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5 décembre 2019: une grève à l’esprit irréaliste

Allons donc ! Au lieu de travailleurs dans une lutte des classes, on a des gens revendiquant leurs acquis sur un mode corporatiste, avec quelques anarchistes perdus dans la masse. À croire que le capitalisme ne changera pas dans les 10, 20, 30 ans, qu’une guerre mondiale est impossible, que le réchauffement climatique n’existe pas. L’irréalisme est complet.

La grève du 5 décembre 2019 a été marquée d’une forte mobilisation et n’est qu’un début. Espérons qu’elle se transforme, qu’elle se dépasse. L’esprit qui y prédomine est en effet odieusement oiseux, faiblard et, pire encore, vague. Le flou prédomine pour une ligne de conduite dont la seule orientation est de se raccrocher à 1995.

Faisons comme en 1995 et nous conserverons nos acquis particuliers, tel est ce qui est ressort. Après tout, quel est le sens de la vie ? Avoir un bon salaire, une bonne carrière, une bonne retraite… Acquérir une petite propriété, former un patrimoine, normal quoi ! L’horreur !

Seulement, 2019 n’est pas 1995 et inversement. Qu’en 1995, on pense le capitalisme éternel, la société française entièrement stable, c’est ce que faisait 99 % des gens. Seule une infime minorité, même à l’extrême-Gauche, maintenait la théorie de l’effondrement.

En 2019, par contre, tout est instable. Le réchauffement climatique est désormais une donnée parfaitement intégrée par tout le monde. Rien qu’avec cela rien ne sera plus comme avant. Et de toutes manières, la crise est générale. Le militarisme prend une ampleur toujours plus grande avec en toile de fond l’affrontement sino-américain. Un million de personnes ont manifesté il y a peu au Chili et en Colombie, alors que l’Équateur vient de connaître un changement de régime, que l’Algérie, l’Irak et l’Iran vacillent sous les protestations. Plus d’un tiers des Argentins vit sous le seuil de pauvreté.

Et voilà donc des gens qui disent : ah mais nous ne sommes pas des travailleurs, nous sommes des individus qui travaillons et chacun, ensemble mais séparément, réclame la défense de « ses » acquis comme si le reste du monde n’existait pas. Au point de dire : ah ben il y a les cadres aussi, c’est très bien ! Les cadres ! Cette entité intelligente, mais beauf, cette source de nivellement par les bas !

Si encore, cela a été demandé aux riches, ou à la bourgeoisie, bon… mais non, c’est à l’État que cela est demandé. Et avec un discours misérabiliste servant à masquer qu’on vit en France dans l’un des pays les plus riches du monde. À un moment donné, tout cela devient ignoble. Encore une semaine comme cela et la grève va dans le mur.

La palme de tout cette médiocrité petit-bourgeoise va en tout cas indubitablement à la CGT Ingés Cadres Techs – UGICT, avec des affiches réussies sur la forme, mais d’un contenu même pas navrant, mais pathétique. Étudier, c’est travailler ? Ben non, travailler c’est travailler. Cette prétention de la petite-bourgeoisie diplômée est affolante : c’est à peine s’ils ne disent pas ouvertement que les ouvriers doivent leur payer leurs études. Car ils ne vont pas demander cela aux bourgeois : ils veulent le devenir !

Tout cela est lamentable et on sait à qui on le doit. À l’hégémonie des cadres, d’entreprises comme syndicaux, à une mentalité de beauf, à une fainéantise complète des travailleurs français qui préfèrent voter Le Pen en masse plutôt que d’assumer la transformation de la société.

Que cela soit la faute historique de la Gauche, c’est indéniable. Il n’en reste pas moins que cette médiocrité dominante est une obscénité historique. Il faut les ouvriers pour faire sauter les verrous du conformisme corporatiste !

