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Société

Perseverance et l’exploration spatiale

Jeudi 18 février 2021, l’astromobile Perseverance a atterri sur la surface de la planète Mars, après un voyage de plusieurs mois ayant été lancé le 30 juillet 2020. Son objectif principal est de trouver des traces de vies passées, ou d’étudier un environnement qui aurait été propice à l’apparition de la vie.

Cette mission s’inscrit dans un vaste programme de retour d’échantillon de roches martiennes, dont les prochaines étapes seront l’envoi des éléments pour ramener ces échantillons : un astromobile qui ira au sol chercher les échantillons collectés accompagné d’un véhicule pour redécoller du sol martien, et un orbiteur pour faire le trajet retour, de Mars à la Terre. Ces missions devraient démarrer aux alentours de 2026 pour un retour sur Terre vers 2031. 

Soit un programme de plus d’une décennie où chaque étape est décisive pour la suite, c’est donc une entreprise scientifique d’une ampleur considérable.

La diffusion en direct (en faux direct car il faut environ 11 minutes pour que les informations nous parviennent de la planète rouge) de l’atterrissage de Perseverance a donné lieu à un assez large enthousiasme, étant même diffusé par des chaînes d’informations françaises, et de nombreuses chaînes de streaming sur internet.

Bien sûr le fait que l’agence spatiale française, le CNES, fasse partie de l’aventure avec l’instrument scientifique SuperCam, a dû jouer, mais cela n’explique probablement pas tout.

De manière assez pragmatique on peut se dire que ce genre d’aventure lointaine, qui se déroule sur le moyen-long terme permet aussi de se sortir du contexte renfermé et sans visibilité sur le futur que la pandémie de Covid-19 impose depuis de longs mois.

Et puis, surtout, il y a tout ce que représente l’exploration spatiale et la recherche de vie. 

Contrairement à la planète Terre, Mars, pour diverses raisons, a vu son évolution prendre une orientation rendant impossible la vie telle qu’on la connaît. Mais elle a potentiellement en mémoire géologique des informations passionnante sur la formation des planètes telluriques et de l’apparition de la vie.

La vie est un sujet de fascination assez naturel , en tant que plus haut niveau de complexité de la matière en mouvement. Découvrir comme elle est apparue dans notre système solaire, mais aussi peut-être découvrir qu’elle n’est pas une exclusivité de la Terre, nous ramène à notre place dans l’univers et dans son histoire. 

Mais l’exploration de l’espace et de la vie dans l’univers font aussi écho à un profond sentiment d’universalité. C’est rêvé à une humanité unifiée, travaillant ensemble pour le progrès de la science au service de la vie. 

Si Mars 2020 s’inscrit encore dans un contexte principalement scientifique, il ne faut malheureusement pas se leurrer sur l’arrière-plan politique et économique.

L’exploration spatiale a connu son plus grand essor au plus fort des tensions de la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS. L’objectif était principalement une démonstration de force politique, impérialiste, quitte à prendre d’importants risques lors des missions habités pour ne pas se faire doubler.

Elle a nettement perdu en vitesse lorsque les relations se sont réchauffées, les programmes lunaires étant abandonnés vers le milieu des années 1970 et l’exploration de Mars à la fin des années 1970 après les sondes américaines Viking 1 et 2.

Les États-Unis se sont alors surtout focalisés sur la navette spatiale, et l’Union Soviétique sur les stations spatiales (Sailout puis Mir), des programmes de très haut niveau techniquement, mais d’une ampleur moindre. 

Il y a eu un regain d’intérêt à la fin des années 1990 à la fois pour Mars et avec la Station Spatiale Internationale rassemblant les plus grandes puissances spatiales du monde.

 

La navette spatiale Endeavor amarré à la Station Spatiale Internationale (2011)

Si l’aspect scientifique est alors davantage mis en avant, il existe évidemment d’autres intérêts (développer des technologies ensuite employés dans le secteur militaire, supporter des secteurs industriels économiquement). 

Le secteur spatial n’est évidemment pas au dessus de la société et les tensions entre puissance impérialiste s’en ressentent fortement depuis quelques années. 

L’Espace est une zone qui est très peu réglementée. En 1967 USA et URSS se mettent d’accord pour signer et ratifier le “Traité de l’espace” qui spécifie qu’aucun État ne peut s’approprier un corps céleste, ni utiliser l’espace à des fins militaires. 

Cela s’explique simplement par le fait que personne ne savait qui atteindrait la Lune en premier, ainsi dans le doute il valait mieux se mettre d’accord. 

En 1979 il y a une volonté de prolonger et d’étendre ce traité avec le “Traité de la Lune”, faisant de notre satellite naturel et de tout corps céleste un “patrimoine commun de l’humanité”. C’est un échec, la plupart des puissances spatiales ne l’ont pas signé et d’autres, comme la France, l’ont signé mais non ratifié. 

2015 marque un tournant majeur avec le SPACE Act qui met à jour le droit de l’espace américain stipulant que les “citoyens américains peuvent entreprendre l’exploration et l’exploitation commerciales des ressources spatiales”. Ressources consistant principalement en l’eau et les minéraux. 

C’est donc clairement un coup qui est porté au traité de 1967, avec pour justification que ce dernier ne parlait que d’un corps céleste en tant que tel, et pas des ressources qu’il contient. 

Ce SPACE Act est aussi le reflet de l’explosion du secteur privé dans l’exploration (qui devient de plus en plus “conquête”) spatiale, appelé le “New Space” dont les fers de lance sont SpaceX et Blue Origin, appartenant respectivement aux milliardaires Elon Musk (Tesla) et Jeff Bezos (Amazon) aux Etats-Unis mais qui s’étend à d’autres pays dont la Chine.

Les intérêts de l’espace est vaste avec évidemment divers satellites : comme le projet Starlink de SpaceX visant à envoyer plus 12 000 satellites en orbite pour créer un vaste réseau d’accès à internet à travers le monde. Et ce ne sont pas les seuls : Amazon a pour projet la constellation de satellites Kuiper également pour de l’accès à internet, et d’autres sociétés et États comptent faire de même (la Russie, la Chine, l’Europe…). C’est évidemment une course économique aux données numériques et à l’autonomie qui va surcharger l’orbite terrestre basse, accumulant toujours plus de débris spatiaux et créant une pollution lumineuse créant des problèmes pour l’observation astronomique du ciel.

Un autre centre important d’intérêt dans l’espace est la Lune qui fait son retour depuis quelques années, notamment via la Chine qui a réussi un retour automatique d’échantillons en décembre dernier (ce qui n’avait pas été fait depuis la mission soviétique Luna 24 en 1976), ou les États-Unis via le programme Artemis.

Pour certains, la Lune représente un intérêt en vue de voyage vers Mars (utilisation de son orbite, extraction de son eau glacé), mais aussi pour ses ressources rares, comme l’Helium-3. 

La Terre vue de la Lune

L’utilisation de matériaux extraterrestres est de plus en plus envisagée, notamment par la Chine qui a pour objectif la construction d’une station solaire spatiale dans les années 2030. 

D’une dimension de plusieurs kilomètres carrés, l’utilisation de matières récupérées sur la Lune ou sur des astéroïdes (c’est le sens de la mission de retour d’échantillon d’astéroïdes Zheng He prévu pour 2022-2025), permettrait de réduire les coûts. 

Notons aussi que la Station Spatiale Internationale arrivera à terme au cours de cette décennie, qu’en parallèle la Chine développe sa propre station (qu’elle veut officiellement ouverte aux partenariats) dont les premiers modules devraient être placé en orbite cette année, et que les États-Unis ont le projet d’une station en orbite lunaire, privilégiant à présent les accords bilatéraux aux multilatéraux, et en mettant la pression pour faire reconnaître la validité du SPACE Act et donc l’exploitation minière de la Lune. 

Tout cela n’est que le reflet des tensions entre puissance impérialiste, auquel nous pouvons ajouter des pays qui souhaite se faire une place comme l’Inde (qui a aussi des intentions envers la Lune avec les missions Chandrayaan) ou les Emirats Arabes Unis qui viennent de placer la sonde Al-Amal en orbite autour de Mars.

La planète Terre n’est donc pas la seule à hurler son besoin de socialisme, l’exploration spatiale et l’univers tout entier à besoin d’une humanité unifiée pour aller de l’avant, dans le sens de la vie, et non vers la guerre qui se profile sur la guerre et dans le ciel.

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Écologie

Communiqué de la SNPN pour la journée mondiale des zones humides

Du 30 janvier au 28 février 2021, c’est le mois de la sensibilisation de l’importance des zones humides. Depuis 1997, le 2 février marque la date symbolique de la journée de reconnaissance de ces écosystèmes fondamentaux pour la Planète.

C’est dans le cadre de cette 24e journée mondiale des zones humides, fondée sur la Convention internationale de Ramsar en Iran signée le 2 février 1971 et réunissant à ce jour 170 pays, que la Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN), fondée en 1854, livre son bilan et son analyse quant à l’état de ces écosystèmes en France.

Voici le communiqué publié ce 2 février sur le site de la SNPN :

 » Aujourd’hui est la Journée Mondiale des Zones Humides ! C’est un mois d’événements de sensibilisation qui s’ouvre autour des zones humides. Cet évènement célèbre également  l’anniversaire de la signature de la convention de Ramsar dont la SNPN est partie-prenante.

La SNPN tient à faire un point de l’état de ces milieux en France.

Il y a quelques semaines le Service des données et études statistiques du Commissariat général au développement durable a publié l’évaluation nationale des sites humides emblématiques de la décennie 2010-2020. C’est malheureusement sans surprise qu’il est évalué que la situation a continué à se détériorer durant la dernière décennie : 

41 % des sites évalués en métropole et dans les Outre-mer ont vu leur état se dégrader,

69 % des sites évalués sont affectés par des perturbations du milieu physique,

57 % des sites évalués sont affectés par des modifications de la gestion en eau,

54 % des sites évalués sont affectés par une altération de la qualité de l’eau et subissent des pollutions. 

