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Vie quotidienne

Michel Clouscard et la vie quotidienne

Existe-t-il une société de consommation ou pas? Le capitalisme façonne-t-il la vie quotidienne des gens ou pas? Ce thème étant à nos yeux essentiel, il y a lieu de se pencher sur l’avis de Michel Clouscard. Ce penseur (1928-2009) a vu son activité passer inaperçue durant sa vie, à peu de choses près, mais depuis une dizaine d’années à peu près, il y a un courant de pensée qui en fait la promotion.

Michel Clouscard aurait le premier tout compris : le capitalisme est libéral-libertaire et exige un mode de vie « libéré » dont la seule liberté est de fuir dans la consommation. Mai 1968 aurait été le détonateur de ce capitalisme nouveau, qu’il appelle le « capitalisme de la séduction ».

Les philosophes issus de ce capitalisme nouveau auraient été les pires, parce qu’ils se prétendaient de gauche alors qu’ils faisaient la promotion d’un style de vie hédoniste. On parle ici des philosophes Lyotard, Foucault, Deleuze, Derrida.

Voici les grandes lignes, en apparence, de la pensée de Michel Clouscard, dont on se dit que c’est très intéressant pour effectivement dénoncer la généralisation du style de vie allant avec la société de consommation. Le souci est qu’il ne dit pas ça.

En effet, Michel Clouscard ne dénonce pas ce que nous appelons sur agauche.org le turbocapitalisme. Il ne dénonce pas du tout le renouveau du capitalisme, la naissance de nouveaux marchés au moyen de la négation des rapports naturels.

Michel Clouscard dénonce le maintien artificiel du capitalisme au moyen de micro-consommations « amusantes » qui trompent les gens fascinés (mais qui ne consomment pas).

Cela n’a rien à voir !

Tout le monde consomme-t-il ou non?

Si on regarde ce que dit la gauche de la gauche en 2023 au sujet des masses, on croirait que les travailleurs français sont pauvres jusqu’à pratiquement ne plus savoir comment payer leur loyer ou leur alimentation.

C’est évidemment complètement faux. Le niveau de vie est très élevé. La France est l’une des plus grandes puissances mondiales, même si elle est en chute libre. Tous les Français consomment. Certains consomment plus que d’autres, mais tous le font et tous relèvent de la société de consommation, même si à des degrés différents.

Tout propos misérabiliste est donc trompeur. Et Michel Clouscard y participe. Il est présenté comme un critique de la société de consommation. En réalité, il ne le fait pas car il ne reconnaît pas la société de consommation. Il critique un capitalisme qui cherche à établir une société de consommation de manière forcée, sans y arriver, ce qui est bien différent.

Michel Clouscard reconnaît tout à fait que le niveau de vie s’est élevé. Pour autant, il ne pense pas que le capitalisme se soit réellement élevé au niveau d’une vaste consommation de masse. Donc il ne dénonce pas la société de consommation telle qu’elle existe (selon nous) aujourd’hui. Il dénonce le fait que le capitalisme aimerait parvenir à une telle société de consommation (mais pour lui elle n’y arrive pas).

Pas de capitalisme par en bas?

L’idée de Michel Clouscard, c’est qu’il y a des couches sociales petites-bourgeoises qui profitent d’une manne capitaliste afin de mener une consommation « libidinale, ludique, marginale ». Cela produirait une agitation faisant vivre l’idéologie libérale-libertaire.

Mais cette agitation est « idéologique » plus qu’autre chose. D’ailleurs, pour Michel Clouscard, les monopoles domineraient tout et donc il ne peut pas y avoir de renouveau du capitalisme, de relance par en bas.

Autrement dit, Michel Clouscard ne dénonce pas la société de consommation, le capitalisme par en bas – car il ne le reconnaît pas.

Ce qu’il attaque, c’est l’existence de marges intellectuelles universitaires et d’aventuriers consommateurs « d’un nouveau style ». Michel Clouscard dénonce pour cette raison… le rock et la disco!

Déjà que c’est absurde car rien n’a été pratiquement plus populaire à l’échelle de masse que le rock et la disco dans les pays occidentaux, c’est surtout totalement réactionnaire. Mais Michel Clouscard est un philosophe du PCF d’après 1968, et le PCF a été contre Mai 1968. Le PCF, avec la CGT, a tout fait pour casser la contestation de Mai 1968.

Michel Clouscard est totalement aligné sur le PCF et sa théorie du « capitalisme de la séduction » se fonde d’ailleurs sur la théorie du capitalisme monopoliste d’État du PCF.

Le capitalisme monopoliste d’État

Michel Clouscard est un penseur du PCF et à son époque, il est totalement dans l’ombre de deux penseurs concurrents : Louis Althusser et Nikos Poulantzas. Ces deux derniers accordent une grande place à la question de l’État. Pour cette raison, ils penchent sérieusement du côté des « gauchistes », puisque eux veulent détruire l’État.

Michel Clouscard, lui, est totalement anti-gauchiste et il l’est, car il est d’accord avec le PCF : l’État est une forme neutre. Prétendre le contraire, selon lui, c’est faire du « marxisme dogmatique ». Pour Michel Clouscard, il y aurait une « société civile ».

On l’a compris : il reprend directement Antonio Gramsci, avec la même interprétation électoraliste que le Parti communiste italien à l’époque. Dans cet esprit, l’État peut pencher d’un côté, il peut pencher de l’autre.

Lorsqu’il écrit son ouvrage « La Bête sauvage, Métamorphose de la société capitaliste et stratégie » (1983), Michel Clouscard le fait après le programme commun et en assumant totalement la thèse du PCF du « capitalisme monopoliste d’État ».

Cette conception veut que l’État est devenu neutre, car avec la seconde guerre mondiale, l’impérialisme a disparu. Le capitalisme n’existe plus que par les aides de l’État. Il suffit donc de conquérir les commandes de l’État, au moyen d’une union populaire pour « autogérer » l’État, et alors on pourra prendre des mesures pour se débarrasser du capitalisme.

Cette théorie du « capitalisme monopoliste d’Etat » a été conceptualisée par le Français Paul Boccara en s’inspirant du Hongrois Eugen Varga.

Par conséquent, pour Michel Clouscard, tous ceux qui veulent dénoncer l’État par la révolution… sont en fait au service des monopoles qui veulent empêcher le PCF de prendre le contrôle de l’État par les élections et de le donner au peuple !

« Avec le Capitalisme Monopoliste d’État, l’État est totalement investi par l’économique, par les monopoles qui se sont étatisés et sont gérés par l’appareil d’État. Alors cet appareil d’État se moque de l’État croquemitaine du dogmatisme, du gauchisme, des nouveaux philosophes, des contestataires ou des terroristes.

Bien au contraire : sa mission économique est de créer les conditions superstructurales nécessaires à l’expansion économique du Capitalisme Monopoliste d’État.

Il faut mettre en place les modèles culturels de la nouvelle consommation, du nouveau marché du désir. Il faut libéraliser, révolutionner les mœurs. Pour servir au mieux les intérêts des multinationales que l’appareil d’État a fonction de gérer.

Parce que répressif au niveau de la production – productivisme, taylorisation, fordisme, cadences infernales – l’État doit organiser la libéralisation des mœurs qui permettra la meilleure circulation de la nouvelle marchandise.

L’État a besoin d’une société civile qui dénonce… l’État. Aussi, le dogmatisme, le gauchisme, les nouveaux philosophes sont les fourriers de la société civile voulue par l’appareil d’État soumis aux multinationales. »

Comme on le voit, Michel Clouscard ne dénonce pas le capitalisme en mode turbo, il ne dénonce pas le capitalisme qui se renouvelle. Pour lui, il n’y a qu’un seul capitalisme, un très gros capitalisme, qui « pense » et qui façonne la société civile.

C’est la conception réformiste et fantasmatique d’un capitalisme qui « pense », qui fait des « choix », par en haut.

Michel Clouscard n’est pas un critique du capitalisme se relançant par en bas !

Que dénonce Michel Clouscard ?

Michel Clouscard ne critique pas le capitalisme par en bas, qui pour lui ne peut pas exister. Il dénonce le gros capitalisme qui, dans ses soucis de modernité, bouscule le pays, le violente.

Si l’on veut, il ne critique pas les bobos, les start up, les influenceurs, les kebabs, mais la généralisation de la fibre et des voies pour vélos.

C’est caricaturé et pourtant cela correspond au fond de sa pensée. Voici un exemple avec sa défense du paysage français « idyllique » que le capitalisme viendrait défigurer :

« Le capitalisme monopoliste d’État a totalement détruit l’harmonie spatio-temporelle inventée par l’histoire de France (celle de ses modes de production).

Si les écologistes étaient sérieux, ils ne diraient pas vouloir protéger la nature, mais le travail de l’homme objectivé, devenu nature, décor naturel : campagne humanisée, forêt jardinée, déserts ou marécages cultivés, montagnes recouvertes d’arbres, fleuves domestiqués, etc.

« Oui au cantonnier, non à l’écologisme mondain. »

Pour substituer au rythme rural le productivisme généralisé, le capitalisme monopoliste d’État a désintégré la cellule familiale.

C’est le lieu de l’emploi et non plus le lieu d’origine qui fixe la famille, maintenant. Une extraordinaire diaspora des régions recouvre l’hexagone. »

C’est littéralement l’idéologie de Pétain, du retour à la terre. Comme si la France d’avant les monopoles, c’était le paradis ! Mais Michel Clouscard ne fait que ça, insulter ce qui est nouveau. Il n’hésite pas à considérer comme odieux que des gens, dans les années 1980, connaissent le reggae, mais pas le twist.

Ce qu’il dénonce, c’est la modernité, forcément unilatéralement mauvaise. Le capitalisme ne fabrique plus que des « gadgets » pour lui, et encore même pas pour tout le monde.

Et les rares cas où il le fait, c’est vide de sens pour lui : mettre une pièce dans un flipper, dans un juke-box, pour acheter un poster… Même le blue jean ou avoir les cheveux longs pour un garçon n’échappe pas à la critique, réactionnaire, de Michel Clouscard.

Citons sa dénonciation de la danse, incroyablement réactionnaire et délirante dans son propos même : on sent le vieux, dépassé et prompt à l’outrance.

« L’autre animation : sonore. L’autre machination : boîte à rythme, cabine leslie, pédale wah-wah, synthétiseur, fender, guitare électrique, etc.

L’autre initiation à la mondanité : psychédélique. Après la mécanique de groupe, voici la mécanique « musicale ». Branchons la sono. Le disc-jockey ouvre les vannes.

La statue accède au rythme. L’automate au déhanchement. Le désir à sa forme : les sens s’électrisent. Le mannequin s’anime de pulsions : gestes saccadés, répétés, figés. Bruitages de ces élans machinaux. Projection et transferts.

Vie de machine, corps du désir, corps rythmé. Le désir s’est éveillé. La statue est vivante : le machinal est son instinct (le vitalisme n’est que le reflet actif du mécanisme. Il n’est qu’un signifiant de l’animation machinale). L’être est gestuel. Et celui-ci est le rythme. »

Ces lignes de son ouvrage « Le capitalisme de la séduction » auraient été crétines en 1970, mais elles datent de 1981… que dire ? Un peu après ces lignes, on a même la définition du rock comme « Boum-boum : c’est toujours pareil ». En 1981 ! Après les Doors, le Grateful dead, Pink Floyd, Yes…

Le capitalisme zombie

Ce que dénonce en fait Michel Clouscard, c’est la modernité dans le cadre capitaliste. Et pour lui, elle ne peut qu’être entièrement fausse.

Car pour lui tout ne peux qu’être faux. Michel Clouscard considère que le capitalisme a déjà « disparu », conformément à la thèse du capitalisme monopoliste d’État. C’est un capitalisme zombie qui n’existe que parce que l’État le maintient en perfusion. Il est donc « faux ». Et tout ce qu’il fait est faux.

C’est ce côté réactionnaire qui a amené Alain Soral a se rapprocher de Michel Clouscard, et a écrire la préface de son ouvrage Néo-fascisme et idéologie du désir : Genèse du libéralisme libertaire. Michel Clouscard a ensuite dénoncé Alain Soral, et pourtant ce dernier représente indéniablement la substance de sa critique de la modernité « monopolistique – libertaire ». Il a simplement ajouté l’antisémitisme et la dénonciation d’un « complot » de l’élite mondiale, afin de faire tenir un édifice sinon sans fondations aucune.

Alain Soral résume d’ailleurs le mieux la thèse de Michel Clouscard, en soulignant que le capitalisme ne propose pas une vraie consommation nouvelle, mais un simulacre de consommation :

« Je reprends la thèse du trop méconnu Michel Clouscard dont j’avais préfacé « Néo-fascisme et idéologie du désir »; la voici : après guerre, les capitalistes marchands, pour étendre le marché fatalement saturé de l’utilitaire, ont eu l’intelligence de lancer, en surfant sur le vent de liberté venu d’Amérique, le « marché du désir ».

Un marché de l’inutile dont le mécanisme fonctionne comme suit : un, réduire la liberté au désir, deux, réduire le désir à l’acte d’achat. »

La consommation simulacre

Pour parler en termes marxistes, on peut dire qu’agauche.org affirme qu’il y a des marchandises partout, partout. C’est une surproduction de marchandises.

La production de masse, c’est bien ! Mais consommer n’importe comment, n’importe quoi, c’est mal !

Life deluxe for all, c’est bien ! Mais les délires ultra-individualistes de type de l’idéologie LGBT, c’est mal !

Le capitalisme a élargi les forces productives, maintenant on récupère le tout et on change de direction. Et il ne faut pas laisser faire le capitalisme qui veut élargir les marchés en dénaturant l’humanité.

Il y a le bon nouveau et le mauvais nouveau !

Pour Michel Clouscard, dans la lignée du capitalisme monopoliste d’État, il n’y a pas trop de marchandises, il y a trop de capital, il y a surproduction de capital, l’expression exacte correspondant à ce concept est la « suraccumulation de capital« .

Le capital « invente » donc des moyens pour investir, pour forcer à une consommation… Quitte à brûler cette consommation et ce capital. Pour Michael Clouscard, les nouvelles marchandises sont des simulacres : une chaîne hi-fi, une guitare électrique, un appareil photo ?

Tout cela ne sert à rien, c’est « ludique, libidinal, marginal », on a l’accordéon, ça suffit bien !

Autrement dit, pour Michel Clouscard, le capitalisme se résume à Kim Kardashian et à la téléréalité. Il accorde une valeur suprême à des consommations « stériles » totalement insignifiantes en comparaison avec l’avalanche de marchandises que produit toujours davantage le capitalisme.