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CGT: «Réforme des retraites : les syndicats appellent à la grève interprofessionnelle»

Communiqué de la CGT :

« Réforme des retraites : les syndicats appellent à la grève interprofessionnelle

La journée de mobilisation du 5 décembre promet d’être puissante, avec des grèves pas uniquement à la SNCF et à la RATP… La CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL, Unef… appellent à une première journée de grève interprofessionnelle.

Selon l’enquête Elabe du 7 novembre, 64 % des Français approuve la mobilisation du 5 décembre, contre la réforme des retraites. Un signe qui déjoue la manœuvre de l’exécutif qui souhaitait enfermer la contestation dans le seul périmètre des régimes spéciaux.

Certes, dans un climat social de plus en plus pesant, le mouvement s’annonce massif à la SNCF et à la RATP et dans toutes les entreprises des services publics, mais les appels se multiplient dans les entreprises des industries chimiques de la métallurgie, du commerce, etc. Sans oublier les étudiants, dont les organisations s’engagent à construire « un plan d’action contre le projet de réforme de retraites par points et pour gagner un renforcement, une amélioration du système actuel de retraites solidaire et intergénérationnel ».

Dans les unions départementales de la CGT, une vraie construction intersyndicale avec la FSU, Solidaire, FO et les organisations de jeunesse étudiante se met en place. Des syndicats Unsa et CFDT, rares organisations à se montrer favorable au principe d’un système de retraite universel à point, se joignent aux mouvements dans quelques départements.

L’heure est au déploiement général pour aller à la rencontre des salariés dans les entreprises où il n’y a pas d’organisation syndicale. Les sollicitations de leur part se multiplient.

Les questions sont simples : « Comment faire grève ? » Pour y répondre, la CGT a édité un kit spécial.

Une chose est sûre, la mobilisation se structure et s’étend… L’idée qu’améliorer le système des retraites en élevant le niveau des droits passe par une meilleure répartition des richesses gagne du terrain dans les têtes, en même temps que grandit celle que la politique menée par le gouvernement aggrave la situation du plus grand nombre.

Selon le « Portrait social de la France » publié le 19 novembre par l’Insee, les plus aisés ont été les principaux bénéficiaires des mesures fiscales mises en œuvre en 2018.

En attendant, l’exécutif, sous pression, montre des signes de fébrilité… Il multiplie les manœuvres pour tenter de diviser tout en tentant de montrer sa volonté de dialogue. Une simple opération médiatique de plus…