Les sites préalablement en mauvais état se dégradent encore plus que les autres et très peu ont vu leur situation s’améliorer[1], comme s’il se dessinait une sorte d’effet d’appel : dégradé déjà, donc dégradé encore…Avec une telle dynamique, pour 2030, seuls 25% des sites humides emblématiques auraient un avenir favorable selon cette même évaluation…

Une autre évaluation majeure réalisée en 2019[2] montre que les habitats aquatiques et humides d’intérêt communautaire -donc inscrits à la directive dite Habitat-Faune-Flore- sont parmi les habitats les plus menacés et dont l’état est le plus dégradé, 94 % ayant une évaluation défavorable !

Les zones humides, ces terres d’eau, qu’elles soient emblématiques, d’intérêt communautaire ou simplement “ordinaires”, sont donc, clairement, encore et toujours, parmi les écosystèmes les moins bien conservés en France et subissent toujours des pressions anthropiques intenses qui les fragilisent.

L’avis de la SNPN

La SNPN tient à souligner que les zones humides ont des fonctionnalités multiples et essentielles, bien au-delà de la conservation de la biodiversité, faisant d’elles des éléments significatifs des “solutions fondées sur la nature”, notamment pour lutter contre les effets de la crise climatique. Ce sont des milieux essentiels dans le contexte de crise écologique et climatique.

Ces milieux participent à la régulation des flux d’eau (réduction des crues, lutte contre les sécheresses, rechargement des nappes phréatiques…). Ils contribuent localement au rafraîchissement, à la limitation de la propagation des feux et à la stabilisation des sols. Mais les zones humides ont un rôle bien plus étendu : en voici deux exemples très concrets :

– Savez-vous que les mares de fermes stockent dans le monde plus de carbone organique que l’ensemble des océans de la planète[3] ? 

– Savez-vous qu’une tourbière de 30 cm d’épaisseur stocke plus de carbone par unité de surface qu’une forêt tropicale primaire ?

Alors qu’une tourbière dégradée peut émettre du CO2, ce qui suffirait à légitimer leur stricte protection, une tourbière restaurée en stocke et de façon bien plus efficace et durable qu’une jeune forêt ! En France, le drainage de tourbière est à l’origine d’une émission de CO2 par an équivalente à 3 millions de voyageurs faisant un aller-retour à New-York en avion [4] ! C’est aussi l’équivalent de l’empreinte carbone des habitants d’une ville comme Montpellier ou Bordeaux.

Selon une étude réalisée par le Service de l’économie, de l’évaluation et de l’intégration du développement durable (SOeS)[5], l’évaluation économique des services écologiques des zones humides a montré qu’une politique de préservation par acquisition est justifiée au regard des bénéfices que les « terres d’eau » procurent à la société humaine. Sur 50 ans, ces bénéfices représenteraient jusqu’à sept fois les valeurs d’acquisition et d’entretien. Certaines évaluations des services rendus les estiment jusqu’à 6 700 euros par hectare et par an[6]. Investir pour conserver en bon état les zones humides est donc une opération très rentable !

Les prairies humides, par exemple, sont des systèmes de production à plus forte valeur ajoutée que les grandes cultures. Elles participent au maintien d’un paysage varié, en particulier bocager.

Les zones humides ont des fonctionnalités multiples et essentielles faisant d’elles des éléments significatifs des “solutions fondées sur la nature”, notamment pour lutter contre les effets de la crise climatique. Il est économiquement très pertinent de les protéger, les restaurer ou les créer.

Force est de constater que les politiques engagées ne suffisent pas et que la France est donc bien en difficulté pour tenir ses engagements tant européens (Natura 2000) qu’internationaux (convention sur la diversité biologique, convention de Ramsar sur les zones humides).

Les principales causes de ce manque de réussite peuvent être regroupées en deux ensembles :

Les politiques conduites, pour intéressantes qu’elles soient, ne sont pas suffisamment efficaces. Elles achoppent sur l’insuffisance du portage interministériel et des moyens qui y sont consacrés. Les initiatives favorables, comme par exemple les MAE et le PSE ou le soutien au pâturage extensif en zones humides, peinent à se développer à cause d’inerties ou d’arbitrages défavorables.

De très nombreuses mesures néfastes à la conservation des zones humides persistent. Pire, elles continuent à être soutenues par des politiques publiques à tous les niveaux. Or la PAC demeure une cause majeure de disparition des prairies humides. La SAFER reconnaît d’ailleurs que la concentration des exploitations agricoles fait évoluer l’agriculture française à l’encontre des orientations politiques nationales.

La solution ? Des politiques publiques cohérentes, ambitieuses, interministérielles et pluriannuelles. 

Quel que soit le ministère concerné, la stratégie nationale des aires protégées, plan de relance, plan biodiversité, PAC et écorégimes, mesures agro-environnementales, paiements pour services environnementaux, stratégie nationale pour la biodiversité, contrats « verts et bleus », projets de territoire pour la gestion de l’eau, mesures naturelles de rétention d’eau, stratégie nationale bas-carbone, règlement relatif à la prise en compte des émissions et des absorptions de gaz à effet de serre résultant de l’utilisation des terres, du changement d’affectation des terres et de la foresterie (UTCATF), plans de paysage… et toutes les stratégies/organisations/outils à venir et à construire devraient être les moteurs de la reconquête nationale des zones humides, avec un même objectif ultime : améliorer la résistance et la résilience des écosystèmes sur les territoires et de nos systèmes socio-économiques qui en dépendent.

Les actions de protections, de restaurations, de réhabilitations et de créations nouvelles de zones humides doivent elles aussi émerger de programmes, de stratégies, de réglementations et de dynamiques multiples, bénéficiant d’un portage interministériel et pluriannuel, et disposant d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs partagés, suivis, et évalués de façon indépendante.

Nous ne ferons pas ici la liste exhaustive des actions à entreprendre, mais le Livre Blanc pour la Biodiversité[7] que la SNPN a produit avec d’autres associations partenaires cette année en propose de nombreuses.

Des zones humides nombreuses et en bon état, ce sont des territoires résistants aux évènements extrêmes et des systèmes écologiques et humains plus résilients. Ce sont des bénéfices pour tous, encore plus nécessaires demain qu’aujourd’hui !

La Société nationale de protection de la nature restera active pour défendre, protéger et gérer des zones humides, pour sensibiliser tous les publics, pour orienter et accompagner les politiques publiques comme elle le fait depuis tant d’année, en particulier grâce au soutien de ses membres et donateurs.

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Écologie

2020, année du réchauffement climatique

La pandémie de covid-19 a été la grande actualité marquant socialement les esprits en 2020. Pourtant, ce n’est qu’un aspect de la catastrophe écologique en cours, car il y a surtout le réchauffement climatique qui poursuit son expansion dramatique, annonçant d’immenses chamboulements.

L’année 2020 a été l’année la plus chaude en France depuis le début des relevés systématiques en 1900. À l’échelle mondiale, c’est la même chose : l’Organisation météorologique mondiale (qui dépend de l’ONU) explique que l’année 2020 clôt la décennie la plus chaude jamais enregistrée.

Les données sont alarmantes, car l’humanité a bouleversé la vie de la planète Terre à grande échelle, sur une période de temps extrêmement réduite. Chacun le sait, mais c’est comme si de rien n’était.

Le communiqué de Météo France du 28 décembre 2020 aurait du faire les gros titres des journaux, mais cela n’a été qu’une brève parmi d’autres. Il est pourtant expliqué que la moyenne sur l’année des températures quotidiennes relevées sur les 30 stations métropolitaines de référence est de 14°C, le record.

Tout s’est accentué récemment, à partir de la fin des années 1990. Avant, pendant 90 ans, les moyennes alternaient entre 10,5°C et 12,5°C. Depuis, c’est systématiquement au dessus et en constante augmentation avec même les 7 années les plus chaudes qui se trouvent dans la dernière décennie.

Dans le détail, l’année 2020 en France a été marquée par « plusieurs pics de douceur remarquable et de nombreux records » selon Météo France. Il y a notamment le second mois de février le plus chaud de l’histoire.

L’été a connu deux épisodes de canicule, dont un de huit jours au mois d’août. La mi-septembre a également été marquée par « une vague de chaleur tardive exceptionnelle », puis un mois de novembre exceptionnellement doux.

À l’échelle mondiale, l’année 2020 est également l’une des plus chaudes de l’histoire. Le communiqué de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) du 24 décembre nous dit que les données jusqu’à présent indiquaient déjà l’une des trois années plus chaudes jamais enregistrées, et potentiellement la plus chaude, à peu de choses près par rapport à 2016. De toutes manières, les six années les plus chaudes dans l’histoire récente de la planète remontent toutes à depuis 2015.

Et encore faut-il savoir que ce réchauffement climatique en 2020 est relativisé par des événement contraires marquants, comme l’explique l’OMM :

« La chaleur exceptionnelle de 2020 se produit malgré un événement rafraîchissant La Niña, qui est maintenant mature et a un impact sur les conditions météorologiques dans de nombreuses régions du monde. Selon la plupart des modèles, la Niña devrait atteindre un pic d’intensité en décembre ou en janvier et se poursuivre jusqu’au début de 2021. »

Tout cela est terriblement actuel, concrètement présent. Rien que pour le mois de novembre 2020, sur la base des rapports mensuels du service Copernicus Climate Change Service de l’Union européenne, de la National Oceanic and Atmospheric Administration des États-Unis, de l’Institut Goddard d’études spatiales de la NASA et de l’Agence météorologique japonaise, il est d’ores et déjà connu qu’il le plus chaud ou le deuxième plus chaud jamais enregistré.