En ce sens, il ne sert à rien pour critiquer la société de consommation. Il ne voit pas qu’en plus des monopoles, il y a à la base un petit capitalisme hyper actif se renouvelant. C’est la conséquence de son acceptation de la thèse du « capitalisme monopoliste d’État », qui prétend qu’il n’y aurait plus que des monopoles qui domineraient tout. Il « oublie » concrètement qui produit les contenus pour Amazon, Etsy, Netflix, Apple…

Non, la consommation dans la société de consommation n’est pas du simulacre. Elle est liée à une production réelle de marchandises. Et on s’y noie plus qu’autre chose !

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Politique

Le 39e congrès du PCF : retour ou agonie ?

Quelque chose s’est passé, mais quoi?

Le 39e congrès du Parti Communiste Français d’avril 2023 a largement fait réfléchir. Il y a en effet une réaffirmation du PCF comme structure indépendante et propositionnelle. Du point de vue des adhérents du PCF, c’est un succès. Fabien Roussel est considéré comme celui qui a réussi à refaire du PCF un parti politique qui ne soit pas dans l’ombre ni d’une union de la Gauche, ni de La France Insoumise.

C’est ça qui ressort du congrès, au-delà de toute autre considération. Que disent les observateurs, comment interprètent-ils ça?

Chez Regards.fr, un média historiquement lié au PCF, cela ne plaît pas du tout. On trouve à sa tête Roger Martelli, une ancienne figure du PCF, et  Clémentine Autain, ancienne du PCF passé à La France Insoumise. Là, on est horrifié. C’est une fuite en avant de la part du PCF et ça contribue à une guerre des gauches.

Autrement dit, il est constaté une rupture avec la trajectoire de la gauche populiste du type La France Insoumise. Ce point, on peut effectivement le considérer comme acquis. Pour les gens comme Regards, c’est intenable et un suicide.

Sur le papier, il est évident aussi qu’un tel maintien « identitaire » du PCF dérange forcément des structures comme le PRCF et le PCRF qui en sont issues. Elles pensaient que le PCF allait disparaître et que, en posant des jalons, elles prendraient le relais. Là cela semble impossible en l’état.

Si le PCRF ne dit rien, le PRCF considère que ça ne compte pas, au final. Il parle d’un PCF qui serait encore en pleine euro-mutation ». Il considère que c’est bien le cas malgré les prétentions de Fabien Roussel au sujet d’un retour du PCF sur la scène. La raison?

Les valeurs, des idées proposées. Le PCF, pour le PRCF, bascule à droite. Il ne peut donc aboutir à rien, même s’il prétend revenir.

« Ce constat s’appuie sur des faits objectifs, et non sur des anathèmes ou sur des accusations sans preuve :

– Déclarations reniant le passé communiste : hommage au liquidateur Gorbatchev et à l’anti-communiste Soljenitsyne ; mépris affiché pour les kolkhozes et le centralisme démocratique ; refus de considérer Staline comme un « camarade » (ainsi que Xi Jinping et Kim Jung-un) tout en affirmant que, vu certaines de ses déclarations, « Biden pourrait prendre sa carte au PCF » ;

– Positions tendant vers la Réaction : soutien à la manifestation factieuse des policiers organisée devant l’Assemblée nationale en mai 2021 par Alliance en présence du fasciste Zemmour pour « accuser la Justice ») ; feu vert aux préfets pour expulser les sans-papiers non régularisés ; « débat » avec Valérie Pécresse à la Fête de l’Huma 2021 ; louanges aux « grandes fortunes très intelligentes, qui ont créé, inventé » ; pitoyable mise en opposition de la « gauche du travail » et de la « gauche de la paresse » ; regret de l’annulation de la visite de Charles III en plein conflit des retraites.

– Ancrage définitif de la France dans l’ordre capitaliste UE-OTAN : soutien sans faille au régime pronazi de Kiev martyrisant le Donbass ouvrier depuis 2014 ; appel à un « débat parlementaire » pour savoir s’il faut faire la guerre contre la Russie (!) ; vote des députés P« C »F en faveur de l’infâme résolution du 30 novembre 2022 (avec « Renaissance », les « LR », le « PS » et « EELV ») pour l’envoi d’armes à l’Ukraine (et l’élargissement de l’OTAN à la Suède et à la Finlande et de l’UE à l’Ukraine), etc.

– Politique légaliste et euro-« social-démocrate » : NUPES ; appel à un « débat pacifié » dans le cadre de la Ve République avec la Macronie en plein affrontement de classes sur les retraites ; maintien du P« C »F au sein du Parti de la Gauche européenne (PGE) rallié à l’euro et la construction européenne et invisible dans les luttes. Le PGE, qui accueille encore Syriza malgré ses trahisons et capitulations néolibérales en Grèce sans que cela émeuve le P« C »F, a d’ailleurs eu les honneurs du congrès du P« C »F avec la présence de son président Walter Baier, ovationné après avoir déclaré que « les mouvements sociaux sont un tremplin pour une Europe sociale, écologique et féministe » (en somme, pas mieux que Mitterrand, Jospin ou Hollande !).

La Riposte, un courant trotskiste qui eut un temps un écho dans le PCF, quant à lui que tout ça est surtout un écho d’une décomposition du PCF. En effet:

« le contenu analytique, politique et programmatique du document [proposé par la direction et voté à plus de 80%] est d’une pauvreté affligeante ».

Il est pensé ici que le PCF se survit à lui-même. C’est une position trotskiste traditionnelle.

Ce n’est pas du tout ce que pense le PCF(mlm), par contre. Le PCF, selon lui, s’est vraiment relancé. Il s’est vraiment relancé, car il est en train de mourir.

Pour les maoïstes en effet, le PCF esr révisionniste depuis les années 1950. Sa seule fonction est d’être un pare-feu au communisme véritable.

Là, il agonise, donc une dernière fois il tente d’apparaître comme super révolutionnaire. Dans le pdf de Crise (qu’on remet ici, voir page 45), il y a donc une analyse approfondie des thèses « révolutionnaires » de la motion de Fabien Roussel.

Et il est affirmé que la clef et la preuve de tout ça, c’est la réaffirmation par le PCF du concept de « capitalisme monopoliste d’Etat ».

Toute la motion se fonde dessus. D’où une critique très développée de son concepteur, Paul Boccara.

crise-23-avril-2023

Résumons.

Le PCF se maintient politiquement et va agir dans les prochaines années. Il ne se soumettra pas à La France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon.

Les gens qui ont quitté le PCF pour prôner une fusion surtout avec La France Insoumise sont très déçus de ça. Il y en a encore dans le PCF, à autour de 15%, la majorité étant elle par contre très contente du retour affirmatif du PCF.

Pour les sortis et la minorité, le PCF court au suicide. Pour la majorité, le PCF est de retour comme force politique.

Le PRCF, qui compte occuper l’espace du PCF, dit que ce n’est qu’apparence, qu’en réalité le PCF continue sa dissolution au sein des institutions façonnées par l’Union européenne (d’où une ligne de « Frexit progressiste » qui serait nécessaire).

Il continuera de s’étioler, il n’y a rien en attendre. Il est déjà mort.

Le PCF(mlm), maoïste donc en opposition avec la ligne du PCF depuis les années 1950-1960, considère au contraire que le PCF, s’il agonise, revient à ses fondements dans un dernier sursaut pour constituer une barrière, encore une fois, à l’affirmation du communisme véritable. C’est le « révisionnisme » du PCF, qui tente une dernière réactualisation afin de tromper les gens.

C’est son rôle, sa nature : il le tente jusqu’au bout.

Trois positions, donc : le PCF va se décomposer (face à La France Insoumise), il va s’étioler (en raison du cadre européen), il va s’affirmer (dans une dernière agonie).

L’avenir dira qui a raison.

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39e congrès du PCF: « nationbuilder »

Une méthode qui révèle l’alignement capitaliste.

Le Parti Communiste Français a tenu son 39e congrès, du 7 au 10 avril 2023. Allait-il être satisfait de Fabien Roussel, après son résultat de 2,28% à la présidentielle, un an auparavant?

Il l’a été. La base a confirmé à 81,92 % son texte stratégique « L’ambition communiste pour de nouveaux Jours heureux« . Lui-même a été réélu comme dirigeant à 80,4%.

Et le PCF a mis en place tout un dispositif autour du congrès, pour le rendre facile à comprendre, facile d’accès en ligne avec une vidéo des comptes-rendus (sauf pour le dernier après-midi), une présentation très claire, le tout sur un site dédié.

Une site hébergé par « NationBuilder, 520 S. Grand Ave., 2nd Floor, Los Angeles, CA 90071 ». Il n’est même pas précisé que c’est aux Etats-Unis ! C’est plutôt amusant quand on sait que Fabien Roussel n’a pas cessé d’exprimer son amour de la patrie tout au long du congrès.

Mais justement, son populisme est à l’américaine. Car le PCF a utilisé pour le congrès la plate-forme américaine « NationBuilder », qui met en place une interface en ligne pour mener des « campagnes ».

L’interface pompe un maximum d’informations sur les personnes l’utilisant, notamment par l’intermédiaire de Facebook et de Twitter. Elle permet de lancer des campagnes en fonction, afin de toucher les « cibles », proposant des graphismes, une esthétique, des idée de méthodes, etc.

C’est l’activisme clef en main typique du 24 heures sur 24 du capitalisme. L’interface de « Nationbuilder » a été d’ailleurs employée notamment par Donald Trump pour gagner l’élection américaine de 2016, et par Emmanuel Macron pour gagner l’élection française de l’année suivante.

Le PCF a fait comme Emmanuel Macron la même année, d’ailleurs. Les socialistes français l’emploient aussi, Eric Zemmour fait de même, et on retrouve l’interface dans plusieurs pays ; le Parti du Travail de Belgique fonctionne avec, par exemple.

Pourquoi en parler maintenant? Pour une raison très simple. Employer Nationbuilder, voilà qui ne colle pas vraiment avec le discours de Fabien Roussel d’un retour au terre à terre. Il prétend qu’il veut s’adresser aux gens « normaux » et voilà qu’il emploie la plus développée des interfaces du « monde digital ».

Il y a l’apparence, où l’on prétend s’adresser de manière démocratique. Et il y a la réalité, où dans les structures mentales même, dans la culture, dans la pratique, il y a l’asservissement aux modalités « politiques » du capitalisme le plus moderne.

De son point de vue, il ne verra pas de contradictions. Nous, du point de vue de la Gauche historique, nous le voyons. Nous détestons cette « gauche » Twitter, Facebook et Instagram, ou même youtube et tiktok. C’est totalement aliénant, cela n’a rien à voir avec une bataille pour les consciences.

Croire qu’on peut faire passer des idées de gauche au moyen de produits capitalistes faits pour épuiser les consciences, vider les esprits, consommer… c’est de l’insconscience, de l’absdurdité, de la collaboration avec le 24 heures sur 24 du capitalisme.

Qu’il faille une bonne présentation sur internet, c’est vrai. Qu’on adopte les méthodes des pires capitalistes en s’imaginant les retourner en son contraire, voilà qui est inacceptable.

On comprend alors pourquoi le PCF est totalement pro-nucléaire, pourquoi Fabien Roussel joue au viandard beauf, pourquoi le PCF s’aligne sur l’OTAN tout en le critiquant. Le PCF veut être « de la partie ». Il ne veut pas de rupture.

Et il a fait ce choix en mai 1968, lorsqu’il s’est totalement opposé au mouvement. Cela devait être dit avant d’analyser le congrès, ce qui reste à faire, car on ne peut pas comprendre ce que dit le PCF si on ne voit pas déjà son hypocrisie. Non, on ne peut pas chanter l’Internationale en employant Nationbuilder!

Car c’est là le second aspect, dont il faudra parler, justement avec le congrès. Fabien Roussel représente une ligne qui se revendique du marxisme, du socialisme! Et qui méprise ouvertement la minorité, qui est elle en mode « post-moderne ». Les deux textes signés par des jeunes (ou un peu moins jeunes) pour soutenir les deux factions reflètent bien cette opposition.

Mais cette opposition est-elle réelle? Elle ne peut pas l’être, avec un tel arrière-plan culturel, avec une telle démarche. On ne peut pas agir et faire comme si le monde venait de commencer. En jouant ainsi, le PCF fonce dans le mur et il est une machine à illusions.

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Congrès 2023 du PCF: les deux factions

Un retour aux sources ou la post-modernité?

Voici deux textes qui reflètent le mieux les deux factions au sein du PCF lors du 39e congrès, qui s’est tenu à Marseille du 7 au 10 avril 2023. Ils ont été écrit tous les deux par des militants jeunes (ou un peu moins jeunes).

Le premier texte représente la ligne majoritaire, ou plus exactement l’aile « gauche » de la majorité, celle qui veut un retour au PCF des années 1980, pour résumer.

Le second représente la faction minoritaire, celle qui est tenante d’une participation à un conglomérat de gauche sur une ligne « post-moderne », avec les thèmes qui en découlent.

Si l’on veut être méchant, on dira que les premiers ont pris au sérieux la dimension « marxiste » du PCF, les seconds la dimension « post-marxiste ». Et il faut bien être méchant, car le PCF est tout de même un parti de gouvernement, qui n’a plus l’ambition d’une révolution ou même du marxisme comme idéologie depuis des années et des années… Le symbole n’est même plus le marteau et la faucille!

On voit là un vrai décalage avec la réalité historique.

Voici le premier texte, qui fait huit pages.

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Le second texte.

39e Congrès du PCF : prendre le parti de la Génération Révolution

Notre parti s’est toujours renforcé en s’impliquant dans les luttes portées par la jeunesse. À l’inverse, chaque fois que le PCF s’est distancé des mouvements sociaux émergents, il a perdu en vitalité comme en crédibilité.

Le PCF est vivant quand il s’attache à comprendre le monde tel qu’il est et agit pour le transformer. C’est pourquoi, dans le cadre du débat du 39e Congrès du Parti Communiste, nous, jeunes adhérent·es, appelons à soutenir le texte « Urgence de communisme ». 

Crise climatique, guerres, pandémie : l’absurdité du capitalisme apparaît toujours plus clairement aux peuples. Notre génération, bien plus que les précédentes, fait tous les jours l’expérience qu’il faut en finir avec ce système.

Féminisme, climat, antiracisme, nouvelles formes de mobilisation… C’est bien la crise mondiale actuelle qui nourrit la radicalité des luttes de la jeunesse.

Nous vivons une situation inédite : contrairement aux générations précédentes, la nôtre ne devient pas plus conservatrice en prenant de l’âge !1 Il s’agit d’un moment charnière, et la jeunesse peut y jouer un rôle moteur.