Pas vraiment de quoi dégonfler l’effervescence actuelle autour du 5 décembre…

Le secrétaire de la confédération Belges FGTB apporte le soutien à la CGT

Quelques appels dans les entreprises privées: Cléon (76), Le Mans (72), Lardy (91), Flins (78), Technocentre (78), Douai (59), Arcelor-Mittal, Effia Stationnement, Legrand – Limoge, SMW Automotive Venette, Safran, ADS, TAS, Peugeot, Mecahers, Plastic Omnium Vernon, Trelleborg, ARKEMA MONT, UNILEVER France HPCI, GRL ARKEMA, LACQ/MOUREX ARKEMA, MICHELIN Vannes, MICHELIN Blanzy, BRIDGESTONE Béthune, WEST PHARMA, APTAR STELMI Granville, APTAR STELMI Brecey, JOINT Français, JOINT, Français, CAOUTCHOUC, MICHELIN Joué les Tours, PAULSTRA Ségré, HUTCHINSON, DUNLOP, CAOUTCHOUC, HUTCHINSON, CONTINENTAL, PAULSTRA Vierzon, MICHELIN, SOUGE, HUTCHINSON, COLOPLAST, Plastic Omnium Ruitz, SERQUIGNY ARKEMA, ARKEMA LA CHAMBRE, FEUCHY ARKEMA, HONFLEUR ARKEMA, MARSEILLE ARKEMA, Lesgors/ Rion des landes MLPC, COUBERT BOSTIK, SIEGE SOCIAL BOSTIK, AVELIN BOSTIK, PIERRE BENITE ARKEMA, PRIVAS BOSTIK, CARLING ARKEMA, SAINT AUBAN ARKEMA, SANOFI, PLASTIC OMNIUM, BOREALIS, GERFLOR PROVENCE ST PAUL TROIS CHATEAUX, RPC BRAMLAGE – SYNDICAT CGT, BAUSH ET LOMB, SITE CHIMIQUE DE PONT DE CLAIX, MICHELIN ROANNE, AIR LIQUIDE FEYZIN, CARBONE SAVOIE VENISSIEUX, ELF TOTAL FRANCE, GAMBRO INDUSTRIES, KEM ONE ST FONS, RHODIA P I BELLE ETOILE, RHODIA RECHERCHES, ALCAN ARC EX PEM LA BATHIE, ALCAN UCAR SNC CGT, FERROPEM EX PEM INVENSIL MONTRICHER, FERROPEM EX PEM CHATEAU FEUILLET, TRIMET ST JEAN DE, MAURIENNE, PIERRE FABRE SOUAL, PIERRE FABRE AVENE, PIERRE FABRE MURET, PIERRE FABRE CHARTREUSE, PIERRE FABRE PERAUDEL, ARKEMA MONT, TORAY CFE, ARKEMA, LACQ MOURENX, SOBEGI, AIR LIQUIDE PARDIES, DAVID OYONNAX SYNDICAT CGT, SCHOELLER ARCA SYSTEMS, TREDI, ZANINI FRANCE, CEVEN LABO, ARKEMA, ARKEMA, TOTAL, AIR LIQUIDE, BLUESTAR SILICONES EX RHODIA, CHARLES RIVER CENTRE DE, RECHERCHE DES ONCINS, CIDECOS CONSEIL, CONDATS LUBRIFIANTS, FAMAR LYON ( EX AVENTIS PROPHARM), FAMAR LYON RETRAITES, FINORGA, GENZYME LYON GERLAND, IFPEN LYON, RHODIA OPERATION, RHODIA ORGANIQUE RETRAITES, SANOFI PASTEUR, SANOFI PASTEUR NEUVILLE, SASCA CGT AVITAILLEURS, SBTN, SULO, TARAFLEX, LANXESS EX-THERMPHOS FRANCE EPIERRE, TRIMET (ALUMINIUM PECHINEY ST JEAN DE MAURIENNE CGT), Arlanxéo Elastomères France, LAM, ADISSEO FRANCE SAS PSR, AIR LIQUIDE DIV TECHN AVANCEES SASSENAGE, ARKEMA JARRIE, FERROPEM, TREDI, AGRI, POLYANE ST CHAMOND, SNF SAS, ALLIANCE HEALTHCARE, ARCHEMIS RHONE POULENC, BAYER CROSPCIENCE LA DARGOIRE, BAYER CROPSCIENCE FRANCE, BIOMERIEUX »

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Le sens historique de la réforme des retraites de décembre 2019

Le mouvement du 5 décembre a comme substance de s’opposer à la réforme des retraites du gouvernement qui va être proposé par Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, quelques jours après. Or, le capitalisme étant particulièrement en mouvement désormais, les individus sont atomisés et la réforme des retraites est une reconnaissance de cet état de fait. Peut-on gagner une lutte contre quelque chose dont les soubassement sont déjà là ? Oui, mais pas en défendant une version passée des retraites, avec ses bastions corporatistes.

Le principe des retraites devrait être simple, mais il ne l’est pas et paradoxalement, Emmanuel Macron veut le transformer vers plus de lisibilité, en torpillant un certain nombre d’acquis corporatistes faisant sa complexité. Et pourquoi veut-il le rendre simple ? Pour qu’un salarié soit toujours un salarié, uniquement un salarié, et non plus un plombier, un ouvrier, un fonctionnaire, un policier, etc.

