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Société

C’est le mensonge d’une France tranquille qui s’en va avec le 13h de Jean-Pierre Pernaut

Pendant 33 ans, Jean-Pierre Pernaut a incarné avec son Journal Télévisé de 13h le mensonge d’une France tranquille, se regardant le nombril après le repas lisse et conformiste du midi. C’est la Droite dans sa version franchement pétainiste, faisant un fétiche des « régions » et des petites-gens pour maintenir une chape de plomb sur le pays afin que surtout rien ne change.

Lors de la présentation de son dernier journal télévisé, Jean-Pierre Pernaut a très bien résumé l’idéologie qu’il a porté pendant des années sur TF1 à 13h :

« Vous écouter, faire entendre tous ceux qu’on entend pas ailleurs, ça a été une révolution il y a 33 ans, ça a été ma ligne de conduite depuis 33 ans et j’en suis très fier. Faire entendre et montrer toutes les richesses de nos régions, jusque dans les plus petits villages. »

Le 13h de Jean-Pierre Pernaut est en effet devenu un institution en France, avec des parts d’audience mirobolantes, faisant de lui une figure incontournable avec ses six à sept millions de spectateurs quotidien.

Son émission, dans sa forme et son style, est née de la privatisation de TF1 en 1987 et de sa volonté d’être hégémonique. Le créneau a alors été simple : concurrencer France 3 (FR3 à l’époque) et ses multitudes déclinaisons régionales, très ancrées sur le terrain.

Son JT a été alors l’ennemi direct du service public, dans une opposition de style bien marquée. Au style populaire de France 3, qui encore aujourd’hui relève d’une certaine tendance démocratique dans sa volonté de systématiser une réelle information locale, la démarche de Jean-Pierre Pernaut a été d’accumuler des sourires benêts, des anecdotes insignifiantes, une orgie de « terroirs » et autres fantasmagories romantiques.

Pendant 33 ans, ce fut chaque année pratiquement les même reportages aux mêmes endroits et à la même date, avec chaque jour ou presque la météo en ouverture du journal. Le journaliste au Canard Enchainé Jean-Luc Porquet a très bien résumé cela dans un article intitulé ironiquement « Éloge de Jean-Pierre Pernaut » en 2010 :

« Il rassure, il endort, il calme les inquiétudes […] il n’est pas le pur benêt de service qu’on croit : il participe sciemment à l’enfumage généralisé »

Le 13h de Jean-Pierre Pernaut c’est, au sens strict, le contraire de l’information, avec la construction méticuleuse d’une fausse réalité, d’une France se prétendant tranquille, pacifiée, inébranlable. C’est un mensonge grossier car chacun sait que pendant ces 33 dernières années la France s’est lentement mais sûrement effondrée sur elle-même.

Jean-Pierre Pernaut n’était pas là pour montrer la réalité. Il n’était pas là pour montrer l’exploitation, la haute bourgeoisie, les familles rongées par l’alcool, les grèves, la consommation massive d’anxiolytiques et d’antidépresseurs, les luttes antifascistes, la barbarie des élevage et des abattoirs, la beauté de la vie sauvage, la décomposition sociale et l’avènement des réseaux mafieux dans les cités HLM, le développement de la culture populaire ou l’aliénation du travail prolétaire.

Il était là pour exposer une lecture unilatérale, celle du beauf complaisant sur lui-même et sur tout ce qui est partiel, truqueur, mensonger.

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Culture

Folle à tuer (1975) et Le prix du danger (1983), de Yves Boisset

Yves Boisset est un réalisateur français ayant principalement œuvré pour le cinéma dans les années 1970 et 1980 avant de se tourner vers la télévision. 

La plupart de ses films sont ouvertement engagé à gauche, bien ancré dans les thèmes de l’époque : la violence de la police avec Un condé (1970), L’Attentat (1972) qui s’inspire de l’assassinat de Mehdi Ben Barka, la guerre d’Algérie dans R.A.S. (1973) ou encore le racisme qui traverse beaucoup de ses films et qui est le thème central de Dupont Lajoie (1975).

