect de la souveraineté des peuples que nous avons, dès 1979, décidé de nous engager contre cette Europe libérale, contre ces traités européens qui soumettent les peuples aux exigences des marchés financiers et bradent leur indépendance dans une soumission de plus en plus poussée à l’Alliance atlantique.

Nous avions gagné, là aussi, une belle victoire lors du référendum de 2005 contre le Traité constitutionnel. Mais tout de suite après, la droite et une partie de la gauche, choisissaient de trahir le choix du peuple en faisant voter ce traité au Parlement français. Encore une fois, seul les parlementaires communistes respectaient unanimement le choix majoritaire de nos concitoyens .

Ces trahisons d’une partie des forces politiques françaises ont largement contribué à détourner nos concitoyens de la politique, de la gauche.

100 après sa création, nous sommes encore une force incontournable dans tout le pays, une des premières avec nos 50 000 adhérentes et adhérents, nos 660 maires et nos milliers d’élu-es locaux, départementaux, régionaux, nos députés, sénateurs, sénatrices et cet engagement, cette présence, sur tout le territoire, dans les villes comme dans les villages.

Et vous pourriez bien être surpris par notre renforcement dans les années qui viennent.

Car jamais les inégalités, les injustices, les espoirs d’un monde de justice, de paix, de fraternité, écartant les menaces climatiques, préservant la planète, jamais ces colères et ces espoirs n’ont été aussi forts.

Oui, le communisme est d’actualité. Il est même, pensons-nous, la réponse pertinente à un système économique qui menace la civilisation humaine comme le climat.

Et c’est parce qu’il est, plus que jamais, le mouvement « de l’immense majorité au profit de l’immense majorité », ainsi que le définissaient Marx et Engels, que nous voulons nous projeter vers l’avenir.

Car tant que la pauvreté, les guerres, les inégalités, le racisme, ou les catastrophes climatiques marqueront les peuples, en les opposant, en les divisant, en les poussant à l’exode, nous serons là, toujours là, pour défendre les plus humbles, pour faire respecter la dignité de chaque individu, pour faire avancer l’émancipation humaine, pour défendre la Terre, l’air et la mer.

Regardez ce mois de décembre. Pour beaucoup, la pandémie impose des contraintes et des fêtes de fin d’année limitées.

Mais pour d’autres, pour des centaines de milliers de salariés, qui reçoivent leur lettre de licenciement en ce moment, pour tous ceux qui se battent en ce moment pour conserver leur emploi, Noël aura un gout amer.  Je pense à ces familles de Bridgestone, Renault, Airbus, Danone, Cargill, Verallia, Vallourec, GE Belfort, Grid et tant d’autres !

Le visage du capitalisme, c’est celui-là, celui qui profite de la pandémie pour accélérer la désindustrialisation de la France.

Le visage du communisme, c’est celui de toutes ces hommes et de toutes ces femmes qui résistent, ceux des usines, comme ceux de la culture.

C’est celui du monde du travail qui a été en première ligne, ces soignants, ces enseignants, ces agents des services publics, ces livreurs, ces agriculteurs, ces commerçants, tous ces salariés qui travaillent dur et qui n’arrivent pas à vivre de leur travail !

Notre idéal de justice sociale est d’une criante actualité.

Et notre combativité est intacte pour conquérir, avec le monde du travail, de nouveaux droits, de nouvelles protections, de nouvelles conquêtes sociales.

En cette année 2020, nous portons l’objectif pour notre pays d’éradiquer le chômage et la pauvreté, de garantir à chacun un emploi, une formation, un salaire tout au long de sa vie.

Nous disons qu’il est indispensable pour cela de reprendre le pouvoir à la finance, de redevenir maîtres de nos choix, de retrouver notre souveraineté démocratique et industrielle.

Oui, notre combativité est intacte pour porter l’espoir d’un projet de société plus humaine, sociale, véritablement écologiste et pleinement féministe.

Ce 21e siècle a grand besoin de rupture et de nouveauté. Pour tourner enfin la page des dominations de toutes sortes, celle du capital, celles sexistes, racistes, homophobes qui subsistent encore.

Nous avons en nous, 100 ans après, cet ADN de la combativité, de l’indignation face aux inégalités, le même engagement honnête, sincère.

D’autant plus que l’humanité affronte une crise sanitaire sans précédent dans son histoire récente. Mais, comme trop souvent, ce sont encore une fois les peuples, les plus faibles, les premiers de corvée, le monde du travail comme celui de la création qui en paient le prix fort.

Le monde de la finance, des banques, des assurances, entend garder les manettes, endetter les peuples pour mieux les faire payer demain.

Avec eux, on passe rapidement du « quoi qu’il en coûte » à « il faudra payer ».

Ils repeignent en vert la façade de leur discours, mais nous savons bien que les logiques de rentabilité, de concurrence continueront d’épuiser les hommes, les femmes, comme les ressources naturelles.

C’est tout l’enjeu des mois et des années à venir.

C’est urgent. C’est incontournable.

Pour faire reculer les conflits, les guerres, les murs qui ont poussé 80 millions d’hommes et de femmes à l’exode en 2020, un chiffre jamais connu à ce jour selon le HCR.

Pour transformer en profondeur nos modes de production, nos modes de consommation, pour développer nos services publics, pour relocaliser notre industrie, toute notre industrie et produire ici ce que nous consommons ici.

Produire, créer, former, répondre aux besoins humain, protéger la planète, vivre et s’épanouir de son travail, n’est-ce pas là l’objectif qui doit tous nous unir, pour nous comme pour l’avenir de nos enfants ?

C’est le capitalisme qui a fait son temps. Une nouvelle ère doit s’ouvrir. Et le communisme est le nom de cet espoir pour l’humanité.

Car nous avons face à nous d’authentiques vieillards. Tous les Bernard Arnault, les Jeff Bezos et autres Bill Gates, ces nouveaux Harpagon assis sur leurs lingots et leurs cassettes qui écrasent les peuples.

Oui, dans nos veines de militants communistes coule un sang plus jeune que dans celles des actionnaires des Big Pharma qui entendent faire des profits sur un vaccin tant attendu quand nous, nous demandons à partager les brevets, les connaissances et à les proposer, à prix coutants, aux peuples du monde.

Oui, tous les élus communistes, dans les communes, dans les département et les régions, à l’Assemblée et au Sénat portent tous les jours la promesse d’une France fraternelle et solidaire quand grandissent les communautarismes et le repli sur soi.

Oui, nous entendons donner plus de pouvoir, plus de droits à tous ceux et toutes celles qui créent les richesses par leur travail, quand une minorité les accaparent.

Ce qui est urgent aujourd’hui, c’est de passer d’une civilisation de l’argent roi à une civilisation de l’humain et de la planète d’abord.

Alors, bon anniversaire à tous les peuples qui luttent pour leur indépendance, à tous les salariés qui espèrent vivre dignement de leur travail, à tous les militants associatif, syndicaux, politiques qui dans leur grande diversité s’engagent pour un monde d’égalité, de liberté, de fraternité et de tolérance.