Au Chili, les jeunes se sont mobilisés avec l’ensemble du peuple et ont gagné, contre le régime néolibéral issu de la dictature de Pinochet, la mise en chantier d’une Constituante et le retour de la gauche au pouvoir.

Au Brésil également, grâce à une mobilisation conjointe des travailleur·ses, de la jeunesse, des femmes, des personnes LGBTQI+ et des peuples autochtones, la gauche de Lula revient au pouvoir après un mandat destructeur de l’extrême-droite. En Iran aussi, les jeunes sont en première ligne pour affirmer leur solidarité avec les femmes du pays contre l’obscurantisme théocratique au pouvoir, remettant en question des années d’injustices sociales et patriarcales.

Au Tchad là encore, ce sont des mobilisations de jeunes, réprimées dans le sang, qui remettent en cause le pouvoir militaire d’Idriss Déby. En Inde avec des grèves historiques, aux États-Unis contre les violences policières… partout dans le monde, la jeunesse est au cœur des mobilisations pour la liberté, l’égalité et la justice !

En France, des revendications similaires animent de larges portions de la jeunesse, qui se sont rassemblées ces dernières années contre les violences faites aux femmes, l’inaction climatique ou encore les violences policières. Déjà présent·es en 2019 et 2020 dans les mobilisations contre les réformes des retraites, leur mobilisation sera essentielle dans les semaines à venir pour faire reculer le gouvernement.

Au plan électoral, ces millions de jeunes se sont prononcés à plusieurs reprises pour les différentes candidatures identifiées à la gauche radicale, en 2012, 2017 et 2022.

Dans le même temps, parfois en réaction, une part croissante de la jeunesse a fait le choix des candidats de l’extrême-droite, de Le Pen à Zemmour. Le Parti communiste français, qui tiendra son congrès au printemps, doit prendre pleinement la mesure des contradictions qui agitent notre génération.

Notre parti, en effet, s’est toujours renforcé en s’impliquant dans les luttes portées par la jeunesse. De Mandela au peuple palestinien, des manifestations CPE à celles contre la Loi Travail… de 2002 à 2018, la France et le PCF vivent aux rythmes des manifestations de jeunes. À l’inverse, chaque fois que le PCF s’est distancé des mouvements sociaux émergents, il a perdu en vitalité comme en crédibilité.

Né au lendemain de la première guerre mondiale, dans un contexte de crise majeure, le PCF est vivant quand il s’attache à comprendre le monde tel qu’il est et agit pour le transformer.

Continuer à renvoyer les luttes révolutionnaires du XXIe siècle à de simples “enjeux sociétaux”, comme on l’a trop souvent entendu ces dernières années, serait donc une grave erreur.

Cela est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui les perspectives politiques concrètes manquent aux luttes de la jeunesse.

Avec la Nupes, un premier pas a été fait vers un rassemblement majoritaire de gauche capable de prendre le pouvoir, et de répondre aux attentes de celles et ceux qui luttent. Mais le plus dur reste à faire pour transformer l’essai jusqu’à la victoire.

Dans cette situation, nous avons besoin d’un Parti communiste qui ne se pose pas en donneur de leçons, mais s’attache à développer avec clarté la méthode qu’il propose aux mouvements populaires pour vaincre Macron et l’extrême-droite.

Expérience militante, communisme municipal, solidarité internationale… Les communistes ont beaucoup à apporter, pour peu qu’ils et elles le décident !

Aussi, à partir de nos expériences de terrain et pour répondre à ces enjeux, nous sommes fier·es d’apporter notre soutien à la proposition de base commune Urgence de communisme pour le 39e Congrès du PCF ! Nous appelons tous les communistes à en prendre connaissance, à la mettre en débat et à la soutenir.

  1. Les millenials bouleversent la plus ancienne règle en politique. Article paru le 29 décembre 2022 dans le Financial Times (https://www.ft.com/content/c361e372-769e-45cd-a063-f5c0a7767cf4)

Signataires :

Elsa Amand, 33 ans, membre d’exécutif de section (92)
David Arabia, 27, ancien secrétaire de section (66)
Antoni B., 28 ans (94)
Pierre Beaufort, 25 ans, membre du Conseil départemental PCF Vienne (86)
Hugo Blossier, 31 ans, secrétaire fédéral (86)
Aurélien Bonnarel, 30 ans, secrétaire de section et conseiller municipal (67)
Hadrien Bortot, 33 ans, secrétaire de section et Maire-adjoint d’arrondissement (75)
Cyrielle Burban, 34 ans, co-secrétaire de section (94)
Hugo Carlos, 24 ans, membre de comité de section, membre du conseil départemental de la fédération du Gard du PCF (30)
Nicolas Carrere, 23 ans, ancien responsable du MJCF 66, membre d’exécutif de section et du conseil départemental PCF Pyrénées-Orientales (66)
Julien Cazeneuve, 35 ans, membre d’exécutif de section (93)
Lucie Champenois, 28 ans, conseillère municipale (92)
Sabrina Chatouani, 23 ans (93)
Nicolas Commisso, 25 ans (67)
Paul Conchon, 35 ans (24)
Mateo Crespo Garcia, 24 ans (75)
Nicolas Defoor, 33 ans (93)
Emmanuel Delaplace, 23 ans (92)
Morgan Desmarest, 33 ans, co-secrétaire de section (94)
Manel Djadoun, 24 ans (92)
Emilie Dufour, 24 ans (86)
Julien Duponchez, 32 ans (94)
Eve Elizagaray, 27 ans (66)
Anaïs Fley, 25 ans, ancienne secrétaire nationale de l’UEC, membre du conseil départemental PCF 92 et du conseil national du PCF (92)
Samuel Franceschi, 27 ans, co-secrétaire de section (86)
Théo Froger, 26 ans (38)
Gabriel Gau, 33 ans (75)
Antoine Guerreiro, 29 ans, secrétaire de section, membre du conseil départemental du Val-de-Marne et du conseil national du PCF (94)
Nawfel Hamri, 22 ans (26)
Zoé Imbert, 24 ans, membre d’exécutif de section, membre du conseil départemental PCF Paris (75)
Marie Jay, 27 ans, Maire-adjointe et membre d’exécutif de section (94)
Clément Jumeaucourt, 23 ans (60)
Anaïs Keslani, 29 ans (30)
Yanis Khima, 19 ans, membre du Collectif jeune du Val-d’Oise (95)
Noâm Korchi, 24 ans (93)
Pierre Labrousse, 23 ans (13)
Romain Lacomme, 24 ans, membre de la commission nationale Énergie (75)
Paul Larnaud-Chiocca, 30 ans (2A)
Chloé Le Bret, 26 ans, ancienne élue à l’égalité des droits (38)
Sébastien Lorian, 34 ans (92)
Maxime Martinet, 27 ans (38)
Antoine Mézy, 24 ans (67)
Walid Mhaidra, 22 ans (84)
Léo Michel, 23 ans (94)
Camille Naget, 32 ans, conseillère municipale (75)
Basile Noël, 27 ans (77)
Adèle Olivares, 20 ans (30)
Hugo Pompougnac, 32 ans, secrétaire de section (92)
Marine R., 29 ans, secrétaire de cellule (75)
Alban Rapetti, 28 ans (47)
Clothilde Renaudin, 25 ans (72)
Aurélien Riou, 24 ans (13)
Sarra Sebaoui, 29 ans (91)
Eloi Simon, 33 ans, élu municipal (92)
Léo Simonet, 28 ans, ancien syndicaliste étudiant (94)
Lovepreet Sing, 21 ans (93)
Lola Sudreau,  22 ans, membre d’exécutif de section (93)
Laurène Thibault, 29 ans, membre d’exécutif de section (92)
Élise Verneyre, 32 ans (93)
Armeline Videcoq-Bard, 31 ans, responsable du Collectif jeunes du PCF Val-d’Oise, membre de l’exécutif départemental du PCF Val-d’Oise (95)
Clément Vignoles, 31 ans (23)
Rachel Zoughebi, 24 ans (94)
Rustam Zubkov, 22 ans, secrétaire de section (77)

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Politique

Ukraine : appel hypocrite à la paix de l’UEC et du MJCF

Courageux, ou pas ?

L’Union des Etudiants Communistes et le Mouvement Jeunes Communistes de France ont signé une tribune commune par l’intermédiaire de leurs dirigeants. En tant qu’organes de mouvement de jeunesse, les deux structures appellent à la paix en Ukraine.

C’est très hypocrite. Les raisons, flagrantes, sont les suivantes. Tout d’abord, tous les torts reviendraient à Vladimir Poutine. C’est là une personnalisation de l’Histoire tout à fait ridicule.

C’est cependant bien pratique pour ces deux mouvements qui ainsi « oublient » de nommer les réelles raison de la guerre : le capitalisme, la crise, la bataille pour le repartage du monde.

Ensuite, il n’est pas appelé à saboter l’effort de guerre français. Il n’est pas considéré que la France est en guerre contre la Russie, seulement qu’elle contribue à une escalade et qu’elle peut mieux faire.

Non seulement ce n’est là pas correct, car il faut combattre le militarisme de son pays avant tout, mais en plus c’est « oublier » au passage que la France est devenue une marionette de la superpuissance américaine.

Si l’on veut aller encore plus loin, on peut voir également que ni l’UEC ni le MJCF n’ont compris quoique ce soit à la question de l’effondrement de l’occident – ou plutôt qu’ils expriment le souhait que surtout tout reste comme avant.

Sous l’aspect de pacifisme, sous la forme positive du refus de l’engrenage, l’UEC et la MJCF ne font en réalité que proposer de « faire autre chose » tout en accompagnant les initiatives militaires de l’Etat français qui contribue matériellement, idéologiquement, économiquement à la guerre américaine contre la Russie.

Un an de guerre en Ukraine : la jeunesse aspire à la paix !

LÉON DEFFONTAINES
Secrétaire général du MJCF
LÉNA RAUD
Secrétaire nationale de l’UEC

Voilà un an que la Russie a envahi l’Ukraine. Il y a un an, Vladimir Poutine a bafoué l’intégrité territoriale d’un pays et, depuis, il fait peser le risque d’un conflit mondial aux conséquences dramatiques pour l’avenir de la planète.

Grâce à sa possession de l’arme nucléaire, qu’aucune grande puissance ne remet en cause, il a pu commettre les pires exactions tout en menaçant plus ou moins explicitement d’en faire usage.

Derrière cette guerre, c’est autant de jeunes dont l’avenir est brisé : assassinats, enfermements, chômage, déscolarisation, enrôlement forcé dans les conflits… C’est alors l’avenir entier d’une nation qui est hypothéqué.

Aujourd’hui, plus personne ne semble avoir la paix comme boussole. Les deux belligérants comme les puissances occidentales disent vouloir la paix, mais n’envisagent qu’une seule et même logique : la guerre, toujours la guerre.

L’aide militaire apportée ces derniers mois n’a pas montré son efficacité. En toute logique, avec cette stratégie, nous assistons au concours du pays qui enverra le plus d’armes possible en Ukraine. Cette surenchère guerrière ne fait qu’ajouter de la guerre à la guerre.

Qu’allons-nous faire lorsque nous constaterons que les armes lourdes ne suffiront plus ? Faudra-t-il envoyer directement des militaires sur le sol ukrainien et plonger le monde dans une guerre contre la Russie ?

Nous le disons clairement, les armes n’ont jamais fait cesser le feu. La paix doit redevenir notre horizon.

Notre génération aspire à la paix et à faire taire les armes. La jeunesse refuse la banalisation de la guerre. Nous ne voulons pas de la militarisation des relations diplomatiques et aspirons à un monde basé sur la coopération entre les peuples.

La France doit devenir un promoteur de la paix. Pour ce faire, l’envoi d’armes de plus en plus lourdes doit prendre fin et l’ONU doit être réaffirmée comme l’organisation centrale pour obtenir un cessez-le-feu et engager des pourparlers pour la paix avec l’Ukraine et la Russie.

Seule une issue pouvant assurer à l’Ukraine sa souveraineté et le contrôle de ses frontières pourra aboutir à une paix juste et durable.

Enfin, nous savons qu’aucun horizon de paix sera possible tant que la menace nucléaire persistera. Nous demandons à la France de cesser toute modernisation de son arsenal nucléaire, de ratifier le traité pour l’interdiction des armes nucléaires (Tian) et d’en faire la promotion.

Nous refusons la guerre et appelons les dirigeants français à agir concrètement pour la paix.

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Politique

Un an de conflit en Ukraine : la Gauche surtout silencieuse et complice

Le bilan est très mauvais.

Elle est belle la « Gauche » française, ou plutôt cette variété française de « Démocrates » à l’américaine. Un an de conflit en Ukraine et même là, elle ne trouve rien à dire, ou alors… surtout pour soutenir l’OTAN. On en est là..

Et encore parle-t-on là de ceux qui font de la politique. Pour d’autres, c’est déjà trop. Les manifestations de la CGT et une vague agitation étudiante leur suffit. Ils ne sont même pas en mesure de comprendre que le premier anniversaire d’un tel conflit interpelle nécessairement les gens. Que c’est faire de la politique, la plus élémentaire même, que de donner sa vision du monde, de montrer qu’elle permet d’éclairer les faits, de dégager des tendances, de tracer des perspectives.

Faisons un petit bilan de ces « politiques » et « antipolitiques » au sujet du triste anniversaire de la première année de conflit militaire en Ukraine.

Les politiques

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord, a régulièrement soutenu le régime ukrainien, tout en dénonçant le risque d’engrenage. C’est une position intenable, mais qui permettait de sauver la chèvre et le chou. D’un côté le PCF est aligné sur le régime pro-Ukraine au niveau de ses élus, de l’autre il prône la paix pour satisfaire sa base.

Le document « Ukraine : Agir pour la Paix, en priorité » est en ce sens. Fabien Roussel dénonce la Russie, appelle le gouvernement français à devenir l’organisateur de la paix et égratigne l’OTAN. Ce n’est pas cohérent, mais c’est bien amené, ça passe politiquement.

Le Nouveau Parti Anticapitaliste appelle à soutenir la « résistance ukrainienne », sans prendre en compte la nature du gouvernement ukrainien. Tout est de la faute de la Russie et il faut soutenir les opposants là-bas (Assez de la guerre de Poutine ! Troupes russes hors d’Ukraine ! Solidarité avec la résistance ukrainienne !). Cela revient à être un appendice de l’OTAN, mais ça tient debout, c’est cohérent politiquement (si l’on adopte la ligne du NPA).