Il lui a parfois été reproché de manquer de finesse dans son propos politique, souvent ouvertement explicité par des dialogues ou des séquences, qui peuvent parfois donner l’impression d’être jeté à la figure du spectateur, et pouvant le faire sortir du film par un aspect un peu trop forcé.

Sur ce point ci Folle à tuer est surement un de ses films les plus subtiles.

Adaptation d’un roman de Jean-Patrick Manchette, Marlène Joubert y incarne une jeune femme qui sort d’un établissement psychiatrique pour être embauché en tant que gouvernante du neveu d’un riche industriel, et qui vont se retrouver tout les deux traqués par des tueurs. 

La folie est un thème important du film, comme il l’était au sein de la gauche dans les années 1970 avec des mouvements “anti-psy”. Sans aller jusque là, Yves Boisset met superbement en scène cette société dans laquelle survivre sans devenir fou, sans se faire broyer ou corrompre par le système, est extrêmement difficile. 

Ainsi le personnage de Marlène Joubert, Julie, est assez passionnant, puisqu’elle va être considéré tout le film comme une personne folle, déséquilibré tout au long du film alors qu’elle nous apparait bien à nous, spectateur, comme le seul personnage sain d’esprit, en fuite dans un monde totalement fou. 

L’autre personnage principal du film est Thomas, le jeune garçon dont elle doit s’occuper incarné par Thomas Waintrop et qui va suivre une évolution personnelle et dans sa relation avec Julie, débutant en enfant totalement délaissé au milieu d’une profusion de jouets et d’images télévisuelles. 

Il est d’ailleurs à noter la justesse de jeu pour un si jeune acteur dans un rôle compliqué. 

Et si c’est deux personnages parviennent un temps à fuir tout un système qui leur courre après pour les détruire, c’est ensemble, en s’entraidant et en évoluant ensemble.

La production du film est franco-italienne et cela se ressent. Par la présence au casting de Tomás Milián, acteur cubain qui a joué dans de nombreux films de genre italien, principalement des westerns et des poliziotteschi (des polars typiques des “années de plomb”). Mais aussi par son approche de la mise en scène et la violence de la première moitié du film qui rappelle justement ces polars italiens.

Yves Boisset a également filmé un autre type de fuite dans son film Le prix du danger

Le nom du film vient de l’émission de télévision qui organise la traque d’un homme qui doit échapper à cinq tueurs lancés à ses trousses. S’il survit et qu’il arrive à rejoindre un lieu secret, il remporte un million de dollars.

Ce scénario, adapté d’une nouvelle du même nom écrite par Robert Sheckley et publié en 1958 rappelle, celui plus connu, de Stephen King, Running Man, paru en 1982 et adapté en film en 1987.

D’autres films ont déjà porté un regard critique sur la télévision, on peut penser à Un homme dans la foule (1957) de Elia Kazan, à Network (1978) de Sidney Lumet ou encore à La mort en direct (1980) de Bertrand Tavernier, dans lesquels Yves Boisset va puiser.

Et il aura lui-même de l’influence sur d’autres films. Le présentateur de l’émission, incarné par Michel Piccoli, peut ainsi faire penser au présentateur de Hunger Games. On retrouve le même style grossier, quasi grotesque jusque dans la coiffure, et le ton profondément cynique se prétendant du côté du candidat qui court à sa perte.

Mais les dérives du système télévisuel n’est pas le seul thème du film.

Il est aussi question de la corruption des esprits, avec le personnage principal interprété par Gérard Lanvin qui est prêt à tout pour s’extraire de sa condition de prolétaire, pour se lancer dans cette quête de réussite individuel à tout prix.

Et il y a la question de la violence, d’une certaine fascination morbide pour la mort, qui ne peut que nous renvoyer à l’époque des jeux du cirque de l’Antiquité. 

Dans ce film, Yves Boisset pose un propos très frontal, quasiment provocateur. 

Un dialogue allant même jusqu’à parler de la société du spectacle, Yves Boisset étant influencé par le gauchisme situationniste (dont était aussi proche Jean Patrick Manchettte, auteur du roman Folle à tuer). 