Bon anniversaire aux communistes d’hier, à celles et ceux d’aujourd’hui…

…et à ceux de demain car, répétez-le autour de vous, nous avons besoin de chacune et de chacun, pour sortir enfin de ce monde à l’envers, pour ouvrir une nouvelle ère, celle de l’être humain et de son bonheur. « 

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Déclaration commune des forces de gauche et écologistes en soutien au secteur culturel

C’est une courte déclaration, mais elle est lourde de sens politique puisqu’elle est signée par de très nombreuses forces (EELV, Génération-s, PCF, PRG, Place publique, PS), indiquant un certain sens unitaire en prévision des prochaines présidentielles.

Voici la déclaration :

« Déclaration commune des forces de gauche et écologistes en soutien au secteur culturel.

Mardi 22 décembre 2020

Depuis mars dernier le milieu culturel vit un véritable choc. Ces derniers jours, suite à la forte mobilisation de tout le milieu culturel, il nous est apparu essentiel, à nous, forces de gauche et écologistes, de nous unir pour exprimer d’une voix unanime notre soutien total et notre solidarité à ce secteur profondément meurtri par la crise actuelle.

Nous appelons le Gouvernement à changer de toute urgence sa gestion, de permettre la réouverture des lieux culturels dans le respect d’un protocole sanitaire établi et surtout de porter une véritable considération à la culture, à la création artistique et à tous les professionnels qui la font vivre.

La culture et la création artistique sont absolument essentielles à l’esprit et au cœur de chacune et chacun d’entre nous. La culture est la gardienne de notre cohésion sociale et républicaine. Elle sera toujours la première à nous élever au rang de personnes libres, ouvertes et éclairées. C’est pourquoi nous revendiquons des mesures proportionnées, pour que la culture puisse s’exprimer librement et pleinement. »

Europe Écologie Les Verts

Génération.s

Parti Communiste Français

Parti Radical de Gauche

Place publique

Parti Socialiste

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La vision du monde du PCF pour son centenaire: les sympathisants

Le Parti Communiste Français, ce n’est pas que des cadres et des adhérents, c’est aussi une hypothèse : celle « du Parti ».

Il y a les cadres du PCF, avec leur hypothèse d’une démocratie avancée utilisant l’État pour contrer le capitalisme ; il y a la base du PCF, issue d’une socialisation de masses par la contre-société liée au PCF et ses organismes de masses. Mais il y a également les sympathisants, qui forment au sens strict ce qui fait vivre le PCF.

Il y a en effet en France des gens dont les yeux s’illuminent quand on parle « du Parti ». Cela ne veut pas dire que pour eux le PCF soit « le Parti », mais ils vivent pour autant dans cette culture. Ils diffusent une culture « Parti » qui joue un rôle essentiel dans l’existence du PCF.

C’est très paradoxal, car le PCF ne se veut pas du tout « Le Parti » et ce depuis longtemps. Et les gens qui ont cette culture « Parti » sont parfois à l’extérieur du PCF, voire totalement contre lui. Mais le PCF est irradié par cette culture voulant que l’absence « du Parti » est considéré comme impossible. Ayant encore un poids suffisant en termes de membres et d’élus, le PCF surnage en tant que l’hypothèse « Parti », même bancale. S’il disparaissait, un autre « Parti » réapparaîtrait, tellement ce besoin est porté par beaucoup de gens.

Une affiche du Parti Communiste Français de 1958

Il faut bien faire attention à ne pas confondre ceux qui veulent « le Parti » et ceux qui disent qu’ils veulent le construire. Ce n’est pas du tout pareil. La tradition « communiste révolutionnaire » dit qu’elle veut fonder « le Parti » mais elle considère que ce sera un aboutissement. On est là historiquement dans l’approche trotskiste (Lutte Ouvrière, des courants du Nouveau Parti Anticapitaliste, etc.) et assimilé (Voie Prolétarienne, UPML, UC Lyon, etc.).

Cette tradition repousse ce qui fait justement « Le Parti »: une idéologie bien déterminée, une lecture immédiate en termes de pouvoir, d’appareil d’État, bref une ambition politique extrêmement poussée. Elle parle du Parti comme produit de luttes futures, d’assemblages de gens en résistance, etc. Ce n’est pas du tout la tradition « du Parti » qui implique l’ambition de présenter une direction politique, dans le sens d’une révolution.

Le PCF n’a plus cette ambition, mais il n’a pas changé de nom et il profite de cette aura. Les sympathisants du PCF l’entrevoient de cette manière et le valorisent pour cette raison. Le PCF, c’est l’hypothèse historique du Parti, un espoir, une attente. Il y a d’ailleurs beaucoup de concurrence sur ce plan. Si on part d’un point de vue historique, il y a deux tendances oppositionnelles générales, se subdivisant elles-mêmes.

Le canal habituel : PRCF et PCRF

On parle ici de gens directement issus du PCF, où ils forment une tendance oppositionnelle organisée en 1991 avec la Coordination communiste. En 2000, la majorité décide de vivre sa vie de manière indépendante, ce qui donne l’Union des Révolutionnaires-Communistes de France devenant le Parti Communiste Révolutionnaire de France. La minorité décide de garder un pied dans le PCF, un pied dehors, pour ne pas se marginaliser, ce qui donne le Pôle de renaissance communiste en France.

Le canal historique : PCOF et PCF(mlm)

On parle ici de gens qui sont totalement coupés du PCF et de ce qui s’associe à lui depuis les années 1960. Le PCF est considéré comme ayant perdu sa nature dans les années 1950, en s’alignant sur les positions soviétiques « révisionnistes ». Il s’agit ainsi de relever le drapeau en réaffirmant l’hypothèse communiste, quitte à être très minoritaire : il en va du flambeau, de la possibilité d’une affirmation communiste. D’où le terme de Parti du côté du Parti Communiste des Ouvriers de France et du Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste).

Pour faire court, le PRCF a la nostalgie du PCF des années 1980, il est très marqué par un côté patriotique. Le PCRF regrette celui des années 1960, avec le romantisme cubain notamment. Le PCOF, lié à la tradition dite « pro-albanaise » (avec Enver Hodja), se tourne en quelque sorte vers celui des années 1940, avec des résistances populaires de masse à développer. Le PCF(mlm), lié à la tradition « pro-chinoise » (avec Mao Zedong) veut un Parti Communiste assumant la révolution culturelle, raisonnant en termes de vision du monde.

Le siège du PCF à Paris, en 1953

Le PCF, pour son centenaire, est ainsi difficile à appréhender. Il y a celui des cadres, celui de la base, celui des sympathisants de l’hypothèse « du Parti ». Lequel est dans le vrai ? On va rapidement le savoir, dans un tel contexte de crise, tellement les différences sont marquées.

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Politique

La vision du monde du PCF pour son centenaire: la base

La base du PCF vit séparée de ce qui se passe au niveau de la direction ; elle est nostalgique d’une socialisation de masses.

Il existe un grand décalage entre la base du PCF et les cadres. Ces derniers ont un véritable bagage idéologique, une vison du monde bien déterminée, se fondant sur une accumulation commencée dans les années 1960. La base ne comprend rien à tout cela et ne s’y intéresse pas.

La base du PCF, ce sont les restes d’une immense socialisation de masse, car en plus du PCF, il y avait toutes les structures liées à la vie quotidienne. Cellules d’entreprises, Confédération nationale des locataires, Union des femmes françaises, Mouvement de la paix, Fédération sportive et gymnique du travail, Union des étudiants communistes, UNEF, Secours populaire français, vente de l’Huma dimanche, Fête de l’Humanité, les municipalités, les comités d’entreprise, etc.