C’est l’universalisation de la condition de salariée qui est visée, ainsi, à terme que la mise de côté de l’État dans la gestion de tout cela, au profit de mutuelles avec une capitalisation.

Emmanuel Macron veut donc un calcul des retraites qui soit universellement similaire – pour que chaque personne puisse avoir son parcours radicalement individuel.

Son idée est d’adapter les retraites au système libéral ; en 2017 en tant que candidat à la présidentielle, il proposait ainsi :

« un système universel des retraites où un euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé »

Pour réaliser un tel projet, il faut se confronter à la réalité et celle-ci est la suivante : les retraites en France ne consistent pas en une grande tirelire où l’on « capitalise » ce qu’on a cotisé en travaillant. Elles procèdent par répartition : ce sont les gens qui travaillent qui payent pour ceux à la retraite, et ainsi de suite pour les générations d’après.

Cela signifie que pour universaliser les retraites – et donc permettre le triomphe absolu de l’individualisme – le gouvernement doit d’abord abandonner le découpage des retraites existant. Quand il aura fait cela, il pourra passer à la capitalisation au lieu de la répartition par génération.

Comment une retraite se présente-t-elle aujourd’hui concrètement ? Pour connaître sa retraite, il faut voir sa propre durée d’activité (calculée par trimestre), ainsi que le niveau de revenu durant cette activité. Seulement, selon le type d’activité, la chose peut changer. Il y ainsi en France 42 caisses de retraites.

La plupart des gens ne sont pas concernés, car 80 % dépendent simplement du régime général des salariés du privé, avec en plus d’ailleurs une complémentaire obligatoire, unifiée désormais, de l’Agirc-Arrco. On a ensuite la fonction publique, la Mutualité sociale agricole, le régime des indépendants, les régimes spéciaux propres à certains métiers comme avocat, cheminot, travailleur de la RATP, etc.

Comme il n’y a pas de pot commun qui plus est, certains régimes sont déficitaires : 261 000 personnes touchaient ainsi des retraites liées à la SNCF en 2017, mais il y avait seulement 143 000 travailleurs actifs à la SNCF.

Le gouvernement arrive alors et dit donc, c’est ingérable, certaines retraites sont en faillite, on met un terme à tout cela et on universalise. Comme universaliser dit mettre à plat, cela veut dire niveler… et certains vont être perdants : ceux qui étaient dans les secteurs protégés. Ainsi, les fonctionnaires, ceux profitant des régimes spéciaux comme à la SNCF, à la RATP, etc. C’est pour cela que certains syndicats en particulier – la CGT et FO – ruent dans les brancards.

D’autres vont être gagnants : ceux qui font des petits boulots, qui ne rentrent pas dans les cases d’un système de retraites n’assumant pas encore la dimension atomisée existant socialement. C’est pour cette raison que la CFDT critique le système actuel qui « pénalise les femmes, les précaires, les bas revenus ».

Il y a alors deux tendances qui se dégagent. La première est assumée à mots voilés par le gouvernement : il y aura un allongement de l’âge légal de départ à la retraite, qui passera de 62 à 65 ans en 2025. Ceci afin de remplir les caisses pour que toute personne ayant travaillé toute sa vie dispose de 85 % du SMIC net comme retraite.

La seconde, personne n’en parle encore alors que c’est pourtant le but évident : le système des retraites s’effacera devant les mutuelles privées, avec donc la capitalisation. Car une fois qu’il y a universalisation des salariés, alors il n’y a aucune raison de décider pour eux individuellement…

La réforme des retraites a donc la même base idéologique – ou réelle, avec le capitalisme – que la légalisation de la PMA pour toutes et même de la GPA de manière indirecte avec la retranscription de l’état-civil, la future légalisation du cannabis, etc.

C’est une dérégulation générale qui est en cours – et comme la « Gauche » postmoderne y est favorable culturellement, elle a déjà perdu. Même les syndicats sont d’accord culturellement – comment feront-ils alors pour s’opposer à une tendance de fond, la réforme ne concernant qui plus est qu’une minorité du pays ?