Lutte Ouvrière a pris position dans son éditorial des bulletins d’entreprise. Son mot d’ordre est Aucun soutien à leur sale guerre ! et l’opposition à la guerre. Lutte Ouvrière est montée en gamme depuis quelques semaines dans sa dénonciation de la guerre, reflétant le fait que pour les travailleurs, la menace d’une 3e guerre mondiale interpelle. Citons le bulletin :

« Les travailleurs n’ont à se ranger ni dans un camp, ni dans un autre. La seule porte de sortie qui puisse garantir que le conflit prenne fin et ne recommence pas demain, c’est que les travailleurs refusent de servir de chair à canon et se retournent contre leurs propres dirigeants.

Sans les travailleurs, rien ne peut se produire. Rien ne peut s’échanger, rien ne peut fonctionner. Même pour faire la guerre, produire les armes et les acheminer, les gouvernements ont besoin de nous. Sans notre consentement, il n’y a pas de guerre possible.

Alors, préparons-nous à refuser l’union sacrée derrière Biden et Macron. Reprenons le mot d’ordre de Marx : prolétaires de tous les pays, unissons-nous contre la classe capitaliste qui nous exploite. Unissons-nous contre ses politiciens qui dressent les peuples les uns contre les autres et nous mènent à la guerre ! »

Le PCF(mlm) considère quant à lui qu’on est déjà dans le processus de 3e guerre mondiale. Celle-ci est le fruit pourri de la crise générale du capitalisme commencé en 2020 et les choses vont empirer en raison de la contradiction américano-chinoise. On est dans le repartage du monde et l’ennemi est avant tout dans son propre pays (Un an de conflit armé en Ukraine: faire face à la guerre de repartage du monde, à l’exemple de Rosa Luxembourg).

Citons le document :

« Quel est le point de vue à l’arrière-plan de toutes les initiatives concernant l’Ukraine ?

Ce pays devrait devenir une base industrielle pour le capital financier occidental, en profitant des ressources d’une Russie démantelée en de multiples petits États et payant des sommes colossales de « réparations ».

Une Ukraine vassalisée, une Russie colonisée, tel est le plan des impérialistes occidentaux, superpuissance impérialiste américaine en tête !

Tel est leur souhait, afin de relancer le capitalisme ! »

Révolution permanente a également pris position, ne ratant pas une telle occasion politique, bien que normalement il n’est jamais parlé du conflit militaire en Ukraine. Comme traditionnellement dans ce courant politique, l’article est prétexte à une analyse « géopolitique » où les tendances sont évaluées. Ce qui donne par exemple :

« Les scénarios sont multiples et nous ne pouvons pas tous les évoquer ici. Cependant, tout semble indiquer qu’une ouverture rapide de négociations et la fin des combats n’est pas la perspective la plus probable.

Les pronostics les plus optimistes estiment que ces négociations ne pourraient commencer que d’ici quelques mois, c’est-à-dire après une éventuelle offensive russe et une probable contre-offensive ukrainienne. Autrement dit, les populations locales vont encore endurer beaucoup de souffrances avant que la guerre s’arrête, même selon les plus optimistes. »

Cette position concerne de toutes façons seulement l’Ukraine et la Russie et il n’est pas considéré dans le document que tout cela ait une incidence politique en France (Ukraine. A un an du début d’une guerre réactionnaire).

On a enfin le Parti socialiste, dont la ligne est ouvertement favorable au régime ukrainien et à l’OTAN. Il faudrait d’ailleurs un soutien total, indéfectible comme le dit la déclaration.

Les anti-politiques

Il y a, à rebours des « politiques », les anti-politiques. Eux veulent de l’agitation et rien d’autre. Les positionnements ne les intéressent pas : ils sont une variété pseudo-politique du syndicalisme. Ils ne parlent strictement jamais du conflit militaire en Ukraine et ils ne voient même pas pourquoi il faudrait en parler.

La France insoumise s’est ainsi contentée d’un communiqué de presse de quelques lignes signé par ses parlementaires, pour demander le soutien au régime ukrainien mais également d’aller dans le sens d’une solution négociée. Pas un mot sur l’OTAN, naturellement. Jean-Luc Mélenchon ne dit quant à lui rien du tout sur son blog, lui pourtant si bavard au sujet de tout.

Les anarchistes conservent pareillement le silence. Rien chez l’Union Communiste Libertaire, rien chez la Fédération anarchiste, rien chez Contre-attaque (ex-Nantes révoltée), rien chez la CNT, rien chez la CNT-SO, rien chez la CNT-AIT, rien chez l’OCL.

C’est tout de même notable, car il existe en France une tradition anti-militariste. Il faut croire qu’elle s’est évaporée et que l’armée française peut soutenir le régime ukrainien autant qu’il l’entend.

Du côté « marxiste-léniniste » ou pseudo-maoïste version étudiant, on ne trouve rien non plus. Ils ne parlent jamais de la guerre, ils ne vont pas s’y mettre même à l’occasion d’une année de conflit d’une telle importance. C’est « politique » et ça ne les intéresse pas.

Le Parti Communiste des Ouvriers de France, le Parti Communiste Révolutionnaire de France, Unité Communiste, La Cause du peuple, Nouvelle époque, l’UPML, l’OCML-VP… tous ces gens, qui normalement sont censés dénoncer « l’impérialisme », continuent de ne rien dire.

Initiative Communiste, le site du PRCF, ne dit rien non plus à cette occasion, mais au moins parle-t-il de manière assez régulière du conflit en Ukraine, dénonçant l’OTAN et appelant à la paix.

Le panorama des « politiques » n’est guère brillant, mais celui des « anti-politiques » révèle encore plus le fond du problème, qui est que la Gauche française est surtout sans fondamentaux et sans envergure.

Comment être pris au sérieux sans économie politique développée ? Comment prétendre changer le monde, transformer les choses, sans valeurs développées, sans vision du monde ?

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Guerre

LFI et le PCF ne s’opposent pas aux chars envoyés au régime ukrainien

Leur convergence avec la bourgeoisie est totale, même dans une variante sociale-prudente.

Fabien Roussel est le dirigeant du PCF ; il était l’invité de LCI le 26 janvier 2023. Manuel Bompard, un coordinateur national de La France Insoumise et même la figure pratiquement majeure, était parallèlement invité par Franceinfo.

Les deux ont tenu le même discours et il faut voir leurs interventions (ici dès le début des vidéos) pour constater à quel point ils sont médiocres et infâmes. Ils expriment une gêne très forte ; on dirait qu’ils ne savent pas où se mettre.

Ils savent qu’ils sont dans l’obligation de soutenir la bourgeoisie française dans sa guerre à la Russie. Alors, ils font bien attention à ne pas se faire prendre à dire un mot de travers.

Ils sont pitoyables d’obséquiosité. Et tout ce qu’ils trouvent à dire, au mieux, c’est qu’il faut être prudent pour ne pas arriver à une guerre mondiale, et qu’il serait bien d’élargir le consensus.

Pour cela il faut un « débat » à l’Assemblée nationale au sujet de l’envoi d’armes. On dépasse la collusion ici : on est littéralement dans la mise au service de la bourgeoisie, avec comme objectif d’embrigader le peuple au maximum pour la guerre contre la Russie, clairement désigné comme l’ennemi et le seul « méchant ».

La position de ces sinistres personnages reflète celle de la base du PCF et de La France insoumise. Celle-ci, au-delà des différences amenant plus à pencher vers l’un ou vers l’autre, forme le noyau de la corruption social-impérialiste.

Peu importe les visées militaires de l’Otan du moment que la réforme des retraites ne passe pas et que le niveau de vie reste le même. Et d’ailleurs même si la réforme passe, il n’y aura pas d’opposition à l’Otan, mais au contraire un bellicisme « social » pour chercher à faire payer les retraites françaises par la Russie.

C’est comme cela qu’est le fascisme italien, par des gens voulant du « social » mais s’inscrivant entièrement dans la perspective « nationale ». La convergence avec sa propre bourgeoisie aboutit inévitablement au militarisme, fut-ce pour des raisons « sociales ».

D’ailleurs, tous ces gens ne parlent que d’une « oligarchie » qui dominerait le peuple français. Tant le PCF (ou sa variante « ultra » le PRCF) que LFI ne dénoncent jamais la bourgeoisie, seulement une « oligarchie » qui profiterait aux dépens d’un peuple de nature « nationale ».

Tout cela va très mal finir quand les événements vont se précipiter, ce qui ne manquera pas. Les Français ne font strictement rien contre la guerre mondiale, ils se laissent embarquer : ils devront en assumer les conséquences historiques.

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Politique

Animaux, écologie : Fabien Roussel ne veut pas changer le monde

Le candidat PCF préfère la viande et les voitures à la révolution.

Fabien Roussel est candidat à l’élection présidentielle pour le PCF. Il a choisi comme ligne politique un positionnement social-populiste visant à flatter les gens que l’on doit qualifier de beaufs. Ces gens sont nombreux en France, alors le créneau est porteur ; Fabien Roussel a relativement beaucoup de reconnaissance médiatique pour cette raison.

On avait déjà eu un aperçu en octobre 2021 quand il avait moqué Yannick Jadot voulant « libérer les poulets » (ce qui est faux au passage), alors que lui par contre pense « aux salaires et aux retraites ». C’était là une réflexion typiquement réactionnaire, s’imaginant cartésienne et populaire, en fait surtout de droite, digne d’un Jacques Chirac au salon de l’agriculture.

En voici un nouvel exemple récent. Fabien Roussel s’imagine avoir une démarche tournée vers le peuple et opposé à la bourgeoisie en expliquant :

« Il y a la gauche caviar. Une bien-pensance qui voudrait interdire la viande et les voitures. Je suis d’une gauche populaire qui préfère donner les moyens aux Français d’avoir un véhicule propre plutôt que de les assigner à résidence. »

C’est proprement lamentable, et là encore bien plus de droite que de gauche. Déjà, car c’est faux : la « gauche » caviar justement n’est pas opposée à la viande ni au caviar, et encore moins à l’automobile. Mais surtout, car c’est regrettable !

Justement oui, il faut changer le monde, et en finir avec la viande et les voitures. La viande et les voitures sont, avec les guerres, ce que le capitalisme a engendré de pire au 20e siècle. C’est l’expression de la société de consommation dans le sens d’un étalement ininterrompu de marchandises et de marchandisation. Tout y passe, la vie quotidienne du peuple bien sûr, façonnée par le 24h/24 du capitalisme, mais aussi, voire surtout, les animaux et la nature.

Les animaux sont massacrés en masse dans les usines-abattoirs, dans les laboratoires de vivisection, sur les routes, etc. Et la nature est souillée par le mode de vie propre au capitalisme, très consommateur d’espace en raison précisément de l’automobile et de son hégémonie. Concrètement, cela fait que les zones humides disparaissent à vitesse grand V en France, et c’est le grand drame écologique de notre époque avec le réchauffement climatique. On ne peut pas s’imaginer de gauche si on ne voit pas cela.

L’existence de l’industrie de la viande est une atteinte à la dignité humaine, un tel massacre de masse des animaux et de la nature (car cette industrie est ultra-consomatrice de ressources et d’espaces en plus d’être barbare) est absolument révoltante pour qui a foi dans l’humanité et ce dont elle est capable de meilleur. De même que le règne sans partage de l’automobile dans les villes et les campagnes est pareillement une horreur, une décadence de la civilisation dont l’expression la plus brutale est l’existence des zones périphériques hideuses et mornes qu’il va vite falloir démanteler.

Comment ne pas être révolté contre ce monde de viande et de voiture ? A moins d’être de droite et de rejeter le changement, le progrès, la révolution… Quand il affirme comme slogan étendard « je défends le bifteck des Français ! », quand il assène que « Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage, c’est la gastronomie française », Fabien Roussel est non seulement totalement en dehors de son époque, mais surtout il ne vaut pas mieux que la Droite.

On peut très bien dire qu’il ne faut pas brusquer les gens et leur vie quotidienne, qu’ils ne doivent pas trop faire d’effort pour préserver ou garantir leur « confort », que les choses changeront petit à petit, on peut très bien penser que les prévisions du GIEC sur le réchauffement climatique ne sont pas si alarmantes et que des voitures Crit’air 1 et 2 suffiront à sauver les meubles (Fabien Roussel propose 10 000 euros à chaque foyer pour s’acheter une nouvelle voiture Crit’air 1 ou 2), que les animaux sont secondaires par rapport au « bifteck » des Français et qu’il ne faut surtout pas remettre en cause la viande, etc., etc., etc.

Mais alors pourquoi se revendiquer de gauche, et de surcroît du communisme ? Si le but est de défendre le monde tel qu’il est, que rien ne change, alors autant voter à droite, c’est plus efficace. C’est d’ailleurs ce que font la plupart des ouvriers qui votent, malheureusement. Et ce, depuis quoi, plusieurs décennies déjà ! Et c’est cela qu’il faut changer, l’époque étant plus que mûre !

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Guerre Refus de l’hégémonie

L’arc, les flèches et le refus socialiste-communiste de l’arme nucléaire de 1972

La corruption capitaliste de la Gauche gouvernementale est patente.

Voici le passage du programme commun de 1972 concernant l’emploi de l’arme nucléaire et de l’armée, ou plus exactement du désarmement. Car le Parti socialiste et le PCF prônaient alors le refus de l’armée de métier, la réglementation des ventes d’armes, l’abandon complet de l’arme nucléaire, et l’affirmation du démantèlement de l’OTAN et du Pacte de Varsovie !

Qu’on compare cela aux derniers propos bellicistes de Jean-Luc Mélenchon !

Pour la Gauche à l’époque, en 1972, le programme commun était un compromis pour tenter de gagner la majorité. Désormais, c’est tellement à gauche que cela va bien trop loin pour toute la Gauche participant aux élections ! On voit à quel point il y a eu une décadence.

Et comment il faut reconquérir le terrain perdu alors que la France s’aligne sur l’OTAN et la superpuissance américaine !

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Politique Rapport entre les classes

Le programme commun socialiste-communiste de 1972

Un document historique très important.

En comparaison avec le Parti socialiste et le Parti Communiste Français du début du 21e siècle, c’est pratiquement de l’ultra-bolchevisme!

progcm72

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Écologie

Fabien « Astérix » Roussel, chasseur de sangliers

Changer le monde, ou fantasmer le passé ?

Pendant près d’un demi-siècle, après la Seconde Guerre mondiale, le PCF a eu une portée immense en France, tant numériquement que politiquement. Sa base populaire et son assise dans le pays étaient gigantesques : pourtant il n’a jamais été en mesure ne serait-ce que de bousculer le régime. Le plus grand échec du PCF a d’ailleurs été son opposition à la vague de grèves et contestations en mai-juin 1968. La raison est simple, elle est culturelle.

En fait, le PCF ne visait pas à changer le monde, mais simplement à le prendre tel qu’il est pour le rendre plus « juste » avec la CGT dirigeant les entreprises et quelques artistes et intellectuels parisiens dirigeant les affaires publiques. Il ne s’agit pas ici de « radicalité » plus ou moins grande, d’être plus ou moins « gauchiste », mais d’un véritable sujet de fond.