Pour des centaines de milliers de gens, le PCF a été le moyen de rencontrer son conjoint, ses amis, de partir en vacances, de se cultiver.

Pour les cadres, le PCF du passé mène jusqu’à eux, c’est-à-dire des intellectuels proposant une voie démocratique pour avancer au communisme ; pour la base, le PCF c’est un passé glorieux d’une socialisation de masses.

Cela n’a rien à voir. Par conséquent les cadres n’essaient pas de former la base, seulement de la conserver. Voici un excellent exemple avec les propos de Fabien Roussel, l’actuel dirigeant du PCF. Ses propos sont outrancièrement populistes, avec même une faute au mot « rênes » ; on est à mille lieux de la prose savamment construite et élaborée dans les publications pour les cadres.

On a ici quelque chose d’assez exemplaire d’une cassure entre les cadres et la base qui, si on y regarde bien, contient à l’arrière-plan une problématique tout à fait particulière. Lorsque se fondent les partis communistes dans les années 1920, l’Internationale Communiste avec Lénine leur dit : vous devez être composés de cadres efficaces, vous devez être un parti de masses. Mais comment être à la fois l’un et l’autre ? C’était un véritable casse-tête.

Pour le PCF, c’était encore plus vrai, car il y a eu trois moments le transformant totalement sur le plan numérique. Le premier, ce fut le mouvement antifasciste de février 1934 conduisant au Front populaire. Le PCF passa alors en quelques années d’un peu plus de 30 000 membres à plus de 230 000 !

En 1939 le PCF est interdit, il est littéralement broyé par la répression, il se reconstruit sur le tas pendant la Résistance et en 1946 il resurgit tel le phénix avec 800 000 membres ! Retombé ensuite à 250 000 membres, il profite paradoxalement de mai 1968 auquel il s’est opposé, pour atteindre 500 000 membres en 1977 !

On se doute que de telles transformations numériques exigeaient un énorme travail de formation, que le PCF n’a pas mené et il s’est produit une cassure entre les intellectuels et les manuels pour ainsi dire. Les uns pensaient, les autres faisaient. Et en décembre 2020, du côté de la base du PCF, cela donne donc ça : du kitsch culturellement rétrograde, dans un esprit nostalgique…

Rappelons… qu’on est ici dans le Pas-de-Calais, où l’alcool tue deux fois plus que la moyenne nationale ! Qu’historiquement le mouvement ouvrier met de côté l’alcool. Que dans les Hauts-de-France la jeunesse boit plus d’alcool qu’au niveau national. Bref c’est vraiment la faillite à tous les niveaux.

Mais c’est que la base du PCF n’est pas politique, elle est nostalgique d’une socialisation. C’est d’ailleurs le sens de la Fête de l’Huma, où on se retrouve entre « camarades » pour se goinfrer et picoler. La base du PCF est de culture syndicale, elle hyper-réactionnaire culturellement. Le PCF a été un bastion pro-chasseurs pour bloquer la tentative d’un référendum sur les animaux en septembre-octobre 2020. Cet exemple parisien en dira long aussi :

Le PCF en décembre 2020 fait ainsi face à un problème majeur. La cassure entre les cadres et la base est complète. Il n’y a rien à voir entre un Ian Brossat, élu parisien au style bourgeois assumé, et un adhérent de base basculé dans la beauferie mais s’arc-aboutant sur une socialisation passée glorieuse. Les tensions ne peuvent que devenir explosives et c’est pour cela que Fabien Roussel promet une candidature PCF pour 2022 : afin de neutraliser la base. S’il y parvient ou pas, cela va dépendre des sympathisants du PCF, qui vont faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

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Politique

La vision du monde du PCF pour son centenaire: les cadres

Le PCF a plusieurs visages et ici est présentée la vision du monde de ses cadres.

Il existe trois PCF aujourd’hui, dont les contours sont très délimités. Le premier PCF, c’est celui des cadres et de la direction. Ils ont une véritable vie intellectuelle, une véritable identité culturelle, avec souvent une trajectoire familiale. Ils ont leur manière bien à eux de voir les choses. Le second PCF consiste en la base, qui a une lecture romantique des choses ; le troisième tient en les sympathisants et tout ce qui s’y rattache, avec bien entendu la fête annuelle de l’Humanité comme cadre unitaire.

Voici un exemple du point de vue des cadres, qui surprendra sans doute beaucoup de monde, puisqu’il y a une dénonciation ouverte du capitalisme. Quand on pense au PCF, bien souvent, on a en tête une logique gouvernementale de conquêtes des droits sociaux, on pense aux élus, on le voit comme une sorte d’aile gauche du Parti socialiste et d’ailleurs il y a depuis plusieurs années le serpent de mer du congrès de Tours « à l’envers ».

C’est bien plus compliqué que cela comme le montre « Agir », une tentative récente d’inscrire les communistes dans une perspective par rapport aux entreprises. On y voit en effet qu’il est parlé d’affrontement de classe, de remise en cause du capitalisme et de son dépassement, tout un discours que le PCF n’a absolument nulle part… à part de manière interne.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que le PCF est depuis les années 1960 – voire avant mais cela se discute davantage – le représentant politique de la CGT. C’est pour cela que dans la première page on lit des propos comme quoi il faut investir l’État et les entreprises, comme quoi la crise serait déjà là depuis plusieurs années. Il y a à l’arrière-plan la même conception que depuis les années 1960 comme quoi il serait possible de conquérir l’État pour permettre une démocratisation des entreprises en procédant à l’autogestion. Ayant cette perspective depuis plus de 50 ans, le PCF n’a donc pas été touché par l’effondrement du bloc de l’Est, parce qu’intellectuellement et culturellement, son centre de gravité c’est la CGT.

Deux revues expriment cette vision du monde et permettent de former des cadres. Il y a d’un côté Cause commune, qui aborde les questions politiques et sociales, il y a de l’autre Économie et politique, qui s’occupe comme son nom l’indique de l’économie, de l’économie politique. Dans les deux cas on est dans le monde universitaire, avec des intellectuels très propres sur eux (pour ne pas dire lisses), d’esprit post-marxiste et considérant que le communisme est une utopie qui vient s’installer d’elle-même si on s’y prend bien.

Ce premier PCF, on s’en doute, vit en vase clos. Il ne s’appuie pas politiquement sur le PCF du passé, qui tient pour lui seulement à des références à utiliser pour exister auprès de la base ; lui-même se considère comme un PCF prolongé, concrétisant le choix fait des les années 1960 de partir à la conquête de l’État, pour maîtriser l’économie et réaliser ainsi une « démocratie avancée ». Pour ce premier PCF, d’ailleurs, tout le passé n’aura eu qu’un seul sens : aboutir au PCF d’aujourd’hui. Ce premier PCF est pour cette raison extrêmement optimiste.

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Guerre

La guerre continue et tant l’Arménie que l’Azerbaïdjan basculent dans le fanatisme

L’Arménie et l’Azerbaïdjan continuent de s’affronter malgré des cessez-le-feu non suivis ; ils sont lancés dans un jusqu’auboutisme nationaliste forcené.