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Une déclaration commune sans âme, une soumission aux syndicats

Toute la Gauche liées aux élections d’une manière ou d’une autre mais hors du Parti socialiste, a signé une déclaration commune défendant la solidarité contre l’individualisme dans la grande bataille des retraites qui va se dérouler en décembre 2019. Cette déclaration commune est toutefois sans âme, avec une approche réductrice à quelques mesures économiques, assumant une soumission complète aux syndicats. Or, c’est précisément cette soumission du politique au syndicalisme qui est la cause de la faillite de la Gauche française.

On retrouve dans la déclaration la plupart des mouvements de l’ancien « Front de Gauche » (Parti de gauche, Parti communiste français, République et socialisme, Ensemble !, Parti communiste des ouvriers de France).

On a également les anciennes structures de la gauche du Parti Socialiste : la Gauche démocratique et sociale et Génération-s.

À cela s’ajoute Europe Écologie-Les Verts, le Nouveau parti anticapitaliste, Nouvelle Donne, Mouvement pour la démocratie en Europe (Diem 25), Pour une écologie populaire et sociale, ainsi que la France Insoumise.

La liste des signataires de la déclaration commune témoigne donc de l’unanimité générale, à part de Lutte Ouvrière, qui pose cependant la même problématique. Sa propre déclaration dit ainsi :

« Quoi que l’on pense des confédérations syndicales et de leurs calculs divers et variés, il faut y aller. Nous n’avons que trop attendu pour réagir et nous opposer aux reculs imposés par le gouvernement ou le grand patronat. Le 5 décembre nous offre la possibilité de dire « ça suffit ». Profitons-en ! »

Le début et la fin de la déclaration commune générale sont exprimés de la manière suivante :

« Les forces politiques et les personnes soussignées s’opposent totalement au projet de retraites d’Emmanuel Macron et soutiennent les mobilisations syndicales annoncées pour le mettre en échec le 5 décembre, ainsi que les appels à la grève reconductible (…).

Les mobilisations syndicales unitaires seront décisives à partir du 5 décembre ! Nous appelons la population à leur apporter un soutien massif ! »

Le souci n’est bien entendu pas d’appeler à se mobiliser. Le souci est de soumettre la Gauche politique aux syndicats, c’est-à-dire de niveler par le bas les nécessaires besoins théoriques, culturels, programmatiques de la Gauche.

De plus, c’est un piège, car le front syndical n’est pas du tout unifié. L’idéal serait d’ailleurs normalement pour la Gauche d’appeler à la mobilisation générale sous un seul drapeau, pas de former une « alliance ». Tout le monde sait très bien qu’une union de la CFDT – désormais le premier syndicat en France -, de la CGT et de la CGT-Force Ouvrière ne peut être que fragile, temporaire, vouée à l’échec à moyen terme.

Cependant, cette erreur de la Gauche liée aux élections est malheureusement très simple à comprendre. La réforme des retraites est présentée comme un « bouleversement de société ». Cela signifie qu’il est fait une séparation entre le libéralisme politique, culturel, et le libéralisme économique.

Or, le triomphe dans l’opinion publique du libéralisme politique, culturel, implique immanquablement le triomphe du libéralisme dans le domaine économique. La bataille des idées a déjà été perdu, car elle n’a pas été menée, en raison de la liquidation de la Gauche historique.

La déclaration commune a donc tout faux et cela va se lire de deux manières : soit parce que, fort heureusement, le mouvement populaire va avoir une telle charge relevant de la lutte des classes que cette déclaration paraîtra ridicule. Soit parce que, malheureusement, il n’y aura aucun débouché politique à Gauche et que l’extrême-Droite s’imposera au moyen de la démagogie anticapitaliste.