L’important n’étant toutefois pas ces records particuliers, mais la tendance en cours qui est on ne peut plus nette, comme l’explique encore le communiqué :

« Depuis les années 80, chaque décennie a été plus chaude que la précédente. Et cette tendance devrait se poursuivre en raison des niveaux records de gaz à effet de serre piégeant la chaleur dans l’atmosphère. Le dioxyde de carbone, en particulier, reste dans l’atmosphère pendant de nombreuses décennies, engageant ainsi la planète dans un réchauffement futur. »

Le réchauffement climatique n’est pas une menace à court terme, c’est une actualité chaque jour plus concrète. L’humanité ne change pourtant rien à son mode de vie, malgré des prétentions grotesques de la part des dirigeants des États à pouvoir contenir le réchauffement climatique à +2°C par rapport au niveau préindustriel (1850-1900).

En 2020, on est pourtant déjà à +1,2°C, avec la prévision d’atteindre +1,5°C dans les 4 prochaines années. Tout s’accélère et l’humanité n’a plus le choix : elle est obligée de se reprendre en main, de changer entièrement de vision du monde et plus elle retarde les échéances, plus le prix à payer sera grand !

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Écologie

Communiqué de Delphine Batho critiquant le référendum sur l’écologie dans la Constitution

Emmanuel Macron a annoncé en fin de soirée lundi 14 décembre qu’il compte organiser un référendum sur l’inscription de l’écologie dans l’article 1 de la Constitution. Voici le communiqué de Delphine Batho, présidente de Génération Écologie, qui comme souvent a très bien compris ce qui se tramait et émet une critique très juste de la proposition, tant au nom de la démocratie qu’au nom de l’écologie elle-même.

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Écologie

COP21: cinq ans déjà qu’il ne se passe rien pour la planète Terre

La Conférence de Paris sur le climat de 2015, aussi appelée COP21, était censée marquer un tournant pour l’humanité quand à son rapport à la Terre et au réchauffement climatique en particulier. Cinq ans après, il est évident que cela a été un échec, mais c’était visible dès le départ puisque les ingrédients d’une véritable prise de conscience n’y étaient pas.

Il y a cinq ans, le 12 décembre 2015, la Conférence de Paris sur les changements climatiques clôturait ses travaux en publiant un document de 30 pages, censé être un projet d’accord mondial en ce qui concerne le changement climatique. Il faut se rappeler qu’il s’agissait à la fois de la 21e conférence des parties (COP21) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et de la 11e session de la Conférence des Parties siégeant en tant que réunion des Parties au Protocole de Kyoto (CMP11).

La grande question à l’époque a été celle des émissions de gaz à effet de serre et de leur limitation, pour contenir théoriquement le réchauffement climatique en dessous des +2°C. Il s’agit alors de mettre sur la table tout un tas d’intentions visant à limiter ces émissions (essentiellement de CO2) pour les cent ans à venir. En fait, rien de contraignant pour les États n’a été prévu dans l’accord, qui d’ailleurs a failli capoter au dernier moment en raison de la position des États-Unis sur l’article 4.4 qui utilisait le mot « shall » (doivent) dans la phrase :

« Les pays développés doivent continuer à être en première ligne pour mener à bien des plans nationaux de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ».

Le secrétaire d’État américain John Kerry est parvenu au dernier moment à faire remplacer ce « shall » par « should » (devraient), mot n’ayant absolument aucune valeur juridique dans ce cas. Cela en disait long sur la vanité du projet d’accord, qui n’a été ratifié officiellement qu’un an plus tard, le 4 novembre 2016.

Il fallait pour cela la signature d’au moins 55 pays représentant au moins 55% des émissions mondiales. On connaît ensuite l’épisode Donald Trump en juin 2017, avec le retrait des États-Unis de l’accord de Paris, de toutes façon non contraignant.

Tout cela fait que rien n’a changé depuis et l’ONU, via son programme pour l’environnement, a publié mercredi 9 décembre 2020 son rapport 2020 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, en expliquant que c’est la catastrophe :

« Le rapport constate que, malgré une baisse des émissions de dioxyde de carbone de courte durée causée par la pandémie de COVID-19, le monde continue de se diriger vers une augmentation des température supérieure à 3°C au cours de ce siècle, bien au-delà des objectifs de l’Accord de Paris qui consistent à limiter le réchauffement climatique en déçà de 2°C et à viser 1,5°C. »

Le rapport est disponible à cette adresse, mais uniquement en anglais.

Tout ceci est toutefois très secondaire, voir entièrement secondaire, car au sens strict l’échec de la COP21 n’en est pas vraiment un. Le problème est bien plus profond qu’une simple gestion comptable des émissions de CO2, puisqu’il s’agit en vérité du rapport de l’humanité à la nature et à son intégration dans l’ensemble de la vie sur Terre.

Il y a d’ailleurs un décalage immense qu’il faut remarquer ici entre le niveau de conscience possible de la situation, et le niveau de conscience réel de la situation. Par exemple, même l’ONU via son programme pour l’environnement est capable de reconnaître au mois d’avril 2020 que la crise du Covid-19 est un message d’alerte envoyé par la nature, en pointant particulièrement le rapport au animaux :

Pourtant, en pratique, l’humanité passe entièrement à côté de la question de la crise sanitaire et continue sa course destructrice à grande vitesse. Il en est évidement de même en ce qui concerne le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre depuis 2015.

Le cinquième anniversaire de l’accords de Paris, qui marque les cinq ans de la COP21, est donc un moment important, qu’il considérer de manière sérieuse. Cela avait été fait à l’époque avec beaucoup de minutie par le site La Terre d’abord!, qui a publié un article-bilan très détaillé durant chacun des 13 jours de la conférence.

On retrouvera ici celui relatant l’ouverture de la COP21, il suffit ensuite de naviguer en bas via le bouton « article suivant » pour passer à celui sur le premier jours, puis le second, etc.) : Ouverture de la COP21

Voici également l’analyse très documentée et en profondeur, mais aussi très accessible, qui a été faite après la COP21, à travers une série d’articles. Il faut absolument les étudier pour être à la hauteur du défi auquel est confronté l’humanité en ce XXIe siècle :

La COP 21, les forêts et les animaux

La COP 21 et l’océan

La COP 21 et l’élevage

La COP 21, le changement climatique et les changements climatiques

Les végans et la COP 21 : un ratage

La COP 21 et les énergies fossiles

La COP 21 et les objectifs pour 2100

On l’aura compris, le problème est global, et c’est tout le rapport erroné à la nature qu’il faut changer. C’est d’une véritable révolution qu’il s’agit, pour arrêter cette marche autodestructrice dans laquelle s’enfonce l’humanité. Cinq années ont de nouveau été perdues depuis 2015, alors il est grand temps de ne plus en perdre d’autres.

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Culture

Le nouvel EP du groupe punk hardcore «Ecostrike»

Originaire du sud de la Floride aux États-Unis, Ecostrike est un groupe de punk évoluant dans la tradition du hardcore « vegan straight edge » née dans les années 1990. Le nom même du groupe résume en lui-même toute la démarche : « ecostrike », que l’on peut traduire allégoriquement comme « bataille de la nature », ou plus spécifiquement coup (strike) écologiste (eco-logical), une allusion au sabotage pour la défense de la planète.

Le groupe a déjà à son répertoire deux productions d’une grande qualité musicale, dont la teneur rappelle des emblématiques groupes comme « Earth Crisis » ou encore « Unbroken » : « Times Is Now » en février 2017 et une démo en 2016, d’une profonde énergie avec des paroles incisives et appelant à l’engagement en défense de la Terre.

Sorti ce 24 juillet par le label de Boston « Trible B Records », l’EP s’intitule « A Truth We Still Believe » (« une vérité à laquelle nous croyons encore »). Tant le titre de l’EP que les paroles chantées sur des riffs de guitare lourds et agressifs rappellent toute la vitalité d’un groupe qui ne renonce pas à l’idéal de rupture d’avec les valeurs dominantes destructrices de la vie.

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Écologie

L’illusion écologique du véhicule électrique

Emmanuel Macron a annoncé vouloir développer la production de véhicules électriques pour relancer le secteur automobile, en parlant de véhicules « propres ». La voiture électrique est en réalité une fausse modernisation écologique.

La voiture a tellement façonné la société que l’on peut affirmer qu’est pratiquement devenu un rouage essentiel de la « civilisation » capitaliste. S’en émanciper signifierait un nouvel élan de civilisation. D’ailleurs, la crise du Covid-19 a émergé à Wuhan qui est devenu depuis quelques années le « centre automobile mondial ».

Mais la voiture est aussi responsable de la mort de milliers d’animaux sur les routes, avec même les hérissons qui sont considérés en voie de disparition, en partie, à cause des voitures. Réduire la voiture à ses émissions polluantes est donc déjà limité tant elle fait partie du problème et non pas de la solution écologique à bien des égards (étalement urbains, lourdes infrastructures, etc.)

Même en regardant du côté des émissions polluantes, cela ne semble pas si simple que cela. En soi, si l’on tient compte que des émissions de CO2 liées au déplacement d’une voiture, une électrique n’en émet pas comparé à une thermique.

Il faut toutefois prendre en compte l’ensemble de la chaîne de production d’un véhicule électrique. À ce niveau, il faut extraire le lithium dans les profondeurs des sols. Il entre pour 2% de la construction d’une batterie électrique.

Les forages pour extraire le lithium sont extrêmement gourmands en eau douce et produits chimiques générant des pollutions massives des eaux et des sols. À cela s’ajoute le cobalt et le nickel qui sont également utilisés pour la batterie et très peu écologiques.

Quant à l’électricité, la Chine, principal marché mondial du véhicule électrique, est dépendant du charbon pour l’électricité, tout comme l’Allemagne et l’Europe de l’est. Et l’on sait que le nucléaire, non émetteur de gaz à effet de serre, reste une gabegie écologique, avec notamment le traitement des déchets radioactifs. C’est le même problème pour le recyclage des batteries lithium-ion qui n’est pas du tout développé car le lithium n’est pas rentable après recyclage.

Enfin, il y a le problème des émissions de particules fines. Si la disparition du moteur à combustion va réduire les dioxydes d’azote, l’émission de particules fines risquent de rester importante pour le véhicule électrique, notamment à cause de son plus gros poids.