Ce sont ainsi deux films intéressants à plus d’un titre, avec de vrais qualités cinématographiques, un propos plus ou moins subtile, de la part d’un important réalisateur français du film de genre engagé de l’époque. 

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Société

Le MMA en France, entre télé-réalité, jeu télévisé et show business

Relevant techniquement du sport, le MMA relève surtout du capitalisme excitant le malsain, le grotesque, le sanglant, pour fasciner et faire consommer.

Si on avait dit aux Français en 1990 que la télé-réalité serait particulièrement implantée en France et que le MMA serait officiellement reconnu par l’État, jamais ils ne l’auraient cru. Un pays comme la France se targue de culture et s’il y a une chose qui a toujours été claire, c’est le refus d’une américanisation de la culture.

On sait en effet qu’aux États-Unis, un pays d’immense culture, le capitalisme a largement contaminé la plupart des espaces d’expression. Un marché immense, des investissements lourds disponibles, une infantilisation significative… ont fait des États-Unis un exemple de l’abrutissement des masses.

Nombreux sont les films dénonçant cette tendance au spectacle vide de sens et corrupteur des esprits, jouant sur le malsain et le grotesque pour attirer l’attention, captiver. On peut citer Running man en 1987 avec Arnold Schwarzenegger, satire humoristique des jeux du cirque modernes, où un individu est traqué par des tueurs devant les caméras.

Ce film s’appuie d’ailleurs sur le bien plus sombre Le Prix du danger, film franco-yougoslave de 1983 avec Gérard Lanvin et Michel Piccoli. Il y a également Le jeu des millions, un film des années 1970 qui suit le même principe.

Le Prix du danger a énormément marqué les esprits alors en France, ou plus exactement il avait puissamment troublé de par la dimension de ce qu’il présentait. Il a été un véritable marqueur culturel, un véritable traumatisme à l’échelle de la société.

Mais les gens ont considéré alors que c’était une allégorie, que jamais les médias n’iraient vraiment dans cette direction, avec de la télé-réalité, des actions scénarisées par les producteurs, avec une obsession pour la violence, le sang. N’y avait-il pas une Gauche pour bloquer tout cela ? La France n’était-elle pas un pays où la culture est centrale, où le respect de la dignité humaine est une valeur sacrée ?

Et pourtant la direction a bien été prise. La reconnaissance du MMA en France témoigne du nivellement par le bas par rapport à cette époque ; ce qui semblait une exception est désormais la règle. Les Français ne valent pas mieux que les Américains : ils consomment ce qu’on leur propose. Des produits sucrés aux hamburgers, du MMA à la télé-réalité, même si c’est stupide cela plaît et cela permet de passer le temps.

Dans le capitalisme, tout ne sert plus qu’à cela d’ailleurs, passer le temps. Rien ne reste. Tout est jetable, jusque le partenaire dans les couples. Et, forcément, dans une telle logique de marché, il faut en rajouter toujours plus.

Tout comme la pornographie va toujours plus loin dans l’étrange et le violent, on a donc désormais le MMA, avec des combattants forgés pour la télévision, cognant pour la télévision, gladiateurs des temps modernes occupant les esprits, qui comme cela évitent les vraies questions et la culture.

Le MMA est un sport, disent ses partisans, mais le but est de passer à la télévision, d’accrocher les esprits par la violence, de provoquer des émotions malgré soi, de contribuer au show business avec tout une mise en scène avant et après les combats.

Le MMA en France, c’est un mélange de télé-réalité, jeu télévisé et show business, qui passe par le plaisir de cogner quelqu’un d’autre et de le montrer. C’est de la barbarie mais moderne, conforme aux valeurs et aux besoins du capitalisme.

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Société

Séquence lunaire et dramatique de Luc Montagnier sur Cnews

Le professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine en 2008 pour ses travaux sur la définition scientifique du VIH, a été utilisé de manière racoleuse au plus haut degré par les animateurs de la chaîne CNews en mal de sensation forte. Face à de telles personnes jouant sur l’irrationnel et les peurs de l’opinion publique, la société devrait répondre de la manière la plus sévère qu’il soit.