La situation militaire est toujours aussi tendue et sanglante au Nagorny-Karabagh, malgré des appels plus ou moins hypocrites de la Russie et des accords de cessez-le-feu non suivis d’effets. C’est que les protagonistes se sont auto-intoxiqués dans un nationalisme ultra catastrophique ; les appels à la mobilisation totale sont de rigueur, avec la haine nationaliste la plus farouche largement diffusée, avec toute la force que peuvent avoir des États.

Cela fait très peur du côté arménien. Car l’Arménie a tout à perdre et pourtant ceux aux commandes sont des fous furieux. Ainsi, à Etchmiadzin, à la périphérie d’Erevan (la capitale arménienne), on trouve le catholicossat de tous les Arméniens. Une église abrite la croix de l’armée arménienne, avec prétendument un morceau de la croix sur laquelle fut crucifié Jésus Christ… Et cette croix vient d’être amené au Nagorny-Karabakh !

C’est là une expression du délire nationaliste-religieux quant à une Arménie existant depuis la nuit du temps, avec un fanatisme anti-« turc » où par turc on entend turc, tatar, azéri, musulman, etc.

Tant en Arménie qu’en France on a de ce fait une intense activité de la Droite la plus réactionnaire et religieuse, dont Nouvelles d’Arménie Magazine se fait l’écho notamment, comme avec cette tribune ultra-réactionnaire de Mooshegh Abrahamian, se résumant aux propos suivants :

« L’avant-poste arménien de ce combat millénaire pour la civilisation chrétienne tiendra-t-il jusqu’à la prise de conscience des nations occidentales seules capables de stopper ce rouleau compresseur qui atteint désormais leurs rives ? »

Ces propos relèvent de la guerre de civilisation et sont tout à fait conformes à l’idéologie de Jean-Marie Le Pen des années 1980 ; on est d’ailleurs dans un contexte d’une Droite « populaire », beauf, brutale et anti-communiste à l’offensive. C’est tellement vrai que début octobre Libération a été obligé de retirer face à la pression un de ses articles, « Face à l’Azerbaïdjan, l’extrême droite française défend l’Arménie », qu’on peut retrouver sur un site de Gauche l’ayant republié en étant passé à côté d’une polémique hallucinante et malheureusement symptomatique.

Cette « sainte-alliance » des réactionnaires « occidentalistes » a évidemment son pendant du côté azerbaïdjanais. Les victoires militaires azerbaïdjanaises, avec la conquête de quelques villages, ont amené une propagande nationaliste sans limite, parlant de victoire totale à l’horizon, sans évidemment un seul mot pour la population arménienne. Ici, il n’est pas parlé d’épuration ethnique mais c’est très clairement sous-entendu. Il n’y a aucun appel envers la population arménienne du Nagorny-Karabagh et il est évident que l’État azerbaïdjanais fera tout pour qu’elle s’enfuit.

Le président du parlement turc, Mustafa Sentop, est également en visite officielle en Azerbaïdjan, ajoutant de l’huile sur le feu ; sa visite témoigne du rôle de la Turquie pour accentuer les violences, l’offensive, la démarche anti-démocratique.

À l’arrière-plan, on a aussi l’Azerbaïdjan qui a balisé le terrain avec de multiples contacts, voire des contrats directs comme celui de l’ambassade d’Azerbaïdjan en France signé en 2018 avec Albera conseil, une agence de communication dirigée par Patricia Chapelott.

La situation est vraiment celle d’une guerre dont on voit mal la sortie et il est d’ailleurs intéressant de voir à ce sujet le positionnement de la Gauche relevant de la tradition communiste.

Le PCF ne prend pas position sur le découpage géographique de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan à l’époque de l’URSS, tout en prenant ouvertement partie pour que le Nagorny-Karabakh devienne une république indépendante arménienne. Le PRCF a une position relativement similaire, publiant même un communiqué de communistes arméniens appelant Poutine à intervenir pour mettre un terme à cette situation.

Le PCRF souligne quant à lui que la guerre est l’expression du démantèlement de l’URSS et des visées géopolitiques des uns et des autres ; du côté du PCF(mlm) on a une longue présentation du rapport arméno-azerbaïdjanais avec une valorisation de l’esprit du bolchevisme caucasien, tenant d’une unité transcaucasienne visant à assécher toute expression de nationalisme.

C’est que la question est finalement simple : la solution au conflit passe-t-elle par un retour en arrière à la ligne communiste des années 1920, avec une unité caucasienne opposée aux nationalismes, ou à la scission radicale des deux pays, avec un encadrement international ?

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Société

Vitry-sur-Seine: la honte d’avoir accueilli le premier combat officiel de MMA en France

Le premier combat officiel de MMA de l’histoire en France a eu lieu jeudi 8 octobre 2020 à Vitry-sur-Seine, une ville censée être de gauche, dans une salle portant le nom de Maurice Thorez, une figure incontournable de la Gauche française. La honte est totale.

Le MMA est un « sport » indéfendable. Ce sont les jeux du cirque romains, version spectacle à l’américaine ultra moderne, calibrés pour la télévision avec derrière des entreprises pesant une fortune. La démarche, c’est de placer deux brutes hautement formées aux techniques de combat dans une arène (un octogone), avec le droit à quasiment tous les coups (y compris les étranglements et les frappes d’un adversaire au sol) pour se défigurer l’un l’autre.

La ville de Vitry-sur-Seine en banlieue parisienne se couvre de honte en accueillant un tel spectacle dans sa salle municipale, pour une première en France. Il faut bien voir ici que cela ne tombe pas du ciel, car il y a toute une scène locale du MMA à Vitry-sur-Seine et aux alentours, et ce sont là des villes gérées par le PCF depuis des années (malgré les récentes péripéties).

Il y a eu du MMA à la Fête de l’Humanité en 2019 et la FSGT, une fédération sportive liée culturellement au PCF, défend depuis longtemps la légalisation du MMA. D’ailleurs, la FSGT s’était portée candidate pour être la fédération de tutelle du MMA, légalisée par Emmanuel Macron et ce n’est pas pour rien, puisqu’on retrouve l’idée du marché roi, de la sortie par le haut des pauvres au moyen d’un investissement dans et pour le marché, etc.

C’est une illustration de la terrible décomposition du PCF et de la Gauche en général, qui ne pèse plus rien dans le pays mais ne survit que par un populisme racoleur. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : le PCF, et tous les gens tournant autour, s’imaginent populaires en mettant en avant le MMA.

En fait, ils cèdent à toute une mentalité banlieusarde parisienne, quasi unilatéralement masculine, et extrêmement réactionnaire sur le plan culturel. Cela est d’autant plus terrible que la mouvance du PCF sert ici de fer de lance à une démarche ultra-capitaliste qui se lance et compte bien s’implanter par tous les moyens possibles.

Les combats de Vitry-sur-Seine du 8 octobre 2020 ne sont en effet qu’une mise en jambe, pour ensuite lancer véritablement tout le business du MMA en France. Il y a d’abord des petits combats, des petites organisations puis bientôt viendra le mastodonte commercial UFC qui raflera la mise de ce juteux business.