Il y a eu une augmentation générale du poids des véhicules. La Fiat 500 est par exemple passé de 490 kilos dans les années 1970 à 960 kilos en 2018. Mais la voiture thermique reste plus légère que celle électrique. Or, l’Agence fédérale de l’environnement en Allemagne estiment qu’une importante quantité de particules fines d’une voiture thermique aux normes avancées est émise par l’usure des freins et des pneumatiques. Elle a dévoilé que les gaz à échappement sont responsables de 7 740 tonnes de PM 10 par an, contre 7 340 tonnes pour les freins et surtout 13 980 tonnes issues de l’usure des pneumatiques et de la route.

Finalement, ce serait pratiquement la moitié des particules fines qui seraient issus de ses sources, en se fondant donc surtout sur des véhicules thermiques nouveaux. Qu’en sera t-il pour des véhicules électriques qui sont plus lourds ?

Tout cela montre à quel point le véhicule électrique est une impasse car il relève d’un mode de déplacement qui n’est plus en phase avec l’époque. C’est un changement complet du mode de vie qui s’impose, tourné vers des déplacements entièrement collectifs, planifiés et fondés sur l’énergie renouvelable.

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Écologie

Le projet antidémocratique Internet Starlink par l’entreprise SpaceX

L’entreprise Space X présidée par Elon Musk vient de lancer de nouveaux satellites dans l’orbite terrestre afin de bâtir un nouveau réseau internet. Également connu comme président de l’entreprise d’automobiles électriques Tesla, Elon Musk est le représentant de cette bourgeoisie totalement décadente perdant pied avec le réel mais s’imaginant à l’avant-poste de la modernité.

Le milliardaire Elon Musk, ancien conseiller de Donald Trump, a lancé ces derniers jours 60 nouveaux satellites de son projet « internet Starlink », autorisé par Commission fédérale des communications des États-Unis en 2018. Ils font dorénavant partie des 420 satellites d’internet Starlink, avec à terme la mise en orbite d’un peu plus de 12 000 satellites pour un lancement officiel en 2025.

Placés dans la basse orbite (200 – 500 km d’altitude), ces satellites veulent offrir un réseau qui sera donc indépendant de l’actuelle infrastructure terrestre et marine, avec comme objectif principal d’augmenter le débit d’internet. Les satellites de Starlink pourraient offrir un temps de communication extrêmement court, de l’ordre de 25 millisecondes de latence (pour 30 à 60 millisecondes actuellement pour un très bon accès internet).

Le lancement des derniers satellites n’a pas manqué d’alerter bon nombre de gens, pensant y voir des ovnis ou des étoiles filantes. Et c’est bien là que réside le problème : le projet est inconnu des larges masses avec une grande entreprise qui impose son projet par « en haut ». Il a fallu qu’en plein confinement les gens s’aperçoivent des traînées de lumières diffusés par les satellites dans la nuit pour que le projet soit mieux connu.

Car la question de l’utilisation (ou non) de l’espace planétaire est une question éminemment démocratique, tant la connaissances des étoiles et du système solaire en général fait partie d’une connaissance populaire répandue. La passion pour les éclipses en est une bonne illustration et plus que jamais la nuit étoilée fait partie d’un rapport universel à la nature, et à la science.

Alors que la pollution lumineuse terrestre causée par les spots publicitaires et l’éclairage inutile défigure cette contemplation populaire, voilà que le projet Starlink va encore assombrir la nuit étoilée.

Pour le capitalisme, la nature est surtout un obstacle à faire sauter pour les besoins d’accumulation du capital. À cela s’ajoute l’anarchie complète de ce mode de production qui se développe dans le mépris total des conséquences à moyen-long terme sur l’environnement.

Le projet Space X va ainsi multiplier de plusieurs fois le nombre de satellites dans l’espace terrestre. À titre de comparaison, en 2018 la mission d’exploration spatiale Kepler a déployé 140 satellites. Or, les satellites à basse altitude ont une durée de vie très courte, ce qui la pose la question du traitement des satellites déchus à l’heure où les débris spatiaux est un grand problème. Il y a actuellement des milliers de débris, dont 8 000 de plus de 10 cm, qui circulant à plus de 8km/sec dans l’espace, menaçant toute la sécurité spatiale, que le film Gravity l’illustre bien.

> Lire également : Débris spatiaux, une poubelle autour de la Terre

Le projet Starlink correspond à une tentative d’élargissement des capacités d’accumulation du capital au moment même où la machine se grippe de manière irréversible. Cela pourrait bien ouvrir la boite de Pandore pour des grandes entreprises en quête d’un nouveau terrain vierge. C’est déjà par exemple le cas de cette start-up russe Startrocket qui souhaiterait commercialiser des espaces publicitaires dans l’espace ou encore Amazon avec un projet similaire d’internet nommé « Kuiper ».

Développé dans un cadre démocratique et fondé sur la dignité populaire, un tel niveau technologique devrait pourtant être utilisé à des fins universelles. Cet objectif universel, populaire, c’est la recherche scientifique, ou plutôt la quête scientifique de nouvelles formes de vie dans l’univers comme le font déjà de nombreuses explorations sur les exoplanètes.

L’espace doit rester tel qu’il est et ne pas être pollué par des infrastructures visant simplement l’élargissement du capital. La reconnaissance de la nuit étoilée comme porte d’entrée vers la vie et l’Univers doit être une bataille démocratique contre le projet mortifère de SpaceX.

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Le Covid-19 et les critiques écologistes du mode de vie

La gauche « alternative », au sens le plus large, insiste particulièrement sur une remise en cause nécessaire à la suite de la crise sanitaire actuelle. Elle ne se contente pas de vouloir un système de santé plus performant, elle attend une critique d’aspects qu’elle considère comme prévalents dans le monde aujourd’hui.

Il y a évidemment les écologistes récents, pour qui l’écologie n’est qu’une camelote prétexte à des discours anticapitalistes relookés. Il y a tout un discours de « front uni » qui est hautement révélateur d’une tendance au bric-à-brac masquant avec difficulté une incapacité à combiner le fait d’être de gauche et d’être écologiste (ou encore vegan, ou les deux).

L’un des exemples les plus marquants, c’est la revue en ligne Reporterre, qui a été littéralement incapable d’analyser la crise suivant un point de vue autre que anti-État. Le discours zadiste assumé (avec également une bande dessinée réussie mais caricaturale) témoigne d’une indigence intellectuelle concernant les points les plus fondamentaux de l’écologie.

Il y a heureusement des initiatives cohérentes, car portées de véritables réflexions. Il va de soi que ces réflexions ne datent pas d’une semaine, ni même d’un an ; elles représentent un véritable travail de fond, obscur alors, mais qui apparaît en pleine lumière.

L’Analyse politique de la pandémie de Covid-19 de Génération écologie est ici exemplaire, il est d’un très haut niveau et il cogne extrêmement fort. Il est parlé de rupture historique et il est appelé à une véritable révolution intellectuelle. Tout se résume d’ailleurs lorsqu’il est expliqué que :

« La pandémie n’est donc pas un perturbateur « extérieur » à notre monde, mais le produit d’une époque, l’Anthropocène »

On reconnaît là l’approche globale, systémique, planétaire, qui cherche à mettre les choses en perspective. C’est un positionnement qu’on a déjà pu voir dans le document du PCF(mlm), La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) : un produit du mode de production capitaliste. Dans les deux cas, on a une lecture catastrophiste – ou réaliste, ou les deux -, avec l’idée que tout le monde doit changer de mode de vie et que c’est cela, une révolution. Il va de soi que cela change justement de ceux qui disent que tout est la faute des gens au pouvoir et qui s’arrêtent à cela.

On a quelque chose de moins puissant, de moins nouveau, mais inversement de particulièrement ancré dans la culture de la seconde gauche des années 1970 avec les propos de Guillaume Balas, de Génération-s. Dans L’Humanité, il reprend le discours qui fut celui du PSU et plus particulièrement d’un de ses prolongements politiques, l’AREV (l’Alternative Rouge et Verte). L’AREV disposait d’une vraie capacité d’initiative au début des années 1990, mais n’est pas parvenu à réaliser une synthèse écologiste de gauche.

Guillaume Balas reprend ce discours « post-capitaliste » :

« C’est l’ensemble des sociétés humaines telles qu’elles fonctionnent qui doit être remis en cause. Une phase de l’histoire de la mondialisation s’achève. On ne peut plus continuer avec des interconnexions sans contrôle, ni avec un modèle qui étend sans cesse les activités humaines sans respecter les territoires naturels.

Mais, nous ne pouvons pas rompre avec le productivisme sans remettre en cause la doctrine néolibérale du libre-échange absolu, voire le modèle capitaliste et son exaltation de la propriété privée comme valeur première.

Il nous faut réfléchir à des sociétés postcapitalistes à la fois démocratiques – face à la tentation de l’autoritarisme et du nationalisme –, écologiques, et avec une nouvelle forme de répartition des richesses et de la protection sociale. »

Julien Bayou, le secrétaire national d’EELV, tient un discours tout à fait similaire, le contenu en moins. On a pareillement un appel à changer tout de fond en comble, mais il n’est pas dit comment.

« La pandémie en cours nous appelle à reconstruire l’ordre du monde. Ni plus ni moins. L’enjeu, pour les écologistes, est immense.

Il s’agit de démontrer que le coronavirus n’est pas qu’une crise sanitaire, mais qu’il est le nom du dérèglement du monde. Le coronavirus démontre de manière paradigmatique l’ampleur des transformations que nous allons devoir engager pour faire face au réchauffement climatique. Il nous faut réinventer nos valeurs, modifier nos priorités (…).

Nous devrons proposer un imaginaire post-crise qui ouvre d’autres solutions que le dogme de la croissance, que la priorité donnée au court terme sur le long terme, que l’obsession pour la rentabilité. »

Il y a tout en cas deux positions qu’on peut cerner ici. Une logique post-crise, ou post-capitaliste, en tout cas « post », avec EELV et Génération-s. Et un appel au dépassement de toute une époque avec Génération Écologie et le PCF(mlm). Au-delà des différences, on a en tout cas bien quelque chose qui sonne authentiquement comme étant du 21e siècle.