Fabien Roussel, son actuel dirigeant, est un très bon exemple de ce problème, il en est même caricatural. Cela avait déjà été évoqué ici récemment avec sa sortie ironique beauf sur la « libération » des poulets. C’est encore plus flagrant avec deux exemples tout récents, qui vont ensemble.

Sur France info le 18 octobre, le candidat « communiste » à la présidentielle 2022 a expliqué :

« J’en ai un peu marre de ces intellectuels condescendants qui n’arrêtent pas de nous donner des leçons sur nos pratiques, sur nos manières de faire, qui nous disent ce qu’il faut manger et comment il faut conduire ».

Sans même parler du contenu, il y a déjà que la forme est incroyablement rétrograde. Dire cela est ultra-régressif, à peine digne d’un Eric Zemmour : il faudrait donc laisser les gens vivre leur petite vie tranquille, comme avant, sans rien questionner, sans rien bousculer. Drôle de vision du monde pour un prétendu partisan de Karl Marx…

Mais le problème se pose surtout sur le fond, évidemment. Fabien Roussel répondait ici à la question des chasses dites « traditionnelles », en fait surtout particulièrement barbares. Il s’agit de pratiques de piégeage d’oiseaux qui ont été jugées illégales par le Conseil d’État (et par l’Union européenne) tellement c’est atroce, mais que le gouvernement continue quand même d’autoriser.

Ce genre de pratiques ne concerne que quelques énergumènes arriérés, qui se prétendent représentant de la ruralité mais qui ne sont en réalité qu’une minorité de furieux ennemis de la nature et des animaux. Il est évident que la société doit écraser de telles pratiques pour aller de l’avant. C’est le sens de l’Histoire, réfutant la barbarie, allant vers plus de civilisation : au 21e siècle cela signifie évidement de prendre en compte les animaux.

Mais cela, Fabien Roussel en est incapable, car il ne veut pas du 21e siècle, simplement d’un 20e siècle fantasmé. C’est exactement comme Eric Zemmour.

Le pire, c’est que Fabien Roussel sait très bien qu’au fond sa position sur les chasses « traditionnelles » est intenable. Alors il convoque un matérialisme historique passé à la moulinette beauf pour assumer qu’il ne veuille rien changer :

« Il y a un sens de l’histoire qui fait que petit à petit, ces pratiques vont disparaître naturellement, et donc il faut laisser faire la vie »

Cela est évidemment faux. Le vieux monde ne s’effondrera jamais de lui-même si la société ne se soulève pas contre lui ! C’est cela que les communistes nomment révolution… Apparemment, il n’est pas au courant. Et surtout, en l’occurrence, il s’agit effectivement de laisser faire la vie quand on est de Gauche, et donc ne pas laisser faire en France des massacres organisés d’oiseaux comme simples « loisirs ».

Fabien Roussel n’est pas du bon côté dans cette histoire, car il est un partisan de la chasse et des chasseurs. Selon lui, les chasseurs seraient mêmes « essentiels à la préservation de notre environnement » ! Il connaît en effet par cœur toute la propagande du lobby de la chasse et récite leurs arguments, avec le fameux sujet des sangliers :

« Je sais que chez moi, il y a une surpopulation de sangliers et donc tous les ans, c’est la préfecture qui fait appel aux chasseurs pour réguler cette surpopulation de sangliers ».

N’importe qui connaissant les campagnes françaises sait que c’est là un gros mensonge. Déjà car les chasseurs nourrissent les sangliers et en lâchent eux-même dans la nature pour préserver leur loisir. Mais surtout, il ne faut pas se moquer du monde : un pays comme la France aurait déjà liquidé depuis longtemps les sangliers s’ils représentaient un « problème », comme cela a été fait avec le loup. Le capitalisme sait très bien massacrer la nature quand il a besoin.

Le « problème » des sangliers est surtout celui de l’étalement urbain. A un moment donné, à force de construire partout, forcément qu’il y a des sangliers pour « oser » s’aventurer dans des emprises humaines. Alors il y a ensuite les chasseurs pour dire « voilà regardez, nous sommes utiles, notre loisir sert à vous protéger des sangliers ».

La chasse aux sangliers, voilà en tous cas l’horizon de Fabien Roussel… ce grand fan d’Astérix et Obélix, comme le montre cette publication du 21 octobre avec une photo prise dans les locaux du siège du PCF à Paris avec le nouvel épisode de la BD.

Même les gens de droite sont pourtant lassé par Astérix et Obélix, à en croire le Figaro qui trouve ce 39e épisode très ennuyant. Mais Fabien Roussel, lui, adore, et prétend qu’il s’agit là de la culture populaire ! Quelle ringardise, quel populisme, et surtout : quelle arriération culturelle !

Fabien Roussel a tout faux quand il s’affirme « gaulois réfractaire », car c’est tout l’inverse de ce que la Gauche doit viser. Ce qu’il faut, ce n’est pas un village isolé et replié sur lui-même, à la Eric Zemmour. Ce qu’il faut viser, c’est une nouvelle Rome avec sa perspective universelle et sa volonté de civilisation.

Le futur, ce n’est pas la vieille Gaule, c’est une nouvelle Rome sociale, avec la classe ouvrière au pouvoir, avec les femmes aux cœur des décisions, avec la culture au centre de la vie des gens, avec la nature chevillée au corps et l’avenir de la planète Terre comme horizon principal, avec le véganisme d’ailleurs comme exemple de solution pour changer les gens de l’intérieur et changer enfin le sort des animaux.

Le futur se construit dans le débat démocratique populaire et la Gauche historique comme moteur des idées et de la culture, pas avec Astérix, Obélix et autres nostalgies d’un passé idéalisé, que ce soit avec les « ZAD » ou avec Eric Zemmour. Le seul romantisme doit être celui de l’avenir!

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Politique

Les pérégrinations beaufs du candidat PCF Fabien Roussel

La candidature de Fabien Roussel à la présidentielle 2022 sera très probablement anecdotique, tellement ce genre de personnage ringard et hors-sol n’intéresse pas grand monde. Il y a cependant que Fabien Roussel se présente avec l’étiquette « PCF » et que ce parti représente historiquement quelque chose d’immense en France, surtout pour le patrimoine de la Gauche et des classes populaires.

Alors, il est vraiment pénible de constater la décrépitude du PCF avec quelqu’un d’aussi lamentable que Fabien Roussel. Lors d’une conférence de presse, il a fait une pique anti-écolo d’une beauferie assumée qui en dit long sur sa perspective politique et sur ce qu’il représente politiquement.

Sa beauferie est d’autant plus assumée qu’il a ensuite appuyer dessus en relayant cela sur Twitter, cette poubelle du débat public (et par ailleurs d’un « militantisme » fictif ultra-gauchiste).

Voici la capture de son message :

On notera d’ailleurs que son message est mensonger, puisqu’il ne compte pas « libérer » les animaux d’élevage, mais simplement leur donner accès au « plein-air ». Peut-être s’imagine-t-il que la misère vécue par les animaux parqués dans les élevages est moins pénible avec quelques rayons de soleil ? En tous cas, pour ceux qui avaient des doutes, le slogan du PCF « l’humain d’abord » est maintenant très clair : il signifie « la nature et les animaux éventuellement après ». Le capitalisme appréciera.

En bon opportuniste, Fabien Roussel s’est ensuite imaginé pouvoir gagner un peu d’audience en répondant à Hugo Clément, figure médiatique du moment sur le thème des animaux. Cependant, soit il le fait exprès (et c’est grave), soit il ne comprend vraiment rien à rien (et c’est encore plus grave), car il met les pieds dans le plat et s’enfonce encore plus dans la beauferie :

On notera au passage, populisme beauf oblige, que Fabien Roussel a salué la mémoire du businessman mégalomane Bernard Tapie :

C’est vraiment lamentable, tant on sait à quel point Bernard Tapie représente le football moderne anti-populaire, le foot business faisant du spectacle anti-sportif, la tricherie, etc.

C’est lamentable et que dire de ce que ressent la base du PCF qui s’attendait à un Fabien Roussel assumant des fondamentaux et un certain retour aux sources. Là on a un beauf qui montre juste que le 21e siècle est trop compliqué pour lui…

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Société

Un ridicule appel anti-pass sanitaire LFI-PCF-CGT

Outre d’être idiot, c’est le fiasco.

L’association alter-mondialiste ATTAC a lancé une pétition sans succès contre la loi sanitaire, en cherchant à s’appuyer sur un large appel anti-pass sanitaire publié dans Libération.

Comme personne ne lit Libération et que les signataires n’ont aucune surface populaire (alors que de toutes façons l’écriture dite inclusive est un repoussoir), comme en plus seuls les anti-sociaux sont anti-pass sanitaire, c’est le flop complet.

Voici l’appel en question, parce qu’il faut conserver cela comme exemple. Un exemple de comment des gens peuvent s’imaginer de gauche alors qu’ils sont hors-sol, libéral-libertaire dans leur vision du monde, misérabiliste et populiste… et sans envergure aucune.

Une crise immense frappe le monde et on a toujours ces mièvreries, ces pleurnicheries… c’est atrocement petit-bourgeois.

« Refusons le projet de loi sanitaire et les régressions sociales

Le pass sanitaire marquera la vie de millions de Français·es, puisqu’en très peu de temps, et encore plus dès lors que le test PCR ne sera plus gratuit, toute vie sociale et professionnelle sera contrainte par le fait d’être vacciné. Pourtant, cette décision a été prise de façon autoritaire, non démocratique, dans un cadre de délibérations obscures, celui d’un seul homme : le président de la République qui n’aura réuni que le seul Conseil de défense. Elle passe outre toute discussion réelle au Parlement qui est, une fois encore, considérée comme une chambre d’enregistrement. La démocratie ne saurait être sacrifiée, et elle est pour nous plus que jamais la clé pour sortir de cette crise.

Pourtant, il y a moins d’un mois, Emmanuel Macron, le ministre de la santé, les député.es de la majorité, à l’image de la présidente de la commission des lois qui avait même déposé un amendement pour en figer l’impossibilité d’avoir une obligation publique dans la loi, tou.te.s se disaient opposées à la généralisation du pass sanitaire au nom des libertés et individuelles tout comme à une vaccinale. Alors que tout indique que nous avons pour au moins des mois à vivre avec le virus, on ne peut rentrer dans la société du contrôle généralisé que le gouvernement veut imposer ainsi à la population.

Une vaccination large et massive est nécessaire pour combattre cette pandémie, à commencer par la couverture des plus fragiles. Nous nous démarquons de toutes celles et ceux qui font de leur opposition frontale au vaccin un déversoir sectaire et complotiste et nous dénonçons fermement toute assimilation de la stratégie vaccinale à la Shoah ou à l’apartheid.

Nous dénonçons la méthode employée par le gouvernement, génératrice de fortes tensions, ce qui est délétère en pleine crise épidémique. Les premiers leviers activés devraient être un grand débat démocratique, une information d’ampleur, des droits d’utilisation sur le temps de travail pour se faire vacciner, une prévention notamment par la gratuité des masques, une couverture bien plus importante des centres de vaccination et des moyens associés plus conséquents…

La corrélation entre la vaccination et les revenus fait dire qu’en l’état actuel le pass sanitaire est antisocial. Ce sont des milliers de milliers de travailleurs·se·s qui se trouvent contraint·es et menacé·es de sanctions graves.

Depuis le début de la pandémie, les moyens financiers et humains réclamés par les syndicats et associations de soignants, pour remettre debout les hôpitaux publics et soigner correctement, n’ont pas été octroyés. Il en est de même pour les Ehpad. Pire, dans certains endroits nous constatons même que la casse de l’hôpital public continue (fermeture de lits, suppressions de poste…).

Et pendant ce temps, la France s’oppose toujours, avec l’Union européenne, à la levée des brevets au sein de l’Organisation mondiale du commerce, alors que c’est la seule façon pour que, dans les pays pauvres et émergents, les vaccins puissent être fabriqués et distribués massivement.

C’est à la fois une question de solidarité internationale, de santé publique et d’efficacité. Car tant que la pandémie ne sera pas résolue à l’échelle mondiale, elle ne le sera nulle part.

Enfin, pendant que ces décisions heurtent et divisent la population, de graves attaques contre les droits sociaux sont annoncées. Autoritarisme et casse sociale vont de pair. La réforme régressive de l’assurance-chômage serait entérinée dès le 1er octobre, diminuant fortement les durées et les montants des allocations des chômeurs. Et Emmanuel Macron a confirmé sa volonté de reporter l’âge légal de départ en retraite et la fin de tous les régimes spéciaux.

Alors que le patrimoine cumulé des 500 plus grandes fortunes de France a augmenté de 30% en 2020, le gouvernement ne revient aucunement sur toutes les largesses qu’il leur a accordées depuis le début du quinquennat et veut faire payer la crise aux chômeurs et aux retraités.

A l’inverse, nous demandons que soient mis à contribution, bien davantage qu’aujourd’hui, les multinationales et les très riches, au profit de la solidarité nationale. Nous exigeons une politique sociale ambitieuse, passant par des services publics de qualité et des droits sociaux plus importants.

Pour cette raison, au nom de l’efficacité sur le long terme contre l’épidémie et pour préserver nos libertés, nous nous opposons à la nouvelle loi proposée à l’assemblée, tout comme aux mesures antisociales qui visent à faire payer la note de la crise sociale au monde du travail. A cette fin, nous aspirons à des mobilisations dans les semaines et mois qui viennent.

Premiers signataires

Responsables d’organisations : Aurélie Trouvé et Raphaël Pradeau (porte-parole d’Attac), Céline Verzeletti (secrétaire confédérale de la CGT), Simon Duteil et Murielle Guilbert (délégué·es généraux de l’Union syndicale Solidaires), Thomas Portes (porte-parole de Génération·s), Mélanie Luce (présidente de l’UNEF), Khaled Gaiji (président des Amis de la Terre France), Pierre Khalfa et Willy Pelletier (Fondation Copernic), Emmanuel Vire (secrétaire général du SNJ-CGT), Mireille Stivala (secrétaire générale de la fédération CGT Santé et action sociale), Jean Marc Devauchelle (secrétaire général de la Fédération SUD Santé Sociaux), Thierry Amouroux (porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI), Hafsa Askar (Secrétaire Générale de la FSE), Denis Lalys (secrétaire général de la FNPOS de la CGT), Ana Azaria (présidente Femmes égalité), Lenny Gras (porte parole du MNL), Mathieu Devlaminck (UNL), Aneth Hembert (co-secrétaire fédérale des Jeunes Ecologistes), Jean-Christophe Sellin et Hélène Le Cacheux (coordinateurs du Parti de Gauche), Jean-François Pellissier et Myriam Martin (porte parole d’ENSEMBLE !), Christine Poupin, Olivier Besancenot et Philippe Poutou (porte-parole du NPA), Christian Pierrel (porte parole du PCOF), Christian Eyschen (secrétaire général de la Libre Pensée), Martin Méchin et Louise Tort (Black Robe Brigade), Anthony Caillé (CGT-Police), Jean-Baptiste Eyraud (porte-parole Droit Au Logement), Delphine Glachant (présidente de l’Union syndicale de la psychiatrie).