Pascal Praud est un formidable animateur de notre époque, au sens où il est un brillant comédien. Ce qu’il pense, on ne le sait pas, mais il a un rôle tout à fait défini et il le joue admirablement. C’est le rôle du sceptique oscillant entre questions béates et réponses cyniques, pour forcer à ce que soit exprimé des choses marquantes.

La démarche est évidemment commerciale de bout en bout et Pascal Praud est ici un simple outil. Le 16 avril il lançait ainsi :

« Quand j’entends les professeurs, qui ne vont pas aider Emmanuel Macron le 11 mai prochain – parce que les profs ne vont pas l’aider – dire qu’ils ne vont pas rentrer parce que la sécurité, parce que le sanitaire, parce que ceci, etc… Il y aura toujours des bonnes raisons de ne pas rentrer (…).

Alors je ne vais pas me faire des amis en disant ça, mais à un moment, globalement les profs, faut y aller ! Il faut y aller le 11 mai. Mais je vous dis qu’ils ne l’aideront pas ! »

Le passage du professeur Luc Montagnier dans son émission dépasse pourtant ce cadre déjà dégoûtant, en passant dans l’infâme. Le tout sans aucun respect pour les consignes de distanciation sociale sur le plateau. La séquence est lunaire et dramatique. Le professeur, très âgé, est débordé, dépassé, sciemment utilisé pour aller dans le sens de remarques frappantes, traumatisantes, bref allant dans le sens de l’utilité pour une chaîne d’infos en mal de « buzz ».

https://www.youtube.com/watch?v=ZVSN1D5TwOQ

Si cela a été possible, c’est que Luc Montagnier, c’est comme Didier Raoult : des intuitions lumineuses mélangées à des conceptions irrationnelles dues à l’incompréhension de ce qu’ils comprennent. C’est là le défaut d’une absence d’une vue d’ensemble ou, pire, de la présence d’éléments seulement d’une vue d’ensemble.

Les propos les plus décalés des scientifiques ne tombent pas du ciel : ils sont une réponse déformée à ce qui est vu mais incompris dans ses fondements. Par exemple, Didier Raoult a bien compris que les statistiques rataient le réel, que même les expériences menées en série rataient le mouvement réel des choses. Mais il ne sait pas pourquoi donc bascule dans une démarche rupturiste anti-rationnel.

De la même manière, Luc Montagnier a déversé sur Cnews une série d’absurdités mêlée à des remarques de la plus haute pertinence. Bien malin celui qui trie le bon grain de l’ivraie.

Luc Montagnier dit la chose suivante :

a) il y aurait selon lui des fragments d’ADN du VIH dans le génome de SARS-CoV-2 ;

b) il pense que cela proviendrait de tests pour mettre au point un vaccin contre le SIDA ;

c) comme ce virus n’est pas naturel, la nature va s’en débarrasser à terme, car il est artificiel et non viable ;

d) on peut essayer d’utiliser des ondes pour détruire en attendant la maladie et il y a un rapport avec les ondes 5G utilisés massivement à Wuhan, qui auraient renforcé la maladie.

Le point c) est d’une intelligence rare et c’est la preuve que la nature est comprise comme système : c’est tout à fait matérialiste. Le point d) relève par contre lui de la science-fiction dans l’état actuel des choses.

Le point b) est le fétichisme du chercheur en laboratoire et le point a) une illusion. Pourquoi ? Car même en admettant qu’il ait raison, rien ne dit que cela ne peut pas être naturel, ce qu’ont d’ailleurs constaté les autres chercheurs, qui pensent même qu’il y a trop peu d’éléments pour prouver inversement que cela ne le serait pas.

Luc Montagnier sous-estime ici la richesse du mouvement naturel, parce qu’il la voit statiquement et cela ruine toute son approche. D’où son basculement dans la logique complotiste : on sait mais on veut pas dire que cela vient du laboratoire P4 de Wuhan, etc.

Le timing rend tout cela encore plus encore plus douteux, puisque c’est précisément au moment où nombre de médias américains pro-Trump affirment cela, afin de dédouaner celui-ci par rapport à son échec dans la réponse sanitaire.