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Communiqué du collectif «Zone Humide Sallanches» en Haute-Savoie

Entre septembre 2017 et mars 2019, un collectif a lutté contre la destruction d’une zone humide par un projet de centre commercial à Sallanches en Haute-Savoie. Nous en avions déjà parlé ici. À l’occasion de la 39e journée mondiale des zones humides initiée par la conférence de Ramsar en Iran en 1971, ce collectif a publié un communiqué très intéressant de part l’arrière-plan qu’il sous-tend.
Ce communiqué est à la fois très concret, abordable, et en même temps d’une grande radicalité, nécessaire face à la catastrophe écologique en cours. En effet, cette zone humide est une énième passée sous le rouleau compresseur du capitalisme, puisque le centre commercial va être inauguré dans quelques mois.
Voici le communiqué :

« Journée Mondiale des Zones Humides 2020 : retour sur l’année écoulée

Ce dimanche 2 février 2020 se déroule la 39ème journée mondiale des zones humides (JMZH). Cette journée est dédiée à la découverte des zones humides afin de mieux comprendre leurs fonctionnements et leurs utilités essentielles dans le cycle de l’eau et au sein d’écosystèmes fragiles, donc précieux. Cet événement est l’occasion pour nous de revenir sur ce qu’il s’est passé durant cette année.

Depuis la Journée Mondiale des Zones Humides de 2019 que nous avons célébré par un rassemblement et le déploiement d’une banderole sur la zone de la Paccoterie, les travaux ont connu une avancée plus que significative. Les différents rassemblements populaires et les différentes actions n’ont malheureusement pas suffit à enrayer de manière décisive le projet.

Cela nous montre que la reconnaissance de la Nature ne suffit pas à la protéger. Depuis la conférence de Ramsar en Iran en 1971 amenant à la reconnaissance des zones humides comme bien commun avec une journée leur étant dédiée, jamais autant de zones humides n’ont été détruites dans le monde, et particulièrement en France.

L’Etat montre ici son incapacité à agir de manière forte : les zones humides jusque là protégées deviennent destructibles sous condition de compensation, au moment même où les scientifiques disent que chaque jours compte dans la lutte mondiale contre l’écocide.

Grace à l’arsenal législatif mis au point par l’Etat, les préfets et les maires ne se privent pas pour mettre en place toute sorte de projets plus fous les uns que les autres sur des zones humides ; centre commercial, centre de vacances, centre de loisir… C’est une défaillance à tous les étages.

Le résultat est là : l’immonde centre commercial « The Snow » est bien avancé. Cela fait plusieurs mois que les entreprises de BTP s’acharnent à terrasser la zone humide, à se battre par tous les moyens possibles contre l’eau ; des mois que quiconque a un minimum de sensibilité a le cœur déchiré en passant devant la Paccoterie.

Mais tout cela est si peu face aux dizaines ou peut être même aux centaines d’espèces d’animaux qui ont dû fuir leur habitat pour échapper aux travaux. Des milliers de petits animaux du sol ont certainement péri. Les grenouilles, symbole de notre résistance, ont dû trouver de nouveaux endroits où pondre.

Malgré tout ce désastre, nous restons optimiste pour l’avenir. Nous n’avons pas pu empêcher cette zone humide de se faire détruire mais nous ou les générations futures pourront, devront la délivrer du béton qui l’enserre. Et d’ici là, œuvrons pour que les mots de Martha Rojas Urrego la secrétaire générale à la convention des zones humides ne soient pas vains : « Plus aucune Zone Humide ne doit disparaître » !

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ASPAS: «SI PRÈS DU BUT!» pour le rachat de 500 hectares de nature sauvage dans le Vercors

L’ASPAS – Association pour la protection des animaux sauvages, a un projet de grand envergure dans le Vercors consistant en le rachat d’un territoire de 500 hectares pour constituer une nouvelle Réserve de Vie Sauvage®. Le budget total de 950 000 € est en grande partie financé, mais il manque encore 17 % de la somme à récolter avant le 30 novembre 2019.

Voici le récent communiqué de l’ASPAS appelant à un dernier élan afin de concrétiser le projet :

« SI PRÈS DU BUT !

Vous êtes très nombreux à nous soutenir dans cette aventure unique, et nous sommes très très touchés par ce vaste élan de solidarité. Mais une aventure ne serait pas une aventure sans quelques rebondissements ! Et quand un des mécènes principaux annonce devoir se retirer (pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la pertinence du projet), notre souffle est un peu coupé… mais pas éteint pour autant !

De plus, la date limite pour recueillir les fonds doit être avancée d’un mois (pour remplir les formalités administratives).

Nous avons donc avancé la date de fin de la collecte au 30/11/2019 et rehaussé le seuil à atteindre : 955 000€.

Le projet a encore besoin d’un coup de pouce pour se CONCRÉTISER.

Merci pour votre soutien !

Budget total : 2 350 000 €
Collecte HelloAsso : 777 648 €
Collecte HelloAsso des éco-influenceurs (collecte terminée le 19/09/19) : 15 777 €
Autres dons perçus (Hors HelloAsso) : 483 181 €
Promesse de dons : 900 000 €
Reste à financer à ce jour :  173 394 €

Merci à France 2 pour la diffusion de ce reportage au JT du 04 octobre dernier qui a permis de nouveau une belle mobilisation citoyenne. Merci ! 🍃🐾 »

> Voici la page sur laquelle faire un don : helloasso.com/associations/aspas-association-pour-la-protection-des-animaux-sauvages/collectes/vercors-vie-sauvage/

Voici une vidéo présentant la situation :

Une brochure présentant de manière détaillée le projet est également disponible ici : Présentation Vercors Vie Sauvage

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Brétignolles-sur-mer: communiqué commun d’EELV, du PCF du PS sur la situation du projet de port

EELV, le PCF et le PS signent un communiqué commun. Il appellent au rassemblement citoyen de ce samedi 19 octobre à la Roche-sur-Yon en Vendée contre le projet de port de plaisance à Brétignolles-sur-mer.

> Lire également : Littoral : un projet de port de plaisance contesté à Bretignolles-sur-Mer en Vendée

« Face au début des travaux sur le site de la Normandelière à Brétignolles, une vaste contestation s’est mise en place. Des citoyens et citoyennes ont découvert un site « massacré » pour réaliser un futur port. Depuis la contestation se poursuit de façon pacifique dans le respect du droit.

Cette contestation vient souligner l’exigence des populations et des associations d’être entendues (les avis contre ce projet n’ont pas été assez pris en compte lors de l’enquête publique)

L’addition de signatures d’élus(es), certes respectables, ne suffit pas pour valider un projet.

Sans renier la légitimité des élus(es), nous rappelons qu’ils et elles ont aussi la charge d’anticiper l’avenir de nos territoires et de les protéger au regard du dérèglement climatique

Nul ne peut ignorer que le trait de côte est menacé partout dans le monde et donc, en particulier, à Brétignolles sur mer en Vendée. Comment peut-on après les derniers rapports de GIEC, soutenir un tel projet ?

Nous, partis politiques appelons la Ministre de la transition écologique à faire stopper ce projet destructeur qui doit être définitivement abandonné.

Une alternative existe pour ce territoire fort de nombreux atouts environnementaux et humains. Dans ce sens, et afin de sortir de l’impasse actuelle, il faut reprendre les échanges et écouter les citoyennes et les citoyens mais aussi les associations qui ont des propositions à faire

L’intérêt général, la sécurité des populations imposent la préservation du trait de côte et donc celle des zones fragiles et de la biodiversité qui en dépendent.

Claudine GOICHON  EELV 85 
Stéphane IBARRA  PS 
Marie –Françoise MICHENEAU PCF

Restons mobilisés #balancetonport ACT2 : rassemblement citoyen pour protester contre la déclaration d’Utilité Publique signée par Mr le Préfet.

NON à ce projet  destructeur, non-sens écologique, et qui fait fi des réserves émises par les commissaires enquêteurs  des 2 enquêtes publiques du port et du PLU de Brétignolles. Les travaux compensatoires ont démarré avant même le résultat des recours posés en justice…

Soyons nombreux le samedi 19 octobre à 15h place Napoléon à la Roche-sur-Yon. »

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Robin des Bois: «Un comité de transparence ou un comité de défense de Lubrizol ?»

L’association de défense de l’environnement Robin des bois a produit plusieurs communiqués à propos de l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen. C’est à chaque fois un point de vue techniques et documenté, servant le débat démocratique.

L’association qui existe depuis 1985 regroupe de nombreuses personnes ayant des connaissances très précises sur les questions environnementales, notamment en ce qui concerne l’eau. Elle avait participé avec succès au fameux procès de la marée noire de l’Erika.

Son premier communiqué à propos de l’incendie de Rouen rappelait la situation de l’usine Lubrizol avant l’accident, parlant ensuite de « marée noire atmosphérique», tandis que le communiqué numéro 4 pointait le caractère pour le moins opaque des stockages à Normandie logistique (située à proximité immédiate de Lubrizol) et donc son absence de surveillance.

D’après le communiqué :

« le stockage occulte de matières inflammables chez Normandie Logistique en quantités très importantes a posé un problème majeur aux pompiers et a failli propager l’incendie dans le site de Triadis lui-même assujetti à la directive Seveso (seuil bas) et à un poste de transformation haute tension EDF »

Il a depuis été révélé que 4250 tonnes de produits ont brûlé chez Normandie Logistique, portant à 9 505 tonnes la quantité de produits brûlés le 26 septembre.

L’association met aussi régulièrement à jour une page regroupant les principales informations sur la catastrophe industrielle de Rouen. C’est un travail très important qui doit être largement connu et être utile à la population : Comptoir d’informations Lubrizol.

Voici le communiqué numéro 6 de l’association Robin des bois, dénonçant les divers services de l’État semblant aller dans le sens de Lubrizol, plutôt que de la transparence démocratique :

« Un comité de transparence ou un comité de défense de Lubrizol ?