Elu·e·s : Éric Coquerel (député LFI), Elsa Faucillon (députée PCF), Eric Piolle (maire EELV), Jean-Luc Mélenchon (député LFI), Sébastien Jumel (député PCF), Emilie Carriou (députée Nouveaux Démocrates), Clémentine Autain (députée LFI), Aurélien Taché (député Nouveaux Démocrates), Mathilde Panot (députée LFI), Pierre Dhareville (député PCF), Caroline Fiat (députée LFI), Manon Aubry (députée LFI), Adrien Quatennens (député LFI), François Ruffin (député LFI), Muriel Ressiguier (députée LFI)

Personnalités : Youcef Brakni (militant antiraciste), Sandrine Rousseau (EELV), Caroline Mecary (avocate), Taha Bouhafs (journaliste), Jean-Marie Harribey (économiste), Arie Alimi (avocat), Kevin Vacher et Deborah Ozil (Rencontre des Justices), Stéphane Jouteux (syndicaliste), Nicolas Mayart (journaliste), Dominique Plihon (économiste), Paul Poulain (spécialiste des risques industriels), Laure Vermeersch (L’ACID), Gilles Perret (réalisateur), Rokhaya Diallo (journaliste), Claire Lejeune (EELV). »

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Politique

La gauche du PCF totalement dans l’orbite chinoise, quitte à usurper Mao

Une incohérence révélant beaucoup de choses.

C’est à la fois anecdotique et très important, parce que deux choses sont concernées. La première concerne l’histoire des idées. Le maoïsme, c’est Mao Zedong et c’est une opposition complète à l’URSS des années 1960-1970. Pourquoi donc la gauche du PCF, fascinée par l’URSS de la même période, valorise-t-elle subitement Mao Zedong ? C’est totalement incohérent avec toute son histoire et ses valeurs (voir La vision du monde du PCF pour son centenaire: les sympathisants).

La seconde, c’est le rapport à la Chine, qui comme on le sait vise à devenir la puissance hégémonique en remplacement des États-Unis. Or, toute la gauche du PCF est devenue pro-chinoise ces dernières années, de manière ouverte. Mao Zedong est en fait intégré comme référence fictive pour gagner en prestige « révolutionnaire » et justifier de valoriser une Chine populaire autrefois honnie.

Comprenons ce qu’il en est, en commençant avec une interview de Georges Gastaud, co-secrétaire national du PRCF par Initiative Communiste, le média internet du PRCF.

Le PRCF, c’est la gauche du PCF et de la CGT, avec une valorisation complète de l’URSS jusqu’à 1991. Et comme on le sait, les maoïstes apparaissent en France dans les années 1960, considérant que le PCF a trahi, que la CGT s’est intégrée au capitalisme, que l’URSS est social-impérialiste et même la première menace de guerre pour le monde. Inversement, le PCF et l’URSS considéraient la Chine maoïste comme une dictature militaire, un pays monstrueux, etc. Rien de plus opposé, donc.

Pourtant, dans l’interview, en date du 2 juillet, Georges Gastaud dit la chose suivante :

« Le sombre tableau que je viens de brosser serait cependant erroné et désespérant si l’on omettait de voir que, comme le disait Mao, « là où il y a oppression, il y aura résistance » : bref, si l’on oubliait ce que Hegel appelait le « patient travail du négatif » et l’existence incontournable de la contradiction dialectique. » 

On croirait lire le PCF(MLM), certainement pas le PRCF. Le PRCF n’utilise jamais le matérialisme dialectique comme référence idéologique pour ses points de vue, encore moins avec Mao Zedong. Car le matérialisme dialectique est une idéologie « totale », de type « stalinienne », ce que rejette formellement le PRCF, qui se revendique d’un matérialisme à la « méthode » dialectique sur le mode « soviétique » version années 1970-1980.

Pourquoi la référence à Mao alors ? Déjà, parce que le PRCF cherche à racoler, en se donnant une image qui ne soit pas anti-maoïste, malgré que sur le plan des idées ou de la culture cela n’ait strictement rien à voir (et ce depuis plus de cinquante ans, tout de même). Il profite par ailleurs dans cette tentative d’une tentative d’un petit groupe n’existant plus, le « parti communiste maoïste », de mener un coup de force sur un forum internet du PRCF (sur Discord) après avoir feint un rapprochement. Le PRCF s’est dit qu’il y avait un coup à jouer, un style dont on pouvait profiter, etc.

C’est là une mauvaise tambouille politicienne de la part du PRCF. Mais c’est là qu’on tombe sur un aspect bien inquiétant. La Chine actuelle, que les maoïstes rejettent totalement au nom de la « Grande Révolution Culturelle Prolétarienne » démantelée en 1976 à la mort de Mao, est devenue une référence incontournable au sein de la gauche du PCF, et jusque dans le PCF. Même la revue du PCF Cause commune a fait un éloge de la Chine (n° 22 • mars/avril 2021, à lire ici avec les autres articles en suggestion sur le côté) : il y aurait tout à apprendre de l’expérience chinoise.

Mao a alors vite fait d’être intégré dans cette valorisation chinoise, même si dans la pratique il était totalement contre une telle évolution. C’est une sorte de vaste opération de récupération, de formation d’une nouvelle idéologie… en se mettant de manière assumée dans l’orbite des ambitions chinoises. C’est une sorte de « gauche » française qui veut progresser en affirmant que les progrès des ambitions chinoises seraient des avancées contre le capitalisme.

Autrement dit, Mao et la Chine n’existaient pas auparavant pour la gauche du PCF, il faut donc renverser absolument toutes les positions et subitement les intégrer dans un dispositif idéologique bricolé dont la seule fonction est de se placer comme satellite de la Chine visant l’hégémonie mondiale.

Même le Rassemblement communiste, qui vient comme le PRCF de la gauche du PCF des années 1990, qui est historiquement on ne peut plus anti-maoïste, se lance dans une telle opération. Le document qu’elle a produit est vraiment exemplaire d’une aberration intellectuelle. Mao Zedong y est assimilé à Liu Shaoqi et Deng Xiaoping, alors que n’importe qui s’intéressant à la question sait que la révolution culturelle chinoise reflète justement leur affrontement complet à tous les niveaux.

L’éloge du régime chinois est complet, totale, absolu. C’est l’idéologie de l’État chinois qu’on retrouve ici, littéralement :

« Parti Communiste Chinois: 100 ans de combat pour le développement et le socialisme !
à l’occasion du centenaire du PCC

Le premier juillet 1921 le PCC convoquait son premier Congrès fondateur à l’initiative des premiers communistes chinois inspirés par l’exemple de la Révolution d’Octobre 1917 qui a engendré l’URSS. Les Communistes chinois étaient 13 à la fondation, puis 58.000 au moment du massacre de la Commune de Shanghai en 1927 par la bourgeoisie antipatriotique du Kuomintang et 92 millions aujourd’hui pour poursuivre l’œuvre d’édification du « socialisme à la chinoise » conçu comme une étape vers le Communisme.

C’est vers le milieu du 19éme siècle que la Chine féodale a perdu sa souveraineté nationale pour être mise sous domination impérialiste suite aux deux guerres de l’opium.

En 1911, la Révolution bourgeoise renversa la monarchie féodale mais échoua à débarrasser la Chine des seigneurs de guerres féodaux et des occupations territoriales des impérialistes anglais, français, allemands, japonais et états-uniens.

L’alliance du PCC et du Kuomintang avait pour objectif de sortir le pays du semi-féodalisme et du semi-colonialisme. A la mort du leader de la Révolution et de la République bourgeoise, Sun Yat Sen, son Parti le Kuomintang mit fin à l’alliance avec le PCC pour stopper son influence grandissante.

Le PCC théorisa « l’encerclement des villes par les campagnes » et lança la longue marche sur 9.000 km en établissant des Soviets paysans et soldats dans les différentes provinces chinoises libérées pour y appliquer la liquidation des régimes semi-féodal et semi-colonial par la mise en pratique du slogan « la terre à ceux et celles qui la travaillent. »

Une fois l’occupation militaire japonaise vaincue suite à la seconde guerre mondiale antifasciste gagnée principalement par l’URSS, le PCC continua la lutte révolutionnaire contre le Kuomintang jusqu’à la Révolution d’Octobre 1949 qui élargissait ainsi le camp socialiste à l’Asie.

La Démocratie Nouvelle chinoise était ainsi partie prenante des Démocraties Populaires qui constituaient avec l’URSS le camp socialiste qui sera rejoint ensuite par la Corée du Nord, le Vietnam et Cuba.

L’aide internationaliste de l’URSS à la Chine prit fin après le Grand Bond en Avant dans un contexte de divergences idéologiques sur les questions de l’appréciation de Staline par le rejet de la « déstalinisation » considérée comme une trahison, de la « coexistence pacifique » considérée comme un abandon de la lutte des classes et de l’anti-impérialisme, de la « dictature du prolétariat » considérée comme un opportunisme anti-marxiste-léniniste, etc.

Bien que signataires comme le PCUS de l’URSS des deux déclarations de Moscou de 1957 et de 1960, le PCC par le biais de la lettre en 25 points rédigée par Mao Ze Dong développa une ligne générale du MCI critique du « révisionnisme khrouchtchévien » avec le soutien solidaire du Parti du Travail d’Albanie (PTA).

C’est aussi dans ce contexte que sous la houlette de Mao lui même fut lancée la « Grande Révolution Culturelle (GRCP) » dont l’objectif affiché était de faire régler par la « base » ouvrière, paysanne et intellectuelle les « contradictions antagoniques » manifestées par la bureaucratisation et l’embourgeoisement minant le parti et l’Etat. La « base » était appelée à « bombarder le quartier général » pour assainir le parti et l’Etat.

Toutefois, mis à part les cas Lui Shao Shi, Lin Biao et de la « bande des quatre », les « contradictions » internes au PCC furent le plus souvent traitées comme des « contradictions non antagoniques au sein du peuple. »

La théorie des « contradictions antagoniques et non antagoniques » est une permanence dans l’histoire du PCC et de la Révolution Nationale Démocratique Populaire. C’est ainsi que l’alliance avec le Kuomintang fut d’abord définie comme « contradiction non antagonique au sein du peuple » qui doit se régler par la méthode de « l’unité, critique, unité ». Après le massacre de la Commune de Shanghai la contradiction avec le Kuomintang devint « antagonique », puis après l’attaque et l’occupation nippone de 1937, cette contradiction principale contraint à une nouvelle alliance temporaire que le PCC géra avec vigilance avant de lancer l’assaut final qui vit la fuite de la bourgeoisie pro-impérialiste du Kuomintang sur l’Île de Taïwan.

Par contre le PCC a toujours considéré les fractions patriotiques de la bourgeoisie comme parties prenantes de la Démocratie Nouvelle. C’est ainsi que les classes sociales porteuses de cette forme d’Etat révolutionnaire transitoire sont la classe ouvrière, la paysannerie, les Intellectuels et la bourgeoisie nationale par opposition à la bourgeoisie compradore.

Le PCC est à l’avant-garde de ces classes sociales dans le processus de l’émancipation anti-féodale, de la libération nationale et même de l’édification du socialisme vers le communisme. Tous les dirigeants historiques du PCC, de l’Etat de Démocratie Nouvelle et de l’édification du socialisme chinois sont d’accord sur ces quatre classes sociales révolutionnaires, sur la coexistence de longue durée des secteurs économiques socialistes, capitalistes, des moyennes et des petites entreprises privées et familiales, etc. Ce consensus va de Mao Ze Dong, Zhou En Laï, Deng Xiao Ping et Xi Jinping pour ne citer que les plus illustres dirigeants du PCC et de l’Etat.

Liu Shao Shi a clairement synthétisé la base théorique consensuelle de ces choix stratégiques de tous les dirigeants du PCC : « En raison des particularités du développement social et historique de la Chine et de son retard scientifique, c’est une tâche unique et difficile d’appliquer systématiquement le marxisme à la Chine et de le transformer de sa forme européenne en une forme chinoise… Nombre de ces problèmes n’ont jamais été résolus ou soulevés par les marxistes du monde, car ici, en Chine, la principale section des masses n’est pas constituée d’ouvriers mais de paysans, et la lutte est dirigée contre l’oppression impérialiste étrangère et les survivances médiévales, et non contre le capitalisme intérieur » (Liu Shaoqi).

Pour tous les dirigeants successifs du PCC, l’application du Marxisme-Léninisme à la Chine doit se faire d’abord pour vaincre les survivances du féodalisme et le retard économique, scientifique et technique consécutif au joug impérialiste pour jeter ainsi les fondements du socialisme vers le communisme.

On peut vérifier cela dans ces propos de Deng Xiaoping : « Le marxisme attache la plus grande importance au développement des forces productives… [Aller vers le communisme] exige des forces productives hautement développées et une abondance écrasante de richesses matérielles. Par conséquent, la tâche fondamentale de l’étape socialiste est de développer les forces productives. La supériorité du système socialiste est démontrée, en dernière analyse, par un développement plus rapide et plus important de ces forces que dans le système capitaliste. À mesure qu’elles se développent, la vie matérielle et culturelle du peuple s’améliore constamment… Le socialisme signifie l’élimination de la pauvreté. Le paupérisme n’est pas le socialisme, et encore moins le communisme. »

Même logique chez Mao lui même qui, dès 1949, fait ce lien dialectique entre développement des forces productives et élévation du niveau de vie sociale des travailleurs et du peuple : « Si nous sommes ignorants en matière de production, si nous ne pouvons pas saisir rapidement le travail de production … afin d’améliorer les moyens de subsistance des travailleurs d’abord, puis ceux des autres personnes ordinaires, nous ne serons certainement pas en mesure de maintenir notre pouvoir politique : nous perdrons notre position et nous échouerons. » Le pragmatisme de cette démarche est synthétisé par Deng Xiaoping ainsi : « Peu importe la couleur du chat, l’essentielle est qu’il attrape les souris. »

On retrouve enfin le même raisonnement chez Xi Jinping, l’actuel Secrétaire Général du PCC, lorsqu’il invite l’ensemble du PCC à faire preuve de créativité et d’innovation dans l’application du Marxisme – Léninisme aux réalités évolutives nationales chinoises : « Le marxisme se développe toujours en même temps que les réalités sociales et la technologie de l’époque. Le marxisme ne peut pas stagner. Après le début de l’ouverture, le socialisme n’a fait que continuer à progresser. Soutenir le développement du socialisme aux caractéristiques chinoises, c’est un peu comme un grand livre. Pour établir les principes et les idées fondamentales, le camarade Deng Xiaoping y a gravé sa part. La troisième génération du Comité central du Parti, avec le camarade Jiang Zemin comme noyau et le camarade Hu Jintao comme secrétaire général, a ajouté ses propres chapitres brillants à ce livre. La responsabilité de cette génération de membres du Parti communiste est d’écrire le prochain chapitre de ce grand ouvrage.