C’est d’ailleurs Cyril Gane qui l’explique le mieux, lui qui est l’un des seuls Français pratiquant le MMA en étant sous contrat avec l’UFC :

« L’UFC va arriver, elle laisse les organisations mineures faire connaître ce sport aux Français avant de débarquer. C’est une stratégie. Mais tout le monde attend l’UFC. »

Dès le samedi 10 octobre, un « gala » est d’ailleurs organisé à Paris Bercy et on a la ministre des sports elle-même qui s’investit directement dans ces organisations.

On a donc eu, en pleine crise sanitaire et alors que Paris dépasse le seuil d’alerte maximale, 600 personnes dans une salle « Maurice Thorez » qui viennent voir des gens s’écharper, sous les yeux de la ministre d’Emmanuel Macron acclamée.

Tout cela est terriblement décalé, hors sujet, en dehors du temps… ou plutôt totalement conforme à la décadence d’une époque, des mœurs, du capitalisme.

> Lire également : Du pain et des jeux: la Fédération de boxe organise la légalisation du MMA

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Écologie

Le tournant raté de la Gauche à propos de la chasse à la fin des années 1990

Dans les années 1990, les chasseurs ont été secoués par la mise en place de nouvelles directives européennes modifiant leur pratique. En 1997, le gouvernement de la « gauche plurielle » allait se trouver confronter à cet enjeu, ratant le coche d’une résolution démocratique et populaire d’un problème décisif pour le XXIe siècle.

En 1979, l’Union européenne édictait une directive sur la protection des oiseaux sauvages. Pays de paysans, attachés à la chasse « populaire », la France n’a pas véritablement respecté la règle de transposition de cette directive pendant les années 1980. Jusqu’à ce que des associations écologistes mènent des actions juridiques et finissent par faire appliquer la directive, bousculant la pratique de la chasse au gibier d’eau. La date d’ouverture de cette chasse fut par exemple progressivement reculée du 14 juillet au 1er septembre.

Or, on le sait, si la chasse à courre est une pratique élitiste, portée par des grand bourgeois sur un mode aristocratique, la chasse au gibier d’eau est plus largement populaire. Depuis les années 1960, les zones populaires étaient confrontées à une urbanisation croissante et une forte suspicion naissait quant à une perte de ce « droit » face aux privatisations de vastes domaines de chasse par de grandes fortunes… Cela allait fournir une base pour une contestation pro-chasse de la part du PCF.

Dès le départ donc s’entremêlaient des enjeux démocratiques et populaires, si bien qu’autour des fameuses A.C.C.A, les chasseurs de gibier d’eau s’appuyèrent sur l’association nationale des chasseurs de gibier d’eau (ANCGE), présente dans la façade maritime de l’Ouest et du Nord, et sur l’union nationale de défense des chasses traditionnelles françaises (UNDCTF), devenue l’ « union nationale des associations de chasseurs d’oiseaux migrateurs » en 1999, plutôt implantée dans le sud ouest.

À la directive européenne de 1979 s’en ajouta une nouvelle en 1992 à propos de l’ « habitat-faune-flore », s’appuyant notamment sur les réserves Natura 2000 dans lesquelles la chasse est limitée.

Face à ces législations encadrant les activités de la chasse, une partie des chasseurs, principalement des notables ruraux, fondent en 1989 le parti « chasse, pêche, nature et traditions » afin de défendre ce qu’ils nommaient déjà « l’identité des ruraux ». Ce parti n’aura jamais vraiment de bases militantes, étant plutôt un outil de « lobbying » électoral pour la chasse, avec en arrière plan une idéologie réactionnaire sur un mode rural. Il n’en reste pas moins qu’un cap fut franchi dans la contestation pro-chasse.

Le « tournant » se situe en 1997 avec la victoire de la coalition dite de « gauche plurielle » aux élections législatives, rassemblant le PS, PCF, Les Verts, le Mouvement des Citoyens de Jean-Pierre Chevènement et le Parti radical de gauche. C’est la seconde cohabitation avec un gouvernement de gauche et Jacques Chirac, président de la République depuis 1995.

Issue des Verts, Dominique Voynet devient alors la ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement. Une de ses missions va être de mettre la France en conformité avec les directives européennes de 1979 et 1992, peu respectées au niveau local. En 1996, l’ASPAS et la SNPN (société nationale de protection de la nature) assignaient en justice le président « Comité pour la défense et l’organisation de la chasse à la tourterelle », Georges Riboulet, pour non respect des réglementations en matière de protection de ces oiseaux (pas encore totalement respectée aujourd’hui).

Et c’est à travers ce procès que l’on voit tous les enjeux de la Gauche et de la chasse à cette époque. Si l’un des avocats de Georges Riboulet était Daniel Piquotin, également conseiller régional d’Aquitaine de l’UDF (ancêtre du Modem), le chasseur pouvait également compter sur la défense d’Alain Anziani, président du PS en Gironde. Le Parti socialiste était en effet grand défenseur des chasseurs en Gironde, de part la forte présence des chasseurs à la palombe dans les réseaux de pouvoir. En 1992, le conseil général d’Aquitaine comptait même 10 conseillers CPNT.

Face aux directives européennes, aux mises en justice et à une ministre issue des Verts, la contestation montante des chasseurs devait finir par se manifester au grand jour devant tout le pays. Ce fut le cas le 14 février 1998 où 150 000 chasseurs venus de toute la France par auto-car manifestaient sur les Champs-Élysées à Paris, appuyés par des cors de chasse, des défilés de chiens et des lâchages d’oiseaux.

Dans la manifestation, on retrouvait toutes les associations de chasse, mais aussi des figures de la droite, du Front National ainsi que du PCF. Une partie des bases du PCF étaient acquises à la défense de la chasse dans la perspective de défense de la Révolution française ayant aboli le privilège des « nantis ». Maurice Rocher, responsable PCF Loire-Atlantique de 1963 à 1983, n’était-il pas lui-même un pratiquant de chasse dans sa propriété de Saint-Joachim dans le marais de Brière ?

Point culminant de la contestation : lors des élections européennes de 1999, Jean Saint-Josse, président de CPNT obtenait 1 195 863 voix, soit 6,5 % des suffrages exprimés.

Il n’empêche qu’en mars 2000, la loi portée par Dominique Voynet finit par être votée. Elle instaura notamment le mercredi « jour sans chasse », la protection des oiseaux migrateurs avec la fermeture de leur chasse au 31 janvier et un encadrement hebdomadaire de la chasse en général. Le droit de chasser la nuit, avec de la glu et de pénétrer dans les propriétés privées furent toutefois maintenues. C’est que la Droite avait pu compter lors des débats à l’Assemblée nationale sur le soutien non négligeable des élus du PCF et de la majorité des députés PS du sud-ouest.

Minée par ses renoncements idéologiques, la Gauche n’a pas été en mesure d’assumer une mobilisation démocratique et populaire sur la question de la chasse, des campagnes et des animaux dans les années 1990. Cela a d’ailleurs contribué à marquer la différence entre les « écologistes » et la « gauche », alors même qu’un espace était ouvert, avec une opinion publique favorable à des campagnes tournées vers la nature et les animaux.

Les années 2020 seront les années du dépassement de ces renoncements, avec une recomposition générale de la Gauche sur ses bases historiques en tenant compte de la nature et des animaux comme aspects centraux de la cause du Socialisme.