Les temps sont tourmentés, les défis immenses ; la déclaration commune contourne cela, c’est un suicide politique consistant à attendre que les syndicats réussissent. Mais réussir à quoi ? Jamais dans l’Histoire les syndicats n’ont amené une modification dans une société. On paie ici encore et toujours le prix de la soumission de la Gauche politique à la Charte d’Amiens de la CGT de 1906.

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Les communiqués syndicaux appelant à la grève du 5 décembre contre la réforme des retraites

La grève du 5 décembre prochain contre le projet de réforme du système des retraites s’annonce massive. Les syndicats et notamment la CGT prévoient dore et déjà une forte mobilisation, ainsi qu’un grand soutien de l’opinion publique.

Rappelons que les préavis déposés concernent tous les secteurs : ce sont l’ensemble des salariés qui sont appelés à se mobiliser. Si une paralysie complète des transports est envisagée, le succès de la grève dépendra évidemment de sa généralisation.

Voici le communiqué intersyndical. Rappelons que s’il est parlé d’une « première journée de grève » avec l’idée de mobiliser ensuite, les préavis déposés sont reconductibles et de nombreuses assemblées générales de grévistes sont déjà prévues.

« Les organisations syndicales et de jeunesse s’engagent à construire un plan d’action contre le projet de réforme de retraites par points et pour gagner un renforcement, une amélioration du système actuel de retraites solidaire et intergénérationnel.

L’émergence et la construction de luttes dans les différents secteurs professionnels, montrent la nécessité d’apporter des réponses aux salarié-es en termes d’emploi, de salaires, d’égalité entre les femmes et les hommes, de conditions de travail… Autant de sujets qui sont étroitement liés aux questions de la retraite et que l’actuel projet de réforme gouvernemental aggravera.

Les organisations vont initier et impulser des assemblées générales sur les lieux de travail et d’études, des débats publics sur tout le territoire, des interpellations des élu-es locaux et nationaux, des initiatives de sensibilisation de toute la population pour échanger sur la réforme et sur les modalités d’actions et de riposte collective.

Les organisations syndicales et de jeunesse (CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL, UNEF) appellent l’ensemble des salarié-es du secteur privé comme du secteur public, des retraité-es, des privé-es d’emploi, des jeunes, a une 1ère journée de grève interprofessionnelle le jeudi 5 décembre 2019. »

Voici également l’appel du Comité confédéral national de la CGT :

« Retraites, Emplois, Salaires, Conditions de travail… En grève dès le 5 décembre, agissons pour le progrès social !

Partout en France, les luttes en cours contestent les choix politiques du gouvernement, des directions d’entreprises et du patronat. Augmentations salariales, amélioration des conditions de travail, diminution du temps de travail, maintien et développement de l’emploi, défense des services publics, égalité femmes/hommes, reconquête de l’industrie et de notre protection sociale constituent les principales revendications.

Le gouvernement mène une politique au service exclusif des riches et de la finance. Sa politique vise la remise en cause des conquis sociaux et des solidarités. Il met en opposition travailleurs/travailleuses et privé-e-s d’emploi, actifs/actives et retraitée-s, ouvriers/ouvrières ou employé-e-s et cadres, salarié-e-s du public et du privé, celles et ceux qui sont aujourd’hui dans le monde du travail et celles et ceux qui y seront demain…

Le gouvernement tente aussi de faire diversion en instrumentalisant la question de l’immigration, envisageant l’instauration d’une « immigration choisie » et de « quotas d’immigration »… Des thèmes qu’il empreinte sans retenue à l’extrême-droite en pleine polémique lancée sur la question du port du voile et de l’Islam.

Malgré un rapport du défenseur des droits qui révèle l’ampleur de la discrimination dans les entreprises et administrations, le pouvoir politique conjugue répression syndicale et atteinte au droit de manifester. Il rend possible, voir incite à des situations de discrimination et de répression syndicale dans les entreprises et les administrations. Il porte atteinte à la démocratie sociale et refuse de répondre aux aspirations exprimées par le monde du travail.