Pendant une période assez longue encore, le socialisme à son stade primaire existera aux côtés d’un système capitaliste plus productif et plus développé. Au cours de cette longue période de coopération et de conflit, le socialisme doit tirer les leçons des bienfaits que le capitalisme a apportés à la civilisation. Nous devons faire face à la réalité que les gens utiliseront les forces des pays occidentaux développés pour dénoncer le développement socialiste de notre pays. Nous devons faire preuve ici d’une grande détermination stratégique, en rejetant résolument tous les faux arguments selon lesquels nous devrions abandonner le socialisme. Nous devons corriger consciemment les différentes idées qui ne correspondent pas à notre stade actuel. Plus important encore, nous devons concentrer nos efforts sur l’amélioration de nos propres affaires, sur l’élargissement continu de notre puissance nationale globale, sur l’amélioration de la vie de notre peuple, sur la construction d’un socialisme supérieur au capitalisme, et sur l’établissement des bases d’un avenir où nous gagnerons l’initiative et aurons la position dominante.

Cette analyse nous permet de mieux apprécier le fait que la voie idéologique que nous choisissons de suivre est le problème central qui déterminera la victoire ou la défaite du travail de notre Parti, le destin même du Parti. Comme le camarade Mao Zedong l’a dit un jour : «Un parti révolutionnaire est le guide des masses. Dans les révolutions, il n’y a jamais eu de parti révolutionnaire qui ait conduit son peuple sur la mauvaise route et dont la révolution n’ait pas échoué. »

Les faits montrent que la longue marche planifiée du socialisme de marché dirigé par le PCC a engendré une puissante Chine Populaire économique, scientifique, technique, écologique, culturelle et sociale. La longue NEP chinoise qui rappelle celle courte de l’URSS apparaît de plus en plus comme l’antithèse des diktats libéraux du capitalisme impérialiste broyeurs des conquis sociaux, démocratiques et fascisants.

Les impérialistes qui ne cessent de propager qu’il n’y a pas d’alternative au capitalisme impérialiste se confrontent de plus en plus à l’alternative du « socialisme chinois » alors que leur système prédateur prend l’eau de toutes parts.

Alors que les pays rescapés camp socialiste que sont la Chine, Cuba véritable puissance médicale, la Corée du Nord puissance nucléaire défensive, Vietnam puissance économique et sociale en devenir, font la démonstration de l’efficacité économique, scientifique, écologique et sociale du choix socialiste. La pandémie du covid accélère la prise de conscience planétaire de la barbarie sociale inhumaine, anti-démocratique et anti-environnementale du capitalisme impérialiste.

Les révolutions populaires et socialistes du XXéme siècle nées de la matrice qu’est la Révolution socialiste d’Octobre 1917 sont en train de faire la démonstration que la solution alternative au capitalisme impérialiste est le socialisme scientifique appliqué comme guide de l’action des communistes organisés en Parti aux conditions et particularités nationales nationales.

Les Communistes doivent partout œuvrer à réévaluer leur appréciations du PCC et de la Chine populaire, de l’ensemble des pays rescapés du camp socialiste (Cuba, Corée, Vietnam, Laos) à la lumière des faits, des rapports des forces évolutifs, de la lutte des classes et des peuples contre le capitalisme impérialiste au plan national et international. »

Le bricolage est évident. Au lieu de réfléchir sur la société française et le capitalisme, la gauche du PCF a trouvé le moyen de remplacer l’URSS des années 1980 par la Chine des années 2020. C’est un décalque pur et simple. Et vu le caractère de la Chine actuelle, peut-on encore considérer la gauche du PCF comme relevant de la Gauche ? Ou faut-il simplement en voir les représentants français des ambitions chinoises, les satellites de l’État chinois dans sa lutte pour remplacer les États-Unis comme puissance hégémonique ?

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Le PCF a perdu le Val-de-Marne

Il préfère toutefois ne pas en parler.

Les élections départementales qui se sont tenues les même jours que les élections régionales ont été marquées par la perte du Val-de-Marne par le PCF. C’était le dernier département qu’il contrôlait et, depuis les résultats, le PCF du Val-de-Marne n’a toujours pas pris position, ce qui signifie qu’il ne fera pas.

Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, n’a rien dit non plus. C’était pourtant un bastion historique. Passé au PCF en 1966, il est perdu en 1970 puis repris en 1976, jusqu’en 2021 donc. Maurice Thorez a été député d’Ivry-sur-Seine, Georges Marchais vient de Champigny-sur-Marne et a également été député dans le Val-de-Marne… Des villes comme Ivry-sur-Seine, Villejuif, Vitry-sur-Seine, Champigny-sur-Marne, Fontenay-sous-Bois… ont été des exemples mêmes du « communisme municipal » propre au PCF.

Pourquoi, alors, ce silence ? On peut en trouver raison dans la présentation que fait justement le PCF Val-de-Marne de ce qu’est le PCF. Ce qui y est dit est simple : le PCF n’a plus rien à voir avec auparavant, il vise désormais à faire progresser les droits individuels, il est un réseau d’élus pour faire pression sur les institutions en faveur des gens le désirant.

« Le Parti communiste français se donne pour objectif de promouvoir la pleine autonomie et le plein épanouissement de chaque femme et homme, en faisant reculer toutes les formes sociales d’exploitation, de domination et d’aliénation.

Né en 1920 lors du congrès de Tours, il s’est beaucoup transformé pour faire vivre aujourd’hui un communisme de nouvelle génération ancré dans le 21è siècle.

Ses militant-e-s sont organisé-e-s au plus près des populations, au sein de cellules et sections locales pour lutter et élaborer les propositions avec le plus grand et nombre et au plus près des préoccupations populaires.

La fédération du Val-de-Marne compte 36 sections sur l’ensemble du département. À cette force militante importante, s’ajoute de nombreux élus locaux et élus nationaux, dont 1 sénatrice et 1 sénateur, qui quotidiennement travaillent en lien avec les Val-de-Marnaises et Val-de-Marnais pour faire valoir leurs droits et construire des solutions face aux problématiques que rencontre notre territoire. »

Même en admettant que cela soit juste, cela n’a rien à voir avec le PCF. Même en admettant que cela soit une évolution correcte du PCF, c’est quelque chose qui a été développé de manière totalement extérieure aux gens. Quelqu’un qui a été socialisé avec le PCF jusqu’à la fin des années 1990 ne peut tout simplement plus comprendre ce qu’est le PCF, le décalage est trop grand.

Voilà pourquoi le PCF du Val-de-Marne ne dit rien et ne peut rien dire. Il a rompu avec sa propre histoire. Voilà pourquoi également le PCF n’a rien dit : il est passé à autre chose. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est une mauvaise chose.

Il ne s’agit pas de dire que ce qu’a fait le PCF depuis 1966 était bien pour le Val-de-Marne. Il s’agit de voir qu’une organisation de Gauche a sciemment décidé de rompre avec la vie des gens, de leur tourner le dos. On peut justifier cela comme on veut sur le plan des idées. Mais le résultat inévitable est que les gens sont déboussolés.

Le PCF n’a tout simplement pas pris ses responsabilités. Et c’est d’ailleurs vrai pour toute une série d’organisations de grande ampleur qu’il dirigeait, de manière directe ou indirecte. Des centaines de milliers de gens ont vu un pôle de référence disparaître. Cela ne peut pas aider face à l’extrême-Droite. Et peut-être même que ce qui s’est passé dans le Val-de-Marne est un exemple, à petite échelle, de tout un processus historique. La socialisation de larges secteurs populaires par la Gauche a été stoppée en cours, abandonné, laissant les gens s’empêtrer dans une vie quotidienne façonnée par le capitalisme, sans plus aucune référence sur le plan des idées, de la conscience sociale.

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Fabien Roussel, candidat PCF du défi des jours heureux

Le programme de Fabien Roussel est d’esprit romantique, dans l’approche « communiste à la française ».

Les 200 « conseillers » du PCF avaient déjà voté le 13 mars 2021 pour que Fabien Roussel soit leur candidat à la présidentielle de 2022. Ils ont cependant tenu à disposer d’une sorte de plébiscite de la base, afin d’être certain de parvenir à une mobilisation de celle-ci. Le PCF profite en effet d’un vivier de 43 000 adhérents et peut ainsi espérer réussir à déborder les autres mouvements de gauche. Du moins le pense-t-il.

De ces 43 000 adhérents, 30 179 ont voté le 9 mai 2021. Il y avait deux options :

– celle de la candidature en solitaire du PCF ;

– la participation à l’union de la Gauche.

21 333 adhérents (depuis au moins trois mois et à jour de cotisation) ont voté pour présenter un candidat PCF au premier tour (soit 72,42% des votants), contre 6 813 pour l’union de la gauche (soit 23,13%). On peut considérer que le plébiscite a réussi. La majorité des gens actifs au PCF considèrent que c’est l’heure d’une réaffirmation qui soit franche.

Il y a ensuite eu le choix du candidat. Fabien Roussel a obtenu 23 219 voix (soit 82,36%), contre 512 pour Emmanuel Dang Tran (soit 1,82%) et 45 pour Grégoire Munck (soit 0,16%). C’est là totalement un plébiscite, dans la mesure où l’opposition est totalement marginalisée.

C’est une point important car, depuis les années 1990, il y a une grande agitation dans les rangs du PCF, avec des tendances essayant de s’affirmer. Toutes ont échoué. Dans le cas précis, Emmanuel Dang Tran représente la ligne nostalgique du PCF des années 1970-1980, un terrain désormais totalement siphonné par le Pôle de Reconstitution Communiste en France (PRCF), qui profite de son influence notable chez les traditionalistes de la CGT.

Grégoire Munck est quant à lui sur une ligne post-communiste avec une réflexion post-marxiste sur l’argent, les richesses, etc.

Fabien Roussel représente la grande continuité du PCF depuis 1989, et depuis Maurice Thorez. Il représente le marxisme à la française, c’est-à-dire une passion ou un jeu intellectuel. Le positionnement présidentiel de Fabien Roussel, sur le site fabienroussel2022.fr ouvert pour l’occasion, en témoigne largement.

Le vote espéré est un vote d’estime pour le PCF présenté comme le représentant du sentimentalisme social. C’est le communisme interprété comme goût de l’égalité, comme passion française.

« Je suis enthousiaste.

Enthousiaste d’avoir été désigné pour mener la bataille des élections présidentielles et législatives de 2022 afin d’écrire une nouvelle page de notre histoire commune et de construire, ensemble, une perspective pour la France, celle des Jours Heureux.

Depuis plus d’un an, nous sommes confrontés à une terrible épreuve. Il y a celles et ceux qui y font face en donnant le meilleur d’eux-mêmes. Et il y a ceux qui en profitent, en tirent profit… Le capitalisme a démontré une nouvelle fois son incapacité à apporter des réponses à la hauteur des enjeux humains.

Il y a de quoi être frappés de stupéfaction devant les milliards accumulés par une poignée d’ultra-riches et d’actionnaires pendant que, par notre travail quotidien et notre solidarité, c’est nous qui faisions tenir le pays debout.

La France est un pays riche. Elle tient sa richesse du monde du travail et de la création. Le temps est venu. Une nouvelle époque se dessine. Il est temps d’abolir les privilèges de quelques-uns en faisant de l’égalité, du respect de l’Humain et de la planète notre but commun.

Ensemble scellons un pacte national. Nous avons un an pour bâtir, un projet pour la France. Un pacte pour affronter la finance et s’attaquer à l’évasion fiscale, un pacte pour en finir avec le chômage en sécurisant les parcours professionnels, en produisant en France par la relance de filières industrielles, un pacte pour le pouvoir d’achat et les services publics, un pacte pour la jeunesse et l’éducation.

Un pacte pour l’avenir, un pacte pour la France.

En avril 2022, nous reprendrons notre avenir en main. Soyez assurées et assurés que j’y mettrai toute ma force, mon énergie et ma fraternité.

Dès aujourd’hui, rejoignez-nous, pour relever, ensemble, le défi des Jours heureux. »

La France est le leitmotiv pour le PCF, mais certainement pas la classe ouvrière, le capitalisme, la crise, la lutte des classes, etc. On sent qu’il s’agit de faire propre, accessible, que le but est de ne pas heurter. C’est la pari d’une transition réussie à une nouvelle période. Encore faut-il que celle-ci soit lisse : en cas de crise profonde, déchirant les tissus sociaux, le PCF serait ici propulsé hors du champ politique avec une telle démarche indolore et incolore.

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Politique

Candidature présidentielle de Fabien Roussel: le PCF à quitte ou double

Le PCF assume un parcours en solitaire pour la présidentielle de 2022.

On peut très bien penser que le PCF considère que la présidentielle de 2022 verra la Gauche perdre et que partant de là, il est plus important de chercher à maintenir une formation en crise d’identité. On peut aussi penser que de toutes façons, si un candidat de gauche se dégage avant les élections, le PCF pourra d’autant plus négocier son soutien.

Mais ce faisant on perdait la nature historique de la candidature de Fabien Roussel à la présidentielle de 2022. On parle en effet ici du Parti Communiste Français, issu en 1920 de la majorité des socialistes choisissant de rejoindre l’Internationale Communiste. Cet épisode donna d’ailleurs également naissance à la tradition socialiste, synthétisée au Congrès de Tours de 1920 par un long discours de Léon Blum

La candidature à la présidentielle de Fabien Roussel apparaît ainsi comme un anti-congrès de Tours à l’envers, formule alambiquée pour dire que pour éviter d’avoir à retourner avec les socialistes, les membres du PCF tentent le coup d’une réaffirmation. N’ont-ils pas réussi d’ailleurs à se maintenir malgré la chute du bloc de l’Est, contrairement à de nombreux autres Partis Communistes, tels le pourtant si fort Parti Communiste Italien ?