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Politique

Le Parisien, le PCF et le dealer

Le Parisien a publié un article évoquant le PCF Saint-Ouen qui peut provoquer de la surprise, voire de la stupéfaction, au point qu’on se dit qu’on y comprend plus grand-chose…

Le 29 août 2020, il y avait ce message publié sur le compte Twitter du PCF où on lisait :

« Trafic d’armes, trafic de drogues, trafic de personnes, reprenons le pouvoir dans toutes les rues de la République. »

Ce message a beaucoup fait jaser, parce qu’il sous-tend de reprendre la rue face à des gens violents. Et quand le PCF dit ça, cela a du sens, car de par le passé, il y a plusieurs décennies, il visait l’hégémonie dans les quartiers populaires, avec des comportements types, des valeurs, etc.

Bref, cela a choqué les libéraux et autres tenants d’une société « inclusive ». Démagogie du PCF, retour aux sources ? La question pouvait se poser, puis il y a eu un article du Parisien du 15 septembre 2020.

On se dit alors qu’il y a une erreur dans cet article, dont le titre est « Mort de Sofiane et Tidiane : une «exécution» qui bouleverse Saint-Ouen ». On se dit, cet article va être modifié. Ce qu’on lit n’est pas possible. Cela ne peut pas être à ce point là.

L’histoire est on ne peut plus sordide, puisque deux jeunes de 25 et 17 ans ont été abattus dans une cave de la cité Soubise de cette ville de Seine-Saint-Denis. Le premier des deux  étant considéré, dans l’article, comme le chef du réseau local de drogue. Si l’on s’arrête là, c’est un affreux fait divers, reflétant une violence toujours plus grande et diffuse dans la société. Les dealers ne reculent devant rien et si on ne les stop pas…

Sauf qu’en même temps, cette personne est présentée par Le Parisien comme un encarté au PCF, sympathique, conscient, engagé. À lire l’article, il faudrait être admiratif, même. La suggestion de son activité de deal est mentionnée comme en passant, comme s’il était le garagiste du coin :

« Une source proche du dossier affirme que « le plus âgé était identifié comme étant le chef du réseau local du trafic » (…).»

Pour le reste, c’est un article unilatéral, avec un grand lyrisme dont voici quelques exemples :

« Un jeune adorable, un bel esprit », résume Jacqueline Rouillon, ancienne maire (PCF) de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et très proche de la victime (…).

Sous le choc, Jacqueline Rouillon confie : « Je ne veux pas y croire. Pas lui. Il avait trop envie d’avoir une belle vie. Il avait d’ailleurs repris des études en BTS commerce et ressources humaines, mais il n’était pas parvenu à trouver un maître de stage cette année, comme beaucoup de jeunes. »

C’était aussi un compagnon de militantisme. Il avait pris sa carte au PCF et il était membre de l’association Citoyens solidaires. « Il était très présent dans la vie locale, mais il ne s’est jamais présenté sur une liste », précise-t-elle. L’ancienne maire veut retenir surtout sa personnalité « attachante ». « Tout de suite, il déclenchait la sympathie ». Denis Vemclefs, élu d’opposition, renchérit : « Nous avions beaucoup de discussions sur l’avenir des quartiers populaires. Il avait une réelle conscience politique. » (…).

Ce nouvel accès de violence illustre l’interminable guerre de territoire pour le contrôle des juteux points de stups de Saint-Ouen. Depuis juin, les règlements de comptes à coups d’arme à feu n’ont pas cessé dans la cité. »

On se dit donc que soit Le Parisien délire, soit c’est le PCF de Saint-Ouen qui délire. Et il semble bien que ce soit la seconde option, puisque la section PCF a réagit dans un communiqué, qui ne confirme pas l’appartenance au PCF, mais valide tout à fait l’existence du trafic de drogue et salue la mémoire du jeune homme…

Voici le communiqué :

« Ce mardi 15 septembre deux jeunes Audoniens ont été exécutés dans le quartier du vieux st Ouen.

Nous adressons nos sincères condoléances à la famille et à l’entourage de Sofiane Mjaiber et de Tidiane Bagayoko pour affronter cette épreuve.

Nombre de militants communistes ont eu l’occasion de connaître Sofiane et d’apprécier ses qualités humaines, sa joie de vivre et son intelligence. Apprendre son assassinat, est un grand choc, qui suscite tristesse et colère.
L’escalade de la violence sur fond de trafic de drogue a emporté deux jeunes hommes qui auraient dû avoir leur avenir devant eux. Ils sont victimes d’une guerre qui les dépasse.

Depuis le mois de juin dernier, une guerre de territoire fait rage dans plusieurs quartiers de notre ville. Les habitants de la place du 8 mai 1945, de Garibaldi, d’Arago et du Vieux st Ouen sont réveillés parfois plusieurs fois par semaine par le bruit des tirs.

Pour que les représailles ne soient pas suivies de vengeance le cycle de la violence doit être brisé. Le trafic qui gangrène notre ville et emporte inéluctablement dans son sillage violence et mort doit être combattu sans aucune ambiguïté.
La mobilisation de tous, habitants, municipalité, État doit être engagée.

Le tout sécuritaire, la politique du chiffre, a fait preuve de son inefficacité pour lutter contre le trafic. Si des effectifs supplémentaires de police nationale, annoncée depuis plusieurs mois par le gouvernement, seront bienvenus ils ne suffiront pas.

La Seine-Saint-Denis ne doit plus être un territoire délaissé par l’État qui n’a cessé de réduire les moyens alloués aux collectivités, aux services publics et au tissu associatif.
La rupture d’égalité territoriale, sociale et éducative n’est pas une fatalité. En cette période incertaine des perspectives doivent être offerte à la jeunesse audonienne durement secouée par ces morts.

Face à la violence, la cohésion sociale ne doit pas être affaiblie par des coupes budgétaires, elle doit au contraire être renforcée. Nous ne pourrons agir contre la violence et la peur qu’en recréant du commun, ensemble.»

Tout cela est lunaire. On peut donc apparemment être chef d’un point de deal, ou en tous cas impliqué dans le deal, tout en ayant une conscience politique et en agissant en fonction de celle-ci, être au PCF, ou en tous cas proche de lui et apprécié de lui ?

On ne s’étonnera pas qu’on préfère en revenir à la Gauche historique, plutôt que de tolérer cela.

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Guerre

Communiqué du PCF sur les ventes d’armes françaises à la Grèce

Voici le communiqué du PCF du 14 septembre 2020, dénonçant les ventes d’armes françaises à la Grèce, dont nous parlions récement :

« Vente d’armes à la Grèce : « Cette escalade militaire est une mauvaise réponse » (Fabien Roussel – PCF)

Dans le contexte de tensions et d’agressivité du dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan en Méditerranée orientale, Emmanuel Macron choisit… de vendre des armes à la Grèce ! Un contrat pour 18 Rafales, 4 hélicoptères, des missiles et des torpilles francais vient dêtre signé, comme une forme de réponse aux provocations du président turc dans les eaux grecques. Cette escalade militaire est une mauvaise réponse.
Après avoir mobilisé deux chasseurs Rafale et deux navires de guerre, la France avait déjà procédé, le mois passé, à un exercice militaire conjoint avec la Grèce, l’Italie et Chypre, au sud et au sud-ouest de Chypre.