Communiqué Lubrizol n°6

En assimilant avec insistance les retombées au sol du panache de l’incendie au bruit de fond de la pollution historique et chronique, les divers services de l’État et en premier lieu la DREAL se font les avocats de la multinationale Lubrizol. Le représentant de l’industriel présent à la réunion d’installation de ce comité a bu du petit lait en entendant 15 jours après le jour J le préfet de Seine-Maritime et le directeur de la DREAL assurer avec constance qu’aucun pic significatif de pollution n’était attribuable à la catastrophe. Même l’inventaire de la mortalité des anguilles et des goélands argentés est flouté.

Dans le cours des échanges, le directeur de l’ANSES – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – a mis en avant l’insuffisance des prélèvements de contrôle. Il a indiqué que les éléments partiels ne montrent pas à ce jour de dépassement des seuils en dioxines et que les experts de l’ANSES travaillent pour rendre rapidement un premier avis prévu mardi 15 ou mercredi 16 octobre. Le ministre de l’Agriculture, sous la pression de députés et de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles, s’est emparé de ces informations préliminaires et circonspectes pour annoncer en conférence de presse à l’issue de la réunion une reprise de la commercialisation du lait dans la soirée du vendredi 11 octobre. Le préfet de Seine-Maritime a résisté aux pressions. Il attend la décision formelle des ministères de l’Agriculture, de la Santé et de l’Écologie prise sur la base du futur avis de l’ANSES.

A la fin des débats, Mme Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, a eu des mots de vérité en confirmant que la circulaire relative à la gestion des impacts environnementaux et sanitaires d’évènements d’origine technologique en situation post-accidentelle de 2012 sera entièrement appliquée et en émettant des doutes sur la validité du Plan de prévention des risques technologiques -PPRT- autour de l’entreprise Lubrizol. Le fait que Normandie Logistique et surtout la quantification et la caractérisation des familles de produits stockés dans ses entrepôts n’aient pas été pris en compte constitue la principale défaillance du PPRT.

L’Agence de l’Eau Seine-Normandie se mobilise pour faire des prélèvements des sédiments de la Seine jusque dans l’estuaire. Le bassin versant nord du fleuve concerné par les retombées du panache sera également étudié. Les poissons, les algues et les crustacés feront aussi l’objet d’un suivi en recherchant la signature spécifique de l’incendie de Lubrizol et notamment le zinc. Il n’est pas exclu qu’un comptage des fibres d’amiante dans la colonne d’eau soit diligenté. Des recherches similaires vont être réalisées par l’Agence de l’eau Artois-Picardie.

Robin des Bois souhaite par ailleurs que dans les meilleurs délais le Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques soit saisi par le ministère de l’Écologie pour qu’il rende un avis sur les mesures à prendre pour améliorer les PPRT et les modalités d’information des populations en phase préventive et en phase d’urgence. »

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Écologie

Extinction Rebellion à Paris ou le retour masqué de «Nuit debout»

Le mouvement Extinction Rebellion a mené des initiatives à Paris, en faveur du climat. Le souci est que ce mouvement est né par en-haut, profitant de centaines de milliers de dollars de dons par de riches mécènes, tout en proposant une lutte en version prêt à porter. Il est vrai que la branche française a une démarche tout à fait différente, strictement équivalente à Nuit debout. Cela change-t-il fondamentalement la substance de la démarche ?

« Un blocage de la place du #Chatelet, du quai de la Megisserie et du pont au Change, avec orchestre live, une disco, des ateliers artistiques, des formations, du yoga, des cuisines collectives, un voilier, des abris pour se protéger de la pluie et un vrai village de tentes ! »

Un tel discours d’Extinction Rebellion en dit long sur la nature de sa « rébellion ». C’est le plan squat du samedi soir du jeune de centre-ville élevé au pinacle de l’interventionnisme politique.

Que le programme d’action prévoit également le nettoyage d’un camp de migrants et on aura tout compris : l’écologie n’est qu’un moyen de recyclage pour les débris de l’esprit Nuit Debout et de ses avatars zadistes ou gilets jaunes.

Dans tous les cas, il y a la même mentalité, qui consiste à dire à la fois à l’État : « fous-nous totalement la paix » et en même temps « fais tout pour nous ». Dans tous les cas, la prédominance du style petit-bourgeois est outrancier et tout est fait par conséquent pour réduire le capitalisme à une oppression virtuelle, pour ne jamais parler ni des ouvriers, ni de la bourgeoisie, ni de l’exploitation.

La conséquence en est le refus de chercher à mobiliser le peuple. Le mouvement Extinction Rebellion assume la grande thèse populiste, qui veut qu’un changement social profond se déroule lorsque 3,5 % de la population s’y implique. Cette thèse anti-démocratique a d’autant plus de succès dans notre pays que les syndicalistes révolutionnaires, il y a un siècle disaient déjà cela.

Enfin, on admettra que les syndicalistes révolutionnaires avaient au moins le mérite de chercher la confrontation avec le capitalisme et ne réduisaient pas la lutte à une sorte de style mi-clown mi-revendicatif.

On pourra toujours prétendre que c’est un premier pas, un engagement. Mais un premier pas à quoi et pourquoi un engagement serait-il forcément positif ? Qui peut croire d’ailleurs que cette révolte scénarisée apportera quoi que ce soit, par exemple, au véganisme ou à la condition animale en général ?

Car s’il est un thème qui ne pardonne pas sur le plan du contenu, c’est bien l’écologie. Et là il n’y a pas de contenu, juste des gens pleurant sur leur avenir, sur le fait qu’ils vont vivre moins bien. C’est la même chose sur ce plan que les gilets jaunes, cela est très clair, c’est une révolte de l’amertume.

L’amertume a bien sûr sa dignité… si on en fait pas un fétiche. Mais là c’est plus qu’un fétiche, c’est du jeu, les gens s’amusent. Le décalage entre leur jeu et leur affirmation que le monde s’effondre est particulièrement frappant. Et glaçant.

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Politique

Jeunes écologistes : « faisons notre (r)Entrée en politique ! »

Voici le document de rentrée des Jeunes écologistes, qui appellent à investir le champs de la politique en portant une écologie de rupture et de transformation. Si le texte ne se revendique pas directement de la Gauche, il est dans sa forme et son contenu très proche d’une démarche de gauche et va forcément dans le même sens qu’un Front populaire porté par la Gauche, ici sur la question essentielle de l’écologie. Pas de « grand soir » donc, mais un ligne ferme et assumée pour investir les lieux de pouvoirs actuels contre «l’hyper-capitalisme» et sans céder aux « néo-ruraux ou bobos ».

« Jeunes Écologistes : faisons notre (r)Entrée en politique !

Quelques jours après une Marche Climat marquée par la confrontation de stratégies plurielles, une semaine avant le lancement de la Rebellion Internationale d’Octobre d’Extinction Rebellion, quelques mois avant l’échéance des municipales, les Jeunes Écologistes lancent leur campagne de rentrée avec le slogan « Jeunes Écologistes : faisons notre (r)Entrée en politique ! ».

Notre message est le suivant : il y a urgence à agir, il y a urgence à affirmer une ligne politique radicale porteuse d’une écologie de rupture et de transformation. Nous n’avons pas le temps d’espérer ou d’attendre un « grand soir » qui verrait l’écroulement de nos institutions suite à une insurrection révolutionnaire, il faut dès maintenant nous préparer partout où nous le pouvons, ménager partout où l’on peut des espaces de convivialité, retisser partout les liens et les attaches que l’hyper-capitalisme détruit en les marchandisant, réinventer et concrétiser des imaginaires et des utopies qui dépassent le carcan consumériste et individualiste…

Il nous faut, partout où nous le pouvons, réparer le monde, et combattre l’inaction et l’indifférence. Néanmoins nous ne pouvons nous permettre de nous contenter d’une restauration à la marge. Il faut affirmer que cette révolution a vocation à devenir la nouvelle norme, qu’elle est souhaitable, enviable, crédible, sérieuse, qu’elle n’est pas le doux rêve de quelques néo-ruraux ou bobos mais un projet de société qui inclut tout le monde et justement recrée les conditions (aujourd’hui perdues) d’un commun social : en bref, il faut revendiquer le fait que cette révolution est une politique.

Nos institutions, aussi critiquables soient-elles, peuvent et doivent aussi devenir des espaces de lutte, dans lesquels nous devons prendre place. S’y prennent aujourd’hui les décisions qui détermineront si oui ou non demain nous pourrons vivre dans un monde viable et enviable ; nous ne pouvons donc les rejeter en bloc en arguant de leurs dysfonctionnements. S’y prennent aujourd’hui, quotidiennement, les décisions qui déterminent déjà notre destin, nous ne pouvons regarder et laisser faire. Si nous, écologistes, humanistes n’y prenons pas place, d’autres le feront avec joie et perpétueront voire aggraveront la destruction du vivant et l’annihilation de la dimension collective et solidaire de l’humanité qui est en cours.

Nous affirmons la complémentarité des modes et des stratégies de luttes : nous avons besoin que la société civile maintienne une pression extrêmement forte sur les institutions car ces dernières par essence conservent et protègent une norme qui aujourd’hui nous mène au mur ; nous avons besoin que les actions de désobéissance civile se multiplient et se massifient pour démontrer l’inanité de ces normes et continuer à marteler l’urgence.

Mais nous avons aussi besoin d’une force politique structurée et forte qui puisse traduire et décliner l’exigence d’action en mesures politiques concrètes, et qui puisse faire barrage dans les institutions au statu quo libéral « raisonnable » dont voudraient se satisfaire certain.e.s, et aux idées nauséabondes qui voudraient .

A l’heure où nous faisons face à de telles menaces, il nous faut nous emparer du levier institutionnel, ne serait-ce que pour résister, contredire, au moins empêcher, « limiter la casse », « sauver les meubles ». Lorsque ces meubles et cette casse concernent des vies et les bases de notre vie en commun, l’objectif n’est pas si dérisoire.