Et quand bien même il aurait raison sur tout, comme Didier Raoult, la formulation de ces thèses, le mode de présentation, les attitudes accompagnent celle-ci, tout cela confine à l’absurde. Le passage de Luc Montagnier à Cnews, avec celui-ci passant à côté des questions, répétant ses propos comme un disque rayé et visiblement ravi de les dire… est une farce mais surtout un drame.

Nous avons besoin d’une société socialiste rien que déjà pour que les responsable de cette triste farce aient des comptes à rendre.

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Politique

(Communiqué) Benoît Hamon n’est pas invité au débat sur les européennes par France 2

Deux semaines après Ian Brossat du PCF, qui a finalement été invité, c’est au tour de Benoît Hamon de déplorer son éviction du débat pour les européennes sur France 2 le 4 avril prochain.

Voici le communiqué de Génération-s, qui dénonce un déni démocratique évident, mais paie en fait surtout le prix de la division et de l’éparpillement de la Gauche.

Génération.s exclu du débat sur les Européennes du 4 avril, une décision arbitraire et partiale qui fausse la loyauté du scrutin

La direction de France Télévisions vient de nous confirmer, par la voix de M. Letranchant, directeur exécutif en charge de l’information à France Televisions, que Benoît Hamon ne sera pas invité pour représenter Génération.s au débat du 4 avril.

La direction de l’information de France 2 a indiqué que cette décision avait été prise sur la base du croisement de plusieurs critères :

la représentation des partis politiques aux parlements nationaux et au Parlement européen : sur ce sujet, des députés et parlementaires européens sont affiliés à Génération.s. Nous notons que Messieurs Dupont Aignan ou Glucksmann, têtes de liste n’en ont aucune ;

les sondages : Ian Brossat ou Jean-Christophe Lagarde sont crédités dans toutes les enquêtes d’intention de vote, de résultats inférieurs à ceux de Génération.s ; c’est sans évoquer la côte de popularité de Benoît Hamon qui depuis des mois, fait partie des cinq personnalités politiques préférées des Français et des trois premières à gauche.

Aucun critère ne s’applique à Génération.s. C’est donc une décision arbitraire et partiale d’exclusion qui fausse la loyauté du scrutin. Génération.s est d’ailleurs invité aux débats organisés dans le cadre des élections européennes par le groupe TF1, BFM TV ou encore France Info.

Une fois encore, nous ne comprenons pas et contestons le choix de la direction de France Televisions.

Une injonction a été envoyée au CSA afin que celle-ci garantisse le respect du caractère pluraliste de l’expression des courants de pensée et d’opinion.

Génération.s organise ce mardi 26 mars à 12h30 une première mobilisation devant les locaux de France Télévisions.

Génération.s mettra en œuvre tous les moyens à sa disposition pour que sa voix soit représentée le 4 avril prochain sur France 2.

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Politique

La lettre de Ian Brossat du PCF à France Télévision

Ian Brossat qui conduit la liste PCF pour les élections européennes de mai prochain n’est pas invité au grand débat télévisé du 4 avril prochain sur France 2. S’il fustige avec raison un déni de démocratie, il faut malgré tout rappeler la grande responsabilité de la Gauche dans son ensemble qui, en refusant l’unité, donne en quelque sorte le bâton pour se faire battre.

Pour les organisateurs de débats télévisés, y compris sur le « service public », ce qui compte est surtout la contrainte technique de la réalisation. Leur préoccupation n’est pas démocratique, alors ils voient forcément les « petites listes » comme autant de difficultés pour distribuer la parole, avoir un rendu dynamique, ne pas traîner en longueur, etc.

Ce qui se passe est très simple : les organisateurs ne voient pas l’intérêt de donner la parole à une liste créditée de quelques pourcents dans les sondages, qui selon-eux dira peu ou prou la même chose qu’une autre, par exemple celle de Benoît Hamon.

Le problème est que tout le monde à Gauche mise sur les élections pour se faire entendre, peser le plus possible, comme si la bataille démocratique ne pouvait passer que par là, ou en tous cas principalement par là. C’est une grossière erreur.