La ministre française des Armées, Florence Parly, s’est aussitôt réjouie de ce qu’elle voit comme le renforcement du « lien entre les forces armées grecques et françaises » considérant, selon elle, qu’il s’agit d’un pas « en faveur d’une Europe de la défense plus forte, plus autonome et unie ». Quel aveuglement ! Paris nourrit l’escalade militaire dans l’une des zones les plus sur-militarisées du monde, où le risque nucléaire est présent, et participe à une surenchère agressive entre membres de l’OTAN. On voit mal une « défense européenne » déjà arrimée à l’OTAN – et dont la Turquie est la 2e armée en matière d’effectifs – fonder une cohérence dans ses orientations et sortir « renforcée » de l’amplification de la crise interne de l’alliance politico-militaire qui est placée au service des intérêts stratégiques nords-américains depuis sa fondation.

Pour le Parti communiste français, il est indispensable de mettre un coup d’arrêt net aux évolutions dramatiques qui se dessinent, qu’il s’agisse des visées expansionnistes du dirigeant turc que d’un sur-armement de la Grèce. De plus, le peuple grec devra payer ces achats d’armement par de nouvelles politiques d’austérité.

Dans une région où, déjà, peuples grec et turc ont vécu les plus effroyables conflits, la France et l’ensemble des pays de la région doivent construire un chemin diplomatique pour sortir de crise qui contrait la Turquie à respecter le droit international, les accords internationaux existants, le droit de la mer, et découragent les visées militaristes des protagonistes.

Le PCF, préoccupé et inquiet de l’escalade belliciste en Méditerranée, appelle au rassemblement et à la mobilisation des forces de la paix en France et en Europe pour peser en ce sens. »

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Écologie

Pourquoi donc le journal L’Humanité mène-t-il campagne contre le «référendum pour les animaux»?

Le journal L’Humanité a publié récemment une tribune, puis une interview, pour dézinguer le projet de référendum d’initiative partagé concernant six mesures en faveurs des animaux. La protection animale est refusée au nom du capitalisme agricole, avec le mythe réactionnaire de l’élevage « paysan ».

L’Humanité a publié une tribune le 21 juillet 2020 intitulée « Quand des prédateurs capitalistes se soucient du bien-être animal ». Elle est écrite par Gérard Le Puill, qui fait figure de monsieur agriculture au PCF où il écrit régulièrement à ce sujet dans la revue théorique « Économie et politique ».

Dans sa tribune, il se fait directement le porte-parole du capitalisme agricole français, refusant toute amélioration de la condition animale au prétexte de la concurrence mondiale :

« Supprimer seulement en France la manière tout en « case, box ou stalle » pour les veaux, agneaux, vaches et truies conduirait les metteurs en marché hexagonaux à importer des viandes de veaux, de porcs et autres élevés en « case » en « box » ou en «stalle » dans d’autres pays de l’Union européenne. Ce qui aboutirait, en même temps, à une réduction de l’emploi en France et à un déficit accru de la balance commerciale. »

Gérard Le Puill parle directement au nom de ce capitalisme agricole français, expliquant au sujet des œufs par exemple que « la filière est très engagée vers une sortie progressive du système de poules pondeuses en cage. » Pour cette raison, il faudrait la préserver de tout changement législatif et surtout pas que la population française donne son avis sur la question.

C’est, au sens strict, un argument capitaliste et c’est d’ailleurs celui que les industriels utilisent régulièrement en matière environnementale ou sociale. Avec un tel raisonnement, il ne faudrait pas lutter pour des augmentations de salaire ou la protection sociale, parce que les autres pays du monde ou de l’Union européenne ont de moins bonne pratique et font concurrence, il faudrait d’ailleurs ne jamais rien dire et même dire merci patron.

La question des accords commerciaux avec des pays exportateurs de viandes est bien sûr un véritable problème, mais cela n’est pas une raison pour refuser que les choses changent en France. Cet argument de la concurrence mondiale, utilisé de cette façon, n’est qu’un prétexte pour empêcher toute mesure en faveur des animaux.

Il y a à l’arrière-plan un point de vue profondément rétrograde, prétendant qu’il existerait encore en France une paysannerie élevant des animaux, alors que cela fait bien longtemps que les éleveurs sont des capitalistes et que ce secteur est ultra modernisé, considérant l’animal comme une marchandise.

Gérard Le Puill a donc beau jeu ici de dénoncer les « prédateurs capitalistes » à l’initiative du projet de « referendum pour les animaux », car il ne vaut pas mieux en proposant à la place de défendre les capitalistes utilisant les animaux à leurs profits.

Notons au passage que L’Humanité ne se pose pas autant de question sur les « prédateurs capitalistes » quand il s’agit de sponsoriser la « Fête de l’Huma », où on a pu voir ces dernières années un stand Groupe Dassault, propriété de la richissime famille capitaliste du même nom, exposant des avions de guerre.

Tout cela est fort dommageable pour les animaux. Et, donc, cet argument des « milliardaires » a été utilisé une nouvelle fois dans L’Humanité dans son édition du 31 juillet 2020 avec une interview de Jacqueline Porcher. Elle est sociologue à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (un organisme d’État servant le capitalisme agricole) et explique cette fois que les défenseurs des animaux… n’aiment pas les animaux !

Naturellement, l’initiative du projet de « référendum pour les animaux » vient des richissimes capitalistes Jacques-Antoine Granjon, Xavier Niel et Marc Simoncini, et on peut comprendre que cela ne soit pas attirant pour des gens de gauche. Cependant, ce n’est pas une raison pour raconter n’importe quoi en enfonçant les associations de protection animale embarquées dans la démarche.

> Lire également : Lancement du projet «référendum pour les animaux»

Le problème, c’est que Jocelyne Porcher ne croit pas en un monde meilleur, où l’humanité aurait un nouveau rapport avec les animaux, sans les exploiter, sans les martyriser, etc. Son modèle, c’est « l’élevage paysan » d’avant les « transformations du capitalisme au XIXe siècle », avec « des races locales en libre parcours et abattage à la ferme »… Dans le genre rétrograde, et surtout mensonger, difficile de faire pire.

Alors elle explique que ce projet de referendum accréditerait sa thèse selon laquelle « la cause animale est devenue celle du capital » (elle a écrit un livre à ce sujet). Forcément, défendre les animaux ne va pas dans le sens du retour au XIXe siècle qu’elle défend, et qui relève d’ailleurs bien plus du pétainisme que de la Gauche historique.

Du coup, elle raconte n’importe quoi, pour dénigrer. L’interdiction de l’expérimentation animale ? Cela ne servirait à rien car « c’est déjà dans la loi ». La mesure concernant les animaux de cirque ? Elle ne servirait à rien, car ceux-ci sont « en voie de disparition ». Et en ce qui concerne la chasse à courre ? Là encore, cela ne concernerait « que très peu d’animaux », donc ce serait inutile.

Si de tels arguments sont possibles, dans « L’Huma », c’est que la Gauche en France est à la ramasse depuis des années et des années sur la question animale. Elle n’a jamais su se tourner vers le monde de la protection animale, des refuges animaliers, du végétarisme, du veganisme, etc.