Néanmoins il se peut que nous puissions espérer mieux : de multiples exemples nous montrent qu’accompagnée d’une mobilisation sociale forte et lucide, des forces politiques ont pu non seulement résister et faire barrage, mais aussi construire. De multiples exemples de communes où des politiques imaginatives et surtout guidées par la sensation de l’urgence ont été mises en œuvre font la démonstration qu’il est possible dès aujourd’hui de commencer à élaborer le monde de demain, ou du moins de préparer le monde qui vient -ce monde qui risque d’être considérablement moins clément et face auquel des politiques de résilience doivent être construites.

Les municipales nous offrent donc une occasion à la fois de faire barrage à la lame de fond destructrice et de proposer concrètement d’autres manières de faire monde collectivement, ou du moins d’autres mots et d’autres langages à apposer sur une réalité en crise. Il est possible de faire de la résistance et de la désobéissance depuis l’intérieur des institutions également : les maires ayant publié un arrêté anti-pesticides n’ont pas fait autre chose. Il faut porter partout cette radicalité et cette intransigeance, et elle est le plus pertinente et la plus efficace là où elle peut de manière très directe être en prise et en confrontation avec la norme, et espérer ainsi la transformer.

Nous continuerons à alerter, à dénoncer, à manifester, à désobéir, et de manière synchrone et complémentaire, nous contribuerons donc à une vague verte en mars 2020. Nous n’avons pas le luxe ni le temps de rejeter ou nier la dimension profondément politique du combat écologiste, ni de rejeter ou nier le volet institutionnel de la politique.

« Là où croit le péril croît aussi ce qui sauve », Holderlin. »

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Écologie

Enfin, il pleut ! (Mais pas assez)

Il pleut depuis quelques jours sur une grande partie de la France. C’est une bonne nouvelle et on espère que les pluies vont persister, car le pays connaît une situation de sécheresse extrêmement préoccupante pour les nappes phréatiques.

Enfin, il pleut ! Mais cela n’est pas encore suffisant. Un département comme l’Indre-et-Loire a connu avant cette semaine près de 80 jours sans précipitations significatives (plus de 1 mm par jour). Il n’avait pas plu à Paris depuis le 18 août 2018, ce qui fait une longue période de plus d’un mois, faisant suite à une autre longue période sans précipitation entre le 21 juin et le 17 juillet 2019.

Le pays connaît une situation de sécheresse météorologique, aggravée par un pic de chaleur début septembre, alors que le mois de juillet a été le plus chaud jamais mesuré. La plupart des départements ont mis en place des restrictions d’eau. Sur le site gouvernemental Propluvia, qui recense les arrêtés de restrictions d’eau, on dénombre une quarantaine de départements connaissant une situation de crise pour les nappes phréatiques.

Voici ce que signifie une situation de crise :

« Arrêt des prélèvements non prioritaires y compris des prélèvements à des fins agricoles. Seuls les prélèvements permettant d’assurer l’exercice des usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité) »

Voici la carte, pour le moins impressionnante (26 septembre 2019) :

(Le rouge signifie crise, le orange signifie alerte renforcée, le jaune signifie alerte et le gris signifie vigilance)

Les habitants de ces départements ne connaissent en général pas ces restrictions en cours et continuent leurs prélèvements habituels. Il y a là une terrible défaillance de la part des autorités, qui négligent dangereusement le problème alors que l’eau potable représente 25 % de la consommation (même si cette consommation ne vient pas forcément des nappes phréatiques). Seuls les entreprises et les agriculteurs sont au fait de ces restrictions, car ils sont les plus directement concernés.

La situation devrait néanmoins intéresser tout le monde, car c’est de la biosphère qu’il s’agit et pas seulement du business agro-industriel très gourmand en eau. Cela d’autant plus que le réchauffement climatique produit par les activités humaines est en cause.

La sécheresse actuelle est d’autant plus prononcée que l’automne et l’hiver derniers avaient connu un déficit pluviométrique, que les pluies du printemps 2019 n’ont pas permis de compenser. D’après les données communiquées par la presse récemment, 73% des nappes phréatiques ont actuellement un niveau inférieur à la normale.

La situation des nappes phréatiques est particulièrement préoccupante dans les régions du nord-est et du centre-est, avec parfois des niveaux « peu satisfaisants, bas à très bas » dans le sud de l’Alsace, la Bourgogne, l’Auvergne-Rhône-Alpes ou le sud de Centre-Val-de-Loire. Seules les nappes phréatiques de la Corse, du sud de la Vendée et du bassin de l’Adour ont des niveaux qui ne sont pas bas ou modérément bas.

S’il faut donc se réjouir du fait qu’il pleuve actuellement sur une grande partie du pays, cela est loin d’être suffisant. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a expliqué à la presse que ces pluies seront certainement captées par la végétation, car très fines. À moins qu’elles ne proviennent d’orages, donc localisées et intenses, ce qui est favorable au ruissellement plutôt qu’à l’infiltration jusqu’aux nappes.

Les prévisions sont donc mauvaises, il est considéré que la baisse du niveau des nappes devrait se poursuivre. Celles-ci sont pourtant primordiales, non-seulement comme réserves d’eau, mais aussi parce qu’elles ne sont pas isolées du cycle de l’eau et qu’elles communiquent avec les milieux aquatiques de surface, formant des interactions indispensables à la biosphère dans son ensemble.

Voici une petite vidéo montrant le fonctionnement des nappes phréatiques :

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Écologie

Greta Thunberg ne fait pas le poids

On touche aux limites d’une mise en scène infantile avec Greta Thunberg, où la cause climatique a été transformée en molles protestations adolescentes contre « la fin du monde ». Des limites qui tiennent à une écologie qui prétend qu’il faut moins produire, alors qu’en réalité il faut davantage produire.

Nous vivons dans un monde « fini » où la croissance infinie est impossible : tel est le leitmotiv larmoyant de couches sociales aisées profitant du système capitaliste et craignant que les grandes entreprises amènent le tout à s’effondrer.

C’est un discours régressif, prônant le retour en arrière. Il va du discours anti-science des religions au discours anti-productiviste des zadistes, anarchistes et fascistes se faisant concurrence pour se présenter comme les meilleurs représentants d’une petite production censée être à la fois saine, raisonnable et équilibrée, adaptée aux besoins du monde.

Greta Thunberg se rapproche de plus en plus de ce discours, car il faut bien qu’elle dise quelque chose. Elle était à New York au sommet de l’ONU durant lequel elle a parlé à Angela Merkel et regardé méchamment Donald Trump, tout en tenant un discours comme quoi elle devrait être à l’école de l’autre côté de l’océan au lieu d’avoir à exiger que les adultes se bougent.

Elle a protesté contre la croissance économique, qui serait la grande folie des adultes et qui priverait les jeunes d’un avenir plein de certitudes agréables.

C’est là à la fois vain et contradictoire. Vain, car ce n’est pas le théâtre qui change le monde. Greta Thunberg risque ici de payer humainement le pétrin dans lequel l’ont mis des adultes irresponsables, ses parents en premier. Si elle croit vraiment qu’elle joue un véritable rôle historique, la désillusion ne va en être que plus grande. C’est inhumain.

Contradictoire, car la situation actuelle, dans ses aspects positifs et négatifs, est issu de la production, de son élargissement, d’une croissance économique impliquant davantage de moyens, davantage de culture, davantage d’envergure. Critiquer le capitalisme alors qu’on en est le produit, cela n’a pas de sens.

Ce qu’il faut dire, en réalité, c’est qu’il faut aller de l’avant, et non pas ralentir l’économie ou aller dans le passé. Il faut davantage de centralisation, de monopoles, de grandes entreprises, avec encore plus de moyens. Et tout cela doit appartenir au peuple, qui doit également gérer l’ensemble, en dirigeant le tout dans une bonne direction.

Nous avons besoin de bien plus de production, par exemple de Canadair pour éteindre les feux de forêt en Amazonie, de drones avec des missiles pour anéantir les braconniers en Afrique, de robots pour aller coloniser l’espace et permettre la diffusion de la vie, de plus de mécanisation, de robotisation pour que le travail devienne plus aisé, plus productif, qu’on se débarrasse de tous ses éléments aliénants et oppressants.

Tout cela, c’est la Gauche qui l’a historiquement affirmé, c’est le drapeau rouge de l’utopie. Greta Thunberg s’imagine bien au-delà de tout cela. Venant d’un milieu aisé et étant autiste, elle n’a pas de mise en perspective concrète de la réalité, elle vit dans l’idéalisme.

Cela en fait quelqu’un de sympathique. Mais pourquoi sympathiser avec telle suédoise végane et pas une autre ? Cela fait trente ans que la Suède produit de telles adolescentes, conscientes et engagées, il est vrai dans un cadre alternatif, à l’opposé de Greta Thunberg. C’est pour cela qu’elle passe très bien dans les médias : avec elle on sait à quoi s’attendre. Le cadre est posé, on en sortira pas.

Elle ne fait donc pas le poids. À moins de croire en les « grands Hommes » et en les génies – ce qui est antidémocratique, antipopulaire, il n’y a aucune raison de dire que l’activité de Greta Thunberg est juste, elle qui n’a ni idées, ni solution, ni théorie, ni vision du monde.

Elle n’empêche pas les choses de tourner en rond, car derrière le battage médiatique, tout continue comme avant. C’est en ce sens que cela risque d’être dramatique pour cette adolescente : lorsqu’elle s’apercevra que tout ce qu’elle a fait est vanité, le choc n’en saura que plus dur.

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Écologie

Littoral : un projet de port de plaisance contesté à Bretignolles-sur-Mer en Vendée

Un projet de port de plaisance sur la commune de Bretignolles-sur-Mer en Vendée fait face à une mobilisation écologiste depuis de nombreuses années. Une manifestation est prévue dimanche 6 octobre 2019 pour s’opposer au début des travaux.