La Gauche devrait être en mesure d’avoir une seule voix qui se ferait entendre clairement et facilement à la télévision pour les élections. Les débats électoraux télévisés ne sont pas le lieu pour un débat contradictoire entre les différentes forces de Gauche qui veulent chacune apporter leur nuance. Ce genre de débat doit avoir lieu avant, et surtout sous d’autres formes, réellement démocratiques, permettant d’analyser le fond et d’étayer les arguments.

Voici donc la lettre de Ian Brossat qui en quelque sorte réclame son du à la directrice de France Télévision avec des arguments qui ne sont pas absurdes, mais qui sont très insuffisant politiquement.

Rappelons avant que le PCF a prévu un rassemblement devant le siège du groupe pour appuyer cette demande mardi prochain le 19 mars à 18h.

 

Madame Delphine Ernotte-Cunci

Présidente de France Télévisions

 

Madame la Présidente,
La chaîne France 2, du groupe public France Télévisions dont vous êtes la Présidente, organise le jeudi 4 avril un débat télévisé dédié à l’élection européenne lors de « L’Émission politique ».
Votre initiative est salutaire pour notre démocratie et pour le débat public, alors que cette échéance électorale d’une importance capitale demeure mal connue du grand public.

Toutefois, à la suite d’un appel téléphonique fortuit de notre attachée de presse, nous avons appris que France 2 ne jugeait pas utile d’inviter de représentant de la liste « Pour l’Europe des gens, contre l’Europe de l’argent », soutenue par le Parti Communiste Français, et que j’ai l’honneur de conduire.

Il s’agirait d’un déni de démocratie grave et incompréhensible.

Comme vous ne l’ignorez pas, le Parti communiste français est présent dans les deux assemblées, avec plus de trente parlementaires qui prennent part au fonctionnement institutionnel de notre pays. Les Françaises et les Français se sont choisis plus de 7 000 élu·es locaux et nationaux de notre famille politique pour les représenter, plus de 800 maires et trois parlementaires européens pour faire entendre et respecter leur voix. L’effacement du Parti communiste français du débat du jeudi 4 avril, sur la première chaîne du service public, serait une véritable anomalie démocratique.

Comme en 2005 déjà, à l’occasion du référendum européen, les Français attendent aujourd’hui une plus juste et sincère représentation de leurs opinions. Dans cette élection européenne où l’enjeu du pluralisme est tout particulièrement important, la voix de la liste du PCF n’est réductible à celle d’aucune autre liste.

Faut-il vous rappeler que nous sommes le seul parti de gauche à avoir rejeté tous les traités européens libéraux depuis le début de la construction européenne ? Nous sommes également la seule liste du paysage français à inclure dans ses rangs plus de la moitié d’ouvrières et d’ouvriers, de femmes et d’hommes employés — à l’image exacte de ce qu’est la France aujourd’hui. Nous sommes la seule liste, droite et gauche confondues, qui est en mesure de faire entrer, le 26 mai une femme ouvrière, en la personne de Marie-Hélène Bourlard, pour la première fois dans l’histoire du Parlement européen.

La dernière élection présidentielle a démontré qu’il était possible de proposer aux Français des débats télévisés de grande qualité en y conviant l’ensemble des forces en présence. C’est cela la vitalité de notre démocratie ; elle est une chance que chacune et chacun devrait saluer. Dès lors, comment les Français pourraient-ils comprendre qu’il en soit aujourd’hui différemment sur la première chaîne du service public, qu’ils financent ?
C’est la raison pour laquelle j’ai l’honneur de solliciter auprès de vous un rendez-vous dans les plus brefs délais, afin qu’une solution puisse être trouvée concernant la présence de notre liste au débat du 4 avril.

Je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de mes sentiments respectueux

Ian Brossat,
Porte-parole du PCF, tête de liste « Pour l’Europe des gens, contre l’Europe de l’argent »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

de répondre techniquement à une demande.