Le CCN de la CGT appelle l’ensemble des travailleurs/travailleuses, des privé-e-s d’emplois, des retraité-e-s et la jeunesse à se mobiliser partout en France, par la grève, la mobilisation et la participation aux manifestations, le 5 décembre prochain.

D’ici le 5 décembre, le CCN de la CGT appelle à poursuivre la construction de l’action par la tenue d’Assemblées Générales dans les entreprises, les services publics et les administrations, pour que les salarié-e-s et agent-e-s décident, sur la base de leurs revendications et dans l’unité, des modalités des actions, de la grève, de sa reconduction pour un mouvement qui s’inscrit dans la durée afin de gagner le progrès social.

Le 6 décembre, une intersyndicale nationale se tiendra, les syndicats sont invités à organiser des Assemblées Générales unitaires afin de décider collectivement des suites de la mobilisation.

Le 7 décembre, le CCN invite à participer massivement à la manifestation nationale contre le chômage, la précarité et pour une reconquête de la sécurité sociale protégeant des risques de la vie. Il invite aussi aux initiatives locales qui seront organisées sur le territoire.

La convergence des mobilisations sociales est une nécessité pour gagner sur les revendications. Elle doit se faire avec toutes les organisations syndicales qui portent cette même aspiration ainsi qu’avec l’ensemble des forces politiques de progrès, le monde associatif et les mouvements citoyens, à l’instar de l’appel à la convergence des Gilets Jaunes dans leur déclaration du 3 novembre dernier.

Les ingrédients sont réunis pour réussir un grand 5 décembre, ce qui donnera le ton des suites de la mobilisation.

Les mobilisations et grèves du 5 décembre porteront l’exigence du rejet « en bloc » du projet gouvernemental de réforme des retraites qui impactera fortement, durablement et négativement le niveau des pensions de toutes et tous, que l’on soit issu du secteur public ou du secteur privé.

La CGT se bat pour une autre réforme des retraites et porte un ensemble de revendications, notamment : un départ à taux plein à 60 ans, une prise en compte des pénibilités, des années d’études et de précarité, une augmentation générale des pensions…

Si la loi contraint le secteur public et les services publics à la pose de préavis de grèves et/ou de déclarations préalables, il n’en est rien pour les salarié-e-s du secteur privé qui peuvent librement cesser le travail, s’organiser et participer aux manifestations.

Ce combat est celui de toutes et tous, car ce projet de réforme est l’incarnation d’un choix de société où les solidarités laissent la place au « chacun pour soi », où l’insécurité sociale l’emporterait sur notre sécurité sociale.

Montreuil, les 5 et 6 novembre 2019 »

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Grève du 13 septembre 2019: les travailleurs de la RATP ne font pas rêver

Le trafic RATP a été pratiquement entièrement plombé par la grève, le 13 septembre 2019, avec pratiquement 90% de grévistes pour le personnel roulant, 60 % pour l’encadrement. Un succès pour les travailleurs de la RATP et les syndicats participants. Mais cela ne fait pas rêver, parce que c’est une simple défense sur un mode corporatiste.

Les conséquences de la grève ont un impact littéralement insupportable sur le quotidien de millions de personnes. Par conséquent les travailleurs de la RATP et les syndicats s’accordent des plaisirs symboliques, mais sortent de toute lutte des classes, et vont donc à la défaite.

La défense des acquis est juste. La conquête de nouveaux acquis aussi. Mais le repli corporatiste est erroné. Il est culturellement erroné, car c’est une logique de caste. Il est moralement erroné, car il est une trahison des autres travailleurs. Il est erroné dans les faits, car il amène la défaite. Seule l’unité populaire triomphe de l’État. Rien d’autre.