Dans les grands projets d’urbanisation, les dossiers traînent souvent dans les tiroirs des tribunaux jusqu’à leur dénouement final. À Bretignolles-sur-Mer, une petite ville d’un peu plus 4 000 habitants, le projet de construction d’un port de plaisance existe depuis 1990. Il doit bientôt être lancée, malgré une opposition populaire locale qui dénonce l’atteinte écologique à un site remarquable.

À la tête de la mairie depuis 2001, Christophe Chabot, ancien chef d’entreprise « divers droite », est le principal défenseur et artisan de ce port de plaisance. Il est censé voir le jour sur une zone de plus de 80 hectares autour de la place de la Normandelière.

Pour une somme de 43 millions d’euros avec 915 places de port prévues, ce projet d’aménagement portuaire s’attaque frontalement aux politiques nationales et européennes de protection littorale qui sont de préserver de manière absolue le caractère naturel des côtes dunaires.

En effet, le port doit déchirer le cordon dunaire en deux pour enfoncer un chenal à plus de 600 mètres dans les terres. Les dunes de sables sont pourtant des écosystèmes extrêmement fragiles qui sont déjà, bien malheureusement, dégradées par la fréquentation touristique et des tempêtes d’hivers toujours plus intenses (notamment avec la hausse du niveau des océans). À ce titre, remarquons également que l’entrée du port serait prisonnière de deux barres rocheuses avec de puissantes déferlantes, rendant périlleuse l’arrivée jusqu’au chenal.

Ce n’est pas tout puisque ces mêmes terres abritent le « marais girard », reconnu comme abritant une vaste zone humide de plus de 14 hectares , de la même manière qu’une ancienne carrière s’est reconverti avec le temps en un bassin de 340 000 m³ d’eau douce, lui-aussi menacé de destruction.

Classée Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type II, la plage de la Normandelière est, comme le souligne l’association de « veille citoyenne et écologique » La Vigie, un site des plus remarquables. On comprend qu’il y a là tout un écosystème en inter-action entre terre, mer et espaces humides, dont la fragilité et la nécessité de le protéger n’est plus à prouver.

Alors, que rétorque le maire Christophe Chabot pour défendre son projet ? Avec cynisme et pragmatisme, il affirme :

« cette dune n’a aucun statuts, pas de valeurs, alors, oui, on va la couper » (Le Canard enchaîné).

Parlant du bassin d’eau douce, des plus précieux dans le contexte de sécheresse durable qui touche les Pays-de-la-Loire, il affirme :

« elle en sert à rien. On va la vidanger, la boucher, avec des terres de déblaiement et en faire un endroit extraordinaire » (Le Canard enchaîné). 

Malgré le soutien populaire de l’association de défense de la Normandelière, le projet a été signé par le préfet au mois de juillet après qu’une enquête publique 2 608 avis favorables contre 2 589 défavorables. Le relevé de l’enquête publique laisse apparaître que 88 % des avis favorable sont « peu argumentés » alors que 70 % des avis défavorables sont relevés comme argumentés, voir très argumentés.

La Vigie dénonce ainsi, à juste titre, un tour de force anti-démocratique, anti-populaire, alors que plusieurs mobilisations se sont succédé depuis plusieurs années, avec plus d’une centaine de personnes début mai et encore 300 personnes début août.

Ainsi, l’association appelle, en lien avec d’autres associations écologistes, à un grand rassemblement le dimanche 6 octobre 2019. Cette mobilisation s’annonce comme un moment clef d’une lutte, alors que « le passage en force des prédateurs sera un défi qui engage le combat politique sur le terrain ».

> Retrouvez plus d’infos et un dossier complet sur : la-vigie.org

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Écologie

«Marche pour le climat», le début d’une prise de conscience planétaire

Ces derniers mois, on a beaucoup parlé du dérèglement climatique et de grands espoirs étaient placés dans la « Marche pour le climat » du 21 septembre 2019. La désillusion n’en est que plus grande : toute la France était au courant, mais les manifestants n’étaient finalement que peu nombreux, avec qui plus est une ambiance délétère provoquée par l’ultra-gauche et les gilets jaunes . Cependant, il reste l’essentiel, le tout début d’une prise de conscience planétaire.

Une manifestation, c’est toujours avant tout des chiffres et plus on est dans une cause que tout un chacun peut rejoindre, plus on est en droit d’espérer que ceux-ci soient hauts. C’est d’autant plus vrai que la question climatique a été marquée par une grande prise de conscience dans la jeunesse ces derniers mois.

Cependant, même avec les chiffres des organisateurs, on est dans une initiative classique. 50 000 personnes à Paris, 15 000 à Lyon, quelques milliers à Strasbourg et Grenoble, un peu moins à Rouen, et des cortèges clairsemés à Marseille, Lille, Bordeaux, Metz, Caen, Nancy, Tours, Angers, Bayonne et Caen… Cela ne fait pas lourd.

Cela a, qui plus est, parfois tourné au vinaigre, en raison des « 1 000 individus à risques » comme les appelle la Préfecture de police, c’est-à-dire l’ultra-gauche et les restes des gilets jaunes, en quête éperdue d’un rôle à jouer. Cela a donné des accrochages sur les Champs-Élysées – une vraie obsession, ces Champs-Élysées -, ainsi qu’autour du palais omnisports de Bercy, avec 163 interpellations et une réaction de rejet par les ONG de la marche pour le climat comme Greenpeace.

Tout cela n’est utile à rien, à part aux racoleurs de service, qu’ils soient populistes ou médiatiques.

C’est donc objectivement un échec, mais aussi, de fait, une réussite. En effet, rien que 150 jeunes dans les rues de Metz appelant à s’engager, c’est quelque chose qui bouge, qui commence à bouger.

Dire qu’il y a quelque chose qui se passe serait faux. Il n’est pas bien difficile de voir qu’on est ici dans l’amusement général, dans la posture se voulant engager, dans le bruit et non dans le contenu. L’écologie mise en avant est très virtuelle, très hypothétique, d’autant plus que le dérèglement climatique impose un grand chambardement que personne ne peut faire à son échelle.

Mais il y a un remue-ménage, un changement de culture qui s’opère. Il y a une considération planétaire qui en fait son charme et son intérêt, car n’oublions pas que la marche pour le climat a eu lieu dans de très nombreux pays. Être de Gauche, c’est avant tout, au-delà de la faiblesse ou de la vanité, se réjouir d’une dimension de plus en plus planétaire.

Certains s’imaginent que là n’est pas l’important, qu’il faut transformer les manifestants de la marche pour le climat en « anticapitalistes ». C’est là un vain racolage qui passe à côté de la véritable dynamique en cours : la prise de conscience des destructions de la vie naturelle sur la planète. C’est cela qui émeut les gens.

Bien sûr, toutes ces destructions n’auraient pas lieu sans le capitalisme. Mais les destructions ont un contenu et c’est ce contenu qui est le vecteur de la mobilisation.

Une mobilisation, bien entendu, qui a littéralement 30 ans de retard. Tout ce qui est dit a déjà été dit et même en mieux, il y a 30 ou même 50 ans. Le décalage est encore immense et seule une minorité se met en branle qui plus est. Le processus est toutefois enclenché et il ne s’arrêtera plus.

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Écologie

Des scientifiques français réévaluent les prévisions du réchauffement climatique

Des scientifiques français ont produit de nouveaux modèles de simulation du réchauffement climatique d’ici à 2100. Les différents scénarios envisagés montrent une situation pire que ce qui était estimé auparavant, allant jusqu’à un réchauffement de +7°C dans le cas le plus pessimiste.

Pour rédiger le prochain rapport du GIEC prévu en 2021, des scientifiques de toute la planète doivent participer afin de compiler les informations et procéder à différentes analyses ou super-calculs. En France, ce sont notamment des chercheurs du CEA, de Météo-France et du CNRS qui sont chargés de ce travail. Cela concerne une centaine de personnes, des climatologues, océanographes, glaciologues, spécialistes de l’atmosphère, de la végétation et des sols ou des experts en calcul intensif.

Ces scientifiques ont rendu public cette semaine une partie de leurs travaux. Ceux-ci ont consisté à élaborer des nouveaux modèles pour estimer l’évolution climatique. Ces modèles simulent un réchauffement plus important à l’horizon 2100 que les modèles établis en 2012.

Le chiffre de « +7°C », qui a été largement relayé dans les médias toujours avides de sensationnalisme, ne correspond pas à la situation qu’ils estiment la plus probable. Cela correspond à ce qui pourrait se produire si l’humanité suit le pire scénario envisagé (une croissance économique rapide alimentée par des énergies fossiles). Toutefois, les scénarios de 2012 prévoyaient déjà une augmentation de la température moyenne globale de 5°C à 7°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

Cette nouvelle information n’apporte pas grand-chose en soi, si ce n’est l’hypothèse que la pire des situations pourrait être encore pire que ce que l’on envisageait déjà. La publication de ces travaux confirment cependant une chose : l’humanité n’est toujours pas à la hauteur, elle ne se donne pas les moyens d’évoluer positivement dans son rapport à la planète.

On savait déjà que les accords de Paris destinés à limiter le réchauffement climatique à +2°C étaient bidons, car non contraignants. D’après leurs nouveaux modèles, les scientifiques français montrent maintenant que, même s’ils étaient respectés, ce qui n’est pas du tout le cas, cela ne permettrait pas de rester sous l’objectif des 2°C.

Seul le scénario dit « SSP1 1,9 », qui correspond à des efforts d’atténuation de l’émission de gaz à effet de serre très important, permettrait de rester sous l’objectif de 2°C de réchauffement global à l’horizon 2100, mais avec malgré tout un dépassement temporaire au cours du siècle.

Quand on sait cela, il n’y a aucune raison de ne pas aller dans le sens des efforts d’atténuation les plus drastiques, pour éviter le pire. Aucun gouvernement dans le monde n’envisage pourtant d’assumer une telle position et l’humanité court vers une catastrophe qu’elle décrit elle-même avec de plus en plus de précision. C’est une contradiction intenable, explosive. Alors on se dit qu’il y aura forcément, bientôt, partout dans le monde, une nouvelle génération prête à prendre le problème à bras le corps pour changer réellement les choses.