 

débat à la télévision ne sont pas

 

le jeudi 4 avril un débat télévisé dédié à l’élection européenne lors de « L’Émission politique »

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Politique

L’insupportable émission « La parole aux français » de Cyril Hanouna et Marlène Schiappa

L’émission spéciale « grand débat national » avec Cyril Hanouna et Marlène Schiappa a tenu toutes ses promesses. On a eu le droit à ce grand étalage de populisme et de raccourcis insupportables, avec en face deux portes-paroles d’Emmanuel Macron venues expliquer qu’il fallait être raisonnable mais que beaucoup de choses étaient déjà faites par le gouvernement.

Intitulée « La parole aux français », l’édition spéciale de l’émission « Balance ton post » avait lieu en direct. Le secrétaire d’État Mounir Mahjoubi a parlé d’un « beau moment de démocratie ». Les auteurs des Lumières doivent se retourner dans leurs tombes ! La démocratie est ici réduite à une sorte de quête d’une formule magique populiste, qui emporterait l’adhésion au cours d’une émission de télévision racoleuse, où l’on vote sur twitter !

Voici comment Le Figaro raconte le principe qui a été mis en place hier :

« Face à la secrétaire d’État, plusieurs personnes issues de la société civile étaient venues pour exposer leurs propositions dans le cadre du «grand débat national». Ainsi, un agriculteur, une retraitée, un millionnaire qui porte les idées des «gilets jaunes», une auto-entrepreneuse ou un sans-emploi étaient présents.

À chaque proposition, les invités devaient écrire leur proposition sur le paperboard. L’objectif: mettre en place un «atelier interactif», selon les mots de Marlène Schiappa. Ensuite, après un débat entre les invités, Marlène Schiappa écrivait à son tour, en rouge, la proposition remodelée qui sera retenue. Les téléspectateurs étaient, dans le même temps, appelés à voter pour ou contre sur le compte Twitter de  Balance ton post! La plupart des propositions avaient recueilli, en quelques minutes, plus de 10.000 votes. La première concernait, par exemple, un taux de TVA à 0% sur les produits de première nécessité. »

Le fait que Le Figaro raconte cela de manière aussi simple, sans critique, dans un article publié alors que l’émission n’était même pas finie, reflète bien l’incroyable décadence générale que connaît la France. On est ici dans un cinéma grotesque, une animation pitoyable, une véritable insulte générale à la Raison. L’animateur « baba », qui dit sans cesse « mon chéri, je t’adore » à des gens qu’il ne connaît même pas, a trouvé en Marlène Schiappa un strict équivalent politique, avec ses airs de potiche voulant mettre tout le monde d’accord avec des phrases volontairement simplistes.

C’est d’ailleurs elle qui lui a suggéré l’émission, et on a bien compris comment celle-ci est censée servir le plan d’Emmanuel Macron pour apparaître comme le recours raisonnable face au populisme non raisonnable. Les ficelles étaient d’ailleurs très grosses avec à plusieurs reprises un intervenant soulevant un problème puis la Ministre ou sa comparse députée LREM expliquant que cela était déjà en cours d’être résolu par le gouvernement.

Sur le fond, tout est fait pour engluer la pensée dans des considérations sans réflexions, sans envergure, sans enjeu. Tout est fait, disons-le plus simplement, plus directement, pour masquer la bourgeoisie, qui n’existe tout simplement plus dans un panorama où, d’ailleurs, le capitalisme lui-même n’existe plus.

On n’a même pas une critique du néo-libéralisme, ce qui ne voulait rien dire mais au moins disposait d’une certaine dignité. On a juste droit à la logique du « on veut vivre mieux », ce qui a l’air concret de prime abord, mais n’aboutit à rien à part aux gesticulations populistes et aux jugements à l’emporte-pièce. Le twitter de l’émission n’y est pas allé de main-morte d’ailleurs :

Il faut dire que depuis le début des gilets jaunes, la nouvelle émission de Cyril Hanouna « Balance ton post » a fait la part belle au mouvement. Ceux-ci vont totalement dans son sens, et inversement. Ce qui prédomine, c’est une démarche superficielle, refusant la complexité des choses, assumant les raccourcis et les postures grotesques.