La grève de la RATP est donc ici un mauvais exemple et il faut vraiment vivre dans le fantasme permanent de la grève générale et autres balivernes anarcho-syndicaliste pour dire, comme Manon Aubry, députée européenne LFI :

« Total soutien à la grève RATP, qui lance la mobilisation générale pour la défense de nos retraites. »

La grève de la RATP ne lance rien du tout. Il peut y avoir une mobilisation, espérons la, mais ce ne sera pas cette grève qui sera le déclencheur. D’ailleurs voici le communiqué de presse, commun aux syndicats UNSA / CGT/ CFE-CGC de la RATP.

Il est d’une faiblesse terrible, il n’a aucune envergure. Il est même déjà l’expression de la défaite, parce qu’il pose le problème comme étant celui d’un affrontement travailleurs de la RATP / gouvernement. La dernière phrase prétend le contraire, symboliquement, mais la méthode, l’approche, la conception, tout montre qu’il tourne purement et simplement, uniquement, autour de la question de la RATP.

COMMUNIQUE DE PRESSE
13 septembre 2019

Nos trois organisations syndicales représentatives de la RATP ont été reçues ce jour par la direction de l’entreprise au sujet du projet de réforme des retraites.

Sans surprise, la direction de la RATP n’a aucune proposition à faire pour répondre à la forte mobilisation des salariés dans toutes les catégories professionnelles.

Nous avons insisté auprès de la direction qu’elle remonte auprès des pouvoirs de tutelle nos analyses de la situation. Nous réclamons de véritables négociations, le maintien des compensations au regard des contraintes et des garanties concrètes rapidement

En réponse à cette mobilisation d’un très haut niveau, notre engagement est total et nous sommes déterminés à défendre l’intérêt de tous les salariés qu’ils soient ou non sous statut RATP.

Paris, le 13/09/2019 – 15H30

Sud Ratp a un communiqué plus long, mais en substance similaire. C’est extrêmement mauvais. En effet, cette démarche particulariste, qui refuse de se placer das l’optique de tous les travailleurs du pays, était déjà fausse hier. Elle l’est encore davantage aujourd’hui. Parce que Paris, et même la région parisienne en partie, connaît désormais Uber et Jump, Blablalines, Klaxit, Lime, Smovengo, etc.

Le capitalisme a encore plus investi les modes de vie et les fuites dans les démarches individuelles sont une règle. L’esprit vivifiant qu’on trouvait en 1995 en région parisienne, avec la sympathie pour la grève à l’arrière-plan malgré les galères insupportables, ne peut plus être de règle.

La grève a essayé de contourner ce problème en réactivant certaines lignes en fin d’après-midi pour trois heures, et encore de manière très partielle. Mais c’est trop ou pas assez. Et de toutes façons le problème de fond n’est pas que technique, il est culturel. Les travailleurs de la RATP ne veulent pas aller vers les usagers, qui sont d’ailleurs désormais en fait des clients. Ils veulent s’en sortir tout seul.

Comme tout le monde. Chacun raisonne en termes d’intérêts individuels, parfois collectivement, mais toujours pour soi en fin de compte. Il n’y a aucune envergure, aucune lecture de classe, encore moins une volonté d’utopie.

On peut même dire, et c’est encore pire, que les travailleurs de la RATP font du chantage émotionnel en disant : protégez nos acquis sinon le gouvernement ira encore plus loin. Très franchement, on n’est pas loin de la vérité en disant cela.

Cela montre la nature de tout un syndicalisme et de tout son cinéma. Car après tout les cheminots de la CGT, l’année dernière, annonçaient bien qu’ils allaient faire tomber le gouvernement…

Tel est le syndicalisme français : bavard, bruyant, entièrement minoritaire chez les travailleurs, totalement intégré aux institutions. Un sacré paradoxe qui a mené de défaite en défaite, et cela va continuer.

Car non, les acquis n’ont pas été apportés par le syndicalisme. Ils l’ont été par la lutte de classes, la politique, la culture… dont le syndicalisme n’est qu’une méthode annexe.

Les travailleurs qui n’assument pas une telle vision vont à la défaite.