Pourtant le monde ne l’a pas attendu pour évoluer. Et comme la Gauche n’est pas là pour donner un contenu social à des questions fondamentales comme celle des animaux, c’est le capitalisme qui s’en empare, pour tenter de se moderniser. Si la Gauche avait fait son travail, on n’en serait pas là, avec des milliardaires pratiquant une véritable OPA sur le milieu de la protection animale.

En attendant, la question est sur la table et les associations de protection animale ont décidé de porter l’initiative, en souhaitant ce référendum pour avoir une large audience auprès de la population. Les députés et les sénateurs de gauche devraient donc les soutenir, au moins pour une raison démocratique (il faut 185 parlementaires signant pour lancer une pétition et accéder ensuite au référendum).

Tel n’est pas le cas, puisque seuls quelques députés et sénateurs de gauche apporte leur soutien pour l’instant, d’après le site referendumpourlesanimaux.fr (Alain David, Olivier Faure, Régis Juanico et Laurence Rossignol du PS, Elsa Faucillon du PCF ainsi que Guillaume Gontard du groupe communiste au sénat).

Le 31 juillet 2020, il manque ainsi 63 parlementaires pour lancer la pétition préliminaire au référendum ; les députés et sénateurs de gauche porteraient une lourde responsabilité face aux associations de la protection animale s’ils continuaient à leur refuser la possibilité d’un referendum.

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Politique

La recomposition des positions maximalistes de la Gauche avec la crise

Dans le contexte actuel de crise, il y a des mouvements de fond qui ne trompent pas. Une partie de la Gauche cherche à se placer dans un axe de combativité avec un fond réel.

Que de nombreuses organisations de la Gauche française demandent la gratuité des masques est une chose. On peut considérer cela comme normal ou facile, en tout cas cela ne va pas très loin. Mais que le PCF diffuse une pétition où il est demandé pas moins qu’une hausse du SMIC de 20 %, là pour le coup c’est une élévation significative du niveau de combativité revendicative. D’autant plus que la pétition demande également la chose suivante :

« Interdire les licenciements des grands groupes bénéficiant de fonds publics et instaurer un droit de contre-propositions des salarié·es et des habitant·es pour sécuriser l’emploi au lieu de baisser le «coût du travail». »

Les connaisseurs auront reconnu ici très exactement la stratégie du PCF des années 1980 formulée alors par l’économiste Paul Boccara. C’est ici un coup de barre à gauche, très à gauche en tout cas, pour le PCF, ou du moins un certain « retour aux sources ». Exiger une revalorisation du SMIC à hauteur d’un cinquième, c’est s’aligner sur un maximalisme conflictuel.

Et c’est indubitablement dans l’air du temps, que ce soit en France ou en Europe. Le PCF a ainsi également mené une initiative commune européenne d’une dizaine de partis avec le groupe de la Gauche unitaire européenne (GUE/NGL) au Parlement européen, pour une autre pétition.

On y lit principalement que :

« Nous voulons garantir l’accès pour tous aux diagnostics, aux traitements et aux vaccins contre le Covid-19. Les multinationales pharmaceutiques ne doivent pas faire de profits sur cette pandémie, au détriment de notre santé (…).

La Commission européenne doit garantir que les vaccins et les traitements anti-pandémiques deviennent un bien public mondial, librement accessible à tous. »

Les signataires sont le Parti des travailleurs belges (Belgique), Podemos et Izquierda Unida (Espagne), Sinn Fein (Irlande), Socialistische Partij (Pays-Bas), AKEL (Chypre), Potere al Popolo et Rifondazione Comunista (Italie), Bildu (Pays Basque), le Parti communiste de Bohème et Moravie (République tchèque) et Die Linke au Parlement européen (Allemagne).

C’est ici une recomposition assez importante, puisqu’on a des partis post-bloc de l’Est (le PCF, die Linke, Rifondazione Comunista…) et d’autres relevant de mouvements qu’on peut définir comme basistes, souvent issus des des années 1970 (le PTB, le Sinn Fein, Bildu, Podemos…).

On ne peut pas voir cela autrement que comme un alignement : il s’agit de se placer de la manière la plus efficace possible par rapport à la prochaine constellation politique. Pour cela, il faut évidemment une base programmatique : ici la Gauche programmatique surclasse totalement une gauche « militante » à la fois déboussolée et désorientée. Déboussolée, car elle ne profite plus de ses terrains de jeux que sont les manifestations, rassemblements et autres réunions symboliques, désorientée, car n’ayant aucune base théorique, elle ne sait pas vers où se tourner.

La Gauche programmatique envoie ainsi du lourd ; on notera d’ailleurs que cette Gauche avait été le plus souvent très critique envers les gilets jaunes, voire les avaient littéralement rejetés comme relevant de la réaction.

Le Parti Ouvrier Indépendant et le Parti Ouvrier Indépendant Démocratique ont ainsi choisi tant l’un que l’autre la question des licenciements comme le levier des combats à venir. Historiquement très liées au syndicalisme (avec la CGT-FO), elles tablent sur toute une série de bataille. Lutte Ouvrière élargit de son côté le terrain à la question des aides aux entreprises et s’attend à des luttes massives et déterminées. L’opposition aux licenciements ira de pair avec la question des financements gouvernementaux.

On a là des dynamiques axées sur l’économie, par des organisations très marquées par le programme de transition de Trotsky. D’autres entrevoient une sorte de rébellion plus ample.

Les maoïstes du PCF(mlm) considère qu’on est rentré dans l’époque de la seconde crise générale du capitalisme. Il faut ainsi s’appuyer sur une grille de lecture capable de voir comment la société entre en décadence à tous les niveaux, ce qui permet de lire les antagonismes se levant en réponse et de calibrer la proposition stratégique communiste.

Le PRCF, très influent sur une partie de la CGT (voire du PCF), voit lui en le plan de sauvetage européen un saut qualitatif de l’Union européenne ; il s’agit de s’y arracher par un FREXIT progressiste. L’enjeu, c’est l’unité par une Convergence nationale des résistances (CNR) fédérant communistes, Insoumis, progressistes et patriotes sincèrement antifascistes, syndicalistes de combat, travailleurs, Gilets jaunes, artistes révolutionnaires, etc.

Le PCRF a une approche à la fois similaire et différente du PRCF (ils ont la même origine, la gauche du PCF des années 1990), avec la proposition d’un Front d’Action sociale regroupant toutes les victimes du capitalisme, leurs associations de masse, syndicats, partis, contre la politique des monopoles et leurs gouvernements. Il faudrait alors en soutenir l’aile anticapitaliste.

Pour ces structures, et pour d’autres du même type, la situation actuelle est une revanche. Elles ont bu la tasse avec tout l’activisme débridé partant dans tous les sens ces derniers mois, voire ces dernières années, même si certaines ont cherché à profiter de La France Insoumise ou de la CGT. Elles profitent ici de n’avoir pas abandonné le fait de mettre en place un corpus théorique (ou de le conserver).

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Politique

PCF: «De l’argent pour l’emploi, les salaires et les services publics, pas pour le capital!»

Alors que la crise se profile, le PCF lance une campagne avec une pétition sur le thème « De l’argent pour l’emploi, les salaires et les services publics pas pour le capital ! ». On y trouve notamment les revendications d’une revalorisation du SMIC de 20% ainsi que de l’interdiction des licenciements pour les grands groupes bénéficiant de fonds publics.

Voici le document :

PCF1

PCF2