Les quasiment quinze minutes d’autosatisfaction au lancement de l’émission ont donné le ton de cette grande insulte à l’intelligence populaire et au pouvoir démocratique. Le grand spectacle du direct et de l’authentique a ensuite été joué jusqu’au bout avec à la fin un pseudo vote à la manière d’un jeu TV pour sept propositions.

C’est lamentable, c’est honteux, et cela mène la société française droit à la catastrophe.

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Crime contre la culture : Cyril Hanouna – Marlène Schiappa pour le « grand débat national »

Pour toute personne cultivée, Cyril Hanouna est un cauchemar. Le fait qu’il soit au cœur d’une émission spéciale « grand débat national », sur C8, en dit long sur le niveau de populisme et de stupidité de la France. La présence de Marlène Schiappa comme co-animatrice, alors qu’elle est membre du gouvernement, montre bien qu’on a touché le fond.

Depuis plusieurs mois, la secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa se veut une porte-parole de la cause des femmes, n’hésitant pas à intervenir souvent et avec un grand relais dans les médias. Tout cela ne correspond qu’à un féminisme comme simple levier afin d’augmenter l’esprit de compétition entre les travailleurs, pas du tout à un vrai féminisme. On en a la simple preuve au fait qu’elle, pourtant membre du gouvernement, se retrouve comme co-animatrice d’une émission avec Cyril Hanouna.

Peut-on croire une seule seconde que Cyril Hanouna soit en adéquation, dans son style beauf, avec les exigences d’un véritable féminisme ? Absolument pas, bien entendu. L’ennemi des femmes, c’est avant tout les beaufs. Ceux-ci récusent tout changement et toute réflexion, or la cause des femmes implique une participation des hommes à leur rééducation morale et psychologique, par l’abandon du style patriarcal.

Cyril Hanouna correspond à un tel style et Marlène Schiappa montre que son féminisme est un simple opportunisme. Il y a ici une absence totale de dignité, un véritable jeu de massacre de la dignité des idées et de la vie politique. Ce n’est même plus ici de la dégradation, c’est de la destruction pure et simple. Il faut d’ailleurs rappeler ici le jeu sombrement infâme de Cyril Hanouna dans le cadre d’un populisme télévisuel débridé.

Avant le début des gilets jaunes, des infirmiers en colère étaient venus à la sortie des studios à Boulogne-Billancourt pour demander à Cyril Hanouna de les aider, et il les a invités à son émission. C’est pour cela que le 19 novembre des gilets jaunes ont fait pareil, et qu’il les a invités à « Touche pas à mon poste ». Une phrase prononcée à Cyril Hanouna par un gilet jaune le 19 novembre et largement soulignée par les médias alors résume tout:

« On veut que tu dises à Macron que le peuple souffre. »

Il y a un mot très simple et très compliqué pour résumer cela : le fascisme. Non pas qu’on soit dans le fascisme ou que ces gens soient fascistes, mais c’est le fascisme qui s’exprime à travers cette situation.

Car quand on en arrive au point où des gens opprimés ne parviennent même plus à se relier à la classe des travailleurs, qu’ils en arrivent à quémander un animateur télé pour qu’il demande au président de l’aide, c’est que tout est perdu. On en est au point où l’individualisme est complet, le niveau culturel à zéro. La société est aseptisée et est mûre pour basculer dans la quête d’un sauveur venant « rétablir » la justice.

Ce grand moment de télévision qui nous est promis avec Cyril Hanouna et Marlène Schiappa est une catastrophe culturelle, une insulte à la France des Lumières et à l’histoire des luttes de classes de ce pays. Ce n’est pas même une farce, c’est un crime contre la culture.

Voir des siècles de vie politique française réduits à un débat avec des demandeurs d’emploi, des retraités et des commerçants organisé par l’animateur Cyril « les nouilles dans le slip » Hanouna et un membre du gouvernement… ce n’est même plus de l’aberration, c’est de la folie pure et simple.

Ou, plus précisément, l’expression d’une décadence générale de la société française, littéralement anéantie culturellement par le libéralisme économique, politique et culturel.