Pour les membres du PCF, le pari d’une candidature à la présidentielle se tient ainsi au nom d’une tradition maintenue, et du fait que de toutes façons il n’y a pas le choix pour pouvoir résister à la pression de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

Seulement voilà, qu’est-ce que le PCF ? Le PCF ne se revendique plus de Lénine et de Staline, ce qui place le curseur en 1953-1956. Il ne se revendique plus non plus du centralisme démocratique et de la dictature du prolétariat. On est là à la fin des années 1970. Il n’assume plus le marteau et le faucille non plus. Que représente-t-il alors ?

Il représente la main-mise sur le PCF de la part de sa Commission économique, à travers un long parcours remontant à Paul Boccara, inventeur de la conception du « Capitalisme Monopoliste d’État » régulièrement mise à jour dans la revue du PCF « économie et politique » et accompagnée par une autre revue du PCF « Cause commune« .

Les propos de Fabien Roussel sur son site de candidature présidentielle reflète totalement cette conception d’un capitalisme devenu financier seulement qui se survivrait à lui-même grâce aux aides de l’État.

Mais qui s’intéresse à cela à la base du PCF ? Strictement personne. Et dans un contexte de crise, cette approche conceptuelle-théorique de la réalité du PCF ne suffira jamais à produire une culture pour galvaniser les gens, les organiser, développer des perspectives, etc.

C’est cela qui attend le PCF avec cette candidature : l’expression du décalage complet entre une base ne se préoccupant pas du tout de théorie et un appareil ultra-pointu au niveau de ses conceptions. Si la crise implique une remontée du niveau de conscience, alors l’affrontement sera idéologique, avec une sortie par la Gauche, soit une forme ou une autre. Si la crise renforce la dépression générale, ce sera l’agonie.

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Politique

PCF: un premier pas pour la présidentielle de 2022

Le Parti communiste français joue son va-tout.

Les délégués du PCF ont validé la stratégie d’une candidature de leur parti à la présidentielle, la base devra approuver ou non ce choix d’ici mai. Voici le communiqué (inintéressant) de présentation du vote effectué le 11 avril avec Fabien Roussel qui sera le candidat dans l’état actuel des choses, et le (très intéressant) bulletin de vote pour le choix de la base :

« PCF/Candidature à la présidentielle : Aux militant-es communistes de décider les 8 et 9 mai prochains !

Le PCF a réuni ce week-end plus de 1000 délégué-es lors de sa Conférence nationale.

Dans un contexte de pandémie, l’organisation de cette conférence, avec des protocoles sanitaires stricts et un système de visioconférence totalement inédit, a permis aux délégué-es de travailler à la façon dont le PCF allait participer aux échéances électorales stratégiques de 2022.Le PCF se félicite de la réussite technique de cette conférence nationale. Un grand défi démocratique a été relevé, avec les interventions des délégué-es depuis les locaux de leurs fédérations et sections permettant un débat politique serein et de grande qualité.

Non la pandémie ne peut être prise comme prétexte pour étouffer la démocratie et l’intervention politique.

Durant une journée et demi, plus de 100 interventions ont nourri un débat particulièrement riche et fraternel.

Samedi 10 avril, la conférence nationale a largement adopté (à plus de 66 %) le principe d’une candidature présentée par le PCF à l’élection présidentielle, qui aura pour but de notamment s’adresser au monde du travail et à la jeunesse, qui proposera une alternative aux politiques macronistes et en rupture avec la mondialisation capitaliste.

Ce dimanche 11 avril, à plus de 73 %, (95% des votes exprimés), la conférence nationale a décidé de proposer au vote des adhérents, Fabien Roussel, secrétaire national, comme candidat présenté par le PCF à l’élection présidentielle de 2022.

Ce sont au final, les adhérent-es qui valideront ces choix lors d’une consultation du 7 au 9 mai prochains.

Parti communiste français,

Paris, le 11 avril 2021. »

Le bulletin pour la consultation est le suivant :

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Réflexions

Mélenchon, Marx et la nature comme « corps inorganique de l’homme »

La question de la définition de la Nature en dit long sur une France marquée par Descartes.

C’est un exemple de la dimension grotesque de la vie intellectuelle française. Du Marx mal lu, pas lu, interprété à tort et à travers, des références à des intellectuels universitaires hors sol… Que dire ?

La chose se passe ainsi : Jean-Luc Mélenchon tient des propos à l’Assemblée… Il dit qu’il ne s’agit pas de défendre la Nature, qui se défend elle-même, mais un écosystème compatible avec l’être humain. C’est un anthropocentrisme masqué : on sait que Jean-Luc Mélenchon avait parlé de manger du quinoa lors de la dernière élection présidentielle, mais c’était de la démagogie.

Et il dit alors que Marx appelle cela le « corps inorganique de l’homme » (ce qui n’est pas vrai du tout). Les éditions sociales, qui sont les éditions historiques du PCF, s’en réjouissent.

Dans la foulée, les éditions sociales mentionnent un ouvrage au sujet de cette expression. De manière délirante, cet ouvrage publié au éditions sociales a été écrit par… l’universitaire américaine Judith Butler, l’une des principales figures de la philosophie post-moderne, principalement de la théorie du genre. On ne peut pas faire plus éloigné de Karl Marx.

On peut trouver en ligne un extrait des discours délirants de Judith Butler. Rien que le début suffit :

« Ce que j’entends montrer aujourd’hui est relativement simple. L’objectif général de mon propos est de déterminer la meilleure façon de reconsidérer les Manuscrits économico-philosophiques de 1844 de Karl Marx afin de savoir si, selon l’hypothèse couramment admise, Marx est anthropocentrique. »

L’hypothèse couramment admise n’existe pas. Les gens ayant lu Marx sérieusement, et non pas de seconde main à travers des universitaires, savent très bien que Marx n’est pas du anthropocentriste (et non pas « anthropocentrique » d’ailleurs), qu’il se situe dans le prolongement de Spinoza et de Hegel, avec une lecture universelle s’exprimant justement dans une dialectique de la Nature.

Rien que le passage où Karl Marx parle du « corps inorganique de l’homme » dans les Manuscrits de 1844 le montre très clairement d’ailleurs : la dernière phrase le souligne clairement. Et d’ailleurs Karl Marx n’oppose pas du tout l’être humain à la Nature : il dit que l’être humain avec le travail est sorti de la Nature mais pour mieux y retourner. C’est le sens du communisme.

« La vie générique tant chez l’homme que chez l’animal consiste d’abord, au point de vue physique, dans le fait -que l’homme (comme l’animal) vit de la nature non-organique, et plus l’homme est universel par rapport à l’animal, plus est universel le champ de la nature non-orga­ni­que dont il vit.

De même que les plantes, les animaux, les pierres, l’air, la lumière, etc., constituent du point de vue théorique une partie de la conscience humaine, soit en tant qu’ob­jets des sciences de la nature, soit en tant qu’objets de l’art – qu’ils constituent sa nature intel­lec­tuelle non-organique, qu’ils sont des moyens de subsistance intellectuelle que l’hom­me doit d’abord apprêter pour en jouir et les digérer – de même ils constituent aussi au point de vue pratique une partie de la vie humaine et de l’activité humaine. Physiquement, l’homme ne vit que de ces produits naturels, qu’ils apparaissent sous forme de nourriture, de chauffage, de vêtements, d’habitation, etc.

L’universalité de l’homme apparaît en pratique précisément dans l’universalité qui fait de la nature entière son corps non-organique, aussi bien dans la mesu­re où, premièrement, elle est un moyen de subsistance immédiat que dans celle où, [deuxième­ment], elle est la matière, l’objet et l’outil de son activité vitale.

La nature, c’est-à-dire la natu­re qui n’est pas elle-même le corps humain, est le corps non-organique de l’homme. L’homme vit de la nature signifie : la nature est son corps avec lequel il doit main­te­nir un processus cons­tant pour ne pas mourir.

Dire que la vie physique et intellectuelle de l’homme est indis­so­lu­blement liée à la nature ne signifie pas autre chose sinon que la nature est indissoluble­ment liée avec elle-même, car l’homme est une partie de la nature. »

On voit donc que Jean-Luc Mélenchon cite Karl Marx pour dire le contraire de ce dernier : pour Karl Marx la situation où la Nature fait face à l’être humain est temporaire et mauvaise, il faut retourner à la Nature, que l’être humain redevienne un animal en son sein, mais en profitant de son évolution. C’est le sens du communisme.

Pour Jean-Luc Mélenchon par contre, la scission entre l’être humain et la Nature est consommée, la Nature étant réduite à un écosystème à gérer. Cela n’a rien à voir et on comprend au passage pourquoi il est un fervent partisan de cette horreur absolue qu’est « l’aquaculture », avec des millions et des millions de poissons enfermés sous l’eau.

Alors pourquoi tout cela ? Judith Butler le dit dans l’extrait mentionné plus haut. Elle valorise Louis Althusser, bien connu pour proposer un post-marxisme structuraliste, où il rejette le jeune Marx comme « humaniste », pour mettre en avant un Marx de la maturité « structuraliste » avant l’heure. En clair, Althusser = le meilleur lecteur de Marx.

C’est une escroquerie spécifiquement française, où l’on s’imagine que la philosophie anthropocentriste du libre-arbitre élaboré par Descartes serait un ancêtre du marxisme… Alors qu’en réalité le marxisme un naturalisme déterministe dans le prolongement de Spinoza.

Voici donc ce que dit Judith Butler :

« Ce que je voudrais mettre en avant, c’est que la plupart d’entre nous qui travaillons dans le sillage du structuralisme et du post-structuralisme au cours des dernières décennies avons une grande dette envers le bouleversement intellectuel opéré par le geste révolutionnaire d’Althusser. Ma propre dette envers celui-ci pour le changement de perspective qu’il a fait advenir est immense, que cette dette ait été consciente ou non. »

Structuralistes de tous les pays, unissez-vous ! Tel est le mot d’ordre et on voit que les éditions sociales participent à cette démarche lamentable, ce qui n’est guère étonnant puisque le marxisme français est faux et pourri à la base, par incapacité à se mettre à l’école de la social-démocratie allemande. Là est la source historique du problème.

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Politique

Fabien Roussel du PCF imagine pouvoir rafler la mise à Gauche

Constatant la faillite de la Gauche, le PCF va tenter une candidature de Fabien Roussel pour la présidentielle de 2022 et il tient à le faire savoir. Mais le PCF a été une composante de la Gauche gouvernementale, est-il encore crédible aux yeux des gens ?

Le PCF ne pèse quasiment rien dans le pays, mais il y a des restes. Quand on a été le premier parti de France, quand on a eu pendant des années et des années une hégémonie quasi totale sur la classe ouvrière et les classes populaires en général, alors forcément on conserve une certaine assise. Et en tous cas une capacité à être lucide sur la situation de la Gauche.

En l’occurrence, c’est une catastrophe, car la Gauche est complètement hors-sol, elle ne pèse plus rien et en plus elle est incapable de se remettre en question. D’ailleurs, elle est en train de s’effacer du paysage politique, prise en étau par le social-libéralisme d’Europe Écologie Les Verts et le social-populisme de la France Insoumise.

La direction du PCF le voit bien, mais au lieu de renverser la table et de participer à proposer de nouvelles bases, elle s’imagine que c’est l’occasion de tenter un coup. La candidature à la présidentielle 2022 du secrétaire national du PCF et député du Nord Fabien Roussel sera donc soumise au vote des militants PCF le 9 mai prochain, avec pour cela une campagne médiatique qui est lancée déjà depuis plusieurs semaines.

Fabien Roussel ne mâche pas ses mots pour appuyer son projet, en insultant toute idée de dynamique unitaire de la Gauche, tout projet de refonte collective. Dans le Journal du Dimanche du 21 mars 2021, il explique par exemple pourquoi il ne croit pas à une « primaire » de la Gauche :

« Je n’y crois pas. Pour moi, ce n’est pas la solution. Avec ces histoires de primaire, on met des pansements sans s’attaquer à la vraie maladie : si la gauche est faible aujourd’hui, ce n’est pas parce qu’elle est émiettée ; c’est parce qu’elle a déçu, qu’elle a été arrogante, en dessous de tout. C’est là-dessus qu’on doit d’abord travailler. L’événement de cette présidentielle, ce sera donc un candidat communiste. Une candidature apaisée, bienveillante et ouverte sur l’ensemble de nos concitoyens. »

Le constat de l’arrogance et de la déception est sans doute très vrai. Mais ce n’est pas en jouant les gros bras en posant sur la table une candidature « solo » que le PCF arrivera à quoi que ce soit. Pourquoi ? Car le PCF fait partie du problème, et non pas de la solution. Le PCF lui-même a participé ces dernières années à diluer la Gauche, à n’en faire qu’une caricature de ce qu’elle a pu être au 20e siècle.

C’est tellement vrai que Fabien Roussel présente sa possible candidature « communiste » sans être capable d’utiliser ne serait-ce qu’une seule fois le mot « capitalisme », ou encore le mot « bourgeoisie ». C’est ridicule.

Ce qu’il raconte est complètement insipide, d’une mollesse incroyable :

« Je souhaite porter ce combat pour que les valeurs de solidarité, de générosité et de justice redeviennent majoritaires. »

Alors qu’on est en pleine crise, c’est bien trop faible. Cela sans compter les mensonges. Si le PCF s’imagine qu’il convaincra les classes populaires en racontant que le problème des Français est la pauvreté ou encore « les jeunes qui font la queue pour manger », comme si la France était un pays sous-développé, il se met le doigt dans l’œil.

En réalité, le capitalisme est ultra développé en France, il est absolument partout. Les classes populaires sont elles-mêmes totalement intégrées à la grande marche du capitalisme. À leurs dépens bien sûr, mais pas au prix de leur pauvreté. La classe ouvrière française a bien trop d’acquis et de développement pour accepter un faible niveau de vie ; il faut vraiment être totalement déconnectée de l’Histoire et du quotidien des classes populaires pour prétendre l’inverse.

L’actualité des classes populaires, c’est qu’elles doivent assumer la démocratie pour elles seules, et mettre de côté la bourgeoisie qui mène le monde et la planète à leur perte. Mais assumer cela, c’est de l’engagement, du travail, des convictions profondes et complexes. Cela nécessite de se couper avec un train de vie et surtout un mode de vie petit-bourgeois, ce que les dirigeants du PCF n’envisage aucunement de faire.

Et pour cause : cela fait longtemps que le PCF n’est plus que le supplétif syndicaliste d’une Gauche bobo, urbaine, pro-migrants, pro-LGBTQ+, pro-art contemporain, racialiste, anti-police, anti-prolétaires, etc. Ce n’est pas comme ça qu’on arrachera les ouvriers à la passivité ou à l’extrême-Droite. Il faut un retour aux sources, aux fondements de la Gauche historique.